Philo G1 FAGE Et MED 2020 21
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INTRODUCTION GENERALE
0.1. Objectifs du cours
E.N. KODJO – Cours de Philo, Epist. et Morale –USB G1 FAG ET MED – 2020-2021 Page 1
- la question de vérité : problème, critères et diversité (vérités scientifique, philosophique,
religieuse, théologique, esthétique, morale, politique, etc.)
- quelques courants épistémologiques majeurs.
La troisième partie du cours développera les thèmes ci-après :
- La spécificité de l’éthique comme science de la morale ;
- Les grands courants éthiques de l’histoire
- Les principes et les critères de la moralité des actes humains
Pour l’apprentissage des étudiants, le cours utilisera comme procédés les exposés de
l’enseignant, les discussions dans les séances de cours et les recherches des étudiants.
Les acquis cognitifs des étudiants seront évalués à travers au moins une Interrogation,
des travaux pratiques et l’examen.
0.4.Bibliographie sélective
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PREMIERE PARTIE : NOTIONS ELEMENTAIRES DE PHILOSOPHIE
Est-il correct de dire que « tout homme est philosophe » ?Oui et non. La réponse est
« oui », si l’on reconnaît avec Aristote que l’homme est un « animal raisonnable », en ce sens
qu’il est doué de raison (intelligence) grâce à laquelle il peut, à sa manière, s’interroger,
penser, raisonner, s’approcher de la vérité. De ce point de vue, la philosophie de tout homme
ou groupe humain est à comprendre au sens large du mot : une approche ou vision du monde.
Ici, on parlerait d’une « philosophie spontanée », pour désigner « une conception générale de
l’univers, un ensemble d’opinions, une sagesse individuelle ou collective ».4
1
François-Stéphane KASONGO YAMBO, Initiation à la philosophie, Kinshasa, Médiaspaul, 2016, p. 13.
2
Jules MAIDIKA ASANA, Notes de philosophie et logique, Année académique 2016-2017, inédit, p. 5.
3
François-Stéphane KASONGO YAMBO, Ibid.
4
Jules MAIDIKA, p. 12.
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Par contre, il est incorrect de dire que « tout homme est philosophe » si l’on considère
la philosophie dans son sens strict, comme recherche de la vérité par une réflexion critique,
une approche rationnelle systématique des réalités.5 En effet, il ne suffit pas d’une belle
tournure de pensée ni d’un raisonnement énigmatique (difficile à pénétrer) pour être
philosophe. « La qualité essentielle du philosophe est donc l’esprit critique. Il n’accepte rien
de manière naïve, mais il fait passer au crible de la raison toutes les certitudes que nous tenons
pour évidentes (…) La philosophie n’est pas un pur refus ou un scepticisme, mais une
exigence de preuve. »6
Du mot latin scientia (=connaissance), la science est à entendre comme une somme
actuelle des connaissances, une activité de recherche et une méthode d’acquisition d’un
savoir7complexe, mais précis, que réalise et possède l’homme. Par la science, l’être humain,
sur base de sa compréhension perfectible (à améliorer), tente de re-créer ce monde pour le
rendre plus confortable et l’habiter autrement que les animaux inférieurs qui, eux, se
contentent d’être dans le monde tel qu’il est8.
La science comporte un ensemble de démarches, notamment :
1) la recherche et l'acquisition systématique de connaissances sur les objets, le monde,
l’homme et Dieu ;
2) l'organisation et la synthèse de ces connaissances par le moyen de principes généraux a
priori (théories, lois, mesure) et d’une méthode ;
3) la diffusion des résultats de ces démarches.
Il en ressort que chaque science se caractérise par son objet et sa méthode ainsi que par
ses résultats.
5
Cf. Régis JOLIVET, Traité de philosophie. I. Introduction générale, logique, cosmologie. Paris, Emmanuel
Vitte, 1962, p. 13.
6
Jules MAIDIKA, p. 7.
7
Cf. J. LADRIERE, Les enjeux de la rationalité. Le défi de la science et de la technologie aux cultures, Paris,
Aubier-Montaigne/Unesco, 1977.
8
Cf. J.-C. Kapumba AKENDA, Le partage du pouvoir selon le savoir. Essai sur les limites du savoir dans la
société africaine contemporaine piégée par la mondialisation, dans Revue Philosophique de Kinshasa, vol. XXI,
Kinshasa, FCK, 2007, p. 7-27.
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1.1.3.2. Critères de scientificité de la philosophie
1) L’objet
L’objet d’une science est de deux types. Le premier est l’objet matériel, qui consiste
dans la réalité que cette science étudie ; tandis que le second est l’objet formel, qui désigne
l’aspect spécifique ou le point de vue sous lequel cette science étudie ladite réalité.
La philosophie comme science a comme objet matériel le réel dans sa totalité, c’est-à-
dire tout ce qui est ou existe : la nature, le monde et tous ses phénomènes et événements,
l’homme, Dieu et le savoir. Cela ne signifie nullement que la philosophie prétend tout
connaître, mais plutôt qu’elle porte sur la totalité du réel ou, mieux, sur n’importe quelle
réalité du monde et de la vie ; car rien n’est indigne de la réflexion philosophique9.
2) Méthodes
La méthode d’une science est la voie ou la démarche par laquelle cette science
examine son objet pour atteindre des connaissances vraies concernant celui-ci. Dans cette
logique, le choix d’une méthode est déterminé par la nature de l’objet en étude, de telle sorte
qu’il y a autant de méthodes ou de sous-méthodes qu’il y a des objets d’étude choisis par les
scientifiques.11
9
J. MAIDIKA, p. 8-9.
10
Cf. R. JOLIVET, p. 9-10.
11
Voir entre autres MAIDIKA, p. 9-10.
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- le doute méthodique (développée par René Descartes)
- l’induction, qui consiste à passer du concret à l’abstrait, des faits aux lois qui les
régissent ;
- la déduction, mode de raisonnement par lequel on passe des principes à leurs
conséquentes concrètes, du général au particulier ;
- l’analyse, opérationnelle intellectuelle par laquelle on décompose une réalité (un fait, une
situation, une œuvre, un texte…) en ses éléments essentiels afin de saisir les rapports qui
les lient et de donner un schéma de l’ensemble ;
- la synthèse (opposée à l’analyse), par laquelle on rassemble des éléments de connaissance
en un ensemble cohérent, en allant des éléments simples au tout.
Enfin, comme la particularité d’une méthode dépend de la réalité étudiée, il existe des
méthodes appropriées pour différents domaines de la philosophie, tels que la philosophie du
droit, de l’éducation, de l’histoire, de l’économie, des religions, de la politique…
3) Résultats
Comme approche scientifique spécifique, « la philosophie est une science certaine qui
porte sur les principes premiers et les causes premières » (Aristote). Cette définition indique
que le vrai philosophe est ce chercheur de la vérité qui, avec sa raison, va au fond de toute
réalité sans s’arrêter à ses aspects superficiels.12
Sous cet angle, la philosophie se distingue des autres sciences par deux grands traits:
François-Stéphane KASONGO YAMBO, p. 15. Ici l’auteur relève aussi d’autres définitions de la philosophie
12
13
Cf. J. MAIDIKA, p. 8.
14
Cf. R. JOLIVET, p. 12-13.
15
Ibid. p. 19.
16
François-Stéphane KASONGO, p. 51-52.
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- Ethique spéciale, s’occupant de l’application desdits principes aux domaines
spécifiques de la vie humaine ;
4) L’histoire de la philosophie, étude de différentes doctrines philosophiques dans le temps
(histoire chronologique) ou dans l’espace (histoire géographique).
Enfin, l’homme comme animal raisonnable agit suivant sa pensée et ses convictions.
Une réflexion de qualité est un outil de grande valeur au service de l’homme. La bonne
philosophie « entraîne les hommes sur les chemins de la vérité et de la responsabilité ; elle
délivre de fausses certitudes et des opinions incontrôlées ; elle développe en l’homme l’esprit
critique et le goût de l’effort dans le discernement. » 18
17
Ibid., p. 16.
18
François-Stéphane KASONGO, p. 16.
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CHAPITRE DEUXIEME : GRANDES DOCTRINES PHILOSOPHIQUES
OCCIDENTALES DE L’HISTOIRE
2.1.Les écoles19présocratiques
C’est l’ensemble des pensées des premiers philosophes grecs qui, à l’exclusion des
sophistes, ont précédé Socrate (470-399).Ces philosophes pratiquaient la philosophie
essentiellement comme la recherche de l’élément primitif ou fondamental des choses.
« Ionien » vient d’ « Ionie », ancienne région de la côte de l’Asie Mineure et dont des
ressortissants ont été parmi les premiers peuples à occuper la Grèce. Les philosophes ioniens
cherchent l’élément commun à tous les corps, le principe ou le substrat de tout le réel (ce sur
quoi tout repose). Leurs conceptions respectives de ce principe se présentent comme suit :
- Thalès de Milet (v. 625-v. 547 av. J.-C.) : l’eau est l’élément premier de l’univers.
- Anaximandre (v. 610-v. 547 av. J.-C.) : l’indéterminé ou l’infini
- Anaximène de Milet (v. 585-v. 525 av. J.C.) : l’air.
- Héraclite d’Ephèse (v. 550-v. 480 av. J.C.) : le feu, principe de l’univers qui est en
perpétuel devenir, où « tout s’écoule ». Pour lui, « one ne se baigne pas deux fois dans le
même fleuve » ; car sans cesse ses eaux se renouvellent.
2.1.2. L’école pythagoricienne
Pour Pythagore de Samos (v. 570-v. 480 av. J.-C., philosophe et mathématicien), les
nombres sont d’une importance capitale pour la compréhension de l’univers ; ce sont leurs
combinaisons qui expliquent la diversité des choses dans leur totalité.
Cette école tire son nom d’Elée, ancienne cité d’Italie qui faisait partie de Grande
Grèce. Les Eléates, tels que Parménide d’Elée (v. 515-v.440 av. J.-C.), Xénophane de
Colophon (6e s. av. J.-C.), Zénon d’Elée (entre 490 et 485 – v. 430 av. J.-C.), contrairement à
Héraclite, soutiennent qu’en réalité tout est immobile, continu et immuable et que rien ne
change. Pour eux, le changement n’est qu’une pure illusion des sens.
19
L’école est à comprendre ici, non pas comme un établissement d’enseignement, mais comme un mouvement
de pensée ou une succession de personnes qui sont attachées à un même maître ou qui professent les mêmes
doctrines.
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2.1.4. L’école atomiste
Représentée par Leucippe et Démocrite (v. 460-v. 370 av. J.-C.), cette école soutient
que dans l’univers, tout (y compris l’âme et la pensée) résulte des arrangements infiniment
variés et fortuits des atomes. Pour elle, la nature n’est qu’un jeu d’atomes en évolution dans
un vide infini.
La grande figure de la sophistique antique grecque était Protagoras (v. 486-v. 410 av.
J.-C.), expert en droit. Pour lui, l’homme est la mesure de toute chose, de telle sorte tout est
apprécié du point de vue humain, tout est relatif et subjectif à l’homme. 20 C’est le règne du
scepticisme et du subjectivisme moral.21
Comme le souligne le Prof. Jules Maidika, les sophistes rencontraient un grand succès.
Ils étaient des hommes cultivés, de bons parleurs ayant développé la rhétorique (l’art de bien
parler). Et même ils faisaient payer leurs enseignements, ce qui les rendait riches.
Un sophisme est un raisonnement qui, malgré son apparence logique, vise à induire les
gens en erreur. Ex. L’homme est rationnel. Aucune femme n’est homme. Donc, aucune
femme n’est rationnelle.
2.2.L’école socratique
2.2.1. Socrate (469-399)
Choqué par les malheurs qui frappent sa patrie, Socrate (Athènes) se consacre à la
philosophie pour travailler à la conversion morale de ses concitoyens. Avec lui, la philosophie
cesse d’être l’étude de l’univers (cosmologie) pour devenir la science de l’homme et de son
bonheur.
Dans cette optique, il assigne à sa philosophie un double objectif : d’une part, aider ses
interlocuteurs à se libérer de la servitude de l’ignorance et, d’autre part, les aider à découvrir
20
J. MAIDIKA, p. 19-20.
21
KASONGO, p. 17.
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la vérité qui est en eux. Et pour cette découverte de la vérité, Socrate intègre dans sa
philosophie la devise « Connais-toi toi-même » qu’il a rencontrée à Delphes. Cette devise
signifie que tout homme possède un savoir inné des notions morales et doit apprendre à
rentrer en lui-même pour découvrir le bien qu’il a en lui. Il s’agit de savoir écouter la voix de
sa conscience pour connaître le bien.
Socrate a des mérites et des limites. Il est à louer pour avoir ouvert une ère nouvelle de
l’histoire de la philosophie en résumant toute l’essence de la pensée grecque focalisée sur la
recherche du vrai et du bien. Considéré comme le père de la philosophie grecque, il est le
premier martyr23 d’une pensée critique, libre et responsable. Cependant, son intellectualisme
moral pose problème, quand il affirme qu’il suffit de connaître le bien pour le faire
nécessairement. En exagérant le pouvoir de l’intelligence au détriment de la liberté et de la
volonté, il oublie que l’homme peut délibérément commettre le mal même quand il connaît le
bien.24 En outre, il n’a laissé aucune œuvre écrite par lui-même.
22
Ibid., p. 19.
23
A cause de son franc parlé, Socrate fut condamné à boire la cigüe pour mourir.
24
Cf. Kasongo, p. 19-20.
25
Son école est ainsi nommée parce que les élèves y étaient réunis au cœur du jardin d’Académos, un héros
mythique de la Grèce.
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b) Le « monde intelligible », monde des idées, monde dont la contemplation constitue le
bien suprême et la vertu elle-même.
Dans cette pensée, l’anthropologie de Platon (c’est-à-dire sa vision de l’être humain) est, elle
aussi, dualiste : l’homme est composé de deux parties distinctes et indépendantes l’une de
l’autre, que sont le corps et l’âme. Et le corps est pour l’âme comme une prison dont elle n’est
libérée que par la mort.
La philosophie de Platon est appelée « Théorie des idées » à cause de la valeur
primordiale et absolue qu’il accorde à celles-ci. Pour Platon, en effet, ce qui existe réellement
et de façon absolue et éternelle, indépendamment de nous, ce sont les idées. Les objets et les
divers phénomènes observables n’en sont que des reflets.
Si l’âme connaît ce « monde des idées », c’est parce qu’elle y avait séjourné avant
d’entrer dans le corps. En étant incarnée (c’est-à-dire dans le corps), l’âme doit s’efforcer de
se rappeler ce qu’elle avait contemplé dans le monde des idées. Ce processus de rappel fait
l’objet de ce qu’on appelle chez Platon la « Théorie de la réminiscence ». Cela signifie que
selon Platon, l’intelligence ne crée rien, elle ne fait que découvrir par réminiscence
Platon est le père de l’idéalisme occidental. Platon a appris de son maître à apprécier la
valeur objective du vrai et du bien et à puiser la vérité éternelle dans le contenu des idées. La
grande faiblesse de sa pensée est le fait de vouloir ignorer complètement la réalité et la valeur
du monde sensible26.
2.2.3. Aristote (384-322)
Né à Stagire en Macédoine, Aristote est fils d’un médecin du roi Philippe. Elève de
Platon, Aristote se sépare de ce dernier pour fonder sa propre école appelée « Lycée », où il
développe le courant réaliste, à l’opposé de l’idéalisme platonicien.
Ce réalisme d’Aristote est basé sur le naturalisme, doctrine selon laquelle c’est dans la
nature qu’il faut chercher les conditions de la vérité, et non dans le monde des idées. Aristote
pense que le monde des idées, dont l’univers matériel n’est qu’un reflet, est une utopie. Pour
lui, contrairement à son maître, les choses sensibles existent vraiment et sont, au sens propre
du mot, de l’être. Le devenir de l’univers matériel ou sensible est réel. Il faut, pense Aristote,
l’expliquer selon la théorie de la forme et de la matière.
26
Cf. Kasongo, p. 23.
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2.3. Doctrines philosophiques occidentales de l’ère chrétienne
2.3.1. La philosophie de Saint Augustin (354-430)
A cause de la primauté attribuée par Augustin à la foi, ceux qui considèrent la pure
raison comme outil typique de la philosophie se sont souvent opposés à l’existence d’une
vraie philosophie en saint Augustin. Ils considèrent sa pensée plutôt comme une théologie. Et
pourtant, il s’agit réellement d’une philosophie chrétienne.
Les œuvres principales de saint Augustin sont ses Confessions et La cité de Dieu. Le
premier livre est le récit des combats, des luttes, des doutes d’une âme déchirée entre des
postulations contradictoires. C’est aussi le récit d’une conversion dont dépend le salut d’un
homme pénétré du sentiment honteux de ses fautes. Et dans La cité de Dieu, l’auteur montre
comment deux amours ont bâti deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu a bâti la
cité terrestre ; tandis que l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi a bâti la cité céleste. L’une
se glorifie en elle-même, et l’autre dans le Seigneur.28
2.3.2. Le thomisme
27
Sur le plan doctrinal, il faut penser ici à son adhésion au manichéisme, uette religion orientale, aujourd'hui
quasiment éteinte, qui professe un dualisme radical entre le Bien et le mal, la Lumière et les Ténèbres. Voir
https://www.les-philosophes.fr/auteur-saint-augustin.html, visité le 6/10/2020 à 22h55.
28
AUGUSTIN, Cité de Dieu, Livre XIV, 28
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synthèse chrétienne, dans le souci de concilier raison et foi, nature et grâce divine.29 Pour lui,
la nature, régie par ses propres lois et donc autonome, est offerte à l’action de la raison de
l’homme pour que ce dernier y trouve, avec le secours de la grâce divine, le chemin de son
salut.30 A côté de la foi (chrétienne) qui est adhésion aux vérités révélées dans la Bible, saint
Thomas d’Aquin met en lumière une théologie naturelle ou philosophique qui se fonde sur la
connaissance de la nature par la raison et s’élève par abstractions successives du visible à
l’invisible, du créé au Créateur. Et selon lui, les vérités de la foi et celles de la raison ne
sauraient entrer en contradiction même si elles doivent rester séparées.
Saint Thomas d’Aquin propose 5 preuves de l’existence de Dieu, c’est-à-dire 5 voies
ou arguments par lesquels il démontre cette existence:
a) La preuve par le mouvement : Dieu est le premier moteur immobile, qui est à la base de
tout mouvement ; car, étant donné que dans ce monde certaines choses se meuvent, tout ce
qui se meut est mû par un autre.
b) La preuve par la cause efficiente : Dieu est la première cause efficiente, qui doit être à la
base de toutes les causes reliées les unes aux autres, il est impossible qu'on remonte à
l'infini dans les causes efficientes ;
c) La preuve par l’être nécessaire : Dieu est nécessaire en soi, il est la première
nécessité qui est la cause de toutes les autres nécessités que l'on trouve hors de lui ;
d) La preuve par degrés de perfection : s’il existe des degrés de qualités parmi les choses, il
doit y avoir un être qui est, pour tous les êtres, cause d'être, de bonté et de toute
perfection : Dieu ;
e) La preuve par la finalité : Dieu est l’Etre intelligent sans lequel on ne saurait comprendre
comment toutes les choses naturelles sont ordonnées à leur fin.
Nombreux sont les écrits saint Thomas, notamment La Somme théologique (en trois
parties), La Somme contre les Gentils, Les commentaires d’Aristote et les Questions
disputées (De la vérité ; Du mal).
2.3.3. Le cartésianisme
29
Paul Christophe, 2000 ans d’histoire de l’Eglise, édition augmentée, Paris, Mame-Desclée, 2012, p. 362.
30
Théo, p. 367.
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moderne. Pour lui, la caractéristique essentielle de l’homme, c’est la pensée, selon son
principe Cogito, ergo sum : Je pense, donc je suis. C’est la pensée qui définit l’homme.
a) Le principe du doute, qui exige de n’accepter pour vrai que ce qui est indubitable, c’est-à-
dire ce qui résiste au moindre doute ;
b) La 1ère certitude : le fait que je pense signifie que j’existe, ce qui est une vérité
indubitable ;
c) Le principe de l’idée claire et distincte : n’accepter comme vrai que ce qu’on pense
clairement et distinctement, sans aucun doute ;
d) La véracité de Dieu : comme l’idée de Dieu (Etre parfait, source de toutes les idées claires
et distinctes) se trouve en lui-même, Dieu doit exister, et cela constitue la 2e certitude ou
vérité indiscutable.
e) L’observance de 4 règles, notamment celles de l’évidence (n’accepter que ce qui est
évident), de l’analyse (toujours examiner tous les aspects pour bien cerner la chose
étudiée), de la synthèse (avoir une vue globale et attentive aux liens entre les parties) et du
dénombrement (une révision générale ou un dernier contrôle pour ne rien omettre).
2.3.4. Le kantisme
- Ce n’est pas notre intelligence qui se règle sur les choses, mais que ce sont les choses qui
se règlent sur notre intelligence.
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- La philosophie a pour but non pas d’étendre nos connaissances du monde, mais
d’approfondir notre connaissance de l’homme.
- Le bien suprême, c’est une volonté bonne et un agir conforme à la raison ; l’homme doit
faire le bien par devoir (impératif catégorique) ; et l’agir moral est ce qui est conforme à la
raison, au devoir et à la loi universelle.
- La raison humaine est limitée et ne peut prétendre connaître Dieu et l’essence des choses,
ce qui exprime l’agnosticisme.
Kant est un rationaliste, mais de façon trop critique, avec insistance sur la critique de
nos connaissances, de nos jugements et même de notre agir. Il veut une véritable culture de
l’esprit et déteste la paresse, le mensonge ou la manipulation. Et parmi ses œuvres peuvent
être cités : Critique de la raison pure, Critique de la raison pratique, et Critique de la faculté
de juger.
Sartre place au centre de son existentialisme l'être humain. Ainsi, pour lui,
« l'existentialisme est un humanisme ». L'être humain est conçu comme sujet, et partir de la
subjectivité signifie qu'il faille partir de l'homme concret, réel, pour parvenir à définir ce que
cet homme est. C'est pourquoi Sartre affirme que « l'existence précède l'essence ». L'homme
n'est d'abord rien, écrit-il. Il ne sera qu'ensuite. Cela signifie que l’homme n’a pas une essence
préétablie mais que c’est lui-même qui se donne une essence, c’est-à-dire un sens à sa vie ; et
cela, par ses propres choix.
31
L’existentialisme signifie la philosophie de l’existence, une réflexion profonde sur le sens de l’existence.
Selon ce courant, l’homme n’est pas déterminé d’avance par son essence, mais est libre et responsable de son
existence ; c’est à lui de donner sens à son existence, à sa vie.
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être libre". Mais cette liberté ne doit pas aller au-delà de la liberté de l’autre. D’où le fameux
principe : « ma liberté se limite là où celle de l’autre commence ». De la même manière,
l'homme est toujours responsable du sens qu'il va donner à tel ou tel de ses choix. Un accent
aigu est ainsi mis sur la responsabilité de l’homme.
Sartre est un philosophe athée : pour lui, Dieu n’existe pas. Il considère que
l’existence de Dieu est incompatible avec la liberté de l’homme, liberté qu’il conçoit comme
une autonomie absolue. Selon lui, si Dieu existait, il serait l’artisan qui aurait fabriqué
l’homme d'après un modèle théorique préexistant et dont ce dernier dépendrait. Et cette
dépendance anéantirait l’évidente liberté de l’homme. C’est donc la liberté de l’homme qui,
d’après Sartre, exclut l’existence de Dieu.
Tandis qu’il trouve inconcevable l’existence de Dieu, Jean-Paul Sartre accorde une
grande attention à l'autre comme point culminant de sa théorie du sujet qu’il articule autour de
trois concepts :
a) L'en-soi, qui renvoie à l'idée d'une plénitude, d'une coïncidence avec soi qui ne peut
convenir qu'aux choses, aux existences privées de liberté et non aux individus humains.
b) Le pour-soi, qui renvoie à la conscience de l'être humain, est synonyme de liberté et
renvoie également à la conscience de notre existence.
c) Le pour-autrui, qui introduit la dimension de l'altérité : nous ne pouvons demeurer dans
le pour-soi. Le sujet prend conscience d'être dans un monde où existent d'autres
consciences. L'autre peut en effet m'apparaître comme un objet, puisqu'il n'est pas moi,
mais je sais en même temps que je suis également un objet pour lui. L'autre me fait donc
perdre ma subjectivité. C'est pourquoi Sartre écrit : « ma chute originelle, c'est l'existence
de l'autre. » Je ne peux échapper au regard de l'autre, qui me dit qui je suis quand je pense
ne pas être tel qu'il me voit. C'est à ce titre qu’il affirme que l'enfer, c'est les autres.
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ontologique » (c’est-à-dire de l’être). Celui-ci s’éclaire grâce à la distinction que Marcel fait
entre problème et mystère : le problème est quelque chose qui me barre la route, qui est tout
entier devant moi ; tandis que le mystère est quelque chose où je me trouve engagé, dont
l'essence est, par conséquent, de n'être pas tout entier devant moi.
En outre, Gabriel Marcel, comme les autres existentialistes, considère que l’existence
précède l’essence, ce qui signifie qu’on existe d’abord pour ensuite développer le sens de sa
vie, c’est-à-dire pour devenir pleinement homme. En d’autres termes, on devient homme ;
l’homme est un projet à réaliser et non pas une réalité toute faite. Dans cette logique, Marcel
trouve que ce qui aide l’homme à se réaliser pleinement et à donner sens à sa vie, c’est la
relation à Dieu. Philosophe de l’espérance, il considère la mort elle-même, non comme la fin
de tout, mais comme une brisure et une naissance, une séparation pour une entrée dans la
plénitude de vie. C’est ainsi qu’il invite à accueillir la vie et la mort comme l’effet d’un amour
mystérieux.
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CHAPITRE TROISIEME : L’ESSENTIEL DE LA PHILOSOPHIE EN AFRIQUE
Pour vérifier cette thèse, Tempels va assister à des palabres, aux cérémonies de
mariage, aux funérailles et aux autres activités chez les Africains, spécialement chez Bantu
auprès de qui il fait son travail d’évangélisation. De là, il va conclure que les Noirs ont leur
philosophie, leur vision du monde, leur manière de concevoir Dieu, la mort, la danse et la
parole. Il dément ainsi la thèse que les Noirs n’ont pas de philosophie et prouve à ses frères
blancs qu’ils se sont trompés en qualifiant les Noirs de primitifs, c’est-à-dire de peuple sans
logique ou sans pensée.
32
D’autres œuvres de Placide Tempels sont La christianisation des philosophies païennes (1949), Notre
rencontre (1962).
33
François-Stéphane KASONGO, p. 119-120.
34
J.M. VAN PARYS, Une approche simple de la philosophie africaine, Kinshasa, éd. Loyola, 1993, p 41-42.
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1. L’ « être » s’identifie à la « force », en ce sens que la vie et la force ne sont pas des
accidents ( de simples propriétés) de l’être, mais constituent la nature et l’essence même
de l’être. Cela signifie : être = force = vie.
2. Il y a une conception des êtres ou des forces est pyramidale, hiérarchisée. Au sommet de
l’échelle se trouve Dieu, au deuxième niveau les fondateurs du clan (premiers parents), au
3e niveau les défunts de la tribu suivant leur degré d’ancienneté, au 4 e les vivants eux-
mêmes selon la progéniture ou le rang social ; et au 5e niveau, au bas de l’échelle, il y a
les forces inférieures (animales, végétales et minérales).
3. L’être est caractérisé par le dynamisme. Il n’est pas statique et sa tendance normale est
d’accroître ses forces, d’être plus. Et il peut devenir plus fort ou plus faible.
4. Les êtres sont en communion et en interaction. Dans leurs relations, ils peuvent soit se
renforcer, soit se détruire. En ce sens, les forces sont positives ou mauvaises selon
qu’elles renforcent ou anéantissent les autres.
5. La conclusion de Tempels est que les Bantous ont un système de pensée logique de la
même manière que l’esprit des Européens, et une philosophie positive complète fondée
sur une ontologie (conception de l’être) existentielle. Pour eux, la réalité fondamentale
autour de laquelle tout s’organise est la force vitale. Il faut donc les laisser se développer
selon leurs propres normes culturelles, ne pas prétendre réformer leur esprit, mais
s’efforcer, là où il le faut, de les instruire selon leur propre esprit.
- Des penseurs africains, dont Alexis Kagame et Vincent Mulago, reprochent à Tempels son
identification de l’être avec la force. Selon eux, la force est, bien sûr, un attribut
fondamental de l’être, mais ne constitue nullement son essence.
- Le même Eboussi reproche à Tempels d’avoir fait des généralisations hâtives. Selon lui,
Tempels avait étudié un point minime du Congo et ne devrait pas généraliser ses
observations à tous les Bantous.
- Il y en a, enfin, qui trouvent que Tempels fait de la philosophie bantoue à la place des
Bantous, qu’il présente comme philosophie bantoue sa propre philosophie ou, mieux, sa
vision de la vision bantoue du monde. Dans cette optique, Hountondji pense que les
Africains devraient eux-mêmes discuter entre eux, afin d’instaurer un discours
véritablement propre à eux, sans attendre un quelconque jugement venu d’ailleurs.
Selon les Professeurs Nkombe Oleko et Alfonse Smet, les courants de la philosophie
africaine peuvent être rangés comme suit :
36
L’ethnophilosophie est, selon Hountondji, la reconstruction d’une vision du monde collective et inconsciente,
d’une sagesse informulée sous-jacente aux coutumes d’une ethnie, à ses contes et légendes.
37
Cf. François-Stéphane Kasongo, p. 123-124 ; Jules Maidika.
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4) L’humanisme africain, prônant les valeurs humaines et plaçant l’homme comme le centre
de tout ;
5) Le socialisme africain, affirmant le primat de la société sur l’individu, avec Sékou Touré,
Julius Nyerere et Léopold Sédar Senghor. Ce courant, qui s’oppose au capitalisme
caractérisé par l’individualisme ou l’égoïsme, soutient que l’homme n’est rien hors de la
société, laquelle est source de la vie, du développement et fondement du droit.
6) Le consciencisme, prônant la fraternité des Africains comme membres de la même famille
qu’est l’Afrique, soutenu par Kwame Nkrumah et Julius Nyerere ; ce dernier en parlant en
termes de « Ujamaa » ;
7) L’authenticité, préconisée par Mobutu Sese Seko et voulant que l’Africain évite de se
laisser emporter par les valeurs importées et garde jalousement son identité ou son
africanité en retenant les valeurs ancestrales susceptibles de promouvoir l’Africain. D’où
recours et non retour à l’authenticité.
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nord du Katanga, mais sur l’aire linguistique bantu. Il analyse, de manière comparée, les
langues bantoues. Il utilise le schéma aristotélicien pour la philosophie bantu.
38
M. TOWA, «La philosophie africaine dans le sillage de la négritude », dans Essai sur la problématique
philosophique dans l’Afrique actuelle, Yaoundé, Clé, 1971, p.28.
39
Cf. François-Stéphane Kasongo, p. 126 ; Jules Maidika.
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3.3.Quelques thèmes de la pensée bantoue40
Les qualités divines les plus répandues dans la vision bantoue de Dieu sont :
- la transcendance qui, pour le muntu (l’homme bantou), renvoie à Dieu comme un Etre
Suprême, Principe absolu, l’Existant éternel et source de tout être, tellement éloigné que le
muntu préfère s’adresser plus facilement aux forces intermédiaires ;
- la paternité, à laquelle le muntu accorde une grande importance comme condition d’une
lignée vitale ininterrompue, et dont la source est Dieu, premier « Père de tous nos pères » ;
- la Providence, qui signifie que Dieu est à l’origine de tout bien et qu’il ne peut vouloir que
le bien pour ses créatures.
Le muntu voit l’univers comme un tout vivant organique, un réseau des relations
vitales. Cette vision a des significations spécifiques pour ses relations avec ses semblables,
avec le cosmos et avec l’au-delà.
1) La solidarité clanique
2) La fraternité cosmique
Le muntu se sent étroitement lié aux forces visibles et invisibles de l’univers, avec
lesquelles il baigne dans une vitale interaction. Il entretient ses relations avec les autres et
avec la nature par deux moyens privilégiés. Le premier est la danse, par laquelle il entre en
communion avec les autres et avec les forces cosmiques. Ce moyen, loin de se réduire à un
pur divertissement, a d’abord une fonction sociale et exprime le rythme cosmique. Le second
moyen est la parole, qui est sacrée parce qu’elle exprime la vie et la force, accompagne
40
Voir François-Stéphane Kasongo, p. 129-132.
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chaque événement de la vie et le sacralise. De cette parole fait partie le nom qu’on attribue à
quelqu’un et qui est considéré comme une parole permanente exprimant l’être et la force que
ce nom représente.
3) La mort et l’au-delà
Le muntu vit une relation spéciale avec l’au-delà où l’on entre par la mort. Pour lui, la
mort n’est ni une diminution ni la fin de la vie. Elle est plutôt un changement de mode de vie,
une libération du corps pour l’entrée dans une hiérarchique supérieure : celle des défunts et
des ancêtres. Le muntu, certes, voit dans la mort une source d’angoisse d’un voyage vers
l’inconnu et un facteur qui crée un vide et diminue la force de la famille. Par contre, l’au-delà
lui paraît comme le « village des ancêtres » sous terre, où la vie est plus ou moins semblable à
celle du monde visible.
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DEUXIEME PARTIE : INTRODUCTION A L’EPISTEMOLOGIE
41
VAN STEENBERGHEN, F., Epistémologie, Paris, Béatrice-Nauwelaerts, 1965, p. 18.
42
Cf. Cf. BUNGE, M., La science, sa méthode et sa philosophie, p. 70-72.
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- prendra l’habitude d’expliquer ses présupposés et ses hypothèses, d’organiser
systématiquement ses idées et d’épurer son langage, en chercher la cohérence et la clarté ;
- sera un contestataire bien intentionné par la recherche des preuves et des raisons
objectives pour échapper aux risques du le dogmatisme (croire pour croire sans
comprendre) et du subjectivisme (se soi-même considérer comme la mesure de la vérité);
- Il procédera avec vigilance critique sur tout terrain inconnu en poussant le plus loin
possible les exigences de la vérification.
43
Cf. DIMANDJA, E. K., C., La problématique de la scientificité, p. 27-43.
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2.2.2. La classification de Mario Bunge
Cet auteur distingue deux catégories des sciences de par leurs objets et méthodes
respectifs:
1) Les sciences formelles, telles que les mathématiques et la logique, dont les objets sont des
formes abstraites. Ce sont des sciences qui, par un processus rationnel, veulent démontrer ou
prouver définitivement. A elles recourent plusieurs autres sciences (comme la physique, la
chimie, la physiologie, la psychologie, l’économie, etc.).
2) Les sciences factuelles, qui se réfèrent aux événements, aux processus, aux faits
empiriques, sur base de l’observation et de l’expérimentation. Elles travaillent pour vérifier de
manière incomplète (confirment ou infirment des hypothèses qui, en général, sont provisoires)
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CHAPITRE III : LA QUESTION DE VERITE
3.0. Le sens de la question
Le problème de la vérité est fondamental pour l’épistémologie en particulier. La
vérité, en effet, est la préoccupation centrale de cette discipline scientifique. Et d’emblée, il
importe de signaler la confusion que le langage courant opère entre « vérité » et «réalité »,
alors que la réalité ou le réel est ce qui existe indépendamment du sujet connaissant, alors que
la vérité est une propriété de l’intellect qui ne se situe que dans le jugement et l’esprit dudit
sujet.
3.1.3. Le succès ?
Il s’agit d’une conception pragmatiste de la vérité qui soutient que le seul critère de la
vérité, c’est le succès : est vrai ce qui réussit, quels que soient les moyens utilisés pour
atteindre ce résultat. Ici la prééminence est accordée à l’action. Avec Nicolas Machiavel, on
dirait que c’est la fin qui justifie les moyens.
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Une telle conception a plusieurs conséquences redoutables. Par exemple :
- La pensée (la théorie) est au service de l’action, en tant qu’outil de la pratique : l’idée
vraie, c’est celle qui paie mieux, celle qui est avantageuse de n’importe quelle manière ;
- Une croyance politique est vraie si elle tranquillise ma conscience même lorsque je
pratique de graves antivaleurs ;
- Une religion est vraie si elle est consolante, si elle permet de m’améliorer moralement, ou
même si elle me fait supporter n’importe quoi.
Le vice essentiel du pragmatisme consiste à enlever toute signification au mot vérité
pour soutenir certaines vérités ayant rapport directe avec l’existence pratique, à tel point que
même l’erreur peut devenir une pseudo-vérité pratique. Il définit la vérité par rapport à
l’action. Et pourtant, la vérité est d’ordre théorique ; elle est un bien propre de l’intelligence
en tant que perfection de la connaissance qui s’achève dans l’intelligence, sans que rien
d’autre, rien de plus, soit à chercher sur ce plan.
44
En latin : « Adaequatiointellectus et reisecundum quod intellectusdicit esse quod est, vel non est quod non est
». THOMAS D’AQUIN, Contra Gentiles, I, 59, Paris, P. Lethielleux, 1961.
45
RESWEBER, J.P., La pensée de Martin Heidegger, Toulouse, Privat, 1971, p. 105.
46
Cf. LADRIERE, J., Les enjeux de la rationalité. Le défi de la science et de la technologie aux cultures, Mayence,
Aubier-Montaigne/UNESCO, 1977, p. 13.
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- et pour se référer à une réalité, par rapport à laquelle le vrai est l’opposé d’apparent ou
d’illusoire.
47
Cette approche de la vérité est de Nicolas BOURBAKI, mathématicien du XXè siècle. Lire Denis HUISMAN,
Dictionnaire des philosophes, p. 284-285.
48
Cf. CUVILLIER, Textes choisis des auteurs philosophiques, p. 55-66.
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CHAPITRE IV : COURANTS EPISTEMOLOGIQUES MAJEURS
4.1. Le scepticisme
Le scepticisme est « la doctrine d’après laquelle l’esprit humain ne peut atteindre avec
certitude aucune vérité »49. Ses partisans soutiennent que dans la recherche de connaissances,
il faut s’en tenir aux apparences et impressions, plutôt que de s’adonner à porter des
jugements absolus (rationnels) sur la nature des choses ou leur utilité. Contrairement au doute
méthodique cartésien, qui est provisoire et vise la connaissance du vrai, le doute sceptique est
plutôt une conclusion et non pas un départ de la connaissance.
Les motifs (raisons) du scepticisme sont les suivants :
1) Les sceptiques ont une peur prononcée de l’erreur (surtout des sens), des rêves, des
hallucinations, de l’ivresse, de la folie, qu’ils considèrent comme très nuisibles au
jugement vrai ;
2) En voyant les contradictions des philosophes et des opinions humaines, ils concluent que
les hommes ne sont d’accord sur aucun sujet et donc incapables de produire des
connaissances vraies ;
3) Ils soulignent la relativité de la connaissance : celle-ci dépend surtout du sujet
connaissant, qui est la mesure de toutes choses et pour qui aucune chose n’est
connaissable en elle-même.
4.2. L’idéalisme
Ce courant, qui exalte les idées par-dessus tout, conteste la définition classique selon
laquelle la vérité consiste dans l’accord de l’intelligence avec le réel. Il a pour principe la
conviction qu’il est impossible à la pensée d’atteindre un objet extérieur à elle, comme si une
conscience ne pouvait que partir d’elle-même et aboutir à elle-même.
Il considère que l’activité rationnelle est un développement nécessaire des catégories, une
tâche purement conceptuelle ou notionnelle, et que l’intelligence construit l’objet qui n’a
aucune valeur en dehors du jugement. De la sorte, la connaissance est, pour l’idéalisme, une
activité créatrice de l’esprit dans le jugement, et la totalité de l’être est ramenée à la pensée.
4.3. Le realisme
Le réalisme soutient que les modèles scientifiques sont des approximations d'une
réalité objective qui existe indépendamment de l'observateur. En outre, il reconnaît la
complémentarité des différentes approches.
49
LALANDE, A., Vocabulaire technique et critique de la philosophie, p. 949-950.
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4.4. Le rationalisme (17e siècle)
Ce courant épistémologique soutient que « toute connaissance valide provient soit
exclusivement, soit essentiellement de l'usage de la raison »50 et accorde la primauté aux
idées. Il privilégie le raisonnement en général et plus particulièrement le raisonnement
déductif (ou analytique) qui va de l'abstrait vers le concret comme mécanisme de production
de connaissances.
Pour ce qui est de la méthode, les rationalistes excluent l'expérimentation du
mécanisme de production de nouvelles connaissances. Et s’il est question de recourir à ce
procédé, celui-ci pourra servir tout au plus à vérifier ce qui a été déduit. Pour les rationalistes,
l'ensemble de tous les raisonnements possibles englobe nécessairement l'ensemble de toutes
les expériences possibles et la raison seule suffit pour séparer les expériences possibles dans
la réalité de celles qui ne sont possibles que dans l'imagination.
À l'intérieur du courant rationaliste, on distingue, entre autres :
- le platonisme qui croit, selon Barreau51, « à une harmonie inhérente à la nature qui se
réfléchit elle-même dans nos esprits »,
- le criticisme de Kant (1724-1804) qui considère que la connaissance dépend de structures
inscrites a priori dans l'esprit humain qui rendent possible la perception de la réalité.
Le rationalisme, positivement, nous indique l'importance du raisonnement, ce qui ne
doit nullement nous pousser à vanter celui-ci au détriment de l'expérience.
50
Cf. Dictionnaire actuel de l’éducation, 1994, p. 1003 ; LALANDE, A., Vocabulaire technique et critique de la
philosophie, p. 889-890.
51
Cf. BARREAU, H., L’épistémologie, Paris, PUF, 1995, p. 50.
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À l'intérieur du courant empirique, on distingue :
- le matérialisme qui propose que tout ce qui n'est pas une expérience matérielle directe
n'existe pas,
- le sensualisme qui propose que toutes les connaissances proviennent des sensations et
- l'instrumentalisme, qui propose que toute théorie est un outil, un instrument pour l'action
et qu'elle ne nous apprend rien sur la nature de la réalité.
L’empirisme a le mérite de montrer l'importance de l'expérimentation dans le but de
mettre en évidence des lois approximatives ou de vérifier des hypothèses. Et à cet effet, il
nous faut chercher à découvrir les expériences cruciales à comprendre, à reproduire et à
maîtriser. Ce courant a toutefois tort de sous-estimer le raisonnement et la déduction.
52
Cf. BEGIN, R., Conception de la science, p. 12.
53
Cf. Le Dictionnaire actuel de l’éducation, p. 1003.
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Selon le constructivisme, le caractère arbitraire ou subjectif des modèles scientifiques
est important pour la construction de nos connaissances, sur base de l'expérimentation qui ne
sert qu'à vérifier la cohérence interne de la construction.
54
POLIN, R., La création des valeurs, Paris, PUF, 1944, p. 296-298.
E.N. KODJO – Cours de Philo, Epist. et Morale –USB G1 FAG ET MED – 2020-2021 Page 36
TROISIEME PARTIE : ELEMENTS DE MORALE PHILOSOPHIQUE
55
Voir Otfried HÖFFE, « Morale et mœurs », dans Otfried HÖFFE (éd.), Dictionnaire de Morale, Paris, Cerf,
1983, p. 129-130.
56
D. CORNU, L’éthique de l’information, p. 5. L’auteur cite A. LALANDE (éd.), Vocabulaire technique et
critique de la philosophie, Paris, PUF, 8e éd., 1960, pp. 305-306.
E.N. KODJO – Cours de Philo, Epist. et Morale –USB G1 FAG ET MED – 2020-2021 Page 37
1) L’éthique comme science
Depuis et avec Aristote, l’éthique s’est développée comme science de la morale qui
traite de la moralité des actes humains, plus précisément la discipline philosophique de l’éthos
ou de la morale (philosophia moralis). Dans cette optique, la morale se présente non pas
comme science mais comme l’objet de l’éthique, caractérisée alors par une exigence de
systématisation et d’appréciation critique pour la distinction du bien et du mal.57
Par ailleurs, il faut noter que l’éthique comme science n’est pas exclusivement
philosophique, menée par la raison seule. Elle peut aussi, par exemple, se servir des repères
religieux puisés dans la foi en Dieu, cas dans lequel on parlera de l’éthique théologique ou de
la théologie morale. Et sur ce point, il est à signaler que c’est la tradition des Eglises de la
Réforme qui a retenu le terme d’éthique, tandis la tradition catholique a gardé principalement
celui de théologie morale, tous les deux désignant la même réalité.
L’éthique comme étude (philosophique ou théologique) de la morale peut, selon
l’approche utilisée, prendre trois formes. Elle peut, en effet, être :
a. descriptive ou empirique, lorsqu’elle cherche à décrire les différents phénomènes de la
vie morale, à les expliquer et éventuellement à en tirer une théorie empirique générale du
comportement humain58 ;
b. de la méta éthique, s’occupant d’analyser et de comprendre les données de la morale dans
leurs formes linguistiques et suivant la logique formelle, en évitant le plus possible le
jugement de valeur sur celles-ci;
c. normative, qui s’adonne à un examen critique des régulations morales existantes en vue
de définir des normes à observer pour l’action juste.59
57
Cf. Ibid.
58
L’éthique descriptive ou empirique recourt davantage à l’histoire et aux sciences humaines comme
l’ethnologie, la psychologie et la sociologie.
59
O. HÖFFE, «Morale et mœurs », p. 61.
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des groupes. Ici s’inscrivent Jacqueline Russ et Clotilde Leguil, qui affirment : « L’éthique
renvoie chacun à son propre choix, à partir de sa propre conscience.»60
Notons enfin la préférence moderne pour le mot « éthique » par rapport à la morale.
Jean-Louis Bruguès l’exprime en ces termes: « De nos jours, le mot de ‘morale’ est
singulièrement dévalorisé ; il évoque l’univers des contraintes et du sur-moi de l’enfance ; il
fait penser aux leçons que l’on s’administre les uns les autres et aux conflits qui en découlent.
On le remplace donc volontiers par celui d’éthique»61
1) L’intelligence
L’intelligence a pour rôle de connaitre et de comprendre les réalités impliquées dans
un acte envisagé ou déjà posé. En cela, sa fonction concerne la dimension objective de l’acte
humain, c’est-à-dire ce qui est fait ou à faire sous es différents aspects.
Pour bien jouer son rôle, l’intellect a essentiellement besoin de la qualité appelée
advertance, qui désigne l’attention appliquée à l’acte à poser. A cette qualité s’opposent deux
défauts principaux : l’inadvertance, manque d’attention actuelle (sur cet acte déterminé), et
l’ignorance dans le sens de manque habituel d’attention au-delà d’un acte précis.
2) La volonté
La volonté est le pouvoir de se déterminer soi-même, sans subir une contrainte
quelconque, et de se diriger vers une fin appréhendée par l’intellect pratique. Son travail se
réalise dans le sujet en mouvement vers la fin, c’est-à-dire l’acte que la personne a choisi de
poser après le discernement de son intellect. C’est à cette condition que l’on peut parler d’un
acte vraiment volontaire.
60
J. RUSS et Cl. LEGUIL, La pensée éthique contemporaine, p. 4.
61
BRUGUES, p. 162.
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Notons qu’il y a deux sortes d’actes volontaires. La première est l’acte volontaire
direct, qui désigne l’effet immédiatement voulu en lui-même et tout moyen immédiatement
voulu pour le produire. Exemple : décider de tuer son ennemi (fin visée) et tirer sur lui
(moyen).
La seconde sorte consiste dans l’acte volontaire dans sa cause, qui est la conséquence
logiquement ou habituellement prévisible d’une action projetée, mais que l’agent n’a
sciemment pas empêchée ou évitée. La notion d’ « acte volontaire dans sa cause » élargit la
responsabilité de celui-ci à tous ceux qui ont contribué à le produire, donnant ainsi lieu à
différents Cet acte peut avoir plusieurs types d’auteurs dans un acte donné, par exemple :
auteurs intellectuels, politiques, psychologiques, spirituels, économiques, exécutifs, etc.
Il existe des facteurs qui entravent le fonctionnement normal de la volonté dans l’agir
humain. Parmi eux il y a les passions, la violence, la crainte, les habitudes (surtout les
mauvaises), certaines maladies mentales. Le sujet a besoin d’apprendre à dominer e telles
réalités ou d’en guérir, afin que sa volonté puisse pleinement jouer son rôle un agir humain
vraiment libre.
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permettre envers son enfant ou son conjoint des actes qu’il ne doit poser envers d’autres
personnes, etc.
c. Les modalités de l’acte en ce qui concerne le moment, le lieu et la manière de l’action. La
qualité morale d’un acte peut dépendre des circonstances de temps, de lieu et de manière
qui le portent.
3) L’intention
L’intention d’un acte humain signifie la fin (visée) poursuivie par le sujet en posant
l’acte. Il suffit que l’intention soit mauvaise pour que l’acte soit moralement mauvais. Un acte
produit avec une intention immorale (mauvaise), même s’il est extérieurement perçu comme
bon, ne peut être moralement mis à l’actif de son auteur. Par contre, une intention bonne ne
suffit pas pour la bonté de l’acte qui en découle : une intention bonne peut produire aussi bien
des actes bons que des actes moralement irrecevables.
E.N. KODJO – Cours de Philo, Epist. et Morale –USB G1 FAG ET MED – 2020-2021 Page 41
être tout à fait personnels et issus de sa propre délibération, plutôt que de lui être imposés de
l’intérieur.
2) L’éthique hétéronome
Pour l’éthique hétéronome, les valeurs ont leurs sources en dehors de l’homme,
notamment dans la nature, la société et Dieu. Cela se présente de la manière suivante :
- La nature, avec ses lois, est considérée par certains comme suffisante pour orienter ou
justifier les comportements humains, de telle sorte qu’est bon un acte qui obéit à une loi
de la nature;
- Pour ceux qui privilégient comme la société comme fondement de la moralité, est bon ce
qui est autorisé par la société, c’est-à-dire à ses traditions, à ses lois et coutumes ;
- Dieu est, lui aussi, considéré beaucoup d’hommes, surtout des croyants, comme source
incontournable, voire principale et même exclusive des valeurs morales ; ce qui implique
qu’un comportement bon est celui qui est conforme à la volonté de Dieu.
E.N. KODJO – Cours de Philo, Epist. et Morale –USB G1 FAG ET MED – 2020-2021 Page 42
La conscience joue le rôle de guide moral intérieur qui approuve ou désapprouve la
conduite, d’autorité morale intérieure qui nous juge et nous guide. Elle est la norme subjective
du bien aux côtés de la loi morale, qui est la norme objective. La conscience morale se
distingue de la conscience psychologique, qui désigne la saisie immédiate que la personne a
de son état ou de son action du moment.
62
A. COMTE-SPONVILLE, Petit traité des grandes vertus, pp. 256-257.
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2.2.4. La formation de la conscience morale
Sans la conscience, il n’y a pas de personnalité morale. C’est en effet à travers la
conscience que l’homme prend la responsabilité personnelle de ses actes pour les orienter vers
son bonheur et pour les évaluer après coup. Selon sa qualité, la conscience peut conduire
l’homme vers sa vraie fin ultime ou l’en éloigner. Aussi l’obligation et le droit de suivre notre
conscience impliquent la nécessité de la former soigneusement pour en faire un guide
intérieur efficace et fiable.
La formation de la conscience se fera essentiellement à travers la recherche de la vérité
par notre intellect et la conversion continuelle de notre volonté à celle-ci. Elle consiste
précisément dans l’éducation aux vraies valeurs morales; tâche qui incombe aux individus, à
la société et, pour les croyants, à leurs communautés de foi.
L'épicurisme est la doctrine fondée à Athènes par le philosophe grec Épicure (341-270
av. J.-C.) en 306 dans son école63 appelée le Jardin. Pour Epicure, le seul but et la fin naturelle
de l’effort humain, c’est le plaisir procuré par la satisfaction des seuls désirs « naturels et
nécessaires ». Et ce plaisir comporte deux dimensions : l’absence de souffrances corporelles
(aponie) et de troubles de l’âme (ataraxie). Mais le plus grand accent repose l’ataraxie, qui est
une inébranlable tranquillité de l’esprit faite de désirs dominés et d’une parfaite indépendance
des circonstances.
Cette recherche du plaisir est à comprendre par rapport aux désirs qu’Epicure classe en
3 catégories :
a) Les désirs naturels et nécessaires, qui sont très faciles à apaiser, comme ceux du pain et de
l'eau ;
b) Les désirs naturels et non nécessaires, tels que le mariage, l'amour, les affections de la
famille, désirs dont le sage sait s'affranchir, en se gardant de compliquer sa vie et de se
donner des occasions de souffrir ;
c) Les désirs ni naturels ni nécessaires, tels que le désir de la richesse, du pouvoir, des
grandeurs et de la gloire ; lesquels désirs se renouvellent sans cesse, ne sont jamais apaisés
et enlèvent à l'âme la sérénité qui fait le bonheur, et dont le sage s'abstient.
D’autres grandes figures de l’école épicurienne : Hermachus, Polystrate, Denys, Basilide, Apollodore, Zénon
63
3.2.Le stoïcisme
Le stoïcisme64 est une doctrine éthico-philosophique fondée vers 301 par Zénon de
Kition (Citium, Chypre) (v. 335-v. 264).65Le stoïcisme a pour finalité le bonheur de
l'existence humaine obtenu grâce à une acceptation rationnelle1 de l'ordre du monde et de son
évolution2. Il repose notamment sur la distinction centrale entre d'un côté les choses qui
dépendent de nous et sur lesquelles nous devons concentrer nos efforts3 et, d'un autre côté, les
choses qui ne dépendent pas de nous, contre lesquelles il est vain de lutter et que nous devons
au contraire supporter et accepter.
Les Stoïciens partent du principe que « ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les
choses mais les opinions qu'ils en ont »9. Ainsi, pour ne plus se laisser atteindre par ce qui ne
dépend pas de nous et parvenir à nous concentrer sur ce qui est en notre pouvoir, le stoïcisme
exhorte à la pratique d'exercices de préparation aux difficultés, de travail sur nos
représentations erronées8, nos conditionnements, nos désirs et nos aversions conduisant à
vivre et agir en accord avec la nature grâce à la raison1 (faculté de discernement basée sur la
connaissance scientifique10. L'objectif est de parvenir à l'ataraxie (« absence de troubles »)
grâce à l'apatheia (« absence de passions ».
Dans le langage courant, l'adjectif « stoïque » est utilisé pour désigner une personne
inébranlable, qui parvient à rester fixée sur ses objectifs et ne s'effondre pas devant la peur,
la douleur, le stress, les privations ou autres difficultés de l'existence.
64
https://fr.wikipedia.org/wiki/ stoïcisme (visité le 1/02/2020, à 21h52)
65
Le mot vient du grec ancien στοά, stoa, qui signifie « portique ». Il renvoie à l’école du Portique65 d'Athènes,
« stoïciens » signifiant « ceux du Portique ». Ce courant a été influencé par l'Académie de Platon et
le Lycée d'Aristote, entre autres. Parmi les autres grandes figures de ce courant, il y a Sénèque (v. 4 av. J.-C. –
65 ap. J.-C.), Epictète (v. 50 – v. 125) et l'empereur Marc Aurèle (121-180).
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3.3.Le subjectivisme
Pour ce courant, le bien est défini et cherché en fonction du sujet. Ici, un acte humain
est considéré comme moralement bon lorsqu’il répond aux intérêts personnels du sujet, peu
importent les exigences objectives et transcendantes du bien. La personne impliquée dans
l’action agit comme la seule mesure de la moralité, alors que son Alpha et son Oméga, qui
constituent la source de sa béatitude, se situent en dehors de l’homme. La définition du bien
moral en référence à la béatitude se heurte à la conception subjectiviste du bien et à l’éthique
de situation.
3.4.L’éthique de situation
Quant à l’éthique de situation, apparue dans les années 1950, elle est une option qui
veut que le bien à faire soit défini de façon ponctuelle en fonction de chaque situation dans
laquelle on se trouve. Elle considère chaque situation comme unique et suffisante pour servir
de source exclusive d’orientions morales. La raison pratique, certes, doit s’occuper de
l’analyse de toute situation particulière pour en tenir compte dans les décisions à prendre.
Néanmoins, une prise de décision sage ne saurait se passer des apports des sources de la
morale qui se trouvent en dehors de la situation du moment.
CONCLUSION GENERALE
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