Copie de L'Etat Est-Il Un Mal Nécessaire
Copie de L'Etat Est-Il Un Mal Nécessaire
Copie de L'Etat Est-Il Un Mal Nécessaire
/philosophie/AdeMarigny/LFIGP
Introduction
Sans aucun doute, chacun d’entre nous aimerait pouvoir faire ce qui lui plaît quand cela lui chante. Mais
nos désirs viennent bien souvent se heurter à l’interdiction de la loi, nous exposant du même coup au
châtiment prévu par la loi si on leur laisse malgré tout libre cours. Ainsi, c’est un fait : les lois de l’État
viennent entraver notre liberté d’action. Pourtant, chacun reconnaît également, pour peu qu’il prenne la
peine d’y réfléchir, qu’obéir aux lois de l’État est nécessaire pour que l’ordre règne : que serait une
société où chacun se mettrait à n’en faire qu’à sa tête, bafouant les lois à l’envie ? Ce serait l’anarchie,
car les lois perdraient justement toute leur valeur de lois. Or, là où il n’y a plus de lois instituées et
reconnues, et de ce fait, plus d’État, on peut penser que c’est précisément la force seule qui fait le droit
et tient lieu de loi, ce que nul sans doute ne peut sérieusement souhaiter : c’est la survie de chacun qui
se trouverait alors compromise. Alors faut-il en conclure que l’État est un mal en tant qu’il nous empêche
d’être libre, mais qu’il est un mal nécessaire, dont nous ne saurions nous dispenser si nous voulons ne
serait-ce que pouvoir cohabiter sans nous nuire les uns aux autres ? Serions-nous plus libres et plus
heureux sans Etat ? Les sociétés sans Etat semblent être un paradis perdu à jamais inaccessibles, tandis
que nos sociétés actuelles ne semblent être composées que d’individus agressifs qui, si on leur donnait
plus de liberté, sèmeraient le chaos. Comment penser un Etat qui serait bienveillant et non liberticide ?
Texte de Pierre Clastres, manuel P. 139
Texte de Thomas Hobbes, manuel P. 138
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L’Etat est-il un mal nécessaire ?/philosophie/AdeMarigny/LFIGP
puisqu’il doit toujours être respecté. Le droit positif varie selon les époques et les Etats. Il existe
néanmoins un document qui tente d’établir un droit positif pour toute l’humanité, il s’agit de la
déclaration universelle des droits de l’homme.
Problématiques liées à la justice :
- Comment élaborer des lois justes ? Sachant que ce sont les puissants qui font les lois, n’y a-t-il
pas toujours le risque d’un parti pris ? Exemple : lorsqu’Edward Snowden découvre que le
gouvernement américain outrepasse ses droits en organisant une surveillance de masse de ses
citoyens, il décide de révéler des informations classées secret-défense. Un mois plus tard, il est
inculpé par le gouvernement américain pour espionnage et vol, il encourt jusqu’à trente ans de
prison. Manuel P. 152-153
- Avons-nous la garantie que les lois soient justes ? « Il est dangereux de dire au peuple que les
lois ne sont pas justes, car il n’y obéit qu’à cause qu’il les croit justes », Blaise Pascal. Rappelez-
vous que Socrate avait accepté sa condamnation à mort, tout en affirmant qu’elle était injuste,
mais qu’il fallait respecter les lois, même lorsqu’elles sont injustes, et cela pour la stabilité de
la société.
- Comment rendre justice ? Texte Amartya Sen, manuel P. 202
Dans un schéma idéal, l’Etat garantirait l’instauration et le maintien du bien collectif, sur la base de lois
toujours justes. Cependant, l’observation du fonctionnement des Etats nous rappelle une réalité bien
autre, désignée par le terme emprunté à l’allemand de realpolitik*.
*Realpolitik : dans le sens positif, le terme désigne un abandon des idéaux pour composer avec la
réalité. Dans le sens négatif, il désigne l’abandon des principes éthiques ainsi qu’un manque de vision
politique qui conduit à une gestion à court terme.
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serait-il sorti de la caverne ? Admettons qu’il puisse en sortir, pour quelles raisons déciderait-il d’y
retourner ?
Le premier à avoir abordé la question des dangers du pouvoir est probablement Nicolas Machiavel
(1469-1527). Machiavel est le premier à avoir décrit l’exercice réel du pouvoir politique, ce que les
gouvernants font effectivement.
La vie de Machiavel
Né à 1469 à Florence et mort en 1527 dans cette même ville, Machiavel s’intéresse dès sa jeunesse aux
problèmes de la guerre du fait de sa position dans le système politique de la République florentine. En
1498, il est chargé du secrétariat du « Conseil des Dix », l’instance qui, à Florence, gère les affaires
diplomatiques et militaires. Puis, de 1502 à 1512, il devient l’un des principaux conseillers du chef de
gouvernement de la République florentine, le gonfalonier à vie Piero Soderini. Il entre en fonction dans
une période de grand trouble, quatre ans après l’invasion de l’Italie par la France, marquant le début des
guerres d’Italie qui dureront jusqu’en 1559. Son expérience est nourrie de nombreuses missions
diplomatiques (France, Suisse, Tyrol, Rome). Il met également en place une milice à Florence, afin que
la république ne soit plus dépendante des mercenaires. Cependant, les troupes florentines sont battues
par l’alliance de l’Espagne et du pape, qui impose le retour des Médicis au pouvoir en 1512 – pouvoir
politique (par Julien de Médicis) et religieux (Jean de Médicis est élu pape Léon X). Machiavel est alors
révoqué et emprisonné. Éloigné des lieux de décision, il se met à écrire. Il commence par les Discours
sur la première décade de Tite-Live, puis s’interrompt pour écrire Le Prince en 1513, dédié à Laurent II
de Médicis, qui a succédé à Julien.
Sa vision de la politique
Selon Machiavel, le politique doit supposer d’avance les hommes méchants. Rompant avec la longue
tradition qui voyait dans l’Etat la réalisation d’un idéal moral comme chez Platon, Machiavel envisage
la politique comme l’art de conquérir et de conserver le pouvoir, un art difficile qui requiert la vertu
(qualités morales) d’un prince. Ainsi Machiavel conseille au prince d’unir en sa personne la « ruse du
renard et la férocité du lion » afin de pouvoir gouverner au mieux la patrie. S’il tient à se maintenir au
pouvoir, le prince doit déjouer les complots et surmonter les crises et agir parfois « contre la foi, contre
la charité, contre l’humanité » : la fin justifie les moyens.
« A un prince, donc, il n'est pas nécessaire d'avoir en fait toutes les susdites qualités, mais il est bien
nécessaire de paraître les avoir. Et même, j'oserai dire ceci : que si on les a et qu'on les observe toujours,
elles sont dommageables : et que si l'on paraît les avoir, elles sont utiles ; comme de paraître pitoyable,
fidèle, humain, droit, religieux, et de l'être ; mais d'avoir l'esprit édifié de telle façon que, s'il faut ne
point l'être, tu puisses et saches devenir le contraire. Et il faut comprendre ceci : c'est qu'un prince, et
surtout un prince nouveau, ne peut observer toutes ces choses pour lesquelles les hommes sont tenus
pour bons, étant souvent contraint, pour maintenir l'État, d'agir contre la foi, contre la charité, contre
l'humanité, contre la religion. Aussi faut-il qu'il ait un esprit disposé à tourner selon que les vents de la
fortune et les variations des choses le lui commandent, et comme j'ai dit plus haut, ne pas s'écarter du
bien, s'il le peut, mais savoir entrer dans le mal, s'il le faut. »
Nicolas Machiavel, Le Prince
Remarque - machiavélique : le mot a été détourné de son sens originel et signifie aujourd’hui rusé,
perfide, démoniaque, diabolique.
Question – Peut-on dire qu’Amin Dada tel qu’il est dépeint dans le film The Last King of Scotland
correspond au portrait du prince de Machiavel ?
Tout le monde aura compris que l’on ne peut faire preuve ni d’idéalisme ni d’angélisme en matière de
politique. Cependant, le fait de dissocier moralité et politique pose un problème : en utilisant tous les
moyens, y compris les moyens immoraux, pour se maintenir au pouvoir, n’y a-t-il pas forcément une
contamination du pouvoir ?
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