Le Symbolisme Et La Décadence (Mallarmée, Lautréamont, Verhaeren, Laforgue, Huysmans), Le Néosymbolisme (Claudel) Et Le Néoclassicisme (Valéry)
Le Symbolisme Et La Décadence (Mallarmée, Lautréamont, Verhaeren, Laforgue, Huysmans), Le Néosymbolisme (Claudel) Et Le Néoclassicisme (Valéry)
Le Symbolisme Et La Décadence (Mallarmée, Lautréamont, Verhaeren, Laforgue, Huysmans), Le Néosymbolisme (Claudel) Et Le Néoclassicisme (Valéry)
Valéry (néoclassicisme)
Solo de lune
Si sous l'injonction de Boileau « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage » (Art
Poétique), le poète « poli[t] sans cesse et […] repoli[t] » son œuvre, le lyrisme romantique
perd alors toute sa sincérité de l'instant. Ce « moi » exalté se déforme en un « moi » truqué,
illusoire et malhonnête. Dès lors, la poésie n'est plus l'expression loyale de sentiments réels
mais un tour de passe-passe qui trompe son lecteur par la surenchère de ses topoï.
De tels artifices, Jules Laforgue use et abuse dans ses Derniers vers, mais c'est pour mieux les
démonter. Pour inspirer son « Solo de lune », le décadent puise dans son « répertoire pour
de nouveaux poèmes », à savoir le recueil renoncé Des Fleurs de bonne volonté et bâtit sa
frôle déception amoureuse sur une « Arabesque de malheur ».
1. La narration humoristique d'une banale rupture
2. Evoquer le romantisme pour mieux le fustiger
3. L'humour pour habiller la pudeur du lyrisme
Mallarmé et la poésie
En lisant Hegel, Mallarmé a découvert que si « le Ciel est mort », le néant est un point de
départ qui conduit au Beau et à l'Idéal. À cette philosophie devait correspondre une poétique
nouvelle qui dise le pouvoir sacré du Verbe. Par le rythme, la syntaxe et le vocabulaire rare,
Mallarmé crée une langue qui ressuscite « l'absente de tous bouquets18 ». Le poème devient
un monde refermé sur lui-même dont le sens naît de la résonance. Paul Valéry raconte
comment Mallarmé affirma un jour à Edgar Degas que « ce n’est point avec des idées […] que
l’on fait des vers. C’est avec des mots19. » Le vers se fait couleur, musique, richesse de la
sensation, « concours de tous les arts suscitant le miracle ». C'est avec Mallarmé que la «
suggestion » devient le fondement de la poétique antiréaliste et fait du symbolisme un
impressionnisme littéraire. Son œuvre est alors celle de l'absence de signification qui «
signifie davantage » et le poète cherche à atteindre les « splendeurs situées derrière le
tombeau ».
Au rebours
La Bible de l'esprit décadent et de la "charogne" 1900. À travers le personnage de des
Esseintes, Huysmans n'a pas seulement résumé, immortalisé les torpeurs, les langueurs, les
névroses vénéneuses et perverses du siècle finissant. Des Esseintes est aussi un héros
kierkegaardien, à la fois grotesque et pathétique, une des plus fortes figures de l'angoisse
qu'ait laissées notre littérature. Fils spirituel de René et de la génération du mal du siècle, il
annonce à bien des égards le Bardamu de Céline et le Roquentin de "La Nausée".
Huysmans crée ici un personnage fascinant, des Esseintes, qui représente ce qu'on a appelé
"la décadence"; dégoûté de la vulgaire réalité, il cherche désespérément, en recourant sans
cesse à l'artifice, des sensations rares et des plaisirs toujours nouveaux, jusqu'à
l'hallucination, presque jusqu'à la folie.
Dans le tohu-bohu qui accompagna la publication d'"À rebours" en 1884, Barbey d'Aurevilly
écrivait : "Après un tel livre, il ne reste plus à l'auteur qu'à choisir entre la bouche d'un
pistolet ou les pieds de la croix". Huysmans lui donna raison en se convertissant peu après.