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Lse Pleurs

MDV
Une poétesse lyrique à l’heure de la grande éclosion romantique

Bibliographie : Marc Bertrand qui a fait une thèse sur la stylistique de MDV.
Revoir ce qu’en ont dit Sainte-Beuve, Lamartine etc.

Ecouter Christine Planté : émission de radio


MDV : 1786-1859

Eléments biographiques :

- Première vague du romantisme.


- Douai : famille d’artisans, formations très différentes des autres auteurs romantiques.
- Elle chante et joue.
- Deuil de sa mère, ses enfants.
- Sa propre voix la fait pleurer.
- Epouse l’acteur Valmore. La famille a une vie économique fragile. Déménage à Lyon, à
Bordeaux.
- Connait des amants, dont Latouche qui est romancier et homme de lettres, et des amours
malheureux.

Son œuvre :
- 1819 : premier recueil Elégies, Marie, romances, un an avant le coup d’envoi du
romantisme avec les Méditations de Lamartine.
- Elle est assez reconnue, l’objet d’une vraie attention de son époque,
- citée par Verlaine dans ses poètes maudits.
- Mais : elle ne connait pas d’écho équivalent à celui que connait Lamartine,
- elle ne rédige pas de préface, d’avertissement, elle ne revendique et ne pose donc pas
une esthétique particulière.

Nouveautés :
- Elle transforme le rapport à la création. Le roman alors n’a pas le droit de cité dans les
Belles Lettres.
- La première génération romantique se recentre sur la poésie.
- Influence du romantisme d’Iena, avec les frères Schlegel et Novalis.
- Le poète est un éclaireur au service de l’humanité.
- Novalis présente la poésie comme le « réel absolu ». Expérience mystique qui permet
d’accéder au réel.

Postérité :
- 1830-1840 : idéal contrarié par le développement du genre romanesque..
- Baudelaire : poésie renouvelée par l’expérience journalistique.
- Le lecteur bourgeois lit beaucoup de romans que de poésies. C’est une histoire des
mœurs.

Quel est l’éthos de MDV : guide mystique ? historien ? geste artistique en surplomb ?

Physiologie du poète avec Sylvius. « Littérature panoramique » qui vise à faire le portrait robot
de son temps. Vie parisienne/ corps de Métiers etc avec Walter Benjamin.

Renouveau formel de la poésie, avec Baudelaire, Verlaine, Rimbaud.


Avant eux, renouveau thématique avec Hugo, Vigny, avec une visée émotionnelle, lyrique.

Verlaine reconnait son emprunt à MDV : vers impairs, comme 11 syllabes. Par exemple dans la
« Fileuse et l’enfant » ou « rêve intermittent d’une nuit triste » d’un recueil de poésies inédites,
en 1861 après sa mort.

Hétérométrie, mais pas de vers impairs dans les Pleurs, marginale donc plus capable d’innover,
car pas de cénacle ou autre.

I. Le sacre du poète : l’avènement des mages romantiques.

Titre de Paul Bénichou, écrit dans les années 1980-1990.


Le sacre de l’écrivain, 1730-1830. Essai sur l’avenir d’un pouvoir spirituel laïc dans la
France moderne. : idée d’une mission social de l’écrivain. Place vacante laissée par le
prêtre : écrivain qui est une sorte de ministre laïc.

Le temps des prophètes : doctrine de l’âge romantique.


Promotion de la littérature au rang de pouvoir spirituel, années 1820-1830.

Connaître la pensée du Saint-Simonisme (Enfantin)et de l’Illuminisme (Sainte-


Martin)(fin XVIIIème) : pensée sociale économique + réflexion sur la religion.

Auteurs traités : Constant/Michelet/La Mennais/Leroux/Chateaubriand…

Les mages romantiques : Lamartine, Vigny, Hugo


Ces trois grands poètes centrent leur œuvre sur la place de la condition humaine
Foi chrétienne + progrès de l’humanité

Moment d’espoir, de résurrection sur les ruines de la Révolution et de l’Empire. La


monarchie remonte sur le trône : emblème de l’idéal de la Restauration. Elles
prônent le trône et l’autel.

1. Le poète, un élu des dieux

- Statut de la religion très lié à ceux de la poésie.


Louis Racine, Jean-Baptiste Rousseau, Pompignan, dans le sillage symbo des grands textes
sacrés.
Bénichou : « département littérature annexe de la religion » » dans le Sacre de l’écrivain.

José-Luis Diaz : « sécularisation du sacerdoce ». Novalis : citation pas bien prise « le monde
humaine organe collectif des dieux ».

Incarnation de la langue primitive perdue : Saint-Martin, illuminisme. Adhésion parfaite entre


signifiant et signifié, langue d’origine divine.

Saint-Simonisme : progrès grâce aux progrès de l’industrialisation.


Enfantin : poésie totalement relié au divin : « Dieu est la poésie vivante, réalisée dans le temps de
la parole, dans l’espace par l’écriture ».

Vigny : lyrisme distant, ethos assez conservateur, antenne biblique qui verse vers le sacré.

MDV : Affirmation d’une poétique, sous prétexte d’humilité, d’incapacité proclamée.


Révélation de MDV : humanise la figure sacrée, reflet de Dieu dans une âme ingénue. Expérience
concrète, rapport d’immanence + que de transcendance. Par exemple, dans un de ses poèmes :
Marie est rendue visible par une autre femme.
L’amour est sa religion : expression d’une foi toute personnelle. Elle fait l’expérience de la foi par
l’amour.
La religion présentée comme un élément thématique de son dispositif élégiaque.
Dieu est vu comme un auxiliaire de l’amour, et non comme la finalité de tout.

Poème 16 : Pardon !
Texte emprunt de religiosité. Mais rapport au divin sous le rapport du doute.
Tout est au second plan par rapport à l’expérience amoureuse. Doute émis à la 3ème strophe. Sa
souffrance de femme adultère permet de l’identifier à Dieu, au Christ. Elle humanise donc Jésus ,
soumis à la souffrance . Il y a une communion dans la souffrance.
Son expérience mystique est bizarrement une expérience terrestre.

Elle fait du religieux une expérience intime. Son rapport à Dieu n’est pas aussi vertical que chez
Vigny.

2. Le temps des prophètes (Pierre Bénichou) : engagement politique et social du


poète.

Chez Hugo :
- Le poète prend la place laissée vacante par le prêtre
- Le poète a « charge d’âmes »
- L’écriture est un sacerdoce qui vise à civiliser, moraliser les peuples
- Souvent, rôle politique concret
- Rôle humain mais en surplomb, comme messianique, avec une auto mise en scène
- Se pose comme un modèle
- Son lyrisme est épique

Poème 31 : « Sous une croix belge » :


- Idéal romantique de son temps d’auto-détermination des peuples
- Pas de fanfaronnade poétique
- La voix du poète ne tonne pas, seule celle des canons tonne
- Sa voix est comme une plainte, elle fait un seul pleur avec les victimes
- Elle fait preuve d’empathie, de sympathie
- Elle ne revendique pas un pouvoir du poète
- Elle se positionne comme femme
- Elle donne la parole à une voix de mère, voix qui se superpose à la sienne, une sorte
d’identification
- Isométrie au vers 16
- Elle revendique sa sensibilité
A noter : caractère hétéroclite du recueil, car les poèmes ont été publiés à des dates différentes
dans la presse.

Poème 53 : « La fiancée polonaise »


- Elle s’efface au profit de l’allégorie de la virginité, de la jeunesse fauchée, incarnée par la
jeune veuve
- Ici, on voit la conséquence concrète de la guerre, mais la guerre décrite telle quelle.
- Identification universelle
- Dernier vers : « Rois, craignez ce trésor ! » à rapprocher du dernier vers du 31 : « Le roi le
plus dévot ne croit pas à l’enfer » : mise en garde des puissants contre leur orgueil
Poème 54 : « Le vieux pâtre »
- Polyphonie avec un enjeu romanesque
- La poétesse ne prend pas tout à son compte, elle mêle les voix
- Sa voix n’est pas en surplomb
- Echo de la voix christique de l’épigraphe
- Le poème est une sorte de parabole à l’épigraphe
- Dimension universelle et intemporelle
- Effet de dialogue avec la Bible
- L’arrière plan historique est à peine évoqué
- Vers 41-42 : topos
« Mes fils, confiez vos troupeaux
Aux femmes qui n’ont que des larmes. »
- Forte intériorisation du masculin et du féminin et du rôle social attendu d’une femme
- Le poète ici n’est pas armé de sa lyre, mais de ses larmes (association de rimes :
« larmes/armes »)

Conclusion : poétesse engagée mais sa voix n’est pas omniprésente, elle ne se veut pas un guide.
Féminin élégiaque : propension à guider le peuple par un partage des larmes, pour éveiller les
consciences.
Sa sensibilité est son ethos artistique.

II. Lyrisme et sensibilité : aux fondements d’une poésie nouvelle

1. Poésie et nature, dans la décennie 1820-1830

- Pertinence relative pour ce recueil


- Quid du paysage état d’âme ? initié chez Rousseau et Bernardin de Saint Pierre
- Le lyrisme romantique nait dans le roman plus que dans la poésie
- Courant de la poésie didactique au XVIIIème :
- poésie descriptive de Jean-François de Saint-Lambert qui publie « Saisons » en 1769
- et de Jacques Delille, traducteur des Géorgiques de Virgile, puis auteur de « Les Jardins,
ou l’art d’embellir les paysages » publié en 1782
- observation de la nature à distance, avec une prétention d’objectivité cosmique
- pas de paysages-état d’âme
- on doit le concept de paysage-état d’âme à Henri-Fréderic Amiel, philosophe suisse, en
1852, donc expression qu’on a utilisée a posteriori
- cela renouvelle la contemplation cosmique de la nature, on se projette en elle

donc, pour MDV :


- caractère novateur de sa poésie, quand on la compare à ce qui précède, à la poésie du
XVIIIème siècle assez désincarnée et au but didactique avec un programme narratif
- dans ses épigraphes, elle cite Delille, Parny… ce qui montre qu’elle les a lus
- question qu’on peut se poser : répond-elle dans ses poèmes au programme qu’elle
annonce dans les épitaphes ?

Poème 1 : « Révélation » :
- dimension programmatique des premiers vers
- vers 77 à 80 puis, 85 à 88 : évocation de la nature assujettie à l’évocation amoureuse
- paysage = évocation de l’être aimé, mais pas de paysage état d’âme
- ce sont les topoi des bibles de paysage, des oiseaux, des fleurs
- pas de composition de paysage, ou très furtivement, avec fonction symbolique

Poème 23 « Solitude »
Comparaison avec « Solitude » des Lamartine
- on pourrait s’attendre à une communion, une fusion amoureuse
- mais expérience de la solitude
- donc nature comme prétexte, pour l’aboutissement de son poème, comme souvenir
malheureux
- épitaphe : citation de Lamartine, donc elle reprend consciemment ce thème. Car
Lamartine a nommé sa treizième méditation poétique (1820) « Solitude ».
- Mais chez lui, le monde est objet de dégout, la retraite dans la nature et la solitude est
bonne. On y rencontre Dieu, ce n’est pas le lieu de l’absence
- Ici, sorte de réponse à Lamartine, lui donne sa version de la solitude
- Réappropriation lyrique,
- Expérience de l’isolement qui n’apaise pas, angoisse existentielle
- Nature = valeur de décor pour poser un cadre où s’expriment les affections de la
poétesse

Poème 27, « Tristesse » /


- C’est le topos poétique du « ubi sunt »
- Tradition fondée sur le regret
- Tout est marqué du sceau de la dégradation ( ?? au contraire, non !? à demander au
prochain cours)
- Ici, elle se borne à constater l’absence
- Pas de rayonnement de la poésie
- Nostalgie avec la thématique de la ruine : René de Chateaubriand (1802)

Quel était le statut du paysage dans son premier recueil ?

(Ethos : posture construite et fabriquée. Ethos de la souffrance : part de qq chose de vécu


Différent de sa biographie. Fabrique de la souffrance poétique : que vt-elle faire passer au
public ? En quoi ces dispositifs lui sont-ils spécifiques ? ou relèvent-ils de son époque ?
Regarder les sujets donnés pour Lamartine il y a quelques années.
Présupposé romantique : on écrit parce qu’on souffre. En plus, une femme qui se revendique
femme. En quoi cette idée de souffrance comme génératrice de poésie n’est pas une vérité
biographique mais une construction, on atteint à une esthétisation. 3° partie.)

« L’Arbrisseau », Élégies, Marie et Romances (1819), poème d’ouverture


- Place fondamentale tenue par la nature
- Influence de Chénier
- Comme précurseur du romantisme
- Sens du détail qu’elle laisser tomber après

Images de la nature présente, mais sous la forme de vignette. Oiseaux, fleurs… mais
recentrement sur l’intimité humaine. Peu de paysages états d’âme.
Nature non plus transcendante mais immanente.

2. La promotion du sensible : un renouvellement du mythe de l’inspiration

Au XVIème siècle chez Ronsard ou du Bellay, l’inspiration est due aux Muses, elle est
transcendante. Plus ambigüe dans le romantisme : élu des dieux, passeurs, intermédiaires, mais
le poète est avt tout à l’intérieur de lui-même qu’il puise cet élan. Mise en avant de l’intériorité.
Importance de la subjectivité. Considéré comme un être à part, un génie : être irréductible à ses
semblables.
Parce que la souffrance se loge dans l’émotion, elle est moins méritoire. Ce que lui reprochent les
critiques. Elle l’intègre est l’utilise comme un paravent.

Alphonse de Lamartine, première édition des Méditations poétiques, « Avertissement de


l’éditeur », 1820 :
- Pas de but de publication
- Présenté comme spontané, sans travail
- Comme pour MDV : présenté comme une écriture thérapeutique donc pas d’esthétisation
- On lit cela comme par effraction, comme témoin d’un journal intime
- Stts comme jetés sur la page
- Construction : on a comme surpris leur poésie
- Expression de stts vagues, au lieu de la précision de la Pléiade
- Voir la différence de revendication de l’inspiration
- Donc vus comme à contre courant de la marche du monde, de la modernité

Texte Alfred de Vigny, préface de Chatterton (1835) : Chatterton : poète voué au suicide, digne
de pitié. A relire et voir la posture du poète.

Poème XXXVIII page 134 : « A Monsieur Alphonse de Lamartine » :


- Rapport de disciple à maitre
- Comparer la réponse de Lamartine à Musset en 1836. Ici il a plus de déférence pour
MDV, alors qu’il avait de la condescendance pour Musset.
- Voir les travaux d’Antoine Lilti et sa définition de la notion de gloire

Poème XXXV, Nadège, page 124


- Poème hommage à une jeune actrice orpheline morte
- Attention portée aux pts faits et aux petites gens
- Pas évident à son époque, ce qui se fera plus avec le roman qui suivra
- Sauve Nadège de l’insignifiance
- Elle s’ancre dans le présent
- On retrouvera ça chez Hugo mais plus tard

Son éthos :
- Lien entre féminité/souffrance et inspiration
- Emotion pas forcément sujet du poème
- Elle surjoue l’effacement
- Elle travaille dans le sens de la désinvolture, de la prosaïsation
-
Michel Collot, La matière-émotion (1997) :
- A relire en autonomie
- Il prend acte des reproches formulées contre le romantisme
- Pour lui, le fdmt d’un ace créateur : émotion matière
- Permet de dépasser une vision réductrice d’une lecture biographique
-

3. Déclin et renaissance du genre poétique après 1830

a. Le romantisme et sa critique, une identité en crise

A son zénith mais objet de critique très âpre. Coïncidence paradoxale soulignée par Benichou
(texte en PJ)
Regard des valeurs bourgeoises et capitalistes qui dominent la monarchie de Juillet.
Embourgeoisement moral de la société.
L’Ecole du désenchantement : de Bénichou : malediction d’un poète marginalisé parce que
extérieur aux valeurs du capitalisme.

Pas de conscience coupable de MDV !


Incarne un certain nombre des travers reprochés à la poésie lamartinienne, ms femme, car on
leur reproche leur effémination, car le genre viril serait le roman (cf Flaubert à Louise Colet).

b. Crise de vers, les prémices d’une réinvention

- Ce qui sauve MDV de l’oubli, c’est que ds les recueils postérieurs elle adopte une poésie
novatrice, innovations formelles.

- Visionnaire car initie un élan de prosaïtion de la poésie valorisée chez Baudelaire,


Verlaine…

- Intéressant : l’éditeur voulait publier le recueil sous le nom Mes Pleurs, mais MDV a
refusé cette relation très étroite entre autobio et oe

- Pourquoi ce choix de Dumas par l’éditeur pour la préface ? parce que la poésie est en
crise et que le romancier est populaire ; choix commercial. Editeur qui espère de la
notoriété de Dumas. Poésie considérée comme moins rentable. La littérature
s’industrialise, devient un métier.

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