Article11 Hafida El Baki
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Synergies Algérie n°18 - 2013 p. 175-193
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Pratiques syntaxiques observées dans une expression orale et écrite
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En effet, très souvent en classe, ils ne sont sollicités que pour une
activité scolaire sans véritablement exercer une activité d’expression
orale ou écrite. Par conséquent, si nous proposons cette épreuve, c’est
parce que nous voulions les soumettre à une situation de communi-
cation moins contraignante de manière à pouvoir apprécier leur degré
de maîtrise dans la manipulation des structures syntaxiques acquises
au cours de ces quatre années d’apprentissage du français, selon les
objectifs fixés par les programmes institutionnels.
Nous avons été guidée dans ce choix, par le fait qu’au cours de
nos observations préliminaires en classe, nous avons remarqué que
beaucoup d’élèves essayaient de retenir exactement les phrases
du texte lors de son explication, et avaient toujours tendance à les
répéter telles quelles, sollicitant plus leur mémoire sans exercer une
activité langagière. Ces élèves se sentaient-ils contraints de répéter les
mêmes structures syntaxiques pour satisfaire aux consignes de l’ensei-
gnant ? Ou bien s’agissait-il d’une maîtrise insuffisante des moyens de
compréhension et d’expression insuffisamment stabilisés entraînant des
difficultés à réaliser ou à manipuler des structures linguistiques à ce
stade de l’apprentissage du français ? C’est ce que nous avons essayé
d’observer à partir de l’analyse syntaxique de leurs productions orales
et écrites.
3. Méthode d’analyse du corpus
Il s’agit dans la linguistique fonctionnelle de déterminer la fonction
des éléments linguistiques. On entendra alors par fonction, le rôle
d’un élément dans le fonctionnement de l’ensemble du message : « La
linguistique que nous recommandons s’appelle fonctionnelle parce que
l’accent y est mis sur ce qui, dans la parole, vise à assurer la commu-
nication entre les interlocuteurs. Dans l’examen des énoncés, on est
en conséquence, amené à distinguer, dans la réalité physique obser-
vable, ce qui est choisi inconsciemment en général, par celui qui parle
pour dire ce qu’il veut dire, et ce qui n’est là qu’entraîné par diverses
circonstances ». (Martinet, 1979).
Dans cette théorie, les unités linguistiques sont étudiées du point
de vue de la fonction qu’elles assument dans la communication, c’est-
à-dire en considérant le choix qu’a du faire le locuteur à chaque point
de la chaîne parlée, entre l’unité qui est effectivement présente et
celles qui auraient pu y figurer. « La fonction est le fait linguistique qui
correspond au rapport entre un élément de l’expérience et l’expérience
globale ». (Martinet, 1979).
Le niveau d’analyse est la phrase qui est la construction syntaxique
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Pratiques syntaxiques observées dans une expression orale et écrite
Epreuve orale
Moyennes
M/syntaxèmes
100
80
60
40
20
0
GR/A GR/B GR/C
Groupe
Graphique 1
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Epreuve écrite
Moyennes
M/
100
80
60
40
20
0
GR/A GR/B GR/C
Groupes
Graphique 2
Même constat pour l’épreuve écrite avec toutefois une augmentation
de la moyenne des syntaxèmes pour les trois groupes qui ont fourni
un effort supplémentaire en augmentant leur chiffre de production
d’environ six unités supplémentaires. Il est donc nécessaire de souligner
que cet allongement des énoncés est dû à la différence de la situation
de production entre l’oral et l’écrit. Les élèves à l’écrit, n’étaient pas
soumis directement à notre observation, ce qui leur a probablement
permis de se sentir affranchis des contraintes scolaires et d’exercer
librement leur activité langagière, sans oublier de rappeler que le
message oral peut être plus court que le message écrit, car les condi-
tions de communication sont différentes.
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Pratiques syntaxiques observées dans une expression orale et écrite
Epreuve orale
4 Complexité
1
0
GR/A GR/B GR/C
Groupes
Graphique 3
Cette analyse quantitative permet d’observer dans un premier temps,
une nette différence dans la longueur et la complexité des phrases,
au niveau de la production des énoncés, surtout entre le groupe A et
le groupe C. Le groupe A produit en effet des phrases nettement plus
longues et plus complexes (avec une moyenne de 5,2 pour la longueur
et 3,7 pour la complexité) que celles du groupe C (avec une moyenne
de 3,4 pour la longueur et 1,8 pour la complexité).L’écart étant pour
chacune de ces moyennes, respectivement de 1,8 et de 1,9. Entre le
groupe A et le groupe B, la différence est relativement beaucoup moins
importante, elle est seulement de 0,5 pour la longueur des phrases
et un peu plus élevée au niveau de la complexité, elle est de 0,9. Le
groupe B se rapproche nettement du groupe A. Par rapport au groupe
C, les chiffres quantitatifs montrent un écart plus important entre B et
C : une moyenne de 1,3 pour la longueur des phrases, et de 1 pour la
complexité.
Ces résultats sont ils aussi différents à l’épreuve écrite ? Pour une
étude comparative entre la réalisation orale de cette épreuve du récit
libre et sa réalisation écrite, nous établissons ci-dessous, un histo-
gramme représentatif des moyennes de la longueur et de la complexité
des phrases à l’écrit.
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Epreuve écrite
6
Longueur
5
4 Complexité
1
0
GR/A GR/B GR/C
Groupe
Graphique 4
L’observation de cet histogramme, montre tout d’abord, une
augmentation de la moyenne aussi bien de la longueur que celle de la
complexité des phrases, à l’écrit, pour nos trois groupes. Cependant
cette augmentation est différente d’un groupe à l’autre : nous remar-
quons en effet qu’elle est plus importante pour le groupe A qui augmente
ses performances d’une moyenne de 1 ; beaucoup moins importante
pour le groupe B, puisque celle- ci est de 0,4 ; et pour le groupe C,
seulement de 0,2. La différence de la moyenne représentative de la
complexité des phrases entre l’oral et l’écrit demeure en revanche,
nettement moins importante que celle de la longueur des énoncés un
léger accroissement observé à l’épreuve écrite qui est de 0,5 pour le
groupe A ; de 0,4 pour le groupe B et de 0,1 pour le groupe C.
L’étude comparative entre nos trois groupes montre par contre, que
malgré l’accroissement des productions au niveau de chaque groupe,
une nette différence est observée comme à l’épreuve orale, entre le
groupe A et le groupe C. En effet, le chiffre représentatif de la longueur
et de la complexité des phrases du groupe A est quasiment le double
de celui du groupe C ; pour la longueur il est de 6,2 pour A et de 3,6
pour C ; pour la complexité, il est de 4,2 pour A et de 1,9 pour C.
L’écart est en effet très significatif : 2 ,6 pour la longueur, et 2,3 pour
la complexité. Alors que l’épreuve orale rapproche davantage le groupe
B du groupe A, l’épreuve écrite marque une distance plus importante
entre ces deux groupes, surtout au niveau de la longueur des phrases,
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Pratiques syntaxiques observées dans une expression orale et écrite
A B C
Oral Ecrit Oral Ecrit Oral Ecrit
Longueur Moy/GR 5.2 6.2 4.7 5.1 3.4 3.6
Complexité Moy/GR 3.7 4.2 2.8 3.02 1.8 1.9
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L C L C L C
O E O E O E O E O E O E
AP M/A M/A M/A M/A M/A M/A M/A M/A M/A M/A M/A MA
1 5 6.1 3.5 4.6 6.2 6 3.3 3.6 3.4 4.3 1.5 2.2
2 4.6 5 2.8 3 5 5.4 3.7 3.2 3.2 3.6 1.3 1.8
3 4.7 5.3 3.2 3.4 4.5 5.3 2.3 2.8 3.3 3.9 2 2.1
4 4.9 6.6 3.4 4.4 4.7 5 3 3 3.5 3.5 1.5 1.7
5 6.6 7.5 4.1 5.7 4.1 5.2 2.4 2.6 3.8 3.4 2.1 2
6 5.2 6.2 3.7 3.9 4.7 4.2 3 2.5 2.8 4.2 1.8 2.2
7 6.1 7.2 5.2 4.9 4.3 4.7 2.6 3.2 2.4 3.3 1.4 1.8
8 5.3 6.1 3.7 3.8 4.2 5.1 2.8 3.1 3.5 2.7 2.4 2.1
9 5.2 6 4.4 4.8 4.2 5.2 2.7 3 4.2 3.8 2 1.8
10 5 5.4 3.3 4.1 5.5 5.3 3.1 3.2 4.3 3.2 2.1 1.8
M/GR 5.2 6.2 3.7 4.2 4.7 5.1 2.8 3.02 3.4 3.6 1.8 1.9
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Bibliographie
Barré-de-Miniac, C. 2000. Le rapport à l’écriture. Aspects théoriques et didac-
tiques. Presses universitaires du Septentrion. Coll. Savoirs mieux.
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Notes
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Nous avons présenté dans un article publié dans la revue : Lettres et Langues (2007.n°2), quelques observa-
tions qui ont fait l’objet de nos réflexions et suggestions concernant le passage à l’écrit, en première année
d’apprentissage du français dans le cycle primaire. Ce qui nous a permis d’entrevoir quelques implications
méthodologiques notamment l’élaboration d’une nouvelle conception des deux apprentissages (oral/ écrit).
2
Nous entendons par « échec », le fait que les objectifs prévus par les institutions scolaires et les programmes
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