Samira Ouyougoute PDF
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Samira Ouyougoute
Doctorante, Université de Bejaïa
Abstract: The study that we are proposing is in the field of didactics of foreign languages
teaching in Algeria and teaching French in particular oral expression for young learners
in primary schools. We are not focusing on the necessity of teaching this skill but our
attention will be oriented towards the deep analysis of the teaching methods, the tools
as well as the teaching contents in classes of French as a foreign language in Algeria.
، ﺧﺎﺻﺔ ﺗﻌﻠﻴﻢ ﺍﻟﻠﻐﺔ ﺍﻟﻔﺮﻧﺴﻴﺔ ﻟﻸﻁﻔﺎﻝ، ﺇﻥ ﺍﻟﺪﺭﺍﺳﺔ ﺍﻟﺘﻲ ﻧﻘﺪﻣﻬﺎ ﺗﺴﺠﻞ ﻓﻲ ﺇﻁﺎﺭ ﺗﻌﻠﻴﻤﻴﺔ ﺗﻌﻠﻴﻢ ﺍﻟﻠﻐﺎﺕ ﺍﻷﺟﻨﺒﻴﺔ ﻓﻲ ﺍﻟﺠﺰﺍﺋﺮ: ﺍﻟﻤﻠﺨﺺ
ﻭﺇﻧﻤﺎ ﻧﺮﻳﺪ ﺃﻥ ﻧﻮﺟﻪ ﺑﺤﺜﻨﺎ ﻧﺤﻮ ﺍﻟﺘﺤﻠﻴﻞ ﺍﻟﻌﻤﻴﻖ، ﻭﻻ ﻧﺮﻳﺪ ﺍﻟﺘﺸﻜﻴﻚ ﻓﻲ ﺃﻫﻤﻴﺔ ﺗﻌﻠﻴﻤﻬﺎ.ﻭﺧﺎﺻﺔ ﺗﻌﻠﻴﻢ ﺍﻟﺸﻔﻮﻱ ﻣﻨﻬﺎ ﻓﻲ ﺍﻻﺑﺘﺪﺍﺋﻲ
. ﻭﻵﻟﻴﺎﺕ ﻭﺍﻟﻤﻀﺎﻣﻴﻦ ﺍﻟﻤﺪﺭﺳﺔ ﻓﻲ ﺃﻗﺴﺎﻡ ﺍﻟﻔﺮﻧﺴﻴﺔ ﻛﻠﻐﺔ ﺃﺟﻨﺒﻴﺔ ﻓﻲ ﺍﻟﺠﺰﺍﺋﺮ،ﻟﻠﻤﻨﻬﺠﻴﺎﺕ
Introduction
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Synergies Algérie n° 12 - 2011 pp. 131-141
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Beaucoup d’auteurs ont relevé qu’on retrouve le français dans les deux sphères. C’est une
langue occupant certains domaines2, essentiellement donc par le fait d’une scolarisation
en français. Il est souvent utilisé à titre officiel (prise de parole à titre officiel dans cette
langue, documents officiels rédigés en français ou mention de quelques données en cette
dernière au coté de l’arabe etc.). Officiellement décrétée langue étrangère, au même
titre que l’anglais, l’espagnol ou encore l’allemand qui, bien qu’enseignées, sont loin
d’être «ancrées» dans la réalité sociale autant que l’est le français. Celui-ci joue souvent
aussi le rôle de langue seconde. On le retrouve dans des situations de communication
aussi diverses soient-elles touchant même la communication quotidienne.
À ces langues maternelles viennent s’ajouter les langues que les élèves apprennent à
l’école. Il s’agit de l’arabe classique et du français qui intervient en deuxième année
primaire conformément à la nouvelle réforme scolaire.
Un bon nombre de spécialistes, si ce n’est tous, partagent le constat d’un retard pris
dans l’enseignement de l’oral par rapport à celui de l’écrit. Ce constat concernerait
tous les pays du monde mais peut-être pas au même degré. Ce retard ne s’expliquerait
pas seulement par le fait que l’oral soit souvent perçu comme secondaire par rapport
à d’autres objectifs assignés à l’enseignement. N’y aurait-il pas d’autres zones de
questionnements qu’il y aurait lieu d’explorer ? D’aucuns vont même jusqu’à poser
la question de la nécessité d’enseigner l’oral. Eddy Roulet, après confirmation de la
nécessité de cet enseignement, résume celle-ci en affirmant que :
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Quelle(s) méthode(s) pour enseigner l’oral à l’école primaire en Algérie ?
« L’oral joue un rôle d’autant plus important qu’il intervient de manière à la fois plus subreptice
et plus constante, et donc moins aisément contrôlable, que l’écrit, dans la constitution de
l’image de soi et dans le développement de la relation avec autrui. »3.
L’oral est le medium de toutes les activités de classe. C’est pour cette raison qu’il
ne faut pas le considérer uniquement comme un moyen mais aussi comme un objet
d’apprentissage. C’est dans ce sens que certains auteurs insistent sur la nécessité
de l’intégrer dans la classe comme un domaine particulier avec des caractéristiques
spécifiques, tout comme l’écrit, «comme un instrument pratique (...) avec des enjeux
concrets : convaincre, argumenter, négocier, s’expliquer, s’informer.» 4
Afin de vérifier ces hypothèses, nous avons choisi d’effectuer une pré-enquête puis une
enquête au niveau de plusieurs établissements scolaires de la région de Bejaia. La pré-
enquête a duré un mois pour avoir un aperçu sur le public et aussi en vue de créer
une ambiance de confiance amicale et un contact favorable avec les enseignants et les
élèves, après cette étape nous sommes passée à l’enquête sur le terrain, cette dernière
a durée plus de deux mois.
Notre choix s’est porté sur les élèves de 8-9 ans qui en sont à leur première année de
français. Nous avons opté pour des enregistrements vidéos dans différentes classes et
différentes écoles situées dans des régions urbaines et rurales de la wilaya de Bejaia
(les séances enregistrées ont duré environ 60 minutes chacune). Nous sommes néanmoins
conscient du fait que les séances ayant été filmées, nous avons indirectement influencé le
comportement de l’enseignant et à plus forte celui des élèves. Nous avons tenté de gérer
cela de manière à permettre la reproduction de l’atmosphère habituelle dans laquelle se
déroulent les cours. Il s’agissait pour nous, de transcrire ces séances puis de les analyser.
Une fois les enregistrements réalisés, nous sommes passé à l’étape de leur transcription.
Le choix de la convention de transcription s’est porté sur celle du Groupe Aixois de
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Recherche en Syntaxe (G.A.R.S). Tout au long de notre transcription, nous avons essayé
de prendre en considération les paramètres non verbaux comme les gestes et les autres
actions des élèves et des enseignants, en les signalant entre parenthèses, étant donné
que ce sont des éléments importants et présents dans toute communication orale. En
effet, nous signalons que nous avons laissé de côté la prosodie et l’intonation et centré
notre intérêt sur les productions des élèves et des enseignants au moment de leur prise
de parole en classe.
Pour faciliter la transcription nous avons choisi de désigner les enseignants par la lettre M :
M1 pour l’enseignante de l’école 1 (séance 1), M2 pour l’enseignant de l’école 2 (séance 2)
et M3 pour l’enseignant de l’école 3 (séance 3) et les élèves par la lettre E (E1, E2, E3...)
Les séances d’oral, filmées, ont été décrites en empruntant les concepts utilisés à la
linguiste Kerbrat-Orrecchioni5. Pour elle, les interactions en classe de langue se passent
en trois temps : l’ouverture, le corps de l’interaction et enfin, la clôture.
En ce qui concerne le premier moment du cours, qui constitue l’étape la plus importante,
il a été consacré par les trois enseignants filmés au rappel à l’ordre et aux salutations.
Exemples :
- M1: Bonjour les enfants/ ouvrez vos livres en page 46/là où il y a les sons/ «S» va lire la
première/ les autres les doigts sur le livre/ allez Sara à haute voix (Q)
- M2: Bonjour les enfants/ asseyez-vous mais sans faire de bruit/ hein
- M3 : Bonjour les enfants/asseyez-vous / à qui le tour d’écrire la date (Q)
Nous avons remarqué à travers l’analyse du début de chaque cours que les enseignants
(M2, M3) n’entament pas directement le sujet de leur cours mais commencent par un
jeu de questions réponses orales pour mettre les élèves dans le bain, et également pour
établir un contact avec eux et ainsi les attirer, les intéresser et introduire le sujet à
aborder durant la séance.
Exemples :
- M2: Non pas de composition aujourd’hui/ aujourd’hui on va lire une comptine sur la page 50/
alors prenez vos livres/ faites vite et ouvrez-les en page 50/ allez faites vite
- M3 : Bonjour les enfants/asseyez-vous / à qui le tour d’écrire la date (Q)
2- Le corps de l’interaction
Cette partie est considérée comme la plus longue du cours. Le temps qui lui est accordé
diffère d’un enseignant à un autre. Les transcriptions (séances : 1, 2 et 3) nous ont
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Quelle(s) méthode(s) pour enseigner l’oral à l’école primaire en Algérie ?
Elle demande ensuite aux élèves de dire le nom de chaque fruit ou légume qu’ils ont
reconnus sur les deux pages 48 et 49 :
- M1 : Regardez ici/ ça// qu’est ce que c’est (Q)/ah «C»/ quand on ajoute le sel// et on achète
dans des petits sachets en plastiques
- E43 : cacahouètes
- M1 : Regardez/Y a beaucoup de fruits et de légumes/oui S qu’est ce que tu veux me montrer
(Q)/ah/ qu’est ce que tu veux me montrer avec ton doigt/
L’enseignant 2 (M2) demande à ses élèves d’observer les photos qui accompagnent la
comptine du livre en leur posant des questions sur le personnage de cette comptine.
- M2 : Très bien/ regardez bien maintenant / regardez les photos qui sont sur le livre / qu’il y’a
sur ces photos (Q)
- M2 : Vous ne savez pas (Q)/ très bien qui peut me donner le nom d’un animal/par exemple le
chien c’est un animal/non//
- M2 : Chut / chut/doucement les enfants/ ne faites pas de bruit/ oui S donne-moi le nom d’un
animal que tu connais/ que tu aimes bien//
Une fois que les élèves, avec l’aide de leur enseignant, ont reconnu les deux personnages
de la comptine, on entame la lecture et l’explication des six strophes de cette dernière.
On demande ensuite aux élèves de bien réciter la comptine, et de répéter exactement ce
qui est dit dans le texte. L’enseignant écrit ensuite un exercice au tableau et demande aux
élèves de compléter les vides avec les mots utilisés dans le texte tels que : S’il te plaît,
j’ai mal à la tête…..
- M2 : Vous allez / euh / dans cet exercice / vous allez compléter les phrases avec / euh / avec
les mots// s’il te plaît / la vaisselle /etc./ par exemple/ euh / la maman dit/ coupe le pain et
il lui dit/ j’ai mal/ j’ai mal à la main / pour les autres phrases kif-kif (c’est la même chose)
d’accord/ allez faites vite ça va sonner.
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L’enseignante 3 (séance 3) commence son cours par des questions sur les images que
comporte la page 18 du manuel :
- M3 : Alors qu’est ce que vous voyez ici dans la première image (Q)
- M3 : Ils sont où (Q)// comment on appelle ça// là où on achète des légumes et des fruits (Q)
Ensuite elle fait répéter les mots par la majorité des élèves, et veille à la bonne
prononciation de chaque mot :
- M3 : C’est une fille/ très bien/ alors comment on appelle ça (Q)
- E11 : le nez
- M3 : Le nez// répète
- M3 : La main/ répète
-E18: la main
La deuxième activité réalisée durant cette séance était la lecture d’un dialogue proposé
dans le manuel scolaire des élèves. L’enseignante lit les phrases du dialogue et demande
aux élèves de les répéter afin de les apprendre.
3- Clôture
Chaque enseignant (M1, M2, M3) termine le cours de façons différentes. Plusieurs
tournures sont utilisées par les trois enseignants, par exemple :
L’enseignante 1 remercie les élèves pour leur participation et les avertit de l’arrivée de
la maîtresse d’arabe :
-M1 : Très bien les enfants/ vous avez été géniales/ ramassez maintenant vos affaires/ la
maîtresse d’arabe est arrivée.
L’enseignante M3 termine son cours par une synthèse de tout ce qui a été dit pendant la
séance. Ensuite elle demande aux élèves d’apprendre le dialogue afin de jouer le jeu de
rôle en leur expliquant les règles du jeu :
- M3: Donc préparez-vous pour demain/ non/ hein/ après demain XXX/ vous allez essayer de
l’apprendre pour faire le jeu de rôle// l’un d’entre vous va jouer le pivert/ l’autre le lièvre/
l’autre le serpent/ et l’autre l’écureuil/ d’accord (Q) ?
Nous avons constaté, après la description des séances filmées, que les trois enseignants
suivent les consignes pédagogiques proposées par les concepteurs du manuel scolaire
de 3ème année. En effet, les trois enseignants appliquent les activités du manuel telles
qu’elles sont structurées. Autrement dit, nous avons remarqué que les enseignants
(M1, M2, M3) utilisent le manuel scolaire et lui consacrent, presque, tout le temps de
la séance.
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Quelle(s) méthode(s) pour enseigner l’oral à l’école primaire en Algérie ?
A- Interactions maître/élèves
b- lire un énoncé
- M2: Maintenant // maintenant on passe à la lecture/ je vais lire. Suivez bien/ suivez avec le doigt/
- M3: Nous avons un pied/deux pieds/ c’est bien merci/ maintenant/ on va les lire/ vous suivez/
suivez/ suivez sur vos livres/ le nez/ la tête/ la main/ le pied/
A- Elève/élève
Comme premier constat, il est à relevé que, durant les séances, les élèves n’ont pris la
parole que pour répéter les dialogues ou répondre aux questions du maître. Ces réponses
sont souvent guidées de manière à donner celle attendue par l’enseignant.
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- M1 : regardez ici/ ça// qu’est ce que c’est (Q)/ah C/ quand on ajoute le sel// et on achète
dans des petits sachets en plastiques
- E43 : cacahouètes
- M2 : alors c’est quoi Q/ c’est un an//ani/ c’est un animal
- E : c’est un animal
- M3 : très bien/ et ça// comment on appelle cet animal/ qui a de grandes oreilles (Q)
- E39 : le lapin
Dans le second temps, nous avons remarqué que la prise de parole de l’élève se limite
aussi à la répétition des dialogues et à la réponse aux questions du maître :
- M1 : Voila/ oui S /au marché on peut acheter/tu répète/ au marché
- E11 : au marché
- M1: On peut acheter
- E18 : on peut acheter
- M : Très bien/ le marché/ A répète
- E6 : le marché
De l’analyse des interactions élève/élève, il ressort que les élèves ne communiquent pas
entre eux en classe. Le seul moment où ils le font, c’est quand le maître leur demande
de corriger une erreur commise par l’un d’eux :
- M1: qui corrige W (Q) / Z corrige
- E22 : banene
- M1: non/ qui d’autre
- E23 : banane
- M1 : très bien banane/ qui encore me donne le nom d’un fruit
- M3 : la main// qui corrige (Q)/ oui L
- E17 : la main
Il serait juste d’affirmer que pour ces trois enseignants, l’apprentissage de l’oral repose
essentiellement sur une activité de prononciation. Ainsi, dans les trois séances les
enseignants demandent à leurs élèves de faire attention à la prononciation des mots,
car pour eux bien parler signifie bien prononcer.
- M2 : On dit mouton/mou/allez répète/ faut bien prononcer/ regarde-moi bien/regarde la
forme de ma bouche/ mou /ton/ répète
-M3 : la soupière/ on prononce soupière
Nous avons consacré la deuxième partie de notre analyse à l’analyse des difficultés
rencontrées par les jeunes apprenants dans l’enseignement de l’oral et les réactions
des enseignants face à ces dernières. Nous avons alors relevé pendant le visionnage des
enregistrements toutes les erreurs commises par les élèves des trois classes, ensuite
nous nous sommes intéressé à la manière suivant laquelle elles sont gérées par les
trois enseignants en classe. Nous avons remarqué que les erreurs les plus fréquentes
commises par les élèves sont d’ordre phonétique. La majorité des erreurs corrigées par
les enseignants, ne sont pas expliquées aux élèves. Autrement dit, les trois enseignants
(M1, M2 et M3) corrigent les erreurs des élèves en leur demandant de reprendre le mot
juste et de le répéter sans leur expliquer la différence qu’il y a au niveau syntaxique,
morphologique et phonétique entre la langue cible et leur langue maternelle.
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Quelle(s) méthode(s) pour enseigner l’oral à l’école primaire en Algérie ?
Exemples :
- M1: bou/répète
- E5: bou (...)
- E32 : des potits pois (séance 2)
- M2 : petit / pas potit / regarde ma bouche (…)
- E54 : (…) la sopière (séance 3)
- M3 : la soupière
- E54 : la soupière
Nous avons remarqué que les trois enseignants se contentent de la correction normative
des erreurs commises par leurs élèves, sans chercher à connaître leur nature, et ne
démarrent pas de ces dernières pour élaborer des activités d’apprentissage qui aideront
les apprenants à améliorer leur niveau en langue française en général et à l’oral en
particulier
Dans l’analyse des enregistrements vidéo nous avons relevé certaines remarques sur
l’usage du kabyle, la langue maternelle de la majorité des apprenants, et de l’arabe,
première langue de scolarisation pour les enseignants et les élèves. Afin de reconnaître
ces langues, nous avons choisi de mettre les passages en kabyle transcrits en alphabet
phonétique, en utilisant le caractère gras, l’italique pour les passages en arabe classique
et l’italique soulignée pour les passages en arabe algérien.
Nous remarquons que les trois enseignants utilisent souvent le kabyle et l’arabe classique
pour expliquer certains mots français (fonction linguistique) ou tout simplement pour
animer la classe :
- M1 : (…) Y a personne qui l’a appris / maalich (ce n’est par grave) / qui veut essayer (Q) même
si c’est faux c’est pas grave /
- M3 : dayen (c’est terminé, mais dans ce contexte ça signifie : c’est déjà dit)/ XX X (inaudible)/
l’escargot/ un oiseau
- M3 : ah// dédine le clown n’est pas un animal/ c’est lui qui raconte/ XXX ihkad ( il a raconté)/
Nous avons remarqué que l’enseignante M2 n’a jamais fait recours ni au kabyle ni à
l’arabe pendant toute la séance, elle interdisait même à ses élèves de parler d’autres
langues à part le français :
- M2 : Mais je ne suis pas saïdi / Je suis monsieur / d’accord / maalich (pas grave)/ Mais en cours
de français on dit monsieur/ d’accord/ vas-y
S’agissant des apprenants, nous avons remarqué que ces derniers n’utilisent le kabyle
ou l’arabe que si l’enseignant les autorise à le faire. L’utilisation du kabyle et de l’arabe
a plusieurs fonctions :
a- une fonction psychologique en corrigeant un camarade :
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Résultats de l’enquête
A travers la description des trois séances, nous pouvons affirmer que l’enseignement/
apprentissage, précisément l’enseignement de l’oral, dans les trois classes filmées, se
résume à la «simple» répétition des sons, des mots et des phrases des dialogues et des
comptines. Les enseignants filmés, dans trois écoles différentes, suivent à la lettre les
directives officielles. Autrement dit, le maître est toujours perçu comme celui qui détient
le savoir et transmet l’information aux apprenants qui doivent tout mémoriser pour bien
prononcer. Nous avons déduit à travers cette analyse que les trois enseignants ignorent
encore l’importance de la langue maternelle pour l’apprentissage des langues étrangères.
Leur manque de formation sur les nouveaux programmes explique leur comportement
vis-à-vis du kabyle et de l’arabe classique en classe de français (Les anciennes directives
interdisaient le recours à la langue maternelle en classe de langue étrangère). Nous avons
également remarqué que les trois enseignants ne donnent pas beaucoup d’importance et
ne profitent en aucun cas de cette inter-langue pour mieux expliquer le fonctionnement
de la langue maternelle et de la langue cible. Les enseignants peuvent profiter de ce type
de phrases pour sensibiliser les élèves aux différences existant entre les structures des
deux langues maternelle et étrangère. L’apprenant sera ainsi, mieux familiarisé et plus
informé sur le fonctionnement de la langue étrangère.
Conclusion
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Quelle(s) méthode(s) pour enseigner l’oral à l’école primaire en Algérie ?
Notes
1
«L’Algérie peut être considérée, à tort ou à raison, comme «le second pays francophone du monde» avec près
de 21 millions de personnes qui ont une connaissance plus ou moins grande du français, soit environ 67% de la
population (32,2 millions).» Référence électronique. Cf. Jacques Leclerc L’aménagement linguistique dans le
monde. Page Algérie.
2
Voir, entre autres, K. Taleb-Ibrahimi. Les Algériens et leur(s) langue(s). Alger : Editions El-Hikma, 2ème édition
1997, p. 39.
3
Nous faisons référence ici aux domaines sociolinguistiques caractérisant les différents usages linguistiques tels
que décrits par, entre autres, Fishman : «Dans beaucoup de communautés linguistiques, on a étudié des domaines
comme l’école, l’église, la sphère professionnelle, l’autorité civile, et on a trouvé qu’ils correspondaient à
une langue ou à une variété linguistique. Nous les désignons par la lettre H, encore que a, X, ou 1 soient tout
aussi valables. De même, on a décrit des domaines comme la famille, le voisinage, la sphère de travail de rang
inférieur, et on a constaté qu’ils correspondaient à une langue ou à une variété linguistique que nous désignerons
par L (ou b, Y, ou 2). ». Joshua. A Fishman, Sociolinguistique, Bruxelles : Labor, Paris : Nathan. 1971, p. 65.
4
Roulet, E. 1991. « La pédagogie de l’oral en question(s)», in parole étouffée, parole libérée, fondements et
limites d’une pédagogie de l’oral. Delachaux et Niestlé. Page 41
5
Perrenoud, P. 1988. À propos de l’oral.
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teatchers/perrenoud/php_main/php_1988/1988_14.html
6
Kerbrat-Orrecchioni, C. 1990. Les interactions verbales. Tome 1. Paris : A. Colin.
Bibliographie
Kerbrat-Orrecchioni, C. 1990. Les interactions verbales, Tome 1. Paris : A. Collin.
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teatchers/perrenoud/php_main/php_1988/1988_14.html
Roulet, E. 1991. « La pédagogie de l’oral en question(s) », in parole étouffée, parole libérée,
fondements et limites d’une pédagogie de l’oral. Paris : Delachaux et Niestlé.
Taleb-Ibrahimi, K. Les Algériens et leur(s) langue(s). Alger : Editions El-Hikma, 2ème édition 1997.
Annexe
Conventions de transcription
/ : pause courte
// : pause longue et prolongement
XXX : passage inaudible
( ) : indique les actions nos verbales
(Italique+gras): explication en français des termes arabes et kabyle lors des alternances codiques
Q : question
M : maître
E : élèves
E1,2,3 : les tours de rôle des élèves dans les dialogues
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