Support de Cours RADIOACTITE - Première Partie
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Première Partie : GENERALITE SUR LA RADIOACTIVITE
I. Le noyau de l’atome
Le noyau est composé de A nucléons : Z protons et N= (A-Z) neutrons
La masse des électrons étant très faible devant celle des nucléons, la masse du noyau est
sensiblement égale à celle de l’atome ; son unité est le u, défini comme 1/12e de la masse de
l’atome de carbone 12 :
12. 109Q
1𝑢 = = 1,66054. 109CÉ
𝑘𝑔
12𝑁¡
Remarque : l’atome est électriquement neutre ; il y autant de protons que d’électrons (si Z
protons dans le noyau, Z électrons dans le nuage électronique ; la charge élémentaire vaut
e=1,602.10-19C
• Un nucléide : espèce qui se différencie des autres, soit par son nombre de masse, soit par
son numéro atomique ; symbole d’un nucléide : ¡Ê𝑋
• Isotope : deux noyaux isotopes possèdent le même nombre de protons Z (même numéro
atomique) mais un nombre A de nucléons différent ; exemple : :CË𝐶 , :QË𝐶
, :ÌË𝐶
Deux isotopes ont même propriété chimique (car même Z, donc même nombre d’électrons et
la chimie ne concerne que le cortège électronique, pas le noyau), par contre ils n’ont pas la
même propriété physique.
• Isotone : deux noyaux isotones possèdent le même nombre de neutrons, donc un nombre
:Q
de protons Z différents, et un nombre A de nucléons différents ; exemple : Ë𝐶 (7
:Ì
neutrons)
É𝑁 (7 neutrons)
• Isobare : deux noyaux isobares possèdent le même nombre A de nucléons, donc un nombre
de protons Z différents, et un nombre (A - Z) de neutrons différents ; exemple : :ÌË𝐶
𝑒𝑡
:ÌÉ𝑁
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différentes (états énergétiques différents). On note les isomères nucléaires en adjoignant la
lettre « m » pour « métastable » à l'isotope considéré. ex : le technétium 99m ÎÎÏ𝑇𝑐
• Stabilité énergétique : un même noyau peut donc être présent sous différents états
énergétiques:
– état fondamental ¡Ê𝑋 état énergétique minimal d’un atome (pas forcément stable)
– états excités, ¡ÊX ∗ très instables, durée vie très brève (10-12 s)
II. La radioactivité
1. Histoirique
1896 : Becquerel constate que certains sels d'uranium émettent des "rayonnements uraniques"
pouvant traverser la matière et pouvant impressionner des plaques photos placées dans
l'obscurité. 1903 : Pierre et Marie Curie (ainsi que H. Becquerel) ont le Prix Nobel de
Physique pour la découverte de la Radioactivité naturelle
1934 : Frédéric et Irène Joliot-Curie isolent deux nouveaux éléments, le polonium et le radium
: prix Nobel de Chimie pour la découverte de la radioactivité artificielle.
Une soixantaine de noyaux naturels sont instables, ainsi que presque tous les noyaux
artificiels.
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Ø Spontané : elle se déclenche seule, sans intervention extérieure ; elle est notamment
indépendante de la température, de la pression, de la nature et de la structure chimique
du composé auquel il appartient
Ø Irréversible : on ne peut l’arrêter
Ø Inéluctable : rien ne peut ralentir ou accélérer la cadence de désintégration d'un
échantillon radioactif
Ø Indécelable par nos sens (inodore, inaudible, invisible)
La radioactivité étant indécelable par nos sens, elle ne peut donc être mise en évidence que
par des outils d’observation indirecte : lorsque les électrons ou les rayons γ émis par le corps
radioactif traversent le détecteur, celui-ci produit un signal électrique. Il existe trois types de
détecteurs : compteurs à ionisation, scintillateurs, semi-conducteurs.
¡
Ê𝑋 → ¡ ∗
Êb:𝑌 + 9:/𝑒 + 𝑣 ¡
Ê𝑋: Noyau-père instable, Êb:¡𝑌 ∗ noyau-fils dans l’état excité
Exemple: Q
:𝐻 → QC𝐻𝑒 + 9:/𝑒 + 𝑣
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2. Radioactivité 𝜷b : émission d’un positon b𝟏𝟎𝒆
𝑨
𝒁𝑿 → 𝑨 ∗
𝒁9𝟏𝒀 + b𝟏𝟎𝒆 + 𝒗 ¡
Ê𝑋: noyau-père instable, Êb:¡𝑌 ∗ noyau-fils dans l’état excité
Q/ Q/
Exemple : :Ù𝑃 → :Ì𝑆𝑖 + b:/𝑒 + 𝑣
Remarque
:
:𝑝 +
9:/𝑒 → :/𝑛 + 𝑣
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3. Radioactivité α : émission d’un noyau d’hélium 𝟒𝟐𝑯𝒆
¡
Ê𝑋 → ÌC𝐻𝑒 + ¡9Ì
Z9C𝑌
∗
Exemple: C:C
ßQ𝐵𝑖 → ÌC𝐻𝑒 + C/ß
ß:𝑇𝑙
∗
Caractéristiques
𝑌∗ → 𝑌 + 𝛾
Caractéristiques
ü Le rayonnement γ est très pénétrant, il faut une forte épaisseur de béton (plusieurs
mètres) ou de plomb (quelques centimètres) pour s’en protéger.
ü Bien qu’il soit moins ionisant que le rayonnement β, son très fort pouvoir de
pénétration le rend particulièrement dangereux pour les organismes vivants.
ü L’énergie des particules γ est quantifiée ⟹ spectre de raies caractéristiques de
l’élément radioactif
ü « Radioactivité γ pure » : la radioactivité peut également survenir lors d’une transition
isomérique ; les isomères nucléaires, très instables, « retombent » sur le nucléide
stable (état énergétique fondamental) émettant des photons énergétiques (rayons X ou
rayons γ) Ex : le technétium 99m est très utilisé en médecine pour son émission de
photons de 143 keV correspondant aux rayons X employés usuellement en radiologie.
ü Conversion interne (CI) : dans certains cas, le photon émis lors de la désexcitation
communique son énergie à un électron du cortège électronique, qui est expulsé. Il
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s’ensuit un réarrangement du cortège électronique pour combler la lacune de l’électron
éjecté (émission de photons de fluorescence (photons X) ou d’un électron Auger ⟹
spectre à la fois continu et de raies d’énergie.
Remarque : ne pas confondre CI (transfert interne d'énergie) et effet photoélectrique (photon
extérieur)
La γ-caméra permet ainsi la localisation spatiale des photons émis par l'organe cible. Les
isotopes utilisés sont l'iode 131I pour l’exploration fonctionnelle de la thyroïde et surtout le
technétium 99Tc dont l’intérêt est sa courte période (T=6,02 h), ce qui minimise les
équivalents de dose administrée.
Schéma de désintégration
64
Certains noyaux ont plusieurs modes possibles de désintégration. Par exemple : le Cu se
désintègre soit par émission β- ou β+, soit par capture électronique CE.
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Schéma de désintégration du Cuivre 64
→ Soit ce même noyau d’Yttrium peut se désintègre en un noyau excité de Zirconium, avec
une énergie cinétique de 0,523 Mev : la probabilité de cette désintégration est donc de 0,02 %.
Cette désintégration est suivie de l’émission d’un rayonnement γ de 1,761 Mev.
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IV. Effets biologiques de la radioactivité
En traversant le corps, les rayonnements radioactifs provoquent des destructions cellulaires. A
faible dose ces rayonnements sont responsables d'une augmentation des cancers et
d'anomalies génétiques.
Un rayonnement est d’autant plus dangereux que l’énergie qu’il transporte est élevée.
On appelle dose absorbée l’énergie reçue par kg de matière vivante. L’unité SI est le
Gray. 1Gy=1J.kg-1
Dose <5 Gy : forme hématopoïétique : état fébrile, céphalées, anorexie, anémie et infection
⟹ convalescence puis guérison vers le fin du 2e mois
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De 5 à 20 Gy: forme gastro-intestinale: vomissements, diarrhées, perforations intestinales,
défaillances d'organes, hémorragies ⟹ décès certain une semaine après l’irradiation
Dose >50 Gy: forme nerveuse: prostration, convulsions, décès au maximum en quelques
heures
V. Décroissance radioactive
Les noyaux radioactifs n’ont pas toujours la même capacité de désintégration ; on constate
que certains mettent beaucoup de temps, d’autres très peu.
𝑑𝑁 = −𝜆𝑑𝑡×𝑁
âã
D’où : = −𝜆𝑁
âä
𝑵 𝒕 = 𝑵𝟎 𝒆9𝝀𝒕
Remarques :
Période radioactive T ou temps de demi-vie 𝑡:/C : durée au bout de laquelle la moitié des
noyaux radioactifs initialement présents se sont désintégrés.
ãê
𝑁 𝑡é =
C ãê :
c
donc : = 𝑁/ . 𝑒 9èäé/c et = 𝑒 9èäé/c
C C
𝑜𝑟: 𝑁 𝑡é = 𝑁/ 𝑒 9èä
c
: 9èäé
𝑙𝑛 = ln 𝑒 c ⇔ −𝑙𝑛2
=
−𝜆𝑡:/C
C
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𝒍𝒏𝟐
𝒕𝟏 =
𝟐 𝝀
Remarque : plus le temps de demi-vie est court, plus ¸ est élevé, donc plus la désintégration
𝒕𝟏/𝟐 𝒕𝟏/𝟐 𝒕𝟏/𝟐
est rapide : à 𝒕𝟏/𝟐 ⟹ à 𝟐𝒕𝟏/𝟐 ⟹ à 𝟑𝒕𝟏/𝟐 ⟹ ……….. à
𝟐 𝟐𝟐 𝟐𝟑
𝒕𝟏/𝟐
𝑛𝒕𝟏/𝟐 ⟹
𝟐𝒏
:
Constante de temps : 𝜏 =
⇒
𝑡:/C = 𝜏𝑙𝑛2
è
Remarques :
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La pente de cette droite vaut – λ
Comme nous l’avons déjà vu, un radioélément possède une période radioactive ou demi-vie
physique Tp=Log2/λ et le nombre d’atomes radioactifs à l’instant t est donné par le loi de
ùeC âã
décroissance exponentielle de type N=N0exp(-λt) où 𝜆 = et = −𝜆𝑁
úû âä
âã
En posant 𝜆 = 𝑘 − 𝜆 alors (
) = −𝜆 𝑁 où 𝜆 est la constante de décroissance
âä
biologique. D’où la loi de décroissance biologique N=N0exp (𝜆 𝑡 ) et on définit la période
ùeC ùeC ùeC ùeC
biologique par : 𝑇 = Comme𝜆 = 𝑘 − 𝜆 , on en déduit que : = −
è" ú" úü ú#
: : :
D’où la période effective de l’élément TE est telle que = +
úü ú" ú#
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VI. Activité radioactive
L’activité moyenne 𝓐 d’un échantillon radioactif est le nombre moyen de désintégration qui
se produisent par seconde :
𝐝𝐍
𝓐(t) = −
𝐝𝐭
Unité : le Becquerel : 1Bq = 1 des/s
Exploitation :
Remarques :
𝑨 𝑨𝟎
à
𝒕𝟏/𝟐
⟹
𝟐𝟎
,
à
2
𝒕𝟏/𝟐
⟹
𝟐
𝟐
𝑨𝟎
…..
à
n
𝒕𝟏/𝟐
⟹
𝒏
𝟐
𝒍𝒏𝟐 𝑵.𝒍𝒏𝟐
Comme 𝓐 = λN et = , on : 𝓐=
𝒕𝟏/𝟐 𝒕𝟏/𝟐
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Pour deux échantillons de même nombre initiale de noyaux N0, celui qui a la demi-vie la plus
courte est celui qui a l’activité la plus grande
Ï ã Ï
d’autre part : n = d’où : =
1 ã0 1
𝑵.𝑴 𝒎.𝑵𝑨
m= ou : N =
𝑵𝑨 𝑴
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Ex : quelle est l’activité 𝓐 de 1g d’Iode 131, de période radioactive T = 8,1 j ?
𝓐 = λ𝑵
𝒎.𝑵𝑨 𝒎.𝑵𝑨 𝒍𝒏𝟐 𝒎.𝑵𝑨
N=
⟹ 𝓐 = λ×
⟹ 𝓐= ×
𝑴 𝑴 𝒕𝟏/𝟐 𝑴
𝒍𝒏𝟐
λ=
𝒕𝟏/𝟐
𝒍𝒏𝟐 𝟏×𝟔,𝟎𝟐.𝟏𝟎𝟐𝟑
𝓐= × ⟹ 𝓐 = 𝟒, 𝟔×𝟏𝟎𝟏𝟓 Bq
𝟖,𝟏
×𝟐𝟒
×𝟑𝟔𝟎𝟎
𝟏𝟑𝟏
Filiation radioactive :
λ𝟏
𝑵𝒕𝟐 =
𝑵𝟎𝟏 . (𝒆9𝝀𝟏𝒕 − 𝒆9𝝀𝟐𝒕 )
λ𝟐'
λ𝟏
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Equilibre séculaire : cas où la décroissance du noyau-père est négligeable devant celle du
noyau-fils
Pour les calculs on utilise les constantes radioactives du père (même si ces calculs concernent
le fils, à partir du moment où l’équilibre est atteint [ce qui est quasiment toujours le cas])
Equilibre transitoire : cas où l’activité du noyau-fils est plus grand que l’activité du noyau-
père (mais pas beaucoup plus grand ⟹ équilibre séculaire)
Si λ𝟐 > λ𝟏 , c-à-d si T2 < T1, c-à-d si le noyau B se désintègre un peu plus rapidement que sa
« production » par le noyau-père A
⟹ pendant que l’activité 𝓐1 (t) du noyau-père décroît, l’activité 𝓐2 (t) du noyau-fils croît,
atteint un maximum puis décroît parallèlement à 𝓐1 (t).
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𝒍𝒏
%𝟐 9𝒍𝒏
*𝟏
Le maximum de
𝓐2 est obtenu pour le temps : Tmax =
%𝟐
9
%𝟏
Ce temps caractérise la durée nécessaire pour que les deux activités soient en équilibre.
Le technétium 99 a une demi-vie de 6 h, durée idéale d’acquisition des images par les
Le Molybdène est livré aux sites d’utilisation attaché (absorbé) sur une colonne échangeuse
d’ions (colonne par une solution saline (sérum physiologique) sous forme de pertechnétate
(l'ion pertechnétate (TcO4−) a été proposé comme un inhibiteur fort de la corrosion anodique
des aciers doux dans les systèmes de refroidissement fermés) de sodium (Na+ TcO4).
La demi-vie de molybdène 99 étant 2,7 jours, le kit de fabrication peut être ainsi utilisé un peu
moins d’une semaine mais nécessite un acheminement rapide entre le lieu de production et le
lieu d’utilisation.
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VIII. Datations
Datation au carbone 14
Le carbone 14 est constamment produit dans la haute atmosphère par interaction de neutrons
cosmique avec des noyaux d’azote :
: :Ì
/𝑛
+ :Ì
É𝑁
→ Ë𝐶
+ ::𝐻
Dès lors, grâce à la loi de décroissance radioactive, si on compare l’activité d’un échantillon
encore en vie à celle d’un échantillon ancien (mort), on peut déterminer l’âge de l’échantillon
ancien (objet en bois, restes humains ou animaux …)
Remarques : Pour la datation au Carbone 14, la datation se limite à des matériaux organiques
d’âge inférieur à 50 000 ans ; on considère que la méthode est fiable jusqu’à 30 000 ans. Il
existe d’autres méthodes de datation, comme la méthode Potassium / Argon ou Rubidium /
Strontium… qui permettent de déterminer des âges supérieurs à 50 000 ans (ex : âge de la
formation de la Terre)
:Ì :Ì
En se désintégrant (β9 )
, le carbone Ë𝐶
redonne du É𝑁
(cycle du Carbone 14) :
:Ì :Ì /
Ë𝐶
→
É𝑁
+ 9:𝑒
: 𝓐 : 𝓐ê
d’où t = - .ln et : t = . ln
% 𝓐ê % 𝓐
𝒕𝟏/𝟐 𝓐𝟎
t= . ln
𝒍𝒏𝟐 𝓐
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