Cejm Cas Air France
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Cejm Cas Air France
Il est demandé au candidat d’argumenter ses réponses et de mobiliser des concepts et des références
THÈME
théoriques.
Après avoir pris connaissance de la documentation décrivant le contexte et la situation de
l’entreprise Air France-KLM et des ressources documentaires dans les domaines économique,
juridique et managérial, vous procéderez à l’analyse du cas en répondant aux questions suivantes.
Fondée en 1933, Air France est la première compagnie aérienne française et, avec KLM, l’un des trans-
porteurs aériens les plus importants au niveau mondial en termes de chiffre d’affaires et de voyageurs
transportés.
Son activité se répartit entre le transport aérien de passagers, son cœur de métier, le fret, la maintenance
et l’entretien aéronautiques, les domaines connexes du catering (préparation des repas servis à bord des
avions) à travers sa filiale Servair et des services à travers Air France Consulting.
En 2016, le groupe Air France-KLM a enregistré un chiffre d’affaires global de 24,8 milliards d’euros
dont 79 % pour l’activité passagers, 8 % pour l’activité cargo et 8 % pour la maintenance.
ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN
1. Présentez les enjeux liés à la concentration dans le secteur d’activité du transport aérien.
2. Justifiez l’intervention de la Commission européenne dans la fusion Air France-KLM.
3. Analysez les conditions du contrôle et de l’autorisation de la fusion Air France-KLM.
4. Repérez le contexte et les objectifs des « Assises nationales du transport aérien » et justifiez
l’intervention de l’État dans ce domaine.
5. Identifiez la nature de la décision présentée dans la ressource 5 et analysez son impact sur la
compagnie Air France.
6. Présentez les limites de l’intervention de l’État dans le cadre d’un marché du transport aérien
internationalisé.
La Commission européenne a donné mercredi 11 février [2004] son feu vert sous conditions à la fusion
des compagnies aériennes Air France et KLM (Pays-Bas), qui donnera naissance au premier groupe
aérien mondial en chiffre d’affaires, devant American Airlines (AMR). […] En nombre de passagers
transportés, le nouvel ensemble se classerait en quatrième position des compagnies membres de l’As-
sociation internationale pour le transport aérien (IATA), avec 62,812 millions de passagers en 2002,
juste derrière les trois majors américaines AMR, Delta Airlines et United Airlines.
La mise en commun des deux plates-formes (« hubs ») de Charles-de-Gaulle (CDG) et de Schiphol
consolidera l’avance européenne d’Air France avec une somme de 21 954 connexions par semaine
entre les vols moyen et long courriers. Le double hub CDG-Schiphol se positionnerait loin devant
ceux de Lufthansa à Francfort (9 974 connexions), et de British Airways à Londres-Heathrow (5 621
connexions). […]
CONCESSIONS
[La fusion] nécessite des concessions de la part des deux sociétés pour respecter les conditions de
concurrence. La Commission a d’ailleurs expliqué dans un communiqué qu’elle a « autorisé l’opération
de concentration entre Air France et KLM après que les deux sociétés ont résolu les problèmes de concurrence,
ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN
[…] En 2004, Air France lançait une OPA amicale sur KLM et prenait 100 % du capital de la quatrième
compagnie européenne en échange de 19 % du sien. À l’époque, le chiffre d’affaires du néerlandais était
deux fois inférieur à celui du français : 12 milliards d’euros contre 6. Sans ce rapprochement, KLM
aurait disparu. L’an dernier [en 2015], le groupe Air France-KLM a enfin affiché des bénéfices de
118 millions d’euros, après une longue période de vaches maigres et un redressement laborieux depuis
la crise de 2008. La chute des cours du carburant explique pour beaucoup ce résultat positif. […]
Les fonctions stratégiques utilisent les mêmes outils. Les réseaux long courrier se sont «emboîtés»
comme en Afrique, où KLM est très présent à l’est du continent et Air France à l’ouest. Le groupe a
aussi misé sur une première en Europe : un double hub avec Roissy CDG et Amsterdam Schiphol. […]
Sylvie Andreau, Le Journal du Dimanche, 21 juin 2017
THÈME
jusqu’au mois de septembre. Elles ont pour objectif de dresser un état des lieux du secteur au travers de
six mois de consultations et de réflexion pour aboutir à des propositions concrètes en vue de préparer
une stratégie nationale du transport aérien.
Le contexte
La croissance mondiale du trafic aérien devrait se poursuivre sur le long terme. En France, cette dyna-
mique reste néanmoins fragile et tributaire de nombreux facteurs, au premier rang desquels : la com-
pétitivité des compagnies aériennes françaises. Depuis 20 ans, elles perdent des parts de marché dans
un contexte extrêmement concurrentiel, face à des transporteurs étrangers jouissant de règles fiscales
et sociales plus favorables. Ce secteur stratégique contribue fortement à l’attractivité économique et
touristique du pays. Le transport aérien est aussi un levier essentiel de l’aménagement et du désencla-
vement de l’ensemble du territoire.
Par ailleurs, la croissance du trafic aérien nécessite un développement plus durable. Un objectif qui
passe par de nouvelles normes environnementales, toujours plus ambitieuses. Les passagers, pour leur
part, attendent des mesures simples et innovantes qui faciliteront et optimiseront l’expérience usager,
ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN
grâce notamment au digital, à la data ou à l’intelligence artificielle.
La méthode
Les Assises nationales du transport aérien vont associer l’ensemble des acteurs aériens à une réflexion
stratégique approfondie sur l’avenir du transport aérien français. Au-delà d’une relance de l’attracti-
vité et de la compétitivité du pavillon français, ainsi que des préoccupations économiques des acteurs
du transport aérien qui ont été à la genèse de ces Assises, de multiples enjeux existent en matière :
d’environnement, d’aménagement et de désenclavement des territoires ou de continuité territoriale, de
maillage aéroportuaire, de sûreté, d’emploi et de formation professionnelle, d’innovation et de services
aux passagers, de dialogue social ou encore de simplification administrative et opérationnelle.
Les Assises du transport aérien examineront, sur la base d’un état des lieux le plus large possible et
partagé par tous les partenaires, le sujet de la compétitivité sous un angle nouveau, celui de la perfor-
mance collective. C’est de la rencontre entre les intérêts de chaque acteur que se construit une chaîne
du transport aérien fluide, efficace et respectueuse de l’environnement, qui donne à l’industrie française
toutes ses chances pour bien se positionner sur l’échiquier mondial. […]
D’après https://www.assisesdutransportaerien.gouv.fr/
cours d’inauguration des Assises Nationales du Transport Aérien, mardi 20 mars 2018, avant
d’ajouter : « la France doit prendre sa place [...] et il nous faut pour cela une stratégie nationale ».
« La majoration de la taxe d’aéroport sera limitée à 0,9 euro à compter du 1er avril 2018 », a promis d’emblée
la ministre, précisant que sur une année, cela représenterait 50 millions d’euros de taxes en moins pour
les compagnies aériennes françaises. Cette taxe d’aéroport est versée annuellement par les compagnies
à l’État pour financer divers services aéroportuaires comme la sureté et ou la sécurité incendie.
Alors que le trafic aérien mondial enregistre d’excellents chiffres de croissance et qu’il est amené à dou-
bler dans les 20 prochaines années, l’ensemble du secteur aéronautique français déplore ne pas pouvoir
en profiter pleinement, muselé par les taxes et les réglementations administratives.
Sur ces 5 dernières années, les compagnies de l’Hexagone n’ont ainsi capté qu’environ 10 % de la hausse
du trafic passagers. D’après des chiffres que rappelle l’AFP, si 63 % des passagers français voyageaient
sur des compagnies françaises il y a 20 ans, ils ne seraient plus que 42 % aujourd’hui.
https://www.tourmag.com
L’annonce de Ryanair a de quoi alimenter la préparation du plan stratégique à 5 ans d’Air France-
KLM […]. Elle a également de quoi couper l’herbe sous le pied des acteurs des Assises du transport
aérien qui se tiendront début mars dont l’un des six thèmes de travail abordera l’épineuse question de
la concurrence déloyale.
Car, plus de 20 ans après son arrivée sur le marché français, la compagnie low-cost irlandaise a pré-
senté ce mercredi un projet d’une offensive d’envergure dans l’Hexagone. En annonçant ce mercredi
l’ouverture de 10 nouvelles lignes au départ de Beauvais, Nantes, Marseille et Bordeaux, David O’Brien,
le directeur commercial de Ryanair, a parallèlement dévoilé le projet d’ouvrir quatre bases d’exploitation
© Nathan – La photocopie non autorisée est un délit
en France […], et de baser d’ici à deux ans une trentaine d’avions qui permettraient à Ryanair de dou-
bler son trafic en France d’ici quatre ans, à 20 millions de passagers. Pour rappel, cette notion de base
s’applique lorsque les navigants débutent et terminent leur service en France. Chose qu’ils ne peuvent
faire que s’ils résident dans l’Hexagone, et que, sur le plan opérationnel, les avions « dorment » à la base.
Le choix des bases n’a pas été tranché mais David O’Brien a néanmoins cité Beauvais, Nantes, Bor-
deaux, Marseille, mais pas Roissy ni Orly, tant que la réglementation sur les créneaux de décollage
et d’atterrissage ne leur permettra pas d’obtenir de bons horaires. Surtout, après des années de conflit
avec les organismes sociaux français (Urssaf, Caisse des retraites des navigants...), les syndicats français
(SNPL, Unac...) et les organisations patronales du transport aérien français (Scara, Fnam), Ryanair
entend respecter les règles sociales françaises.
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les charges irlandaises sont parmi les moins coûteuses d’Europe.
« Vu que les équipages opérant les vols Ryanair de et vers Marseille travaillaient pour une compagnie ayant son
siège social en Irlande, et passant leur journée de travail dans des avions enregistrés en Irlande, ils sont considérés
comme travaillant principalement en Irlande et non en France. Les équipages de Ryanair travaillaient sous
contrat de travail irlandais en payant des cotisations sociales irlandaises, en conformité avec le décret européen
sur les règles d’emploi et de sécurité sociale européenne », a toujours indiqué Ryanair lors de la polémique
autour de la base de Marseille.
Attaquée puis condamnée pour travail dissimulée pour son refus de se plier aux règles françaises, Rya-
nair avait par la suite fermé cette base en 2010. Après avoir traité ce fameux décret de tous les noms
d’oiseaux, la compagnie à bas coûts fait donc marche arrière. Elle n’a pas le choix si elle veut accroître
ses positions en France où elle ne possède que 6 % de parts de marché contre 15 % en Europe. […]
Si elle concrétise, l’initiative de Ryanair serait une mauvaise nouvelle pour Air France, Transavia et
HOP. Car, même dans un environnement de concurrence qui deviendrait loyale, il y a de fortes chances
que Ryanair, au regard de la faiblesse de ses coûts, chamboule le marché. D’autant plus que l’offre de
Ryanair en région s’ajouterait à celles d’Easyjet, Vueling ou Volotea qui, déjà, mènent la vie très dure
ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN
au groupe Air France. Un marché sur lequel souffre Hop qui va baisser ses capacités de 4 % cet été, et
sur lequel Transavia, bloquée par des accords avec les pilotes, n’est quasiment pas présent.
Fabrice Gliszczynski, La Tribune, 18/01/2018
Le projet stratégique du groupe Air France-KLM « Trust Together » pour la période 2017-2020 s’articule
autour de plusieurs axes stratégiques, dont voici un extrait :
Axe 8 Rendre les organisations plus efficaces et plus agiles pour faciliter les initiatives
et accélérer les innovations
Le chantier de simplification de l’organisation et les modes de fonctionnement va se poursuivre et
s’intensifier. Air France va mettre en œuvre une nouvelle ambition pour ses salariés, concrétisée par
des engagements en termes de reconnaissance, de développement professionnel, de capacité d’initiative,
d’innovation et de cohésion interne, entre tous les métiers, assortie de plans d’actions concrets. La mise
en place d’outils digitaux pour les salariés d’Air France-KLM et la digitalisation des processus seront
accélérées afin de faciliter le travail collaboratif au sein du Groupe et d’accroître son agilité.
www.airfranceklm.com, 03/11/16.
Des hôtesses et stewards en baskets blanches et doudounes bleu électrique, du jus de baobab et des
casques immersifs Skylight proposés aux passagers, un slogan en anglais – « Joon, also an airline ». La
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nouvelle compagnie à coûts réduits d’Air France, lancée le 25 septembre, se veut résolument jeune et
branchée. Egalement plus agressive commercialement, elle vise à reconquérir des parts de marché face
aux low-cost européennes, mais aussi aux compagnies du Golfe et d’Asie. Ses premières offres donnent
le ton : Berlin, Porto, Barcelone et Madrid à 39 euros en aller simple depuis Paris, puis, l’été prochain,
les Seychelles à 299 euros et Fortaleza, au Brésil, à 249 euros. Bagage en soute non inclus et une partie
de la restauration payante.
Pourtant, « Joon n’est pas une pure low-cost, martèle Franck Terner, le directeur général d’Air France.
Elle reste une petite soeur d’Air France, avec la même qualité de service et une partie de ses attraits (miles,
programme Skypriority, accords commerciaux). On conserve d’ailleurs le principe des classes, business, premium
et éco. Mais elle va opérer avec des coûts entre 15 et 18 % moins élevés ». Et c’est là tout le pari de Jean-Marc
Janaillac, aux manettes du groupe Air France-KLM depuis plus d’un an.
Car Joon est un modèle hybride aux ambitions multiples. La nouvelle compagnie doit à la fois se subs-
tituer à la maison mère sur certaines lignes longs courriers déficitaires – un récent rapport interne en
dénombre 38 % –, enrayer les pertes d’exploitation du moyen-courrier (279 millions d’euros en 2016),
préserver l’alimentation du hub de Roissy et les précieux vols en correspondance, tout en menant une
ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN
politique de conquête avec de nouvelles lignes et la clientèle des millennials, ces 18-35 ans très à l’aise
avec le numérique, adeptes des voyages mais qui volent peu sur les compagnies nationales. Le tout avec
une flotte limitée à 28 appareils, contre plus d’une centaine à Air France. Autant dire que « ce n’est pas
Joon toute seule qui va permettre de régler les problèmes de compétitivité d’Air France, pointe Yann Derocles,
analyste spécialisé dans les transports à Oddo Securites. Mais c’est un signal positif après la période de
grèves et de blocage dans les négociations, avec les pilotes notamment ». [...]
Plus souple, plus agile, Joon se veut également laboratoire d’idées. Un peu à la manière des iDTGV à
la SNCF, quand le transporteur ferroviaire testait ses premières ventes 100 % digitales et les ambiances
Zen (relaxation) et Zap (animations) dans les rames pour élargir sa clientèle. La filiale d’Air France
va ainsi tester la restauration payante à bord. Le café et l’eau resteront gratuits, même si c’est ce qui
rapporte le plus en revenus annexes aux compagnies low-cost. En revanche, des smoothies et des bières
artisanales La Parisienne seront proposés en extra. Tout comme les casques Skylight sur les vols longs
courriers, alors que la nouvelle offre vidéo en streaming à bord des moyens-courriers sera disponible
gracieusement. « Si certaines expériences marchent chez Joon, on ne s’interdira pas de les dupliquer sur Air
France », précise Jean-Michel Mathieu, le directeur général de la nouvelle filiale, auparavant en charge
du service réseau et client d’Air France.
Pauline Damour, Challenges, 21/10/2017.