Cours Classe Antoine
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Introduction
Dans les pièces de LAGARCE, les retrouvailles ne sont jamais de tout repos : que ce soit
dans Derniers remords avant l'oubli (1987) parmi des amis ou dans J'étais dans ma maison
et j'attendais que la pluie vienne (1994), les portraits de groupe sont tumultueux, la famille
et les individus sont en crise. Juste la fin du monde (1990) n'échappe pas à la règle.
Situation
• Catherine porte les effets comiques,
• Suzanne la petite sœur riche en doléances incarne le pathétique,
• Louis, venu annoncer sa « mort prochaine et irrémédiable », porte évidemment la charge
tragique de la pièce.
➢ Que reste-t-il alors à Antoine ?
Mouvements
▪ D'abord, de « elle ne te dit rien de mal » jusqu'à « je n'ai rien dit de mal » mise en
cause d’Antoine « mal »
▪ Puis de « je disais juste » à « je voulais seulement dire » justification d’Antoine
▪ Enfin de « Ne pleure pas » à « je te tue » sursaut d’Antoine inabordable
Etude linéaire
Premier mouvement
Deuxième mouvement
o « comme une bête curieuse », « pour un imbécile » difficulté à se situer pour Antoine
qui parle de lui « comme », par analogie (comparaisons très défavorables) : piètre
image de lui-même.
o « vous êtes à me regarder » et « vous ne pouvez pas toujours avoir raison contre moi
» Antoine se place en position d’objet (« vous » qui désigne la famille est sujet)
o « je voulais juste dire » / « ce n'est pas juste » jeu de mot sur « juste » (seulement ?
légitime) => Juste la fin du monde
Troisième mouvement
o Louis : « ne pleure pas » corps (Antoine pris entre le « dire » et le geste, les mots qui
lui manquent et le physique au quart de tour)
o « tu me touches, je te tue. » (plus haut : « ne me touche pas ») Antoine revient au
langage qu’il maitrise, le corps. Il croit qu’il est fort, il est faible. Il est pourtant ce à quoi
il ne voulait pas se laisser réduire, la brutalité
CONCLUSION
Bilan
Un piège qui se referme ironiquement sur Antoine : peut-on exister sans les mots, au
théâtre ?
Cette scène a enfin pour mérite de donner du poids aux mots prononcés : Antoine se pense
vu « comme une bête » puis traité en « imbécile » et il est troublant qu'il finisse, malgré ses
avancées, par corroborer les deux étiquettes, comme s'il fallait que se réalisent les deux
prédictions : répétant compulsivement « cela ne se peut pas », il s'affirme ainsi littéralement
« imbécile », puisque l'adjectif veut dire « infirme, incapable ». Puis il revient à la brutalité
primitive, autrement dit à sa part de sauvagerie avec « je te tue ». Ce qui est donc la tragédie
d'Antoine, c'est que tout en démontrant qu'il est plus que ce qu'on voir de lui, Antoine est
quand même ramené à ce qu'on voit de lui.
Ouverture
Celui qui aurait pu, en d'autres temps (dans le vaudeville du début 20e siècle, par exemple)
devenir le support d'une satire (le provincial mal dégrossi) ou du comique (Antoine est très
gestuel, très physique, très bruyant), a quelque chose de tragique, notamment parce qu'il
est, encore plus que les autres personnages, limité par les mots qui fondent
étymologiquement ce qu'est la fatalité ; Antoine est en effet la preuve qu'on devient ce qu'on
est.