Le Proverbe
Le Proverbe
Le Proverbe
Le proverbe est un genre littéraire qui né au XVIIe (17) siècles. A l'origine, le proverbe est
plutôt un amusement qu'un genre littéraire. Il vient d'un jeu mondain joué dans les salons durant le
règne de Louis XIII (13) qui constituait à improviser une petite scène dialoguée ou mimée pour
faire deviner un proverbe connu de l'époque aux spectateurs. C'est de cela qu'est née le genre
théâtrale. Musset est un des annonciateurs du genre littéraire avec des nombreux proverbes dans son
recueil Spectacle dans un fauteuil tels que On ne badine pas avec l'amour en 1834 ou encore Il ne
faut jurer de rien en 1836. Leur titre correspond donc à un proverbe généralement imaginé par son
auteur, que la pièce illustre. Nous étudierons ces deux pièces ensuite. Les proverbes jouait à
l'époque dans les salons était souvent des proverbes dramatiques de Carmontelle dont nous allons
parler juste après. En opposition, les proverbes d'Alfred de Musset sont souvent qualifiés de
comédie-proverbe. Il faut attendre la seconde moitié du XVIIIe (18) siècle, pour que le proverbe
devienne à la mode. Les premiers succès sont dus à Charles Collé, chansonnier en vogue et lecteur
du duc d'Orléans, avec son Théâtre de société. Tout son art reposait sur l'allusion, le sous-entendu,
et il ne parvint pas à donner à ses propos une vie et une portée suffisantes. Il ne fera donc pas
avancer le stade du proverbe. En 1663, une pièce comique, La comédie de proverbes, sera éditée.
La comédie de proverbes a été publiée par un anonyme, mais elle est souvent attribuée à Adrien de
Montluc-Montesquiou, comte de Carmain et galant de la cour d’Henri IV (4). C’est une fable en
trois actes composée de près de deux mille formules proverbiales de source inconnue. Elle est
destinée à la scène, mais on ignore si elle a été jouée après sa parution. Mais c’est surtout Louis
Carrogis, dit Louis de Carmontelle, portraitiste et auteur dramatique , qui fera de ce jeu un genre
littéraire. Entre 1768 et 1811, il publia plus de vingt recueils généralement tous intitulés Proverbes
dramatiques. Écrits dans en langage familier, ils parlent des événements de la vie courante, et sont
surtout des canevas donnant prétexte à l’improvisation. Les proverbes de Carmontelle sont alors
joués sur les boulevards et dans les salons sous forme de jeux. Puis, délaissant le jeu de la devinette,
le genre du proverbe dramatique évolue. Alfred de Vigny écrit Quitte pour la peur (proverbe mi
satyrique mi tragique représenté à l’Opéra en 1833). La comtesse de Ségur écrit son recueil
Comédies et proverbes en 1866. Le proverbe devient le titre ou le sous-titre des pièces, comme On
n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, de Sophie Ségur, ou Qui a bu boira, de Théodore
Michel Leclercq. Il est parfois l’ultime réplique du dialogue. C’est finalement avec Alfred de
Musset que le proverbe atteint son apogée. Représentant vingt-trois pièces et drames, ses Comédies
et proverbes sont publiés entre 1832 et 1851.
Il ne faut jurer de rien est une pièce de théâtre de Alfred de Musset, écrite en 1836.
Cette pièce est donc un proverbe dramatique, elle est constituée de trois actes et est donc
caractérisée de courte comédie. Dans cette pièce, on narre l'histoire de Valentin, âgé de 25 ans, qui
se retrouve face à un dilemme : son oncle refuse de lui prêter, à nouveau, de l’argent, à moins qu’il
ne se marie. Mais le mariage est la dernière chose que Valentin souhaite, car selon lui, se marier,
c’est prendre le risque d’être trompé. Il décide donc de démontrer cette vérité à son oncle en se
rendant "incognito" chez sa promise, Cécile, avec le pari de la séduire en seulement huit jours.
On ne badine pas avec l'amour, pièce d'Alfred de Musset publiée en 1834, est également
qualifiée de proverbe. Malgré cela, le dernier acte s'éloigne de ce genre sous l'influence du drame
romantique. La pièce se déroule au XVIe siècle (16) , elle a pour personnages principaux une jeune
fille, Camille, qui sort du couvent, et son cousin Perdican, fraîchement diplômé de l'université.
Perdican aime Camille, mais tous deux sont trop hautains pour s'avouer leurs sentiments. Pour
pousser Camille à se révéler, Perdican décide de séduire Rosette, la sœur de lait de Camille, dans le
but de rendre cette dernière jalouse. Celui-ci arrive à ses fins, mais lors de leur premier baiser,
Rosette, amoureuse de Perdican, les aperçoit et pousse un cri strident. Rosette se tue et Camille
quitte Perdican. Le titre sonne comme un avertissement : On ne badine pas avec l'amour. Les
personnages secondaires jouent également un rôle important : dame Pluche, maître Blazius, le
baron, des personnages grotesques qui font ressortir le tragique de la situation.
« Le proverbe dramatique est une comédie que l’on fait […] en se servant de quelque historiette. Le
mot du proverbe doit être enveloppé dans l’action, de manière que si les spectateurs ne le devinent
pas, il faut, lorsqu’on le leur dit, qu’ils s’écrient : « Ah ! c’est vrai », comme lorsqu’on dit le mot
d’une énigme que l’on n’a pu trouver. »