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Groupes, anneaux et corps

Licence Mathématiques
Note de cours de la :

(Algèbre 6)

Mohamed AQALMOUN

Univérsité Sidi Mohamed Ben Abedellah

École Normale Supérieure de Fès


Département de mathématiques

ENS FES

Laste updated
2
ENS-Fès Mohamed Aqalmoun
www.aqalmoun.com
Table des matières

1 Groupes 5
1.1 Lois de compositions internes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.1 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.2 Éléments particuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.3 Itéré d’un élément . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.4 Loi produit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2 Groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.1 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.2 Groupe produit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.3 Sous-groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.4 Morphisme de groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3 Groupe fini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.4 Groupe quotient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.4.1 Relation modulo un sous groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.4.2 Sous groupe distingué . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4.3 Groupe quotient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.4.4 Théorèmes d’isomorphismes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.5 Action de groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.5.1 Groupe opérant sur un ensemble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.5.2 Formule des classes et lemme de Burnside . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

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TABLE DES MATIÈRES

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Chapitre 1

Groupes

1.1 Lois de compositions internes


1.1.1 Définitions et exemples

Définition 1.1.

Soit G un ensemble non vide. On appelle loi de composition interne sur G toute appli-
cation ∗ : G ×G → G.
L’image d’un couple (x, y) sera noté x ∗ y et il est dit le composé de x par y.

Exemples :
1. L’addition + et la multiplication × sont des lois de compositions internes sur N , Q , R et C.
2. Soit X un ensembles : l’intersection ∩ , l’union ∪ et la différence symétrique ∆ sont des lois
de compositions internes sur P (X ).

Définition 1.2.

On appelle magma tout couple (G, ∗) formé d’un ensemble non vide G et d’une loi de
composition interne ∗ sur G.

Exemples :
1. (N, +), (R, +), (Q, +) , (C, +), (N , ×), . . . sont des magmas.
2. Soit X un ensemble non vide : (P (X ), ∩), (P (X ), ∪) et (P (X ), ∆) sont des magmas.

Définition 1.3.

Soit (G, ∗) un magma, A une partie de G. On dit que A est stable par la loi ∗ si : pour
tous x, y ∈ A, x ∗ y ∈ A.

Exemples :
1. N est une partie stable de (R, +).
2. U = {z ∈ C / |z| = 1} est une partie stable de (C, ×).

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1.1 Lois de compositions internes

Définition 1.4. (loi induite)

Soit A une partie stable d’un magma (G, ∗), l’application restreinte A × A → A ; (a, b) 7→
a ∗ b définie une loi de composition interne sur A, dite la loi induite sur A par ∗.

Exemple : L’addition + sur N est la loi induite par l’addition + de Z sur N.

Définition 1.5.

Soit (G, ∗) un magma.


1. La loi ∗ est dite commutative sur G si : pour tous x, y ∈ G ; x ∗ y = y ∗ x.
2. La loi ∗ est dite associative si : pour tous x, y, z ∈ G ; (x ∗ y) ∗ z = x ∗ (y ∗ z).

Exemples : L’addition + et la multiplication × sont des loi associatives et commutatives sur N,


Q,. . . .

Remarque : Soit (G, ∗) un magma.


Lorsque ∗ est associative, pour tous x, y, z ∈ G , l’élément (x ∗ y) ∗ z = x ∗ (y ∗ z) se note x ∗ y ∗ z.

1.1.2 Éléments particuliers

Définition 1.6.

Soit (G, ∗) un magma, et e ∈ G. On dit que e est un élément neutre de (G, ∗) si : pour tous
x ∈ G ; x ∗ e = e ∗ x = x.

Proposition 1.7. (Unicité de l’élément neutre)

Soit (G, ∗) un magma. Si (G, ∗) possède un élément neutre, alors celui-ci est unique.

Démonstration : Supposons que G admet deux éléments neutres e et e 0 . D’une part e est un élé-
ment neutre alors e ∗ e 0 = e 0 , et d’autre part e 0 est élément neutre alors e ∗ e 0 = e, d’où e = e 0 .

Définition 1.8.

Soit (G, ∗) un magma. On dit que (G, ∗) est un monoïde, lorsque la loi ∗ est associative
et possède un élément neutre.

Exemples :

1. (N, ×) est un monoïde de neutre 1.


2. Pour X un ensemble, (P (X ), ∩) est un monoïde de neutre X .

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C HAPITRE 1 : Groupes

Définition 1.9.

Soit (G, ∗) un monoïde de neutre e. Un élément x de G est dit symétrisable , lorsqu’il


existe x 0 ∈ G tel que x ∗ x 0 = x 0 ∗ x = e.

Proposition 1.10. (et définition)

Soit G un monoïde de neutre e , x ∈ G. Si x est symétrisable, alors il existe un unique


x 0 ∈ G tel que x ∗ x 0 = x 0 ∗ x = e , l’élément x 0 est appelé le symétrique de x et se note
sym(x) ; ainsi :
x ∗ sym(x) = sym(x) ∗ x = e

Démonstration : Soit x un élément symétrisable de G, et x 0 , x 00 ∈ G tels que x ∗ x 0 = x 0 ∗ x = e


et x ∗ x 00 = x 00 ∗ x = e, en particulier x ∗ x 0 = x ∗ x 00 , on compose à gauche par x 0 puis on utilise
l’associativité, on obtient (x 0 ∗ x) ∗ x 0 = (x 0 ∗ x) ∗ x 00 ou encore e ∗ x 0 = e ∗ x 00 , d’où x = x 00 .

Exemples :
1. Tout élément est symétrisable dans (Q, +), et de plus si x ∈ Q, on a sym(x) = −x.
1
2. Tout élément est symétrisable dans (C∗ , ×), et de plus si z ∈ C∗ , on a sym(z) = .
z

Proposition 1.11.

Soit (G, ∗) un monoïde, et x, y ∈ G.


1. Si x est symétrisable, alors sym(x) est symétrisable et on a sym(sym(x)) = x.
2. Si x et y sont symétrisables, alors x ∗ y est symétrisable et on a sym(x ∗ y) =
sym(y) ∗ sym(x).

Démonstration :
1. Soit x un élément symétrisable de G, et notons x 0 sont symétrique, par définition on a x ∗
x 0 = x 0 ∗ x = e ce qui montrer aussi que x 0 est symétrisable et sym(x 0 ) = x.
2. Soient x et y deux éléments symétrisables de G, et notons de x 0 et y 0 leurs symétriques
respectivement, on a :
(x ∗ y) ∗ (y 0 ∗ x 0 ) = x ∗ (y ∗ y 0 ) ∗ x 0 = x ∗ e ∗ x 0 = x ∗ x 0 = e et
(y 0 ∗x 0 )∗(x ∗ y) = y 0 ∗(x 0 ∗x)∗ y = y 0 ∗e ∗ y = y 0 ∗ y = e, il vient alors que x ∗ y est symétrisable
et sont symétrique est y 0 ∗ x 0 = sym(y) ∗ sym(x).

1.1.3 Itéré d’un élément


Soit (G, ∗) un monoïde de neutre e, et x un élément de G, pour n ∈ N on pose :
x n = e si n = 0, et a n = a ∗ a n−1 = |a ∗ a ∗
{z. . . ∗ a} si n ∈ N .

n -fois

Proposition 1.12.

Soit (G, ∗) un monoïde de neutre e, et x ∈ G.


1. Pour tous p, q ∈ N on a ; x p ∗ x q = x p+q .
2. Pour tous p, q ∈ N on a ; (x p )q = x pq .

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1.1 Lois de compositions internes

Démonstration : Par récurrence sur q.

Soit (G, ∗) un monoïde de neutre e, et x un élément symétrisable de G, pour n ∈ Z \ N, on note


x n = (sym(x))−n , alors pour tous p, q ∈ Z on a :
x p+q = x p ∗ x q , (x p )q = x pq , x p est symétrisable et sym(x p ) = x −p .
Notation additive et multiplicative :

+ Un monoïde est dit noté additivement (respectivement multiplicativement) si sa loi est noté
par + (respectivement ×).
+ En notations additive, on utilise les conventions suivantes :
X Le neutre de (G, +) se note 0G où 0.
X Le symétrique d’un élément x (lorsqu’il existe) se note −x , dit l’opposé de x.
X L’itéré d’ordre n de x se note nx.
n
X
X Le composé x 1 ∗ x 2 ∗ . . . ∗ x n se note xi .
i =1

+ En notation multiplicative, on utilise les conventions suivantes :


X Le neutre de (G, ×) se note 1G ou 1.
X Le symétrique d’un élément x (lorsqu’il existe) se note x −1 dit l’inverse de x.
X L’itéré d’ordre n de x se note x n .
n
Y
X Le composé x 1 ∗ x 2 ∗ . . . ∗ x n se note xi .
i =1

1.1.4 Loi produit

Définition 1.13.

Soient (G 1 , ∗) et (G 2 , .) deux magmas. On définit sur G 1 × G 2 une loi de composition


interne Ö en posant pour tous (x, y), (x 0 , y 0 ) ∈ G 1 ×G 2 , (x, y) Ö (x 0 , y 0 ) = (x ∗ x 0 , y.y 0 ), la loi
ainsi définie est dite la loi produit.

Proposition 1.14.

Soient (G 1 , ∗) un monoïde de neutre e 1 , et (G 2 , .) un monoïde de neutre e 2 , et notons par


Ö la loi produit. Alors (G 1 ×G 2 , Ö) est un monoïde de neutre (e 1 , e 2 ).

Démonstration : Soient (x, y), (x 0 , y 0 ), (x 00 , y 00 ) ∈ G 1 ×G 2 , on a

(x, y) Ö (x 0 , y 0 ) Ö (x 00 , y 00 ) = (x, y) Ö (x 0 ∗ x 00 , y.y 00 ) = (x ∗ (x 0 ∗ x 00 ), y.(y 0 .y 00 ))


¡ ¢

= (0 x ∗ x 0 ) ∗ x 00 ), (y.y 0 ).y 00 ) = (x ∗ x 0 , y.y 0 ) Ö (x 00 , y 00 )


= (x, y) Ö (x 0 , y 0 ) Ö (x 00 , y 00 )
¡ ¢

Par conséquent Ö est associative. De plus (x, y)Ö(e, e 0 ) = (x ∗e, y.e 0 ) = (x, y), de même (e, e 0 )Ö(x, y) =
(x, y).

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C HAPITRE 1 : Groupes

1.2 Groupes

1.2.1 Définitions et exemples

Définition 2.15.

On dit que le magma (G, ∗) est un groupe si : (G, ∗) est un monoïde, et tout élément de G
est symétrisable.

Remarque : Dire que le magma (G, ∗) est un groupe c’est-à-dire :


1. ∗ est associative,
2. G possède un élément neutre pour la loi ∗, et
3. Tout élément de G est symétrisable.

Exemples :
1. (Z, +), (Q, +), (R, +) et (C, +) sont des groupes.
2. ({−1, 1}, ×) , (Q∗ , ×) , (R∗ , ×) et (C∗ , ×) sont des groupes.

Définition 2.16.

Un groupe (G, ∗) est dit abélien ou commutatif, lorsque la loi ∗ est commutative.

Exemple : Les groupes cités dans l’exemple précédent sont tous abéliens.

1.2.2 Groupe produit

Théorème 2.17. (et définition)

Soient (G 1 , ∗), (G 2 , .) deux groupes. Alors G 1 × G 2 muni de la loi produit est un groupe,
dit le groupe produit de (G 1 , ∗) et (G 2 , .).

Démonstration : (G 1 × G 2 , Ö) est un monoïde où Ö est la loi produit, si (x, y) ∈ G 1 × G 2 , notons x 0


et y 0 respectivement le symétrique de x respectivement de y, alors (x, y) Ö (x 0 , y 0 ) = (x ∗ x 0 , y.y 0 ) =
(e 1 , e 2 ) = (x 0 ∗ x, y 0 .y) = (x 0 , y 0 ) Ö (x, y) donc (x, y) est symétrisable et sym(x, y) = (x 0 , y 0 ).

1.2.3 Sous-groupes

Définition 2.18.

Soit (G, ∗) un groupe, H une partie G. On dit que H est un sous groupe de G, si H est
stable par la loi ∗ et H muni de la loi induite est un groupe.

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1.2 Groupes

Théorème 2.19.

Soit H une partie d’un groupe (G, ∗). Les propriétés suivantes sont équivalentes :
1. H est un sous groupe de (G, ∗),
2. H non vide, et ∀x, y ∈ H , x ∗ y ∈ H et sym(x) ∈ H .

Démonstration : On désigne par e le neutre de G.


1. ⇒ 2. : (H , ∗) est un groupe, donc H est non vide (il contient le neutre de H ), notons e 0 le neutre
de H muni de la loi ∗ (pour le moment rien ne dit que e = e 0 mais en fait il y a égalité ), on a
e 0 ∗ e 0 = e 0 maintenant si on compose par le symétrique de e 0 dans G on obtient e ∗ e 0 = e , donc
e = e 0 autrement dit le neutre de H est celui de G. De plus si x 0 est le symétrique dans H d’un
élément x ∈ H , alors x ∗ x 0 = x 0 ∗ x = e et par définition du symétrique d’un élément il vient que x 0
est le symétrique de x dans G, soit x 0 = sym(x), ainsi sym(x) = x 0 ∈ H .
2. ⇒ 1. : D’abord H est stable par la loi ∗, donc (H , ∗) est un magma, et puisque la loi est associative
dans G , elle l’est aussi dans H , H étant non vide , on considérons un élément x 0 ∈ H , on a e =
x 0 ∗ sym(x 0 ) ∈ H , donc e est l’élément neutre de H , si de plus x est un élément quelconque de H ,
x est symétrisable dans H (car sym(x) ∈ H ). Donc H est un sous groupe de G.

Théorème 2.20.

Soit H une partie d’un groupe (G, ∗), on a équivalence entre :


1. H est un sous groupe de G,
2. H non vide, et ∀x, y ∈ G ; x ∗ sym(y) ∈ H .

Démonstration : 1. ⇒ 2. Immédiat (par le théorème précédent).


2. ⇒ 1. Comme H est non vide , il contient au moins un élément x 0 , donc e = x 0 ∗ sym(x 0 ) ∈ H ,
maintenant si x est un élément de H alors sym(x) = e ∗ sym(x) ∈ H autrement dit H est stable
par le passage au symétrique. Si x, y ∈ H , d’après ce qui précède sym(y) ∈ H et donc x ∗ y = x ∗
sym(sym(y)) ∈ H , ainsi H est un sous groupe de G.

Proposition 2.21.

Soit G un groupe. Si (Hi )i ∈I est une famille de sous-groupes de G, alors ∩i ∈I Hi est un


sous groupe de G.

Démonstration : Clairement e ∈ ∩i Hi donc l’intersection est non vide. Soit x, y ∈ ∩i ∈I Hi , pour


tout i ∈ I , x, y ∈ Hi , donc x y −1 ∈ Hi . Par suite x y −1 ∈ ∩i ∈I Hi .

Définition 2.22.

Soit G un groupe et A une partie de G. Le sous groupe ∩ A⊆H H (l’intersection de tous les
sous groupe de G contenant A) est appelé le sous groupe engendré par A et se note 〈A〉.
C’est le plus petit sous groupe de G contenant A.

Remarque : Le plus petit sous groupe de G contenant l’ensemble vide est le sous groupe {e},
donc 〈;〉 = {e}.

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C HAPITRE 1 : Groupes

Théorème 2.23.

Soit G un groupe et A une partie non vide de G. Alors 〈A〉 = {x 1 . . . x n n ≥ 1, x i ∈


A ou x i−1 ∈ A}. Si A est non vide, et 〈A〉 = {e}.

Démonstration : On pose H1 = {x 1 . . . x n n ≥ 1, x i ∈ A ou x i−1 ∈ A}. Montrons que H1 est le plus


petit sous groupe de G contenant A. Puisque A est non vide, il contient au moins un élément x 1 ,
donc e = x 1 x 1−1 ∈ H1 . Soient x, y ∈ H1 , alors x = x 1 . . . x n et y = y 1 . . . y m où pour chaque i et j , x i ∈ A
ou x i−1 ∈ A et y j ∈ A ou y −1
j
∈ A. On a x y −1 = x 1 . . . x n y m−1
. . . y 1−1 = x 1 . . . x n t 1 . . . t m où t j = y −1
j
. Pour
j , tj = y−j
1 et t −1
j
= y j , donc t j ∈ A ou t −1
j
∈ A. Par suite x y −1 _nH1 . Il vient alors que H1 est un sous
groupe de G. Soit H un sous groupe de G contenant A et montrons que H1 ⊆ H . Soit x ∈ H1 , alors
x = x 1 . . . x n où pour chaque i , x i ∈ A ou x i−1 ∈ A. Soit 1 ≤ i ≤ n, si x i ∈ A alors x i ∈ H , si x i−1 ∈ A
alors x i−1 ∈ H par suite x i ∈ H , ainsi x est le produit d’éléments de H , par conséquent x ∈ H .

Corollaire 2.24.

Soit G un groupe et g ∈ G. Si A = {g }, alors 〈A〉 = {g n ∈ / n ∈ Z} noté aussi 〈g 〉 .

Démonstration : D’après le théorème précédent.

Définition 2.25.

Soit G un groupe. On dit que que G est un groupe monogène si G est engendré par un
seul élément c’est-à-dire s’il existe g ∈ G tel que G = 〈g 〉.

Exemple : Le groupe Z est un groupe monogène engendré par 1.

Proposition 2.26.

Tout groupe monogène est abelien.

Démonstration : Soit G = 〈g 〉 un groupe monogène. Soient x, y ∈ G, il existent n, m ∈ Z tels que


x = g n et y = g m . On a x y = g n g m = g n+m = g m g n = y x.

Théorème 2.27.

Tout sous groupe d’un groupe monogène est monogène.

Démonstration : Soit G = 〈g 〉 un groupe monogène et H un sous groupe de G. Si H = {e} alors H =


〈e〉 est monogène. Supposons que H 6= {e}. Soit A = {n ∈ N∗ / g n ∈ H }. Puisque H 6= {e}, H contient
au moins un élément h 6= e. Comme h ∈ G, il existe m ∈ Z tel que h = g m . Clairement m 6= 0 car
h 6= e. Donc m ∈ Z ∗ c’est-à-dire m > 0 ou m < 0. Si m > 0 alors m ∈ A car g m = h ∈ H . Si m < 0 alors
−m ∈ A car h −1 = g −m ∈ H . Par conséquent A est une partie non vide de N ∗ . Il admet alors un plus
petit élément p = min A. Montrons que H = 〈g p 〉. On a p ∈ A donc g p ∈ H , par suite 〈g p 〉 ⊆ H . Soit
x ∈ H , il existe n ∈ Z tel que x = g n . En effectuant la division euclidienne de n par p, il existe un
couple (q, r ) d’entiers tel que n = pq + r avec 0 ≤ r < p. On a g r = g n−pq = g n (g p )−q ∈ H . De la
minimalité de p, il vient que r = 0. Par suite x = (g p )q ∈ H .

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1.2 Groupes

Corollaire 2.28. (Sous groupe de Z)

Les sous groupe de Z sont les partie de la forme n Z où n ∈ N.

Démonstration : Soit H un sous groupe de Z, puisque Z est un groupe monogène, H lui aussi est
monogène, il existe alors a ∈ Z tel que H = 〈a〉 = 〈|a|〉 (n = |a| ∈ N).

1.2.4 Morphisme de groupes

Définition 2.29.

Soient G , G 0 deux groupes, et f : G → G 0 une application. On dit que f est un morphisme


de groupes si ; pour tous x, y ∈ G, on a f (x y) = f (x) f (y).

Propriétés 2.30.

Soit f : G → G 0 un morphisme de groupes.


1. f (e) = e 0 ,
2. f (x −1 ) = f (x)−1 .

Démonstration :
1. f (e) = f (ee) = f (e) f (e) donc f (e) = e 0 .
2. On a f (x −1 ) f (x) = f (x −1 x) = f (e) = e 0 , donc f (x −1 ) = f (x)−1 .

Proposition 2.31.

1. Si f : G → G 0 et g : G 0 → G 00 sont deux morphismes de groupes alors g ◦ f : G → G 00


l’est aussi.
2. Si f : G → G 0 est un morphisme de groupes bijectif. Alors f −1 : G 0 → G est un
morphisme de groupes.

Démonstration :
1. (g ◦ f )(x y) = g ( f (x y)) = g ( f (x) f (y)) = g ( f (x))g ( f (y)) = (g ◦ f )(x)(g ◦ f )(y), donc g ◦ f est un
morphisme de groupes.
2. f −1 (x y) = f −1 f ( f −1 (x)) f ( f −1 (y)) = f −1 f ( f −1 (x) f −1 (y)) = f −1 (x) f −1 (y), donc f − est
¡ ¢ ¡ ¢

un morphisme de groupes.

Définition 2.32.

1. Un morpjisme de groupes f : G → G 0 est dit isomorphisme si f est bijective.


2. Un endomorphisme de G est un morphisme de G dans lui même. L’ensemble des
endomorphismes de G se note End(G).
3. Un automorphisme de G est un isomorphisme de G dans lui même ou encore est
un endomorpisme bijectif. L’ensemble des automorphismes de G se note Aut(G).

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C HAPITRE 1 : Groupes

Proposition 2.33.

(Aut(G), ◦) est un groupe.

Démonstration : Il suffit de démontrer que c’est un sous groupe du groupe des bijections de G
dans lui même ((S(G), ◦)). Clairement IdG est un automorphisme de G, donc IdE ∈ Aut(G). Soient
f , g ∈ Aut(G), f ◦ g −1 est un morphisme de G est bijective donc f ◦ g −1 ∈ Aut(G).

Proposition 2.34.

Soit f : G → G un morphismes de groupes.


1. Si H est un sous groupe de G alors f (H ) est un sous groupe de G 0 .
2. Si K est un sous groupe de G 0 alors f −1 (K ) est un sous groupe de G.

Démonstration :
1. Soit H un sous groupe de G. On a e ∈ H , donc e 0 = f (e) ∈ f (H ). Soit x, y ∈ f (H ), il existe
x 0 , y 0 ∈ H tels que x = f (x 0 ) et y = f (y 0 ). On a x y −1 = f (x) f (y 0−1 ) ∈ f (H ) car x 0 y 0−1 ∈ H .
2. Soit K un sous groupe de G 0 . On a f (e) = e 0 ∈ K , donc e ∈ f −1 (K ). Soient x, y ∈ f −1 (K ), au-
trement dit f (x), f (y) ∈ K , donc f (x y −1 ) = f (x) f (y)−1 ∈ K , par conséquent x y −1 ∈ f −1 (K ).

Définition 2.35.

Soit f : G → G 0 un morphisme de groupes.


0
1. On appelle noyau de f le sous groupe ker f := f {e } où e 0 est le neutre de G 0 .

2. On appelle image de f le sous groupe Im f := f (G).

Proposition 2.36.

Soit f : G → G 0 un morphisme de groupes.


1. f injectif si, et seulement si, ker f = {e}.
2. f est surjectif si, et seulement si, Im f = G 0 .

1. Supposons que ker f = {e}. Soient x, y ∈ G tels que f (x) = f (y), alors f (x y −1 ) = f (x) f (y)−1 =
e 0 , par suite x y −1 ∈ ker f , d’où x y −1 = e c’est-à-dire x = y. Réciproquement, si f est injectif
et x ∈ ker f alors f (x) = e 0 = f (e), par conséquent x = e.
2.

1.3 Groupe fini

Définition 3.37.

Un groupe (G, ∗) est dit fini, lorsque l’ensemble G est fini, son cardinal est dit l’ordre du
groupe et se note o(G) ou ord(G) ou |G|.

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1.4 Groupe quotient

Exemple : Soit n ∈ N∗ , on pose Un = {z ∈ C / z n = 1} ensemble des racines n-ème de l’unité.


Un muni de la multiplication est un groupe abélien fini : la multiplication est associative , com-
mutative et possède un élément neutre (1 est le neutre ), de plus , si z ∈ Un alors z est non nul et
| 1z | = 1, autrement dit 1z ∈ Un qui est bien l’inverse de z. On sait que Un = {ωk / 0 ≤ k ≤ n − 1} où
2i π
ω=e n , il vient alors que Un muni de la multiplication est un groupe abélien fin et |Un | = n.

Définition 3.38.

Un groupe cyclique est un groupe monogène et fini.

Exemple : Un est un groupe cyclique d’ordre (de cardinal) n.

Définition 3.39.

Soit G un groupe et g ∈ G. On dit que g est d’ordre fini si le groupe 〈g 〉 est fini, dans ce
cas l’ordre de g est noté o(g ) est le cardinal de 〈g 〉.

Théorème 3.40.

Soit G un groupe et g un élément d’ordre fini. Alors o(g ) = min{k ∈ N∗ g k = e} et 〈g 〉 =


{e, g , . . . , g o(g )−1 }.

Démonstration : L’application Z → 〈g 〉, k 7→ g k est non injective car Z est infini et 〈g 〉 est fini. Il
existe alors deux entiers n 6= m tels que g n = g m . Comme n 6= m, on a donc deux cas n > m ou
m > n, si par exemple n > m et dans ce cas g n−m = e avec n − m ∈ N∗ . Cela signifie que l’ensemble
A = {k ∈ N∗ g k = e} est non vide. Puisque A est une partie non vide de N, il admet un plus petit
élément p. Clairement {e, g , . . . , g p−1 } ⊆ 〈g 〉. Soit x ∈ 〈g 〉, il existe n ∈ Z tel que x = g n . D’après le
théorème de la division euclidienne il existe (q, r ) ∈ Z × N tel que n = pq + r et 0 ≤ r ≤ p − 1, donc
x = x pq x r = x r ∈ {e, g , . . . , g p−1 }. On en déduit que 〈g 〉 = {e, g , . . . , g p−1 } et par conséquent o(g ) = p.

1.4 Groupe quotient

1.4.1 Relation modulo un sous groupe

Définition 4.41.

Soit G un groupe et H un sous groupe de G.


1. La relation définie par x ∼g y ⇔ x −1 y ∈ H est une relation d’équivalence. La
classe d’équivalence de x est l’ensemble x H (classe d’équivalence à gauche mo-
dulo H ), l’ensemble quotient se note G/H .
2. La relation définie par x ∼d y ⇔ x −1 y ∈ H est une relation d’équivalence. La
classe d’équivalence de x est l’ensemble H x (classe d’équivalence à droite modulo
H ), l’ensemble quotient se note H \ G.

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C HAPITRE 1 : Groupes

Proposition 4.42.

Soit G un groupe et H un sous groupe de G.


1. Les ensembles x H , H x et H sont équipotents, si de plus H est fini, |x H | = |H x| =
|H |.
2. G/H et H \G sont équipotents, si de plus G est fini |G/H | = |H \ G|.

Démonstration :
1. L’application H → x H , définie par , h 7→ xh est clairement bijective, de même l’application
H → H x définie par h 7→ hx est bijective. D’où le résultat.
2. On considère l’application f : G/H → H \ G définie par f (x H ) = H x −1 . L’apllication f est
bien définie car si x H = y H alors x −1 y ∈ H , donc x −1 (y −1 )−1 ∈ H , d’où H x −1 = H y −1 . L’ap-
plication f est clairement surjective. Si f (x H ) = f (y H ) alors H x −1 = H y −1 , ainsi x −1 y ∈ H ,
d’où x H = y H . On en déduit que f est bijective.

Définition 4.43.

Soit G un groupe et H un sous groupe de G. On appelle indice de H dans G noté [G : H ]


le cardinal (éventuellement infini) de |G/H | = |H \G|.

Théorème 4.44. (Théorème de Lagrange)

Soit G un groupe fini et H un sous groupe de G. Alors |H |[G : H ] = |G|, en particulier |H |


divise |G|.

Démonstration : Notons G/H = {x 1 , . . . , x r } où r = [G : H ] = |G/H |. Puisque les classes d’équiva-


r
X r
X
lences forme une partition de H , on a donc |G| = |x i H | = |H | = r |H | = [G : H ]|H |.
i =1 i =1

Corollaire 4.45.

Soit G un groupe fini d’ordre n et g ∈ G. On a o(g ) divise n, et g n = e.

Démonstration : D’après le théorème de Lagrange l’ordre du sous groupe engendré par g divise
¢s
l’ordre de G autrement dit o(g ) divise n, il existe alors s ∈ N tel que n = o(g )s, donc g n = g o(g ) = e.
¡

1.4.2 Sous groupe distingué

Définition 4.46. (Sous groupe distingué)

Soit G un groupe et H un sous groupe de G. On dit que H est un sous groupe distingué
(ou normal) de G et on note H  G si, pour tout x ∈ G, x H x −1 ⊆ H .

Exemples :
1. Les sous groupes d’un groupe abélien sont distingués.
2. {e} et G sont des sous groupes distingués de G.
3. SLn (K) est un sous groupes distingués de GLn (K).

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1.4 Groupe quotient

Proposition 4.47.

Soit G un groupe et H un sous groupe de G. Les propriétés suivantes sont équivalentes :


1. H sous groupe distingué de G,
2. Pour tout x ∈ G, x H x −1 = H ,
3. Pour tout x ∈ G, x H = H x.

Démonstration : 1 ⇒ 2. Par hypothèse x H x −1 ⊆ H , soit h ∈ H , on a x −1 hx ∈ H car x −1 H x ⊆ H ,


donc il existe h 0 ∈ H tel que x −1 hx = h 0 ainsi h = xh 0 x −1 ∈ x H x −1 , d’où x H x −1 = H .
2 ⇒ 3. Soit h ∈ H , on a xhx −1 ∈ H , donc xhx −1 = h 0 ∈ H , par conséquent xh = h 0 x ∈ H x, donc
x H ⊆ H x. De même x −1 hx ∈ H , donc x −1 hx = h 00 ∈ H , par suite hx = xh 00 ∈ x H , donc H x ⊆ x H .
D’où x H = H x.
3. ⇒ 1. Soit h ∈ H , on a xh ∈ x H = H x, donc il existe h 0 ∈ H tel que xh = h 0 x autrement dit xhx −1 =
h 0 ∈ H , d’où x H x −1 ⊆ H .

Proposition 4.48.

Soit f : G → G 0 un morphisme de groupes. Alors ker f est un sous groupe distingué de G.

Démonstration : Soit x ∈ G et y ∈ ker f , on a f (x y x −1 ) = f (x) f (y) f (x −1 ) = f (x) f (x −1 ) = f (xx −1 ) =


e 0 , donc x y x −1 ∈ ker f .

Proposition 4.49.

Soit (Hi )i ∈I une famille de sous groupes distingués de G. Alors ∩i ∈I Hi est un sous groupe
distingué de G.

Démonstration : Soit x ∈ G et y ∈ ∩i ∈I Hi . Pour i ∈ I , y ∈ Hi , or Hi est un sous groupe distingué,


x y x −1 ∈ Hi , donc x y x −1 ∈ ∩i ∈I Hi .

1.4.3 Groupe quotient


Soit G un groupe et H un sous groupe distingué de G. Dans ce cas G/H = H \G.

Théorème et définition 4.50.

Soit G un groupe et H un sous groupe distingué de G. L’application G/H ×G/H → G/H ,


(x, y) 7→ x y définie une loi de composition interne sur G/H , et muni de cette loi G/H est
un groupe dit groupe quotient de G par H . De plus l’application π : G → G/H , x 7→ x est
un morphisme de groupe surjectif, dit morphisme canonique.

Démonstration : La loi est bien définie : Soient x, x 0 , y, y 0 ∈ G tels que x H = x 0 H et y H = y 0 H , il


s’agit de montrer que x y H = x 0 y 0 H . En effet (x y)(x 0 y 0 )−1 = x y y 0−1 x 0−1 = x(y y 0−1 )x −1 xx 0−1 , on a
y y 0−1 ∈ H et H distingué dans G donc x(y y 0−1 )x −1 ∈ H , de plus xx 0−1 ∈ H , d’où x(y y 0−1 )x −1 xx 0−1 ∈
H , par suite x y H = x 0 y 0 H . La loi est donc bien définie.
Clairement la loi est associative de neutre e = H . De plus l’inverse de x = x H est x −1 = x −1 H .

Remarques :
1. Si H = {e}, alors G/H et G sont isomorphes.

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C HAPITRE 1 : Groupes

2. Si H = G, alors G/H est réduit à un singleton.

Théorème 4.51.

Soit f : G → G 0 un morphisme de groupes et H un sous groupe distingué de G tel que


H ⊆ ker f . Alors il existe un unique morphisme de groupes f : G/H → G 0 vérifiant f =
f ◦ π (i.e ∀x ∈ G, f (x) = f (x)).

Démonstration : L’application f définie par f (x) = f (x) est bien définie. En effet, si x = y alors
x y −1 ∈ H ⊆ ker f , donc f (x y −1 ) = e 0 , d’où f (x) = f (y). De plus f (xx 0 ) = f (xx 0 ) = f (xx 0 ) = f (x) f (x 0 ) =
f (x) f (x 0 ). L’unicité est immédiate.

1.4.4 Théorèmes d’isomorphismes

Théorème 4.52.

Soit f : G → G 0 un morphisme de groupes. Alors

f : G/ ker f → Im f
x 7 → f (x)

est un isomorphisme de groupes.

Démonstration : Notons que f est bien définie. Si y ∈ Im f , alors il existe x ∈ G tel que y = f (x) =
f (x), ainsi f est surjective. Si x ∈ ker f alors f (x) = 0, donc f (x) = 0, d’où x ∈ ker f autrement dit
x = e.

Corollaire 4.53.

Soit G un groupe monogène. Alors G est isomorphe à Z/n Z où n ∈ N∗ ou G est ismor-


phise à Z.

Démonstration : Soit G un groupe monogène et g un générateur de G. On considère l’application


f : Z → G définie par f (k) = g k . L’application f est un morphisme de groupes f (k + l ) = g k+l =
g k g l = f (k) f (l ) . Le noyau de f est un sous groupe de Z, il existe n ∈ N tel que ker f = n Z. Si n = 0,
le morphisme f est injectif, donc c’est un isomorphisme, par conséquent Z est isomorphe à G. Si
n ∈ N∗ , par le théorème d’isomorphisme Z/n Z est isomorphe à G.

Théorème 4.54.

Soit G un groupe et H , K deux sous groupes distingués dans G tels que H ⊆ K . Alors
(K /H )  (G/H ) et (G/H )/(K /H ) est isomorphisme à G/K .

Démonstration : Soit k ∈ K et g ∈ G, on a g kg −1 ∈ K donc g kg −1 ∈ K /H , le sous groupe K /H


est alors distingué dans G/H . Soit f : G/H → G/K l’application définie par f (g ) = g . L’application
f est bien définie est c’est un morphisme de groupes surjective. Si g ∈ ker f alors g ∈ K et donc
g ∈ K /H . On en déduit le résultat par le théorème d’isomorphisme.

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1.5 Action de groupe

1.5 Action de groupe


1.5.1 Groupe opérant sur un ensemble

Définition 5.55.

Soit G un groupe et X un ensemble. Une action du groupe G sur X est la donnée d’une
application
G×X → X
(x, y) 7→ g .x
Vérifiant les propriétés suivantes :
1. Pour tout x ∈ X , e.x = x,
2. Pour tous g , g 0 ∈ G et x ∈ X , g .(g 0 .x) = (g g 0 ).x.

Exemples :
1. Translation : L’application G × G → G, (g , a) 7→ g .a = g a est une action du groupe G sur lui
même, dite translation.
2. Conjugaison : L’application G × G →, (g , a) 7→ g .a = g ag −1 est une action du groupe G sur
lui même, dite conjugaison.
3. Soit X un ensemble non vide et S (X ) le groupe des permutations (des bijections) de X .
L’application S (X ) × X → X , (g , x) 7→ g .x = g (x) est une action du groupe S (X ) sur X .

Remarque : Soit G un groupe opérant sur un ensemble X . Pour g ∈ G, ϕg : X → X définie par


ϕg (x) = g .x est une bijection, et l’application ϕ : G → S (G), g 7→ ϕ(g ) = ϕg est un morphisme de
groupes. Notons que ker ϕ = {g ∈ G /ϕg = Id X } = {g ∈ G /∀x ∈ X , g .x = x}.

Définition 5.56.

Soit G un groupe opérant sur un ensemble X .


1. On appelle orbite d’un élément x ∈ X , l’ensemble O x = {g .x / g ∈ G}.
2. On appelle stabilisateur de x ∈ X dans G l’ensemble StabG (x) = {g ∈ G / g .x = x}.
3. L’ensemble des points fixés par un éléments g ∈ G est l’ensemble Fix(g ) = {x ∈
X / g .x = x}
4. L’ensemble des éléments de X ayant une orbite ponctuelle noté X G = ∩g ∈G Fix(g ).

Exemples :
1. Soit G un groupe opérant sur lui même par translation à gauche (g .a = g a). L’orbite d’un
élément a ∈ G est O a = {g ag ∈ G} = G, sont stabilisateur est StabG (a) = {g ∈ G § g a = a} = {e}.
L’ensemble des points fixés par un élément g ∈ G est Fix(g ) = {a ∈ G /g a = a} = G si g = e et
Fix(g ) = ; si g 6= e. Finalement X G = ∩g ∈G Fix(g ) = ; si G 6= {e} et X G = {e} si G = {e}.
2. Soit G un groupe opérant sur lui même par conjugaison (g .a = g ag −1 ). L’orbite d’un élé-
ment a est O a = {g ag −1 / g ∈ G}, sont stabilisateur est StabG (a) = {g ∈ G / g ag −1 = a} = {g ∈
G / g a = ag } c’est l’ensemble de tous les éléments de G qui commutent avec a . L’ensemble
des points fixés par un élément g ∈ G est Fix(g ) = {a ∈ G /g ag −1 = a} = {a ∈ G / g a = ag }

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C HAPITRE 1 : Groupes

c’est l’ensemble des éléments de G qui commutent avec g et X G = {a ∈ G / ∀g ∈ G, g ag −1 =


a} = {a ∈ G / ∀g ∈ G, g a = ag } = Z (G) c’est le centre de G l’ensemble des éléments de G qui
commutent avec tous les éléments de G .
3. On considère l’action du groupe symétrique S n sur l’ensemble {1, . . . , n} définie par σ.k =
σ(k). L’orbite d’un élément k ∈ {1, . . . , n} est O k = {σ(k) / σ ∈ S n } = {1, . . . , n}, en effet pour l ∈
{1, . . . , n} on a τkl (k) = l où τkl est la transposition (la permutation) qui échange seulement
les deux éléments k et l . Le stabilisateur de k est Stab(k) = {σ ∈ S n / σ(k) = k} l’ensemble
des permutations qui laissent l’élément k invariant.

Définition 5.57.

1. On dit qu’une action de groupe est transitive si elle possède une seule orbite.
2. On dit qu’une action de groupe est fidèle si l’intersection de tous les stabilisateurs
est réduite à l’élément neutre, autrement dit si le morphisme ϕ est injective.

Proposition 5.58. (Théorème de Cayley)

Tout groupe fini G de cardinal n est isomorphisme à un sous groupe de S n .

Démonstration : Soit G un groupe. On considère l’opération de S (G) sur G définie par σ.g = σ(g ).
Cette opération est fidèle car ∩g ∈G Stab(g ) = {σ ∈ S (G) /∀g ∈ G, σ(g ) = g } = {IdG }. Par conséquent
le morphisme de groupes G → S (G) est injectif. Il en résulte que G est isomorphe à un sous groupe
de S (G) ' S n .

1.5.2 Formule des classes et lemme de Burnside

Proposition 5.59.

Soit G un groupe opérant sur un ensemble X et x ∈ X .


1. StabG (x) est un sous groupe de G.
2. L’application
f : G/StabG (x) → O x
g 7→ g .x
est bien définie et est une bijection.

Démonstration :
1. On a e.x = x, donc e ∈ Stab(x). Soient g , g 0 ∈ Stab(x), donc g .x = x et g 0 .x = x. On a

(g 0 g −1 ).x = g 0 .(g −1 .x) = g 0 .(g −1 .(g .x)) = g 0 .((g −1 g ).x) = g 0 .(e.x) = g 0 .x = x

Donc g 0 g −1 ∈ Stab(x).
2. Si g 0 = g alors g −1 g 0 ∈ Srab(x), autrement dit (g −1 g 0 ).x = x ainsi g 0 .x = g .x, donc l’appli-
cation f est bien définie. Si f (g ) = f (g 0 ) alors g .x = g 0 .x, donc (g −1 g ).x = x, ainsi g −1 g 0 ∈
Stab(x), par suite g = g 0 . L’application f est donc injective. Si y ∈ Stab(x), alors il existe g ∈ G
tel y = g .x, donc y = f (g ).

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1.5 Action de groupe

Proposition 5.60.

Soit G un groupe finie opérant sur un ensemble X . Pour tout x ∈ X ,

|G| = |O x |.|StabG (x)|

|G|
Démonstration : L’application précédente f est bijective, donc |O § | = |G/Stab(x)|) , d’où
|Stab(x)|
|G| = |O x ||Stab(x)|.
Soit G un groupe opérant sur un ensemble X . On note R la relation binaire définie sur X par :

xR y ⇔ ∃g ∈ G , tel que y = g x

Notons que R est une relation d’équivalence sur X , et que les orbites sont les classes d’équiva-
lences pour R. On notera X /G l’ensemble quotient.

Théorème 5.61. (Formule des classes)

Soit G un groupe fini opérant sur un ensemble fini X . Alors

|t | = |X G | +
X X
|X | = |t |
t ∈X /G t ∈X /G,|t |≥2

Démonstration : Posons G/X = {x 1 , . . . , x r } = {O x1 , . . . , O xr }. Puisque l’ensemble des classes d’équi-


valences forme une partition de X , on a donc

r
X r
X X
|X | = |O xi | = |x i | = |t |.
i =1 i =1 t ∈X /G

Pour x ∈ X , remarquons que x ∈ X G si, et seulement si, x = {x} si, et seulement si, |x| = 1. Ainsi
X X X
|X | = |t | = |t | + |t |
t ∈X /G t ∈G/X ,|t |=1 t ∈X /G,|t |≥2

= |X G | + |t | = |X G | +
X X X X
|t | = 1+ |t |
t ∈X /G,|t |≥2 t ∈X /G t ∈X /G,|t |≥2 t ∈X /G,|t |≥2

Définition 5.62.

Soit p un nombre premier. On appelle p-groupe un groupe de cardinal une puissance


de p.

Théorème 5.63.

Soit G un p groupe opérant sur un ensemble fini X . Alors p divise |X | − |X G |.

Démonstration : D’après la formule des classes |X |−|X G | =


X
|t |. Si t ∈ X /G il existe x i ∈ X
t ∈X /G,|t |≥2
tel que t = x i = O xi . Or |G| = |O xi ||Stab(x i )|, le cardinal de t divise |G|. Lorsque le cardinal de t
est supérieur ouXégale 2, il est de la forme p s où s ∈ N∗ , en particulier il est divisible par p. Par
conséquent |t | est divisible par p, autrement dit p divise |X | − |X G |.
t ∈X /G,|t |≥2

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C HAPITRE 1 : Groupes

Exemple : Le centre d’un p n’est pas trivial c’est-à-dire Z (G) 6= {e} : On fait agir G sur lui même par
conjugaison g .x = g xg −1 . Notons que, dans ce cas , que G G = Z (G). D’après le théorème précédent
p divise |G|−|Z (G)|, or p divise |G| on a donc p divise |Z (G)|. Puisque e ∈ Z (G), on a donc |Z (G)| ≥ 1
et divisible par p, donc |Z (G)| ≥ 2, autrement dit Z (G) 6= {e}.

Théorème 5.64. (Lemme de Burnside)

Soit G un groupe finie opérant sur un ensemble fini X . Alors

1 X
|X /G| = Fix X (g )
|G| g ∈G

Démonstration : Posons d’abord X /G = {x 1 , . . . , x r } où r = |X /G|. On considère l’ensemble Y =


{(g , x) ∈ G × X /g .x = x}. Nous allons calculer le cardinal de Y de deux façons. On a Y = ∪g ∈G Y g
où pour g ∈ G, Y g = {(g , x) / g .x = x}. Pour g ∈ G, l’application Y g → Fix(g ), (g , x) 7→ x est bijective,
donc |A g | = |Fix(g )|. Par conséquent
X X
|Y | = |Y g | = |Fix(g )|
g ∈G g ∈G

Remarquons que Y = ∪x∈X Z x où pour x ∈ X , Z x = {(g , x) ∈ G ×X / g .x = x}. Pour x ∈ X l’application


Z x → Stab(x), (g , x) 7→ g est bijective, donc |Z x | = |Stab(x)|. Il vient alors que
X X
|Y | = |Z x | = |Stab(x)|
x∈X x∈X

|G|
Pour x ∈ X , on a |Stab(x)| = . Tenant compte le fait que x 1 , . . . , x r forme une partition de X , on
|O x |
X |G| X r X |G|
obtient |Y | = = . Si x ∈ x i , alors O x = O xi . Par conséquent
x∈X O x i =1 x∈x i |O x |

X r X |G| X r X |G| X r |G| X X r |G| X r |G|


|Y | = = = 1= |x i | = |O xi | = r |G|
i =1 x∈x i |O x | i =1 x∈x i |O x i | i =1 |O x i | x∈x i i =1 |O x i | i =1 |O x i |

X
On combine les deux formules du cardinal de Y on obtient r |G| = |Fix(g )|, d’où
g ∈G

1 X
|X /G| = r = Fix X (g ).
|G| g ∈G

Théorème 5.65. (Théorème de Cauchy )

Soit G un groupe fini et p un nombre premier qui divise |G|. Alors il existe au moins un
élément de G d’ordre p.

Démonstration : On considère la permutation σ = (1 2 . . . p), (σ(k) = k + 1 si k < p et σ(p) = 1).


Soit H le groupe engendré par σ, plus précisément H = 〈σ〉 = {σk /0 ≤ k ≤ p − 1}. Soit X l’en-
semble X = {(g 1 , . . . , g p ) ∈ G p /g 1 . . . g p = e}. L’application G p−1 → X définie par (g 1 , . . . , g p−1 ) 7→
(g 1 , . . . , g p−1 , (g 1 . . . g p−1 )−1 ) est bijective, en particulier |X | = n p−1 . On fait agir le groupe H sur
l’ensemble X par
σk .(g 1 , . . . , g p ) = (g σk (1) , . . . , g σk (p) )

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1.5 Action de groupe

Cette opération est bien définie car si (g 1 , . . . , g p ) ∈ X alors g 1 . . . g p = e, puis g 2 . . . g p = g 1−1 , donc
g 2 . . . g p g 1 = e autrement dit σ.(g 1 , . . . , g p ) ∈ X et par récurrence simple pour tout k, σk .(g 1 , . . . , g p ) ∈
X . Clairement Id .(g 1 , . . . , g p ) = (g 1 , . . . , g p ) et de plus pour σk , σl ∈ H on a

σk .(σl .(g 1 , . . . , g p )) = σk .(g σl (1) , . . . , g σl (p) ) = (g σk+l (1) , . . . , g σk+l (p) ) = σk+l .(g 1 , . . . , g p )

Puisque p divise |X | = |G|p−1 et p divise |X | − |X H | car H est un p groupe (de cardinal p), il dé-
coule que p divise |X H |. Or l’élément (e, . . . , e) ∈ X H , l’ensemble X H est de cardinal supérieur ou
égale à 2, en particulier X H contient au moins un élément (g 1 , . . . , g p ) autre que (e, . . . , e). On a
σ.(g 1 , . . . , g p ) = (g 1 , . . . , g p ) c’est-à-dire (g 2 , . . . , g p , g 1 ) = (g 1 , . . . , g p ), par conséquent g 1 = . . . , g p . Il
p
en résulte que g 1 = e et g 1 6= e. Clairement g 1 est un élément de G d’ordre p.

Exemple : Tout groupe commutatif d’ordre 6 est cyclique. Soit G un groupe d’ordre 6. Puisque 2
et 3 sont des nombres premiers et divisent l’ordre de G, le groupe G possède un élément a d’ordre 2
et un élément b d’ordre 3. L’ordre de ab est un diviseur de 6, donc o(ab) ∈ {1, 2, 3, 6}. On a o(ab) 6= 1
car si ab = e alors a = b −1 et donc a = a 3 = b −3 = e ce qui n’est pas le cas. L’ordre de ab ne peut
pas être égale à 2 où 3, car (ab)2 = a 2 b 2 = b 2 6= e et (ab)3 = a 3 b 3 = a 6= e. Donc o(ab) = 3, par
conséquent ab est un générateur de G.

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ENS-Fès Mohamed Aqalmoun
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