Physique Des Ondes
Physique Des Ondes
Physique Des Ondes
Dans une première partie, l’objectif de cette rapide synthèse consiste à souligner les
principales propriétés associées aux phénomènes de propagation : l’existence d’un couplage spatio-
temporel, les solutions dans certaines situations simples et la délicate étude des propriétés
énergétiques. Ceci sera illustré dans le cas des cordes vibrantes. Nous évoquerons ensuite quelques
autres situations : ondes sonores, ondes électromagnétiques et les ondes dans un câble coaxial.
Le fil est décrit comme une distribution linéique de masse de densité µ. Au repos, le fil est
r r
confondu avec l’axe des x. On note To = To e x la tension au repos comme de suggère le dessin de la
figure 1, elle représente précisément l’action de la partie droite du fil sur la parti gauche.
x
r r
To = To e x
figure 1
Première mise en équation : cette démarche illustre parfaitement la méthode à suivre dans le
cas des milieux continus.
Etape 1 : Repérage d’un système fermé infinitésimal. On isole la portion de fil qui au repos est située
r
entre x et x+dx. On note s ( x , t ) la position, à la date t, du point de la corde qui au repos se trouve en x
r
et s ( x + dx , t ) celle qui se trouve en x + dx.
r
Etape 2 : Bilan des forces extérieures. On note T (x , t ) l’action en x de la partie droite de la corde sur
r r
la partie gauche, cet élément de corde est donc soumis aux forces : T(x + dx, t ) et − T(x , t ) . La
figure 2 représente les actions et le repérage de la corde.
r r
s ( x + dx, t )
- T(x , t ) r
s (x, t )
r
ex
x x+dx
figure 2
Etape 3 : Utilisation du théorème du centre de masse. On obtient successivement les deux équations
suivantes :
r r r
∂2s r r ∂ 2 s ∂T( x , t )
µdx 2 = T( x + dx , t ) − T( x , t ) soit : µ 2 = [1]
∂t ∂t ∂x
Les vibrations se font dans un plan ( le plan xOy ) par exemple. On n’étudiera
Hypothèse 3 pas ici les propriétés liées à la torsion de la corde par exemple. On peut donc
r r r
écrire s ( x , t ) = u ( x , t )e x + y( x , t )e y . Le premier terme représente les
vibrations longitudinales et le second les vibrations transversales.
L’angle que fait la corde avec l’axe Ox est petit : α( x , t ) << 1 ; ainsi
Hypothèse 4 ∂y
tan α = ≈α.
∂x
α( x, t )
r
ex
x x+dx
figure 3
On suppose enfin que l’on peut négliger l’élasticité de la corde et donc que la
Hypothèse 5 r r
tension de la corde est pratiquement constante : T ( x , t ) − To << To .
∂ 2 y ∂ (To sin α( x , t ) )
Si l’on projette l’équation [1] suivant y, on obtient µ = ce qui devient en
∂t 2 ∂x
∂2y ∂2y
faisant l’hypothèse des petits angles : µ = To [2].
∂t 2 ∂x 2
Cette dernière équation est l’équation de propagation ou équation de d’Alembert à une
dimension. Elle assure le « couplage » entre les variables d’espace et de temps qui va permettre de
décrire efficacement le phénomène de propagation.
To
On pose c = , cette grandeur est homogène à une vitesse : c’est la célérité des ondes.
µ
On montre que la solution de cette équation est du type : y( x , t ) = f ( x − ct ) + g ( x + ct ) ,
c’est-à-dire la somme d’une onde progressive dans le sens des x positifs pour le premier terme et des x
négatifs pour le second.
Ainsi une onde décrite par une structure du type : f ( x − ct ) se déplace sans déformation dans
le sens des x positifs. Un tel milieu est donc non dispersif…
On peut donc simuler la propagation d’une onde ainsi que le croisement de deux ondes
comme le suggère le programme de TS.
figure 4
On peut également trouver la solution à l’équation de propagation dans le cas d’une corde de
∂y
grande longueur que l’on déforme initialement sans vitesse initiale : y( x ,0) = a ( x ) et ( x,0) = 0 .
∂t
a ( x − ct ) a ( x + ct )
On trouve dans ce cas : y( x , t ) = + , ce qui exprime l’idée de deux ondes
2 2
identiques qui partent dans deux sens opposés.
On considère une corde de longueur L, fixée à ses deux extrémités x = 0 et x = L. Il faut donc
résoudre l’équation de d’Alembert avec pour conditions aux limites : y(0, t ) = y(L, t ) = 0 . Il faut,
pour résoudre le problème, préciser les conditions initiales. On peut traiter le cas de la corde de piano :
la corde frappée. Au départ la corde est horizontale, y( x ,0 + ) = 0 , l’impact du marteau de largeur e et
∂y
placé en x = a confère à la corde une vitesse initiale ( x,0 + ) que l’on modélise par la courbe
∂t
suivante :
∂y
( x ,0 + )
∂t
x
a a+e L
figure 6
Entre a et a+e la vitesse acquise par la corde sera notée u. On peut trouver dans ce cas une
solution analytique au problème :
+∞
2ue ⎛ nπa ⎞ ⎛ nπx ⎞ ⎛ nπct ⎞
y( x , t ) = ∑ sin ⎜ ⎟ sin ⎜ ⎟ sin ⎜ ⎟.
n =1 nπc ⎝ L ⎠ ⎝ L ⎠ ⎝ L ⎠
On constate que le spectre du signal ( lié à celui du son émis ) contient l’harmonique n, de
nc 2ue ⎛ nπa ⎞
fréquence f n = et d’amplitude sin ⎜ ⎟ . On peut donc modifier le timbre du son émis en
2L nπc ⎝ L ⎠
modifiant l’attaque de la corde.
Exemple du spectre obtenu pour le La 220 pour la corde de piano. Cette corde possède une
longueur L = 0,715 m, la largeur du marteau est de 1 cm, l’impact du marteau de fait à 7,7 cm d’une
extrémité de la corde. On peut noter que l’harmonique 9 ( dissonante (?) ) est ainsi éliminée car on
frappe la corde au neuvième de la corde. On a ici c = 314,5 m/s.
Pour terminer sur cette modélisation, on peut souligner la limite de ce type de modélisation en
utilisant un logiciel de simulation qui permet de visualiser la forme de la corde à une date t
quelconque. L’aspect de la corde n’est vraiment pas réaliste !
b. Corde de Melde.
Dans ce cas on impose un mouvement sinusoïdale de l’extrémité située en x = 0 :
y(0, t ) = y o cos(ωt ) , l’autre restant fixe : y(L, t ) = 0 . L’étude en régime forcé conduit à
l’expression suivante de l’élongation transversale d’un point de la corde à une date t :
y(x+dx,t)
y( x , t )
x x+dx r
ex
figure 10
2 ⎝ ∂x ⎠
2
1 ⎛ ∂y ⎞
on doit donc fournir un travail à la corde pour l’allonger égal à To dx ⎜ ⎟ ,
2 ⎝ ∂x ⎠
on peut donc définir une densité linéique d’énergie de position :
2
1 ⎛ ∂y ⎞
e p = To ⎜ ⎟ .
2 ⎝ ∂x ⎠
lo
F dl
S =E
S lo
E : en N.m-2
dl
et le moment quadratique I :
y
I= ∫∫ y dS
2
z
sec tion
Influence de la raideur :
∂3y
Pour imposer une courbure à la corde il faut exercer une force supplémentaire Ry = −EI 3 :
∂x
R(x+dx,t)
-R(x,t)
x x+dx
figure 11
s(x+dx,t)
s(x,t)
x x+dx
figure 13
∂2y 1 ∂ 2y To
− = 0 ct =
∂x 2 c 2t ∂ t 2 µ
2
avec
∂ 2u 1 ∂ 2u ⎛ c 2t ⎞ 1 ∂ ⎛ ∂y ⎞ ES
− = ⎜⎜ 2 − 1 ⎟⎟ ⎜ ⎟ cL =
∂x 2
c L ∂t
2 2
⎝ cL ⎠ 2 ∂x ⎝ ∂x ⎠ µ
S : section de la corde.
Pour une corde vibrante de longueur L et pour un mode d’onde stationnaire longitudinale
« d’indice n » :
⎛ nπx ⎞ nπc t
y n ( x , t ) = a n cos(ωn t ) sin ⎜ ⎟ avec ωn = on a alors
⎝ L ⎠ L
a 2n ω n ⎛ 2 n πx ⎞⎛⎜ c 2t ⎞
u(x, t) = − sin ⎜ ⎟⎜ 1 − 2 + cos( 2 ω n t ) ⎟⎟
16 c t ⎝ L ⎠⎝ cL ⎠
On note ainsi :
- un couplage entre les modes longitudinaux et les modes transversaux,
- des équations différentielles non linéaires, ce couplage génère la fréquence double
« à l’octave »,
- qu’une vibration transversale génère automatiquement une vibration longitudinale.
Influence de l’amortissement
Pour décrire l’amortissement on introduit une force de frottement fluide qui peut modéliser
l’émission d’une onde sonore par exemple. L’équation différentielle devient :
∂2y ∂2y ∂y
µ = To −h
∂t 2
∂x 2
∂t
Pour une corde vibrante de longueur L pour un mode d’onde stationnaire d’indice n :
h
− t
⎛ nπx ⎞ nπc t
yn (x, t) ≈ a n e 2µ
sin(ωn t + ϕn ) sin⎜ ⎟ avec : ωn = .
⎝ L ⎠ L
En première approximation, il n’y a pas de modification du « timbre » du son mais il y a
modification du niveau d’intensité sonore.
• Grandeurs vibratoires :
r r
La surpression acoustique p(x, t) et la vitesse d’ensemble v(x,t)= v(x, t) e x .
• Equation de propagation :
∂ 2p 1 ∂ 2p 1
− =0 c=
∂x 2 c 2 ∂t 2 χSµo
χS : coefficient de compressibilité adiabatique et µ o la masse volumique du fluide.
• Grandeurs énergétiques :
1
- ec = µo v2 la densité volumique d’énergie cinétique et e p = 1 χ S p 2 la densité
2 2
volumique d’énergie « potentielle » ( J.m-3 ).
r r
- « propagation de l’énergie » : R = pv e x en W.m-2.
∂ (pv) ∂ (e p + e c )
- « Conservation de l’énergie » : + =0
∂x ∂t
Λ dz Λ dz i(z+dz,t)
i(z,t)
v(z,t)
Γ dz v(z+dz,t)
figure 14
• Grandeurs vibratoires :
Le courant et la tension: i ( z , t ) et v(z,t) .
• Equation de propagation :
cc= 1 = c .
ΛΓ εr
• Grandeurs énergétiques :
∂ ( vi ) ∂ ( e )
- « Conservation de l’énergie » : + =0
∂z ∂t
• Grandeurs vibratoires :
r r
Les champs électrique et magnétique : E ( x , t ) et B (x, t)
• Equation de propagation :
r r r r
∂2E 1 ∂2E r ∂2 B 1 ∂2 B r
− =0 et − =0
∂x 2 c 2 ∂t 2 ∂x 2 c2 ∂t 2
c : vitesse de la lumière dans le vide.
• Grandeurs énergétiques :
1 B2
- w em = ε o E 2 + : densité volumique d’énergie électromagnétique ( J.m-3 ).
2 2µ o
r r
r E∧B
- « propagation de l’énergie » : R = en W.m-2.
µo
∂(Rx ) ∂(wem)
- « Conservation de l’énergie » : + =0
∂x ∂t
Les notions que nous allons développer ici sont très générales, elles peuvent s’appliquer aux
domaines de l’acoustique, de l’électromagnétisme, des ondes dans les solides…Pour simplifier nous
n’étudions que des situations à une dimension, la grandeur vibratoire est notée par a(x,t) par exemple.
Les milieux sont supposés linéaires, c’est-à-dire qu’une onde harmonique écrite en
représentation complexe a ( x, t ) = a o e i ( kx −ωt ) est une solution possible du problème de la propagation
d’une onde de déformation dans le milieu étudié.
La « confrontation » de cette structure d’onde et des équations qui modélisent le milieu donne
la relation de dispersion qui relie k avec la pulsation ω de l’onde.
Définition : un système est dispersif si la vitesse de phase vφ dépend de la pulsation de l’onde : vφ(ω).
Il y a donc dispersion des vitesses de phases.
c
Le milieu est caractérisé par son indice défini par vϕ = Dans le domaine de
n
transparence du milieu, il peut être bien approché par la formule de
B
.Cauchy : n 2 = A + , où λ est la longueur d’onde dans le vide.
λ2
On peut donner comme exemple la silice SiO2 principal constituant des fibres
optiques. Le document de la figure 16 donne l’indice en fonction de la longueur d’onde
pour la silice. Le modèle de l’électron élastiquement lié fournit un argument qui permet de
comprendre l’origine microscopique du phénomène de dispersion.
L’état plasma est parfois présenté comme le quatrième état de la matière : celui de la
matière ionisée. On va illustrer les phénomènes dans le cas d’un plasma naturel :
ω 2 − ω 2P
l’ionosphère. On peut établir la relation de dispersion liant k et ω : k = 2
c2
ne 2
avec ω 2P = , n représente la densité volumique du plasma, et m et e
mε o
respectivement la masse et la charge d’un électron. ω P est appelée pulsation plasma,
elle correspond à la pulsation d’oscillation du plasma libre c’est-à-dire sans champ
électromagnétique extérieur excitateur. Cette grandeur est aussi nommée pulsation de
coupure du plasma.
ω 2 − ω 2P
Dans le cas où ω > ωP ,alors k est égal à k = .La vitesse vφ de
c2
ω c
propagation de la phase vaut donc : v ϕ = = .
k ω 2P
1− 2
ω
Cette grandeur représente la vitesse de propagation de la phase dans le plasma.
Cette grandeur est ici plus grande que la vitesse de la lumière, ceci résulte du caractère
abstrait de l’onde progressive sinusoïdale. La vitesse de phase est fonction de la
fréquence f du signal avec ω = 2πf, le milieu est donc par définition dispersif.
On peut tracer l’allure de la vitesse de phase en fonction de la pulsation :
ω
ωP
figure 18 : tracé de la vitesse de phase
2
1 ne
Numériquement on trouve f P = = 2,8 MHz , il s’agit donc du
2π. mε o
domaine des ondes radios. On peut tirer deux conséquences de cette étude. Pour des
fréquences inférieures à fP, les ondes électromagnétiques ne se propagent pas dans
l’ionosphère, elles sont donc réfléchies.
On peut également noter que pour les communications avec les satellites, il
faut se placer à des fréquences supérieures à fP. Ainsi par exemple pour la réception de
la télévision par satellite, les fréquences utilisées sont voisines de 11 GHz.
Notons que l’on peut accéder à la densité verticale de l’ionosphère en utilisant
des ionosondes qui étudient l’écho d’un signal radioélectrique bref réfléchi par
l’ionosphère. Enfin le système GPS émet sur deux fréquences légèrement différentes
(1,575 GHz et 1,228 GHz) pour pouvoir s’affranchir des problèmes de retard et de
réfraction des ondes lorsqu’elles traversent l’ionosphère.
a
figure 19
Dans certaines conditions, on montre que la relation de dispersion s’écrit
ω 2 − ω c2 nπc
k =
2
avec ωc = . La vitesse de phase s’écrit donc
c2 a
ω c
vϕ = = .
k ωc2
1− 2
ω
c
On retrouve le phénomène de dispersion. La fréquence est une fréquence
2a
de coupure qui vaut par exemple 10 GHz pour a = 1,5 cm. Le phénomène de
dispersion peut s’interpréter en soulignant que la propagation résulte de l’interférence
constructive entre les différentes ondes réfléchies par les parois, cette condition
d’interférence constructive est sensible à la fréquence.
1− ⎜ i ⎟
⎝ 2πRf ⎠
vitesse du son, f sa fréquence et ui les zéros de fonctions « spéciales » définies à partir
des fonctions de Bessel.
C’est encore un cas d’onde dispersive, mais il n’est pas facile d’identifier simplement la cause
du phénomène de dispersion, mais ici encore les conditions aux limites jouent, sans aucun doute, un
rôle fondamental.
Nous allons nous placer d’emblée dans le cas général des ondes de gravitation avec tension
superficielle car la cuve à ondes, souvent utilisée pour illustrer le phénomène de propagation, relève
du cas le plus général !
-h x
figure 20
On suppose que δ ( x , t ) = δ o cos( kx − ω t ) et en utilisant les équations de la mécanique des
A
fluides et la relation à l’interface eau – air : P −Po = où A est la constante de tension superficielle, R
R
rayon de courbure local ; on obtient la relation de dispersion suivante :
⎛ k2 ⎞
ω 2 = ⎜⎜ g + A ⎟ k th ( kh ) . Le système est donc dispersif.
⎝ µ ⎟⎠
Pour savoir si ce sont les ondes capillaires ou les ondes de gravitation qui dominent, il nous
A
faut introduire la longueur d’onde capillaire l c = 2π , qui vaut environ 1,7 cm dans le cas de
µg
l’eau. On constate donc que dans le cas de la cuve à onde, on doit se placer dans la situation
intermédiaire la plus général si l’on veut effectuer une approche quantitative.
vitesse de phase
0,300
0,250
0,200
vph(m/s)
vph
0,150
vphth
0,100
0,050
0,000
0 0,005 0,01 0,015 0,02 0,025
lam bda(m )
figure 21
figure 22
Pour propager une onde dans un milieu dispersif, on commence par la décomposer en une
somme d’ondes harmoniques à la date t = 0, puis on propage chaque composante harmonique avec sa
propre vitesse de phase enfin on reconstruit l’onde en sommant ses composantes harmoniques à la date
t souhaitée.
On note en général, une déformation du « paquet d’ondes » car les composantes harmoniques
ne se somment pas de la même manière au cours du temps : cela se manifeste souvent par un
étalement spatial du « paquet d’ondes ».
vg∆t
figure 23
On peut enfin noter que la vitesse de groupe est souvent égale à la vitesse de propagation de
l’énergie.
Si l’on considère à nouveau le cas du tuyau sonore du paragraphe 3.2. , on montre que la
2
dω ⎛ uc ⎞
vitesse de groupe s’écrit : v g = = c 1− ⎜ i ⎟ .
dk ⎝ 2πRf ⎠
On note
• un mode fondamental non dispersif : c = 340 m/s,
• des modes dispersifs qui se propagent, pour les plus rapides, avec une vitesse de
groupe égale à (pour R = 1,7 cm et f = 40 kHz ) : 280 m/s , 217 m/s par exemple…