2014 Baouche Fatiha These
2014 Baouche Fatiha These
2014 Baouche Fatiha These
Présentée par :
Fatiha Baouche
Directeur(s) de Thèse :
Denis Rochard
Jury :
Rapporteur Sophie Raimbault De Fontaine Maître de conférences HDR - Université Toulouse 1 capitole
SUFFRAGANTS
M. Eric GOJOSSO
Professeur, Université de Poitiers
M. Benyoucef BENREKIA
Maître de conférences, Université de Blida (Algérie)
La faculté n’entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions émises dans les
thèses ; ces opinions doivent être considérées
comme propres à leurs auteurs.
2
RÉSUMÉ & MOTS CLEFS – SUMMARY AND KEY WORDS
3
Résumé
Parler du foncier agricole en Algérie, c’est évoquer inévitablement tout un processus
historique dans lequel la terre a été l’enjeu principal aussi bien pendant la colonisation que pendant
la période post indépendance, où elle a été au centre de choix politiques, voir même idéologiques.
Tout un arsenal juridique mis en place pendant plus de 60 ans, pour la création et la
libéralisation du marché foncier afin de faciliter les transactions foncières et réaliser la sécurisation
foncière des exploitants agricoles et ce, dans le but de renforcer l’accès au foncier agricole.
Ainsi, il est important de mettre en place des instruments juridiques qui visent la
sécurisation foncière et l’amélioration de la consistance et des structures agricoles.
Mots Clefs :
Summary:
A whole legal arsenal is introduced during more than 60 years, for the creation and
the liberalization of land market, in order to facilitate the land transactions and to realise a land
security of farmers to reinforce the access to agricultural land.
In Algeria, the land problem becomes crucial. Due to extremely varied raisons and to
various degrees, the land lies at the centre of debates and issues.
In this research, we focus on the land of agricultural problem in Algeria and the
various devices set up by the government since the independence to find a solution to complex
question of the agriculture landholding in Algeria, and that, through all the reforms of the self-
management to the concession of land in the private domain of the state, without forgetting private
land property, state land and wakf or habous property.
4
So, it is important to setting up legal instruments aimed at securing land and
improving the consistency and agricultural structures.
Key words:
5
REMERCIEMENTS
6
A mon Papa qui m’a permis de
faire beaucoup de choses
dans ma vie.
Je tiens d’abord à exprimer toute ma gratitude à Monsieur Jacques David pour son
soutien, son aide et sa confiance dès mon année de DEA, (1998-1999). Si j’ai entamé cette thèse,
c’est grâce à Monsieur David qui m’a encouragé pour approfondir mon travail de recherche sur la
question foncière en Algérie.
J’avoue que ce n’est pas évident de travailler dans un pays lointain, pour arriver à
voir son Directeur de thèse une fois dans l’année, pour cela je le remercie pour son investissement,
sa générosité, son soutien et son assistance afin de me corriger et m’orienter via internet et souvent
par courrier postal.
Ma reconnaissance va à tous ceux qui m’ont aidé pour avoir la bourse algéro-
française (1998-1999) pour suivre une formation qui m’a ouvert les portes et les horizons pour
devenir ce que je suis aujourd’hui. Ces personnes énumérées ci-dessous m’ont fait partager leurs
expériences lors de mes travaux de recherches.
Messieurs :
Mesdames :
Je remercie mon amie Khalida ABDICHE avec qui je partage les bonnes et
mauvaises choses de la vie, je la remercie pour son soutien, sa gentillesse et son amabilité.
7
Je remercie également, Madame Fatma Zohra BENDJEDDA (ma Directrice) au
Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural. Je la remercie pour son aide, son appui, son
assistance et son soutien moral incessant.
Mes remerciements vont aussi à Monsieur Ali MAATALLAH qui était notre Directeur
au service des Affaires Juridiques et de la Réglementation. Je lui exprime ma gratitude pour son
aide précieuse et ses autorisations afin de me déplacer en France pour mes inscriptions à l’école
doctorale de Poitiers, sans contraintes ni problèmes. Sans omettre sa bonté et sa générosité pour
mettre à ma disposition les documents ayant un rapport avec mon travail de recherche.
Merci au Professeur BERKIA qui a accepté d’être mon co-directeur en Algérie pour
ce travail de recherche et qui m’a accordé plusieurs entretiens à l’Ecole Supérieure de la
Magistrature à Ben Aknoun (Alger), afin de m’orienter et conseiller.
Entre Alger – Isser et Poitiers, mon travail de recherche doit aussi beaucoup à
Kheira et Maguie qui depuis 10 années maintenant, n’ont aucune fois manqué à m’envoyer le
certificat d’hébergement. A chaque voyage, n’ont jamais cessé de venir m’attendre à l’aéroport ou à
la gare. A chaque séjour prise en charge totale de la part des plus gentilles, généreuses, tendres,
sensibles, bienveillantes, etc… femmes au monde. Sincèrement je dois énormément à Kheira et
Maguie qui à chaque fois m’accueillent avec chaleur et amour pour m’offrir un cadre propice aux
perspectives de recherches dans mes travaux.
Je remercie également Euloge qui m’a beaucoup aidé à faire mes inscriptions à
l’Université, qui m’a toujours encouragé à ne pas laisser tomber ma thèse lorsque j’étais désespérée
dans mes travaux de recherche.
8
Je ne cesserai jamais de remercier ma famille ma mère, tous mes frères et sœurs et
surtout mon papa. Oui mon papa qui m’a soutenu et aidé moralement. Mon papa qui a toujours été
derrière moi pour réaliser un rêve d’enfance, tant souhaité. Merci « PAPA ».
Ma reconnaissance s’adresse enfin à tous ceux qui m’ont entourée, ces dernières
années : Lynda OUMEKHLOUF et son mari Farid BELGACEM, Faiza CHAFA et son mari Rachid
SOUFI, Nadia CHAFA, Khalti TASAADIDH, Hamida BENT ABDELKADER, Mohamed
MESTAR, Amina ARIB, Ourida IZEGHOUINE, Anissa de Toulouse, Mesdames : Anne Marie LAMY,
Emanuelle CHEVRIER de Poitiers, Marie Claude NEGRIE et sans oublier le personnel de la Sous
Direction des Etudes Juridiques au Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (Hassina,
Rachida, Fahima, Amina, Nabila, Bahia et Sofiane).
Merci à tous ceux qui m’ont aidé de loin ou de près et que je n’ai pas cité.
9
DEDICACE
10
A mon papa
A ma mère
11
LISTE DE SIGLES INSTITUTIONNELS
12
AG Assemblée Générale
APC : Assemblée Populaire Communale
APFA : Accession à la Propriété Foncière Agricole
BNBV : Bureau National de Biens Vacants
BNEDER : Bureau National d’Etudes pour le Développement Rural
CAEC : Coopérative Agricole d’Exploitation en commun
CAPER : Caisse d’accession à la propriété et à l’Exploitation Rurales
CAPCS : Coopératives Agricoles Polyvalentes Communales de Service
CAPRA : Coopératives Agricoles de Production de la Révolution Agraire
C N MA : Caisse Nationale de Mutualité Agricole
CNRA : Conseil National de la Révolution Algérienne
DAS : Domaine Agricole Socialiste
DSA : Direction des Services Agricoles
EAC : Exploitation Agricole Collective
EAGR : Entreprise Nationale de Génie Rural
EAI : Exploitation Agricole Individuelle
FNRA : Fond National de la Révolution Agraire
FNRDA : Fond National de Régulation et de Développement Agricole
FLN : Front de Libération Nationale
GMV : Groupements de Mise en Valeur
JORADP : Journal Officiel de la République Algérienne Démocratique et Populaire
JORF : Journal Officiel de la République Française
ONRA : Office National de la Réforme Agraire
ONTA : Office National des Terres Agricoles
PNDA : Plan National du Développement Agricole
RA : Révolution Agraire
SAU : Surface Agricole Utile.
GEP : Groupement d’Entraide Paysanne
UNPA : Unions Nationale des Paysans Algériens
SDRD : Stratégie du Développement Rural Durable
PPDR : Plan de Proximité de Développement Rural
GADER : Groupe d’Accompagnement du Développement Rural
13
SOMMAIRE
14
Sommaire
Introduction Générale
Chapitre I : L’autogestion
15
Chapitre II : La domanialisation des terres agricoles
16
Chapitre IV : Le régime de la concession des parcelles de terres du
domaine privé de l’Etat
17
Deuxième Partie : Le Cadre Juridique régissant les terres de la
Propriété Privée et les biens wakfs, les
perspectives et propositions d'éléments dans
le domaine du Développement Agricole
18
Titre III : Perspectives et propositions d’éléments dans le domaine du
développement agricole
CONCLUSION GENERALE
19
INTRODUCTION GENERALE
20
INTRODUCTION GENERALE
Notre travail ne va pas être le premier à tenter d’envisager des résolutions, en vue
de relever les défis concernant le foncier agricole en Algérie. En effet, ils sont nombreux ceux qui
nous ont précédé afin de traiter la question du foncier agricole, cela fait preuve de l’implication de
tous les acteurs dans le débat foncier, et ce, pour que toutes les études et investigations menées sur
l’évolution du foncier agricole, ne restent pas à un niveau très général.
« L’Algérie est un des rares pays où la terre a été l’objet de tant de convoitise. Son
histoire depuis 1830, est jalonnée de textes : lois, expropriations, cantonnement, réformes,
restructuration, restitutions, etc…) qui ont entrainé à chaque fois une déstructuration et
restructuration des structures foncières et de l’espace les composants. La terre a été le support
fondamental de la colonisation et lui a permis de réaliser ses ambitions hégémoniques. Le
développement du pays n’a été appréhendé que sur le plan agricole, ne profitant qu’aux européens
et à quelques privilégiés autochtones1 ».
Dans ces territoires il y a eu au moins deux grandes ruptures foncières : rupture lors
de la colonisation et lors de l’Indépendance. Ceci a donné successivement : des domaines coloniaux
et des domaines algériens puis, des domaines socialistes, des domaines privés, des domaines
collectifs et des propriétés individuelles. Cette multitude de formes de propriété ne facilite pas la
tâche aux décideurs qui espèrent toujours homogénéiser les structures foncières2 ».
L’histoire de l’Algérie coloniale n’a pas été oubliée et enterrée, désormais on ne peut
pas l’ignorer et la mettre entre parenthèses. « L’importance des enjeux politiques et sociaux de la
question foncière demeure et existe toujours après toutes ces années passées, après 50 ans
d’indépendance et de brassage de l’espace par les politiques agraires largement marquées par le
référent colonial3 ».
Depuis le 05 juillet 1830, l’Algérie est devenue une terre française, avec les français
qui sont venus s’y établir y ont apporté leur religion et leurs lois.
Tout un arsenal juridique a été mis en place par l’administration française pour régir
le foncier en Algérie.
Une ordonnance fut promulguée le 1er octobre 1844 et complétée le 21 juillet 1845
sur les concessions ainsi que la promulgation de l’ordonnance du 9 novembre 1845 sur les
domaines.
1 Yamina ARFA CHERFI, l’Agriculture familiale : structures foncières et dynamiques sociales. Thèse de Doctorat d’Etat, Université de Constantine –
Algérie- pour 2005/2006, p.17 et 18.
2 Hayette NEMOUCHI, La question du foncier agricole en Algérie. Pratiques foncières, pratiques sociales, le cas de Salah Bouchaour (nord – est
algérien), Thèse de Doctorat, université de CAEN, 2009.
3 Fatiha BENCHEIKH EL FEGOUN ABBASSI, L’Impact des lois foncières coloniales sur la situation socio-économique des paysans algériens, de 1873
à 1911, Thèse de Doctorat d’Etat, Université de Constantine, 2006/2007, p. 9.
21
Il est important de signaler que l’ordonnance du 1er octobre 1844 a été modifiée le
21 juillet 1846 sur la vérification des titres de propriété rurale.
Pour donner à la propriété des garanties plus fortes et les étendre à la propriété
indigène comme à la propriété européenne, aux territoires militaires comme aux territoires civils1,
une autre loi a été promulguée le 16 juin 1851.
D’une façon sommaire, cette loi distingue les intérêts des européens de ceux des
musulmans. Elle caractérise l’inviolabilité de la propriété sans distinction du possesseur.
Pour procéder à la répartition des terres entre les tribus pour l’individualisation de
celles-ci afin de faciliter les transactions, l’administration française a procédé à la promulgation d’une
loi, appelée « Sénatus consult » du 22 avril 1863 qui constitue l’un des monuments les plus
importants de l’histoire de la législation immobilière appliquée par l’administration coloniale en
Algérie.
Du reste, un texte de loi procédé d’un long et remarquable rapport de Mr. Warnier,
fut présenté à l’assemblée nationale et adopté par elle. Cette loi qui était connue sous le nom de
« loi Warnier », du 26 juillet 1873, cherchait à atteindre la francisation de la terre musulmane et la
délivrance aux algériens après enquête de titres de propriété. On constate la propriété individuelle là
où elle existe ; on la constitue dans les territoires de propriété collective par des procédures
d’enquête générale, s’appliquant à tout un douar ou à toute une tribu.
Plus tard, une loi de 1887 est venue compléter et améliorer la loi de 1873 en
conservant le même principe.
Nous constatons que les auteurs de ces lois croyaient de bonne foi qu’ils allaient
être les bienfaiteurs des algériens, en les tirant d’un collectivisme agraire, pour les élever à la dignité
de propriétaires individuels. Les résultats ne répondirent malheureusement pas aux espérances
attendues.
Sans oublier de mentionner, d’une manière très succincte, que quelques temps
après le déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954, l’administration française entreprend
une prétendue réforme française, qui se traduit par l’intervention des deux (02) textes suivants :
1 Rodolphe DARESTE, De la propriété en Algérie : loi du 16 juin 1851.Sénatus - Consulte du 22 avril 1863 (2ème édition), Bibliothèque Algérienne et
Coloniale 1864.
22
L’ordonnance n° 59-41 du 3 janvier 1959 sur les périmètres de
modernisation foncière1 :
Ce texte avait pour objectif la constitution et la constatation des droits de
propriété ; des droits réels et des charges, de même que la délimitation des
propriétés selon une méthode cadastrale en vue de l’établissement d’un plan
régulier.
L’objectif de notre travail n’est pas de relater le régime foncier durant l’occupation
française, mais il nous a semblé inadéquat de traiter l’évolution du foncier agricole en Algérie, sans
évoquer ou donner un aperçu du régime foncier pendant la période coloniale.
Pour clôturer cette période, nous dirons que ce qui précède nous conduit à
remarquer que depuis la conquête française, les systèmes les plus opposés ont été essayés, et les
idées les plus diverses ont participé à l’élaboration de la législation foncière coloniale.
En effet, le législateur français a tenté, par une série de lois foncières de rapprocher
le régime de la propriété algérienne du régime de la propriété française, à des fins de soumission
dans la réalité et sans valeur probante sur le plan juridique, social ou économique.
Mais il est important de signaler que les préoccupations des politiques se sont
inversées. Les réformes de redistribution de terres ont été abandonnées pour des politiques de
structures qui, au contraire, avaient pour but de rassembler les terres pour constituer des
exploitations permettant notamment une utilisation rationnelle de la mécanisation (exemple : les
domaines autogérés en Algérie2).
2 Anne Marie Jouve, « Introduction générale, terres méditerranéennes », édition Karthala Paris 2001 p. 12.
3 Abdurahman HERSI, « les mutations des structures agraires en Algérie depuis 1962 », 2ème édition, O.P.U Alger 1981, p. 1.
23
une production globalement déficitaire qui ne couvre pas les besoins
alimentaires de la population surtout en produits stratégiques de base :
céréales, légumes secs, lait et viande.
une surface agricole utile (S.A.U), elle aussi limitée par rapport à la taille du
domestique ;
Bien que l’Algérie soit un pays très vaste, il ne possède pas des disponibilités en
terres agricoles très importantes. Les données ci-dessous nous le montrent clairement :
1 Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, Sources : Direction de l’Emploi, des Statistiques et des Systèmes d’Information, 2008.
24
A partir de ce tableau nous déduisons les éléments suivants :
Sur 39 808 280 ha de terres utilisées par l’agriculture (TUA), 8 095 670 ha soit 3,4
% du territoire représentent la S.A.U ; la majorité des TUA se compose de terrains de pacages et de
parcours localisés surtout dans les hauts plateaux et au Sud.
Au sein des terres labourables, nous avons environ 3,6 millions d’hectares en
jachère, soit 45% de la SAU, ce qui est considérable.
Les périodes qui caractérisent cette démarche s’inscrivent dans des logiques
spécifiques.
1 Hocine TOULAIT, « L'agriculture algérienne, les causes de l'échec », Office des Publications Universitaires (OPU). Alger 1988, p. 5
25
Le rapport des forces s’est traduit par :
Mais avoir écarté ainsi le risque de voir les terres tomber entre les mains d’une néo
féodalité terrienne exploiteuse n’excluait pas une autre raison : celle de vouloir conjurer un autre
mal, en l’occurrence l’exclusion de la paysannerie pauvre et moyenne des fruits de la victoire.
Pression qui s’est traduite par l’attribution de terres aux anciens Moudjahidines,
regroupées dans une structure alternative, en la forme coopérative, consacrée par l’appellation
ultérieure de CAPAM (Coopérative Agricole de Production des Anciens Moudjahidines)1.
de l’ANP (l’Armée Nationale Populaire), qui avait créé ses propres coopératives
agricoles sur des dizaines de milliers d’hectares des biens vacants 1962-1963 ;
des zones industrielles environnantes des grosses agglomérations ; celles
d’Alger particulièrement.
Faut-il affirmer pour autant que la totalité du patrimoine a été préservée de
l’indue occupation ?
Certes non, puisque des milliers de familles se sont arrogées le droit, dès
l’Indépendance :
1 Les anciens Moudjahidines sont les anciens combattants de la guerre d'Algérie : “la révolution nationale de 1954 à 1962"
26
o des exploitations pour les attributaires des EAC et EAI, sur de multiples
plans ;
o de l’urbanisme ;
o de l’aménagement rural et de remembrement ;
o des prises en charge des besoins fondamentaux de ces agglomérations
au plan socio culturel.
Cette période est également caractérisée par une volonté de mettre en valeur
l’autogestion comme étant le système qui répond le mieux, à terme, aux aspirations de la société
rurale et qu’il devait être, à ce titre, renforcée dans toutes les expressions de la vie des travailleurs
des domaines autogérés, en matière tant des conditions de travail que de vie.
La deuxième étape devait débuter plus tôt mais, annoncée en 1971, pour durer, n’a
fait que se réduire à ses deux premières phases, à savoir le versement au FNRA (Fond National de
la Révolution Agraire) :
Des terres agricoles ou à vocation agricole, quelque soit leur statut, après
bien se trouve désormais hors du commerce1.
1 Amar ALOUI, « le régime foncier et le Cadastre en Algérie », Agence Nationale du Cadastre, Alger. 1997
27
de l’ordonnance n° 74-26 du 24 février 1974 portant constitution des réserves
foncières communales et dont l’application a généré un préjudice énorme aux
exploitations agricoles sans lever pour autant les contraintes en matière
d’urbanisme et d’aménagement du territoire ;
des statuts de la coopérative agricole dont les dispositions ne pourront
s’appliquer que d’autorité au niveau des attributaires de terres ; les paysans
privés ne s’y intégraient que forcés pour pouvoir disposer de certains intrants et
autres produits ;
des villages socialistes agricoles qui profiteront progressivement à tous les
citoyens et dont nombre d’infrastructures et de locaux furent transférés pour des
activités autres qu’agricoles.
1 Le redimensionnement de quelque 2 000 domaines autogérés et 6 000 coopératives de la révolution agraire a abouti à la création d'environ 3 400
domaines agricoles socialistes
28
Donc la récupération des terres de colonisation européenne en 1963, au lendemain
de l’Indépendance, et la réforme agraire appliquée aux terres privées en 1971 ont permis la
constitution d’un domaine foncier important aux mains de l’Etat et la création d’exploitations
collectives et des coopératives agricoles de production sur près de 40 % de la SAU totale du pays.
Les éléments révélateurs de cette tendance au sein du monde rural, ont visé non
seulement la libéralisation et la sécurisation des transactions foncières au titre de l’appropriation
prioritaire, mais aussi la cession des biens du domaine national qui sont fournis par :
Malgré les efforts établis par l’Etat, la mise en valeur agricole est confrontée à
l’insuffisance, voir l’absence d’un cadre juridique clair permettant la localisation des périmètres de
mise en valeur.
Qu’il s’agisse de biens vacants ou de biens mis sous protection de l’Etat, exploités
au sein d’exploitations agricoles autogérées, de domaines agricoles socialistes, ou de biens du
FNRA exploités sous forme individuelle ou d’exploitation coopérative, la loi du 30 juin 1984 portant
loi domaniale était venue définir le statut de la propriété et lui donner une cohérence qui lui faisait
défaut jusque-là.
1 La loi n° 83-18 du 13 août 1983 relative à l’accession à la propriété foncière agricole. J.O.R.A.D.P n° 34 du 16 août 1983, p. 1373.
29
Pour changer radicalement les comportements vis-à-vis de la problématique du
foncier agricole, un texte a été mis en application afin d’exercer librement le droit de propriété et la
gestion indépendante de l’exploitation. C’est la loi n° 87-19 du 08 décembre 1987 déterminant le
mode d’exploitation des terres agricoles du domaine national et fixant les droits et obligations des
producteurs.
Ainsi, l’ensemble des infrastructures a été vendu aux attributaires des Exploitations
Agricoles Collectives (EAC) et Exploitations Agricoles Individuelles (EAI), lesquelles ont été
octroyées dans le cadre d’un droit de jouissance perpétuel.
Il est important de signaler que l’année 1989 était marquée par la publication de la
constitution de la République Algérienne Démocratique et Populaire1.
Trouvant son essence dans le droit musulman, le wakf ou habous est l’acte par
lequel est rendu impossible l’appropriation d’un bien en son essence, pour toute personne, de façon
perpétuelle, pour en attribuer l’usufruit aux nécessiteux ou à des œuvres de bienfaisance.
Une autre réforme intervient dans l’organisation du secteur agricole d’Etat avec
l’adoption de la loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière et qui restaure les
formes de propriétés antérieures à la loi de réforme agraire de 1971.
1 Décret présidentiel n° 89-18 du 28 février 1989 relatif à la publication au Journal officiel de la République Algérienne Démocratique et Populaire, de
la révision constitutionnelle adaptée par référendum du 23 février 1989. J.O.R.A.D.P n° 9 du 1er mars 1989
2 Article 49 de la constitution algérienne du 23 février 1989. J.O.R.A.D.P n° 9 du 1er mars 1989
4 Article 49 de la constitution du 23 février 1989. Important de savoir que la constitution du 23 février 1989 a été abrogée par la constitution du 28
novembre 1996.
(Art. 49) de la constitution du 23 février 1989 est devenu : (Art. 52) de la constitution du 28 novembre 1996.
30
La loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 suscitée, a instauré un cadre global d’action
en matière foncière, les textes visés par la loi concernent pratiquement tous les secteurs d’activités.
Cette loi a pour objet de fixer la consistance technique et le régime juridique du patrimoine foncier,
ainsi que les instruments d’intervention de l’Etat, des collectivités et organismes publics.
La réforme des terres publiques laisse encore subsister des ambiguïtés, les
attributaires n’étant ni fermiers, ni propriétaires.
A cet effet, il s’agit de régler de façon définitive le problème de propriété pour les
agriculteurs qui considèrent que l’acte administratif délivré par l’administration agricole ne constitue
pas une garantie, d’autant plus que les banques ont toujours refusé de leur accorder des crédits.
Fixer les règles d’organisation du secteur agricole selon les exigences économiques
actuelles du pays contribuera à ce que les agriculteurs n’abandonneront pas leurs terres, car
l’urbanisation sauvage a constitué une menace pour le secteur agricole.
D’autre part, l’urgence aujourd’hui est de créer un marché foncier organisé pour
faire de la terre un élément économique participant au développement national. A noter que l’Algérie
est l’un des rares pays où il n’existe pas ce type d’organisation.
31
A cet effet, il est impératif de régler les problèmes des agriculteurs notamment, en
matière d’obtention des crédits, et ce par la réactualisation et la clarification de l’acte administratif du
droit de jouissance des terres.
Par ailleurs, il est nécessaire de sécuriser les agriculteurs pour qu’ils s’investissent
uniquement dans la production.
Il reste à engager des actions d’envergure pour protéger la vocation agricole des
terres en mettant un terme à leur détournement.
Il est à noter que le secteur de l’agriculture vit à présent une profonde mutation
visant l’amélioration de ses performances et sa modernisation dans la perspective d’ouverture de
notre économie nationale et de rude concurrence qu’elle induit.
Sur un autre plan, il est difficile d’admettre que des situations de fait, caractérisées
par un dévoiement des principes de la loi n° 87-19 du 08 décembre 1987 déterminant le mode
d’exploitation des terres agricoles du domaine national et fixant les droits et obligations des
producteurs, continuent au moment où le secteur agricole annonce un virage déterminant quant à
son avenir.
32
« L’opacité et le manque de transparence qui ont caractérisé les politiques agricoles
et le recours au règlement pour les mettre en œuvre, afin d’échapper au contrôle parlementaire et
parfois pour éviter la surenchère politicienne, ont conduit à des contradictions multiples entre des
textes régissant une même matière, à la violation de la hiérarchie des normes et de la répartition des
attributions entre le législatif et le réglementaire en la matière »1.
C’est pour cela que la loi n°08-16 du 03 août 2008 portant orientation agricole, est
venue définir la politique agricole nationale et tenter de préserver les ressources naturelles et
d’assurer le développement durable de l’agriculture en particulier et du monde rural en général.
Aussi, cette loi a pour objet de déterminer les éléments d’orientation de l’agriculture
nationale lui permettant de participer à améliorer la sécurité alimentaire du pays, de valoriser ses
fonctions économiques, environnementales et sociales, en favorisant l’accroissement de sa
contribution aux efforts du développement économique.
Il s’agit donc de promouvoir une politique foncière agricole qui tienne compte à la
fois des aspects juridiques, économiques et sociologiques du problème foncier.
1 Leïla ZEROUGUI, « le Foncier Agraire », Tome 1, Office National des Travaux Educatifs Alger 2001, p.10.
2 Article 17 de la loi 10-03 du 15 août 2010, dispose : « les terres agricoles du domaine privé de l’Etat ainsi que les biens superficialités disponibles de
quelque manière que ce soit, sont concédés par l’Administration des Domaines sur demande de l’office national des terres agricoles, après
autorisation du wali, par voie d’appel à candidatures.
La priorité est donnée :
- aux exploitants concessionnaires restants dans le cas d’une exploitation agricole à plusieurs exploitants concessionnaires ;
- aux exploitants concessionnaires riverains en vue d’agrandir leurs exploitations ;
- aux personnes ayant des capacités scientifiques et / ou techniques et présentant des projets de consolidation et de modernisation de
l’exploitation agricole…. » (J.O.R.A.D.P n° 46 du 18 août 2010, p.4).
33
L’intérêt de ce travail de recherche
Les bouleversements observés en Algérie à la fin des années 90 nous ont poussés
à nous intéresser à ce sujet qui restait jusque-là un tabou. Jusque dans les années 2008 / 2010. Ce
n’est qu’avec la promulgation des dernières lois portant sur la libéralisation du foncier agricole en
cette période que le sujet est véritablement entré dans le champ du possible. Nous en avons tiré un
panorama global du problème du foncier en Algérie et une analyse synthétique de la problématique
du foncier agricole. Nous nous sommes ainsi construits une prise de lecture qui nous permet
d’apprécier les réformes initiées et d’évaluer leurs insuffisances. Le cadre de l’université de Poitiers
nous a donné de nous instruire du droit français pour mesurer la sécurité juridique nécessaire à une
véritable modernisation de l’agriculture en Algérie.
Nous avouons qu’au surplus dans l’ordre des difficultés, le fait d’avoir couplé la
conduite des travaux de recherche avec les responsabilités de fonctionnaire du ministère de
l’agriculture en Algérie : être sur les deux fronts n’a pas toujours été évident.
Pour finir, nous dirons qu’il est indéniable que le secteur agricole occupe une place
centrale dans l’économie de l’Algérie malgré les poids croissant des hydrocarbures. Les chiffres
officiels et ceux publiés par les organisations autorisées masquent mal le poids de l’agriculture qui,
quoique déclinante dans les statistiques, reste difficilement mesurable par son côté informel et
historique.
1 DEA : préparé durant l’année 1998-1999 à l’Institut de Législation et d’Economie Rurales à Poitiers (France)
2 Jacques DAVID, Professeur à la Faculté de Droit et des Sciences Sociales. Directeur à l’Institut de Législation et d’Economie Rurales jusqu’à l’année
2008-2009 où il a été admis en retraite.
34
Mais la question que nous nous posons est la suivante :
Dans notre travail de recherche nous avons utilisé les méthodes et techniques
suivantes :
1. La méthode exégétique :
Elle nous a été bénéfique et utile dans l’interprétation des textes législatifs et
réglementaires, dans le but de mieux cerner la portée du dispositif juridique déployé dans le
domaine de notre recherche.
Mais face aux différentes évolutions qu’a connu le foncier agricole en Algérie depuis
bien avant l’Indépendance, aussi face aux différentes positions des pouvoirs publics quant à la
question de savoir quelle politique foncière serait la mieux adaptée et la mieux convenable pour
notre pays. La méthode exégétique est la plus adéquate pour répondre aux différentes
interprétations de part et d’autres, concernant le contexte de l’élaboration des textes législatifs et
réglementaires qui traitent la question foncière.
2. La méthode analytique :
C’est une méthode qui nous a été d’une grande importance, dans la mesure où elle
nous a aidées pour améliorer profondément les données recueillies relatives à notre travail.
3. La technique documentaire :
Cette technique nous a permis de procéder à une fouille systématique de tout ce qui
a été écrit, qui avait une liaison avec notre domaine de recherche.
Elle nous a servi également dans la consultation des ouvrages, mémoires, thèses,
rapports, notes de cours, sites web ainsi que les divers services publics comme privés, s’intéressant
à la question foncière faisant l’objet de notre recherche.
35
Subdivision du travail :
Première partie :
Malgré toutes les réformes, il demeure une urgence de créer un marché foncier
organisé, pour faire de la terre un élément économique participant au développement national. Le
secteur de l’agriculture est aujourd’hui entré dans une profonde mutation. L’objectif affiché est
constant : l’amélioration de ses performances et sa modernisation dans la perspective d’ouverture
de l’économie algérienne à la mondialisation synonyme de rude concurrence.
Il est question aussi, de fixer des règles d’organisation du secteur agricole selon les
exigences économiques actuelles du pays ; donc l’urgence aujourd’hui est de proposer des
perspectives tout en utilisant de nouveaux instruments dans le domaine du foncier agricole.
Deuxième partie :
En premier lieu, la propriété privée jouit d’une garantie de portée générale de nature
constitutionnelle.
36
En second lieu, la propriété privée des particuliers, ne connaît aucune limitation de
principe, ni dans la nature des biens ni dans leur valeur. Pour les terres de statut privé, l’accès à la
propriété s’opère à travers les procédures de droit commun tel la vente, la succession, la donation,
le testament et le droit de préemption. Il est important de mentionner que la succession, la donation,
le droit de préemption et le testament sont régis par le code de la famille.
En somme, la constitution et le code de la famille n’ont pas négligé les terres wakfs
(habous).
Le wakf (habous) est à la fois un concept et une pratique qui a contribué à façonner
le passé des sociétés musulmanes et qui d’une part, reste un élément déterminant dans leur
évolution présente et future et qui d’autre part, structure les rapports socio-juridiques et
économiques.
Les terres wakfs sont des fondations pieuses du droit musulman, créées
directement par simple affectation de biens à un but charitable ou d’utilité générale.
Ces différentes politiques ont été conçues et mise en œuvre en tenant compte d’un
environnement politique, économique et social en constante évolution et des capacités financières et
humaines disponibles.
Au début des années 2000, avec le retour progressif de la sécurité dans le pays, qui
a coïncidé avec le redressement des finances publiques et la clôture du programme d’ajustement
structurel, l’Etat a procédé au lancement d’un programme de relance ambitieux a travers le Plan
National de Développement Agricole (PNDA 2004). Le plan ce veut comme une approche globale,
intégrée de l’ensemble des ressources naturelles et financières.
37
PREMIERE PARTIE :
CARACTÉRISATION DU FONCIER AGRICOLE
DEPUIS L'INDÉPENDANCE ET LE SYSTÈME DE LIBÉRATION
DU MARCHÉ FONCIER EN ALGÉRIE
38
PREMIERE PARTIE : CARACTERISATION DU FONCIER AGRICOLE DEPUIS L'INDEPENDANCE ET
LE SYSTEME DE LIBERATION DU MARCHE FONCIER EN ALGERIE
les terres agricoles qui constituaient les domaines autogérés, à savoir celles qui
ont été abandonnées par les colons ;
les terres agricoles nationalisées dans le cadre de la révolution agraire,
appartenant auparavant à des nationaux1.
Nous tenterons dans le cadre de cette partie d’identifier le rôle que joue la politique
agricole à travers les réformes concernant le domaine privé de l’Etat SURTOUT depuis
l’Indépendance avec le système autogéré jusqu’à nos jours avec le système de la concession des
terres agricoles.
Nous mettrons l’accent, à travers des différents chapitres traités, sur la fin de l’ère
collectiviste et sur l’orientation vers la libéralisation du marché foncier.
1 Ahmed BENAISSA, L’évolution de la propriété foncière à travers les textes et les différents modes d’accès à la propriété foncière par Conférence
Internationale (Marrakech Maroc, décembre 2003).
2 Omar BESSAOUD, « Aux origines paysannes et rurales des bouleversements politiques en Afrique du Nord : l’exception algérienne ». CIHEAM –
IAMM –Montpellier, 2013.
39
TITRE I : LE SYSTÈME AGRICOLE EN ALGÉRIE, DE L’AUTOGESTION À LA COOPÉRATION
AGRICOLE
« Le chaos politique dans lequel se trouve le pays, les luttes de factions pour la
prise du pouvoir, et l’absence de cadres administratifs, accentuent les caractères marquants d’une
économie désarticulée et sans direction»1.
Le secteur autogéré
Le secteur coopératif
Le secteur de la révolution agraire.
Chapitre I : L’autogestion
La création d’un important secteur autogéré agricole est dû, pour une grande part, à
deux phénomènes sociaux imprévus : l’exode massif des propriétaires européens lors de la
proclamation de l’indépendance d’une part et, d’autre part, à l’esprit d’initiative des employés
agricoles qui assurèrent en dehors de tout cadre légal, la continuité de l’exploitation» 3.
1 Abdurahman HERSI, « Les mutations des structures agraires en Algérie depuis 1962 ». Office Publications Universitaires – Alger. 1981, p. 92.
2 Aït Amara Hamid, « La transition : de l'agriculture algérienne, vers un régime de propriété individuelle et d'exploitation familiale », CIHEAM –
IAMM –Montpellier 1999, p. 127.
3 Jean Pierre GUIN, « Les institutions agricoles algérienne. (Centre National de la Recherches Scientifique », –Paris. 1974.
40
« L’Algérie est l’un des rares pays où ce mot désigne également une expérience
concrète, un cadre juridique et un système de gestion qui conditionne la vie quotidienne d’une
importante partie de la population» 1 .
« Donc l’autogestion n’est pas née d’une initiative gouvernementale, mais c’est une
forme d’organisation économico-sociale, qui a été mise en place spontanément par les travailleurs,
dans les entreprises abandonnées par les patrons européens» 2 .
« Il faut savoir que le secteur autogéré regroupe les terres ayant appartenu aux
colons européens avant 1962. Les fermes de ces derniers ont été regroupées en environ 2100
exploitations couvrant 2,3 millions d’hectares (y compris 234 000 ha de pacages et parcours)» 3.
Ce qu’on a appelé l’autogestion en Algérie trouve origine dans les faits suivants :
2 Saliha HAMAD, les réformes agraires, la gestion foncière. Université des Sciences Technologiques de Blida, p. 18.
41
La question est de savoir si les premières formes d’organisation des travailleurs
agricoles ont été spontanées ou résultaient de l’action de militants « formés et informés » ne peut
être tranchée de façon catégorique dans un sens ou l’autre, faute de données nombreuses et
précises.
Il est certain que des militants ont organisé les travailleurs agricoles des fermes
coloniales abandonnées ; ils ont, seuls et/ou le plus souvent sous l’instigation d’autorités locales,
d’abord protégé les fermes, puis satisfait à la continuité des processus de production. La motivation
profonde de ces travailleurs, dans la plupart des cas, ne semble pas avoir résidé dans une
quelconque « conscience révolutionnaire » ou « autogestionnaire », mais tout simplement dans le
fait que la continuation du processus de production était le seul moyen pour eux de continuer à avoir
du travail et également dans le fait de démentir les prévisions catastrophiques des tenants de
l’Algérie française qui consistaient à affirmer que les français partis, tout s’arrêterait.
Par ailleurs, les travailleurs des fermes coloniales étaient les seuls à connaître plus
ou moins leur ferme, son matériel, et la façon dont elle fonctionne.
La situation était provisoire durant tout l’été 1962 puisqu’on ne savait pas si les
anciens propriétaires européens allaient reprendre possession de leurs biens.
Une circulaire du bureau national des biens vacants, datée du 06 octobre 1962 et
interprétant de façon plutôt particulière l’ordonnance n° 62-020 du 24 août 1962, ordonnait aux
préfets de faire gérer les biens vacants agricoles par des coopérations dirigées par les Comités de
gestion. Cette circulaire va même à l’encontre de l’ordonnance puisqu’elle oblige le propriétaire,
dans le cas de retour, à partager la gestion de l’exploitation avec le comité qu’il trouverait installé. Le
décret du 22 octobre 1962 vient enfin donner un caractère légal aux comités de gestion dans
l’agriculture. Ce décret dispose que l’exploitation agricole vacante est dotée d’un comité de gestion
devant recevoir l’agrément du préfet, le président du comité de gestion tenant le rôle de
l’administration gérant prévu par l’ordonnance n° 62-020 du 24 août 1962 relative à la protection et
la gestion des biens vacants. En cas de retour du propriétaire, celui-ci sera intégré à la coopérative
qui, continue, en tout état de cause, à être dirigée par son comité de gestion, l’accord à l’amiable
avec lui, prévu par la circulaire dont il a été question ci-dessus, n’étant plus de mise.
42
Enfin, les fameux décrets de mars 1963 scellent l’expropriation des anciens
propriétaires, réglementant l’état de vacance et instaurant ce qui va être l’autogestion.
Ainsi, en l’espace de moins d’une année après que les premiers européens aient
abandonné leurs exploitations, l’autogestion était institutionnalisée et les espoirs déçus de ceux qui
souhaitaient le retour des colons dans le cadre des accords d’Evian et de ceux qui aspiraient à leur
succession.
Il faut souligner les actions décisives pour cette instauration du petit noyau de
personne travaillant dans le bureau national des biens vacants (BNBV), lequel bureau se trouvait
sans l’autorité de la Présidence de la République.
Ce sont en grande partie ces personnes qui, par leur interprétation large de
l’ordonnance sus citée portant protection des biens vacants, par leur détermination à promouvoir des
formes collectives de gestion et grâce au pouvoir dont ils disposaient, ont forcé ou permis au destin
de s’accomplir.
Il est vrai que ces personnes, auteurs ou initiateurs des différents textes
réglementaires qui ont sauvegardé, à ses débuts, l’exploitation collective des terres, puis qu’ils l’ont
institutionnalisée, n’ont pu aboutir à ce résultat que parce que les conditions politiques et sociales de
l’époque ne permettaient pas l’émergence de pouvoirs ayant la capacité de contester avec succès
les orientations prises.
La question qu’on peut poser : quelles étaient les principales forces sociales en
1962 et quelle était leur forme d’expression politique ?
La réponse à cette question nous aidera à comprendre ce qui a été fait des terres
ayant appartenu aux colons, la façon de les restructurer et celle de les gérer.
La bourgeoisie algérienne, dont une partie était sans doute intéressée par les terres
des coloniales, était relativement faible du fait de la politique coloniale. Elle était en partie discréditée
par la collaboration ouverte ou occulte de certains de ses membres avec le pouvoir français.
Par ailleurs, elle n’avait pas, ou peu, de représentants au niveau des différents
pouvoirs de l’époque de l’indépendance : l’exécutif provisoire, le bureau politique et le gouvernement
provisoire de la République algérienne.
Enfin, la Révolution s’étant faite contre l’injustice du pouvoir colonial, contre le colon
qui possédait les meilleures terres, contre les européens qui s’accaparaient les richesses, il était
inimaginable que le résultat de la Révolution se traduise par le remplacement pur et simple du colon
européen par le colon algérien.
43
Le prolétariat rural et le lumpenprolétariat urbain et rural étaient composés par des
travailleurs majoritairement très liés à la paysannerie dont ils sont issus. Si le prolétariat urbain
s’exprimait à travers l’organisation syndicale qu’était l’Union Générale des Travailleurs Algériens
(UGTA), le prolétariat rural et le lumpenprolétariat rural et urbain étaient très insuffisamment
encadrés par celle-ci politiquement, l’ensemble du prolétariat n’avait pas de représentation
organisée, mais ses représentants s’affirmaient aussi bien à travers le Front de libération National
que le Parti Communiste Algérien et quelques groupuscules trotskistes, l’ensemble de ces derniers
étant numériquement très faible mais se trouvant présents parfois à de hauts niveaux de décision
dans les appareils d’Etat.
La force sociale qui détenait les pouvoirs politiques et administratifs réels se trouvait
être la bureaucratie formée. Les membres de cette bureaucratie, produits de la décomposition
sociale, elle-même résultat du capitalisme difforme, de l’accumulation inachevée, caractérisant le
système économique prévalant en Algérie, formé dans la clandestinité, sont persuadés de
l’incapacité de la plèbe à gérer les affaires d’Etat et sont convaincus de l’efficacité des méthodes
autoritaires, qui ont permis l’accession à l’indépendance, pour réaliser les objectifs de l’Algérie
nouvelle. Marqués par les injustices des riches et des puissants durant la période coloniale,
injustices qu’ils ont subi souvent dans leur chair, les membres de la bureaucratie ont donc une
idéologie populiste.
Tout en rejetant la lutte des classes, ils affirment des conceptions fortement
égalitaristes et utilisent dans leur discours, fréquemment, le vocabulaire marxiste. De ce fait, bien
que divisés durant les années 1962-1963 (intense lutte pour la prise du pouvoir, surtout après la
signature des accords d’Evian), ils veilleront à maintenir les terres vacantes sous le contrôle de
l’Etat. Ils ne céderont pas les terres à ces masses paysannes prolétarisées qui ne pouvaient se
définir socialement que par leur manque : manque de terre, manque de travail et qui vivaient en
marge des terres coloniales.
En fait, il est possible aussi que le pouvoir, relativement peu sûr de sa stabilité
durant la période de 1962-1963, craignait qu’une distribution des terres au profit des ruraux pauvres
n’entraîna des troubles et des contestations violentes entre les différentes catégories de la
population (les descendants des anciens propriétaires dépossédés par la colonisation, les ouvriers
des fermes coloniales, les paysans maquisards qui s’estimaient des droits sur les terres des colons,
etc…)
44
L’Etat ne devrait pas remettre aux mains d’une paysannerie sans compétences
techniques, les fermes coloniales qu’ils considéraient comme les plus modernes et lucratives des
exploitations agricoles du pays à la fois sur le plan agronomique et sur le plan de la création de
richesses.
L’Algérie du début des années soixante est très différente de celle de début des
années cinquante.
Le produit intérieur brut est passé de 747 à 1743 milliards de francs, les
investissements sont passés de 159 à 464 milliards de francs. En 1962-1963, le départ massif de la
population européenne et des troupes françaises, le ralentissement de l’aide qu’apportait la France à
ses départements d’Algérie vont entraîner une chute de la production et des investissements.
En valeur réelle, la production chute de 35% entre 1960 et 1963, malgré les bonnes
récoltes des années 1962 et 1963 et le maintien des activités pétrolières. Quant aux
investissements, leur montant tombe entre 1961 et 1963 de 464 milliards à 48 milliards.
45
Cela entraîne donc aussi le rejet de l’idée de distribuer les terres coloniales aux
petits paysans et paysans sans terre, solution qui aurait amélioré la situation matérielle de ces
catégories de population, mais qui ne permettait pas la concentration du surplus aux mains de l’Etat.
A Alger, durant cette époque, les discussions sont vives entre les principaux
responsables. Les tenants d’une grande réforme agraire sociale qui ferait bénéficier les fellahs des
terres de colonisation sont finalement convaincus par les économistes qui tiennent à conserver les
domaines pour éviter l’effondrement de la production. En fait, le poids des situations établies dans
les domaines a joué un rôle déterminant dans cette décision et excluait un retour en arrière.
C’est donc vers une solution au niveau de l’entreprise que l’on s’oriente, et que l’on
trouve avec l’autogestion ouvrière, inspirée des expériences yougoslaves.
Il est difficile de retrouver l’enchaînement des influences qui ont conduit à son
adoption.
Il importe de signaler que de nombreux cadres algériens ont effectués des séjours
en Yougoslavie pendant la période de lutte. Les contacts semblent avoir été particulièrement
proches au niveau des organisations syndicales.
Ce qui reste certain, c’est que les textes yougoslaves ont été étudiés de très près
par les rédacteurs des textes sur l’autogestion »1.
Le premier texte officiel en la matière est l’ordonnance n°62-02 du 24 août 1962 qui
édicte les mesures utiles à la protection et à la conservation des biens vacants en conférant aux ex-
préfets tous les pouvoirs nécessaires.
Le décret n°62-03 du 23 octobre 1962 est venu empêcher les ventes de biens
vacants et d’instaurer un contrôle des transactions intervenues au lendemain de l’indépendance. A
travers ce décret les pouvoirs ont :
1 Grigori LAZAREV, « Autogestion agricole en Algérie », Institut d’Etude du Développement Economique et Social de l'Université de Paris, 1965,
p.18.
46
1. Interdit toute transaction, vente, location, affermage, amodiation de biens
mobiliers et immobiliers vacants. Les contrats passés depuis le 1 er juillet
1962 ainsi que tous les actes de vente conclus à l’étranger après le 1 er
juillet 1962 sont déclarés nuls et non avenus.
2. Les actes de vente ne portant pas sur des biens vacants intervenus depuis
le 1er juillet 1962 pouvaient être révisés quant aux prix ou annulés purement
et simplement par les autorités préfectorales pour des raisons de bonne
gestion ou des considérations de spéculation.
Deux autres décrets en date des 18 et 22 mars 1963 constituent les textes
fondamentaux en matière de réglementation des biens vacants.
Ce même décret du 18 mars 1963 porte création d’un Office National de la Réforme
Agraire (O.N.R.A).
Cet Office est chargé d’organiser la gestion des fermes abandonnées par leurs
propriétaires et plus généralement de réaliser le programme de réforme agraire du Gouvernement.
Nous développerons ces organes dans le point (2) relatif à la capacité de gérer les
moyens de production.
1 Amar ALOUI, « Propriété et régime foncier en Algérie », Houma éditions, Alger 2008, p.71.
47
Dans chaque commune, il est créé un Conseil communal d’animation de
l’autogestion, composé des présidents de comité de gestion, d’un représentant du parti, de l’Union
Générale des Travailleurs algériens (UGTA), de l’armée nationale populaire (ANP) et des autorités
administratives de la commune.
Il importe de savoir que le 29 mars 1963, dans une allocution, le Président Ben
Bella déclarait :
Donc, c’est le début d’une expérience originale, à la fois en retrait et plus engagée
que son modèle yougoslave.
En Algérie, l’autogestion agricole n’est pas paysanne mais d’emblée ouvrière et les
formules adoptées sont celles que la Yougoslavie a réservées aux entreprises industrielles.
En retrait par ailleurs, car l’Algérie restreint la coopérative sur le point essentiel du
Directeur ; celui-ci n’est pas nommé par les coopérateurs, rémunéré par l’entreprise, comme en
Yougoslavie, mais nommé et rémunéré par l’Etat.
1 Le Président BEN BELLA, fut le premier Président de la République Algérienne Démocratique et populaire après l’indépendance
48
En dehors des décrets de mars 1963, d’autres textes sont intervenus et ont eu pour
but de faire entrer dans le patrimoine de l’Etat, des biens qui n’étaient pas vacants, ce sont :
le décret n°63-168 du 9 mai 1963 relatif à la mise sous protection de l’Etat des
biens mobiliers et immobiliers dont le mode d’acquisition, de gestion,
d’exploitation ou d’utilisation est susceptible de troubler l’ordre public ou la paix
sociale.
Toutes ces mesures ont eu pour résultat de faire entrer dans le patrimoine de la
collectivité nationale une masse considérable de bien-fonds parmi lesquels les terres agricoles
tenaient une place prépondérante puisque 2.700.000 ha de bonnes terres possédées jadis par les
colons ont été érigées en exploitations agricoles autogérées.
Dans ses principes, l’autogestion signifie que les travailleurs exercent un droit de
propriété réel sur les moyens de production. Cela veut dire d’abord qu’ils disposent de la capacité de
les affecter aux usages qu’ils choisissent (le choix n’étant jamais absolument libre, étant toujours
limité soit par les forces du marché dans une économie libérale, soit par les contraintes de la
planification dans une économie planifiée).
Cela veut dire que les travailleurs possèdent la capacité d’affecter les produits de
leur travail aux usages qu’ils désirent : consommation individuelle, consommation collective,
investissement, etc.
1 Ordonnance n° 66-102 du 6 mai 1966, Journal Officiel de la République Algérienne n° 36 du 6 mai1966. P.344.
2 A. BENACHENHOU, « régime des terres et structures agraires au Maghreb », éditions populaires de l'Armée Nationale, Alger, 1970, p. 109.
49
§ 2. La capacité d’affecter et de gérer les moyens de production
En outre, l’AG élit les membres du conseil des travailleurs et ceux du comité de
gestion.
Par ailleurs, le Président du comité de gestion, élu au deuxième degré par les
travailleurs, contresigne les pièces d’engagement financier et les paiements.
Ainsi, soit directement, soit indirectement par leurs représentants élus, les
travailleurs ont les plus larges pouvoirs d’affectation des moyens de production. Ils décident de ce
qu’il faut produire, comment produire, avec quelles techniques et quels matériels.
Mais les textes de mars 1963, après avoir donné d’une main aux travailleurs le
pouvoir d’affectation des moyens de production, les leur retirent d’une autre en conférant au
directeur nommé par l’administration de tutelle et représentant de l’Etat, des prérogatives qui
peuvent empêcher les travailleurs d’exercer les leurs.
Le directeur en effet, bien qu’il ait pour rôle d’exécuter les décisions des travailleurs
puisque la réglementation le charge de veiller à la légalité des opérations économiques et
financières de l’exploitation agricole, il peut également s’opposer aux plans d’exploitation et de
développement non conformes au plan national, de signer les pièces d’engagement financier et les
ordres de paiements courants, d’établir et de tenir l’inventaire mobilier et immobilier. En outre, le
directeur détermine annuellement le nombre optimum de travailleurs permanents techniquement
nécessaires à l’accomplissement du programme économique de l’exploitation.
Sur le plan de la gestion quotidienne le directeur, bien que ce soit « sous l’autorité
du Président qui assure la marche de l’exploitation, donne, seul, les ordres de travail.
En cas de conflit entre le directeur et les travailleurs ou leurs représentants élus, les
textes de mars 1963 (en particulier le décret n° 63-95 du 22.03.1963) ne prévoit en explicitement
aucun recours, ce qui peut donc entraîner un blocage de fonctionnement de l’exploitation.
50
Outre les prérogatives du directeur de l’exploitation, la capacité de décision de
travailleurs peut se trouver amoindrie, sinon niée, par le conseil communal d’animation de
l’autogestion créé par le décret n° 63-95 du 22.03.1963 qui coordonne l’activité des entreprises et
exploitations d’autogestion de la commune, ainsi que l’office national de la réforme agraire (ONRA)
crée par le décret n° 63-90 du 18 mars 1963 qui a pour mission d’ organiser la gestion des fermes
abandonnées par leur propriétaires.
51
L’ordonnance n° 75-42 du 17 juin 1975 modifiant et complétant l’ordonnance n°68-
653 du 30 décembre 1968 relative à l’autogestion dans l’agriculture, semble consacrer l’autonomie
de décisions des exploitations agricoles autogérées puisqu’elle supprime le directeur, représentant
l’Etat. Désormais, le collectif des travailleurs peut recruter tout technicien de la production et de la
gestion nécessaire au fonctionnement de l’exploitation. En outre, l’Etat met à la disposition du
collectif un (01) technicien qualifié, chargé d’assister le Président dans la mise en œuvre de
l’exécution des tâches techniques.
Sur ce plan, la liberté de décision des producteurs a toujours été en cause non
seulement par les dispositions réglementaires de répartition comptable, mais aussi par la
réglementation en matière de détermination de normes de travail et de frais culturaux, en matière de
prix à la production, par les formes imposées de commercialisation et par l’obligation (planifiée) de
faire certaines cultures.
1 Saliha Hamadi, les réformes agraires, la question foncière, Thèse d'Ingéniorat d'Etat en Agronomie, Université de Blida. 25
52
A quelques modifications prés (par exemple suppression des prestations à la
collectivité nationale et institution d’un versement au profit des collectivités locales décidées par
l’ordonnance n° 75-42 du 17 juin 1975), ces deux dispositions restent les mêmes jusqu’en 1987.
En ce qui concerne les prix des produits agricoles, le décret n° 69-19 du 15 février
1969 stipule qu’ils sont fixés par le Ministère de l’agriculture pour leur livraison aux organismes de
commercialisation officiels. Le même décret confie au Ministère de l’agriculture les prérogatives de
déterminer les normes de frais culturaux, et les normes de travail et de fixer les barèmes d’avances
sur revenu, autant de moyen pour restreindre la liberté des autogestionnaires de répartir le produit
de leur travail.
La contradiction des textes est telle, qu’à la limite, ils ne peuvent décider et exécuter
quelque chose que dans la mesure où une autorité extérieure n’y voyait pas d’inconvénient. En fait,
les collectifs ne peuvent défendre leur autonomie de formation et d’information pour contenter les
décisions qui viennent d’en haut. Les textes de l’autogestion, en effet, permettent aussi bien une
forte autonomie des exploitations qu’une forte soumission de celle-ci à la valoriser d’agents
extérieurs. Il n’est donc pas étonnant que ce soit dans les faits qu’apparaîtront les caractéristiques
autogestionnaires ou non de la forme d’organisation de l’agriculture mise en place sur les terres
coloniales au lendemain de l’indépendance.
Ces entreprises ont, de plein droit, la personnalité morale de droit privé ; ce qui en
d’autre terme signifie qu’elles, n’ont ni prérogatives de puissance publique ni obligatoirement de
service public et qu’elles sont régies par le droit privé, sauf particularité spécifique renforçant
l’intervention et le contrôle de l’Etat et son démembrement.
53
Cette stipulation est d’importance dans la mesure où elle situe le secteur autogéré
dans un cadre bien plus défavorable que le secteur privé, puisque juridiquement le premier, en plus
des droits et obligations légaux qui pèsent sur le second, doit subir des contraintes spéciales. En
échange de ces contraintes supplémentaires, les biens vacants échappent à toute poursuite ou voie
d’exécution à raison d’obligations antérieures à la déclaration de vacance.
Le premier octobre 1963 la notion bien vacant, de même que les critères quelque
peu imprécis qui la déterminent, laisse place à un concept nouveau ( biens de l’Etat) déterminé de
façon plus rigoureuse : toutes les terres appartenant aux personnes physiques ou morales qui ne
jouissent pas de la nationalité algérienne sont déclarées biens de l’Etat.
Dans ce domaine, le débat reste ouvert et les réformes de 1966 et 1969 n’ont
apporté aucune innovation.
1 Décret n° 69-120 du 18 août 1969 portant statut des coopératives agricoles de production d’anciens moudjahidines.
54
La propriété d’Etat qui se définit comme la propriété détenue par la collectivité
nationale à travers l’Etat qui est l’émanation de cette collectivité, représente la forme la plus élevée
de la propriété sociale. Par contre, les formes de gestion qui s’appliquent au patrimoine de la
collectivité nationale, qu’il s’agisse des entreprises socialistes, des entreprises coopératives ou
autogérées, demeurent des formes évolutives perfectibles et peuvent être : amendées,
perfectionnées ou transformées en fonction de l’expérience des nouveaux objectifs à atteindre du
développement des forces productives de l’élévation de maturité de la conscience sociale des
travailleurs et l’avancement du progrès dans toutes ses formes.
La répartition des superficies des exploitations autogérées, telle qu’elle résulte des
statistiques agricoles arrêtées à la veille des opérations concernant la Révolution Agraire, indique
qu’il existe 106 domaines de moins de 100 ha, 479 ayant de 100 à 500 ha, 634 ayant de 500 à 1000
ha, 554 domaines ayant de 1000 à 2000 ha et 221 domaines ayant de plus de 2000 ha soit 1994
domaines pour 2.300,000 ha.
L’écart d’une source à l’autre pouvant atteindre quelque 100.000 ha, ce qui est loin
d’être négligeable et qui peut s’expliquer aussi bien par l’inefficacité relative du système statistique
de recensement que par les efforts de pratiques plus ou moins maîtrisables, plus ou moins
analysées et qui concerne l’usage irrégulier par le secteur privé et la récupération partielle ou
périodique de parcelles marginalisées appartenant au secteur autogéré.
55
Cette tâche est rendue particulièrement difficile par l’absence des documents
nécessaires, les colons ayant gardé leurs titres de propriétés pour d’éventuelles indemnisation, par
des empiétements du secteur privé sur le secteur autogéré, par l’accaparement des terres dites
marginales relevant des propriétés en autogestion et indûment exploitées par des paysans privés ;
par l’annulation justifiée ou de convenance des mesures de nationalisation des propriétés
appartenant à des algériens ; enfin par l’affectation de parcelles du secteur autogéré aux activités
non agricoles du secteur public.
Cette dernière constitue l’un des plus grands dangers qui menace l’assiette foncière
du secteur autogéré, surtout pour les parcelles situées à proximité de zones urbaines, parcelles
spécialement convoitées pour constituer les fonds des zones industrielles et des zones d’extension
des périmètres urbains.
En effet, il est plus facile d’extraire, par simple arrêté ministériel, une parcelle d’un
domaine autogéré et de la concéder, sans frais, à tel ou tel ministère, société nationale ou
collectivité locale, pour l’implantation de tel ou tel complexe que de recourir à des moyens judiciaires
et à des frais financiers, pour l’expropriation de propriétaires privés quand bien même les terrains
privés seraient moins fertiles et de meilleure vocation pour les opérations considérées. Il est clair
dans ces conditions que la réalisation de l’ambitieux programme d’industrialisation ainsi que la
totalité des zones de développement se traduiront par une perte de plusieurs dizaines de milliers
d’hectares du secteur de l’autogestion.
56
A. Le rôle de la tutelle administrative
Ce jeu devait consister à n’intervenir dans la marche des exploitations que le moins
possible, en laissant la responsabilité pleine et entière aux collectifs de travailleurs pour résoudre
leurs problèmes internes et externes. Il signifiait donc l’effacement de la tutelle administrative qu’une
tutelle jouant un rôle d’éducation et de conseil. A quoi cela est-il dû ? La réponse à cette question se
trouve dans la conviction des élites administratives et politiques au pouvoir de l’incapacité des
paysans à faire fonctionner de façon moderne les fermes; jouer réellement le jeu de l’autogestion
signifiait pour ces élites renoncer au contrôle politique des travailleurs ayant en charge ce secteur,
travailleurs qui n’auraient pas manqué de mettre en cause le pouvoir de la bureaucratie grâce au
poids économiques qu’ils auraient eu.
Cette attitude paternaliste vis-à-vis du peuple et des paysans n’exclut pas aussi la
défense des intérêts individuels bien compris de la bureaucratie, dont les différents échelons
bénéficient directement ou indirectement de la main mise sur les ex-domaines coloniaux. La gestion
directe des domaines permet aux membres de la bureaucratie décentralisée (wilaya, daïra,
commune) d’avoir de multiples avantages matériels et symboliques. Quant à la bureaucratie centrale
(Ministère et Directions agricoles et para agricoles), la gestion étroite du secteur agricole d’Etat
justifie, légalise son existence face aux bureaucraties des autres ministères.
C’est au nom du secteur autogéré qu’elle réclame toujours plus de fonds à gérer,
plus de moyens à mettre en œuvre, plus de facilités pour elle-même.
On peut se poser la question afin de savoir pourquoi les domaines autogérés n’ont
pas été au bout de quelques années de déficit, transformés pour devenir juridiquement ce qu’ils
étaient presque en fait : des fermes d’Etat.
D’autant plus qu’un certain nombre de travailleurs n’avaient pas été hostiles à cette
idée. Cela n’a pas été fait probablement pour deux raisons complémentaires. La première réside
dans le prestige idéologique de l’autogestion agricole algérienne : image de marque que le pouvoir
politique ne pouvait pas, ne voulait pas, jeter aux orties, tout au moins tant que la rente pétrolière
permettait de subventionner l’agriculture et d’importer des aliments.
57
§ 2. Le désintéressement des travailleurs et l’absence de cohérence interne des
collectifs de travailleurs
Si l’autogestion n’a pas fonctionné, c’est parce que les principaux intéressés, les
autogestionnaires, n’ont pas pu se mobiliser de façon massive pour sa défense. A cela on peut
trouver plusieurs raisons :
B. L’absence de cohérence
L’absence de cohérence interne du collectif fut une autre des causes principales de
l’échec de l’autogestion agricole. Dès le départ, les collectifs de travailleurs furent constitués de
personnes venant de « pays » différents. On mélange souvent les anciens ouvriers permanents à
des travailleurs saisonniers venant de différentes régions, aux anciens maquisards. Le
regroupement autoritaire des fermes coloniales en domaines de grandes dimensions (on passe de
22.000 fermes à 2000 domaines autogérés) dès les débuts de l’autogestion ajouta la confusion en
mettant en présence dans le même collectif de trop nombreux travailleurs et, de surcroît,
appartenant à des regroupements sociaux différents, très vite. Les solidarités familiales, claniques
voire tribales, empêchèrent d’élaborer la solidarité autogestionnaire naissante.
Le syndicalisme paysan fut très rapidement pris en main et devient dans le cadre du
parti unique la traditionnelle courroie de transmission, rejetant son rôle revendicatif, ouvriériste, au
profit de son rôle d’éducation technique et politique de la classe ouvrière.
58
Remarques
Pour conclure ce chapitre, il importe de signaler que le secteur autogéré était loin de
jouer le rôle moteur de l’agriculture, qui lui revient de par la situation des terres et des moyens
humains, organisationnels, techniques et financiers dont il dispose. Il faut souligner que l’autogestion
implique plus que les autres formes de gestion, un niveau élevé de conscience politique en
générale, et professionnel en particulier des travailleurs.
Au début les ouvriers ont réellement cru en l’autogestion, mais les espoirs furent
tous effacés quand l’autogestionnaire se transforma en simple ouvrier salarié n’ayant aucune
relation avec le résultat de l’entreprise.
Après des années, on s’est rendu compte que l’autogestion n’a pas été appliquée,
et par voie de conséquence que ce n’était pas le système qui était condamnable mais la façon dont il
était confié et appliqué en Algérie.
En 1972, avec l’adoption des textes de la révolution agraire qui tendaient à extraire
l’autogestion du champ d’application de ladite révolution a créée une juxtaposition privée et la
coopération avec ses nombreux sous modèles.
Nous approfondissons notre analyse dans le chapitre qui suit relatif à la Révolution
Agraire.
59
Chapitre II : La révolution agraire
C’est dans une logique économique que la restructuration des terres engagées par
la réforme trouve sa première justification. L’évaluation du revenu des paysans passe par le
regroupement des exploitations existantes : il faut donner à celles-ci une dimension qui permet aux
producteurs de dépasser le stade de s’inscrire dans les circuits économiques nationaux naissants.
Elle ne vise pas à détruire une classe dominante de grands propriétaires fonciers,
puisque cet objectif a été atteint par la guerre de libération nationale et la nationalisation des terres
coloniales.
2 Ripault MEGERAND, « Les problèmes agraires au Maghreb, les villages socialistes en Algérie » C.N.R.S, Paris 1977, p. 185.
60
« A moyen et long terme, le rôle économique de la révolution agraire peut être
important : elle peut déboucher sur la mise en œuvre d’une politique globale de mise en valeur agro-
pastorale, qui liquide définitivement les systèmes de culture appauvrissants de l’ancien secteur
colonial, restaure les équilibres et les complémentarités entre les diverses spéculations et les
diverses régions naturelles, reconstitue les forêts et les sols détruits par l’érosion. Au prix
d’importants efforts scientifiques, techniques et organisationnels, l’agriculture algérienne, pourrait
accroître notablement sa production, faire face aux besoins du pays en produits alimentaires, et
devenir un partenaire économique important pour le secteur industriel, le bâtiment et les travaux
publics »1.
C'est-à-dire qu’elle doit avant tout mettre fin à l’absentéisme, qui tend à sous utiliser
ces terres.
La révolution agraire doit avant tout éliminer toutes formes d’absentéisme : celui-ci,
est en effet, à l’origine de l’abandon des terres ou de leur mise en valeur insuffisante et provoque
des transferts abusifs de revenus de la campagne vers la ville. Partant de ce principe : la terre à
ceux qui la travaillent, sont considérés comme absentéistes tous les propriétaires qui ne travaillent
pas personnellement leurs terres.
A cet effet, « les terres des propriétaires absentéistes, ainsi que les moyens de
production qui leurs y sont attachés seront nationalisés et leur exploitation confiée aux travailleurs
qui s’y trouvent et aux paysans sans terre qui vivent dans la même commune.
Donc l’exploitation personnelle et directe est, dès lors, le critère essentiel à partir
duquel est saisi l’absentéisme.
1 Marc OLIVIER, « Les problèmes agraires au Maghreb », C.N.R.S, Paris 1977, p.112
61
L’exploitation directe et personnelle de la terre consiste, pour un propriétaire donné,
dans le fait de la travailler seul avec le concours de ses parents en ligne directe, de faire profession
de son activité agricole et de vivre essentiellement du produit de cette seule activité »1.
« La révolution agraire a été motivée par les aspirations fondamentales des masses
les plus démunies au progrès, au sens large du terme ; aspirations qui ont, au demeurant, animé
dans une large mesure le combat séculaire de la paysannerie algérienne contre le colonialisme
implique au-delà des préoccupations de justice sociale ; la transformation radicale des conditions de
vie et de travail dans le monde rural.
« L’Etat algérien se devait d’être fort avant d’assumer une politique aussi
controversée que la R.A. Du point de vue des tenants de l’appareil d’Etat, il y avait donc les
préalables nécessaires tant au plan politique, administratif, qu’économique »3.
Dès cette étape préalable, le projet de réforme agraire révèle son principal objectif :
s’assurer le contrôle social de l’ensemble du monde paysan.
1 El Hadi CHALABI, « Les Nationalisations des terres dans la Révolution Agraire », O.P.U, p. 196. Alger 1984 P. 196.
2 R. BENKREIF, Structures foncières et contraintes d'intensification dans le secteur autogéré en Algérie, Université de Nancy 1, 1981, p.20.
3 François BURGAT et Michel NANCY, « Les villages socialistes de la révolution agraire algérienne (1972-1982) », C.N.R.S. France 1984, p. 48
62
Les enquêtes officielles faites à la veille de l’application de la révolution agraire,
indiquent que la céréaliculture occupe 96% des surfaces cultivées du secteur privé et qu’il faut en
moyenne une superficie de 10ha au minimum pour occuper un homme et nourrir modestement une
famille. Dans ces conditions, c’est donc 323.300 exploitants sur 583.900, soit plus de la moitié, qui
se retrouvent au-dessous du minimum vital. A cela on ajoute les aides familiales et les paysans sans
terre, soit environ 600.000 personnes en plus. Dans cette situation très précaire de la paysannerie,
la révolution agraire entend apporter des solutions aux paysans en commençant par opérer une
réforme au niveau des structures de ce secteur qui constituent le blocage principal au
développement.
A. La première phase
Les différentes étapes qui ont jalonné l’application de cette importante opération,
née le 8 novembre 1971 jour de la signature de l’ordonnance portant révolution agraire sont :
63
Ces étapes ont constituées la première phase qui a consisté à recenser à distribuer
les terres relevant d’une façon directe ou indirecte du secteur public, c'est-à-dire les terres
communales, domaniales et Arch.
B. La deuxième phase
La seconde phase, quant à elle, a consisté à recenser les terres du secteur privé
ainsi que leurs exploitants. Au terme de ce recensement et compte tenu de la nature du sol, de la
surface et du nombre des membres des familles exploitantes, une limitation de la grosse propriété
privée a été opérée ainsi que la nationalisation des « absentéistes », c'est-à-dire des terres des
propriétaires non exploitants et pour que l’agriculture constitue une activité secondaire.
Dans le but de régler les litiges qui pourraient survenir, on a créé des commissions
de recours au niveau de chaque wilaya ainsi qu’une commission de recours national.
En s’inscrivant comme objectif fondamental, qui plus est prioritaire dans la mesure
où le secteur agricole est humainement et économiquement prédominant de la révolution socialiste,
la révolution agraire ne peut pas intégrer la quantification de ses buts, de ces moyens et de ses
effets dans une planification socialiste ; la révolution agraire préconise des opérations dites de
réformes foncières et agraires tout en donnant un fondement adéquat à leur contenu.
64
Par opposition à la plupart des autres expériences de la révolution socialiste, le
contexte historique de libération de l’Algérie a démontré le rôle prédominant qu’ont joué les
travailleurs des campagnes dans la lutte armée et que sont appelés à assurer légitiment ces mêmes
travailleurs dans la phase de l’édification de la société socialiste. A cette fin, il est important de
souligner avec force que c’est là une des pierres d’achoppement qui risque de faire dévier le
système, au cas où cette masse n’est pas mobilisée en vue de sauvegarder les intérêts
fondamentaux d’une authentique révolution socialiste menacée dans le contexte de l’Algérie par la
dislocation systématique de l’appareil du parti et la prolifération cancéreuse de la suite : de la
démobilisation organisée et réussie des travailleurs de l’autogestion : il est à craindre que le
regroupement, pourtant fort souhaitable, des bénéficiaires de la révolution agraire, dans le cadre des
groupements pré coopératifs ou coopératifs ne serve en dernier ressort, les intérêts de la
bureaucratie déjà fortement implantée dans l’autogestion. Dans pareilles conditions, l’exploitation de
l’homme par l’Etat et de ses démembrements remplacera, purement et simplement, l’exploitation de
l’homme par l’homme.
La politique mise en œuvre dans ce but consiste dans la création de mille villages
ruraux avant 1980. Les grandes orientations concernant ces villages de la Révolution Agraire sont
données en juillet 1972. Très vite, l’opération dépasse le cadre proprement dit de la Révolution
Agraire et affirme son caractère politique global en prenant le nom de villages socialistes. Ce thème
occupe une place importante dans la vie du pays. Les mass-médias en parlent presque
quotidiennement et rares sont les discours officiels qui n’y font pas allusion.
Par des opérations inscrites dans le cadre de la révolution agraire et des plans de
développement du secteur agricole et intéressant la défense et la restauration des vols, l’équipement
pour l’irrigation, la formation professionnelle, l’octroi de crédit, l’instauration des coopératives
polyvalentes de services, la distribution des engrais, des graines et plantes sectionnées, le fellah
devrait voir sa production s’accroître notablement, ce qui à terme signifie sur le plan macro
économique une production agricole capable de satisfaire les demandes nationales des ménages et
des industries. Sur un autre plan, le secteur agricole devrait être à même d’assurer au secteur
industriel un débauché pour sa production.
65
En effet c’est dans ces villages qui doivent accueillir non seulement les attributaires
de la révolution agraire au sens limitatif de l’expérience algérienne, mais également les travailleurs
du secteur autogéré et même les propriétaires exploitants, que doit prendre naissance la prise de
conscience du pouvoir de la classe unis par leurs intérêts commun mais également, par leur
obligation à l’égard de la collectivité nationale.
Les villages de la révolution agraire dont les maisons devront être construites
principalement par les résidents et selon une localisation, une typologie et des plans compatibles
avec le comportement et les traditions de la société rurale algérienne devraient réunir toutes les
conditions de viabilité : eau courante, électricité et gaz. Ils devraient être pourvus d’écoles, de
centres sanitaires polyvalents, de coopératives de consommation et de foyers culturels spécifiques à
la politique, au syndicalisme, à la jeunesse, aux femmes, aux sports et aux loisirs.
C’est dans ces villages que le paysan prendra conscience de son appartenance à
une classe bien définie, aux intérêts bien déterminés, et qui a pour l’instant, la très lourde tâche de
veiller à l’authenticité de la révolution socialiste en cours.
C’est là qu’il prendra conscience, qu’il est partie intégrante d’une classe de
travailleurs de la terre et qu’il doit assumer une tâche importante dans la consolidation et dans le
développement de la révolution socialiste dont il aura compris des tenants et aboutissants, et dont il
se considérera comme un défenseur acharné.
66
§ 1. La récupération des terres des collectivités publiques
Un rapprochement peut être fait avec le niveau national où l’on note seulement
600.000ha environ classés dans la S.A.U, sur les 1.730.240 ha versés au FNRA lors de la première
phase.
Si l’on considère que les terres des collectivités publiques à forte valeur
agricole étaient au commencement contrôlées pour leur grande majorité par des gros propriétaires
fonciers ou des exploitants riches, l’on peut dire qu’un progrès réel a été réalisé.
La révolution agraire n’abolit pas la propriété privée des moyens de production, mais
elle supprime l’exploitation de l’homme par l’homme ; c’est ainsi que la révolution agraire,
notamment par la limitation de la propriété privée, assure la mise en place de conditions de travail de
la terre conformes à la justice sociale.
Pour compléter son action elle se doit aussi d’organiser, de préparer, d’inciter,
d’aider l’exploitation agricole privée à assurer sa part de l’effort collectif de développement
économique et social.
1 Jean Pierre GUIN, « les institutions agricoles algériennes », Marseille 1974, centre national de la recherche scientifique C.N.R.S, Paris 1974 p.
32.
67
Par la suite, sans remettre en cause les principes juridiques de base en matière
d’héritage, la révolution agraire aménagera cependant, les successions, de telle sorte qu’elles
n’aboutissent plus à la constitution de micro-exploitation qui ne se développe pas.
Ainsi réorganisée, l’exploitation privée pourra insérer son activité dans le cadre de
l’effort national de développement et bénéficier de ses fruits. L’aide technique et financière de l’Etat
lui est acquise comme aux autres exploitations, ainsi d’ailleurs que le bénéfice de toutes les mesures
destinées à améliorer les revenus des producteurs agricoles.
Il importe de signaler que c’est officiellement, dès l’été 1973 que sont lancées les
opérations de récupération et d’affectation des terres privées agricoles et à vocation agricoles.
C’est la forme coopérative qui occupe la place de choix. L’affectation des terres
devait être assortie de conditions ayant trait notamment à leur mode d’affectation ou de mise en
valeur. Le choix d’affectataires devant se faire également selon deux critères essentiels.
68
§ 1. L’état des attributions des terres
Plus qu’ailleurs, les chiffres différents d’une source à l’autre. Le dernier bilan
communiqué par la CNRA fait état de 90.771 attributaires installés au 31.12.1978.
§ 2. Le phénomène du désistement
Les bilans des attributions font ressortir dés les années 1973/1974 les difficultés
rencontrées pour constituer des collectifs de travailleurs dans les coopératives, à attribuer toutes les
terres récupérées et versées au FNRA et à bloquer le phénomène du désistement des bénéficiaires
qui commençait à se développer ; ce phénomène a un caractère national, au début de la
campagne 1974/1975, l’on avait enregistré plus de 7200 désistements d’attributions à travers le
territoire national, représentant globalement 11% du total des attributaires de la révolution agraire.
Tous les paysans qui se désistent ou qui refusent de se porter candidats à une
attribution de terre n’ont cependant pas quitté le secteur agricole. Cette situation peut être expliquée
à partir des modalités de réalisation appropriée de rentes différentielles qui s’effectuent dans le
secteur agricole.
69
Les grands propriétaires se sont employés à gêner la mise en œuvre des
nationalisations. A cet égard, différents procédés ont été utilisés pour leur permettre de ne pas être
nationalisés. Trop souvent on fit appel aux droits des femmes pour échapper aux opérations de
limitation et nationalisation des terres. Car il est fort probable, vu l’exclusion de fait des femmes du
droit de propriété, qu’une partie d’entre elles ne soient que des prête-noms qui permettent ainsi aux
propriétaires effectifs de dissimuler la taille réelle de leurs propriétés.
En effet, en dépit du droit islamique qui reconnaît à la femme une part de l’héritage,
le droit coutumier, lui, partant du principe que le patrimoine familial est indivis, considère que la
femme est sous tutelle familiale. De plus, la propriété et l’usage de la terre étaient dans la
conception « transmissibles à ceux qui la travaille, ce qui exclut les femmes ». La propriété féminine
peut être exploitée par son conjoint ou un membre de sa famille ou encore par toute autre personne
si cela constitue l’essentiel de ses sources.
Il est vrai que prendre des mesures réformant cette partie de la structure ne ferait
qu’affecter des centaines de milliers de personnes en Algérie. Par exemple, dans les hautes plaines
orientales, sur 2.200 propriétaires de moins de 5 hectares, au moins la moitié d’entre eux sont des
absentéistes. Il peut donc paraître plus sage de laisser les mécanismes du marché effectuer ce
remembrement, mais le gel des transactions foncières, décidé avec la promulgation des textes de
1971, a empêché un tel mouvement.
Pour clore ce chapitre, nous faisons remarquer que la révolution agraire, projet
prodigieux dans sa conception de longue haleine, n’a pas atteint ses objectifs initiaux fixés dans les
divers domaines.
70
Mieux encore certaines opérations ont été remises en cause dans certaines
wilayates où les instances concernées se sont révélées quelque peu tièdes quant à l’application de
la révolution agraire ; les commissions de recours outre passant parfois leurs prérogatives, ont
donné suite aux contestations et protestations élevées par les propriétaires fonciers touchés par la
limitation des grandes propriétés et des nationalisations pour causes diverses.
L’optique adoptée pour les coopératives de la révolution agraire est celle d’une très
large autonomie de gestion. Insérés dans un cadre d’association libre et démocratique, les
coopérateurs doivent d’emblée se sentir concernés par la gestion quotidienne de leur entreprise et
disposer à cet effet de tous les pouvoirs de décision.
La constitution des coopératives ne peut aboutir à des résultats concrets que sur la
base d’une adhésion volontaire.
En tout état de cause, les coopératives agricoles, quelle que soit la qualité de leurs
adhérents, sont des organismes non étatiques, bénéficiant d’une autonomie complète de gestion :
l’ensemble des décisions concernant leur gestion et leur évolution n’appartient qu’aux coopérateurs.
71
§ 1. Le système coopératif après le lancement de la 2ème phase d’application
de la révolution agraire
Les groupements de mise en valeur (GMV : 379 à 9.796 attributaires sur une
surface 99.436,84) représentaient en janvier 1974, 15% des unités constituées et regroupaient le 1/5
des attributaires. Le taux d’occupation en attributaires par rapport aux surfaces reste très élevé.
72
§ 2. La généralisation de mesures de récupération des terres et le
développement du système coopératif de la révolution agraire
Il est constaté d’une part un élargissement radical au plan quantitatif et d’autre part
la « Morphologie » du système apparu durant cette période.
Le nombre tombe à 800 unités en mai 1975, ce qui représente un peu plus de 16%
de l’ensemble des formes de gestion mises en place (contre 28% en janvier 1974). La proportion du
nombre de GMV se rapproche de celle des CAEC (14%) et leur nombre passe de 379 unités (en
janvier 1974) à 680 en mai 1975.
Le nombre de GEP est multiplié par 5 et leur nombre atteint 106 unités en janvier
1975.
Durant la campagne 1975/1976 plus de 400 CAPRA sont créées, et leur taux par
rapport à l’ensemble des formes coopératives et précoopératives atteint 70,4% en août 1976.
En août 1976 leur nombre est de 971 ce qui représente 16,7% de l’ensemble des
coopératives et précoopératives.
On peut donc remarquer une forte inégalité dans la répartition juridique des formes
de gestion l’on constate une forte prédominance de la forme CAPRA qui peut être interprétée
comme le résultat de plusieurs motivations qui se sont superposées lors des attributions.
1 Sources de la BNA (Banque Nationale d'Algérie). Direction financière de l'agriculture 31 mai 1975. Les bilans publiés ne spécifient pas le nombre
d'attributaires et les surfaces par type de coopératives. Ils ne prennent en compte que la surface agricole utile et non la surface total.
73
Section 2 : L’organisation coopérative et précoopérative
Les coopératives et groupements précoopératifs sont administrés par des
mandataires désignés par l’assemblée générale des associés.
§ 1. Les coopératives
Elle est constituée par des attributaires de la Révolution Agraire à titre individuel, en
vue de l’exploitation en commun des terres qui leur sont attribuées et de l’utilisation commune des
autres moyens de production hors de la portée de chacun d’entre eux. Peuvent y adhérer des
paysans et petits paysans dans une proportion de un pour trois attributaires 1.
Elle est constituée par les attributaires de la révolution agraire à titre collectif. Elle
prend la dénomination de coopérative agricole de production de la révolution agraire ; peuvent y
adhérer des attributaires à titre individuel et des petits paysans conformément à son statut type.
1 Article 3, recueil des textes relatifs à la coopération agricole, tirage de 1977 (Ministère de l'Agriculture et de la Réforme Agraire). p. 121
74
C. La coopérative agricole polyvalente communale de services
Elle est constituée par des personnes physiques et morales ayant la gestion d’une
exploitation agricole à quel titre que ce soit, sise dans la circonscription territoriale de la commune :
exploitations agricoles autogérées, coopératives agricoles d’anciens moudjahidine, coopératives
d’exploitation et de production agricoles et groupements précoopératifs, attributaires individuels au
titre de la Révolution Agraire.
75
Le groupement a pour objet de maintenir l’unité économique de la propriété agricole
et de permettre aux indivisaires exploitants directs de poursuivre collectivement son exploitation.
§ 1. Constitution et agrément
L’assemblée générale constitutive doit approuver les statuts, certifier exacte la liste
des souscriptions du capital, éventuellement l’état des versements effectués et procéder à l’élection
des gestionnaires et du commissaire aux comptes, le cas échéant.
76
§ 2. Les sociétaires et le capital
Il est souligné que les membres d’une coopérative ou d’un groupement pré
coopératif ne peuvent appartenir à une autre coopérative ou groupement pré coopératif de même
catégorie.
Le capital social peut être augmenté par l’adhésion de nouveaux membres ou par la
souscription de nouvelles parts décidées par l’assemblée générales des sociétaires.
l’assemblée générale qui est formée par l’ensemble des sociétaires. Elle joue un
grand rôle pour déterminer la politique d’équipement et fixer le plan d’activité de
la coopérative ou du groupement précoopératif. Elle procède aussi à
l’affectation des résultats, elle examine, approuve et rectifie en fin d’exercice, le
bilan et les rapports d’activité.
le conseil de gestion, qui dispose des pouvoirs de gestion et d’administration qui
ne sont pas expressément réservés à l’assemblée générale et au président de
la coopérative ou du groupement coopératif.
le président qui représente la coopérative ou le groupement coopératif en justice
et dans tous les actes de la vie civile ainsi des autorités locales et des
organismes extérieurs à la coopérative ou au groupement précoopératif.
77
le Directeur, le cas échéant qui exerce son autorité sur l’ensemble du personnel
salarié lorsque la coopérative ou le groupement précoopératif a la faculté
d’utiliser un tel personnel ; il est responsable de la bonne tenue de tous les
documents comptables, il assure ainsi le secrétariat des réunions de
l’assemblée générale et du conseil de gestion.
Les pouvoirs publics ont mis fin à l’expérience CAPRA ; les coopératives agricoles
de production de la révolution agricole.
La dissolution des CAPRA a été prononcée sans qu’un bilan précis n’ait été dressé.
Si la structure coopérative semble paraître déboucher sur un bilan négatif, il est indispensable
cependant de la considérer comme une expérience permettant une réflexion critique sur l’ensemble
des perspectives de mise en valeur de l’espace steppique. Il est, en effet, important que l’expérience
coopérative, livre toutes ses contradictions pour déboucher sur un programme qui ne mette pas
unilatéralement en question, le système traditionnel de production.
78
TITRE II : LA FIN DU SYSTÈME COLLECTIVISTE DES TERRES AGRICOLES POUR UNE
LIBÉRALISATION FONCIÈRE
Il est à souligner que le système juridique algérien fortement marqué par une
idéologie sinon collectiviste du moins étatiste, n’a pu se départir et pour longtemps des effets des
législations adoptées. Le processus de changement nécessairement lent, se réalise par touches
successives faisant apparaître à chaque étape les contradictions des processus antérieurs. Il en est
ainsi du régime foncier qui porte l’empreinte d’un droit, faisant une large part à l’Etat à travers les
différentes législations qui visaient à mettre en place des institutions dominées par l’approche
collectiviste mais dans le même temps le système ayant atteint ses limites, de nouvelles approches
se sont faites jour et tendent à se démarquer des conceptions antérieures de la propriété.
D’ailleurs, la loi n° 90-25 intervenue bien plus tard n’a pas pu remettre en question
de façon manifeste le droit de propriété de l’Etat2.
Sans oublier la concession des terres du domaine privé de l’Etat qui ne peut offrir
des garanties certaines pour les agriculteurs afin qu’ils puissent investir sans ambiguïté.
Nous allons essayer de détailler ces points dans les chapitres d’après.
Dans ce chapitre nous allons évoquer la loi n° 83-18 du 13 août 1983 relative à
l’accession à la propriété foncière agricole (APFA).
Cette loi fait partie des premières tentatives de changement opérées par les
pouvoirs publics après la mort du Président feu Houari Boumediene.
1 Mohamed KHIATI, « L'agriculture algérienne, de l'ère précoloniale aux réformes libérales actuelles », A.N.E.P, Alger 2008 p. 165.
2 A.N.E.P "Rapport n°2 relatif à l'analyse diagnostic de la situation actuelle et orientations pour la définition d'une politique foncière, Bureau National
d'Etudes pour le Développement Rural B.N.E.D.E.R Alger juin 1998, p.132.
79
« A cette époque, le discours officiel continuait à revendiquer les choix et les options
politiques, idéologiques et économiques mis en place depuis l’indépendance et que la constitution
de 1976 a consacré comme choix irréversibles, notamment l’option socialiste et la prédominance de
la propriété publique dans l’économie nationale.
En réalité ceci n’est vrai que pour la période antérieure à 1980, période pendant
laquelle les pouvoirs publics se sont attelés à renforcer l’hégémonie de la propriété d’Etat au
détriment de la propriété privée réduite à sa plus petite expression. Des instruments juridiques ont
été mises en place pour faciliter l’étatisation des biens privés, il s’agit notamment de la
réglementation relative aux biens vacants et à l’autogestion, à la mise sous protection de l’Etat, à la
nationalisation, à l’application de la révolution agraire, l’intégration dans les réserves foncières
communales et enfin l’expropriation pour cause d’utilité publique »1. (1)
L’accession à la propriété par la mise en valeur porte sur des terres relevant du
domaine public situées en zone saharienne ou présentant des caractéristiques similaires, ainsi que
sur les terres non affectées relevant du domaine public et susceptibles d’être utilisées, après mise
en valeur pour l’agriculture.
Les wilayas sahariennes ont réalisé les meilleurs résultats avec 85% du total des
superficies distribuées ; la palme revient à la wilaya d’Adrar qui a permis à 731 candidats de
disposer de 2.516 hectares sur les 5.854 hectares recensés ; Laghouat vient en deuxième position
avec 1.684 hectares sur 5.900 hectares remis aux 340 bénéficiaires.
« La mise en valeur est une opération d’ensemble qu’il faut intégrer dans le cadre
de l’agronomie saharienne »2.
1 Leïla ZERROUGUI, « Le foncier agraire » ; Tome 1, 2ème édition, Office National des Travaux Educatifs, Alger 2001, p. 117 bis.
80
Les collectivités locales délimitent après avis des services de l’agriculture et de
l’hydraulique, les périmètres dans lesquels se trouvent les terres destinées à l’acquisition par la mise
en valeur.
Donc, le candidat est tenu de présenter un programme de mise en valeur qui doit
être accepté par les autorités habilitées, la cession se fait au dinar symbolique avec une clause
résolutoire.
Par contre, ce qui mérite d’être souligné, ce sont les conséquences du silence gardé
par les autorités et qui à l’expiration du terme de 3 mois à compter du dépôt du dossier constitue un
accord tacite : le Président d’APC doit délivrer une attestation reconnaissant la qualité de
propriétaire au candidat.
En effet, un dossier non-conforme peut être accepté sous prétexte qu’il n’a pas été
étudié à temps. Mais plus aberrant encore, la délivrance d’une attestation reconnaissant la qualité de
propriétaire au postulant par le président d’APC qu’il n’est habilité par aucune disposition légale à
céder une parcelle de terre relevant du domaine de l’Etat, la qualité de propriétaire d’un droit réel
immobilier ne peut être reconnue qu’en présence d’un acte authentique émanant du propriétaire ou
de son mandataire et publié à la conservation foncière.
1 Article 9 : de la loi n° 83-18 du 13 août 1983 relative à l'Accession à la Propriété Foncière Agricole (APFA), J.O.R.A.D.P n° 34 du 16 août 1983, p.
1373.
81
Le propriétaire dispose d’un délai de cinq années, sauf cas de force majeure, pour
réaliser son programme de mise en valeur. A l’expiration des cinq années, et en l’absence de cas de
force majeure opposée par le propriétaire, le wali, sur demande du président de l’assemblée
populaire communale (A.P.C.), saisit le juge compétent en vue d’invoquer la condition résolutoire.
1 Décret exécutif n° 83-724 du 10 décembre 1983 fixant les modalités d’application de la loi n° 83-18 du 13 août 1983 relative à l’accession à la
propriété foncière agricole. J.O.R.A.D.P n° 51 du 13 décembre 1983, p. 3046.
82
§ 1. La localisation des terres à l’initiative des collectivités locales
La localisation opérée à l’initiative des collectivités locales porte sur des terres
situées dans et autour des concentrations agricoles existantes ou potentielles, notamment du fait de
la disponibilité de la ressource en eau.
Les plans issus de ces opérations font l’objet d’un affichage au niveau de
l’assemblée populaire communal (APC) concernée1.
la requête du candidat,
la localisation de la ou des parcelles souhaitées ainsi que leur superficie
un plan sommaire, dans le cas des parcelles situées hors périmètres, toutes les
fois où cela est possible.
Un comité technique est désigné pour donner un avis technique sur la faisabilité des
projets de mise en valeur.
L’avis peut être favorable ou assorti de réserves.
L’avis défavorable est obligatoirement motivé.
Le Comité Technique dispose d’un délai maximal d’un mois pour donner son avis.
1 Article 5 du décret n° 83-724 du 10 décembre 1983 fixant les modalités d'application de la loi n° 83-18 du 23 août 1983 relative à l'accession à la
propriété foncière agricole (Recueil des textes) Ministère de l'agriculture et de la pêche (avril 1985).
83
Les dossiers accompagnés de l’avis du comité technique sont transmis à l’APC du
lieu de situation des parcelles pour délibération.
L’APC notifie aux intéressés l’arrêté du Wali dès sa réception ; celui-ci vaut
autorisation d’entreprendre les travaux de mise en valeur.
En tout état de cause, si au terme d’un délai de trois mois à compter du dépôt du
dossier par le candidat, aucun rejet n’était notifié ni l’arrêté intervenu, la demande est réputée
acceptée et reconnaissant la qualité de propriétaire au postulant.
Dans le cas où l’extension est possible, les terres en question devront faire l’objet
d’un découpage en parcelles.
Tout citoyen peut prétendre à l’appropriation d’un lot à mettre en valeur. Cependant,
priorité pourra être reconnue aux exploitants agricoles locaux, et notamment les petits paysans dont
la propriété jouxte la parcelle convoitée.
1 Circulaire interministérielle n° 435 du 18 avril 1984 relative à l'occasion à la propriété foncière par la mise en valeur.
84
B. La mobilisation des moyens
L’extension de la superficie agricole utile est faut-il le rappeler, l’une des attributions
des collectivités locales, lorsque le gain de nouvelles terres porte sur des aires de petite ou moyenne
dimension.
Pour cela certaines collectivités locales, notamment les wilayates disposent déjà
d’un instrument sous forme d’entreprise de wilaya à même de réaliser des études et/ou des travaux
d’aménagement hydro agricoles.
A. Requêtes et récépissés
Les requêtes des candidats à l’attribution d’une terre par le truchement de la mise
en valeur sont formulées sur un document.
B. L’enregistrement
Elle s’effectue, selon le cas, sur l’un des deux registres ouverts spécialement à cet
effet, à savoir :
85
un registre pour les conditions devant être satisfaites à partir de parcelles sises
hors des périmètres affectés à la mise en valeur dénommée registre n°1.
Le registre n°1 est ouvert dès la simple délimitation des périmètres et fixation de
leur liste par arrêté du wali, c'est-à-dire sans atteindre leurs aménagements et
découpage en parcelles.
Le registre n° 2 n’est ouvert qu’à l’issue de la publication, par voie d’arrêté du wali,
de la liste des périmètres et du nombre de parcelles à céder qu’ils comportent.
C. Le dossier de candidature
Il doit être accordé à ce propos une attention particulière aux documents à fournir,
relative :
D. Le droit de recours
86
L’établissement et la délivrance du titre de propriété sont soumis à
l’accomplissement des formalités requises en la matière.
Lorsque au terme d’un délai de trois mois à compter du dépôt du dossier par le
candidat aucun rejet n’est porté à la connaissance de l’intéressé, ni l’arrêté du wali conférant la
qualité de propriétaire intervenu, la demande est réputée acquise.
L’APC est tenu dans ce cas, sur saisine de l’intéressé et présentation du récépissé
du dépôt, de lui délivrer une attestation lui conférant la qualité de propriétaire sur la parcelle
demandée. Il revient à l’APC de saisir le wali en vue d’obtenir arrêté confirmatif.
§ 1. L’instrument de contrôle
Le comité de la mise en valeur des parcelles attribuées relève d’un comité ad-hoc.
C’est le cas généralement des wilayates du sud du pays. En tout état de cause, ledit
comité ayant les mêmes attributions que celles des comités techniques de daïra associera, à ses
travaux, les représentants des APC et de l’UNPA concernés.
Dès que le propriétaire de la parcelle estime avoir rempli ses obligations en matière
de mise en valeur, il saisit l’APC compétente aux fins de levée de la condition résolutoire.
87
En vue de cette requête, le président de l’APC déclenche la procédure de
constatation de la mise en valeur en saisissant le comité ad-hoc.
Le comité ad-hoc dispose pour dresser son constat du dossier du requérant, d’un
délai maximum d’une semaine, à compter de la date de remise du dossier par l’APC.
Le constat de mise en valeur est consacré par un procès-verbal sur les lieux, en
tenant compte particulièrement du programme de mise en valeur proposé par le requérant. Toutefois
ledit programme ne saurait être impératif, la finalité restant de rendre les terres exploitables,
autrement dit productives à des fins agricoles.
Dans le cas où le constat est positif, le président de l’APC saisit dans les 15 jours au
maximum à compter de la réception du rapport de constat, le wali aux fins de levée de la condition
résolutoire.
Si la mise en valeur n’a pas été opérée du fait de causes relevant de la force
majeure dûment appréciée par le comité ad-hoc, un délai supplémentaire est octroyé au propriétaire
par arrêté du wali.
Aucun cas de force majeure n’est opposé par le propriétaire n’a été retenu par le
comité ad-hoc.
Lorsque le lot de terre attribué est d’une superficie supérieure à celle de la parcelle
attribuable dans la zone considérée, et que la fraction mise effectivement en valeur excède la
superficie minimum cessible.
Qu’il s’agisse de biens vacants ou de biens mis sous protection de l’Etat, exploités
au sein d’exploitations agricoles autogérées, de domaine agricoles socialistes, ou de biens du FNRA
exploités sous forme individuelle ou d’exploitation coopérative, la loi du 30 juin 1984 portant loi
domaniale était venue définir le statut de la propriété et lui donner une cohérence qui lui faisait
défaut jusque-là.
88
Section 1 : La constitution des biens vacants
§ 1. L’intervention des pouvoirs publics
Soucieux de préserver les terres abandonnées par leurs propriétaires dans le cadre
des accords internationaux et d’éviter les troubles sociaux générés par une revendication sociale
consécutive à la guerre de libération nationale, les pouvoirs publics vont progressivement mettre en
place un dispositif juridique complexe qui a eu pour conséquence la production d’un système foncier
public fonctionnant selon deux statuts juridiques distincts :
L’arsenal juridique mis en œuvre par les pouvoirs publics a débouché sur
l’ordonnance du 6 mai 1966 portant dévolution à l’Etat des biens vacants et des biens mis sous
protection de l’Etat.
Cette loi qui tirait ses fondements de la Constitution de 1976, traduisait clairement
les hésitations des pouvoirs publics entre la volonté de se dégager de la sphère des rapports de
production marchande et de la circulation et le souci de respecter le principe de la hiérarchie des
textes. Ce qui était possible pour les entreprises publiques.
La loi domaniale a évoqué les terres à vocation agricole d’une manière très
succincte.
89
Ils restent tenus, dans le cadre de la législation en vigueur, des conséquences
dommageables résultant de l’utilisation, de l’exploitation ou de la garde des biens et richesses qui
leur sont confiés, cédés en pleine propriété, affectés en jouissance ou dont ils sont détenteurs à
quelque titre que ce soit »1.
Le principe général posé par l’article 4 de cette loi, est que l’ensemble des biens
constituant le domaine national étaient inaliénables, imprescriptibles et insaisissables de façon à
assurer la conformité avec l’article 14 de la constitution de 1976 qui dispose : la propriété d’Etat se
définit comme la propriété détenue par la collectivité nationale dont l’Etat est l’émanation.
Elle est établie de manière irréversible sur les terres pastorales, sur les terres
agricoles ou à vocation agricole nationalisées, sur les forêts, les eaux, le sous-sol, les mines et les
carrières, les sources naturelles d’énergie, les richesses minérales, naturelles et vivantes du plateau
continental et de la zone économique exclusive.
Donc l’article 14 avait proclamé propriété de l’Etat de manière irréversible tous les
biens confiés par l’Etat aux entreprises, le Fond National de la Révolution Agraire etc…
Ce qui explique que le cadre juridique étroit imposé par la constitution de 1976
réduisait la marge de manœuvre des pouvoirs publics.
Au demeurant, cette loi a fait référence aux terres agricoles et ce, dans son article
19 au niveau du 3ème alinéa qui dispose : le domaine économique de l’Etat comprend :
Quant au domaine particulier, c’est l’article 24 de cette loi qui dispose dans ses
2èmes et 11ème alinéas ce qui suit : relèvent du domaine particulier de la wilaya :
1 La loi n° 84-16 du 30 juin 1984 relative au Domaine National. J.O.R.A.D.P n° 27 du 03 juillet 1984, p. 678.
90
Remarques
Ce qui nous intéresse le plus dans la loi domaniale, ce sont les terres agricoles. Or,
nous avons constaté et à la lumière de ce qui précède, que la loi domaniale n’a pas procédé au bon
classement des terres agricoles du domaine national ainsi que celles relevant du domaine privé de
l’Etat.
Il est à noter que la loi n° 84-16 du 30 juin 1984 a été abrogée par la loi n° 90-30 du
1er décembre 1990 portant loi domaniale.
D’une manière générale, cette loi définit la composition du domaine national ainsi
que les règles de sa constitution, de sa gestion et de contrôle de son utilisation. Elle comprend 140
articles répartis en trois (3) parties principales suivantes :
La question que nous nous posons : Quel est l’intérêt de cette loi par rapport au
foncier agricole ?
Nous notons tout d’abord, que la constitution de 1989 a consacré les biens
appartenant à la collectivité nationale1 et la loi n° 90-30 du 1er décembre 19902 a classé dans ses
dispositions, d’une part des biens relevant du domaine public comme les ressources forestières, et
d’autre part les biens relevant du domaine privé comme les terres agricoles et les terres de parcours.
1 Article17 de la constitution de 1989 dispose : « la propriété publique est un bien de la collectivité. Elle comprend le sous-sol, les mines et les
carrières, les sources naturelles d’énergie, les richesses minérales, naturelles et vivantes des différentes zones du domaine maritime national. Il est
utile de mentionner que la constitution de 1989 a été abrogé par la constitution de 1996. Les eaux et les forêts.
Elle est en outre, établie sur les transports ferroviaires, maritimes et aériens, les postes et les télécommunications, ainsi que sur d’autres biens fixés
par la loi ».
2 La loi n° 90-30 du 1er décembre 1990 a été complétée et modifiée par la loi n 2008-14 du 20 juillet 2008, sans que les dispositions relatives aux
terres agricoles du domaine privé de l’Etat ne soient touchées.
91
§ 2. Répartition des ressources foncières selon la loi n° 90-30
En somme, les ressources forestières et les terres alfatières font partie du domaine
public naturel en vertu de l’article 15 de la loi n° 90-30 du 1er décembre 1990, qui dispose dans le
tiret n° 7, ce qui suit :
Quant aux terres de parcours et les terres relevant du domaine privé de l’Etat sont
régies par l’article 18 et qui dispose dans son alinéa n°10 le domaine privé de l’Etat comprend
notamment :
« ……..
les terres agricoles ou à vocation agricole, les terres pastorales ou à vocation
pastorale propriété de l’Etat.
……… ».
Donc, nous constatons que la loi n° 90-30 du 1er décembre 1990 portant loi
domaniale, n’a pas négligé les terres agricoles d’où sa consécration aux dispositions relatives au
domaine privé de l’Etat.
1 Mouloud DIDANE. BELKEISE, code foncier, Série sous la direction édition Alger 2010 p.7 bis.
92
TITRE III : LA SITUATION JURIDIQUE DES TERRES AGRICOLES DU DOMAINE PRIVÉ DE L’ETAT
La question que nous nous posons tout d’abord, qu’est-ce les terres agricoles du
domaine privé de l’Etat ont de si spéciale par rapport aux autres terres ?
Pour réponde à cette question, nous notons que depuis l’accession de l’Algérie à
l’indépendance, le problème des terres agricoles du domaine privé de l’Etat demeure sans
véritable solution. Un problème que tous les gouvernants redoutent depuis 1962. Et pour cause ?
Tout à la fois historique, idéologique, économique, politique et même émotionnelle. Nous signalons
que l’affaire du foncier agricole en Algérie, a toujours constitué un objet de convoitise et de lutte de
pouvoir.
En somme, pour mieux comprendre la situation, il faut d’abord savoir que les terres
agricoles, du domaine privé de l’Etat sont, en fait, les meilleures terres d’Algérie. D’une superficie de
2,5 millions d’hectares, ce sont ces terres-là qui ont été prises par les colons. Au début du 20ème
siècle déjà, les meilleures terres algériennes sont passées entre les mains de colons français,
espagnols, maltais, italiens, corses, etc… Et, à l’indépendance, ces mêmes terres seront
considérées comme des biens vacants1.
Mais, cette nouvelle politique de restructuration n’a pas duré longtemps car en 1987,
une nouvelle réforme agricole a été lancée. Cette réforme s’inscrivait dans un contexte politique
particulier, marqué par l’échec du modèle de croissance économique volontariste 2 adopté par les
pays en voie de développement à partir des années soixante-dix (70) ; et par une crise économique
nationale suite à la baisse du prix du pétrole. La réforme agricole de 1987 devait marquer une
transition politique par le désengagement de l’Etat de la gestion directe du secteur public et une
transition économique par « une semi-rupture d’orientation libérale, visant à relancer le secteur privé
et à moderniser l’agriculture grâce à des exploitations agricoles efficaces autonomes ».
Les DAS ont été démembrés pour créer des exploitations agricoles collectives
(EAC) et individuelles (EAI).
1 K.A, foncier agricole, le texte de loi enfin dévoilé, le journal le « soir d’Algérie » du 24 mai 2010.
2 Faouzi BOUCHAIB, Mohammadou DJIBO DONGUEY, et Anne Marie JOUVE, « Le développement du monde de faire valoir indirect informel en
Algérie. Cas du secteur public dans la Mitidja Ouest » : options méditerranéenne série B : n° 66. CIHEAM, France, 2011 p.105.
93
Chapitre I : Le mode d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de
l’Etat
Cette loi a pour objet de fixer les règles d’exploitation des terres agricoles définies
par l’article 19 de la loi n° 84-16 du 30 juin 1984 relative au domaine national qui stipule dans son
alinéa au niveau du tiret n° 3 ce qui suit :
« Cette loi est intervenue pour unifier le mode d’exploitation des terres agricoles
relevant du domaine national en abrogeant les textes relatifs à l’autogestion dans l’agriculture et
notamment l’ordonnance n° 68-633 du 30 décembre 1968 modifiée et complétée ainsi que les
articles 858 à 866 du Code civil relatifs à l’usage des terres allouées par l’Etat.
Donc cette loi a remis en cause les formes d’exploitation des terres agricoles du
domaine national, qui étaient gérées dans le cadre des domaines agricoles socialistes, pour mettre
en place des exploitations agricoles collectives et individuelles gérées sur des bases économiques
libres »1.
Cette loi a fait revenir sur le devant de la scène, la question de la privatisation des
terres qui a été abordée selon une option idéologique : une privatisation des terres consoliderait le
rapport organique de l’homme à la terre, mais s’inscrirait à contre-courant de l’histoire universelle de
l’évolution des structures agraires.
1 Benalia BELHOUADJEB, intervention sur le foncier agricole devant l'APN, Alger le mardi 10 avril 1998.
94
Section 1 : L’objectif et les instruments utilisés par la loi n° 87-19 du 08
décembre 1987
§ 1. Les objectifs de la loi n° 87-19 du 8 décembre 1987
Il est à noter que la protection visée par la loi n° 87-19 du 08 décembre 1987 a été
reprise par l’article 689 du Code civil toujours en vigueur qui précise que les biens de l’Etat sont
inaliénables, insaisissables et imprescriptibles.
Il importe de savoir que les droits consentis sur les terres agricoles ont déjà été
utilisés par la législation antérieure, on évoque ici celle relative à la révolution agraire et à
l’autogestion »1.
Il faut comprendre que l’assiette de la redevance ainsi que les modalités de son
calcul ont été fixées pour la première fois par la loi n° 88-33 du 31 décembre 1988 portant loi de
finances pour l’année 1989 2.
Sans oublier de signaler que les lois de finances ont régulièrement révisé le montant de cette
redevance, que la plupart des exploitations agricoles ne payent pas en réalité à cause de leur
endettement.
1 Leïla ZEROUGUI, « Le Foncier Agraire », Tome, 1 Office National des Travaux Educatifs Alger 2001, p. 98 bis.
2 Article 84 de la loi n° 88-33 du 31 décembre 1988 portant loi de finances pour 1989. J.O.R.A.D.P n° 54 du 31 décembre 1988, p. 1405.
95
Nous comprenons à travers ce récit que la loi n° 87-19 du 08 décembre 1987
apporte du nouveau qui consiste dans l’attribution de ce droit de jouissance à titre onéreux alors qu’il
a toujours été consenti gratuitement.
L’Etat consent aux producteurs agricoles un droit de propriété sur tous les biens
constituant le patrimoine de l’exploitation, autres que la terre.
Ce droit de propriété est cédé à titre onéreux. Les biens réalisés par les collectifs
postérieurement à leur création sont propriété des producteurs.
Il est à signaler que la cession de ces biens consentis à titre onéreux c’est pour
constituer avec le droit de jouissance perpétuelle, le patrimoine de l’exploitation agricole.
Les droits réels immobiliers consentis dans l’indivision avec des quotes-parts égales
sont cessibles, transmissibles et saisissables.
Il faut savoir que les terres sont exploitées collectivement et dans l’indivision, avec
des quotes-parts égales entre chacun des membres du collectif librement associés.
Chaque producteur ne peut prétendre à plus d’une quote-part ni faire partie de plus
d’un collectif.
Les droits sont consentis d’abord aux travailleurs permanents et autres personnels
d’encadrement des exploitations agricoles.
Les droits prévus par la loi susvisée peuvent être consentis sur les terres
excédentaires dégagées après constitution des exploitations collectives par les travailleurs
permanents ; à des collectifs constitués des personnes exerçant les activités d’ingénieurs et de
techniciens agricoles, d’ouvriers saisonniers ainsi que de jeunes agriculteurs.
Nous signalons que la priorité dans les droits est accordée aux moudjahidines et
ayants droit.
Il faut savoir que dans la pratique ces conditions n’ont pas toujours été respectées
par l’administration car des terres ont été attribuées en violation de la loi.
96
Section 2 : L’aspect juridique des exploitations agricoles
C’est la loi n° 87-19 du 8 décembre 1987 qui a institué les exploitations agricoles
collectives (EAC) et les exploitations agricoles individuelles (EAI).
Il est à noter à cet égard que les quelques 300 coopératives agricoles des
moudjahidines ont été créés après distraction des terres du secteur autogéré, mesure qui n’a pas
reçu l’adhésion en ce temps-là des responsables de l’agriculture qui se sont évertués, sans succès,
à les dénommer unité pilotes d’autogestion.
Mais en réalité, d’autres raisons ont présidé aussi à la mutation des Domaines
Agricoles Socialistes ou D.A.S (la dénomination de DAS a été donnée aux exploitations issues, de la
restructuration des domaines autogérés et coopératives de production de la révolution agraire en
attendant qu’une décision soit prise quant au devenir du secteur socialiste).
1 "Rapport n° 2 relatif à la situation actuelle et orientations pour la définition d'une politique foncière, étude sur le foncier agricole, Alger juin 1998, p.
95.
2 La loi 87-19 du 08 décembre 1987, J.O.R.A.D.P n° 50 du mercredi 9 décembre 1987, p. 1253.
97
B. Les statistiques en matière des attributions individuelles
Au niveau du terrain, l’exploitation agricole individuelle est une réalité, de facto et/ou
de jure.
Mais le fait accompli est d’envergure nationale : il pèsera lourdement sur les
décisions ultérieures de différentes natures qu’elles que soient l’option prise ou les alternatives
proposées.
Donc, l’attribution individuelle ne pouvait être que freinée, différée, mais pas exclue.
Au reste, c’est une requête latente de la majorité des collectifs des attributaires vivant dans la
discorde pour des raisons évidentes (inégalité des efforts, des initiatives, des participations et
différence dans la perception du devenir de l’exploitation).
Le collectif des agriculteurs constitue une société civile de personnes régie par la
législation en vigueur et les dispositions particulières de la loi n° 87-19 du 08 décembre 1987.
Les membres de l’exploitation agricole collective jouissent des mêmes droits, et sont
astreints aux mêmes obligations.
98
Les producteurs des EAC sont tenus d’œuvrer pour :
Comme l’EAC est une société de personnes, chacun des associés est tenu à l’égard
des tiers par les engagements faits au titre de l’exploitation par les autres associés.
Une convention non opposable aux tiers peut déterminer le mode de participation de
chacun des membres ainsi qu’une éventuelle répartition des tâches au titre de l’exploitation.
C’est ce même principe qui justifie l’exigence de l’exercice de l’activité agricole pour
les postulants au droit de jouissance.
Ces quotes-parts ne sont pas cessibles, sauf en cas de décès, durant les cinq
premières années à dater de la constitution de l’exploitation agricole collective.
Donc même si les associés changent, l’exploitation qui est une personne morale
continue à survivre.
1 Article 692, section III du code civil algérien, BERTI édition, Alger 2002, p. 254 et 255.
99
Toute cession de quote-part ne peut intervenir qu’au profit des travailleurs du
secteur agricole. La priorité est donnée dans ce cadre aux jeunes ayant bénéficié d’une formation
agricole ainsi qu’aux travailleurs au sein de l’exploitation agricole collective, sans oublier de
mentionner que l’Etat peut exercer à tout moment son droit de préemption.
En cas de pluralité de successeurs et ayants droit, ces derniers substitués dans les
droits et obligations de leur auteur peuvent choisir l’un d’entre eux pour les représenter et assumer
les droits et charges de la quote-part.
Tout collectif constituant l’EAC qui ne respecte pas ses obligations peut entraîner
une déchéance de ses droits et procédera au paiement d’une indemnité pour le dommage causé au
profit de l’Etat. Le wali, en tant que représentant de l’Etat, doit suivre avec le concours d’un huissier
de justice avant de saisir le juge seul compétent pour prononcer la déchéance ou la dissolution.
L’article 8 du Code des procédures civiles précise que seul le juge est compétent
pour statuer sur la déchéance des droits réels immobiliers, qui ne peut donc être que le juge civil et
ce dernier peut prononcer toute mesure de nature à préserver l’exploitation.
1 Leïla ZEROUGUI, « Le Foncier Agraire », Tome1. Office National des Travaux Educatifs. Alger 2001, p. 106 bis et 107 bis.
100
L’indemnité que nous avons cité ci-dessus est fixée à l’amiable par acte authentique
et peut être, le cas échéant, déterminée par voie judiciaire.
Toute transaction ayant pour effet de modifier la consistance de l’étendu des droits
réels immobiliers de l’exploitation agricole collective est, à peine de nullité, constatée par acte
authentique soumis aux formalités de l’enregistrement et de la publicité.
Les exploitations agricoles collectives peuvent passer entre elles toute convention
qu’elles jugent utiles pour la réalisation d’objectifs communs.
Les producteurs et leurs collectifs peuvent accéder au crédit dans les conditions
fixées par la législation en vigueur.
Il importe de savoir que les exploitants agricoles collectifs sont soumis au régime
fiscal prévu par la législation en vigueur.
Chaque ferme pilote est dotée d’un conseil d’administration et gérée par un
directeur.
1 Article 7 bis du code de procédure civile dispose : « par dérogation aux dispositions de l’article 7, sont dévolus :
aux tribunaux :
- Le contentieux relatif aux baux ruraux d’habitation et à usage professionnel, aux baux commerciaux, ainsi qu’en matière commerciale et sociale… ».
BERTI édition, Alger 2002, p. 8 et 9.
101
A. Le conseil d’administration
Le conseil d’administration se réunit en session ordinaire au moins deux fois par an,
sur convocation de son président et autant de fois que l’intérêt de la ferme pilote ou des usagers
l’exige.
B. Le Directeur
Le Directeur est nommé par arrêté du Ministre de l’agriculture ; il est mis fin à ses
fonctions dans les mêmes formes.
Il est à noter que le Directeur établit les projets des budgets et comptes
d’exploitation prévisionnels, il passe tous les marchés, accords et conventions en rapport avec les
programmes d’activités de la ferme pilote.
Chaque ferme pilote bénéficie d’une dotation financière initiale ; elle est dotée aussi
et à titre gratuit, par voie d’affectation, de terres relevant du domaine national.
102
La ferme pilote peut acquérir et exploiter tout bien meuble, immeuble et autres
moyens nécessaires à la réalisation de son projet.
Le produit des opérations commerciales, le produit des recettes accessoires, les dons et legs.
La déchéance peut être prononcée contre tout collectif ou tout exploitant individuel
qui :
procède à la location des terres, quelles que soient la forme et les conditions de
103
§ 2. L’autorité compétente pour la mise en demeure
La recherche et la détermination des infractions sont assumées par les agents des
services techniques agricoles désignés par le Wali territorialement compétent.
Le cas échéant, il met en demeure les producteurs agricoles de mettre fin aux
manquements dans des délais compatibles avec la nature de l’infraction.
Si les infractions et les manquements persistent, après le délai fixé par la mise en
demeure, leur constatation est opérée par un agent d’exécution du tribunal ou un huissier qui doivent
la notifier au Wali et aux producteurs agricoles concernés.
Les producteurs agricoles disposent d’un délai de quinze jours pour faire connaître
au Wali, par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, les raisons de l’état de fait des
infractions.
La liquidation donne lieu à la vente forcée des droits des collectifs ou de l’exploitant
individuel déchu, au profit des remplaçants.
Dans les deux cas des exploitations agricoles collectives (EAC) et exploitations
agricoles individuelles (EAI), l’Etat a confié la gestion d’une surface donnée à un groupe ou à un
individu par une concession perpétuelle et transmissible en contrepartie du paiement d’une taxe
domaniale à l’hectare calculée en fonction de la potentialité des sols. Rapportés à la SAU, les EAC
et EAI occupent 25% de la SAU.
1 "Etude relative au foncier agricole, étude des structures foncières et d'exploitation. Rapport n° 3, BRL NIMES cedes 9 mai 2000 p. 13.
104
§ 1. Une mise en œuvre rapide de la réorganisation
« La réorganisation a été menée d’une manière rapide. Mais en allant très vite, on
n’a pas pris en compte la présence de l’administration et du pouvoir local qui ont interféré sur le
partage des terres. L’exploitation, qui était soutenue par tout un environnement technico-
administratif, s’est vue abandonnée à son sort et placée entre les mains des travailleurs qui sont
libres de décider de son avenir. On n’a pas pris en compte le fait qu’en dehors des éléments
d’encadrement, le collectif est essentiellement composé de simples travailleurs qui sont loin d’être
comparés aux fellahs-exploitants qui, eux, ont toujours su affronter les problèmes de la bureaucratie
: ni les travailleurs n’étaient préparés, ni l’environnement n’était prêt à faire l’effort nécessaire’ pour
les soutenir »1.
Pour pouvoir faire fonctionner les EAC et EAI, l’Etat répartissait et cédait le cheptel,
le matériel agricole ainsi que les bâtiments attachés à l’exploitation qui ne faisaient pas partie du
domaine public.
l’attribution était faite dans la plupart des cas aux ouvriers agricoles des
domaines agricoles socialistes, qui n’ont pas toujours été regroupés en
le statut même de cette concession est resté ambigu et les droits de chacun ont
aléas économiques et climatiques qui en découlaient ;
1 Salah BOUCHEMAL, « Mutations agraires en Algérie », éditions le HARMATTAN, Paris, 1997, p. 187. Salah
105
B. La nature juridique du droit concédé
La question qu’on peut poser : quelle est la nature juridique du droit concédé et est-
ce que les attributaires sont des locataires ou usufruitiers ?
Nous avons constaté à travers l’étude faite que les attributaires ont des droits et
devoirs que nous avons déjà cité mais qu’il importe de mentionner encore :
Enfin, le fait que ces terrains soient restés dans le domaine public de l’Etat, (puis, à
compter de 1990 dans son domaine privé) a laissé aux responsables politiques (Etat, Wali,
Président d’APC) la possibilité d’en disposer à peu près librement pour d’autres fins que l’agriculture
et cela a eu un effet psychologique sur la population des EAC et EAI.
La loi n° 87-19 du 08 décembre 1987 qui se caractérise par une certaine originalité
consistant à reconnaître aux bénéficiaires un droit de jouissance perpétuelle sur la terre et un droit
de propriété sur le reste du patrimoine des exploitations, qu’elles soient individuelles ou collectives,
n’a pas pu réaliser ses objectifs comme il se devait car quelques années après son application il a
été constaté :
1 Consultation Nationale sur l'Agriculture, au Club des Pins Alger. 11 et 12 mai 1992. Rapport de la commission sur les Terres relevant du domaine
national et la question foncière.
106
A. Les démarches des exploitants pour faire face aux problèmes rencontrés
Très rapidement après leur création, les EAC ont été confrontées à des problèmes
financiers cruciaux.
Pour y faire face, les attributaires ont vendu le cheptel, le matériel agricole, et même
parfois les bâtiments d’exploitation. Il y a eu décapitalisation massive de ces entreprises qui se sont
trouvées démunies pour accomplir les travaux agricoles essentiels.
A l’intérieur des groupes humains constituant les EAC sont vite apparues des
différences de motivation, de volonté et de compétence.
Chacun a souhaité individualiser sa part pour en disposer à sa guise, et très tôt les
EAC ont éclaté de fait et se sont transformées en EAI, sur des surfaces trop petites sans moyens
financiers et sans équipement.
Certains continuent à exploiter leur lot très souvent selon des techniques agricoles
anciennes (très forte jachère), sans investir par manque de moyens financiers et en utilisant pour les
gros travaux agricoles, les services d’entrepreneurs spécialisés.
D’autres encore louent leur part à des entrepreneurs de travaux agricoles qui
exploitent de manière précaire. En effet, en l’absence de textes sur le statut du fermage, les
locations restent verbales, très souvent à l’année et même parfois pour une seule saison culturale.
Dans ces cas on trouve souvent des attributaires qui deviennent salariés de ces entrepreneurs sur
leur propre exploitation.
Ces situations bloquent les investissements agricoles1. Les sols ne sont pas
entretenus, aucun matériel n’est apporté à l’exploitation, les entrepreneurs pratiquent seulement des
cultures annuelles sans apport d’intrants et ne développent pas et même abandonnent les cultures à
forte valeur ajoutée (vigne, arboriculture).
Les productions céréalières (blé dur, blé tendre) pourtant qualifiées de stratégiques
atteignent en moyenne 10 à 15 quintaux à l’hectare.
Cependant, après des analyses objectives, il a pu être établi que si la loi n° 87 -19
du 08 Décembre 1987 n’a pas produit les effets exemptés, il convient d’en rechercher les motifs à la
fois au niveau de l’Etat et des bénéficiaires eux-mêmes.
1 Rapport n° 3, Etude relative au foncier agricole. Etude des structures foncières et d'exploitation, BRL NIMES Mai 2000, p15.
107
B. La responsabilité de l’Etat
L’Etat a une part de responsabilité dans la mesure où la loi n’a pas été
accompagnée dans sa mise en œuvre d’un dispositif de soutien multiforme, en mesure d’adoucir la
transition puisque dans le même temps et pour l’essentiel :
Les agriculteurs bénéficiaires de la loi n°87-19 ont quant à eux reconduits dans leur
majorité, leurs rapports anciens à la terre, c’est-à-dire des rapports de suspicion prononcés à l’égard
de l’Etat propriétaire.
L’ampleur des changements introduits par la loi n° 87-19 n’a pas été perçue et
assimilée.
Plus grave encore, parce que ceci a renforcé les rapport de suspicion, la restitution
des terres nationalisées a fini de convaincre que fondamentalement, le statut des producteurs issus
de la loi n° 87-19, n’est pas plus sécurisant que le précédent, d’autant plus que la notion de
jouissance perpétuelle était déjà évoquée dans le système de l’autogestion et dans celui de la
révolution agraire.
La loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 est une loi cadre qui régit l’ensemble du
patrimoine foncier. Son contenu s’articule autour de deux axes principaux consacrés respectivement
au patrimoine foncier et aux modes et instruments d’intervention de l’Etat et des collectivités locales.
1 Loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 portant loi d’orientation agricole, J.O.R.A.D.P n° 49 du 18 novembre 1990, p. 1332.
108
Section 1 : Le patrimoine foncier consacré par la loi d’orientation foncière
§ 1. L’objet de la loi d’orientation foncière
une définition des catégories techniques qui permette d’asseoir la valeur des sols
et de déterminer les plus-values ou les moins-values qui accompagnent les
mutations et les transferts d’une catégorie à une autre ;
une clarification des régimes juridiques conformes à la constitution et au code
« Cette loi donne la définition des différentes terres dont le sens général s’entend de
(toute terre non bâtie). Il existe sept (07) catégories de terres, chacune avec des critères propres
destinés à faciliter la délimitation et l’intervention des mesures de sauvegarde et de protection :
les terres agricoles ou à vocation agricole ;
les terres pastorales ou à vocation pastorale ;
les terres forestières ou à vocation forestière ;
les terres alfatières et à vocation alfatières ;
les terres sahariennes ;
les terres urbanisées ou urbanisables ;
les périmètres et sites protégés.
Ensuite, cette loi consacre les catégories juridiques de propriété telles qu’énoncées
par la constitution. Ainsi, les contours propres à chaque catégorie juridique sont affirmés, en même
temps que l’étendue des prérogatives attachées à chacune d’elles »1.
Constitue une terre agricole ou à vocation agricole, toute terre qui, par l’intervention
de l’homme, permet une production annuelle ou pluriannuelle à l’usage de la consommation
humaine, animale ou industrielle, directement ou après transformation. Les terres agricoles sont
classées en terres à potentialités élevées, bonnes, moyennes ou faibles selon des critères de
pédologie, de pente, de climat et d’irrigation2.
1 Abdelmalek AHMED ALI, « La législation foncière agricole en Algérie et les formes d’accès à la terre » ; Options méditerranéennes : série B n° 66,
CIHEAM, 2011, p. 43
2 Article 5 de la loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière ; J.O.R.A.D.P n° 49 du 18 novembre 1990, p. 1333
109
B. Les terres pastorales et à vocation pastorale
La terre pastorale est toute terre de parcours couverte d’une végétation naturelle
dense ou clairsemée comprenant des plantes à cycles végétatifs annuels ou pluriannuels ainsi que
des arbustes ou des arbres fourragers et qui est exploitée d’une façon pluriannuelle pour le pacage
des animaux.
Une forêt est toute terre couverte d’essences forestières sous forme de peuplement
d’une densité supérieure à 300 arbres par hectare en zone humide et subhumide et 100 arbres en
zone aride et semi – aride.
Constitue aussi, une terre à vocation forestière, toute terre couverte de formations
végétales naturelles variées tant par la taille que par la densité dérivant de la dégradation des forêts
à la suite des coupes, des incendies ou des pâturages.
Constitue une terre à vocation alfatière, toute terre occupée par les formations
végétales naturelles dérivant de la dégradation des nappes alfatières à la suite de pâturage,
d’incendies, de défrichements, de labours ou de conditions climatiques exceptionnellement
défavorables.
Une terre saharienne est toute terre située au-dessous de l’isohyète 100 mm1 .
Constituent aussi une terre urbanisable, tous terrains destinés à être urbanisés à
des échéances déterminées par les instruments d’aménagement et l’urbanisme2.
1 Il est important de mentionner que les règes, outils et modalités d’intervention de l’Etat et des collectivités locales en matière de mise en valeur des
terres sahariennes sont régies par la loi n° 83-18 du 13 août 1983, relative à l’accession à la propriété foncière agricole (APFA).L’APFA a fait objet
d’une étude au niveau du chapitre I du Titre II de notre travail de recherche.
2 Articles 20 et 22 de la loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière JORADP n° 49 du 18 novembre 1990, 1334.
110
G. Des périmètres et sites protégés
Remarques
La loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière se présente
comme étant la loi cadre pour la mise en œuvre de toute la politique foncière ; mais cette loi s’est
contenté de définir les catégories juridiques ; fixer les orientations générales et renvoyer aux lois
particulières qui s’applique à chaque catégorie juridique en fonction de l’utilisation des sols.
En somme, depuis la promulgation de cette loi en 1990, nous n’avions pas vu des
textes réglementaires intervenir régulièrement pour déterminer les modalités de classification des
terres agricoles à l’exception de quelques décrets exécutifs comme le décret exécutif n° 96-87 du 24
février 1996 portant création de l’Office national des terres agricoles (ONTA).
Pour précision : les terres urbanisées et urbanisables qui sont régies par les
dispositions de la loi n° 90-25, relèvent de l’application de la loi n° 90-29 du 1er décembre 1990
relative à l’aménagement et l’urbanisme et les textes réglementaires pris pour son application 3.
1 Articles 20 et 22 de la loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière JORADP n° 49 du 18 novembre 1990, 1334.
2 Abdelmalek AHMED ALI, « La législation foncière agricole en Algérie et les formes d’accès à la terre » ; Options méditerranéennes : série B n° 66,
CIHEAM, 2011, p. 40.
3 J.O.R.A.D.P n° 52du 2 décembre 1990, p.1408.
111
Par contre les périmètres et les sites protégés définis dans l’article 22 de la loi n°
90-25 relative à l’orientation foncière, relèvent essentiellement de la loi n° 98-04 du 15 juin 1998
relative à la protection du patrimoine culturel1.
Parfois la décision est difficile à prendre, surtout quant il s’agit de projets d’utilité
publique, particulièrement dans les grandes villes.
Le foncier agricole subit une grande pression ces dernières années. On assiste de
plus en plus à l’extension urbaniste sur des terres cultivables.
Une situation engendrée par l’augmentation des besoins en foncier urbanisable pour
la réalisation de logements et d’infrastructures publiques dont la demande est de plus en plus
importante.
En somme, l’état des distractions des terres agricoles depuis 2010 à ce jour fait
ressortir le déclassement de près de 20.000 hectares pour la réalisation de logement.
112
B. La région de l’Est est la plus touchée par l’opération de déclassement des
terres agricoles
La région de l’Est d’Algérie est connue pour sa forte potentialité céréalière et c’est
cette région qui se retrouve en tête de liste en matière de déclassement des terres agricoles, avec
une superficie de près de 4.300 hectares dont 3.723 pour les logements et 543 pour les zones
industrielles.
C’est un vrai gaspillage urbain au détriment des terres rurales et agricoles, ce qui
suscite à l’inquiétude.
C’est dans cette région où les ressources hydriques sont disponibles pour assurer
l’irrigation.
Paradoxalement, la région de l’Est est la plus touchée depuis des années par le
phénomène d’extension urbaine, mettant en danger les terres les plus fertiles du pays.
Le fait de puiser dans les zones agricoles périurbaines pour les transformer en
réserves foncières de la politique urbaine, risque de réduire à long terme les disponibilités foncières
pour un secteur qui a la charge d’œuvrer à assurer la sécurité alimentaire de toute une nation.
1 Mohamed NAILI, Plus de 5 400 hectares de terres arables affectés à l’urbanisme, le Journal (El Watan), lundi 19 septembre 2011.
2 Article 1er, décret exécutif n° 11-237 du 9 juillet 2011, J.O.R.A.D.P n° 39 du 13 juillet 2011, p. 03.
113
B. Le décret exécutif n° 12-370 du 24 octobre 2012
En somme, plus de 286 hectares de terres agricoles viennent d’être déclassés pour
abriter des projets de développement à travers plusieurs wilayas du pays et ce, en vertu du décret
exécutif n° 12-370 du 24 octobre 2012 portant déclassement de parcelles de terres affectées pour la
réalisation de projets publics de développement.
Oum El Bouaghi, Blida, Bouira, Tébessa, Tiaret, Tizi Ouzou, Alger, Jijel, Sétif,
Saïda, Sidi Bel Abbes, Mascara, Bordj Bou Arreridj, Boumerdes, Souk Ahras, Tipaza, Ain Defla et
Ain Témouchent.
Les tableaux suivants, nous démontrent mieux la délimitation des parcelles de terres
agricoles situées sur le territoire nationale.
114
LISTE DES PROJETS A REALISER
115
Tableau 4 : La délimitation des parcelles de terres agricoles 1
116
Tableau 5 : La délimitation des parcelles de terres agricoles 1
Bordj Bou Arréridj El Anasser Poste de transformation électrique 1 ha Eac 1 Benahmed Lakhdar
Aïn Témouchent Sidi Boumediene Décharge controlée 3 ha 24 ares 06 Eac 6b Hakkoum a Dim
117
Remarques
« La terre est une source non renouvelable et on ne peut pas l’importer. Il y a lieu de
la préserver. Mais aussi ne pas rééditer les erreurs des années 1980 et 1990, durant lesquelles des
centaines de milliers d’hectares de terres agricoles, ont été transformés en foncier industriel et
urbanisable, sans résultats palpables aujourd’hui en termes de développement économique »1.
118
Chapitre III : La loi d’orientation agricole n° 08-16 du 3 août 2008
Au vu de tout ce qui précède, nous pouvons dire que toutes les réformes depuis
1962 jusqu’au début des années 2000, n’ont pas aidé à résoudre la question foncière en Algérie.
Aussi, malgré le foisonnement de lois et décrets concernant le foncier, l’Algérie n’arrive toujours pas
à sortir de son marasme pour permettre une circulation viable du marché foncier et pour réaliser une
période de transition politique et économique vers le libéralisme du foncier agricole.
Dans ce chapitre qui a trait à l’orientation agricole, nous tenterons de répondre à ces
deux questions :
La loi d’orientation agricole n°08-16 du 03 août 2008 est venue remédier aux failles
et manques qu’avait connus le domaine du foncier agricole algérien.
119
§ 2. Les instruments utilisés par la loi afin de concrétiser ses objectifs
réhabiliter et soutenir les fermes pilotes pour qu’elles puissent produire des
semences et des plans et élever des animaux reproducteurs ;
préserver les spécificités agricoles locales et valoriser les terroirs par la mise en
place de cartes agricoles et de système de production adaptés aux potentialités
de ces terres ;
120
mettre en place un système d’information, d’informatique, technique,
économique et statistique et veiller à ce qu’il accompagne l’activité agricole ;
permettre une utilisation rationnelle des sols par l’adaptation des systèmes de
productions notamment dans les régions soumises aux menaces de
dégradation ;
Dans le domaine du foncier, la loi d’orientation agricole est venue consolider les
principes énoncés par la loi d’orientation foncière de 1990. La loi n° 08-16 fixe des objectifs clairs en
la matière ; à savoir :
Nous précisons que cette loi institue des instruments d’encadrement foncier1
applicables aux terres agricoles et à vocation agricole, relevant du domaine privé de l’Etat ainsi qu’à
celles relevant de la propriété privée.
1 Chapitre III du titre II de la loi n° 08-16 du 3 août 2008 portant orientation J.O.R.A.D.P n° 46 du 10 août 2008.
121
Nous rajoutons aussi que pour la connaissance et la maîtrise du patrimoine foncier,
il est institué ce qui suit :
1 Chapitre III du Titre III : « dispositions relatives au remembrement » de la loi n° 08-16 du 3 août 2008 portant orientation agricole. J.O.R.A.D.P n° 46
du 10 août 2008 p.6
2 Article 24 de la loi n° 08-16 du 3 août 2008 portant orientation foncière J.O.R.A.D.P n° 46 DU 10 AOÜT 2008, p.6.
122
Remarques
La loi n° 08-16 portant orientation foncière est tenue pour remédier et supprimer les
morcellements des terres agricoles et pour réduire les dommages causés au patrimoine foncier
agricole, et ce, à travers la mise en œuvre des opérations de remembrement.
Mais le problème qui se pose, cette loi a été publiée en 2008 stipulant dans ses
dispositions de l’article 24 le renvoi à un texte législatif particulier, pour régir les opérations de
remembrement, six (06) années après nos n’avons pas vu la promulgation du texte législatif qui
devrait certainement régler le problème de la dispersion des parcelles agricoles.
Concernant l’utilisation des terres agricoles ; nous évoquons dans ce contexte ; que
le principe de la non utilisation des terres agricoles à d’autres fins qu’agricoles, déjà encadré par la
loi d’orientation foncière de 1990, est rappelé avec insistance et sa non observation est punie d’une
peine d’emprisonnement et d’une amende. C’est dire l’importance qu’accorde la loi à la préservation
et à la protection de cette ressource rare et non renouvelable que constitue la terre agricole.
En outre, la loi tranche définitivement sur le mode d’exploitation des terres agricoles
du domaine national à travers l’institution de la formule de la concession (nous préférons ne pas
développer ce point car cela fera l’objet du chapitre qui suit relatif au régime de la concession des
terres agricoles du domaine privé de l’Etat).
1 Abdelmalek AHMED ALI, « La législation foncière agricole en Algérie et les formes d’accès à la terre » : Options méditerranéennes : série B n° 66,
CIHEAM 2011p. 43.
123
Conclusion du chapitre III
Au final, pouvons-nous dire que la loi d’orientation agricole est arrivée à atteindre les
objectifs tracés par ses dispositions ?
Nous sommes en 2014, déjà six (6) années sont passées depuis la promulgation de
la loi n° 08-16 et nous n’avons pas vu l’élaboration des instruments d’encadrement stipules par
ladite loi dans ses articles (12, 13,14 et 15).
Au demeurant, pour arriver à atteindre l’objectif fixé par la loi d’orientation agricole,
il convient de noter deux choses : d’une part, procéder à l’élaboration de tous les textes législatifs et
règlementaires et de l’autre part, veiller sur leur promulgation et publication.
Nous aurions souhaité voir la mise en œuvre de ces instruments pour couvrir la
surface agricole utile du pays, dont la superficie est évaluée à 8 400.000 ha.
124
Chapitre IV : Le régime de la concession des parcelles de terres du
domaine privé de l’Etat
C’est la loi n°08-16 du 03 août 2008 portant orientation agricole qui constitue la
source de référence de la politique du développement agricole et rural tout en confirmant le rôle
fondamental dévolu à l’Etat dans la promotion d’une agriculture moderne fondée sur la libre
entreprise dans le cadre du respect des mécanismes d’un marché régulé.
Nous pouvons mentionner ici l’article 17 de la loi n°08-16 du 03 août 2008 portant
orientation agricole dispose ce qui suit : « Le mode de l’exploitation des terres agricoles, relevant du
domaine privé de l’Etat, est la concession.
Le 09 mars 2009 une réunion du gouvernement a été organisée pour mettre en place un
groupe de travail à l’effet de prendre en charge à travers les dispositions de la loi proposée toutes
les difficultés et entraves liées au foncier agricole. Le 04 mai 2010 lors du conseil du gouvernement,
le projet de loi relative à la concession des terres agricoles du domaine privé de l’Etat a été adopté.
1 La loi n° 08-16 du 03 août 2008 portant orientation agricole, J.O.R.A.D.P n° 46 du 10 août 2010.
125
Le projet de loi énonce les trois principes de bases suivants :
Ce projet de loi fixe les conditions et modalités d’exploitation des terres agricoles du
domaine privé de l’Etat et propose un ensemble de solutions pour, d’une part, préserver un
patrimoine commun de la Nation qui demeurera propriété de l’Etat, et, d’autre part, faire exploiter
dans une vision économique les meilleures terres agricoles que possède le pays grâce à un
dispositif législatif innovant et dynamique visant la modernisation de leur exploitation et favorisant
l’investissement durable et l’intensification des systèmes de culture tout en offrant à la fois aux
exploitants les moyens d’accroître la production et d’améliorer leurs revenus et conditions de vie.
Plus de 210 000 producteurs sont organisés en 96 629 exploitations agricoles dont
30 519 EAC (1841.000 ha) et 66 110 EAI (674 000ha). La superficie restante, environ 300.000ha,
appartient aux instituts agricoles et de recherche »1.
Or, la question que nous nous posons ici ? Avons-nous vraiment besoin d’une
nouvelle loi abrogeant la loi n° 87-19 pour modifier la nature et le mode d’exploitation des terres
agricoles ?
126
§ 1. Rassurer les exploitants agricoles
En bénéficiant d’un droit de jouissance perpétuel, les agriculteurs qui travaillent les
terres organisées en exploitations agricoles collectives (EAC) et exploitations agricoles individuelles
(EAI) font face à d’énormes contraintes ; à titre d’exemple, ils ne pouvaient pas prétendre à un crédit
bancaire.
Certains agriculteurs ont dû vendre leur part alors que ce type d’opération est
interdit.
§ 2. Principe d’appropriation
Cette loi a introduit une gestion privative de la terre, qui reste toutefois propriété de
l’Etat en réponse au souci d’adaptation de l’activité agricole à l’environnement économique actuel.
Dans ce sens, cette loi est venue compléter utilement la loi n° 08-16 du 3 août 2008
portant orientation agricole. Elle est venue également abroger la loi n° 87-19 du 8 décembre 1987
déterminant le mode d’exploitation des terres agricoles du domaine national et fixant les droits et
obligations du producteur.
127
Le droit de concession confère un droit réel immobilier susceptible d’hypothèque
auprès des organismes de crédit.
La concession est l’acte par lequel l’Etat consent à une personne physique de
nationalité algérienne le droit d’exploiter des terres agricoles du domaine privé de l’Etat ainsi que les
biens superficiaires, pour une durée maximale de quarante ans renouvelable, moyennant le
paiement d’une redevance annuelle.
Au sens de la loi n° 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités
d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat, il est entendu par biens superficiaires :
l’ensemble des biens rattachés à l’exploitation agricole notamment les constructions, les plantations
et les infrastructures hydrauliques.
ayant procédé à des transactions ou acquis des droits de jouissance et/ou des
biens superficiaires en violation des dispositions législatives et réglementaires
dont les arrêtés d’attribution ont été annulés par les walis.
Nul ne peut acquérir plus d’un droit de concession sur l’ensemble du territoire
national.
1 La loi n°87-19 du 8 décembre 1987 déterminant le mode d’exploitation des terres agricoles du domaine national et fixant les droits et obligations des
producteurs, J.O.R.A.D.P n° 50 du 9 décembre 1987, p. 1253
2 Le préfet en France
128
§ 2. Les obligations de l’exploitant concessionnaire
Il est important de signaler qu’en Algérie, les litiges inhérents aux histoires
d’héritage finissent souvent par mettre hors d’usage de larges surfaces agricoles. Ainsi le législateur
a introduit des dispositions au niveau de la loi n° 10-03 afin que les successeurs aient le droit à
l’héritage de l’exploitation agricole.
Pour cela, les successeurs et ayants droit disposent d’un délai d’une année à
compter du décès de leur auteur pour :
choisir l’un d’entre eux pour les représenter et assumer les droits et charges
dans l’exploitation de leur auteur.
se désister, à titre onéreux ou gracieux, au profit de l’un d’entre eux.
Passé ce délai sans que les concernés aient opté pour l’une de ces options, c’est
l’ONTA qui est habilité à saisir la juridiction compétente.
Les héritiers disposent d’un délai d’une (1) année à compter du décès de leur auteur
pour : choisir l’un d’entre eux pour les représenter et assumer les droits et charges dans
l’exploitation de leur auteur.
Après ce délai et si les successeurs n’ont pas opté pour l’une des situations ci-
dessus citées, l’office national des terres agricoles saisit la juridiction compétente.
129
3. La fin de la durée de droit de concession
Les terres concédées ainsi que les biens superficiaires sont repris par l’Etat.
Il convient de noter dans un premier temps que les modalités de mise en œuvre du
droit de concession pour l’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat, sont régies
par le décret exécutif n° 10-326 du 23 décembre 2010.
En somme, l’obligation est, par ailleurs, faite à l’ensemble des membres des
exploitations agricoles actuels, de déposer auprès de l’Office National des Terres Agricoles (ONTA)
leur demande de conversion du droit de jouissance perpétuelle en droit de conversion.
1 Article 29 de la loi n° 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat,
J.O.R.A.D.P n° 46 du 18 août 2010, p. 4.
2 Article 9 de la loi n° 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités d’exploitation des terres agricole, dispose : « les membres des
exploitations agricoles sont tenu, à compter de la publication de la présente loi au journal officiel, de déposer, auprès de l’office national des terres
agricoles, leur demande de conversion de droit de concession, J.O.R.A.D.P n° 46 du 18 août 2010.
130
Lorsqu’il s’agit d’une exploitation agricole collective, l’acte de concession est établi
au nom de chaque exploitant dans l’indivision et à parts égales.
Du reste, la concession est consentie pour une durée maximale de quarante (40)
années renouvelables1. La concession est renouvelée, sur demande écrite des exploitants
concessionnaires introduite auprès de l’office national des terres agricoles, douze (12) mois au
moins avant la date de son expiration.
Notons enfin, que toute fausse déclaration emporte rejet du dossier de conversion
ou résiliation de l’acte de concession.
D’une manière général, tout exploitant concessionnaire désirant céder son droit de
concession, doit informer l’office national des terres agricoles, et il est tenu d’en préciser le prix de
cession ainsi que l’identité du candidat à l’acquisition du droit de concession.
En cela, l’office national des terres agricoles peut exercer un droit de préemption.
Aussi, lorsque le cédant est concessionnaire dans l’indivision, l’office national des
terres agricoles saisit, par écrit avec avis de réception, les autres membres de l’exploitation pour
éventuellement exercer le droit de préemption. Les membres sont tenus de faire connaître leur
réponse à l’office national des terres agricoles dans un délai de trente (30) jours2.
1 Article « 4 » de la loi n° 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat.
J.O.R.A.D.P n° 46 du 18 août 2010, p. 4.
2 Article 18 du décret exécutif n° 10-326 du 23 décembre 2010 fixant les modalités mise en œuvre du droit de concession pour l’exploitation des terres
agricoles du domaine privé de l’Etat. J.O.R.A.D.P n° 79 du 29 décembre 2010, p.12.
131
Il convient de noter que lorsque les autres membres de l’exploitation agricole
manifestent leur volonté d’acquérir le droit de concession ainsi mis en vente, l’office national des
terres agricoles informe l’exploitant concessionnaire cédant, en vue de procéder à la formalisation de
la procédure. En cas de réponse négative ou d’absence de réponse dans les délais (trente ″30″)
jours, tel-que nous l’avions mentionné auparavant, l’ONTA peut exercer, à son tour le droit de
préemption et en informe par écrit l’exploitant concessionnaire cédant.
Or, dans le cas où ni l’office national des terres agricoles ni les autres membres de
l’exploitation n’optent pour l’exercice du droit de préemption, l’exploitant concessionnaire est autorisé
par l’ONTA après accord du wali, à poursuivre la cession de son droit de concession.
Du reste, les droits de concession acquis par l’office national des terres agricoles
par voie de préemption sont cédés par voie d’adjudication après une mise à prix déterminée d’après
la nature des terres et des biens superficiaires à concéder.
1 Article 24 du décret exécutif n° 10-236 du 23 décembre 2010 fixant les modalités de mise en œuvre du droit de concession pour l’exploitation des
terres agricoles du domaine privé de l’Etat. J.O.R.A.D.P n° 79 du 29 décembre 2010, p.13.
2 La loi n° 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat. J.O.R.A.D.P n° 46
du 18 août 2010, p. 4.
132
Donc, l’exploitant concessionnaire peut conclure tout accord de partenariat, cet
accord de partenariat peut être annuel ou pluriannuel, qui doit indiquer ce qui suit :
courir.
Il est à préciser qu’ils étaient nombreux ceux qui avaient pensé que le partenariat
entre concessionnaires et investisseurs favorisera des mouvements fonciers, des transactions
illégales et des modes d’accaparement au profit de nouvelles catégories de locataires de terres,
d’intermédiaires, de cadres de l’Etat, de commerçants et généralement ce que l’on appelle des
porteurs de capitaux. Il y a même ceux qui étaient persuadés que le partenariat favorisera l’entrée
dans le secteur de nouveaux acteurs, à savoir les détenteurs des capitaux et des moyens
techniques.
En somme, c’est une inquiétude tout à fait légitime si l’on se réfère au passé, à
toutes les dérives qu’a connues la loi n° 87-19, en se demandant si effectivement les investisseurs
se soumettront à toutes les obligations inscrites dans le cahier des charges auquel sont soumises
les deux parties.
Ces fermes pilotes sont axées sur les céréales, les légumes, les arbres fruitiers et
l’élevage de bétail. Cet appel d’offres s’adresse aussi bien aux investisseurs privés algériens et
étrangers. Il stipule la création de joint-ventures pour la gestion et l’exploitation de ces fermes, mais
la terre n’est pas à vendre.
1 Article 26 du décret n° 10-326 du 23 décembre 2010 fixant les modalités de mise en œuvre du droit de concession pour L’exploitation des terres
agricoles du domaine privé de l’Etat. J.O.R.A.D.P n° 79 du 29 décembre 2010, p. 10.
133
Le Président de la SGP/PRODA a indiqué aussi que les soumissionnaires retenus
pour l’appel d’offre devraient signer des contrats qui prévoient la modernisation des exploitations
agricoles à travers l’introduction de nouveaux équipements.
Nous précisons que les superficies des fermes pilotes sont comprises œuvre 100 et
500 hectares. Elles sont situées au centre, à l’Est et à l’ouest du pays. Certaines de ces fermes
pilotes seront consacrées à la production de fruits, y compris les olives, les pommes et les dattes. Il
est également attendu des investisseurs étrangers d’aider au développement des activités d’élevage
de volailles, de bovins laitiers et d’apiculture.
Les fermes pilotes que nous venons de mentionner, font partie du portefeuille de la
Société de Gestion de Développement Agricole (SGP/SGDA).
Donc, c’est la règle 49/51% qui sera appliquée aux éventuels partenariats avec des
investisseurs étrangers »1.
Pour finir, nous dirons que l’Algérie veut ouvrir le secteur de l’agriculture aux
investisseurs étranger, pour réduire ses importations et diversifier son économie.
1 L’ordonnance n° 09-01 du 22 juillet 2009 portant loi de finances complémentaire J.O.R.A.D.P n° 44 du 26 juillet 2009, p.4.
134
§ 1. Les modalités d’exploitation des terres agricoles
Les terres agricoles relevant du domaine privé de l’Etat ainsi que les moyens
d’exploitation sont mis à la disposition des établissements publics à caractère administratif,
scientifique, technologique et technique.
1 Article 7 du décret exécutif n° 11-06 du 10 janvier 2011 précisant les modalités d’exploitation des terres agricoles relevant du domaine privé de l’Etat
et affectées. J.O.R.A.D.P n° 02 du 12 janvier 2011.
135
L’administration des domaines et les services du ministère chargé de l’agriculture
peuvent à tout moment, chacun selon ses attributions, effectuer tout contrôle portant sur
l’exploitation des biens, leur utilisation et leur préservation.
Il est attendu à travers la loi n° 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les
modalités d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat, qui privilégie ce qui est le
plus favorable à l’agriculture, la mise d’une véritable réforme des structures agraires du pays qui
permettra de libérer les initiatives dans le cadre de la libre entreprise évoluant dans un marché
régulé.
Pour rappel, la loi n° 10-03 du 15 août 2010, abroge la loi n° 87-19 du 8 décembre
1987 qui détermine le mode d’exploitation des terres agricoles du domaine national et fixe les droits
et obligations des producteurs.
« En outre, les cas des terres agricoles touchées par diverses opérations
d’expropriation ou de détournement se sont eux révélés complexe à traiter, freinant
considérablement la mise à jour de la situation cadastrale des anciennes superficies devenues plus
réduites que ce que disent les papiers »2.
La loi n° 10-03 qui prône le concept de la concession est en vigueur depuis 2010.
L’importance accordée partout dans le monde à la sécurité foncière qui est une des
conditions essentielles pour l’émergence d’une agriculture durable.
1 Chiffres communiqués. Office National des Terres Agricoles, Alger mai 2013.
2 Mohamed Mehdi TRACHE, la gestion des structures foncières en Algérie. Cas des contrats de concession, Thèse de Doctorat Université de
Montpellier, septembre 2013.
136
Il est important de signaler que l’Etat, par la promulgation de la loi n° 87-19, s’est
désengagé de l’ingérence paralysante subie par les collectifs des travailleurs, ce désengagement est
rééditer dans la loi n° 10-03, donc nous pouvons dire que la gestion collective instituée par les textes
de l’autogestion n’a pas totalement disparu. L’idée commune à toutes les concessions est celle
d’une permission, d’une autorisation ou encore celle d’un droit accordé par l’administration à un
particulier.
C’est ce qui explique que la concession n’est pas un véritable contrat, comme le
stipule l’article 4 de la loi n° 10-03 du 15 août 2010 que la concession est l’acte par lequel l’Etat
consent à une personne physique.
En réalité, il s’agit d’un acte mixte ; contractuel par les clauses qui concernent la
durée réglementaires pour les questions financières et celles contenues dans le cahier des charges.
Donc, la nouvelle loi n’a pas apporté des bouleversements radicaux par rapport à la
loi n° 87-19.
Il aurait fallu qu’à travers cette nouvelle loi, les deux parties (bailleur et preneur),
s’imposent ou acceptent des obligations réciproques. Cela ne pourrait avoir lieu que si les contrats
signés individuellement spécifient clairement les clauses qui traduisent la réalité du terrain.
Il n’est pas certain que la loi n° 10-03 soit efficace afin de stabiliser les agriculteurs
qui se trouvent sur les terres du domaine privé de l’Etat.
Il est temps d’attribuer les titres de concession pour ne pas répéter les failles et
lenteurs enregistré.
Contraste par rapport à la loi n° 10-03 du 15 août 2013, car certains spécialistes
dénoncent sans ménagement ce nouveau texte qui abroge la n° 87-19 du 8 décembre 1987, où ils
déclarent que la nouvelle loi à elle seule est loin de régler les problèmes du foncier, voire tendrait
même à les exacerber en entrainant une dynamique spéculative désastreuse ainsi que des
inégalités dans l’accession à la propriété et à l’exploitation des concessions agricoles en favorisant
une exploitation intensive mais non durable des ressources en sol.
137
Conclusion du chapitre IV
Ne pas détourner la terre de sa vocation agricole est l’un des objectifs principaux de
la loi n° 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités d’exploitation des terres
agricoles du domaine privé de l’Etat.
Partant de ce qui précède dans de l’étude que nous avions mené au niveau de ce
chapitre, cette loi pourrait potentiellement régler la problématique inextricable du foncier agricole en
Algérie, du fait qu’elle propose les outils législatifs nécessaires afin de pallier les insuffisances de la
loi 87-19 du 8 décembre 1987 dont les textes d’application n’ont jamais été élaborés et promulgués.
Nous pouvons dire aussi que cela fait quatre années depuis la promulgation de la loi
n° 10-03, mais nous n’avions pas vu l’élaboration des textes d’application d’une manière successive,
d’ailleurs nous nous posons la question : pourquoi cette lenteur afin de promulguer les textes
réglementaires d’une loi si importante dans le domaine du foncier agricole ?
L’application de cette loi doit avoir son impact sur l’économie nationale afin de
réaliser la sécurité alimentaire des citoyens pour une vraie autosuffisance alimentaire.
138
Chapitre V : La politique des structures
Nous allons voir comment organiser au plan juridique les formes d’exploitation.
Pour favoriser la formation d’un marché foncier, la loi d’orientation agricole doit
s’accompagner d’une politique des structures d’exploitation.
Pour mieux comprendre la politique des structures dans notre pays, nous nous
posons les deux questions suivantes :
Nous tenterons de répondre à ces deux questions dans l’étude des sections
suivantes :
1 Article 46 de la loi n°08-16 du 03 août 2008 portant orientation agricole. (J.O.R.A.D.P n°46 du 10 août 2008, p.9)
139
§ 1. La nécessité de préserver l’exploitation agricole
Pour cela, et pour tenir compte du contexte sociologique algérien, il serait judicieux :
d’atténuer par une législation qui confère la priorité à l’héritier exploitant lors des
successions, les effets de l’indivision qui créent souvent des situations
préjudiciables à la production et à l’investissement.
Est réputé exploitant agricole, toute personne physique ou morale qui exerce une
activité agricole et qui participe à la conduite de l’exploitation, bénéficie des résultats et supporte les
pertes qui pourraient en résulter1.
Au sens de la loi n°08-16 du 03 août 2008, sont de nature agricole, toutes les
activités correspondant à la maîtrise et à l’exploitation d’un cycle biologique de caractère végétal ou
animal et constituant une ou plusieurs étapes nécessaires au déroulement de ce cycle ainsi que les
activités qui se déroulent dans le prolongement de l’acte de production et notamment le stockage, le
conditionnement, la transformation et la commercialisation des produits végétaux ou animaux
lorsque ces produits sont issus exclusivement de l’exploitation. Les activités agricoles ont un
caractère civil.
1 Article 47 de la loi n°08-16 du 03 août 2008 portant orientation agricole. J.O n° 46 du 10 août 2008.
140
Donner la priorité à l’exploitation dans le respect du droit de propriété et de la liberté
de transaction, c’est reconnaître à l’exploitant un certain nombre de droits qu’il peut faire valoir tant
auprès des pouvoirs publics et qu’auprès du propriétaire dont il exploite la terre. La loi aurait pu
consacrer un principe « la terre à celui qui l’exploite » pour sécuriser les preneurs de baux ruraux.
Les difficultés internes rencontrées par l’agriculture sont certes en grande partie
liées à l’absence d’un statut professionnel de l’agriculteur, mais elle réside aussi et surtout à
l’absence de reconnaissance d’un outil de travail, entité juridiquement distincte du patrimoine
personnel de l’exploitant.
Comment créer une exploitation agricole dans des conditions comparables à celles
de l’entreprise de façon à ce qu’elle soit au service de l’économie et en se dégageant des problèmes
fonciers ? Dans cet objectif, le gouvernement algérien peut envisager plusieurs aspects :
a) Il n’est pas nécessaire pour créer une entreprise agricole, de réunir entre les
mains du producteur tous les éléments de l’entreprise, c’est à dire les droit de
propriété et les droits liés à l’exploitation. Au contraire, les charges foncières
étant souvent lourdes, elles peuvent constituer un obstacle à l’investissement et
une source d’endettement.
141
§ 2. Doter l’exploitation d’un statut d’entreprise.
Le marché foncier peut être utilisé, avec pertinence, pour la maîtrise du sol qui est,
et demeure l’élément fondamental en matière d’élévation de la production, de stabilisation des
populations rurales et d’aménagement du territoire.
1 Mohamed Elyas MESLI, Il y a des craints quand à l’efficacité de la concession à stabiliser les agriculteurs, le Journal « El Watan » du 14 mars 2011.
Interview réalisé par Mohamed NAILI.
142
L’entreprise agricole, parallèlement à ces actions et pour être efficace, doit s’inscrire
dans la durée et faire émerger la stratégie dévolue au secteur par l’Etat.
Cette taxe ne devrait pas aller au-delà d’un seuil tolérable de pression fiscale par les
personnes physiques et morales.
Ces dispositifs juridiques ne peuvent par ailleurs aboutir et être efficients que dans
la mesure où, au préalable, il aura été opéré une clarification de la réglementation existante et une
évacuation après, identification, des facteurs de blocage : vides juridiques, ambiguïtés, etc.…
143
Il est temps de mettre fin à l’anarchie qui règne dans le foncier agricole et dont des
pans entiers sont l’objet de spéculation, s’ils ne sont pas inondés par le béton ; l’Etat intervient ainsi
en force afin de sauver les derniers arpents vers.
Cette enquête est menée suite aux instructions données par la justice.
Il est à noter que le Ministre de la justice algérien avait déclaré que : « le dossier de
la spéculation et du trafic des terres agricoles, à l’instar de toutes les autres affaires jugées délicates,
sera ouvert et instruit par la justice en toute liberté ».
L’ONTA est un organisme public chargé de la régulation foncière. Il est placé sous
la tutelle du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural.
Il est à noter qu’il s’ensuit une défiguration de l’espace rural et des périmètres
agricoles par métrages répétés et extensibles.
Dans ce contexte, une nouvelle logique, celle du marché régulier, est entrain de
prendre forme en s’appuyant sur un ensemble de mesures qui favorisent la circulation des biens.
144
Ainsi en est-il de la loi d’orientation foncière et de la création d’un organisme
important qui est l’ONTA.
L’Office, en tant qu’instrument de l’Etat et agissant pour son compte, a pour mission
de mettre en œuvre la politique nationale foncière agricole.
Il est important de savoir que cet organisme exerce des missions d’intérêt général
dans le cadre de :
Dans le cadre de ses activités propres, l’office peut acquérir toutes exploitations et
toutes terres agricoles ou à vocation agricole, dont il confie par voie contractuelle l’aménagement, la
valorisation ou la mise en valeur.
L’office est tenu, dans le cadre de l’exercice de ses missions, de rétrocéder les
terres agricoles qu’il a récupérées, aménagées et valorisées pour le compte de l’Etat.
Pour atteindre ses objectifs et accomplir sa mission, l’office est doté par l’Etat, par
voie d’affectation, de moyens humains et matériels nécessaires à ses activités.
d’instruire, en relation avec les services des domaines et par délégation, les
demandes de concession des terres agricoles relevant du domaine privé de
l’Etat ;
d’assurer le suivi des conditions d’exploitation des terres agricoles du domaine
privé de l’Etat concédées et de mettre en place des instruments d’évaluation de
leur utilisation durable et optimale par les concessionnaires ;
145
de veiller à ce qu’aucune transaction portant sur les terres agricoles ne conduise
à un changement de sa vocation agricole1.
L’office national des terres agricoles est appelé à assumer la mission de régulation
foncière. Sur le terrain, cet organisme s’occupera de la régulation foncière afin d’éviter aux futures
exploitations un détournement de vocation.
Par cet organisme, l’Etat renforce son contrôle sur les terres agricoles et poursuit la
valorisation des exploitants agricoles. L’office national des terres agricoles (ONTA) est appelé à
réguler et contrôler les terres relevant du domaine privé de l’Etat, dont la superficie s’étend sur 2,5
millions d’hectares répartis en 100.000 exploitations agricoles et 218.000 bénéficiaires2.
Il est important de signaler que le but de la mise en marche de cet organisme, étant
de protéger les terres agricoles, et aussi, statuer sur le sort des 11 900 exploitations et terrains, dont
les précédents bénéficiaires sont poursuivis en justice pour dilapidations et détournement.
L’office est appelé à traiter les demandes de passage au droit de concession qui
remplace désormais le droit de jouissance.
Il faut savoir que les agriculteurs désirant exploiter en concession des terres
agricoles, ont un délai de 18 mois à partir de la fin du mois de septembre 2010 pour déposer leurs
dossiers de demande auprès de l’Office national des terres agricoles (ONTA).
Le conseil d’administration est composé de sept membres, dont deux sont issus de
représentants d’agriculteurs.
1 Article 5 du décret n°09-339 du 22 octobre 2009. J.O.R.A.D.P n°61 du 25 octobre 2009, - page 5 et 6.
2 Hakim AICHIOU, Office national des terres agricoles, le conseil d’administration installé, le journal, le Carrefour d’Algérie du 29 août 2010, p.05.
3 Badreddine KHRIS, La concession des terres : mode d’emploi, le Journal « Liberté » du 6 septembre 2010, p. 6.
146
Le conseil d’administration se réunit sur convocation de son président en session
ordinaire, au moins deux fois par an.
Les délibérations sont constatées sur des procès-verbaux signés par le président et
le secrétaire de séance, et soumises à l’approbation de l’autorité de tutelle.
Par contre le directeur général est nommé par décret exécutif, sur proposition du
Ministre chargé de l’Agriculture.
On y trouve :
Se composent :
L’office est doté d’un fonds initial dont le montant est fixé conjointement par le
Ministre de tutelle et le Ministre chargé des finances.
Mais nous remarquons d’après l’analyse relative à l’ONTA, que le texte qui porte sa
création ne précise pas les délais au terme desquels doit s’opérer la rétrocession des terres qu’il a
acquises.
147
2. Sauvegarder l’intérêt général
Par ailleurs, ce type d’organisme en raison de son rôle crucial, ne pourra conduire à
bien sa mission en matière d’aménagement des structures foncières et être associé éventuellement
aux opérations de remembrement que s’il bénéficie réellement :
Par contre, il ne faut pas exclure la possibilité de laisser s’établir, en toute légalité,
des opérateurs privés dans le domaine du marché foncier afin que s’instaure une saine concurrence
avec l’organisme d’Etat ayant des prérogatives en la matière.
A l’inverse, l’organisme d’Etat pourra lutter contre les ententes des opérateurs et
sauvegarder l’intérêt général.
Le niveau des coûts, des rendements et de la qualité des services assurés devrait
être ainsi maîtrisé.
D’une façon plus générale, l’absence d’un marché foncier transparent restreint les
mutations foncières et partantes, l’expression complète du droit de propriété. Cet état de choses ne
prédispose pas à la réalisation d’équipements, hydro agricoles, de bâtiments d’exploitations etc.…
148
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Pour conclure cette partie, nous signalons que l’agriculture algérienne des années
60, avait été marquée par le secteur autogéré qui s’était organisé sur les terres coloniales.
Nous avons compris que le secteur autogéré est loin de jouer le rôle moteur de
l’agriculture, qui lui revient de par la situation des terres et des moyens humains, organisationnels,
techniques et financiers dont il dispose. Il faut également souligner que l’autogestion implique plus
que les autres formes de gestion, un niveau élevé de conscience politique en générale, et
professionnel en particulier des travailleurs.
Donc, après des années on se rend compte que l’autogestion n’a pas été appliquée,
et par voie de conséquence que ce n’était pas le système qui était condamnable mais la façon dont il
était confié et appliqué en Algérie.
L’année 1972, était marquée par l’adoption des textes de la « Révolution Agraire »
qui tentait à extraire l’autogestion de champ d’application.
Ce processus est marqué par des percées spectaculaires, affaiblissant les positions
économiques de la grosse propriété foncière et bloquant en partie les possibilités d’accumulation du
capital privé agricole.
Il aurait été souhaitable que les moyens mis à la disposition du développement des
coopératives agricoles eussent été mis au service du renforcement et de l’élargissement du secteur
autogéré ; qu’on s’imagine, autant que faire se peut, la perfection qu’aurait atteinte l’autogestion si
les efforts d’élaboration des textes de la coopération lui eussent été consacrés.
Nous avons fini par comprendre que le système collectiviste de la politique foncière
en Algérie n’a pas atteint ses objectifs initiaux fixés dans les divers domaines, à travers toutes les
réformes produites depuis l’indépendance jusqu’aux années 80.
La volonté d’une réforme profonde dans le secteur vers une libération foncière était
parmi les objectifs cruciaux que l’Etat algérien voulait réaliser à travers les différentes dispositions
intervenues sur les structures foncières, en vue de conférer à la terre la notion de propriété et de
capital économique.
149
La loi n° 83-18 du 13 août 1983 relative à l’accession à la propriété foncière
(APFA), qui vise à accroître la SAU, a abouti de fait à une dénationalisation des terres du secteur
public sur la base d’une distinction entre les terres incorporées au FNRA et affectées, et les terres
incorporées mais non affectées, devenues de ce fait éligibles à l’appropriation privée, ouvrant ainsi
la voie au remodelage du secteur agricole privé tout en autorisant les mutations foncières.
La loi n° 84-16 du 30 juin 1984, relative au domaine national qui a fait référence aux
terres agricoles d’ailleurs d’une manière très succincte, avait marqué le classement des terres
agricoles relevant du domaine national.
Nous avons vu que dans le cadre de la loi n° 87-19 de 08 décembre 1987, les
attributaires bénéficient d’un droit réel immobilier perpétuel, cessible, transmissible par voie
d’héritage et saisissable.
L’objectif recherché était de libéraliser les transactions portant sur les terres
agricoles pour promouvoir la production agricole et encourager l’investissement dans les domaines
de l’agriculture.
Mais les objectifs de cette loi n’ont pas pu être réalisés, surtout qu’elle a engendré le
démembrement des terres et la dissolution de plus de 3 100 DAS transformées plus tard en
exploitations individuelles ou collectives (EAI-EAC près de 51.890).
Nous avons compris aussi que les terres publiques constituent dans le contexte
politique et économique actuel, un enjeu important qui explique la complexité des situations
juridiques, la diversité des statuts et les relations quasi conflictuelles entre les différents acteurs.
la loi n° 08-16 du 3 août 2008 qui est venue remédier aux failles et manques
qu’avait connu le domaine du foncier agricole algérien.
la loi n° 10-03 du 15 août 2010, fixant les conditions et les modalités
d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat, et qui a introduit
une gestion privative de la terre mais qui reste toutefois propriété de l’Etat.
Toutefois, il convient de relever que par l’effet combiné des différents textes
règlementaire relatif au foncier agricole, les pouvoirs ont partiellement réglé les problèmes ayant
résulté de la politique foncière antérieure, essentiellement fondée sur l’appropriation publique,
l’organisation collective des exploitations agricoles et la faible protection de la propriété privée.
150
Ces choix qui, pendant longtemps, ont été consacrés au plan constitutionnel, sont
progressivement remis en question pour laisser place à la reconnaissance du choix de la propriété
privée et de la fonction sociale qu’elle assume dans la société et sur le plan économique, ainsi que
le bien wakf qui reste un élément déterminant dans l’évolution présente et future des sociétés
musulmanes, sans oublier l’influence des biens wakfs dans la préservation des terres agricoles.
151
DEUXIÈME PARTIE :
LE CADRE JURIDIQUE RÉGISSANT LES TERRES
DE LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE ET LES BIENS WAKFS ,
LES PERSPECTIVES ET PROPOSITIONS
D'ÉLÉMENTS DANS LE DOMAINE DU DÉVELOPPEMENT AGRICOLE
152
DEUXIEME PARTIE : LE CADRE JURIDIQUE REGISSANT LES TERRES DE LA PROPRIETE PRIVEE
ET LES BIENS WAKFS, LES PERSPECTIVES ET PROPOSITIONS D'ELEMENTS
DANS LE DOMAINE DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE
« La propriété foncière privée est le droit de jouir et de disposer d’un fonds foncier
et/ou de droits réels immobiliers pour un usage conforme à la nature ou la destination des biens »1.
Enfin, l’expropriation pour cause d’utilité publique ne peut intervenir qu’après une
indemnité préalable. L’article 20 de la Constitution dispose : « l’expropriation ne peut intervenir que
dans le cadre de la loi. Elle donne lieu à une indemnité juste et préalable ».
La réforme du statut des terres publiques laisse encore subsister des ambiguïtés,
les attributaires n’étant ni fermiers ni propriétaires.
Nous allons tenter d’analyser dans cette partie l’évolution de la propriété individuelle
et le rôle de l’Etat algérien pour favoriser son développement.
1 Chérif BENGUERGOURA, « Droit sur la terre et jeu social dans l'Algérie actuelle », Alger, Centre de Recherche en Economie Appliquée pour le
Développement (C.R.E.A.D) 2004 p. 67 et 68.
2 Hamid AIT AMARA, « La transition de l'agriculture algérienne vers un régime de propriété individuelle et d'exploitation familiale » : cahiers options
méditerranéennes. Montpellier 1999, n° 36, p. 127.
153
Sans oublier de signaler qu’avec 5,7 millions d’hectares, la propriété privée
représente les 2/3 de la surface agricole du pays.
l’attribution de la propriété de tout ce qui est sur terre, à Dieu (aspect spirituel) ;
l’occupation et la vivification (aspect temporel).
Donc, la terre appartient à Dieu. Et Dieu délègue son droit aux musulmans. La
légitimité du droit de propriété ne saurait être contestée puis qu’elle est d’origine divine. Mais Dieu
ne délègue pas son pouvoir dans l’absolu.
Il le subordonne au travail que doit effectuer le musulman sur cette terre. En cela,
l’idée de propriété est intimement liée à l’idée de mise en valeur, à la vivification.
les terres Melk et les terres Arch, qui constituerons les deux (2) sections de notre
les terres wakfs ou (habous) qui feront l’objet de notre petite investigation dans le
chapitre ;
Titre II.
Les terres (melks) sont ainsi nommées de la nature même du droit de propriété dont
elles sont l’objet. Le melk est la propriété ordinaire, de droit commun, donnant à celui qui en est
titulaire le droit de jouir et de disposer de la chose de la manière la plus absolue. Le même mot
désigne aussi, tout bien libre, aliénable à la volonté du possesseur.
1 Zahia SOUDANI MIHOUB, Ttransactions foncières, marché foncier, patrimoine, Thèse de Doctorat, Université de Constantine octobre 2007, p. 29
2 Louis MILLOT, « Introduction à l’étude du droit musulman », Paris Ve, SIREY 1953, P.579.
154
§ 1. Les caractéristiques des biens melks
On peut dire que le régime melk est la forme qu’a prise naturellement la propriété en
Algérie, lorsqu’elle a été abandonnée à elle-même ou lorsqu’elle a été affranchie de la surveillance
du pouvoir central. Tous les territoires Kabyles, qui n’ont jamais été soumis effectivement aux Turcs,
sont exclusivement de propriété melk ; et la propriété est redevenue melk dans toutes les tribus
assez éloignées de leur centre d’action pour échapper à leur surveillance sur la culture. Il faut donc,
contrairement à certaines assertions, proclamer que le régime melk est le régime naturel aux
populations autochtones de l’Algérie.
Une grande partie des terres melk d’Algérie sont d’origine kabyle, c'est-à-dire sont
ainsi possédées à titre privé depuis un temps immémorial, les dominations arabe et turque n’ayant
pas pu s’implanter dans les massifs qui les contenaient.
Même dans les régions soumises à ces conquêtes, certaines tribus ont conservé la
propriété melk, en acceptant sans résistance le conquérant ou en obtenant de lui une capitulation
leur garantissant leur propriété.
On constate qu’en Kabylie qui est une région importante de l’Algérie, que la
propriété est extrêmement morcelée où l’indivision disparaît très vite. Il y est de règle de pratiquer le
partage immédiat entre les héritiers à la mort de l’auteur commun ; ce qui est possible en raison de
la simplicité relative du système successoral excessif de la propriété, un domaine de deux hectares
de bonne terre est rare en Kabylie, et les jardins de douze ou quinze ares sont extrêmement
fréquents. Bien plus, dans leur horreur de l’indivision, les kabyles en arrivent à partager des choses
qui pour certains ne paraissent pas partageables, par exemple les arbres, oliviers, figuiers ou frênes.
Il arrive souvent ainsi que par un droit de superficie assez fréquent en Algérie, la propriété des
arbres s’élevant sur un terrain soit distincte de la propriété du sol.
155
On a voulu découvrir une manifestation de ce collectivisme dans la pratique d’une
association de famille1. Cette convention, assez peu usitée, se forme entre héritiers d’un auteur
commun, frères, ou oncle et neveux, quand l’un d’eux, mineur ou s’expatriant, est incapable de
cultiver le bien patrimonial.
La gérance est assurée par ceux qui restent dans la tribu ou par ceux qui sont
capables de travailler.
La terre melk est possédée indivisément par un nombre variable d’individus, qui ne
dépasse pas ordinairement 20, mais qui peut aller parfois jusqu’à 300 à 400.
Il est à remarquer que malgré cette indivision, il n’y a là rien qui ressemble à un
régime de propriété collective. Les copropriétaires de terres melk, quel que soit leur nombre,
conservent toujours le droit absolu de disposer personnellement de leur part indivise, sans avoir
besoin du consentement de leurs consorts. Ils peuvent demander le partage quand il leur plait. Leur
situation est donc la même que celle des propriétaires indivis en France.
En Algérie, la situation est plus fréquente, elle se prolonge plus longtemps, elle n’en
a pas moins toujours le même caractère. Ce qui explique la prolongation des indivisions chez les
autochtones algériens, c’est moins l’esprit d’association et de solidarité que la complication de la loi
musulmane en matière de successions.
1 A. ALOUI, « Le Régime foncier et le cadastre en Algérie », Agence Nationale du Cadastre (A.N.C), septembre 1997, p. 13 et 14.
2 A. ALOUI, « Le Régime foncier et le cadastre en Algérie », Agence Nationale du Cadastre (A.N.C), septembre 1997, p. 13 et 14.
3 Amar ALOUI, « Propriété et régime foncier en Algérie », éditions HOUMA, 2009 p. 33 et 34.
156
« Dans le bien arch ou (sabega), le fonds était réputé appartenir au souverain, qui
abandonnait la jouissance à la tribu. Celle-ci usait de la jouissance comme elle voulait, mais sans
pouvoir aliéner le fonds. Le premier occupant conservait cette jouissance tant qu’il pouvait continuer
à la vivifier, et la transmettre dans les mêmes conditions à ses héritiers mâles en ligne directe.
Les cultivateurs des tribus ne pouvaient pas consentir, sur ces terres, aucun contrat
impliquant le titre de propriété. Cette définition qui reconduit la notion « de nue-propriété de l’Etat, en
même temps c’est une définition qui a servi de fondement à certaines pratiques coloniales »1.
« En affirmant qu’à côté des terres melk, objets d’un droit de propriété individuelle
analogue au dominium romain et au droit de propriété actuel ; il y avait en Algérie de nombreuses
tribus et de vastes territoires soumis à un mode de possession bien différent, territoires que
l’administration française a dénommés (arch) dans les provinces de Constantine et d’Alger, (sebaga)
dans la province d’Oran, ce qui constituait une des questions les plus controversées qu’ait soulevées
le régime foncier algérien »2.
D’une manière générale, les terres arch ce sont des terres dévolues aux tribus, en
vertu du principe posé par le sénatus – consult de 1863 suivant lequel ces collectivités étaient
déclarées propriétaires incontestables des terres dont elles avaient la jouissance permanente et
traditionnelle.
les tribus de l’Algérie sont déclarées propriétaires des territoires dont elles ont la
jouissance permanente et traditionnelle à quelque titre que ce soit : c'est-à-dire
que les droits de jouissance exercés sr les terres arch et maghzen3 sont
transformés en un droit de propriété collective au profit des tribus.
Plus tard, cette propriété collective sera convertie en une propriété individuelle au
profit des membres du douar, en attendant, et comme mesures préliminaire, on doit procéder à la
délimitation des tribus, à la division des tribus en douars et à la répartition des terres collectives
entre les différents douars.
1 Fatiha BENCHIKH EL FEGGOUN AABBASSI, l’impact des lois foncières coloniales sur la situation socio-économique des paysans algériens, de
1873 à 1911, Thèse de Doctorat, Université de Constantine 2007, p.70.
2 Amar ALOUI, « Propriété et régime foncier en Algérie », éditions HOUMA, 2009 p. 33 et 34.
3 Terre maghzen : les territoires maghzen étaient des terres concédées à des colonies militaires : le colon arabe, en entrant dans le maghzen, recevait
la terre et des instruments de travail des armes et un cheval ; il était à la fois agriculteur et gendarme.
157
Au demeurant, la tribu ou plutôt le douar en possède le domaine éminent ; les
membres de la tribu en exercent l’usufruit, usufruit spécial qui peut conduire à l’appropriation privée
en tenant compte des caractéristiques spéciales de la terre arch qui se résument ainsi :
Inaliénabilité ;
obligation de vivifier le sol pour en conserver la jouissance ;
transmission de la terre de mâle à mâle en ligne directe ;
interdiction de tout contrat impliquant le titre de propriétaire
compétence exclusive de l’autorité administrative dans le règlement des litiges
Mais, il est important de mentionner que la terre arch ne peut devenir propriété
privée qu’à la suite d’une enquête partielle requise par son occupant ou par un acquéreur européen
ou musulman.
Cependant, l’acquisition ne peut pas avoir lieu que sous condition suspensive. A cet
effet, le titre de propriété délivré, forme le point de départ de la propriété.
158
Remarques
En somme, qu’il s’agisse de terre arch ou de terre melk, partout il s’agit de biens
privatifs ; les conditions de partage et de jouissance sont partout les mêmes.
Désormais le melk, dépouillé des entraves traditionnelles est simplifié, sera assimilé
à la propriété privée. La deuxième catégorie inventée, c’est le statut arch sur lequel se greffe une
fiction juridique, la tribu et la propriété tribale. Le glissement vers la propriété collective plus facile à
démembrer en propriété privée, est ainsi enclenché. La tribu qui est une invention coloniale, est
devenu un instrument d’oppression dont il faut libérer ses individus »2.
Par opposition aux terres dites francisées, soumises au code civil français et dont
les propriétaires sont munis de titres fonciers les terres melk et archs ne sont pas titrées.
159
Section 3 : Les mutations liées à la propriété privée
L’option pour la généralisation de la propriété individuelle se heurte cependant à un
certain nombre d’obstacles qui limitent singulièrement la portée des mesures de privatisation de la
terre. La réforme du régime juridique des terres publique laisse subsister une ambiguïté sur le statut
des tenanciers, ni fermiers ni propriétaires, source de nouvelles difficultés.
Les possibilités d’un investissement sur fonds propres sont très limitées pour la très
grande majorité des exploitants, ce qui donne au crédit agricole un rôle déterminant dans le
processus d’investissement agricole.
En somme tous les pays industrialisés ont introduit dès la première moitié du
XIXème siècle (1855 en France) la publicité foncière pour permettre de sécuriser le crédit
hypothécaire. Le constituant d’une hypothèque ne peut mettre en gage un bien que s’il lui appartient,
ce qui lui donne la capacité d’aliéner son bien.
les terres dites melk (ont fait l’objet d’une étude dans le chapitre précédent), ces
terres sont soumises aux prescriptions du droit musulman et possédant toutes
les caractéristiques de la propriété individuelle ;
les terres dites arch, terres collectives mais ayant fait l’objet progressivement
d’une appropriation privative (nous les avions déjà expliquées).
160
L’application des lois foncières coloniales s’était bornée à la propriété des colons
européens (2 700 000 ha) et à celle d’une minorité de propriétaires autochtones (1000 000 ha) ; le
reste, 6 à 7 000 000 ha, demeurant sous les régimes anciens. La question de l’achèvement du
processus de constitution de la propriété individuelle reste donc globalement posée, la majorité des
exploitants étant dépourvue de titre, et pour autant que la réforme foncière poursuive les objectifs de
modernisation de la propriété.
Il importe de signaler qu’une enquête récente sur les exploitations privées des
hautes plaines indique que 41% des exploitations et 60,5% des terres exploitées sont concernées
par l’indivision. Celle-ci augmente en part relative avec la taille de l’exploitation.
Du reste, la propriété est acquise par héritage des ascendants et collatéraux, père,
mère et sœurs. Ces dernières, lorsqu’elles sont mariées, cèdent le plus souvent à leurs frères leurs
parts d’héritage. Les ventes de terres sont relativement peu fréquentes et ne constituent pas un
mode significatif d’acquisition de la propriété. Cette situation ne découle pas seulement du principe,
encore largement admis, de l’indivisibilité du bien familial, mais de l’offre insuffisante d’emplois non
agricoles qui limite considérablement le transfert des agriculteurs vers d’autres activités et la
libération des terres. La situation la plus fréquente est la double activité des actifs des ménages pour
qui l’exploitation constitue un revenu d’appoint aux ressources familiales obtenues en dehors de
l’agriculture.
161
Section 4 : Privatisation et rente foncière
§ 1. Marginalisation du secteur privé
Le secteur privé est distingué en secteur privé traditionnel et secteur privé moderne
et ce, en fonction des facteurs de production utilisés et de l’importance des superficies des
exploitations.
D’après ces chiffres il en ressort que 72,12 % des exploitations n’occupent que
22,59 % des superficies de ce secteur, 0,79 % d’exploitation ayant une taille supérieure à 100 ha
occupant 13,47 % de la superficie totale.
Comprenant des structures d’exploitation très diverses, ce secteur opère dans des
conditions très variables. Il est régi par des rapports de production très différents pouvant être aussi
bien précapitalistes (cas du Khammassat, des modes de faire-valoir collectifs) que capitalistes dans
le cas des grandes exploitations mécanisées et utilisant une main-d’œuvre salariée.
1 Lazhar BACI, « Les réformes agraires en Algérie » Cahiers options méditerranéennes, Montpellier, CIHEAM 1999, n° 36 p. 286.
162
Le secteur privé traditionnel inclut les exploitations qui soit n’utilisent pas de
techniques modernes de production, soit les utilisent de façon réduite, non permanente et
incohérente. Ce secteur fonctionne dans un régime d’autosubsistance et pratique des cultures
vivrières pour l’autoconsommation (exploitations inférieures à 5 ha) et un surplus commercialisable
pour les exploitations plus grandes. C’est le secteur le plus peuplé en raison des conditions
historiques (refoulement des populations pendant la période coloniale). Il est par conséquent le
cadre d’une grande pression sur la terre, ce qui a conduit souvent à des morcellements rendant
l’exploitation difficile et incapable d’assurer la subsistance de la population ; il sera à l’origine d’un
fort courant d’exode rural vers les villes et les autres secteurs de production.
« Tout laisse croire qu’à l’avenir ce mouvement de hausse de prix agricoles et des
terres va se poursuivre et gagner en intensité.
Jusque-là, le mode de régulation par l’Etat, par les importations et les prix, avait
contenu la hausse des prix agricoles ; mais la réduction de la capacité à importer et la politique de
libération des prix va sans doute accroître la pression à la hausse des prix.
A cet effet, les achats de terre des non agriculteurs risquent de reprendre compte
tenu de la nouvelle conjoncture des prix agricoles.
1 Lazhar BACI, « les réformes agraires en Algérie ». Cahiers, Options méditerranéennes, Montpellier, CIHEAM 1999, n° 36 p.286 et 287.
163
Il est à noter que les études sur les transactions foncières sont rares. Marc COTE
notait pour les années 1966-1969, dans l’Est algérien, « le retrait de la bourgeoisie terrienne
ancienne au profit des petits paysans : se fondant sur le dépouillement des mouvements de terre
enregistrés au service des hypothèques, il constatait une (déprise) des villes sur les campagnes ».
C’est la terre des citadins qui fit l’objet du gros des transactions sur 6 688 hectares échangés, les
citadins vendirent 5 323 hectares, soit 85,6%. Les paysans comme vendeurs participèrent donc peu
au marché foncier, par contre ils achetèrent 2 914 hectares (43,6%), les citadins se réserve 3 774
hectares (56,4%).
« Le plus fort volume des transactions fut réalisé par les commerçants qui
achetèrent 56,2% des terres acquises par les citadins pour 141 000 dinars, ensuite dans un ordre
décroissant, la bourgeoisie terrienne ancienne (15,7%), les fonctionnaires (7,3%), les corps
enseignant et médical, (4,3%), les artisans (4,3%), les retraités, les employés, les travailleurs
émigrés en Europe (2,9%). Enfin, il faut relever que les ventes de citadin à citadin ont porté sur une
superficie moyenne de 35 ha, tandis que les ventes de fellah à fellah ne dépassaient pas 4 ha en
moyenne. C’est la bourgeoisie foncière ancienne installée en ville qui avait vendu ses terres aux
commerçants d’une part et aux fellahs d’autre part.
Mais ce sont là des observations faites à la veille de la réforme agraire et des plans
d’industrialisation. Les transactions durant la décennie 1970 se sont faites plus massivement en
faveur des campagnes, la ville se délestant de ses propriétés rurales. Par contre, la décennie 1980
est marquée par une forte hausse du prix des terres et un regain de l’intérêt des citadins pour la
terre. L’agriculture représente désormais une opportunité certaine de réaliser des plus-values
importantes par la réaffectation des terres à des usages non agricoles. Cette tendance est confortée
par les dispositions de la loi d’orientation foncière (1990) qui ouvre l’accès à la propriété en faveur
des citadins »2.
1 Hamid AIT AMARA, « La transition de l'agriculture algérienne vers un régime de propriété individuelle et d'exploitation familiale », Cahiers, Options
méditerranéennes. Montpellier : CIHEAM, 1999, n° 36 p.136.
2 Hamid AIT AMARA, « La transition de l'agriculture algérienne vers un régime de propriété individuelle et d'exploitation familiale », Cahiers, Options
méditerranéennes. Montpellier : CIHEAM, 1999, n° 36 p.136.
164
Chapitre II : Les instruments juridiques et réglementaires pour la gestion et la
préservation des terres agricoles privées
La propriété privée était limitée et cette image été reflétée par l’article 16 de la
constitution algérienne de 19761, qui disposait que la propriété individuelle des biens à usage
personnel ou familial est garantie. La propriété privée, non exploiteuse, telle que définie par la loi, fait
partie intégrante de la nouvelle organisation sociale.
2 Hamid AIT AMARA, « La transition de l’agriculture algérienne vers un régime de propriété individuelle et d’exploitation familiale », Cahier Options
Méditerranéennes, Montpellier, CIHEAM. 1999 n° 36, p. 132.
165
Il faut savoir que la constitution de 1989 a été abrogée par la constitution de 1996 et
que la garantie de la propriété privée a été stipulée par l’article 52 de cette dernière.
Nous allons tenter d’étudier au niveau de cette section, l’accès à la propriété à partir
des terres de propriété privée, en faisant références aux dispositions du code de la famille.
L’accès à la propriété s’opère à travers les procédures de droit commun tel la vente,
la succession la donation, le testament et le droit de préemption.
Il importe de signaler, que nous n’allons pas évoquer tout ce qui a trait à la
succession, la vente et le droit de préemptions car nous tenterons d’étudier ces points au niveau du
chapitre II, relatif à la loi d’orientation foncière.
A. La donation
B. Le testament
C’est l’acte par lequel une personne transfert un bien à titre gratuit pour le temps où
elle n’existera plus1. Les dispositions testamentaires ne peuvent excéder la limite du tiers du
patrimoine et l’excédent du tiers du patrimoine ne s’exécute que si les héritiers y consentent »2.
1 Article 184 de la loi n° 84-11 du 9 juin 1984 portant code de la famille. J.O.R.A.D.P n° 24 du 12 juin 1984 p. 623.
2 Abdelmalek AHMED ALI, « La législation foncière agricole en Algérie et les formes d’accès à la terre », Cahiers, Options Méditerranéennes, n° 66.
Montpellier, CIHEAM n° 66 p.44.
3 La loi n° 90-25 portant orientation foncière J.O.R.A.D.P n° 49 du 18 novembre 1990, p.1332.
166
Il importe de signaler que le législateur algérien a admis, pour de raisons multiples,
des atteintes au droit de propriété privée. Elles sont justifiées le plus souvent par la nécessaire
intervention des pouvoirs publics soit pour faire respecter une utilisation équilibrée de l’espace rural
et urbain, soit pour obtenir des détenteurs des biens fonciers une contribution à la politique de
développement.
La complexité des situations juridiques générées par les diverses phases par
lesquelles est passé le régime foncier devenait un obstacle majeur au développement durable du
secteur de l’agriculture.
assainissement du contentieux foncier ;
le devenir des terres agricoles ;
la valorisation et l’extension du patrimoine foncier ;
l’encadrement du foncier agricole.
une instabilité des collectifs attributaires ;
des terres et des bâtiments inexploités ;
une faiblesse des investissements ;
la sous-location et la vente sur pied ;
le détournement de la location des terres et des bâtiments ;
l’urbanisation incontrôlée et la prolifération des constructions illicites.
167
Cette loi tente de sécuriser les véritables propriétaires en privilégiant l’exploitation
par rapport au faire-valoir direct. Elle ne s’intéresse pas au mode d’exploitation direct ou indirect
mais à l’obligation d’exploiter qui peut justifier les interventions publiques en cas de non exploitation
considérée comme un abus de droit.
Les terres archs demeurent, de par leur statut, propriété de l’Etat et sont régies par
la loi domaniale n° 90-30 du 1er décembre 1990 et par la loi n° 87-19 du 08 décembre 1987.
Il faut que leurs propriétaires n’aient pas été condamnés pour leurs comportement
contraire à la guerre de libération nationale et / ou que les terres ne résultent pas de transactions
foncières réalisées avec l’occupant durant ou après la lutte armée.
Il faut que les propriétaires initiaux n’aient pas obtenu de terres en compensation
ou des concours financiers de l’Etat pour reconversion dans d’autres activités,
ou des terres dans le cadre de la loi n° 87-19 du 08 décembre 1987.
168
- la restitution n’engendre aucune charge ou indemnité par l’Etat au profit des
propriétaires initiaux.
- que les terres n’aient pas été réellement mises en valeur dans le cadre de la loi
n° 83-18 du 13 août 1983 relative à l’accession à la propriété foncière (L’APFA).
Ces mouvements sont motivés par des raisons évidentes de spéculation foncière.
Les règles de succession doublées du droit de la propriété indivise vont pour leur
part générer des comportements particuliers et notamment la généralisation des baux ruraux et le
manque de transparence du marché foncier agricole.
Il est à noter que les restitutions ont remis en cause les opérations de cadastre déjà
réalisées dans la mesure où il y a changement de titulaires du droit de propriété.
Nous avons déjà souligné les grands principes posés par la loi n° 90-25 et
notamment la restitution des terres et l’abrogation des textes relatifs à la révolution agraire et aux
réserves foncières communales. Nous allons essayer de voir dans cette section les questions liées
aux garanties de la propriété foncière et à leur expression juridique.
1 Etude sur le Foncier Agricole, rapport n° 2. Edition Alger Bureau National d'Etudes pour le Développement Rural (B.N.E.D.E.R), juin 1998, p. 165.
169
L’article 29 de la loi n° 90-25 confirme que ce principe et désormais l’acte
authentique est la forme exclusive d’appropriation des biens fonciers et des droits réels immobiliers.
D’ailleurs, l’article 30 de la loi n° 90.25 fait obligation de justifier tout droit de détention sur les biens
fonciers puisque : « Tout détenteur ou occupant de biens fonciers doit disposer d’un titre légal ».
En effet, pour faire l’historique d’un immeuble il fallait retrouver le nom de tous les
propriétaires antérieurs. Il suffisait qu’il manque un nom pour que tout le système perde de son
efficacité.
C’est ainsi que le système dit Torrents fondé sur une publicité réelle, c'est-à-dire
portant sur les immeubles, est venu remplacer l’ancien système. Le nouveau système est introduit
par l’ordonnance du 12 novembre 1975 portant établissement du cadastre général et institution du
livre foncier. C’est un système qui substitue au consensualisme qui prévalait dans le système
antérieur un formalisme très marqué qui permet à l’Etat d’exercer un contrôle sur les mouvements
fonciers. Dans ce système, le conservateur foncier va recevoir des prérogatives très étendues et le
notaire va contribuer à l’encadrement des mouvements fonciers.
Le rôle du notaire tel que défini par l’article 2 de l’ordonnance du 15 décembre 1970
est de recevoir tous les actes et contrats auxquelles les parties doivent donner le caractère
d’authenticité attaché aux actes de l’autorité publique. L’acte authentique est également défini
comme un acte où un fonctionnaire public ou une personne chargée d’un service public, constate
dans les formes légales et dans les limites de son pouvoir et de ses compétences, des faits qui ont
eu lieu en sa présence ou des déclarations faites par les intéressés. Les actes authentiques sont les
actes constitutifs, déclaratifs, translatifs ou modificatifs portant sur la propriété immobilière ; ils
doivent obligatoirement être publiés et inscrits au fichier immobilier.
Ainsi, d’une part la procédure de publicité pour l’inscription au fichier immobilier est
réalisée obligatoirement et exclusivement par un notaire et celui-ci est tenu de faire publier et ce
indépendamment de la volonté des parties tous les actes soumis à publicité et dresser par eux ou
avec leur concours et, d’autre part, les droits réels relatifs à un immeuble n’ont d’effet à l’égard des
tiers que pour autant qu’ils auront été publiés.
C’est ce qui a été précisé dans le Code civil en son article 793 qui dispose : « la
propriété des immeubles et les autres droits réels sont transférés, aussi bien entre parties qu’à
l’égard des tiers, que si les formalités prévues par la loi et notamment les textes régissant la publicité
foncière sont observés ».
170
Le conservateur foncier pour sa part joue un rôle important ; et il exerce le plus
souvent ce rôle au nom de l’Etat pour publier ou refuser de publier des actes dans la mesure où il
est chargé de gérer un service public qui est la tenue du livre foncier et l’accomplissement des
formalités se rapportant à la publicité foncière.
Cependant, dans le nouveau système son rôle a été étendu puisqu’il est en outre
chargé de vérifier la capacité des personnes parties à une transaction et la régularité des actes.
C’est dire que son rôle se superpose à celui du notaire et peut donner lieu à des
conflits de compétences. Il en est ainsi lorsque le notaire dressera des actes qu’il considère comme
réguliers et que le conservateur foncier peut rejeter. D’ailleurs, les pouvoirs du conservateur foncier
sont si larges, qu’il advient qu’il rejette la publication de décision de justice sur le fondement de
manque de bases légales et notamment lorsque le juge fonde sa décision sur la prescription
acquisitive alors que le conservateur y voit une absence de titre de propriété.
Dans ce cas, il se substitue aux juridictions. Le rôle du notaire autant que celui du
conservateur foncier demandent à être clarifiés et précisés.
C. La reconnaissance de la possession
Selon les principes généraux retenus énoncés par le Code civil relatifs à la
prescription acquisitive, toute personne justifiant de la possession d’une terre pendant plus de 15
ans peut se faire établir un acte notarié. Cependant, le flou juridique entretenu sur le statut de la
propriété privée ainsi que les atteintes flagrantes et répétées de la part des pouvoirs publics n’ont
pas facilité la mise en place d’une vraie politique d’assainissement de la propriété non titrée,
situation aggravée par des transactions occultes qui ont rendu toute régularisation sur la base des
règles générales difficile voire inefficace.
Dans le souci de sauvegarder les intérêts des tiers, le législateur a prévu un certain
nombre de conditions pour l’établissement du certificat de possession.
1 La loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière. J.O.R.A.D.P n° 49 du 18 novembre 1990, p. 13. Cette loi a été modifiée et
complétée par l'ordonnance n° 95-26 septembre 1995 (J.O.R.A.D.P) n° 55 du 27 septembre1995.
171
Il faut en effet que le fond objet de la demande de délivrance d’un certificat de
possession soit :
une propriété Melk, ce qui signifie que les occupants des dépendances du
une propriété non titrée située dans une région non cadastrée ;
domaine national ne peuvent prétendre à une quelconque régularisation ;
la possession dudit fonds doit en plus justifier d’une possession continue non
interrompue, paisible, publique et sans aucune équivoque.
« L’accès à l’exploitation peut se faire par les voies du droit commun à savoir la
location. Cette formule bien qu’ancienne dans les pratiques du monde agricole se heurte à un vide
juridique. Le bail agricole n’est pas expressément régi par le code civil qui traite du bail en général et
de celui d’habitation en particulier. Mais la loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 portant orientation
foncière recommande dans son article 53, ce qui suit : En matière de baux, les dispositions
législatives en vigueurs concernées seront en tant que de besoin, adaptées pour prévoir toutes
formes juridiques favorisant l’exploitation des terres, notamment par la promotion des
investissements productifs et l’amélioration de la structure foncière de l’exploitation.
172
Les dispositions législatives en vigueur ne sont pas adaptées à l’activité agricole
puisque le code civil ne traite pas des baux ruraux expressément, ce qui rend fragile les relations
entre bailleurs et preneurs puisque les relations sont opérées sur des bases juridiques aléatoires,
cette situation fait que :
soit les notaires se basent exclusivement sur le code civil pour la rédaction des
baux ruraux, lorsque les parties contractantes veulent lui donner un caractère
authentique ;
soit que les bailleurs et preneurs recourent à la pratique des actes sous seing
privés, puisque le troisième alinéa de l’article 53 de la loi n° 90-25 du 18
novembre 1990 autorise l’établissement des baux agricoles en la forme d’actes
sou seing privé.
La loi n° 91-11 du 27 avril 1991 est fondée sur deux grands principes2 :
1 Abdelmalek AHMED ALI, « La législation foncière agricole en Algérie et les formes d’accès à la terre », Cahiers, Options méditerranéennes,
Montpellier, CIHEAM, 2011, n°66, p. 46 et 47.
2 La loi n° 91-11 du 27 avril 1991 fixant les règles d’expropriation pour utilité publique, J.O.R.A.D.P n° 21 du 8 mai 1991, p.573.
173
Partant de ces principes de base, le législateur a énoncé un certain nombre de
règles qu’on peut résumer ainsi :
Par ailleurs, le juge est tenu de statuer sur le litige qui lui est soumis dans un délai
d’un mois en première instance et dans un délai de deux mois en appel. Il faut préciser ici que bien
que prévus par la loi, ces délais nous semblent difficiles à faire appliquer dans la réalité. Or, ils ont
été prévus en substitution de la procédure d’urgence qui permettait, sous certaines conditions, à
l’administration de prendre possession des biens à exproprier selon une procédure accélérée
d’urgence.
174
Théoriquement, seuls les projets légalement reconnus d’utilité publique sont admis
et peuvent donner lieu à la procédure d’expropriation. Cependant, bien que la loi tente de définir
quelques critères, les contours de la notion d’utilité publique restent flous et peuvent être l’objet
d’interprétations multiples.
Les techniques d’évaluation des biens à exproprier telles que prévues par la loi font
référence à l’utilisation effective des sols un an avant l’ouverture de l’enquête préalable à la
déclaration d’utilité publique.
L’indemnité déterminée par les services des domaines est proposée aux
propriétaires et aux titulaires des droits réels par l’autorité compétente (généralement le wali) ; en
cas de désaccord les propriétaires peuvent saisir le juge en vue de la fixation de l’indemnité. A ce
niveau, la difficulté procède de la lenteur de la procédure dans la mesure où le juge administratif
n’étant pas spécialisé, il doit recourir à la désignation d’un expert.
Cette procédure gagnerait à être précisée de façon à éviter les interprétations que
l’administration pourrait être amenée à en donner.
B. Le droit de préemption
1 Etude sur le Foncier Agricole, Rapport n° 2, Alger Bureau National d'Etudes pour le Développement Rural (B.N.E.D.E.R) juin 1998, p. 174.
175
Le droit algérien connaît une institution similaire inspirée de la chariâa islamique
sous le nom de chefâa définie comme étant la faculté de se substituer à l’acheteur dans une vente
immobilière1. Elle est moins qualifiée à tort de préemption puisqu’elle permet de garder la nue-
propriété dans les mains du reste de co-indivisaires, ce qui la rapproche plus de retrait successoral
que la préemption qui a un rôle beaucoup plus large.
La préemption administrative, en revanche, qui en vertu d’une loi peut être exercée
par l’Etat et ses démembrements dans un but d’utilité publique et notamment pour intervenir dans
les mutations foncières afin de préserver la viabilité des exploitations en ce qui concerne les terres
agricoles ou de constituer un portefeuille foncier dans le cadre des opérations d’urbanisme.
La menace que fait peser la préemption sur le droit de propriété privée et sur le
principe de la liberté de contracter, oblige le législateur à insérer son utilisation dans des règles
rigoureuses et strictes et elle ne peut être envisagée que pour des objectifs précis :
la sauvegarde des zones sensibles telles que les parcs naturels et les forêts.
Le partage amiable qui peut déboucher sur un accord des parties pour la vente
de la totalité de l’exploitation. C’est ce qui a été prévu par l’article 720 du Code
civil qui dispose : « Les co-indivisaires qui possèdent les trois quarts au moins
de la chose commune, peuvent en décider l’aliénation, pourvu que leur décision
soit fondée sur des motifs sérieux et qu’elle soit notifiée aux autres co-
indivisaires par actes extra judiciaire.
1 Article 794 du Code civil algérien qui dispose : "la chefâa est la faculté de se substituer, dans une vente immobilière à l'acheteur….".
- La chefâa cité dans le Code civil est "le droit de préemption". Code civil algérien BERTI éditions, Alger, 2002.
176
Le co-indivisaire dissident peut se pourvoir devant le tribunal dans un délai de
deux mois à partir de la notification. Le tribunal a, au cas où le partage du bien
indivis est préjudiciable aux intérêts des co-indivisaires, à apprécier, d’après les
circonstances, si l’aliénation doit avoir lieu ». Donc nous constatons qu’au cas
où les ¾ des co-indivisaires décident la vente, les dissidents peuvent avoir
recours au juge.
Sans entrer dans les détails de mécanismes des successions, on peut relever que
tout le système est basé sur la seule volonté des co-indivisaires et peu d’attention est accordée à
l’intérêt de l’exploitation. Pour remédier à ces situations qui peuvent faire obstacle à l’introduction
d’une conception moderne de l’exploitation agricole, plusieurs propositions peuvent être avancées :
L’attribution par prise à bail consiste pour les co-indivisaires à donner la terre à
bail à l’un des co-indivisaires.
La notion d’exploitation revêt des contenus différents selon qu’il s’agit d’une
exploitation de production agricole ou d’une exploitation d’élevage. Les critères utilisés pour
l’exploitation de production agricole sont la nature du sol (sec ou irrigué) et la nature des productions
(cultures industrielles maraîchage, agrumes, fourrages…).
177
Cependant, en ce qui concerne les exploitations d’élevage, aucun critère n’a été
prévu. Sans doute que l’objectif essentiel de la loi était de préserver les terres agricoles, et le
législateur ne s’est pas encore soucié de l’organisation des autres activités agricoles qui demandent
pourtant des clarifications.
Si la restitution des terres ayant fait l’objet de donation au FNRA ne pose pas de
problèmes particuliers puisque la loi ne fait aucune exception ni restriction, par contre la restitution
des terres mises sous protection de l’Etat appelle quelques observations.
Le droit de propriété sur les terres mises sous protection de l’Etat était suspendu, et
théoriquement les mesures édictées par le décret du 9 mai 1963 n’avaient pas pour effet d’opérer un
transfert de propriété au profit de l’Etat.
Ce n’est que par une confusion entre les notions de vacance, de nationalisation et
de séquestre que ces biens ont été réunis au patrimoine de l’Etat par l’ordonnance de 6 mai 1966.
Très souvent, les conditions mêmes de la mise sous protection de l’Etat n’étaient pas réunies. C’est
donc à juste titre que la loi réhabilite le droit de propriété des personnes qui ont été privées en marge
de la loi. Nous comprenons donc que la loi est sélective et repose sur certaines conditions.
1 Ordonnance n° 95-26 du 25 septembre 1995 modifiant et complétant la loi n° 90-25 portantes orientations foncières, J.O.R.A.D.P n° 55 du 27
septembre 1995, p.8.
178
1.1. Les conditions liées aux terres
Les terres ne doivent pas avoir été acquises en violation des lois et règlements en
vigueur ; c'est-à-dire qu’elles n’aient pas été acquises en violation du décret n° 62-03 du 23 octobre
1962 relatif aux transactions visant la vente ou la location des biens meubles et immeubles déclarés
vacants.
Même les terres ne doivent pas avoir fait l’objet d’une attribution dans le cadre de la
loi n° 83-18 du 13 août 1983 relative à l’accession à la propriété foncière agricole (APFA). Sauf si le
bénéficiaire n’a pas effectivement entamé les opérations de mise en valeur.
Les terres ne doivent pas avoir changé de vocation ; c'est-à-dire intégrées dans le
plan d’aménagement et d’urbanisme ou qu’elles n’aient pas servi d’assiette à une opération
d’urbanisme ou de réalisation d’un ouvrage d’utilité publique.
Enfin, les terres ne doivent pas avoir été acquises par prescription acquisitive en
application de l’article 827 du code civil1. Cette condition peut évidemment être levée par le juge si
l’acte de notoriété ou le certificat de possession violent le droit de propriété.
Autrement dit, le propriétaire privé à tort de la jouissance de ses biens depuis plus
de 35 ans, ne peut obtenir réparation du préjudice subi, et ce, par la volonté du législateur.
1 Code civil algérien, Alger, BERTI éditions 2002. Article 827 stipule : Celui qui exerce la possession sur une chose, mobilière ou immobilière ou sur un
droit réel mobilier ou immobilier sans qu'il en soit propriétaire, ou le titulaire, en devient propriétaire si sa possession continue sans interruption
pendant quinze ans.
179
§ 2. La confirmation du caractère domanial des terres arch et communales
En ce qui concerne les terres archs et les terres du domaine communal, l’article 85
de la loi 90-25 est modifié ainsi : « les terres dites archs et communales intégrées dans le fonds
national de la révolution agraire en application de l’ordonnance n° 71-73 du 8 novembre 1971
demeurent propriété de l’Etat… ».
La loi n° 90-25 avait exclu de la restitution les terres dites archs et les terres
communales dans la mesure où au moment de leur intégration dans le FNRA, elles étaient
exploitées collectivement sur la base d’un acte de jouissance non individualisé.
Du point de vue du statut de la terre, il faut distinguer les terres archs des terres
communales.
Les terres communales étaient une partie du territoire distrait par les lois coloniales
(ordonnance de 1848 et senatus consulte de 1863). A l’indépendance, ces terres étaient versées au
patrimoine des communes et les terres archs ont conservé le statut antérieur. En 1971, les terres
communales et les terres archs sont versées au FNRA et deviennent propriété de l’Etat.
La loi n° 90-25, non seulement ne reconnaît pas les locataires et les détenteurs
traditionnels, mais elle exclut toute forme d’appropriation individuelle ou collective sur les terres
archs et communale.
Elle confirme leur caractère domanial et plus exactement la propriété de l'Etat sur
ces biens.
Enfin, elle confirme les attributaires en place, titulaires d'un droit de jouissance en
vertu de la loi 87-19 et l'article 85 de la loi n° 90-25 dispose : « Dans le cadre de la cession des
droits réels immobiliers consentis par l'Etat aux producteurs agricoles de la loi n° 87-19 du 8
décembre 1987, les occupants initiaux des terres communales domaniales et archs agricoles avant
l'application de la révolution agraire, sont prioritaires sur les terres excédentaires disponibles ».
La loi confirme donc, les situations de fait qui ont déjà donné lieu à des
régularisations exceptionnelles. Mais peut-on dire à partir de là que c'est une solution qui peut
mettre fin aux lutte pour l'accès à la terre et notamment dans les zones pastorales.
Cette interrogation est d’autant plus légitime que les positions des uns et des autres
sont encore très divergentes.
180
Pour répondre, la position des détenteurs traditionnels sur cette question est
connue. Ils soutiennent que les terres archs ne sont pas des terres publiques, ils en seraient les
propriétaires légitimes. C’est le Code pastoral qui les en a dépossédés en permettant à des
personnes étrangères aux communautés traditionnelles d’y avoir accès. Le problème aurait été créé
par les enquêteurs de la révolution agraire qui auraient mal interprété les droits qu’ils exerçaient sur
ces terres.
Enfin, dans un souci de trouver des solutions, certaines autorités locales auraient
restitué à des communautés traditionnelles des terres dont elles n’avaient que la possession, ce qui
a pu donner lieu à des revendications plus intenses.
D’une façon générale, une opposition à la vente des terres archs se manifeste de
plus en plus chez certains acteurs de la société civile et ce, dans la perspective de la privatisation.
De ce fait, nous avons d’un côté, l’Etat qui souhaite offrir aux communautés
traditionnelles des titres d’attribution et de l’autre, les communautés qui veulent être rétablies dans
leurs droits traditionnels d’exploitation et même de propriété.
Cette hauteur de pluie va en diminuant du Nord vers le Sud. Ces précipitation sont
concentrées durant la période froide et présentent souvent un caractère orageux d’où leur faible
efficacité dans la recharge hydrique du sol.
Les températures sont relativement homogènes mais très contrastées. Cette aridité
croissante du Nord au Sud est marquée par des températures qui augmentent soulignant une
sécheresse estivale plus longue.
181
Les régions steppiques sont considérées comme parcours présahariens et
sahariens.
Le cheptel ovin est d’environ 12 millions de têtes sur les 18 millions que compte le
troupeau national. Il trouve sur place, par la production fourragère des parcours, un aliment vert
gratuit, ce qui le fera particulièrement apprécier et convoiter. De ce fait, la steppe revêt une
importance pour l’économie nationale.
B. Appartenance tribale
Dans le débat sur la steppe, la revendication des terres au profit de la tribu est une
constante de tous les temps.
Dans la wilaya de Djelfa, l’appartenance à une tribu est encore une réalité sociale
actuelle. Mais elle tend à disparaître ou à se distendre, du moins pour ce qui concerne la structure
sociale, c'est-à-dire la solidarité entre tous les membres. Aussi sont déplorés les comportements
individualistes au détriment de ceux collectifs. Néanmoins perdure une certaine hiérarchie sociale,
les notables étant appelés (HADJ)1.
Selon les cas, le Président d’APC ou chef de tribu, reste à l’écoute des notables vu
leur rang socio-économique, mais surtout vu leur charisme et leur personnalité leur permettant de
jouer un rôle prépondérant dans les grandes décisions. Dans certains cas, ce membre de l’arche,
portée à la fonction de président d’APC, commence à déranger en raison des dérogations
individuelles qu’il accorde à des privilégiés de son proche entourage (membres proche par lien de
parenté).
Le candidat à la présidence de l’APC doit être membre de la Tribu. Mais cette vision
des choses commence à déranger du fait de faveurs accordées à certains et pas à d’autres.
1 Le HADJ: Pèlerin, la personne ayant été au lieu saint "la Mecque" pour accomplir son devoir de pèlerinage
182
C. Les problèmes juridiques relatifs aux terres steppiques
La situation des terres steppiques est encore plus complexe dans la mesure où le
Code pastoral les avait purement et simplement intégrées au FNRA et interdit en principe leur
transformation en terres labourables. Dans la réalité, les communautés traditionnelles n’ont jamais
cessé de les détenir et de les exploiter sur la base des règles coutumières de partage et de
reconnaissance mutuelle de ces droits. Les titres traditionnels d’occupation ne constituent nullement
des titres de propriété. La complication procède des attributions intervenues dans le cadre de la
révolution agraire au profit de personnes étrangères aux communautés et qui peuvent prétendre
dans le cadre de la loi n° 87-19 et de la loi n° 90-25 à un droit de propriété sur les terres devenues
labourables.
L’Etat propriétaire des parcours et des terres pastorales sera l’unique interlocuteur.
C’est avec l’Etat que doivent être passés les contrats reconnaissant le droit d’usage sur les terres de
la zone pastorale.
Enfin, malgré l’interdiction du Code pastoral individuel dans le cadre de la loi n° 83-
18 du 13 Août 1983 relative à l’accession à la propriété foncière par la mise en valeur, les solutions
envisagées par les pouvoirs publics et qui tendent d’une part à confirmer le caractère domanial des
terres de parcours et d’autre part à reconnaître un droit de propriété sur les investissements et les
parcelles mises en valeur, semblent les solutions les plus logiques si l’on veut préserver les
caractéristiques de ces zones.
Il importe de signaler, qu’en date du 21 janvier 1985, fut créé le Haut Commissariat
de Développement de la Steppe.
183
Sans oublier de mentionner que la loi d’orientation foncière n° 90-25 du 18
novembre 1990 a modifié le contenu du Code pastoral sur les isohyètes mais sur la végétation
annuelle, dense ou clairsemée comprenant pluriannuels ainsi que les arbustes ou des façons
pluriannuelle pour le pacage des animaux. Par cette définition, les parcours englobent ceux
steppiques, pré-sahariens et sahariens.
Donc nous comprenons que cette loi introduisait la notion de terres dénudées se
trouvant au-delà de l’isohyète 100 mm et pouvant être restaurées ainsi que pour les terres situées
en dessous de l’isohyète 300 mm résultant de défrichements ou de labours d’anciens pâturages
steppiques ou d’anciennes nappes alfatières. Le domaine des parcours ou steppique se trouvait
légalement défini par les isohyètes 100 à 300 mm et les terres sises sous les isohyètes 300 à 400
mm ne relevaient plus de ce domaine et pouvaient, implicitement au moins, être mises en culture.
Par ailleurs, cette loi reconnaît les droits de jouissance traditionnelle, exercés sur les
terres de parcours et alfatières mais elle prévoit que ces droits, ainsi que les droits de propriété sur
les investissements réalisés (par l’Etat) sont consentis collectivement aux intéressés selon des
modalités déterminées par une loi particulière de la loi n° 90-251.
Elle n’ignore pas les mises en culture puisqu’elle prévoit qu’une loi déterminera les
modalités d’octroi de droits de jouissance perpétuelle à titre individuel ou collectif de ces terres
cultivées.
Les solutions envisagées par les pouvoirs publics et qui tendent d’une part, à
confirmer le caractère domanial des terres de parcours et d’autre part, à
reconnaître un droit de propriété sur les investissements et les parcelles mises
en valeur semblent les solutions les plus logiques pour préserver les
caractéristiques de ces zones et qui se résument comme suit :
Régulariser les situations juridiques des parcelles mises en valeur ;
déclarer définitivement la steppe comme des dépendances du domaine national
de l’Etat;
et d’organiser enfin, le droit de jouissance perpétuelle sous forme de bail à long
terme au profit des communautés.
- L’ordonnance n° 95-26 du 25 septembre 1995 est une loi qui consacre le
droit de propriété et remet en cause toutes les formes d’atteinte à la propriété
privée en élargissant la restitution des terres agricoles aux donateurs dans le
cadre de la R.A et aux propriétaires fonciers dont les biens ont été mis sous
protection de l’Etat par le décret du 9 mai 1963. Elle répond à une
revendication générée par la privatisation annoncée des terres et elle répare
les insuffisances de la loi n° 90-25 relative à l’orientation foncière.
1 Article 64 de la loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière. J.O.R.A.D.P n° 49 du 18 novembre 1990, p.13.
184
En 1997, le programme de la mise en valeur par le biais de la concession a permis
le prélèvement de terres sur le domaine steppiques pour un concessionnaire devant la mettre en
valeur (cultures), avec possibilités d’appropriation par cession au profit de la personne physique ou
morale concernée.
185
TITRE II : LA GESTION DES BIENS WAKFS EN ALGÉRIE
Le wakf est un outil qui lie, et relie en réseau, différents secteurs de la société, à des
fins plurielles, adaptés aux besoins changeants des époques. A bien des égards, la société
musulmane doit les assises de son organisation religieuse, pieuse, sociale et, parfois, politique, à
l’institution du wakf. (pluriel : awkafs), appelé hubs (pluriel : habous) dans le nord de l’Afrique et dans
la plupart des régions musulmanes et des pays arabes. Connu en occident en tant que fondation
pieuse, ou au temps colonial, comme bien de mainmorte car les biens appartenant aux wakfs sont, a
priori immobilisés à jamais au profit des institutions ou en faveur des personnes désignées par les
constituants des fondations, car le wakf est véritablement le pilier autour duquel la plupart des
infrastructures de la société musulmane se sont construites, dès les premiers siècles de l’Hégire.
A titre illustratif, dans le domaine foncier, le wakf (habous) est un moyen de réaliser
des buts divers et pieux, il est également un excellent moyen de déroger à l’ordre successoral
coranique. Et dans ce cas également, le trait fondamental est l’inaliénabilité de la terre. Seul
l’usufruit fait l’objet de donation et est transmis de génération en génération.
Ainsi en va-t-il de la loi « sénatus consult » du 22 avril 1863 (qui est restée le socle
de la législation immobilière à l’époque coloniale) et de la loi « Wanier » du 26 juillet 1873 : ces
réformes qui essayaient de construire une sécurité foncier en clarifiant le droit de propriété foncière
pour l’établissement de titres de propriété devant assouplir les transactions et l’exploitation se sont
heurtées à un droit coutumier doublés de règles religieuses portés par la notion du « WAKF ».
A travers cette partie, nous tenterons d’expliquer l’évolution des biens wakfs en
Algérie et le cadre juridique régissant ces biens, ainsi que leur rôle dans le développement et la
préservation des terres agricoles.
186
Chapitre I : Les caractéristiques des biens wakfs
Pour toutes ces raisons, il suscite l’intérêt des institutions officielles et l’implication
d’organismes de la société civile et mobilise les sphères culturelles en générale »1.
Au demeurant, le habous ou wakf trouve son origine dans le droit musulman et plus
précisément dans la sunna (ensemble des dires du prophète Mohamed), mais le Coran ne contient
pas de texte qui confirme la loi du habous. C’est une pratique qui consiste à mettre ses biens à l’abri
d’un pouvoir despotique et assurer l’usufruit aux descendants en leur interdisant la voie de
l’aliénation.
Avant d’entamer l’étude de la section 1 relative à la définition des biens wakfs et leur
évolution, nous signalons que l’ambiguïté du foncier dans l’Islam classique repose sur celle de la
propriété du sol. Or le wakf, règle en théorie, définitivement la question par une congélation à
perpétuité de cette propriété.
Section 1 : Définition des biens wakfs et leur évolution dans les sociétés
musulmanes
§ 1. Définition des biens wakfs
« D’une manière générale, le terme wakf (au pluriel : awkafs) est infinitif (masdar)
qui indique l’action d’arrêter, de repousser la réclamation d’un droit de propriété sur une chose ; il
s’oppose au mot Tamlik appropriation. Son synonyme Habous, ajoute à cette idée le sens de
séquestre.
Un des plus grands jurisconsultes malékites IBN ARAFA a défini le wakf comme
étant « un acte de disposition à titre gratuit sur l’utilité d’une chose pendant la durée de celle-ci, la
nue-propriété restant réellement sur la tête du constituant durant sa vie et fictivement après sa
mort ».
1 Nacereddine SAIDOUNI, « le wakf en Algérie à l’époque Ottomane », recueil de recherches sur le wakf, Koweit, série de livre (4) 2009 p.1.
2 Louis MILLOT, « Introduction à l’étude du Droit Musulman », Paris Ve, SIREY 1971, p. 537.
187
IBN RACHID quant à lui disait que « c’est un acte à titre gratuit mettant à la
disposition d’autrui les utilités du bien à titre perpétuel ».
Au demeurant, le wakf est un acte religieux par lequel le wakif (le constituant ou
donateur) en espérant la récompense de Dieu, consacre ses biens ou une partie d’entre eux à des
œuvres de bienfaisance, en tentant de faire accéder le plus grand nombre possible de personnes à
l’usage de son bien dans un but d’intérêt général. On concrétise, même après sa mort le souci du
wakif qui est d’ordre religieux à un but purement social.
Il est également insaisissable, étant hors du commerce, il n’entre pas dans le gage
du créancier et ne peut pas faire l’objet d’une saisie.
Il est important de signaler que sur le plan juridique, le principe ne pose pas de
problème. Par contre sur le statut de la nue-propriété, une difficulté subsiste.
Selon ABOU HANIFA, et les malékites : « le bien continue d’appartenir au wakif (le
donateur) et à ses héritiers, mais ils ne peuvent plus en disposer. Pour IBN HANBAL (hanbalites), le
bien devrait devenir propriété légale à la fondation pieuse qui l’exploite ».
Quant aux Châfites, suivies par les tenants des Hanafites, « estiment que la
propriété du wakf a été sacralisée par l’acte de donation et par conséquent elle appartient
exclusivement à Dieu ».
Par ailleurs, il est distingué deux sortes de biens wakfs : l’un est public et l’autre est
privé. Lorsque le wakif (donateur) du bien est une fondation pieuse ou d’intérêt général (confrérie
religieuse, mosquée, école, cimetière…) on est en présence d’un bien wakf public (kheïri).
Par contre, le wakf privé (Ahli), lorsque la donation est faite alors que l’appréhension
est différée en raison de l’existence d’héritiers. La donation est soumise dans ce cas à une condition
suspensive. Le transfert de propriété du bien wakf n’aura lieu qu’au moment de l’extinction des
dévolutaires intermédiaires.
188
Le wakf devient dès lors, public et est administré par un mandataire appelé (Nadhir).
Le donateur se dessaisit alors tant du droit de propriété que de l’usufruit, car le bien est aussitôt
frappé d’une insaisissabilité et d’une inaliénabilité ; sauf en cas d’indigence du dévolutaire
intermédiaire ou lorsque le bien ne répond plus au but de son affectation.
Elle est faite au profit d’un bénéficiaire (mahbous) tel que (mosquée, zawiya,
école…). Mais il n’est pas nécessaire, pour sa validité, que ce bénéficiaire ait déjà une existence
légale.
Il suffit qu’il y ait constitution pour la réalisation d’un but pieux ou d’utilité générale :
construction d’une mosquée, d’une école, d’un pont, d’un cimetière…).
Elle emporte alors la mise sous séquestre du bien affecté, le constituant ne peut
plus céder sa nue-propriété ; ni le bénéficiaire son usufruit.
Le wakf ou habous dans les pays du Maghreb, est une tradition caractéristique de la
civilisation musulmane. Pendant l’époque ottomane, il a connu un essor exceptionnel en Algérie et
son importance dans les divers domaines économiques, social et culturel, s’est maintenue jusqu’aux
premières années de la colonisation française.
1 Zaouïa (Zawya) : établissement islamique où l’on dispense un enseignement religieux et qui est situé à proximité d’un tombeau du fondateur d’une
mosquée (voir p. 206)
189
A l’époque ottomane, il existait les registres de Beït-El-Mal (Trésor public). Ces
registres concernant, en majorité, la part de Beït-El-Mal ; dans les héritages, les dépenses destinées
aux pauvres et aux gens de passage, ainsi que les biens des orphelins et des absents consignés
auprès du Beit-El-Mal (responsable du trésor public).
Les registres de Beylik1 sont des registres officiels de l’administration beylicale. Ils
concernent les dépenses et les revenus de biens wakf de diverses fondations religieuses.
En somme, la gestion des biens wakfs dans l’époque ottomane, a connu une
répartition des revenus entre bénéficiaires et exploitants ainsi que la diversité des sources de
revenu, et rendement annuel.
Il est important de signaler qu’environ 75% des biens étaient sous le régime du
wakf ; ce qui empêchait la mobilité des richesses et leur accroissement, préservait la structure
sociale existante et renforçait l’inertie socio-économique.
1 Beylik : une province gouverné par un Bey ; le Bey : c’était le souverain ottoman. Le tout haut dignitaire de l’Empire ottoman.
2 Nacereddine SAIDOUNI, « le wakf en Algérie à l’époque ottomane », Recueil de recherches sur le wakf, Koweit, sériede livre (4).(Koweit, 2009
p.1.
190
Dans le même temps, l’appareil du Beylik enchaîné par ses rapports déséquilibrés
avec les puissances européennes devenait prisonnier d’un système commercial capitaliste
caractérisé par l’exportation de grandes quantités de matières premières agricoles algériennes, en
échange des produits manufacturés destinés à satisfaire les besoins de la société citadine
recroquevillée.
Le wakf était une pratique sociale dominante dans la société algérienne à l’époque
ottomane et constituait une réponse aux besoins quotidiens et un reflet de l’état culturel de la
population.
Le wakf avait un impact direct sur l’activité économique et les rapports sociaux.
Les revenus du wakf assuraient les salaires et les dépenses des hommes de loi,
des enseignants et des tolba1. Les gouvernants turcs, soucieux de décharger l’Etat et le Trésor
public de ces tâches, ont œuvré pour l’instauration d’une gestion autonome des institutions
culturelles et d’enseignement.
Parmi les bénéficiaires des revenus du wakf, nous avons les étudiants (tolba) ; les
enseignants, les chargés des affaires de culte dans les medersas2, Zaouïas, les mausolées et les
mosquées.
Le surplus des revenus du wakf était, dans la plupart des cas, destiné à la création
de nouveaux lieux de culte et d’enseignement.
191
A cet effet, on peut dire que « le wakf contrecarrait les dépassements et les abus de
pouvoir de la part des gouvernants. Il était un outil de préservation des richesses, des biens et des
terres, car le bien wakf échappait aux transactions commerciales et ne pouvait être exproprié ou
confisqué. Ainsi, malgré les conjonctures difficiles de la fin de l’époque ottomane qui incitaient les
gouvernants à des actes de destitution, d’expropriation ou de taxation, les wakfs restaient à l’abri
des dépassements grâce aux règles sacrées de la loi religieuse »1.
Il est à noter que le wakf permettait aux personnes âgées et aux mineurs,
incapables d’exploiter leurs biens, de bénéficier de leurs revenus.
Le wakf assurait aussi, le budget d’entretien des biens publics tels que les
fontaines, les aqueducs, les puits les routes et les chemins.
Enfin il fournissait des fonds pour édifier et restaurer les casernes et les diverses
fortifications, notamment les forts et les batteries pour la défense du pays contre les attaques
maritimes européennes et les incursions des tribus de l’intérieur du pays.
« Le habous (wakf) est souvent utilisé, pas seulement en Algérie mais dans tout le
Maghreb, comme artifice juridique pour l’exhérédation de la femme, en contournant légalement les
prescriptions coraniques qui, au contraire, reconnaissent à la femme le droit à l’héritage dans
certaines proportions, soit la moitié d’une part d’un mâle. Les fondateurs du habous conservent pour
eux-mêmes et leurs futurs descendants mâles l’usufruit des biens wakfs (habous). Ce processus
entraîne à terme une exhérédation absolue de la femme »2.
Il s’agit sans doute d’un détournement de finalité, surtout que parfois les juristes du
droit musulman ont recouru à certaines ruses pour exhéréder les femmes et protéger le patrimoine
de l’émiettement et des intrusions étrangères au lignage patrilinéaire.
1 Nacereddine SAIDOUNI, « le waqf en Algérie à l’époque ottoman » Recueil de recherches sur le wafq ; Koweït, série de livre (4) 2009, p.86.
2 Tahar KHALFOUNE, « Le habous, le Domaine Public et le Trust », Revue internationale de droit comparé, n°2. France. C.N.R.S 2005, p.463.
192
Il faut préciser à ce niveau qu’en Algérie les habous (wakf) sont, le plus souvent,
constitués selon le rite hanéfite et faits au profit des fils, à l’exclusion des filles »1.
C’est ainsi qu’on aboutit à exhéréder les filles pour empêcher que les biens de la
famille, passent héritage dans celle du mari.
« En Algérie, plus exactement en Kabylie ; le wakf (habous) est utilisé pour faire
bénéficier les femmes de la succession et contourner ainsi le droit coutumier qui les exclut. Il est
important de mentionner que le droit coutumier se distingue, en effet, du droit islamique ; car l’islam
reconnaît à la femme le droit d’hériter (ab intestat), c'est-à-dire sans testament, alors que le droit
coutumier interdit à la femme d’hériter au nom du principe patriarcal ; selon lequel la vocation
successorale est un droit exclusif des mâles.
On comprend alors, que les tribus en Kabylie ont renoncé aux prescriptions de la loi
coranique en matière d’héritage, pour adopter le droit coutumier qui exhérède les femmes »2.
Il importe de savoir que le premier décret relatif aux biens wakfs, date du 8
septembre 1830. Il a postulé que les autorités militaires françaises avaient le droit d’occuper les
biens des fonctionnaires de l’administration turque déchue et ceux de quelques notables.
1 Louis MILLIOT, « Introduction à l’étude du droit musulman », Paris Ve, SIREX 1971, p.550.
2 Tahar KHALFOUN, « Le Habous, le Domaine Public et le Trust », Revue internationale de droit comparé, n°2, France, C.N.R.S 2005, p. 464.
193
En cela, il y a eu le décret du 7 décembre 18301 qui a donné aux européens le droit
de disposer des biens wakfs. Cette décision a mis les biens wakfs sous la responsabilité du
Directeur Général des Domaines (biens publics), tout en reconnaissant aux wakifs (gérants des
biens wakfs) leurs anciens droits sur la gestion des biens. Cet acte a été considéré par les hommes
de loi et les notables comme une violation des règlements de la loi islamique et du traité de
capitulation.
Pour imposer son contrôle sur les biens wakfs, l’administration française a institué
une commission de gestion composée des wakifs (gérants) musulmans et dirigée par l’intendant
civil, qui disposait d’une liberté totale dans la gestion de 2000 wakfs, appartenant à 200 institutions,
selon le rapport général sur le wakf daté du 10 décembre 1835.
Après, il y a eu l’ordonnance du 1er octobre 1844, qui a considéré que le wakf n’était
plus inaliénable mais il était soumis aux règlements appliqués aux autres biens fonciers.
Les européens pouvaient ainsi acquérir une grande partie des terres wakfs (habous)
qui constituaient la moitié des terres agricoles situées à la périphérie des villes importantes.
Il est à noter que le décret du 30 octobre 1858 a été suivi par la loi de 1873 dont
l’objectif était la liquidation définitive des wakfs des institutions religieuses, pour faciliter l’expansion
de la colonisation. Cette loi a eu pour effet, la perte à jamais, par les algériens d’un instrument
matériel, moral et culturel et d’un fondement économique et social de résistance aux visées
coloniales.
« En général le wakf (habous) était un moyen de réaliser des buts divers, pieux,
mais c’était également un excellent moyen de déroger à l’ordre successoral coranique(1). Et, dans ce
cas également, le trait fondamental est l’inaliénabilité de la terre. Seul l’usufruit fait l’objet de
donation, et est transmis de génération en génération. La nue-propriété reste aux mains du
dévolutaire »3.
Pour clore cette section, les wakfs (habous) ; sont des fondations pieuses du droit
musulman, créées directement par simple affectation de biens à un but charitable ou d’utilité
générale, et, dès lors, formant des patrimoines distincts et autonomes.
1 Il faut savoir que le décret du 7 décembre 1830, devait affronter plusieurs obstacles qui ont entravé finalement son application, car aux protestations
de notables locaux, s’ajoutaient le manque de planification rigoureuse et l’attitude du nouveau gouverneur général Berthezène qui n’était pas motivé
par le projet et envisageait, face aux difficultés rencontrées, de rendre le wakf aux institutions et personnes de possédées.
2 Nacereddine SAIDOUNI, « Le wakf en Algérie à l’époque ottomane », Recueil de recherche sur le wakf, série de livre (4) 2009, p.89.
3 Zahia SOUDANI Née MIHOUB, Transactions Foncière, Marché, Foncier, Patrimoine. Thèse de doctorat, Constantine, 2007, p. 36.
194
L’ingéniosité musulmane a su les utiliser, à des fonctions diverses : service public,
substitution, fidei commissaire et testament libre. Les réformes allègeront l’institution de ces
complications, lui conservant son rôle primordial, qui est d’exprimer l’élan de l’islam vers la piété et la
bienfaisance »1.
Les biens wakfs appelés aussi habous, comme nous les avions cités
précédemment, sont des biens immobilisés, c’est-à-dire rendus imprescriptibles et inaliénables -
hors du commerce – par la volonté du donateur au profit de fondations pieuses ou d’utilité publique.
Le wakf est une institution tout à fait originale du droit islamique : il peut être public ou privé. Lorsque
le donataire du bien est une fondation pieuse ou d’intérêt général, confrérie religieuse, mosquée,
école, cimetière, etc.
Pour faire le point sur le statut juridique des biens wakfs et vu l’importance de la
place et du rôle de ces biens dans le développement social et économique du pays, nous allons
tenter d’identifier les textes législatifs et réglementaires qui les régissent depuis les années 60 à nos
jours.
Nous signalons tout d’abord que les biens habous (wakf) sont, soit publics, soit
privés.
1 Louis MILLIOT, « Introduction à l’étude du droit musulman », Paris Ve, SIREY 1971.
2 Le décret n° 64-283 du 17 septembre 1964 portant réglementation des biens habous publics. J.O.R.A.D.P n° 35 du 22 septembre 1964.
3 Stéphane PAPI, « L’influence juridique islamique au Maghreb, Algérie –Lybie –Maroc –Mauritanie –Tunisie, » l’HARMATTAN, 2009, p. 321.
195
A. Les biens waqf publics
Ils sont des biens inaliénables, mis hors du commerce par la volonté du constituant
et dont les revenus sont affectés irrévocablement à une œuvre charitable ou d’intérêt social.
Sont déclarés waqf publics : les biens acquis par des personnes physiques ou
morales en leurs noms propres, ou constitués en habous à leur profit et dont le prix a été payé avec
des fonds appartenant à la communauté musulmanes ou collectés auprès de celle-ci ou destinés
aux œuvres religieuses.
Sont dits privés, les biens waqf2 dont le constituant a réservé l’usufruit à des
dévolutaires déterminés. A l’extinction des dits dévolutaires ; tout waqf privé devient wakf public3. Il
est important de préciser à ce niveau, que le waqf public ne peut pas devenir un wakf privé.
Le bien wakf a une finalité sociale, pieuse ou charitable. L’affectation du bien waqf
est soumise à l’intérêt national et à l’ordre public.
Les revenus du bien waqf servent par priorité aux frais nécessaires à son entretien
et à sa conservation.
En cas de désuétude d’un bien waqf ; il pourra lui être substitué, dans le respect et
dans l’intérêt de son affectation, un autre bien qui conservera la même nature juridique que le bien
qu’il remplace.
Nous précisions ici que l’affectation des revenus des biens waqf est décidée par le
ministre des habous.
1 Article 2 du décret n° 64-283 du 17 septembre 1964 portant réglementation des biens habous (wakf) publics (Journal Officiel n° 77 du 22 septembre
1964).
2 Le terme « waqf ou wakf » s’écrit et se prononce de la même manière, donc, c’est juste dans les deux sens.
3 Article 1er du décret n°64-283 du 17 septembre 1964 portant réglementation des biens habous publics. Journal Officiel n° 77 du 22/09/1964.
196
§ 2. Les terres agricoles ou à vocation agricole constituées en houbous (wakf)
public et privé
1 Khaled RAMOUL, « Le cadre juridique et règlementaire des biens wakfs en Algérie ; Etude comparative aux dispositions de la charia
islamique renforcée des nouveaux textes juridiques et réglementaires ainsi que la jurisprudence, » Alger, Dar El Houma, 2006 p. 19 et 20.
2 Houbous : on dit aussi (habous ou wakf)
3 Ordonnance n° 71-73 du 8 novembre 1971 portant Révolution agraire (J.OR.A.D.P n° 97 du 30 novembre 1971, p.1281)
197
En l’absence de dévolutaires intermédiaires, la terre et intégralement incorporée au
fonds national de la Révolution agraire.
« La loi n° 84-11 du 9 juin 1984 portant code de la famille a défini le cadre général
et réglementaire relatif aux biens wakfs (habous ou houbous) et ce, à travers des dispositions
régissant ces biens de mainmorte »1 .
La constitution d’un bien de mainmorte (wakf) peut s’en réserver l’usufruit à titre
viager avant sa dévolution définitive à l’œuvre bénéficiaire.
La loi n° 84-11 portant code de la famille dispose dans son article 204 ce qui suit :
« La donation faite par une personne au cours d’une maladie ayant entrainé sa mort
ou atteinte de maladie grave ou se trouvant en situation dangereuse, est tenue pour legs »2.
Nous rajoutons aussi les dispositions de l’article 205 de la loi n° 84-11 portant code
de la famille disposant ce qui suit : « La donation peut porter sur tout ou partie des biens du
donateur.
Il peut faire donation d’un bien déterminé ou d’un usufruit ou d’une créance due par
une tierce personne »3.
Pour constituer valablement en bien de mainmorte (waqf), le bien doit être propriété
du constituant déterminé et incontesté, combien même serait-il indivis.
1 Khaled RAMOUL, « Le cadre juridique et réglementaire des biens wakfs en Algérie ; Etude comparative aux dispositions de la charia
islamique renforcée des nouveaux textes juridiques et réglementaires ainsi que la jurisprudence» Alger, Dar El Houma, 2006 p. 19 et 20.
2 Articles 204 et 205 de la loi n° 84-11 du 9 juin 1984 portant code de la famille (J.O.R.A.D.P n° 24 du 12 juin 1984, p.624)
3 Articles 204 et 205 de la loi n° 84-11 du 9 juin 1984 portant code de la famille, J.O.R.A.D.P n° 24 du 12 juin 1984, p.624.
4 Article 215 de la loi n° 84-11 du 9 juin 1984 portant code de la famille J.O.R.A.D.P n° 24 du 12 juin 1984, p.625.
198
§ 4. Les dispositions de la Constitution algérienne de 1989 et la loi n° 90-25
régissant les biens wakfs
Il est important de mentionner que c’est le décret n° 80-31 du 9 février 1980 portant
organisation de l’administration centrale du ministère des affaires religieuses, qui a institué une
sous-direction appelée ci-après : la sous-direction des biens wakfs, qui est chargée :
Il fallait attendre 1989 pour réhabiliter et garantir les biens wakfs. La réhabilitation et
la garantie des biens wakfs, étaient à travers la constitution de 1989 qui dispose dans son article 49
ce qui suit :
La loi n° 90-25 a fait objet d’une petite recherche liée à notre travail, que nous
avions déjà évoqué au niveau de la partie précédente.
Les biens wakfs n’ont pas été négligés ou oubliés par la loi n° 90-25, relative à la loi
d’orientation foncière qui stipule dans l’article 31, ce qui suit :
Les biens fonciers rendus inaliénables par la volonté de leur propriétaire pour en
affecter la jouissance à titre perpétuel au profit d’une œuvre pieuse ou d’utilité générale,
immédiatement ou à l’extinction des dévolutaires intermédiaires qu’il désigne constituent des biens
wakfs2.
Les stipulations faites par le constituant d’un bien de mainmorte (waqf sont
exécutoires à l’exclusion de celles de caractère incompatible avec la vocation légale du wakf.
1 Décret présidentiel n° 89-18 du 28 février 1989, relatif à la publication au J.O.R.A.D.P de la révision constitutionnelle adopté par
référendum du 23 février 1989. Journal Officiel n° 9 du 1er mars 1989.
2 Leila ZEROUGUI, « Le Foncier agraire », Tome 1, Alger, Edition Office National des Travaux Educatifs 2001, p.20 bis
199
Ces dernières sont réputées de nul effet et le wakf subsiste.
Enfin, le bien constitué de mainmorte (waqf) subsiste même s’il subit des
changements qui en modifient la nature.
Remarques
Nous signalons que l’écriture du terme wakf a changé avec la promulgation de la loi
n° 91-10 du 27 avril 1991 relative aux biens wakfs.
Pour cela ; nous avions utilisé de différentes manières pour l’écriture du terme :
houbous ou habous et waqf ou wakf et ce, conformément aux textes législatifs et réglementaires
suivants : (le décret de 1964, l’ordonnance de 1971, la loi de 1984, la constitution de 1989, la loi de
1990 et la loi de 1991).
Le wakf est l’acte par lequel est rendue impossible l’appropriation d’un bien en son
essence, pour toute personne, de façon perpétuelle, pour en attribuer l’usufruit aux nécessiteux ou à
des œuvres de bienfaisance.
Le wakf est aussi un acte par lequel une volonté individuelle s’engage à faire une
donation2.
1 Stéphane PAPI, « L’Influence Juridique Islamique au Maghreb –Algérie - Lybie –Maroc –Mauritanie –Tunisie, » Paris, Editions HARMATTAN. 2009.
p. 321.
2 Article « 4 » de la loi n° 91-10 du 27 avril 1991 relative aux biens wakf. Journal Officiel n° 21 du 8 mai 1991. P.574.
200
§ 1. Les biens wakfs publics et les biens wakfs privés
Il faut rappeler tout d’abord, que ces deux points ont été évoqués au niveau de la
section 1, chapitre I, relatif à l’évolution juridique du statut des biens wakfs.
Suite à l’évolution des textes législatifs et réglementaires relatifs aux biens wakfs qui
ont connu des amendements, modifications et introductions de nouvelles dispositions, nous
essayerons d’expliquer les biens publics conformément à la loi n° 91-10 du 27 avril 1991 relative aux
biens wakfs.
Le wakf public consiste en des biens initialement constitué au profit d’institutions de bienfaisance ; la
rente de ce wakf est affectée à la participation aux bonnes œuvres. Elle est de deux sortes :
a) une sorte pour laquelle il est fixé à la rente une destination déterminée de
laquelle elle ne peut être écartée au profit d’autres bonnes œuvres à moins
qu’elle ne vienne à s’épuiser.
b) une seconde sorte pour laquelle la destination de la rente n’est pas définie par le
constituant et sera dénommé alors wakf public à des destinations
indéterminées ; cette rente servira à subventionner la diffusion des sciences
islamiques, à encourager les recherches qui s’y rattachent et les bonnes
œuvres.
Nous citons à ce niveau, les wakfs publics protégés par loi comme suit :
201
Remarques
Il est important de souligner que l’article 6 relatif aux biens wakfs publics de la loi n°
91-10 du 27 avril 1991, a été modifié et complété par la loi n° 02-10 du 14 décembre 2002 relative
aux biens wakfs, comme suit :
le wakf, pour lequel la destination de la rente est déterminée, est appelé wakf
public à destination déterminée et ne peut être affecté qu’à cet effet ;
le wakf dont la destination de la rente n’est pas définie par le constituant est
dénommé wakf public à destination indéterminée. La rente de ce wakf est
affectée à la diffusion de la science, à l’encouragement de la recherche et aux
bonnes œuvres1.
Le wakf privé est le bien dont le constituant fait bénéficier ses ascendants garçons
ou filles ou bien encore des personnes nommément désignées, à l’extinction de la lignée des
dévolutaires, le wakf est versé à l’œuvre à laquelle il est destiné par la volonté du constituant2.
En somme le wakf privé se transforme en wakf public s’il n’est pas accepté par les dévolutaires3.
Remarques
Si nous venons à faire une petite comparaison entre les deux textes suivants : le
décret n° 64-283 du 17 septembre 1964 portant réglementation des biens habous publics et la loi n°
91-10 du 27 avril 1991, relative aux biens wakfs, nous remarquons que les biens wakfs publics et
privés sont mieux définis, organisés et protégés par la loi n° 91-10 du 27 avril 1991.
Les dispositions de la loi n° 91-10 du 27 avril 1991 ont pris en charge la rente qui
servira à subventionner la diffusion des sciences islamiques, à encourager les recherches qui s’y
rattachent et les bonnes œuvres.
1 La loi n° 02-10 du 14 décembre 2002 modifiant et complétant la loi n° 91-10 du 27 avril 1991, modifiée et complétée, relative aux biens wakfs.
J.O.R.A.D.P n° 83 du 15 décembre 2002.
2 Art ; « 6 » de la loi n° 91-10 du 27 avril 1991, relative aux biens wakfs, J.O.R.A.D.P n° 21 du 8 mai 1991.
202
S’agissant du wakf privé, nous signalons que les filles étaient omises et
marginalisées par le décret n° 64-283 du 17 septembre 1964, par contre la loi n°91-10 du 27 avril
1991 a garanti le droit des filles.
En cela, nous citons le point b de l’article 6 de la loi n° 91-10 du 27 avril 1991 qui
dispose : « ….le wakf privé est le bien dont le constituant fait bénéficier ses ascendants garçons ou
filles ou bien encore des personnes nommément désignées ; à l’extinction de la lignée des
dévolutaires, le wakf est versé à l’œuvre à laquelle il est destiné par la volonté du constituant ».
a) Le constituant ;
b) La fondation ;
c) La formule de la constitution du bien wakf ;
d) Le dévolutaire.
Pour que le wakf soit valable, il est exigé au constituant qu’il soit propriétaire de
l’objet de la fondation, d’une façon absolue et qu’il soit aussi apte à disposer de ses biens et non
frappé d’interdiction pour incapacité ou créance.
La fondation est constituée soit par un bien meuble ou immeuble soit par un usufruit.
En ce qui concerne la formule de la constitution du bien wakf, elle est, soit verbale,
soit scripturale, soit par signe.
Enfin, le dévolutaire est le destinataire désigné par le constituant dans l’acte de bien
wakf. Il peut être une personne déterminée physique ou morale.
Il faut préciser ici, que la personne physique ne peut avoir droit au bien wakf que si
elle existe et accepte la fondation.
S’agissant de la personne morale, elle ne peut y prétendre que si elle n’est pas
entachée d’un vice réprouvé par la chariâ.
D’une manière générale, les biens wakfs constituent avec le droit de chefâa (droit de
préemption), l’un des deux corollaires du bien (melk)1. Acte juridique complexe les wakfs concernent
autant les biens (Razk) mobiliers qu’immobiliers en les rendant inaliénables et insaisissables afin
d’en affecter la jouissance au seul profit, généralement d’une œuvre pieuse ou d’intérêt général. Ils
sont dès lors retirés de la circulation commerciale.
1 Les biens melk ont fait l’objet d’une étude, au niveau de la partie relative à la propriété privée de notre travail
203
La jouissance par les institutions concernées intervient dès l’extinction des
dévolutaires intermédiaires dûment désignés, conformément à des critères bien déterminés.
Les biens wakfs revêtent ainsi, à travers cet aspect, le caractère d’une fondation et
d’une institution fidei commissaire.
Il est à noter que l’acte de fondation du wakf privé, exclut toute possibilité de
démembrement du bien fond par les dévolutaires intermédiaires, du fait même de cette qualité,
l’usufruit devant revenir en définitive à la fondation dévolutaire ultime.
Il est à noter que dans certains cas, comme lorsque l’immeuble dépérit ou n’arrive
plus à satisfaire à la couverture des besoins fixés par le fondateur, il peut faire l’objet d’un échange,
sous réserve d’un jugement.
En cela, le produit de la vente ou, en cas d’un échange, le nouvel immeuble devient
wakf par substitution. D’une façon plus générale, la dérogation à l’inaliénabilité d’un bien wakf se
fonde sur l’obligation de substituer à celui-ci un bien équivalent et d’une durée perpétuelle. Pour
rappel et dans ce sens, l’article 52 de la constitution de 1996 précise que « la propriété privée est
garantie.
Les biens wakfs et les fondations sont reconnus ; leur destination est protégée par
la loi.
Comme nous l’avions précédemment signalé, la constitution des biens wakfs trouve
son ancrage constitutionnel dans l’article 49 de la constitution de 1989 (52 la constitution de 1996),
et juridique, notamment dans les lois 90-25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière (son
article 32) et la loi n° 91-10 du 27 avril 1991 relative aux biens wakfs.
D’une manière générale, nous notons qu’il existe des biens wakfs constitués en
Algérie et à l’étranger, mais qui ne sont pas entièrement identifiés.
Il relève d’une évidence que les opérations de recensement sont d’autant plus
difficiles, que lesdits biens sont de nature très diversifiée, nombreux, disséminés sur le territoire
national et à l’étranger.
Par ailleurs, nombre de ces biens sont difficiles à situer et à classer comme tels en
raison de l’absence de documents probants ou lorsqu’ils existent, de la méconnaissance de leur
détenteurs et du niveau et des conditions de leur classement.
204
Il faut savoir que même si les données statistiques sont disponibles au niveau du
ministère des affaires religieuses et wakf, elles sont insuffisantes et surtout que le dénombrement ne
précise pas la consistance des biens (superficie ; nature des spéculations..) ni le mode de faire valoir
et même le niveau de mise en valeur.
Une tâche aussi complexe et délicate ne peut s’opérer en dehors d’un concours actif
et concerté des institutions et organismes concernés.
Elle peut s’intégrer dans le cadre d’une mission globale dévolue à une structure ad-hoc,
compétente en matière de suivi de la gestion des biens wakfs constitués et/ou potentiels et de leurs
effets socio-économiques, cultuels et culturels au plan local et national.
Cette structure, pour exclure toute scission dans la démarche et une approche
catégorielle, pourrait revêtir le caractère d’un Haut Commissariat aux Biens Wakfs.
L’institution serait dotée d’un conseil d’orientation, présidé par le Ministre chargé des
biens wakfs.
C. Le droit à l’usufruit
Comme ça, l’usufruit revient au dévolutaire, dans les limites des dispositions et des
clauses de l’acte de constitution.
205
Par ailleurs, le droit à l’usufruit du bien wakf est limité à un droit sur le produit. Le
dévolutaire est tenu à son exploitation qui n’anéantirait point le bien en lui-même. Son droit est donc
un droit de jouissance et non un droit de propriété1.
Il est important de mentionner qu’il est permis au dévolutaire du wakf de céder son
droit d’usufruit, sans que cela constitue une annulation de la fondation initiale.
1. Le wakf public : ne peut être cédé qu’au bénéfice d’une des bonnes œuvres
pour lesquelles il a été constitué initialement après accord express de l’autorité
chargée des biens wakfs.
Il est permis au dévolutaire du wakf de donner en gage aux créanciers sa part
d’usufruit seulement ou du prix qui lui en revient.
2. Les cas où l’essence d’un bien wakf est permise d’être échangée : nul ne
peut échanger l’essence d’un bien wakf ou de la troquer contre un autre bien,
sauf dans les cas suivant :
- le cas où le wakf est en voie d’effondrement ou de disparition ;
- le cas où la perte de jouissance du bien wakf est consécutive à
l’impossibilité de la remise en état ;
- le cas de nécessité publique tel l’extension d’une mosquée, d’un cimetière
ou d’une voie publique, dans les limites permises par la chariâ ;
- le cas de l’annulation de la jouissance portant sur l’immeuble constitué en
fondation, et l’impossibilité d’en tirer un quelconque profit, sous réserve qu’il
soit remplacé par un bien immeuble similaire ou meilleur que lui.
le wakf constitué par un enfant est frappé de nullité d’une façon absolue ;
de la chariâ islamique ;
1 Article « 18 » de la loi n° 91-10 du 27 avril 1991 relative aux biens wakf. J.O.R.A.D.P n° 21 du 8 mai 1991.
206
qu’il soit capable de discernement ou qu’il en soit incapable, même s’il en a l’aval
le wakf constitué par le fou ou l’idiot n’est pas valable vu que le wakf, est un acte
de son tuteur ;
Nous signalons aussi que la situation des biens et immeubles wakfs annexés aux
biens domaniaux ou attribués à des personnes physiques ou morales, est régularisée et
officiellement enregistrée auprès des services de la publicité immobilière de la conservation foncière.
§ 2. Organes de fonctionnement
La commission des biens wakfs est créée auprès du ministre chargé des affaires
religieuses, elle est chargée de l’administration, de la gestion et de la protection des biens wakfs.
Sous l’égide du Nadher3 des affaires religieuses, le préposé aux biens wakfs
contrôle au niveau de sa circonscription, le site du bien wakf et assure le suivi des actions des
Nadhers des biens wakfs et leur contrôle.
1 Les articles 8 et 43 de la loi n° 91-10 du 27 avril 1991 relative aux biens wakfs (Journal Officiel n° 21 du 8 mai 1991 pages 574 et 576
207
Nous rajoutons aussi que le parrainage de la gestion immédiate du bien wakf est
confié au Nadher des biens wakfs.
assurer toute action à même de profiter aux biens wakfs ou aux dévolutaires ;
immeubles
veiller à accomplir les droits des dévolutaires sous réserve des conditions du
constituant après déduction des charges résultant de la sauvegarde et de la
protection du bien wakf et son service légalement authentifiés.
Un Nadher d’un ou de plusieurs biens wakfs est désigné par arrêté du ministre
chargé des affaires religieuses. Il est agrée en qualité de Nadher du bien wakf privé, le cas échéant,
en référence à l’acte de fondation ou à la proposition du Nadher des affaires religieuses parmi 1 :
toute personne qui ne sollicite pas la Nidhara2 pour sa propre personne parmi les
gens de bien si le dévolutaire n’est pas nommément désigné, ou désigné, non
majeur et sans tuteur.
1 Article du décret exécutif n° 98-381 du 1er décembre 1998, fixant les conditions et les modalités d’administration, de gestion et de protection des
biens wakfs (Journal officiel n° 90 du 2 décembre 1998 p.13
2 La Nidhara : Administration dépendant du ministère des affaires religieuses et chargée d’orienter, de promouvoir et de réguler toutes les activités
religieuses des mosquées
208
La personne désignée ou agréée en qualité de Nadher des biens wakfs doit remplir
les conditions suivantes :
être musulmane ;
être de nationalité algérienne ;
être majeur
saine de corps et d’esprit ;
être juste et loyale ;
être compétente et capable de bien agir.
Il est mis fin aux fonctions du Nadher du bien wakf désigné ou agrée par exemption
ou par déchéance, par arrêté du ministre chargé des affaires religieuses selon les cas suivant :
Le Nadher du bien wakf est exempté de ses fonctions, et ses agissement sont non
avenus en cas de maladie qui le priverait de sa capacité à exercer sa fonction ou le ferait perdre ses
capacités mentales.
Le Nadher des biens wakfs est déchu de ses fonctions, si son préjudice des affaires
ou de l’avenir du bien wakf et ses revenus ou des dévolutaires est prouvé. Il est également déchu de
ses fonctions dans le cas de son implication dans un crime ou un délit.
1 Article 17 du décret exécutif n° 98-381 du 1er décembre 1998 fixant les conditions et les modalités d’administration, de gestion et de protection des
biens wakfs (Journal Officiel n° 90 du 2 décembre 1998 p.13
209
Section 4 : La location des terres wakfs destinées à l’agriculture
Nous rappelons que les terres wakfs sont des fondations pieuses du droit
musulman, créées directement par simple affectation de bien à un but charitable ou d’utilité
générale.
Pour mieux valoriser les wakfs et procéder à leur gestion de façon adéquate et dans
la perspective d’une contribution à l’action nationale de développement économique et social, la loi
n° 91-10 du 27 avril 1991, modifiée et complétée, relative aux biens wakfs et à travers ses
dispositions, elle régit les terres wakfs destinées à l’agriculture.
A cet effet, un décret exécutif a été promulgué le 10 février, il fixe les conditions et
les modalités de location des terres wakfs destinées à l’agriculture1.
Il est entendu par la location des terres wakfs destinées à l’agriculture, tout contrat,
en vertu duquel l’autorité chargée des wakfs, donne en location à un preneur, une terre wakf
destinée à l’agriculture.
Les terres wakfs destinées à l’agriculture louées et qu’on appelle aussi les wakfs
agricoles, sont octroyées en jouissance en vue de les fructifier, de les exploiter de façon optimale et
de les rendre productives.
La location des terres wakfs agricoles donne lieu au versement d’une valeur locative
à la caisse centrale des wakfs, les terres wakfs agricoles sont louées pour une durée déterminée. La
durée de location est déterminée en fonction de la nature de l’exploitation agricole.
Toute personne physique peut se porter candidate à la location des terres wakfs
destinées à l’agriculture. La personne doit être de nationalité algérienne ayant la qualité
d’agriculteur.
1 Décret exécutif n° 14-70 du 10 février 2014 fixant les conditions et modalités de location des terres wakfs destinées à l’agriculture (J.O.R.A.D.P n° 09
du 20 février 2014, p.4)
2 Article 9 du décret exécutif n° 14-70 du 10 février 2014 fixant les conditions et les modalités de location des terres wakfs destinées à l’agriculture
J.O.R.A.D.P. n° 09 du 20 février 2014, p. 4 .
210
B. Les obligations du locataire
La location des terres wakfs agricoles se fait soit par enchères publiques ou de gré
à gré.
Les procédures de mise en location par enchères publiques des terres wakfs
agricoles, relèvent de la seule compétence de l’autorité chargée des wakfs.
La mise à prix de location est arrêtée par l’autorité chargée des wakfs, selon les
exigences du marché de l’immobilier par voie d’expertise, après constatation ou consultation des
services de l’administration les domaines.
L’adjudication s’effectue sous l’égide de l’autorité chargée des wakfs sur la base
d’un cahier des charges. Elle fait l’objet d’insertion dans la presse ou tout autre moyen d’information,
vingt (20) jours avant la date de sa tenue.
L’adjudication n’est déclarée fructueuse que si une offre excédent la mise à prix est
retenue et prononcée au plus offrant.
La location de gré à gré des terres wakfs agricoles est autorisée par le ministre
chargée des affaires religieuses et des wakfs, après deux opérations de location par enchères
publiques successives déclarées infructueuses. Elle peut être consentie pour l’encouragement des
investissements agricoles productifs durables1.
La valeur locative par la voie de gré à gré est fixée par l’autorité chargée des wakfs
selon les exigences du marché de l’immobilier
La location de gré à gré est consacrée par un contrat auquel est annexé un cahier
des charges établi par les services du ministère des affaires religieuses et des wakfs.
1 Article 22 du décret n° 14-70 du 10 février 2014 fixant les conditions et modalités de location des terres wakfs destinées à l’agriculture J.O.R.A.D.P
n° 9 du 20 février 2014, p.4. .
211
§ 3. Régime locatif spécifique aux biens wakfs agricoles restitués par l’Etat
L’exploitation et la fructification des biens wakfs agricoles restitués par l’Etat et les
biens superficiaires y rattachés sont maintenues par un bail de location.
Sont également concernés par cette mesure, les membres des exploitations
agricoles collectives ou individuelles titulaires du droit de concession dans le cadre de la loi n° 10-03
du 15 août 2010 fixant les conditions et modalités d’exploitation agricoles relevant du domaine privé
de l’Etat1.
La location des terres wakfs agricoles est fixée pour une durée de quarante (40)
années renouvelables. Elle donne lieu au paiement d’un loyer annuel lors de l’établissement d’un
contrat.
Le loyer annuel doit être versé par le locataire à la caisse centrale des wakfs.
Les règles transitoires relatives aux terres wakfs agricoles sont applicables aux
exploitations agricoles collectives et individuelles.
Nous avions évoqué dans ce point, la location des terres wakfs agricoles qui est
soumises aux règles particulières, car il s’agit d’un mode proposé dans le cadre de l’action visant la
garantie et la concrétisation de solutions adéquates, de manière à régulariser les cas d’exploitants
agricoles après la restitution des terres agricoles wakfs qui faisaient partie du domaine de l’Etat.
Nous précisions que ce type de location va conférer aux membres des exploitations
agricoles individuelles et collectives ayant bénéficié dans le cadre de la loi n° 87-19 du 8 décembre
1987 déterminant le mode d’exploitation des terres agricoles du domaine national et fixant les droits
et obligations des producteurs2, le même statut (droits et obligations) consacré en vertu de la loi n°
10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et modalité d’exploitation des terres agricoles du
domaine privé de l’Etat 3.
1 Les exploitations agricoles collectives et individuelles ainsi que la concession définie par la loi n° 10-03 du 15 août 2010, ont fait l’objet d’une étude et
analyse au niveau de la première partie de notre travail.
2 La loi n° 87-19 du 8 décembre 1987 et la loi n° 10-03 du 15 août 2010, ont fait l’objet d’une étude et analyse au niveau de la première partie de notre
travail.
3 La loi n° 87-19 du 8 décembre 1987 et la loi n° 10-03 du 15 août 2010, ont fait l’objet d’une étude et analyse au niveau de la première partie de
notre travail.
212
A. L’échéance relative au délai
Dans ce cas, ces terres wakfs agricoles et les biens superficiaires y rattachés sont
récupérés à la diligence de l’autorité chargée des wakfs1.
L’office national des terres agricoles, sur la base d’un cahier des charges, signé par
le locataire, et du contrat de location publié à la conservation foncière, procède à l’enregistrement de
l’exploitation agricole au fichier des exploitations agricoles en mentionnant (terre agricole wakf).
L’autorité chargée des wakfs et l’office national des terres agricoles peuvent exercer
à tout moment le contrôle de l’exploitation agricole wakf.
Remarques
Nous avons compris que la stratégie adoptée par les pouvoirs publics en général et
le ministère des affaires religieuses et des wakfs en particulier, visait la renaissance des biens
wakfs.
Déjà que l’objectif de la loi n° 91-10 du 27 avril 1991 relative aux biens wakfs est de
garantir, protéger et préserver les biens wakfs à travers leur inventaire, authentification, identification
et régularisation des biens non recensés.
1 Article 29 du décret exécutif n° 14-70 du 10 février 2014 fixant les conditions et modalités de location des terres wakfs destinée à l’agriculture
J.O.R.A.D.P n° 09 du 20 février 2014, p.6.
213
TITRE III : PERSPECTIVES ET PROPOSITIONS D’ÉLÉMENTS DANS LE DOMAINE DU
DÉVELOPPEMENT AGRICOLE
Ces différentes politiques ont été conçues et mises en œuvre en tenant compte d’un
environnement politique, économique et social en constante évolution et des capacités financières et
humaines disponibles.
Au début des années 2000, avec le retour progressif de la sécurité dans le pays, qui
a coïncidé avec le rétablissement des finances publiques et la clôture du programme d’ajustement
structurel, l’Etat a procédé au lancement d’un programme de relance ambitieux à travers le Plan
national de développement agricole (PNDA 2000-2004).
Ces nouvelles orientations et choix stratégiques ont été traduits, dans les faits, par
la conception et la mise en œuvre d’une politique ayant l’air d’une réforme, baptisée Plan National
du Développement Agricole (PNDA) qui fut élargi en juin 2002 à la dimension de développement
rural avec l’intitulé : PNDAR.
1 Mohamed KHIATI, « L’agriculture algérienne, de l’ère précoloniale aux réformes libérales actuelles, » Alger, A.N.E.P 2008, p. 178.
214
Il importe de savoir que ce plan se veut comme une approche globale, intégrée de
l’ensemble des ressources naturelles, humaines, matérielles et financières1.
développer les productions adaptées aux zones naturelles et aux terroirs dans
un but d’intensification et d’intégration agro-industrielle par filière (céréales, lait,
pomme de terre, arboriculture, viandes rouges et blanches …) ;
adapter les systèmes d’exploitations des sols, dans les régions arides et semi-
arides et celles soumises à l’aridité, (réservées actuellement aux céréales ou
laissées en jachère et qui constituent une menace de dégradation) au profit de
l’arboriculture, de la viticulture, des élevages et autres activités adaptées et de
concentrer la production de céréales sur les zones reconnues favorables.
1 Journée mondiale de l’alimentation 16 octobre 2005, agriculture et dialogue des cultures, Revue mensuelle spécialisée n° 44, SCHPM, 2005, p.7.
215
Plus qu’un ensemble d’actions ou de programmes, le PNDA exprime un état d’esprit
nouveau dans la mesure où, à travers son instrumentation d’aide et d’incitation à l’investissement, il
élève l’agriculteur au statut d’agent économique libre et responsable de ses choix. C’est là l’un des
apports majeurs du PNDA.
Elles sont fondées sur les contraintes agro climatiques, car la plus grande partie du
pays reste marquée par l’aridité du climat et où les sols, soumis à des systèmes et des techniques
de production inadaptés, sont menacés par des processus d’érosion et de dégradation irréversible.
Pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixé, le Ministère de l’agriculture préconise de
développer des actions d’encadrement et de dynamisation des programmes à travers :
216
Un intérêt particulier sera également accordé aux productions à avantages
comparatifs qui peuvent faire l’objet d’exportation.
Ce programme a été réorienté tant dans ses objectifs que dans les conditions et les
modalités de sa mise en œuvre.
217
1. L’instrumentation financière
le fonds de mise en valeur par les concessions crée par la loi de finances pour
1998, ce fonds a fait l’objet de mesures particulières visant la dynamisation de
son utilisation à travers la générale des concessions agricoles (GCA) ;
le crédit agricole et les assurances économiques.
2. L’encadrement technique
218
La démarche vise la mise en valeur de l’exploitation en tant que principale unité de
base dans les productions agricoles.
1 Rachid BENAISSA, Allocution de Monsieur le ministre de l’agriculture et du développement rural, la réunion des cadres du secteur, Alger 2007.
219
« L’Algérie est un pays africain touché par la sécheresse caractérisé par un monde
rural qui se vide, la violence qui a perturbé l’équilibre social, mais aussi un pays ou les décisions
politiques sont prises dans des circonstances légitimes. Seulement certaines décisions ont été
révisées notamment dans le domaine agricole. Le secteur de l’agriculture était en effet politisé, le
PNDA est mis en œuvre pour dépolitiser le secteur »1.
A. La première phase
niveau projetée.
Durant les deux premières années du PNDA, considérées à ce titre comme une
première phase, deux dispositions importantes doivent être prises :
1 Tiré du discours de monsieur le ministre de l’agriculture et du développement rural, le Docteur Said BARKAT, lors de la réunion des cadres du
secteur, Alger 22 et 23 octobre 2002.
220
B. La deuxième phase
L’objectif attendu pour les années à venir considérées comme la seconde phase est
de disposer d’une visibilité sur les exploitations en rapport à la mise à niveau projetée. Pour cela, il
est nécessaire de mettre en œuvre les dispositions suivantes :
1 Evaluation présentée par le directeur de la régulation et du développement de la production agricole lors de la réunion des cadres du 22 et 23
octobre 2002.
221
B. Projets de mise en valeur des parcours de montagnes et des
poches forestières
Dans la steppe les parcours de montagnes et les poches forestières occupent des
superficies non négligeables1.
la mobilisation des eaux superficielles ;
la promotion de l’artisanat et petits élevages ;
le développement de l’élevage caprin.
Remarques
Comme remarques, nous dirons que réellement le PNDA partait d’une bonne idée,
dans la mesure où il visait à changer les systèmes de cultures extensives pour les rendre intensives,
mais seulement, il y a eu beaucoup de gaspillage.
En somme, des bassins d’irrigation ont été subventionnés mais abandonnés, des
arbres fruitiers ont été plantés dans des zones inadaptées où les agriculteurs n’avaient aucune
pratique de l’arboriculture, des kits d’irrigation ont été localisés mais sans avoir appris aux
agriculteurs à s’en servir.
Il est à noter que tout a été fait dans la précipitation, sans études sérieuses
préalables. Toutes les subventions étaient tout simplement de l’argent gaspillé.
Il aurait été souhaitable que l’Etat accorde plus de moyens aux agriculteurs pour
qu’ils améliorent le niveau de la productivité, mais il faudrait que ces moyens soient utilisés de façon
optimale sans être gaspillés.
222
Chapitre II : La nouvelle approche de l’Algérie en matière de sécurité alimentaire
Il importe de rappeler que les dispositions de la révolution agraire ont été abrogées
en 1990, et les terres nationalisées restituées à leurs propriétaires. Conséquence de cette gestion
calamiteuse : le système est en totale inadéquation avec la simple logique de marché. L’Algérie
produit peu et mal et doit revoir sa stratégie de fond en comble. Il lui faut promouvoir des cultures
adaptées au savoir-faire de ses paysans, au climat et à la nature des sols.
Tout le monde s’accorde à dire que l’agriculture peut constituer un secteur très
important en Algérie, mais toutes les analyses menées jusqu’à présent mettent en évidence les
faibles performances de l’économie agricole.
En somme, des tentatives ont été menées par les pouvoirs publics qui ont introduit
des réformes successives dans le secteur, sans qu’elles aient donné de résultats tangibles.
Pour remédier à ce fléau, il faut mettre en place une véritable stratégie agricole et
alimentaire qui pourrait être basée sur les politiques concertées au niveau national et international.
D’ailleurs c’est l’objectif assigné par la loi d’orientation agricole n° 08-16 du 03 août 2008 qui a
consacré des dispositions relatives aux mesures structurelles applicables aux productions agricoles
ainsi que leur valorisation et sans oublier l’amélioration de la sécurité alimentaire du pays.
Section 1 : La stratégie adoptée par l’Etat algérien pour la mise en place d’un
système alimentaire durable
L’objectif de la mise en œuvre d’une stratégie cohérente en matière de sécurité
alimentaire et d’arriver à l’autosuffisance alimentaire.
1 Les chemins de la réussite, production agricole et sécurité alimentaire : exemples de réussite » Document FAO 2009, p. 22.
223
« L’Etat algérien a adopté depuis 2007, une politique qui vise, d’une part à intensifier
la production agricole et, d’autre part, à concourir au développement des zones rurales pour fixer les
populations. C’est une politique qui vise aussi ; l’amélioration des rendements des surfaces
agricoles.
Sur un autre plan, le secteur des industries agro - alimentaires (I.A.A) qui constitue
un prolongement important de cette chaine alimentaire a longtemps vécu en autarcie. La protection
du marché et la régulation administrative ont bloqué le développement de l’agriculture et transformé
l’Algérie en un importateur net de céréales, d’huiles, de laits industriels et de sucre.
Aussi, pour supprimer les causes de cette vulnérabilité, et pour la première fois
depuis l’indépendance, la souveraineté alimentaire est désormais explicitement considérée comme
un objectif stratégique pour la Nation.
224
Tableau 8 : Taux de couverture de la demande intérieure par produit en 2007 1
Taux de
Produits Productions Importations Kg/Hab
couverture
Céréales (vc aliments du bétail) 2.688 4.824 36 212
Légumes secs 50 280 15 9,2
Légumes frais 3.854 - 100 108,6
Pomme de terre 2.075 - 100 58
Lait (ML) 2.244 2.942 43 150
Huile 32 664 5 19,6
Viandes rouges 299 66 82 10,3
Viandes blanches 260 - 100 7,3
Poissons 149 18 89 4,7
Sucre - 1.217 0 34
Café et Thé - 137 0 3,9
Tabac 7 18 28 0,7
Pour supprimer les causes de cette vulnérabilité, et pour la première fois depuis
l’indépendance, la souveraineté alimentaire est désormais explicitement considérée comme un
objectif stratégique pour la Nation.
subventions.
225
D. Impact de la crise alimentaire mondiale sur l’Algérie
En 2007, suite à l’envolée des cours de certains produits agricoles de base sur le
marché mondial, avec la baisse du dollar par rapport à l’euro, la facture alimentaire avait déjà
augmenté de 26,8% par rapport à 2006 pour atteindre 4,8 milliards de dollars.
Toutefois, compte tenu de l’aisance financière que connaît l’Algérie en tant que pays
exportateur net de pétrole, l’impact de la crise mondiale ne saurait l’affecter avec la même intensité
que les autres pays africains, lesquels sont pour la plupart des pays à faible revenu et à déficit
vivrier, c’est-à-dire des importateurs nets non seulement de denrées alimentaires, mais également
de produits tirés du pétrole.
E. Changement Climatique
Les études réalisées en Algérie indiquent à l’horizon 2020 une tendance différenciée
selon les régions bioclimatiques. Cependant, l’évolution générale reste marquée par une
augmentation de la température de +1°C ainsi qu’une réduction de la pluviométrie de 5 à 10%.
226
F. Causes liées aux contraintes agricoles
Les études menées sur l’agriculture et son devenir ont montré les risques
majeurs accentuant la vulnérabilité des exploitations agricoles. Il s’agit
Le plus grand risque en état actuel est celui de l’insécurité alimentaire contre
laquelle il faudrait opposer, pour l’Algérie, une véritable stratégie alimentaire.
1. La sécurité alimentaire
Cette sécurité alimentaire implique alors qu’il y ait une élévation progressive des
niveaux de production agricole et alimentaire, proportionnellement à l’élévation des niveaux de
besoins des populations.
2 Article 2, alinéa 1er de la loi n°08-16 du 3 août 2008 portant orientation agricole. J.O.R.A.D.P n° 46 du 10 août 2008.
227
Si la mise à la disposition des produits alimentaires se fait grâce à la production
agricole, il importe donc, de construire une politique agricole viable, qui doit être cependant intégrée
dans une vision plus globale tendant à améliorer les niveaux de cohérence entre les politiques
agricole, alimentaire et agro-industrielle, à ajuster au mieux les instruments de régulation et de
fonctionnement économiques aux objectifs attendus. Cette politique doit pouvoir assurer une
stabilité, une régularité et une continuité des activités et des projets agricoles et alimentaires.
Si la mise à la disposition des produits alimentaires se fait aussi et surtout grâce aux
marché extérieurs, la sécurité alimentaire veut dire également que l’approvisionnement, les stocks,
la consommation, les ressources financières soient organisés selon une politique alimentaire
cohérente ; ce qui suppose une gestion des risques à long terme.
désormais résider dans le fait que la demande risque d’être définie par la
due au fait que les pays maghrébins obéissent, à peu de choses près, aux
mêmes contraintes climatiques et aux mêmes contraintes structurelles et
financières.
« L’Algérie n’a pas encore atteint l’objectif stratégique de sécurité alimentaire. Sans
les hydrocarbures, il lui aurait quasiment impossible de régler la facture des importations. L’Algérie
est dépendante de l’extérieur pour se nourrir, se soigner et faire fonctionner son économie »1.
228
Pour réduire la facture alimentaire et réaliser la sécurité alimentaire tant souhaitée, il
faut une stratégie globale basée sur des politiques concertées qui tendent à :
exploiter ce qui peut être raisonnablement exploité,
protéger les écosystèmes les plus menacés,
valoriser les ressources naturelles,
réaliser les approvisionnements nécessaires pour satisfaire la consommation et
relance de la production agricole et alimentaire.
Selon les statistiques des douanes, est enregistré une relative baisse de la facture
alimentaire en 2009. Les importations algériennes en produits alimentaires ont atteint 5,8 milliards
de dollars en 2009, contre 7,8 milliards de dollars en 2008, soit une baisse de 25,64%. Mais cela
reste tout de même élevé.
Pour faire face aux charges de la facture alimentaire, le pays s’est engagé dans un
programme quinquennal 2009-2014 résumant toute la politique du renouveau agricole et rural avec
toutes les ressources nécessaires.
1 Fadhila B, sécurité alimentaire, cinq grands programmes lisibles et visibles à long terme. Le journal (le Maghreb du 29 avril 2010.
229
Le Président de la République a initié cinq grands programmes matérialisant
notamment, la lutte contre la désertification, la protection des bassins versants, la protection et le
renforcement du patrimoine forestier et des écosystèmes ainsi que la mise en valeur des terres
agricoles.
Or, ses ressources naturelles, malgré la variété des paysages agraires, sont
limitées.
Toutes les données et toutes les approches relatives aux potentialités naturelles
s’accordent à souligner :
Les risques sont donc importants et l’enjeu est clair : on ne peut parler valablement
de sécurité alimentaire ou de développement agricole sans investir le champ de la protection, de la
valorisation et du développement de toutes les ressources.
Mais tout le monde s’accorde à dire aussi que les sols agricoles et les terres de
parcours, recèlent des potentialités susceptibles de les faire évoluer positivement sous des
conditions précises d’aménagement des bassins-versants, d’investissement dans les études et les
réalisations de programme de mise en valeur, de lutte contre l’érosion, d’assainissement et de
drainage de plantation d’arbres, de reforestation et de lutte contre la désertification.
L’essentiel est de savoir que le sol agricole est une ressource rare à protéger et à
valoriser avant toute chose.
L’important est d’arriver enfin à faire admettre que les sols algériens ne sont pas
des mines à ciel ouvert et qu’il devient urgent de les aménager correctement en vue de leur
reproduction à long terme.
230
1.1.1.2. La ressource « Eau »
Pour ce qui est de l’Algérie, les éléments de la crise sont déjà perceptibles au
niveau de quotidien de la population.
Ce volume d’eau pourrait être accru de 17,7 à 20,4 milliards de m 3 si l’on devait
intégrer quelques 1,3 milliards de m3 provenant du recyclage des eaux usées.
1 « Algérie Agriculture » magazine mensuel spécialisé dans l’agriculture, l’agroalimentaire, la pêche et l’environnement. N°1 Alger, juillet 2005, page
18.
231
Lors de la mobilisation de la ressource, il est prévu l’affectation de 2,9 milliards de
m3 au profit de l’industrie et de l’urbanisme à partir des ressources cumulées du nord du pays (5,7
milliards de m3). Il resterait quelque 4,6 milliards de m3.
Les besoins pour l’agriculture du nord du pays étant estimés globalement à 8,9
milliards de m3.
L’état des lieux des potentialités en eau et en terre, à partir d’enquêtes et rapports
de structures spécialisées, montre la pression grandissante exercée par la ville sur l’eau mobilisée
pour l’industrie et l’agriculture. Cette pression limite les possibilités de développement de l’agriculture
irriguée à partir des eaux de surface.
Pour lever cette pression et pouvoir satisfaire les besoins en eau de l’industrie et de
l’agriculture, plusieurs mesures sont en cours : la réduction des fuites dans les réseaux d’adduction,
la modernisation des techniques d’irrigation, la reprise en main de la gestion des nappes, la
possibilité de recharge artificielle, le dessalement de l’eau de mer pour approvisionner en eau les
zones côtières, la reprise du recyclage des eaux usées et les transferts régionaux entre barrages.
1 Dalila B, L’irrigation, facteur principal du développement agricole, Le journal (Le Maghreb), 25 avril 2010, p. 10. .
232
1.1.1.3. Les ressources Végétales
La couverture végétale étant le maillon premier de la chaîne trophique, elle doit faire
l’objet d’une préservation continue et organisée.
Sous l’effet des prélèvements sauvages mais aussi des modifications anarchiques
et très rapprochées dans le temps de la plupart des écosystèmes naturels (forêt, steppe…), la
situation s’est vite transformée et on est arrivé à une dégradation et à un appauvrissement accentué
de la flore locale.
Cette situation anormale ne peut plus durer, un mouvement radical doit désormais
s’opérer au niveau de structures de recherche, de vulgarisation et de préservation des ressources
naturelles pour créer, stabiliser et renforcer encore plus la diversité génétique du pays. Plus la base
génétique du pays est large et plus les plantes ont des chances d’y trouver les caractères
susceptibles de mieux se développer, de mieux produire et de mieux résister aux maladies, aux
parasites et à la sécheresse. Cette base génétique est un atout de premier plan pour tout
programme d’amélioration et de création de matériel végétal performant.
De par ses étages bioclimatiques, l’Algérie recèle une faune variée qu’il convient de
préserver par :
collections nouvelles.
Des opérations sont prises pour la lutte contre les formes de pillage, de
braconnages et de pollution des aires et des zones de passage des oiseaux, des poissons, des
mammifères et autres animaux sauvages et domestiques.
233
B. Les systèmes de qualité des produits agricoles
Pour valoriser nos produits, il est impératif de créer une base juridique organisé et
sensibiliser la profession agricoles et mettre en place les conditions de production (incitations
économiques et techniques …).
Nous rappelons que parmi les objectifs de la loi n° 08-16 du 3 août 2008 portant
orientation agricoles, nous citons la valorisation des productions agricoles. Evoquer la valorisation
des produits agricoles c’est évoquer le système de qualité des produits agricoles ou d’origine
agricoles, régie par les dispositions du décret exécutif n° 13-260 du 7 juillet 20131.
Il est entendu par système de qualité des produits agricoles ou d’origine agricole,
leur reconnaissance par les signes distinctifs suivants2 :
des charges concerné par des organismes de droit privé dénommés organisme
de certification ;
1 Décret exécutif n° 13-260 du 7 juillet 2013, fixant le système de qualité des produits agricoles ou d’origine agricole, J.O.R.A.D.P n° 36 du 18 juillet
2013, p. 08.
2 Article 2 du décret exécutif n° 13-260 du 7 juillet 2013 fixant le système de qualité des produits agricoles ou d’origine agricole. J.O.R.A.D.P n° 36 du
18 juillet 2013, p. 09.
234
La reconnaissance, à l’issue de cette procédure :
o du droit à apposer sur le produit un logo exprimant l’indication géographique,
l’appellation d’origine, le caractère de produit de l’agriculture biologique ou la
qualité du produit ;
o d’une protection du produit et du logo contre toute contre façon ou utilisation
du logo à des fins frauduleuses1.
Graphique 1 : Evolution des productions agricoles de 2000 à 2010 en valeur (Milliards de DA)2
1 Article 2 du décret exécutif n° 13-260 du 7 juillet 2013 fixant le système de qualité des produits agricoles ou d’origine agricole. J.O.R.A.D.P n° 36 du
18 juillet 2013, p. 09.
2 Séminaire sur la sécurité alimentaire dialogue 5+5 (Alger 6 et 7 février 2012).
235
§ 1. Le développement des productions agricoles
A. La filière céréales
1. La situation actuelle
Quand on parle des céréales en Algérie on ne pense qu’aux céréales d’hiver, le rôle
des céréales d’été reste peu important. Les céréales principales ou céréales d’hiver dont la période
de semailles s’échelonne de septembre à janvier, suivant les lieux et l’altitude où se trouvent le blé,
l’orge et l’avoine.
Le blé cultivé en Algérie se rapporte à deux espèces principales : blé dur qui sert à
la fabrication des semoules, du couscous et des pâtes alimentaires et le blé tendre dont le grain est
utilisé pour la fabrication de la farine et du pain.
Ainsi le système céréalier occupe annuellement plus de 5 millions d’ha, soit près de
65% de la SAU.
Seulement 2.000.000 ha environ sont consacrés à la culture des blés au regard des
conditions pédo-climatiques.
236
La céréaliculture est pratiquée sur quatre espaces distincts :
Il existe néanmoins dans chacun de ces espaces des situations de microclimat qui
distinguent des zones de plus ou moins fortes potentialités, sans affecter de façon significative
l’homogénéité de ces espaces.
237
Tableau 9 : Production de la céréaliculture 1
Les mesures de soutien ont été mises en œuvre en 1999 à travers les différents
fonds existants :
le Fonds de Garantie contre les Calamités Agricoles (FGCA) pour l’aide aux
un montant prévisionnel de 8,2 milliards de DA ;
le Fonds National de développement Agricole (FNDA) pour les autres aides (aide
agriculteurs sinistrés pour un montant de 700 millions DA ;
238
Outre l’augmentation de la productivité et de la production, la mise en œuvre du
programme proposé a entraîné les effets suivants :
Il importe de savoir que depuis 1876, année à laquelle des statistiques ont
commencé à être établies en Algérie concernant la production agricole, jamais un tel exploit n’a été
atteint.
Donc, nous pouvons dire que l’agriculture se réveille grâce à une politique
participative de tous les intéressés. L’importance des céréales sur les marchés internationaux exige
de notre part un minimum d’efforts pour sécuriser nos besoins nationaux. Les concours organisés
par les chambres de l’agriculture en vue de primer les meilleurs opérateurs ayant participé à la
campagne 2008-2009 (du céréaliculteur jusqu'à l’agréeur), devraient permettre l’émergence d’une
élite professionnelle.
« Les français comptent renforcer les exportations des céréales vers l’Algérie et
devancer les fournisseurs mondiaux en blé dans le Maghreb comme le Canada.
1 H.M, 62 millions de quintaux de céréales, une production historique attendue, le journal (le jour d’Algérie) du 13 juillet 2009.
2 La Feuille Agricole, automne 2009 - Revue d’information sur l’agriculture et l’agroalimentaire n° 44, Alger 2009, p. 1.
239
Saisissant l’occasion de la fermeture des grands lacs américains d’où part le blé dur
tant des Etats-Unis que du Canada, les français veulent doubler leurs exportations vers leurs clients
traditionnels, surtout l’Italie et l’Algérie pour faire mentir les statistiques qui prévoient un stock de
300 000 tonnes de blé dur, soit l’équivalent de deux mois d’utilisation.
« Grand consommateur de pain, l’Algérie consomme plus de 200 kilos de blé par an
par habitant, soit le double du français. Les algériens apprécient particulièrement la qualité du blé
français. C’est ainsi qu’en 2009 l’Algérie a importé de l’Hexagone pour plus de 1,1 milliard de dollars
de blé, équivalent à 3,25 millions de tonnes. Grâce au marché du blé dont elle détient ainsi une part
de 45%, la France est restée globalement le premier fournisseur avec 15,7% du marché des biens
alimentaires algériens.
Les français savent aussi que les transformateurs algériens qui s’approvisionnaient
auprès de l’Office Algérien Interprofessionnel des Céréales (OAIC), se sont orientés vers
l’importation.
L’OAIC s’est retrouvée avec des stocks importants grâce à une production nationale
record en 2009, 24 millions de quintaux de blé dur dont 9 millions affectés à l’office. Cet organisme
étatique n’arrive pas à écouler ses quantités et un ralentissement de ses ventes a été constaté.
Le blé dur est cédé en bourse à 25 dollars le quintal contre 100 dollars/ quintal en
2008.
En 2009, l’Algérie a réduit 80% de ses importations de blé dur par rapport aux
années 1990 durant lesquelles elle importait à un rythme de 2 millions de tonnes annuellement
(représentant 50% des quantités exportables de blé dur dans le monde).
C’est important de mentionner « que les importations de l’Algérie en blé ont été
réduites de moitié au cours du 1er trimestre 2010 par rapport à la même période de l’année 2009 »1.
Même si la baisse est relativement faible en terme de quantité (100.000 tonnes), elle
a permis au pays de réduire sa facture d’importation en blé de moitié, passant de » 658,6 millions à
329,7 millions de dollars.
1 Fatiha AMALOU AID, Blé dur : La France compte augmenter ses exportations vers l’Algérie, le Journal (Algérie News) du 22 avril 2010, p. 08.
240
« Il importe de savoir que l’Algérie devrait procéder à sa première exportation de
céréales depuis 40 ans à l’issue d’une adjudication prévue début juin, a déclaré le Docteur Rachid
Benaïssa, Ministre de l’agriculture, d’après le ministre, les cargaisons partiraient d’Alger. Donc, c’est
un retour sur le marché international depuis 43 ans »1.
La consommation nationale en blé dur varie entre 2900 et 3500 tonnes par an. On
peut expliquer cette production exceptionnelle pour deux années consécutives, par un certain
nombre de mesures efficaces prises depuis ces trois dernières années, en plus des conditions
climatiques relativement favorables.
« Durant l’année 2010, plusieurs régions du pays ont enregistré une production
importante de blé dur. Les wilayas de l’Est, à savoir Sétif et Constantine, viennent en tête de la
surproduction de blé.
Contrairement à l’année 2010 où l’orge a représenté plus d’un tiers des 60 millions
de quintaux de céréales récoltées, en 2012 une grande partie de la récolte est composée du blé dur,
un produit dont l’Algérie vient d’atteindre le niveau d’autosuffisance, où la filière céréales a atteint
51.153 426 quintaux »3.
2. La production du maïs
1 Journal "El Watan", page 24, du 25 mai 2010 « Benaîssa et les exportations de céréales »
2 Smail DADI, Production céréalière, l’Algérie a atteint une autosuffisance en blé dur, le journal (l’Expression) du 29 août 2010, p. 04.
3 Sources Direction des statistiques (Ministère de l’agriculture et du développement rural (données de l’année 2012)
4 La ville d’Oran" se trouve au nord-ouest d’Algérie, est située à 432 Km de la capitale Alger
241
Le responsable du ministère de l’agriculture a expliqué aussi que : « Le maïs n’est
pas produit en Algérie depuis des décennies eu égard aux énormes quantités d’eau que ces cultures
nécessitent, mais maintenant avec la mobilisation des eaux superficielles pour l’irrigation il y a des
possibilités de produire le maïs au niveau national »1.
B. La filière lait
Si la demande des ménages n’a cessé d’augmenter, à l’inverse l’on n’enregistre pas
d’accroissement proportionnel de la production nationale de lait cru. Aussi l’Etat doit recourir aux
importations massives de poudre de lait transformé en lait pasteurisé pour la consommation des
ménages.
Pour la même période, le taux de couverture des besoins par la production nationale
est de l’ordre de 30 à 47% ; correspondant à une moyenne annuelle de 40%. Le reste des besoins
est couvert par les importations, entraînant des dépenses en devises allant de 400 millions de
dollars US à 642 millions, soit une moyenne annuelle de 507 millions.
« Assurément, toutes les politiques laitières prônées au cours des différents plans
de développement mis en œuvre ces dernières décennies, n’ont pas conduit à réduire l’entière
dépendance de l’industrie laitière nationale.
1 Fawzi K, Nouvelle politique agricole, le maïs produit prochainement en Algérie, le journal (Le Maghreb) du 24 août 2010 p. et 3.
3 Seddik LARDJANE, Menace sur la production locale, le journal (Algérie News) du 10 mars 2010.
4 Lynda BEDAR, Filière lait en Algérie, un secteur déficitaire, Journal (L’expression) du 19 avril 2010, p. 06.
242
Tous les efforts menés jusqu'à présent par l’Etat pour améliorer la production, se
sont soldés par des fluctuations peu convaincantes et ne répondent que partiellement aux besoins
croissants de la population.
1. Enjeux et Objectifs
Pour soutenir le prix public du lait ordinaire, vendu à 25 DA le sachet d’un litre au
lieu de 38 DA, l’Etat algérien consacre une subvention de 15 milliards de dinars.
L’écart de prix est bien entendu supporté par les pouvoirs publics, lesquels ont veillé
à garantir aux producteurs une marge bénéficiaire non négligeable.
Il faut rappeler que l’engagement pris par l’office national interprofessionnel du lait
de collecter 400 millions de litres de lait auprès des éleveurs de vaches laitières en 2009, n’a pas été
tenu. L’ONIL n’a en fait pu réceptionner que 380 millions de litres.
Elle doit investir davantage pour l’intensification des élevages de base susceptibles
d’accélérer la production nationale laitière et de moderniser les techniques de production, en vue
d’aller vers l’élargissement des investissements dans cette filière.
243
Il est nécessaire de penser à l’amélioration de la collecte du lait, l’exploitation du
forage vert et enfin la réduction de l’importation de la matière première qui a connu une hausse
vertigineuse sur le marché mondial. La poudre de lait est passée en quelques mois de 2000 à 4500
dollars par tonne en Europe.
1. Enjeux et objectifs
244
la réhabilitation des superficies existantes au niveau des terroirs
D. La filière arboricole
L’arboriculture fait partie des atouts agricoles de l’Algérie, bien que la production de
certains produits comme la pomme subisse la pression des produits d’importation. Pourtant les
efforts sont réels : reboisement, mise en valeur de terre, développement des filières, adaptation des
systèmes de culture, investissement en appui à l’exploitation.
1. Oléiculture
1 Agriculture du Maghreb » Revue professionnelle de la filière fruits et légumes et agroalimentaire, n°3 Casablanca, Maroc
novembre 2004, page 73.
245
la création de 6.500 emplois nouveaux ;
la production de 40.000 tonnes d’huile/an.
2. Agrumiculture
3. Phoeniciculture
L’agriculture dans les régions sahariennes a de tout temps reposé sur la culture du
palmier dattier du fait de ses capacités d’adaptation aux conditions climatiques difficiles.
246
Cette agriculture, dominée par la phoeniciculture assure une production moyenne
de 300.000 tonnes de dattes réalisée sur une superficie d’environ 95.000 ha.
un fort taux de sujets improductifs ;
un vieillissement caractérisé de la palmeraie ;
un mauvais état des palmiers par manque d’irrigation, de drainage et d’entretien ;
la prolifération de parasites animaux et végétaux ;
la faiblesse du niveau d’organisation professionnelle en dépit de l’existence de
nombreuses associations de producteurs de dattes et d’exportateurs ;
la faiblesse, voir l’inexistence d’un système adéquat de promotion commerciale.
C’est sans doute à travers cette toile de fond que la problématique de la culture de
la pomme de terre pourrait aussi être abordée au regard de la place qu’occupe aujourd’hui ce
produit dans l’économie agricole nationale et dans la vie quotidienne des ménagères.
1 Deglet Nour est une variété de dattes semi molle, de couleur rouge pâle.
247
La pomme de terre revêt un caractère stratégique tant par la place qu’elle occupe
dans l’alimentation que par les surfaces qui lui sont consacrées ; soit près de 90.000 ha représentant
30% de la sole maraîchère.
La production, qui se situe à environ 1,2 million de tonnes, couvre globalement les
besoins de consommation du pays en année normale, mais reste variable vu les importations
ponctuelles pour combler les déficits tant au plan des semences que de pomme de terre de
consommation.
la disponibilité en semences ;
producteurs potentiels ;
Ces espaces de froid sont devenus une arme à double tranchant, puisqu’au lieu
d’être utilisés pour un meilleur approvisionnement du marché en produits agricoles tout au long de
l’année, ils sont devenus un instrument redoutable de la spéculation.
2. La tomate industrielle
248
Les conserveurs souffrent depuis quelques années de la concurrence déloyale
pratiquée par des pseudos industriels. En effet ces mêmes pseudos industriels importent illicitement
à partir de la Tunisie via les frontières terrestres quelque 20 mille tonnes par an de tomate en
conserve et cela au détriment bien évidement de la production nationale. Certaines conserveries
implantées à l’Est du pays avaient tiré la sonnette d’alarme à chaque campagne agricole.
Le risque d’une crise de la tomate industrielle en Algérie n’est pas écarté si jamais
on ne parvient pas à trouver une solution convenable pour lutter contre ce fléau. Donc, il est
impératif de transformer les risques en opportunités.
Le décalage peut provenir de l’incertitude liée à l’évolution des prix des inputs,
comme de la difficulté à pouvoir mobiliser les fonds financiers indispensables à la campagne
agricole.
Pour ne prendre que les 5 dernières années de 1999 à 2003 en moyenne, les
montants cumulés sont respectivement de 3,5 millions de $.
C’est une filière considérée comme source d’emploi et de revenu, elle permet la
création de 20 à 25000 emplois saisonniers dans les exploitations agricoles selon les années, sans
compter celles actives dans les usines de transformation comme dans les autres entités de service
et industrielles des autres secteurs économiques ayant des relations commerciales avec la filière
agro-industrielle de la tomate.
Les rendements n’ont pas dépassé depuis les années 70 à 2004 la moyenne de 150
quintaux/ha.
Donc, il faut conduire la culture en extensif (20.000 ha) au lieu de l’intensif surtout
sur une zone bien arrosée et qui possède des qualités pédoclimatiques pour obtenir des rendements
avoisinant au minimum 400 quintaux/ha.
Cette filière a connu des hauts et des bas. Il importe de savoir que ce sont les
usines qui ont encouragé l’entraînement de la culture de la tomate industrielle. Simplement ce qu’il
faudrait savoir, c’est que chaque système évolue selon ses propres contradictions. Aujourd’hui ces
contradictions doivent mener à prendre des mesures à effets rapprochés et durables.
249
1.1.1. Mesures à effets durables
Tout en conservant les mesures précédentes, il s’agit de faire émerger une structure
permettant d’organiser la solidarité professionnelle entre agriculteurs et aller vers une solidarité plus
large, interprofessionnelle, impliquant d’autres professions liées à la transformation du produit
agricole.
Ce type d’organisation, structurant par nature, aura des effets durables sur
l’augmentation des rendements, réduisant les coûts de production, donc sur les performances
agricoles.
Elle devra compter avec un concurrent qui a pris une avance certaine mais qui ne
revêt pas autant d’atouts intrinsèques (la Tunisie).
F. La Filière viticole
Les produits viti-vinicoles sont estimés à une moyenne annuelle de 550.000 hl.
La rusticité et la plasticité de la vigne lui confèrent une grande facilité d’adaptation à différents
milieux agro-climatiques et particulièrement dans les zones semi-arides.
La relance de la viticulture en Algérie constitue une ressource de revenu non négligeable, la
réhabilitation et la protection des sols facilement érodant ainsi que la fixation des populations rurales
grâce à l’emploi généré de 75 journées de travail / an et par hectare.
1 Sources Direction des statistiques (Ministère de l’agriculture et du développement rural (données de l’année 2012).
250
la diminution des surfaces par les arrachages massifs et anarchiques,
Ce vignoble est implanté dans les régions centre et ouest ayant une tradition de
production. Cette situation a engendré un déséquilibre qui se présente comme suit :
Le vignoble de cuve est localisé essentiellement dans l’ouest du pays, dans les
zones à faible pluviométrie, comme le montre le tableau suivant :
251
Ouest 36.224 90,5
Est 65 0,2
Sud - -
Total 40.018 -
- Un vieillissement avancé
Un taux de manquant élevé
Une faible production
Un déséquilibre de l’encépagement
A partir de 1972, le raisin sec a été introduit sur une superficie de 2 300 ha dans la
wilaya de Mascara et Mostaganem. Cette opération n’a pas connu un succès en raison de :
Sur une capacité totale de 3.000.000 hl, 20% à 25% seulement sont utilisées.
Il est à signaler que sur les 515 affectées aux coopératives, 380 caves ont été
déviées vers d’autres activités après adaptation de leur statut, en 1988.
252
Ouest : 4 unités pour 25,375 millions de bouteilles ;
Est : 1 unité pour 6,125 millions de bouteilles.
Les quais portuaires réservés pour l’exportation des vins en vrac ont une capacité
de 820.000 hl, repartie entre :
G. La filière apicole
Les produits de la ruche ne se limitent pas au miel (seul produit sucré). La ruche
fournit d’autres produits de qualité aussi bien sur le plan nutritionnel (forte teneur en protéine dans le
pollen et la gelée royale) que thérapeutique (pollen, gelée royale, cire, propolis, venin).
253
1.1. La Localisation
L’activité apicole est intimement dépendante des ressources mellifères dont dispose
le pays. Ces ressources sont très riches et variés (forêt et maquis, prairies naturelles et arbres
fruitiers notamment les agrumes).
1.2. La Production
Au niveau national, l’effectif des colonies d’abeilles avait connu une baisse sensible
de 1990 à 1993 en passant de 320.000 colonies à 200.000. Cette perte s’explique par les effets
dévastateurs de la varroase en l’absence d’un traitement adéquat et de la cherté du produit. Mais
depuis 2000, il y a eu une nette augmentation de l’effectif avec l’avènement du PNDA, grâce aux
mesures incitatives mises en place par les pouvoirs publics.
La production de miel demeure néanmoins très faible pour les raisons suivantes :
254
Au sens de la loi d’orientation agricole n° 08-16 du 3 août 2008, sont de nature
agricole, toutes les activités correspondant à la maîtrise et à l’exploitation d’un cycle biologique de
caractère végétal ou animal et constituant une ou plusieurs étapes nécessaires au déroulement de
ce cycle ainsi que les activités qui se déroulent dans le prolongement de l’acte de production et
notamment le stockage, le conditionnement, la transformation et la commercialisation des produits
végétaux ou animaux lorsque ces produits sont issus exclusivement de l’exploitation 1.
En cela, nous avons vu inopportun d’évoquer le rôle que joue l’exploitation agricole
dans le développement des produits agricoles, sans procéder à sa définition encore une fois.
1 Le Renouveau Agricole et Rural en marche, revue et perspectives, document réalisé par les services du ministère de l’agriculture et du
développement rural, Alger, mai 2012, p. 19. Impression : Imprimerie Officielle Alger.
2 Articles 46 et 47 de la loi n° 08-16 du 3 août 2008 portant orientation agricole. (J.O.R.A.D.P n° 46 du 18 Août 2010, p. 9.
255
Pour ce faire, tout propriétaire de terre agricole attestant de sa propriété et
disposant d’un projet de développement et de valorisation de son patrimoine, est appelé à se faire
connaître pour la validation de son projet et l’inscription de son exploitation, auprès des services de
l’ONTA de la wilaya.
D’une manière générale, trois (3) situations sont envisageables et ce, en fonction de
la nature des terres et de leurs potentialités d’une part, et des capacités techniques et financières
des candidats d’autre part.
Modulés en fonction des zones et des potentialités des périmètres, l’objectif est de
réunir les conditions pour la mise en place d’exploitations agricoles économiquement viables.
Dans ce cas, l’évaluation de l’appel à manifestation d’intérêt est opérée par une
commission présidée par le Chef de Daïra1 et regroupant les représentants des communes
concernées, les responsables de l’agriculture, de la conservation des forêts, de l’environnement, des
ressources en eau et des domaines.
Dans ce sens, l’évaluation de l’appel à manifestation d’intérêt est opérée par une
commission présidée par le wali et regroupant les représentants des communes concernées, les
responsables de l’agriculture, de la conservation des forêts, de l’environnement, des ressources en
eau et des domaines.
256
Cependant, la présentation du projet de développement par le postulant devra être
accompagnée d’une étude et d’un plan d’investissement.
Outre leur classement après examen par la commission présidée par le wali, les
dossiers en question sont soumis à l’appréciation u Ministre de l’agriculture et du développement
rural2.
MODE DE SUPERFICIE
ZONE SYSTEME DE CULTURE
CONDUITE MAXIMALE
Maraichage 15
A Irrigué Maraichage/Arboriculture 40
Arboriculture 70
Terres irriguées des Maraichage/Grandes cultures 90
autres zones B, C, Sec Grandes cultures/Fourrages 70
D Cultures industrielles/grandes cultures 100
Grandes cultures/Fourrages
B Sec 200
Légumes secs
1 Article 23 dispose : « conformément à l’article 16 de la loi n° 10-03 du 15 août 2010, l’acquisition par une personne de plusieurs droits de concession
ne peut aboutir qu’à la constitution d’une exploitation agricole d’un seul tenant d’une superficie n’excédant pas dix (10) fois la superficie de
l’exploitation agricole de référence…….. ». J.O.R.A.D.P n° 79 du 29 décembre 2010 (p13).
* L’article 16 de la loi n° 10-03 du 15 août 2010, dispose : « Nul ne peut acquérir plus d’un droit de concession sur l’ensemble du territoire national.
Toutefois, l’acquisition par une personne de plusieurs droits de concession, en vue de constituer une exploitation agricole D’un seul tenant, est
permise dans le respect de superficies maximales fixées par voir réglementaire, après autorisation de l’office national des terres agricoles.
Au sens de la présente loi, il est entendu par « exploitation agricole d’un seul tenant « toute exploitation agricole dont les différentes parcelles sont
contigües et ne sont pas séparées les unes des autres par des parcelles appartenant à d’autres exploitations agricoles ».
* Article 16 de la loi n° 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat.
(J.O.R.A.D.P n° 46 du 18 août 2010) p.5
2 Circulaire interministérielle n° 108 du 23 février 2011, relative à la création de nouvelles exploitations agricole et d’élevage.
257
Grandes culture/Fourrages
C Sec Jachère 180
Légumes secs/Grandes cultures
D Sec Maraichage/Grandes cultures 100
Grandes cultures 30
Phoéniciculture/intensive 10
D Irrigué
Phoéniciculture/Grandes cultures 35
Grandes cultures/Fourrages 100
Montagnes Sec
Arboriculture rustique 100
Quant aux avantages qui sont liés à la création de nouvelles exploitations dans le
cadre de la concession, se résument comme suit :
258
Section 3 : Une mécanisation et une automatisation adaptées des systèmes
d’exploitation agricole et d’élevage
§ 1. L’importance de la mécanisation et l’automatisation
Une variété et une gamme de machines limitées avec une quasi absence de
matériels spécifiques à un certain nombre d’opérations culturales à
mécaniser.
1 Le chiffre donné par l’ex. Ministre de l’agriculture et du développement rural, le Docteur Rachid BENAISSA, (Audition à Alger en
juillet 2012). La situation n’a pas changé en 2013.
259
Un système coopératif fortement déstructuré et une faible adhésion des
agriculteurs et des éleveurs aux formes d’exploitation collectives des
équipements agricoles.
260
Chapitre IV : L’importance de la fiscalité dans le domaine agricole en Algérie
Nous signalons tout d’abord que « la contribution fiscale n’est pas pleinement
appliquée dans le secteur agricole en raison de :
En effet, la politique fiscale d’un pays donné se caractérise par la nature des impôts
et le rôle qu’on lui assigne dans la politique économique.
1 Leïla TOUMI, la fiscalité agricole en Algérie : état des lieux, enjeux et perspectives (Etude de cas de la wilaya de Tipaza). Mémoire
pour le diplôme de Master. Alger 2013, p.3.
261
L’Algérie a connu depuis la décision de la délégation financière du 21 juin 1918 un
système fiscal qui a très peu évolué sous la colonisation, dans la mesure où les réformes fiscales
introduites en France en 1948 et en 1959 n’ont pas été étendues à l’Algérie.
Le système fiscal algérien comme toutes les principales législations a fait l’objet de
réformes en 1975 et 1976 et l’ordonnance n° 75-105 du 9 décembre 1975 a codifié les impôts
directs et taxes assimilées.
L’article 304 du Code des impôts direct avait prévu une taxe foncière sur les
propriétés bâties mais en réalité cet impôt s’appliquait également aux propriétés non bâties. Etaient
donc assujetties les propriétés dont la superficie dépasse un seuil déterminé par la réglementation et
en particulier :
L’article 50 de la loi de finances pour 1990 a introduit un impôt annuel sur les
propriétés immobilières à caractère commercial.
Donc, les terres agricoles n’étaient pas concernées par ces impôts fonciers, mais
étaient concernées par la taxe unique globale sur la production agricole, prévue par l’article 219 du
code des impôts directs et introduite par l’article 64 de la loi de finances pour 1984. Il s’agit d’un
impôt sur la production agricole et non d’un impôt foncier.
Sont assujettis à l’impôt foncier les personnes physiques ayant ou non leur
résidence fiscale en Algérie.
Le taux de la taxe foncière est calculé sur la base de la valeur vénale de la propriété
et des droits réels selon le tableau suivant :
262
Tableau 13 : Le taux de la taxe foncière 1
Cet impôt est réparti entre l’Etat, les communes et le fonds commun de collectivités
locales à raison de :
60% à l’Etat,
20% aux communes
20% aux fonds communs des collectivités locales
Cette taxe prévue par le Code des impôts directs et taxes assimilées est perçue au
profit des communes ; elle est assise sur la propriété immobilière bâtie ainsi que ses dépenses. Ce
n’est qu’en 1992 que le législateur a distingué la propriété bâtie de la propriété non bâtie.
De la présentation qui précède, on retiendra que la fiscalité foncière n’a pas eu pour
objectif d’orienter l’activité agricole en général ni de favoriser une politique foncière précise. On se
rend bien compte que depuis l’application de la révolution agraire et plus exactement « depuis 1972
jusqu'à présent, les agriculteurs et les éleveurs, qu’ils soient du secteur public ou du secteur privé,
n’ont aucun prélèvement fiscal ni sur leurs chiffre d’affaire ni sur leurs revenus.
263
Pour les autres agriculteurs, il fallait attendre 1994 pour que la loi de finances
rétablisse la taxe foncière sur les terres agricoles (payable par les propriétaires fonciers), taxe qu’elle
fixe à 3 % de la valeur locative »1.
Il importe de savoir que faut signaler que ces exploitations ne sont soumises à
aucun autre impôt.
Certes, ainsi que de nombreux observateurs avertis l’ont écrit, l’exemption fiscale
des agriculteurs pouvait se justifier à un certain moment en raison de l’importance des revenus
pétroliers. Mais avec la crise économique ne serait-il pas inéquitable de poursuivre une telle politique
fiscale ? Ceci est d’autant plus vrai que les revenus de certaines catégories d’agriculteurs se sont
considérablement améliorés, comparés à ceux des salariés dont les revenus se sont érodés par
l’effet de l’inflation de ces dernières années.
En somme, de savoir qu’aucune évaluation des patrimoines soumis à l’impôt n’a été
réalisée depuis l’indépendance. D’ailleurs, les collectivités locales revendiquent une actualisation
des valeurs de patrimoines de façon à les adapter à la réalité du marché, compte tenu des prix
actuels.
1 Slimane BEDRANI, « L’intervention de l’Etat dans l’agriculture en Algérie : Constat et propositions pour un débat ». Cahier, Options
méditerranéennes, Montpellier, CIHEAM n° 14, 1995, p.88.
2 Leïla TOUMI, la fiscalité agricole en Algérie : état des lieux, enjeux et perspectives (Etude de cas de la wilaya de Tipaza). Mémoire pour le diplôme
de Master. Alger 2013, p.43.
264
Le revenu agricole à retenir dans les bases de l’impôt sur le revenu, est un revenu
net qui tient compte des charges.
Il est fait application des tarifs moyens à l’hectare ou à l’unité, selon le cas. Ils sont
situés chacun entre un minimum et un maximum étalés par wilaya.
Pour l’activité d’élevage, le revenu correspond au croit des espèces bovines, ovines
et caprines.
Il est déterminé en fonction du nombre de bêtes par espèce et de leur valeur vénale
moyenne2.
1 Slimane BEDRANI, l’intervention de l’Etat dans l’agriculture en Algérie : Contrat et propositions pour un débat. Cahiers, Options méditerranéennes,
Montpellier, CIHEAM n° 14, 1995, p.88.
2 Article 8 du code des procédures fiscales, Alger, BERTI édition, 2014, p. 100.
265
Il importe de signaler qu’en 2005, c’était l’exonération totale, à titre permanent des
revenus issus des cultures de céréales, de légumes secs et des dattes, c’est une exonération pour
une période de dix (10) ans :
les revenus résultant des activités agricoles et d’élevage exercés dans les
terres nouvellement mises en valeurs ;
En 2011, on a instauré l’exonération de l’impôt sur les bénéfices des sociétés des
activités portant sur le lait cru1. Cette mesure s’appliquerait notamment aux collecteurs et aux
producteurs de lait, dans le but de promouvoir l’activité de production du lait en Algérie.
266
c) opération effectuées avec des usagers non sociétaires que les coopératives
ont été autorisées ou astreintes à accepter.
Cette exonération est applicable aux opérations effectuées par les coopératives de
céréales et leurs unions ave l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) relativement à
l’achat, la vente, la transformation ou le transport de céréales, il est de même pour les effectuées par
les coopératives de céréales dans le cadre des programmes élaborés par l’office ou avec son
autorisation »1.
En 2010, l’exclusion du champ d’application de la taxe sur les véhicules neufs des
tracteurs à usage exclusivement agricole en faveur des entreprises publiques économiques (E.P.E).
La loi n° 10-03 du 15 août 2010 a stipulé dans ses dispositions que la concession
des terres agricoles du domaine privé de l’Etat est fixée pour une durée de quarante (40) ans
renouvelable, moyennant le payement d’une redevance annuelle dont les modalités de fixation, de
recouvrement et d’affectation sont déterminées par la loi de finances.
Afin de procurer à l’Office National des Terres Agricoles (ONTA), des ressources
stables lui permettant de fonctionner et d’exercer ses missions, notamment celles afférentes à la
régulation du foncier agricole, la loi de finances complémentaire pour 2010 a institué, à son profit ;
un prélèvement de 5 % sur le montant de la redevance dû au titre du droit de concession sur les
terres agricoles du domaine privé de l’Etat.
1 Leïla TOUMI, la fiscalité agricole en Algérie : état des lieux enjeux et perspectives, (Etudes de cas de la wilaya de Tipaza). Mémoire pour le diplôme
de Master. Alger, 2013, p. 59 et 60
2 Article 31 de l’ordonnance n° 08-02 du 24 juillet 2008 portant loi de finances complémentaire pour 2008, J.O.R.A.D.P n° 42 du 27 juillet 2008, p. 10.
3 Articles 16et 17 de l’ordonnance n° 09-01 du 22 juillet 2009 portant loi de finances complémentaire pour 2009, J.O.R.A.D.P n° 44 du 26 juillet 2009,
p. 6.
4 Articles 16et 17 de l’ordonnance n° 09-01 du 22 juillet 2009 portant loi de finances complémentaire pour 2009, J.O.R.A.D.P n° 44 du 26 juillet 2009,
p. 6.
267
L’utilisation du domaine national entraîne, en principe, le paiement d’une redevance
par l’utilisateur. Cette redevance, au titre du droit de concession sur les terres agricoles du domaine
privé de l’Etat est fixée, selon les zones de potentialités et les catégories des terres (en irrigué ou en
sec) par hectare, par an et en hors taxes.
une exonération de trois (3) ans est appliquée aux jeunes promoteurs éligibles à
l’aide du « Fonds National de Soutien à l’Emploi des Jeunes », ainsi qu’aux
investissements réalisés par les personnes éligibles au régime de soutien à la
création d’activité régie par la « Caisse Nationale d’assurance chômage.
Redevance par l’utilisateur. Cette redevance, au titre du droit de concession sur les
terres agricoles du domaine privé de l’Etat est fixée, selon les zones de potentialités et les
catégories des terres (en irrigué ou en sec) par hectare, par an et en hors taxes.
268
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Nous pensons la meilleur façon, est que le successeur soit employé de son père
avec un statut particulier de collaborateur agricole, en recevant une partie de son salaire en
espèces, mais également en nature en vue de la succession.
Aux côtés des terres privées, nous avons vu les biens wakfs qui font l’objet d’un
pillage organisé et d’une exploitation anarchique sans aucun droit.
Le comble dans cette grave affaire, c’est la manière mystérieuse avec laquelle les
investisseurs (riches) ont pu s’emparer de vastes assiettes foncières dans les plus chics quartiers
d’Algérie.
Du reste, les biens wakfs à caractère agricole nationalisées dans le cadre de la mise
en œuvre des opérations de la révolution agraire, qui sont régies par l’article 38 de la loi n° 91-10 du
27 avril 1991, qui dispose : « les biens wakfs nationalisés dans le cadre des dispositions de
l’ordonnance n° 71-73 du 8 novembre 1971, portant Révolution agraire, seront restitués, s’il est
établi qu’ils sont tels selon la chariâ islamique et dans la légalité ; et seront dévolus aux destinataires
initiaux, à défaut de ces derniers, ils seront dévolus à l’autorité chargée des wakfs.
Les wakfs qui ont subi une aliénation rendant impossible la récupération de l’entité
physique constituée, doivent être l’objet d’indemnisation…. ».
De ce fait, pour faire fructifier les terres agricoles de statut juridique wakfs, le
ministère des affaires religieuses et des wakfs a élaboré conjointement avec le ministère de
l’agriculture et du développement rural, le décret exécutif n° 14-70 du 10 février 2014 fixant les
conditions et modalités de location des terres wakfs destinées à l’agriculture.
269
Nous avons compris aussi qu’Il paraît en définitive, bien établi que le PNDA partait
d’une bonne idée. Il visait à changer les systèmes de cultures extensives pour les rendre intensives.
Mais malheureusement les résultats attendus arrivaient dans une petite mesure et avec beaucoup
de gaspillages. Il aurait été souhaitable d’avoir des augmentations de la production beaucoup plus
importantes si l’argent utilisé avait été dépensé de meilleure façon.
Pour produire de manière à alléger notre facture alimentaire, il faut que notre pays
ait le potentiel nécessaire pour le faire. Or que l’Algérie n’a pas les potentialités pour arriver à
l’autosatisfaction sur le plan alimentaire.
Hélas, l’Algérie se classe parmi les dix premiers pays les plus grands importants
importateurs de céréales. Il en est de même pour d’autres produits agricoles tels que le lait en
poudre, les huiles, le sucre et le café.
Cette situation aurait été moins intenable si l’Algérie arrivait à exporter ce que ses
terres produisent, afin d’équilibrer sa balance commerciale agricole.
Il est à noter que le dispositif législatif mis en place en 2008 à travers la loi n° 08-16
du 3 août 2008, est venu pour réhabiliter la régulation des produits agricoles et qui est considérée
comme l’une des grandes avancées qui ont marqué ces dernières années le secteur agricole.
Mais, malheureusement les mécanismes mis en œuvre par l’Etat par la régulation
du marché national des produits agricoles, ne permettent pas de contenir les fluctuations des prix
qui, dans bien des cas, échappent à tout contrôle.
Nous pensons aussi, que le problème réside dans les programmes engagés qui
manquent d’objectifs économiques ; qui aident bien sûr à entretenir les fluctuations incessantes des
productions agricoles en termes de quantité et donc de prix.
Au final, cette instabilité entraine à chaque fois, des retraits des opérateurs qui
s’orientent vers des filières qu’ils ne maitrisent pas.
Donc, pour résorber ces crises répétitives, l’Etat fait appel aux importations et cela
accentue de plus en plus la dépendance du marché national vis-à-vis des productions étrangères.
270
Aujourd’hui pour arriver à mettre un terme aux dysfonctionnements qui existent
entre les politiques agricoles et fiscales pour considérer l’agriculteur comme tout citoyen et tut
contribuable devront apporter sa contribution fiscale, il faudrait que l’administration fiscale fasse un
grand effort afin d’établir les règles d’équité en matière d’assiette fiscale, pour que le contribuable du
secteur agricole ne considère pas l’impôt comme une injustice ou procès.
271
CONCLUSION GÉNÉRALE
272
CONCLUSION GENERALE
Combien de fois nous décidâmes de renoncer à ce travail pour faire autre chose et
mener ailleurs notre bataille, mais désirant appliquer la citation suivante : « Puisqu’on ne peut être
universel et savoir tout ce qu’on peut savoir sur tout, il faut savoir un peu de tout. Car il est bien plus
beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose »1, notre détermination a fini
par l’emporter. Aujourd’hui, nous ne regrettons pas d’avoir vivifié ce travail, pour en bénéficier nous
même et faire profiter ceux qui viendront après nous.
Il importe de signaler tout d’abord que « les politiques agricoles qui ont été mises en
œuvre en Algérie se sont caractérisées par l’absence de continuité »2.
D’une manière générale, la décennie 1960 a été marquée par une politique de
reconversion partielle de l’appareil productif et d’une autogestion vouée à l’échec.
Au demeurant, les années 70 seront marquées aussi par l’adoption d’une nouvelle
politique agricole, définie dans le projet de la révolution agraire. Or, malgré toutes les mesures
prises, la révolution agraire n’a pas donné les résultats performants et fructueux tant souhaités.
En revanche, les diverses séries de mesures qui ont caractérisé la politique agricole
des années 80 sous les différentes appellations « Réorganisation » et « Restructuration », ne
faisaient que préparer le terrain à l’alignement progressif aux normes de fonctionnement de
l’agriculture privée.
Nous avons compris que le sens profond de la politique agricole des années 80,
correspond à des données liées à la valorisation du capital agraire dans sa forme spéculative.
Au final, cette décennie a procédé aux ruptures et a tenté d’assurer une transition
vers l’économie de marché.
En cela, durant la décennie 1980 l’Etat opère une refonte radicale de ses options en
faveur d’un processus de privatisation des terres publiques et d’individualisation de l’exploitation des
terres.
1 Pascal PENSEES, « Dictionnaire des citations de langue française » références : Maxi-poche, Edition Maxi-livres 2002.
2 Omar BESSAOUD « L’agriculture en Algérie : de l’autogestion à l’ajustement, (1962-1992) » - Crises et transitions des ?politiques agricoles en
Méditerranée - CIHEAM – Options Méditerranéennes. Série B / n°8, 1994.
273
Les réformes mises en œuvre dans les années 90 n’ont pas abouti à libérer
complètement le marché foncier et lever les obstacles, afin de favoriser le passage à une agriculture
moderne et capable de lever les défis de la mondialisation.
Le risque pour les terres de perdre leur vocation agricole peut procéder ainsi de la
nécessité de satisfaire les besoins fonciers en vue du développement des villes, par l’effet des
mécanismes du droit de l’urbanisme, phénomène qui prend une envergure particulière.
Donc le risque existe pour que la terre perde sa vocation agricole dans le but
d’acquérir le caractère d’un sol constructible.
Les terres agricoles ; 40 millions d’ha sur les 238 millions que compte le territoire
(17%) ont été soumises à des systèmes d’exploitation pour le moins fluctuants : autogestion de 1963
à 1971, révolution agraire (nationalisation des grandes et moyennes propriétés foncières) de 1972 à
1975, mise en place de domaines agricoles socialistes, puis création d’exploitations agricoles
collectives (EAC) et individuelles (EAI), en 1987. Pour finir, les dispositions de la révolution agraire
ont été abrogées en 1990, et les terres nationalisées restituées à leurs propriétaires.
1 Marwane Ben Yahmed « Le retour du fellah », la revue « Le Plus de L’intelligent », n°2150 du 25 au 31 mars 2002, page 4.
274
En 2008, un nouvel instrument législatif est venu remédier aux failles et manques
qu’avait connus le domaine du foncier agricole algérien ; c’est la loi n°08-16 du 03 août 2008 portant
orientation agricole dont l’objet est de déterminer les éléments d’orientation de l’agriculture nationale.
En cela, ladite loi était une aubaine pour les agriculteurs, dans la mesure où elle
introduit une gestion privative de la terre, qui reste toutefois propriété de l’Etat en réponse au souci
d’adaptation de l’activité agricole à l’environnement économique actuel.
Sans oublier de mentionner que le principe d’appropriation visé par cette loi est le
seul moyen pour préserver la vocation agricole des terres.
Mais les craintes existent quant à l’efficacité de cette loi à stabiliser les agriculteurs
qui se trouvent sur les terres concédées.
Du reste, des efforts ont été déployés par le Gouvernement algérien en matière de
modernisation et de développement des filières agricoles de large consommation, de financement et
de modernisation des assurances agricoles, ainsi que les mesures tendant à renforcer les capacités
humaines et d’assistance techniques, notamment l’ouverture du secteur en direction de l’université
et des compétences nationales.
Le Traité avec l’Union Européenne, signé en 2005, ainsi que son adhésion à la
Zone de Libre Echange Arabe, devraient lui permettre de continuer à progresser et de devenir
membre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Il s’agit donc, de promouvoir une politique foncière, qui tienne compte à la fois des
aspects juridiques, économiques et sociologiques du problème foncier.
1 Document FAO 2009 – page 22 – « Les chemins de la réussite, production agricole et sécurité alimentaire : exemples de réussites »
275
Il faudrait prévoir des mécanismes vraiment efficaces, afin d’éviter le morcellement
des terres agricoles ainsi que la spéculation.
Il est enfin évident que le transfert de propriété aux exploitants des terres publiques
à lui seul, n’est pas suffisant pour réaliser les objectifs de la nouvelle politique foncière agricole ; il
faudra mettre en place des instruments de protection de l’exploitant, des règles d’intervention
publiques pour améliorer la consistance et les structures agricoles, et enfin définir des procédures
d’aménagement rural, qui prennent en compte les particularités des différentes zones dans le cadre
de la politique nationale d’aménagement du territoire.
Nous savons tous que les pays forts actuellement, ne sont pas ceux qui détiennent
les bombes : atomique, H ou nucléaire. Les pays forts du moment, sont ceux qui s’autosuffisent en
termes d’alimentation et qui se permettent même d’asseoir leur développement sur leurs
exportations en matière agricole.
Donc, détenir l’arme alimentaire est bien plus précieux, l’agriculture c’est l’arme
redoutable de nos jours.
C’est vrai que l’Algérie est un pays riche grâce à l’or noir qu’elle possède mais un
jour, les puits de pétrole s’épuiseront et il ne restera que l’or vert qui constituera notre source de
richesse et de développement.
276
BIBLIOGRAPHIE
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II. THESES ET MEMOIRES
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situation socio-économique des paysans algériens, de 1873 à 1911, application à trois
communes de l’ancien arrondissement de Constantine (El Khroub – Oum El Bouaghi. El
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la terre, Cahiers, Options méditerranéennes, Montpellier : CIHEAM 2011. p .35.
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5. Éditions KARTHALA 2001.
Rapports et études du Conseil National Économique et Social. 8ème session plénière sur la
stratégie nationale de développement économique et social, Alger mai 1997.
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Rapport de l’Institut National de la Vulgarisation Agricole à Alger, Évaluation de l’évolution
des programmes du Plan National de Développement de l’Agriculture (PNDA). Réunion
trimestrielle des cadres du secteur au siège du Ministère de l’Agriculture 9 et 10 janvier
2002.
Document réalisé par la FAO, Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et
l’Agriculture sur : Production agricole et sécurité alimentaire, ROME 2009.
V. COMMUNICATIONS ET INTERVENTIONS
Communication sur le foncier agricole, lors de la 10ème session plénière par le Conseil
National Économique et Social (CNES), Alger avril 1998.
BENAISSA Ahmed, L’évolution de la propriété foncière à travers les textes et les différents
modes d’accès à la propriété foncière, Conférence organisée à Marrakech en décembre
2002.
TERRANTI Salima, La privatisation du foncier agricole en Algérie ; plus de dix ans de débat
silencieux, Cape Town en Afrique du Sud, Mai 2003.
AHMED ALI Abdelmalek, La loi n°10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les
modalités d’exploitation des terres du domaine privé de l’État, et MATALLAH Ali L’Office
National des Terres Agricoles (ONTA), Alger 03 mai 2010. .
282
VI. LES CODES
A) La Constitution
B) Les Ordonnances
Ordonnance n° 66-102 du 6 mai 1966 portant dévolution à l’État de la propriété des biens
vacants. J.O.R.A.D.P n° 36 du vendredi 6 mai 1966 p. 344
283
Ordonnance n° 72-23 du 07 juin 1972 abrogeant et remplaçant les ordonnances n° 67-
256 du 16 novembre 1967 modifiée et 70-72 du 2 novembre 1970 relatives au statut général
de la coopération et de l’organisation précoopérative. J.O.R.A.D.P n° 51 du 27 juin 1972, p.
618.
Ordonnance n° 74-26 du 20 février 1974 portant constitution des réserves foncières au profit
des communes. J.O.R.A.D.P n° 19 du 05 mars 1974, p. 226.
C) Les Lois
La loi n° 87-19 du 8 décembre 1987 déterminant le mode d’exploitation des terres agricoles
du Domaine National et fixant les droits et obligations des producteurs. J.O.R.A.D.P n° 50
du 9 décembre 1987, p. 1253.
La loi n°91-10 du 27 avril 1991 relative aux biens wakfs. J.O.R.A.D.P n° 21 du 8 mai 1991,
p. 573.
La loi n° 91-11 du 27 avril 1991 fixant les règles d’expropriation pour cause d’utilité publique.
J.O.R.A.D.P n° 21 du 8 mai 1991, p. 577.
284
La loi n° 99-11 du 23 décembre 1999 portant Loi de Finances pour 2000. J.O.R.A.D.P n° 92
du 25 décembre 1999, p. 3.
La loi n° 01-07 du 22 mai 2001 modifiant et complétant la loi n° 91-10 du 27 avril 1991
relative aux biens wakfs. J.O.R.A.D.P n° 29 du 23 mai 2001, p. 6.
La loi n° 02-10 du 14 décembre 2002 modifiant et complétant la loi n°91-10 du 2 avril 1991,
modifiée et complétée, relative aux biens wakfs. J.O.R.A.D.P n° 83 du 15 décembre 2002,
p. 3.
La loi n° 07-02 du 27 février 2007 portant institution d’une procédure de constatation du droit
de propriété immobilière et de délivrance de titres de propriété par voie d’enquête foncière.
J.O.R.A.D.P n° 15 du 28 février 2007. P. 10.
La loi n° 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités d’exploitation des
terres agricoles du domaine privé de l’État. J.O.R.A.D.P n° 46 du 18 août 2010, p. 4.
D) Les Décrets
Décret n° 63-88 du 18 mars 1963 portant règlementation des biens vacants. J.O.R.A.D.P n°
15 du 22 mars 1963, p. 282.
Décret n° 63-98 du 28 mars 1963 déterminant les règles de répartition du revenu des
exploitations et entreprises d’autogestion. J.O.R.A.D.P n° 17 du 29 mars 1963, p. 300.
Décret n° 64-283 du 17 septembre 1964 portant réglementation des biens habous (wakfs)
publics. J.O.R.A.D.P n° J.O.R.A.D.P n° 77 du 22 septembre 1964, p. 1054.
285
Décret n° 72-106 du 07 juin 1972 portant statut de la coopérative agricole. J.O.R.A.D.P n°
51 du 27 juin 1972, p. 621.
Décret n° 72-107 du 07 juin 1972 relatif aux organes chargés de l’exécution des tâches
temporaires de la Révolution Agraire au niveau de la wilaya. J.O.R.A.D.P n° 51 du 27 juin
1972, p. 627.
Décret n° 72-108 du 07 juin 1972 relatif aux organes chargés de l’exécution des tâches
temporaires de la Révolution Agraire au niveau communal. J.O.R.A.D.P n° 51 du 27 juin
1972, p. 629.
Décret exécutif n° 83-724 du 10 décembre 1983 fixant les modalités d’application de la loi
n° 83-18 du 13 août 1983 relative à l’accession à la propriété foncière agricole (APFA).
J.O.R.A.D.P n° 51 du 13 décembre 1983, p. 3046.
Décret exécutif n° 89-51 du 28 avril 1989 fixant les modalités d’application de l’article 29 de
la loi n° 87-19 du 8 décembre 1987 déterminant le mode d’exploitation des terres agricoles
du domaine national et fixant les droits et obligations des producteurs.
J.O.R.A.D.P n° 16 du 19 avril 1989, p. 336.
Décret exécutif n° 89-52 du 18 avril 1989 portant statut des fermes pilotes. J.O.R.A.D.P n°
16 du 19 avril 1989, p. 337.
Décret exécutif n° 90-50 du 06 février 1990 fixant les modalités d’établissement de l’acte
administratif consacrant les droits immobiliers consentis dans le cadre de la loi n° 87-19 du
8 décembre 1987 déterminant le mode d’exploitation des terres agricoles du domaine
national et fixant les droits et obligations des producteurs. J.O.R.A.D.P n° 6 du 7 février
1990, p. 240.
286
Décret exécutif n°91-254 du 27 juillet 1991 fixant les modalités d’établissement et de
délivrance du certificat de possession institué par l’article 39 de la loi n°90-25 du
18 novembre 1990 portant orientation foncière. J.O.R.A.D.P n° 36 du 31 juillet 1991, p.
1116.
Décret exécutif n° 92-289 du 06 juillet 1992 fixant les conditions de cession des terres
sahariennes dans les périmètres de mise en valeur. J.O.R.A.D.P n° 55 du 19 juillet 1992, p.
1237.
Décret exécutif n°92-06 du 4 janvier 1992 fixant les conditions et modalités d’attribution de
la compensation financière prévue à l’article 129 de la loi n° 90-36 du 31 décembre 1990
portant Loi de Finances pour 1991. J.O.R.A.D.P n° 2 du 8 janvier 1992, p. 48.
Décret exécutif n° 96-87 du 15 décembre 1987 portant création de l’Office National des
Terres Agricoles (ONTA). J.O.R.A.D.P n° 15 du 28 février 1996, p. 3.
Décret exécutif n° 96-119 du 6 avril 1996 déterminant les modalités d’application de l’article
11 de l’ordonnance n° 95-26 du 25 septembre 1995 modifiant et complétant la loi n° 90-25
du 18 novembre 1990 portant orientation foncière. J.O.R.A.D.P n° 22 du 10 avril 1996, p. 5.
Décret exécutif n° 96-459 du 18 décembre 1996 fixant les règles applicables aux
coopératives agricoles. J.O.R.A.D.P n° 81 du 22 décembre 1996, p. 15.
Décret exécutif n° 97-490 du 20 décembre 1997 fixant les conditions de morcellement des
terres agricoles et déterminant les zones de montagne. J.O.R.A.D.P n° 84 du 21 décembre
1997, p. 16.
Décret exécutif n° 98-381 du 1er décembre 1998 fixant les conditions et les modalités
d’administration, de gestion et de protection de biens wakfs. J.O.R.A.D.P n° 90 du 2
décembre 1998 p. 11.
287
Décret exécutif n° 2000-118 du 30 mai 2000, fixant les modalités de fonctionnement du
compte d’affectation spéciale n° 302-067 intitulé « Fonds National de Régulation et de
Développement Agricole ». J.O.R.A.D.P n° 31 du 4 juin 2000, p. 5.
Décret exécutif n° 2000-336 du 26 octobre 2000 portant création d’un document testimonial
écrit de confirmation du bien wakf et des conditions et modalités de son établissement et de
sa délivrance. J.O.R.A.D.P n° 64 du 31 octobre 2000, p. 21.
Décret exécutif n° 03-51 du 4 février 2003 fixant les modalités d’application des dispositions
de l’art. 8 bis de la loi n° 91-10 du 27 avril 1991, relative aux biens wakfs. J.O.R.A.D.P n° 08
du 05 février 2003, p. 5.
Décret exécutif n° 03-313 du 16 septembre 2003 fixant les conditions et les modalités de
reprise des terres agricoles du domaine national intégrées dans un secteur urbanisable.
J.O.R.A.D.P n° 57 du 21 septembre 2003, p. 7.
Décret exécutif n° 10-326 du décembre 2010 fixant les modalités de mise en œuvre du droit
de concession pour l’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’État.
J.O.R.A.D.P n° 79 du 29 décembre 2010, p.10.
Décret exécutif n° 11-06 du 10 janvier 2011 précisant les modalités d’exploitation des terres
agricoles relevant du domaine prive de l’État et affectées ou rattachées à des organismes et
établissements publics. J.O.R.A.D.P n° 02 du 12 janvier 2011, p. 7.
Décret exécutif n° 13-260 du 7 juillet 2013 fixant le système de qualité des produits agricole
ou d’origine agricole. J.O.R.A.D.P n° 36 du 18 juillet 2011, p. 8.
E) Les Arrêtés
288
Arrêté du 11 novembre 2012 définissant les modalités d’appel à candidature et les critères
de choix des candidats à la concession des terres agricoles et des biens superficiaires du
domaine privé de l’État rendus disponibles.
A) Les Décisions
Décision ministérielles n° 599 du 08 juillet 2000, fixant les conditions d’éligibilité au soutien
sur le FNRDA, ainsi que les modalités de paiement des subventions.
B) Les Circulaires
Circulaire interministérielle n° 323 du 29 juin 1999, relative aux modalités de mise en œuvre
du programme de mise en valeur des terres par la concession.
Circulaire n° 332 du 18 juillet 2000, portant stratégie de mise en œuvre du Plan National de
Développement Agricole (PNDA).
C) Les instructions
289
L’instruction n° 237 du 21 mai 2000, relative à la l’éligibilité et la sélection des candidats à la
mise en valeur des terres par la concession.
IX. LA PRESSE
Le journal El Watan du 25 juillet 1995 (pages 1 et 6) : article sur la question foncière, les
terres agricoles seront privatisées.
La Tribune du 12.11.2002 (p. 1) « L’avant-projet de loi sur les terres agricoles en débat ».
Le journal « Le Jour d’Algérie » du 13 juillet 2009 (62 millions de quintaux de céréales, une
production historique attendue »
Le journal « Le Carrefour d’Algérie » du 29 août 2010 (Office national des terres agricoles, le
conseil d’administration installé), p. 5
290
Le journal « Liberté » du lundi 6 septembre 2010 (La concession des terres : mode
d’emploi), p. 6
Le journal « Algérie News » du 22 avril 2010 ( Blé dur, la France compte augmenter ses
exportations vers l’Algérie », p. 8.
Le journal « Le Midi Libre » du 17 janvier 2011 (Le gaz, la pomme de terre et les affaires
politiques), p. 6.
Le journal « l’Authentique » du 13 février 2011 (Bel avenir pour l’agrumiculture, une hausse
de la production de plus de 17 % cette année), p. 4.
Le journal « Le Jeune Indépendant » du 13 février 2011 (El Oued exporte vers la Russie), p.
8.
291
X. REVUES ET MAGAZINES
BENAISSA Rachid, Trois milliards de dollars par an pour le monde rural, les cinq années à
venir, Magazine mensuel spécialisé dans l’agriculture, l’agroalimentaire, la pêche et
l’environnement, Alger juillet 2005, pages 10, 11 et 12.
« Le Monde Hippique » Revue mensuelle spécialisée, éditée par la société des courses et
du pari mutuel urbain (SCHPM) n°44, Alger 2005.
« Le monde Hippique » Revue mensuelle spécialisée, éditée par la société des courses et
du pari mutuel urbain (SCHPM) n° 62 Alger 2008.
http : // www.algerie-dz.com
Ministère de l’agriculture et du développement rural : http:// www.minagri.dz
292
www.algériepyrenées.com
Site web WIKIPEDIA (encyclopédie libre) fr.wikipedia.org
www.wikipedia.fr
www.joradp.dz
293
Liste des Graphiques
Graphique 1 : Evolution des productions agricoles de 2000 à 2010 en valeur (Milliards de DA) ... 235
Tableau 7 : Répartition des fellahs et citadins selon les superficies .............................................. 164
Tableau 8 : Taux de couverture de la demande intérieure par produit en 2007 ............................ 225
294
Table des matières
295
TABLE DES MATIERES
Chapitre I : L’autogestion...................................................................................................................................... 40
Remarques .............................................................................................................................................................. 59
296
Chapitre II : La révolution agraire......................................................................................................................... 60
Section 3 : Les règles régissant les coopératives agricoles et les groupements précoopératifs ............................... 76
§1. Constitution et agrément ............................................................................................................................................. 76
§2. Les sociétaires et le capital ......................................................................................................................................... 77
§3. La gestion des coopératives et des groupements précoopératifs .............................................................................. 77
§4. L’échec du système coopératif dans les régions steppiques ..................................................................................... 78
297
TITRE II : LA FIN DU SYSTEME COLLECTIVISTE DES TERRES AGRICOLES POUR UNE LIBERALISATION
FONCIERE.................................................................................................................................................................... 79
Section 3 : L’intérêt de la loi n° 90-30 du 1er décembre 1990 portant loi domaniale .................................................. 91
§1. La composition du domaine national selon la loi n° 90-30 ......................................................................................... 91
§2. Répartition des ressources foncières selon la loi n° 90-30 ........................................................................................ 92
TITRE III : LA SITUATION JURIDIQUE DES TERRES AGRICOLES DU DOMAINE PRIVE DE L’ETAT ................. 93
Chapitre I : Le mode d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat ................................... 94
Section 1 : L’objectif et les instruments utilisés par la loi n° 87-19 du 08 décembre 1987......................................... 95
§1. Les objectifs de la loi n° 87-19 du 8 décembre 1987 ................................................................................................. 95
§2. Les droits consentis sur les terres agricoles ............................................................................................................... 95
§3. Les biens qui constituent le patrimoine de l’exploitation ............................................................................................. 96
§4. Les personnes concernées par les droits de la loi n° 87-19 du 8 décembre 1987 .................................................... 96
298
Section 3 : Le statut des fermes pilotes ........................................................................................................................... 101
§1. L’organisation de la ferme pilote ............................................................................................................................... 101
A.Le conseil d’administration .................................................................................................................................... 102
B.Le Directeur ........................................................................................................................................................... 102
§2. Les moyens et l’exercice financier de la ferme pilote ............................................................................................... 102
A.Les moyens de la ferme pilote ............................................................................................................................... 102
B.L’exercice financier de la ferme pilote ................................................................................................................... 103
Section 4 : Les conditions de prononciation de la déchéance des droits immobiliers .............................................. 103
§1. Les procédures de la déchéance .............................................................................................................................. 103
§2. L’autorité compétente pour la mise en demeure ...................................................................................................... 104
Section 5 : Le dévoiement des principes de la loi n° 87-19 du 08 décembre 1987 ...................................................... 104
§1. Une mise en œuvre rapide de la réorganisation....................................................................................................... 105
§2. L’instabilité de l’assiette foncière des exploitations .................................................................................................. 105
A.Les aspects négatifs liés à l’organisation de l’assiette foncière ............................................................................ 105
B.La nature juridique du droit concédé ..................................................................................................................... 106
§3. La dégradation de la situation foncière ..................................................................................................................... 106
A.Les démarches des exploitants pour faire face aux problèmes rencontrés .......................................................... 107
B.La responsabilité de l’Etat ..................................................................................................................................... 108
Chapitre II : La loi cadre régissant le domaine foncier agricole en Algérie ................................................... 108
Section 1 : Le patrimoine foncier consacré par la loi d’orientation foncière ............................................................... 109
§1. L’objet de la loi d’orientation foncière ....................................................................................................................... 109
§2. Les catégories des terres régies par la loi d’orientation foncière ............................................................................. 109
A.Les terres agricoles et à vocation agricole ............................................................................................................ 109
B.Les terres pastorales et à vocation pastorale ........................................................................................................ 110
C.Les terres forestières et à vocation forestière ....................................................................................................... 110
D.Les nappes alfatières ............................................................................................................................................ 110
E.Les terres sahariennes .......................................................................................................................................... 110
F.Les terres urbanisées et urbanisables ................................................................................................................... 110
G.Des périmètres et sites protégés .......................................................................................................................... 111
Chapitre III : La loi d’orientation agricole n° 08-16 du 3 août 2008 ................................................................. 119
Section 2 : L’apport de la loi n°08-16 du 03 août 2008 dans le domaine foncier ......................................................... 121
§1. La consolidation des principes énoncés par la loi d’orientation foncière .................................................................. 121
§2. Le remembrement pour améliorer la structure des exploitations agricoles .............................................................. 122
A.La constitution de propriétés agricoles homogènes .............................................................................................. 122
B.Les outils modernes pour structurer les exploitations agricoles ............................................................................ 122
299
Chapitre IV : Le régime de la concession des parcelles de terres du domaine privé de l’Etat .................. 125
Section 1 : Les principes de la loi n° 10-03 en tant que projet ...................................................................................... 125
§1. L’élaboration du projet de loi ..................................................................................................................................... 125
§2. Les solutions proposées par le projet de loi ............................................................................................................. 126
Section 4 : Les terres agricoles relevant du domaine privé de l’Etat affectées à des organismes et établissements
publics ................................................................................................................................................................................. 134
§1. Les modalités d’exploitation des terres agricoles ..................................................................................................... 135
A.Les établissements publics à caractère administratif et les établissements publics à caractère scientifique,
technologique et technique ....................................................................................................................................... 135
B.Les établissements publics à caractère industriel et commercial et les établissements publics économiques .... 135
§2. Les obligations liées aux affectataires et concessionnaires ..................................................................................... 135
300
Section 2 : L’Office National des Terres Agricoles (ONTA)............................................................................................ 144
§1. La mise en place de l’ONTA ..................................................................................................................................... 144
A.Les missions de l’ONTA ........................................................................................................................................ 145
B.Organisation et fonctionnement de l’ONTA ........................................................................................................... 146
1.L’organisation financière de l’ONTA................................................................................................................. 147
1.1.Les recettes : ................................................................................................................................................. 147
1.2.Les dépenses : .............................................................................................................................................. 147
2.Sauvegarder l’intérêt général ........................................................................................................................... 148
301
DEUXIEME PARTIE : LE CADRE JURIDIQUE REGISSANT LES TERRES DE LA PROPRIETE PRIVEE ET LES
BIENS WAKFS, LES PERSPECTIVES ET PROPOSITIONS D'ELEMENTS DANS LE
DOMAINE DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE ........................................................................ 153
Chapitre I : Les conditions d’évolution et le processus de modernisation de la propriété privée .............. 154
Chapitre II : Les instruments juridiques et réglementaires pour la gestion et la préservation des terres
agricoles privées.................................................................................................................................................. 165
Section 1 : Les principes fondamentaux pour l’accès à la propriété privée ................................................................ 165
§1. L’apport de la constitution du 23 février 1989 ........................................................................................................... 165
§2. Les dispositions du code de la famille régissant les terres de propriété privée ....................................................... 166
A.La donation ............................................................................................................................................................ 166
B.Le testament .......................................................................................................................................................... 166
302
Section 3 : La levée des obstacles (l’ordonnance n° 95-26 complétant la loi n° 95-25) ............................................. 178
§1. L’extension du champ des restitutions ...................................................................................................................... 178
A.La restitution des terres mises sous protection de l’Etat ....................................................................................... 178
1.Les conditions de la restitution ......................................................................................................................... 178
1.1.Les conditions liées aux terres ...................................................................................................................... 179
1.2.Les conditions relatives au propriétaire ........................................................................................................ 179
B.Les conséquences de la restitution ....................................................................................................................... 179
§2. La confirmation du caractère domanial des terres arch et communales .................................................................. 180
§3. La situation des terres steppiques ............................................................................................................................ 181
A.La caractéristique de l’espace steppique .............................................................................................................. 181
B.Appartenance tribale.............................................................................................................................................. 182
C.Les problèmes juridiques relatifs aux terres steppiques ....................................................................................... 183
Section 1 : Définition des biens wakfs et leur évolution dans les sociétés musulmanes ....................................... 187
§1. Définition des biens wakfs ........................................................................................................................................ 187
Chapitre II : Fondement et évolution des textes législatifs et réglementaires régissant les biens wakfs . 195
Section 2 : La loi n° 91-10 du 27 avril 1991 relative aux biens wakfs ............................................................................ 200
§1. Les biens wakfs publics et les biens wakfs privés .................................................................................................... 201
A.Les biens wakfs publics ......................................................................................................................................... 201
B.Les biens wakfs privés........................................................................................................................................... 202
§2. Les éléments fondamentaux du wakf ....................................................................................................................... 203
§3. Les biens wakfs comme catégorie intermédiaire ...................................................................................................... 203
A.Le recensement des biens wakfs .......................................................................................................................... 204
B.Comment faciliter les opérations de recensement ................................................................................................ 205
C.Le droit à l’usufruit ................................................................................................................................................. 205
D.L’essence du bien wakf ......................................................................................................................................... 206
§4. Dissolution du bien wakf ........................................................................................................................................... 206
303
Section 3 : Régularisation des biens wakfs et leur administration ............................................................................... 207
§1. Régularisation des biens wakfs ................................................................................................................................ 207
§2. Organes de fonctionnement...................................................................................................................................... 207
A.La commission des biens wakfs ............................................................................................................................ 207
1.Missions et attributions du Nadher du bien wakf ............................................................................................. 208
2.Comment est désigné le Nadher du bien wakf ? ............................................................................................. 208
2.1.L’exemption et la déchéance du Nadher des biens wakfs ............................................................................ 209
2.1.1.Cas d’exemption : ...................................................................................................................................... 209
2.1.2.Cas de déchéance ..................................................................................................................................... 209
Section 1 : Les fondements du plan national de développement agricole et les démarches pour sa mise en œuvre
(PNDA) ................................................................................................................................................................................. 215
§1. Les fondements du PNDA ........................................................................................................................................ 215
§2. Les démarches pour la mise en œuvre du PNDA .................................................................................................... 216
A.Le soutien au développement de la production nationale et de la productivité des différentes filières ................ 216
1.L’adaptation des systèmes de production ........................................................................................................ 217
2.Le soutien à la mise en valeur des terres agricoles par les concessions ........................................................ 217
3.Le programme national de reboisement .......................................................................................................... 217
4.La mise en valeur dans le sud ......................................................................................................................... 217
B.Instrumentation de soutien et d’accompagnement de la mise en œuvre des programmes .................................. 217
1.L’instrumentation financière ............................................................................................................................. 218
2.L’encadrement technique ................................................................................................................................. 218
304
Chapitre II : La nouvelle approche de l’Algérie en matière de sécurité alimentaire ...................................... 223
Section 1 : La stratégie adoptée par l’Etat algérien pour la mise en place d’un système alimentaire durable ...... 223
§1. Les causes de la crise alimentaire en Algérie .......................................................................................................... 224
A.L’agriculture base de l’alimentation ....................................................................................................................... 224
B.Situation de l’alimentation en Algérie .................................................................................................................... 224
C.La souveraineté alimentaire de l’Algérie ............................................................................................................... 225
D.Impact de la crise alimentaire mondiale sur l’Algérie ............................................................................................ 226
E.Changement Climatique ........................................................................................................................................ 226
F.Causes liées aux contraintes agricoles ................................................................................................................. 227
§2. Les éléments de la stratégie ..................................................................................................................................... 227
A.Les éléments de stratégie globale ......................................................................................................................... 227
1.La sécurité alimentaire ..................................................................................................................................... 227
1.1.Comment procéder à une vraie sécurité alimentaire ? ................................................................................. 228
1.1.1.La protection et la valorisation des ressources .......................................................................................... 230
1.1.1.1.La ressource «Sol» ................................................................................................................................ 230
1.1.1.2.La ressource « Eau » .............................................................................................................................. 231
1.1.1.3.Les ressources Végétales ....................................................................................................................... 233
1.1.1.4.Les ressources animales ........................................................................................................................ 233
B.Les systèmes de qualité des produits agricoles .................................................................................................... 234
§3. Le système national de labellisation ......................................................................................................................... 234
305
Chapitre III : Création de nouvelles exploitations agricoles d’élevage visant le développement de
l’agriculture en Algérie ........................................................................................................................................ 254
Section 1 : Création de nouvelles exploitations agricoles et d’élevage sur les terres privées non exploitées et sur
les terres du domaine privé de l’Etat ................................................................................................................................ 255
§1. Les terres privées non exploitées ............................................................................................................................. 255
§2. Les terres du domaine privé de l’Etat ....................................................................................................................... 256
A.La parcellisation des périmètres identifiés en des lots ne dépassant pas 10 hectares......................................... 256
§3. Les périmètres dont la superficie dépasse 10 has et inférieure à la superficie maximale ....................................... 256
§4. Les périmètres dont la superficie dépasse 10 has et supérieure à la superficie maximale ............................... 257
Section 2 : Les avantages liés à la création de nouvelles exploitations dans le cadre de la concession ............. 258
Section 3 : Une mécanisation et une automatisation adaptées des systèmes d’exploitation agricole et
d’élevage.............................................................................................................................................................................. 259
§1. L’importance de la mécanisation et l’automatisation ................................................................................................ 259
§2. La mise en place des mesures de renforcement ...................................................................................................... 260
Section 2 : La fiscalité agricole : Instrument décisif pour l’équilibre économique ..................................................... 264
§1. Procédures de fixation des bénéfices agricoles ....................................................................................................... 264
A.Procédure de fixation des bénéfices pour l’activité agricole .................................................................................. 264
B.Procédure de fixation des bénéfices pour l’activité d’élevage ............................................................................... 265
§2. Le régime de déclaration des impôts par les exploitants agricoles .......................................................................... 265
A.L’impôt sur le revenu global (I.R.G) ....................................................................................................................... 265
B.L’impôt sur le bénéfice des sociétés (I.B.S) .......................................................................................................... 266
C.L’impôt sur la valeur ajoutée ................................................................................................................................. 267
D.La taxe foncière agricole depuis 2010................................................................................................................... 267
306