These Taher HASSAN
These Taher HASSAN
These Taher HASSAN
THESE
Présentée
pour l’obtention
du DIPLOME DE DOCTORAT
par
Taher HASSAN
TITRE :
Logistique hospitalière : organisation de la chaîne logistique pharmaceutique aval et
optimisation des flux de consommables et des matériels à usage unique
Directeur de thèse :
M. ALAIN GUINET
JURY :
Rapporteur M. Michel GOURGAND Professeur des Universités
Rapporteur M. Pierre LADET Professeur des Universités
Examinateur Mme. Marie-Thérèse BRANDON Pharmacien des Hôpitaux
Examinateur M. Alain DUSSAUCHOY Professeur des Universités
Directeur de thèse M. Alain GUINET Professeur des Universités
Co-directeur de thèse M. Arman BABOLI Maître de conférences
Invité M. Didier BOURDON Directeur du Groupement
Hospitalier Nord des HCL
Invité M. Gilles LEBOUCHER Pharmacien des Hôpitaux
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD - LYON I
SECTEUR SANTE
Composantes
UFR de Médecine Lyon R.T.H. Laënnec Directeur : M. le Professeur D. VITAL-DURAND
UFR de Médecine Lyon Grange-Blanche Directeur : M. le Professeur X. MARTIN
UFR de Médecine Lyon-Nord Directeur : M. le Professeur F. MAUGUIERE
UFR de Médecine Lyon-Sud Directeur : M. le Professeur F.N. GILLY
UFR d’Odontologie Directeur : M. O. ROBIN
Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques Directeur : M. le Professeur F. LOCHER
Institut Techniques de Réadaptation Directeur : M. le Professeur L. COLLET
Département de Formation et Centre de Recherche en Biologie Directeur : M. le Professeur P. FARGE
Humaine
SECTEUR SCIENCES
Composantes
UFR de Physique Directeur : M. le Professeur A. HOAREAU
UFR de Biologie Directeur : M. le Professeur H. PINON
UFR de Mécanique Directeur : M. le Professeur H. BEN HADID
UFR de Génie Electrique et des Procédés Directeur : M. le Professeur A. BRIGUET
UFR Sciences de la Terre Directeur : M. le Professeur P. HANTZPERGUE
UFR de Mathématiques Directeur : M. le Professeur M. CHAMARIE
UFR d’Informatique Directeur : M. le Professeur M. EGEA
UFR de Chimie Biochimie Directeur : M. le Professeur J.P. SCHARFF
UFR STAPS Directeur : M. le Professeur R. MASSARELLI
Observatoire de Lyon Directeur : M. le Professeur R. BACON
Institut des Sciences et des Techniques de l’Ingénieur de Lyon Directeur : M. le Professeur J. LIETO
IUT A Directeur : M. le Professeur M. C. COULET
IUT B Directeur : M. le Professeur R. LAMARTINE
Institut de Science Financière et d'Assurances Directeur : M. le Professeur J.C. AUGROS
DEDICACES
A Marie, ma fille
A Sawsan, mon épouse
REMERCIEMENTS
Durant ces années de travail sur ma thèse j’ai fait beaucoup de rencontres qui m’ont
énormément apporté.
Je tiens à exprimer en premier lieu ma gratitude à mon directeur de thèse Monsieur Alain
GUINET professeur des universités de l’INSA de LYON. Je ne saurai jamais assez le
remercier de son soutien, son aide et ses conseils avisés et pour le suivi attentif de mes
travaux, ses encouragements, sa gentillesse et pour tout ce que j’ai appris grâce à lui. Merci
pour les critiques qui m’ont permis de mener à bien ces travaux.
Je tiens ensuite à exprimer mes remerciements à mon co-directeur de thèse Monsieur Armand
BABOLI. En qualité d’expert suivant de près l'évolution de ce travail, ses remarques
pertinentes m’ont aidé à cadrer le sujet. J’ai énormément appris à son contact, et cette
collaboration sans complication réalisée dans une confiance mutuelle a été un modèle de
bonnes conditions de travail.
Je voudrais maintenant remercier les personnes qui m’ont permis de travailler dans leurs
unités. Je tiens particulièrement à exprimer toute ma reconnaissance à Madame Marie-
Thérèse BRANDON, praticien hospitalier, pharmacien, chef de service de la pharmacie de
l’hôpital de la Croix-Rousse. Elle m’a accueilli au sein du service de la pharmacie en tant que
doctorant, accordé sa confiance pour réaliser de cette thèse et accepté d’être membre du jury
de soutenance.
Je remercie par ailleurs le pharmacien, M. Gilles LEBOUCHER, pour ses interrogations, ses
avis pertinents sur le travail effectué et ses réflexions apportées au court de cette thèse. Cet
œil extérieur nous a permis de bien orienter le travail lorsque cela était nécessaire. Il a été
notre fournisseur de données et notre référence durant le projet
Je remercie également les membres du jury de soutenance pour avoir accepté d’examiner ce
travail ainsi que pour leurs commentaires et remarques avisés :
Je remercie le professeur Pierre LADET, professeur des universités. Je lui suis reconnaissant
d'avoir accepté de rapporter sur ce travail et de consacrer du temps à ce travail. La qualité de
ses commentaires et ses critiques m'ont été d'une grande utilité et m'ont permis de préciser
encore ma démarche.
Je tiens à remercier Didier BOURDON, Directeur du Groupement Hospitalier Nord des HCL.
Je suis ravi qu'il ait accepté de juger ce travail et d’être membre du jury de soutenance.
Je remercie M Joël FAVREL, directeur du laboratoire de PRISMa, pour m’avoir accueilli
dans son laboratoire et de m’avoir ainsi permi d’effectuer mes travaux de recherche.
Merci à mes collègues avec une pensée particulière pour France-Anne GRUAT et ses
lectures, je remercie Tao WANG pour ses conseils informatiques et son aide dans la mise en
page de ma thèse, Anthony VALLA mon collègue du bureau de sa disponibilités de répondre
à mes questions, à Sondes CHAABANE et Mounira TILILI pour leurs encouragements.
Merci aussi à toutes les personnes que j’ai côtoyées au sein du laboratoire. Merci aussi à
toutes les personnes ceux qui ont passé du temps à m’expliquer des choses que j’avais du mal
à comprendre, à réparer les ordinateurs que je déréglais ou à me fournir les moyens
informatiques pour travailler surtout M. François BERUBE.
Je remercie sincèrement toutes les personnes interviewées qui ont bien voulu m’accorder un
peu de leur précieux temps pour répondre à mes questions et m’expliquer le fonctionnement
de leur unité. J’ai une pensée également pour le personnel de la pharmacie pour son accueil et
sa gentillesse afin de réaliser notre étude de cas : M. Bruno CHARPIAT, Mme
BONNABEAU (adjoint des cadres), Melle CHAMBOST (pharmacien assistant spécialisé),
Mme MONNERY (préparatrice), Mme SEBASTIA (préparatrice), Mme GEORGES (aide
pharmacie), M. MICOLO (aide préparateur), Mme GEMOT-VALOUR (cadre de santé),
Mme Manteaux (cadre de santé), Mme ALLUT (remplaçante du cadre de santé), Mme
CAULIEZ (cadre de santé).
Je remercie tous mes amis, je pense que chacun pourra se reconnaître : les « mariés », les «
informaticiens », les « stagiaires », les « docteurs », vous me serez toujours très précieux. Une
pensée aussi à toutes les personnes que j’ai rencontrées pendant ces trois ans et avec qui j’ai
passé d’agréables moments.
Enfin, je ne pourrais jamais assez remercier toute ma famille proche comme éloignée et
particulièrement ma mère, mon père, mon frère Fawaz et ma sœur Marcellina qui m’ont
soutenu en toutes circonstances. Merci pour la confiance qu’ils ont placé en moi.
TABLE DE MATIERES
TABLE DE MATIERES i
TABLE DES TABLEAUX viii′
TABLE DES FIGURES x′
Introduction générale 1
1ERE PARTIE :
PROBLEMATIQUE, METHODOLOGIE DE
RECHERCHE ET ETAT DE L’ART 7
Chapitre I :
Chapitre II :
1. Histoire de la logistique 27
2. Origines de la recherche et de la pensée académique en matière de
i
logistique civile 28
3. Définition de la logistique 30
4. De la logistique à la chaîne logistique globale 32
5. Les principales étapes de développement de la chaîne logistique 34
5.1. La première phase 34
5.2. La deuxième phase 34
5.3. La troisième phase de l’évolution de la logistique 35
6. La logistique hospitalière 36
6.1. Contexte de la chaîne logistique hospitalière 36
6.2. Définitions de la logistique hospitalière 38
6.3. Importance des activités logistiques en milieu hospitalier 40
7. La structure de la chaîne logistique hospitalière 42
7.1. Niveau amont (fournisseurs/établissement) 46
7.2. Niveau aval (établissement/services de soins) 47
7.3. Niveau global (intégration de la chaîne logistique des fournisseurs
des fournisseurs jusqu’aux clients des clients) 48
8. Synthèses du chapitre II 50
Chapitre III :
1. Introduction 51
2. Les champs d’interventions de la logistique hospitalière 52
2.1. Niveau stratégique : 53
2.1.1. Configuration du système de soins 53
2.1.2. Les tendances futures de la logistique hospitalière 55
2.2. Niveau tactique : 60
2.2.1. Organisation des approvisionnements 60
2.2.2. Le système d’information hospitalier 64
2.3. Niveau opérationnel : 67
2.3.1. Modèles de gestion des stocks 67
2.3.2. Les ressources et les outils de gestion des flux 69
2.3.3. Capitalisation de connaissances : retour d’expériences en logistique
hospitalière 72
3. Synthèses du chapitre III 77
2ERE PARTIE :
LA PHARMACIE D’ETABLISSEMENT DU CHU
DE LA CROIX-ROUSSE 81
Chapitre IV
1. Introduction 81
ii
2. État des lieux 82
2.1 Identification des flux 82
2.2.1. Le prescripteur 83
2.2.2. Le pharmacien 83
2.2.3. Le préparateur 83
3. Désignation des flux pharmaceutiques 84
3.1. Les caractéristiques des produits pharmaceutiques 85
3.2. Le système actuel de dispensation à l’hôpital de la Croix-Rousse 87
4. 4. Analyse des flux 89
4.1. Niveau global (l’hôpital entier) 89
4.1.1. Etat des lieux de l’ancien site de la pharmacie de l’hôpital 89
4.1.2. Etude et calcul de la surface disponible pour le stockage 89
4.1.3. Etat des lieux du nouveau site de la pharmacie de l’hôpital 90
4.1.4. Etude de la saisonnalité de consommation : 91
4.1.5. Etude des dépenses 91
4.1.6. Application de la Méthode ABC de Pareto : 93
4.2. Etude de l’échantillon 100
4.2.1. Résultats d’analyse, constitution de l’échantillon 101
4.2.2. Étude du dimensionnement des flux sur l’échantillon 101
5. Etude de dimensionnement des fournisseurs 103
6. Synthèse du chapitre 106
Chapitre V
1. Introduction 108
2. Identification du propos 109
2.1. Niveau stratégique 110
2.2. Niveau tactique 110
2.3. Niveau opérationnel 110
2.4. La chaîne logistique amont 111
3. La modélisation des processus 112
4. Revue de littérature des modèles et des méthodes de modélisation et
choix du modèle appropriée 114
5. Modélisation de la chaîne logistique aval d'un établissement hospitalier
par le modèle SCOR 115
5.1. Application de modèle SCOR à la chaîne logistique pharmaceutique 115
5.2. Indicateurs de performance 116
5.3. Modélisation de processus 118
5.4. Meilleures pratiques 121
6. Outils de modélisation/ simulation des processus 123
7. L’atelier de génie logiciel ARIS 125
7.1. Les différentes vues de l’outil ARIS 126
7.2. Niveaux descriptifs 126
7.3. Apports de l’outil ARIS 127
7.3.1. Capacité d’intégration : 127
7.3.2. Capacité à suivre et à détailler les processus de la chaîne logistique
127
7.4. Points forts de l’outil ARIS 128
iii
7.5. Points faibles de l’outil ARIS 128
7.6. Démarche de simulation 128
7.7. Buts de la simulation 129
7.8. Les limites de la simulation de la chaîne logistique pharmaceutique 129
7.9. Procédure générale de la simulation 129
7.9.1. Définir les cibles et le domaine : 130
7.9.2. Récolter l'information : 130
7.9.3. Créer le modèle de simulation : Nous avions déjà établi une
représentation du 131
7.9.4. Vérification et validation des modèles 131
7.9.5. Conduire la simulation : 131
7.9.7. Évaluation des options et élaboration de plans d'action : 140
8. Synthèse de chapitre 141
Chapitre VI
de la Croix-Rousse 142
iv
6.8. La relation de surclassement floue 160
6.9. Algorithme de classement 161
6.9.1. Objectif et nature des données 161
6.9.2. Principe général de l’algorithme 161
7. La méthode de surclassement PROMETHEE 163
7.1. Extension de la notion de critère 163
7.2. Développements théoriques 163
7.2.1. PROMETHEE I : rangement des actions en un préordre partiel 164
7.2.2. PROMETHEE II. Rangement des actions en un préordre total 165
8. Organisation de la pharmacie de l’hôpital 166
8.1. Problématique de l’organisation : 166
8.2. Démarche de l’organisation 166
8.3. Démarche suivie de réorganisation de la pharmacie 167
8.4. L’Organisation des stocks à la pharmacie d’établissement 167
9. La détermination des critères et leurs pondérations 168
10. Elaboration de solutions possibles pour répondre au problème 169
10.1. Proposition S1 : système actuel d’organisation conservé : 170
10.2. Proposition S2 : extension de 500M2 172
10.3. Troisième proposition rangement des palettes sur deux niveaux 173
10.4. Proposition S4 : exploitation du sous-sol 174
10.5. Proposition S5 : réapprovisionnement de classe C à partir de la pharmacie
centrale de Lyon. 175
10.6. Proposition S6 : armoires rotatives ou stockeurs 175
10.7. Proposition : S7 classement ABC des produits et classe C au sous-sol 176
10.8. Proposition S8 : armoires rotatives et extension de 500 M2 177
11. Application d’une méthode multicritères d’aide à la décision 177
11.1. Evaluation de la performance et fonctionnement des seuils 177
11.2. Interprétation les résultats 178
11.3. Appliquons la méthode PROMETHEE 180
12. Comparaison avec des résultats et interprétation. 181
13. La validation des résultats 181
13.1. Analyse de sensibilité 181
13.2. Analyse de robustesse 184
13.3. La mise en place d’une nouvelle pharmacie d’établissement 185
13.4. Avantage de la solution retenue 185
14. Synthèse du chapitre 186
Chapitre VII
v
1.5.2. Mode de réapprovisionnement à la pharmacie d’établissement 192
1.5.3. Analyse de historique de nombre de commandes
(Fixe, Multiple ou Variable) 193
1.6. Calcul de la quantité économique de commande (QEC) 197
1.6.1. Analyse des paramètres de QEC en milieu hospitalier 198
1.6.2. Historique des quantités de commande et QEC calculée sur la famille
de DMS 199
Calcul de QEC 199
1.7. Gestion des stocks à la pharmacie d’établissement 201
1.7.1. Démarche des calculs 202
Délai de livraison 202
1.7.2. Calcul de la consommation moyenne journalier (CMJ) 202
1.7.3. Calcul du niveau de stock de sécurité 203
1.7.4. Calcul de la quantité en attendant la commande 204
1.7.5. Calcul du point de commande 205
1.7.6. Consommation total sur l’horizon 205
1.7.7. Nombre de commande totale par an (période) 205
1.7.8. Périodicité entre commandes 205
1.8. Évaluation financière 205
1.8.1. Quantité moyenne dans le stock (QMS) 205
1.9. Processus de la livraison aux services de soins 207
1.10. Optimisation du contenu des stockeurs 207
1.10.1. Démarche d’optimisation d’emplacement des stockeurs 208
1.10.2. Développement d’un logiciel 208
1.10.3 Les résultats 209
2. Problématique des gestions des stocks des services de soins 209
2.1. État actuel des stocks des services de soins 210
2.2. Situation du stock du service (SRMAR) 210
2.3. Historique et analyse des données du service (SRMAR) 210
2.4. Nouvelles organisations de réapprovisionnement 211
2.5. Méthodes de réapprovisionnement proposées 212
2.6. Méthodes de gestion de stock proposées aux services 214
3. Synthèse du chapitre 215
Perspectives 218
Bibliographies 220
vi
ANNEXES -1-
vii
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 2.1 : Les caractéristiques des trois phases de l’évolution de la logistique 36
Tableau 2.2 : comparaison entre la logistique manufacturière et la logistique hospitalière40
Tableau 2.3 : la structure des activités logistiques selon le cycle de vie de produit 43
Tableau 2.4 : Processus principal pour chaque sous-système 48
Tableau 3.1 : approches de gestion des approvisionnements 56
Tableau 3.2 : les flux et les services chargés 70
Tableau 4.1 : la surface du stock de l’ancienne pharmacie 90
Tableau 4.2 : La surface totale et stockable du nouveau site de la pharmacie 90
Tableau 4.3 : Pourcentage d’évaluation des dépenses des produits pharmaceutiques 91
Tableau 4.4 : présente les références consommées et non consommées 98
Tableau 4.5 : Classement ABC des dépenses et des quantités consommées en 2004 99
Tableau 4.6 : La fréquence de commande selon la famille de produits pharmaceutiques 102
Tableau 4.7 : Les groupes standard de rayon 102
Tableau 4.8 : évaluation de nombre de commandes et de lignes de commandes par groupe de
fournisseurs 103
Tableau 4.9 : le nombre de références, nombre de commandes et nombre de lignes pour
chaque groupe de fournisseurs 104
Tableau 4.10 : le degré de relation entre les indicateurs d’évaluation des fournisseurs 105
Tableau 5.1 : Indicateurs de performances de la chaîne logistique pharmaceutique aval 117
Tableau 5.2 : Les pratiques actuelles et les meilleures pratiques 122
Tableau 5.3 : nombre de commandes et nombre de références par commande pour chaque
famille (MED, DMS et PANS) 130
Tableau 5.4 : moyennes des commandes pour l’ensemble des services 131
Tableau 5.5 : le nombre des événements et des fonctions utilisés pour modéliser et simuler
l’ancienne organisation des processus de production 132
Tableau 5.6 présente le nombre des événements et des fonctions utilisés pour simuler la
nouvelle organisation de préparation des commandes 136
Tableau 5.7 : récapitulatif des données de la simulation de la préparation des commandes de
l’ancienne organisation et de la nouvelle organisation 139
Tableau 6.1 : les différentes problématiques types 146
Tableau 6.2 : les familles de critères et sous-critères 169
Tableau 6.3 : les huit solutions proposées 170
Tableau 6.4 : détail de surface pour les DMS 172
Tableau 6.5 : le détail de surface disponible 174
Tableau 6.6 : le détail de surface ajoutée 175
Tableau 6.7 : Ensemble des actions, des critères et leurs évaluations 178
Tableau 6.8 : la matrice de concordance 179
Tableau 6.9 : la matrice de degrés de crédibilité 179
Tableau 6.10 : les matrices de préordre final 180
Tableau 6.12 : modification des poids (vision dirigeant) 182
Tableau 6.13 : modification des poids (vision pharmacien) 183
Tableau 7.1 : Les avantages et les inconvénients de chaque solution envisagée 191
Tableau 7.2 : les quatre politiques possibles d’approvisionnements 192
Tableau 7..3 : comportement de commandes (variable, multiple et fixe) selon le compte 193
Tableau 7.4 : données des fournisseurs en 2004 196
Tableau 7.5 : catégories de prix des produits pharmaceutiques et leurs pourcentages 198
Tableau 7.6 : les valeurs des critères de passation et de possession adoptés 198
viii
Tableau 7.7 : récapitule des valeurs de k en fonction du délai de livraison 204
Tableau 7.8 : les résultats de calcules pour les trois critères 206
Tableau 7.9 : Nombre de références consommées dans les UF 212
Tableau 7.10. Nombre de références consommées dans les UF 213
ix
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : le plan de la thèse 6
Figure 1.1 : Diagrammes SADT : gestion des flux pharmaceutiques 14
Figure 2.1 : La Chaîne logistique 32
Figure 2.2 : les frontières de la chaîne logistique 33
Figure 2.3 : De la logistique à la sypply chaîne management : 33
Figure 2.4 : la chaîne logistique hospitalière selon Arthur Andersen 38
Figure 2.5 : Les coûts de la logistique hospitalière selon 41
Figure 2.6 : la structure de la chaîne logistique 45
Figure 3.1 : les différent flux au sein d’un hôpital selon 52
Figure 3.2 : les sept volets des champs d’intervention de la logistique hospitalière 53
Figure 3.3 : historique des systèmes d'informations logistique des années 50 à nos jours 65
Figure 4.1 : Les flux physiques et d’information à l’hôpital 85
Figure 4.2 : les familles et sous – familles des produits pharmaceutiques 86
Figure 4.3 : les différentes activités logistiques d’un établissement de santé 88
Figure 4.4 : Pourcentage des quantités consommées et des dépenses en 2003 & 2004 91
Figure 4.5 : comparaison des dépenses de chaque service de soins en 2001 & 2004 92
Figure 4.6 : Comparaison des dépenses et des quantités en 2003 / 2004 92
Figure 4.7 : application de la méthode ABC 93
Figures 4.8 : classement ABC des dépenses et quantités consommées en 2001 94
Figures 4.9 : classement ABC des dépenses et quantités consommées en 2004 94
Figure 4.10 : Classification ABC de chaque famille (MED, DMS, PANS) en 2001 95
Figure 4.11 : le pourcentage des dépenses des services les plus grands consommateurs de
produits pharmaceutiques à l’hôpital 96
Figure 4.12 : Comparaison des dépenses, des quantités et du nombre de références
consommées au SRMAR 98
Figure 4.13 : le moyen de délai de livraison par fournisseur en 2004 104
Figure 5.1 : Positionnement des problèmes de la chaîne logistique. 109
Figure 5.2 : Modèle global des flux pharmaceutiques de l’hôpital 113
Figure 5.3 : Modélisation par le modèle SCOR 2003 114
Figure 5.4 : la chaine logistique pharmaceutique aval (niveau 1) 116
Figure 5.5 : L’identification des processus (niveau 2 : Catégorie de Processus) 119
Figure 5.6 : Modélisation du troisième niveau de processus 120
Figure 5.7 : Approvisionnement de produits gérés sur stock (S1) 121
Figure 5.8 : présente la modèle d’approvisionnement et de distribution 123
Figure 5.9 : Vues de décomposition ARIS du modèle de processus 126
Figure 5.10 : le diagramme de chaîne de processus (DCP) 127
Figure 5. 11 : la simulation des 11 jours et 12 heures de travail 133
Figure 5. 12 : la simulation des 50 jours et 14 heures de travail 133
Figure 5.13 : la simulation de 150 jours et 8 heures de travail 134
Figure 5.14 : la position des attributs 134
Figure 5.15 : la modélisation et la simulation de l’ancienne organisation 135
Figure 5.16 : la simulation de 10 jours et 1 heure de travail 136
Figure 5.17 : la simulation de 53 jours et 4 heures de travail 137
Figure 5.18 : la simulation de 120 jours de travail 137
Figure 5.19 : la modélisation et la simulation de la nouvelle organisation 138
Figure 6.1 : choix du type de méthode ELECTRE 147
Figure 6.2 : la distillation ascendante et la distillation descendante 162
x
Figure 6.3 : graphe représentant la relation de surclassement 164
Figure 6.4 : 1ère proposition 171
Figure 6.5 : 2ème proposition avec extension de 500M 172
Figure 6.6 : 3ème rangement des palettes sur deux niveaux 173
Figure 6.7 : 6ème proposition 176
Figure 6.8 : 8ème proposition 177
Figure 6.9 : le graphe de surclassement 178
Figure 6.10 : la distillation descendante et la distillation ascendante 179
Figure 6.11 : Les points des actions 180
Figure 6.12 : Classement final des solutions par PROMETHEE I 180
Figure 6.13 : Classement final des solutions par PROMETHEE II 181
Figure 6.14 : vision dirigeant 183
Figure 6.15 : vision pharmacien 183
Figure 7.1 : analyse des consommations selon le groupe de fournisseur 2004 194
Figure 7.2 : comparaison de type de produits par groupe de fournisseur en 2004 194
Figure 7.3 : le mode de quantité réapprovisionnée selon le fournisseur en 2004 195
Figure 7.4 : le mode de quantité réapprovisionnée selon le fournisseur en 2004 195
Figure 7.5 : la quantité économique de commande [BOOKBINDER, 1994] 197
Figure 7.6 : la distribution normale de probabilité [PETERSON, 1998] 203
Figure 7.7 : l’interface du logiciel d’optimisation des emplacements dans les stockeurs 208
xi
Introduction générale
1. Contexte
L’utilisation efficace des ressources et la recherche d’un service optimal aux patients stimule
la réflexion logistique dans les hôpitaux. Les difficultés d’optimisation des flux et des stocks
conduisent les responsables à trouver des équilibres difficiles et à découvrir des pistes
nouvelles pour rationaliser les dépenses et chercher des solutions affinées à ces nouveaux
problèmes. Dans ce contexte, la logistique permet à l’hôpital de réduire l’impact financier de
la consommation de produits, de réduire les stocks, de limiter les gaspillages et de fournir un
meilleur suivi des stocks et traçabilité des produits des services. D’autre part, l’augmentation
de la dépense hospitalière entraîne des déficits inquiétants de la Sécurité Sociale. Ceci impose
une réduction des dépenses hospitalières. Le principal poste budgétaire des hôpitaux, défini
par le salaire des personnels, étant pratiquement incompressible, les dépenses doivent être
diminuées sur les autres postes. Les dépenses sur les produits pharmaceutiques représentent
une partie importante des dépenses totales sur laquelle il semble possible d’agir rapidement.
L’obligation de maîtrise des dépenses de santé est donc en elle-même une raison
supplémentaire et suffisante pour entreprendre des démarches de réorganisation de la chaîne
logistique. Ces problématiques confirment la nécessité de restructurer les flux des produits
pharmaceutiques qui méritent d’être analysés et évalués. Mais, CREMADEZ et GRATEAU
[CREMADEZ, 1997] s’opposent à cette idée en soulignant que la finalité du système
hospitalier est d’assurer le bien-être du patient quel qu’en soit le coût.
Dans ce contexte, la recherche constante d’économies pour les responsables de la santé est
une approche naturelle pour examiner la façon dont les activités de la pharmacie sont gérées
en vue d’accroître sa productivité. Ces problématiques nécessitent de fortes mutations des
pratiques hospitalières de management en recherchant la rentabilité, la diminution des coûts,
l’efficacité et la qualité de service. Ceci oblige la direction d’un établissement à veiller sur la
bonne utilisation des ressources dont elle dispose pour faire face à la demande de soins. Ceci
expliquent la tendance actuelle des hôpitaux à essayer de maîtriser l'ensemble de la chaîne
logistique depuis les lieux de production jusqu’aux lieux de consommations.
Les établissements de santé sont tenus d’une part d’assurer une qualité de service
irréprochable vis-à-vis des patients, et d’autre part d’optimiser leur chaîne logistique. Ces
contraintes ont conduit le système hospitalier français à s’engager dans une démarche de
réorganisation profonde et de maîtrise de la croissance des dépenses de santé et des budgets.
Ces contraintes stimulent des réflexions sur la manière d'utiliser plus efficacement les moyens
disponibles [LANDRY, 2000 ; BLOUIN, 2001 ; SAMPIREI, 2004]. Les profondes évolutions
et transformations d’environnement, et la régression économique conduisent l’hôpital à
reformuler sa politique de santé qui passe par des impératifs de maîtriser les dépenses dans ce
secteur [MUCCHIELLI, 1993] et [CAUVIN, 1997]. Cette transformation suppose une
réorganisation de la chaîne logistique pour s’adapter aux besoins valués du patient. NAYLOR
[NAYLOR, 1999] résume cette situation par l’exigence de l’optimisation de la triade
antithétique des objectifs des systèmes de santé : qualité, accessibilité et coût.
Généralement, l’offre de soins s’appuie sur divers produits et services qui sont déployés dans
l’établissement par un ensemble d’activités que LANDRY et al, [LANDRY, 2002] intègrent
sous le vocable de logistique hospitalière. Ces activités logistiques peuvent apporter une
contribution significative à la performance d’un centre hospitalier notamment par la présence
1
des bons produits au moment opportun pour soutenir la prestation de services. La logistique
hospitalière représente un processus complexe qui se caractérise par une diversité des besoins,
des utilisateurs, des produits ainsi que des canaux de distribution. Cette logistique a
principalement pour mission de maîtriser et d'optimiser les flux physiques depuis les
fournisseurs jusqu'aux patients. C’est un outil indispensable pour la réorganisation des
processus de la chaîne. Par cette réorganisation on recherche la meilleure performance au
meilleur coût qui respecte des conditions techniques, économiques et réglementaires pour une
dispensation optimale aux patients. Selon FIXARI et TONNEAU [FIXARI, 1993] la gestion
des activités logistiques à l’hôpital présentent des caractéristiques très particulières, qui
influencent directement la définition du rôle et de la place du patient vis-à-vis des soins. On
pourrait même aller plus loin en considérant que les flux à l’hôpital sont beaucoup plus
critiques et sensibles que ceux du secteur industriel puisque c’est la santé, et donc la vie
même, des patients qui sont en jeu. D’autre part, la coordination de ces activités demande une
expertise logistique que peu d'établissements réussiront à développer par eux-mêmes [RUIZ,
2002]. Ceci conduit les chercheurs à s’intéresser depuis quelques années à la gestion de la
chaîne logistique dans les hôpitaux. L’évolution du secteur hospitalier ainsi que la richesse et
l’originalité du milieu hospitalier ont contribué à son essor. Le flux des produits
pharmaceutiques est l’une des cibles privilégiées de cette gestion [APTELE, 2001]
[SAMPIERI, 2002]. BONNIOL [BONNIOL, 1999] indique que le flux physique a toujours
joué un rôle important pour le maintien et la prestation des soins de santé (sauver des vies,
empêcher la propagation de la maladie, aider à poser un diagnostic, améliorer la qualité de la
vie et soulager la douleur).
Selon GASQUET [GASQUET, 2004] les fonctions logistiques des hôpitaux évoluent tout
autant que les activités médicales et médico-techniques mais sans doute de manière moins
visible, en particulier aux yeux des soignants et du public. Ces fonctions logistiques peuvent
non seulement être la source d’économies au niveau des activités logistiques mêmes mais
également dégager des ressources pour les soins aux malades par un meilleur soutien à la
prestation de service. Quel que soit son champ d’intervention, la logistique n’est pas une
science aux lois immuables mais une approche qui adapte ses apports du niveau stratégique à
l’opérationnel en fonction de son environnement et des objectifs définis. Comme pour
d’autres secteurs d’activité, l’enjeu à venir consiste pour l’ingénieur logisticien, à apporter sa
contribution à l’ensemble des processus de l’hôpital. La logistique est toujours au service des
missions et des objectifs d’une entreprise ou du projet d’établissement d’un hôpital. De ce
fait, elle accompagne naturellement les évolutions d’un système.
L'intérêt d'une recherche portant sur la logistique hospitalière est qu’on la considère comme
une clé de l'évolution et de l’optimisation de la gestion des flux d’un établissement
notamment vis-à-vis de son apport sur le cœur de métier (activités essentielles) des hôpitaux.
Dans une période de contraintes financiers, les responsables logistiques jouent un rôle
important dans le centre hospitalier car ils doivent développer des stratégies de réduction des
coûts. L’étude de [THEVENIN, 1999] menée auprès d’établissements de santé français,
souligne que des transformations majeures des activités logistiques nécessitent un accord
favorable des responsables des fonctions médicales et pharmaceutiques de l’établissement, le
poids du département logistique étant à lui seul insuffisant. De plus, l’auteur constate que ces
transformations ne s’inscrivent pas dans une démarche ponctuelle mais plutôt dans un
processus plus global associé au développement du projet d’établissement. Dans ce contexte,
la performance globale de la chaîne logistique peut être améliorée à la fois par un
renforcement de chaque maillon et par un renforcement des liaisons entre les maillons
[DETRIE, 1993].
2
Dans le souci d’améliorer la qualité des soins à apporter aux patients, l’Hôpital de la Croix-
Rousse (HCR) de Lyon met en œuvre des moyens importants pour améliorer son efficience
du quotidien. C’est dans ce cadre que se situe notre étude d’optimisation des activités du
service de la pharmacie de l’hôpital. L’hôpital conduit un projet de révision de sa chaîne
logistique qui doit notamment considérer la gestion de tous les produits pharmaceutiques au
sein de l’hôpital. Ce travail se situe au cœur de la problématique actuelle de la chaîne
logistique hospitalière. Notre étude menée dans la pharmacie d’établissement de cet hôpital
vise à déterminer les besoins et les dysfonctionnements de la chaîne logistique
pharmaceutique hospitalière et à proposer des pistes d’améliorations en profitant de
l’aménagement de cette dernière sur un niveau site. Compte tenu de la complexité et de
l’ampleur des flux concernés, le projet de réorganisation de la gestion des flux des produits
pharmaceutiques fait le seul objet de cette étude. Concernant les flux physiques, nous
analyserons donc uniquement la gestion de la chaîne logistique visant les produits
pharmaceutiques. Nous nous intéressons aux produits livrés régulièrement dans les services
en vue de réaliser l'activité de dispensation des médicaments (MED.), des dispositifs
médicaux stériles (DMS), et des objets de pansement (PANS). Ces flux correspondent à une
logistique embryonnaire (logistique de distribution) et à son intégration interne (pharmacie /
services).
2. Travaux effectués
Notre étude est réalisée dans le cadre d’une collaboration de recherche mise en place entre le
laboratoire PRISMa et l’hôpital de la Croix-Rousse. Le temps de travail a été partagé entre
l’hôpital et le laboratoire où les outils informatiques nécessaires étaient disponibles (Internet,
logiciels).
Pour répondre à ces questions ou pour y contribuer, nous avons structuré notre travail en deux
parties. Dans la première partie, qui se compose de trois chapitres, nous exposons la
démarche que nous proposons pour répondre aux problématiques posées et nous nous
intéressons au contexte du développement de la chaîne logistique en général, ainsi qu'à la
gestion de la chaîne logistique pharmaceutique en particulier ainsi que les différents champs
d’intervention de cette dernière.
3
des travaux de la littérature dans ce domaine. Cette analyse montre la nécessité d’une
collaboration entre les partenaires de cette chaîne afin de maîtriser les risques de rupture et
d’optimiser les coûts d’approvisionnement.
Nous concluons la première partie du mémoire par le chapitre III où nous exposons les
champs d’interventions de la logistique hospitalière. Ces derniers varient suivant les
établissements, en fonction de leur passé, de la dimension de l’établissement et de la nature de
son activité. Nous avons sélectionné un certain nombre d’articles que nous avons répartis
suivant sept rubriques, qui couvrent des stades d’interrogation qui sous-tendent une maturité
plus ou moins évoluée en logistique.
Dans la deuxième partie, nous exposons nos travaux de recherches issues d’une étude de
terrain réalisée à l’hôpital de la Croix-Rousse. Cette partie est constituée de quatre chapitres
dans lesquels nous présentons les approches que nous avons suivies pour dimensionner les
flux des activités de la pharmacie, la modélisation de l’existant, l’organisation de la pharmacie
et la gestion des approvisionnements et des stocks de l’établissement et des services de soins.
Dans le chapitre IV, nous effectuons un état des lieux pour identifier, analyser et
dimensionner les flux logistiques de l’hôpital afin de bien comprendre et connaître le système
à étudier, avec ses contraintes, ses particularités, ainsi que d’identifier ses
dysfonctionnements, etc. En répartissant notre démarche sur trois niveaux d’analyse (global,
intermédiaire et niveau d’un service de soins), nous avons pu évaluer l’état actuel de la
consommation, indirectement la production de soins, ainsi que les conséquences que cela
entraîne en termes de consommation et d’organisation de ressources. Il nous semble
nécessaire, avant de pouvoir dégager les tendances futures de la consommation de soins, de
capitaliser l’information sur le système actuel. Nous avons complété notre analyse par une
étude détaillée d’un échantillon de produits pharmaceutiques sélectionnés selon les critères de
dépenses et de quantités consommées pour choisir les meilleurs emplacements pour ces
produits. Nous avons également analysé en détail les données concernant les fournisseurs
extérieurs de l’hôpital.
Nous considérons dans le chapitre V que la modélisation des processus est l’outil adapté pour
traduire le système observé, spécifier des processus à modéliser, analyser les
dysfonctionnements et proposer des pistes d’amélioration. A cette fin nous avons utilisé le
modèle SCOR (au niveau stratégique et tactique) et l’outil de modélisation de processus et de
simulation ARIS Toolset (au niveau opérationnel). L’utilisation de la simulation pour étudier
les processus des préparations des commandes qui ont lieu dans le service de la pharmacie de
l’hôpital de la Croix-Rousse, vise à analyser les situations que l’on peut améliorer. Cette
simulation nous aide à identifier les problèmes, à proposer des solutions possibles et à
déterminer les configurations à implanter dans le système réel à partir de l’analyse des donnés
obtenus.
4
Dans ce chapitre et le chapitre VI suivant, nous proposons des solutions en vu
d’améliorations de la chaîne logistique pharmaceutique.
Dans le chapitre VI nous décrivons les méthodes multicritères d’aide à la décision choisies
pour traiter notre problématique d’organisation de la pharmacie et de ses flux internes et pour
permettre d’optimiser les zones de stockages de cette dernière. Les contraintes à respecter
sont relatives à la surface disponible pour le stockage, aux coûts d’infrastructure, aux
conditions de travail, au partage des ressources (humaines, équipements), à l’optimisation des
flux des produits, ainsi qu'un taux de flexibilité de la chaîne face à l’augmentation des
activités de l’hôpital.
Pour finir, dans le chapitre VII nous essayons de réduire le coût de la chaîne par
l’optimisation de l’approvisionnement et de la commande afin de minimiser les coûts du stock
et de livrer les services de soins à temps. Cette problématique consiste à déterminer la
politique d’approvisionnement en tenant compte du besoin sur un horizon temporel afin
d’optimiser un ensemble critères. Dans notre cas, nous considérons les critères liés aux coûts
de stockage, de rupture et de livraison, etc.
Nous commençons chaque chapitre par un petit résumé et à la fin de chaque chapitre, nous
donnons une synthèse.
Enfin, nous concluons notre thèse en présentant un bilan final de notre travail, en reprenant les
grandes lignes de cette thèse et en ouvrant quelques perspectives de recherche.
A la fin du mémoire, nous proposons une annexe à laquelle le lecteur pourra se reporter : nous
y fournirons des figures et des tableaux supplémentaires sur certains points de la thèse.
5
Figure 1 : le plan de la thèse
6
ère
1 partie :
Problématique, méthodologie
de recherche et état de l’art
Résumé :
Au cours de ces dernières années, la maîtrise des dépenses conduit les établissements de santé
à raisonner et à optimiser les flux physiques et les flux d’information correspondants en
termes de performance globale de leurs chaînes logistiques. La logistique peut contribuer
fortement à la performance de l’hôpital. Cette performance logistique se mesurent au niveau
opérationnel, par le degré d’efficience atteint, c’est-à-dire, par le rapport entrés/sortis, d’un
côté les résultats obtenus (qualité de service) et de l’autre côté les ressources consommées à
cette intention (coûts de circulation). L’objectif est de minimiser le coût logistique total de
l’ensemble des activités logistiques pour un niveau de service donné.
L’optimisation des flux des produits pharmaceutiques engendre des défis organisationnels
particuliers comparativement au manufacturier. On y retrouve une diversité importante de
produits qui sont souvent utilisées de manière exclusive. Le service de la pharmacie,
responsable de la gestion des produits pharmaceutiques, interagit avec les différents services
de l’hôpital. La présence de nombreux intermédiaires complexifie la gestion de la chaîne
logistique interne de la pharmacie. Beaucoup d’établissements tentent de regrouper les
activités traitant les flux (approvisionnement, distribution) dans un unique département
logistique tel la plateforme logistique de la pharmacie centrale de Lyon. Plus généralement, le
secteur de la santé connaît un changement structurel intense, avec des redéfinitions de
frontière d'activités. Cette partie est consistée de trois chapitres :
7
Chapitre I :
Dans ce chapitre nous posons la problématique. Nous introduisons à cet effet le contexte
hospitalier, et les problématiques observées dans le cadre démarche d’amélioration de la
chaîne logistique hospitalière. Par la suite, nous exposons la démarche que nous avons suivie
pour traiter ces problématiques. Nous montrons que l'hôpital doit changer sa chaîne logistique
pour optimiser ses activités afin de rester performante.
Les systèmes hospitaliers publics ou privés sont en pleine mutation depuis une dizaine
d’années. Selon BOULET [BOULET, 2000] « la montée des coûts de santé et les demandes
croissantes de la population en terme de qualité des soins sont deux éléments essentiels de
l’évolution des systèmes de santé ». Ce système socio-sanitaire est un système complexe qui
est politiquement, économiquement et socialement très important. De par sa taille et son rôle,
il interagit avec l’ensemble de la société et touche tous les citoyens à un moment donné de
leur vie. Les dépenses de santé représentent une part importante de la richesse nationale.
En Europe, les établissements hospitaliers sont amenés à vivre une évolution radicale de leur
organisation qui nécessite la remise à plat de l’existant afin de mieux répondre aux exigences
des tutelles en terme de réduction des coûts, d’amélioration de la qualité des prestations et
d’exigence des usagers [APTLE 2001 ; SAMPIERI 2000]. La réduction des dépenses de santé
est durement ressentie par les hôpitaux publics et privés en raison, d’une part du
vieillissement de population qui nécessite des soins hospitaliers longs et coûteux, et d’autre
part de la concurrence qui s’exerce entre les établissements quant à la qualité des soins basée
sur la modernité et la maîtrise des équipements. Au critère de qualité des soins vient se
rajouter des critères de productivité (gains, coûts, délais). Les praticiens hospitaliers et les
cadres infirmiers ont été les premiers à réfléchir à cette mutation, les enseignants chercheurs
en sciences sociales et en sciences de l’ingénieur les ont ensuite rejoints dans leurs
8
investigations. Comme le souligne PASCAL [PASCAL, 2000] les organismes de santé sont
un territoire presque vierge pour les gestionnaires universitaires.
Au niveau approvisionnements, le challenge futur pour les hôpitaux ne se joue plus seulement
sur les méthodes traditionnelles de gestion des produits pharmaceutiques, mais également sur
les chaînes logistiques mises en place. Les hôpitaux performants sont ceux qui disposent de la
chaîne la mieux optimisée, la plus productif et la plus collaborative. Pour cela, il convient de
créer une solution de gestion de la chaîne logistique vraiment efficace, dans laquelle tous les
processus seraient synchronisés et optimisés [VALLIN, 2003].
Le système hospitalier français s'est engagé dans une démarche de réorganisation profonde.
Selon ROLLINGER [ROLLINGER, 1997] « la diminution des dépenses de santé accentue
encore cette métamorphose ». Les services techniques et logistiques des hôpitaux et les
services généraux constituent des activités indispensables au bon fonctionnement de la chaîne
du soin au patient. Les personnels qui les composent contribuent de façon essentielle au bon
fonctionnement du service public hospitalier (connaître et gérer les flux physiques au plus
près des services de soins : mieux prévoir, mieux acheter, mieux approvisionner, mieux
distribuer).
Dans ce contexte, l’hôpital de la Croix-Rousse s’est engagé dans une démarche approfondie
de modification et d’amélioration de sa chaîne logistique et de ses infrastructures (bâtiment,
équipement, logiciel de gestion, etc.) et ceci aussi bien sur l’aspect organisationnel que sur
l’aspect de la gestion des flux. L’hôpital doit formaliser ses processus internes (planification,
préparation de commandes, distribution, etc.) et externes (interaction avec les fournisseurs et
la plateforme des Hospices Civils de Lyon (HCL)) [BABOLI, 2003b]. La remise en cause des
pratiques s’opère dans le secteur pharmaceutique par la modification des organisations, et
l’intégration physique de plateformes afin de réduire les coûts d’exploitation. La recherche
d’optimalité est multicritères, elle doit prendre en compte les aspects économiques, de
productivité, mais aussi les aspects de qualité et de gestion des risques pour les patients, les
9
infirmiers et les praticiens. Elle pose enfin la problématique des outils de la conduite de cette
transformation. Les outils doivent permettre l’évaluation et la validation des choix
stratégiques en termes de nouvelles infrastructures et d’organisations qui doivent être mises
en place. Cette nouvelle transformation lourde d’investissements, pose la problématique de
l’évaluation de la performance des organisations, et de l’objectivation de la pratique. Elle pose
aussi la problématique des outils d’aide à la décision pour la gestion prévisionnelle et
opérationnelle.
Face à une telle situation, le système de protection sociale est contraint à une réforme en
profondeur. Ce système en crise depuis une trentaine d'années, a été traité par de nombreux
plans de maîtrise des dépenses de santé, qui conduisent à resserrer et réduire les budgets des
établissements de santé ainsi que de maintenir en activité ceux qui sont jugés rentables vis-à-
vis du critère coût/efficacité [CREMADEZ, 1997 ; BERESNAK, 1995].
Les budgets des hôpitaux sont donc réduits pour des raisons de régression économique. Une
telle situation a pour conséquence une réduction des stocks de la pharmacie et des services de
soins ainsi que une diminution des gaspillages, des péremptions, et des rebuts. Ceci entraîne
une augmentation des commandes à lancer par service, et des activités de manutention.
Selon GUINET [GUINET, 1997] « l'hôpital est de plus assujetti à une obligation de services
qui renforce la pression du consumérisme, caractéristique première de l'économie de marché
actuelle. L'irruption des procédures dans les activités hospitalières accentue ce phénomène et
oblige à une parfaite maîtrise des opérations de soins, c'est-à-dire à la recherche de l'objectif
zéro défaut au niveau de la gestion de la qualité de manière similaire à d'autres industries
(agro-alimentaire) ». En conséquence, l'hôpital peut être considéré comme une entreprise de
services multi-produits, soumis à des contraintes de ressources humaines et matérielles à
capacité finie, ayant pour objectif de mieux soigner en dépensant moins. [BEJEAN, 2003].
L'objectif d'une organisation à moyen terme des moyens logistiques en milieu hospitalier est
de prévoir l'utilisation de certaines ressources matérielles (pharmacie, magasin, locaux de
stockage …) et l'emploi des personnels permanents et temporaires, dans l'optique d'une
minimisation des coûts.
10
Généralement, la logistique regroupe l'ensemble des techniques d'organisation et de gestion
des process industriels ayant pour objectifs la satisfaction d'un utilisateur et la performance
économique de l’offreur. Pour BÉRESNIAK [BÉRESNIAK, 2001] « la problématique est
celle de la performance économique, qui substitue à une logique d'utilisation de budgets une
logique d'optimisation de moyens ». L'ensemble vise à fournir les meilleurs produits ou
prestations, au meilleur coût. Pour cela, la logistique doit être associée à un système assurant
la traçabilité de tous les flux (consommables, mais aussi malades et visiteurs). La logistique
est artisanale et dispersée elle ne correspond plus aux contraintes modernes de qualité et de
gestion. Ainsi les activités logistiques étant éclatées sur plusieurs magasins et
l'approvisionnement se faisant en plusieurs endroits, il s'ensuit un défaut de traçabilité et
d’énormes surcoûts. L'objectif est donc de mettre en place, dans l’hôpital, un lieu
d’approvisionnement unique permettant le décloisonnement des filières, autorisant un
meilleur contrôle des réceptions, une meilleure traçabilité des produits et une gestion des
stocks non seulement en volumes mais aussi en valeurs. Les avantages directs attendus sont
l'amélioration de la qualité et de la sécurité, ainsi que la réduction des coûts d'exploitation. En
outre, les soignants devraient voir leurs tâches recentrées sur le soin.
Cette méthode SADT est une méthode graphique qui part du global pour aller au particulier.
Elle a été conçue au début des années 70 par Douglas T. Ross aux Etats-Unis [GUINET,
2001]. Cette méthode permet de décrire des systèmes complexes où coexistent différents flux
de matière (produits, énergie et informations). Elle s'appuie sur la mise en relation de ces
différents flux avec les fonctions que remplit le système, d'une part, et de chacune de ses
fonctions avec les éléments qui la supportent d'autre part. SADT étudie le système sous son
aspect fonctionnel (ou fonction d’usage) et sous son aspect structurel (ou fonction globale)
[IGL, 1989]. Cette méthode possède un formalisme graphique qui est implémenté par analyse
descendante (présence d’une hiérarchie par décomposition fonctionnelle). Elle permet de
modéliser le système existant ou futur pour en comprendre le fonctionnement et envisager des
solutions [MARCA 1988]. Un modèle SADT représente une image d'un système qu'on veut
appréhender. La structure et l’abstraction de SADT permettent une maîtrise plus aisée de la
complexité des systèmes, grâce à son analyse descendante (hiérarchie parfaitement
référencée) et modulaire.
Le symbolisme utilisé est celui de la boîte noire représentant, selon l’approche, l’activité ou la
donnée, et de la flèche définissant les flots :
flèche pointant au-dessus : contrôle (ou contrainte) de l’exécution.
flèche entrant à gauche : entrée absorbée et transformée par la boîte.
flèche pointant au-dessous : mécanisme supportant la boîte, ressource nécessaire
flèche sortant à droite : sortie générée par la boîte.
L'étude se limite à un point de vue global des activités logistiques de la pharmacie, à savoir :
- Les approvisionnements des produits pharmaceutiques (achats…) ;
- La "production" (gestion globale des stocks…) ;
- La distribution aux unités de soins.
11
Nous reprenons les diagrammes SADT concernant la gestion des flux pharmaceutiques de
l’hôpital de la Croix-Rousse établis par GUINET et LAPIERE [LAPIERE, 2003] comme le
présente la figure (1.1) :
Mode de
Pathologie réapprovisionnement
patient
( )
Médicaments
Fournitures GERER LES FLUX DMS : Dispositifs médicaux Stériles
PHARMACEUTIQUES Objets de pansements & Solutés Massifs
Patient
D'UN HOPITAL Patient
( ) ( ) ( )
Système
d'information
Equipements
Ressources
Humaines
12
UTILISE A AUTEUR GUINET DATE EBAUCHE Lecteur Date CONTEXTE
AVANT-PROJET
PROJET PFE REVISE
APPROBATION
NOTES 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 PUBLICATION
Pathologie patient
Patient à
Prescription sur
soigner Prescrire fiche patient
thérapie
1
Thérapie
Préparer la préparée
thérapie
2
Thérapie
Anesthésiste Dispenser la dispensée
thérapie
3
Infirmier Administrer la Patient soigné
thérapie
4
Infirmier
Infirmier
NŒUD TITRE NUMERO
A1 TRAITER PATIENT
Armoires
Vérifier vérifiées
niveau général
des stocks 1
Identifier Liste produits à
produits à commander
commander 2
Quantité Sphéris /
Estimer les estimés classeurs
quantités
3
Commande
Faire la établie
commande
4 Commande
Transmettre la passée
commande
5
Prendre Commande
classeur / connue
commande 1
Prendre Moyens disponibles
chariot & Produit
carton 2 prélevé pour
Prélever commande
produit
3
Données
Reporter recueillies
quantité
prélevée 4 Données
Flasher informatisées
produit et Q Base de données
prélevés 5 renseignées
Décharger
lecteur optique
6
Produits commandés
+ Chariots
NŒUD TITRE NUMERO
A3 PREPARER LA COMMANDE
13
UTILISE A AUTEUR GUINET DATE EBAUCHE Lecteur Date CONTEXTE
AVANT-PROJET
PROJET PFE REVISE
APPROBATION
NOTES 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 PUBLICATION
Produits commandés
Commande à Commande
approvisionner Charger les chargée
produits
1
Circuler vers Déplacement
les services produits
2
Décharger les Produits pharma
produits
3
Produits pharma
Produits
Déconditionner déconditionnés
les produits
1 Chariot de
Ranger dans transport
les armoires
2
Infirmier
Infirmier
L’analyse SADT a permis d’établir un modèle de référence pour la conduite du projet. Cette
analyse de l'existant nous permet d'identifier les points de faibles et les points forts de la
logistique de la pharmacie de l'hôpital de la Croix-Rousse. La modélisation a permis dans un
premier temps, d’analyser la situation existante en mettant en évidence les blocages, les
goulets d’étranglements et les limites de satisfaction. Elle vise à partir des informations
disponibles à détecter, à localiser et à vérifier les défaillances qui peuvent affecter les
performances et la sûreté de fonctionnement.
14
1.6. Les flux physiques à l’hôpital
Pour BERETZ [BERETZ, 2000] « la chaîne logistique hospitalière est organisée selon un
système complexe, peu fiable, non performant et coûteux ». Cela justifie de réorganiser
prioritairement la logistique hospitalière, pour dégager des ressources qui, malgré l’absence
de toute évaluation rigoureuse, peuvent être estimées comme importantes. Celles-ci pourront
très certainement contribuer au développement d’autres activités à plus forte valeur ajoutée,
qui sont le cœur de mission des structures pharmaceutiques et au-delà des établissements de
santé ainsi que pour l’ensemble des partenaires hospitaliers.
Les flux physiques à considérer, du fait qu'ils sont non négligeables de par leur fréquence,
leur volume et leur longueur de circuit, sont les suivants : les flux des produits
pharmaceutiques, les déchets, le linge, la restauration, la maintenance, la stérilisation, les
patients, et le sang.
Notre analyse de flux se limite à l’analyse des flux physiques de la pharmacie à savoir : les
médicaments MED, les dispositifs médicaux stériles DMS et les objets de pansements PANS.
On se focalisera donc sur tout ce qui est transfert d’objets physiques. Ce circuit constitue un
élément déterminant du bon fonctionnement de la chaîne logistique hospitalière. Initié par
l’entrée du patient, il présente une première étape (la consultation du patient), à l’issue de
laquelle sont prises deux décisions fondamentales : les modalités d’hospitalisation et la
prescription du traitement médicamenteux qui lui sera administré ultérieurement.
Les systèmes d’informations ne sont pas détaillés dans le cadre de ce travail. En ce qui
concerne les flux de personnes, ils seront pris en compte pour la cartographie des flux, de
manière à séparer dans la mesure du possible les trajets de flux physiques et les trajets de flux
de personnes. Des limites quant à l’analyse des flux physiques sont aussi à fixer, on
considérera seulement les flux intra et inter sites.
Comment alors améliorer la rentabilité des flux de la pharmacie si la fonction achat ne suffit
plus ? Un produit acheté bon marché à un industriel mais mal géré et mal utilisé peut coûter
finalement très cher. Deux voies s’offrent aux pharmaciens hospitaliers. La première est très
certainement d’améliorer la chaîne logistique depuis l’industriel jusqu’à l’utilisateur
(personnels soignants, prescripteurs). La deuxième est d’assurer le bon usage des produits
pharmaceutiques au lit du malade, cette étape conditionnant la première.
1.7. Les contraintes liées aux flux dans la chaîne logistique hospitalière
15
moins de standard et plus de spécifique (on ne sait pas quand se présente la
demande de soins et les processus de fabrication du soin reste spécifique pour chaque
patient) ;
encadrement administratifs/législatifs (disponibilité des ressources matérielle et
humaine) ;
la multiplicité des acteurs pose le problème de coordinations difficiles dues à des
prises de décision par des personnes qualifiées ayant des visions, des objectifs et des
intérêts différents ;
présence constante de l’incertain sur la durée de chaque activité et de l’incertain sur
la suite des activités à effectuer (patient, personnel soignant).
La nature des métiers d’un centre hospitalier impose à cette étude de prendre en compte
certaines contraintes de flux. Il est important de distinguer un circuit propre et un circuit sale,
ceci pour intégrer les contraintes d’hygiène fortement présentes dans le contexte médical. De
plus, il est nécessaire de rechercher une séparation des trajets suivis par le personnel
hospitalier et les trajets utilisés par le reste des flux de personnes (visiteurs, représentants,
fournisseurs,…) afin d’éviter d’éventuels conflits. Finalement il convient d’intégrer une
contrainte forte, qui n’est pas une exclusivité du système hospitalier : la résistance au
changement. En effet, tout changement d’organisation doit être accompagné d’informations et
de formations. Mais il doit aussi respecter le contexte et l’histoire d’une organisation qui lui
est propre à la culture de l’entreprise [FRANSCHISTEGUY, 2001].
Les produits pharmaceutiques ne sont pas des produits comme les autres. Ils concernent des
besoins vitaux (survie, guérison,…), et ce sont des produits réglementés et coûteux sous
surveillance. Selon le rapport interne de l’hôpital de la Croix-Rousse [Brandon, 2001], le
circuit actuel du médicament n’est pas satisfaisant en termes de sécurité pour le patient. Les
modalités actuelles de commande, de rangement des produits pharmaceutiques ne sont pas
correctes. La gestion des stocks n’est pas satisfaisante. Selon ce rapport encore, l’une des
principales raisons est la dissociation des lieux de commande et des lieux de stockage
[Brandon, 2001].
16
Après une période d’observation suivie par analyse approfondie des données qui nous a
conduit à mettre en évidence des champs de problématiques vastes, les maux rencontrées
tournent autour de :
Dysfonctionnements au niveau du dimensionnement des activités (en analysant les
flux des produits pharmaceutiques et agencement des locaux de stockage) ;
Dysfonctionnements au niveau de l’organisation et de l’identification des processus
(dans un souci d’objectivation) de la chaîne logistique de l’hôpital ;
Dysfonctionnements au niveau de la gestion des approvisionnements, de gestion des
stocks et de l’estimation des besoins.
Généralement, dans les hôpitaux, il n'y a pas de spécialistes logistiques. Pour palier ce
manque, les pharmaciens hospitaliers veillent à l'utilisation des médicaments dans des
conditions optimales d'activité et de sécurité pour les patients. Ils doivent pour cela mettre à la
disposition des soignants les médicaments dans les meilleures conditions d'utilisation afin de
minimiser tous les risques possibles. Cependant en milieu hospitalier le circuit du médicament
est complexe, chaque service ayant des besoins particuliers donc générant des besoins en flux
de médicaments très différents. La plupart des difficultés semble être due à une déficience au
niveau de l’analyse des besoins. Il convient de formuler les besoins de la manière la plus
claire, la plus pertinente et la plus complète possible. Il faut garder à l’esprit que la logistique
17
du médicament diffère de celle des autres produits de consommation. Cette logistique doit
veiller à transporter le médicament jusqu’à son utilisateur [CHARPIAT, 2001].
La pharmacie de l’hôpital de la Croix Rousse gère actuellement près de 6000 références qui se
répartissent en médicaments, en dispositifs médicaux stériles, et en objets de pansements. Du
point de vue du stockage, les produits pharmaceutiques diffèrent par leur densité (poids) et
leur encombrement (volume). Ils peuvent chacun donner lieu à un flux spécifique en raison de
considérations liées à leur conditionnement (stockage), leur mode de livraison, les risques liés
à leur utilisation par le patient ou le personnel, et enfin leur disponibilité (proximité du
patient, délais de livraison).
Si le projet est tourné vers l’avenir et, en conséquence, est destiné à la configuration future de
l’hôpital, il doit prendre en considération les données du fonctionnement actuel des 4 sites
d’hospitalisation qui sont regroupés dans ce cadre (CHCR, Hôtel-Dieu Livet et Cuire
gériatrie). Leur mode de fonctionnement est donc à prendre en compte. En se basant sur
l’analyse des données des cinq dernières années (2000 à 2004) et en nous focalisant sur les
quantités commandées et les dépenses engendrées, notre étude apportera les informations
suivantes :
identification de tous les flux physiques (fournisseurs/pharmacie et pharmacie
/service de soins),
mode de déclenchement des commandes,
analyse des besoins,
volumes des produits pharmaceutiques (en stock),
18
délais de livraison (aux services),
trajets de transport interne des produits pharmaceutiques à l’hôpital.
Nous débuterons cette recherche par une première estimation de la fréquence de commande
des références de chaque service. Suite à cette analyse des données, nous réaliserons un
certain nombre de mesures sur les stocks actuels, afin de nous permettre de :
mesurer l’espace actuel disponible dans la pharmacie ;
recalculer les besoins en espace en ajoutant les stocks des services de réanimation
médicale et néonatal qui seront intégrés dans le stock de la pharmacie ;
calculer l’espace nécessaire pour la nouvelle pharmacie et affecter l’espace à chaque
famille de produits ;
étudier les meilleurs agencements des équipements de stockage et de travail.
Dans ce cadre, les principaux objectifs de cette analyse sont les suivants :
la réduction des stocks ;
l’optimisation de l’emploi des moyens humains et matériels.
Tous ces points seront détaillés par la suite, et des recommandations seront émises.
Le circuit des produits pharmaceutiques est composé d’une chaîne continue dont les maillons
sont les professionnels de santé. Selon FOURCADE [FOURCADE, 2000] « un
dysfonctionnement au niveau d’un seul des maillons invalide l’ensemble du circuit,
conduisant aux accidents thérapeutiques ». Le service logistique de l’hôpital (la pharmacie)
gère les flux des produits pharmaceutiques, des fournisseurs extérieurs jusqu’aux lits du
patient. Normalement, tous les établissements de santé sont confrontés à cette mission. Les
préoccupations des responsables de l’hôpital sont d’une part, de respecter la sécurité des
malades, la satisfaction des différents acteurs hospitaliers et d’autre part de veiller à
l’efficacité économique. Le mode d'approvisionnement et le mode de rangement des
médicaments ne satisfaisaient pas les personnels de l'hôpital de la Croix Rousse. Dans cette
optique, les facteurs affectant la performance des modes de réapprovisionnement de produits
pharmaceutiques sont recherchés. C'est pourquoi l’hôpital, dans une démarche de qualité, a
décidé d'améliorer les flux liés à la chaîne logistique pharmaceutique.
19
à-dire, les flux des matières allant des fournisseurs, aux détaillants, à la pharmacie centrale, à
la pharmacie d’établissement et aux services de soins [BABOLI, 2005].
L’absence de planification des activités logistiques, la rupture du flux des informations issues
de la prescription et de la transcription, l’estimation des besoins ainsi que la préparation des
bons de commandes, engendrent une cascade de dysfonctionnements. On peut citer : le délai
de livraison trop long (surtout pour les DMS), l’approvisionnement en urgence de
médicaments par déplacement d’une infirmière au guichet de la pharmacie dont ce n’est pas le
métier, la désorganisation des soins au niveau du service, la constitution de stocks
réactionnels «sauvages».... Si l’observation de la chaîne logistique de l’hôpital met en
évidence une certaine flexibilité, elle démontre également la présence d’autres
dysfonctionnements issus :
de méthodes empiriques,
d’un système d’information embryonnaire où la traçabilité des produits et des processus
reste quasi-inexistante,
de seuils de tolérance démesurés plus ou moins efficaces (stocks de proximité, délais
d’acceptation des demandes...),
de multiples tâches à faible valeur ajoutée (retranscriptions, manutentions...),
de circuits parallèles plus ou moins connus (dépannages entre les fournisseurs et la
pharmacie d’établissement ou entre services de soins voire même entre service de soins et
pharmacie),
d’une absence de prise en compte des conditions de travail et des impératifs d’ergonomie
et de sécurité du travail,
d’une absence d’évaluation de la qualité et du coût des prestations concernées (taux de
service, taux de rupture, délais de livraison, coûts des activités),
et enfin, de l’impossibilité de manager et de piloter efficacement la chaîne logistique.
Cette nouvelle organisation s'intéressera à la modélisation des pratiques, des moyens comme
les ressources humaines (l'affectation des personnels polyvalents), les matériels (équipements
de stockage et de manutention), la définition de données techniques, la prévision, et
l’organisation et la gestion du stock aussi bien que des locaux. La nouvelle organisation de la
pharmacie traduit les différentes positions stratégiques de gestion des flux physiques à
l’hôpital. Elle doit permettre à la pharmacie d’assurer ses missions de dispensation, le plus
efficacement possible.
20
utiliser au mieux des ressources qui sont rares. A l’hôpital de la Croix-Rousse comme ailleurs,
le stock du service de soin n’est plus maîtrisé et le circuit est perçu comme « non fiable » par
les soignants.
Actuellement, la méthode de rangement employée dans les services de soins est le stockage
classique dans des armoires, et rarement un système de stockage de type plein-vide. Le
système d’échange des chariots n’est pas utilisé. Ainsi, les références à stocker et l’espace
affecté à chaque référence sont constants (affectation statique) avec une remise en cause
occasionnelle. On observe une absence de méthode de réapprovisionnement basée sur une
analyse des besoins réels des produits pharmaceutiques. La méthode actuelle de
réapprovisionnement est basée principalement sur des seuils de commande qui sont révisés
annuellement (analyse partielle des besoins). On constate également l’absence de méthode
permettant la détermination du seuil de commande, de la quantité de commande et de la
période de commande. La méthode actuelle génère souvent des surplus ou des ruptures des
produits pharmaceutiques.
Dans la plupart des cas, ils s’appuient sur leurs expériences pour l’estimation des besoins,
visions personnelles et partielles, plutôt que sur la consommation réelle dans les services.
D’une part, le souci des pharmaciens est double, car d’une part, ils doivent organiser
l’approvisionnement de manière à pouvoir satisfaire les commandes dans leur moindre détail
et assurer la livraison de ces commandes en temps voulu. D’autre part, ils souhaitent éliminer
le surstockage inutile dans les unités fonctionnelles. De plus, les personnels chargés des
stocks aux unités de soins se trouvent confrontés sans cesse à des choix délicats et des
arbitrages non fondés. Ils doivent satisfaire les besoins de la consommation, tout en gardant le
minimum de stock pour éviter le surstockage et bien sûr la péremption [HASSAN, 2005].
21
diminution des coûts d’achat avec 1e souci constant du respect de la qualité attendue.
Notre ambition est d’une part, d’étudier les dysfonctionnements mentionnés ci-dessus et
d’offrir un nouveau modèle de gestion d’approvisionnement et de gestion des stocks qui
conduisent aux bonnes pratiques en gestions prévisionnelle et opérationnelle de la chaîne
logistique.
Les établissements de santé sont aujourd’hui confrontés aux mêmes contraintes d’efficacité
économique que les entreprises de production. De plus, « Confrontée au dilemme de la
vocation à la qualité du soin au patient et de la restriction budgétaire, la chaîne de soins doit
continuer d’assurer le meilleur service au patient. Après une ère de relative insouciance et
face à l’augmentation des contraintes budgétaires, les systèmes hospitaliers se doivent
d'évoluer et de trouver des solutions » [AS_GHC, 2003].
En résumé, notre travail s’intéresse à dégager le secteur des soins des soucis logistiques :
régularité des approvisionnements, sécurité et traçabilité des flux, qualité de service des
prestations, meilleure information et meilleur respect des besoins de proximité. Notre travail
22
doit permettre de palier les différents dysfonctionnements et vise à améliorer la qualité de la
chaîne logistique hospitalière dans sa globalité.
2. Méthodologie de recherche
2.1. La méthodologie adoptée
L’étude du sujet a été effectuée à l’aide de différents moyens : une analyse de la littérature,
des réunions avec différents équipes de recherche, des visites sur site, des entretiens avec des
responsables logistiques (les pharmaciens et les personnels soignants des différents services)
et des réunions régulières avec les pharmaciens responsables de la gestion de la chaîne
logistique pharmaceutique ainsi qu’une analyse SADT, qui a permis d’établir un modèle de
référence pour la conduite de projet.
Pour bien maîtriser et contrôler les processus de la chaîne logistique à l’hôpital de la Croix-
Rousse, nous adaptons la méthodologie de LAURAS et al. [LAURAS, 2003] et [LAURAS,
2004] qui se composent de 5 étapes chronologiques :
Observer : il s'agit d’analyser l'organisation et le fonctionnement sur le terrain du
système d’approvisionnement au niveau interne à l’hôpital. C’est dans ce cadre que
l’analyse de l’existence à été réalisée.
Analyser et classer : il s'agit de déterminer un classement des produits
pharmaceutiques selon des critères pertinents et quantifiables (familles des produits,
classement ABC de Pareto pour chaque famille).
Evaluer : il s'agit de construire les indicateurs de performance de la chaîne logistique,
en termes de coûts, de sécurité, de rentabilité, de contraintes et de qualité de service.
Modéliser : il s'agit de modéliser les différentes phases de la chaîne logistique et
d’évaluer les impacts des modes de coopération sur les performances de la chaîne
Proposer : l'aide à la décision utilise le modèle dans un contexte d'évolution
dynamique de l'hôpital pour mettre au point un schéma directeur des modes
d’approvisionnement basé sur le projet de plateforme logistique des hospices civils de
Lyon (HCL) en appliquant l’analyse multicritères.
Plusieurs sources ont été exploitées pour cette recherche. En particulier, l’information a été
collectée dans :
La littérature scientifique (ouvrages et revus) ;
La presse et les journées professionnelles ;
Les colloques ;
Les réunions ;
Les entretiens auprès des personnels (entretiens informels) ;
Les rapports internes d’activités ;
Concernant l’analyse de la littérature scientifique, nous avons eu recours à des ouvrages, des
revues et des cahiers de recherches. D’une part, la littérature portant sur la problématique
d’optimisation de la chaîne logistique dans sa globalité a été étudiée, d’autre part, la littérature
consacrée à la pratique du Supply Chain Management dans le milieu hospitalier a été
analysée.
Les réunions avec les pharmaciens de l’hôpital et les entretiens auprès des responsables des
activités logistiques dans les services de soins ont représentées une forte contribution à cette
23
recherche. Les informations recueillies ont été complétées par celles issues de la presse
spécialisée et par la lecture des rapports annuels des activités de l’hôpital.
Dans le cadre de la réalisation de notre thèse, nous avons effectué un certain nombre de
travaux suivant la chronologie exposée ci-dessous :
Durant la première année de thèse nous avons effectué les travaux suivant :
1. Une étude sur le terrain fondée principalement sur des visites des différents services de
l’hôpital (observation et analyse des flux physiques et des flux d'information correspondants à
la pharmacie ou situés entre la pharmacie et les unités de soins, ceci afin de découvrir leurs
organisations). Cette étude de l’existant vise à identifier les différents flux des consommables
de l’hôpital et les problématiques annoncées. Par la suite, une définition des besoins a permis
de constituer un cahier des charges. Ce cahier des charges, définira par la suite le document de
référence pour l’évaluation des différentes stratégies possibles pour le choix des ressources
logistiques et de support ainsi que de leur organisation.
2. Des entretiens avec les pharmaciens, administrateurs et cadres infirmiers impliqués dans
les processus de gestion de la chaîne logistique à l’intérieur de l’hôpital (service de la
pharmacie et des services de soins) ont été réalisés.
3. L’analyse documentaire a porté sur les documents remis par les pharmaciens : bilans
d’activité, tableaux d’indicateurs, rapports d’études, articles publiées, diagrammes SADT,
etc..
4. Une étude bibliographique étendue de la littérature associée à divers aspects stratégiques
de la chaîne logistique, de l’évaluation et de l’organisation des services en santé. Cette étude
bibliographique nous a permis d’élaborer un état de l'art actualisé sur les sujets concernés.
Plus de 200 articles traitent les thèmes suivant : flux d’approvisionnement des produits
pharmaceutiques, pratiques médicales, planification/ordonnancement des ressources humaines
et matérielles, systèmes d'aide à la décision en milieu hospitalier, modélisation des processus
de la chaîne logistique hospitalière, indicateurs de performance, systèmes d'information en
milieu hospitalier et modèles de simulation. Cette étude bibliographique concerne soit des
études prospectives en logistique hospitalière soit les expériences acquises lors de la mise en
place d’un système logistique dans les hôpitaux publics français (par exemple, l’hôpital
européen Georges Pompidou). Nous avons de plus visité les sites Internet d’un certain nombre
d’organismes et d’établissements.
5. Dans le cadre de plus de 45 réunions (sur trois ans), nous avons identifié les
problématiques et défini des besoins hospitaliers en gestion prévisionnelle à court et moyen
termes des ressources hospitalières (humains et équipements) et choisi au fur et à mesure les
solutions proposées.
6. Afin de valider les éléments constitutifs de la solution proposée, nous avons analysé les
données techniques et les historiques sur les activités cibles de la pharmacie (exercices 2000 à
2004). L’objectif était de dimensionner les activités de gestion des flux en s’appuyant sur
l’analyse de ces données pour vérifier les différents scénarios possibles d'organisation des
locaux de stockage des produits pharmaceutiques et les plans d'utilisation des équipements
matériels.
Cette première année a consisté à cartographier et planifier l’ensemble des flux physiques du
futur site. L’étude s’est appuyée sur le fonctionnement des établissements actuels avec pour
objectif le futur site de la pharmacie de l’hôpital de la Croix-Rousse. Enfin, il faut mentionner
24
que notre analyse de flux était restreinte aux flux physiques du fait de la grande diversité des
flux (médicaments, dispositifs médicaux stériles et objets de pansements).
Pour ce qui concerne le travail de la deuxième année, nous avons entrepris la modélisation et
la résolution des problèmes de gestion du processus logistique, ainsi que l’étude de
l’évolution des solutions proposés face aux conséquences des choix organisationnels. Trois
problématiques ont été modélisées : la circulation de produits pharmaceutiques externes
(pharmacie/fournisseurs), la circulation de produits pharmaceutiques internes
(pharmacie/services de soins) et l’organisation interne de la pharmacie de l’hôpital.
L’objectif consistait à modéliser la chaîne logistique aval et à étudier les différents processus
de cette chaîne. A cet égard, le modèle SCOR qui est un modèle de processus de référence a
été utilisé. L’objectif principal de l’application du modèle SCOR sur la chaîne logistique
pharmaceutique est d’une part de réaliser un état des lieux des pratiques actuelles, de
déterminer les cibles d’amélioration potentiels, les indicateurs de performance relatifs à ces
cibles ainsi que les objectifs à améliorer et enfin d’identifier les actions et les meilleurs
pratiques à mettre en place pour atteindre les objectifs prévus. L'objectif était d’identifier les
problématiques de recherche touchant la modélisation et l’évaluation des systèmes
hospitaliers, le management et la planification des ressources, et surtout la logistique et la
configuration des ressources particulièrement aux niveaux tactique et opérationnel.
Durant la troisième année, l’étude s’est focalisée sur la gestion des stocks a abordé. Les stocks
permettent d’assurer un approvisionnement régulier des produits pharmaceutiques bien que
leur consommation soit irrégulière. En se basant sur les travaux déjà effectués dans le
domaine hospitalier et surtout dans le domaine industriel, nous avons spécifié des méthodes
de réapprovisionnement et de gestion des stocks. La complexité des problèmes provient de la
taille du service considéré, de son organisation interne, de son historique de consommation.
Dans ce cadre, nous avons étudié deux problématiques :
25
2. Etude des méthodes de gestion des stocks et des meilleures pratiques dans ce domaine.
Notre démarche, à ce stade, a suivi différents moyens d’investigation : des visites sur place,
des entretiens avec les personnels chargés des activités logistiques des services, une analyse
des données des cinq derniers exercices (2000 à 2004). Notre étude a permis de mettre en
évidence un cadre d’analyse opérationnel de la réalité observée sur le terrain et de valider les
scénarios proposés.
Notre recherche s’inscrit donc dans le cadre d’une recherche-action qui nous a permis de
vivre plusieurs expériences de nature différente. Ces expériences nous ont permis en
particulier de faire avancer, de confronter et de mettre à l'épreuve notre perception de
l'évolution organisationnelle dans les établissements de santé.
Ce travail débouche donc sur une synthèse argumentée des stratégies d’approvisionnement et
des logistiques associés ainsi que sur des recommandations pour l’ensemble des
établissements des Hospices Civils de Lyon (HCL).
3. Synthèses du chapitre I
L’optimisation des processus des flux des consommables (médicaments, …) et les matériels à
usage unique (instruments de suture, seringues, gants, …) et la maîtrise de leur
approvisionnement vis-à-vis des besoins des services hospitaliers, définit un enjeu de sécurité
des patients et de contrôle des coûts issus de leur stockage ainsi que de leur péremption.
Nous avons présenté la problématique sur trois axes. Dans un premier temps le contexte
hospitalier (lié à logistique hospitalière) a été présenté suivi par la présentation des
problématiques étudiées dans le cadre d’une démarche d’amélioration de la chaîne logistique.
Dans un deuxième temps, nous avons présenté en détail la méthodologie de recherche suivie
et le déroulement des travaux de recherche effectués durant les trois années de la thèse.
26
Chapitre II :
La conception de la chaîne logistique
Résumé :
1. Histoire de la logistique
Initialement, le terme de logistique apparaît dans les écrits d’Aristote (384/322 avt J.C.) et se
trouve étroitement lié aux domaines d’application de la logique. En effet, « étymologiquement
le terme logistique vient du grec » [AKBARI JOKAR, 2001]. Selon PONS [PONS, 1996] ce
terme «logistique» signifie l’art du raisonnement et du calcul.
SOHIER [SOHIER, 2002] relie les premières réflexions de la logistique à l’art militaire, en
raison du fait que les armées furent les premières grandes administrations centralisées. Le
déplacement d’une armée de plusieurs centaines de milliers de soldats sur un territoire hostile
nécessite la plus grande précision dans son approvisionnement en vivres, armes, vêtements,
etc. et cela nécessite également de disposer de moyens de communication fiables pour en
connaître les besoins et pour lui transmettre les ordres militaires.
« Le génie militaire de Napoléon intégra, à l’appui de son audace purement technique sur le
champ de bataille, une logistique gigantesque de coursiers reliant les armées à l’état major et
de réseaux d’approvisionnement organisés par les armées au fur et à mesure de leur
avancée » [SOHIER, 2002].
Pour COLIN [COLIN, 1996] le rôle primordial de la logistique est d’organiser les
mouvements des armés «Il se trouve que dans l’histoire, beaucoup plus d’armées ont disparu
faute de pain, que par l’effet des armes». Cette phrase nous amène à penser que certaines
conquêtes dans l’histoire n’auraient pu aboutir sans un soutient logistique réfléchi. GANTOIS
[GANTOIS, 1996] cite les premiers logisticiens dans l’histoire comme Hannibal (217 avant
JC), homme d’état carthaginois, qui après avoir pacifié l’Espagne dut prévoir la nourriture de
27
50 éléphants pour traverser les Alpes et atteindre Rome, ou encore Napoléon, fin stratège qui
gagna nombre de ses conquêtes grâce à son ingéniosité à réguler les flux en armes, et en
nourriture pour ses soldats.
Dans les années quarante «Le débarquement des Alliés en Europe dut pour une part son
succès à l’extraordinaire organisation logistique mise en œuvre». [SOHIER, 2002]. Plus
récemment, c’est la puissante logistique des États-Unis qui entraînèrent le succès rapide et
précis lors de la deuxième et la troisième guerre du Golf (1991, 2003). Au niveau humanitaire,
les opérations logistiques des pays d’Europe et des Etats-Unis ont permis de diminuer les
effets négatifs de tremblements de terre, tel le Tsunamis (raz-de-marée) en Asie en 2004.
C’est d’ailleurs sous influence américaine que le terme de logistique est entré dans le
vocabulaire de l’entreprise dans les années 50 pour désigner une organisation regroupant des
activités existantes (manutention, transport, stockage) et des activités plus novatrices
(coordination, remise en question des méthodes de production, optimisation des activités de
l’entreprise) [LUMMUS, 1999] et [MOLLER, 1995]. Elle n’apparaît réellement en Europe
que dans les années 60 et reste encore aujourd’hui un instrument de gestion d’avenir [STALK,
1992].
Le concept de logistique a changé depuis, avec les évolutions des marchés et des systèmes
industriels. Aujourd’hui le terme « logistique » recouvre des interprétations très diverses. Cela
va du simple « transport » jusqu’à une science interdisciplinaire combinant ingénierie, micro
économie et théories d’organisation. Il s’avère, en effet, que le concept de la logistique est une
problématique en soi comme l’indique HARLAND [HARLAND, 1996].
La logistique est ainsi devenue l’un des principaux facteurs de déploiement des politiques de
services proposées par les entreprises. Elle est aujourd’hui un élément-clé des stratégies
commerciales et du marketing, car elle permet de mieux maîtriser les délais et la disponibilité
des produits, éléments essentiels de l’offre faite au client. Cette fonction peut être réalisée en
interne, par les entreprises de l’industrie ou de la distribution. Mais, selon COLIN [COLIN,
1996] elle peut aussi être externalisée et confiée à des transporteurs.
28
influençant les coûts de distribution de ces produits étaient discutés. Du point de vue des
domaines de la gestion, les premiers écrits sont consacrés à la prise en compte des aspects
logistiques dans les opérations de marketing, essentiellement sous leur aspect d'opérations
physiques [CLARK, 1922]. Un certain nombre d'écrits ont été alors produits sur le rôle de la
logistique dans le sous-système de distribution physique. Si les premières références peuvent
être identifiées au début du XXème siècle comme il est mentionné ci-dessus, l'intensification de
la réflexion et la prise en compte de la logistique comme un domaine à part entière ne sont
intervenues que vers le milieu des années 1970 aux États-Unis et au début des années 1980 en
Europe.
Pour certains chercheurs, c'est HESKETT qui distingue la logistique comme un domaine à
part entière de la gestion pour ses enjeux stratégiques et ses problématiques organisationnelles
[HESKETT, 1973]. PORTER [PORTER, 1980] dans ses travaux sur les chaînes de valeur, ira
encore plus loin en identifiant la logistique comme un avantage concurrentiel possible pour
les entreprises.
La France a développé ses réflexions sur la logistique en prenant en compte la pensée nord-
américaine dans ce domaine. Elle a été marquée par une approche instrumentale à ses débuts,
mais plus élargie car couvrant d’autres domaines que celui de la distribution physique. En
1972, le premier ouvrage qui marque la cristallisation de la pensée logistique française est
écrit par KOLB [KOLB, 1972]. L'approche proposée est principalement consacrée aux
différentes techniques de gestion qui apportent des solutions aux problèmes logistiques
classiques : modèles de gestion de stock, de prévisions, de conception de réseaux de
distribution physique. C'est une démarche conforme au cheminement suivi aux États-Unis qui
privilégie une approche instrumentale dans un premier temps. En 1976, LAMBILLOTTE
[LAMBILLOTTE, 1976] fait une première tentative pour présenter la logistique dans sa
dimension fonctionnelle et organisationnelle, telle qu'elle commence à apparaître dans
certaines entreprises. Mais, c'est en 1983 que l'ouvrage de MATHE, TIXIER, COLIN
[MATHE, 1983] apporte en France une vision novatrice dans son approche de la logistique.
En particulier, l'angle proposé pour la réflexion logistique se détache des approches
instrumentales pour promouvoir la vision développée aux États-Unis par HESKETT. Elle
propose une approche stratégique et organisationnelle ne donnant pratiquement plus aucune
référence aux outils quantitatifs d'optimisation de problèmes opérationnels particuliers.
Cette approche a pu être bâtie grâce à l'association de trois sensibilités différentes qui ont
produit une synthèse commune de leur approche respective de la logistique: une approche
marketing de TIXIER très marqué par la pensée développée à l'époque à la Harvard Business
School, [HESKETT, 1985], une approche conseil de MATHE qui avait acquis à cette époque
une expérience de consultant et une approche transport et distribution physique, plus
universitaire de COLIN. A partir de cette date les publications se sont également intensifiées
en France au rythme du développement de formations dédiées à la logistique [COLIN, 1986],
[FOLCO, 1987].
29
3. Définition de la logistique
"Si la logistique existe vraiment en tant que concept universel, il ne devrait pas y avoir
cinquante définitions. Or il y a bien une cinquantaine de définitions de la logistique et celles-
ci ne sont que partiellement convergentes. Nous retrouvons là une situation qu'a connue le
marketing. Il y a un grand nombre de définitions et le débat sur son domaine d'action aura
duré plus d'un quart de siècle." [TIXIER, 1985]
Il n’y a pas non plus un consensus complet quant à la définition de la «logistique». Parmi les
multiples définitions qui tentent de clarifier les objectifs et les activités relatives au processus
logistique des entreprises, nous pouvons en citer dix qui nous semblent plus explicites et
complémentaires :
Comme précisé plus haut, l’origine de la logistique est militaire. Il convient donc de
commencer par cette dernière : " L'art de mouvoir et de supporter les troupes d'après les
exigences stratégiques et tactiques" [MURAISE, 1964].
HESKETT [HESKETT, 1978] a définit "la logistique comme le processus qui englobe
l'ensemble des activités qui participe à la maîtrise des flux physiques de produits, à la
coordination des ressources et des débouchés en cherchant à obtenir un niveau de service
donné au moindre coût". Comme on peut le constater dans cette définition, la logistique ne
concerne que les activités physiques.
La logistique selon le petit Larousse, de 2004 s’exprime comme suit : "La logistique
correspond aux mouvements et à la manutention de marchandises du point de production au
point de consommation ou d'utilisation". Cette définition comme la précédente met l’accent
sur la partie physique.
VALLIN [VALLIN, 1997] a définit « la logistique en tant que processus qui relie les besoins
et les ressources, et qui les met en communication, au sens de télécommunication
30
(information) et de voie de communication (mouvement physique) ». Dans cette définition, la
logistique concerne les activités physiques et les flux d’informations.
Selon TIXIER [TIXIER, 1996] « la logistique « est une fonction qui a pour objet d’organiser,
au moindre coût, le circuit de matières aboutissant à livrer au client le bien qu’il souhaite au
moment voulu ». Il ajoute en 1998 [TIXIER, 1998] que la logistique moderne pourrait même
être « le processus par lequel l’entreprise gère l’ensemble de ses échanges d’informations et
des éléments physiques qui en résultent, avec son amont et son aval ». L’auteur met l’accent
aussi sur les activités physiques et les flux d’informations.
Pour PONS [PONS, 1997] la logistique « concerne tout ce qui est nécessaire (physiquement)
pour permettre l’application sur le terrain des décisions stratégiques et tactiques (transports,
stocks, fabrication, achats, manutention) ». Selon lui, le terme de logistique désigne la gestion
centralisée de liaisons multiples et complexes. Cette définition par rapport aux définitions
précédentes englobe clairement les activités de la logistique.
Plusieurs études mettent en évidence le rôle essentiel joué par la logistique. Le [COUNCIL of
LOGISTICS MANAGEMENT, 2001] définit la logistique comme : "la partie du processus
de la chaîne d'approvisionnement qui planifie, met en œuvre et contrôle le transit et le
stockage efficace et efficient des biens et services ainsi que de l'information adjacente, de
l'endroit de leurs création jusqu'à celui de consommation, dans le but de répondre aux
exigences des consommateurs". On peut constater clairement la prise en compte de l’aspect du
management (planification et gestion de stock) et l’aspect de l'information.
Au travers de ces définitions du terme «logistique», plusieurs idées principales ressortent : art,
processus, organisation, méthode, coordination, combinaison de moyens, tactique,
technologie, outils/instruments, fonction. L'ouverture de la logistique à des approches plus
fonctionnelles et stratégiques a soulevé la question de la définition du champ que recouvrait le
domaine. La convergence des points de vue n'a pas été aisée à établir. L’explication des
différents termes utilisés dans ces définitions est liée également à la délimitation du champ
d’activités couvert. Ces définitions sont en général fonction du contexte d’application, on
parlera de logistique commerciale (distribution), de logistique environnementale, de logistique
du transport et de manutention, de logistique de production ou logistique industrielle, de
logistique forestière, de logistique de la santé ou logistique hospitalière, de logistique des
systèmes ou logistique de soutien, de logistique militaire ou de défense. Les fonctions
31
logistiques classiques sont : études et programmation, achats, approvisionnement, transport,
ravitaillement, maintenance et retrait. Les processus logistiques classiques sont : identification
des besoins, armement, déploiement, maintien en condition et élimination. Pour la suite de
notre étude, nous adaptons la définition d’AFNOR.
Durant ces dernières années les durées de vie des produits se sont réduites de plus en plus et
les comportements de consommation sont devenus difficiles à prévoir. La capacité à satisfaire
rapidement la demande (réactivité des entreprises) est devenue un avantage concurrentiel
important, sans pour autant remettre en question les autres atouts concurrentiels tels que le
coût et la qualité des produits. Ce constat est valable aussi bien pour les entreprises de
production de biens (entreprises manufacturières) que pour les entreprises de production de
services. Dans ce contexte la notion de la chaîne logistique a pris une importance considérable.
La définition la plus fréquemment rencontrée dans la littérature est celle de LEE [LEE, 1995]
qui définit la chaîne logistique comme « un réseau d’installations qui assure les fonctions
d’approvisionnement en matières premières, le transport de ces matières premières, la
transformation de ces matières premières en composants puis en produits finis, la distribution
du produit fini chez le client ». La conception de ces réseaux de circulation des flux et la
gestion de leur transit nécessitent selon DEJAX [DEJAX, 1987] le recours à des outils
d'optimisation et/ou à des outils de simulation.
De fait, le Supply Chain Management selon MENTZER [MENTZER, 2001] est "la
coordination systémique, stratégique et la gestion tactique des actions au sein des
départements d'une organisation particulière, ainsi que des affaires menées à l'intérieur de la
32
chaîne d'approvisionnement". Elle a pour but "d'améliorer la performance à long terme de
chaque organisation et de la chaîne d'approvisionnement des organisations dans leur
ensemble".
Pour CHRISTOPHER [CHRISTOPHER, 1998] la chaîne logistique est le lien entre le marché
et les opérations de l’entreprise, dans la mesure où la logistique planifie un cadre permettant
de traduire les besoins des consommateurs dans la stratégie manufacturière et
d’approvisionnement. De ce point de vue, la figure (2.2) permet de visualiser les frontières de
la chaîne logistique.
33
On remarque que ces définitions n’excluent pas la présence, dans une même chaîne
d’approvisionnement, de partenaires appartenant à des sociétés différentes et éventuellement
concurrentes. Cette situation exige que soit établie une règle de partage des pertes et des
bénéfices dès la conception de la chaîne d’approvisionnement. Dans la suite de notre travail,
nous allons adapter la définition de MENTZER.
La logistique constitue une option stratégique importante dans la mesure où elle bouleverse la
structure interne et externe de l’activité pour certaines entreprises ; il y a ainsi une corrélation
positive entre le degré d’intégration logistique et le niveau de performances.
La logistique a évolué aux cours des années. En se basant sur les différents travaux, selon
l’ordre d’apparition, de [HESKETT, 1977], [COLIN, 1988], [RUSHTON, 1992]; [MASTER,
1993] [PALLEZ, 1993], [GUILHON, 1993], [MATHE, 1993], [POULIQUEN, 1993],
[COLIN, 1995], [DAVID, 1997], [LIVOLSI, 2000], [CAMMAN–LEDI, 2000], [AKBARI
JOKAR, 2000 et 2001] et [SATYAVEER, 2003] on peut distinguer trois phases principales
de cette évolution :
5.1. La première phase (1950-1970) : Considérant l’analyse de l’évolution du marché qui est
à l’origine de l’évolution du management de la logistique, AKBARI JOKAR et al. [AKBARI
JOKAR, 2000] ont qualifié cette phase de «logistique séparée». C’est-à-dire la logistique de
distribution physique reposant sur la recherche d'efficience. À ce stade, la logistique existe
principalement au travers d'activités comme le transport, le stockage, le conditionnement et le
traitement des commandes clients, ainsi qu'une performance orientée vers la maîtrise des
coûts des activités de distribution (efficience managériale), et servant surtout à satisfaire les
exigences du client [RUSHTON, 1992]. C’est la phase dans laquelle on recherche une suite
d’optimisations locales, et non une optimisation globale. En effet chacune des activités
logistiques se déroule sans tenir compte des caractéristiques des autres activités logistiques.
Selon COLIN [COLIN, 1988] la logistique ne s’est développée réellement en France qu’à
partir de 1965. Elle est, à l’époque, considérée comme «le transport envisagé dans la
perspective de la fonction distribution du chargeur». Elle reste limitée au traitement
administratif et physique des produits finis, c’est-à-dire depuis la sortie de la production
jusqu’au consommateur final [DAVID, 1997].
34
développement de la fonction commerciale et repose sur une volonté de réduction des coûts
de distribution.
Ce n’est que vers la fin des années 1970 que l’on prend conscience de l’importance d’une
coordination des flux physiques de l’aval vers l’amont, avec les travaux d’HESKETT
[HESKETT, 1977]. Dès lors, la logistique ne va cesser d’évoluer en exploitant cette idée de
flux tirés par l’aval, qui est fortement liée au concept d’intégration. En effet, faire remonter
l’information depuis le consommateur jusqu’aux sources mêmes de l’approvisionnement,
repose nécessairement sur une forte intégration de la gestion des flux à l’ensemble des
fonctions de l’organisation interne, dans un premier temps, puis aux différents partenaires de
l’entreprise. C’est par ce biais, que la logistique peut jouer son rôle de médiateur aux
interfaces, aidant ainsi à une meilleure coordination des flux physiques. Son étendue
transversale, intra et inter organisationnelle, implique une démarche anticipatrice et proactive
qui nécessite de prendre en compte le pilotage des flux au plus tôt, afin d’assurer leur fluidité
et leur continuité, et donc de limiter les stocks et les goulets d’étranglement.
5.3. La troisième phase de l’évolution de la logistique se situe de 1990 à nos jours. Il s’agit
de la phase de la «logistique coopérée». Sous l'apport de la logistique, naissent de nouvelles
formes d'organisations éclatées nécessitant une adéquation instantanée entre l’offre et la
demande, entre la charge et la capacité [PALLEZ, 1993]. Ces contraintes complexifient
grandement la démarche des entreprises désireuses d’améliorer leur positionnement puisque
la performance ne constitue plus une variable propre et exclusive à des organisations
autonomes, mais repose davantage sur des schémas d’intégration interne et externe des
activités logistiques nécessitant des compétences logistiques nouvelles, et nécessitant des
investissement matériels et intellectuels [MASTER, 1993]. La logistique devient un
fondement stratégique lorsqu'elle porte à la fois sur la recherche d'efficience, d'efficacité et
d'effectivité. Elle s’épanouit lorsqu’une entreprise cherche à avoir une coopération forte avec
ses fournisseurs et ses donneurs d’ordre [GUILHON, 1993]. Dans cette phase on cherche à
trouver une solution qui tient compte des intérêts de l’autre partenaire. La coopération entre
les services logistiques des entreprises membres d’une même chaîne logistique est devenue
une nécessité de la logistique [AKBARI JOKAR, 2001]. Sans cette coopération l’entreprise
ne peut pas satisfaire les exigences du marché.
Aujourd’hui la logistique prend en compte la majeure partie du cycle de vie du produit. Outre
les flux physiques, on considère aujourd’hui les flux d’informations. La performance de ces
flux d’informations a un rôle important sur la réussite d’une chaîne logistique. L’aspect
management, devient une caractéristique importante [LIVOLSI, 2000]. La Planification,
l’Exécution et le Contrôle sont trois activités indispensables des chaînes logistiques actuelles.
Ces activités pilotent l’Acquisition, le Stockage, le Déplacement et la Livraison des
marchandises. A cette phase, la logistique apparaît au rang des moyens stratégiques de
l'entreprise, la performance s'oriente vers une volonté de réduction des coûts par activités, et
les indicateurs de performance reposent alors sur la capacité de l'organisation à anticiper et à
résoudre les problèmes, à contrôler les écarts entre les prévisions et les réalisations, et à
mesurer la création de valeur à l'intérieur et à l'extérieur de l'entreprise (efficience, efficacité
et effectivité) [SATYAVEER, 2003]. Le tableau (2.1) résume les trois phases de l’évolution
de la logistique :
35
Contexte Années 50-70 Années 70-80 Années 90 à aujourd’hui
Champs de la Optimiser les Intégration d’activités : Vision de coopération intra
logistique activités localement approvisionnement, production et et inter organisations
Développer la distribution. Automatiser les procédures
standardisation des Améliorer le contrôle des sources d'ordonnancement
produits. d’approvisionnement Rationaliser et Rationaliser le traitement des
Notion de tendre les flux d’approvisionnement commandes
processus logistique Notion de processus logistique Différencier les réponses aux
local interne distributeurs
Améliorer les prévisions
Notion de processus
logistique global
Les fonctions Fonctions Fonctions Transversales Fonctions Coopérées
logistiques Fragmentées
Niveau de Déterminé Prévisible Incertain
Commande
Zone d’intervention A l’intérieur de Entre l’entreprise et certains Fournisseurs des
de la logistique l’entreprise partenaires fournisseurs jusqu’aux clients
des clients
Objectifs de la Optimisation du Optimisation des stocks et Optimisation du temps de
logistique temps de production minimisation des anomalies réponse (réactivité de la chaîne)
Relation Concentration Etablir des bonnes relations avec les Partager les risques entre les
entreprise/client interne clients partenaires (fournisseurs/
(le producteur est (le client est roi) clients)
roi)
Priorité de Production Flexibilité et équilibre entre les Rapidité et réactivité des
l’entreprise commandes et les offres réponses
Rapport Demande > Offre Demande = Offre Demande < Offre potentielle
Offre/ Demande
Activités de la Distribution Approvisionnement, production et Planification,
logistique distribution. approvisionnement, production,
distribution et gestion des
retours
Indicateurs de la Recherche Recherche d'efficacité Recherche d'efficience,
logistique d’efficience organisationnelle d'efficacité et d'effectivité
Outils de la GPAO : gestion de Production (APS : Advanced Planning
logistique Assistée par Ordinateur & Scheduling),
6. La logistique hospitalière
L’hôpital est un monde clos qui commence à s’ouvrir à son environnement, en raison de sa
mission de plus en plus humanitaire. Le milieu hospitalier est une organisation complexe, il
réalise des activités continues (24 h/24, toute l’année), sensibles (risque vital pour le patient).
« C’est une activité d’intérêt public qui concernent les citoyens, les politiques comme les
médias et c’est aussi une activité coûteuses dont le coût ne cesse de croître notamment grâce
aux progrès scientifiques et au vieillissement de la population » [ROLLINGER, 1997].
Un hôpital est d’avant tout une communauté de personnes accueillant des patients pour leur
apporter des soins. « Au sein de cette communauté la logistique hospitalière a longtemps été
un secteur oublié, un secteur où traditionnellement l’on affectait des personnels ayant des
qualifications soignantes, non spécialistes de la logistique, c’est-à-dire du personnel ne
relevant pas du service des approvisionnements ou de la gestion du matériel. Ainsi, dans une
certaine mesure, à l’intérieur d’un centre hospitalier, tout le monde fait de la logistique, mais
peu le savent » [POULIN, 2002]. Les activités dites «logistiques» conduisent les responsables
36
à redéfinir la place des logisticiens dans leurs établissements. Selon diverses analyses
[CANTER, 1991 ; IGAS, 1997 ; LANDRY, 2002], les gestionnaires des approvisionnements
ou de la logistique hospitalière manqueraient de reconnaissance à l’intérieur des organisations
de la santé. Un des moyens pour renverser cette situation pourrait être le déploiement d’un
projet adéquat de gestion de la chaîne logistique afin d’améliorer la performance.
Dans un objectif de qualité constante des soins, l’hôpital doit se suffire à lui-même sans
souffrir de son environnement (grèves, catastrophes naturelles,…etc.). Pour servir un patient,
l’hôpital a besoin de transmettre les informations appropriées aux niveaux nécessaires (unités
de soins) et de mettre en oeuvre l’ensemble des flux pour répondre aux besoins [DI
MARTINELLY2005]. Le système d’information doit être plus global, et couvrir l’ensemble
de la chaîne d’approvisionnement, depuis l’achat des produits, leur réception, leur stockage,
jusqu’à leur livraison dans les services.
Les systèmes logistiques des hôpitaux ont été conçus dans les années 70, sans aucune marge
d’extension. Ils incorporaient alors des magasins qui n’ont pu s’adapter aisément à l’évolution
de l’hôpital au cours des 20 dernières années. La logistique hospitalière contient deux aspects,
technique et managériale. BOYER [BOYER, 1982] ajoute à ces aspects la logistique de
soutien. Elle comprend notamment les activités d’approvisionnements, de sous-traitance,
d’implantations, de manutentions et de maintenance. Les processus de soutien constituent
donc d’excellentes cibles d’amélioration puisqu’ils n’ont pas nécessairement d’impact direct
sur le niveau de qualité des soins. La logistique hospitalière pharmaceutique, qui a pour but de
livrer efficacement les fournitures médicales et les médicaments du fournisseur jusqu’au
consommateur final (le patient) constitue l’un de ces processus de soutien. La relation de type
client-fournisseur, la recherche de la qualité de service, les horaires d’ouverture, ainsi que le
délai de réponse à une demande sont des concepts novateurs dans l’hôpital. À l’image de
nombreuses entreprises et organismes, l’hôpital doit intégrer les principes de réduction de
dépenses et de qualité des soins. L’un des éléments de la qualité réside dans une bonne
organisation de la chaîne logistique. Pour cela, les hôpitaux sont depuis plus de dix ans le lieu
de transformations importantes, si bien que, les réformes accompagnent des changements qui
sont apparus dans d’autres contextes (manufacturier), comme le souligne BOTELLA
[BOTELLA, 2000].
L’hôpital est amené à gérer différents flux d’importances inégales. Les flux hôteliers, tels que
les repas et le linge, ne présentent pas de caractéristiques fortes issues de leur environnement,
si ce n’est des conditions d’hygiène sévères. Les flux pharmaceutiques quant à eux ne peuvent
souffrir de risque de ruptures en raison de leur caractère qui peut être vital pour la vie du
patient [ENGEL, 2000]. D’une part, ils sont soumis à une forte réglementation en raison de
leur dangerosité et de leurs précautions d’emploi [BREYER, 1991]. D’autre part et depuis le
début de l’année 2003, la Communauté Européenne ne considère plus le médicament comme
un produit de consommation mais plutôt comme un produit dangereux. Les particularités des
flux pharmaceutiques introduisent des caractéristiques qui singularisent les problématiques de
gestion qu’ils posent et peuvent être à l’origine d’investigations scientifiques très
intéressantes. Le rôle prépondérant de l'établissement de santé est accentué par le fait qu'il
représente non seulement un maillon de la chaîne du soin, mais également le catalyseur du
processus d'intégration de celle-ci. En effet, l'hôpital possède sa propre chaîne interne qui doit
être intégrée pour profiter du plein potentiel d'intégration de la chaîne externe, l'utilisation
finale demeurant la principale zone d'incertitude dans la gestion des approvisionnements. La
figure (2.4) présente la chaîne logistique hospitalière selon Arthur Andersen & Co :
37
Vendors
Manufacturers
External chain
Distributors
Group Purchasing
Organizations
Hospital
Hospital storeroom
Patient care units
Internal chain
Points of care
Il est urgent de réviser les pratiques de soins de santé en vue d’améliorer l’exploitation des
établissements hospitaliers et en accroître l’efficacité et l’efficience. Cette amélioration
devrait permettre un meilleur contrôle des coûts tout en assurant la qualité des soins a
prodiguer au public.
Compte tenu des diffusions larges et des fragmentations des activités logistiques des hôpitaux,
plusieurs chercheurs se sont intéressés à cette problématique. Nous présentons ici quelques
définitions de la logistique hospitalière :
La logistique hospitalière selon [CHOW, 1994] regroupe les activités de la logistique interne
auxquelles peut s'ajouter un volet production, c'est-à-dire les activités de transformation telles
la lingerie, les cuisines ou la stérilisation etc. CHOW et HEAVER [CHOW, 1994] identifient
trois grandes activités à la logistique hospitalière en introduisant, comparativement à la
définition précédente, un volet «production» :
1 L’approvisionnement regroupe les achats et la gestion des stocks des différents produits.
2 La production gère les différentes activités de transformation telles que la lingerie, les
cuisines, la stérilisation, etc.
3 La distribution veille à l’acheminement des différents produits des zones d’entreposage
vers les différents points d’utilisation, ou du transport des déchets aux zones d’expédition.
38
D'après ASLOG [ASLOG, 2002] (ASLOG : Association française de la logistique), la
logistique de l'hôpital consiste à diriger le malade, les produits, les services et les informations
du fournisseur au destinataire.
La logistique hospitalière selon SAMPIERI et al. [SAMPIERI, 2000] est "la technologie de la
maîtrise des flux physiques et de la trajectoire des patients par les flux d’information". Cette
définition d'une logistique de soutien dédiée à l’hôpital souligne l’existence au sein de
l’hôpital d’un flux spécifique (le flux des patients).
Selon LANDRY et al. [LANDRY, 2000] la logistique hospitalière, se définit aussi comme
« un ensemble d'activités de conception, de planification et d'exécution permettant l'achat, la
gestion des stocks et le réapprovisionnement des biens et services entourant la prestation de
services médicaux aux patients ».
De ces définitions découle une démarche globale qui s’applique à l’ensemble de la chaîne
logistique, s’inscrit dans la stratégie de l’hôpital, passe par la gestion des produits, et
transforme une succession d’opérations en un processus global intégré. De plus, ces définition
nous amènent à considérer que la logistique hospitalière conditionne l’exécution de chacune
des prestations, qu’elles soient médicales, soignantes, hôtelières, médico-techniques,
pharmaceutiques, administratives, logistiques ou techniques. Sans magasins ni réserves, il ne
saurait être question d’assurer la sécurité du malade et la continuité du service rendu.
Derrière ces définitions, se cachent de multiples réalités, qui peuvent être très éloignées les
unes des autres. La variété des situations rencontrées s’explique notamment par une double
diversité :
La diversité des acteurs possibles au sein de la chaîne entraîne une diversité dans les
positions relatives de pouvoir logistique.
La diversité des démarches logistiques liant les acteurs de la chaîne.
Dans le domaine qui nous intéresse, il s'agit de l’organisation et de l'optimisation des flux des
produits pharmaceutiques en permettant la meilleure gestion de la chaîne logistique. Nous
adaptons cette dernière définition dans la suite de notre étude portant sur la maîtrise des flux
physiques, c’est-à-dire les produits pharmaceutiques (médicaments, dispositifs médicaux
stériles, objets de pansements), ainsi que les produits dérivés du sang. Il convient de noter que
les deux types de flux précédents sont soumis à des réglementations spécifiques très fortes en
raison de leur toxicité. Nous réduisons tout d’abord l’étendue de la chaîne considérée, en nous
concentrant sur sa partie aval, c'est-à-dire, dès la réception des produits pharmaceutiques à la
pharmacie d’établissement jusqu’à leur consommation aux lits des patients. Par la suite, nous
essaierons d’étudier la chaîne logistique pharmaceutique dans sa globalité (fournisseur,
pharmacie d’établissement, services de soins et patients).
39
Après cet exposé rapide de la logistique et sa présentation dans le contexte hospitalier, nous
reprenons le tableau de comparaison proposé par AKBARI JOKAR [AKBARI JOKAR,
2001] pour les logistiques manufacturières en y intégrant des fonctions spécifiques concernant
la logistique hospitalière et nous présentons une comparaison entre les chaînes logistiques des
deux contextes. Cette dernière est synthétisée dans le tableau (2.2).
Cette comparaison se base sur les travaux de [CHOW, 1994], [LANDRY, 1999, 2000, 2001,
2002, 2003], [TIXIER, 1996, 1998] et [SAMPIERI, 2000, 2004]) selon cinq critères
principaux : de cycle de vie du produit, les activités de base, les activités de soutien, les
activités de transformation et les flux spécifiques. Les critères sont ensuite subdivisés en sous
critères. Bien que la logistique hospitalière s’inspire du manufacturier, les indicateurs
principaux de performances appliqués dans l’industrie (coût, finance, retours
d’investissement) n’ont pas le même poids dans le milieu hospitalier car ici la sécurité de
patient c’est-à-dire la qualité des soins prime. De manière identique à l’industrie, les activités
logistiques touchent les services de soutien (alimentation, linge, gestion des magasins) du
centre hospitalier ainsi que le service de base (prestation de soins).
Pour CHOW et HEAVER (CHOW, 1994), une part appréciable des dépenses du secteur de la
santé est consacrée aux activités logistiques (achats, entreposage et réapprovisionnement des
40
services). Selon ces auteurs, les activités logistiques peuvent représenter jusqu’à 46 % du
budget total d’un centre hospitalier. La figure (2.5) présente les coûts de la logistique selon
CHOW et HEAVER.
B u d g e t to ta l
M a in d ’œ u v re 6 0 % A u tr e s c o û ts 4 0 %
4% 15% 27%
L o g is tiq u e L o g is tiq u e L o g is tiq u e
P ro p o rtio n lo g is tiq u e d e s
d é p e n s e s to ta le s
40%
46%
Figure 2.5 : Les coûts de la logistique hospitalière selon CHOW et HEAVER [1994].
Ce pourcentage inclut les coûts de gestion du matériel dans les unités de soins, les coûts
d’achat des différents produits (équipements, aliments, médicaments, produits médicaux, etc.)
et les coûts de gestion associés à l’achat de ces produits.
Une étude américaine, menée par COLLETTI [COLLETTI, 1994], précise que le coût total
d’acquisition et de distribution des différents produits et services médicaux peut représenter
30% à 40% des coûts annuels d’un centre hospitalier. Ce résultat se retrouve dans les travaux
de LANDRY [LANDRY, 2000b] qui affirment que les activités logistiques représentent entre
30% et 40 % du budget de l’hôpital.
Pour sa part, le CSC Consulting Group [CSC, 1996] indique que 41% des coûts des activités
de distribution physique, des activités de transport, des activités de gestion des commandes et
des activités de gestion des stocks, sont supportés par l’établissement de santé alors que les
41
industriels et les distributeurs supportent respectivement 33% et 26% des coûts associés à ces
quatre activités. D’autre part, cette étude révèle que le personnel infirmier consacre une part
significative de sa charge de travail à ces activités. Selon une enquête menée dans la région de
Québec au Canada, trois infirmières sur quatre déclarent ne pas avoir suffisamment de temps
pour faire leur travail alors qu’une autre étude révèle que les infirmières ne consacrent que
29% (572 heures/année) de leur temps à soigner les patients [CSC, 1996]. Une telle situation
a aussi été observée aux États-Unis. Selon HENNING [HENNING, 1980] et KOWALSKI
[KOWALSKI, 1993] le recours à des pratiques plus performantes de logistique hospitalière
peut donc, en plus d'être une source d’économies appréciables, permettre aux professionnels
de la santé de concentrer leurs efforts sur la qualité de la prestation de soins. La réalité que
recouvre le terme logistique hospitalier, est difficile à appréhender.
Les évolutions des besoins logistiques relèvent d’un certain nombre de phénomènes bien
connus mais dont l’accumulation contribue fortement à une évolution nécessaire des
méthodes d’approvisionnement. Selon VERMEULEN [VERMEULEN, 2000] la gestion de la
chaîne logistique, constitue un domaine prioritaire dans la plupart des établissements
hospitaliers. Selon l’auteur, les événements indésirables représentent 85 % des incidents, ils
sont dus à un défaut d’organisation et 50 % d’entre eux sont imputables à la logistique (non
respect des délais, décalage entre les actes avec attente des acteurs et des patients, défaut
d’approvisionnement, etc.). Il en conclut qu’il est urgent d’améliorer la logistique des
établissements de soins.
Une récente enquête américaine [WERNER, 2003] révèle qu’il reste encore beaucoup de
travail à faire pour convaincre les cadres supérieurs des établissements de santé des bénéfices
apportés par la réduction des coûts des activités logistiques et on peut facilement extrapoler
cette constatation à l’Europe. Ce constat permet de mettre en perspective et de positionner
l’importance des activités logistiques d’un centre hospitalier, tant au niveau de l’équilibre
budgétaire que de la qualité des soins.
Au sein d’un hôpital quatre structures coexistent : l’administration, les unités de soins, les
plateaux médicaux et les services logistiques (service économique et service de la pharmacie).
Ces structures nécessiteraient d’être fortement coordonnées. Mais cette coordination se heurte
à deux difficultés : un cloisonnement des services de l’hôpital et le peu de mécanismes de
coordination formalisés.
42
La gestion de la demande consiste à prévoir, planifier et orchestrer l’utilisation des
différentes ressources nécessaires pour satisfaire les besoins.
Les opérations et les services regroupent l’ensemble des activités assurant le passage
du patient dans le centre hospitalier de son admission jusqu’à sa sortie.
La logistique externe est associée aux activités de suivi médical du patient.
Enfin, les services annexes aux patients représentent les activités auxiliaires et non
essentielles offertes par l’hôpital : boutiques de cadeau, programmes religieux, etc.
[GUERRERO, 1997 et 1998] et [SAMPIERI, 1999] ont regroupé ces activités sous deux
types de logistique souvent gérés différemment et de manière indépendante : la logistique de
support (concernant les activités d’approvisionnement, de production et de distribution) et la
logistique du flux de patients. Bien qu’elle ne soit qu’une activité parmi les cinq, la logistique
hospitalière a un rôle majeur à jouer pour assurer le fonctionnement optimal d’un
établissement de santé. Nous concentrerons par la suite de notre recherche dans les hôpitaux
publics Français sur cette dernière activité.
Tableau 2.3 : la structure des activités logistiques selon le cycle de vie de produit
43
Par ailleurs, les travaux de MATHE [MATHE, 1997] et [SAMII, 1997, 2001], qui ont étudié
la logistique dans les organisations de service, distinguent deux éléments dans la logistique
des activités de services :
Une logistique «classique» [MATHE, 1997] ou encore «des biens matériels» [SAMII,
1997] qui s'intéresse à la gestion des flux de matières premières nécessaires à la délivrance du
service (dans le cas des hôpitaux il s'agit notamment des médicaments); son objectif est
d’assurer la disponibilité du bon produit pharmaceutique en quantité correcte, et dans de
bonnes conditions, au bon moment, au bon endroit, au bon patient et au coût le plus juste.
Une logistique des services (de régulation de la production ou logistique de réaction) : il
s'agit de gérer des flux de clients en agissant simultanément sur la demande et les capacités ;
son objectif est d'arbitrer et équilibrer le temps d'attente des clients et l'optimisation des
capacités. MATHE [MATHE, 1992] souligne que ces deux types contribuent à développer
une "logistique à deux vitesses" dans les établissements hospitaliers.
L'émergence de ces structures se traduit notamment par une complexification croissante des
flux physiques et informationnels. L’hôpital utilise la logistique dans un cadre qui lui est
spécifique, notamment pour améliorer ses performances et son efficience. Toutefois, la
logistique semble être une préoccupation récente (depuis 1980) dans les hôpitaux.
La littérature francophone dans ce domaine est donc peu abondante en raison d’une part du
manque d’intérêt des hôpitaux par le passé pour les problèmes de logistique et d’autre part de
la prédominance des questions médicales sur le questionnement de gestion au niveau des
praticiens hospitaliers. « La communauté québécoise fait figure d’exception en raison des
fortes restrictions budgétaires auxquelles les hôpitaux canadiens sont soumis depuis une
dizaine d’années » [LANDRY, 2001]. L’auteur constate que la structure de la logistique à
l’hôpital se situe aux interfaces entre les différents services de l’établissement et consistes-en :
une fonction achat et approvisionnement en produits, matériels et consommables ;
une fonction accueil, gestion et transfert des patients ;
une fonction hôtellerie et restauration ;
des fonctions médico techniques : pharmacie, stérilisation, laboratoires et imagerie.
En prenant en compte les travaux précédents, nous adoptons une structure de la chaîne
logistique hospitalière sur trois niveaux, cette division s’appuyant sur une vision centrée sur la
pharmacie d’un établissement :
Le niveau amont (fabricants ou fournisseurs/ pharmacie), dont le rôle sera de fournir
les produits pharmaceutiques à la pharmacie d’établissement.
Un premier niveau aval (a) (pharmacie/services) qui fournit les produits aux services à
partir des éléments obtenus des fournisseurs avec ou sans transformation.
Un second niveau aval (b) (services et unités fonctionnelles/chambres des patient) qui
correspond au point de consommation dont le rôle est d’assurer la fourniture des produits
aux patients (gestion des stocks) et la gestion des retours.
Il n’existe pas d’études récentes qui fournissent une description fine de la structure de la
chaîne logistique hospitalière. L’analyse de la littérature sur le sujet démontre que jusqu’au
tournant des années 1990, il y avait généralement peu d’analyses concernant cet aspect
réalisées dans les hôpitaux Français. Les enjeux de la mise en place d’une telle structure
portent sur une gestion partagée des risques et des compétences. La figure (2.6) représente la
structure de la chaîne logistique hospitalière sur les trois niveaux cités ci-dessous.
44
Figure 2.6 : la structure de la chaîne logistique
On détaillera les deux niveaux (amont et aval) et une vision intégrée (globale) de la chaîne
logistique hospitalière dans les paragraphes suivants, en précisant que notre travail se
concentre sur la partie avale de la chaîne logistique pharmaceutique.
45
7.1. Niveau amont (fournisseurs/établissement)
Les établissements de soins de toutes natures (hôpitaux, cliniques, maisons de santé, centres
de cure...) disposant d'une pharmacie à usage intérieur, sont essentiellement approvisionnés
par les laboratoires pharmaceutiques, les fournisseurs et les grossistes. Les procédures d'achat
des établissements sont différentes selon le statut juridique public ou privé de l'établissement
considéré. Les travaux sur ce niveau concernent l’organisation des achats, des
approvisionnements et des transports.
Selon TERRET [TERRET, 1995] l’examen des données relatives à l’évolution structurelle
dans les établissements de santé permet de constater que l’attrait des gains potentiels
d’efficacité et/ou d’efficience accrue est le véritable ressort à la base des mouvements
organisationnels liés à la transformation des systèmes de pilotage des approvisionnements.
En conséquence, les travaux dans ce domaine se sont concentrés sur les choix de la
structure centralisée ou décentralisée, la standardisation des produits et l’organisation des
46
approvisionnements et des transports entre les partenaires pour améliorer l’efficience et
l’efficacité de la chaîne logistique. En d’autres termes, le choix d’une forme d’organisation
découle de considérations tant stratégiques qu’opérationnelles, et on devine que de
multiples facteurs tant internes (règlements) qu’externes (contrats, risque de rupture, etc.)
aux établissements concourent à la détermination de ce choix.
Dans les établissements de soins, en plus des patients eux-mêmes, la structuration principale
des chaînes de flux impliquent de prendre en compte les prélèvements pour les analyses
médicales, les médicaments et dispositifs médicaux, la stérilisation, la restauration, la
blanchisserie, les fournitures et consommables généraux, les dossiers patients, les déchets, le
courrier. Chacune a des contraintes et des processus spécifiques. CATTAN et al. (CATTAN,
2001) ont recensé les types de processus dans la norme ISO 2000 : management (ou pilotage),
opérationnel (ou réalisation), logistique (ou soutien) et mesure.
Ces flux et leurs processus se repartissent sur les sous systèmes proposés par le groupe de
l’AS GHC (AS GHC, 2003) qui considère : « qu’un établissement de santé est un système
sociotechnique composé de six sous-systèmes : orienté patient, dédié pharmacie, dédié linge,
dédié restauration, de soutien technique (déchets, stérilisation), de soutien administratif ».
A ce niveau, BONNICI [BONNICI, 1998] insiste sur le rôle des pharmaciens pour régulariser
les flux des livraisons aux services. Ces derniers dirigent la pharmacie, ce qui leur permet
d'avoir la connaissance la plus complète possible du processus de flux physique et
d’information au sein de l’hôpital. CHOW et al. [CHOW, 1995] proposent un modèle
conceptuel d’étude de la structure de la fonction logistique qui repose sur la mise en évidence
de cinq dimensions : la centralisation (proximité avec la direction générale), la formalisation,
l’intégration (dimension qui correspond à la coordination telle qu’elle est traditionnellement
définie en théorie des organisations), le spectre des responsabilités et l’étendue du contrôle
(nombre de subordonnés).
Le MOIGNE [Le MOIGNE, 1990] ajoute que chaque sous-système est organisé suivant le
modèle O.I.D. (Opérant, Information, Décision) et que la mission principale d’un sous-
système est assurée par un processus principal opérationnel (ou matière logistique). Le tableau
(2.4) précise pour chaque sous-système le processus principal (texte en gras).
Enfin, l’amélioration de la chaîne d’approvisionnement peut avoir pour effet, entre autre, de
libérer du temps pour le personnel clinique par une réduction de tâches consacrées aux
activités logistiques sans valeur ajoutée. L’expérience montre que le temps de
déconditionnement et de conditionnement est variable en fonction de divers paramètres,
comme le volume de produits, le poids, la dangerosité, le mode de stockage (rayon, chambre
froid) et bien sur le nombre de références par commande [BABOLI, 2003b].
47
Sous-systèmes Processus métier Processus logistique
Orienté patient Consultations, interventions, soins Transport sanitaire, brancardage
Dédié Distribution des médicaments, pansements et
Validation et aide aux prescriptions
pharmacie dispositifs médicaux stériles
Dédié linge Entretien des chambres Collecte et nettoyage du linge
Dédié Dispensation des repas
Acquisition repas ou composants
restauration Fabrication des repas
Soutien
Activités administratives Acquisition fournitures
administratif
Soutien Maintenance des équipements Gestion des connaissances techniques, des pièces
technique Stérilisation des équipements détachées et des produits
Tableau 2.4 : Processus principal pour chaque sous-système (Source : AS GHC 2003)
7.3. Niveau global (intégration de la chaîne logistique des fournisseurs des fournisseurs
jusqu’aux clients des clients)
L’expérience montre qu’il est possible de diminuer les coûts et d’augmenter la productivité au
moyen de l’intégration. Celle-ci permet de réduire au minimum la friction entre les diverses
fonctions et les divers processus en jeu dans la chaîne logistique et elle optimise ainsi la
rapidité et l’efficience. Cette intégration est rendue possible par le recours généralisé aux
technologies de l’information et de la communication.
Depuis une quinzaine d’années, différents organismes ont proposé des modèles d’intégration
de la chaîne logistique dans le secteur de la santé [ARTHUR ANDERSEN, 1990 ; CSC
CONSULTING, 1996 ; KRAUSS, 1987].
Par ailleurs, LANDRY et al [LANDRY, 1998] soulignent que l’établissement de santé est non
seulement un maillon de la chaîne logistique hospitalière mais le catalyseur du processus
d’intégration. En effet, celui-ci possède sa propre chaîne interne [SWINEHART et al, 1995]
et il doit être en mesure de l’intégrer dans la chaîne externe [FORRESTER, 1958; LEE,
1997 ; TOWILL, 1996].
Pour JOBIN et al. [JOBIN, 1997] la gestion de la chaîne logistique a pour objectif de
favoriser l’intégration des processus en vue d’éliminer les activités sans valeur ajoutée
notamment par une réduction de l’incertitude entre les maillons de la chaîne. C’est dans cette
optique que l’on relie aujourd’hui la logistique à un processus de maximisation de la valeur en
vue de satisfaire le consommateur [HOLCOMB, 1994]. LEENDERS et al. [LEENDERS,
1998] ajoutent que : « la capacité de l’entreprise à relier les deux liens externes (fournisseurs
et clients) à l’aide de son organisation interne détermine, dans une grande mesure,
l’efficacité de sa chaîne logistique ». Ce rapprochement élargit le champ de l’intégration de
48
la chaîne d’approvisionnement en y intégrant les fournisseurs de tous les rangs et les clients
des clients.
49
pour l’hospitalier, assurer un service de soins au meilleur rapport qualité/prix.
Enfin, HAMEL et PRAHALAD [HAMEL, 1990] ont élargi la logistique à l’ensemble des
acteurs de la chaîne (fournisseurs, prestataires logistiques...). Les enjeux sont d’autant plus
importants, puisqu’une gestion intégrée devrait contribuer à une réduction supplémentaire des
coûts, mais aussi à une amélioration de la qualité du processus logistique
(professionnalisation du métier) ainsi qu’à une augmentation notable de la qualité des soins
(l’hôpital pouvant se recentrer sur son coeur de métier).
8. Synthèses du chapitre II
Dans ce chapitre, nous avons présenté le concept de la chaîne logistique en commençant par
une revue générale de l’historique de logistique et de ses origines. Nous avons énoncé par la
suite quelques définitions de la logistique dans sa globalité suivie par la présentation de la
notion de chaîne logistique et des principales étapes de développement d’une chaîne
logistique. Dans un deuxième temps, nous avons introduit la chaîne logistique hospitalière et
nous avons présenté l’importance de celle-ci.
50
Chapitre III :
Les champs d’interventions de la logistique
hospitalière
Résumé :
1. Introduction
Tout système hospitalier comprend trois circuits inter-reliés : le circuit physique des
médicaments, le circuit financier pour rémunérer les fabricants et les distributeurs des
médicaments, et le circuit des informations qui permet l’échange et l’utilisation de ces
médicaments. De nombreux travaux portant sur l’approvisionnement en médicaments se sont
focalisés sur le premier circuit considéré isolément. Depuis quelques années, des travaux sont
apparus sur le financement des médicaments, sur les prix, et sur les informations fournies par
les producteurs. Certains auteurs comme GRAHAM et HARDAKER [GRAHAM, 2000],
RAYPORT et SVIOKLA [RAYPORT, 1996] et JOBIN et al. [JOBIN, 1997] ont proposé
dans cette optique une décomposition de la chaîne d’approvisionnement en deux principaux
éléments, à savoir : la chaîne physique et la chaîne virtuelle. MEYER [MEYER 1995] a
identifié une grande variété de réseaux et de partenariats qui se différencient par leurs acteurs,
leurs objectifs et leurs structures. On peut noter par exemple les mouvements inter hôpitaux
qui entraînent des problèmes d’identification des patients et de partage des informations.
Avant d’aller plus loin, nous reprenons la présentation des différents flux au sein d’un hôpital
proposée par DALLERY [DALLERY, 2004] comme les présente la figure (3.1) :
51
Figure 3.1 : les différent flux au sein d’un hôpital selon [DALLERY, 2004]
Certains professionnels font ainsi appel à des termes tels que « supply chain management »,
« effective customer response » ou encore «gestion partagée des approvisionnements»
[BISCH, 2000]. Ceci témoigne en partie d’une prise de conscience collective du rôle que peut
jouer le management logistique dans les établissements hospitaliers.
Ce chapitre a pour objectif de rassembler et analyser la littérature existant sur les champs
d’activité de la logistique hospitalière. La bibliographie relative à la chaîne logistique
hospitalière est vaste, nous avons sélectionné un certain nombre d’articles que nous avons
répartis suivant sept rubriques. On peut ajouter à cette classification un autre classement en
répartissant ces champs en trois niveaux (stratégique, tactique et opérationnel. Il est difficile
de déterminer en terme de jours, de mois ou d'années ce que l'on entend par niveau
opérationnel, tactique ou stratégique : si pour un établissement le niveau stratégique
correspond à un horizon de cinq ans, pour un autre il peut être de un an ou de deux ans.
1. Modèles de gestion du stock (opérationnel) ;
2. Ressources et outils de gestion des flux (opérationnel) ;
3. Organisation des approvisionnements (tactique voire stratégique) ;
4. Le système d’information hospitalier (tactique) ;
5. Configuration du système de soins (stratégique) ;
6. Les tendances futures de la logistique hospitalière (stratégique) ;
7. Capitalisation de connaissances et retours d’expériences sur l’ensemble de
champs d’intervention (opérationnelle, tactique ou stratégique).
Il est rare que les fonctions listées ci-dessus soient placées sous une seule direction logistique
ou technique. Le logisticien recherche sans cesse la combinaison optimale des activités de
logistique et vis-à-vis de leurs attributs, c’est-à-dire le prix, la qualité, le délai et la sécurité. Il
52
gère les flux d’information et monétaires qui en résultent. La figure (3.2) présente les six
rubriques de classification des champs d’intervention de la logistique hospitalière, et le
septième concerne la capitalisation de connaissances et retours d’expériences :
Figure 3.2 : les sept volets des champs d’intervention de la logistique hospitalière
Ces sept rubriques couvrent des stades d’interrogation qui sous-tendent une maturité plus ou
moins évoluée en logistique. Quoique large, cette liste ne prétend pas à l’exhaustivité elle peut
varier d’un chercheur à l’autre selon l’objectif et le point de vue de chacun. Nous allons
successivement étudier le résultat de nos recherches bibliographiques relatives à chacune
d’entre elles.
La chaîne logistique hospitalière vise à coordonner les partenaires, des premiers fournisseurs
(fabricants ou transporteurs) aux derniers distributeurs (services de soins/patients), dont les
activités interdépendantes permettent l’élaboration d’un produit ou d’un service et sa mise à
disposition au client final.
53
établissements, de ses références en termes d'évaluation économique et sociale, de son
déploiement (réseaux, régionalisation) [VINOT, 1999].
On remarque qu’il existe des similarités entre la configuration d’une chaîne logistique et la
conception d’un système de production (des similarités dans la résolution des problèmes issus
de ces deux champs d’investigation). Ceci a conduit à envisager de nombreux transferts
méthodologiques pour répondre aux enjeux de ces configurations [BAUDEAU, 1995]. Ce
transfert ne peut se réaliser sans analyser les expériences réalisées et leurs conditions de mise
en oeuvre relativement aux réseaux de santé. Des auteurs comme FLAGLE [FLAGLE, 2002]
et DI MARTINELLY et al. [Di MARTINELLY, 2005] considèrent d’ailleurs l’hôpital
comme un centre de production, certes avec des spécificités importantes, mais des
caractéristiques suffisamment identiques (le déploiement temporaire de ressources rares pour
satisfaire une demande critique et partiellement incontrôlable) pour y appliquer les techniques
issues de la recherche opérationnelle, largement éprouvées en milieu industriel. La
configuration de la chaîne logistique pharmaceutique doit faire face à un développement
scientifique et technologique important en présence de contraintes d’ordre économique,
législatif et social.
54
de constater d’une part que l’environnement des hôpitaux est en perpétuel mouvement, ce qui
renforce sa complexité, et d'autre part que les délais d'exécution, et les délais
d’approvisionnement tendent à être réduits. Ceci justifie une conception ou une
reconfiguration plus ou moins importante du système de production (bien et services)
[BABOLI, 2000].
RIBAU [RIBAU, 2001] et HOUOT et al. [HOUOT, 1999] montrent que depuis plus de douze
ans, les projets de changement organisationnel dans le but d’une réorganisation des hôpitaux
suivent des étapes claires : d’abord une approche par quantification, puis une phase de
normalisation et enfin une recherche d’intégration. C’est cette phase d’intégration qui va faire
évoluer les référentiels et conduire à l’émergence ou à la reconfiguration d’établissements de
santé.
COLIN [COLIN, 1988, 1996, 1997] propose une représentation des processus logistique ciblé
sur la circulation des flux de marchandises entre les divers maillons de la chaîne. Ces
processus se définissent au sens de LORINO [LORINO, 2003] en tant que : «un ensemble
d’activités reliées entre elles par des flux d’information (ou de matière porteuse d’information
: le flux des produits est un flux de matière, mais cette matière est porteuse d’information)
significatifs, et qui se combinent pour fournir un produit matériel ou immatériel important et
bien défini». L’objectif est de préciser les processus qui doivent évoluer et réorganiser pour
s’adapter aux changements rapides d’un environnement perturbé.
Une autre problématique a attiré notre attention. Il est difficile de gagner en terme de
productivité, pour cela les entreprises cherchent à délocaliser pour réduire les coûts de
main d’œuvres. Aussi, beaucoup d’entreprises se sont installées en Asie, Afrique du nord et
dans les pays d’Europe de l’Est. Du fait de la distance géographique entre les sites de
productions et les lieux de consommations, les entreprises ont besoins de réfléchir et de
réorganiser leurs chaînes logistiques en prenant en compte ces nouvelles contraintes. Cette
politique d’externalisation des activités pose le problème de la maîtrise des échanges
(techniques et physiques) et nécessite de plus en plus d’optimisations dans le domaine de la
logistique.
Cette situation est moins grave au niveau des services car on peut difficilement déplacer
(tous) les clients sur les lieux de production de services particulièrement dans le secteur de
la santé (notre centre d’intérêt).
55
plus traitées en interne : lingerie, restauration et prestations d’hôtellerie, gardiennage,
entretien des espaces verts, gestion des déchets, travail temporaire, gestion de la maintenance.
L’objectif est de réserver les capacités d’investissement au domaine des soins, plutôt que de
moderniser une blanchisserie, et de renforcer le personnel soignant pour offrir un meilleur
service au patient plutôt que du personnel technique.
La bibliographie concernant les tendances futures des pratiques logistiques dans les
établissements de santé tend à préciser l’apport de l’externalisation de certaines activités de
l’hôpital, du regroupement des hôpitaux, des investissements pour l’installation de nouveaux
équipements ou d’un SIH pour faciliter les communications, du partage des informations afin
de diminuer le risque de rupture des produits. Dix-sept articles concernant ces problématiques
peuvent être soulignés.
SCOTT [SCOTT, 1996] indique que le système de la santé vit actuellement une période de
consolidation aux deux extrémités de la chaîne d’approvisionnement : fournisseurs et
établissements de santé tendent séparément à se regrouper. À ce premier phénomène s’ajoute
l’émergence des nouvelles technologies de l’information qui facilitent les communications.
BONNICI [BONNICI, 1998] recense les tendances de regroupement des hôpitaux en France
qui possède déjà des structures légales gérant les concentrations de centres hospitaliers (ces
organisations portent le nom d’Assistance Publique ou Hospices Civiles). Ces structures sont
implantées sur Lyon, Marseille et Paris, cette dernier définissant la concentration
d’établissements de santé la plus importante d’Europe avec 50 centres. L’objectif ici est de
constituer une structure de gestion des approvisionnements qui permettent à des organisations
de constituer des volumes plus considérables en vue de dégager un pouvoir de négociation
vis-à-vis des fournisseurs et ainsi obtenir de meilleurs prix.
Approches
Acheter moins Acheter mieux Consommer mieux
Consolidation des Optimisation des locations et des achats Standardisation des
volumes Accroissement du service offert par le spécifications par niveau
Négociation agressive fournisseur pour le même prix de performance
Achats à long terme Uniformisation du processus d’achat Simplification des
Moyens Élimination des inspections redondantes spécifications
Meilleure définition des spécifications Standardisation des
Élimination des défauts dès la conception produits
Tableau 3.1 : approches de gestion des approvisionnements
56
LANDRY et BEAULIEU [LANDRY, 1999a] indiquent que toute initiative pour réorganiser
le secteur de santé nécessite de faire face aux bouleversements de l’environnement et du
développement technologique. Nombre d’initiatives sont déjà implantées (ou en cours
d’implantation) dans des établissements européens ou américains ainsi que dans certains
établissements québécois. Bien sûr, la mise en oeuvre de celles-ci peut impliquer une remise à
niveau des compétences en matière de gestion des approvisionnements et de logistique. Dans
un deuxième article, LANDRY et BEAULIEU [LANDRY, 2001] étudient les principales
tendances pour revoir les activités de logistique hospitalière. Ils débutent leur propos en
expliquant les challenges auxquels les hôpitaux doivent faire face. Ils identifient ensuite les
solutions répondants à ces enjeux et finissent par des prévisions sur les futures tendances en
logistique hospitalière. Les défis principaux auxquels doivent faire face les Services
d’Approvisionnements (SA) sont :
Les activités sont fragmentées entre de multiples intervenants ;
Les SA ne participent pas à l’élaboration des décisions stratégiques des établissements
de santé ;
Les compressions budgétaires ont eu des conséquences majeures : perte de
compétences, détérioration du climat de travail, parc technologique aux possibilités
limitées.
Le but est d’optimiser l’utilisation des ressources en :
Simplifiant les processus par l’amélioration et l’élimination de certaines tâches
(automatisation, fusion, fournisseur unique pour un type de matériel,…) ;
Intégrant des nouvelles responsabilités (internes ou externes).
Suite à des entretiens avec des managers (responsables logistiques etc.), les auteurs dégagent
10 priorités et tendances logistiques :
Revue et amélioration des processus ;
Modernisation des systèmes d’information ;
Fusion ou partage de services avec d’autres établissements ;
Formation des employés du service des approvisionnements ;
Standardisation des produits ;
Implantation de nouvelles approches de réapprovisionnement ;
Développement et implantation d’échanges de données informatiques (EDI) ;
Sensibilisation du personnel médical ;
Rationalisation du nombre de fournisseurs ;
Réduction du personnel.
Il semble que ces tendances influencent les compétences à maîtriser. Pour faire face aux
nouveaux défis, les responsables logistiques devraient adopter une approche plus proactive
qui se concrétiserait à travers la conception d’une offre globale de services en soutien à la
prestation de soins. Ceci demanderait de nouvelles compétences de la part des professionnels
de la logistique hospitalière. Cet article est intéressant par la présentation des tendances de la
logistique hospitalière. L’article ne détaille aucun aspect mais les expériences des auteurs
dans ce domaine peuvent nous garantir la pertinence de leurs observations.
57
Dans une série d’articles intitulés « l’approvisionnement en commun » BEAULIEU et al.
[BEAULIEU, 1999 ; BEAULIEU, 2000 ; NOLLET, 2000a; NOLLET, 2000b] analysent six
facteurs critiques qui influencent le développement des groupements d'achats du secteur
québécois de la santé : l’intervention gouvernementale, la nature des bénéfices, la stratégie
d’approvisionnement, la structure de gestion des approvisionnements en commun, les
ressources déployées et les relations avec les fournisseurs. Ces études mettent en lumière
l'effet dynamique de ces facteurs sur une période de temps donnée. Les auteurs indiquent que
le contexte logistique d'un réseau de santé représente l'ensemble des fabricants, distributeurs,
établissements de soins, engagées dans les activités et les processus créateurs de valeurs
prenant la forme de produits et de services livrés aux utilisateurs finaux patients ou
prestataires de soins. Les auteurs formulent une série d’interrogations auxquelles les décideurs
devront répondre s'ils désirent revoir les structures actuelles (réduction du prix d’achat,
réduction du coût d’approvisionnement par une réduction du coût du processus d’achat dans
les établissements de santé). Les auteurs ont mis l’accent sur une tendance future
d’organisation ou de réorganisation de la chaîne logistique dans le secteur de la santé, par
regroupement des achats pour bénéficier d’économies d’échelle et réduire les niveaux de
stock.
A partir d’une étude de la littérature, POULIN et al. [POULIN, 2000] synthétisent pour
chacune des provinces canadiennes les principales transformations effectuées dans leur réseau
de santé respectif. De plus, l'étude présente pour chaque province des données sur l'évolution
du financement du secteur de la santé de 1985 à 1998. Les auteurs dressent un panorama des
enjeux et des pistes de développement de l'approvisionnement en commun dans le secteur de
la santé. Pour y parvenir, ils ont effectué une série d'entrevues avec tous les directeurs
généraux de regroupements d'achats du milieu de la santé du Québec. Elles ont permis
d'identifier l'émergence de schémas variés du développement de l'approvisionnement en
commun au Québec.
58
certaines responsabilités le personnel soignant. Une telle solution s'appuie sur des systèmes de
gestion de l'information, un partage des responsabilités et une flexibilité dans les solutions
proposées de type gagnant - gagnant.
Par ailleurs, dans les actes publiés lors des premières rencontres internationales de la
recherche en logistique [FABBE- COSTES, 1995], l’éditeur fait apparaître dans une analyse
des communications les tendances majeures dans les recherches en logistique. Six ont été
identifiées :
"La plupart des chercheurs témoignent que la logistique en tant que fonction transversale
dans et entre les entreprises, impose d'adopter une vision globale" ;
"L’étendue des impacts des décisions logistiques ne continue pas moins de poser des
problèmes pour définir les frontières de la fonction logistique dans les entreprises" ;
"La maîtrise de la gestion des flux passe aujourd'hui par la conception, la construction et
l’animation de réseaux complexes d'acteurs. Si les recherches montrent la très grande
variété des formes de réseaux logistiques d'acteurs, tous témoignent de l'importance du
rôle de la confiance et/ou de la fidélité dans ce réseau" ;
"Les systèmes d'information et de communication sont en tous cas reconnus comme
fondamentaux pour garantir le fonctionnement de tout dispositif logistique, qu'ils soient
totalement intégrés ou partiellement externalisés" ;
"Toutes les recherches en logistique insistent sur les enjeux associés au développement
de la logistique et sur la nécessité d'évaluer/mesurer la performance logistique,
notamment afin d'apporter une preuve des avantages concurrentiels annoncés" ;
"Les initiatives de la puissance publique pour contrôler/diriger les effets de la logistique
sur le développement régional et/ou urbain, et la contribution de la logistique à
l'écologie".
L’analyse de ces travaux nous indique que les tendances explorées concernent
l’externalisation, la réduction du nombre de fournisseurs, la standardisation,
l’amélioration de la qualité, les nouvelles politiques d’achat, la diminution des temps de
cycle, et l’utilisation de critères d’évaluation des services achats. Ceci nécessitent de
remplacer la stratégie actuelle (centralisation de toutes les activités limités aux murs de
l’entreprise) devenue obsolète par la rationalisation des activités d’approvisionnement, le
choix des fournisseurs, la standardisation et la globalisation des marchés. De plus notons
que les hôpitaux cherchent à décentraliser (externaliser) ces activités qui n’apportent rien
au fonctionnement de leur établissement (activités sans valeur ajoutée) et à se concentrer
sur leurs cœurs de métiers.
59
2.2. Niveau tactique :
L’offre de soins est un enjeu central dans un établissement de santé, et il existe une variété
d’activités soutenant cette offre. Certaines de ces activités peuvent également accaparer une
part non négligeable du budget de fonctionnement d’un centre hospitalier. C’est exactement le
cas des activités de réapprovisionnement. L’absence de fournitures peut entraîner de fortes
perturbations pour le système : déplacements pour chercher le produit absent ou retard de
l’intervention. Les activités de réapprovisionnement consomment des ressources et dans un
contexte de gestion financière serrée, il est pertinent d’identifier des pratiques efficaces pour
freiner voir inverser la croissance des coûts [PHARMA, 2002].
La fonction approvisionnement est l’une des moins complexes à maîtriser du fait de ses très
grandes similarités avec le secteur industriel et du nombre d’outils d’optimisation existants.
L’organisation des approvisionnements nécessite une vision plus globale de la chaîne
logistique par une volonté d’intégration de l’environnement dans le processus
d’achat/distribution. Ce domaine porte essentiellement sur le choix du mode
d’approvisionnement au niveau des services de soins ainsi que du patient. Un grand nombre
de chercheurs ont traité cette problématique, nous avons choisi dix-neuf articles concernant
cette rubrique :
RUIZ [RUIZ, 2002] analyse dans sa thèse les activités logistiques d’approvisionnement et de
distribution dans le milieu hospitalier. La thèse est divisée en trois parties. Dans la première
partie, l’auteur étudie la conception d’un réseau de transport dans le milieu de la santé compte
tenu des particularités distinctives du contexte. L’auteur met au point un modèle en utilisant
des coûts de transport obtenus à partir de grilles tarifaires commerciales et il considère
explicitement le poids et le volume des produits. Dans la deuxième partie, l’auteur s’intéresse
à l’étude de l’équilibrage de la charge de travail et il développe une méta- heuristique pour la
résolution de problèmes d’équilibrage. La troisième partie du travail est dédiée à la gestion
des activités de réapprovisionnement dans un établissement de santé et, met en évidence
l’importance d’un bon équilibrage dans la répartition de la charge de travail entre les jours de
la semaine.
LAPIERRE et RUIZ [LAPIERRE, 2003] proposent une approche de planification globale des
activités d’achat et de distribution intégrant ressources humaines et matérielles pour améliorer
la logistique d’un service d’approvisionnement en utilisant un modèle d’inventaire multi-
échelons. Les auteurs présentent une approche globale d’optimisation de la chaîne
d’approvisionnement pour le contexte hospitalier. Leur modèle mathématique est appliqué au
60
système d’approvisionnement d’un établissement hospitalier de la région de Montréal
(Canada). Selon les auteurs la gestion efficace des approvisionnements exige plus qu’une
simple surveillance des niveaux de stocks. Dans un deuxième article, LAPIERRE et RUIZ
[LAPIERRE, 2004] ont appliqué leur approche liée à la chaîne d’approvisionnement à un
deuxième centre hospitalier de la région de Montréal. Le modèle proposé a pour objectif de
maximiser le taux de service. Les auteurs suggèrent de consacrer plus de temps aux activités
d’acquisition ainsi qu’aux activités de contrôle des stocks des unités de soins. Les auteurs
n’ont pas cherché ici à minimiser le temps alloué aux activités logistiques car ils supposent
que ces activités étaient effectuées par un personnel non soignant.
PARENT et al. [PARENT, 2000] analysent et paramètrent la mise en place d’un système de
chariots de cas (regroupant le matériel chirurgical et anesthésique) au niveau d’un bloc
opératoire. Les auteurs mettent en évidence qu’une meilleure utilisation des ressources de
réapprovisionnement permet de dégager des économies ou, tout au moins, de gérer plus
efficacement les fonds disponibles. D’autre part, PARENT et al. [PARENT, 2001] s’appuyant
sur une recensement des études bibliographiques sur la gestion du bloc opératoire ainsi que
sur les modes de réapprovisionnement utilisés, proposent d’adopter un système de
réapprovisionnement des fournitures médicales et chirurgicales adapté aux caractéristiques du
61
bloc opératoire : le système de chariots de cas (case cart system). Les auteurs décrivent
chacune des étapes de fonctionnement du système de chariots de cas, définissent ses
caractéristiques et finalement, présentent les principales conséquences de ce système.
JOBIN et al. [JOBIN ,1997] analysent les nouvelles pratiques visant à synchroniser les
activités de réapprovisionnement de l'ensemble des intervenants de la chaîne en fonction de la
consommation réelle des produits. Son objectif principal est de faire prendre conscience de la
nécessité de synchroniser la livraison des produits pharmaceutiques aux services avec leur
consommation ou leur administration aux patients. Dans un deuxième article les auteurs
[JOBIN, 2000a] s’attachent à présenter la méthodologie suivie pour étudier différents
scénarios de réapprovisionnement des points de service d’un regroupement d’établissements
dans le secteur para hospitalier. Les auteurs présentent une démarche de redéploiement des
activités pharmaceutiques liées à la remise en cause des modes de réapprovisionnement. Dans
un troisième article les mêmes auteurs [JOBIN, 2000b] comparent quatre modes de
réapprovisionnement au sein des hôpitaux : le système de réquisition, l’échange de chariots, la
gestion par seuil et le système plein-vide pour le contexte des produits pharmaceutiques. Ces
modes peuvent être observés en s’appuyant sur des indicateurs connus comme par exemple :
le niveau de service, le taux de rotation des stocks et le coût de réapprovisionnement. Par la
suite, ils identifient les objectifs des activités de réapprovisionnement et les indicateurs
62
retenus pour évaluer leur performance. Le but est de choisir des indicateurs de performance
permettant d’évaluer les activités de réapprovisionnement qui (selon eux) appartiennent à
quatre familles : commander, prélever, transporter et placer. Les indicateurs proposés sont :
(1) la proportion des produits réapprovisionnés (nombre de produits réapprovisionnés divisés
par nombre de produits entreposés), (2) la proportion des réapprovisionnements effectués et
(3) la proportion des unités réapprovisionnées. L’intérêt des ces articles est d’identifier des
indicateurs de performances permettant d’évaluer les activités de réapprovisionnement.
BLOUIN et al. [BLOUIN, 2001] ont essayé de synthétiser et d’intégrer les résultats de
plusieurs études décrivant les bénéfices et les limites des différents modes de
réapprovisionnement des unités de soins en fournitures médicales. Les choix ont été motivés
au cours des 30 dernières années par l’émergence de différents modes de
réapprovisionnement : le système de réquisitions, l’échange de chariots, le système par niveau
et le système plein-vide. Cette étude décrit le fonctionnement de chacune de ces approches et
en présente les principaux avantages et inconvénients. Cette présentation permet d’analyser
les implications organisationnelles de l'utilisation d'un mode de réapprovisionnement donné,
et plus particulièrement la répartition des activités entre l’unité de soins et le service
d’approvisionnements. L’intérêt de cette étude est de compléter les travaux de JOBIN en
détaillant en plus le mode d’approvisionnement (par niveau) qui est appliqué dans certains
pays d’Europe (Pays-Bas).
Les auteurs encouragent d’une part l’usage d’un service central des stocks pour optimiser les
processus de réception et de distribution des approvisionnements ainsi que le contrôle de
l’inventaire, et mettent d’autre part en place des structures avancées pour les achats afin
d’améliorer les relations avec le(s) fournisseur(s) à long terme.
Enfin, HAMMAMI et al. [HAMMAMI, 2004] supposent que les fournitures médicales
doivent être toujours disponibles en quantité et qualité suffisantes. Ils étudient une approche
de la gestion des fournitures médicales qui assure la disponibilité des produits par la mise en
œuvre d’un plan d’approvisionnement basé sur une politique cyclique : un produit est
approvisionné selon une périodicité donnée. D’autre part, les auteurs étudient la gestion des
flux des patients tout en satisfaisant les demandes des chirurgiens en ce qui concerne leurs
jours de disponibilité et les ententes particulières qu’ils peuvent contracter entre eux.
L’objectif de leur démarche était de respecter, dans la mesure du possible, les préférences des
patients en termes de dates d’intervention. L’intérêt de cet article est la proposition de
nouvelles pratiques de réapprovisionnement (cyclique) des fournitures médicales.
Le panorama qui vient d'être dressé met en évidence le fait que l'efficacité de la gestion des
approvisionnements doit être le résultat non plus d’activités individuelles des divers
63
maillons de la chaîne logistique mais plutôt de la collaboration de l'ensemble de la chaîne.
Plusieurs stratégies d'approvisionnement peuvent être déployées pour répondre à ces
nouvelles exigences. La mise en oeuvre de ces stratégies devra s’appuyer sur des ressources
humaines qualifiées qui pourront maîtriser les nouveaux outils associés à la gestion des
approvisionnements. Parmi ces travaux, certains montrent que l’approvisionnement est
perçu comme une fonction qui soutient concrètement l’offre de soins. Cette vision a le
désavantage d’isoler les activités d’approvisionnement. Généralement ces travaux mettent
aussi en relief la pression exercée sur les hôpitaux pour satisfaire les besoins des patients
tout en réduisant les coûts d'approvisionnement.
Un facteur essentiel de réussite de toute organisation est la maîtrise de l'information : celle qui
circule à travers elle, celle qui existe autour d'elle, celle qu'elle produit. Selon HENRY
[HENRY, 2001] tous les acteurs sont concernés de près ou de loin par sa gestion, son
utilisation, sa communication.
Les systèmes hospitaliers présentent trois spécificités fortes qui conditionnent la conception,
l’exploitation et la mise en œuvre des SIH, à savoir la tutelle, le fonctionnement interne de
l’hôpital, et l’organisation en réseau. A l’hôpital pour servir un patient, on a besoin de
transmettre des informations appropriées aux services concernés (unités de soins) et de mettre
en œuvre l’ensemble des flux pour servir le besoin. Le système d’information hospitalier,
notamment sa partie consacrée à la pharmacie, manque de normalisation et de fait n’est guère
ouvert vers les autres services. Voici un bref historique des systèmes d'informations logistique
des années cinquante à nos jours, comme le présente la figure (3.3) :
64
Figure 3.3 : historique des systèmes d'informations logistique des années 50 à nos jours
MAZAUD [MAZAUD, 2000] s’est interrogé sur le fait qu’Internet fait tomber les murs de
communication dans le monde commercial. L’hôpital ne peut pas demeurer un îlot
impénétrable aux nouvelles technologies sans conséquences pour son développement. La
pharmacie ne peut pas progresser quant à elle dans un environnement logiciel fermé. Selon
lui, le système d’information dont dispose la pharmacie pour mener à bien sa mission d’achat,
d’approvisionnement et de dispensation peut être subdivisé en deux groupes. Le premier
groupe recouvre des ressources partagées avec d’autres acteurs hospitaliers, le second est
spécifique de la pharmacie.
Groupe 1 : Informations économiques et financières : commande, réception, liquidation,
mandatement et applicatifs périphériques intégrés ou interfacés. Ceux-ci sont :
65
soit orientés fournisseurs : marchés, préconisation de commandes,
soit orientés clients : demande informatisée, gestion/optimisation des stocks avancés,
soit au service du processus principal : gestion/optimisation du stock central.
Groupe 2 : Informations nominatives : prescription médicale en hospitalisation et en
ambulatoire [rétrocession], préparations magistrales [dont cytotoxiques, nutrition], traçabilités
diverses, essais cliniques.
L’auteur conclut que la pharmacie, prestataire interne, se doit de disposer d’un système
d’information, basé sur un noyau mais dépassant son actuelle vocation comptable et
communicant largement avec les ressources spécifiques et externes lorsque cela est
nécessaire.
Plusieurs auteurs suggèrent d’appliquer dans les milieux hospitaliers d’autres systèmes
d’informations appelés, par exemple, ECR (Efficient Customer Response = en français
réponse efficace à la demande) [THIEL, 1997], GPA (Gestion partagée des
approvisionnements) et CPFR (Collaborative Planning, Forecast & Replenishment)
[BOULLIAT, 2002] , [EMERY, 1997] et ERP (Enterprise Resources Planning) ou PGI
(Progiciel de Gestion Intégrée) soutiennent la chaîne logistique [NEUBERT, 2003].
Il existe une possibilité de consulter en ligne les statuts des commandes (y compris pour les
commandes passées par fax). Ceci permet aux Etablissements Publics de Santé (EPS) de
connaître en temps réel l’état de leurs commandes et de visualiser ainsi la disponibilité ou
l’éventuelle rupture des produits pharmaceutiques. Le SIH offre la possibilité de tracer les
produits pharmaceutiques. Selon ROMEYER [ROMEYER, 2000 ; ROMEYER, 2001] la
traçabilité consiste, de manière globale, à assurer le suivi des flux physiques et
informationnels dans l'organisation. Les flux d'information tracés sont ceux relatifs aux flux
physiques : ils donnent des indications sur la nature du flux physique concerné, les acteurs
intervenant sur celui-ci, et les lieux par lesquels passent les produits du flux et où ils sont
éventuellement transformés. Les flux d'information peuvent être de deux types différents : soit
électroniques, soit « papiers » (flux de documents). THEBAULT [THEBAULT, 2000] a
66
ajouté que la traçabilité recouvre une autre fonction complémentaire (le suivi en temps réel
des flux).
Ces travaux ont mis en évidence que les nouvelles technologies de l’information devraient
permettre à l’hôpital d’optimiser l’utilisation de ses ressources c’est-à-dire : une meilleure
utilisation du plateau technique, l’optimisation de la gestion des stocks de médicaments et
du petit matériel, une économie d’examens et de demande de conseils grâce à l’utilisation
de la télémédecine. En particulier, une telle optimisation et de tels moyens techniques
devraient être mis en œuvre pour mieux communiquer avec les partenaires, la possibilité de
tracer les produits et pour favoriser l’organisation du travail.
Les problématiques de gestion des stocks (quantité à commander, seuil de sécurité, périodicité
de livraison,…) sont les premiers leviers sur lesquels un gestionnaire peut agir [CROS, 1997].
Les stocks constituent à la fois un besoin (exigence) et une contrainte financière importante
pour l’hôpital. Certains auteurs estiment que le coût annuel des stocks représente 25 à 35%
des capitaux immobilisés [BUISSIERES, 2002]. C’est pourquoi la gestion des stocks doit être
traitée avec attention par l’hôpital. Une gestion saine des stocks permet de diminuer les
charges financières. L’optimisation des stocks est la problématique la plus traitée dans la
littérature et la pratique [BERNIER, 2000]. Cependant, durant ces dernières années, nous
notons un intérêt pour une nouvelle vision intégrant l’ensemble des opérations liées à
l’approvisionnement. Cette dernière met l’accent sur la recherche d’une amélioration globale
du système plutôt que sur l’optimisation de chacune des fonctions faisant partie de ce
système. Dans le domaine pharmaceutique, deux environnements de gestion des stocks se
distinguent : les armoires de service (stocks des locaux des services de soins et des plateaux
médicaux-techniques) et les pharmacies d’établissements (entrepôts d’hôpitaux). Dans ce
cadre, l’observation du terrain, nous amène à remarquer une évolution des besoins en outils
opérationnels en raison de la cherté actuelle des ressources humaines et de l’amélioration
continue de la qualité des soins. A titre d’exemple la fréquence de livraison définit souvent un
critère à optimiser pour des raisons de qualité des soins (qualité de service). En raison de cette
dernière caractéristique, la minimisation d’un coût de passation de commandes (fréquemment
recherchée en gestion des stocks) devient antinomique [ENGEL, 2000]. On essaiera ainsi de
minimiser des coûts de main d’œuvre pour une fréquence de livraison donnée ou de
maximiser la fréquence de livraison pour un effectif donné. Parmi les travaux traitants cette
problématique, douze articles ont attiré notre attention dans ce domaine :
67
une solution logistique que les établissements de santé pourraient mettre en service pour
mieux répondre à leurs besoins. Cette démarche est utilisée actuellement dans les industries
high-tech et le secteur médical. Elle repose sur des modules de service qui forment un réseau
gérant l'entreposage, la livraison, et le retour des articles défectueux. L'ensemble s'inscrit dans
une démarche de gestion de qualité totale qui répond à des besoins spécifiquement définis
avec les consommateurs (services). L’intérêt de ce modèle est de permettre une visibilité
totale de tous les stocks tout au long de la chaîne logistique.
LAFOND et LANDRY [LAFOND, 1999] ont mis en évidence les enjeux de la gestion des
stocks au bloc opératoire. En se basant sur une étude de cas, les auteurs ont identifié les
bénéfices potentiels de la planification pour les acteurs liés au bloc opératoire. Les auteurs ont
aussi expliqué le fonctionnement et la logique d'un système de planification des besoins
matières et démontré son applicabilité au bloc opératoire. L’intérêt est de cerner les entrants,
contraintes et les facteurs de succès qui peuvent être appliqués au niveau des blocs
opératoires.
De la même manière, PASIN et al. [PASIN, 2001] ont décrit une méthodologie basée sur la
simulation, qui a été utilisée pour étudier le partage d'équipements de stockage par un groupe
de Centres Locaux de Services Communautaires (CLSC). Le but est de quantifier les
bénéfices liés au partage d’équipements. Les auteurs ont étudié la mutualisation de stock.
Selon eux, elle autorise de partager le risque entre plusieurs entités, de réduire le niveau de
stock total nécessaire pour assurer un niveau de service donné. La simulation a permis
d’observer que la surcapacité en équipements partagés est beaucoup plus efficace que des
règles de stock minimum pour assurer une réduction globale de coût sans désavantager aucun
partenaire du regroupement.
APTEL [APTEL, 2000] a présenté les résultats d’une enquête franco-américaine portant sur
l’hypothèse : l’existence d’une fonction logistique dans une organisation permettrait une
meilleure connaissance des coûts de stockage ? Les résultats montrent que la connaissance des
niveaux de stock réel est liée à une bonne maturité de la logistique à l’hôpital. L’auteur
souligne qu’il est important de prendre en compte le paramètre de positionnement de la
fonction logistique. L’auteur a évité d’interpréter des résultats biaisés par l’absence d’une
fonction logistique véritablement opérante dans l’organisation et par l’insuffisante fiabilité
des informations logistiques disponibles. L’intérêt de cet article est de souligner la grande
prudence à avoir vis-à-vis des données estimé des hôpitaux. Les résultats de l’enquête réalisée
méritent une plus exploitation en terme de comparaison des données enter pays ainsi que
d’évaluation des impacts sur les coûts globaux des structures logistiques.
68
SAMPIERI [SAMPIERI, 2004] énumère les défaillances dans les établissements français
publics :
Les surcoûts de stockage : 3 mois de stock dans un grand hôpital parisien ;
La multiplication des lieux de stockage : encombrement, risque de pertes, etc. ;
La mauvaise qualité du stock : préemption, rupture, etc. et enfin
L’affectation du personnel soignant aux activités logistiques : le temps consacré aux
activités logistiques est évaluée à 10% minimum du temps du personnel soignant.
L’intérêt de cet article est de cartographier les hôpitaux Français en ce que concerne la
problématique de gestion des stocks.
La logistique sert à assurer la régularité d’écoulement de trois flux : le flux amont pour
l’approvisionnement, le flux interne pour la transformation et le flux aval pour les livraisons.
Concernant les ressources et les outils de gestion de flux, les problématiques consistent à
identifier et à améliorer les différents flux (physique, information et financier). Gérer les flux
(physiques et d'informations) vise à optimiser quatre paramètres fondamentaux : l'efficacité
économique de l'hôpital, la qualité de service, les délais de livraison et les coûts de possession
des stocks. Les systèmes hospitaliers sont des systèmes sociaux complexes mettant en jeu
divers acteurs aux logiques parfois antagonistes (administration, service de soins, pharmacie,
services techniques, etc.). Beaucoup d’acteurs hospitaliers ne sont individuellement impliqués
que dans une partie des flux (chaque acteur ou service s’occupe de flux souvent différents).
69
L’hôpital est amené à gérer ces différents flux d’importances inégales. Les flux hôteliers, tels
les repas et le linge, ne présentent pas de caractéristiques fortes issues de leur environnement,
si ce n’est des conditions d’hygiène sévères. Les flux pharmaceutiques quant à eux ne peuvent
souffrir de risque de rupture en raison de leur caractère qui peut s’avérer vital pour la vie du
patient. De plus, ils sont soumis à une forte réglementation en raison de leur dangerosité et de
leurs précautions d’emploi. Il faut mentionner que des flux d’informations sont associés
généralement à chaque flux physique. Le tableau (3.2) présente les flux appartenant aux
différents services de l’hôpital.
Dans son article DELOMENIE et YAHIEL [DELOMENIE, 1996] ont montré l’importance
financière des flux pharmaceutiques qui représente 15% du budget de fonctionnement de
l’hôpital. Les auteurs insistent sur le rôle du pharmacien hospitalier qui se positionne comme
le pilote des flux pharmaceutiques. Il a pour mission d’assurer la qualité de ces flux vis-à-vis
des patients tout en veillant à leur maîtrise économique.
70
(ANOVA) afin de vérifier la robustesse de la solution proposée en fonction de la variation des
paramètres d’entrée. Dans une dernière étape ils testent la sensibilité de la solution à une
variation des pondérations des différents objectifs.
Ces travaux sont très intéressants, notamment la méthodologie d’analyse du problème par la
simulation introduisant des notions de robustesse de la solution proposée en prenant en
compte un nombre important de paramètres. La méthodologie d’analyse est pertinente car elle
met en relief les dépendances importants de la prise de décision pour :
définir un référentiel d’indicateurs de performance et leur contribution relative dans la
fonction d’objectif ;
poser un ensemble d’hypothèses clairement énoncées et s’appuyer sur des données
sûres, précises et fiables ;
définir un protocole de simulation adapté au cas traité ;
étudier la sensibilité des solutions apportées face à des variations, soit des paramètres
du modèle, soit, des pondérations de la fonction d’objectif.
MORENO dans son article sur la modélisation d’un établissement hospitalier [MORENO
1999] étudie l’opportunité d’utiliser les réseaux de Petri, un outil dédié à la simulation de
systèmes hospitaliers et un outil généraliste de simulation de flux. Si l’intérêt des réseaux de
Petri est d’offrir un outil théorique de validation du modèle, garantissant par exemple
l’absence de blocage, MORENO reproche à cet outil d’être peu ergonomique pour la
réalisation de modèles complexes. Pour ces raisons, les auteurs préconisent l’utilisation
d'outils de modélisation généralistes qui offrent, d’une part, la possibilité d’intégrer le modèle
de simulation dans une plate forme d’aide à la décision, et de faciliter le développement par
des spécialistes de modèles complexes. Les auteurs présentent une méthodologie de
construction de modèles de simulation d’établissements hospitaliers. Cette méthodologie
s’appuie sur la création de trois sous-modèles : un modèle de processus de flux des patients
dans l’établissement, un modèle de gestion et d’affectation des ressources humaines et un
modèle décisionnel de management qui réalise la coordination des deux autres sous-modèles.
Bien que l’approche méthodologique des auteurs soit classique, elle propose l’introduction
d’un système expert pour implanter le sous-modèle décisionnel. Ce sous-modèle décisionnel
fait l’objet d’un article plus récent [MORENO, 2001], où les auteurs décrivent en détail sa
méthodologie de construction. Ces deux articles sont intéressants car ils proposent un cadre
conceptuel de modélisation. Néanmoins, nous pouvons leur reprocher l’absence d’une
validation sur un cas réel.
Dans un numéro spécial de IIE transactions on operations engineering [IEE 1999] concernant
les outils de simulation de flux, trente outils informatiques de modélisation et de simulation
de flux sont présentés. Quinze d'entre eux, sont considérés comme étant adaptés au
développement d’applications dans le domaine de la santé. Par exemple : Promodel
(ELBEYLI, 2000), Arena (ROSSETTI, 1999)…
71
intéressante car elle permet de simplifier le problème initial, néanmoins elle présente les
inconvenants de ses avantages.
CHAABANE [CHAABANE, 2004] a étudié dans sa thèse, sur un horizon moyen et court
termes, l’utilisation des ressources matérielles et l’emploi de ressources humaines, ressources
toutes deux disponibles en capacité finie. Le champ d’application est le domaine hospitalier et
plus particulièrement le bloc opératoire. L’auteur a entrepris la démarche suivante :
étude de l’existant : l’objectif était d’analyser les différentes activités et tâches du
processus opératoire. Cette analyse lui a permis d’identifier les forces et les faiblesses
de l’existant et d’identifier les différents problèmes de gestion.
modélisation des problèmes de gestion : suite à l’étude de l’existant, l’auteur a
modélisé les différents problèmes de gestion d’un processus opératoire et étudié leur
complexité.
résolution des différents problèmes de gestion : en modélisant les problèmes l’auteur a
pu identifier des pistes de résolution en se référant à des problèmes analogues
rencontrés dans le domaine industriel.
L’auteur a proposé à ce niveau des outils de résolution et les a expérimentés afin d’étudier
leur pertinence et leur efficacité pour répondre aux différents problèmes de gestion.
Nous avons observé dans l’ensemble des articles de grandes disparités méthodologiques,
dans la conduite du projet de modélisation et de simulation pour gérer les flux à l’hôpital.
Si toutes les études mettent l’accent sur le recueil des données et la description des flux, peu
d’entres elles s’étendent sur la vérification et la pertinence du modèle et la validation des
résultats de simulation.
Par ailleurs, ces travaux montrent que la maîtrise des flux pharmaceutiques ainsi que celle
des plateaux médico-techniques qu’ils alimentent, constituent les deux principaux leviers
de régulation des dépenses dans les hôpitaux publiques et privés. Le questionnement sur les
ressources et outils de gestion des flux (degré d’automatisation, pilotage des
manutentionnaires,…) définit le premier stade d’investissement (interne) d’une étude de
réorganisation de ces flux. La préoccupation dans ce domaine porte essentiellement sur le
choix et le dimensionnement de ressources. L’utilisation de ressources humaines s’oppose
ou s’associe à des ressources matérielles (automatisation).
Dans son article STORPER [STORPER, 1995] présente la création d'une plate-forme
d'approvisionnement au CHU de Montpellier, qui regroupe l'ensemble des consommables
médicaux, pharmaceutiques et hospitaliers. L’auteur présente les avantages d’un tel
regroupement au niveau du coût et de la commodité des flux entre les sites de stockages et les
points de consommation.
VIRATELLE et al, [VIRATELLE, 2000] ont décrit l’expérience d’une plate-forme logistique
qui regroupe sur un même site les différentes activités de la pharmacie centrale du C.H.R.U.
de Tours et de la pharmacie d’établissement de l’hôpital Trousseau. Cette expérience a permis
d’améliorer les fonctionnalités de chacune d’entre elles dans le but d’optimiser les moyens
72
humains et techniques ainsi que les surfaces disponibles. Les deux articles montrent les
résultats issus de l’expérience vécue après l’installation d’une plate-forme logistique afin de
retirer les avantages d’un tel projet.
MARRIOTT et al. [MARRIOTT, 1998] analysent les résultats d'une étude sur la logistique
hospitalière en France réalisée sur la base d'un questionnaire complété lors d'entretiens
approfondis avec des directeurs d'établissements, des pharmaciens, des responsables de
services économiques et des logisticiens. Les auteurs abordent d'une part la gestion des
approvisionnements de produits pharmaceutiques et consommables dans les établissements de
santé et, d'autre part, l'étendue de l'externalisation des services ainsi que les possibilités
d'externaliser les approvisionnements. Selon les auteurs, les entreprises qui externalisent leurs
activités logistiques sont les entreprises les plus souples et les plus performantes.
FIJN et al. [FJIN, 1999] ont étudié par enquête téléphonique les pratiques déontologiques
pharmaceutiques des hôpitaux des Pays-Bas en 1998. 120 établissements de soins ont été
interrogés sur 121 ciblés (taux de réponse 99%). L’objectif était de connaître les structures et
outils de décision des pharmacies d’établissement sur ce sujet. En conclusion : 88% des
hôpitaux ont une commission du médicament et utilisent des dispositifs médicaux stériles,
93% des hôpitaux utilisent un livret thérapeutique (internal formulary agreement) papier ou
informatique. Les auteurs ont conclu qu’une organisation pharmaceutique supportée par des
outils est un moyen pour améliorer la qualité des soins et permettre des économies
budgétaires en rationalisant les choix.
APTEL et POURJALALI [APTEL, 2001] ont comparé par questionnaire 75 hôpitaux français
et californiens. Ils ont noté une différence fondamentale, la fragmentation du système de
décision logistique en France et la centralisation des décisions logistiques en Californie. Les
auteurs ont montré que l’adaptation des techniques industrielles aux spécificités du monde
médical est porteuse. L’adaptation des concepts du juste à temps à la gestion de la chaîne
logistique a permis de réduire considérablement les coûts logistiques, un meilleur suivi des
relations avec les fournisseurs et une réduction importante des stocks sans altérer la qualité
des soins fournis aux patients.
73
BONNABRY [BONNABRY, 1999] s’interroge sur les rôles actuel et futur du pharmacien. Il
explique les facteurs influençant son activité : certains sont externes comme la situation
économique des hôpitaux etc., alors que d’autres sont internes comme le risque d’erreurs, la
démarche d’amélioration continue etc. L’auteur propose que les activités de ce dernier soient
recentrées sur son métier, c’est-à-dire sur la sécurisation de l’usage des médicaments. D’autre
part, le pharmacien doit aussi se recentrer sur la bonne gestion de l’utilisation des
médicaments et le développement des activités de recherche et d’enseignement. L’intérêt de
cet article réside essentiellement dans le fait de comprendre la complexité et la diversité du
rôle du pharmacien hospitalo-universitaire. Cet article permet de constater la place centrale
qu’occupe le pharmacien dans la logistique ainsi que les contraintes auxquelles il doit faire
face. L’évolution de la fonction du pharmacien devra alors évoluer avec la réorganisation de
la logistique hospitalière.
BERETZ et PETIT [BERETZ, 2000] ont réalisé une étude par l’observation et une analyse
critique des différents processus qui s’enchaînent sur le plan logistique dans une unité
d’hospitalisation de jour d’un service de médecine : prise en charge des patients,
réapprovisionnement du stock de proximité du service et réapprovisionnement du stock
central de la pharmacie. Les auteurs ont mis en évidence les points suivants : les différentes
étapes du circuit logistique principal, la planification, l’exécution, le contrôle, les points de
rupture, les dysfonctionnements, les circuits parallèles et les modalités de maîtrise de ces
circuits. Dans un deuxième article [BERETZ, 2002] présente les résultats d’un groupe de
travail de pharmaciens. Les objectifs du groupe étaient de : (1) promouvoir la sécurisation des
produits pharmaceutiques, (2) participer à l’approche transversale de la logistique hospitalière
dans les CHU et, (3) identifier les besoins convergents entre établissements de la santé. Ils
commencent par décrire les trois principales activités de la logistique hospitalière : achats,
gestion des stocks et distribution. Le groupe définit ensuite les objectifs : qualité de la chaîne
74
logistique pharmaceutique. Ils continuent en expliquant les «erreurs possibles» et les risques
spécifiques auxquels ils doivent faire face. En fonction de ce contexte, ils recherchent des
pistes de solutions (organisation, méthodes de gestion, système d’information, management
de la qualité, etc.). L’intérêt principal de ces articles est de connaître le point de vue des
pharmaciens sur la logistique hospitalière et l’expression de leurs besoins. Il est intéressant
d’analyser les solutions qu’ils suggèrent, telle la nécessité de l’installation d’un système
d’information performant.
Par l'étude de trois centres hospitaliers français, six néerlandais et un américain, LANDRY et
al. [LANDRY, 2000a] cherchent à identifier les meilleures pratiques de la logistique
hospitalière propre à chaque établissement. Par la suite, les auteurs cherchent à identifier des
caractéristiques génériques qui expliquent la mise en oeuvre de ces pratiques. Les auteurs ont
constaté que l’automatisation est un moyen pour libérer du personnel qui constitue une denrée
rare. Une constante apparaît dans cette étude : la gestion indépendante des flux
pharmaceutiques. Le peu de partenariats engagé par les 3 hôpitaux français participant et la
pauvreté de leur système d’information (en particulier à des fins d’évaluation de performance)
sont signalés. Pour ce qui concerne les hôpitaux néerlandais, les systèmes de gestion des flux
par l’aval sont privilégiés (systèmes à double casiers) et les nouvelles technologies sont peu
répandues. Dans un deuxième article, LANDRY et al, [LANDRY, 2000b] présentent leurs
observations sur les pratiques de logistique hospitalière au Québec. Les observations sont
basées sur les connaissances des pratiques Françaises, Hollandaises, Américaines et
Québécoises. Ils utilisent une grille de classification définissant les différents rôles de la
logistique hospitalière, cela leur permet de mettre en évidence les stades de maturité des
systèmes hospitaliers vis-à-vis de la logistique. Le constat établi montre que les
établissements de santé ne sont pas au stade ultime de développement de la logistique interne,
mais au démarrage. L’intérêt de cet article est de donner une estimation du coût de la
logistique hospitalière mais également de proposer une définition des niveaux de perception
de la logistique dans le milieu hospitalier.
LE MERCIER et al. [LE MERCIER, 2000a] ont publié les résultats d’une enquête de
satisfaction d’installation d’antennes satellites pharmaceutiques. L’objectif de cette enquête
est d’évaluer le degré de satisfaction d’une partie des «clients » (corps infirmier) appartenant
à des services dans lesquels sont implantées des antennes satellites pharmaceutiques. Dans un
deuxième article, les mêmes auteurs [LE MERCIER, 2000b] ont évalué les bénéfices en
matière de sécurité sanitaire et économique liés à l’intégration d’une équipe pharmaceutique
dans un service de pédiatrie de 33 lits comportant trois unités distinctes nourrissons,
enfants/adolescents et urgences pédiatriques. Le principe de leurs travaux était de comparer
un certain nombre de paramètres avant et après l’implantation :
du point de vue de la sécurité sanitaire : conformité de la prescription, optimisation
thérapeutique, qualité de la dispensation.
du point de vue économique : ressources humaines, charges de travail, ressources
matérielles, gestion, dépenses médicamenteuses.
L’intérêt de ces articles est de connaître la satisfaction des personnels (infirmiers) en terme de
détachement de certaines activités logistiques auprès d’une antenne et d’intégration d’une
équipe pharmaceutiques dans les services pour assurer ces activités.
La Commission logistique hospitalière de l’ASLOG [ASLOG, 2002] a réalisée en 2001 une
enquête nationale sur la gestion des flux des hôpitaux français. 294 établissements de soins
ont répondu sur 976 hôpitaux questionnés. Trois grands axes d’étude ont été investis : les
opérations de transport, la manutention et le stockage, ainsi que les fonctions de gestion et les
projets en cours. L'objectif est ensuite de proposer, avec l'aide des établissements les plus en
75
pointe, des solutions d'optimisation de la chaîne d'approvisionnement au sein des hôpitaux.
L’étude montre :
Que les manutentions et l’approvisionnement relèvent majoritairement des unités de
soins surtout pour les produits directement liés aux actes de soins (médicaments,
dispositifs médicaux, prélèvements, dossier patient,...),
Une prédominance d’une gestion manuelle des flux qui semble être efficace pour les
produits proches du métier (produits pharmaceutiques),
Et un besoin d’automatisation/informatisation, afin d’assurer la qualité des services et
d’intégrer la raréfaction des ressources humaines engendrée entre autres par la loi de
réduction sur le temps de travail.
Selon l’étude, les systèmes d’information hospitaliers semblent orientés vers d’autres
domaines que la logistique. Les axes traités dans cette étude sont très intéressants pour
orienter la recherche des hôpitaux dans l’optimisation de leurs performances.
DRUART et al. [DRUART, 2002] recensent les pratiques logistiques hospitalières innovantes
en France. Les auteurs présentent différentes études de cas d’hôpitaux français où les
méthodes logistiques employées sont différentes :
AP-HP (Assistance Publique des Hôpitaux de Paris) : nouvelles tendances de
développement de leur chaîne logistique ;
CHU de Montpellier : Plate-forme logistique co-gérée par un logisticien et un
pharmacien, système du double-bac (plein–vide) majoritairement utilisé ;
CHU de Toulouse : Sous-traitance d’une partie de leur plate-forme logistique ;
CHRU de Tours : plate-forme en ‘U’ : magasinage, pharmacie, restauration ;
CHU de Dijon : mise en place d’une logistique intégrée : coordination des flux.
Selon les auteurs, la solution idéale semble difficile à atteindre mais également difficile à
définir. L’article expose les différentes pistes de solutions existantes et les possibilités pour
améliorer la gestion de la logistique hospitalière. Ils concluent pour un management d’une
logistique transversale et commune à tous les services de l’hôpital. Dans le futur, les hôpitaux
doivent améliorer leur qualité de service dans un environnement sécurisé, ce qui nécessite un
management commun et transversal de la logistique. Selon les auteurs, il est intéressant que
des professionnels avec des cultures métiers différentes analysent leurs pratiques logistiques
hospitalières.
BEAULIEU et al. [BEAULIEU, 2003] ont proposé une synthèse de l’expérience vécue au
bloc opératoire de l’Hôpital Royal Victoria dans le cadre d'un projet de réaménagement. Le
texte porte une attention particulière au volet logistique du projet. Celle-ci se traduit par des
transformations s’articulant autour de quatre axes : centralisation des aires de stockage selon
l’utilisation des produits, recours à un système de rangement modulaire, ajout d’un système
de réapprovisionnement double casier et une réaffectation des tâches.
Afin de connaître les pratiques actuelles des hôpitaux français et l’analyse du processus
d’approvisionnement des produits pharmaceutiques GUINET et al. [GUINET, 2003] ont
élaboré et envoyé un questionnaire à plus de 600 établissements de santé. Ils ont limité leur
enquête aux flux pharmaceutiques. Ils analysent successivement le "Quoi" (activités), le "Qui"
(acteurs), le "Où" (internalisation/externalisation), le "Quand" (modes de gestion) et le
"Comment" (supports). Les objectifs de ce questionnaire étaient :
D’étudier les flux pharmaceutiques,
De connaître les pratiques de réapprovisionnement au sein des unités de soins,
De connaître les préoccupations des pharmaciens,
D’identifier l’introduction d’innovations.
76
L’analyse de l’ensemble des réponses a permis de dégager un état des lieux des pratiques
pharmaceutiques ainsi que de nouvelles pistes de recherche en matière de logistique
pharmaceutique hospitalière. Cette étude est très intéressante par ses réponses sur les
nouvelles pratiques logistiques et les tendances futures de la logistique hospitalière du point
de vue des pharmaciens hospitaliers.
Les recherches ci-dessus ont mis en évidence plusieurs pistes d’amélioration de la chaîne
logistique hospitalière. Toutes ces expériences ne règlent pas les problèmes de l’ensemble
du circuit logistique. Il n’existe pas aujourd’hui de solution clé pour une prise en charge
globale du circuit à privilégier au sein de l’organisation logistique, mais, les expériences
proposent :
un choix d’indicateurs d’évaluation de la performance. Les indicateurs peuvent être
d’ordre économique (coûts), qualitatif (respect des procédures médicales ou
pharmaceutiques), sociaux (confort du patient et des personnels), etc. L’évaluation
de la performance suppose la possibilité de mesures, donc l’existence d’un système
d’information minimal, préalable rarement vérifié dans le milieu hospitalier,
un déploiement et un suivi d’activités ou de flux, telle la traçabilité des activités des
flux physiques et des flux d’information, etc. Dans une structure complexe tel un
hôpital (médecins, infirmiers, administratifs), une constitution d’informations ne
peut s’envisager qu’en dégageant des connaissances pour chaque partenaire ;
Le travail présenté dans cette partie nous a permis de mieux cerner les différentes
problématiques liées à la gestion hospitalière et d’identifier les thématiques de recherche qui
nous semblent constituer un domaine de recherche innovant.
Ces différentes recherches, réalisées selon plusieurs points de vue (fabricants, fournisseurs et
hôpitaux), soulignent l'importance de la problématique traitée. Ces études sur les évaluations
de la chaîne logistique, ont le mérite de nous montrer l'ampleur des besoins en optimisation
notamment économique.
Ces travaux mettent en évidence que la chaîne logistique pharmaceutique est une chaîne
fragile qui, malgré une souplesse apparente, doit être réorganisée en profondeur. Cette
réorganisation nécessaire à la bonne réalisation des soins aux patients, doit impérativement
fédérer tous les partenaires hospitaliers, établissements de soins et industriels, mais aussi un
nouveau partenaire, le transporteur, maillon essentiel de la chaîne logistique des produits
pharmaceutiques. Afin de mener à bien la démarche de réorganisation de la chaîne logistique,
il est important que chacun des partenaires assure une continuité de la chaîne logistique
pharmaceutique d’autant plus précise et d’autant plus fiable, qu’elle engage la vie du patient.
D’autre part, la tendance à l’intégration de la logistique, tant au niveau des flux traditionnels
que des flux de patients, revêt des enjeux particulièrement importants pour accroître
l’efficience économique des hôpitaux, la qualité des soins prodigués, et donc la satisfaction
des patients et de la collectivité. Les tendances citées dans la littérature scientifique,
concernent l’externalisation, la réduction du nombre de fournisseurs, la standardisation,
l’amélioration de la qualité, les nouvelles politiques d’achat, la diminution des temps de cycle,
l’utilisation de critères d’évaluation des services achats, ainsi que plus opérationnellement
l’informatisation, la sélection des fournisseurs, les politiques de ristourne et les partenariats.
77
ème
2 partie :
La pharmacie d’établissement
du CHU de la Croix-Rousse
Dans cette partie nous exposons nos travaux de recherche. Nous choisissons de commencer la
démarche par l’analyse des flux, des activités et des processus logistiques de la pharmacie de
l’hôpital de la Croix-Rousse. L’étude de l’état actuel et l’analyse des données des
consommations des produits pharmaceutiques, des acteurs et des contraintes nous permet de
dimensionner les flux et les volumes des activités de la chaîne logistique pharmaceutique.
Ceci nous amène vers la recherche d’un modèle adéquat pour présenter et simuler cette
chaîne, qui nous permet d’identifier les dysfonctionnements et les bonnes pratiques des
maillons de cette dernière. Cette identification nous conduit à chercher le mode d’organisation
des flux et des locaux au niveau de la pharmacie d’établissement et à choisir la meilleure
solution parmi un ensemble de scénarios possibles en se basant sur une méthode d’analyse
multicritères. L’objectif est d’appliquer les bonnes pratiques proposées dans la phase
précédente par la modélisation de la chaîne logistique. Le problème de gestion des stocks et
des approvisionnements est la dernière étape de notre travail, dans laquelle nous essayons de
trouver la méthode la plus adéquate parmi les méthodes utilisées dans le milieu industriel en
ajustant les paramètres selon nos contraintes et nos besoins.
Dans le chapitre IV nous présentons l’analyse des données pour identifier, dimensionner, et
configurer les flux et les activités de la pharmacie d’établissement. Ce chapitre débute par la
présentation d’un état des lieux qui donne une idée des acteurs et des activités de la chaîne
logistique pharmaceutique aval, des moyens humains et matériels, afin de nous permettre de
modéliser les processus des activités de cette chaîne. L’étude du dimensionnement des flux a
été effectuée sur trois niveaux d’analyse (niveau global : l’hôpital entier ; niveau
intermédiaire : les services les plus consommateurs de produits pharmaceutiques ; niveau
détaillée : le service de réanimation médicale qui est le plus grand consommateur de produits
pharmaceutiques). Par la suite, une étude d’un échantillon d’une centaine de références
calculé sur la base de nos analyses est présentée. Enfin, une analyse détaillée des données
concernant les fournisseurs extérieurs a été effectuée. Cette analyse des données des
commandes vise à identifier les flux entre la pharmacie de l’hôpital et ses fournisseurs
externes. Les résultats nous permettront d’objectiver notre choix de solutions concernant le
dimensionnement des activités de cette dernière.
Sur la base de l'analyse de données présentée dans le chapitre IV, la modélisation des
processus logistique apparaît essentielle pour la recherche d'une meilleure gestion du
fonctionnement de la pharmacie de l’établissement. Dans le Chapitre V nous exposons notre
étude sur la modélisation et la simulation qui nous permet d'optimiser les processus de la
chaîne logistique en nous basant sur l’analyse du dimensionnement de la chaîne logistique et
des processus, mais aussi des installations et des équipements dans l’objectif de proposer de
nouvelles solutions d’organisation des flux permettant d'optimiser les activités selon les
meilleures pratiques.
79
Dans le Chapitre VI nous exposons notre étude des différents scénarios d’organisation
interne des flux et des locaux de la pharmacie d’établissement, en utilisant une méthode
d’analyse multicritères. Cette étude est appuyée par une analyse de robustesse et de la
sensibilité des scénarios proposées. Enfin, une étude sur l’impact de la nouvelle organisation
après l’installation des nouveaux équipements est exposée.
80
Chapitre IV
Dimensionnement des activités logistique de la
pharmacie de l’hôpital
Résumé :
1. Introduction
Dans une démarche d’amélioration continue, l’hôpital de la Croix Rousse a lancé plusieurs
projets de recherche sur l’organisation ou la réorganisation de ses différents activités
logistiques, de la pharmacie jusqu’aux unités de soins. Dans ce contexte, un des problèmes de
recherche consiste à étudier les flux de produits pharmaceutiques, de la prescription jusqu’à
l’administration de ces produits aux patients, en passant par l’envoi des bons de commandes,
la réception et la préparation à la pharmacie d’établissement puis dans les services [BABOLI,
2003a]. Pour identifier et dimensionner ces flux il convient d’étudier le domaine de la
logistique hospitalière [HUGUES, 1993]. Ce domaine est vaste puisqu'il s'étend du
développement du produit jusqu’à sa consommation [HALGAND, 1995]. La recherche de la
rationalisation des flux physiques et d'informations et de l’amélioration de l’efficience,
nécessitent de prendre en compte différentes contraintes externes (normes, règlements) et
internes (capacité des ressources humaines et matériels, choix techniques, etc.). Vu l’étendue
de cette chaîne logistique, nous nous sommes restreint à la partie aval de cette chaîne depuis
les fournisseurs jusqu’aux patients. Notre travail de recherche est concentré principalement
sur la maîtrise des flux des produits en commençant par l’identification de l’ensemble des
activités de la chaîne logistique aval, puis par le dimensionnement de ces activités. Ces deux
aspects vont être traités dans les paragraphes suivants.
81
3. niveau détaillée (le service de réanimation médicale qui est le plus grand
consommateur de produits pharmaceutiques).
Ces analyses ont été complétées par l’élaboration d’un échantillon d’une centaine de
références en se basant sur les trois familles des produits pharmaceutiques. Enfin, une analyse
détaillée des données concernant les fournisseurs extérieurs a été effectuée. Cette analyse des
commandes vise à identifier les flux entre la pharmacie de l’hôpital et la pharmacie centrale
de Lyon ainsi que les fournisseurs extérieurs (y compris les grossistes répartiteurs).
Nous avons analysé les données concernant les consommations et les dépenses des produits
pharmaceutiques de l’hôpital sur les cinq dernières années (2000 à 2004). Ce chapitre débute
par la présentation d’un état des lieux très précis de l’hôpital de la Croix-Rousse qui donne
une idée des moyens humains et matériels mobilisables et à mobiliser dans le contexte actuel
des activités du service de la pharmacie. Nous avons commencé notre étude de
dimensionnement par une cartographie de l’existant, c’est-à-dire l’identification des différents
flux pharmaceutiques inter et intra établissements. Il convient ensuite d’identifier avec
précision les problématiques du réseau d’approvisionnement/préparation/distribution, et enfin,
de proposer des améliorations ou des modifications de ces réseaux. Au cours de cette étape,
un classement ABC de Pareto a été réalisé en fonction de la priorité attachée à chacun des flux
des familles de produits pharmaceutiques [BABOLI 2003b]. L’objectif est de définir et
d’évaluer en termes de ressources les différentes stratégies possibles d’organisation des flux
de la nouvelle pharmacie concernant le dimensionnement et le choix des équipements. Par la
suite, nous proposons des méthodes adéquates pour la gestion des flux en cherchant d’une
part la quantité en stock adéquate afin d’éviter le surstockage et le gaspillage (péremption), et
des pistes d’amélioration de la gestion des ressources matérielles et humains. Les critères
considérés sont d’ordre économique coût/efficacité et d’ordre humain (qualité des soins,
charge de travail du personnel).
Avant de réaliser une étude du dimensionnement, il est nécessaire d’identifier d’abord les
activités et les ressources humaines. Puisqu’ils sont les chevilles ouvrières de l’organisation
opérationnelle de l’approvisionnement et de la distribution. Ces acteurs logistiques organisent
et gèrent les flux physiques (des fournisseurs aux services) et d’information (commandes,
facturation, ordre d’approvisionnement) selon les besoins de l’hôpital. A ce niveau, cinq types
d'acteurs interviennent dans les processus de la chaîne logistique pharmaceutique aval :
82
1. Le prescripteur de l’unité de soins ;
2. Le pharmacien de la pharmacie de l’hôpital ;
3. Le préparateur de la pharmacie de l’hôpital ;
4. Le manutentionnaire de la pharmacie de l’hôpital ;
5. L’administrateur de l’unité de soins.
Ces cinq acteurs sont internes à l’hôpital. La description de leurs rôles respectifs qui est faite
ici ne doit être considérée que dans le cadre de l’étude de la chaîne logistique pharmaceutique.
2.2.1. Le prescripteur
Les flux des produits commencent par la prescription des médicaments le plus souvent par un
médecin, mais ce peut être également un autre professionnel de santé dans la mesure où la
législation ou la réglementation en vigueur le permettent [RACHEL, 1990].
2.2.2. Le pharmacien
2.2.3. Le préparateur
C’est l’acteur qui prépare les commandes correspondant aux bons de commande issus des
services et qui effectue la préparation des doses individuelles. Les préparateurs se repartissent
(avec les assistants) les familles des produits pharmaceutiques. Certains préparateurs
s’occupent des médicaments, d’autres des dispositifs médicaux ou encore des objets de
pansements. Ces préparateurs ont des tâches différentes à savoir : les commandes des produits
auprès des fournisseurs (réapprovisionnement) ; les préparations des commandes des
services ; les préparations magistrales et le contrôle des armoires. L'acte de dispensation est
réalisé en partie par le pharmacien et en partie par les préparateurs en pharmacie. De plus, on
trouve à la pharmacie de la Croix-Rousse un préparateur réceptionniste qui réceptionne les
produits commandés et un préparateur magasinier qui contrôle et range les produits livrés par
les divers fournisseurs ou laboratoires. Enfin, ils traitent les factures pour payer les
fournisseurs.
2.2.4. Le manutentionnaire
83
pharmaceutiques de la pharmacie (lieu de stockage) aux différents services (lieu de
consommation). Par le passé, la pharmacie de la Croix-Rousse disposait de grands chariots à 3
étages pour livrer les unités de soins (le système dispose maintenant d’armoires mobiles).
Après préparation des commandes dans des cases plastiques, ces derniers sont placés
manuellement dans ces chariots pour être acheminés vers les unités de soins. Il convient de
mentionner que le système de tournée de livraison est défini par les pharmaciens pour les
manutentionnaires qui exécutent les tâches planifiées.
2.2.5. L'administrateur
Il s'agit de la personne qui administre les doses individuelles au patient. Le plus souvent, c'est
une infirmière, mais il peut s'agir également d'un médecin, d'une sage-femme, etc., en
fonction de la réglementation en vigueur. Ces doses (produits) couvrent une large gamme, du
petit dispositif médical tel que coton, pansements, seringues, cathéters, implants et prothèses
jusqu’aux produits pour le matériel médical de type scanner. De plus, elles assurent la gestion
des stocks.
Ils sont à l’origine et à l’issue du processus de soins. Ce sont eux, qui justifient et légitiment
l’existence des structures de soins.
Selon APTEL (APTEL, 2000) un établissement hospitalier, observé sous un angle logistique,
est un lieu où s'écoulent des flux physiques (flux de matières) ainsi que des flux d'information
associés aux flux physiques. Ces flux physiques peuvent être différenciés en plusieurs
familles :
les flux de matériels médico-chirurgicaux (par exemple des appareils de radiographie,
des seringues, des compresses…) ;
les flux de médicaments et molécules diverses ;
les flux d’échantillons et de prélèvements ;
les flux de matières et matériels hôteliers (plateaux repas, lits, draps, consommables
divers...) ;
les flux de matières et matériels d’entretien et de maintenance ;
les flux de personnes (patients, personnels et visiteurs).
BOUSQUET [BOUSQUET, 2001] souligne que chacun des flux physiques génère des
informations qui accompagnent le mouvement de matière ou de personnes. La figure (4.1)
schématise les flux physiques et d’information entre l’hôpital et ses fournisseurs et les flux
internes entre la pharmacie et les services de soins :
84
Figure 4.1 : Les flux physiques et d’information à l’hôpital
Nous avons observé que tous les flux d’information passent par la pharmacie centrale de
Lyon, mais pas tous les flux financiers ni les flux physiques. Pour les demandes particulières
les hôpitaux peuvent négocier directement avec les fournisseurs et ils envoient les
informations de ces transactions à la pharmacie centrale.
Les partenaires de santé ont défini les différents niveaux d’identification des produits. Voici
une liste non exhaustive des caractéristiques des produits de santé :
le type du produit (famille de produits) : Médicament (MED), dispositifs médicaux
stériles (DMS) et objet de pansement (PANS);
le libellé ;
le code d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), s’il y a lieu ;
le dosage du produit ;
les dimensions du conditionnement (s’il s’agit d’un regroupement, le nombre d’unités
distinctes qu’il contient et leur répartition en sous conditionnements, ainsi que la nature
du regroupement (carton, palette, boite, etc.)) ;
les différents niveaux d’identification d’une unité (compromis, sachets, seringues, etc.).
À un produit doit correspondre une entité physique unitaire dénommée Unité Commune de
Dispensation (UCD) dans le circuit hospitalier (ex. : un comprimé) à partir de laquelle, on
raisonne par multiplication (boîte de X comprimés) ou division (1/2 de comprimé). En
général, l’identification des produits pharmaceutiques par la boîte employée par les grossistes
est la plus utilisée [DIEU, 2001]. Dans la pharmacie, les produits pharmaceutiques ont été
classés dans un premier temps en trois grandes familles (MED, DMS, PANS) puis dans un
85
deuxième temps en sous familles. Par exemple pour la famille Médicament la voie
d’admission (voie orale, voie locale et injectable) et pour les DMS la voie d’utilisation
(externe ou interne) sont prises en compte. Ces sous familles sont ensuite divisées en
plusieurs classes (comprimés, sirops, etc.). Enfin une méthode de classement alphabétique est
appliquée pour le rangement de chaque produit.
Nous avons effectué les analyses sur les données en prenant en compte la répartition des
produits pharmaceutiques sur trois classements principaux :
Classement selon la famille de produits : La pharmacie de l’hôpital gère plus de 6000
références, notre analyse indique que le nombre des références varie d’une année à
l’autre selon les besoins des patients (voir annexe 2).
Classement selon le conditionnement : Dans le cadre de la logistique pharmaceutique
les médicaments étant identifiés non par leur marque mais par leur molécule, ceux-ci
peuvent être conditionnés de manières différentes et des précautions d’emploi leur
sont souvent associées en considération de la concentration. Nous avons recensé 36
formes différentes de conditionnement (voir annexe 3).
Classement par compte : Pour la comptabilité, le classement des produits dans les
hôpitaux publics se fait sous la forme des comptes généraux (voir annexe 4).
Classement alphabétique de leur nom (et non de la DCI : dénomination commune
internationale, ce qui complique parfois la recherche d’un produit puisqu’il y a
plusieurs appellations).
La figure (4.2) schématise le classement des familles et sous–familles des produits
pharmaceutiques :
Pommades
Voie respiratoire
Suppositoire
Usage externe
86
3.2. Le système actuel de dispensation à l’hôpital de la Croix-Rousse
En France, la plupart des hôpitaux utilisent la méthode globale pour la distribution des
produits pharmaceutiques aux unités de soins. Le système de distribution appliqué
actuellement au sein de l’hôpital de la Croix-Rousse est également un système de distribution
globale. Nous entendons par distribution globale le regroupement des besoins d’un service sur
une période donnée, contrairement à la distribution journalière individuelle nominative DJIN.
Les personnels soignants dans les services évaluent leurs besoins en produits
pharmaceutiques, vérifient le niveau des stocks et préparent un bon de commande. La
deuxième étape est la transmission des besoins du service vers la pharmacie de l’hôpital
(commandes). La pharmacie réceptionne les bons de commandes des unités de soins, et les
préparateurs prennent en charge ces bons de commande en prélevant les produits
pharmaceutiques commandés (prélèvements) et les regroupant pour les délivrer à temps.
Ensuite les manutentionnaires livrent les produits commandés aux services. Enfin les
personnels soignants dans les services rangent les produits pharmaceutiques dans les systèmes
d'entreposage. Les doses prescrites pour les patients sont préparées par les infirmières à partir
des médicaments stockés dans les armoires des services [BABOLI, 2003a].
Le circuit des produits pharmaceutiques est le circuit principal, les circuits du financement et
des informations doivent être organisés pour que ce circuit principal soit performant. Le
circuit du financement est complexe à décrire et à analyser et ne fait pas l’objet de ce travail.
Les circuits d’information sont encore plus complexes car les informations concernées sont de
natures très variées, ces flux sont pris en compte dans le cadre de notre thèse afin d’optimiser
les processus de la logistique hospitalière. Les flux des produits pharmaceutiques forment une
chaîne continue dont les maillons sont supportés par les professionnels de santé. Comme
FOURCADE [FOURCADE, 2000] le précise à juste titre, un dysfonctionnement au niveau
d’un seul des maillons invalide l’ensemble du flux, conduisant aux accidents thérapeutiques.
Dans le but de servir les patients, l’hôpital a besoin de transmettre les informations
appropriées aux services concernés et de mettre en œuvre de manière optimale l’ensemble des
flux afin de satisfaire les besoins.
Les flux d'information tracés sont ceux relatifs aux flux physiques, ils donnent des indications
sur la nature des flux physiques concernés, sur les acteurs intervenants dans ceux-ci, et sur les
lieux par lesquels passent les produits où ils sont éventuellement transformés. Les flux
d'information se présentent sous forme électronique ou papier (flux de documents). Du point
de vue physique, le flux des médicaments présente deux grandes variantes :
Distribution globale de la pharmacie vers les services,
Distribution nominative.
Dans ce cadre, il faut distinguer les termes dispensation et distribution qui sont parfois utilisés
de façon indifférenciée. Par la suite, on adoptera les définitions suivantes :
la dispensation est définie comme incluant les tâches suivantes : analyser la prescription,
valider la prescription, préparer les médicaments et acheminer les médicaments. D’autre
part, la dispensation peut s’envisager indifféremment dans le cas d’une dispensation
globalisée ou bien d’une dispensation nominative [BANGA, 2003].
le terme de distribution ne couvre que les phases physiques, à savoir : préparer les
produits pharmaceutiques et acheminer les produits pharmaceutiques. La distribution peut
s’envisager indifféremment dans le cas d’une distribution globalisée ou bien d’une
distribution nominative (s’il y a distribution nominative alors il y a connaissance des
87
prescriptions et donc très probablement de la dispensation) [CASTAING 2003 et APTEL
1999]. Dans le cas d’une distribution journalière individuelle nominative (DJIN), la
pharmacie est obligatoirement informée des prescriptions, et délivre les médicaments
selon la prescription du médecin [Ministère de l’emploi et de la solidarité, 2001].
Nous pouvons distinguer trois principaux processus, au cœur de la dynamique des flux des
produits pharmaceutiques :
la remontée des besoins,
la gestion les flux d’information (prescriptions) et les flux physiques (MED, DMS,
PANS),
la desserte du patient en médicaments.
La figure (4.3) détaille les différentes activités logistiques avales que l’on retrouve dans un
établissement de santé, de même que les flux informationnels.
88
La régulation de ces flux dans le réseau peut se faire en mode poussé ou tiré ou mixte
[SAMPIERI, 2000]. Dans le premier cas, on commande les produits non pas en fonction des
consommations réelles, mais en fonction de prévisions de consommation, de manière
quasiment automatique (listing ou demande d'approvisionnement à date fixe). Les stocks sont
gérés par dotation ; on raisonne en taille de lots ou en quantités minimales à commander.
Lorsque les flux sont tirés, on ajuste les niveaux de stockage en fonction des consommations
réelles, on cherche à tendre les flux et à réduire les stocks. Ce dernier principe est difficile à
ajuster, car on ne peut pas prévoir tous les événements quotidiens [PERROTIN, 2001]
[TARONDEAU, 1979].
Dans un certain nombre d’hôpitaux, les pharmacies d’établissement sont confinées dans un
sous-sol de bâtiment, une ancienne cuisine, ou tout autre emplacement inadéquat pour les
autres services mais qui semblent approprié aux activités de stockage des produits
pharmaceutiques [LAPIERE, 2003]. Il est cependant difficile d’optimiser l’implantation des
stocks dans des locaux peu adaptés. La mission de la pharmacie est d’assurer l’ensemble de la
gestion des produits pharmaceutiques : sélection, approvisionnement, préparation, contrôle de
qualité, stockage, dispensation et distribution. Sa finalité est de fournir des médicaments et
autres produits pharmaceutiques de qualité tout en utilisant de façon optimale les ressources
disponibles [ROHRBACH, 2000]. Elle doit aussi contribuer à l’usage rationnel des
médicaments. A ces activités de base on peut ajouter les activités de stérilisation, de radio
pharmaceutique et de préparation hospitalière [SFPC, 1997].
Les flux d’information concernant les produits pharmaceutiques sont gérés par le service de la
pharmacie. A la Croix-Rousse, cette dernière assure ses fonctions avec un effectif de 25,5
personnes (en équivalent à temps plein), 3 pharmaciens et 2 assistants (pour plus de détails
voir annexe 5).
La pharmacie disposait d’une surface de stockage effectif de 675M2, soit en moyenne 0.91m2
par lit. Elle comprenait une partie administrative de près de 200m2 (bureaux, secrétariat,
bibliothèque, salle de réunion, salle des étudiants), une partie de 210m2 consacrée au
laboratoire, des zones de réserve pour 25 m2, 100m2 attribués à la zone de réception, stockage
et distribution, et une zone pour les retours 10 m2. Le tableau (4.1) présente la surface de
stockage occupée en mètre carré (m2) et mètre cube (m3) sur l’ancien site de la pharmacie.
89
FAMILLE DE MED. DMS OBJET DE PANSEMENTS ET TOTAL
PRODUITS SOLUTES
2 2 2
Surface du stock en m 206 m 183 m 286 m 2 675m 2
Surface du stock en m3 57 m3 59 m3 + 13 m3 (1) 129m3
Tableau 4.1 : la surface du stock de l’ancienne pharmacie
La pharmacie était composée de 4 secteurs majeurs distincts qui se répartissaient sur trois
zones et une unité de reconstitution des chimiothérapies (laboratoire).
1. Le rez-de-chaussée (secteur1) : était occupé par les médicaments (y compris les solutés
massifs) stockés sur des étagères ou sur des palettes pour les références alimentaires. Ce
secteur dispose d’une surface de stockage relativement importante. Les armoires de
stockages sont de manière générale adaptées aux produits en stock. Des zones ont été
définies par type de produits. Les produits sont classés par ordre alphabétique, aucun autre
classement n’a été étudié (par exemple : en fonction de la fréquence d’utilisation).
2. Le premier étage de l’entrepôt (secteur 2) est réservé aux dispositifs médicaux et aux
bureaux. Il est peu organisé. Entre deux sols, l’approvisionnement est difficile (difficulté
d’accès), la surface ne permet pas un stockage important ni optimisé.
3. Le deuxième entrepôt est situé au rez-de-chaussée d’un autre bâtiment «ancienne cuisine»
(secteur 3), on y stockait les objets de pansement et les solutés massifs sur les palettes. Il
s’y déroule les activités de réception – stockage – distribution.
4. L’unité de reconstitution des chimiothérapies (laboratoire) : Les produits sont situés et
approvisionnés à partir de la cuisine (secteur des solutés massifs). Ils sont ensuite déplacés
manuellement par petites quantités vers le laboratoire. Ce secteur ne possède peu de
matériels en propre. Les produits sont stockés sur des étagères en salle de « réserve ».
Pour les identifier, des étiquettes magnétiques avec le nom des produits sont placées sur
les étagères. Les produits sont ensuite fabriqués, en fonction des besoins en salle blanche
dans des boîtes en plastique identifiées par une étiquette.
Notre travail sur le dimensionnement des flux se place dans le contexte général de l’évolution
des activités du service de la pharmacie considérant son déménagement vers un nouveau site.
Le nouveau site de la pharmacie dispose d’une surface utile de 691m3, soit en moyenne
1.01m3 par lit (682 lits). Le tableau (4.2) présente la surface totale du nouveau site de la
pharmacie en m , sachant que le pourcentage de surface stockable représente 40% de la
surface disponible, le reste étant destiné à la circulation entre les rayons de stockages.
1
Il convient de mentionner que la surface de l’ancienne cuisine utilisée pour le stockage des objets de
pansements et des solutés massifs possédaient un fort taux d’occupation par M2 car les plupart de ces références
sont volumineuses et stockées sur palettes.
90
L’étude de la modélisation et de l’organisation des produits pharmaceutiques dans les zones
de stockage sur le nouveau site sera détaillée dans le chapitre V.
Afin d’envisager une meilleure gestion, une étude sur l’historique de consommation des cinq
dernières années a été effectuée. Tout d’abord, l’aspect tendance et l’aspect saisonnalité des
consommations ont été recherchés. L’analyse montre que la consommation reste stable d’une
année à l’autre, comme l’illustre la figure (4.4) pour les exercices 2003 et 2004.
7% 7% 8% 8%
pourcentage
7% 7% 7% 8% 8% 8%
7% 6%
6% 6%
5% 6%
4% 4%
2%
2%
0%
0%
n
l.
i
V
ÛT
t.
C
T
AR
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V
PT
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OC
FÉ
DÉ
no
JA
ja n
AV
JU
ao
dé
JU
ma
AO
SE
M
se
mois mois
Figure 4.4 : Pourcentage des quantités consommées et des dépenses en 2003 & 2004
Les baisses de la consommation en août et en décembre peuvent être expliquées par les
vacances d’été et de fin d’année. La hausse des commandes et des livraisons de produits
pharmaceutiques en juin et en octobre ne traduit pas un phénomène de consommation lié à
une épidémie ou autre mais plutôt à une tendance à augmenter les stocks durant les mois
précédents les vacances afin d’éviter des ruptures.
Tout d’abord, nous avons effectué une analyse sur l’évaluation des dépenses du service de la
pharmacie sur les sept dernières années, le tableau (4.3) présente en pourcentage cette
évaluation :
BUDGET
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Francs 49 424 000 56 819 000 58 683 491 61 585 000 67 171 565 74 714 808 92 688 351
Euros 10 240 239 11 390 199 14 130 248
Evolution n/n-1 15% 3% 5% 9% 11% 24%
Les dépenses associées aux flux de produits pharmaceutiques peuvent être classées en deux
catégories : d’une part les coûts de personnel (en majorité coûts de passation de commande) et
d’autre part les coûts d’achat des médicaments, des dispositifs médicaux stériles et des objets
91
de pansements. En ce qui concerne les produits, la dépense augmente en permanence d’une
année à l’autre en raison de l’introduction de nouvelles références. Nous avons étudié la
dépense totale de chaque service de l’hôpital de la Croix Rousse pour l’ensemble des produits
pharmaceutiques durant les cinq derniers exercices. La figure (4.5) présente le pourcentage
des dépenses pour chaque service de l’hôpital en 2001 et en 2004 :
AUTRE
AUTRE M.G.CUIRE
1%
M.G.CUIRE 4% 1%
1% CHIR.M.F.
CHIR.M.F. 1%
1% REA.CHIR.
3% SRMAR
SRMAR
REA.CHIR. S.M.A. 12%
14%
1% GYN. 3% CH.G.
CH.G. 3% 11%
S.M.A.
14% ORL.CHIR.
2%
3%
GYN.
OBST. PHAR.
2%
3% 10%
ORL.CHIR.
3%
OBST. PHAR.
4% 14% IMAG.M.CXR
3%
ANESTH. CXR
IMAG.M.CXR
OPHT. 10%
4%
ANESTH. CXR 3%
OPHT.
8% PNEUM
4% CARDIO.
PNEUM M.INF. CARDIO. 4%
M.INF. 9%
4% 6% 7%
7%
HEP.G.ENT.
6%
HEP.G.ENT. CH.OR.
4% CH.OR. 6%
5%
Figure 4.5 : comparaison des dépenses de chaque service de soins en 2001 & 2004
On observe parmi les 22 services de l’hôpital, que six services occasionnent plus de 60% des
dépenses totales de l'hôpital (voir l’annexe 6).
Par la suite, une étude des dépenses et des quantités de produits consommés en 2003 et 2004 a
été réalisée (toutes unités de mesures ou de conditionnements confondues). La figure (4.6)
présente les pourcentages des dépenses et des quantités consommées de chaque famille.
C O M P A R A IS O N D E S D E P E N S E S E T D E S Q U A N T IT E S E N 2 0 0 3 & 2 0 0 4
10%Dép; 10% Q T
21%Dép.
1 20% Q T
0 ,9
33% Dép. 32%Q T
% DEP / QT
0 ,8
30% QT
0 ,7 30% Dép.
0 ,6
0 ,5
0 ,4 57%Dép. 58%Q T
49%Dép. 50% Q T
0 ,3
0 ,2
0 ,1
D é p .0 3 Q T 03 D é p .0 4 Q T 04
0
92
Sur les deux années 2003 et 2004, on peut observer que les pourcentages en terme de
dépenses et de quantités restent pratiquement stables, ceci, est plus ou moins, identique pour
l’ensemble des exercices de 2000 à 2004.
Une analyse ABC de Pareto des commandes réalisée en valeurs et en quantités a été conduite
pour l’ensemble de l’hôpital. Lorsque plusieurs milliers d’articles sont gérés, il est impossible
d’accorder à chacun d’entre eux la même attention dans sa gestion. On peut classer les
produits pharmaceutiques selon plusieurs critères à savoir le critère de la quantité
(consommation, péremption), le critère de la valeur (valeur cumulée des articles apparaissant
dans les mouvements de stocks ou valeur des stocks), le critère de fréquence de commande
(les livraisons aux services, les fréquences des réapprovisionnements auprès des fournisseurs),
le critère du volume et du poids des produits.
100%
90%
80%
% en valeur
70%
40 % des Références
60%
50 % des Références
10 % des Références
50%
40%
30%
20%
B
10%
C
A
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100
%
% des Références
Figure 4.7 : application de la méthode ABC
Il convient donc de classer les articles et de décider de leur mode de gestion selon leur
classement. Ainsi les produits du groupe A doivent être suivis plus attentivement que les
produits du groupe B qui doivent être surveillés plus finement que les produits du groupe C.
Les figures (4.8) & (4.9) présentent la dépense et la quantité consommée de chaque famille de
produits pharmaceutiques selon le classement ABC et pour comparaison en 2001 et en 2004.
93
Figures 4.8 : classement ABC des dépenses et quantités consommées en 2001
100 100
80 80 82
69
60 60
% DE QUANTITE
% DE DEPENSE
40 40
28
20 20
16
DEP
QT
0 0
10%DES REF. 40%DES REF. 50%DES REF. 10% D E S RE F. 40% D E S R E F. 50% D E S R E F .
% DE REF
QT % DE REF
D EP
On remarque que dans la classe A (les références à forte rotation), 10% des articles représente
75% des dépenses et 10% des articles représente 87% des quantités consommées. Dans la
classe B (rotation moyenne), 40 % des articles représente 23% des dépenses et 40% des
articles représente 12% des quantités consommées. Enfin dans la classe C (Rotation faible),
50% des articles représente 2% des dépenses et 50% des articles représente 1% des quantités
consommées en 2001. On a constaté que ces résultats restent stables sur les années 2001 et
2004.
Pour avoir plus de précisions, nous appliquons cette méthode sur chaque famille de produit
selon le critère de classification choisi (quantités par articles, dépenses par article, etc.). Le
classement obtenu permet au gestionnaire de se concentrer sur les produits prioritaires, et
d’adapter les moyens d’approvisionnement. Les digrammes de la figure (4.10) présentent la
classification ABC de chaque famille (MED, DMS, PANS) pour l’exercice 2001.
94
100%
100%
90%
90%
80%
80%
79% 78% La quantité consommée de médicaments en 2004
La quantité consommée de médicaments en 2004
70% A : 10% de références représente 79% de dépense A : 10% de références représente 78% de dépense
70% B : 40% de références représente 21% de dépense
B : 40% de références représente 20% de dépense
% De dépense
% DE QT
60%
50% 50%
40% 40%
30% 30%
20% 20%
20% 21%
10% 10%
1%
1%
0% 0%
10% DE REF. 40% DE REF. 50% DE REF. 10% DE REF. 40% DE REF. 50% DE REF.
% De Réf. % REF.
100% 100%
90% 90%
86%
80% 80%
81% La dépense de DMS en 2004 La quantité consommée de DMS en 2004
A : 10% de références représente 81% de dépense A : 10% de références représente 86% de dépense
70% 70%
B : 40% de références représente 18% de dépense B : 40% de références représente 13.8% de dépense
% De dépense
60% 60%
50% 50%
40% 40%
30% 30%
10% 13.8%
10%
1% 0.2%
0% 0%
10% DE REF. 40% DE REF. 50% DE REF. 10% DE REF. 40% DE REF. 50% DE REF.
% De Réf. % DE REF.
100%
100%
90% 90%
70%
B : 40% de références représente 27% de dépense C : 10% de références représente 0.3% de dépense
70% C : 10% de références représente 3% de dépense
60% 60%
% DE QT
50% 50%
40%
40%
30%
30%
20% 27%
20%
10% 3%
10% 12.7%
0% 0.3%
0%
10% DE REF. 40% DE REF. 50% DE REF.
10% DE REF. 40% DE REF. 50% DE REF.
% DE REF.
% DE REF.
Figure 4.10 : Classification ABC de chaque famille (MED, DMS, PANS) en 2001
95
On observe que le pourcentage des dépenses pour le groupe A (10% de références) est élevé
par rapport aux groupes B et C, et que le pourcentage des quantités est plus grand que le
pourcentage des dépenses pour le groupe A.
CAR; 9,00%
8,00% ANESTH. CXR; 8%
CAR; 8%
ANESTH. CXR; 7% 7%
CAR; M.INF.; 7,00%
6,00% CAR; 6% M.INF.; 6%
ANESTH. CXR; 5% M.INF.; 5%
4,00% M.INF.; 4%
% de dépense 01
2,00% % de dépense 02
% de dépense 03
0,00%
% de dépense 04
0 1 2 3 4 5 6 7
Les services de soins
Figure 4.11 : le pourcentage des dépenses des services les plus grands consommateurs de
produits pharmaceutiques à l’hôpital
Nous observons de manière plus approfondie, une diminution des dépenses dans le service de
la pharmacie en 2004 par rapport à l’année 2003, ceci s’explique par l’imputation des
dépenses des anticancéreux de la pharmacie vers les unités fonctionnelles en 2004. Dans les
autres services, nous n’avons pas observé de changement important d’une année sur l’autre.
Notre analyse indique que la pharmacie de l’hôpital est le plus gros consommateur de
médicaments (en raison des préparations). En même temps, le service de chirurgie général
consomme plus de dispositifs médicaux stériles que tous les autres services et enfin le service
d’anesthésie-réanimation est le plus gros consommateur en objets de pansements. Ceci nous
donne la possibilité d’orienter la politique de gestion des médicaments de chaque service en
tenant compte de la famille de produit la plus consommée. La gestion des stocks de chaque
famille de produits doit prendre en considération des critères et des contraintes particulières,
par exemple pour la famille médicament la date de péremption, pour la famille dispositifs
96
médicaux stériles le coût et le volume, enfin pour la famille objet de pansement les critères de
densité (poids) et d’encombrement (volume).
Le SRMAR se répartit sur trois étages ; un sous-sol où se trouve les sites de stockage et deux
étages où sont localisées les unités de soins. La gestion des stocks au service de Réanimation
comparée à celle d’autres unités de soins, est particulièrement difficile et constitue un défi de
taille. Les principaux facteurs créant ce défi sont : la nature hospitalière des activités du
service, l’importance du flux de produits pharmaceutiques pour supporter ses activités, et la
gestion de la variété des produits et des fournisseurs (la pharmacie, le service économique, les
fournisseurs externes, etc.)
La gestion peut être issue de prises de décisions intuitives et non rationnelles. Nous avons
ciblé nos travaux sur les données de ce service afin d’analyser les quantités réellement
consommées, les dépenses engendrées et le nombre de références consommées dans ce
service sur les cinq dernières exercices comme le montre la figure (4.12) :
97
1704482
1452974
1628896
1505071
1583163
1459561 1669941 1800000
1600000
1361761
1516148
1400000
1200000
1211150
1940
1000000
Valeur
2000 1940 800000
0
2004
N° de réf. Par an Quantité Dépense
Critères
Nous observons une diminution permanant des quantités d’une année à l’autre accompagnée
d’une diminution des dépenses et des nombre de références consommées par an.
Nous avons effectué une analyse des commandes et des consommations mensuelles et
annuelles. Cette analyse montre que la quantité commandée est plus importante que la
quantité consommée. On constate qu’il y a des références qui sont commandées et
consommées presque chaque jour, alors que d’autres le sont une ou deux fois par an. On note
que plus de 55% des références restent dans les armoires de service plus d’un mois et un
nombre important de références reste quelquefois plus de cinq mois sans consommation.
Enfin, notre analyse indique que souvent le nombre de références commandées n’est pas
identique au nombre de références réellement consommées comme le montre le tableau (4.3)
pour les trois familles de produits (MED, DMS et PANS.) en 2002.
Nombre de % Nombre de %Nombre de
référence références Nombre de références référence non Nombre de références de
Famille Mois consommées/mois consommées/mois non consommées/ mois consommées/ mois classe A /mois
méd. janv-02 435 45% 580 60% 30 réf. > 50% de QT cons.
méd. fevr-02 393 40% 583 60% 24 réf. > 50% de QT cons.
méd. mars-02 437 45% 539 55% 26 réf. > 50% de QT cons.
méd. avr-02 416 43% 560 57% 27 réf. > 50% de QT cons.
méd. mai-02 416 43% 560 57% 26 réf. > 50% de QT cons.
méd. juin-02 391 40% 585 60% 25 réf. > 50% de QT cons.
méd. juil-02 391 40% 585 60% 28 réf. > 50% de QT cons.
méd. août-02 419 43% 557 57% 26 réf. > 50% de QT cons.
méd. sept-02 356 36% 620 64% 30 réf. > 50% de QT cons.
méd. oct-02 397 41% 579 59% 22 réf. > 50% de QT cons.
méd. nov-02 358 37% 618 63% 24 réf. > 50% de QT cons.
méd. déc-02 382 39% 594 61% 24 réf. > 50% de QT cons.
MOYENNE 399,3 41% 580 59%
TOTAL méd. 02 976 976
DMS janv-02 124 32% 264 68% 8 réf. > 50% de QT cons.
DMS fevr-02 145 37% 243 63% 8 réf. > 50% de QT cons.
DMS mars-02 103 27% 285 73% 7 réf. > 50% de QT cons.
DMS avr-02 105 27% 283 73% 8 réf. > 50% de QT cons.
DMS mai-02 128 33% 260 67% 7 réf. > 50% de QT cons.
DMS juin-02 109 28% 279 72% 5 réf. > 50% de QT cons.
DMS juil-02 178 46% 210 54% 9 réf. > 50% de QT cons.
DMS août-02 93 24% 295 76% 5 réf. > 50% de QT cons.
DMS sept-02 99 26% 289 74% 5 réf. > 50% de QT cons.
DMS oct-02 107 31% 281 72% 7 réf. > 50% de QT cons.
DMS nov-02 78 20% 310 80% 6 réf. > 50% de QT cons.
DMS déc-02 105 27% 283 73% 6 réf. > 50% de QT cons.
MOYENNE 114,5 30% 273,5 0,7
TOTAL DMS 02 388 388
PANS. janv-02 56 51% 53 49% 3 réf. > 50% de QT cons.
PANS. fevr-02 69 63% 40 37% 2 réf. > 50% de QT cons.
PANS. mars-02 60 55% 45 41% 2 réf. > 50% de QT cons.
PANS. avr-02 64 59% 58 53% 2 réf. > 50% de QT cons.
PANS. mai-02 51 47% 58 53% 2 réf. > 50% de QT cons.
PANS. juin-02 55 50% 54 50% 2 réf. > 50% de QT cons.
PANS. juil-02 66 61% 42 39% 3 réf. > 50% de QT cons.
PANS. août-02 52 48% 57 52% 2 réf. > 50% de QT cons.
PANS. sept-02 59 54% 50 46% 2 réf. > 50% de QT cons.
PANS. oct-02 63 58% 46 42% 2 réf. > 50% de QT cons.
PANS. nov-02 49 45% 60 55% 2 réf. > 50% de QT cons.
PANS. déc-02 62 57% 47 43% 2 réf. > 50% de QT cons.
MOYENNE 58,8 54% 50,8 0,47
TOTAL PANS 02 109 109
98
Par la suite, nous avons étudié en détail les dépenses et les quantités consommées pour chaque
mois et nous les avons comparées pour savoir s’il existe des phénomènes de saisonnalité. En
comparant les données des cinq dernières années, on constate qu’il n’y a pas de phénomène
de saisonnalité, c’est-à-dire que la dépense et la quantité consommée varient selon le nombre
de patients servis quotidiennement dans ce service.
Par la suite, nous avons appliqué la méthode ABC de Pareto sur les données du SRMAR.
Nous avons reparti les références dans ce service selon les critères de dépenses et de quantités
consommées pour chaque famille de produits pharmaceutiques et ceci dans l’ordre
décroissant. Pour cette analyse, nous nous basons sur les nombres des références liées à
chaque famille de produit et nous utilisons les niveaux de 10%, 40% et 50% pour les classes
A, B et C. Le tableau (4.4) représente le pourcentage des dépenses et des quantités de chaque
famille de produit pour les années 2003 et 2004.
Pour la famille de DMS, on remarque que pour la classe A (les références à forte rotation),
10% des références représentent 72% des quantités consommées en 2003 et 10% des
références représentent 89% des quantités consommées en 2004.
L’analyse globale menée dans ce service sur la quantité consommée et la dépense engendrée
indique que :
Le stock est trop élevé dans les armoires des unités de soins ;
Les personnels soignants tentent de doubler ou de surestimer les besoins réels pour
éviter le risque de pénurie ;
Plus de 50% des références commandées restent en stock durant plusieurs mois
sans aucune consommation.
On observe également que pour la classe A (10% de références), les pourcentages de dépenses
et de quantités sont très élevés par rapport à la classe B ou C. On remarque que les résultats
obtenus sont stables pour les différentes classes et pour les différentes familles de produits
pharmaceutiques. On remarque aussi que le pourcentage des dépenses et des quantités de
chaque classe (ABC) ne varie pas beaucoup d’une année sur l’autre. Ceci peut être expliqué
par le fait que les références les plus consommées (en quantité) représentent la majeure partie
des dépenses. Ces résultats nous incitent à nous concentrer sur ces références en priorité pour
déterminer une politique de gestion de stock. Une fois les solutions validées, cet outil
d'évaluation pourra être utilisé pour les autres services de l’hôpital.
99
4.3.1. L’évaluation du temps du personnel consacré aux tâches logistiques
Au niveau des services de soins, le manque de personnel est devenu un réel problème. Les
soins auprès du patient ne se font pas de façon optimale car le personnel soignant a aussi
d’autres missions qui sont d’ordres administratif mais aussi logistique. Ils ne peuvent donc
pas consacrer le maximum de leur temps aux malades. Plusieurs auteurs affirment que les
infirmières consacrent 40 à 50% de leur temps à du travail à la saisie, au traitement et au
stockage de l’information [BOWLES, 1997 ; MCDANIEL, 1997]. Pour les tâches logistiques
nous nous sommes rendus dans les services pour avoir plus d’explications. Notre observation
montre que les personnels passent en moyenne de 1h à 1h30 par jour pour réaliser les tâches
liées aux commandes et au rangement des produits pharmaceutiques de la manière suivante :
La réduction des bons de commande est estimée de 30 à 45 minutes par jour.
La saisie des ordonnances nominatives est difficile à estimer.
les déplacements pour aller chercher les ordonnances nominatives sont estimés de 5 à
15 minutes/jour.
La réception et le rangement des commandes sont estimés de 30 à 60 minutes par
semaine.
D’autre part, il est très difficile de quantifier le temps passé à calculer une ordonnance
nominative, en général, on peut compter sur un temps de 5 à 10 minutes par ordonnance.
C’est pourquoi, il nous semble nécessaire de minimiser les tâches logistiques. Cette
observation nous conduit à réfléchir sur ce problème en envisageant des solutions dans
lesquelles les personnels de la pharmacie seront chargés d’effectuer toutes les tâches
logistiques dans les différents services (objectif futur) à la place des personnels des services
de soins.
Vu le nombre très important de références (plus de 6000), une étude détaillée des flux inter et
intra établissement de toutes les références aurait été fastidieuse. Certaines références peu
coûteuses ont un taux de rotation très faible et irrégulier tandis que d’autres références
coûteuses ont une consommation importante. Certaines références faiblement consommées
n’occupent pas beaucoup de place et la gestion des emplacements pour ce type de produits ne
pose pas de problème, tandis que d’autres références fortement consommées occupent
beaucoup de place et une gestion optimale des emplacements pour ces références est
indispensable [BABOLI, 2003B].
100
respectivement pour la première et la deuxième analyse, les résultats obtenus dans le cadre de
ces analyses sont exposés ci-dessus. Les références sélectionnées ont été validés dans les
autres services pour connaître leur crédibilité au niveau de l’ensemble de l’hôpital.
Le but de cette analyse est d’obtenir une estimation sur les références le plus consommées
dans le service de réanimation en termes de quantités, de dépenses et de fréquences de
commandes. L’analyse détaillée des données de notre échantillon montre que :
Pour la famille Médicaments et solutés pour perfusion (MED) :
o 3 références sur 1231 constituent 10% des dépenses du service de Réanimation,
o 21 références sur 1231 constituent 51% des dépenses de ce service,
o 51 références sur 1231 constituent 50 % des quantités consommées,
o 100 références sur 1231 constituent 70 % des quantités consommées.
Pour la famille Dispositifs Médiaux Stériles (DMS) :
o 2 références sur 567 constituent plus de 10% des dépenses du service de Réanimation,
o 20 références sur 567 constituent 50% des dépenses de ce service,
o 9 références sur 567 constituent 50 % des quantités consommées,
o 60 références sur 567 constituent 70 % des quantités consommées.
Enfin, pour la famille Objets de Pansements (PANS) :
o 1 référence ((COMPRESSE NT TETR 7,5X7,5 CM 40G ST/5) sur 129 constitue 15%
des dépenses, et 47 % des quantités consommées du service de réanimation,
o 7 références sur 129 constituent 50 % des dépenses de ce service,
o 10 références sur 129 constituent plus de 70% des quantités consommées.
Au total, 103 références sur 1927 (moins de 6% des références) représentent plus de 60%
des dépenses et plus de 70% de la quantité consommée dans ce service
Nous avons considéré ces 103 références et nous avons analysé les données concernant cet
échantillon. Suite à l’analyse des données, nous avons réalisé un certain nombre de mesures
sur les stocks actuels, ceci nous a permis :
de mesurer l’espace actuel devant être logiquement disponible dans la pharmacie
(coefficient d’occupation d’espace) ;
de déterminer les classes de conditionnement selon la configuration du stockage et la
taille de l’article (carton, boite, unité, sachet) ;
d’identifier l’emplacement physique et la quantité de références associée : rayon,
étagère, casier ou palette en fonction de la famille, du volume, du poids, etc. ;
d’étudier la quantité, la dépense et la fréquence de commande de chaque référence ;
d’identifier les produits spécifiques (produit à tracer, produits dérivés du sang) ;
de calculer l’espace nécessaire pour la nouvelle pharmacie et affecter l’espace à
chaque famille en ajoutant le stock du service de réanimation médicale et le service
101
néonatal, qui seront prochainement intégrés dans le stock de la pharmacie, tout en
cherchant les meilleurs agencements des équipements de stockage et de travail.
Pour se faire, nous avons analysé les fréquences des références commandées lors de l’exercice
2002, et 2003 dans le service de Réanimation médicale afin de déterminer les différentes
classes de fréquence de commande comme le montre le tableau (4.5):
Classe A B C D TOTAL
Nombre de Réf. 335 réf. 259 réf. 887 réf. 11 1492
Fréquence de commande / an Plus de 8 fois / an 4 < x < 8 1 < x < 4 Divers
Tableau 4.5 : La fréquence de commande selon la famille de produits pharmaceutiques
Les résultats nous aident à paramétrer le calcul de la surface de stockage nécessaire pour
chaque famille selon le nombre de références et la fréquence de commande appartenant à la
famille. Cette analyse pourrait être approfondie en prenant en considération les sous–familles
de produits.
L’échantillon nous donne les moyens de déterminer des volumes types de produits nécessaires
pour la future pharmacie. Nous avons déterminé cinq classes ou groupes de volume de
stockage, en considérant un certain nombre de paramètres comme la longueur, la largeur et la
hauteur des références stockées, la masse, la famille de produits (MED, DMS et PANS), ou
encore les conditionnements (boite, carton, palette, unité, etc.). Les mesures dimensionnelles
effectuées sur cet échantillon permettent de déterminer cinq groupes standards de rayon. Les
dimensions présentées dans le tableau (4.6) correspondent aux mesures réelles effectuées sur
le terrain et ceci pour l’ensemble des références de notre échantillon auquel nous avons
intégré toutes les références des produits pharmaceutiques stockées sur palette (89 références
supplémentaires).
classes d’armoires Max. Longueur (cm) Max. Largeur (cm) Max. Hauteur (cm)
1 130 80 100
2 100 60 80
3 50 40 60
4 30 30 40
5 15 20 30
Tableau 4.6 : Les groupes standard de rayon
On distingue que le groupe d’armoires 1 et 2 corresponde plus aux familles de DMS et objets
de pansements, car ces produits sont souvent stockés dans des cartons volumineux par rapport
aux conditionnements utilisés pour la famille des médicaments. Ainsi les groupes d’armoires
3 et 4 conviennent mieux pour la famille des médicaments. On peut calculer la surface totale
nécessaire (surface de stockage) de chaque groupe par la formule suivant :
Soit :
SFi : Surface total nécessaire pour la référence i
Si : Quantité de sécurité de référence i en stock ⇔ SFi = SiVi + QiVi +
102
Vi : Volume de référence i.
Qi : Quantité maximale commandée pour la référence i
Ki : Marge de sécurité
Ces analyses nous permettent une meilleure allocation des ressources afin de mieux gérer les
articles en fonction de la composition du stock (famille, fréquence, quantité consommée et
dépense). L’étude des dimensions des flux à partir de l’échantillon des stocks de la pharmacie
de l’établissement et des services de soins nous permet de déterminer l’emplacement à
réserver aux références.
Le délai est un critère indispensable à maîtriser en fonction des fournisseurs, des produits et
des services. Le délai peut prendre une part prépondérante dans le choix d’un fournisseur de
produits pharmaceutiques [GRUNWALD, 2100]. Le temps de réactivité correspond au délai
entre la demande de livraison et la livraison réelle. Dans un objectif d'accroissement de la
qualité du service, il est important, d'une part de travailler sur l'analyse des données
concernant les fournisseurs (nombre de références par fournisseur, fréquence de livraison de
chaque référence, délai de réapprovisionnement, et quantité à commander) et d'autre part sur
les possibilités potentielles d'amélioration.
On peut classer les fournisseurs en fonction de plusieurs paramètres, tout d’abord : les
caractéristiques des produits approvisionnés (taille, poids, fragilité, conditions particulières de
transport ou de conservation), mais aussi les volumes achetés (nombre de références
achetées). Les fournisseurs sont la plupart du temps spécialises sur une catégorie de produits.
Vu le grand nombre de fournisseurs (près de 200) et le projet de plateforme des HCL, nous
regroupons les fournisseurs en deux groupes à savoir : la pharmacie centrale de Lyon et les
fournisseurs extérieurs (y compris les grossistes répartiteurs). Avant de commencer l’analyse
des données concernant les fournisseurs de l’hôpital, il est intéressant de présenter une
évaluation du nombre de commandes et du nombre de lignes par commande pour chaque
groupe de fournisseurs sur plusieurs années, comme le présente le tableau (4.7) :
1999 2000 2001 2002 2003 2004
Nombre de Commandes 9 305 9 682 10 029 12 368 12 563 13 829
Pharmacie centrale de Lyon 4 529 5 267 5 539 7 265 7 205 7 917
Fournisseurs Extérieurs 4 776 4 415 4 490 5 103 5 358 5 912
Evolution n/n-1 4% 4% 23% 2% 10%
Nombre de lignes 36 633 34 920 37 934 40 187 40 819 44 506
Pharmacie centrale de Lyon 27 348 26 643 28 603 30 252 29 910 32 245
Fournisseurs Extérieurs 9 285 8 277 9 331 9 935 10 909 12 261
Evolution n/n-1 -5% 9% 6% 2% 9%
Tableau 4.7 : évaluation de nombre de commandes et de lignes de commandes par
groupe de fournisseurs
Généralement, les commandes augmentent d’une année sur l’autre. Par exemple, une
augmentation de nombre de commandes de 10% en 2004 par rapport à 2003.
Par la suite, nous avons effectué une analyse sur le nombre de références, nombre de
commandes et nombre de lignes pour chaque groupe ((pharmacie centrale : PH.C. et
103
fournisseurs extérieurs : FOUR. EXT) et chaque mois de l’exercice 2004, comme le montre le
tableau (4.8) :
Libellé Janv. Févr. Mars Avr Mai Juin Juill. Août Sept Oct. Nov. Déc. Total
Nbr. de Réf. PH.C. 1167 1167 1182 1177 1154 1172 1082 1006 1205 1179 1174 1182 2068
Nbr. de Réf. FOUR.EXT. 768 674 757 669 662 756 609 382 667 655 797 305 2324
Libellé Janv. Févr. Mars Avr Mai Juin Juill. Août Sept Oct. Nov. Déc. Total
Nbr. de Com. PH.C. 675 651 672 645 605 701 615 550 711 699 707 686 7917
Nbr. de Com. FOUR.EXT. 585 502 565 506 497 591 488 308 512 494 594 270 5912
Libellé Janv. Févr. Mars Avr Mai Juin Juill. Août Sept Oct. Nov. Déc. Total
Nbr. de lignes PH.C. 2773 2727 2780 2828 2535 2896 2386 2083 2855 2844 2815 2723 32245
Nbr. de lignes 1215 1108 1158 1029 996 1257 938 562 1081 1030 1291 596 12261
FOUR.EXT.
Parmi 200 fournisseurs il y en a 27 (13,5% des fournisseurs) qui livrent en moins de deux
jours, 116 (58%) fournisseurs qui livrent dans une période de moins de 7 jours, 42 (21% des
fournisseurs) dans une période de moins de 15 jours, et seulement 15 fournisseurs livrent dans
un laps de temps supérieur à 15 jours. La plupart des fournisseurs, 71 % (27+116=143
fournisseurs) du total, livre en moins de 7 jours. En analysant la moyenne des lignes de
commande, nous avons trouvé que cette moyenne était de 3 lignes par commande.
Ces analyses nous permettent de nous focaliser sur les fournisseurs avec lesquels la pharmacie
de l’hôpital réapprovisionne la plus grosse partie des produits pharmaceutiques comme par
exemple : la pharmacie centrale de Lyon et l’Alliance de santé. Nous avons analysé la
104
corrélation entre 10 indicateurs choisis pour évaluer la situation des fournisseurs de
l’hôpital en appliquant la corrélation de Pearson et en utilisant le logiciel (SPSS V.11 :
Statistical Package for the Social Science) :
(1) nombre de références fournies par un fournisseur (Nbr. Réf. / F),
(2) fréquence de commande annuelle pour un fournisseur (Féq. Com.),
(3) nombre de lignes de commande annuelle pour un fournisseur (Nbr. de L),
(4) nombre moyen de lignes par commande (M. L. /Com.),
(5) quantité commandée pour un fournisseur par an (QT/AN),
(6) dépense annuelle pour un fournisseur par an (Dép. /AN),
(7) délai de livraison moyen pour un fournisseur (MDL),
(8) écart type du délai de livraison pour un fournisseur (Etp DL),
(9) délai de commande moyen pour la pharmacie (M.D.Com.),
(10) écart type du délai de commande pour la pharmacie (Etp D.Com.).
Corrélations de PEARSON
Nbr.
Féq. Nbr. M. L. Etp Etp
Réf. / QT/AN Dép./AN MDL M.D.Com.
Com. de L /Com. DL D.Com.
F
Nbr. Réf. / - -
1,000 0,956 0,952 0,363 0,481 0,333 0,039 0,084
F 0,039 0,013
- -
Féq. Com. 0,956 1,000 1,000 0,286 0,508 0,328 0,067 0,082
0,039 0,047
- -
Nbr. de L 0,952 1,000 1,000 0,275 0,502 0,325 0,053 0,074
0,041 0,054
Pearson Corrélation
M.
0,363 0,286 0,275 1,000 0,210 0,198 0,453 0,239 0,255 0,313
L./Com.
QT/AN 0,481 0,508 0,502 0,210 1,000 0,148 0,026 0,105 -0,045 -0,003
- -
Dép./AN 0,333 0,328 0,325 0,198 0,148 1,000 0,041 0,057
0,029 0,002
- - -
MDL 0,453 0,026 -0,029 1,000 0,278 0,376 0,288
0,039 0,039 0,041
- - -
Etp DL 0,239 0,105 -0,002 0,278 1,000 0,093 0,230
0,013 0,047 0,054
M.D.Com. 0,039 0,067 0,053
0,255 -0,045 0,041 0,376 0,093 1,000 0,345
Etp
0,084 0,082 0,074 0,313 -0,003 0,057 0,288 0,230 0,345 1,000
D.Com.
* Correlation is significant at the 0.05 level (2-tailed), ** Correlation is significant at the 0.01 level (2-tailed).
Tableau 4.9 : le degré de relation entre les indicateurs d’évaluation des fournisseurs
Nous avons constaté qu’il y avait une forte relation entre le nombre de références
réapprovisionnées par fournisseur, la fréquence de commandes (0.95) et le nombre de lignes
de commande (0.95). L’analyse indique que les relations entre le nombre de références
réapprovisionnées par fournisseur et le reste des indicateurs sont moyennes et faibles (moins
de 0.7). Il faut mentionner aussi que ces relations sont faibles et négatives pour la moyenne et
l’écart type du délai de livraison. Mais ce qui attire notre attention, c’est la faible relation
entre les quantités réapprovisionnées par fournisseur et les dépenses engagées pour ce
fournisseur (0.148). Nous pensons que ceci peut s’expliquer par la grande diversité des
fournisseurs et la mise en concurrence qui permettent à la pharmacie de choisir le fournisseur
105
octroyant le meilleur prix pour une même référence. Certains produits achetés chez un
fournisseur sont chers, d’autres sont à prix réduit, d’autres encore sont gratuits.
Cette analyse nous permet de classer les fournisseurs en prenant en compte un nombre
d’indicateurs réduits (le nombre de références réapprovisionnées par fournisseur, les
fréquences de commandes et le nombre de lignes) pour déterminer une politique
d’approvisionnement stratégique basée sur la concentration des achats chez certains
fournisseurs afin de profiter d’économies d’échelles. Elle nous informe aussi que la
concentration peut permettre de diminuer le délai de livraison moyen et également la durée
entre les livraisons.
6. Synthèse du chapitre
Nous avons présenté dans ce chapitre les différentes analyses effectuées sur les données des
flux de la pharmacie de l’hôpital de la Croix-Rousse afin de dimensionner les locaux et de
définir ultérieurement des pistes d’amélioration pour la gestion et l’organisation des flux de la
pharmacie d’établissement. Nous nous sommes intéressés à rechercher les points faibles dans
la chaîne logistique afin d’optimiser les processus du circuit des produits pharmaceutiques.
Une telle démarche sert à la fois à optimiser des objectifs d’amélioration de la qualité des
soins et des préoccupations de rationalisation logistique et économique. Dans ce cadre, le
dimensionnement des flux avant le début des travaux sur le nouveau site de la pharmacie a
pour but d’éviter les écueils qui auraient conduit à un mauvais dimensionnement des locaux et
des équipements.
L’application de la méthode ABC aux flux des produits pharmaceutiques nous permet de
passer d’une politique d’estimation globale et approximative des besoins des différentes
familles des références (politique qui induit souvent un surstockage à la pharmacie de
l’établissement et dans les unités de soins) à une politique de gestion permanente des
références pour les fortes consommations (classe A) tout en gardant à un niveau raisonnable
les autres références (classe B et C) dans le cadre par exemple de politiques de gestion à revue
périodique. On peut constater que la classification ABC présente un intérêt réel en termes de
choix de la méthode de gestion, ceci en offrant une vision objective. Nous avons ensuite
étudié un certains nombre d’indicateurs d’espace de stockage (fréquence, volume, poids) en
utilisant les données d’un échantillon de produits pharmaceutiques consommées dans le
service de réanimation médicale. Cette analyse nous a permis de déterminer l’espace
nécessaire pour la future pharmacie. L’analyse des fournisseurs extérieurs nous a permis de
connaître le degré de dépendance entre les différents indicateurs choisis pour une relation
ultérieure des meilleurs d’entre eux. En se basant sur nos analyses, des solutions pour la
réorganisation du stock de la pharmacie et la gestion des réapprovisionnements, peuvent être
proposées et seront développées dans les chapitres V et VI.
Nous pouvons synthétiser notre démarche de dimensionnement à l’aide des étapes suivantes :
1. l’étude sur le terrain (observation, mesures, calcules, etc.) ;
2. l’analyse ABC sur trois niveaux :
a. niveau global : vise à dimensionner le volume global des flux des produits
pharmaceutiques sur l’hôpital en situation courante selon les critères des
quantités consommées, des dépenses engendrées, du nombre de références
commandées, de la fréquence de commandes et du nombre de lignes par
commande.
106
b. niveau intermédiaire : vise à dimensionner le volume des flux des services de
soins les plus gros consommateurs de produits pharmaceutiques, ceci nous
permet de focaliser notre gestion des approvisionnements et des stocks vers un
nombre limité de centres de consommation.
c. niveau détaillée : vise à dimensionner le volume des flux de produits
pharmaceutiques d’un service représentatif de la consommation. Ceci nous
permet de déterminer les locaux nécessaires pour le stockage et de préciser le
taux de rotation des produits (fréquences de commandes, quantités
consommées et dépenses engendrées). Cette étude est réalisée à l’aide d’un
échantillon d’une centaine de références représentatives de l’ensemble des
références consommées qui nous permet de détailler certains paramètres
comme l’espace à réserver, la traçabilité à mettre en œuvre, le conditionnement
à prendre en compte (boite, carton, sachet, etc.) par le service puis l’hôpital.
3. l’étude des comportements des fournisseurs extérieurs (nombre de références, délai de
livraison moyen, quantités, dépense engagée) nous permet d’une part de nous focaliser
sur les fournisseurs des produits critiques à réapprovisionner et d’autre part de
sélectionner des indicateurs afin de choisir les fournisseurs les plus performants.
107
Chapitre V
La modélisation des processus de la pharmacie de
l’hôpital
Résumé
Nous avons présenté dans le chapitre précédent une étude sur la cartographie, l’identification
et le dimensionnement des flux des activités logistiques de l’hôpital. L’analyse des données
des flux logistiques de la pharmacie et de ses fournisseurs exposée nous permet de déboucher
sur le deuxième volet de cette thèse, celui de l’analyse concernant la modélisation des
processus de la chaîne logistique de la pharmacie. Nous présentons dans ce chapitre notre
étude sur la modélisation de la chaîne logistique pharmaceutique de la pharmacie de
l’établissement en utilisant le modèle SCOR (au niveau stratégique et tactique) et l’outil de
modélisation de processus et de simulation ARIS Toolset (au niveau opérationnel) pour la
simulation d’une partie des processus de la chaîne logistique pharmaceutique.
1. Introduction
Sur la base de l'analyse des données présentée dans le chapitre précédent concernant
l’identification et le dimensionnement des flux de l’hôpital, la modélisation des processus
logistiques apparaît essentielle pour la recherche d'une meilleure organisation et gestion du
fonctionnement de la pharmacie de l’établissement. La modélisation nous permet d’entamer la
démarche d'optimisation des processus de la chaîne logistique en se basant sur l’analyse du
dimensionnement de la chaîne d'approvisionnement et des processus, ainsi que des
installations et des équipements. L’objectif est de proposer des solutions permettant
d'optimiser les activités selon les meilleures pratiques expérimentées dans le secteur de la
santé et adaptées aux besoins de l’établissement. La modélisation nous permet, d’une part,
d’analyser et de réorganiser pour améliorer la performance et d’autre part de simuler les
processus d’un système pour comparer divers scénarios d’organisation et de fonctionnement
établis. Les éléments à considérer dans la modélisation de la chaîne logistique pharmaceutique
sont : les fabricants/fournisseurs, les produits, les moyens de transports, les itinéraires, la
pharmacie d’établissement, les services de soins et les activités associées. Selon FRIDMAN
[FRIDMAN, 1997] la modélisation identifie les zones d’inefficience et vise à maximiser la
performance de l’ensemble du système logistique.
108
revue de la littérature des modèles et des méthodes de modélisation et choix d’un
modèle approprié,
modélisation des flux physiques des produits pharmaceutiques,
application du modèle SCOR à la chaîne logistique pharmaceutique et analyse critique
de la situation actuelle,
détermination des indicateurs de performance,
identification des meilleures pratiques dans le milieu hospitalier.
Par la suite, nous présentons le concept ARIS en décrivant différentes vues et plusieurs
niveaux descriptifs. L’outil ARIS nous aide à modéliser en détail le niveau 4 du modèle
SCOR. Nous exposons ensuite notre démarche de simulation associée à ce niveau. Nous
détaillons la simulation des processus de préparation des commandes à l’aide de l’outil ARIS
simulation. Pour finir, nous analysons les résultats de cette simulation par l’évaluation et la
comparaison de l’ancienne et de la nouvelle organisation de la pharmacie pour ces processus.
L’objectif de ce chapitre est d’une part de structurer un référentiel type des processus
logistiques de l’hôpital ainsi qu’une démarche de modélisation et de simulation de processus
logistique et d’autre part de mettre en évidence les meilleures pratiques afin d’améliorer la
performance de la chaîne logistique.
2. Identification du propos
1. Conception et configuration
de la chaîne logistique :
Cartographier
Identifier
Dimensionner
Proposer le nouveau
plan de reconfiguration
2. Organisation de la chaîne
logistique :
Réception
Stock pharmacie
Livraison
Niveau
Stratégique
3. Modélisation de la
chaîne logistique :
Identifier les liens
entre les activités
existants
Niveau tactique
SI.H.
4. planification des
activités :
Approvisionnement
Livraison
Niveau opérationnel
109
Suivant notre approche, les problématiques relatives à la gestion de chaînes logistiques
couvrent les différents horizons de la prise de décision : stratégique (long terme), tactique
(moyen terme) et opérationnel (court terme) [VILLEMINOT, 2003]. Nous allons ci-après
détailler ces trois niveaux d’intervention sur la chaîne logistique.
[ROY, 2000] a montré que le processus de développement d’un partenariat repose sur un
ensemble de raisons externes et internes propres à chaque entreprise ainsi que sur des facteurs
facilitateurs qui doivent guider le choix d’un partenaire. Par conséquent, d’une part
l'amélioration de l'efficience passe désormais par la capacité des partenaires à réduire leurs
coûts afférents aux activités logistiques tout en augmentant la satisfaction de la clientèle, et
d’autre part la multiplication des partenaires et des réseaux physiques risque d’accroître le
non-respect des objectifs de performance. C’est pourquoi le choix de partenaires doit être
mûrement réfléchi. Dans le secteur hospitalier, il y a eu peu de recherches élaborées
concernant ces problématiques ; la plupart des études concerne la chaîne logistique
manufacturière. Nous pensons qu’une grande partie des méthodes et des modèles du
manufacturier pourrait être appliquées à la chaîne logistique pharmaceutique. Cependant les
critères et les contraintes spécifiques liées à la chaîne logistique pharmaceutique aval
imposent des réflexions et des développements de méthodes adéquates. Enfin, il convient de
mentionner que les responsables logistiques doivent être largement associés aux décisions
concernant les nouveaux investissements, les restructurations et les choix de nouveaux
partenaires.
Le niveau tactique concerne le moyen terme et donne à l’entreprise les moyens d’appliquer et
de mettre en œuvre les décisions prises au niveau stratégique. Concernant la chaîne logistique,
ce niveau consiste plutôt à l’utilisation de méthodes d’aide à la décision [LAMBERT, 2003].
L’aide à la décision peut être envisagée à deux niveaux : au niveau de la construction d’une
solution (un plan par exemple) ou au niveau de l’évaluation d’une décision (une politique de
gestion par exemple). Concernant l’hôpital, l'activité de planification de production des soins
consiste à déterminer pour l’hôpital un "futur souhaitable" et les moyens nécessaires pour
parvenir à la réalisation de ce futur.
Au niveau opérationnel, l’approche semble différente. En effet les besoins ne sont pas
identiques, le comportement doit être décrit assez finement pour être analysé et permettre une
110
mise en place d’une démarche de maîtrise des flux. Une fois le système modélisé, il est alors
fréquent qu’une phase de simulation soit rapidement envisagée.
Avant de présenter notre étude sur la chaîne logistique pharmaceutique avale, nous donnons
quelques éclairages sur la conception de la chaîne logistique amont.
Les travaux sur la chaîne logistique interviennent en amont pour l’amélioration de la fonction
achats, l’optimisation des approvisionnements. Ils génèrent généralement des besoins pour un
transport accru et une mise en œuvre de moyens logistiques complexes (plates-formes de
gestion des flux synchrones) afin d’accélérer les flux entre les équipementiers et les
constructeurs. Ils impliquent aussi la refonte des systèmes d'information et des
investissements technologiques pour répondre aux attentes en matière de visibilité en temps
réel des flux.
L’évolution majeure de la logistique amont conduit à une transformation profonde des règles
qui régissent les échanges, dominées jusqu'à présent par les donneurs d'ordre. Peu
d’entreprises sont en effet capables de traiter voire même de piloter en interne cette logistique.
La logistique amont se focalise sur un nombre limité de prestataires qui seront en mesure
d'offrir une maîtrise de la totalité des flux (offre "door to door") et une forte expertise
permettant de concevoir et piloter les différents types de flux. La reconfiguration de la chaîne
logistique amont se traduira donc par un rééquilibrage du pouvoir entre les entreprises et
prestataires logistiques.
La modélisation d’une chaîne logistique nécessite d’avoir une vision globale des
performances des différentes composants de la chaîne, considérées indépendamment les uns
des autres. En effet, il s’agit de définir de nouveaux modèles, des outils de modélisation et
d’analyse et des systèmes d’indicateurs de performance qui permettent d’évaluer et de piloter
111
la performance de la globalité de la chaîne logistique, de la commande du produit à sa
consommation.
Dans ce travail nous concentrons sur la modélisation de la chaîne logistique pharmaceutique
avale en utilisant le modèle SCOR et ARIS simulation.
L’étude entreprise à l’hôpital a pour objectifs : de réaliser une cartographie des différents flux
pharmaceutiques inter et intra établissements, puis de détecter les dysfonctionnements du
réseau d’approvisionnement/distribution des produits pharmaceutiques, et, enfin de contribuer
à des améliorations ou à des modifications de ces réseaux. Pour atteindre ces objectifs, il est
nécessaire d’une part, de préciser les activités puis les sous activités qui à leur tour se
décomposeront en fonctions traduites en tâches opérationnelles. En outre, il convient
d’identifier les indicateurs de performance. Pour préciser les activités GUNASEKARAN
[GUNASEKARAN, 1999] suggère de visiter les différents services impliqués et
d’interviewer les personnels dans le but de schématiser les processus logistiques. GRUA et al,
[GRUA, 1999] recommandent de délimiter le domaine et d’identifier les processus. Ils
constatent que les observations sur le terrain permettent de documenter les processus et de les
schématiser à l’aide de diagrammes de flux (flow charts). Dans ce cadre, nous nous sommes
concentrés sur les problèmes liés à la modélisation des processus de la chaîne logistique et les
impacts de la mise en place de la nouvelle organisation via l’évaluation de performance.
112
Afin de mieux expliquer la problématique de notre étude, nous présentons un schéma de flux
global de la chaîne d’approvisionnement de l’hôpital. L’activité de la chaîne logistique aval
est déclenchée par la prescription des médicaments des médecins et se termine par
l’administration de ces médicaments aux patients. Les services de soins identifient leurs
besoins au fur et à mesure et ils envoient leurs demandes à la pharmacie de l’hôpital.
Actuellement, à l’hôpital de la Croix-Rousse, les flux d’information des services de soins vers
la pharmacie d’établissement ne sont pas encore totalement informatisés. En effet, pour
seulement la moitié des services, les commandes concernant les dispositifs médicaux stériles
(DMS) et les objets de pansement (PANS) sont informatisées. Les commandes concernant les
médicaments sont encore sur support papier et souvent elles doivent être saisies à la
pharmacie. Un projet de mise en place d’un système d’information est en cours.
Actuellement, les services de soins sont réapprovisionnés deux fois par semaine à date fixe.
Dans le cas d’urgences, les personnels des services doivent se rendre à la pharmacie
d’établissement pour chercher les produits commandés.
Vu la complexité et la diversité des critères entres les différents maillons de cette chaîne, nous
nous focalisons sur la partie aval de cette chaîne, c'est-à-dire, les fournisseurs, les détaillants,
la pharmacie centrale, la pharmacie d’établissement et les services de soins. La figure (5.2)
schématise les différents flux physiques et d’information à l’intérieur de l’hôpital.
Réapprovisionnement auprès de
la pharmacie centrale
Déclenchement des commandes (manque de Détermination de la
produits dans la pharmacie ou niveau de quantité de commande
commande atteint) Choix de fournisseurs Réapprovisionnement auprès des
fournisseurs
Retours des produits de la Retours des produits des Retours des Vérifications
pharmacie vers les armoires vers pharmacie médicaments des périodiques des
fournisseurs (litige, Litige, péremption, armoires des armoires de
surstockage) surstockage chambres vers service
armoire UF
Flux physiques
Flux d’information
Services
113
d’information. Les flux financiers passent par la pharmacie centrale (pour les produits qu’elle
stocke) et par le service financier de l’hôpital pour les autres fournisseurs. L’ensemble des
marchés avec les fournisseurs est établi par la pharmacie centrale.
La chaîne logistique d’un établissement comprend souvent plusieurs petites chaînes (amont,
aval) concernant des produits (ou familles de produits) différents [BEAMON, 1998]. Les
objectifs principaux de la modélisation de la chaîne logistique sont d’une part d’identifier les
processus ainsi que les activités existantes et d’autre part d’identifier les dysfonctionnements
(s’ils en existent), de réorganiser (si c’est nécessaire) et d’apporter des améliorations dans le
fonctionnement des différents maillons de la chaîne logistique [SHAPIRO 2001 ; MIN, 2002 ;
KHOO 2003]. Ceci nécessite d’identifier tout d’abord les différents acteurs et intervenants,
les moyens associés à chaque maillon, les actions, la logique et la chronologie selon laquelle
ces actions se réalisent.
Au fils des années plusieurs modèles et méthodes de modélisation de la chaîne logistique ont
été proposés. Parmi ceux-ci on peut citer le modèle proposé par [KEARNEY 1994] ainsi que
NEW et al, [New, 1995]. Ces dernières proposent de représenter les activités de la chaîne qui
commence par l’extraction de la matière première en passant par les entreprises de
production, les grossistes, les détaillants jusqu’au client final. Pour leur part, RABIN et al,
[RABIN, 1999] proposent un modèle étendu (depuis les fournisseurs des fournisseurs
jusqu’aux clients des clients) de la chaîne logistique de l’entreprise. L’ASLOG [2000]
propose un modèle qui combine les visions de KEARNEY et de RABIN. COOPER
[COOPER, 1997] propose un modèle mettant en interaction trois facettes d’une chaîne
logistique : les processus, les composants de gestion et la structure de la chaîne logistique.
LAMBERT et al, [LAMBERT, 1997 et 2000] proposent une méthode de modélisation de la
chaîne logistique en la décomposant en six processus (purchasing, logistique, marketing,
production, R&D et finance). Enfin, le Supply-Chain Council (SCC) en 1996 a présenté son
modèle des processus de la chaîne logistique, modèle en perpétuel développement. La figure
(5.3) présente la version 6 de ce modèle :
114
semble l’outil le plus approprié à notre étude. Ce modèle nous sert à modéliser les systèmes
hospitaliers et nous aide à :
Comprendre et analyser la structure et le fonctionnement d’un système hospitalier ;
Prévoir le comportement et les performances des processus opérationnels avant leur
implantation ;
Sélectionner la (ou les) meilleure(s) alternative(s) d’implantation ;
Construire une vision commune du fonctionnement de l’hôpital et la communiquer au
plus grand nombre de personnels.
Selon le modèle SCOR, la chaîne logistique est subdivisée en plusieurs processus suivant 4
niveaux à savoir :
Le niveau 1 (Type de Processus) : il définit le domaine et le contenu du modèle SCOR autour
de cinq processus (Planifier, approvisionner, produire, livrer, retourner, respectivement : Plan,
Source, Make, Deliver, Return). Il donne une vision globale du système et de ses objectifs.
Le niveau 2 (Catégorie de Processus) : il détermine la configuration de la chaîne logistique de
l’entreprise et peut comporter jusqu’à 25 catégories de processus (5 catégories pour le plan, 3
catégories pour l’approvisionnement, 3 catégories pour la production, 3 catégories pour la
livraison, 6 catégories pour le retour et 5 catégories d’aptitude). La configuration de la chaîne
logistique à ce niveau est le reflet de l’ensemble des opérations stratégiques de l’entreprise.
Le niveau 3 (Processus Décomposés) : il définit la capacité et l’habileté de l’entreprise à
concurrencer avec succès sur son marché. A ce niveau, les grands processus (Planifier,
approvisionner, produire, livrer, retourner) sont décomposés en différents sous processus ainsi
que les informations entrantes et sortantes, nécessaires pour la réalisation de chaque sous
processus. A chacun d’eux sont associés des indicateurs de performance et des meilleures
pratiques.
Le niveau 4 (Décomposition Eléments de Processus) : l’entreprise met en place les pratiques
spécifiques pour la gestion de la chaîne logistique. A ce niveau, on définit les actions et les
pratiques à mettre en œuvre pour obtenir des avantages compétitifs et mieux s’adapter aux
conditions du marché.
115
5.1. Application de modèle SCOR à la chaîne logistique pharmaceutique
Suivent ce modèle, nous trouvons pour le premier niveau, 5 types de processus. Nous
adaptons ici ces 5 types de processus aux activités de la chaîne logistique pharmaceutique. La
figure (5.4) schématise les liens et les activités de la chaîne logistique pharmaceutique aval.
1- La planification des activités stratégiques et tactiques de la pharmacie d’établissement
(Plan). Cette planification doit prendre en compte l’augmentation ou la diminution de
la demande et doit définir les objectifs à atteindre. Le processus « planifier » doit
également envisager les plans d’action à cet égard au niveau de l’investissement pour
les nouveaux équipements et l’extension ou le recentrage des activités de
réapprovisionnement, de production et de livraison.
2- Le réapprovisionnement des produits pharmaceutiques de la pharmacie
d’établissement auprès des fournisseurs ou de la pharmacie centrale (plateforme) des
HCL (Source). Ce processus contient les sous processus concernant la commande, la
réception, le contrôle et la manutention des produits pharmaceutiques.
3- La fabrication de certains médicaments (production du bien), la préparation des
commandes (production de service), le prélèvement et le reconditionnement (Picking
et packing) des commandes des services (Make).
4- L’organisation et la gestion des livraisons des produits pharmaceutiques aux services
de soins (Deliver).
5- La gestion des retours des produits, non conformes, non consommés ou périmés des
services de soins vers la pharmacie d’établissement ou de la pharmacie vers les
fournisseurs (Return).
116
Dans la pratique, la plupart des entreprises choisissent quatre à six indicateurs parmi les 13
indicateurs de performances.
Généralement les indicateurs sélectionnés peuvent être classés en cinq catégories définissant
la fiabilité de la chaîne logistique : performance des livraisons, réactivité de la chaîne
logistique (délai de réalisation d’un ordre de commande), flexibilité de la chaîne logistique
(temps de réponse de la chaîne logistique, flexibilité de production), coûts de la chaîne
logistique (coût total de la gestion de la chaîne logistique, coût des marchandises vendues,
productivité selon la valeur ajoutée, coût de garantie ou coût de traitement du retour) et
efficacité dans la gestion des capitaux (durée de cycle financier, nombre de jours de stock
disponible et rotation des actifs) [SCC, 2003, HUANG,2005]. Les trois premières catégories
d’indicateurs mesurent principalement la qualité et l’efficacité du service rendu au client
(vision client) et les deux dernières catégories mesure l’efficacité financière de l’entreprise
(vision interne). Dans le choix des indicateurs cibles, il est indispensable de sélectionner un
ensemble homogène d’indicateurs issus des cinq catégories, car ces indicateurs sont liés entre
eux et l’amélioration de la performance d’un indicateur influence les performances des autres.
Dans la plupart des industries manufacturières, les indicateurs financiers (coûts et capitaux,
vision interne) sont particulièrement favorisés, mais la vision des clients est également prise
en compte. Concernant la chaîne logistique pharmaceutique aval, les deux dernières
catégories d’indicateurs ne sont pas actuellement les cibles de la gestion de cette chaîne
logistique. De plus, dans l’environnement des établissements de santé public, les critères
financiers sont moins importants (malgré les efforts importants des dirigeants) que les critères
de sécurité, réactivité et fiabilité (vision patient et cœur du métier médical). Il faut préciser
que la détermination des critères et des indicateurs financiers dans le milieu hospitalier actuel
est très difficile. Parmi, ces indicateurs, cinq indicateurs (en gras) ont été sélectionnés. Le
tableau (5.1) représente les indicateurs de performances choisis (en gras) et la catégorie
d’attachement de chaque indicateur de la chaîne logistique pharmaceutique aval.
Vision services de soins (Client) Vision pharmacie d’établissement
(Interne)
Attribut de performance Fiabilité Réactivité Flexibilité Coût Capitaux (immobilisés)
Performance de la livraison
Taux de remplissage
Réalisation d'un ordre de production
Le délai de réalisation d’un ordre (jour)
Temps de réponse de la chaîne logistique
(jour)
Flexibilité de la production
Coût total de gestion de la chaîne
d'approvisionnements
Coût des marchandises (articles) vendues
Productivité sur la valeur ajoutée
Coût de l’assurance ou coût du traitement des
retours
Durée du cycle d'argent mobilisé
Nombre de jours de stock disponibles
d'approvisionnement
Rotation des capitaux
117
indicateurs de performance relatifs à ces points ainsi que les objectifs à atteindre, et enfin
d’identifier les actions et les pratiques (meilleurs pratiques) à mettre en place pour atteindre
les objectifs prévus.
5.3. Modélisation de processus
Le premier niveau de SCOR, dit «Type de Processus » débute par une analyse du niveau de la
performance actuelle et requise (objectif à atteindre).
Le deuxième niveau de SCOR, dit «Catégorie de Processus», doit permettre de configurer les
flux physiques en conformité avec la stratégie de la chaîne logistique. Le but du deuxième
niveau est de simplifier la chaîne d'approvisionnements et d'augmenter sa flexibilité globale.
A ce niveau, les contraintes des demandes, les contraintes de produits et les contraintes de
l’entreprise sont considérées afin de configurer les processus inter et intra entreprise. 22
catégories de processus peuvent être utilisées à cet égard. Dans le contexte de la chaîne
logistique pharmaceutique avale, dans un premier temps 20 catégories ont été utilisées. La
figure (5.5) représente ces catégories de processus. Les trois principaux modes opératoires de
la Chaîne Logistique Pharmaceutique Aval (CLPA) sont :
MTS, Make To Stock (gestion sur stock) : Ce mode est utilisé pour les préparations de
commande des produits pharmaceutiques qui occupent une bonne partie des activités de la
pharmacie. Nous entendons par la préparation des commandes, les prélèvements des
médicaments, les contrôles, les regroupements, l’emballage des commandes et le
marquage (Picking, Checking, Packing et Labeling). Ceci concerne 90% de l’activité de la
pharmacie soit près de 5500 références consommées.
MTO, Make To Order (gestion à la commande) : Ce mode est principalement utilisé
pour les préparations magistrales. La pharmacie reçoit une commande d’un produit
spécifique à un dosage précis (pour un patient) et elle fabrique le médicament commandé.
Ce produit ne pourra généralement pas être utilisé pour d’autres personnes et s’il n’est pas
consommé, il n’est souvent pas récupérable. Ceci représente 10% des activités de la
pharmacie et près de 150 références consommées et plus de 10000 dosages différentes.
ETO, Engineer To Order (conception et fabrication à la commande) : la pharmacie
d’hôpital achète des produits existant sur le marché. Cependant, si un médicament n’existe
pas sur le marché sous une forme commerciale ou bien qu’il ne peut pas être fabriqué par
les laboratoires externes, la pharmacie d’établissement doit fabriquer ce médicament en
interne. Quelques fois, pour le médicament commandé, aucune procédure de préparation
magistrale n’a été encore décrite. De plus, les réactions de ce médicament avec les autres
traitements en cours doivent être étudiées avant la préparation. Ceci donne lieu à une
conception et une fabrication à la commande d’un nouveau produit pharmaceutique.
Dans ce cas, dans un premier temps il faut identifier puis sélectionner les fournisseurs
capables de fournir les matières premières et par la suite passer une commande chez les
fournisseurs retenus. Ce processus n’est valable que pour la famille des médicaments car
la pharmacie d’établissement ne fabrique pas et ne modifie pas les DMS ou les PANS.
118
Planifier
(P1) : Planification stratégique et globale de la pharmacie (annuelle) sur la politique des commandes,
planification du budget, affectation du budget aux familles de produits,…
119
Dans le troisième niveau de SCOR (Processus Décomposés), les 20 catégories de processus de
la chaîne logistique pharmaceutique ont été décomposées en sous-processus. Nous présentons
dans la figure (5.6) un exemple de modélisation du troisième niveau de processus concernant
l’approvisionnement des produits gérés sur stock :
Par la suite, nous avons identifié les informations entrantes et sortantes de chaque sous
processus. Nous détaillons dans la figure (5.7) Approvisionnement de produits gérés sur stock
: déclenchement des commandes si manque des produits dans la pharmacie, seuil de
commande (S1) du troisième niveau de processus :
120
Figure 5.7 : Approvisionnement de produits gérés sur stock (S1)
Un exemple sur les autres sous processus concernant le troisième niveau de processus comme
P2 (plan d’approvisionnement), M1 (production sur stock), D1 (livraison de produits gérés sur
stock) et DR1 (retour de produits défectueux) sont présentés dans l’annexe 7).
Pour ces sous processus, les pratiques actuelles ont été analysées. Ceci nous a permis via une
modélisation détaillée de détecter les dysfonctionnements du système actuel et d’identifier les
meilleures pratiques qui pourront permettre d’atteindre les objectifs et les performances
requises. Le tableau (5.2) résume l’ensemble des pratiques actuelles et les meilleures pratiques
identifiées.
121
Pratiques actuelles Meilleures pratiques (futur)
● Demandes orales traduites en demandes écrites ● Réunions planifiées (pharmaciens et chefs des
Planification
● Réunions ponctuelles avec les chefs de service fonction des besoins) et les chefs de pôles d’activité
(s’il y a des changements techniques et pratiques) médicale (écrits)
● Réunions planifiées avec les fournisseurs ● Plans d’approvisionnement formulés
mercredi matin et en plus dialogues par téléphone ou ● Etudier les données historiques pour établir la
fax prévision et rétablir le seuil de demandes de chaque
produit dans les services
● Installation d’un système d’information (EDI ou
ERP) entre la pharmacie et les fournisseurs
● Plan d’approvisionnement des matières premières ● Informatisation du circuit de prescription
Fabrication
122
P1..1
P1..2
P1 P1..3
P1.4
P4.1 P5.1
P3.1 P4.2 P5.2
P2.1 P4.3 P4 P5
P3.2 P5.3
P2 P3 P4.4
P2.2 P3.3 P5.4
P2.3 P3.4
P2.4 D1.1
D1.2
D1.3 D1
D1.4 Chambre
D2.1
M1.1 D2.2
M1.2 M1 D1
D2.3 Patient
M1.3 M2.1 D2.4
Pharmacie M1.4 M2.2
M1.5 M2
centrale de M1.6
M2.3 Patient
M2.4 M3.1 D1
LYON M2.5 M3.2
M3 M2 6 M3.3
M3.4 D1
S1.1 M3.5 Chambre
S1.2 D3.1
M3.6
S1.3 D3.2
M3.7 D1
S1.4 D3.3 Patient
Fournisseurs S1.5 D3.4
M2
extérieurs D1 Patient
S1 M3
S2.1 D1
S2.2 S3.1
S2 S2.3 S3.2
S2.4 S3.3 D1
S2.4 S3.4
C h am bre
S3 S1.5 M3
S1.6 D1
S1.7 P a tie n t
Grossistes
DR1.1
DR1.2 DR1
SR1
…… DR2.1
DR1.13 DR2.2
DR2 …….
SR2
DR2.12
DR3.1
DR3.2
DR3
SR3 …….
DR3.11
Pharmacie Armoires
Fournisseurs de l’hôpital des services Patients
Nous allons considérer une partie de ce modèle (préparation des commandes) et l’exprimer
dans un langage plus formel afin de le simuler par le biais d’outil informatique. Les outils de
simulation permettent d’affiner la performance des processus, dès lors que l’on dispose des
données suffisantes pour coller au plus près de la réalité. Ceci a des limites : quand la
simulation repose sur trop d’hypothèses de travail, l’interprétation des données devient
hasardeuse. Un des buts de cette étude est d’améliorer les flux et de redimensionner les
processus de préparation ainsi que de comparer l’ancienne organisation à la nouvelle
organisation de la pharmacie de l’hôpital.
Aujourd’hui, les entreprises utilisent les méthodes de modélisation pour conduire des projets
complexes et pour atteindre des objectifs données. Les modèles constituent les entrants qui
123
permettent d'analyser les processus d'entreprise, d'adapter les projets à l'ensemble des
objectifs de l'entreprise [JUN, 1999] et [FITZPATRICK, 1993]. « C'est pourquoi la
modélisation de la réalité de l'entreprise et, plus particulièrement, l'analyse des processus
d'entreprise globaux se retrouvent de plus en plus au cœur des discussions » [ARIS, 2003].
Selon VERNADAT [VERNADAT, 1999] la modélisation cherche à comprendre le
fonctionnement de l’entreprise afin d’aider les décideurs à la prise de décision ou d’améliorer
son fonctionnement.
Selon PETRA [PETRA, 2001] les méthodes de modélisation ont des objectifs différents, elles
utilisent des formalismes différents, mais elles sont fondées sur des principes de base
identiques. Selon l’auteur, la plupart des méthodes d’analyse et de conception, telles que les
méthodes GRAI, MERISE, ARIS reposent sur la même démarche : modéliser l’existant pour
formuler le problème puis modéliser une cible pour élaborer un plan d’actions. L'une de ces
méthodes est l'outil ARIS développée par SCHEER (ARIS) [ARIS, 2001a et 2001b].
Aujourd’hui, une liste très complète d'outils peut être définie qui permet de modéliser de
multiples systèmes, quelle que soit leur complexité. Plusieurs outils sont disponibles sur le
marché des simulateurs tels que PROMODEL, AUTOMOD, WITNESS, AWESIM, ARENA,
QUEST et ARIS cités par [KOSANKE, 1996], [LUTHERER, 1996] et [MONTEIRO, 2001].
ALBERT et al, [ALBERT, 2005] dressent une liste 18 outils de simulation qui peuvent être
parfaitement utilisés dans un contexte hospitalier. Ils les comparent vis-à-vis de plusieurs
critères. Selon les auteurs, le choix d’un outil de simulation est très difficile et s’appuie sur un
certain nombre d’étapes cités par BANKS [BANKS, 1998] : définir le problème, comprendre
le système, déterminer les objectifs, apprendre les principes de la simulation, confirmer le fait
que la simulation est l’outil approprié, analyser l’offre actuelle en progiciel de simulation,
apprendre les fonctionnalités des outils, déterminer les données nécessaires, faire des
hypothèses et des suppositions sur le problème, déterminer les sorties nécessaires à la
résolution du problème, procéder à la simulation en interne ou en externe, et démarrer le
projet.
Les outils de simulation sont des programmes informatiques qui permettent de simuler un
système avec peu ou sans aucune programmation. Le choix des outils est multiple et doit être
fait suivant un compromis entre la souplesse, la facilité d’utilisation et la convivialité
proposée. Néanmoins, on doit reconnaître qu’il est impossible de modéliser parfaitement le
comportement d'un vrai système dû au grand nombre de variables impliquées. Ces outils
d'aide à la décision consistent à construire un modèle d'un système réel à l’aide d’un logiciel
et à conduire des expériences sur ce modèle afin de comprendre le comportement du système
de manière à l’améliorer.
124
Pour leur part, BESOMBES et al. [BESOMBES, 2004] mentionnent 11 méthodes d’analyse
ainsi que les formalismes associés. Parmi eux, les méthodes IDEF, l’outil ARIS Toolset et les
outils GRAI ont été utilisés comme support à la conduite de changement des établissements
de santé. Les auteurs, faisant partie du groupe HRP 1, ont montré l’apport de l’outil ARIS
Toolset en l’appliquant particulièrement dans le cas du regroupement de plateaux médico-
techniques. De plus, cet outil adopte une vision processus semblable à celle du modèle SCOR
que nous avons utilisée pour modéliser les processus de la chaîne logistique pharmaceutique.
La suite d’outils ARIS contient également un module de simulation récent, encore peu relaté
dans la littérature. Exploitant les processus modélisés à l’aide d’ARIS Toolset, ARIS
Simulation permet d’observer leur comportement dynamique et de tester des scénarios. Nous
avons été sensibles à la coordination entre modélisation et simulation proposée par la suite
d’outils ARIS, et notre choix tant pour la modélisation des processus que pour leur simulation
s’est porté sur cet atelier de génie logiciel.
Nous adoptons donc l’outil ARIS Toolset et ARIS Simulation dans le but d’identifier un
ensemble d’améliorations potentielles du système dans l’étude pratique de la chaîne logistique
pharmaceutique aval. Ceci nous permet d’une part de détailler les processus de niveau 4 du
modèle SCOR en les décomposant en activités et en tâches, et d’autre part d’étudier via l’outil
ARIS Simulation le comportement du système face aux choix d’organisation.
ARIS (Architecture Reference Integrated System) peut être à la fois vu comme une approche
orientée processus et comme un cadre de modélisation. Il repose sur un concept d'intégration
dicté par une vision globale des processus de l'entreprise.
ARIS Toolset est un outil de modélisation, qui modélise selon les besoins, la structure et
l'organisation d’un système. Il a ses langages de modélisation propres, il contient environ 80
types de diagramme. Chacun des types de diagramme a une liste d'objets autorisés, dont
beaucoup sont communs à plusieurs types de diagramme et permettent ainsi des liens. Les
types d'objet sont environ au nombre de 110 mais ils sont repartis dans des groupes possédant
des propriétés communes. Chaque type de diagramme définit aussi des associations permises
entre les types d'objet. Une association peut comporter des informations définissant sa
sémantique et ses attributs. N'importe quel objet a une liste fixée d’attributs (par exemple une
fonction a en moyenne 140 attributs), dont une partie est commune à tous les objets et l'autre
partie correspond à l’objet propre [WILLIAMS, 2005].
Les composants requis pour la description complète d'un processus d'entreprise par l’outil
ARIS sont : les opérations, les événements, les supports d’informations, les prestations, les
utilisateurs, les unités organisationnelles et les ressources des techniques de traitement de
l'information. Sachant que la prise en compte de toutes les occurrences admises sur tous les
événements des processus de chaque opération rend le modèle extrêmement complexe, il est
fortement conseiller d’entamer une démarche de modélisation progressive.
Cette méthode, permet de modéliser l'ensemble des éléments d'une entreprise tels :
les processus
l’organisation (processus),
1
HRP : Hôpitaux : Regroupement, Partage et Pilotage
125
les ressources humaines (acteurs),
les moyens techniques (équipements),
le système d'information.
126
Implémentation : Au niveau de l'implémentation, le concept informatique est converti en
composants informatiques concrets (exécutables, composant de bibliothèque,…). La relation à
l’outil de traitement de l'information est ainsi établie.
Ce modèle est utilisé surtout pour le ré-ingénierie des systèmes. Il se fonde sur une
modélisation des processus par un diagramme de chaînes de processus (appelées chaîne de
plus value) et des descriptions hiérarchiques complémentaires de processus (appelées chaînes
de processus événementiels) [ARIS 2001a]. Un moteur de simulation permet de simuler
partiellement les processus décrits, par l’affectation de temps d’exécution aux activités et
d’occurrence d’événements aux événements. La modélisation est réalisée à l’aide d’une boîte
à outils. Cet outil apporte un cadre méthodologique générique et relativement bien documenté
et qui présente un certain nombre d’avantages décrits dans les paragraphes suivants.
La chaîne de plus value (CPV) est composée d’un ensemble de processus (représentés par des
flèches) reliés entre eux par des relations de précédence ou de supériorité.
Ces chaînes de plus value peuvent être organisées sous forme arborescente, de manière à avoir
une vue globale de la décomposition des processus. La figure (5.10) présente la CPV de la
chaîne logistique pharmaceutique (suivant le modèle SCOR présenté précédemment) :
pharmacie de l'hôpital de
la Croix-Rousse
PUI
planification
Ceci nous donne une vision globale des processus de la chaîne logistique. De plus on peut
utiliser une matrice de choix de processus (MCP), qui définit un modèle original permettant
de représenter de manière synthétique l’ensemble des variantes d’un processus. Les colonnes
représentent les scénarios et les lignes correspondent aux étapes du processus.
127
activités. Ce diagramme sera présenté en détaille dans la partie simulation des processus de
production (préparation des commandes et fabrication de certaines références) ceci dans les
paragraphes suivants.
Un événement décrit la manifestation d’un état, c’est un objet d’information pertinent pour la
gestion de l’entreprise. Il est le déclencheur d’activités, et résulte d’autre part de fonctions
antérieures, il décrit alors un résultat ou des faits externes antérieurs.
Par ailleurs, on peut également relier d’autres éléments aux fonctions tels les supports de
données et les unités organisationnelles, offrant ainsi une vue multiple du processus. Une
fonction peut être déclenchée par un ou plusieurs événements et produire un ou plusieurs
événements. Dans ces chaînes, il est possible d'indiquer les événements en entrée et en sortie
pour chaque fonction.
128
Modéliser les processus : la modélisation des organigrammes et des informations
(données) nous guide dans l’élaboration du modèle du système opérant de la pharmacie
par les CPV.
Modéliser les sous processus par les CPE, et si nécessaire détailler chaque sous
processus d’autres CPE fils complémentaires.
Valider le modèle auprès des utilisateurs.
Attribuer les valeurs pour chaque événement et fonction de la CPE.
Conduire la simulation.
Analyser les résultats avec les utilisateurs.
La simulation, par le biais d’une démarche itération de type essai-erreur permet d’améliorer
un système existant [GALLAND, 2003], elle fournit une aide à la décision au pilote de
l’organisation de flux des produits pharmaceutique [CRETEUR, 2003]. En particulier, elle
permet de vérifier si un niveau de production est réalisable sur une période donnée, en prenant
en compte les contraintes identifiées. Elle permet également de calculer des taux
d’engagement des ressources pour un niveau de production donné et enfin pour chaque
commande traitée de calculer les différents temps de traitement, de transport et d’attente. Pour
cela, le simulateur doit reproduire de manière fiable et précise la séquence d’événements se
déroulant dans la pharmacie. Il doit être rapidement et facilement paramétrable à partir des
données existantes de la pharmacie. De plus, des interfaces graphiques doivent permettre de
comprendre le comportement du système, de suivre en particulier l’activité des ressources de
production, ainsi que l’évolution dans le temps des processus. Trois indicateurs sont essentiels
: les ressources au cours du temps [BAKKER 1988], l’horizon de la production simulé et
l’évolution des différents jeux au cours du temps [MORENO, 1999, 2001].
Dans notre cas, la réorganisation de la pharmacie de l’hôpital a des limites. Une telle
démarche est coûteuse et ce serait une erreur de s'y engager sans être certain de son apport
potentiel. C'est pourquoi il est important de ne pas raisonner à court terme mais à long terme
car cette démarche définit un lourd investissement par l’utilisation des outils de simulation
des processus.
La version utilisée pour modéliser et simuler les processus de la préparation des commandes
de la pharmacie de l’hôpital est la version 6.2 d’ARIS Toolset.
129
Nous avons suivi les procédures générales pour utiliser ARIS simulation cité par [IDS
SCHEER, 2002] , [LOWERY, 1992] et [KLEIJNEN, 1995], [JUN, 1999]:
Le premier pas consiste à définir les processus qui doivent être modélisés et ceux qui doivent
être étudiés par simulation. Nous avons choisi de simuler les processus de production
(préparation des commandes MTS et fabrication de certaines références par MTO), car ces
processus comportent les principales tâches de la pharmacie de l’hôpital (vision logistique)
ceci dans le but de comparer la nouvelle organisation à l’ancienne.
Ce point définit le deuxième pas qui collecte l’ensemble des informations qui sont
nécessaires à la création du modèle de simulation.
Dans notre cas, cette étape a été la plus difficile en raison de manque d’information et surtout
de la très mauvaise prévision des commandes des services de soins qu’il convient de préparer
afin de satisfaire. La cueillette des donnés est un travail long et difficile. Par rapport aux
entrées du modèle on a connu beaucoup de problèmes. En raison de la particularité de notre
système et de ses différentes commandes, ainsi que de la capacité limitée des préparateurs,
nous avons essayé d’approximer combien de commandes on peut traiter par jour, semaine,
mois et année. Pour cela nous avons exploité les données de notre échantillon, du 09/09/2002
au 30/03/2003 pour les commandes enregistrées par le service de réanimation médicale, à
savoir le nombre de commandes, le nombre de lignes de commande pour chaque famille des
produits pharmaceutiques (MED, DMS et PANS).
Dans un premier temps, nous avons considéré les données des commandes par mois à partir
de fichiers (Excel) contenant l’échantillon. Nous avons distingué les familles de produit par
commandes. Ensuite, nous avons sélectionné le nombre de commandes, le nombre de
références par commande, la famille de produits pour calculer le nombre moyen de
commandes, la moyenne des références par commande et le nombre maximum de références
par commande, comme le montre le tableau (5. 3).
Par la suite, nous avons calculé (estimé) les moyennes des commandes pour l’ensemble des
services de l’hôpital, en se basant sur les données de notre échantillon du service de
réanimation, par jour, par semaine, par mois et par an comme le montre le tableau (5.4) :
130
COM COM COM TOTAL
MED. 47% DMS 41% PANS 12% COM
Nbr. de COM par jour 7 6 2 14
Nbr. de COM par semaine 34 29 9 71
Nbr. de COM par mois 145 127 37 309
Nbr. de COM par an 1743 1521 445 3709
Tableau 5.4 : moyennes des commandes pour l’ensemble des services
Nous rappelons que toutes les commandes des MED sont sur papiers et 70% des commandes
des DMS et PANS sont informatisés.
Nous considérons que tous les opérateurs peuvent être affectés à chaque famille de produits
pharmaceutiques (MED, DMS et PANS), et qu’ils ont la capacité d’exécuter n’importe quelle
tâche (polyvalence).
Nous avons déterminé les temps pour chaque opération par chronométrage et en tenant
compte de l’expérience des opérateurs. Par rapport aux chariots à utiliser, les opérateurs nous
ont confirmés le nombre suffisant de chariots. Nous n’avons pas considéré les processus des
commandes d’urgence.
7.9.3. Créer le modèle de simulation : Nous avions déjà établi une représentation du
processus par le modèle SCOR et nous avons traduit ce modèle de processus dans le
formalisme appropriée de ARIS Toolset afin d’étudier le niveau 4 de SCOR. Les modèles de
processus sont complétés avec l'information nécessaire pour la simulation (par exemple les
temps).
Selon LOWERY [LOWERY, 1992] il convient de vérifier si le modèle arrive à produire les
quantités théoriques et réalise les mêmes nombre de cycles par an que la réalité. En faisant le
test sur notre modèle, nous avons constaté qu’il fonctionne sans aucun problème. Il montre
une très petite variation celle de l’estimation calculée. On peut alors modifier le modèle pour
introduire des changements et étudier des scénarios de fonctionnement pour l’avenir.
7.9.5. Conduire la simulation : Quand les divers modèles ont été définis, la simulation est
réalisée pour chaque modèle individuel et les résultats sont exploités [KLEIJNEN, 1995],
[JUN, 1999].
ARIS simulation fournit quatre modes d'animations différentes afin de visualiser les résultats.
Ces modes donnent une information préliminaire en cours de la simulation. L'animation
d'objets utilise des changements colorés dans le modèle pour fournir à l'utilisateur
131
l'information sur le statut des objets individuels pendant la simulation. De cette façon, par
exemple, on peut voir d'un coup d'oeil :
si les flux parcourent certains branchements rarement ou pas du tout,
si les fonctions sont activées et,
quand les ressources sont utilisées.
La valuation d'attributs décrit en détail le statut des objets dans le modèle. Les attributs placés
sur l'objet peuvent être utilisés pour déterminer, par exemple, combien de flux sont traités par
une fonction et combien de flux doivent attendre une fonction en raison d'un goulot
d'étranglement.
Deux des quatre modes d'animation permettent la visualisation des résultats de simulation
dans le modèle lui-même. Des statistiques cumulatives sont intégrées à chaque type d'objet,
c'est-à-dire qu’on dispose de statistiques pour chaque fonction, événement, ressource etc. Les
statistiques portent sur tous les attributs des types d'objet, sur tous les indicateurs (clignotants)
de performance impliqués dans la simulation. Un indicateur de performance pour des
fonctions peut être, par exemple, la somme des temps de traitement. Tous les flux qui exigent
que cette fonction soit activée ajoutent un temps de traitement complémentaire ou temps de
traitement total. Les statistiques cumulatives peuvent être visualisées graphiquement ou sous
forme tabulaire. Les deux modes de représentation sont mis à jour continuellement pendant la
simulation, afin que les indicateurs de performance soient disponibles à tout moment. La
quatrième option d'animation est l'exposition d'investigations. Les investigations sont des
dispositifs graphiques grâce auxquels les indicateurs de performance spécifiques d'un objet
sont affichés de manière permanente pendant la durée de la simulation. Ceci permet de repérer
goulots d'étranglement ou des attentes [ARIS, 2003].
Notre simulation a été effectuée sur un horizon de 260 jours de travail à raison de 7 heures par
jour. Dans un premier temps nous avons réalisé des simulations pour l’ancienne organisation
des processus de production (préparation des commandes et fabrication de certaines
références). Le tableau (5.12) présente le nombre d’objets (événements et des fonctions)
utilisés pour modéliser et simuler l’ancienne organisation des processus de production.
Une loi normale a été utilisé pour les commandes normale et on peut utiliser la loi Student
pour les commandes d’urgence, ces derniers ne sont pas traités.
Après 49 minutes, nous avons le résultat de la simulation des 11 jours et 12 heures de travail
comme le présente la figure (5. 11).
132
Figure 5. 11 : la simulation des 11 jours et 12 heures de travail
Après 2 heures et 22 minutes, nous avons le résultat de la simulation des 50 jours et 14 heures
de travail comme le présente la figure (5.12).
133
Figure 5.13 : la simulation de 150 jours et 8 heures de travail
La figure (5.14) présente la position et le nom de chaque attribut qui paraît sur chaque objet
(événement ou fonction) :
134
3 641 3 641
lancer un bon
0
de commande
0 0 3 641
1,00
0 178 0 281
0 1 057 0 420 0 1 705
-Produit à livrer -Produit à livrer bon de commande -Produit à livrer commande par
bon de commande par -Quantité à livrer bon de commande bon de commande -Quantité à livrer papier (PANS) lancé -Quantité à livrer intranet (PANS) lancé
intranet lancé ( DMS) -Lieu de livraison papier lancé (DMS) papier lancé ( MED) -Lieu de livraison -Lieu de livraison
-Date de livraison -Date de livraison 1,00 -Date de livraison 1,00
1,00 1,00 1,00
0 178 459 0 281
0 1 057 1 477 0 420 0 1 705 1 705 réceptionner le réceptionner le bon
zone
réceptionner le réceptionner le réceptionner le 0 bon de commande 0 de commande
zone zone PANS
0 bon de commande 0 bon de commande 0 bon de commande papier PANS intranet PANS
DMS MED
intranet DMS papier DMS papier MED 0 0
0 0
0 0 0 0 178 0 281
0 0 0
0 1 057 0 420 0 1 705
bon de commande bon de commande
bon de commande bon de commande bon de commande papier réçu PANS intranet réçu PANS
intranet réçu DMS papier réçu DMS papier réçu MED
1,00 1,00
1,00 1,00 1,00
0 178 0 281
0 1 057 0 420 0 1 705
valider le bon de valider le bon de
0 0
valider le bon de valider le bon de valider le bon de commande papier PANS commande intranet PANS
0 0 0
commande intranet DMS commande papier DMS commande papier MED
0 0 0 0
0 0 0 0 0 0
0 178 0 281
0 1 057 0 420 0 1 705
bon de commande bon de commande
bon de commande bon de commande bon de commande papier validé PANS intranet validé PANS
intranet validé DMS papier validé DMS papier validé MED
1,00 1,00
1,00 1,00 1,00
0 459
0 1 477 0 1 705
verifier ladisponibilité
0
verifier la disponibilité verifier la disponibilité des produits PANS
0 0
des produits DMS des produits MED
0 0
0 0 0 0
0 3
0 11 0 20 459
1 477 1 705 produits non
produits non produits non disponibles PANS
disponibles DMS disponibles MED 1,00
1,00
1,00 1,00 0 3
1,00 1,00
0 11 0 20 préparer les bons
préparer les bons préparer les bons 0 de commandes
0 de commandes 0 de commandes des produits manquants PANS
des produits manquants DMS des produits manquants MED 0 0
0 0 0 3
0 0
0 11 0 20
bons de commandes
bons de commandes bons de commandes produits manquants
produits manquants produits manquants préparés PANS
préparés DMS préparés MED 0 456 1,00
1,00 0 3
1,00 produits
0 11 0 20 disponibles
PANS lancer commande
0
lancer commande lancer commande aux fournisseurs PANS
0 0 1,00
aux fournisseurs DMS aux fournisseurs MED
0 0
0 0 456 0 3
0 0 0
0 1 466 0 11 0 1 685 0 20 commande aux
0 1 626 prélever les 0 440
produits commande aux produits commande aux 0 fournisseurs
produits de PANS
disponibles fournisseurs disponibles fournisseurs lancée PANS
décharger le lecteur
DMS lancée DMS MED lancée MED produits
0 code barre/enregistrer les 0 1,00
0 placés (PANS)
1,00 1,00 1,00 sorties en systeme d'info 1,00
0 1 466 0 1 685 0 0 451 1,00
0
0 440
prélever les prélever les 0 1 612 produits
0 0
produits de DMS produits deMED prélevés (PANS) Mettre à jour
0 1 426 0
sorties les données (PANS)
00 0
1 457 0 0 enregistrées 0,99
produits 0 1 668 0 451
placés (DMS) 0 0
prosuits 0 436
pélevés (DMS) 0,99
prosuits regrouper les quantités
0,99 0
pélevés (MED) prélevées (PANS) données mises
0,99 0 1 426 0 1 612
à jour (PANS)
0 1 457 0 0,99 1 668 0
Mettre à jour Mettre à jour les 0
0 0 0 443 0,99
regrouper les quantités les données (DMS) regrouper les quantités données (MED)
0 0 0 436
prélevées (DMS) prélevées (MED) quantités
0 0 0 0 regroupées (PANS)
0 1 407 0 1 595 imprimer les
0 0 0
0 0 mouvements (PANS)
0 1 441 0 1 648 0,98
données mises données mises 0 442
à jour (DMS) à jour (MED) 0 0
quantités quantités Imprimante PANS
regroupées (DMS) regroupées (MED) acheminer et placer
0,99 0,99 0 les produits dans la 0 428
00,99 1 441 0 1 407 0,99 0 1 595 zone d'éxpédition (PANS)
0 1 648 les mouvements
acheminer et placer 0 1 sont imprimés (PANS)
imprimer les imprimer les
0 les produits dans la 0 acheminer et placer 0
mouvements (DMS) mouvements (MED)
zone d'éxpédition (DMS) 0 les produits dans la 0,98
zone d'éxpédition (MED) Imprimante MED
0 0 0 0 0 0
0 1 395 Imprimante DMS 0 0 1 582
0
0 1 626
les mouvements les mouvements
sont imprimés (DMS) produits sont imprimés (MED)
placés (MED)
0,99 0,99
0,99
3 449
1,00
0 3 449 0 3 449
3 449
charger les chariots chariots
magasinier 0
de livrison chargés
0 0 1,00
135
Le tableau (5.6) présente le nombre des événements et des fonctions utilisés pour modéliser et
simuler la nouvelle organisation de préparation des commandes après l’installation des
stockeurs. La nouvelle organisation n’est choisie qu’au chapitre suivant. Nous avons souhaité
regrouper dans un seul chapitre les simulations d’organisation.
136
Figure 5.17 : la simulation de 53 jours et 4 heures de travail
Après 6heures et 2 minutes, nous avons le résultat de la simulation des 120 jours de travail
comme le présente la figure (5.18).
137
Bon de commande peut avoir trois formes: 3 641 3 641
1. demande informatisée
2. demande papier manquement des produits
3. demande urgente (informatisée ou papier) d'une unité de soins
1,00
0 0
3 641
3 539
1,00
0 3 539 0 3 539
0 0 1,00
138
7.9.6. Analyse des résultats :
Lorsque l’ensemble des simulations ont été réalisées, les résultats doivent être analysés. Les
objectifs recherchés sont différents suivant les modèles et ils doivent être appréciés à partir,
par exemple, des indicateurs de temps de traitement au de goulots d'étranglement.
L'information préliminaire sur les points faibles est détaillée et ces derniers sont utilisés pour
une analyse en profondeur. A partir de ceux-ci, il est possible de connaître le temps de
traitement d’un processus et les ressources qui ont été utilisées.
Pour chaque scénario on a réalisé, après la vérification et la validation, l’analyse des résultats
en nous basant sur les aspects présentés dans le tableau (5.7), sachant que le format
« 0000 :00 :00 :00 » précisent respectivement le jour, l’heure, les minutes et les secondes.
Les valeurs de ce tableau (5.5) indiquent clairement que le temps de traitement des
commandes a diminué en moyenne de 4 minutes pour la famille MED et pour la famille DMS
accompagné d’une augmentation du nombre des commandes traitées pour les deux familles.
Par contre, on constate une baisse du temps moyen de traitement d’une petite minute pour la
famille des PANS associée à une diminution de nombre de commandes traitées par an. On
peut expliquer cette diminution par le fait que les références PANS sont stockées sur palettes
au sous-sol ce qui induit un temps pour acheminer ces références à la zone de chargement
(faire descendre et monter les palettes n’est pas pratique, mais en raison de la surface
disponible qu’exigent les pharmaciens il convient d’exploiter le sous-sol).
139
La simulation montre aussi une autre avantage de la nouvelle organisation, c’est
l’augmentation de nombre de commandes traités par jour de 0.5 commande (de 13,1 à 13,6).
On note aussi que le nombre des commandes en rupture reste inchangé, ceci s’explique par le
pourcentage fixe que nous avons adopté pour la rupture (1%) pour l’ensemble des familles
des produits. Ce dernier peut être amélioré (diminué) en raison de l’utilisation du logiciel
POWER-PICK des stockeurs qui permet de connaître le seuil de commande et le point de
commande. Mais en revanche, le temps de préparation et de lancement des commandes des
références en rupture a diminué, en raison des facilités d’édition de la liste des références
manquantes par le logiciel POWER-PICK gère la liste des familles DMS et PANS.
On note aussi que les goulots d'étranglement se situent au niveau de la saisie des références
commandés dans le logiciel POWER-PICK, qui nécessite beaucoup de temps pour les
références des familles DMS et PANS. Ceci pourrait être amélioré par l’utilisation d’un
Intranet pour l’ensemble des références commandées par les services de soins. Un autre
goulot d'étranglement est identifié dans le regroupement des références de la famille PANS
stockée au sous-sol. Ceci pourrait être minimisé par l’utilisation d’un monte-charge entre le
sous-sol et la zone de livraison. Une autre solution pourrait être envisageable pour l’avenir,
c’est de relier le sous-sol de la pharmacie avec le bâtiment clinique par une tapie roulante
pour faciliter la livraison aux services de soins sans utiliser les passages empruntés par les
personnels.
Selon SMOLSKI [SMOLSKI, 2002], au niveau du secteur public, les ressources humaines se
font rares et il faut faire face à des pénuries de personnel [PASIN, 2001]. Concernant les
préparateurs de la pharmacie de l’hôpital, on ne peut pas les surcharger. Il convient donc de
rendre le plus efficace possible leur temps de travail pour pouvoir assurer un service optimum
répondant à toutes les exigences des services. La simulation nous montre que les ressources
opérateurs des DMS et PANS sont plus occupées dans l’ancien modèle par rapport au
nouveau modèle. Ceci s’explique par le fait que les opérateurs dans la nouvelle organisation
(avec stockeurs) peuvent effectuer plusieurs prélèvements de produits en même temps (dans
l’hypothèse que les stockeurs fonctionnent d’une façon correcte).
Les ressources financières sont aussi limitées. Un établissement doit respecter un budget et ne
devait donc pas le dépasser. Avec l’arrivée des nouvelles technologies, des économies
d’échelle peuvent être réalisées. Elles peuvent permettre éventuellement aux préparateurs de
passer moins de temps au niveau de la préparation des commandes, donc de réduire le nombre
de personnels et ainsi d’économiser des ressources humaines. Elles engendrent, en
contrepartie, une augmentation des investissements pour l’établissement (achet des
équipements) et des formations pour leur bon fonctionnement (maîtrise des techniques de ces
équipements). Une réorganisation devait permettre donc d’économiser les ressources, et ainsi
de mieux respecter le budget de l’établissement tout en répondant à la demande.
Une connaissance accrue de la chaîne logistique pharmaceutique par les acteurs offre aussi un
accompagnement et une objectivation du dialogue ainsi qu’un accompagnement vers
140
solutions plus adéquates. La modélisation et la simulation par ARIS Toolset (ou par d’autres
outils de modélisation et de simulation comme ARENA par exemple) permet une
optimisation de l’ensemble des processus de la chaîne logistique, c’est-à-dire pour l’ensemble
des 5 processus principaux de la chaîne logistique pharmaceutique (la planification,
l’approvisionnement, la préparation, la livraison et le retour vers la pharmacie d’établissement
et vers les fournisseurs). Il peut être créateur d’améliorations aussi bien sur le flux physique
que d’information.
8. Synthèse de chapitre
Après avoir présenté une revue de la littérature sur les méthodes et modèles utilisés pour les
chaînes logistiques, nous avons proposé un certain nombre d’étapes pour une démarche de
modélisation de la chaîne logistique pharmaceutique aval par le modèle SCOR. Une
connaissance précise des processus nous autorise une analyse de la cohérence et de l’usage de
la chaîne logistique pharmaceutique par les utilisateurs. Une étude d’identification des
processus et de modélisation de ceux ci offre une vision claire et précise sur le séquencement
des activités et sur les charges de la chaîne logistique pharmaceutique. Ceci permet aussi
d’établir des associations entre rôles, tâches et fonctions de cette chaîne dans le cadre des
processus. L’objectif est d’aboutir à une analyse du fonctionnement de la chaîne logistique
pharmaceutique aval pour l’évaluation de sa performance. Nous avons pu formaliser en autre
les meilleures pratiques identifiées.
Par la suite, nous avons présenté le concept ARIS de manière succincte en présentant les vues
possibles et les différents niveaux descriptifs. La simulation des processus de la chaîne
logistique pharmaceutique par l’outil ARIS Toolset semble permettre une amélioration de la
qualité de service, de la rapidité d’exécution des processus, ainsi qu’une diminution des coûts
de fonctionnement et de maintenance. De plus, cette simulation permet d’améliorer la
modularité de la chaîne et facilite les communications entre les acteurs de terrain
(pharmacien, préparateurs) et les partenaires externes (fournisseurs).
L’analyse des résultats sur les processus étudiés nous a permis de constater une diminution de
temps de traitement de préparation de commandes. On note que les opérateurs sont moins
chargés dans le cas du nouveau fonctionnement à l’aide de stockeurs rotatifs, point qui sera
détaillé dans le chapitre suivant. Enfin, la modélisation des processus de la chaîne logistique
pharmaceutique par la méthode SCOR et l’outil ARIS Toolset nous a aidé à représenter,
organiser et faire connaître les principaux processus à l’ensemble des actions.
141
Figure 5.1 : Positionnement des problèmes de la chaîne logistique....................................... 109
Figure 5.2 : Modèle global des flux pharmaceutiques de l’hôpital........................................ 113
Figure 5.3 : Modélisation par le modèle SCOR 2003 ............................................................ 114
Figure 5.4 : la chaine logistique pharmaceutique aval (niveau 1).......................................... 116
Figure 5.5 : L’identification des processus (niveau 2 : Catégorie de Processus).................. 119
Figure 5.6 : Modélisation du troisième niveau de processus ................................................. 120
Figure 5.7 : Approvisionnement de produits gérés sur stock (S1) ......................................... 121
Figure 5.8 : présente la modèle d’approvisionnement et de distribution ............................... 123
Figure 5. 11 : la simulation des 11 jours et 12 heures de travail............................................ 133
Figure 5. 12 : la simulation des 50 jours et 14 heures de travail............................................ 133
Figure 5.13 : la simulation de 150 jours et 8 heures de travail ............................................. 134
Figure 5.14 : la position des attributs .................................................................................... 134
Figure 5.15 : la modélisation et la simulation de l’ancienne organisation............................. 135
Figure 5.16 : la simulation de 10 jours et 1 heure de travail .................................................. 136
Figure 5.17 : la simulation de 53 jours et 4 heures de travail ................................................ 137
Figure 5.18 : la simulation de 120 jours de travail................................................................. 137
Figure 5.19 : la modélisation et la simulation de la nouvelle organisation............................ 138
142
Chapitre VI
Aide à la décision : réorganisation de la pharmacie
de l’hôpital de la Croix-Rousse
Résumé :
Pour la comparaison des solutions, nous exploitons la méthode multicritère ELECTRE III.
Les résultats de l’analyse permettent de classer les solutions envisageables des «meilleures»
aux « moins bonnes ». De plus, nous appliquons la méthode PROMETHEE comme méthode
multicritère alternative pour confirmer nous démarche d’aide à la décision et pour savoir s’il
existe des différences avec les résultats obtenus par l’application d’ELECTRE III.
Par la suite nous effectuons un test de la sensibilité des solutions afin d’observer les effets des
variations sur la solution retenu. Un deuxième test sur l’analyse de robustesse des solutions a
été aussi effectué.
L'aide à la décision permet d’indiquer les meilleures solutions et de conseiller un décideur sur
la conduite d'une action (solution) à mener [ROY 1985 ; VINCKE, 1989]. Suivant la façon
dont le décideur fixe ses désirs (la façon de comparer les actions ou les solutions), l'aide à la
décision soutient le décideur soit suivant une approche dite "résultat" (l’aide à la décision
propose seulement un avis objectif : méthode monocritère), soit suivant une approche dite
"processus" (l’aide à la décision guide pas à pas l'opérateur, sélectionne et adapte ses
procédures en fonction des désirs du décideur : méthode multicritère). Dans ce cadre on
distingue trois types de décisions :
Les décisions stratégiques, qui sont établies pour des actions à long terme (dans notre
cas : gagner l’espace et optimiser les flux),
Les décisions tactiques, qui sont établies pour des actions à moyen terme (dans notre
cas : diminuer les niveaux des stocks),
142
Les décisions opérationnelles, qui sont établies pour des actions à court terme (dans
notre cas : diminuer le temps de préparation et améliorer la condition de travail.)
Avant de débuter notre propos, nous présentons une définition de l’aide à la décision. Selon
Bernard [ROY, 1985], «L’aide à la décision est l’activité de celui qui, prenant appui sur des
modèles clairement explicités mais non nécessairement complètement formalisés, aide à
obtenir des éléments de réponse, aux questions que se pose un intervenant dans un processus
de décision, éléments concourant à éclairer la décision et normalement à recommander, ou
simplement à favoriser un comportement, de nature à accroître la cohérence entre l’évolution
du processus d’une part les objectifs et le système de valeurs au service desquels cet
intervenant se trouve placé d’autre part».
Cette définition indique que l’aide à la décision n’est pas seulement une méthode de choix
mais un processus support pouvant aboutir à l’éclaircissement de la problématique du choix,
qu’elle n’est pas rationnelle dans le cas du multicritère, bien que la méthodologie soit
rationnelle. Ceci rejoint l’énoncé de KEEN [KEEN, 1977] selon lequel il ne peut y avoir de
définition universelle de l’optimalité ceci dépend du contexte organisationnel, des pensées et
arrières pensées et des buts poursuivis par le décideur. Pomerol [POMEROL, 1993] ajoute
que la décision multicritère permet ainsi de préparer la décision suivant un grand nombre de
dimensions sans forcer l’optimisation.
Lorsqu’il y a plusieurs objectifs, il est difficile de les atteindre tous à la fois. Un problème
multicritères a comme inconvénient qu’il n’est pas facilement modélisable. Il peut être traité
selon deux états d’esprit différents :
Introduire des hypothèses restrictives telles que le problème puisse être résolu par une
méthode classique la contrepartie est un décalage important par rapport à la réalité.
Utiliser une méthode d’analyse multicritère qui se base sur des modèles bâtis en partie
sur des hypothèses mathématiques nécessairement restrictives et en partie sur des
informations recueillies auprès du décideur souvent subjectives.
Toute méthode d’analyse multicritères a comme principale caractéristique qu’elle formalise et
modélise la préparation de la décision. Elle présente deux avantages décisifs :
elle améliore la transparence du processus de décision ;
elle définit, précise et met en évidence la responsabilité du décideur, qui influence
directement ou indirectement la décision [MAYSTRE, 1994].
Il existe presque toujours un grand nombre d’aspects à considérer (critères multiples,
contradictoires et difficiles à quantifier). Les méthodes d’aide à la décision permettent de
prendre en considération non seulement des critères de nature quantitative ou objective mais
également des critères de nature qualitative ou subjective. Elle sert à évaluer et comparer les
variantes techniques ou solutions en vue de guider le choix. Selon BOUYSSOU
143
[BOUYSSOU, 1993] « l'argument réaliste est que la “réalité” étant multidimensionnelle, il
est naturel que l'on prenne en compte plusieurs points de vue pour aider à la décision ». Le
travail est souvent compliqué du fait de la volonté ou de la nécessité de prendre en compte des
points de vue ou des critères conflictuels pour évaluer les solutions mises en évidence ; on
parle alors d’aide multicritères à la décision [POMEROL 1993 ; VINCKE 1989].
En plus, selon SCHÄRLIG [SCHÄRLIG, 1996] le but principal de l’analyse multicritères est
d’aider les décideurs à organiser et synthétiser leurs informations afin qu’ils se sentent à l’aise
dans leur prise de décision. D’après BEN MENA [BEN MENA, 2000], l’approche classique
des problèmes de décision, c’est-à-dire l’optimisation d’une unique fonction économique,
montre certaines faiblesses que les méthodes multicritères semblent pallier. Selon BANA et
COSTA [BANA, 1993], pour faire face à des situations aussi complexes (du fait du grand
nombre de facteurs à prendre en compte), si nous voulons obtenir et valider une bonne
décision, le recours aux méthodologies d’analyse multicritères est pratiquement indispensable.
Dans l’approche monocritère, tous les aspects importants sont contenus dans un critère
unique. Les comparaisons déduites de ce critère sont interprétés comme exprimant des
préférences globales, c'est-à-dire les préférences tenant compte de tous les points de vue
importants. La comparaison des actions ne sera basée que sur un critère général. L'avantage
est de proposer peut-être une solution optimale au décideur. Mais « il est extrêmement rare
qu’un seul critère traduise la réalité » [ROY, 1985]. Dans la situation monocritère le problème
est mathématiquement bien posé.
L’approche monocritère a été mise de côté pour laisser place à l'approche multicritère plus
apte à répondre à des exigences actuelles (multiplication des critères à considérés).
Les Méthodes d'analyse multicritère ont été développées suite aux besoins qui se sont fait
sentir dans le domaine de l'aide à la décision. Les premiers développements de l'analyse
multicritère étaient liés au domaine de la prise de décision environnementale (gestion des
déchets, traitement des eaux, installation de décharges...) [MAYSTRE 1994].
L’approche multicritère (différents critères sont construits sur une base de point de vue
représentant différents axes que le décideur justifie) transforme et argumente ses préférences
(la comparaison entre actions est basée sur plusieurs critères). Ce qui permet d'affiner les
résultats et de proposer au décideur des suggestions plus précises.
Toutefois, deux inconvénients majeurs se posent à terme. Le premier est la capacité à pouvoir
traiter toutes les données (informations), la seconde est de pouvoir trouver une solution de
compromis en cas de conflit entre deux actions. Dans une approche multicritère, l'idée d'une
solution optimale est alors dans la grande majorité des cas à écarter [SCHÄRLIG, 1985].
L'aide à la décision contribue, donc, à construire, à asseoir et à faire partager des convictions ;
elle ne révèle donc que d'une façon partielle d'une recherche de la vérité. C'est la description
d'un système de préférences, souvent réalisée au moyen d'une représentation numérique, qui
conduit alors à l'établissement d'une recommandation.
144
Les deux modèles d'approches (monocritère et multicritère) sont les bases de l'aide à la
décision. Ils sont l’outil de comparaison d'actions entre elles face à la problématique choisie
par le décideur.
Selon ROY [ROY, 1993] « un individu ou un groupe d’individus est acteur d’un processus de
décision qu’il influence directement ou indirectement la décision par son système de valeurs».
A l’intérieur de cet ensemble d’acteurs, POMEROL [POMEROL, 1993] distingue plusieurs
sous groupes :
Le(s) commanditaire(s) : ce sont les acteurs qui déclenchent l’analyse multicritère et
qui mettent en oeuvre les moyens de sa réalisation. En termes d’application, les grands
donneurs d’ordres font peu appel à la décision multicritère sauf lorsque l’ensemble des
critères de choix sont qualitatifs ou lorsqu’il y a conflit entre les différentes parties
intéressées.
Le(s) décideur(s) : ce sont les acteurs responsables de la décision finale qu’ils
conditionnent en fonction de leurs propres systèmes de valeur.
L’analyste : c’est l’acteur chargé de l’analyse multicritère, de la modélisation du
problème en concertation avec les commanditaires et les décideurs. L’analyse des
résultats obtenus est aussi de son ressort ainsi que l’étude de robustesse et de sensibilité
ou de stabilité des solutions préférées.
Le(s) utilisateur(s) : il arrive que l’utilisateur final ne soit pas le décideur, on parle alors
d’utilisateurs qui seront le bénéficiaires de la solution.
145
Les critères discriminants qui permettent d’éliminer certaines actions celles qui ne sont
pas viables.
Les critères de décision qui permettent la comparaison entre les différentes actions afin
d’aboutir au choix de l’une d’entre elles.
Selon ROY [ROY, 1985 ; ROY, 1993] l’ensemble des critères doit respecter les points
suivants pour constituer une famille cohérente de critères
Exhaustivité : deux actions non indifférentes doivent être différentiables sur au moins
un critère d’une famille de critères,
Non redondance : il ne faut pas qu’il y ait des critères qui se dupliquent, donc plus
nombreux que nécessaire (on ne retenir que des critères indépendants).
Cohésion : suite à l’évolution d’un critère d’une action, cette action reste comparable
aux actions auxquelles elle était préalablement comparée en donnant la préférence à
l’action modifiée si la valeur du critère a augmenté et inversement,
Utilisable pratiquement : un critère que l’on ne sait exprimer rend impossible le
déroulement de la méthode,
Fiable et de qualité : l’analyse est plus précise et porteuse de sens quand les critères
peuvent être évalués précisément et sans biais.
146
4. Démarche multicritère d’aide à la décision
147
L’étude des potentialités des différentes méthodes d’analyse multicritères nous a conduit à
nous orienter vers une méthode d’agrégation partielle, qui est en général basée sur la
comparaison des variantes deux à deux. Cette comparaison s’effectue en considérant, critère
par critère, les avantages et les inconvénients d’une variante vis-à-vis de l’autre. On peut ainsi
déterminer quelle relation lie les deux variantes considérées, il peut s’agir d’une relation
d’indifférence, d’incomparabilité ou de préférence forte ou faible. La liste des méthodes
multicritères que l'on retrouve dans la littérature est très longue. La différence entre les
méthodes d’analyse multicritères se situe dans la façon d’évaluer chacune des solutions en
fonction des critères retenus. Le choix entre vrai critère et pseudo critère doit tenir compte un
autre élément. Le vrai–critère est utilisé dans les sciences physiques pour mesurer d’un
phénomène, alors que le pseudo–critère, en incorporant directement en lui l’aspect flou,
affirme le caractère incertain (à bien des points de vue) de l’évaluation du critère
[MAYSTRE, 1999].
Dans le cas qui nous intéresse ici, la problématique semble la plus adaptée car il s’agit
d’obtenir un classement des actions possibles pour faciliter la tâche du décideur. Dans la
gestion des produits pharmaceutiques, où les incertitudes sur les consommations sont
généralement importantes, choisir le flou constitue une vue réaliste des problèmes auxquels
nous sommes confrontés. En cherchant les méthodes applicables à notre problématique,
ELECTRE II ou PROMETHEE II (preference ranking organization methods for enrichment
evaluations) sont apparus comme de bonnes méthodes multicritères. Il s’est avéré plus
productif de développer notre vision à la lumière de l’incertitude et de l’imprécision qui
caractérisent certains critères (plus de la moitié des critères sont qualitatifs). Ceci nous a
orientés vers la méthode ELECTRE III. La différence fondamentale entre les méthodes
ELECTRE II et ELECTRE III réside dans le fait que la première utilise de vrais critères alors
que la seconde travaille avec des pseudos–critères. Dans notre cas, l’importance relative de
chaque critère est très difficile à mettre en place, certains critères (tels que l’organisation et les
conditions de travail) ont une importance très forte par rapport aux autres critères. Le but de la
méthode ELECTRE III est de classer les solutions des meilleures vers les moins bonnes. La
particularité de cette méthode est de faire intervenir des pseudos critères, qui permettent, en
utilisant des seuils, de prendre en compte l'imprécision et l'incertitude qui affectent
l’évaluation des performances, car ces seuils sont définis par critère et le surclassement est
flou (passage progressif de l’indifférence à la préférence) [ROY, 1977]. En effet, leur
utilisation apporte une nuance entre l’indifférence, la préférence stricte et la préférence faible.
Ainsi ELECTRE III autorise grâce à son procédé de distillation, à réduire le nombre d’ex
æquo au sein d’une même catégorie. Il s’agit de comparer les solutions directement entre elles
deux à deux [ROY, 1993]. La méthode PROMETHEE I/II fournit un classement partiel
comme ELECTRE III et Il autorise des incomparabilités des solutions. Les méthodes
PROMETHEE I/II permettent de comparer globalement plusieurs “objets” (solutions ou
demandes ou projets,...) sur la base de plusieurs critères conflictuels à poids différents et à
mesures hétérogènes. L´objectif principal des méthodes ELECTRE III et PROMETHEEI/II
est d´être facilement compréhensible pour le décideur. Les deux méthodes classent les
«solutions » de la meilleure à la moins bonne, compte tenu de l’ensemble de tous les critères
pris en considération et non par critère pris de façon isolée. Ils relèvent de la problématique γ
(classement des actions les unes par rapport aux autres). Nous pourrons nous servir de
PROMETHEE comme méthode multicritère alternative pour confirmer et faciliter la lecture
des résultats à obtenir par ELECTRE III.
148
le début de cycle de l’analyse ceci pour chaque critère. Cette problématique tente de
comparer les actions de A (ensemble d'actions : A= a, b,…, an) pour découvrir, départager, et
ranger les actions en différentes classes non conçues à priori. Le but des outils de sélection
associés à la problématique est de fournir un préordre partiel ou complet sur des actions
jugées équivalentes, ou de proposer une méthodologie basée sur une procédure de classement.
Nous allons maintenant présenter les deux méthodes ELECTRE II et ELECTRE III et la
méthode PROMETHEE I/II afin de mieux comprendre la comparaison des résultats obtenus à
l’aide de ces deux familles des méthodes.
Pour se prononcer sur la comparaison entre deux actions (a1 et a2), le décideur fonde la
comparaison sur la base de trois mesures :
La préférence d'une action par rapport à une autre (noté P),
L'incompatibilité entre deux actions (noté R),
L'indifférence entre deux actions (noté I).
Les relations P et I suffissent pour définir le modèle classique le plus simple : le modèle de
vrai-critère (ELECTRE I et IS). Suivant le degré d'importance du choix (fixé par rapport à un
ou des critères), l'opérateur peut définir sa manière d'intervention.
Différents travaux ont porté sur les méthodes de comparaison entre deux actions. Nous allons
répertorier les principales fonctions qui seront agrémentées d'exemples.
Selon VINCKE [VINCKE, 1989] et ROY [ROY, 1985] les principaux modèles de
comparaison entre actions utilisé dans ELECTRE II:
Préordre : une relation réflexive et transitive :
Réflexive : x R x, x E (E=ensemble dans lequel le préordre est établi)
Transitive : x R y et y R z x R z, x, y, z E
Dans un préordre (relation réflexive et transitive), des ex æquo sont possibles.
Ordre : un préordre antisymétrique : x R y y non R x : (x ≠ y) x, y E.
Dans un ordre, il n'y pas d'ex æquo.
Un préordre partiel est un préordre dans lequel l'incomparabilité est permise.
Un préordre total est un préordre dans lequel les éléments sont toujours comparables
(incomparabilité exclue).
Ceci nous permettre de comprendre les différentes relations des méthodes adoptés. Il faut
remarquer que la problématique ne tient pas compte de la valeur intrinsèque de chaque
action mais seulement de sa valeur relative par rapport aux autres actions.
La méthode ELECTRE II n’essaie pas de trouver la meilleure action, mais de classer toutes
les actions de la meilleure jusqu'à la moins bonne. Elle est fondée sur les concepts de
concordance et la discordance. L'existence de deux préordres, établis d'une manière différente,
149
offre la possibilité de se faire une idée de la solidité des résultats selon un angle de vue
similaire à celui de l'analyse de robustesse : une action qui change énormément de rang entre
les deux classements, direct et inverse, est une action qui peut difficilement se comparer aux
autres.
L'exploitation de ces deux relations (l'un fort, l'autre faible) s'opère selon un algorithme qui
permet de classer les actions. Cet algorithme permet d'obtenir deux classements différents (ou
deux préordres totaux différents) : un classement direct et un classement inverse. Les deux
classements s'opèrent à partir du graphe de surclassement fort, le graphe de surclassement
faible n'étant utilisé que pour départager si possible les ex æquo. A partir de ces deux
préordres totaux, un préordre partiel est établi. L'intérêt de ces deux classements provient de
leur apport sur des actions incomparables.
Lorsque deux actions a et b sont évaluées sur le critère j, si le critère j est un vrai-critère on a
deux relations : la préférence et l’indifférence
a,b A:
gj(aPb) : L'action a est strictement préférée à b sur le critère j,
gj(bPa) : L'action b est strictement préférée à a sur le critère j,
gj(aPb) gj(a)>gj(b)
gj(aIb) : Le choix est indifférent sur le critère j.
gj(aIb) gj(a)=gj(b)
Avec a et b appartenant à A (ensemble d'actions).
En clair, si la valeur de l'action a est supérieure à celle de b, alors l'action a sera proposée
avant l'action b et inversement. Ce modèle se rencontre dans les situations ou le problème de
décision est ramené à l'optimisation d'une fonction unique g vérifié par A. Pour ce modèle, les
préférences des décideurs sont supposées vérifiées. Cette méthode utilise, tout comme la
méthode ELECTRE I, la relation de surclassement (S).
La définition implique que, pour établir une telle relation, les testes de concordance et de non-
discordance devront être à la fois satisfaits. Mais comme ELECTRE II admet plusieurs
niveaux d’acceptation et pour la concordance et pour la non-discordance, les deux tests sont
imbriqués l’un dans l’autre. ELECTRE II introduit deux types de surclassements fort et faible :
un surclassement fort SF traduisant l’assertion « l’action a surclasse l’action b »
(certitude forte sur l’acceptation de l’hypothèse);
un surclassement faible Sf traduisant l’assertion « l’action a surclasse l’action b »
(certitude faible sur l’acceptation de l’hypothèse).
Les conditions de surclassement fort SF et faible Sf sont définies comme suit :
Surclassement fort : a SF b
150
Cab c+ et Cab c0 et
gj(b) - gj(a) ≤D1(j) j F, gj(b) - gj(a) ≤D2(j) j F,
et et/ou et
P (a, b) P (a, b)
1 1
P (a, b) P (a, b)
Cab c-
et
gj(b) - gj(a) ≤D1(j) j F,
P (a, b)
et 1
P (a, b)
Surclassement faible :
Avec c0> c- .
Où :
Cab est l’indice de concordance
P+(a,b)= ∑Pj avec j j+(a,b) : c’est la somme des poids des critères appartenant à l’ensemble
j+(a,b)
P=(a,b)= ∑Pj avec j j=(a,b)
Sachant que :
j+(a,b) ={ j F |gj(a) > gj(b)|} : c’est l’ensemble des critères pour lesquels l’action a est
préférée à l’action b.
j=(a,b)={ j F |gj(a) = gj(b)|}
j-(a, b) ={ j F |gj(a) < gj(b)|}
Les paramètres D1(j), D2(j) sont des seuils de non discordance, ces valeurs sont définies pour
chaque critère gj. Ces seuils sont choisis de manière à avoir D2(j) ≤ D1(j).
Du même coup, les résultats sont plus tranchés. L'approche elle est fondée sur la concordance
et la discordance. Cependant, les moyens utilisés pour exprimer ces notions sont enrichis par
rapport à ceux d'ELECTRE I et permettent de tenir compte de la volonté du décideur d'une
manière plus fine.
Condition de concordance : l’indice de concordance Cab dans ELECTRE II est défini :
151
P (a, b)
Il existe une condition supplémentaire : 1
P (a, b)
Cette deuxième condition a comme but principal d’éliminer les circuits, qui sont toujours
gênants. Pour résumer, le test de concordance est accepté si et seulement si :
}
Cik c-
et
P (a, b)
1
P (a, b)
6.1. Description
ELECTRE III est une technique qui permet, en se basant sur plusieurs critères, d’effectuer un
classement au sein d’un ensemble d’actions potentielles constituant un éventail de solutions
possibles à un problème de décision [ROY, 1977].
Cette méthode suit les grands principes déjà énoncé dans la présentation de la méthode
ELECTRE II (construction de la relation de surclassement, élaboration de deux classements
contradictoires, synthèse d'un classement final). La grande différence réside dans
l’introduction de pseudo-critères à la place des critères classiques
Une autre innovation importante d'ELECTRE III consiste à introduire, pour chacun des
critères, deux seuils dits d'indifférence (Q) et de préférence stricte (P), ces seuils ont été
définis de manière à tenir compte directement de l'incertitude qui entache plus ou moins les
valeurs de la matrice des évaluations. L'introduction des seuils permet l'apparition d'une
nouvelle notion, celle de préférence faible. Les critères sont alors appelés pseudo-critères. Un
152
troisième seuil, le seuil de veto (V), est utilisé dans la concrétisation de la notion de
discordance.
1
Pour la définition des relations I, Q, P on se reportera à (ROY, 1985). Dans la suite, nous omettrons de
préciser que les relations I, Q, P ne concernent que le critère j considéré. Nous les noterons donc, sans risque de
confusions, I, Q, P au lieu de Ij, Qj, Pj.
153
Lorsque gj(a) croit, soit qj(gj(b)) la différence u à partir de laquelle a et b ne sont plus
indifférentes, cette fonction qj(gj(a)) est appelée seuil d’indifférence du critère j [ROY, 1985].
Lorsque la plage de variation du critère j est suffisamment étendue, il est également possible
de trouver deux actions a et b telles que la différence u= gj(b)-gj(a) soit suffisamment grande
pour que l’on puisse affirmer que « b est strictement préférée à a » : bPa. Dans ce cas, si gj(a)
est fixé, lorsque gj(b) décroît, u décroît. La relation bPa ne sera acceptée que jusqu’à une
certaine valeur pj(gj(a)) de u qu’on appellera seuil de préférence stricte.
De façon générale, mais pas nécessairement, on a pj(gj(a)) qj(gj(a)) avec pj(gj(a)) qj(gj(a)). Si
qj(gj(a))<u< pj(gj(a)), on peut hésiter entre la situation d’indifférence et de préférence stricte.
On notera bQa cette situation intermédiaire que l’on interprétera comme « b est faiblement
préférée à a ».
Préférences
bIa bQa bPa
Le calcul des seuils peut se faire dans quatre contextes différents. En effet :
D’une part les préférences peuvent être croissantes ou décroissantes avec les performances ;
154
D’autre part les seuils sont soit directs (par exemple calculés à partir de la performance de
l’action la moins préférée), soit inverses ((par exemple calculés à partir de la performance de
la meilleure action). On aura donc les quatre cas suivants :
Cas1 : les préférences vont croissant avec les performances et les seuils sont directs ;
Cas2 : les préférences vont décroissant avec les performances et les seuils sont directs ;
Cas3 : les préférences vont croissant avec les performances et les seuils sont inverses ;
Cas4 : les préférences vont décroissant avec les performances et les seuils sont inverses ;
On peut résumer le cas 1 par le schéma suivant :
Préférences
g j(a) g j(a)+q j(g j(a)) g j(a)+p j(g j(a)) g j(a)+v j(g j(a)) g j(b)
Préférences
bPa
et bPa bQa bIa
bPVa
Pour ELECTRE III qui utilise des pseudos-critères, les seuils seront considérés comme des
fonctions affines des performances. Dans ce cas, il faut déterminer les valeurs appropriées
pour construire les fonctions seuil d'indifférence et de préférence que nous souhaitons. Tout
seuil se calcule comme une fonction de la performance, le paramètre pj (la fonction seuil p
associée au critère j) est appelé le seuil de préférence stricte et le paramètre qj (la fonction
seuil q associée au critère j) est appelé le seuil d’indifférence. Par exemple, les fonctions seuil
p et q peuvent être définies comme :
C’est à l’utilisateur de préciser, par critère et pour chaque type de seuil, la valeur des
coefficients et La condition de cohérence rappelée plus haut entraîne que le coefficient
doit être supérieur ou égal à 1 dans le cas où les préférences sont croissantes et le calcul des
seuils est direct (cas1). On montre que le coefficient doit être inférieur à 1 dans les cas 2 et
3 et inférieur à -1 dans le cas 4. les valeurs attribués à et ne doivent en aucun cas rendre
une valeur d’un seuil négatif. De plus, sur toute l’étendue de l’échelle, le seuil d’indifférence
doit rester inférieur au seuil de préférence lui-même inférieur au seuil de veto, s’il existe.
Si nous souhaitons définir un seuil constant sur toute l'étendue de l'échelle des
performances, il suffit de mettre = 0, = valeur constante du seuil. De plus, il faut
155
prendre le sens des critères (préférence croissante, préférence décroissante) pour
définir ces seuils d’une façon proportionnel à la performance.
ELECTRE III continue sur les traces d'ELECTRE II, néanmoins l'évolution se fait
principalement vers deux directions, l'une favorable, l'autre défavorable. L'exploitation de
l'information est de plus en plus nuancée, la complexité est croissante et introduit donc une
difficulté de compréhension grandissante de la part du décideur.
Comme dans les méthodes précédentes, ELECTRE III se base sur la concordance et la
discordance des critères pour chaque action mais le classement final résulte de l’utilisation
d’un seuil de discrimination de l’indice de crédibilité du surclassement d’une action par une
autre. En d’autres termes, pour deux couples d’actions dont les degrés de crédibilité sont
identiques, on ne pourra peut être pas conclure au surclassement de la première action sur la
seconde. L'algorithme de classement qui permet l'élaboration de deux préordres
contradictoires est fondé sur le niveau de signification du degré de crédibilité. Ce niveau
exprime à partir de quelle valeur la différence entre deux degrés de crédibilité devient
significative. Cet algorithme permettant de réaliser ce classement qui exploite le seuil de
discrimination, est issu de la théorie des graphes. Il conduit au partitionnement de l’ensemble
des actions en différentes classes permettant d’aboutir à deux préordres partiels Z1 et Z2 (les
ex aequo sont permis et l’incomparabilité tolérée). Le préordre Z1 classe les actions de la
meilleure à la moins bonne (distillation descendante) et Z2 de la moins bonne à la meilleure
(distillation ascendante). L’exploitation de ces deux préordres partiels conduit à un préordre
partiel final. Le résultat final est un préordre partiel, c'est-à-dire les ex æquo sont permis et
l'incomparabilité est tolérée.
Les définitions des mécanismes de base présentés dans cette partie sont issues des ouvrages
[ROY, 1985 et 1993] complété par les ouvrages [COLLETTE, 2002], [MAYSTRE 1994] et
[SCHARLIG, 1996] en ce qui concerne la présentation de l’algorithme de classement.
6.6. Objectif :
En vue de classer les actions entre elles, l’objectif premier est de calculer un indicateur qui
sera appelé degré de crédibilité. Il exprimera, pour toute paire d’actions (a, b) quel est le degré
de crédibilité que l’on peut accorder à la proposition « a est au moins aussi bonne que b »
156
Chaque action a A est évaluée sur l’ensemble des critères. On associe à a A un vecteur de
performances g(a)=( g1(a), g2(a),…,gm(a)). De plus, ces performances sont obtenues avec une
plus ou moins grande précision la plus préférée. Il ne s’agit donc pas de vrai-critères mais de
pseudo-critères.
Soit qj et pj respectivement les seuils d’indifférence et de préférence stricte associés aux
pseudo-critères j. Supposons que pour le critère j, les préférences sont croissantes avec les
performances. Soit une paire d’actions (a, b) telle que gj(b) gj(a) ; si les seuils sont calculés
dans le sens direct (à partir de la valeur la plus préférée), alors la performance partielle suivant
le pseudo-critère j s’exprime de la façon suivante :
Si gj(b)-gj(a) pj[gj(a)] : b est préférée à a sur le critère j.
qj[gj(a)] gj(b)-gj(a) pj[gj(a)] : b est faiblement préférée à a sur le critère j.
0 gj(b)-gj(a) qj[gj(a)] : b est indifférente à a sur le critère j.
En fin, on dote la famille de critères f d’une pondération : k=(k1, k2, …,km) qui exprime
l’importance relative des différents pseudo-critères.
Afin d’aboutir au rangement des actions, il est nécessaire de calculer divers indicateurs. Le
premier consiste à calculer les indices de concordances par critère cj(a, b) entre chacune des
actions.
Soit une paire d’actions (a, b) appartenant à A=[a,b,...,zn]; on recherche la valeur cj(a, b) qui
exprime dans quelle mesure on peut affirmer que, sur le critère j, « a est au moins aussi bonne
que b ».
Les variations de cj(a, b) peuvent être appréciées dans quatre contextes différents :
Pour le critère j, les préférences vont croissant avec les performances et les seuils sont
directs (CAS 1) ou inverses (CAS 3).
Pour le critère j, les préférences vont décroissant avec les performances et seuils sont
directs (CAS 2) ou inverses (CAS 4).
Pour gj(a) fixé, la figure ci-dessous représente les variations de cj(a, b) en fonction des
variations de gj(b). les seuils sont directs, donc calculés à partir de la valeur la moins préférée.
c j (a , b )
P r é fé r e n c e s
1
0 4 3 2 1
g j (a ) g j (a )+ q j (g j (a )) g j (a )+ p j (g j (a )) g j (b )
157
(4): gj(b) gj(a) cj(a, b) =1
Dans l’intervalle (4), la valeur de cj(a, b) dépend de la comparaison entre l’écart des
performances gj(a)-gj(b) avec qj[gj(b)] d’une part et pj[gj(b)] d’autre part.
gj(a)-qj[gj(b)] gj(b) cj(a, b) =1 (b et a sont indifférentes sur le critère j).
gj(a)-pj[gj(b)] gj(b) gj(a) -qj[gj(b)] 0 cj(b, a) 1 (a est faiblement préférée à b sur le
critère j).
gj(b) gj(a)-pj[gj(b)] cj(b, a)=0 (a est strictement préférée à b sur le critère j).
Lorsque gj(b) se trouve dans l’intervalle (2), on a : cj(a, b) =1 tandis que cj(a, b) est obtenu par
interpolation linéaire :
p [ g (a)] -[g j (b) - g j (a)]
cj(a, b)= j j
p j [ g j (a)] - q j [g j (a)]
la formule générale du calcul de l’indice de concordance cj(a, b) est, par conséquent :
p [ g (a)] - min[g j (b) - g j (a), p j [g j (a)]]
cj(a, b)= j j
p j [ g j (a)] - min[g j (b) - gj(a), q j [g j (a)]]
Les préférences sont décroissantes avec les performances et les seuils sont directs (par
exemple pour les critères des coûts). Ils seront donc calculés à partir de la performance la plus
importante, (l’action la moins préférée). On a, alors :
p [ g (a)] - min[g j (a) - g j (b), p j [g j (a)]]
cj(a, b)= j j
p j [ g j (a)] - min[g j (a) - g j (b), q j [g j (a)]]
Soit graphiquement :
c j(a, b) Préférences
1 2 3 4
0
158
6.6.3. Agrégation des performances partielles en une relation binaire floue unique
m
k j *c j (a, b)
j 1
C(a, b)=
m
kj
j 1
Où :
C (a, b) exprime dans quelle mesure les performances de a et de b sur tous les critères sont en
concordance avec la proposition « a surclasse b ».
kj représentant le poids du critère j.
La relation de concordance ainsi définie doit être affaiblie par la notion de discordance. En
effet, même si tous les critères sauf un, j0, concordent avec l’assertion « a est au moins aussi
bonne que b », il se peut que l’écart gj0 (b)- gj0 (a) soit si grand qu’il devienne impossible de
ne pas en tenir compte.
A cet effet, il est nécessaire de calculer, pour chaque paire d’actions (a, b), un ensemble
d’indices : {Dj (a, b), j=1,…, m}.
Chaque valeur Dj (a, b) exprime dans quelle mesure le critère j réfute l’assertion « a est au
moins aussi bonne que b ». Le calcul des Dj fait intervenir un veto par critère. La définition et
le mode de calcul de ce seuil ont été présentés dans les paragraphes précédents.
D j (a , b )
P référen ces
1
3 2 1
0
g j (a)+ v j (g j (a)) g j (a)+ p j (g j (a)) g j (a)+ q j (g j (a)) g j (a ) g j (b )
(1), on a : gj(b) - gj(a) pj[gj(a)] et Dj (a, b)=0 : les performances de a et b sur le critère j
n’entrent pas en contradiction avec l’affirmation « a surclasse b ».
(2), alors pj[gj(a)] gj(b) - gj(a) vj[gj(a)] et 0 Dj (a, b) 1 : les performances gj(a) et gj(b)
entrent faiblement en contradiction avec l’affirmation « a surclasse b ».
159
g j (b) - g j (a) - p j [ g j (a)]
Dj (a, b) est obtenu par interpolation ; on a alors : Dj (a, b)=
v j [ g j (a)] - p j [g j (a)]
(3), alors gj(b) - gj(a) vj[gj(a)] : et Dj (a, b)=1 : les performances gj(a) et gj(b) interdisent tout
surclassement de b par a quelles que soient les performances de a et b sur tous les autres
pseudo-critères.
On a, pour le cas 2 :
g j (a) - p j [ g j (a)] - g j (b)
Dj (a, b)=Min [1 ; Max [0 ; ]]
v j [ g j (a)] - p j [g j (a)]
Soit graphiquement :
1 2 3
0
g j (a) g j (a)+ q j (g j (a)) g j (a)+ p j (g j (a)) g j (a)+ v j (g j (a)) g j (b )
La relation de surclassement floue, caractérisée pour chaque paire d’action (a, b) par un degré
de crédibilité d(a, b), exprime finalement dans quelle mesure « a surclasse b » globalement
compte tenu des indices de concordance et de discordance.
Le degré de crédibilité d(a, b) n’est autre que l’indice de concordance C(a, b) affaibli par les
indices de discordance Dj(a, b). Cependant, un indice de discordance Dj(a, b) ne contribue à
l’affaiblisssement de C(a, b) que s’il est suffisamment grand, c’est-à-dire si la condition
suivante est remplie : Dj(a, b) C(a, b ).
De façon générale, on a :
_
Si F (a, b) = {j F/ Dj(a, b) C(a, b )}= , alors d(a, b)= C(a, b )
Soit :
160
_ 1 D j (a, b)
Si F (a, b) # , alors d(a, b)= C(a, b )*
_ 1 C(a, b)
j F( a , b )
_ _
F : est le sous-ensemble de la famille F (F F ) qui a comme éléments les critères pour
lesquels l’indice de discordance est supérieur à l’indice de concordance globale.
S’il existe au moins un critère j tel que Dj(a, b )=1, alors d(a, b )=0 quelle soit l’importance
relative de ce critère.
S’il existe un ou plusieurs critères j tels que 0 C(a, b) Dj(a, b) 1, alors on ne tient pas
compte de l’importance relative des critères lorsqu’on affaiblit C(a, b) pour déterminer la
valeur de d(a, b).
L’algorithme de classement a pour but d’exploiter une relation de surclassement floue en vue
d’ordonner les actions selon un préordre partiel. Les degrés de crédibilité associés à cette
relation de surclassement peuvent être obtenus par l’une des deux méthodes décrites
précédemment ELECTRE II ou ELECTRE IIII).
Cependant, cet algorithme s’applique quelle que soit la méthode employée pour construire la
relation de surclassement floue [VALLEE, 1994b].
L’algorithme, pour fonctionner, nécessite en plus des degrés de crédibilité un seuil s( ) qui lui
permettra de sélectionner les relations de surclassement qui doivent être prises en compte à
chaque étape du classement.
161
f A 1 (a)=|{b A/ b S A1 a }|
1
la 1- qualification de l’action a par rapport à l’ensemble A: q A (a)
q A1 (a)= p A1 (a)- f A 1 (a)
Cet indicateur exprime de façon claire les positions relatives des actions de l’ensemble A.
Donc, pour un premier niveau 1fixé, on obtient :
_
l’ensemble D 1 des meilleures actions de A qui est le sous-ensemble des actions de A ayant
une qualification maximum.
l’ensemble D 1 des plus mauvaises actions de A qui est le sous-ensemble des actions de
A ayant une qualification minimum.
_
On continue ainsi le processus en ne retenant que les actions appartenant à D 1 (distillation
descendants) ou que les actions appartenant à D 1 (distillation ascendante) pour tenter de les
départager à nouveau sur la base d’une seconde relation de surclassement nette d’un niveau
2 < 1.
En itérant ce processus jusqu’à l’étape k, on obtient :
_
soit D k =1 ou D 1 =1 : on a sélectionné une seule action ;
soit k=0 : sur la base des informations disponibles, il n’est pas possible de départager les
_
actions restant dans D k (distillation descendante) ou dans D 1 (distillation ascendante).
a2
a4 a1
a3
Rang selon distillation descendante Z1
En effet, Electre III est une méthode qui, dans sa catégorie, présente un degré de complexité
sans égal [COLLETTE, 2002] et [MAYSTRE, 1994]. En conclusion, ELECTRE III est une
162
méthode très complète (surtout le logiciel qui possède une interface agréable), qui mérite
d'exploiter l'information en sauvant un maximum de nuances et d'avancer des conclusions
bien fondées. En contre partie, elle offre un maniement délicat et elle est pénalisée par sa
propre complexité concernant la compréhension de la méthode par le décideur.
Pour chaque couple d'actions et chaque critère, nous exprimons une fonction de préférence Fi
(aj, ak), cette extension est basée sur l’introduction d’une fonction p(d) donnant la préférence
du décideur pour une action ai par rapport à une action ak:
Une telle fonction devra être définie séparément pour chaque critère. Chaque fonction de
préférence prendra ses valeurs entre 0 et 1. Plus la valeur est proche de 0, plus l’indifférence
du décideur est grande pour les deux actions. Plus la valeur se rapproche de 1, plus la
préférence du décideur est marquée pour une action. En cas de préférence stricte, la fonction
de préférence sera égale à 1.
La méthode propose six types de fonctions p (voir l’annexe 9 pour plus de détails sur les six
types de fonctions de la méthode PROMETHEE). Les modèles de fonctions autorisent le
décideur à exprimer 4 concepts dans la relation de préférence. Nous parlons d'indifférence, de
préférence stricte, de préférence faible et d'incompatibilité.
Afin de confirmer ou d’infirmer la conclusion d’ELECTRE III sur le classement nous aurons
recours au logiciel DECISION LAB 2000 (version demo) quand on l’utilisation de
PROMETHEE.
163
d’obtenir facilement un graphe valué de surclassement pour lequel deux exploitations
particulières sont proposées :
La première permet d’obtenir une relation partielle, laissant place notamment, à
l’incomparabilité (Méthode PROMETHEE I), comme dans ELECTRE III ;
La seconde permet de ranger les actions potentielles de la meilleure à la moins bonne
par un préordre total (Méthode PROMETHEE II).
j (ai, ak)=0 signifie une préférence faible de l’action ai par rapport à l’action ak pour
l’ensemble des critères.
j (ai, ak)=1 signifie une préférence forte de l’action ai par rapport à l’action ak pour
l’ensemble des critères.
La représentation sous forme de graphe est similaire à celle des méthodes ELECTRE. La
seule différence réside dans le fait que l’on indique la valeur numérique de la préférence sur
les arcs comme le présente la figure (6.3) :
j (ai,ak)
ak
ai
j (ak,ai)
Pour chaque sommet du graphe valué de surclassement, considérons les flux suivants :
flux sortant du nœud ai: + est égal à la somme des colonnes de la matrice valuée du
graphe de surclassement pour l’action ai, il représente la dominance de ai par rapport
aux autres actions de A. C´est le flux de surclassement positif qui s’exprime par :
164
+
(ai)= p j (ai , ak )
j A
flux entrant du nœud ai: - est égal à la somme des lignes de la matrice valuée du
graphe de surclassement pour l’action ai, il représente la faiblesse de ai par rapport aux
autres actions de A. c´est le flux de surclassement négatif qui s’exprime par
-
(ai)= p j (a k , ai )
j A
Une action ai est d’autant mieux rangée, si sa valeur ( +) est élevée et si sa valeur ( -) est
faible. Le flux net du nœud ai c´est-à-dire le bilan des flux entrant et sortant s´exprime par:
(ai) = +(ai) - -(ai)
Selon SCHÄRLIG [SCHÄRLIG, 1996] les règles pour un critère régissant le classement de
PROMETHEE I, sont les suivantes :
aiIIak
+
si (ai) = +(ak),
-
et si (ai) = -(ak),
aiRIak sinon
On obtient un préordre partiel assez réaliste dans la mesure où il permet d’éviter les
phénomènes de compensation entre le flux rentrant et le flux sortant. L’incomparabilité est
une information qui peut être utile pour le décideur.
Cette méthode permet de classer toutes les actions et ne laisse aucune action incomparable
avec les autres [BRANS, 1986]. Elle permet de réaliser un préordre complet.
La seule différence avec la méthode PROMETHEE I tient dans la définition de la relation de
surclassement, qui est la suivante :
L’action ai surclasse l’action ak (noté aiPIIak) si (ai) (ak),
L’action ai et l’action ak sont indifférentes (noté aiIIIak) si (ai) = (ak).
165
La préférence sur PROMETHEE II peut être positive ou négative. Plus il est important, plus
l’action ai domine l’ensemble des autres, moins elle est dominée. Il paraît donc naturel de
ranger les actions de la meilleure à la moins bonne.
Nous présentons un exemple numérique de PROMETHEE I/II dans l’annexe 10.
Pour une description complète et détaillée de la théorie liée aux méthodes ELECTRE et
PROMETHEE qui ne sont pas l’objectif de cette thèse, le lecteur est invité à se rapporter à
(SCHÄRLIG, 1985 ; VINCKE, 1989 ; ROY, 1985 et 1993 ; BRANS, 1984 ; BRANS, 1985,
BRANS, 1986 ; MARESCHAL, 1986 ; et MARESCHAL, 1994).
166
8.3. Démarche suivie de réorganisation de la pharmacie
167
donc des flux physiques, est fait à partir de la consommation, les flux d’information
remontent de l’aval vers l’amont afin de donner l’ordre de réapprovisionnement) [SOHIER,
2002]. Généralement, plus le stock prévu est important, plus le coût de détention du stock sera
élevé et le coût de rupture du stock sera faible. Le problème se pose ainsi : la minimisation
des coûts de rupture engendre une augmentation des coûts de détention. On peut aussi
constater que plus les lots sont importants, plus le volume moyen de stocks sera important,
moins nombreuses seront les opérations administratives (moins de réapprovisionnements).
D’autres difficultés proviennent des hétérogénéités des données logistiques, du
conditionnement, des dimensions des produits stockés, des modes d’expédition, etc. Des
complications peuvent provenir d’un grand nombre de lignes par commande ou des exigences
particulières de préparation. La complexité globale d’un magasin est la somme de toutes ces
exigences [ROUX, 2003]. La nouvelle organisation s'intéressera à la modélisation des
pratiques, des moyens tels les ressources humaines (l'affectation des personnels polyvalents),
des matériels (équipements de stockage et de manutention), à la définition de données
techniques, à la prévision, à l’organisation ainsi qu’à la gestion des stocks aussi bien que des
locaux.
Les hôpitaux performants sont ceux qui maîtrisent la qualité et l’efficacité du travail effectué
par leur main-d'œuvre. Cette efficacité du travail est devenue un facteur essentiel et privilégié
de l’hôpital, là où les frais des préparateurs et des opérateurs de manutention des produits
pharmaceutiques représentent une part importante du budget.
En conséquence, il faut développer des stratégies capables d'améliorer l’efficacité et la qualité
du travail des ressources humaines à la pharmacie de l’hôpital. La première tâche nécessitée
par la conception et l’organisation du stockage ainsi que la manutention vis-à-vis d’une
surface disponible consiste à étudier les caractéristiques des articles à tenir en stock. Il
convient dans un deuxième temps de définir les modes de stockage, les équipements fixes
correspondants (par exemple les armoires) puis les volumes de stockage qui vont s’avérer
nécessaires, et enfin les équipements mobiles (par exemple les chariots).
Les modèles et les outils d'aide à la décision développés s'appuient explicitement sur la
constitution d'une famille de critères traduisant les aspects pertinents du problème de décision.
Les critères sont des expressions qualitatives ou quantitatives de points de vue ou d’objectifs,
ou d’aptitudes ou de contraintes relatives au contexte réel, qui permettent d’apprécier des
alternatives [SIMOS, 1990]. L'ensemble des critères doit posséder certaines propriétés :
exhaustivité, non redondance, cohérence, indépendance..., [ROY, 1993]. De plus, la famille
de critères doit posséder deux qualités importantes : être lisible, c'est-à-dire contenir un
nombre suffisamment restreint de critères pour qu'il soit possible de raisonner sur cette base et
être opérationnelle, c'est-à-dire être acceptée comme la base de travail pour la suite de l'étude
[MOUSSEAU, 2000].
168
Pour le cas présent, on a une échelle en pourcentage. Les méthodes de choix des poids entre
les différents critères ainsi que leurs influences sur le résultat final ne seront pas abordées
dans ce mémoire, ils ont été suffisamment traités dans la littérature. Pour plus d’information,
le lecteur se rapportera à [ROY, 2002], [SANLAVILLE, 2002], [ROY, 1985 et 1993],
[MAYSTRE, 1994, 1999] et [VALLEE, 1994a et 1994b].
Essentiellement, deux approches ont été proposées pour parvenir à construire à partir d’un
ensemble d'attributs une famille de critères. L'approche du “haut vers le bas ou top-down ” qui
consiste à construire une structure hiérarchique modélisant à sa racine l'objectif global qui est
ensuite éclaté en sous–objectifs. La deuxième approche du “bas vers le haut ou bottom-up”
qui consiste à identifier toutes les conséquences pouvant résulter de la mise en oeuvre des
solutions, qu’on structure en dimensions puis en axes de signification autour desquels sont
construits les critères [ROY, 1985].
CRITERES SOUS-CRITERES POINT
Coût de stockage C1 2%
Coûts des infrastructures C2 8%
Coût de réapprovisionnement C3 4%
COUTS (25%) Coût de manquement C4 C4 1%
Coût d’immobilisation des produits C5 5%
Coût de réception et de rangement C6 5%
QUALITE (12%) Conditions de travail C7 6%
Erreur de préparation C8 6%
Temps de préparation C9 5%
DELAIS (15%) Délai de mise en place C10 5%
Réactivité / Adaptabilité C11 5%
Organisation des zones (emplacements) C12 8%
Distance parcourue C13 C13 5%
Utilisation de l’espace C14 C14 8%
Ergonomie des postes des préparateurs C15 5%
ORGANISATION (48%) Conformité de flux entré / sortis C16 5%
Implantation des zones C17 5%
Accessibilité aux produits référencés C18 6%
Flexibilité des préparateurs C19 3%
Extensibilité C20 3%
Tableau 6.2 : les familles de critères et sous-critères
Chaque groupe est formé de plusieurs sous-critères évalués sur une échelle de 1 à 5 (très bien
(TB), bien (B), passable (P), mauvais (M), très mauvais (TM)). D'autres échelles sont
également possibles, comme par exemple l’échelle de 1 à 7. Dans ce cas, les échelles sont
différentes pour chaque critère, mais on pourrait aussi avoir la même échelle pour l’ensemble
des critères. En conséquence, un "très bien", par exemple, n'a pas nécessairement la même
valeur selon les critères.
169
emplacement met en jeu divers objectifs non conflictuels et comparables tels que : fournir une
capacité de stockage adéquate pour satisfaire les demandes internes des services, optimiser les
zones de stockage afin d’écourter les flux, minimiser le temps d’accès aux produits stockés,
améliorer les conditions de travail des personnels, minimiser les coûts d’exploitation, etc. Les
objectifs précédents ont été pris en compte comme critères de décision et de classement pour
déterminer l’organisation appropriée parmi diverses solutions alternatives sélectionnées. Dans
le cas étudié, huit propositions d’organisation et d’approvisionnement représentent l’ensemble
des solutions techniques possibles compte tenu de la surface disponible sur le nouveau site
proposé à la pharmacie de l’hôpital de la Croix Rousse. On identifie ces solutions de S1 à S8,
comme le présente le tableau (6.3). Elles ont toutes en commun l’exploitation du nouveau
bâtiment.
S1 Système actuel est reporté dans le nouveau bâtiment
S2 Extension de 500M2 en plus de l’espace du nouveau bâtiment affecté
S3 Rangement des palettes sur deux niveaux dans le nouveau bâtiment affecté
S4 Exploitation du sous-sol du nouveau bâtiment affecté
S5 Réapprovisionnement à partir de la pharmacie centrale de Lyon pour la classe C
S6 Mise en place d’armoires rotatives
S7 Classement ABC des produits selon le taux de rotation et affectation de classe C au
sous-sol
S8 Mise en place d’armoires rotatives et extension de 500M2 (S2+S6)
Tableau 6.3 : les huit solutions proposées
Actuellement les stocks de l'hôpital sont placés dans deux entrepôts, un premier pour les
médicaments et dispositifs médicaux, et un deuxième pour les objets de pansements et les
solutés massifs. Dans le premier entrepôt, le rez-de-chaussée est consacré aux médicaments
stockés sur des étagères (ou sur des palettes pour les références alimentaires) avec un guichet
pour les réapprovisionnements des services et un espace réservé aux demandes d'urgence. Le
premier étage de cet entrepôt est réservé aux dispositifs médicaux et aux bureaux. Le
deuxième entrepôt est situé au rez-de-chaussée d’un autre bâtiment, on y stocke les objets de
pansement et les solutés massifs sur des palettes (91 références) ou sur des étagères (plus de
400 références).
Dans la première proposition, on conserve l’organisation actuelle sur le nouveau site de la
pharmacie par famille de produits en entreposant la famille des PANS et les palettes entières
au sous-sol.
Au rez-de-chaussée (RDC), ce rangement respecte la contrainte de passage soit 1.50M entre
les palettes dans la partie droite où se trouvent les objets de pansements et les solutés massifs.
Considérant les contraintes posées pour respecter la surface nécessaire au chargement et
déchargement des produits pharmaceutiques ainsi que le passage nécessaire pour la
circulation et la facilité du travail, pour cette raison quelques modifications sont nécessaires à
la première étape, comme le présente la figure (6.4)
Au premier étage, en respectant le rangement proposé sur le plan pour le premier étage, on
peut avoir 48 M3 de capacité de stockages dédiés aux médicaments. En modifiant la hauteur
des 14 étagères (armoires) de 0.9M à 2M (pour les armoires qui ne sont pas devant les
170
fenêtres et qui ne cache pas la lumière), la capacité augment de 6 M3. Sachant que la capacité
exigée est de 60 M3, on est obligé d’ajouter 4 autres armoires dans le bureau DMS. Le choix
s’est porté sur 4 armoires de dimension (1.2x2x0.6) atteignant ainsi 60M3 de capacité totale
de stockage pour la famille des MED.
Passage
Plan du RDC
171
10.2. Proposition S2 : extension de 500M2
La surface restante de la partie gauche du RDC n’étant pas suffisante pour le rangement des
palettes, il ne sera utilisé que pour les objets de pansement stockable en armoires (30M2),
évitant ainsi toutes autres extensions. Il nous faut encore 500M2 pour le stockage des palettes
ainsi que pour le garage des chariots. Le sous-sol pourra être utilisé à cet égard, mais un
réaménagement de ce dernier doit être envisagé comme pour la première solution. La figure
présente le plan de cette solution (6.5).
172
10.3. Troisième proposition rangement des palettes sur deux niveaux
Rangement
des palettes
sur deux
niveaux
Passage
173
La partie gauche du RDC reste réservée aux DMS.
La partie droite du plan « rez-de-chaussée RDC » reste réservée aux PANS et aux solutés
massifs (médicaments). Selon le plan proposé, seulement 53 palettes pourront être rangées à
droite du passage (couloir de circulation). Les DMS se trouve ainsi à gauche du passage.
Sur le site actuel (ancien cuisine) on a plus de 90 palettes (ou 90 références) regroupées selon
la famille (le bloc opératoire ou services spéciaux) puis selon l’ordre alphabétique. On stocke
également sur ce site plus de 400 références d’objets de pansements et de solutés massifs
rangées majoritairement dans des armoires. Sur le nouveau site, la partie droite sera réservée
aux palettes en supposant que les vestiaires et la chambre de garde seront détruits. Ces deux
derniers locaux seront transférés dans le local de détente. On doit encore utiliser une petite
partie de l’emplacement réservé à la vérification, la préparation et l’expédition (début de
passage de circulation) pour arriver à ranger toutes les références stockées sur les palettes.
La partie réservée pour les départs et les livraisons sera aménagée pour la réception et la
préparation des objets de pansements et des solutés massifs.
On réserve toujours la partie droite du RDC au stockage des DMS et on consacre 30 à 35M²
de la partie gauche pour la préparation des DMS. On réserve 16M² de la partie gauche pour la
classe A des MED, soit 6,4M² (16x40%=6,4M²) générant 12,8M3. Suivant cette disposition on
respecte le rangement des palettes sur un seul niveau pour faciliter la manutention des
marchandises et le travail des personnels, qui ne pourraient pas prélever les références
commandées par service si on cherchait à mettre les palettes sur deux niveaux (les références
arrivent sur palettes, mais la livraison s’effectue par carton ou boite à l’unité selon les
besoins). La descente des DMS au sous-sol n’étant pas très pratique et la possibilité de séparer
les palettes voulant être évitée, on propose de descendre les palettes au sous sol accompagnées
des références des objets de pansements. Le sous-sol peut largement accueillir toutes les
palettes et les objets de pansement ainsi que les solutés massifs et il restera une surface
disponible pour la fabrication. Le tableau (6.5) présente le détail de surface pour les DMS.
unité Avant Après (en y ajoutant
(selon le les vestiaires et la
plan) chambre de garde
Surface utilisée pour le stockage des palettes M² 105 149,3
Nombre de palettes U 53 87 (53+ 34)
Aménagement supplémentaire pour les palettes U 0 4
Aménagement supplémentaire pour le rangement 1x0.6x2 0 29 unités (armoires)
des PANS dans les armoires (m)
Tableau 6.5 : le détail de surface disponible
La partie gauche du plan de RDC reste réservée aux DMS. Avec l’extension au détriment du
local de charge (bureau sur l’ancien plan) et l’occupation de la surface réservée sur le plan
pour les postes de préparation (bureaux), on arrive à doubler la capacité de stockage des
174
armoires en atteignant à 92,16 M3 au lieu de 46,8 M3.Il reste seulement 22 M2 du RDC pour
la vérification et la préparation, au lieu des 35M2 demandés par les pharmaciens. Le tableau
(6.6) présente le détail de surface pour les DMS.
Dans cette proposition, on a du supprimer la surface de préparation des commandes pour les
dispositifs médicaux ainsi que certains locaux sanitaires et administratifs afin de trouver
l’espace nécessaire pour toutes les références. Cette solution ne répond pas à la demande des
pharmaciens exigeant un minimum de 30 M2 pour la préparation.
Le premier étage est réservé au rangement des MED.
Pour éviter l’exploitation du sous-sol, on propose de garder les classes A et B de toutes les
références à la pharmacie d’établissement, réparties entre le RDC et le 1er étage, et le
réapprovisionnement des références de la classe C (sauf pour les références qu’il est
légalement impossible de délocaliser) se fera à partir de la pharmacie centrale de Lyon.
Cette proposition nous donne une bonne possibilité de stockage avec le respect des contraintes
suivantes : une surface de préparation suffisante et un passage satisfaisant entre les rayons de
stockage. Moins de références seront stockées à la pharmacie de l’hôpital, ce qui facilitera et
rendra plus rapide la préparation des commandes.
D’autre part, le système d’information doit informer les différents services sur le lieu de
stockage des produits de classe C afin de leur permettre de distinguer dans leurs commandes
ces produits des autres (classes A et B). La mise en place d’un ERP pourrait résoudre ce
problème.
Le premier étage est réservé au rangement des MED.
175
Figure 6.7 : 6ème proposition
On peut envisager l’utilisation des armoires rotatives pour toutes les références de toutes les
classes dans le but de gagner encore plus d’espace et d’avoir un meilleur accès aux produits
donc un gain de temps. Ce dispositif de rangement est cependant assez coûteux.
Le premier étage est réservé au rangement des MED.
Cette proposition consiste à réaliser un classement ABC de toutes les références, descendre
les références de classe C des DMS et des PANS au sous-sol, stocker les produits sur palettes
au RDC, et le reste de la surface du RDC étant consacré aux produits de classe A et B des 3
familles (MED, DMS, PANS). Une meilleure disponibilité de ces derniers produits sera
obtenue vue leur fréquence de commande pour acheminement vers les différents services. La
classe C des MED restera au 1er étage.
Dans cette proposition, le personnel sera réparti par zone c’est-à-dire la plupart des
préparateurs travailleront au RDC où les classes A des 3 familles (MED., DMS, PANS)
seront stockées. Ainsi, ces références seront mieux contrôlées. La manipulation des palettes
sera plus pratique. Il y aura moins d’encombrement au niveau des monte-charges.
Normalement 40 à 50% des références pourraient être ainsi stockées au sous-sol. Le taux de
rotation de ces références étant faible, cette proposition ne pose pas de problème majeur pour
les préparateurs. La préparation des commandes nécessite de passer par les différentes zones
de stockage du fait que celles-ci ne font pas de distinction entre les références. Cette situation
peut causer des erreurs de prélèvement et une lenteur de la préparation. La mise en place d’un
ERP et d’un système de gestion des emplacements des stocks de la pharmacie permettrait de
résoudre ce problème.
176
10.8. Proposition S8 : armoires rotatives et extension de 500 M2
On ajoute à la proposition S6 qui présente l’installation d’armoires rotatives pour les classes
A de chaque famille (MED., DMS et PANS), une extension de 500M2 pour faire face à
l’augmentation prévue des activités de l’hôpital dans les années à venir comme le présente la
figure (6.8).
Extension de
500M2
177
Tableau 6.7 : Ensemble des actions, des critères et leurs évaluations
Ce tableau indique l’évaluation de chaque solution (Si: i=1, 2, …8) selon chaque critère ainsi
que les informations complémentaires telles que les poids éventuels et l’échelle de chaque
critère. Les calculs des performances de chaque solution sur chaque critère ont été effectués
en collaboration avec les pharmaciens de l’hôpital, ceci nous a permis de déterminer
l’intervalle possible de l’évolution de chaque critère.
11.2. Interprétation les résultats
Les résultats de l’analyse permettent de classer les solutions envisageables des «meilleures»
aux « moins bonnes », dans notre cas, la solution S8 (utilisation d’armoires rotatives et
d’automates de stockage avec une extension de 500M²) présente les meilleures performances
sur l’ensemble des critères. Bien que ce résultat paraisse prévisible pour certains décideurs, il
a été obtenu de manière objective, après avoir pris en compte tous les critères.
Comme on peut l’observer sur le graphe de surclassement de la figure (6.9), la solution S8 est
bien placée par rapport à la solution S1 avec 85% de points de vue en sa faveur (tableau 6.8),
par rapport à S2 87%, par rapport à S3 85%, par rapport à S4 85%, par rapport à S5 80%,
par rapport à S6 85%, et par rapport à S7 85%.
178
En plus, les indicateurs de discordance montrent qu’aucun des critères n’est contre
l'hypothèse S8 qui se classe toujours en tête. On observe que les solutions 8 et 6 sont
successivement les meilleurs et à peu près équivalentes. Les deux solutions S2 et S5 sont
incomparables et surclassent les solutions S1, S4 et S7, S3. La figure (6.14) présente la
distillation descendante et la distillation ascendante. Le rangement dans le préordre final
présenté par la figure (6.10) :
On voit clairement sur la dernière ligne des deux matrices que la solution S8 surclasse les
autres solutions avec un degré de crédibilité élevé sauf sur la solution S1 en raison de les
coûts bas de cette solution à mettre en place.
Le tableau 6.10 présente les matrices de préordre final :
179
Les deux tableaux présentent la matrice du préordre finale de surclassement des solutions, sur
le premier tableau on présente l’indifférence entre deux solutions par un I, la préférence faible
par P-, la préférence forte par P+ et l’incomparabilité par R. Sur le deuxième tableau, on
présent l’indifférence entre deux solution par le symbole ( ), la préférence faible par le
symbole (), la préférence forte par le symbole () et l’incomparabilité par carré vert ( ).
Par la suite, nous avons appliqué la méthode PROMETHEE comme méthode multicritère
alternative pour confirmer ou infirmer les résultats obtenus par l’application d’ELECTRE III.
Les résultats présentés sur la figure (6.11), et le tableau (6.11) présente le bilan des flux
entrants et sortants.
Figure 6.11 : Les points des actions Tableau 6.11 : bilan des flux
Les figures (6.12 et 6.13) présentent le classement final des solutions en appliquant la
méthode PROMETHEE I/II successivement.
180
fiables, car on force la méthode à comparer toutes les actions, même lorsque la comparaison
est difficile.
La recommandation porte finalement sur la solution S8 qui répond la mieux aux critères
d’organisation tout en respectant les conditions de travail, le temps de préparation, la facilité
des circuits de produits pharmaceutiques, la conformité des flux d’entrée-sortie, l’extensibilité
et surtout la réduction radicale des erreurs de préparation.
Avec la comparaison des résultats obtenus avec ELECTRE III et PROMETHEE I/II nous
constatons, pour ce qui concerne les quatre solutions de tête (S8, S6, S2, S5) et les quatre
solutions en queue (S1, S4, S7, S3), qu’il y a une similitude des conclusions mis à part un
changement de classe entre S2 et S5 qui se retrouve classer avant S2 dans PROMETHEE I.
Seule la solution S1 gagne une place devant S4 et S7 dans ELECTREIII contrairement à
PROMETHEE I/II. Nous observons que le classement obtenu avec PROMETHEE I /II
soutient le résultat obtenu avec ELECTRE III. La solution S8 est préférée à toutes les autres
dans les deux méthodes (ELECTRE III et PROMETHEE I/II). En outre, les solutions S4 et S7
demeurent incomparables.
Les résultats des classements obtenus soulignent qu’une méthodologie multicritère du type
ELECTRE III peut aider à évaluer la préférence de différentes solutions proposées et
constituer un bon outil d’aide à la décision pouvant contribuer de manière significative au
renforcement du processus de décision. La méthode PROMETHEE est utilisée comme
méthode alternative pour confirmer ou infirmer les résultats obtenus à l’aide d’ELECTRE III.
Dans une procédure de décision, il est souvent très utile de savoir, d’une part quels paramètres
ou critères ont le plus d’influence sur le résultat et d’autre part quelle est la stabilité des
résultats obtenus. L’analyste devra examiner par des analyses de sensibilité la stabilité des
résultats obtenus vis-à-vis de la variation des différents paramètres utilisés.
Cette analyse consiste à répéter l’analyse multicritère originale en faisant varier les valeurs
attribuées à l’origine aux différents paramètres de la méthode, valeurs qui sont quelque fois
arbitraires. L’objectif de cette étape est d’observer l’influence de la modification des
nombreux paramètres fixés au cours de la procédure d’analyse. « Elle vise à définir les
paramètres qui conditionnent le plus étroitement la solution choisie, c’est-à-dire où il suffit
181
d’une faible modification pour changer la solution proposée » [MAYSTRE, 1999].
Cette analyse consiste à faire varier les paramètres de la méthode les uns après les autres pour
savoir si le résultat reste inchangé. Il peut s’agir du poids de chaque critère ou de la valeur des
seuils, par exemple pour les valeurs des critères qualitatifs (subjectifs). Cette analyse peut
amener à déterminer les paramètres les plus influents sur le résultat mais son exploitation
n’est pas forcément aisée (on ne considère qu’un paramètre à la fois [BEN MENA, 2001 a]).
Ceci permet de rassurer le décideur, en lui permettant de faire varier les unes après les autres
les données du problème. Cette possibilité facilite notamment la tâche du décideur vis-à-vis
de l’expression de ses préférences en valeurs numériques (poids, seuils etc.), qui peut
naturellement ne pas être très précise. Pour que le décideur soit certain de ces évaluations,
nous avons testé la sensibilité des solutions.
Les comparaisons des solutions ainsi que les tests de sensibilité qui ont été effectués
démontrent que les classements sont sensibles à un certain nombre de données :
La variation des poids des critères : Certains critères jouent manifestement un rôle stratégique
dans l'évolution du classement. C'est généralement le cas des critères dotés d'un poids assez
important tels que : les coûts sur les infrastructures C2, les conditions de travail C7,
l’organisation des zones (emplacements) C12, l’utilisation d’espaces C14, la conformité de
flux entrés / sorties C16.
L'élargissement ou la diminution des seuils d'indifférence (et de préférence de manière
inverse), c'est-à-dire l’affectation d’un poids fort aux critères qui avaient des poids faibles
peuvent influencer le classement. On peut expliquer cette sensibilité par l’utilisation de la
méthode Electre III qui prend en considération la pondération de chaque critère selon la
préférence des décideurs à la lumière de l’importance de chacun d’entre eux. En conséquence,
nous avons constaté que la variation des seuils d’indifférence et de préférence ne change pas
le résultat, en respectant l’intervalle acceptable de ces seuils et le sens de la préférence des
critères (croissant ou décroissant).
De plus, nous avons répété l’analyse réalisée en favorisant une vision particulière. Par
exemple, nous avons effectué une simulation en favorisant la vision des dirigeants c’est-à-dire
en augmentant les poids des critères des coûts par rapport aux autres critères. Par exemple, si
on augmente le poids des critères suivant (tableau 6.12) :
Sous-critères poids poids
originale modifiés
Coût de stockage C1 2% 10%
Coûts des infrastructures C2 8% 15%
Coût de réapprovisionnement C3 4% 10%
Délai de mise en place C10 5% 15%
Utilisation de l’espace C14 8% 15%
Tableau 6.12 : modification des poids (vision dirigeant)
On remarque qu’il n’y a pas de grand changement pour les solutions de tête en appliquant les
poids modifiés. On observe que les solutions S5 et S6 sont les meilleurs et incomparables. Les
solutions (S8, S1) sont incomparables et surclassent toutes les autre solutions, et (S2, S4) sont
aussi incomparables et surclassent les solutions S7, S3. La figure (6.14) présente le nouveau
surclassement en prenant en compte la vision des dirigeants.
182
Figure 6.14 : vision dirigeant
Nous avons effectué une deuxième expérimentation en favorisant la vision des pharmaciens
c’est-à-dire en augmentant les poids des critères touchant les flux des produits
pharmaceutiques par rapport aux autres critères. Par exemple, si on augmente le poids des
critères suivant (tableau 6.13) :
Sous-critères poids originale poids modifiés
Condition de travail C7 6% 8%
Erreur de préparation C8 6% 8%
Temps de préparation C9 5% 10%
Organisation des zones (emplacements) C12 8% 10%
Distance parcourue C13 5% 6%
Utilisation de l’espace C14 8% 10%
Ergonomie des postes des préparateurs C15 5% 7%
Conformité de flux entré / sortis C16 5% 7%
Flexibilité des préparateurs C19 3% 7%
Extensibilité C20) 3% 5%
Tableau 6.13 : modification des poids (vision pharmacien)
Le rangement dans le préordre final présenté par la figure (6.15) (vision pharmacien) :
On remarque aussi qu’il n’y a pas de changement pour les solutions de tête en appliquant les
poids modifiés. On observe que les solutions S6 et S8 sont les meilleurs et deviennent
183
incomparables. Les solutions (S5) surclassent les solutions S1, S4, S2., S7 et S3, de plus S2 et
S7 sont incomparables et surclassent la solution S3. Ces analyses de sensibilité servent de
base à l’analyse de robustesse.
L’analyse de robustesse consiste à évaluer dans quelle plage chacune des données peut varier,
sans que soient modifiées les conclusions de l’étude [SANLAVILLE 2002]. Elle s’attache à
étudier la variation du résultat en faisant varier plusieurs critères simultanément. Selon BEN
MENA [BEN MENA, 2001a] « cette analyse est compliquée et implique de nombreux essais
successifs pour conclure à la robustesse d’un surclassement ». Deux approches sont possibles
pour mener une telle analyse :
l’analyse en étoile, systématique qui consiste à identifier l’élément le plus critiques
d’une analyse de robustesse et à faire ensuite varier un paramètre autour de sa valeur
dans la solution de base avant de le faire varier avec un second paramètre, etc.
Le principe du microscope : réservé à des analystes experts ayant déjà une idée des
faiblesses de la solution de base et qui vont procéder à des essais bien ciblés
combinant la variation de plusieurs critères et ainsi encadrer la solution de base pour
définir la robustesse de cette solution.
Après des centaines des essais, l’analyse en étoile nous montre que : les seuils d’indifférence
restent stables dans un intervalle de plus ou moins 5% et les seuils de préférence dans un
intervalle de plus ou moins 10% pour les quatre premières solutions (S8, S6, S2, S5). On
constate que l’ordre de classement ne change pas significativement, que les bonnes solutions
restent toujours bonnes et les mauvaises solutions restent mauvaises avec quelques
modifications dans le milieu du classement. Par exemple, S6 prend la première place si on
augmente le seuil d’indifférence de plus de 10% sur certains critères (le critère de coûts des
infrastructures C2 et le critère du délai de mise en place C10) et S5 passe quelques fois en tête
de classement surtout en fonction de la tolérance pour les critères de coût
d’approvisionnement (C3) et de coût de réception et de rangement (C6). Mais ce résultat
change avec l’augmentation du seuil de veto pour les critères décroissants (les critères de
coûts) et la réduction de ce seuil pour les critères croissants (par exemple le critère
d’organisation des zones C12).
On s’aperçoit bien ici que l’analyse de robustesse est un processus long et fastidieux et que sa
réalisation peut conduire à un nombre important d’itérations qui explique que cette partie de
l’aide multicritère à la décision est souvent approximative. Afin de résoudre ce problème, des
travaux sont en cours pour faciliter cette analyse par l’utilisation d’outils informatiques
permettant dans un premier temps de définir les variations d’ensembles de critères laissant la
solution de base inchangée et dans un deuxième temps, la définition des variations de critères
ne faisant apparaître que de faibles variations dans le classement [ROY, 2002], [BEN
MENA, 2001b].
184
13.3. La mise en place d’une nouvelle pharmacie d’établissement
Un autre avantage très important est la traçabilité qui est l’aptitude à retrouver l'historique,
l'utilisation, ou la localisation d'une entité au moyen d'identifiants enregistrés. Cette solution
permettra de retracer l'origine d'un produit, son historique de stockage et de distribution
[LEENS, 1998 & 2000]. Le gain de temps sur la préparation des commandes des différents
produits médicamenteux est nettement favorisé avec le stockage dynamique (stockeur) par
rapport au système d’armoire classique [GUERRERO, 1996], [BARKER, 1995],
[BRIGITTE, 2000] ; [COHEN, 2000] et [MADIC, 2001]. Le temps consacré aux activités
liées à la préparation peut être réduit de plus de 100 heures par mois (commande, rangement,
péremption et retours, gestion des stupéfiants et gain de temps en cueillette). Elle répond donc
à un double besoin d’organisation/rationalisation et de gestion/communication, dans le cadre
d’un large choix technique liée à l’exploitation de la chaîne logistique (entreposage,
préparation, manutention, livraison, etc.). En conséquence, l’amélioration de l'organisation de
la pharmacie conduit à l’optimisation des flux d'approvisionnement des produits
pharmaceutiques.
Enfin la réduction des dysfonctionnements des flux sera autorisée par la fiabilité de ceux-ci
qui sera aussi améliorée en les simplifiant au maximum. Un accroissement de la flexibilité des
préparateurs sera obtenu car ces derniers pourront travailler sur les différentes familles des
produits pharmaceutiques (actuellement les préparateurs sont affectés par familles Méd.,
DMS et O. Pans.).
185
14. Synthèse du chapitre
La problématique du choix d’une réorganisation, comme nous l’avons présenté au travers des
activités qui la composent, définit un problème assez complexe à résoudre pour un décideur,
car de nombreux critères sont à prendre en compte. Dans une étude de ce type, le résultat
(c’est à dire le choix) provient le plus souvent d’un compromis qui devra être accepté par tous
car une action obtient rarement les meilleures valeurs sur l’ensemble des critères.
Après avoir proposé un ensemble de critères pertinents relatifs aux activités essentielles de la
pharmacie d’établissement, nous nous sommes attachés à présenter ce qu’est l’aide à la
décision vis-à-vis de notre problématique et nous nous sommes orientés vers l’aide à la
décision multicritère qui nous semble la plus adaptée (recherche d’un compromis plus qu’un
optimum) à notre étude. Afin d’aider le décideur dans sa tâche, nous avons sélectionne la
méthode multicritère ELECTRE III que nous avons appliqué à notre cas d’étude. Cette
application s’organise tout d’abord autour de deux étapes fondamentales à la base de toute
méthode d’aide à la décision. Nous parlons bien sûr de l’élaboration du modèle de préférences
par le décideur qui est effectué sur la base des critères définis ainsi que la définition des
actions possibles prenant en compte le contexte général du système de valeurs de l’hôpital.
Pour résoudre le problème, il faut donc faire appel à des méthodes de formalisation qui
permettent d'effectuer des classements entre les diverses décisions. Les méthodes ELECTRE
mis à notre disposition et nous ont semblé tout à fait adaptées. Dans notre cas, la méthode
Electre III nous a paru la plus intéressante car elle permet de prendre en compte une part
d’incertitude dans les données utilisées par l’utilisation d’une relation de surclassement floue,
ceci par rapport à la méthode Electre II. Avec ELECTRE III, l’introduction de l’incertitude
dans les critères permet d’être plus flexible et de mieux répondre à la problématique des
critères qualitatifs. Elle permet de sauvegarder des nuances dans l’information disponible.
D’autre part, elle peut considérer deux solutions incomparables et ne cherche par à tout prix
un classement ce qui est la traduction pertinente de l’imprécision sur les données et des
précautions à prendre dans l’agrégation des critères [RO, 1993]. La pondération des critères
étant possible et souhaitée par le décideur afin d’exprimer finement les leviers de sa décision,
la méthode Electre IV a été rejetée car elle ne permet pas cette pondération.
Il faut cependant noter que la mise en oeuvre d’ELECTRE III n’est pas forcement aisée : le
décideur doit être capable d’exprimer ses préférences vis-à-vis de chaque critère en fixant ses
poids aussi que les différents seuils, et la signification des paramètres utilisés dans la méthode
peuvent être difficile à saisir. Malgré cette difficulté de mise en oeuvre, cette méthode profite
tout de même du bénéfice d’un grand nombre d’applications dans différents domaines ce qui a
tendance à rassurer les décideurs. La phase de modélisation des préférences, bien que
compliquée à mettre en œuvre, a le mérite d’obliger le décideur à s’interroger en profondeur
sur ses préférences. Afin de donner plus de poids aux résultats obtenus, nous avons ensuite
réalisé une analyse de robustesse qui, malgré son incomplétude, a donné des résultats
concordants vis-à-vis la solution de base ce qui nous a conforté dans la recommandation
d’actions pour le décideur
186
La méthode POMETHEE a été exploitée pour la comparaison des résultats avec ELECTRE
III. Dans notre cas, l’utilisation de cette méthode comme une méthode alternative est un point
important. Outre la validation des résultats, elle est nécessaire pour objectiver les résultats vis-
à-vis des décideurs. Les deux méthodes proposent des résultats très peu différents.
Les deux approches qui ont été mises en avant dans ce chapitre répondent bien aux besoins.
Les deux méthodes rendent des résultats exploitables sous forme de classement que le
décideur peut interpréter et sur lesquelles il peut appuyer sa décision avec une vision globale
et argumentée. Le but n’est pas de trouver la meilleure méthode à utiliser mais de définir des
approches pertinentes de la problématique. Il convient donc que la méthode choisie colle au
plus près aux exigences du décideur et à l’orientation que l’on souhaite donner au projet.
Quelle que soit la méthode utilisée par la suite, il est nécessaire que les actions et les critères
aient fait l’objet d’une analyse approfondie et minutieuse. En effet, si les données initiales ne
sont pas pertinentes, quelle que soit la méthode utilisée le résultat ne sera jamais concluant.
Cette étape n’est donc pas à mettre de côté et encore moins à négliger. De même, la dernière
partie (analyse de sensibilité et de robustesse) s’avère aussi très importante pour objectiver les
solutions vis-à-vis des décideurs.
187
Chapitre VII
La gestion des approvisionnements, des stocks et
l’estimation des besoins
Résumé :
Ce chapitre porte sur la maîtrise de la gestion des stocks de produits pharmaceutiques (MED,
DMS et PANS). Dans un premier temps, nous exposons la problématique de la gestion des
approvisionnements et des stocks à la pharmacie d’établissement. Nous commençons par la
réception des produits pharmaceutiques à la pharmacie, puis nous étudions les locaux de
stockages de ces dernières.
Par la suite, nous présentons la gestion des réapprovisionnements auprès des fournisseurs.
Nous étudions les méthodes de réapprovisionnement classiques applicables à la pharmacie
d’établissement, puis, nous proposons des méthodes adéquates en se basant sur notre analyse
des données des consommations des produits pharmaceutiques présentée dans les chapitres
précédents.
La deuxième partie de ce chapitre porte sur la gestion des approvisionnements et des stocks
des unités de soins. L'identification d'une politique globale de gestion des stocks, applicable à
tous les services de soins ayant des niveaux d’activité et des contraintes variées est une
entreprise difficile.
Nous définissons les principes d’une nouvelle politique de gestion des flux basée
principalement sur les livraisons aux services. Afin de réaliser une gestion adéquate des
produits pharmaceutiques dans les services de soins nous classons les services de soins selon
le nombre des produits consommés dans chaque service et selon leurs besoins en produits
pharmaceutiques. Le but est de proposer des démarches et des méthodes de
réapprovisionnement entre la pharmacie et les unités fonctionnelles.
188
1. Gestion des approvisionnements et des stocks à la pharmacie
d’établissement
1.1. Introduction
Dans le chapitre précédent, nous avons présenté la solution le plus adéquate aux problèmes de
surfaces disponibles et de capacités de stockage de la pharmacie qui consistait en l’installation
d’armoires rotatives (stockeurs). L’installation des stockeurs et le déménagement de la
pharmacie ont débutés au mois de mars 2005 et se sont achevés au mois de mai 2005.
Grâce à notre étude approfondie des données, la pharmacie a décidé de mettre dans les
stockeurs des produits à taux de rotation fort et moyen c’est-à-dire appartenant aux classes A
et B pour les familles DMS et PANS, classes issues de notre étude de Pareto (présentée au
chapitre IV). Les produits stockés dans les armoires rotatives doivent correspondre à certaines
caractéristiques de taille pour pouvoir être rangés. Par exemple, les produits volumineux sont
stockés en dehors les stockeurs. La famille MED est stockée au 1er étage du nouveau bâtiment
de la pharmacie sur les étagères modulaires à côté de la chambre froide. Les palettes sont
stockées au sous-sol.
La réception des produits pharmaceutiques se fait généralement l’après midi. Les produits
proviennent principalement de la pharmacie centrale de Lyon et le reste vient des fournisseurs
extérieurs. Avec les bordereaux de livraison, les opérateurs vérifient les produits, qui sont par
la suite transférés aux zones de stockage. Après la réception, les produits de DMS et PANS
sont acheminés à proximités des stockeurs. Ensuite, le préparateur repère le code et la quantité
des produits et les notent sur les cartons.
189
Finalement, la préparatrice saisit les entrées pour stocker les produits dans les stockeurs. Le
reste des produits des DMS et PANS sont stockés sur des étagères à côté des stockeurs et les
références volumineux (palettes) sont stockées au sous-sol.
La famille des médicaments suit les mêmes étapes de réception que les familles des DMS et
PANS. Les préparateurs acheminent les médicaments au premier étage où se trouvent leur
locaux de stockage.
Sachant que la mise en place des armoires rotatives nécessite des investissements important
en terme financier et humain (personnels qualifiés), et qu’elles ne pouvaient être appliquées à
tous les produits, nous avons étudié d’autres solutions de stockage qui ne nécessitent pas les
équipements sophistiqués de stockage. Nous présentons brièvement ces solutions :
3ème Solution : Déterminer trois zones de stockage selon le classement des grandes familles de
produits pharmaceutiques (Médicaments, DMS et objets de pansement) puis à l’intérieur de
chaque zone utiliser la méthode de classement ABC pour le rangement selon le taux de
rotation avec les critères de dépense et de la quantité consommée.
4ème Solution : Déterminer les zones selon le type de conditionnement (palette, carton, boite et
bouteille de gaz, …etc.) et de rangement (emplacement fixe ou mobile (tiroirs)) puis en
deuxième lieu selon le taux de rotation (classement ABC) ou par famille et sous famille.
Le tableau (7.1) résume les solutions ainsi que leurs avantages et leurs inconvénients pour
l’implantation ou la réorganisation d’une pharmacie d’établissement.
190
Solution de rangement envisagée Avantages Inconvénients
1. Méthode traditionnelle 1. Pas de changement de mode de travail 1. Déplacement des préparateurs relativement important
pour les préparateurs et donc pas de (surtout dans le nouveau bâtiment).
formations spécifiques. 2. Pas de flexibilité au niveau des ressources humaines
2. Temps de mise en place relativement (préparateurs dédiés à une famille).
rapide (pas de temps d’adaptation).
2. Classement ABC 1. Réduction des déplacements des 1. Modification du mode de travail actuel.
personnels. 2. Nécessité de former les préparateurs.
2. Possibilité de mettre en place une 3. Regroupement des références venant de familles
gestion d’emplacements automatique en différentes dans la même zone (un certain nombre de
utilisant les données d’un ERP. références de chaque famille seront stockées dans la
3. Flexibilité des ressources humaines qui même zone mais pas forcement mélangées).
travailleront sur trois zones. 4. Nécessité de mettre en place une gestion
d’emplacement automatique en utilisant les données
d’un ERP.
3. Méthode par familles de produits 1. Réduction des déplacements des 1. Un certain nombre de modifications du mode de
pharmaceutiques et sous famille et personnels dans chaque zone (optimisation travail actuel.
l’application de la classification locale). 2. Nécessité de former les préparateurs.
ABC 2. Peu de changement du mode de travail 3. Peu de flexibilité au niveau des ressources humaines
pour les préparateurs. (préparateurs dédiés à une famille).
3. Possibilité de mettre en place une 4. Nécessité de mettre en place une gestion
gestion d’emplacements automatique en d’emplacement automatique en utilisant les données
utilisant les données d’un ERP. d’un ERP.
4. Méthode par conditionnement et 1. Utilisation optimale de la surface 1. Mélange des produits pharmaceutiques dans la même
par taux de rotation existante. surface (MED, DMS, PANS).
2. Facilité d’affectation des espaces. 2. Nécessité de flexibilité au niveau des ressources
humaines (préparateurs non dédiés à une famille).
3. Nécessité de mettre en place une gestion
d’emplacement automatique en utilisant les données
d’un ERP.
5. Méthode par conditionnement et 1. Utilisation optimale de la surface 1. Mélange des produits pharmaceutiques dans la même
classement alphabétique existante. surface (MED, DMS, PANS.).
2. Facilité d’affectation des espaces. 2. Nécessité de flexibilité au niveau des ressources
3. Facilité pour les préparateurs humaines (préparateurs non dédiés à une famille).
d’identifier l’emplacement de chaque
référence.
En étudiant les avantages et les inconvénients des solutions proposées dans le tableau (7.1), il
nous semble intéressant d’appliquer la méthode de classement ABC (détaillée dans le chapitre
IV) en respectant l’ordre de classement par famille (solution 3). Ceci consiste à :
Etape1 : respecter le classement des produits pharmaceutiques en trois familles MED, DMS
et PANS. Afin d’identifier les différentes sous-familles de produits, nous proposons
d’appliquer un outil d’aide à la décision ou plus simplement de considérer plusieurs critères.
Les critères principaux à considérer sont la famille de produit pharmaceutique (MED, DMS,
PANS), la voie d’administration, le taux de rotation, le poids et le volume.
Etape2 : Respecter les contraintes de chaque sous-familles, par exemple séparer les produits
injectables et oraux ou encore les références qui doivent être toujours disponibles.
Etape 3 : Classer chaque sous-famille en trois classes :
A : la classe de forte rotation,
B : la classe intermédiaire de moyenne rotation,
C : la classe de faible rotation,
Nous ajoutons à ces classes, une classe D : les produits coûteux, les produits stupéfiants, les
produits dérivés de sang et tous ce qui nécessitent des suivis spécifiques (traçabilité). Nous
pensons que ce classement pourrait être ignoré suite à la mise en place d’un ERP et d’un
logiciel de gestion des emplacements. Les préparateurs trouveront l’emplacement exact de
191
chaque produit sur la feuille de préparation de commande. De la même manière, la
suppression du classement par grandes familles de produits (MED, DMS et PANS) pourrait
ainsi être envisagée. Ceci permettrait de gagner du temps lors de la préparation des
commandes et de minimiser les déplacements des préparateurs. Une étude détaillée du
rangement et de l’optimisation des stockeurs a été effectuée par un membre de notre groupe
de travail au laboratoire PRISMa (pour plus de détails voir l’annexe 11).
Nous rappelons les quatre politiques possibles d’approvisionnements, comme les résume le
tableau (7.2) en fonction des périodes et quantités des commandes.
Combinaisons de politiques Date Fixe Date Variable
Quantité Fixe Approvisionnements "automatiques" (abonnement) Point de commande
Quantité Variable méthode de re-complètement MRP
(abonnement à quantité variables)
Les modes d’approvisionnement qui pourraient être appliqués sur les familles des produits
pharmaceutiques (MED, DMS, PANS) en prenant en compte le classement ABC sont :
192
Réapprovisionner les références de classe A selon une méthode considérant une
Période Variable et une Quantité Fixe. D’autre part, on pourra appliquer la méthode de
la quantité économique de commande QEC corrigée selon nos contraintes (nous
détaillons cette méthode plus loin).
Réapprovisionner les références des classes B et C selon une méthode considérant une
Période Variable (quand on en a besoin) et une Quantité Variable (minimiser le
stockage excessif). D’autre part, on peut appliquer la méthode MRP pour les produits
de classe C, consommés occasionnellement.
Comme nous l’avons mentionnée dans les chapitres précédents, les produits pharmaceutiques
ont des caractéristiques et des contraintes spécifiques qui pourraient influencer le choix d’une
méthode de réapprovisionnement. Par exemple on ne peut pas appliquer la méthode MRP sauf
pour quelques dizaines de références très chères pour des maladies très spécifiques (on
commande quant on a besoin).
1.5.3. Analyse de historique de nombre de commandes (Fixe, Multiple ou Variable)
En prenant en compte l’historique de consommation, on peut résumer par sous-famille de
produits le mode de commande, et le nombre de commandes par quantité fixe, quantité
multiple ou quantité variable. Le tableau (7.3) montre les comportements de commandes par
sous-famille des produits pharmaceutiques en 2004 :
Compte Nbr. DE Libelle du compte Famille de Nbr. Com. Nbr. Com. Nbr. Com. TOTAL
Réf. produits QT fixe QT Multi QT Var de Com.
60211 801 SPECIALITES AVEC A.M.M. MED 3922 1981 1098 7001
60216 37 FLUIDES ET GAZ MEDICAUX MED 239 77 162 478
60217 16 PRODUITS DE BASES MED 20 3 23
60221 247 LIGATURES, SONDES DMS 488 254 121 863
60223 1392 MAT. MEDICO CHIR. A USAGE UNIQUE STERILE DMS 7733 3661 2427 13821
60227 232 PANSEMENTS PANS 1116 457 373 1946
602185 14 DESINFECTANTS MED 81 58 95 234
602186 19 PRODUITS DE NUTRITION ORALE ET ENTERALE MED 74 132 44 250
602223 13 PETIT MAT. DE CONDITIONNEMENT PHARMAC. DMS 101 16 11 128
602224 6 MATERIEL DE PRELEVEMENT STERILE MED 69 101 170
602262 3 PROTHESE OCCULAIRES MED 22 1 10 33
602263 70 PROTHESES CARDIAQUES MED 405 220 241 866
602264 1 PROTHESES NEUROLOGIQUES MED
602281 17 FOURNITURES POUR STERILISATION PANS 17 3 14 34
6021811 29 SPECIALITES ET PREPARATIONS SANS AMM MED 189 37 159 385
6021812 19 SPECIALITES ET PREPARATIONS MARQUEES CE MED 56 22 23 101
6022411 1 REACTIFS GERES PAR LA PHARMACIE MED 1 1
6022413 9 GAZ DE LABORATOIRES MED 39 71 1 111
6022614 4 OSTEOSYNTHESE MED 41 3 44
6022681 180 PROTHESES STERILES DMS 1125 660 403 2188
9960211 1604 SPECIALITES AVEC A.M.M. MED 6143 2754 3034 11931
9960217 24 PRODUITS DE BASES MED 103 67 10 180
9960221 33 LIGATURES, SONDES DMS 165 40 42 247
9960223 168 MAT. MEDICO CHIR. A USAGE UNIQUE STERILE DMS 231 46 24 301
9960227 146 PANSEMENTS PANS 452 207 194 853
99602154 36 PRODUITS SANGUINS STABLES MED 332 96 68 496
99602185 19 DESINFECTANTS MED 134 51 71 256
99602186 87 PRODUITS DE NUTRITION ORALE ET ENTERALE MED 410 256 272 938
99602223 7 PETIT MAT. DE CONDITIONNEMENT PHARMAC. DMS 40 4 8 52
99602281 2 FOURNITURES POUR STERILISATION PANS 6 1 3 10
996021811 24 SPECIALITES ET PREPARATIONS SANS AMM MED 115 55 7 177
996021812 2 SPECIALITES ET PREPARATIONS MARQUEES CE MED 2 1 3
996022411 14 REACTIFS GERES PAR LA PHARMACIE MED 64 50 17 131
Total 5276 23935 11280 9037 44252
% 54% 25% 20% 100%
193
La pharmacie semble favoriser un système de réapprovisionnement sur commandes à quantité
fixe (59% des références sont réapprovisionnées auprès de la pharmacie centrale de Lyon et
55% des références sont réapprovisionnées auprès des fournisseurs extérieurs). Le
réapprovisionnement à quantité multiple est de 21% et de 26% des références
réapprovisionnées respectivement auprès de la pharmacie centrale de Lyon et des fournisseurs
extérieurs. Le réapprovisionnement à quantité variable est de 20% et 19% de références
réapprovisionnées respectivement auprès de la pharmacie centrale de Lyon et des fournisseurs
extérieurs.
Ceci nous sert de référence pour adopter une méthode de gestion des stocks de type quantité
économique de commande QEC. Les figures (7.1 ; 7.2 ; 7.3 ; 7.4 ) présentent des analyses
détaillées des produits pharmaceutiques sur plusieurs critères: quantités commandées par
groupes de fournisseurs, dépenses engendrées par groupes de fournisseurs, nombre de
commandes, nombre de références, et comportement de commandes (variable, multiple et
fixe) pour chaque famille de produits (MED, DMS et PANS) et pour l’ensemble des
références consommées à l’hôpital en 2004 :
90%
80%
70%
72%
60% 65%
%de valeur
57% 59%
50%
40% 43%
41%
30% 35%
28%
20%
10%
0%
Quantités dépenses Nbr. de com. Nbr. de Réf.
Critères
90%
MED; 80%
91%
70%
60%
DMS;
59% 50%
40%
30%
MED;
34%
20%
PANS;
DMS; 10%
5%
4%
PANS;
7% 0%
194
% de références par mode de quantité
réapprovisionnées par le groupe de fournisseur
60%
QT. FIXE;
59%
QT. FIXE;
55%
50%
40%
%devaleur
30%
QT. MULT.;
26%
20% QT. MULT.;
QT. VAR.;
QT. VAR.; 21%
20%
19%
10%
0%
Four. EX. PH. C. de Lyon
Groupe de fournisseur
Par la suite, nous analysons le nombre de commandes par an, la moyenne des délais de
livraison, l’écart type des délais de livraison, le taux de service et la probabilité de rupture
pour chaque groupe de fournisseurs, comme le présente le tableau (7.4), sachant que le taux
de service et la probabilité de rupture sont calculés à l’aide des formules suivantes :
NCA
TS=
NTC
Avec : TS : taux de service
NCA : nombre de commandes arrivées (réceptionnées) dans le délai moyen de livraison
NTC : nombre total de commandes
Et la probabilité de rupture :
NCR
PR = =1-TS
NTC
Avec :
PR : probabilité de rupture (sans stock de sécurité (SS))
NCR : nombre de commandes qui ne sont pas arrivées (réceptionnées) dans le délai moyen de
livraison
NTC : nombre total de commandes
195
Fournisseur Pharmacie Centrale Fournisseurs Extérieurs
Critères
Nombre de références 2165 Réf. 3110 Réf.
Nombre de commandes par an 32245 Com. 12261 Com.
Quantité commandée par an 6085571 3315573,26
Dépense par an 7489161,11 5629794,27
Moyenne du délai de livraison (MDL) 1,18 jour 7,8 jours
Ecart type du délai de livraison ( DL) 0,9 jour 7,35 jours
MDL + DL 2,08 jours 15,15 jours
Taux de service par fournisseur 97% 71 %
Probabilité de rupture par fournisseur (sans SS) 3% 29%
Tableau 7.4 : données des fournisseurs en 2004
Les analyses présentées dans les tableaux et les figures précédentes nous permettent de nous
focaliser sur les fournisseurs avec lesquels la pharmacie de l’hôpital réapprovisionne la plus
grosse partie des produits pharmaceutiques. De plus, ces analyses nous orientent vers la
meilleure méthode pour l’approvisionnement de chaque famille de produits pharmaceutiques
en prenant en compte les critères cités ci-dessus.
L’objectif de ces analyses est de découvrir des possibilités d’amélioration des quantités
commandées. Par la suite, nous allons déterminer les paramètres des politiques de gestion des
stocks.
Les méthodes propres au milieu industriel ne sont pas reproductibles à l’identique dans le
domaine hospitalier en raison des contraintes et des caractéristiques des produits
pharmaceutiques car ils mettent en jeu la vie des patients. Il faut les transposer, les transférer
et les adapter.
Quantité économique :
2 AE
QEC =
UP
Avec :
QEC : quantité Economique de Commande,
A : coût de passation d’une commande,
E : quantité commandée annuelle,
P : taux de possession du stock,
U : coût du produit.
196
Comme le présente la figure (7.5) :
En réalité, le coût de passation des commandes est différent pour les produits
réapprovisionnées par la pharmacie centrale et ceux réapprovisionnées auprès des
fournisseurs extérieurs. Notre analyse indique que le coût de passation est à 4 fois plus chers
chez certains fournisseurs par rapport au coût de passation à la pharmacie centrale de Lyon.
Ceci nous oblige à séparer les références selon les sources de réapprovisionnement à savoir :
les références approvisionnées auprès de la pharmacie centrale de Lyon et les références
réapprovisionnées auprès des fournisseurs extérieurs.
Taux de possession P :
Les coûts de possession des stocks comprennent les frais de gestion des stocks avec :
les coûts directs : les immobilisations des locaux donnent lieu à des loyers ainsi qu’à
des frais d’entretien ; le fonctionnement de l’entrepôt nécessite des services extérieurs
(chauffage, éclairage, assurances, taxes...), les salaires et charges du personnel employé à la
tenue des stocks, les coûts générés par les conditions de stockage…
les coûts indirects : liés à l’intervention du service informatique pour les logiciels de
gestion des stocks, du service comptable pour la tenue des comptes, du service du personnel
pour le suivi des carrières des personnels…
Généralement le taux de possession pour les entreprises est entre 0.15% et 0.40% du prix du
produit selon le secteur d’activité. Ceci peut être expliqué par le fait que le coût de possession
dépend aussi du type d’équipement de stockage utilisé. Par exemple le mètre carré de stock
dans les stockeurs rotatifs coûte plus cher que les armoires classiques. Nous retenons
197
l’hypothèse que les paramètres A (coût de passation d’une commande) et P (taux de
possession du stock) peuvent variés.
Prix du produit (U) : on peut distinguer plusieurs catégories de prix des produits
pharmaceutiques comme le présente le tableau (7.5) :
Pharmacie Fournisseur
Pharmacie Total
Fournisseur
Prix de centrale de extérieurs
Catégories
référence centrale de Qt Qt
extérieurs Qt Qt Qt Qt
Lyon
fixe mult fixe mult
var var
1 0 (gratuit) 522 10 287 136 99 6 2 2 532
% 10% 0% 5 .5% 3% 2% 0,1% 0% 0,0% 10%
0<X<0.10
2 311 52 171 81 59 31 11 10 363
centimes
% 6% 1% 3% 2% 1% 1% 0.25% 0.25% 7%
10<X<0.50
3 232 97 128 60 44 57 20 19 329
centimes
% 4% 2% 2.5% 1% 1% 1% 0% 0% 6%
4 0.5<X<1 euro 274 106 151 71 52 63 22 21 380
% 5% 2% 3% 1% 1% 1% 0% 0% 7%
1<X<100
5 428 2098 235 111 81 1238 441 420 2526
euros
% 8% 40% 5% 2% 2% 23% 8% 8% 48%
100<X<500
6 368 594 219 103 76 441 157 149 942
euros
% 7% 11% 4% 2% 1% 8% 3% 22% 18%
7 >500 euros 30 153 17 8 6 90 32 30 183
% 1% 3% 0,32% 0,15% 0,11% 1,71% 0,61% 0,58% 4%
Total 2165 3110 1191 563 411 1835 653 622 5276
% 41% 59% 23% 10% 8% 35% 12% 12% 100%
1.6.2. Historique des quantités de commande et QEC calculée sur la famille de DMS
Calcul de QEC
Nous avons calculé la QEC en modifiant les paramètres (analyse de sensibilité) de la formule
(A et R), les autres paramètres (P et U) sont fixes comme le présente le tableau (7.6) :
Nous avons pris les références stockés dans les 4 stockeurs comme échantillon de calcul car
les données concernant la quantité par boite pour ces références et les informations des
volumes des références sont connues. Mais, ces calculs sont aussi valables pour les références
en dehors des stockeurs. Pour corriger ce manque de données et rendre nos résultats plus
réels, nous proposons de calculer la QEC à partir de la quantité minimum engagée. Cela veut
dire que s’il n’y a pas de données sur le nombre de pièces par boîte, on peut prendre la
198
quantité minimum qu’a été reçu, car les fournisseurs livrent uniquement par boîte. Le calcul
de départ est réalisé pour A = 0.5€ et P =15%. En augmentant de 25% le coût de passation A
(par exemple de 2 à 2.5) l’ensemble des QEC ont augmenté 11%. En prenant en compte la
quantité exigée par le conditionnement (les résultats de la QEC ont été corrigés en prenant en
compte la quantité de pièces par boîte), on constate que les valeurs de QEC ne présentent pas
de changements significatifs. Pour cela nous avons adopté comme base des calculs les valeurs
moyennes du coût de passation A = 2.5€ et du coût de possession P =0.35.
Nous avons trouvé dans certains cas que la QEC proposée est plus grande que la quantité
moyenne engagée. Par exemple, 239 références de DMS ont une QEC supérieur à la moyenne
de la quantité engagée. 67 % de ces références sont réapprovisionnées auprès de fournisseurs
extérieurs et 33 % auprès de la pharmacie centrale de Lyon. Par contre, 525 références de
DMS ont une QEC inférieure à la moyenne de la quantité engagée, dont 86 % de références
réapprovisionnées auprès des fournisseurs extérieurs, et 14 % des références
réapprovisionnées auprès de la pharmacie centrale de Lyon.
Compte tenu du fait que les produits pharmaceutiques ne sont pas tous de même nature de
consommation, il n’y a pas de raison de les gérer différemment. De ce fait, l’application de la
QEC apparaît très intéressante et donne des meilleurs résultats en diminuant la quantité à
commander et en amélioration l’affectation des espaces de stockage, ainsi qu’en diminuant la
quantité en stock. Pour la pharmacie centrale de Lyon (fournisseur), il n’y a pas beaucoup de
réductions dues à la QEC (c’est-à-dire la différence entre la quantité commande
historiquement et la quantité calculée par QEC). Par contre pour les autres fournisseurs, il y a
une réduction considérable.
Il faut mentionner que l’application de la QEC est conditionnée par la distinction d’une part
des produits à prix très bas ou encours gratuits. Pour ces références nous proposons de les
réapprovisionner à date fixe et à quantité fixe ou par l’abonnement de ces produits. 532
références ont un prix égale 0 :
2 AE
QEC =
0P
363 références ont un prix de mois de 10 centimes pour chacune. Ces dernières peuvent être
commandées par la QEC en modifiant la formule de cette dernière en supprimant le prix de
produit :
2 AE
QEC =
P
Dans ce cadre, le volume de produits (les dimensions) est plus important que le prix car le
coût de possession devient le critère majeur pour calculer la QEC. De plus, il faut transformer
le coût de possession en fonction de volume de produit à stocker et pas en fonction de son
prix. Il faut donc distinguer la valeur de l’argent immobilisé (qui varie en fonction de prix de
produit) et le coût de stockage qui ne dépend pas de prix de produit.
En appliquant le classement ABC sur les pratiques actuelles de commande (quantité fixe,
quantité multiple et quantité variable), nous constatons que la totalité de références
approvisionnées par le mode de quantité fixe peut être réapprovisionnée par la méthode de la
QEC, ce qui représente plus de 55% de l’ensemble des références. Il faut préciser que ces
55% de références représentent la totalité des produits de classe A (10% de références à forte
rotation), 20% de références de classe B (la moitié de cette classe : références à rotation
199
moyenne) et 25% de références de classe C (à faible rotation). Ces 55% de références
représentent près de 80% de la consommation annuelle de produits pharmaceutiques à
l’hôpital.
Pour le reste des références (45%) de la classe B et de la classe C, celles-ci, n’ont pas de
règles spécifiques d’approvisionnement. Celui-ci dépend de la consommation des références
surtout pour la famille des DMS. Ces références concernent les produits de très faible
rotation, les produits avec délai de livraison très variable et les produits commandés dont
l’intervalle entre les deux commandes est très variable et les produits très chers. Sachant que
9% de ces références peuvent être réapprovisionné par abonnement (7% des références
gratuites) et par le mode de JAT pour les références très chères (2% des références ont un prix
de plus de 1800 euros).
Pour les références restantes (36% des références), on peut appliquer la méthode de
réapprovisionnement « quantité variable et période variable ». La détermination des quantités
à commander pour ces références demande une étude plus approfondie qui doit prendre en
considération le prix des références, le délai de livraison, l’écart type du délai de livraison, la
fréquence de commande, la consommation moyenne journalière, le coût de possession et le
coût de passation. On peut calculer la quantité économique de ces article par la formule
suivante [GUINET, 1999] :
Q= ((2* E *(A+M*z(r)))/ (P* U))
Avec :
E : le nombre de références demandés en moyenne durant la période de planification (durée
de la période égale à 1, la demande suit une loi de distribution de Poisson de paramètre),
A : le coût de passation d’une commande,
M : le coût de manquants d’une référence indépendant de la durée de pénurie,
E : quantité commandée annuelle,
P : taux de possession du stock,
U : coût d’achat du produit,
z(r) : le nombre d’article manquants en stock exprimé par le variable aléatoire z.
0 si X(d) – r 0
z=
X(d) – r si X(d) – r 0
D’autre part, les produits très chers sont consommés par des patients spécifiques ou des cas
occasionnelles, dont 183 références de classe C selon le critère de rotation et de classe A en
terme de dépenses. Notre analyse indique qu’il y a 48 références parmi eux qui ont un prix de
plus de 1700 euros. La fréquence de ces références commandées est très faible, 187 fois en
2004, dont certaines références commandées 10 fois et certaines une seule fois. Pour ces
références la méthode de réapprovisionnement du JAT sera la plus adéquate sauf pour les
références qu’il convient absolument de garder pour la sécurité des patients, ceci est précisé
par les médecins et en concertation avec les pharmaciens.
200
1.6. Gestion des stocks à la pharmacie d’établissement
Dans le cadre du projet de réorganisation des stocks de la pharmacie de l’hôpital, nous avons
mené une étude sur la gestion des stocks, en collaboration avec deux autres étudiants. Les
paragraphes précédents traitent principalement de la quantité à commander.
Nous abordons maintenant quand commander en calculant pour toutes les références le point
de commande et le niveau de sécurité. Ces valeurs doivent être saisies dans le logiciel (Power
Pick) de gestion des stockeurs pour les familles DMS et PANS, car elles permettent au
logiciel de déclencher les commandes lorsque la quantité en stock d’un produit atteint le point
de commande. Cela doit permettre d’éviter la rupture des stocks que l’on rencontre
actuellement. Ces calculs sont nécessités aussi pour la famille MED.
Nos calculs sont basés sur les historiques des commandes des 5 dernières années. Nous avons
défini la politique de gestion de stock (quantité fixe, date variable) et nous avons calculé pour
chaque produit, le point de commande et la quantité à commander. A l’issue de cette étude,
nous avons obtenu un résultat encourageant : le volume du stock, en termes de quantité, a
diminué de 15% avec seulement 1% de probabilité de rupture de stock.
Délai de livraison
Il est important de définir un délai standard en accord avec chaque fournisseur. Il est
important aussi d’obtenir des délais compatibles avec les exigences des soins, pour ne pas
prendre le risque de ruptures d’approvisionnement ou de stocks excessifs. Pour cela, nous
avons calculé le délai de livraison selon la formule suivante :
DL = DR- DC
DL : délai de livraison
DR : date réception
DC : date commande
Vu qu’il existe des produits qui sont très peu commandés, nous avons déterminé le délai de
livraison moyen pour chaque fournisseur. Pour cela, nous avons regroupé les commandes de
tous les produits provenant d’un même fournisseur et calculé les moyennes des délais de
livraison. Généralement, toutes les références fournies par le même fournisseur ont quasiment
la même moyenne de délai de livraison et le même écart type.
D’autre part, à partir des données issues des historiques de commandes, nous avons réalisé ce
travail pour tous les produits qui ne sont pas commandés par abonnement annuel ou mensuel.
201
SQté
(3) CMJ =
( Ddc Dpc)
SQté
(4) CMJ =
365
Avec :
CMJ : consommation moyenne journalière
SQté : somme des quantités engagées
SDC : somme des durées entre les commandes
MQTé : moyenne quantités engagées
MPC : moyenne période entre commande
Ddc : date dernière commande
Dpc : date première commande
Parmi ces formules, la formule qui offre les résultats les plus stables est celle qui prend en
compte la moyenne de la quantité engagée et la moyenne de la durée entre les commandes.
Nous débutons notre analyse par la deuxième formule qui constitue notre point de départ :
MQté
CMJ =
MPC
Dans cette formule, la consommation moyenne journalière est calculée à partir de la quantité
moyenne engagée (en attende de livraison) pendant la durée moyenne entre les commandes.
En revanche, nous remarquons que cette formule ne serait pas applicable dans tous les cas
pour certaines raisons : tout d’abord, le calcul de CMJ est basé sur les deux valeurs moyennes
qui peuvent donner des résultats de faible précision. De plus, les valeurs MQte et MPC
obtenues à partir du fichier Excel ne sont pas fiables car les commandes sont enregistrées
ligne par ligne dans le fichier Excel. Il existe plusieurs cas où il y a plus d’une commande
d’un produit pour le même jour, dans ce cas la période entre les commandes est égale à 0, ce
qui entraîne un résultat erroné de la consommation moyenne journalière. Pour éviter ce piège,
nous pouvons appliquer la formule de CMJ exprimée comme la consommation annuelle
divisée par le nombre de jours ouvrables par an (considéré comme constant).
QA
(5) CMJ = t
260
Avec :
Qt A : somme des quantités consommées annuellement.
202
Avec :
SS : stock sécurité
K : facteur de sécurité
L : Ecart type des erreurs de prévision de consommation durant le délai de livraison. Du fait
que le service pharmacie ne calcule pas les prévisions, la valeur L n’est pas connue. Nous
l’avons remplacée par l’écart type du délai de livraison et l’avons multipliée par la
consommation moyenne journalière :
SS = K * DL*CMJ
Avec : DL : Ecart type du délai de livraison du fournisseur.
En supposant que tout ce qui a été commandé doit être reçu dans les délais (prévus délai
moyen de livraison par fournisseur), si le produit n’arrive pas dans le délai prévu on peut le
considérer comme un aléa de livraison. Dans ce cas, l’écart type du délai peut être un bon
indicateur quand il n’y a pas de prévisions de consommation annuelle ni un plan de
réapprovisionnement prévisionnel. Ainsi en nous basant sur l’écart type du délai de livraison
et en le multipliant par la CMJ, on peut obtenir une quantité (écart d’erreur) à la place de
l’écart type issu de l’erreur de prévision.
En conclusion, nous pouvons examiner l’ensemble des produits en identifiant les produits non
abonnés, en déterminant le facteur de sécurité K pour différents groupes de produits, et en
prenant en compte les variation des coûts de passation de commandes (ce coût diffère d’un
fournisseur à l’autre). Dans le milieu hospitalier, en raison de la sécurité des patients, il faut
éviter à tout prix les ruptures de stock. C’est la raison pour laquelle, nous avons pris une
valeur de K égale à 2,32 ce qui correspond à une probabilité de rupture de 1%. Ainsi, il y a
84.13% de probabilité pour que le produit arrive dans le délai de livraison et 98.9% de
probabilité pour que le produit ne soit pas en rupture de stock.
Après vérification avec les valeurs actuelles, nous avons constaté que l’on peut appliquer les
différentes valeurs du facteur de sécurité pour différents produits selon le délai de livraison
des fournisseurs. En effet, dans le cas de la pharmacie centrale de Lyon où le délai de
203
livraison est inférieur à 2 jours, nous pouvons prendre K = 1. Le tableau (7.7) récapitule les
valeurs de K en fonction du délai de livraison :
Avec un délai de livraison de plus de 2 semaines, on fixe le facteur de sécurité à 2.23 ce qui
nous donne un pourcentage de 99% de sécurité, c’est-à-dire qu’on a 1% de probabilité de
tomber en rupture de stock sur l’ensemble des références.
Avec :
QAC : Quantité en Attendant la Commande
DL : Moyenne du Délai de Livraison
204
1.7.8. Périodicité entre commandes
Suivant la QEC corrigée par boîte et tenant compte de Qmin. Le calcul de nombre de
commandes sur une période donnée est :
DEC
NPC =
NCT
NPC : nouvelle période entre commandes
Nous avons déterminé 3 critères pour évaluer les résultats de l’analyse en les comparants avec
les résultats des mêmes critères avant et après le déménagement de la pharmacie.
Premièrement nous avons déterminé la quantité moyenne dans le stock pour chaque référence,
en sommant la quantité de produits en stock de sécurité (quantité qui est supposée ne pas
bouger) plus la quantité moyenne de stock entre deux commandes (qui n'inclut pas la quantité
de stock de sécurité).
Historique de QMS
Dans le cadre de notre nouvelle approche, nous considérons les données de la nouvelle
période entre deux commandes à la place de PEC .
(CMJxNPC )
NQMS = + SS
2
Avec : NQMS : nouvelle quantité moyenne du stock
NPC : durée entre deux commandes
205
Pour notre étude on a pris R = 0.35 comme valeur de taux de possession. On a fait le calcul
pour trouver le CPG et le nouveau coût de possession globale NCPG en tenant compte des
formules (QMS et NQMS) précédentes.
CPAG =NCT x A
Avec :
CPAG : coût de passation globale
NCT : nombre de commandes totales sur l’horizon considéré
A : coût de passation d’une commande
Pour notre étude on a pris A = 2.5 comme valeur de coût de passation. On a fait le calcul pour
trouver le CPAG et le NCPAG. Pour l’ensemble des données, les résultats des calculs pour les
trois critères sont présentés dans le tableau (7.8) :
Ces résultats encourageant nous permettent de continuer la recherche pour améliorer ces trois
critères.
Pour qu’il n’y ait pas de rupture de stock, les livraisons doivent permettre aux stocks de rester
au-dessus d’un certain niveau, le stock de sécurité. Cela suppose plusieurs conditions :
connaître, à tout moment, l’état des stocks et ses mouvements (les entrées et les sorties) et
surtout pouvoir décider des entrées et des sorties de stock. Des outils de gestion des stocks
permettant d’avoir les informations adéquates, sont disponibles. L’état et les mouvements de
stocks ne peuvent être connus précisément et rapidement que pour la famille de DMS et
PANS. Chaque matin, une préparatrice collecte tous les bons de commande provenant des
différents services arrivant par différents moyens : soit par le logiciel SYCOMOR (déjà en
fonction dans la pharmacie), soit par courrier ou par fax dans les cas d’urgence, soit par
l’intranet. Les opérateurs sortent les produits et les mettent dans des armoires ou sur les
chariots. Finalement, les produits sont placés au point de distribution avant d’être livrés aux
différents services par les opérateurs.
206
à côté des stockeurs. Une partie du personnel s’occupe du stock des produits de nutritions,
une autre du picking et de la livraison des produits situés en sous-sol (où se trouvent les
références restantes des PANS et des solutés massifs (MED) qui sont stockées sur des
palettes), et enfin des préparateurs se chargent des MED. Les livraisons des produits des trois
familles sont regroupées pour chaque service de soins sur la plateforme de distribution afin de
les acheminer à la date prévue.
Face à la problématique d’une mauvaise configuration des plateaux des stockeurs par le
constructeurs et du choix des affections des emplacements pour les produits stockés dans les
stockeurs, un étudiant de notre groupe de travail a été chargé de poursuivre notre tâche et
d’optimiser les 4 stockeurs en faisant une analyse de l’existant de différents types
d’emplacement associés à tous les produits, et en proposant une nouvelle configuration des
plateaux.
207
Figure 7.7 : l’interface du logiciel d’optimisation des emplacements dans les stockeurs
En utilisant ce logiciel, près de 15% des emplacements actuels ont été optimisés, ce qui nous
amène à continuer la recherche en essayant d’optimiser le maximum d’emplacements sur les 4
stockeurs.
Le manque de produits pharmaceutiques dans les systèmes de soins peut bloquer tout le
fonctionnement des soins d’un établissement de santé. Un manque de médicaments dans un
service peut mettre en danger la vie des patients. Il est donc nécessaire d’analyser les besoins
et les dépenses des produits pharmaceutiques pour utiliser au mieux des ressources qui sont
rares. La problématique commune aux services de soins en la matière est donc bien celle de la
gestion des stocks et de leurs réapprovisionnements. Nous allons évaluer les besoins des
unités de soins concernant tous les produits approvisionnés par la pharmacie.
208
pharmaceutiques et économiques afin de répartir les tâches au sein de l'équipe en fonction de
la formation et de l'expérience des individus [BABOLI 2003b].
Notre analyse des commandes de l’hôpital de la Croix-Rousse montre que la dépense pour les
produits pharmaceutiques livrés aux différentes unités fonctionnelles représente près de 16M€
dont près d’un tiers reste sans consommation plusieurs mois sur les étagères des unités
fonctionnelles. Cette situation augmente fortement le risque de péremption ou de mauvaise
conservation. Généralement, la gestion des stocks dans les unités de soins est contrôlée par les
pharmaciens de l’hôpital qui donnent la possibilité aux personnels soignants de gérer leurs
stocks et les quantités de produits stockés en fonction de leurs besoins.
Dans la plupart des cas, ils s’appuient uniquement sur leurs expériences pour estimer leurs
besoins, visions personnelles et partielles, plutôt que sur la consommation réelle dans leurs
unités. Pour ce qui concerne les pharmaciens, leur souci est double, car d’une part, ils doivent
organiser l’approvisionnement de manière à pouvoir satisfaire les commandes dans les détails
requis et d’autre part, ils souhaitent éliminer le surstockage inutile dans les unités
fonctionnelles.
Nous avons analysé les données des exercices des cinq dernières années (2000 à 2004) pour
lesquelles la quantité mensuelle de chaque référence livrée à chaque service de soins est
connue. Cependant, la quantité de chaque produit commandé et le nombre de commandes
ainsi que le nombre de livraisons de chaque référence reste inconnue. Notre analyse ne
pouvait donc pas être basée sur les données de consommation réelle dans les services. Nous
avons supposé que la quantité mensuelle livrée correspondait à la consommation réelle du
service. Cette quantité mensuelle livrée constitue la base de notre calcul (consommation
moyenne journalière, CMJ). Les médicaments dérivés du sang et les stupéfiants sont quant à
eux gérés selon la logique d’une gestion à la commande ou DJIN.
Il convient de mentionner que les flux d’information des services de soins vers la pharmacie
d’établissement ne sont pas encore totalement informatisés. Pour un certain nombre de
services, les flux d’information pour les commandes des dispositifs médicaux stériles (DMS)
et les objets de pansement (PANS) sont informatisés. Les commandes concernant les
médicaments sont quant à elles sous formes papier. Un projet de mise en place d’un système
d’information global est en cours.
Dans chaque service il y a plusieurs sites de stockage différents sans compter les chambres
des patients. Ce nombre important de sites de stockage explique le volume de stock
immobilisé sur l’ensemble de l’hôpital. Par exemple, pour le service étudié (SRMAR) le stock
est localisé sur deux étages et occupe un grand magasin pour les DMS dont les références sont
nombreuses et ceci en plus du stock avancé de la pharmacie d’établissement pour ce service
qui se trouve à environ 100 mètres des lieux de soins. Cependant cette multiplicité des sites de
stockage ne donne pas l'apparence d'un "surstockage".
Parmi les références de dispositifs médicaux qui sont stockés au service SRMAR pour
l’exercice de 2004, plus de 300 références n'ont pas fait l'objet de commande pendant quatre
209
mois successifs et parmi eux, certains n’ont pas fait l'objet de commande pendant plus de six
mois.
La valeur des quantités immobilisées dans le stock pour la catégorie "dispositifs médicaux"
est importante et elle représente plus de 70% de la valeur de l’ensemble des produits stockés
dans ce service. Pour la famille des médicaments, 55% des références restent sans
consommation pendant plus de deux mois et plus de 45% de références des objets de
pansement restent sans consommation pendant plusieurs mois. Cette même analyse sur les
quatre autres exercices (2000 à 2004), indique que les résultats sont très proches (quelques
fois identiques). Enfin, on constate plus ou moins les mêmes résultats dans les autres services
de soins.
Comme nous l’avons précisé dans les paragraphes précédents, les commandes et les
consommations réelles des services de soins ne sont pas informatisées et exploitables. Pour
palier ce problème, nous supposons que la quantité mensuelle livrée correspond à la
consommation réelle du service et les méthodes de gestion proposées seront donc basées sur
la consommation moyenne journalière, (CMJ)1.
Pour effectuer le classement ABC de Pareto, nous avons analysé la dépense engendrée (DEP),
la quantité consommée (QT) pour les exercices de cinq dernières années. Les résultats de cette
analyse montrent que moins de 10% des références représente plus de 70% des dépenses et
plus de 75% des quantités consommées.
Le même résultat est constaté dans d’autres services (avec une variation ±5% selon la famille
de produits). De ce fait, une amélioration du réapprovisionnement et de la gestion des stocks
de seulement près de 10% des références (70% des dépenses et plus de 70% de la quantité
consommée) pourrait apporter un bénéfice substantiel au niveau des dépenses et des quantités
stockées. Ces 10% de références constituent notre cible privilégiée d’amélioration en
proposant des méthodes de gestion appropriés.
En l’état actuel, les services de soins sont réapprovisionnés deux fois par semaine à des dates
fixes. Dans le cas d’urgences, les personnels des services doivent venir à la pharmacie
d’établissement pour chercher les produits commandés.
La réduction des niveaux de stock dans les services de soins nécessite une augmentation des
fréquences de livraison, ce qui génère une augmentation des activités du personnel de la
pharmacie. Cependant, ce problème pourrait être minimisé en optimisant les tournées de
1
La pharmacie considère que toutes les références sortantes sont consommées. Ceci ne correspond pas à la
réalité, car notre analyse montre que plus de 45% des références restent plusieurs mois sans consommation et
certains produits sont périmés dans les stocks des services (Baboli, 2003a).
210
livraison des différents services ou bien en augmentant les personnels de la pharmacie
(transfert des personnels chargés des activités logistiques des services vers la pharmacie). Une
prévision plus juste et un contrôle permanent des stocks des services par les pharmaciens
pourraient également réduire le niveau global des stocks et les risques de péremption. Ce
dernier aspect augmente aussi le besoin de la pharmacie en personnel supplémentaire.
Les établissements de santé exercent de plus en plus de pressions sur les fournisseurs pour
qu’ils respectent les quantités commandées. Si le fournisseur est localisé sur Lyon (la
pharmacie centrale de Lyon et les grossistes pour certains médicaments), le niveau de stock
couvre une consommation moyenne de 7 à 10 jours. Ces critères et ces contraintes doivent
être pris en compte lors de la proposition de méthodes de réapprovisionnement et de gestion
des stocks.
Comme nous l’avons précisé dans les paragraphes précédents, notre objectif dans un premier
temps est d’améliorer le réapprovisionnement et la gestion de stock de 10% des références.
Ceci vise 70% des dépenses (MT) et plus de 70% des quantités (QT) consommées (cons.).
Considérant cet objectif, trois méthodes de réapprovisionnement et d’identification des
références (Réf.) à stocker dans les unités fonctionnelles UF sont proposées. Pour avoir une
base de comparaison, nous ajoutons à ces trois propositions, la méthode actuelle de
réapprovisionnement et de gestion des stocks. Une cinquième méthode pourrait être envisagée
concernant la Dispensation Journalière Individuelle Nominative (DJIN). Ceci nécessite
l’installation d’équipements spécifiques et de robots de déconditionnement et
reconditionnement.
L’investissement financier est important. La mise en place d’une telle solution ne pourrait pas
supprimer complètement le stock dans les services mais pourrait apporter une grande facilité
de gestion. La logique de la DJIN sans la mise en place des équipements spécifiques est
actuellement appliquée pour les produits dérivés du sang, les médicaments fabriqués dans la
pharmacie d’établissement, les produits tracés, la nutrition parentérale, etc. Cette logique a été
prise en compte dans nos propositions [HASSAN, 05].
2
Cette famille doit être réapprovisionnée auprès de fournisseurs dans toute l’Europe ce qui explique la période
de réapprovisionnement importante. D’autre part, le conditionnement et la quantité minimale de commande
déterminée par les fabricants génèrent quelquefois un surstockage de produits pharmaceutiques.
211
N° de réf Consommation Consommation Consommation Consommation Consommation Total
Service < 30 Service entre Service entre Service entre Service
réf. 30 et 100 réf. 100 300 et 500 réf. > 500 réf.
et 300 réf.
Nombre 66 27 27 16 27 163
d’UF
% de QT 1% 4% 14% 21% 61% 100%
% de MT 1% 3% 21% 19% 57% 100%
Etat actuel 2 fois /semaine 2 fois /semaine 2 fois /semaine 2 fois /semaine 2 fois /semaine
1ère 1 fois /20 à 30 1 fois / 1 fois / 3 fois / Semaine 4 fois /Semaine
proposition jours 20 à 25 jours 10 jours
2ème Réf. Réf. Réf. Réf. Réf.
proposition représentant représentant représentant représentant représentant
90% à 100% de 70% de 70% de 70% de 70% de
consommation consommation consommation consommation consommation
de l’UF de l’UF de l’UF de l’UF de l’UF
3ème Réf. Réf. Réf. Réf. Réf.
proposition représentant représentant représentant représentant représentant
90% à 100% de 90% de 80% de 70% de 70% de
consommation consommation consommation consommation consommation
de l’UF selon le de l’UF repartie de l’UF repartie de l’UF repartie de l’UF repartie
classement de façon de façon de façon de façon
décroissent suivent : suivent : suivent : suivent :
75% classe A, 68% classe A 60% classe A 60% classe A
10% classe B, 8% classe B 7% classe B 7% classe B
5% classe C 4% classe C 3% classe C 3% classe C
Dans la première proposition, nous essayons d’équilibrer les charges de livraison en réduisant
la fréquence de livraison aux unités fonctionnelles nécessitant peu de références (moins de
100) et en augmentant la fréquence de livraison aux unités fonctionnelles gérant beaucoup de
références (plus de 300). Le nombre de références stockées actuellement dans les UF reste le
même mais la quantité moyenne de chaque référence stockée dans les UF varient selon la
fréquence de livraison.
Nous avons essayé de cerner les avantages et les inconvénients pour chaque solution en
prenant en compte la vision de la pharmacie et la vision des services de soins comme la
présente le tableau (7.10).
212
Etat actuel Première proposition Deuxième proposition Troisième proposition
Charges des activités Réduction des stocks Réduction des stocks, Réduction des stocks,
logistiques équilibrées et du coût du coût d’entreposage, du coût d’entreposage,
Gestion de stock d’entreposage, Peu d’investissements Peu d’investissements
Avantages
d’investissements en Réduction du décalage avec les besoins réels avec les besoins réels
équipements avec les besoins réels exprimés par les services exprimés par les services
exprimés par les Faible risque de Faible risque de
services péremption péremption
Sur-stockage des Augmentation du Augmentation du Augmentation du
Inconvénients
La prise en charge de la gestion des stocks des UF par la pharmacie entraîne une
augmentation globale de la qualité de ces stocks : meilleure adéquation et adaptation avec les
besoins, diminution en largeur et en profondeur et surveillance des périmés.
Afin d’améliorer le fonctionnement actuel des stocks des services de soins et faciliter la tâche
de gestion, plusieurs solutions peuvent être envisagées. Le système d’échange de chariots, le
système de recomplètement, le système plein-vide [voir Beaulieu 2001], et le système de la
Dispensation Journalière Individuelle Nominative (DJIN) sont les systèmes qui peuvent
apporter une amélioration considérable. Le système d’échange de chariots permet de libérer le
personnel soignant des tâches de réapprovisionnement et de gestion des stocks, d’avoir une
gestion centralisée des approvisionnements et une réduction (ou suppression) des produits
périmés. Cependant, ce système augmente le besoin en espace, multiplie les déplacements et
augmente le niveau des produits stockés à l'hôpital.
213
diminue le niveau de produits stockés à l'hôpital. L’inconvénient majeur de ce système est
l’augmentation des tâches relatives au réapprovisionnement (commander et placer).
Le système plein-vide qui est un système à double casier, permet de faciliter la tache de
gestion des stocks car un casier vide déclenche rapidement le réapprovisionnement de ce
dernier. Suivant ce système, la quantité de chaque casier (appelée quota ou dotation) est
calculée en se basant sur les besoins de consommation sur une période de
réapprovisionnement à laquelle on ajoute un stock de sécurité pour faire face aux fluctuations
de la demande.
De plus, toutes les unités fonctionnelles (en particulier les unités avec un faible nombre de
références) et tous les produits pharmaceutiques (en particulier les produits volumineux) ne
pourront pas être gérés par ces systèmes (à l’exception du système de recomplètement), ce qui
rend le choix du système délicat. La solution peut être une combinaison de plusieurs solutions,
par exemple d’une part le système de plein-vide ou DIJN pour un certain nombre de
références (souvent les références de classe A) et d’autre part le système de recomplètement
pour le reste.
Suite aux choix de méthodes de réapprovisionnement, des références à stocker dans chaque
service et des systèmes de gestion des stocks à mettre en place, nous pouvons calculer les
paramètres de gestion des stocks tels le niveau de stock, le point de commande, le seuil de
sécurité, de chaque référence stockée dans les services de soins, paramètres calculés à l’aide
des mêmes méthodes appliquées au niveau de la pharmacie de l’établissement.
3. Synthèse du chapitre
Dans un premier temps, nous avons présenté notre étude de gestion des stocks de la
pharmacie. Nous avons adapté les modèles classiques de gestion des stocks du manufacturier
à notre contexte. Ces modèles sont basés sur des informations que l'hôpital ne connaît pas, et
nous les avons paramétrées à l’aide d’informations issues des historiques de commandes.
Dans un deuxièmes temps, nous avons calculé une probabilité de non rupture de stockage
pour chaque produit et observé que ces valeurs pourraient facilement être supérieures à
214
99.95%. Notre modèle de gestion des stocks a été appliqué à toutes les références, bien que
tous les produits n’aient pas le même comportement.
Le modèle appliqué simplifie les calculs et présente un niveau de sécurité fiable pour lesquels
la rupture est très marginale. Grâce à la méthode développée nous avons observé des
économies très significatives. Dans un troisième temps, pour la gestion des stocks et des
approvisionnements des services, nous avons identifié les références à stocker dans les
services de soins et les méthodes de réapprovisionnement adéquates pour les gérer, selon le
nombre de références de chaque service. En se basant sur une analyse des données des cinq
dernières années, trois méthodes de réapprovisionnement des unités de soins ont été
proposées. Par la suite, le problème du choix du (ou des) système(s) de gestion des stocks à
mettre en place a été abordé.
Le système de gestion choisi devrait être accompagné d’un système d’information performant
permettant une automatisation du circuit de commande et une analyse fine des mouvements
(historique). La détermination des paramètres de gestion des stocks des services de soins,
comme par exemple le niveau de stock, le point de commande et le seuil de sécurité de
chaque référence stockée, suivent les mêmes comportement que pour la pharmacie.
215
Conclusion générale
Les établissements de santé doivent d’une part assurer une qualité de service irréprochable
vis-à-vis des patients, et d’autre part doivent optimiser leur chaîne logistique. Dans ce
contexte, l’hôpital de la Croix-Rousse s’est engagé dans une démarche approfondie de
modification et d’amélioration de sa chaîne logistique et de ses infrastructures (bâtiment,
équipements, gestion de la chaîne logistique, etc.) en intégrant l’aspect organisationnel aussi
bien que l’aspect gestion des flux et des stocks. Dans ce cadre, l’hôpital formalise ses
processus internes (planification, préparation de commandes, distribution, etc.) et externes
(relation avec les fournisseurs et la plateforme des Hospices Civils de Lyon (HCL))
Cependant, l’absence d’une politique institutionnelle et de procédures formelles provoque des
dysfonctionnements et génère des coûts de possession de stocks importants.
Dans ce travail nous avons abordé une problématique au centre des préoccupations actuelles
des hôpitaux : l’optimisation et l’amélioration de la gestion des approvisionnements et des
stocks de la chaîne logistique pharmaceutique. Un contexte de rationalisation des dépenses de
santé conduit inévitablement à une réorganisation des fonctions de la chaîne logistique
hospitalière. Dans ce cadre, la direction d’un établissement peut voir dans un service
d’approvisionnements restructuré une source d’économie rapide. Mais, une action viable doit
dépasser l’optimisation des fonctions d’achat et de magasinage ou des aires de rangement
fonctionnelles pour également intégrer l’ensemble des activités concourant à la maîtrise des
flux. Toute action partielle entraînerait un transfert d’activités auprès d’autres services tels les
services de soins ce qui pourrait se traduire par une réduction du temps accordé à l’offre de
soins.
Le secteur de la santé a suivi la même évolution que toute autre industrie en matière de
logistique, concernant ou adaptant des concepts, méthodes et outils intégrant la spécificité de
leurs produits. Il est en ce sens confronté aux mêmes problématiques. Pour offrir un service
accessible et de qualité à la population malgré des ressources limitées, les gestionnaires des
pharmacies d’établissements de soins doivent adopter des pratiques de gestion efficientes et
cohérentes. Ces flux de produits se subdivisent en flux de consommables (médicaments,
poches nutritives, …) et de dispositifs médicaux stériles à usage unique (seringues, gants, …).
Ce dernier constitue un des flux les plus importants en fréquence et en valeur dans l’hôpital.
La réorganisation de ces flux vis-à-vis des besoins des services, constitue un enjeu pour la
sécurité des patients et un levier de contrôle financier dans le cadre de la maîtrise de leur
stockage et de leur péremption.
Dans le chapitre I, nous avons posé la problématique étudiée, nous avons introduit à cet effet
le contexte hospitalier, les problèmes observés dans le cadre d’une démarche d’amélioration
de la chaîne logistique de l’hôpital. Par la suite, nous avons présenté l’approche que nous
avons suivie pour traiter ces problèmes. Nous avons proposé que l'hôpital réorganise sa chaîne
logistique pour optimiser ses activités afin de rester performante.
216
Dans le Chapitre II, nous avons définis le cadre théorique qui nous a conduits à analyser
l’évolution de la logistique. Nous avons commencé par une présentation générale de la
logistique, et présenté ensuite la place centrale que prend l’étude d’une chaîne logistique dans
un hôpital. Ceci nous a conduit à définir le concept de la logistique et de la chaîne logistique
et nous avons détaillé les composants de cette dernière. Nous avons terminé cet exposé par
une présentation de la chaîne logistique hospitalière et son importance dans le secteur de la
santé sur trois niveaux d’analyse : opérationnel, tactique et stratégique.
Suite à notre étude du dimensionnement des activités et des flux dans le chapitre IV, celle-ci
nous a autorisés dans le chapitre V à une première modélisation pour mettre en œuvre une
démarche d’amélioration. A cet effet, nous avons choisi le modèle SCOR. Ceci nous permet
de connaître une démarche pour organiser les flux et les équipements de la pharmacie
d’établissement. Nous avons effectué l’étude de la réorganisation de la chaîne logistique
pharmaceutique et des zones des stockages de la pharmacie de l’établissement, suite à la
modélisation des activités et des processus de la chaîne logistique, en prenant en compte les
contraintes des flux et de stockage des produits pharmaceutiques, et ceci en utilisant une
méthode d’analyse multicritères.
217
pharmaceutiques effectuée dans le chapitre IV. En outre, nous avons formalisé et calculé les
différents paramètres tels le délai de livraison, le stock de sécurité et le seuil de commande.
Par ailleurs, nous avons définis les principes d’une nouvelle politique de gestion des
livraisons aux services. Afin de réaliser une gestion adéquate des produits pharmaceutiques
consommés dans les services de soins nous avons classé les services de soins selon le nombre
des produits consommés dans chaque service et selon leurs besoins en produits
pharmaceutiques dans le but de proposer des méthodes de réapprovisionnement entre la
pharmacie et les unités fonctionnelles ainsi qu’une organisation et une politique de gestion des
stocks associées.
Perspectives
Le souci du responsable du département sanitaire est de prévoir les besoins en produits
pharmaceutiques pour traiter tous les patients qui vont se présenter pendant une période
déterminée. Malheureusement, on ne connaît pratiquement jamais le nombre des patients et
leurs besoins en médicaments. On devra donc utiliser des approximations. Il est important de
commencer par une étude approfondie dans les services de soins (unités fonctionnelles) pour
estimer les besoins produits et baser les activités de gestion sur la consommation réelle de ces
derniers. Une telle approche permet de diminuer le niveau des stocks, d’éviter le surstockage,
de limiter le risque de péremption, de gagner l’espace dans les différents services de soins et
de libérer les personnels soignants des tâches logistiques.
Deux autres projets sont également très importants pour l’hôpital, la mise en place d’un
système d’information un ERP est (prévu pour être opérationnel en 2006), et la mise en œuvre
du système plein vide dans les services de soins. Ce dernier projet nécessite une étude
approfondie afin de cerner touts les avantages et les inconvénients en considérant d’autres
systèmes de réapprovisionnement. En outre, le projet de l’informatisation des prescriptions
médicales devrait conduire à la mise en place de la dispensation journalière individuelle
nominative (DJIN) prévue dans les années à venir. Ces trois projets permettront d’apporter
une amélioration notable dans le fonctionnement actuel et une augmentation de la
performance de la chaîne logistique pharmaceutique de l’hôpital. D’autre part, il serait utile
que chaque service reçoive la visite des pharmaciens au moins une fois par mois. Ces visites
aideraient à renforcer la formation des personnels soignants pour une bonne gestion de la
logistique de produits pharmaceutiques, pour l’identification des points forts et faibles afin de
résoudre les problèmes lorsqu’ils surviennent. L’un des objectifs principaux de cette
supervision de la part de la pharmacie serait de former des équipes de santé au niveau des
services de les motiver à assurer un contrôle efficace des médicaments, ce qui favoriserait une
bonne gestion des approvisionnements et des stocks de produits pharmaceutiques.
Suite à ce travail, nous pouvons dégager une autre perspective ambitieuse. Nous avons traité
la chaîne logistique pharmaceutique aval. Cela nous amène à nous poser la question suivante :
est-ce que nous pourrions ainsi modéliser la chaîne logistique pharmaceutique amont ? Et
serait-il possible de développer un modèle plus générique qui engloberait les deux parties de
la chaîne logistique ? De plus pourrions-nous encore standardiser le modèle pour toutes les
chaînes pharmaceutiques ? Enfin, serait-il pertinent de développer un modèle qui couvre la
chaîne logistique pharmaceutique étendue ?
218
rotations des commandes internes (pharmacie/service de soins) et externes
(fournisseurs/pharmacie) qu’il serait nécessaire de respecter afin de satisfaire aux contraintes
de sécurité, de qualité des soins (sécurité pour les patients) et aux contraintes économiques
(qualité de gestion).
Généralement, il serait souhaitable pour chacun des scénarios de livraison aux services ou de
réapprovisionnement auprès des fournisseurs de procéder à des simulations concernant
notamment les flux en matériel et les ressources en personnel en utilisant les outils de
modélisation et de simulation tels que ARIS Toolset. La modélisation et la simulation ne
peuvent être fiables et utilisables qu’avec des données réelles pour l’ensemble des services et
des fournisseurs. Le meilleur moyen pour y parvenir est de construire le modèle d'après une
situation existante connue (information) et de comparer la simulation du modèle et la réalité.
219
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http://www.chu-lyon.fr/internet/chu/etablissements/croix-rousse_livet/cx-
rousse_presentation.htm
247
ANNEXES
-1-
Annexe 1
L’HÔPITAL DE LA CROIX-ROUSSE1
Source :
http://www.chu-lyon.fr/internet/chu/etablissements/croix-rousse_livet/cx-rousse_historique.htm
L’hôpital de la Croix-Rousse fut construit de 1856 à 1861, sur le territoire de l’ex-commune
de la Croix Rousse, réunie à la ville de Lyon en 1852. Dès l’ouverture, 330 lits étaient mis à la
disposition des malades. Une maternité fut ouverte en 1866, et un hôpital d’isolement pour
maladies contagieuses en 1892. En 1963, un pavillon de réanimation médicale a été construit.
Il était destiné plus particulièrement aux insuffisants respiratoires. En 1966, un nouveau
pavillon a été ouvert regroupant des spécialités telles que la cardiologie, l’O.R.L.,
l’ophtalmologie et la stomatologie. Une nouvelle maternité a ouvert ses portes en 1978.
L'hôpital de la Croix-Rousse comporte actuellement 24 services répartis sur trois sites
lyonnais. Il dispose de 509 lits, 29 places d’hôpital de jour et 4 lits d’IVG. Il emploie 1600
personnes et 500 médecins permettent son fonctionnement. Il comporte les services suivants :
Hépato-gastro-entérologie, cardiologie, pneumologie, réanimation médicale et assistance
respiratoire, maladies infectieuses, chirurgie digestive, maxillo-faciale et orthopédique,
ophtalmologie, O.R.L, gynécologie-obstétrique, SIDA et transplantation hépatique. Il devrait
réunir dans un proche avenir les activités de 3 hôpitaux du nord de Lyon et regrouper
l'ensemble des disciplines médicales et chirurgicales autour d'un service d'accueil d'urgences
et des différents plateaux techniques spécialisés.
L’objectif des Hospices Civils de Lyon est de regrouper dans l’hôpital de la Croix -Rousse
l’ensemble des disciplines médicales et chirurgicales du Pôle Nord de Lyon (4 hôpitaux :
Antiquaille, Debrousse, Croix-Rousse et Hôtel-Dieu), autour d’un service d’accueil
d’urgences des différents plateaux techniques spécialisés. L’Hôtel-Dieu sera fermé à
l’hospitalisation permanente et restera un site de centre ville pour consultations et soins
ambulatoires. Il sera une « tête de pont » avancée de l’hôpital de la Croix-Rousse et abritera
des activités sanitaires et sociales dans cadre d’un réseau ville/hôpital (toxicomanie, SIDA,
planification familiale). Les deux autres hôpitaux seront fermés. L'objectif est de regrouper
dans l'hôpital de la Croix-Rousse, l'ensemble des disciplines médicales et chirurgicales autour
d'un service d'accueil d'urgences et des différents plateaux techniques spécialisés.
L’hôpital de la Croix-Rousse sera le site le plus profondément restructuré. Par ordre
chronologique, il été doté ou va recevoir :
Un bâtiment d’extension qui accueille actuellement les laboratoires d’hématologie,
d’anatomie cytologie pathologiques ainsi qu’une antenne de l’établissement de
transfusion sanguine (ETS),
Un bâtiment qui accueille un service de réanimation néonatale,
Un centre de biologie qui rassemblera toutes les disciplines biologiques,
Un bâtiment clinique de 42 422 m2 adressé à l’actuel bâtiment historique (18 salles
d’opérations 30 postes de réveil, 12 lits de soins intensifs et 9 lits de réanimation
chirurgicale), qui recevra les disciplines médicales et chirurgicales, ainsi qu’un plateau
technique complet à l’exception de laboratoires et qui comportera un service
d’urgences.
Grâce à d’importants travaux de surélévation de 3 étages la maternité de la Croix Rousse est,
depuis novembre 2003 une maternité de niveau III pouvant accueillir les grossesses
pathologiques et assurant la réanimation néonatale. Le secteur hospitalisation de la maternité
est en cours de rénovation, la modernisation des chambres (douches et local de soins pour
bébé) est effective depuis 2004. A terme cette importante maternité réalisera plus de 3 000
accouchements/an, 45 lits de réanimation néonatale accueilleront les nouveaux nés en
1http://www.chu-lyon.fr/internet/chu/etablissements/croix-rousse_livet/cx-rousse_presentation.htm
-2-
difficulté. Le Centre Livet, situé hors de l’enceinte de l’hôpital de la Croix-Rousse, 8 rue de
Margnolles, 69300 Caluire, est devenu un service de chirurgie orthopédique.
-3-
Annexe 2 (chapitre IV) : nombre de références pour chaque famille
L’application de la méthode ABC sur la quantité consommée et la dépense engendrée pour les
cinq dernières années (2000, 2001, 2002, 2003, 2004) pour l’hôpital entier :
Catégories Dép00 QT00 Dép01 QT01 Dép02 QT02 Dép03 QT03 Dép04 QT04
A10% 76% 77% 87% 77% 69% 88% 71% 89% 73% 81%
B40% 21% 16% 12% 20% 28% 12% 23% 11% 21% 16%
C50% 3% 7% 1% 3% 3% 1% 6% 1% 6% 3%
Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%
Tableau 2 : ABC des quantités et des dépenses (2000, 2001, 2002, 2003, 2004)
-4-
Annexe 3 (chapitre IV)
- - -
Mètre carré M , Mètre cube : M3
Total 16465271,81 10947159,08 1
Tableau 3 : répartition des produits par les unités de conditionnement
Légende : MTCUM : montant cumulé
QTCUM : quantité cumulé
-5-
Annexe 4 (chapitre IV)
-6-
Annexe 5 (chapitre IV)
Évaluation du nombre des effectifs dans la pharmacie dans les dernières années :
Année 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Pharmaciens 5 5 5 5 5 5,3
Préparateurs 9,75 9,5 9,5 10 11 11
Personnel Permanent Autres non spécialisés 10 10 10 9,8 9 9
Secrétaire 1 1 1 1 1 1
Administratif 1 1 1 1
TOTAL 25,75 25,5 26,5 26,8 27 27,3
Internes 4 5 4 5
Etudiants Etudiants 5AHU 5 8 7 10
TOTAL 9 13 11 15
-7-
Annexe 6 : service de soins
services de soins
ADMINISTRATION
ANESTHESIE REANIMATION
ANTENNE SMUR
CARDIOLOGIE
CENTRE ORTHOGENIE
CHIRURGIE GENERALE
CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE
CONVALESCENCE ET READAPTATION P.A. CUIRE
CRECHE CROIX ROUSSE
EXPLORAT. SYSTEME NERVEUX
FEDERATION DE BIOCHIMIE
GEST.SCES HOTELIERS TECHN
GESTION DU PERSONNEL
GYNECOLOGIE
HEPATO GASTRO ENTEROLOGIE
HYGIENE ET EPIDEMIOLOGIE
KINESITHERAPIE
LABO ANATOMIE CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES
LABO E. F. RESPIRATOIRES
LABO. DE BACTERIOLOGIE
LABO. DE PARASITOLOGIE
LABORATOIRE D.HEMATOLOGIE
LOGISTIQUE MEDICALE
MALADIES INFECTIEUSES
MEDECINE GERIATRIQUE CUIRE
OBSTETRIQUE
OPHTALMOLOGIE
ORL ET CHIR.CERVICO.FAC.
PHARMACIE
PNEUMOLOGIE
RADIOLOGIE
REANIMATION MEDICALE
REEDUCATION DES AFFECTIONS RESPIRATOIRES
RESTAURATION
SERVICE MEDICAL D'ACCUEIL
SERVICES TECHNIQUES
STOMATO.CHIR.MAX.FACIALE
-8-
Annexe 7 (chapitre V)
Identifier, hiérarchiser,
agréger les besoins en
produits pharmaceutiques
P2.3 P2.4
-9-
Figure 3 : livraison de produits gérés sur stock (D1)
- 10 -
Annexe 8 (chapitre VI)
Exemple d’ELECTRE II :
Pour illustrer le fonctionnement de la méthode ELECTRE II, on considère les notes de cinq
élèves dans cinq matières. Ces données sont réunies dans le tableau 1.
On cherche à déterminer quel est le classement des élèves suivant trois critères :
C1 : la moyenne des notes sur l’ensemble des matières doit être la plus élevée possible.
Note (E, matière)
C1(E)= matière
5
C2 : la note minimale doit être strictement supérieure à 8.
C2 (E)=10 si min matière (Note (E, matière)
Ou :
C2 (E)=0 sinon
C3 : les variations des notes autour de la moyenne doivent être les plus petites possibles.
matière Note (E, matière) C1( E ))
C3(E)=
5
En désignant par :
E : un élève parmi les cinq.
Matière : un indice qui parcourt toutes les matières pour l’élève considéré (cinq matières en
tout).
Note (E, matière) : désigne la note de l’élève E dans la matière (matière).
Les actions seront les suivantes :
a1 : E1 est le meilleur élève.
a2 : E2 est le meilleur élève.
a3 : E3 est le meilleur élève.
a4 : E4 est le meilleur élève.
a5 : E5 est le meilleur élève.
Il nous faut maintenant choisir des poids pour les différents critères. Par ce choix, on définit
un ordre d’importance dans les critères. Par exemple, on veut que la moyenne soit le critère
principal et que les deux autres critères aient le même poids.
Donc on fixe Pc1=0.5 ; Pc2=Pc3=0.25
Dans un première temps, on calcule la valeur de chaque critère pour chaque élève.
Ces valeurs sont réunies dans le tableau suivant :
- 11 -
C1 C2 C3
E1 10.2 0 1.035
E2 10.6 10 0.606
E3 10 0 3.08
E4 14.6 10 0.5366
E5 10 10 0.8
Tableau 2 : les valeurs des critères pour chaque élève
C1 C2 C3
E1 0.87 0 16.08
E2 2.61 20 19.45
E3 0 0 0
E4 20 20 20
E5 0 20 17.9
Tableau 3: les valeurs re-calibrées des critères pour chaque élève
Les échelles des différents critères ne nous convient pas, nous avons donc re-calibrer les
différentes valeurs :
Pour le critère C1, à 10 on associe 0 et à 14.6 on associe 20.
Pour le critère C2, à 0 on associe 0 et à 10 on associe 20.
Pour le critère C3, à 0.5366 on associe 20 et à 3.08 on associe 0.
Pour les valeurs intermédiaires de chaque critère, on effectue une interpolation linéaire en
utilisant les informations que l’on vient de fournir.
On obtient alors les valeurs contenues dans le tableau 3. Ici, les valeurs des amplitudes des
échelles (les variables j) valent toutes 20 (les valeurs de chaque critère sont réparties sur un
intervalle [0, 20].
Nous allons maintenant effectuer des comparaisons des actions voir les tableaux 4, 5, et 6:
La présence du symbole J_ à l’intersection de la ligne a1 et de la colonne a2 du tableau relatif
au critère C1 signifie que l’index 1 appartient à l’ensemble J_(a1, a2). Si l’on réunit les
informations des trois tableaux relatifs à ce couple d’actions, on obtient :
_
J (a1, a2)={1, 2, 3}
On effet, pour les trois critères C1 , C 2 et C 3 , l’action a2 est préférée à l’action a1.
a1 a2 a3 a4 a5
_ + _ +
a1 J J J J
a2 J+ J
+
J
_
J
+
_ _ _ =
a3 J J J J
a4 J+ J+ J+ J
+
a5 J_ J_ J= J_
Tableau 4 : comparaison entre actions pour le critère C1 .
a1 a2 a3 a4 a5
_ = _ _
a1 J J J J
+ + = =
a2 J J J J
a3 J= J_ J
_
J
_
a4 J+ J= J+ J
=
+ = + =
a5 J J J J
- 12 -
a1 a2 a3 a4 a5
_ + _ _
a1 J J J J
+ + _ +
a2 J J J J
_ _ _ _
a3 J J J J
+ + + +
a4 J J J J
+ _ + _
a5 J J J J
- 13 -
Le tableau 10 contient les ensembles de concordance :
a1 a2 a3 a4 a5
a1 {1, 2, 3} {1}
a2 {1, 2, 3} {1, 2, 3} {2} {1, 2, 3}
a3 {2} {1}
a4 {1, 2, 3} {1, 2, 3} {1, 2, 3} {1, 2, 3}
a5 {1, 2, 3} {2} {1, 2, 3} {2}
Tableau 10 : résumé concernant l’ensemble de concordance J = J+ J
=
.
a1 a2
a3 a4 a5
a1 00.75 0 0.5
a2 1 1 0 0.75
a3 0 0 0 0
a4 1 0.75 1 0.75
a5 0.5 0 0.5 0
a1 a3 a2
a4 a5
a1 0
0.25 0 0
a2 0 0 0.25 0.25
a3 0.25 0 0 0.5
a4 0 0.25 0 0.25
a5 0 0.25 0.5 0.25
a1 a2
a3 a4 a5
a1 1
0 1 0.5
a2 0 0 0.75 0
a3 0.75 1 1 0.5
a4 0 0 0 0
a5 0.5 0.75 0 0.75
- 14 -
Cab= P (a, b) P (a, b)
Pab
Avec Pab = 1, i et k.
Où Pab est la somme des poids des critères.
a1 a2 a3 a4 a5
a1 0 1 0 0.5
a2 1 1 0.25 1
a3 0.25 0 0 0.5
a4 1 0.75 1 1
a5 0.5 0.25 1 0.25
Tableau 13 : résumé concernant les coefficients de concordance Cab
P (a, b)
Il existe une condition supplémentaire : 1
P (a, b)
Cette deuxième condition a comme but principal d’éliminer les circuits, qui sont toujours
gênants. Pour résumer, le test de concordance est accepté si et seulement si :
Cab c-
et
P (a, b)
1
P (a, b)
P
On détermine les coefficients ab (tableau 14)
Pab
a1 a2 a3 a4 a5
a1 0 + 0 1
a2 + + 0 +
a3 0 0 0 0
a4 + + + +
a5 1 0 + 0
P
Tableau 14 : valeurs des coefficients ab
Pab
1 2 3
Nous calculons les coefficients Gab , Gab , et Gab en s’appuyant sur les données de tableau 3:
1
g1(b)-g1(a) que l’on note Gab (tableau 15)
g2(b)-g2(a) que l’on note Gab2 (tableau 16)
3
g3(b)-g3(a) que l’on note Gab (tableau 17)
- 15 -
a1 a2 a3 a4 a5
a1 1.74 -0.87 19.13 -0.87
a2 -1.74 -2.61 17.39 -2.61
a3 0.87 2.61 20 0
a4 -19.13 -17.39 -20 -20
a5 0.87 2.61 0 20
1
Tableau 15 : valeurs des coefficients Gab
a1 a2 a3 a4 a5
a1 20 0 20 20
a2 20 -20 0 0
a3 0 20 20 20
a4 -20 0 -20 0
a5 -20 0 -20 0
2
Tableau 16 : valeurs des coefficients Gab
a1 a2 a3 a4 a5
a1 3.37
-16.08 3.92 1.82
a2 -3.37 -19.45 0.55 -1.55
a3 16.08 19.45 20 17.9
a4 -3.92 -0.55 -20 -2.1
a5 -1.82 1.55 -17.9 2.1
3
Tableau 17 : valeurs des coefficients Gab
On calcule la matrice des relations de surclassement, en utilisant les seuils suivants :
c+=0.75, c0=0.7, c-=0.65, D1=20 et D2=16 comme le présente le tableau 18. Dans ce tableau,
le symbole SF désigne la relation de surclassement fort, le symbole Sf désigne la relation de
surclassement faible et x désigne l’absence de relation de surclassement entre les deux
éléments.
a1 a2 a3 a4 a5
a1 x x x x
a2 SF SF x SF
a3 x 0.1305 x x
a4 SF SF SF SF
a5 x x SF x
Tableau 18 : matrice des relations de surclassement
Le tableau 19 contient les coefficients de discordance. On remarque que vaut 20 pour tous les
critères.
a1 a2 a3 a4 a5
a1 0.087 0 0.196 0.196
a2 0 0 0.13 0
a3 0.0435 0.1305 1 0.895
a4 0 0 0 0
a5 0.0435 0.0775 0 0.105
Tableau 19 : résumé concernant les coefficients de discordance Dik
- 16 -
On trace maintenant le graphe de surclassement fort et le graphe de surclassement faible. Ces
graphes sont représentés à la figure 1.
a1
a1
a5
a5
a2
a2
a4
a4 a3
a3
On effectue le classement :
Direct : de la meilleure action à la moins bonne (tableau 20)
Inverse : de la moins bonne action à la meilleure (tableau 21)
Etape Yl D U B Al rl+1
0 {1, 2, 3, 4, 5} {4} {4} {4} 1
1 {1, 2, 3, 5} {2} {2} {2} 2
2 {1, 3, 5} {1, 2} {1, 5} {1, 5} 3
3 {3} {3} {3} {3} 4
Tableau 20 : le classement direct
Etape Yl D U B Al rl+1
0 {1, 2, 3, 4, 5} {1, 3} {1, 3} {1, 3} 4
1 {2, 4, 5} {5} {5} {5} 3
2 {2, 4} {4} {4} {4} 2
3 {4} {2} {2} {2} 1
Tableau 21 : le classement Inverse
Sachant que :
Rang du classement direct = - rang du classement inverse
Yl : est un graphe où tous les sommets qui ne sont pas classés sont recensés : ils forment
l’ensemble D.
D : est l’ensemble des éléments qui sont reliés dans le graphe de surclassement faible Gf et
constituent l’ensemble U.
U : est l’ensemble des éléments qui constitue le graphe de surclassement faible.
B : contient tous les sommets de U qui ne sont pas surclassés par un autre sommet de U.
Al : sont tous les actions classées à l’étape l(qui forme, par conséquence, la classe
d’équivalence Al).
rl+1 : est le rangement final (direct ou inverse)
- 17 -
Pour finir, on représente les informations obtenues par le classement direct et inverse sur un
graphique (figue 2). En abscisse, on a le rang obtenu lors du classement inverse et, en
ordonnée, on a le rang obtenu lors du classement direct.
Rang du classement
Rang du classement
direct
direct
3*
3*.
4 1* 4
5* 1*
5*
Classement
3 3 décroissant
2 2*
4* Rang du classement
2 2*
1 inverse 1 4* Rang du classement
inverse
0 1 2 3 4 0 1 2 3 4
Figure 2 : classement des actions
De plus amples informations sur cette méthode peuvent être trouvées dans [ROY, 1993],
[VINKE, 1989] et [MAYSTRE, 1994]
- 18 -
Annexe 9 (chapitre VI)
Cette extension est basée sur l’introduction d’une fonction p(d) donnant la préférence du
décideur pour une action x par rapport à une action y.
Une telle fonction devra être définie séparément pour chaque critère. Chaque fonction de
préférence prendra ses vale urs entre 0 et 1. Plus la valeur est proche de 0, plus l’indifférence
du décideur est grande pour les deux actions. Plus la valeur se rapproche de 1, plus la
préférence du décideur est marquée pour une action. En cas de préférence stricte, la fonction
de préférence sera égale à 1. Dans les applications pratiques, le décideur doit choisir une
fonction de préférence associée à chaque critère. Nous proposons de limiter le choix à l’un
des six types suivants :
Soit :
0 si d 0
pj( gj(ai)-gj(ak) ) =
1 si d 0
Figure 1
Dans ce cas, il y a indifférence entre ai à ak seulement si gj(ai)=gj(ak). Dès que ces valeurs sont
différentes il y a préférence stricte pour une des actions et il n’y a pas de paramètre à fixer.
Soit :
0 d I
pj( gj(ai)-gj(ak) ) = 1 d>I
Figure 2
- 19 -
Dans ce cas, il y a indifférence entre ai à ak aussi longtemps que l’écart entre gj(ai) et gj(ak)
n’excède pas I ; au-delà la préférence devient stricte. Cette fonction de préférence s’apparente
au cas du quasi-critère tel qu’il est défini par ROY [ROY, 1985]. Un seul paramètre (I) doit
être fixé. On retrouve le vrai critère si I = 0.
Soit :
0 d 0
pj( gj(ai)-gj(ak = d/m 0<d m
1 d m
Figure 3
Soit :
0 d q
pj( gj(ai)-gj(ak) )= ½ q < d q+p
1 d > q+p
Figure 4
Dans ce cas x et y sont indifférents si l’écart entre gj(ai) et gj(ak) n’excède pas q, entre q et q+p
la préférence est faible (1/2), au delà la préférence devient stricte. Il y a cette fois deux
paramètres (q et p) à fixer. On retrouve le vrai-critère si p = q = 0 et le quasi-critère si q > 0 et
p = 0. Rien n’interdit évidemment de considérer des critères à plus de 2 paliers ; cette
situation s’introduit naturellement lorsque le critère étudié donne lieu à des normes préétablies.
Soit :
- 20 -
0 d s
pj( gj(ai)-gj(ak) = (d-s)/r s d s+r
1 d s+r
Figure 5
Soit :
0 d 0
pj( gj(ai)-gj(ak) = 1-e-d /2 0 d
Figure 6
Lorsqu’un critère particulier est de type gaussien, la préférence du décideur ne cesse de croître
avec l’écart d. Il n’y a qu'un paramètre à fixer ; la valeur de .
Dans les applications pratiques, le décideur doit choisir le type de fonction de préférence de
chaque critère et fixer la valeur des paramètres correspondants.
Il s’agit selon nous d’une opération simple car le décideur connaît en général la signification
économique de ses critères et l’étendue des plages d’indifférence qui y sont associées. On
pourrait, pour faciliter cette opération, utiliser un petit questionnaire standardisé à remplir par
le décideur.
Les six types considérés ci-dessus nous paraissent suffisants pour traiter tous les cas
rencontrés dans les applications pratiques. Néanmoins des types plus sophistiqués de
fonctions de préférence pourraient être imaginés.
- 21 -
Annexe 10 (chapitre VI):
Tous les critères ont le même poids; g1, g3, g4 et g5 sont à minimiser, g2et g6 à maximiser. Les
données du problème sont contenues dans le tableau suivant:
CRITERE Min a1 a2 a3 a4 a5 a6 TYPE DE PARAMETRES
Max CRITERE
g1( . ) min 80 65 83 40 52 94 II l = 10
g2( . ) max 90 58 60 80 72 96 III m = 30
g3( . ) min 600 200 400 1000 600 700 V s = 50; r = 450
g4( . ) min 5.4 9.7 7.2 7.5 2.0 3.6 IV q = 1; p = 5
g5( . ) min 8 1 4 7 3 5 I -
g6( . ) max 5 1 7 10 8 6 VI s= 5
Tableau : actions, critères, poids et suils des critères
La partie gauche du tableau contient les données initiales. Dans la partie droite le décideur a
précisé le type de chaque critère et les valeurs des paramètres correspondants; cette opération
peut éventuellement se faire de façon interactive entre le décideur et l’analyste.
Les fonctions de préférence peuvent donc être déterminées pour chacun des critères. Il y a lieu
de tenir compte des critères à maximiser et des critères à minimiser. On en déduit les valeurs
des p(ai, aj), i, j = 1, 2, ...., 6, celles-ci sont données dans le tableau ci-dessous en même temps
que les valeurs des flux sortants et des flux entrants pour chaque installation.
Calcul de :
0 d q
1
p (d ) qpd q p
2
1 dfq p
- 22 -
p4(a1, a2) 1 9.7-5.4 5 p4(a1, a2)= 0.5
Etc.
Pour calculer - et +, nous avons :
+
= p j (ai , ak )
j A
-
= p j (ak , ai)
j A
+ -
( a i) = (ai) - ( a i)
k
p (a , a )
j j i k
j (ai, ak)= i 1
k
j
i 1
j (ai, ak)= 0 1*1 1*0.5 1*0 1*0.276 1.776
0.296
1 1 1 1 1 1 6
+
= p j ( a1 , a 2 )
j A
+
(a1)=0.296+0.250 +0.268+0.100+0.185=1.099
-
=0.462+0.236+0.399+0.444 +0.286=1.827
- +
Calcul de et :
+
a1 a2 a3 a4 a5 a6 ( a)
+
Tableau : Valeurs des p(ai, aj), (ai) et -(ai)
Il résulte la représentation suivante :
- 23 -
+ -
Il s’agit évidemment aussi d’une relation transitive, seuls les arcs clés ont été notés dans le
tableau ci-dessus. On observe que les projets a5 et a2 ont un bilan de flux positif, ils dominent
donc plus les autres projets qu’ils ne sont eux-mêmes dominés. Si le choix d’un seul projet
devait être fait, on pourrait inviter le décideur à trancher entre a5 et a2. Il est intéressant de
comparer les résultats obtenus par les deux méthodes; plus spécialement les positions
occupées par a1 et a5 dans les deux cas, les positions a2, a3, a4 et a6 par rapport aux autres
actions.
Ces méthodes, appliquées à des problèmes pratiques, peuvent efficacement contribuer à une
meilleure compréhension des relations induites par les critères entre les actions potentielles.
Elles illustrent comment le responsable de l’ingénierie de la décision peut construire une
méthode simple mais efficace d’aide au décideur.
- 24 -
Annexe 11 (chapitre VI)
- 25 -
15. Coût de manquement (taxi) : On cherche l’impact de la réorganisation sur le manquement
des références et le coût supplémentaire engendré par les manquants (en Euros).
16. Coût d’immobilisation de produits (prix) : l’argent immobilisé par le stockage des
produits d’une famille ou d’une classe (en Euros).
17. Distance parcourue pour préparer une commande : on mesure ici la distance moyenne
parcourue par un préparateur pour satisfaire une commande (en mètres).
18. Organisation des zones ou des emplacements : l’organisation permet d’éviter les erreurs
(croisement des flux) (Echelle de 1 à 4 : Faible, moyen, bien, très bien).
19. Erreur de préparation et Qualité du travail (Echelle de 1 à 4 : faible, moyen, bien, très
bien).
20. Coût de réception et de rangement : (en Euros).
- 26 -
Annexe 12 (chapitre VII) : optimisation des stockeurs
Les stockeurs s’appuient pour leur fonctionnement et leur gestion sur un logiciel appelé
‘‘Power-pick’’ (figure 1). Ce logiciel peut recevoir des commandes des différentes unités de
soins par intranet ou peut les recevoir par saisie des bons de commande. Une des fonctions du
logiciel de gestion des stocks est de lancer une alerte quand la quantité des produits en stock
est arrivée à un certain niveau afin de lancer une nouvelle commande, et aussi lorsque le stock
atteint le niveau de sécurité. Pour le fonctionnement de cette fonction et des autres le logiciel
a besoin de la connaissance des valeurs du point de commande, du stock de sécurité et de la
quantité des produits à commander.
Objectifs :
Déterminer pour chaque produit le type d’emplacement optimal.
Déterminer le nombre d’emplacements de chaque type.
Reconfigurer les plateaux.
Volume et surface :
En termes de taux d’utilisation des surfaces et des volumes des stockeurs, nous avons
enregistré ces valeurs chaque jour sur la période allant du 12/07/05 au 29/07/05 à 16 h, le
moment où les opérateurs finissent la réception des produits du jour. Cette période n’est pas
très significative car c’est une période de vacances et il y a moins de commandes et aussi
moins de produits à réceptionner qu’à l’ordinaire. Pourtant, cette analyse nous a permis
d’avoir une idée sur la disponibilité en terme de surface et de volume des stockeurs. Le niveau
de disponibilité pourrait être beaucoup plus faible lorsque le service pharmacie reprendra une
activité normale. Nous avons remarqué très nettement que la surface et le volume inutilisés
sont en moyenne de 34%, soit 2 fois plus que l’espace disponible. Le volume utilisé est en
moyen de 49%. Pour clarifier le terme inutilisé, nous précisons qu’un emplacement occupé
engendre un volume inutilisé lorsqu’il n’est pas totalement rempli. Comme le montre la figue
(2) :
- 27 -
surface volume
disponible disponible
18% 17%
utilisé utilisé
48% 49%
non utilisé non utilisé
34% 34%
Le taux élevé de surface et de volume inutilisés peuvent s’expliquer pour plusieurs raisons :
Une raison évidente est le fait que le produit est en rotation tous les jours.
Le service pharmacie a appliqué le mode FIFO pour la gestion de stocks des produits
pour minimiser le problème de péremption. Le logiciel Power Pick propose un nouvel
emplacement lorsque le temps entre 2 réceptions consécutives d’un produit dépasse 5 jours
même s’il reste encore des emplacements précédents qui ne sont pas totalement remplis.
Cela augmente le nombre d’emplacements non pleins, donc le volume inutilisé.
Suite à une panne d’un stockeur qui a entraîné l’arrêt total des 4 stockeurs, le service
pharmacie a décidé de diviser l’ensemble de ces stockeurs en 2 sous systèmes :
groupe stockeur1 (S1) et groupe des stockeurs 2, 3, 4 (S2, S3 et S4) pour assurer
partiellement le fonctionnement du service en cas de défaillances d’un stockeur. Dans cette
configuration, la plupart des produits doivent se trouver à la fois dans les deux sous
systèmes. Pour cela, lors de la réception d’un produit, le logiciel Power Pick divise la
quantité en 2 sans prendre en compte la quantité maxi par emplacement du produit. Par
conséquence, le volume inutilisé augmente.
La configuration des plateaux et les emplacements n’est pas optimale,
particulièrement pour les très grands emplacements. De ce fait, le délai peut être très long
avant qu’un emplacement occupé se libère.
D’après l’analyse que nous avons effectuée sur les types d’emplacements, nous avons
constaté que le nombre de types d’emplacements était très important (27). Les derniers sont
classés dans 6 catégories suivant leur largeur (L=200, 300, 400, 500, 1000, 3000). Parmi
celles-ci, la catégorie L = 200 présente de nombreux types d’emplacement. En revanche,
certains catégories sont semblables (200x425x225 avec 200x550x225, 200x200x150 avec
200x300x150, etc.). En outre, nous constatons que 2/3 de produits sont stockés dans cette
catégorie (L = 200). Nous observons aussi qu’il existe un emplacement de type 3000 mais
qu’il n’y pas de produit qui l’utilise. En effet, l’existence de ce type est due au manque des
séparateurs. Par conséquent, cet emplacement est toujours non utilisé.
Selon notre analyse sur les dimensions des produits actuellement stockés dans les stockeurs,
543 sur 847 produits peuvent être théoriquement stockés dans le type d’emplacement
- 28 -
200x850x150 sans tenir compte de la quantité de réception de chaque produit. En revanche,
parmi eux, il n’existe que 53 produits (543- 490) qui ont une dimension supérieure à 425 mm.
D’autre part, le nombre des produits dont les 3 dimensions sont supérieures à 150 mm est de
225 sur 847, soit inférieur à un tiers de la totalité des produits stockés dans les stockeurs. Le
tableau ci-dessous détaille les résultats.
- 29 -
Logistique hospitalière : organisation de la chaîne logistique pharmaceutique aval et
optimisation des flux de consommables et des matériels à usage unique
Résumé dactylographié de la thèse :
Les consommables (médicaments, poches nutritives, …) et les matériels à usage unique
(instruments de suture, seringues, gants, …) constituent un des flux les plus important en
fréquence et en valeur dans les établissements hospitaliers. La maîtriser de leur
approvisionnement vis-à-vis des besoins des services hospitaliers, définit un enjeu de sécurité des
patients et de contrôle des coûts issus de leur stockage ainsi que de leur péremption. La
problématique rencontrée pose plusieurs questions d'ordre stratégique. Comment peut-on
dimensionner les flux des activités d’une pharmacie d’hôpital ? L’organisation actuelle de la
chaîne et des zones de stockages des produits pharmaceutiques est-elle conforme aux meilleures
pratiques dans le secteur hospitalier ? Dans la négative, quelle organisation doit-on chercher ? La
gestion des approvisionnements et des stocks à la pharmacie d’établissement ainsi que dans les
services de soins, est-elle optimale ? Pour répondre à ces questions dans le cadre de notre
mémoire de thèse, nous avons structuré notre travail en deux parties. La recherche d’une
méthodologie d’investigation basée sur un état des connaissances, et sur application sur la
pharmacie d’établissement du CHU de la Croix-Rousse.
Ces travaux nous ont permis de démontrer que des méthodes d’analyse et outils de résolution
issus du manufacturier peuvent être appliqués au domaine hospitalier.
Mots clés : Logistique hospitalière, dimensionnement, gestion des approvisionnements,
modélisation, simulation, aide à la décision multicritère.