1 Les Pratiques Commerciales Trompeuses

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Introduction

La notion de “pratique commerciale” est plus large que la notion de publicité. Elle n'est pas définie
dans la LOI N° 31-08 EDICTANT DES MESURES DE PROTECTION DU CONSOMMATEUR
mais le legislatur eclaire le consommateur pour pouvoir proteger la partie la plus faible ainsi est
consideré comme pratiques commerciales trompeuses : « toute action, omission, conduite, démarche
ou communication commerciale, y compris la publicité et le marketing, de la part d’un professionnel,
en relation directe avec la promotion, la vente ou la fourniture d’un produit au consommateur ».

L’article 166 de la constitution marocaine, portée par le Dahir n˚ 1-11-91 du 29 juillet 2011, dispose :
« ​le conseil de la concurrence est une institution indépendante chargée, dans le cadre de l’organisation
d’une concurrence libre et loyale, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques,
notamment à travers l’analyse et la régulation de la concurrence sur le marché, le contrôle des
pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales déloyales et des opérations de
concentration économique et de monopole​ »

La loi n°31-08 « édictant les mesures de protection du consommateur met en place un cadre favorable
pour l’amélioration du niveau de protection du consommateur marocain ainsi que l’épanouissement
du rôle des Associations de Protection du Consommateur. Les principaux apports de cette loi portent
sur :

L’obligation d’informer le consommateur par le fournisseur de biens ou le prestataire de services


avant la conclusion d’un contrat de vente ;

La protection des intérêts économiques du consommateur notamment, en ce qui concerne les clauses
abusives ; La réglementation de certaines pratiques commerciales utilisées par les fournisseurs ;

La protection du consommateur contre les défauts de la chose vendue et la détermination de l’étendue


de la garantie conventionnelle et du service après vente ;

La mise en place de plusieurs dispositions réglementant les crédits à la consommation et immobilier;


Le renforcement et le développement du mouvement associatif. Cette loi traite la question des
pratiques commerciales concernant la publicité, les contrats conclus à distance, le démarchage, les
ventes en soldes, les ventes et prestations avec primes, les ventes ou prestations de service « à la boule
de neige » ou « pyramidale », les loteries publicitaires, le refus et subordination de vente ou de
prestation de service et l’abus de faiblesse ou d’ignorance.

Les pratiques commerciales déloyales sont susceptibles de détériorer les relations entre le
consommateur et le fournisseur, et d’induire en erreur le consommateur notamment la catégorie des
consommateurs vulnérables comme:Le consommateur pressé ;Le consommateur non averti ;Le
consommateur candide ;Le consommateur jeûne, âgé, handicapé...).
On peut distinguer deux types de pratiques commerciales déloyales qui vont à l’encontre de l’intérêt
du consommateur : les pratiques commerciales agressives et les pratiques commerciales trompeuses.
Ces deux pratiques peuvent contenir de fausses informations, et altérer le jugement et la liberté de
choix du consommateur à l’égard d’un produit.

Au Maroc, certaines pratiques commerciales ont été réglementées bien avant, par le biais de la loi
06-99 et son décret d’application et des sanctions ont été prévues pour punir ces pratiques. La loi
31-08, de son côté, a transposé et introduit également de nouvelles pratiques telles que le démarchage
et les contrats à distance.

La définition de la pratique commerciale : Ce sont des techniques dont les entreprises se servent pour
développer leurs ventes ou leurs services. Dans un premier temps les pratiques commerciales ont été
envisagées par le droit dans un souci de protection de la concurrence.
Ces pratiques commerciales peuvent devenir répréhensibles, et on considère qu’elles le sont
lorsqu’elles sont déloyales, lorsqu’elles emploient des techniques qui faussent le pouvoir de décision
du consommateur. Pour qu’il y ait pratique commerciale déloyale il faut que celle-ci « soit contraire à
la déontologie professionnelle et qu’elle altère de manière substantielle le comportement économique
du consommateur ». Le problème c’est qu’il n’y a pas toujours de code de déontologie, à défaut on
utilise les usages professionnels, les « bonnes pratiques».

On se demande alors dans quelles sont les pratiques commerciales trompeuses et quelles sont les
limites relatives à la répression de ces pratiques ?
Pour cela on traitera dans un premier temps la qualification des pratiques commerciales trompeuses et
dans un second temps le cadre légal relatif à ces dernières .

I/ La qualification des pratiques commerciales trompeuses

A) Les pratiques trompeuses par action et par omission

Section 1 : Les pratiques commerciales trompeuses par action

● L'élément matériel

Il existe ​trois hypothèses de pratiques commerciales trompeuses. Ces pratiques sont sanctionnées
qu'elles touchent les ​consommateurs​ ou les p​ rofessionnels​.

Il s'agit des pratiques commerciales qui contiennent ou véhiculent des éléments faux qui sont
susceptibles d'induire en erreur le consommateur moyen, ou bien des éléments vrais mais présentés de
telle façon qu'ils conduisent au même résultat.

est considérée comme pratique commerciale est trompeuse si l'infraction est commise dans l’une des
circonstances suivantes :

1. Lorsqu’elle crée une confusion avec un autre bien ou service, une marque, un nom
commercial, ou un autre signe distinctif d’un concurrent,
2. Lorsqu’elle repose sur des allégations, indications ou présentations fausses ou de
nature à induire en erreur et portant sur l’un ou plusieurs des éléments suivants :
● l’existence, la disponibilité ou la nature du bien ou du service ;
● les caractéristiques essentielles du bien ou du service, à savoir : ses qualités substantielles, sa
composition, ses accessoires, son origine, sa quantité, son mode et sa date de fabrication, les
conditions de son utilisation et son aptitude à l’usage, ses propriétés et les résultats attendus
de son utilisation, ainsi que les résultats et les principales caractéristiques des tests et
contrôles effectués sur le bien ou le service ;
● le prix ou le mode de calcul du prix, le caractère promotionnel du prix et les conditions de
vente, de paiement et de livraison du bien ou du service ;
● le service après-vente, la nécessité d’un service, d’une pièce détachée, d’un remplacement ou
d’une réparation ;
● la portée des engagements de l’annonceur, la nature, le procédé ou le motif de la vente ou de
la prestation de services ;
● l’identité, les qualités, les aptitudes et les droits du professionnel ;
● le traitement des réclamations et les droits du consommateur ;
3. Lorsque la pratique donne une ​présentation fallacieuse de l'offre commerciale​.

On peut prendre l'exemple de la quantité : boîte de conserves annoncée comme pesant 500 g alors
qu’il manque 100 g .
Selon l’article 3 de la loi, les fournisseurs doivent informer le consommateur, par tout moyen
approprié, des caractéristiques essentielles du produit, du bien ou du service ainsi que son origine et la
date de péremption, et le cas échéant, lui fournir les renseignements susceptibles de lui permettre de
faire un choix rationnel compte tenu de ses besoins et de ses moyen.

De même, nous constatons également que l’article 4 de la loi 31-08 oblige le fournisseur a délivré une
facture, quittance, ticket de caisse ou tout autre document en tenant lieu à tout consommateur ayant
effectué une opération d'achat et ce, conformément aux dispositions fiscales en vigueur. En outre, tout
produit ou bien mis en vente doit obligatoirement être accompagné d'une étiquette.

A cet effet, et après adoption au Maroc du décret n° 2.20.293 portant annonce de l’état d’urgence
sanitaire sur l’ensemble du territoire national pour faire face à la propagation du Covid-19, une ruée
vers les grandes surfaces et les commerces de proximité a été observée par crainte de fermeture des
supermarchés, du commerce et épuisement du stock, ce qui a occasionné un approvisionnement en
masse. D'où une augmentation des prix, notamment des produits alimentaires. Ainsi, nous avons
remarqué une hausse des prix de certaines denrées de première nécessité parmi lesquelles des produits
pharmaceutiques comme les gels hydro alcooliques, les gants, les masques de protection.

Le droit de la consommation, qui par essence se veut protecteur de l’intérêt des consommateurs qui
sont fondamentalement dans une situation de vulnérabilité, dans leurs rapports avec les
professionnels, a prévu des règles juridiques applicables dans ces situations de crise à travers la loi
31-08 édictant des mesures de protection du consommateur en garantissant une meilleure information
du consommateur à travers la mise en place des mécanismes instaurant l’obligation de l’informer au
préalable. La loi prévoit également le principe de la transparence des transactions et également un
renforcement des droits du consommateur en lui permettant de déposer ses réclamations s’il remarque
une hausse anormale des prix ou une pratique commerciale trompeuse de nature à l’induire en erreur,
via le portail du consommateur Khidmate almoustahlik. Ces réclamations seront examinées et traitées
par des enquêteurs chargés d’enquête et de la constatation des infractions relatives à la loi 31-08.

● L'élément moral

Il n'est pas nécessaire que l'auteur de la pratique commerciale soit de ​mauvaise foi pour être
sanctionné. L'intention de tromper n'est pas requise ; le délit s'apparente à un ​délit d'imprudence
commis par un professionnel, les particuliers étant exclus de l'incrimination dans la mesure où le texte
vise les pratiques commerciales.
Section 2 : Les pratiques commerciales trompeuses par omission

● L'élément matériel

Il s'agit de la pratique ​qui, compte tenu des limites des moyens de communication utilisés et des
circonstances qui l'entourent, omet, dissimule ou fournit de façon inintelligible, ambiguë ou à
contretemps une information substantielle ou lorsqu'elle n'indique pas sa véritable intention
commerciale dès lors que celle-ci ne ressort pas déjà du contexte. Cette incrimination est le
prolongement du dol civil, en particulier de la réticence dolosive, et de l'obligation d'information
portant notamment sur les caractéristiques principales du produit, son prix, les modalités de paiement
et de livraison, l'existence d'un droit de rétractation… Ces pratiques ne sont ici sanctionnées qu'à
l'égard des consommateurs.

Dans toute communication commerciale constituant une invitation à l'achat et destinée au


consommateur mentionnant le prix et les caractéristiques du bien ou du service proposé, sont
considérées comme substantielles les informations suivantes :

● les caractéristiques principales du bien ou du service ;


● l’adresse et l’identité du professionnel ;
● le prix toutes taxes comprises et les frais de livraison à la charge du consommateur, ou leur
mode de calcul, s’ils ne peuvent être établis à l’avance ;
● les modalités de paiement, de livraison, d’exécution et de traitement des réclamations des
consommateurs, dès lors qu’elles sont différentes de celles habituellement pratiquées dans le
domaine d’activité professionnelle concerné ;
● l’existence d’un droit de rétractation, si ce dernier est prévu par la loi.

Si l’une ou l’autre de ces indications manque dans la communication commerciale destinée au


consommateur comportant le prix et les caractéristiques du bien ou du service proposé, on se trouve
en présence d’une omission qui peut amener le consommateur à prendre une décision commerciale
qu’il n’aurait pas prise autrement.

En vertu de l'article 24 de la loi 31-08 : Le fournisseur est tenu, lors de toute publicité par courrier
électronique: de donner une information claire et compréhensible concernant le droit de s’opposer,
pour l’avenir, à recevoir les publicités ;
La loi 31-08 prévoit à cet effet que tout fournisseur doit, notamment par voie de marquage,
d'étiquetage, d'affichage ou par tout autre procédé approprié, informer le consommateur sur les prix
des produits et biens et tarifs des services. Il doit également lui fournir le mode d'emploi et le manuel
d'utilisation, la durée de garantie et ses conditions ainsi que les conditions particulières de la vente ou
de la réalisation de la prestation et, le cas échéant, les limitations éventuelles de la responsabilité
contractuelle. Le législateur marocain a fixé le contenu de cette obligation et a précisé ses modalités
par voie réglementaire.

● L'élément moral

Dès lors, il y a lieu de réserver cette qualification à des ​défauts de mentions suffisamment graves et
caractérisés pour qu’ils altèrent ou soient de nature à altérer le consentement du consommateur à
l’égard du produit ou du service proposé.
B) La ligne de démarcation entre les pratiques commerciales trompeuses et les pratiques
commerciales agressives , et les pratiques restrictives de la concurrence .

Section 1: Les pratiques commerciales agressives

Certains comportements sont susceptibles d’avoir une influence sur les consommateurs et de fausser
leur liberté de décision, et ainsi compromettre l’intégrité de leur consentement.
Le Code de la consommation précise qu'une pratique commerciale est trompeuse si elle est commise
dans l’une des circonstances suivantes :
- lorsqu’elle crée une confusion avec un autre bien ou service, une marque, un nom commercial, ou
un autre signe distinctif d’un concurrent ;
- ou lorsqu’elle repose sur des allégations, indications ou présentations fausses ou de nature à induire
en erreur et portant sur l’un ou plusieurs des éléments suivants :
• l’existence, la disponibilité ou la nature du bien ou du service ;
• les caractéristiques essentielles du bien ou du service, à savoir : ses qualités substantielles, sa
composition, ses accessoires, son origine, sa quantité, son mode et sa date de fabrication, les
conditions de son utilisation et son aptitude à l’usage, ses propriétés et les résultats attendus de son
utilisation, ainsi que les résultats et les principales caractéristiques des tests et contrôles effectués sur
le bien ou le service ;
• le prix ou le mode de calcul du prix, le caractère promotionnel du prix et les conditions de vente, de
paiement et de livraison du bien ou du service ;
• le service après-vente, la nécessité d’un service, d’une pièce détachée, d’un remplacement ou d’une
réparation ;
• la portée des engagements de l’annonceur, la nature, le procédé ou le motif de la vente ou de la
prestation de services ;
• l’identité, les qualités, les aptitudes et les droits du professionnel ;
• le traitement des réclamations et les droits du consommateur ;
• lorsque la personne pour le compte de laquelle elle est mise en œuvre n’est pas clairement
identifiable.

Une pratique commerciale agressive


« Une pratique commerciale est réputée agressive si, dans son contexte factuel, compte tenu de toutes
ses caractéristiques et des circonstances, elle altère ou est susceptible d’altérer de manière
significative, du fait du harcèlement, de la contrainte, y compris le recours à la force physique, ou
d’une influence injustifiée, la liberté de choix ou de conduite du consommateur moyen à l’égard d’un
produit, et, par conséquent, l’amène ou est susceptible de l’amener à prendre une décision
commerciale qu’il n’aurait pas prise autrement ».
Cette définition permet de regrouper les conditions nécessaires à la qualification de la pratique
commerciale comme apparaissant agressive, étant noté toutefois que cette analyse devra être effectuée
dans le contexte factuel, dans lequel s’inscrit la pratique, c’est-à-dire, comme l’affirme la directive, «
compte tenu de toutes ses caractéristiques et circonstances ».
Autrement, le code de la consommation fait des pratiques commerciales agressives une incrimination
autonome, distincte des notions de vice du consentement –notamment de la violence économique sur
le plan civil.
Ces pratiques commerciales agressives étant un cas particulier de pratiques commerciales déloyales ;
il convient d’abord d’apprécier la pratique au regard d’un consommateur normalement informé et
raisonnablement attentif et avisé ; sachant que lorsque la pratique vise une catégorie particulière de
consommateurs vulnérables en raison d’une infirmité mentale ou physique, de leur âge ou de leur
crédulité, le caractère agressif s’apprécie au regard de la capacité moyenne de discernement de la
catégorie concernée.

Section 2: Les pratiques restrictives de la concurrence

Les pratiques restrictives de concurrence sont des comportements d’acteurs économiques présumés
restreindre la concurrence et pour cette raison interdits indépendamment de leur impact réel sur le
marché.
Elles s'opposent aux pratiques anticoncurrentielles qui ne sont sanctionnées que si elles ont eu pour
objet ou pour effet de fausser la concurrence.
Le droit de la concurrence a pour objectif de préserver la loyauté dans les relations économiques.
L’existence d’une concurrence effective est indispensable au bon fonctionnement de l’économie, à la
régulation du marché.
Ainsi, les pratiques restrictives de concurrence concernent les cas ou on a un comportement contraire
à la liberté ou à l’égalité de la concurrence : elles sont sanctionnées en elle-même quel que soit leur
effet ( qu’elles aient un effet anticoncurrentiel ou non, elles sont sanctionnées même si il n’y a pas
d’incidence concrète établie ).

II/ Le cadre légal des pratiques commerciales trompeuses

1) Les règles de procédure

Section 1: ​L’organisation de défense des consommateurs

Les dispositions de cette nouvelle loi s’étendent également aux associations. En effet, la défense des
consommateurs peut être conduite collectivement par les associations de consommateurs.

1- Le rôle des associations de consommateurs

Les associations de consommateurs assurent l’information, la défense et la promotion des intérêts des
consommateurs, et concourent au respect de la nouvelle loi.

L’article 153 de la nouvelle loi exclut de la dénomination des associations de consommateurs et du


champ d’application de cette loi, les associations qui :

· Comptent parmi leurs membres des personnes morales ayant une activité à but lucratif ;

· Perçoivent des aides ou subventions d’entreprises ou de groupements d’entreprises fournissant des


produits, biens ou services aux consommateurs ;

· Font de la publicité commerciale ou qui n’a pas un caractère purement informatif, pour des biens,
produits ou services ;

· Se consacrent à des activités autres que la défense des intérêts des consommateurs ;

· Poursuivent, sous quelque forme que ce soit, un but à caractère politique.


2- Les associations des consommateurs reconnues d’utilité publique et leurs pouvoirs

Peuvent être reconnues d’utilité publique, les associations des consommateurs répondant aux
conditions fixées par la législation et la réglementation en vigueur relatives au droit d’association.

Ces associations auront à se constituer en une Fédération nationale de défense des consommateurs qui
acquiert de plein droit la reconnaissance d’utilité publique. Cette reconnaissance lui est reconnue par
décret.

Il y a lieu de signaler que seules les associations de consommateurs reconnues d’utilité publique et la
fédération nationale les regroupant, peuvent se constituer en partie civile par le biais des actions en
justice au profit de l’intérêt collectif des consommateurs ou pour la suppression des clauses abusives
ou illicites. De même, elles peuvent intervenir devant la Justice pour faire cesser des agissements
illicites ou supprimer une clause illicite.

En outre, elles peuvent exercer des actions en représentation conjointe si elles sont mandatées par les
consommateurs personnes physiques ayant subi des préjudices individuels qui ont été causés par le
fait d’un même professionnel.

Par ailleurs, les associations non reconnues d’utilité publique et dont l’objet est exclusivement la
protection des consommateurs, ne peuvent agir en justice qu’après avoir reçu une autorisation spéciale
selon les conditions à fixer par un texte réglementaire.

Section 2: ​Les procédures de recherche et de constatation des infractions

Compte tenu de la spécificité du droit de la consommation par rapport au droit commun, la nouvelle
loi détermine des procédures spéciales de recherche et de constatation des infractions.

1- Le corps des inspecteurs assermentés

Des inspecteurs assermentés et porteurs d’une carte professionnelle délivrée par l’administration
compétente, seront spécialement commissionnés à l’effet de procéder à la recherche et à la
constatation des infractions portant atteinte aux droits des consommateurs . Lesdits agents sont
astreints au secret professionnel.

2- La constatation des infractions par PV

Les constatations des infractions donnent lieu à l’établissement de procès-verbaux qui sont transmis
au procureur du Roi compétent au plus tard dans les quinze jours à partir de la fin des enquêtes.

Ces PV doivent énoncer la nature, la date et le lieu des constatations ou des contrôles effectués. Ils
sont signés par l’enquêteur et par la personne concernée par les investigations. En cas de refus de
celle-ci de signer, mention en est faite au Procès-Verbal. Un double est laissé aux parties intéressées.
Ils font foi jusqu’à preuve du contraire.

3- Le pouvoir des enquêteurs

Les enquêteurs peuvent accéder à tous locaux, terrains ou moyens de transport à usage professionnel,
demander la communication des livres, des factures et tout autre document professionnel et en obtenir
ou prendre copie par tous moyens et sur tous supports, recueillir sur convocation ou sur place les
renseignements et justifications.

Les PV correspondants doivent indiquer que le contrevenant a été informé de la date et du lieu de leur
rédaction et que sommation lui a été faite d’assister à cette rédaction.

Il y a lieu de signaler que les visites en tous lieux ainsi qu’à la saisie de documents et de tout support
d’information diligentées par le enquêteurs, ne peuvent avoir lieu que dans le cadre d’enquêtes
demandées par l’administration compétente, sur autorisation motivée du procureur du Roi dans le
ressort duquel sont situés les lieux à visiter.

La visite et la saisie s’effectuent sous l’autorité et le contrôle du procureur du Roi qui les a autorisées.
Pour cette raison, il désigne un ou plusieurs officiers de police judiciaire chargés d’assister à ces
opérations et de le tenir informé de leur déroulement.

En matière de publicité mensongère, trompeuse ou comparative, les enquêteurs peuvent exiger de


l’annonceur la mise à leur disposition de tous les éléments propres à justifier les allégations,
indications ou présentations publicitaires. Ils peuvent également exiger de l’annonceur, de l’agence de
publicité ou du responsable du support la mise à leur disposition des messages publicitaires diffusés.
En outre, l’annonceur pour le compte duquel la publicité comparative est diffusée doit être en mesure
de prouver dans un bref délai l’exactitude matérielle des énonciations, indications, et présentations
contenues dans la publicité.

2) La répression des pratiques et commerciales trompeuses

Section 1 : les sanctions et la prescription

A ce niveau on trouve que la loi 31 08 a mentionné dans son chapitre 9 plusieurs sanctions pénale :

● Au niveau du défaut d’information :

Article 173

Les infractions aux dispositions du titre II de la présente loi et des textes pris pour son application sont
punies d’une amende de 2.000 à 5.000 dirhams.

Au niveau de la publicité :

​ ature des infractions ​:


N

Les allégations, indications ou présentations fausses ou de nature à induire en erreur.

La publicité comparative.

Les indications obligatoires lors d’une publicité.

Les obligations liées à la publicité par courrier électronique

Article 174
Les infractions aux dispositions des articles 21 et 22 sont punies d’une amende de 50.000 à 250.000
dirhams.

Le maximum de l’amende prévue à cet article peut être porté à la moitié des dépenses de la publicité
constituant le délit.

Si le contrevenant est une personne morale, il sera puni d’une amende de 50.000 à 1.000.000 dirhams.

Pour l’application des dispositions de cet article, la juridiction peut demander tant aux parties qu’à
l’annonceur la communication de tous documents utiles. En cas de refus, elle peut ordonner la saisie
de ces documents ou toute mesure d’instruction appropriée. Elle peut en outre prononcer une astreinte
de 10.000 dirhams par jour de retard à compter de la date qu’elle a retenue pour la production de ces
documents.

● Au niveau des Contrats conclus à distance

Nature des infractions :

Les mentions obligatoires devant figurer sur l’offre du contrat de vente à distance

Les mentions obligatoires de l’offre du contrat de vente (cas du cyber commerçant)

Les obligations liées aux conditions contractuelles

Les obligations liées aux conditions de livraison.

Les obligations liées à la rétractation

L’exécution du contrat

Article 177

Les infractions aux dispositions des articles 29, 30 et 32 sont punies d’une amende de 1.200 à 10.000
dirhams.

En cas de récidive, l’amende est portée au double.

Est en état de récidive l’auteur qui commet l’infraction dans les cinq ans suivant une condamnation
ayant la force de chose jugée pour des faits similaires.

Article 178

Est punie d’une amende de 1.200 à 50.000 dirhams le refus du fournisseur de rembourser le
consommateur dans les conditions prévues aux articles 37 et 40.

En cas de récidive, l’amende est portée au double.

Est en état de récidive l’auteur qui commet l’infraction dans les cinq ans suivant une condamnation
ayant la force de chose jugée pour des faits similaires.

● Au niveau du démarchage
Nature des infractions :

Les mentions que doit contenir le contrat conclu lors d’une vente par démarchage

Les mentions que doit contenir le formulaire détachable destiné à faciliter l’exercice de la faculté de
rétractation

Les informations à communiquer lors d’un démarchage par téléphone.

​Article 180

Toute infraction aux dispositions des articles 47 à 51 et de l’article 31 sera punie d’une amende de
1.200 à 25.000 dirhams. Si le contrevenant est une personne morale, il sera puni d’une amende de
50.000 à 1.000.000 dirhams.

50.000 à 1.000.000 Dirhams (si le contrevenant est une personne morale)

Au niveau du Loteries publicitaires

Nature de l’infraction :

Les documents et annonces présentant l’opération de loterie publicitaire.

Les mentions que doit contenir le bulletin de participation à une loterie publicitaire

Les mentions que doit contenir le règlement de la loterie publicitaire

​Article 185

Sans préjudice des sanctions plus graves, sont punis d’une amende de 50.000 à 200.000 dirhams les
organisateurs des opérations, définies au premier alinéa de l’article 60, qui n’auront pas respecté les
conditions exigées par le chapitre 9 du titre IV de la présente loi. Le tribunal peut ordonner la
publication ou l’affichage de sa décision aux frais du condamné et de la manière qu’il aura décidée.

Section 2 : Les limites de la répression des pratiques commerciales trompeuses

● Les difficultés relatives à la répression de l’infraction

La protection du consommateur est relégué au rang de principe inviolable, lorsqu’il s’agit des
opérations relatives aux services offerte par des fournisseurs , ou de simple professionnel dans leur
opération de prospection jusqu’à la vente , celle-ci engage particulièrement les intérêts privés du
consommateur, du coup à ce niveau , la recherche de protection, en plus aussi de la capacité à
privilégier ces derniers est un point non négociable , sur la base des chefs de motivation de la loi , en
clair, le principe de faveur s’applique considérablement pour le consommateurs ,la loi 31 -08 vise
essentiellement à privilégier les intérêts du consommateur, il ne se pose aucune interrogation
là-dessus , certes la valeur des pratiques commerciales requiert leurs dénominations , en même temps
que leurs qualifications , alors que la loi instaure une liste jugée exhaustive de ces différentes
pratiques commerciales, la répression des pratiques commerciales dépend entièrement de
l’identification des différentes types de pratique , les opérations comme la vente à distance, le contrat
de démarchage…., ne constitue pas seulement les pratiques commerciales, c’est quoi d’ailleurs une
pratique commerciale trompeuse , ce sont un ensemble d’actes ou un comportement qui altère de
manière significative le comportement économique du consommateur, soit l’objectif de l’acte, c’est
d’amener ou d’induire le consommateur à effectuer la réalisation d’un but précis ou par défaut à la
conclusion d’un acte juridique, ces pratiques prennent une part considérable s’il faut attendre
uniquement qu’elle reçoive une dénomination pour être analysé, rien ne précise qu’ il existe d’autres
types de contrat et de techniques de pratiques commerciales identifiés par le législateur et protéger au
moins.
D’ailleurs, l’intention d’un professionnel , c’est de faire valider ces intérêts , et en face à un
consommateur profane , la relation de dépendance laisse toutes les interprétations ou actes dolosives
irrépressibles, concomitant souvent c’est la délicatesse même, dès lorsqu' un profane fait confiance
plus au professionnel que la loi elle-même, nonobstant les visas que la loi vise à baliser, par
corrélation au défit en vigueur , les différents droits comme le droit à l’information, le droit à la
rétraction et le droit à la résiliation du contrat faites à priori dans le but de protéger la mauvaise foi
des fournisseurs, qui parviennent à peine à recevoir une quelconque considération, on doute pas de
son importance ,ainsi l’esprit dissuasif qu’il a pour un droit préventif du consommateur, la protection
et la répression contre ces pratiques devraient se focaliser entièrement sur la phase de prospection de
la clientèle, mais aussi sur les modalités d’offres faites , les contrats conclus à distance sont devenu
un défi quoi que l’on puisse dire, avec la publicité mensongère, et le traitement des données à
caractères personnelles , rien interdit que l’on puisse assister à la répression, mais jusqu’à maintenant
l’extension des techniques de vente et le jeu de la ruse font offices sur l’internet.
La lutte contre les pratiques commerciales ne fait pas doute à l’intérêt qu’il porte sur les ménages,
mais le droit de protection est reconnu , uniquement à l’acte , l’accomplissement d’autres méthodes de
protection, plus dirigé à encadrer ces pratiques commerciales , en même tant aussi qu’ une
identification des étapes et techniques de proposition que le consommateur est enclin lors des offres
de contrat, l’usage du droit de rétraction lorsque la vente débouche sur une inaptitude ou une fausseté
à l’usage auquel elle a été destiné, remplis, le reliquat, mais même avec cette facilité l’origine d’un
produit vendu ou la faute sur la provenance du produit et ses éléments substantiels sont effectives qu’
après la vente, la protection du consommateur exige une mise en place d’une liste attachée de la
personne morale qui constituerait en bref , une identification des fournisseurs et la liste des produits
et moyens de les contraindre à d’éventuelle pratique commerciale agressive ou trompeuse, même si la
présence de l’association des consommateurs constitue un cadre bien voué à sauvegarder les intérêts
des tiers, leurs poids sur la prévention est sensiblement remarqué ou presque ineffective.

● La répression des pratiques

Les pratiques commerciales trompeuses ne sont aussi systématiquement définis par la législation
Marocaine , il ne s’agissait pas uniquement de prévoir un arsenal visant à protéger le consommateur,
mais de parvenir à la réalisation d’une consommation assainie, et d’une satisfaction par le jeu de la
réglementation orientée par l’édiction de la loi 31 -08 qui vise à protéger le consommateur sur ces
opérations commerciaux, en plus aussi de prévoir un ensemble de dispositions visant à réglementer
ces opérations, par la protection de la publicité et la réglementation des différents types de contrats
comme en est le cas du contrat de vente à distance , et des techniques de prospection, qui ont un lien
solide avec les informations dont disposent sur les fournisseurs, lors de leurs opérations de
prospection.
Le pragmatisme voudrait non seulement que l’on prenne en considération les différentes pratiques ,
néanmoins que l’on parvienne à prévoir des dispositions connexes face à cette extension , par
l’instauration d’une autorité comme le conseil de la concurrence , ou l’autorité marocaine du marché
des capitaux ou les autorités prudentielles que l’on trouve installé au niveau de certaines domaines, à
mettre en vigueur une certaine transparence dans la lutte contre ces pratiques commerciales, l’autorité
de la concurrence devrait plutôt par la réglementation des pratiques concurrentielles, être doté d’un
certain pouvoir, car les pratiques commerciales trompeuses entre dans le cadre du marché , de plus
aussi une modification dans la qualification juridique retenue , non pas réductrice , amplifiée par la
prise en considération des offres , comme le droit de la propriété intellectuelle et la délivrance
d’autorisation et d’agrément à tous fournisseurs désirant réalisé une pratique commerciale.
La liberté d’entreprendre, un principe phare reconnu par la constitution marocaine se présente
contradictoirement face aux jeux de la liberté de commerce et des techniques de marketing avec une
digitalisation trop avancée , si les pratiques commerciales trompeuses entre dans le cadre des
pratiques déloyales , la dissuasion dans la répression ne peut uniquement se contenter de sanctionner ,
mais de requalifier cette pratique, une requalification disons impossible ,s’ il n’y a pas une définition
claire sur la qualification juridiques , en plus aussi que les pratiques sont en extension , rien ne peut
garantir un consommateur en face à des opérations dont on arrive plus à requalifier , la seule
solution serait de rendre plus exhaustive les différentes pratiques et les droit du consommateurs plus
apte à saisir certaines infractions commis par les fournisseurs .
La doctrine parlait d’une combinaison entre l’élément moral et matériel qui tend pratiquement à se
fusionner, et la faute intentionnelle finissant par donner en interprétation, une faute lourde
d’imprudence ou de négligence.
Plus loin, la jurisprudence revient sur la notion d’une grave négligence professionnelle.
Les critères de bonne foi sont à vrai dire une notion qui perturbe, d’autant plus que la définition de
l’infraction pour ne pas accentuer le vide juridique se contente assez largement de mentionner les
différentes pratiques et les obligations omise et induit par les fournisseurs, d’ailleurs sur la base de
la qualification de ces pratiques l’on retrouve un débat sans cesse, sur le comportement qui visait à
vicier le consentement du consommateur, en fait l’appréciation sur le rapport inégalitaire qui existe
entre fournisseur et le consommateur sur la base des actes juridiques conclus lors de
l’accomplissement des conditions générales de vente, si le comportement de mauvaise foi ne peut être
comparé à un fournisseur qui agissait dans la bonne foi, tout en accomplissant un acte qui porte
atteinte à la diligence professionnelle , dès lors que ce critère ne fonde pas une appréciation solide ,
la qualification devrait être revue .
En fait , l’apologie d’une protection du consommateur beaucoup plus instrumentaliser , non pas
concrètement sur la défense de violation des droits de ce derniers ,mais sur la prévention , au niveau
des produits et des différents acteurs qui ont le pouvoir de direction sur les différentes pratiques
commerciales, en plus aussi d’une sensibilisation axée sur le dynamisme et la généralité afin de
balancer le rapport qui existe entre les deux.

Conclusion

En conclusion, on peut dire que le Maroc possède aujourd’hui un arsenal juridique important en
matière de la protection du consommateur capable d’assurer l’équilibre dans les relations
contractuelles entre le fournisseur et le consommateur, d’instaurer les règles générales pour la
protection du consommateur afin de préserver ses droits et d’assurer la transparence des transactions
économiques avec le fournisseur dans toute les circonstances et surtout face à la pandémie
Coronavirus ( Covide 19).

Il convient également de préciser, que le recours à la digitalisation des réclamations en matière de la


protection du consommateur, via le portail www.khidma-al moustahlik.ma, est une mesure très
importante réalisée par le Ministère de tutelle afin d’éviter aux consommateurs de se déplacer à
l’administration pour déposer leurs réclamations et surtout dans cet état d’urgence sanitaire annoncé
sur l’ensemble du territoire marocain pour faire face à la propagation du coronavirus (Covid-19)

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