Chapitre 1

Champ magnétique
Loi de Biot et Savart

1. L’intéraction magnétique
1.1. Actions entre aimants
Des forces qui s’exercent entre des pierres appelées “magnétites” (oxyde de fer F e3 O4 )
étaient connus des grecs de l’antiquité. Ces pierres appelés plus tard “aimant” ont la
particularité d’attirer le fer.
Des effets mécaniques (répulsion ou attraction) apparaissent lorsqu’on rapproche des
aimants. Ces effets constituent un nouveau type d’interactions tout à fait différent des
interactions électrostatiques ou gravitationnelles.
Il y’a plus de 1000 ans, les chinois utilisent les propriétés des aimants pour réaliser des
boussoles (petites aiguilles aimantées). Celles-ci s’orientent suivant la direction Nord-Sud du
méridien géographique local. Rappelons que les extrémités d’un aimant s’appellent le pôle
nord et le pôle sud respectivement.

1.2. Action d’un courant sur un aimant

Au début du XIX ème siècle (en 1819), le physicien Danois Christian Oersted met
en évidence pour la première fois l’effet d’un courant électrique sur un aimant. Dans son
expérience, il place un fil conducteur parallèlement à une boussole et fit passer un courant.
La boussole s’oriente perpendiculairement au fil et le sens d’orientation change avec celui du
courant.

FIGURE 1

1.3. Action d’un aimant sur un courant

Un effet réciproque est observé lorsqu’on place un fil conducteur parcouru par un courant
électrique à côté d’un aimant fixe. Le fil est soumis à des actions mécaniques (répulsion ou
attraction suivant le sens du courant).

1
2 Chapitre 1

FIGURE 2
De même, un faisceau de particules chargées en mouvement est dévié lorsqu’on rapproche
un aimant.

1.4. Actions entre courants

Rapprochons un fil conducteur et une bobine parcourus par deux courants I et I 0
respectivement (figure 3). Les deux courants s’exercent mutuellement des forces qui changent
d’orientation si on change leur sens. L’effet de la bobine sur le courant est tout à fait similaire
à celui d’un aimant sur un courant (figure 2). A priori, la bobine se comporte comme un
aimant ayant une face nord et une face sud.

FIGURE 3
D’après ces expériences, on remarque que les propriétés de l’espace sont modifiées aux
alentours d’un circuit parcourus par un courant électrique et au voisinage d’un aimant.

Question : Quelle est l’origine physique de ces effets magnétiques observés ?

2. Notion de champ magnétique

La notion de champ magnétique est un concept qui a été introduit pour expliquer les
phénomènes magnétiques observés dans une région de l’espace.
La connaissance locale de ce champ (noté B), dans une région de l’espace suffit pour
déterminer entièrement les phénomènes magnétiques observés.
Considérons le cas simple de l’interaction entre deux
charges mobiles “q” et “q 0 ” animées de vitesses v et v0
respectivement. Intéressons nous par exemple à l’influence
de la charge “q 0 ” sur “q”. En plus de la force électrostatique,
la charge “q” subit une force supplémentaire dite force
magnétique fm qui est perpendiculaire à la vitesse v .
FIGURE 4
La force totale subit par la charge “q” a pour expression :
f = qE + qv ∧ B C’est la force de Lorentz (1)
| {z }
fm

Définition de B :
C’est un vecteur qui détermine la partie proportionnelle à la vitesse de la force
agissant sur une particule chargée en mouvement.
Champ magnétique. Loi de Biot et Savart 3

B traduit la modification des propriétés de l’espace.

Remarque :
Le champ B obéit au principe de superposition. Si deux charges en mouvement
créent en un point M deux champs B1 et B2 , le champ total est B=B1 +B2 .
A noter que ce résultat est vrai pour plusieurs charges en mouvement.

Unité de B :
• L’unité du champ magnétique B dans le système international SI(M.K.S.A.) est le
Tesla : symbole “T ” (volt-second / mètre carré).
• Autre unité utilisée le gauss : symbole “G00 avec 1G = 10−4 T .

Exemples (quelques ordres de grandeurs) :

• Champ magnétique terrestre ' 0, 5G(50µT ). Ce champ est très faible.
• Les électroaimants produisent des champs magnétiques allant de 0, 1T à 2T . Ces
valeurs correspondent à des champs moyens.
• Les bobines de fil de cuivre émaillé créent des champs magnétiques allant jusqu’à
100T . Ce sont des champs trés intenses !.

3. Champ magnétique créé par des charges en mouvement. Loi de Biot et Savart
3.1 Champ magnétique créé par une charge en mouvement

Soit une charge “q” en un point “P ” animée d’une

vitesse v dans un référentiel galiléen. On montre que cette
charge créé un champ magnétique en un point “M” :
µ0 qv ∧ r
B(M) = (2)
4π r3
FIGURE 5
• B est perpendiculaire au plan (r, v) ;
• µ0 est la perméabilité du vide. Elle traduit la capacité du vide à “laisser passer”
1
le champ magnétique. µ0 = 4π 10−7 Hm−1 (henry /mètre ). On a ε0 µ0 = 2 où ε0
c
désigne la permitivité du vide et c la vitesse de la lumière dans le vide.

3.2. Champ créé par un courant stationnaire

On considère un conducteur (de section non
négligeable) parcouru par des charges mobiles “q” de
densité “n” (nombre de charge/unité de volume) et
de vitesse “v” en un point “P ” du conducteur.
Ce mouvement de charges induit une densité
volumique de courant caractérisée par le vecteur J.
On rappelle que ce courant volumique est relié à la
vitesse des charges par la formule suivante :
J = nqv FIGURE 6

.
On suppose que J est indépendant du temps (domaine de la magnétostatique).
4 Chapitre 1

Pour un point éloigné du conducteur, la charge “dQ = nqdV ” portée par l’élément “dV ”
est assimilable à une charge ponctuelle en “P ” de vitesse “v”.
Conformemnt à l’équation (2), le champ créé en “M” par “dQ = nqdV ” a pour
expression :
dQ
µ0 z }| { v ∧ r µ0 J ∧ r
dB(M) = nqdV 3
= dV (3)
4π r 4π r3
Le champ total en M créé par tout le volume V du conducteur est :
Z ZZZ
µ0 J∧r
B(M) = dB(M) = dV (4)
4π V r3

Cas d’un conducteur filiforme - loi de Biot et savart

Si le conducteur est de section “s ” faible devant sa
longueur, on peut faire l’approximation d’une distribution
linéique de courant. On a dV = sdl et Jdl = J dl car
J et dl sont parallèles (figure 7).
d’autre part : JdV = Jsdl = Jsdl
I
Or l’intensité de courant est définie par J = =⇒
s
JdV = Idl.
FIGURE 7
Le champ magnétique créé par l’élément “dl” du circuit est :
µ0 Idl ∧ r
dB(M) = C’est la loi de Biot et Savart (5)
4π r3

Remarques
• Le champ créé par un circuit “C” est la somme vectorielle de tous les Z champs
élémentaires dB créés par tous les éléments “dl” de ce circuit. Soit B = dB.
C
• Le sens de dB est obtenu à l’aide des trois règles suivantes :

1) la régle des trois doigts de la main droite ; 2) la règle du tire bouchon ;

FIGURE 8 FIGURE 9

3) la règle du Bonhomme (ou observateur) d’Ampère :l’observateur d’Ampère est placé

sur le fil de façon que le courant le traverse des pieds vers la tête. En regardant vers le point
Champ magnétique. Loi de Biot et Savart 5

où on cherche la direction du champ magnétique, la main gauche du bonhomme d’Ampère

indique la direction du champ.
• Dans le cas d’une boucle de courant (spire par exemple), un tire bouchon tournant
dans le sens du courant indique le sens de B à l’intérieur de la boucle (figure 10).
• La face nord d’une boucle de courant est par convention celle d’où on voit le courant
tourner dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. On repère aussi la face nord en
inscrivant un “N ” dans le sens du courant sur cette face. D’autre part, la face sud est repéré
en inscrivant la lettre “S” (figure 11).
Le champ B rentre par la face sud et sort par la face nord.

FIGURE 10 FIGURE 11

• Le champ magnétique créé par plusieurs distributions de courants J1 ,J2 . . . Jn est la

somme vectorielle B=B1 + B2 + . . . + Bn des champs créés par les différentes distributions.
Le champ magnétique obéit au principe de superposition.

4. Effets des symétries des sources de courants sur le champ magnétique

D’une manière générale, si un système physique “S”(une distribution de courant par
exemple) possède quelques éléments de symétrie, on pourra alors déduire les effets créés (un
champ magnétique par exemple) par ce système en un point à partir des effets obtenus en un
autre point.
Comme le champ magnétique est un effet créé par une distribution de sources de
courant, on conçoit que si ces sources présentent certaines symétries et invariances, alors
ces informations se répercuteront sur le champ magnétique.
La définition de B est obtenue à partir du produit vectoriel fm = qv ∧ B. Le champ
B dépend donc des conventions d’orientation de l’espace. On l’appelle ainsi “un pseudo-
vecteur”. Les règles de symétrie d’un pseudo-vecteur sont bien particulières comparées à
celles d’un vecteur qui lui, est indépendant de l’orientation de l’espace.
Exemples de vecteurs dont le sens est indépendant de l’orientation de l’espace : le champ
életrique E, la force F, la vitesse v . . .etc . Un exemple de pseudo vecteur : le moment d’une
force.
Nous nous contenterons, sans le démontrer, de donner certaines règles de symétrie
concernant le champ magnétique B. Ces règles de symétrie s’appliquent à B en tant que
pseudo vecteur.
6 Chapitre 1

Règles de symétrie
Considérons une distribution de courant J.
 Plan de symétrie
Si J possède un plan de symétrie, alors le champ B est perpendiculaire à ce plan.
 Plan d’antisymétrie
Si J possède un plan d’antisymétrie, alors B est contenu dans ce plan.
 Invariance par translation
Si J est invariant par translation le long d’un axe “Oz” alors B est indépendant de
la variable “z”.
 Symétrie axiale
Si J est invariant pour toute rotation θ autours d’un axe “Oz”, alors B est
indépendant de θ.
 Symétrie cylindrique
Si J est invariant par translation le long d’un axe “Oz” et par rotation autours du
même axe, alors B ne dépend que de la distance à l’axe “a”.
 Symétrie sphérique
Si J est invariant dans toute rotation autours d’un point fixe “O”, alors le champ
ne dépend que de la distance au centre “r”.

5. Champ magnétique créé par des circuits magnétiques simples (cf TD)
5.1 Fil rectiligne infini
Soit un fil parcouru par un courant I indépendant du temps. On se propose de déterminer
le champ magnétique B créé par le fil en un point M éloigné d’une distance a du fil (figure
12).
• Règles de symétrie
 (P OM) est plan de symétrie. B est perpendiculaire à ce plan. On peut aussi utiliser
la méthode du bonhommme d’Ampère.
 Il y’a invariance par translation et par rotation autours de l’axe du fil =⇒ B
dépendent uniquement de a.
• Calcul de B
La loi de Biot et Savart appliquée à l’élément de courant
Idl donne :
µ0 Id.l ∧ r
dB(M) =
4π r3
dB est perpendiculaire au plan (P OM). De même pour
tous les autres éléments du fil. On en déduit que tous les dB
sont colinéaires. Z Z
Le champ total s’écrit : B(M) = dB =⇒ B = dB
f il f il
Z `=+∞
µ0 I cos θ
B= d`
`=−∞ 4π r2
FIGURE 12
` a adθ
Or tan θ = et cos θ = =⇒ d` =
a r cos2 θ
Champ magnétique. Loi de Biot et Savart 7

Z π
2 µ0 I µ0 I
B= cos θ dθ =⇒ B =
−π
2
4πa 2πa
5.2 Spire circulaire
Soit une spire circulaire de rayon R parcourue par un courant I stationnaire. On se
propose de déterminer le champ magnétique créé par la spire en un point Mde son axe.
L’élément de courant Id.l placé en P créé en M le
champ magnétique :
µ0 Id.l ∧ r
dB(M) =
4π r3
Le champ total est porté par l’axe Oz.
µ0 I
B= sin3 α ez
2R
µ0 I R2
= ez
2 (R2 + z 2 ) 32
FIGURE 13
5.3 Solénoı̈de
Un solénoı̈de est constitué par un ou plusieurs enroulement de fil conducteur autours
d’un cylindre. C’est un ensemble de spires placées les unes à la suite des autres et parcourues
par un même courant I. Soit n le nombre de spire par unité de longueur (n = N` où N est le
nombre totale de spires et ` la longueur du solénoı̈de).

FIGURE 14
On montre (cf TD) que le champ magnétique en un point de l’axe à l’intérieur du
solénoı̈de a pour expression :
µ0 nI  
B= cos θ2 − cos θ1 ez
2

Cas d’un solénoı̈de indéfini (R << `)

Dans ce cas θ2 = 0 et θ1 = π =⇒ B = µ0 nI ez
Le champ est uniforme sur l’axe d’un solénoı̈de long.