Theorie Quantique Pour Master de Physiqu
Theorie Quantique Pour Master de Physiqu
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THÉORIE QUANTIQUE II
SMM1PH01 UE Optionnelle
CM : 35h - TD : 25h - Crédits : 6
NANA ENGO
Avant-propos ii
1 Oscillateur harmonique 1
1.1 Oscillateur harmonique simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.1 État propre de l’opérateur quanta . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.2 Propriétés des opérateurs a et a† . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.3 Fonctions propres de H . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 États cohérents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.2 Opérateur déplacement et fonctions propre . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.3 Mesure de l’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2.4 Fluctuations dans l’état cohérent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2.5 Évolution d’un état cohérent - Cohérence . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.3.1 Opérateurs amplitude et phase du champ électrique . . . . . . . . . . . 16
1.3.2 Champ oscillant et principe du Maser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
i
TABLE DES MATIÈRES ii
3 Symétries et invariances 44
3.1 Transformations continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.1 Transformation unitaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.2 Symétrie et dégénérescence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.1.3 Générateur infinitésimale de transformation . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.1.4 Propriétés générales des transformations continues unitaires . . . . . . 48
3.2 Opérateur translation dans le temps et invariance . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.2.1 Groupe des translations dans le temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.2.2 Invariance par translation dans le temps . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.2.3 Équation du mouvement de Heisenberg . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
3.3 Opérateur de translation dans l’espace et invariance . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.3.1 Groupe des translations dans l’espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.3.2 Invariance par translation dans l’espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.3.3 Potentiel périodique et bande d’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.4 Opérateur de rotation dans l’espace et invariance . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.4.1 Groupe des rotations dans l’espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.4.2 Invariance par rotation dans l’espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.4.3 Spectre du rotateur rigide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3.5 Transformations discrètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.5.1 Inversion d’espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.5.2 Permutation de deux quantons identiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.6 Invariance de jauge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.6.1 Règles de quantification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
3.6.2 Opérateur unitaire de transformation de jauge . . . . . . . . . . . . . . 70
3.6.3 Invariance des prévisions physiques par transformation de jauge . . . . 71
3.6.4 Invariance de forme de l’équation de Schrödinger . . . . . . . . . . . . 72
3.7 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.7.1 Opérateur parité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.7.2 Évolution temporelle de l’opérateur position . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.7.3 Représentation de Heisenberg . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.7.4 Invariance du courant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.7.5 Niveaux de Landau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
4 Moment Angulaire 80
4.1 Formalisme général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.1.1 Les opérateurs d’échelle J± . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.1.2 Diagonalisation de J 2 et Jz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
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TABLE DES MATIÈRES iii
5 Méthodes d’approximations 96
5.1 Méthode de perturbation stationnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
5.1.1 Série de Brillouin-Wigner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.1.2 Série de Rayleigh-Schrödinger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.1.3 Relation avec la diagonalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.1.4 Perturbation d’un niveau dégénéré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
5.1.5 Exemples d’application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
5.2 Méthodes des variations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5.2.1 Niveau fondamental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5.2.2 Exemples d’application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
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TABLE DES MATIÈRES iv
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AVANT-PROPOS
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v
CHAPITRE 1
OSCILLATEUR HARMONIQUE
Sommaire
1.1 Oscillateur harmonique simple
1.2 États cohérents
1.3 Exercices
1
1.1. OSCILLATEUR HARMONIQUE SIMPLE 2
p2 1
H= + mω 2 x2 , (1.1.2)
2m 2
où m est la masse de l’oscillateur et ω sa fréquence. La forme du potentiel V (x) = 21 mω 2 x2 ,
illustrée par la figure (1.1.1) suggère que
• les valeurs propres de l’énergie E seront positives ou nulles puisque V (x) est positif ou
nul ;
• le spectre d’énergie sera discret puisque le quanton est confiné dans le potentiel V (x) ;
• le système n’aura qu’un seul nombre quantique puisque le problème est à une dimension.
Classiquement, une particule dans un puits harmonique V (x) = 21 mω 2 x2 est confinée dans
une région bornée de l’espace [−a, +a]. Sa densité de probabilité de présence ρ(x) est telle que
2dx dx
ρ(x)dx = √ = √ . (1.1.3)
ωT a2 − x2 π a2 − x 2
est minimale en x = 0, point où la particule passe très vite et tend vers l’infini aux deux
points extrêmes du mouvement (a et −a) où la vitesse s’annule (voir la figure (1.1.2)). ρ(x)
est identiquement nulle pour |x| supérieur à a.
Figure 1.1.1 – Énergie potentiel d’un oscilla- Figure 1.1.2 – Densité de probabilité classique
teur harmonique à une dimension de l’oscillateur harmonique. Elle est maximale
aux bords ±a et minimale en x = 0.
1
Un condensat de Bose-Einstein est un superfluide en phase gazeuse formé d’atomes refroidis à des
températures proches du zéro absolu. Il est équivalent à une cavité laser et si l’on pratique une fuite dans le
piège magnétique qui le maintien, il en sort un jet d’atomes cohérent. On parle alors de laser atomique.
2
Contrairement à la section ??, nous notons ici les opérateurs positions et impulsions en minuscule (x et
p) et nous réservons la notation en majuscule (X et P ) aux opérateurs réduits afin de nous conformer aux
usages concernant l’oscillateur harmonique quantique.
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1.1. OSCILLATEUR HARMONIQUE SIMPLE 3
Pour trouver le spectre de cet oscillateur harmonique simple, nous allons adopter une
démarche générale adaptée aux problèmes possédant une symétrie dynamique. A cet effet,
introduisons les opérateurs de création et d’annihilation
1 1
a := √ (X + iP ), a† := √ (X − iP ), (1.1.4)
2 2
où X et P sont les opérateurs réduits définis par
p mω
r
P := √ , X := x, (1.1.5)
mω~ ~
avec [X, P ] = ~1 [x, p] = iI. Comme X et P commutent avec leur commutateur et que
1
H = ~ω(X 2 + P 2 ), (1.1.6)
2
on a
∂H
[H, X] = [P, X] = −i~ωP, (1.1.7a)
∂P
∂H
[H, P ] = [X, P ] = i~ωX. (1.1.7b)
∂X
Il apparaît que tous commutateurs quelconques de deux des quatre opérateurs hermi-
tiens H, X, P, I, est une combinaison linéaire de ces opérateurs. Ils forment donc
l’algèbre de Lie de l’oscillateur harmonique.
Il est à noter qu’une algèbre de Lie d’opérateurs est un ensemble d’opérateurs her-
mitiens formant un espace vectoriel réel de dimension fini n et stable par l’opérateur de
commutation.
On vérifie facilement que
[a, a† ] = I, (1.1.8)
et
1 1
H = ~ω(a† a + aa† ) = ~ω(a† a + ). (1.1.9)
2 2
N := |ninhn|, n ∈ N, (1.1.10a)
hn|mi = δnm , (1.1.10b)
X
|nihn| = I. (1.1.10c)
n
Ainsi,
1
H = ~ω(N + ), (1.1.11)
2
et il apparaît que [H, N ] = 0. Par conséquent, les vecteurs propres |ni de N sont aussi ceux
de H.
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1.1. OSCILLATEUR HARMONIQUE SIMPLE 4
Autrement, a|ni et a† |ni sont des vecteurs propres de N avec les valeurs propres respectives
(n − 1) et (n + 1).
D’autre part, on sait que si λ est une valeur propre non-dégénérée, les vecteurs propres qui
lui sont associés sont colinéaires. Ainsi donc,
N (a|ni) = (n − 1)(a|ni)
⇒ a|ni = Ca |n − 1i, (1.1.14)
N |n − 1i = (n − 1)|n − 1i
et
N (a† |ni) = (n + 1)(a|ni)
N |n + 1i
⇒ a† |ni = Cb |n + 1i. (1.1.15)
= (n + 1)|n + 1i
Si les états |ni sont normés, alors
√
ka|nik2 = hn|a† a|ni = hn|N |ni = n kC
ak
2
= n ⇒ Ca = n,
⇒ √
ka† |nik2 = hn|aa† |ni = hn|(N + 1)|ni = n + 1 kCb k2 = n + 1 ⇒ Cb = n + 1.
(1.1.16)
On en déduit
a|0i = 0, (1.1.17a)
√
a|ni = n|n − 1i (n 6= 0), (1.1.17b)
√
a† |ni = n + 1|n + 1i. (1.1.17c)
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1.1. OSCILLATEUR HARMONIQUE SIMPLE 5
1
|ni = √ (a† )n |0i, (1.1.19a)
n!
1
H|ni = En |ni, En = ~ω n + . (1.1.19b)
2
Les niveaux d’énergie (1.1.19b) accessibles par l’oscillateur harmonique sont quantifiés
et sont équidistants.
La fonction d’onde normalisée de l’état |ni, ψn (x) = hx|ni, se trouve aisément en appliquant
l’opérateur différentiel
!
1 mω ~ d
r
a = √ (X + iP ) = x+ , (1.1.20)
2 2~ mω dx
soit
mω 2
ψ00 (x) + αxψ0 (x) = 0, α = ⇒ ψ0 (x) = Ce−αx /2 . (1.1.21c)
~
Après la normalisation, on trouve
1
α 4 2 /2
ψ0 (x) = e−αx . (1.1.22)
π
q
~
qui est une gaussienne de largeur σ = mω . Elle vérifie la propriété fondamentale de la fonction
d’onde d’un état fondamental : elle est paire et ne s’annule pas.
3
état de plus petite énergie, c’est l’état "vide", car ne possédant pas de photon. C’est un état comme les
autres, seulement il est stationnaire et ne peut fournir de l’énergie. C’est pour cette raison qu’il est indétectable.
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1.1. OSCILLATEUR HARMONIQUE SIMPLE 6
Des relations (1.1.19a) et (1.1.22), on déduit les fonctions d’ondes des états excités |ni,
1
ψn (x) = hx|ni = √ hx|(a† )n |0i (1.1.23a)
n! !!n
1 1 √ 1 d
= √ hx| √ αx − √ |0i (1.1.23b)
n! 2 α dx
1 !n
α 4 1 √ 1 d 2
ψn (x) = √ αx − √ e−αx /2 . (1.1.23c)
π n
2 n! α dx
1. les fonctions propres sont alternativement paires ou impaires, ce qui est normal puisque
le potentiel V (x) est pair ;
2. la fonction propre d’ordre n possède n zéros ou nœuds, en plus des deux à l’infini ;
3. dans son état fondamental ψ0 , l’oscillateur harmonique quantique a une densité de prob-
abilité de présence ou de localisation maximale en x = 0, là où précisément l’oscillateur
harmonique classique est minimale ;
6. pour les états d’énergie de plus en plus grands, la densité de probabilité de présence ou
de localisation |ψn |2 se rapproche de plus en plus, en moyenne, de la courbe représentant
la densité de probabilité de présence ou de localisation en chaque point ρ(x) = √ 12 2 ,
π xM −x
d’un oscillateur classique de même énergie. Ce qui justifie le principe suivant :
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1.1. OSCILLATEUR HARMONIQUE SIMPLE 7
n ψn (x)
1 −x2 /2
0 4 πe
√
√
2 − 1 x2
1 4 π xe 2
√
√ −x2 /2
2e√
2 24π
(2x2 − 1)
√ −x2 /2
3e√
3 34π
(2x3 − 3)
√ −x2 /2
6e √
4 12 4 π
(3 − 12x2 + 4x4 )
√ 2 /2
15e−x
5 √4
30 π
(15x − 20x3 + 4x5 )
√ −x2 /2
5e √
6 60 4 π
(90x2 − 15 − 60x4 + 8x6 )
√ 2
70e−x /2
7 √
420 4 π
(210x3 − 105x − 84x5 + 8x7 )
√ 2
70e−x /2
√ (105 − 840x2 + 840x4 − 224x6 + 16x8 )
8 1680 4 π
√ 2 /2
35e−x
9 2520 π
√4 (945x − 2520x3 + 1512x5 − 288x7 + 16x9 )
√ −x2 /2
7e √
10 5040 4 π
(9450x2 − 945 − 12 600x4 + 5040x6 − 720x8 + 32x10 )
√ 2 /2
154e−x √ (34 650x3 − 10 395x − 27 720x5 + 7920x7 − 880x9 + 32x11 )
11 55 440 4 π
√ 2
231e−x√/2
12 332 640 4 π
(10 395 − 124 740x2 + 207 900x4 − 110 880x6 + 23 760x8 − 2112x10 + 64x12 )
√ 2
6006e−x√/2
13 4324 320 4 π
(135 135x − 540 540x3 + 540 540x5 − 205 920x7 + 34 320x9 − 2496x11 + 64x13 )
Table 1.1.1 – Expression des quatorze premières fonctions d’onde de l’oscillateur harmonique
simple.
1 En
Pn = exp − , (1.1.27)
Z kB T
d’après la loi de Boltzmann ; Z est la constante de normalisation ou fonction de partition.
4
Ce modèle a été introduit en 1907 par Einstein, bien avant la connaissance de la théorie quantique.
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1.1. OSCILLATEUR HARMONIQUE SIMPLE 8
→ ψ1(x)
→ ψ 0(x) |ψ1(x)|²
↑
|ψ0(x)|² ←
|ψ5(x)|²
→ |ψ2(x)|² ↑
→ ψ5(x)
→ ψ2(x)
→ ρ(x)
|ψ7(x)|²
↑
→ |ψ12(x)|²
→ ψ7 (x)
-x M +x M
Figure 1.1.3 – Fonctions propres et densités de probabilité de quelques états de l’oscillateur har-
monique simple.
Tant que kB T ~ω, l’atome a une probabilité négligeable d’atteindre les niveaux excités
n ≥ 1. Il restera dans l’état fondamental |0i : son mouvement est gelé. Son énergie
moyenne reste donc constante, hEi ' E0 = 21 ~ω, et sa capacité calorifique
d
c(T ) = hEi ' 0. (1.1.28)
dT
Pour le diamant, cela correspond à T ΘE = k~ωB = 1 320 K, la température d’Einstein.
C’est donc le cas à température ambiante (T ' 300 K). A plus haute température, l’agitation
thermique lui permet d’atteindre les premiers niveaux excités, et alors, c(T ) > 0.
En conclusion, le modèle des oscillateurs harmoniques simples permet d’expliquer pourquoi
c(T ) → 0 pour T ΘE .
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1.2. ÉTATS COHÉRENTS 9
dx(t) ∂H 1 dp(t) ∂H
= = p(t), =− = −mω 2 x(t), (1.1.32)
dt ∂p m dt ∂x
on obtient
dz(t)
= −iωz(t) ⇒ z(t) = z0 e−iωt . (1.1.33)
dt
Ce nombre complexe z(t) décrit une trajectoire circulaire dans le plan complexe ou plan de
phase (x(t), p(t)) avec une vitesse constante (figure 1.1.4).
P
z(t)
On en déduit
s
2~
x(t) = Re z(t), (1.1.34a)
mω
√
p(t) = 2m~ω Im z(t), (1.1.34b)
et l’énergie
E = ~ω|z0 |2 . (1.1.35)
Les résultats (1.1.30) et (1.1.33) suggèrent de chercher les vecteurs propres de l’opérateur a
qu’on appelle états cohérents.
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1.2. ÉTATS COHÉRENTS 10
états cohérents5 , et qui sont non seulement états propres de a6 , mais une superposition de
tous les états propres |ni de H :
Ces états constituent l’outil de base de la correspondance entre théorie classique et théorie
quantique du rayonnement électromagnétique. On montrera par exemple que dans les états
|zi, les valeurs moyennes des opérateurs positions X et impulsions P ont des propriétés aussi
voisines que possibles des valeurs propres classiques (??) de la position x(t) et l’impulsion p(t).
Déterminons les amplitudes de projection αn = hn|zi :
αn |ni
P
a|zi
= z|zi = z z zn
n
√ ⇒ αn+1 = √ αn ⇒ αn = √ α0 . (1.2.2)
αn n|n − 1i n+1
P P
a|zi
= αn a|ni = n!
n n
Il s’ensuit,
zn 2 X zn 2
αn = √ e−|z| /2 et |zi = √ e−|z| /2 |ni. (1.2.4)
n! n n!
On vérifie sans peine que |zi est vecteur propre de a :
∞
zn 2
√ e−|z| /2 a|ni
X
a|zi =
n=0 n!
∞
X zn √
2
= √ e−|z| /2 n|n − 1i
n=1 n! (1.2.5)
∞
z n−1 2
e−|z| /2 |n − 1i
X
=z q
n=1 (n − 1)!
a|zi = z|zi.
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1.2. ÉTATS COHÉRENTS 11
La forme de α0 de l’équation (1.2.3) montre que l’état fondamental est une gaussienne
et est un état cohérent particulier car c’est aussi un état propre H. Les autres états ne le
sont pas puisqu’ils sont des superpositions des vecteurs propres de l’oscillateur harmonique.
D’autre part,
Ainsi, bien que |z1 i et |z2 i soient deux vecteurs propres de a avec des valeurs propres différentes,
ils ne sont pas orthogonaux parce que a n’est pas hermitien. Le recouvrement de ces états
cohérents diminue rapidement avec la distance |z1 − z2 i. Une mesure de cette distance est
2
|hz2 |z1 i|2 = e−|z1 −z2 | . (1.2.8)
2 /2 zn 2 X (za† )n 2 †
|zi = e−|z| √ |ni = e−|z| /2 |0i = e−|z| /2 eza |0i.
X
(1.2.11)
n n! n n!
∗
Ceci se met sous une forme plus élégante grâce à la relation a|0i = 0 qui conduit à e−z a |0i =
|0i, et par suite
2 † ∗
|zi = e−|z| /2 eza e−z a |0i, (1.2.12)
ou
|zi = D(z)|0i, (1.2.13)
avec l’opérateur déplacement
† −z ∗ a
D(z) := eza , (1.2.14)
l’équivalent de l’opérateur translation e−ipx0 /~ pour un oscillateur harmonique matériel. En
effet, puisque [za† , z ∗ a] = |z|2 , za† et z ∗ a commutent avec leur commutateur |z|2 , on a, d’après
1
la formule de Baker-Campbell-Hausdorff (BCH), eA eB = eA+B e 2 [A,B] ,
† ∗a † −z ∗ a 2 /2
eza e−z = eza e+|z| . (1.2.15)
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1.2. ÉTATS COHÉRENTS 12
La relation (1.2.13) signifie que les états cohérents sont donc obtenus par le déplacement du
vide |0i.
Examinons quelques propriétés remarquables de D(z).
D(0) = I, (1.2.16a)
† −1
D (z) = D(−z) = D (z), (1.2.16b)
[a, D(z)] = zD(z), (1.2.16c)
D(z)D† (z) = D† (z)D(z) = I, (1.2.16d)
†
D (z)aD(z) = a + z, (1.2.16e)
D† (z)a† D(z) = a† + z ∗ . (1.2.16f)
En effet,
∂D(z)
[a, D(z)] = [a, a† ] = zD(z), (1.2.17)
∂a†
et
† −z ∗ a ∗ a−za† † −z ∗ a+z ∗ a−za†
D(z)D† (z) = (eza )(ez ) = eza = I, (1.2.18)
puisque [za† − z ∗ a, z ∗ a − za† ] = 0. L’équation (1.2.16d) ou (1.2.16b) signifie que D(z) est un
opérateur unitaire. Notons que le nom d’opérateur déplacement vient des relations (1.2.16e
et 1.2.16f). Démontrons celles-ci.
2 /2 ∗ † 2 /2 † ∗a ∗ † † ∗
D† (z)aD(z) = e−|z| ez a e−za ae|z| eza e−z = ez a e−za aeza e−z a . (1.2.19)
−αA αA α α2
e Be = B − [A, B] + [A, [A, B]] + . . . (1.2.20)
1! 2!
on a pour A = a† et B = a,
† †
e−za aeza = a + z. (1.2.21)
En insérant (1.2.21) dans l’équation (1.2.19), on obtient la propriété de déplacement (1.2.16e)
pour l’opérateur D(z). La propriété de déplacement (1.2.16f) peut être démontrée de façon
similaire.
Les fonctions propres des états |zi sont
X X
φz (x) = hx|zi = hx|nihn|zi = αn hx|ni (1.2.22a)
n n
zn 2
√ e−|z| /2 ψn (x),
X
φz (x) = (1.2.22b)
n n!
avec 1/4
α 1 2 √
ψn (x) = √ e−αx /2 Hn ( αx). (1.2.22c)
π 2n n!
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1.2. ÉTATS COHÉRENTS 13
La probabilité d’observer cet état |ni est, d’après le principe de décomposition spectrale
|z|2n −|z|2
Pn (z) = |hn|zi|2 = |αn |2 =
X
e . (1.2.24)
n n!
C’est une distribution de Poisson (voir la figure 1.2.1). On peut aisément vérifier que Pn (z)
est maximale pour n =partie entière de |z|2 et (voir Eq. (1.2.30b))
q
∆N|zi = hN i|zi = |z|. (1.2.25)
Figure 1.2.1 – Histogramme de valeur du nombre de photons n lorsque le système est dans un état
cohérent |zi, avec |z|2 = 4.
q
Cette dépendance en hN i|z| est caractéristique de la distribution de Poisson. Pour des
grandes valeurs de hN i|zi , et donc de |z|, la distribution Pn (z) est caractérisée par une largeur
très grande en valeur absolue (∆N|zi → ∞), mais très petite en valeur relative
∆N|zi 1 1
=q = → 0. (1.2.26)
hN i|zi hN i|zi |z|
Un état cohérent, hormis l’état fondamental, n’est pas état propre de N (sa dispersion
n’est pas nulle), mais son amplitude |z| sera de mieux en mieux déterminée lorsque
l’état représentera un nombre moyen de quanta hN i|z| élevé.
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1.2. ÉTATS COHÉRENTS 14
hz|(a† a)2 |zi = hz|a† aa† a|zi = |z|2 hz|aa† |zi = |z|2 (1 + |z|2 ), (1.2.29)
on a
Ce résultat signifie que l’action d’une force extérieure sur l’oscillateur harmonique
dans son état fondamental conduit l’oscillateur à un autre état cohérent.
Intéressons nous maintenant aux fluctuations des opérateurs réduits X et P dans l’état
|zi.
X 2 = 21 (a2 + (a† )2 + 2a† a + 1)
(1.2.31a)
P 2 = − 1 (a2 + (a† )2 − (2a† a + 1))
2
hX 2 i
|zi = 21 ((z + z ∗ )2 + 1) = 12 (1 + 4(Re z)2 )
⇒
hP 2 i
|zi = − 12 ((z − z ∗ )2 − 1) = 12 (1 + 4(Im z)2 )
(1.2.31b)
(∆X)2 1
|zi = 2
(∆P )2 = 1
⇒ ∆X∆P = 1/2. (1.2.32)
|zi 2
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1.2. ÉTATS COHÉRENTS 15
Pour |zi 1
∆H|zi ∆N|z| 1
' = → 0, (1.2.33)
hHi|zi hN i|zi |z|
les dispersions autour des valeurs moyennes sont les plus faibles possibles.
Pour s’en convaincre un peu plus, examinons leur évolution temporelle.
n=0 n!
−iωt
|z|2
i (e z)n (1.2.35)
= e− 2 − 2 ωt
X
√ |ni
n n!
i
E
= e− 2 ωt e−iωt z(0) , z(0) ≡ z.
Le paramètre z, tout comme son homologue classique (1.1.33), effectue un mouvement circu-
laire dans le plan complexe (ou dans l’espace de phase (X, P )), avec une fréquence ω et une
amplitude |z| constante, donc sans déformation.
Autrement, un état cohérent reste toujours vecteur propre de a au cours du temps
avec la valeur propre ze−iωt . Les états |z(t)i et ketz sont physiquement indiscernables
puisque |z(t)|2 = |z|2 . D’où le terme état cohérent.
Ce résultat n’est guère surprenant car nous avons obtenu que l’état fondamental |0i d’un
oscillateur harmonique simple est une gaussienne (Eq. (1.1.22)). Or nous savons qu’au cours
de son évolution, un paquet d’ondes gaussien reste un gaussien. Le fait que le module |z| ne
change pas au cours du temps provient de ce que |z|2 est égal à la valeur moyenne de N :
Puisque N commute avec l’hamiltonien de l’oscillateur harmonique, il s’ensuit que hN i|zi est
une constante de mouvement d’après le théorème d’Ehrenfest.
Notons, pour achever cette section, que les états cohérents sont faciles à produire expéri-
mentalement :
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1.3. EXERCICES 16
1.3 Exercices
1.3.1 Opérateurs amplitude et phase du champ électrique
Définition des opérateurs
On pose
a := Aeiφ , (1.3.1)
où A et φ sont respectivement les opérateurs hermitiens amplitude et phase que l’on cherche
à définir. Sachant que les opérateurs N = a† a, a et a† ont les propriétés suivantes
√ √
N |ni = n|ni, a|ni = n|n − 1i, n 6= 0, a† |ni = n + 1|n + 1i, [a, a† ] = I, (1.3.2)
1. montrer que l’opérateur amplitude est parfaitement défini par
√ X √
A := N + 1 = |ni n + 1|ni. (1.3.3)
n
Propriétés de F
.
1. Montrer que F F † = I.
2. En appliquant F et F † sur les états |ni, montrer que F n’est pas hermitien.
3. Calculer les éléments de matrices de l’opérateur F † F sur la base {|ni} des vecteurs
propres de N et en déduire que
F † F = I − |0ih0|, (1.3.6)
i.e., que l’opérateur F † est isométrique (il transforme un système orthonormé en un autre
système orthonormé), mais est non-unitaire.
4. Calculer les commutateurs [N, F ] et [N, F † ], et en déduire que hn|[F, F † ]|ni = δn0 .
L’opérateur F est-il normal, i.e., [F, F † ] = 0 ?
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1.3. EXERCICES 17
États de phase
Puisque C et S ne commutent pas, ils n’admettent pas de systèmes complets de vecteurs
propres communs. Cependant, il existe des états qui s’en approchent étrangement. Étant
donné les paramètres ϕ, réel, et s, entier positif, on définit les états de phase
s
1
einϕ |ni.
X
|ϕ, si := √ (1.3.10)
s + 1 n=0
1. Évaluer
2. En déduire les valeurs moyennes hϕ, s|C|ϕ, si, hϕ, s|S|ϕ, si, hϕ, s|C 2 |ϕ, si et hϕ, s|S 2 |ϕ, si.
Quelles sont les limites de ces valeurs moyennes quand s → ∞?
4. En vertu des questions (2) et (3), que peut-on dire des kets |ϕ, si ?
1. Calculer les valeurs moyennes hn|C|ni, hn|S|ni, hn|S 2 |ni et hn|C 2 |ni.
2. En déduire les valeurs des dispersions ∆C et ∆S dans l’état |ni. Quelle observation
peut-on faire par rapport au spectre des grandeurs associées aux opérateurs C et S ?
3. Calculer, dans un état |ni, les valeurs moyennes et la dispersion de l’opérateur champ
électrique s
~ω
E(r, t) = i {ae−i(ωt−k·r) − a† ei(ωt−k·r) }. (1.3.12)
2ε0 V
4. Interpréter qualitativement les valeurs moyennes et dispersion du champ électrique dans
l’état |ni, en tenant compte des propriétés de A et F dans cet état. Représenter, en un
lieu r, dans un état de nombre de photons |ni, quelques unes des équiprobables valeurs
du champ électrique E(r, t).
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1.3. EXERCICES 18
(a) A partir du postulat d’évolution d’un système d’hamiltonien H(t), écrire le système
d’équation différentielles traduisant l’évolution temporelle de a(t) et b(t). On posera
Ω = η~ = E~0 d , la pulsation de Rabi.
(b) En utilisant les transformations (passage au référentiel tournant)
A(t) = a(t) exp(iωa t),
(1.3.13)
B(t) = b(t) exp(iωb t),
3. On se place à la résonance (ω = ω1 ).
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1.3. EXERCICES 19
(a) Quelle est la valeur du temps T au bout duquel toutes les molécules sont dans l’état
|ai ?
(b) Montrer que pour une valeur de tp , notée tp,π/2 , les populations des états |ai et |bi
deviennent égales. On observe alors des transitions cohérentes, i.e., une direc-
tivité de l’émission, l’apparition d’un battement entre la lumière de fluorescence et
un faisceau cohérent avec le faisceau d’excitation.
Les horloges atomiques, qui sont les étalons du temps actuel, fonctionnent suivant
un principe très voisin et ont une précision relative de 10−14 . Une telle précision
est essentielle aussi bien dans le domaine de la physique appliquée, comme la nav-
igation par satellite (système GPS (Global Positioning System)), qu’en physique
fondamentale pour l’Astrophysique ou pour les tests en théorie de la relativité.
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CHAPITRE 2
QUANTIFICATION DU CHAMP ÉLECTROMAGNÉTIQUE
Sommaire
2.1 Mode du champ
2.2 Quantification canonique du rayonnement
2.3 Opérateurs de champ et d’impulsion
2.4 Espace de Fock des photons
2.5 Photons droits et onde tournante
2.6 Électrodynamique en cavité
2.7 Exercices
20
2.1. MODE DU CHAMP 21
Les équations (2.1.1a) dépendent des sources du champ électromagnétique (ρtot , J tot ) et les
équations (2.1.1b) sont les équations de structure du champ électromagnétique. Comme ces
équations de Maxwell sont des équations aux dérivées partielles, il est commode de recourir à
des séries de Fourier ou à l’espace réciproque.
qui montre qu’il est possible décomposer tout champ dans le volume V sur une base de d’ondes
planes, A(k, t) étant l’amplitude de la composante du champ A(r, t) sur le mode eik·r . On dit
encore queA(k, t) est la composante de Fourier spatiale du champ A(r, t). C’est pourquoi on
appelle l’espace des fonctions A(k, t) l’espace de Fourier ou espace réciproque. Il est à noter
que A(r, t) étant réel,
A∗ (k, t) = A(−k, t). (2.1.3)
Afin d’éviter que l’amplitude de décomposition en ondes planes du champ (sa transformé
de Fourier) soit une intégrale divergente (problème connu), cantonnons le champ dans une
boîte de volume V = Lx Ly Lz avec la condition de périodicité sur les parois opposées. Ceci
implique
2π 2π 2π
knx = nx , kny = ny , knz = nz , nx , ny , nz ∈ N, (2.1.4)
Lx Ly Lz
autrement, les extrémités de kn forment un réseau cubique de pas 2π L
qui est d’autant plus
serré que V est grand. Nous ramenons ainsi l’infinité continue des solutions de base eikn ·r à
une infinité dénombrable et nous changeons les intégrales (2.1.2) en sommation :
1 ZZZ 3 X
3
d k≈ , (2.1.5)
L n
V
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2.1. MODE DU CHAMP 22
ε̂` · k` = 0, (2.1.6)
Figure 2.1.1 – Composantes de
polarisation et sa condition de normalisation s’écrit
dE` (t)
= −ic2 k` B` , (2.1.10a)
dt
dB` (t)
= −ik` E` . (2.1.10b)
dt
Ce sont ces équations qui sont à l’origine du rayonnement.
2
(kn , ε̂n1 , ε̂n2 ) forme un trière direct, i.e., kn × ε̂n1 = ε̂n2 et kn × ε̂n2 = −ε̂n2 .
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2.1. MODE DU CHAMP 23
dE` (t)
= ω`2 A` (t), ω` = ck` , (2.1.12a)
dt
dA` (t)
= −E` (t). (2.1.12b)
dt
On en déduit
d
(ω` A` − iE` ) = −iω` (ω` A` − iE` ). (2.1.13)
dt
On est ainsi conduit à définir les variables normales du champ
i
α` (t) = − (E` (t) + iω` A` (t)), (2.1.14a)
2ξ`
i
β` (t) = − (E` (t) − iω` A` (t)), (2.1.14b)
2ξ`
où le coefficient de normalisation ξ` sera choisi de manière à avoir une énergie totale H une
expression aussi simple et expressive que possible.
La réalité des champs E ⊥ et B et le fait que ξ` = ξ−` imposent que
dα` (t)
= −iω` α` (t), (2.1.17)
dt
qui conduit à
α` (t) = α` (0)e−iω` t . (2.1.18)
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2.1. MODE DU CHAMP 24
Les variables normales ont des évolutions totalement découplées les unes des autres. Chaque
mode a une évolution de type oscillateur harmonique de pulsation ω` décrivant un mode normal
de vibration du champ libre. Ce qui justifie l’appellation de variables normales qu’on donne
aux α` (t).
En définitive, on a
ξ`
(α` e−i(ω` t−k` ·r) + α`∗ e+i(ω` t−k` ·r) ),
X
A(r, t) = ε̂` (2.1.19)
` ω`
on a
ε0 V X ε0 V X dA` 2
H⊥ = (|E` |2 + ω`2 |A` |2 ) = (| | + ω`2 |A` |2 ). (2.1.22)
2 ` 2 ` dt
dx` 2
m
ω`2 x2`
P
On note l’analogie formelle avec l’hamiltonien H = 2 ` dt
+ d’une assemblée
d’oscillateurs harmoniques indépendants de même masse m et de pulsation ω` , analogie que
nous allons exploiter à la section (2.2) pour quantifier le champ.
Le champ électromagnétique est un ensemble d’oscillateurs harmoniques indépen-
dants, de fréquence ω` , de masse m = ε0 V,
• d’impulsion complexe
dA` ∗
P` = ε 0 V = −ε0 VE` = −iε0 Vξ` (α` − α−` ), (2.1.23)
dt
• et de position complexe
ξ` ∗
Q` = A` = (α` + α−` ). (2.1.24)
ω`
ε0 V X 2
ξ` (|α` − α∗−` |2 + |α` + α∗−` |2 ) = ε0 V ξ`2 (α∗` · α` + α∗−` · α−` ).
X
H⊥ = (2.1.25)
2 ` `
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2.2. QUANTIFICATION CANONIQUE DU RAYONNEMENT 25
2ε0 Vξ`2
(E`∗ · A` )k` = |α` |2 k` .
X X
P ⊥ = iε0 V (2.1.30)
` ` ω`
L’impulsion totale du rayonnement est la somme d’impulsions associées à chaque mode. L’im-
pulsion d’un mode est dirigée suivant le vecteur d’onde k` de ce mode. |α` |2 apparait comme
l’excitation du mode.
d<(α` )
= ω` =(α` ), (2.2.1a)
dt
d=(α` )
= −ω` <(α` ). (2.2.1b)
dt
Ces équations peuvent s’identifier avec les équations de Hamilton
dQ` ∂H`
= , (2.2.2a)
dt ∂P`
dP` ∂H`
=− , (2.2.2b)
dt ∂Q`
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2.2. QUANTIFICATION CANONIQUE DU RAYONNEMENT 26
avec H` donné par (2.1.27) et les variables canoniques conjuguées définies par
s
4ε0 V
Q` + iP` = ξ` α` , (2.2.3)
ω`
ou
s
4ε0 V
Q` := ξ` <(α` ), (2.2.4a)
ω`
s
4ε0 V
P` := ξ` =(α` ). (2.2.4b)
ω`
Aux variables normales complexes α` sont associées les opérateurs non hermitiens des
modes normaux
Q` + iP`
a` := q 4ε V . (2.2.7)
ξ` ω0`
Ces opérateurs vérifient les les relations de commutation
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2.3. OPÉRATEURS DE CHAMP ET D’IMPULSION 27
Tout comme (2.1.27), ce hamiltonien décrit une collection d’oscillateurs harmoniques in-
dépendants. L’opérateur a` (resp. a†` ) détruit (resp. crée) un photon de vecteur d’onde k et de
polarisation ε̂, c’est-à-dire un photon dans le mode `.
∂A(r, t)
ε̂` ξ` (a` e−i(ω` t−k·r) − a†` ei(ω` t−k·r) ),
X
E(r, t) := − =i (2.3.2a)
∂t `
X k × ε̂`
B(r, t) := ∇ × A(r, t) = i ξ` (a` e−i(ω` t−k·r) − a†` ei(ω` t−k·r) ). (2.3.2b)
` ω`
Dans cas particulier des états monomode polarisé rectilignement, l’opérateur champ élec-
trique est
E(r, t) = iξ(ae−i(ωt−k·r) − a† ei(ωt−k·r) ). (2.3.3)
La valeur moyenne de cet opérateur sur un état cohérent |zi est
2. Il est commode de séparer dans les expressions des opérateurs de champs, la contribution
des opérateurs a` et a†` . Par exemple,
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2.4. ESPACE DE FOCK DES PHOTONS 28
avec
E (+) (r, t) := i ξ` a` ε̂` e−i(ω` t−k·r) ,
X
(2.3.5b)
`
E (+) (r, t) est souvent appelé partie du champ de fréquence positive et est l’her-
mitien conjugué de E (−) (r, t). On note aussi que E (+) (r, t) est l’analogue quantique du
champ complexe classique.
Il est cependant important de souligner que cette expression n’est valable que les modes d’ondes
planes progressives.
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2.4. ESPACE DE FOCK DES PHOTONS 29
Ces états forment une base de l’espace des états du champ, appelé espace de Fock, qui
est le produit tensoriel de tous les espaces H` . Dans cet espace, les opérateurs a` (resp. a†` )
détruisent (resp. créent) des photons de vecteur d’onde k et de polarisation s.
L’état fondamental du champ, |{0}i, est celui où tous les entiers n` sont nuls,
2.4.2 Photons
Les états |n` i sont à la fois états propres de H (2.4.3b),
X
E{n` } − Ev = n` ~ω` , (2.4.7)
`
Le caractère additif des expressions (2.4.7) et (2.4.8), tout se passe comme on avait
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2.5. PHOTONS DROITS ET ONDE TOURNANTE 30
d’un effet purement quantique qu’on appelle fluctuations du vide. Cet effet explique entre
autre le phénomène d’émission spontanée.
Pour un mode `, les relations
h{0}|E|{0}i = 0. (2.4.11)
Ainsi, la variance
~ω`
(∆E)2 = h{0}|E 2 |{0}i = h{0}| ξ`2 (a†` a` + a` a†` )|{0}i = ξ`2 =
X X X
, (2.4.12)
` ` ` 2ε0 V
représente les fluctuations du vide. Elles sont responsables de véritables effets physiques :
• Les déplacements de Lamb des niveaux atomiques. Elles induisent par exemple la levée
de dégénérescence entre les niveaux 2S1/2 et 2P1/2 de l’hydrogène.
• L’émission spontanée.
Pour des raisons de simplification d’écriture, nous allons dans la suite omettre la mention
explicite de l’indice k. Introduisons les vecteurs de base circulaires
1
ε̂± := ∓ √ (ε̂1 ± iε̂2 ), (2.5.2)
2
et les opérateurs de création associés
1
a†± := ∓ √ (a†1 ± ia†2 ). (2.5.3)
2
L’action de ces derniers sur le vide de photons créée des états
1
|1i± := a†± |0i = ∓ √ (|1, 0i ± i|0, 1i), (2.5.4)
2
appelé respectivement photon droit, |1i+ , et photon gauche, |1i− . On vérifie facilement
que
[aσ , a†σ0 ] = δσσ0 et [aσ , aσ0 ] = 0, (2.5.5)
2012
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2.5. PHOTONS DROITS ET ONDE TOURNANTE 31
N± := a†± a± . (2.5.7)
et comme les opérateurs a†1 et a1 commutent avec les opérateurs a†2 et a2 , on obtient
∗ ∗
− √z a†1 + √
z iz † iz
a1 − √ a2 − √ a2
|zi+ = e 2 2 e 2 2 |0i
z iz
= D1 (− √ )D2 (− √ )|0i
2 2 (2.5.10)
+ +
z iz
= − √ − √ .
2 1 2 2
soit
s
π π
~ω
± hz|E(r, t)|zi± = |z| ±ε̂1 cos(ωt − k · r − arg z + ) + ε̂2 sin(ωt − k · r − arg z + ) .
ε0 V 2 2
(2.5.11b)
Ainsi, la valeur moyenne de l’opérateur champ électrique en point précesse à droite ou à gauche
comme on peut le voir sur la figure 2.5.1 : l’onde est polarisée circulaire gauche ou droite.
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2.6. ÉLECTRODYNAMIQUE EN CAVITÉ 32
Figure 2.5.1 – Valeur moyenne de l’opérateur champ électrique dans un état cohérent de photon
droit ou gauche.
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2.6. ÉLECTRODYNAMIQUE EN CAVITÉ 33
HJC = Ha + Hr + W, (2.6.3)
avec
1 1
Ha = − ~ω0 (|gihg| − |eihe|) = − ~ω0 Z, (2.6.4a)
2 2
Hr = ~ωa† a, (2.6.4b)
W = −d · E(y, t = 0) = −(d · ẑ)g(y)(a + a† ), (2.6.4c)
où s
~ω
g(y) = sin ky. (2.6.4d)
ε0 V
Le zéro d’énergie du système a été choisi pour coïncider avec la moyenne de E g et E e .
Soient |ϕgn i = |g ⊗ (n + 1)i l’état où l’atome est dans son état fondamental |gi et où la
cavité contient n + 1 photons ; |ϕen i|e ⊗ ni l’état où l’atome est dans l’état excité |ei et où la
cavité contient n photons. Les énergies associés sont
1
Eng = − ~ω0 + (n + 1)~ω, (2.6.5a)
2
1 1
Ene = ~ω0 + n~ω = − ~ω0 + (n + 1)~ω − ~δ. (2.6.5b)
2 2
Ces états sont donc quasi-dégénérés car δ ω0 . Cette propriété va nous permettre de nous
restreindre à l’espace de Hilbert de dimension 2 sous-tendu par les vecteurs |ϕgn i et |ϕen i.
La parité du moment dipolaire impose que les éléments diagonaux soient nuls,
Sans perte de généralité, nous pouvons supposer dz réel, ce qui permet d’écrire
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2.6. ÉLECTRODYNAMIQUE EN CAVITÉ 34
1 dz g(y)
W = ~λ(y)(X− + X+ )(a + a† ), λ(y) = 2 . (2.6.10)
2 ~
Le hamiltonien total s’écrit alors
1 1
HJC = − ~ω0 Z + ~ωa† a + ~λ(y)(X− + X+ )(a + a† ). (2.6.11)
2 2
Afin d’éliminer la dépendance temporelle rapide dans l’approximation quasi-résonante, on
se place dans le point de vue de Heisenberg en définissant pour un opérateur quelconque A,
Ainsi, on a
Les dépendances temporelles approchées des opérateurs qui apparaissent dans W sont donc
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2.6. ÉLECTRODYNAMIQUE EN CAVITÉ 35
1 E − E
|ϕe0 i = √ (χ+
0 + χ0 ), (2.6.23)
2
et le vecteur d’état est donné au temps t par
1 E E
|ϕ(t)i = √ (e−iΩR t/2 χ+ + e+iΩR t/2 −
χ0 ). (2.6.24)
0
2
La probabilité de trouver au temps t l’atome dans son état excité est
1 ΩR t
Pe (t) = |he|ϕ(t)i|2 = |e−iΩR t/2 + eiΩR t/2 |2 = cos2 . (2.6.25)
4 2
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2.6. ÉLECTRODYNAMIQUE EN CAVITÉ 36
Figure 2.6.1 – (a) Spectre d’énergie des états atomes-photons non-couplés (à gauche et à droite)
et couplés
√ à la résonance (ω = ω0 ). L’écart énergétique entre les états |e ⊗ ni et |g ⊗ (n + 1)i vaut
~ΩR n + 1. (b) Spectre d’énergie hors résonance, avec δ ΩR , (traits tiretés). Au second ordre en
ΩR
δ , la séparation des niveaux est indépendante de n, mais dépend de l’état de l’atome. On a posé
g = ~Ω2R . [Après A. Blais et al., Phys. Rev. A 69 062320 (2004)].
L’évolution spontanée de l’atome excité placé dans la cavité est donc sinusoïdal. Ce com-
portement est très différent de l’émission spontanée dans le vide. On a en effet un couplage
entre niveaux discrets, et donc une évolution de type oscillations de Rabi, alors que dans le
vide, on a un couplage avec un continuum d’états finaux, et donc une évolution exponentielle
décroissante. Notons que le système oscille entre les états |g ⊗ 1i et |e ⊗ 0i, et qu’il revient
périodiquement dans l’état initial. On peut se représenter la situation en disant que l’atome
excité émet un photon dans le mode de la cavité qui est maintenant excité, tandis que l’atome
passe dans l’état fondamental |g ⊗ 1i. La cavité étant supposée sans perte, le rayonnement est
ensuite réabsorbé par l’atome qui se trouve dans l’état excité, la cavité à nouveau vide. Le
système est alors prêt à un nouveau cycle de ce qu’on peut appeler des oscillations de Rabi
à un photon ou encore oscillations de Rabi du vide.
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2.7. EXERCICES 37
2.7 Exercices
2.7.1 Traitement quantique d’une onde laser
On désire décrire le champ cohérent émis par une source laser monomode. On idéalise cette
émission en supposant qu’il s’agit d’une onde plane monochromatique, polarisée rectilignement
On montre que l’opérateur champ électrique associé à cette représentation peut s’écrire sous
la forme
E(r, t) = iξe0 {ae−i(ωt−k·r) − a† ei(ωt−k·r) } (2.7.4)
où ξ est une constante réelle et e0 le vecteur unitaire dans la direction de polarisation du
champ E 0 . Dans cette expression, seuls a et a† sont des opérateurs agissant sur les états du
champ.
On rappelle que pour une onde électromagnétique, l’hamiltonien pour un volume V s’écrit
!
1 1 B2
H=V ε0 E 2 (r, t) + (r, t) = Vε0 E 2 (r, t). (2.7.5)
2 2 µ0
On se propose de montrer que les états |ni de H associé à la valeur propre En ne peuvent
pas correctement décrire l’onde cohérente délivrée par une source laser idéale.
2. Calculer la valeur moyenne du champ électrique E(r, t) dans un état |ni. En comparant
le résultat obtenu avec la forme d’onde (2.7.1) du champ, en déduire que le champ
cohérent du laser ne peut être correctement représenté dans un état |ni.
3. Afin de rechercher une interprétation physique des états stationnaires |ni, on définit un
opérateur (facteur) de phase du champ électrique par
et un opérateur amplitude
√ X √
A := N +1= |ni n + 1hn|. (2.7.7)
n
Montrer que hcos φi et hsin φi sont nuls quel que soit t pour un état |ni.
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2.7. EXERCICES 38
4. Calculer la variance (∆E(r, t))2 dans l’état |ni en fonction de En , V, ε0 . Comment varie
ce champ avec n ? Que vaut cette variance pour n = 0. Celle-ci donne l’échelle des
fluctuations du vide dans le mode considéré4 .
5. Que peut-on dire des états |ni par rapport à une onde monochromatique ?
3. A l’instant t = 0, le système est dans l’état |zi. Expliquer pourquoi cet état évoluera au
cours du temps et donner l’état |ψ(t)i dans lequel il se trouve à l’instant t.
4. Quelle est la valeur propre de a pour l’état |ψ(t)i ? Que peut-on conclure par rapport à
l’évolution d’un état cohérent ?
5. Calculer hE(r, t)i dans l’état |zi et expliquer comment se comporte hE(r, t)i en fonction
du temps. Calculer hE 2 (r, t)i dans l’état |zi et en déduire l’écart standard ∆E(r, t).
Comparer le résultat obtenu avec l’amplitude des fluctuations du champ électrique dans
le vide.
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2.7. EXERCICES 39
Figure 2.7.1 – Image corpusculaire du bruit Figure 2.7.2 – Image corpusculaire d’un fais-
d’intensité d’un lumineux. ceau parfaitement comprimé en intensité.
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2.7. EXERCICES 40
1. En comparant les équations (2.7.14) et (2.7.16), donner les expressions des composantes
de quadrature en fonction des fluctuations d’amplitude ∆E0 et de phase ∆ϕ.
États cohérents
On peut maintenant examiner les propriétés des opérateurs de quadrature dans un état co-
hérent |zi, état propre de l’opérateur d’annihilation a associé à la valeur propre z = |z|eiϕ .
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2.7. EXERCICES 41
États comprimés
On introduit l’opérateur
AR := a cosh R + a† sinh R, (2.7.19)
paramétré par le nombre réel R. Cet opérateur, obtenu à partir d’une transformation dite de
Bogoliubov 6 , et son conjugué obéissent à la même relation de commutation que les opérateurs
d’échelle a et a† dans le mode considéré. Ils ont donc les mêmes propriétés que ces derniers.
On peut alors introduire, par analogie aux états cohérents, les états comprimés |z, Ri, états
propres de l’opérateur AR
AR |z, Ri := z|z, Ri. (2.7.20)
Il est clair qu’on retrouve les états cohérents habituels dans le cas où R = 0.
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2.7. EXERCICES 42
1. Calculer le commutateur [Z, H0 ] et en déduire hψi |Pz |ψj i en fonction de hψi |Z|ψj i, i =
1, 2 ; Z est l’opérateur position suivant l’axe Oz.
2. Justifier pourquoi la matrice [Pz ] dans la base {|ψ1 i, |ψ2 i} possède des éléments diago-
naux nuls, i.e., p11 = p22 = 0. Écrire la matrice [Pz ] en supposant p12 et p21 réel. Écrire
l’opérateur Pz en fonction de X± .
Hamiltonien de Jaynes-Cummings
Dans l’approximation dipolaire électrique, λ a0 , soit |q|a0 1, on obtient finalement le
hamiltonien de Jaynes-Cummings
1 1 1
H = ~ΩI + ~ω12 σz + ~ω(a† a + ) + ~g(X− + X+ )(a + a† ) cos ωt. (2.7.31)
2 2 2
1. Donner l’expression de g.
2. Quels sont les niveaux d’énergie E± (E+ > E− ) en l’absence du terme d’interaction ?
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2.7. EXERCICES 43
• |ai = |ψ2 i ⊗ |1i est l’état d’un atome de plus basse énergie et un photon dans la
cavité ;
• |bi = |ψ1 i ⊗ |0i est l’état d’un atome excité et zéro photon dans la cavité.
Oscillations de Rabi
Le système est préparé dans l’état initial dans l’état |ai. Pour un instant ultérieur arbitraire
t > 0, on pose
|ψ(t)i = cb e−i(Ω+ω12 +ω)t/2 |bi + ca e−i(Ω−ω12 +3ω)t/2 |ai. (2.7.32)
1. Écrire l’équation de Schrödinger et en déduire les équations couplées des coefficients ca (t)
et cb (t).
2. A la résonance, ω = ω12 , on obtient, en négligeant devant 1 les termes e±2iω12 t qui oscillent
rapidement,
iċ (t) = g cos(ω t)c (t) ' 1 geiω12 t c (t)
b 12 a 2 a
1 −iω t
iċa (t) = g cos(ω12 t)cb (t) ' ge 12 cb (t)
(2.7.33)
2
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CHAPITRE 3
SYMÉTRIES ET INVARIANCES
Sommaire
3.1 Transformations continues
3.2 Opérateur translation dans le temps et invariance
3.3 Opérateur de translation dans l’espace et invariance
3.4 Opérateur de rotation dans l’espace et invariance
3.5 Transformations discrètes
3.6 Invariance de jauge
3.7 Exercices
Les symétries se manifestent dans la nature aussi bien dans les plantes et les structures
cristallines des roches, que dans les autres organismes vivants. C’est pourquoi que l’homme
a introduit les symétries dans plusieurs de ses activités à l’instar de l’art, la musique, les
bâtiments et les machines.
Les propriétés d’invariances, symétries et les lois de conservation qui en découlent jouent
un rôle fondamental en physique. Elles permettent non seulement de simplifier la résolution
des problèmes, mais d’obtenir en plus, en théorie quantique, des résultats très généraux qui
sont indépendants de certaines approximations. Ce chapitre constitue une introduction aux
concepts de base de la théorie des groupes et à ses applications à la théorie quantique.
Une symétrie est une transformation qui agit sur l’état d’un système et laisse in-
variante certaines propriétés physiques. Par exemple, si |ψ 0 i = S|ψi, |ϕ0 i = S|ϕi, alors une
symétrie doit laisser invariantes les probabilités, i.e., |hψ 0 |ϕ0 i|2 = |hψ|ϕi|2 . On peut donc dire
qu’une symétrie est une équivalence entre diverses situations physiques.
Nous examinons dans ce chapitre les propriétés de transformations continues (infinité
continue d’éléments) des états telles que les transformations par translation dans le temps, par
translation et rotation dans l’espace. Les principales propriétés de ces transformations sont
présentées à la section 3.1.
44
45
1. que l’énergie est liée au temps (3.0.1a) : la conservation de l’énergie est associée à l’in-
variance par translation dans le temps. Autrement dit, du fait de l’homogénéité du
temps1 , l’énergie totale d’un système se conserve dans un repère galiléen (section 3.2) ;
2. que l’impulsion est liée à la longueur (3.0.1b) : la conservation de l’impulsion est associée
à l’invariance par translation d’espace. Autrement dit, du fait de l’homogénéité de
l’espace2 , l’impulsion totale d’un système se conserve dans un repère galiléen (section
3.3) ;
3. que le moment angulaire est lié aux angles (3.0.1c) : la conservation du moment angulaire
est associée à l’invariance par rotation d’espace. Autrement dit, du fait de l’isotropie de
l’espace3 , le moment angulaire totale d’un système se conserve dans un repère galiléen
(section 3.4)4 .
Sous forme de générateurs infinitésimales, on peut les correspondances suivantes :
∂
E −→ i~ , (3.0.3a)
∂t
∂
Pi −→ −i~ , (3.0.3b)
∂xi
∂
Ji −→ −i~ . (3.0.3c)
∂φi
Pour un système donné, l’existence des quantités conservées est une contrainte sur la
dynamique de ce système. Afin d’illustrer comment il est aisé de calculer le spectre d’énergie
d’un système grâce aux propriétés d’invariance par translation et rotation, nous étudions
brièvement, d’une part, la dynamique d’un électron dans un potentiel périodique (section
3.3.3), et d’autre part, le rotateur rigide (section 3.4.3).
La section 3.5 est réservée aux transformations discrètes telles que la parité et la
permutation. L’invariance de jauge du champ électromagnétique est une donnée essentielle
de la physique. Nous allons examiner à la section 3.6 comment la transformation de jauge du
potentiel vecteur introduit une fonction de phase locale dans la fonction d’onde d’un quanton
chargé en interaction avec le champ électromagnétique.
1
L’évolution d’un processus physique est indépendant du choix de l’origine.
2
Les points de l’espace sont physiquement équivalents.
3
Toutes les directions spatiales sont physiquement équivalentes.
4
La formulation (3.0.1c) n’est pas tout à fait valide. En effet, si on se limite à la partie orbitale du moment
angulaire, ∆ϕ ≤ √π3 et on montre qu’on a plutôt la relation
∆ϕ ~
∆Lz ≥ . (3.0.2)
1 − 3(∆ϕ)2 /π 2 2
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3.1. TRANSFORMATIONS CONTINUES 46
˜ := S|ψi,
|ψi −→ |ψi (3.1.1a)
˜ := hψ|S † ,
hψ| −→ hψ| (3.1.1b)
A −→ Ã := SAS † = SAS −1 . (3.1.1c)
qui conserve les modules des produits scalaires ou des amplitudes de probabilité
˜
|hϕ|ψi| = |hϕ̃|ψi|. (3.1.5)
Il est à noter que les transformations continues (translations et rotations) ne peuvent être
qu’unitaires.
La transformation associée à S est antilinéaire si S est antilinéaire, i.e.,
et
hSϕ|Sψi = hϕ|ψi∗ = hψ|ϕi. (3.1.6b)
5
L’équation (3.1.1c) représente la transformation similaire de A par S
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3.1. TRANSFORMATIONS CONTINUES 47
ε
S = e−i ~ G (Théorème de Stone) (3.1.14a)
ε
δ|ψi = S|ψi − |ψi = −i G|ψi, (3.1.14b)
~
ε
δA = Ã − A = i [G, A]. (3.1.14c)
~
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3.1. TRANSFORMATIONS CONTINUES 48
L’équation (3.1.14c) ou (3.1.13) indique que tout opérateur invariant par symétrie
S doit commuter avec le générateur infinitésimal de la transformation unitaire
correspondante :
à = A ⇒ δA = 0, i.e., [G, A] = 0. (3.1.15)
C’est une loi de conservation.
En particulier, si le hamiltonien H est invariant par symétrie S (translation, rotation), il
commute avec le générateur G de la transformation infinitésimale correspondante :
[G, H] = 0, (3.1.16)
dhGi
= 0. (3.1.17)
dt
D’où le théorème suivant :
Ou encore,
(a ◦ b) ◦ c = a ◦ (b ◦ c) (3.1.18a)
a◦I=a=I◦a (3.1.18b)
0 0
a◦a =I=a ◦a (3.1.18c)
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3.2. OPÉRATEUR TRANSLATION DANS LE TEMPS ET INVARIANCE 49
∂S(λ) i
= (− G)S(λ), (3.1.23a)
∂λ ~
∂|ψ(λ + λ0 )i i
= − G|ψ(λ + λ0 )i. (3.1.23b)
∂λ ~
Le tableau (3.1.1) récapitule très sommairement les transformations continues unitaires les
plus usuelles.
Symétrie Variable Générateur Opérateur unitaire Constante du mouve-
dynamique infinitési- ment
conservée mal
t
Translation Énergie E ∂
+i~ ∂t U (t) = e−i ~ H [H, U (t)] = [H, H] = 0
dans le temps
i
Translation Impulsion Pi ∂
−i~ ∂x i
T (x0 ) = e− ~ Px x0 [H, T (x0 )] = [H, Px ] = 0
dans l’espace
i
Rotation dans Moment ∂
−i~ ∂ϕ i
R(ϕ0 ) = e− ~ Jz ϕ0 [H, R(ϕ0 )] = [H, Jz ] = 0
l’espace angulaire Ji
Table 3.1.1 – Quelques symétries continues parmi les plus importantes dans la nature
montre que H(t) est le générateur infinitésimal des translations dans le temps. Donc
dt
U (t, t + dt) = I − i H(t). (3.2.3)
~
Dans le cas où H ne dépend pas du temps (système isolé), l’équation (3.2.3) s’intègre et
on a l’opérateur unitaire d’évolution
t0 − t
U (t, t0 ) = exp(−i H), (3.2.4)
~
qui permet une interprétation physique simple des phénomènes temporellement évolutifs.
H étant indépendant du temps. Ce qui veut dire que |ψi ˜ et |ψi ne diffèrent que par un facteur
−itE/~
de phase global, e , de module unité et ont donc les mêmes propriétés physiques. On vérifie
par exemple que
H|ψi = E|ψi,
˜ = He−i ~t H |ψi = e−i ~t H H|ψi = Ee−i ~t H |ψi = E |ψi.
H |ψi ˜ (3.2.6)
Donc tout opérateur hermitien A qui ne dépend pas explicitement du temps et com-
mute avec H, i.e., [H, A] = 0, est une constante du mouvement en ce sens que
si le système se trouve à l’instant t dans un état propre de l’énergie, il le demeure au
cours du temps.
En effet,
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3.2. OPÉRATEUR TRANSLATION DANS LE TEMPS ET INVARIANCE 51
p 2
Exemple 3.2.1. Un quanton dans un puits de potentiel symétrique (H = 2m + V (x), V (x)
pair), conserve sa parité au cours du temps. Autrement, si |ψ(0)i est un état pair (respec-
tivement impair), |ψ(t)i est aussi un état pair (respectivement impair). L’opérateur parité est
donc une constante du mouvement.
où l’indice H indique Heisenberg. Les quantités non indicées représentent le point de vue de
Schrödinger. La transformation (3.2.10) est une transformation active :
D
hψ|AH |ψi = hψ(t)|A|ψ(t)i = ψU † (t)AH |U (t)ψi. (3.2.11)
Les équations du mouvement obtenues dans cette représentation ont un intérêt majeur :
elles sont les pendants quantiques des équations de la théorie classique.
A t = 0, les deux représentations coïncident
d dU † (t) dU (t)
AH (t) = AU (t) + U † (t)A , (3.2.13)
dt dt dt
avec
∂ U (t) = − ~i HU (t) = − ~i U (t)H,
∂t
∂ U † (t)
puisque [H, U ] = 0. (3.2.14)
∂t
= ~i U † (t)H = ~i HU † (t),
Ainsi,
d 1 1
AH (t) = − {HU † (t)AU (t) − U † (t)AU (t)H} = [AH (t), H]. (3.2.15)
dt i~ i~
Comme HH (t) = H, on obtient l’équation du mouvement de Heisenberg pour l’opérateur A
d 1
AH (t) = [A, H]H , (3.2.16)
dt i~
qui est une généralisation du théorème d’Ehrenfest.
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3.2. OPÉRATEUR TRANSLATION DANS LE TEMPS ET INVARIANCE 52
On a en particulier
1
ẋ(t) = [x, H]H , (3.2.17a)
i~
1
ṗ(t) = [p, H]H , (3.2.17b)
i~
appelé équation du mouvement de Heisenberg.
Une comparaison de l’équation (3.2.16) à l’équation correspondante obtenue dans le cadre
classique montre que des résultats classiques peuvent être obtenus de la théorie quantique par
la correspondance
1
[A, B] −→ {A, B}. (3.2.18)
i~
Illustrons notre propos en considérant l’oscillateur harmonique simple pour lequel nous
avons déjà montré que (voir Eq. (1.1.30))
it i2 t2
x(t) = x(0) + [H, x(0)] + [H, [H, x(0)]] + · · · (3.2.23)
~ 2!~2
Chaque commutateur est soit une fonction de x(0) soit une fonction de p(0) puisque
i~
[H, x(0)] = − p(0) et [H, p(0)] = i~mω 2 x(0). (3.2.24)
m
Par conséquent,
p(0) 1 1
x(t) = x(0) + t − t2 ω 2 x(0) − t3 ω 3 p(0) + · · ·
m 2! 3! (3.2.25)
1
= x(0) cos ωt + p(0) sin ωt,
mω
en accord avec le résultat obtenu en (3.2.21).
t2
e Be−A = B +
7 A t
1! [A, B] + 2! [A, [A, B]] + ...
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3.3. OPÉRATEUR DE TRANSLATION DANS L’ESPACE ET INVARIANCE 53
Il est à noter qu’il est incorrect de penser que les valeurs moyennes
hx(t)i 1
= hx(0)i cos ωt + mω hp(0)i sin ωt,
hp(t)i = hp(0)i cos ωt − mωhx(0)i sin ωt.
(3.2.26)
oscillent à la fréquence ω. En effet, si on considère les états stationnaires |ni, les valeurs
moyennes hx(0)i|ni et hp(0)i|ni sont nulles puisque x(0) et p(0) sont fonctions de a et a† . Par
conséquent hx(t)i|ni et hp(t)i|ni sont nulles. Ce résultat est en accord avec le fait que la valeur
moyenne d’un opérateur entre états stationnaires n’évolue pas. Pour observer des oscillations,
on devrait prendre un état superposé comme par exemple
Par conséquent,
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3.3. OPÉRATEUR DE TRANSLATION DANS L’ESPACE ET INVARIANCE 54
et par suite
hx|T (x0 )|ψi = hx − x0 |ψi = ψ(x − x0 ). (3.3.9)
L’opérateur de position transformé
Les équations (3.3.10) et (3.3.11) suggèrent que T (x0 ) et T † (x0 ) agissent comme des opéra-
teurs d’échelle sur la position x,
i.e., T (x0 )|xi est vecteur propre de X avec la valeur propre x + x0 alors que T † (x0 )|xi est
vecteur propre de X avec la valeur propre x − x0 .
En résumé, l’opérateur T (x0 ) est tel que
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3.3. OPÉRATEUR DE TRANSLATION DANS L’ESPACE ET INVARIANCE 55
Donc un état invariant par translation le long de Ox est un état propre de l’impulsion
Px .
Ainsi,
A|ψi = a|ψi,
˜ = AT |ψi = T A|ψi = aT |ψi = a|ψi,
A|ψi ˜ (3.3.17)
V (x) = V (x + x0 ) = V (x + y 0 ) = V (x + z 0 ). (3.3.20)
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3.3. OPÉRATEUR DE TRANSLATION DANS L’ESPACE ET INVARIANCE 56
x0 , y 0 , z 0 sont les cotés d’une maille élémentaire du cristal. Et la dynamique d’un électron
est décrite par
P2
H= + V (X). (3.3.21)
2m
Les trois opérateurs de translations d’une maille élémentaire sont, en posant x0,1 = x0 , x0,2 =
y 0 , x0,3 = z 0 ,
!
P · x0,1
T1 := exp −i , (3.3.22a)
~
!
P · x0,2
T2 := exp −i , (3.3.22b)
~
!
P · x0,3
T3 := exp −i , (3.3.22c)
~
[Ti , H] = 0, i = 1, 2, 3. (3.3.23)
Comme [Pi , Pj ] = 0, on a
[Ti , Tj ] = 0, i, j = 1, 2, 3, (3.3.24)
et par conséquent
le groupe de symétrie dynamique est celui des translations discrètes du réseau et c’est
un groupe commutatif10 .
D’autre part, en vertu de (3.3.11) on a
" !#
P · x0,i
[X, Ti ] = X, exp −i = x0,i Ti = Ti x0,i , (3.3.25)
~
et par suite11
XTi = Ti (X + x0,i ). (3.3.26)
11
On comprend mieux pourquoi les opérateurs Px et X ne commutent pas. En effet, la proposition "trans-
lation de x0 puis multiplication par x", i.e., X|x − x0 i, est différente de la proposition "multiplication par x
puis translation par x0 ", i.e.,(X − x0 )|x − x0 i.
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3.4. OPÉRATEUR DE ROTATION DANS L’ESPACE ET INVARIANCE 57
La dernière égalité est liée au potentiel périodique du présent problème, V (X + x0,i ) = V (X),
i.e., V (X) est invariant par translation x0,i .
Par ailleurs, H et Ti ont des vecteurs propres communs puisque
et en multipliant les deux membres de cette équation (3.3.29) par le bra hx| et en tenant
compte de (3.3.9), on a
Cette équation (3.3.30c) est appelée condition de Bloch. Elle montre que le vecteur d’état
|ψk i est périodique à un facteur de phase global près. Ce vecteur d’état est appelé onde de
Bloch. Ces vecteurs d’état sont aussi vecteurs propres de H
Pour n fixé et pour K · x0,i ∈ [0, 2π], En,k parcourt un ensemble d’énergie appelée bande
d’énergie12 . Chaque bande est indicée par la valeur de n. Un intervalle d’énergie n’appartenant
à aucune bande est appelé bande interdite. Cette structure en bande d’énergie est essentielle
pour expliquer l’existence des matériaux isolants et conducteurs.
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3.4. OPÉRATEUR DE ROTATION DANS L’ESPACE ET INVARIANCE 58
l’opérateur des rotations ϕ0 autour de Oz. Il s’ensuit que l’opérateur des rotations ϕ0
d’un vecteur |ψi autour d’un axe quelconque Ou est la projection sur cet axe, du moment
angulaire total J · u de moment orbital L · u et de spin S · u (J = L + S),
ϕ0
Ru (ϕ0 ) := e−i ~
J ·u
, (3.4.6a)
et
d ˜ J ·u ˜
|ψi = −i |ψi. (3.4.6b)
dϕ0 ~
Dans le cas d’un quanton sans spin, une rotation de 2π autour d’un axe laisse invariant le
vecteur d’état. Ainsi, pour les rotations dans l’espace R3
Ru (2π) = I. (3.4.7)
Une rotation d’un vecteur d’état dans l’espace tridimensionnel est par conséquent caractérisée
par une matrice 3 × 3, de déterminant unité. C’est le groupe des matrices noté SO(3) :
• O indique qu’il s’agit du groupe orthogonal (les matrices représentant R sont à coeffi-
cients réels vérifiant R† = R−1 ) ;
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3.4. OPÉRATEUR DE ROTATION DANS L’ESPACE ET INVARIANCE 59
Par conséquent, entre les composantes du moment angulaire J , on a les relations de commu-
tation14
J × J := i~J (3.4.12a)
ou [Ji , Jj ] := i~εijk Jk , (3.4.12b)
qui signifient que deux rotations autour de deux axes non parallèles ne sont pas permutables
l’une avec l’autre. Autrement, il est impossible de mesurer simultanément les trois composantes
du moment angulaire. La relation (3.4.12) nous permet, en outre, de comprendre pourquoi les
observables Jx et Jy ne commutent pas. En effet, la proposition "une rotation d’angle dη
autour de Ox suivie d’une rotation d’angle dζ autour de Oy" est différente de la proposition
"une rotation d’angle dζ autour de Oy suivie d’une rotation d’angle dη autour de Ox".
D’autre part, il est facile de montrer à l’aide de (3.4.12) que l’opérateur J 2 = Jx2 + Jy2 + Jz2
commute avec les composantes de J :
[J 2 , J ] = 0. (3.4.13)
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3.4. OPÉRATEUR DE ROTATION DANS L’ESPACE ET INVARIANCE 60
est invariant par rotation d’un angle ϕ0 autour de l’axe Oz, puisque pour toute mesure, il
apparaît identique à
E ϕ0
ψ̃m = Rz (ϕ0 )|ψm i = e−i J
~ z |ψm i = e−imϕ0 |ψm i. (3.4.16)
E
Ce qui veut dire que ψ̃m et |ψm i ne diffèrent que par un facteur de phase global, e−imϕ0 , de
module unité et ont, par conséquent, les mêmes propriétés physiques. On vérifie aisément que
E ϕ0 ϕ0 ϕ0 E
Jz ψ̃m = Jz e−i J
~ z |ψm i = e−i J
~ z Jz |ψm i = ~me−i J
~ z |ψm i = ~mψ̃m . (3.4.17)
Donc un état invariant par rotation ϕ0 le long de Oz est un état propre du moment
angulaire Jz et réciproquement.
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3.4. OPÉRATEUR DE ROTATION DANS L’ESPACE ET INVARIANCE 61
et de façon générale
[J , V 2 ] = 0. (3.4.21)
Si H est indépendant du temps, alors par définition, cet hamiltonien ne dépendra pas de
l’orientation du système dans l’espace. H est donc invariant par rotation dans l’espace, i.e.,
et du théorème d’Ehrenfest, on a
dhJz i
= 0 ⇐⇒ [Jz , H] = 0. (3.4.23)
dt
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3.5. TRANSFORMATIONS DISCRÈTES 62
Cette dégénérescence du spectre du rotateur rigide est due à la symétrie par rotation et à la
non commutativité du groupe de rotations.
Dans le cas de la molécule HCl par exemple, le plus petit écart est de l’ordre de
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3.5. TRANSFORMATIONS DISCRÈTES 63
Cependant, il existe aussi le cas d’invariance de H par des groupes de transformations dis-
crètes, telles que la parité (ou inversion d’espace), la permutation des quantons, le renversement
du temps, la translation discrète des réseaux (nombre d’éléments est fini ou dénombrable), la
conjugaison des charges (changement de signe de toutes les charges électriques). Nous n’abor-
dons dans cette section que les deux premiers cas. Notons néanmoins que le renversement du
temps introduit la notion de microréversivibilité et que la conjugaison des charges est parti-
culièrement intéressante pour les antiparticules comme les électrons et les positrons, surtout
pour les équations dynamiques comme l’équation de Dirac, équivalent spinorelle et relativiste
de l’équation de Schrödinger.
On définit alors l’opérateur de parité Π qui change le signe de l’opérateur position par
Π = Π−1 = Π† ΠΠ = Π2 = I. (3.5.3)
XΠ + ΠX = 0, (3.5.4)
Comme l’invariance par rotation est en général valable, de façon imagée, l’invariance par parité
signifie que l’image dans un miroir de l’expérience physique est possible.
Les valeurs propres de Π sont ε = ±1 et résultent de la relation Π2 = I (deux opérations
de parité successives ramènent le système d’axes à sa position initiale). Les états propres
correspondants sont les ensembles des états pairs
E
hx|Π|ψp i = εp ψp (x) = +ψp (x), ou ψ̃p = Π|ψp i = εp |ψp i = |ψp i, (3.5.6)
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3.5. TRANSFORMATIONS DISCRÈTES 64
On pourra donc classer les états propres de H en états pairs et états impairs, et la valeur
moyenne hψ|Π|ψi est une constante de mouvement.
Si à un instant quelconque t l’état |ψ(t)i à une parité définie (pair ou impair), il
garde cette parité au cours du temps.
L’élément de matrice de l’opérateur position entre les deux états |ψ1 i et |ψ2 i de parité ε1
et ε2 , est d’après (3.5.2b)
hψ1 |X|ψ2 i = hψ1 |Π† ΠXΠ† Π|ψ2 i = −hψ˜1 |X |ψ˜2 i = −ε1 ε2 hψ1 |X|ψ2 i. (3.5.8)
Ainsi, si |ψ1 i et |ψ2 i sont de parité identique, l’élément de matrice hψ1 |X|ψ2 i est nul. Cette règle
sélection, due à Wigner, est importante lorsqu’on étudie les transitions radiatives entre états
atomiques. Bien avant la naissance de la théorie quantique, il avait déjà été mis en évidence
lors de l’analyse phénoménologique des spectres des transitions radiatives multipolaires,la règle
suivante, connue sous le nom règle de Laporte :
Il n’y a transitions radiatives qu’entre états de parité différente lors des transitions
multipolaires.
Le corollaire de cette règle, comme nous le verrons plus tard, est que les systèmes isolés dans
les états non-dégénérés en énergie ne peuvent avoir un moment dipolaire électrique permanent.
Pour les états dégénérés de parité différentes (états 2s et 2p de l’atome d’hydrogène par
exemple) il est possible de définir des combinaisons linéaires qui ont un moment dipolaire
permanent non nul : c’est l’effet Stark linéaire.
Considérons par exemple un hamiltonien unidimensionnel invariant par renversement du
sens de x : H(−x) = H(x). Un tel hamiltonien peut s’écrire
P2
H(x) = + V (x), (3.5.9)
2m
avec le potentiel V (x) pair, i.e., V (−x) = V (x).
Π ∂2
Puisque la transformation x − → −x laisse invariant V (−x) et ∂x2
, elle laisse invariant H et
on a
ΠHΠ = H ou [Π, H] = 0. (3.5.10)
Π et H forment donc un ECOC et on peut alors diagonaliser H et Π simultanément ; et Π est
une constante de mouvement.
Soulignons que l’opération parité agit différemment sur les vecteurs polaires comme la
position r, l’impulsion p ou le champ électrique E
Π Π Π
r−
→ −r, p −
→ −p, E −
→ −E, (3.5.11)
Ces transformations donnent des limitations sur le type de termes qu’on peut avoir dans
l’hamiltonien décrivant un système invariant par parité. Par exemple, des termes de la forme
16
Rappelons que le produit vectoriel de deux vecteurs polaires est un vecteur axial, L = r × p.
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3.5. TRANSFORMATIONS DISCRÈTES 65
Π
p · B ou J · E ne sont pas permis. En coordonnées sphériques, l’inversion d’espace x −
→ −x
correspond au changement de variables
Π
(r, θ, ϕ) −
→ (r, π − θ, ϕ + π). (3.5.13)
Comme
ΠJΠ = J ou [Π, J] = 0, (3.5.14)
Π commute avec J 2 et Jz . Les vecteurs propres communs à J 2 et Jz , |jmi ont une parité bien
définie. Et pour J donné, la parité de |jmi ne dépend pas de la valeur de m.
Les conséquences physiques des transformations de parité nous sont familières car elles
ont déjà largement été abordé dans l’étude de divers modèles dont celui du double puits de
potentiel symétrique.
p21 p2
H= + V (x21 ) + 2 + V (x22 ) + V12 ((x1 − x2 )2 ) = H1 + H2 + H12 , (3.5.15)
2m 2m
où V12 est le potentiel d’interaction des deux quantons.
Le système est décrit par le vecteur d’état |ψi tel que
X
hx1 x2 |ψi = ψ(x1 , x2 ) = αn1 ,n2 ψn1 (x1 )ψn2 (x2 ). (3.5.16)
n1 ,n2
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3.5. TRANSFORMATIONS DISCRÈTES 66
Les valeurs propres de P12 sont évidemment ±1 et les états propres sont
soient antisymétriques
X
hx2 x1 |ψa i = ψa (x1 , x2 ) = (αn1 ,n2 − αn2 ,n1 )ψn1 (x1 )ψn2 (x2 ), (3.5.23)
n1 ,n2
1. Ceux dont les amplitudes sont toujours symétriques sont appelés bosons, ils ont un spin
entier ou nul. Les photons et les mésons sont des bosons. Les bosons sont régis par la
statistique de Bose-Einstein.
2. Ceux dont les amplitudes sont toujours antisymétriques sont appelés fermions, ils ont
un spin demi-entier. Électrons, protons et nucléons sont des fermions. Les fermions sont
régis par la statistique de Fermi-Dirac.
Ce principe de Pauli réduit l’espace des états accessibles. Précisons qu’un quanton composé
de plusieurs autres est
17
S12 et A12 sont des projecteurs.
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3.5. TRANSFORMATIONS DISCRÈTES 67
Par exemple, le noyau l’hélium usuel 4 He contient 2 protons et 2 neutrons, soit 4 fermions :
c’est un boson ; au contraire, son isotope 3 He, formé de 2 protons et 1 neutron, soit 3 fermions,
est un fermion.
Les bosons aiment être tous pareils. Ils font preuve d’un grégarisme de masse, genre mou-
tons de panurge : c’est le principe de grégarité de panurge. C’est ce qui explique la super-
fluidité de l’hélium-4 (4 He). Il s’agit d’un état tout à fait particulier du fluide, atteint à une
température inférieure à 2.17 K, et où le liquide ne présente plus la moindre viscosité. Ceci
entraîne des effets multiples, telle la propension l’4 He à sortir tout seul de son récipient en
grimpant par capillarité le long des parois, sans que la friction ne les retienne. C’est aussi le
cas des électrons de conduction de certains métaux qui, interagissant par l’intermédiaire des
vibrations du réseau cristallin, forment deux à deux des états liés, les paires de Cooper18 . Ces
paires d’électrons peuvent être considérées comme des bosons et leur superfluidité, analogue à
celle des 4 He, donne au métal la propriété de supraconductivité : au dessous d’une certaine
température critique, sa résistance s’annule totalement. Depuis la fin du XIX e siècle, il est
possible de produire des condensats19 de Bose-Einstein gazeux20 qui ont des propriétés de co-
hérence et de superfluidité remarquables. Parce que le photon est un boson, un faisceau laser
contient environ 1020 photons qui ont idéalement tous le même état quantique, correspondant
à un mode d’onde électromagnétique précis.
Par contre, les fermions ont un comportement farouchement exclusif suivant le principe
des loups solitaires, qu’on appelle encore principe d’exclusion de Pauli :
deux fermions indépendants dans un même système physique ne peuvent jamais oc-
cuper le même état.
Par exemple, si les deux quantons sont à la même position x, d’après (3.5.19b),
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3.6. INVARIANCE DE JAUGE 68
• En 2004, une équipe de chercheurs de l’Université de Yale aux États-Unis, conduites par
Gisin, a pu fabriquer des circuits intégrés électrodynamiques quantiques pour manipuler
des bits quantiques. Ces circuits stockent les bits quantiques dans une boîte de Cooper
contenant plus d’un milliard d’atomes d’aluminium supraconducteurs en interaction, en-
traînant une sorte de dynamique quantique qui permet à un photon de contrôle de lire
l’état d’un bit quantique dans la boîte de Cooper sans en modifier l’état. Une boîte de
Cooper est une petite île sur une puce agissant comme une électrode pour une jonction
Josephson, une porte supraconductrice dans laquelle les propriétés de cohérence quan-
tique particulières permettent aux électrons de se déplacer en paires de Cooper (Cooper
pairs). En réduisant la boîte de Cooper à une taille extrêmement petite, les effets de
confinement quantique dominent son comportement, ce qui permet d’y stocker les bits
quantiques. En action, la boîte de Cooper agit presque comme un référentiel de type
DRAM normal pour bits numériques (un condensateur), excepté que le bit quantique
stocké à l’intérieur n’est pas une charge statique mais une oscillation. Le transfert par
oscillation d’une paire de Cooper unique par l’intermédiaire de la jonction tunnel de
Josephson oblige la boîte de Cooper à modifier son état d’énergie quantique, comme s’il
s’agissait d’un atome unique. En absorbant et en émettant de nouveau le photon micro-
ondes (comme une paire de Cooper unique qui se déplace par effet tunnel à travers la
jonction de Josephson), un couplage résistant entre les atomes de la boîte et le pho-
ton capturé maintient l’état du bit quantique. Lorsqu’on injecte un photon micro-ondes
dans la boîte de Cooper supraconductrice, il oscille, comme prévu, en absorbant et en
émettant de nouveau le photon de manière répétée tout en maintenant l’état nébuleux
de superposition quantique du bit quantique. Étant donné que le milliard d’atomes con-
tenus dans la boîte de Cooper interagit, en raison de la supraconductivité, il se comporte
comme si l’oscillation avait lieu entre un atome unique et un photon.
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3.6. INVARIANCE DE JAUGE 69
• d’établir des règles de sélection pour des probabilités de transitions radiatives et autres
éléments de matrice.
Cependant, les éléments de symétrie d’un système physique ne sont pas toujours de nature
géométrique. L’invariance par rapport à certains éléments peut aussi résulter de la formal-
isation d’un problème donné en termes d’objets qui n’ont pas eux-mêmes une signification
physique directe, si toutefois les éléments de la réalité physique peuvent en être déduite.
C’est le cas de l’invariance de jauge du champ électromagnétique qui est une donnée
essentielle de la physique. Nous verrons comment la transformation de jauge des potentiels in-
troduit une fonction de phase locale dans le vecteur d’état d’un quanton chargé, en interaction
avec le champ électromagnétique.
On sait qu’il existe une infinité de couples (A(r, t), U (r, t)) associés au champ électromag-
nétique (E(r, t), B(r, t)). On passe de l’un de ces couples à l’autre par une transformation
de jauge
où χ(r, t) est un champ scalaire quelconque. On peut mettre à profit cet arbitraire pour
imposer une condition supplémentaire ou condition de jauge sur le potentiel, ce qui revient
à choisir une jauge particulière. Les couples (A(r, t), U (r, t)) sont appelés champs de jauge.
Les champs (E(r, t), B(r, t)) sont liés aux potentiels (A(r, t), U (r, t)) par les relations
et
B 0 (r, t) = ∇ × A0 (r, t)
= ∇ × (A(r, t) + ∇χ(r, t)) (3.6.4)
= ∇ × A0 (r, t) = B(r, t).
r 0 = r, (3.6.5a)
π 0 = π, (3.6.5b)
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3.6. INVARIANCE DE JAUGE 70
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3.6. INVARIANCE DE JAUGE 71
Ce qui signifie qu’il existe une transformation unitaire Iχ (t) qui permet de passer de |ψ(t)i à
|ψ 0 (t)i
La relation (3.6.13a) indique que l’opérateur unitaire Iχ (t) commute avec l’opérateur R,
L’opérateur Iχ (t) est donc diagonal dans l’espace des coordonnées et dépend donc de la variable
r. On peut donc l’écrire sous la forme
[Iχ (t), P ] = [eiF (r,t) , P ] = i~∇eiF (r,t) = −~(∇F (r, t))Iχ (t). (3.6.16)
Et en vertu de (3.6.13b), on a
On obtient alors
q
∇F (r, t) = ∇χ(r, t), (3.6.18)
~
dont une solution simple est
q
F (r, t) = χ(r, t). (3.6.19)
~
En définitive, q
Iχ (t) := ei ~ χ(r,t) . (3.6.20)
Le champ scalaire χ(r, t) semble donc être le générateur de transformation de jauge.
L’égalité (3.6.12a) se réécrit en termes de fonctions d’onde
q
ψ 0 (r, t) = ei ~ χ(r,t) ψ(r, t), (3.6.21)
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3.6. INVARIANCE DE JAUGE 72
Õ = O0 . (3.6.24)
que
R̃ = R0 . (3.6.26)
• D’après (3.6.13b), on a
• Enfin,
Soulignons que R (de même une fonction de R) est l’unique opérateur associé à une
grandeur physique véritable qui ne dépend pas de la jauge.
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3.6. INVARIANCE DE JAUGE 73
Les résultats possibles d’une mesure quelconque et les probabilités associées sont in-
variants dans un changement de jauge.
Calcul direct
L’équation de Schrödinger
i~∂t |ψi = H|ψi, (3.6.33)
s’écrit, lors d’un changement de jauge
i~∂t |ψ 0 i = H 0 |ψ 0 i, (3.6.34)
avec |ψ 0 i donné par (3.6.12a) et H 0 donné par (3.6.10b).
Démontrons cette invariance de forme en calculant le premier membre de (3.6.34).
i~∂t |ψ 0 i = i~∂t (Iχ (t)|ψ(t)i) = i~(∂t Iχ (t))|ψ(t)i + i~Iχ (t)∂t |ψ(t)i
(3.6.35)
= −q(∂t χ(r, t))Iχ (t)|ψ(t)i + Iχ (t)H|ψi = (−q∂t χ(r, t) + H̃)|ψ 0 i,
avec
1
H̃ = Iχ (t)HIχ† (t) =(P̃ − q Ã(r̃, t))2 + qU (r̃, t). (3.6.36)
2m
Les transformées R̃ et P̃ des opérateurs R et P étant donnés par (3.6.26) et (3.6.27). On a
donc
1
H̃ = (P 0 − q∇χ(r, t) − qA(r, t))2 + qU (r, t)
2m (3.6.37)
1 0 2 0
= (P − q∇χ(r, t) − qA(r, t)) + qU (r, t) + q∂t χ(r, t),
2m
et
1
H̃ − q∂t χ(r, t) = (P − qA0 (r, t))2 + qU 0 (r, t) = H 0 . (3.6.38)
2m
Cette égalité, introduite dans (3.6.35), confirme l’identité formelle de l’équation de Schrödinger
quelle que soit la jauge choisie.
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3.6. INVARIANCE DE JAUGE 74
Dérivée covariante
On peut réécrire l’équation de Schrödinger (3.6.33)
!
Π2
i~∂t |ψi = + qU (r, t) |ψi (3.6.39)
2m
sous la forme
Π2
(i~∂t − qU (r, t))|ψi = |ψi. (3.6.40)
2m
Posons, en unité c = 1,
~2 2
i~Dt |ψi = − D |ψi. (3.6.42)
2m
Cette forme, dite covariante, garantie l’invariance de l’équation de Schrödinger par rapport
à une transformation de jauge comme nous le ferons ci-dessous.
Dans l’espace 4-dimensionnel, espace naturel du champ électromagnétique, la pre-
scription (3.6.41) revient à
q
∂µ −→ Dµ := ∂µ + i Aµ , (3.6.43a)
~
avec
∂µ := (∂t , ∇), Dµ := (Dt , D), Aµ := (U, −A), (3.6.43b)
et est appelé couplage minimal, Dµ = (Dt , D) la dérivée covariante, et Aµ le
quadripotentiel électromagnétique.
L’opérateur de dérivation covariante dans le champ électromagnétique est l’opérateur as-
socié au moment cinématique classique. La propriété principale de cette dérivée covariante
Dµ est la covariance sous transformation de jauge, c’est-à-dire, lors d’une transformation de
jauge, la dérivée covariante est modifiée par le facteur de phase locale
q
Dµ −→ e−i ~ χ(r,t) Dµ = Iχ† (t)Dµ . (3.6.44)
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3.6. INVARIANCE DE JAUGE 75
~2 02 0
i~Dt0 |ψ 0 i = − D |ψ i, (3.6.46)
2m
ou explicitement
1
(P − qA0 (r, t))2 + qU 0 (r, t)]|ψ 0 i.
i~∂t |ψ 0 i = [ (3.6.47)
2m
On retient que lors d’une transformation de jauge locale,
q
Dµ := ∂µ + i Aµ , (3.6.48a)
~
q
Dµ0 := ∂µ + i A0µ , (3.6.48b)
~
A0µ := Aµ + ∂µ χ, (3.6.48c)
i ~q χ(r,t)
|ψ 0 i := e |ψi. (3.6.48d)
Dans les sections précédentes nous avons montré qu’en théorie quantique, un vecteur d’é-
tat peut être multiplié par une phase globale sans en modifier le sens physique. Dans la présente
section, nous avons appris que le vecteur d’état d’un quanton chargé peut être multiplié par
une phase locale sans non plus modifier son sens physique, pourvu que cette multiplication
s’accompagne d’un changement des potentiels électromagnétiques, tel qu’en l’Eq. (3.6.1). Le
fait de pouvoir transformer une invariance globale en invariance locale grâce à la présence de
potentiels scalaire et vecteur est à la base des théories de jauge qui décrivent les interactions,
forte (QCD), faible et électromagnétique.
Le tableau (??) récapitule très sommairement les symétries discrète que nous avons étudiées.
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3.7. EXERCICES 76
3.7 Exercices
3.7.1 Opérateur parité
On définit l’opérateur parité Π en représentation {|ri} par
Montrer que
2. les éléments de matrice d’un opérateur pair (resp. impair) sont nuls entre vecteurs de
parité opposée (resp. de même parité).
P (0)
X(t) = X(0) cos ωt + sin ωt. (3.7.3)
mω
Pour cela, utiliser la définition de l’évolution temporelle en représentation de Heisenberg
t t
X(t) = ei ~ H X(0)e−i ~ H , (3.7.4)
t2
et appliquer la relation de Hausdorff eA Be−A = B + 1!t [A, B] + 2!
[A, [A, B]] + . . ..
1. la particule libre ;
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3.7. EXERCICES 77
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3.7. EXERCICES 78
3. En supposant que la charge du quanton est négative, on introduit les variables réduites
suivantes : s s
m m
Q= Vy , K = Vx . (3.7.13)
~ωc ~ωc
Lz = ~(Nd − Ng ), (3.7.16a)
Hxy = ~ω(Nd + Ng + 1). (3.7.16b)
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3.7. EXERCICES 79
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CHAPITRE 4
MOMENT ANGULAIRE
Sommaire
4.1 Formalisme général
4.2 Matrice de rotation
4.3 Moment angulaire orbital
4.4 Exercices
Le moment angulaire est de première importance en physique. C’est en effet une constante
du mouvement pour tout système physique isolé et pour tout quanton dans un potentiel central.
Parmi ces nombreux effets, le magnétisme, classiquement conçu comme émanant de charges
en mouvement ou en rotation, est un domaine très riche de la physique et particulièrement
fertile en applications. Cependant, le ferromagnétisme1 par exemple, ne peut être interprété à
partir de concepts classiques : il provient du moment magnétique intrinsèque des électrons, lié
à leur spin dont l’origine et la description sont purement quantiques. Sans la prise en compte
de cet aspect quantique, il ne peut exister aucune aimantation macroscopique dans la matière
puisque les effets paramagnétiques2 seraient compensés par les effets diamagnétiques3 à toute
température.
Dans ce chapitre, nous développons l’étude du moment angulaire dont la propriété prin-
cipale est, comme mise en évidence au chapitre 3, d’être le générateur infinitésimal des
rotations. Tous les résultats du présent chapitre sont une conséquence plus ou moins directe
de cette propriété. Après la présentation du formalisme général du moment angulaire (section
4.1), nous dérivons la matrice de rotation d’un état physique (section 4.2) et nous exam-
inons en détail le moment angulaire orbital dont l’origine est le mouvement des quantons dans
l’espace (section 4.3).
1
Propriété qu’ont certains corps à s’aimanter très fortement sous l’effet d’un champ magnétique extérieur,
et très souvent de garder par la suite une aimantation importante même en champ nul.
2
Aimantation dirigée dans le même sens que le champ.
3
Faible aimantation de sens opposé au champ extérieur, qui disparaît avec ce dernier.
80
4.1. FORMALISME GÉNÉRAL 81
4.1.2 Diagonalisation de J 2 et Jz
Soit l’ECOC {J 2 , Jz }. La base formée de tous les kets |jmi vecteurs propres communs à J 2 et
Jz est nommée base standard. j étiquette la valeur propre de J 2 et est le nombre quantique
angulaire, m est l’étiquette de Jz et est le nombre quantique magnétique :
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4.1. FORMALISME GÉNÉRAL 82
2. Que la norme d’un vecteur étant positive ou nul, il vient de (4.1.11) que
j(j + 1) − m(m ± 1) = (j ∓ m)(j ± m + 1) ≥ 0, (4.1.14)
i.e.,
−(j+ 1) ≤ m ≤ j,
⇒ −j ≤ m ≤ j. (4.1.15)
−j ≤ m ≤ j + 1,
2j est donc un nombre entier : les seules valeurs possibles de j sont les nom-
bres entiers ou demi-entiers positifs ou nuls, 0, 21 , 1, 32 , 2, . . . Ces valeurs discrètes
sont les seules possibles, mais ne sont pas nécessairement toutes réalisées pour tous les
moments angulaires.
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4.1. FORMALISME GÉNÉRAL 83
5. Qu’une base Hj formée de vecteurs {|jmi} qui satisfont aux relations (4.1.5) est appelée
base standard {|jmi} et a pour dimension (2j + 1).
J × J := i~J , (4.1.18a)
[J 2 , Ji ] = 0, (4.1.18b)
J 2 |jmi := ~2 j(j + 1), 2j ∈ N (4.1.18c)
Jz |jmi := ~m|jmi, −j ≤ m ≤ j, (4.1.18d)
q
J± |jmi := ~ j(j + 1) − m(m ± 1)|j, m ± 1i, (4.1.18e)
J± |j, ±ji = 0, (4.1.18f)
hj 0 m0 |jmi = δj 0 j δm0 m (4.1.18g)
Dans le sous-espace Hj où J 2 a une valeur propre j(j +1) fixée, les matrices représentatives
des opérateurs de moments angulaires sont de dimensions (2j + 1) × (2j + 1).
0 0 0 0 2 0
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4.2. MATRICE DE ROTATION 84
0 0 · · · eiϕj
soit pour j = 1, la matrice 3 × 3
−iϕ
e 0 0
1
Dm 0 m (z, ϕ) = 0 1 0 . (4.2.4)
iϕ
0 0 e
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4.2. MATRICE DE ROTATION 85
il s’ensuit que
j 0
X
|jmiR = Dm 0 m (u, φ)|jm i. (4.2.7)
m0
A la propriété de groupe des opérateurs Ru (φ)
Ru (φ2 )Ru (φ1 ) = Ru (φ2 + φ1 ), (4.2.8)
correspond la propriété
j j j
X
Dm 0 m (φ2 + φ1 ) = Dm 0 m00 (φ2 )Dm00 m (φ1 ). (4.2.9)
m00
Comme iJy = 21 (J+ − J− ) et que les matrices de J± sont réelles dans la base {|jmi} d’après
(j)
(4.1.21), les matrices dm0 m (θ) sont réelles et on a les propriétés
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4.2. MATRICE DE ROTATION 86
E E
Dans le cas d’un moment angulaire j = 12 , on a dans la base { 12 , 12 , 21 , − 12 },
θ θ
d1/2 (θ) = e−iσy θ/2 = I cos − iσy sin , (4.2.16)
2 2
ou sous forme explicite !
1/2 cos 2θ − sin 2θ
d (θ) = . (4.2.17)
sin 2θ cos 2θ
De l’équation (4.2.12) on déduit
!
1/2 e−iϕ/2 cos 2θ −e−iϕ/2 sin 2θ
D (θ, ϕ) = . (4.2.18)
eiϕ/2 sin 2θ eiϕ/2 cos 2θ
Le fait le plus remarquable à propos de cette expression est qu’elle est multivoque :
la représentation d’une rotation de θ = 2π est la matrice −I, alors que la rotation
équivalente de θ = 0 ou θ = 4π donne I. C’est une caractéristique des représenta-
tions de spin demi-entier.
L’ensemble des matrices D1/2 (θ, ϕ) forme le groupe SU (2)
Dans le cas d’un moment angulaire j = 1, on a dans la base {|11i, |10i, |1 − 1i},
i 1
d1 (θ) = e− ~ Jy θ = e− 2~ θ(J+ −J− ) , (4.2.19)
ou sous forme explicite
1 √
(1 + cos θ) − √12 sin θ 1
(1 − cos θ) 2 2
c − 2cs s
√ √
2 2
d1 (θ) = √1 sin θ − √12 sin θ − 2c2 − 2cs ,
2
cos θ = 2cs 1√ (4.2.20)
1 1 1
2
(1 − cos θ) √
2
sin θ 2
(1 + cos θ) s2 2cs c2
Les matrices Dj forment une représentation dite irréductible du groupe des rotations,
c’est-à-dire que tout vecteur de Hj peut-être obtenu à partir d’un vecteur arbitraire de cet
espace par application d’une matrice Dj . D’autre part, toute matrice commutant avec
toutes les matrices Dj est multiple de la matrice identité.
La forme générale des matrice réduites, appelée formule de Wigner (voir l’Annexe B
pour les détails)
q
k−m−m0
(j + m)!(j − m)!(j + m0 )!(j − m0 )!
djm0 m (θ)
X
= (−1)
k (j + m − k)!k!(j − k − m0 )!(k − m + m0 )!
θ 0 θ 0
× (cos )2j−2k+m−m (sin )2k−m+m . (4.2.22)
2 2
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4.3. MOMENT ANGULAIRE ORBITAL 87
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4.3. MOMENT ANGULAIRE ORBITAL 88
Ces relations de commutations sont conformes à la relation générale (3.4.11c) entre un moment
angulaire et un opérateur vectoriel.
En combinant les relations (4.3.3), (4.3.7a) et (4.3.7b), on obtient aisément
comme le prévoit la relation générale (3.4.12). La relation (4.3.8) se réécrit sous la forme
L × L = i~L. (4.3.9)
du vecteur d’état caractérisé par `, m, d’être trouvé dans la direction u(θ, ϕ). Les Y`m (θ, ϕ)
sont fonctions propres communes aux opérateurs hermitiens L2 et Lz :
et
L± Y`,±` (θ, ϕ) = 0. (4.3.14b)
4
On rappelle que [Xi , Xj ] = [Pi , Pj ] = 0 et [Xi , Pj ] = δij .
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4.3. MOMENT ANGULAIRE ORBITAL 89
3. Relation de récurrence
v
u (` + m + 1)(` − m + 1)
u
cos θY`m (θ, ϕ) = t Y `+1,m (θ, ϕ)
(2` + 1)(2` + 3)
v
u (` + m)(` − m)
u
+t Y `−1,m (θ, ϕ). (4.3.19)
(2` + 1)(2` − 1)
4. Pour m négatif et m = 0,
s
∗ (2` + 1)
Y`,−|m| (θ, ϕ) = (−1)m Y`|m| (θ, ϕ), Y`0 (θ, ϕ) = P` (cos θ), (4.3.20)
4π
où P` (cos θ) est le polynôme de Legendre.
5. Pour θ = 0 et θ = π,
s s
(2` + 1) (2` + 1)
Y`m (0, ϕ) = δm,0 , Y`m (π, ϕ) = − δm,0 . (4.3.21)
4π 4π
Afin d’éliminer la sommation en `, multiplions les deux membres de (4.3.22) par h`m0 |
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4.3. MOMENT ANGULAIRE ORBITAL 90
Exemple 4.3.2. L’état d’un rotateur spatial est décrit par la fonction d’onde ψ(θ, ϕ) =
N cos2 θ. La décomposition sur les états propres de la composante Oz du moment angulaire
orbital est √ s
N 4πN 4
ψ(θ, ϕ) = {1 + (3 cos2 θ − 1)} = {Y00 + Y20 }. (4.3.30)
3 3 5
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4.3. MOMENT ANGULAIRE ORBITAL 91
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4.3. MOMENT ANGULAIRE ORBITAL 92
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4.4. EXERCICES 93
4.4 Exercices
4.4.1 Moment angulaire orbital
On considère les relations suivantes :
4. On effectue
une mesure de Lx du système dans l’état p avec le vecteur d’état |αi =
1
√1 2. Quels résultats peut-on trouver et avec quelles probabilités ?
14
3
3. On pose θ = ( 3i=1 θi2 )1/2 et θi = θui , où u est un vecteur unitaire. En supposant les θi
P
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4.4. EXERCICES 94
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4.4. EXERCICES 95
2πδm0 .
2
Lz
1. L’énergie angulaire du quanton est représentée par H0 = 2µρ 2 . Calculer les commutateurs
±
[H0 , Π] et [H0 , Lz ] et en déduire les fonctions propres ψm (ϕ) de H0 , ses valeurs propres
et leur degré de dégénérescence. A quoi est due cette dégénérescence ?
3. L’état du rotateur plan est décrit maintenant par la fonction d’onde ψ(ϕ) = A cosn ϕ (n
étant un entier).
(a) Décomposer ψ(ϕ) sur les états propres de Lz et calculer la constante de normalisa-
tion A.
(b) Chercher les fonctions de distribution en projections du moment angulaire sur l’axe
Oz et en énergies, ainsi que les valeurs moyennes de ces grandeurs dans l’état
considéré.
4. Le quanton de charge q, est soumis à un champ magnétique B suivant Oz. Son Hamil-
tonien devient H = H0 + ω0 Lz , où ω0 = −γB et γ est le rapport gyromagnétique du
quanton. Calculer les vecteurs propres et les valeurs propres de H.
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CHAPITRE 5
MÉTHODES D’APPROXIMATIONS
Sommaire
5.1 Méthode de perturbation stationnaire
5.2 Méthodes des variations
Très peu de systèmes possèdent des hamiltoniens qui peuvent être diagonalisés exactement.
La plupart du temps nous devons employer des méthodes d’approximation ou des méthodes
numériques. Nous présentons ici deux de ces méthodes couramment utilisées, la méthode de
perturbation stationnaire et la méthode de variationnelle. Bien souvent, ces approximations
permettent de comprendre un phénomène en de termes simples ou de mettre en évidence
l’essentiel d’un problème.
H = H0 + H1 = H0 + λV. (5.1.1)
H|N i = En |N i. (5.1.2)
Dans cette section nous étudions le cas particulier où l’hamiltonien H ne dépend pas explicite-
ment du temps et où son spectre est discret.
96
5.1. MÉTHODE DE PERTURBATION STATIONNAIRE 97
On cherche les valeurs propres En et les vecteurs propres |N i de H sous forme d’un développe-
ment en puissance de λ, appelé développement perturbatif :
E E
|N i = |ni + λN (1) + λ2 N (2) + · · · (5.1.4a)
Pour que la théorie des perturbations donne de bons résultats il faut que la perturbation λ
soit assez petite pour que la solution à l’ordre zéro ne soit pas trop éloignée de la solution
exacte.
L’équation du vecteur propre |N i peut s’écrire
hn|N i = 1, ∀λ (5.1.7)
ce qui implique que toutes les corrections sont orthogonales à l’état non perturbé,
E
hnN (i) = 0, ∀i 6= 0. (5.1.8)
Ces conditions ne sont pas très restrictives et elles peuvent simplifier certains calculs. La
théorie des perturbations développée de cette façon est connue sous le nom de Rayleigh-
Schrödinger.
En décomposant |N i sur la base des |mi, on a
X
|N i = hn|N i|ni + hm|N i|mi. (5.1.9)
m6=n
On peut donc écrire les équations implicites suivantes, en vertu de (5.1.6), (5.1.7) et (5.1.9),
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5.1. MÉTHODE DE PERTURBATION STATIONNAIRE 98
La substitution de cette série dans (5.1.10a) donne une série analogue pour En , qui est en fait
une équation implicite pour En ordre par ordre
Il est à noter cependant que (5.1.11) n’est pas tel quel une authentique série en puissances
de λ, puisque En est aussi une série en λ qu’il faut substituer dans (5.1.11) pour obtenir enfin
une véritable série en puissances de λ : la série de Rayleigh-Schrödinger. Cependant,
s’il est possible de résoudre (5.1.12) explicitement pour En à une ordre donné, la solution
approchée est meilleure que celle obtenue par la série de Rayleigh-Schrödinger au même ordre.
L’énergie est donc une grandeur qui n’est pas très sensible à la qualité du vecteur
d’état.
L’état propre perturbé s’obtient alors en substituant le résultat d’ordre zéro En = εn
dans (5.1.11)),
X hm|V |ni
|N i = |ni + λ |mi. (5.1.14)
m6=n εn − εm
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5.1. MÉTHODE DE PERTURBATION STATIONNAIRE 99
deviennent de plus en plus petites et leur calcul devient de plus en plus laborieux. En
pratique on ne dépasse rarement l’ordre 2.
Pour calculer |N i au deuxième ordre on doit substituer dans le 3e terme de (5.1.11)
l’expression à l’ordre zéro de En et dans le 2e terme l’expression à l’ordre un de En . On
doit aussi procéder au développement suivant
1 1 hn|V |ni
≈ −λ . (5.1.17)
εn − εm + λhn|V |ni εn − εm (εn − εm )2
On obtient finalement
(2)
E X hr|V |mihm|V |ni X hm|V |ni
N = |ri − hn|V |ni |mi. (5.1.18)
r,m6=n (εn − εr )(εn − εm ) m6=n (εn − εm )
2
Remarque 5.1.1. La condition hn|N i = 1 signifie que |ni n’est pas normalisé ordre par
ordre. Pour obtenir un état normalisé |N i il faut diviser par Z = hN |N i1/2 . Cette constante
est aussi une série en λ et cette multiplication porte le nom de renormalisation de la
fonction d’onde. En se servant de la série (5.1.11), on constate facilement que le premier
terme non trivial dans le développement de hN |N i est d’ordre 2
|hm|V |ni|2
hN |N i = 1 + λ2
X
. (5.1.19)
m6=n (εn − εm )
2
Remarque 5.1.2. On note que la correction apportée au niveau fondamental au 2e ordre sera
(1) (2)
toujours négative, puisque ε0 −εm < 0. Par conséquent, E0 = ε0 +λE0 +λ2 E0 est une concave
(voir la figure 5.1.1). Dans l’ensemble, les niveaux du système non perturbé qui sont plus hauts
que celui qu’on cherche à calculer apportent une contribution négative à l’énergie tandis que
ceux qui sont plus bas apportent une contribution positive. En conséquence, pour le calcul du
niveau fondamental toutes les corrections sont négatives. Alors que la correction
au premier ordre est donnée par l’élément diagonal de la perturbation et la
correction au second ordre fait intervenir les éléments non-diagonaux. A condition
que les éléments de matrice ne soient pas nuls, les contributions principales proviennent des
niveaux les plus proches de celui calculé.
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5.1. MÉTHODE DE PERTURBATION STATIONNAIRE 100
En effet, puisque les états propres de H0 diagonalisent la matrice qui représente l’opérateur
H, on peut écrire
L’énergie au second ordre de la théorie des perturbations est alors donnée par
X |Hmn |2
En = Hnn + (5.1.23)
m6=n εn − εm
Si le nombre d’états de base est K, le calcul exact des énergies nécessite l’évaluation de
K(K+1)
2
éléments de matrice avant la diagonalisation. Nous allons examiner les simplifications
qui sont faites pour arriver à la théorie des perturbations au second ordre. Pour simplifier
l’écriture on donnera l’indice m = 1 à l’état dont on cherche à calculer l’énergie.
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5.1. MÉTHODE DE PERTURBATION STATIONNAIRE 101
On néglige tous les éléments de matrice de l’hamiltonien autres que ceux de la première
ligne (et donc de la première colonne) et de la diagonale. L’équation aux valeurs propres prend
la forme
H −E H12 H13 H14 · · ·
11
H21 H22 − E 0 0 · · ·
H31 0 H33 − E 0 · · · = 0. (5.1.26)
H41 0 0 H44 − E · · ·
··· ··· ··· ··· ···
Pour simplifier le calcul du déterminant on peut ajouter à la première ligne une combinaison
linéaire des autres de manière à annuler tous ses éléments sauf le premier. Pour cela on ajoute
à la première ligne
H12
− × 2e ligne (5.1.27a)
H22 − E
H13
− × 3e ligne (5.1.27b)
H33 − E
H14
− × 4e ligne (5.1.27c)
H44 − E
etc. . . (5.1.27d)
Le déterminant se réduit alors au produit des éléments diagonaux de la matrice résultante.
Il y a (K − 1) racines qui correspondent simplement aux énergies calculées au premier ordre
des états n = 2, 3, · · · , K. La seule racine qui nous intéresse est obtenue en annulant l’élément
(1, 1). On obtient la condition
H12 H21 H13 H31 H13 H31
H11 − E −E −E − · · · = 0, (5.1.28)
H22 − E H33 − E H33 − E
soit
K
X |H1n |2
E = H11 − . (5.1.29)
n=2 Hnn − E
Cette formule est celle de la théorie de perturbations de Brillouin-Wigner.
Exemple 5.1.1. Effet Stark sur l’oscillateur harmonique. Un oscillateur linéaire de
~ 0, 0). En assimilant l’action du
charge q est placé dans un champ électrique homogène E(E,
champ électrique à une perturbation
V (x) = −qEx, (5.1.30)
déterminer le déplacement des niveaux d’énergie de l’oscillateur harmonique. Comparer le
résultat obtenu à la solution exacte. Pour les champs électriques produits en laboratoire, la
condition V H est satisfaite. On rappelle que
√ √ √ mω
2α X|ni = n + 1|n + 1i + n|n − 1i, α = , (5.1.31)
~
1
εn = ~ω(n + ). (5.1.32)
2
• Au premier ordre de perturbation,
qE h√ √ i
En(1) = hn|V |ni = −qEhn|X|ni = − √ n + 1δn,n+1 + nδn,n−1 = 0. (5.1.33)
2α
Autrement, les corrections du premier ordre sont nulles.
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5.1. MÉTHODE DE PERTURBATION STATIONNAIRE 102
|hm|V |ni|2
En(2) =
X
, (5.1.34)
m6=n εn − εm
avec
qE h√ √ i
hm|V |ni = − √ n + 1δm,n+1 + nδm,n−1 . (5.1.35)
2α
Ainsi, les règles de sélection de la perturbation dans le cadre de l’oscillateur
harmonique linéaire sont ceux de l’opérateur X :
X : n → n ± 1. (5.1.36)
On a alors
|hn + 1|V |ni|2 |hn − 1|V |ni|2
En(2) = + (5.1.37)
εn − εn+1 εn − εn−1
2 2
q E n+1 n q2E 2
= + = − 2 2. (5.1.38)
2α −~ω ~ω 2m ω
Cette quantité représente le déplacement des niveaux d’énergie (vers le bas) de l’oscilla-
teur harmonique.
q2E 2
En + = εn (5.1.40a)
2m2 ω 2
q2E 2
E n = εn − (5.1.40b)
2m2 ω 2
Le déplacement est donc le même pour la résolution approchée et la résolution exacte.
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5.1. MÉTHODE DE PERTURBATION STATIONNAIRE 103
est un ket propre de H0 avec la même valeur propre. Dans le développement perturbatif on
remplace l’état non perturbé par une combinaison linéaire des états non perturbés (5.1.41)
appartenant au sous-espace associé à εn , en imposant que les |n, ii soient orthonormés, i.e.,
gn
|cn,i |2 = 1.
X
(5.1.42)
i=1
L’état fondamental, d’énergie ε0,0 = ~ω, correspondant à l’état |0, 0i, est non-dégénéré, g0 = 1.
Par contre, le premier niveau, d’énergie ε0,1 = ε1,0 = 2~ω, correspondant aux états |0, 1i et
|1, 0i, est deux fois dégénérés, i.e., g1 = 2.
Cet oscillateur harmonique plan est soumis à la perturbation
λ † mω
H1 = 2λXY = (ax + ax )(a†y + ay ), α = , λ 1, (5.1.49)
α ~
et son hamiltonien total est donc
H = H0 + H1 . (5.1.50)
Au second ordre,
λ
hnx , ny |H1 |0, 0i = hnx , ny |(a†x + ax )(a†y + ay )|0, 0i (5.1.52a)
α
λ
= hnx |a†x + ax |0ihny |a†y + ay |0i (5.1.52b)
α
λ
= δnx ,1 δny,1 (5.1.52c)
α
soit
| αλ |2 1 λ 2
E0 = ~ω + = ~ω[1 − ( ) ]. (5.1.53)
ε0,0 − ε1,1 2 mω 2
la modification du vecteur d’état au premier ordre est
λ
|ψ0 i = |0, 0i − |1, 1i. (5.1.54)
2~ω
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5.1. MÉTHODE DE PERTURBATION STATIONNAIRE 105
Par conséquent,
(1) λ~ λ~
E1,2+ = ε1,0 + = 2~ω + , (5.1.57a)
mω mω
1
|φ1+ i = √ (|1, 0i + |0, 1i), (5.1.57b)
2
et
(1) λ~ λ~
E1,2− = ε0,1 − = 2~ω − , (5.1.58a)
mω mω
1
|φ1− i = √ (|1, 0i − |0, 1i). (5.1.58b)
2
En vue d’obtenir les corrections du 2e ordre sur E1 et du premier ordre sur le niveau
d’énergie du 1er état excité et du 1er ordre sur |φ1 i, nous appliquons les formules du cas
non-dégénéré en remplaçant |1, 0i et |0, 1i par |φ1+ i et |φ1− i dans le dernier terme de
En et de |φ1 i. Il en résulte, après correction du 2e ordre,
(1) λ~ λ~2
E1,2+ = 2~ω + − 2 3, (5.1.59a)
mω m ω
1 λ~
|φ1+ i = √ (|1, 0i + |0, 1i) − (|2, 1i + |1, 2i), (5.1.59b)
2 4mω 2
et
(1) λ~ λ~2
E1,2− = 2~ω − − , (5.1.60a)
mω m2 ω 3
1 λ~
|φ1+ i = √ (|1, 0i − |0, 1i) − (|2, 1i − |1, 2i). (5.1.60b)
2 4mω 2
H = H0 − eE~ · R,
~ (5.1.61)
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5.2. MÉTHODES DES VARIATIONS 106
temps - et on calcule ensuite la valeur moyenne de d~ dans cet état perturbé. L’état fondamental
perturbé |Ωi est, au premier ordre,
X hn0 , `0 , m0 |Z|0, 0, 0i 0 0 0
|Ωi = |0, 0, 0i + eE |n , ` , m i. (5.1.62)
(n0 ,`0 ,m0 )6=(0,0,0)
ε0,0 − εn0 ,`0
Ces règles de sélection se démontrent en calculant les éléments de matrice des (anti-) commu-
tateurs suivants :
[Z, Lz ] = 0, (5.1.64a)
[Π, Z]+ = 0, (5.1.64b)
~ = 2~2 (RL
[L2 , [L2 , R]] ~ 2 + L2 R).
~ (5.1.64c)
implique que m0 = m si hn0 , `0 m0 |Z|n, `, mi est non nul. La relation (5.1.64b) mène à la
condition que ` + `0 soit impair, car la parité de l’état |n, `, mi est (−1)` . La relation (5.1.64c)
mène à la condition ` = `0 ± 1 ou ` = `0 = 0. Ces trois conditions ensemble donnent
m = m0 , ` = `0 ± 1. (5.1.66)
hn0 , 1, 0|Z|0, 0, 0i
" #
2
h0, 0, 0|Z|n0 , 1, 0i + c.c
X
hΩ|d|Ωi = −eε0 h0, 0, 0|Z|0, 0, 0i − e ε0 E
n0
ε0,0 − εn0 1
0 2
|hn , 1, 0|Z|0, 0, 0i|
= −2e2 ε0 E
X
.
n0
ε0,0 − εn0 1
(5.1.68)
On en déduit la polarisabilité
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5.2. MÉTHODES DES VARIATIONS 107
hφ|H|φi
E0 ≤ . (5.2.1)
hφ|φi
Autrement, la moyenne d’une série de nombres est plus grande que le plus petit des nombres
de cette série.
Démonstration. Si le spectre de H est H|ni = En |ni, en décomposant |φi dans la base {|ni},
|φi = n cn |ni, on a
P
On en déduit
(En − E0 )|cn |2 ≥ 0,
X
hφ|H|φi − E0 = (5.2.3)
n
|cn |2 = 1 et En ≥ E0 .
P
puisque n
Dans un problème où l’on cherche à estimer l’état fondamental |0i et l’énergie associée E0
d’un hamiltonien H,
1. On choisit, en se basant sur des argument physiques1 , une famille d’états quantique
|φ(α)i, appelée famille d’essai, dépendant d’un paramètre α, ou de plusieurs paramètres
αi (paramètres variationnels) ;
2. On calcule la fonctionnelle
|φ(α)iH|φ(α)i
E(|φ(α)i) = , (5.2.4)
hφ(α)|φ(α)i
∂E(|φ(α)i)
= 0, (5.2.5)
∂α
ce qui permet de déterminer les paramètres α ;
3. On introduit ces α dans φ(α) et E(|φ(α)i) pour obtenir une bonne approximation de |0i
et de E0 .
Pour les niveaux excités, on procède de la même façon que pour l’état fondamental en ayant
soin de choisir les états d’essai orthogonales aux états propres correspondant à des niveaux
d’énergie inférieurs à celui considéré.
Dans de nombreux problèmes important, comme la théorie BCS de la supraconductivité,
cette méthode est irremplaçable. Cependant, la difficulté vient du choix de la bonne famille
d’essai et de la calculabilité (calcul de la valeur moyenne). Très souvent on fait appelle à
l’ordinateur.
1
|φ(α)i aussi proche que possible de la forme supposée de |0i.
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5.2. MÉTHODES DES VARIATIONS 108
~2
hP 2 ihR2 i ≥ 3 . (5.2.8)
4
4 q2
• Le niveau fondamental de l’atome d’hydrogène est E0 = − 21 me
~2
(e2 = 4πε0
). ∀|φi, on
aura
1 1 1 me4
hP 2 i − e2 h i ≥ − (5.2.9a)
2m R 2 ~2
1m 4 1 1
2
e − e2 h i + hP 2 i ≥ 0 (5.2.9b)
2~ R 2m
soit,
1
hP 2 i ≥ ~2 h i2 . (5.2.10)
R
Cette relation est d’une grande importance pratique, notamment en astrophysique pour
la stabilité des systèmes auto-gravitants.
Oscillateur harmonique
Considérons l’oscillateur harmonique dont l’hamiltonien est
~2 d2 1
H=− 2
+ mω 2 x2 . (5.2.11)
2m dx 2
• Si on choisit comme fonction d’onde d’essai la gaussienne
2
φ(α) = Ae−αx , α > 0. (5.2.12)
Sachant que
Z +∞
π
r
2
I0 = dy e−ay = , (5.2.13a)
−∞ a
dI0 Z +∞ 1 π
r
2
I2 = − = dy y 2 e−ay = , (5.2.13b)
da −∞ 2 a3
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5.2. MÉTHODES DES VARIATIONS 109
R +∞ ∗
la condition −∞ φ (α)φ(α)dx = 1 impose
Z +∞
π
r
2
A2 e−2αx dx = A2 =1 (5.2.14)
−∞ 2α
1/4
2α
A= . (5.2.15)
π
Ainsi,
R +∞ ∗ ~2 d2
−∞ φ (α)[− 2m dx2 + 21 mω 2 x2 ]φ(α)dx ~2 1
E(φ(α)) = R +∞
∗
= α+ mω 2 . (5.2.16)
−∞ φ (α)φ(α)dx 2m 8α
∂E(|φ(α)i)
De ∂α
= 0, on trouve
mω
α = α0 = , (5.2.17)
2~
c’est-à-dire
mω 1/4 − mω x2
φ(α) = e 2~ , (5.2.18a)
π~
~2 mω 1 ~ω
E(α0 ) = + mω mω 2 = . (5.2.18b)
2m 2~ 8 2~ 2
La fonction d’essai coïncide avec la fonction d’onde du niveau fondamental de l’oscillateur
harmonique linéaire.
• On choisit maintenant comme fonction d’essai, la lorentzienne normalisée à l’unité
s
2α3 1
φ(α) = . (5.2.19)
π x + α2
2
Sachant que
Z +∞
dy π
I0 = = , (5.2.20a)
−∞ +a 2y2 a
dI0 Z +∞ dy 1 π
I2 = − 2 = 2 2 2
= √ , (5.2.20b)
da −∞ (y + a ) 2 a3
on a
" #
Z +∞
~2 d2 1 ~2 1
E(φ(α)) = φ∗ (α) − 2
+ mω 2 2
x φ(α)dx = 2
+ mω 2 α2 , (5.2.21)
−∞ 2m dx 2 2mα 2
qui est minimum pour
~
α 2 = α0 = √ , (5.2.22)
mω 2
d’où
√ ~ω ~ω
2 ≥
E(α0 ) = . (5.2.23)
2 2
Pour α = α0 , l’énergie cinétique moyenne est égale à l’énergie potentielle moyenne,
1 1 ~ω
hP 2 i = mω 2 hX 2 i = √ . (5.2.24)
2m 2 2 2
Le choix de la fonction d’onde d’essai (5.2.19) n’est pas excellente (l’erreur est ∼ 40%),
car la décroissance à l’infini de cette fonction est beaucoup trop lente.
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5.2. MÉTHODES DES VARIATIONS 110
~ 2 d2 1
H=− 2
+ mω 2 x2 + λx4 . (5.2.25)
2m dx 2
Pour λ > 0, il n’est pas possible de trouver analytiquement l’état fondamental.
Il est naturel de choisir comme fonction d’onde d’essai une gaussienne normalisé
1/4
2α
2
φ(α) = e−αx , α > 0. (5.2.26)
π
Les intégrales (5.2.13) et
dI2 Z +∞ 3 π
r
2
I4 = − = dy y 4 e−ay = , (5.2.27)
da −∞ 4 a5
donne
" #
Z +∞
~2 d2
∗ 1 2 2 4 ~2 1 3λ
E(φ(α)) = φ (α) − 2
+ mω x + λx φ(α)dx = α+ mω 2 + ,
−∞ 2m dx 2 2m 8α 16α2
(5.2.28)
qui est minimum pour
m2 αω 2 + 3λm − 4α3 ~2 = 0. (5.2.29)
Lorsqu’on compare les résultats des solutions exactes avec celles des solutions variation-
nelles (tableau (5.2.1)), on note que l’erreur est d’autant plus faible que λ → 0. Cela tient du
fait que la fonction d’essai est la solution exacte pour λ = 0.
λ 0 0.1 1 10 100
Eexact 0.5 0.55915 0.8038 1.5050 3.1314
Evariat 0.5 0.5603 0.8125 1.53125 3.19244
δE 0 0.0012 0.0087 0.026 0.06
Table 5.2.1 – Oscillateur anharmonique : comparaison de résultats numériques (exacts) et des
résultats variationnels. On a utilisé ~ = 1, m = 1, ω = 1.
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CHAPITRE 6
CORRÉLATIONS QUANTIQUES
Sommaire
6.1 Produit tensoriel et états intriqués
6.2 Théorème de Bell et interférences des états corrélés
6.3 Information quantique
6.4 Exercices
Nos incursions dans le monde quantique ce sont jusqu’à présent limités aux états à un
quanton. L’objet de ce chapitre est la description d’états à deux quantons qui conduisent à
des configurations très riches dites intriquées ou corrélées. Ces corrélations sont à la base
du calcul quantique. Une fois assimilé le cas à deux quantons, la généralisation à un nombre
quelconque de quantons est facile.
Dans la vie courante, on a par exemple des corrélations par échange du signal tel que le feu
rouge correspond à l’arrêt des véhicules et au passage des piétons. Mais on a pas de corrélation
entre particules classiques.
Le chapitre commence avec la section 6.1 qui introduit les notions de produit tensoriel
et d’états intriqués indispensables à la description des états à plusieurs quantons. La section
6.2 est consacrée à l’étude des importantes conséquences physiques telles les inégalités de Bell
et les interférences des états corrélés, qui permettent de mettre en exergue le caractère non
local et non séparable de la théorie quantique. En effet, il apparaît que
1. les corrélations quantiques ne disparaissent pas lorsqu’on augmente la distance entre les
quantons, et leur origine ne peut être la réception d’un signal commun ;
2. les corrélations quantiques violent les inégalités de Bell et donc leur origine ne peut non
plus être une décision commune prise à la source.
La dernière section, section 6.3, est réservée aux applications en information quantique
comme la cryptographie et la téléportation quantique.
111
6.1. PRODUIT TENSORIEL ET ÉTATS INTRIQUÉS 112
Définition 6.1.1. Par définition, l’espace d’états H est appelé produit tensoriel de
H1 et H2 , et noté H = H1 ⊗ H2 , si à tout couple de vecteurs, (|ψ1 i, |ψ2 i) ∈ H1 × H2 ,
on associe un vecteur de H, noté |ψ1 i ⊗ |ψ2 i et appelé produit tensoriel de |ψ1 i et
|ψ2 i, tel que cette correspondance soit linéaire par rapport à la multiplication par des
scalaires, et distributive par rapport à l’addition vectorielle :
Si {|ni} est une base orthonormée de H1 et {|mi} une base orthonormée de H2 telles que
N
X M
X
|ψ1 i = αn |ni, |ψ2 i = αm |mi, (6.1.4)
n=1 m=1
alors X
|ψ1 ψ2 i = αn αm |nmi, (6.1.5)
n,m
avec
hn0 m0 |nmi = δn0 n δm0 m . (6.1.6)
Exemple 6.1.1. On considère dans la base {|0i, |1i} les vecteurs d’état |ψ1 i = √1 (|0i − |1i) =
2
√1 1 √1 (|0i + |1i) √1 1
2 −1
et |ψ2 i = 2
= 2 1
. Dans la base {|00i, |01i, |10i, |11i} le produit tensoriel
|ψ1 i ⊗ |ψ2 i a pour matrice
1
!
1 1.|ψ2 i 1 1
|ψ1 i ⊗ |ψ2 i = √ = .
(6.1.7)
−1.|ψ i −1
2 2 2
−1
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6.1. PRODUIT TENSORIEL ET ÉTATS INTRIQUÉS 113
On peut considérer qu’un état produit |ψ1 i⊗|ψ2 i représente la simple juxtaposition de deux
systèmes, l’un dans l’état |ψ1 i et l’autre dans l’état |ψ2 i. On dit encore que, dans un tel état,
les deux systèmes sont sans corrélations : les résultats de deux types de mesures pourtant
soit sur un système, soit sur l’autre, correspondent à des variables aléatoires indépendantes.
Une telle situation est réalisée lorsque les deux systèmes ont été préparés indépendamment et
séparément dans les états |ψ1 i et |ψ2 i et qu’on les réunit ensuite, sans qu’ils interagissent.
6.1.2 Opérateurs
Soient A et B deux opérateurs agissant respectivement dans H1 et H2 . On peut construire un
opérateur A ⊗ B agissant dans H = H1 ⊗ H2 tel que
A ⊗ IB et IA ⊗ B. (6.1.9)
On omet très souvent d’écrire explicitement les opérateurs identités IA et IB pour écrire sim-
plement
A|ψ1 ⊗ ψ2 i = a|ψ1 ⊗ ψ2 i, (6.1.13a)
ou
A|ψ1 ψ2 i = a|ψ1 ψ2 i, (6.1.13b)
en supprimant le produit tensoriel.
Exemple
! 6.1.2. La matrice
! représentant le produit tensoriel des matrices de Pauli σx =
0 1 1 0
et σz = est
1 0 0 −1
0 0 1 0
!
0.σz 1.σz 0 0 0 −1
σx ⊗ σz = = . (6.1.14)
1.σz 0.σz 1 0 0 0
0 −1 0 0
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6.1. PRODUIT TENSORIEL ET ÉTATS INTRIQUÉS 114
Solution 6.1.1.
|01i + |10i 1
A⊗B √ = √ [|A0i|B1i + |A1i|B0i]
2 2
(6.1.16)
1 1
= √ [|0ih0|0i|1ih1|1i + |0ih0|1i|1ih1|0i] = √ |01i.
2 2
Exercice 6.1.3. A system is in the state
s
1 3 1 1
|ψi = √ |00i + |01i + |10i + |11i (6.1.17)
8 8 2 2
1. What is the probability that measurement finds the system in the state |φi = |01i ?
2. What is the probability that measurement finds the first qubit in the state |0i ? What is
the state of the system after measurement ?
Solution 6.1.2. 1. Given that the system is in the state |ψi, the probability of finding it in the state
|φi = |01i is calculated using the Born rule, which is P = |hφ|ψi|2 . Since h0|1i = h1|0i = 0, we have
r !
1 3 1 1
hφ|ψi = h01| √ |00i + |01i + |10i + |11i
8 8 2 2
r r (6.1.18)
3 3
= h0|0ih1|1i = .
8 8
Therefore the probability is
3
P = |hφ|ψi|2 = . (6.1.19)
8
2. To find the probability that measurement finds the first qubit in the state |0i, we can apply P0 ⊗ I =
|0ih0| ⊗ I to the state. So the projection operator P0 is applied to the first qubit and the identity operator
to the second qubit, leaving the second qubit unchanged.
This obtains
r !
1 3 1 1
P0 ⊗ I|ψi = |0ih0| ⊗ I √ |00i + |01i + |10i + |11i
8 8 2 2
r r (6.1.20)
1 3 1 3
= √ |0ih0|0i ⊗ |0i + |0ih0|0i ⊗ |1i = √ |00i + |01i
8 8 8 8
The probability of obtaining this result is
r ! r !
1 3 1 1 1 3
P = hψ|P0 ⊗ I|ψi = √ h00| + h01| + h10| + h11| √ |00i + |01i
8 8 2 2 8 8
(6.1.21)
1 3 1
= + = .
8 8 2
The state of the system after measurement using (??) is found to be
√
q
√1 |00i + 3 !
8 |01i √
r
8 1 3 1 3
p = 2 √ |00i + |01i = |00i + |01i (6.1.22)
hψ|P0 ⊗ I|ψi 8 8 2 2
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6.1. PRODUIT TENSORIEL ET ÉTATS INTRIQUÉS 115
α = a0 b0 , β = a0 b1 , γ = a1 b0 , δ = a1 b1 ⇒ αδ = βγ, (6.1.26)
ce qui à priori n’a aucune raison d’être valide. Lorsque |Ψi n’est pas de la forme (6.1.24), on
dit qu’il est dans un état intriqué ou corrélé (entangled en anglais). C’est par exemple le
cas de
+
E 1
Ψ = √ (|0A ⊗ 1B i + |1A ⊗ 0B i), (6.1.27)
2
qui est manifestement intriqué puisque
1
α = 0, β = γ = √ , δ = 0 ⇒ αδ 6= βγ. (6.1.28)
2
Un état intriqué n’est donc pas factorisable !
Il est clair que lorsqu’un système est dans un état intriqué, les propriétés du système
global sont définies, mais celles de chacun des sous-systèmes ne le sont pas.
Par exemple, lorsqu’on a un système composé d’une paire d’électrons, il est possible de
préparer ce système de sorte que les deux électrons aient des spins opposés et donc un état
de spin total nul (propriété de la paire), sans que l’on puisse dire dans quelle direction pointe
chaque spin individuel (pas de propriétés pour chaque sous-système). Quand on mesure le spin
de l’un des électrons de la paire, on trouve toujours que l’autre est dans l’orientation opposée.
Tout se passe comme si une mesure d’un des spins, opérée le long d’un axe, obligeait l’autre spin
à prendre la valeur opposée. Comment les deux spins se concertent-ils ? Cela reste mystérieux.
En outre, la mesure du spin de l’un des quantons dans la direction horizontale n’empêche pas
d’obtenir aussi un résultat dans la direction verticale, ce qui suggère que les quantons n’ont
pas d’axes de rotation déterminés. En un mot, les résultats des mesures effectuées sur les deux
électrons sont corrélés d’une façon que la physique classique n’explique pas.
L’intrication des états est une spécificité de la théorie quantique.
Il est cependant important de souligner que comme un système composé de nombreux
quantons est difficile à isoler de l’environnement, ses constituants ont une probabilité bien plus
grande de s’intriquer avec des particules non contrôlées de l’environnement, ce qui détruit leurs
interconnexions originelles. Autrement dit, dans les termes servant à décrire la décohérence,
trop d’informations s’échappent du système dans l’environnement, ce qui confère au système
un comportement classique, non quantique. On comprend donc que lorsqu’on cherchent à
exploiter l’intrication, par exemple pour construire des ordinateurs quantiques, le principal
défi est la difficulté de préserver l’intrication.
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6.1. PRODUIT TENSORIEL ET ÉTATS INTRIQUÉS 116
L’état intriqué (6.1.27) n’est pas anodin. En effet, |Ψ+ i a une importance en information
quantique. C’est l’un des quatre états de Bell
+
E 1
Φ = √ (|00i + |11i) (6.1.29a)
2
−
E 1
Φ = √ (|00i − |11i) (6.1.29b)
2
+
E 1
ψ = √ (|01i + |10i) (6.1.29c)
2
−
E 1
ψ = √ (|01i − |10i)) (6.1.29d)
2
Ces états forment une base orthonormée de H2 . En effet, pour tout |ψi = α|00i + β|01i +
γ|10i + δ|11i ∈ H2 peut être exprimé comme
ED ED ED ED
|ψi = Φ+ Φ+ ψi + Φ− Φ− ψi + ψ + ψ + ψi + ψ − ψ − ψi
1 E E E E (6.1.30)
= √ [(α + δ)Φ+ + (α − δ)Φ− + (β + γ)ψ + + (β − γ)ψ − ].
2
1
Exemple 6.1.3. Construction d’un état corrélé. On considère deux spins 2
dont l’in-
teraction est représentée par
1
H = ~ω~σ1 · ~σ2 . (6.1.31)
2
! ! !
0 1 0 −i 1 0
avec σx = , σy = et σz = .
1 0 i 0 0 1
Bit
( flip Bit+sign
( flip Sign
( flip
σx |0i = |1i σy |0i = i|1i σz |0i = |0i (6.1.32)
σx |1i = |0i σy |1i = −i|0i σz |1i = −|1i
Autrement, |ψ+ i et |ψ− i sont vecteurs propres de ~σ1 · ~σ2 avec les valeurs propres +1 et
−3 respectivement, et donc vecteurs propres de H avec les valeurs propres E+ = + 21 ~ω
et E− = − 32 ~ω.
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6.2. THÉORÈME DE BELL ET INTERFÉRENCES DES ÉTATS CORRÉLÉS 117
3. Si à l’instant t = 0 on a un état non corrélé |ψ(0)i = |10i = √1 (|ψ+ i + |ψ− i), alors son
2
évolution temporelle est
1
e−iHt/~ |ψ(0)i = √ (e−iHt/~ |ψ+ i + e−iHt/~ |ψ− i)
2
1
= √ (e−iωt/2 |ψ+ i + e+3iωt/2 |ψ− i)
2 (6.1.36)
+iωt/2
e
= √ (e−iωt |ψ+ i + e+iωt |ψ− i)
2
+iωt/2
=e (cos ωt|10i − i sin ωt|01i)
π
4. Il suffit de prendre ωt = 4
pour obtenir l’état corrélé
1
|Ψi = √ (|10i − i|01i). (6.1.37)
2
• Une théorie complète doit prédire les valeurs précises de tous les éléments de réalité.
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6.2. THÉORÈME DE BELL ET INTERFÉRENCES DES ÉTATS CORRÉLÉS 118
Théorème 6.2.1. Bell. Il existe un nombre positif X, calculable à partir des cor-
rélations observées, tel que
X ≤ 2 est appelée inégalité de Bell ; si X > 2, on dit que les corrélations violent
l’inégalité de Bell. Les corrélations qui violent une inégalité de Bell ne peuvent être
produite à la source.
• Sur chaque quanton qu’elle reçoit, Alice choisit parmi deux mesures, A ≡ A+ et A0 ≡ A− ;
de même Bob choisit entre B ≡ B+ et B 0 ≡ B− . On a donc quatre possibilités de mesures
sur chaque paire de quantons : (A, B), (A0 , B), (A, B 0 ) et (A0 , B 0 ).
• Chacune des mesures A, A0 , B, B 0 ne peut donner que deux résultats +1 et −1. Donc
chaque paire ne peut valoir que +2 ou −2.
On définit le nombre
X = A(B + B 0 ) + A0 (B − B 0 ). (6.2.1)
Supposons, c’est l’hypothèse qu’on veut tester on le rappelle, que tout est établi à la source,
notamment les résultats de chaque mesure. Alors X peut prendre les valeurs +2 et −2 : en
effet, si B 0 = B, B + B 0 = ±2 ; si B 0 = −B, B − B 0 = ±2. Malheureusement, on ne peut pas
mesurer X sur chaque paire de quantons, car Alice mesure soit A soit A0 , jamais les deux à la
fois (la mesure perturbe le système).
Mais on peut mesurer la valeur moyenne de X sur un grand nombre de paires de quantons,
car
hXi = hABi + hAB 0 i + hA0 Bi − hA0 B 0 i, (6.2.2)
et AB, AB 0 , A0 B et A0 B 0 sont des expériences que l’on peut faire. Selon l’hypothèse, |hXi| ≤ 2.
2
La formulation proposée ici n’est la version originale de Bell, mais celle due à John Clauser, Michael
Horne, Abner Shimony et Dick Holt, connue comme CHSH. Elle à l’avantage de prouver le théorème de
manière directe.
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6.2. THÉORÈME DE BELL ET INTERFÉRENCES DES ÉTATS CORRÉLÉS 119
Or pour les états corrélés comme |εa εb i (deux spins 21 ), la théorie quantique prédit des
valeurs moyennes de corrélations de la forme
X
hABi = εa εb Pεa εb = (P(x, x) + P(y, y)) − (P(x, y) + P(y, x))
(6.2.3)
= − cos(α + β)
Or il est facile de trouver des valeurs de α, α0 , β, β 0 tel que X > 2. Par exemple, pour α = 0,
α0 = π2 , β = − π4 et β 0 = π4 , on trouve
√
X = 2 2 > 2, (6.2.4)
Aucune corrélation de type classique n’est capable de reproduire les corrélations quan-
tiques : les corrélations quantiques sont trop fortes pour une explication classique. Même si les
qubits A et B sont éloignés de plusieurs années lumière, on ne peut pas les considérer comme
des entités séparées et il n’existe pas d’algorithme probabiliste classique local susceptible de
reproduire leurs corrélations. Les qubits A et B forment une entité unique, ils sont non sé-
parables, en un mot ils sont intriqués, et cela quelle que soit la distance qui les sépare. On
parle alors de non-localité quantique ou non-localité EPR.
On considère une source S qui simultanément produit deux quantons suivant deux possi-
bilités indiscernables : les deux quantons sont émis en sens opposés, soient dans la direction x,
soient dans la direction y (figures 6.2.1 et 6.2.2). Cela signifie qu’il est absolument impossible
de savoir dans quelle direction la paire a été émise sans devoir mettre des détecteurs juste
après la source, c’est-à-dire sans modifier le montage. Par absolument impossible on doit com-
prendre exactement que ni dans les atomes qui forment la source, ni ailleurs dans l’univers,
n’a été stockée une quelconque information sur la direction d’émission. Tout ce que l’on sait
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6.2. THÉORÈME DE BELL ET INTERFÉRENCES DES ÉTATS CORRÉLÉS 120
est qu’il y a une corrélation parfaite : si un quanton a été émis selon x, alors l’autre l’est
’aussi (et de même pour y).
Nous allons admettre que la source est construite de sorte à assurer cette indétermination
quantique. Une fois la paire émise, chaque quanton rencontre les mêmes éléments décrits pour
le MZ à la section ??.
Dans l’expérience de la figure 6.2.1, on note que
• Lorsqu’on observe individuellement le quanton P1 (ou le quanton P2 ), il est détecté
tantôt en A− , tantôt en A+ avec une probabilité 21 pour chaque alternative (de même en
B− et B+ ). Il n’y a donc pas d’interférence à un quanton. Il s’agit juste du hasard en A
et en B, mais le même hasard !
• Lorsqu’on compare les résultats de A et B, on s’aperçoit que les détecteurs (A+ , B+ ) ou
(A− , B− ) se sont activés au même moment ou simultanément. Il y a donc corrélation
parfaite. ( (
P(A+ , B+ ) = P(A− , B− ) = 12 P(A = B) = 1
=⇒ (6.2.5)
P(A+ , B− ) = P(A− , B+ ) = 0 P(A 6= B) = 0
Dans l’expérience de la figure 6.2.2, examinons ce qui se passe formellement. La source
produit un état intriqué
1
|Ψi = √ (|xi1 |xi2 + |yi1 |yi2 ). (6.2.6)
2
L’évolution de |xi1 |xi2 dans l’interféromètre est
|xi1 |xi2 α, β [eiα |xi1 ][eiβ |xi2 ] M
−−100
−→ [ieiα |yi1 ][ieiβ |yi2 ]
" − −→ #" #
iα 1 iβ 1
BS √ (|yi1 + i|xi1 ) ie √ (|yi2 + i|xi2 )
−→ ie 2 2
(6.2.7)
1
= − ei(α+β) (|yi1 |yi2 − |xi1 |xi2 + i|xi1 |yi2 + i|yi1 |xi2 )
2
De même, l’évolution de |yi1 |yi2 dans l’interféromètre est
|yi1 |yi2 M 100 [i|xi1 ][i|xi2 ]
" −−−→ #" #
1 1
√ √
−→ i 2 (|xi1 + i|yi1 ) i 2 (|xi2 + i|yi2 )
BS (6.2.8)
1
= − (|xi1 |xi2 − |yi1 |yi2 + i|yi1 |xi2 + i|xi1 |yi2 )
2
α+β
Ainsi, l’évolution de |Ψi dans l’interféromètre est, en posant θ = 2
,
1 ei(α+β) − 1 ei(α+β) + 1
" #
|Ψi = √ (|xi1 |xi2 − |yi1 |yi2 ) − i (|xi1 |yi2 + |yi1 |xi2 )
2 2 2
(6.2.9)
ieiθ
= √ [sin θ(|xi1 |xi2 − |yi1 |yi2 ) + cos θ(|xi1 |yi2 + |yi1 |xi2 )]
2
On en déduit les probabilités
1 2 1
P(x, x) = P(y, y) = sin θ = [1 − cos(α + β)] (6.2.10a)
2 4
1 1
P(x, y) = P(y, x) = cos2 θ = [1 + cos(α + β)] (6.2.10b)
2 4
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6.3. INFORMATION QUANTIQUE 121
• Pour α = β = 0, les deux quantons prennent toujours des sorties différentes : si l’un prend
x, l’autre prend y et vice-versa. Pour α ± β = π, les deux quantons prennent toujours la
même sortie. On dit qu’il y a corrélation, ou plutôt anti-corrélation, parfaite. On peut
fixer β = 0 et ne faire varier que α, et quand même on passe d’une situation à l’autre :
en variant un seul chemin d’un seul quanton, on modifie les corrélations !
• On a donc des interférences dans les corrélations, mais des interférences non-locales
puisqu’elles dépendent de la somme α + β.
• Il est facile de vérifier que si l’on regarde chacun des deux quantons indépendamment
de l’autre, le comportement est indépendant de α et β, et en fait
1
P(1 = x) = P(1 = y) = (6.2.11a)
2
1
P(2 = x) = P(2 = y) = (6.2.11b)
2
Effet,
P(1 = x) = P(x, x) + P(y, y). (6.2.12)
Cela implique que les corrélations quantiques ne peuvent pas être utilisées pour trans-
mettre un message : si le physicien à droite modifie α, rien n’est modifié chez le
physicien à gauche.
Exercice 6.2.1. A system of two qubits is in the state |00i. We operate on this state with
W ⊗ W , where !
1 1 1
W =√ (6.2.13)
2 1 −1
is the Walsh-Hadamard matrix. Is the state W ⊗ W |00i entangled ?
Solution 6.2.1.
1 1
W ⊗ W |00i = W |0i ⊗ W |0i = √ (|0i + |1i) ⊗ √ (|0i + |1i)
2 2 (6.2.14)
1
= (|00i + |01i + |10i + |11i)
2
So W ⊗ W |00i is clearly a product state.
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6.3. INFORMATION QUANTIQUE 122
Initialement, le second qubit et la machine à cloner sont préparés dans les états de référence
|Ri et |M i. |Ri joue le rôle de support vierge.
La machine à cloner devrait être capable d’effectuer une transformation unitaire U telle
que
U |ψi|Ri|M i = |ψi|ψi|M (ψ)i
= (α|0i + β|1i)(α|0i + β|1i)|M (ψ)i (6.3.2)
= (α2 |00i + αβ(|01i + |10i) + β 2 |11i)|M (0 + 1)i
où |M (ψ)i est l’état final de la machine. Elle pourrait dépendre de l’état à dupliquer.
Montrons maintenant que U ne peut exister.
En vertu de la linéarité,
qui est clairement différent de (6.3.2), le qubit cloner que l’on souhaite obtenir.
Il est essentiel de considérer un état arbitraire. En effet, si l’on sait au départ que le qubit
est dans l’un des états orthogonal, par exemple |0i ou |1i, alors on peut mesurer avec certitude
l’état du qubit et effectuer autant de copie que souhaité. Dans ce cas, le qubit agit comme le bit
classique et nous savons qu’il existe des machines à dupliquer classiques (les photocopieurs).
Démonstration. Soient |χi et |ϕi deux qubits à un état que l’on souhaite cloner
Il s’ensuit que soit |χi = |ϕi (états identiques), soit hχ|ϕi = 0 (états orthogonaux).
Comme le principe d’indétermination d’Heisenberg, le théorème de non-clonage définit une
impossibilité intrinsèque, pas seulement une limitation de laboratoire.
Pour évaluer la qualité d’un clonage et connaître le clonage le moins parfait possible, on
utilise un paramètre appelé fidélité
qui mesure le recouvrement entre l’état d’entrée |ψi et l’état de sortie caractérisé par son
opérateur densité partiel ρj .
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6.3. INFORMATION QUANTIQUE 123
• Une QCM est dite universelle (UQCM) si elle copie parfaitement tous les états, i.e., si
Fj est indépendante de |ψi.
• Une QCM est dite symétrique lorsque les états de tous les clones ont la même fidélité,
i.e., Fj = Fj 0 , j = j 0 = 1, 2 . . . , M .
• Une QCM est dite optimale lorsque pour une fidélité donnée d’un état original, les
fidélités des états de clonés sont les maxima permis par la formulation quantique. Spé-
cifiquement, si S est l’ensemble des états à cloner, l’optimalité peut être définie en
maximisant soit la moyenne de la fidélité sur les états,
Z
F̄ = F (ψ)dψ, (6.3.8)
S
soit le minimum de la fidélité sur les états
Fmin = min F (ψ). (6.3.9)
ψ∈S
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6.3. INFORMATION QUANTIQUE 124
One-time pad
Il a été proposé en 1917 par G. Vernam et son inviolabilité a été prouvé 30 ans plus tard par
Shannon. Il peut se résumer de la façon suivante :
Alice (A) souhaite envoyer à Bob (B) un message M codée en binaire et de longueur N .
On suppose qu’Alice et Bob partagent une liste K de N bits aléatoires appelée clé, qui est
secrète, c’est-à-dire connue d’eux seuls.
1. Alice forme la liste de N bits X = M ⊕ K, où ⊕ indique la somme binaire bit par bit
(XOR), qu’elle envoie à Bob. La liste X est aléatoire, c’est-à-dire qu’elle ne contient
aucune information. Un espion qui écoute la ligne ne peut tirer aucune information.
X ⊕K =M (6.3.10)
Proposition 6.3.1. Dans le one-time pad, si la clé est aussi longue que le message
à chiffrer, et si elle n’est utilisé qu’une seule fois, alors il est impossible de décrypter
le message.
Démonstration. K → dechif f rement(C, K) étant une bijection de {0, 1}n , sans aucune in-
formation sur la clé de chiffrement, il est impossible de décrypter un message en utilisant le
one-time pad.
La cryptographie à clé secrète est absolument sûre, pourvu qu’Alice et Bob partagent une
clé secrète. Il faut donc qu’ils puissent se transmettre cette clé sans qu’elle soit interceptée
par un espion. La cryptographie quantique est une méthode pour distribuer secrètement
la clé.
6
On parle de décryptage lorsqu’on crack ou attaque une information chiffrée, c’est-à-dire le recouvrement
de l’information, sans connaissance de la clé secrète.
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6.3. INFORMATION QUANTIQUE 125
Protocole BB84
Bennett et Brassard ont proposé en 1984 un protocole, le protocole BB84, qui permet
à Alice et Bob, qui n’ont initialement en commun aucune information secrète, d’échanger
publiquement une clé, mais qui reste connue d’eux seules. Cette clé servira par
la suite au chiffrement des messages suivant le code de Vernam. Ce protocole, qui nécessite
qu’Alice et Bob aient accès à un canal quantique et un canal classique, repose sur le fait que
le qubit,
• ne peut-être cloné,
• autorise la superposition des états,
• change d’état lors de la mesure,
et se résumer en phases suivantes :
1. Envoie. Alice prépare des photons uniques polarisés suivant7 Oz ou Ox. Les états as-
sociés aux résultats de la mesures sont
Base Z Base X
|0z i = |Hi |0x i = |+i = √12 (|Hi + |V i)
|1z i = |V i |1z i = |−i = √12 (|Hi − |V i)
Pour chaque photon qu’elle a envoyée, Alice relève la base Z ou X dans laquelle le photon
a été polarisée. Bob aussi relevé la base dans laquelle il a effectué sa mesure8 .
2. Sifting ou accord des bases. Alice et Bob se communiquent publiquement les bases
dans lesquelles ils ont effectué les mesures. Ils gardent les cas où ils ont utilisé la même
base et jettent les autres. Sans espions ni erreurs, à ce stade, Alice et Bob devraient avoir
deux listes identiques de bits secrets (voir la table 6.3.1).
Numéro du quanton 1 2 3 4 5 6 7 8
Axe choisi par Alice (secret) Z Z X Z Z X X Z
État choisi par Alice (secret) 0 1 0 1 1 1 0 1
Axe choisi par Bob (Publique) Z X X Z X Z X X
État choisi par Bob (Publique) 0 1 0 1 1 0 0 0
Mesure utile ? Oui Non Oui Oui Non Non Oui Non
Table 6.3.1 – Détection éventuelle d’une espion : Alice recherche parmi les mesures effectuées avec
le même choix d’axes par Bob et par elle-même (quantons 1, 3, 4 et 7) une éventuelle différence dans
les états, qui signalerait la présence d’un espion. Aucune anomalie ne se produit ici. Pour s’assurer
de l’absence d’un espion avec une probabilité raisonnable, il faut utiliser en pratique un nombre de
mesures bien supérieur à 8.
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6.3. INFORMATION QUANTIQUE 126
4. Traitement ultérieur. Lorsque le taux d’erreur est assez faible, Alice et Bob appliquent
des procédures qui corrigent presque toutes les erreurs et diminuent l’information d’un
espion éventuel. On parle alors de clé transmise (voir la table 6.3.2). Lorsque par contre
ce taux est élevé, Alice et Bob rejette la clé car l’espion pourrait avoir trop d’information.
Jamais une clé non-secrète n’est utilisée.
Numéro du quanton 9 10 11 12 13 14 15 16
Axe choisi par Alice (secret) X Z X Z Z X Z Z
État choisi par Alice (secret) 0 1 0 0 1 1 0 1
Axe choisi par Bob (Publique) Z Z X X Z Z Z X
État choisi par Bob (Publique) 0 1 0 1 1 0 0 0
Mesure utile ? Non Oui Oui Non Oui Non Oui Non
Table 6.3.2 – Après s’être assurée de l’absence d’un espion, Alice choisit parmi les mesures utiles
celles qui lui permettent de communiquer son message. Par exemple, pour communiquer le message
«0,0», elle demande (publiquement) à Bob de considérer les résultats de ses mesures 11 et 15.
Il est à noter lorsqu’une espionne Eve (E) intercepte l’information envoyée à Bob, elle fait
la même chose que Bob, en choisissant de mesurer soit Z soit X. Ensuite, elle prépare un
nouveau photon polarisé suivant le résultat de sa mesure qu’elle envoie à Bob. On appelle
cette attaque intercept-resend. Le clonage du photon émis par Alice n’étant pas possible.
Puisqu’Eve ne sait pas dans quelle base Alice a préparé les photons, Eve ne peut imiter
Alice au mieux que dans la moitié des cas. Alors les résultats d’Alice et Bob sont différents
dans 25% des cas lorsqu’ils ont la même base. Ils conclus donc qu’il y a un espion sur la ligne
quantique.
Faisons un résumé sur les unités d’informations :
– 25% inutilisables car Alice et Bob n’ont pas choisi le même axe
– 25% utilisées pour détecter la présence d’Eve
– 25% inutilisables car Alice et Bob n’ont pas choisi le même axe
– 25% utilisées pour le véritable message (d’une importance gigantesque vu tout le
mal que l’on s’est donné pour lui transmettre)
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6.3. INFORMATION QUANTIQUE 127
Contrairement à ce que le nom laisse entendre, il ne s’agit donc pas de transfert de matière.
Le terme de téléportation quantique est utilisé pour souligner le fait que le processus est
destructif : à l’issue de la téléportation, le premier système ne sera plus dans le même état
qu’initialement.
La téléportation quantique pourrait être intéressant pour le calcul quantique en ce sens
qu’elle peut servir pour le transfert de l’information quantique entre différentes unités indépen-
dantes du calculateur quantique.
On peut formuler la problématique de la téléportation quantique de la façon suivante :
Problème 6.3.1. Il était une fois, Alice et Bob qui, avant de se séparer, prirent chacun un
qubit d’une même paire EPR, √12 (|00i + |11i). Puis Bob s’en alla, vers une galaxie ignorée
d’Alice.
C’est alors que, bien plus tard, un qubit dans un état inconnu, |ψi = α|0i + β|1i, arriva
chez Alice. Mission d’Alice, transmettre l’état de |ψi à Bob.
Mais Alice ne pouvait pas,
• porter ce qubit à Bob,
• ni cloner pour en disperser des copies dans l’univers,
• ni connaître α et β pour diffuser leurs valeurs sur les ondes dans l’espace intergalactique.
Une mesure de α (ou β) réduira malheureusement |ψi à |0i (ou |1i).
Figure 6.3.1 – Schéma de principe de la téléportation quantique. Alice effectue une mesure de Bell
(BSM, Bell State Measurement) sur les qubits |ψi et un des qubits EPR et informe Bob du résultat
par un canal classique (bits classiques) afin que ce dernier finalise la téléportation en appliquant une
transformation unitaire U adéquate qui lui permet de reconstruire le qubit |ψi envoyé par Alice. [Après
N. Gisin and R. Trew, Quantum Communication, http: // arxiv. org/ abs/ quant-ph/ 0703255v1 ]
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6.3. INFORMATION QUANTIQUE 128
• Alice et Bob utilisent un canal EPR composé d’une paire de qubits maximalement in-
triqués :
+
E 1
Φ 23 = √ (|00i23 + |11i23 ). (6.3.12)
2
Le qubit 2 est pris par Alice et le qubit 3 est pris par Bob.
• Alice souhaite transmettre ou transférer à Bob l’information sur l’état d’un qubit
qui lui est à priori inconnu, sans lui transmettre directement ce qubit.
La mesure par Alice de l’état de la paire de qubits intriqués 12 projette cet état sur l’un
des quatre états de base (6.3.14), ce qui projette l’état du qubit 3 sur l’état correspondant
dans (6.3.15). Le tableau 6.3.3 récapitule les différentes mesures de Bell : On constate
que l’état du qubit d’Alice est téléporté sur le qubit de Bob avec une probabilité de 25%.
• Alice transmet à Bob par un canal classique le résultat de sa mesure (mesure de Bell), et
Bob sait que le qubit 3 lui arrive dans l’état inconnu de départ (6.3.13), mais qui reste
tout aussi inconnu ! L’état du qubit 1 a été téléporté, mais il n’y a jamais eu une mesure
de cet état.
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6.3. INFORMATION QUANTIQUE 129
• Si le résultat de la mesure d’Alice n’est pas |Φ+ i12 , Bob en sait assez pour faire la
correction en appliquant la transformation unitaire U convenable qui permet de ramener
le qubit 3 dans l’état (6.3.13).
2. Bob ne connait l’état du qubit 3 que lorsqu’il a reçu le résultat de la mesure d’Alice. La
transmission de cette information doit se faire par un canal classique, à une vitesse au
plus égale à la vitesse de la lumière. Il n’ a donc pas transfère instantanée de l’information
à distance.
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6.4. EXERCICES 130
6.4 Exercices
6.4.1 Inégalités de Bell avec des photons
On considère deux photons partant en sens inverse, l’un (1) suivant Oz et l’autre (2) suivant
−Oz comme indiqué sur la figure 6.4.1, dans un état de polarisation intriqué
1
|Ψi = √ (|xyi − |yxi). (6.4.1)
2
Les états |xi et |yi sont des états de polarisation linéaire suivant Ox et Oy.
Montrer que
1
|Ψi = √ (|θθ⊥ i − |θ⊥ θi). (6.4.4)
2
L’état |Ψi est donc invariant par rotation autour de Oz.
Σz = PD − PG . (6.4.7)
(a) Montrer cet opérateur est hermitien et que ses vecteurs propres sont |Di et |Gi.
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6.4. EXERCICES 131
(b) En utilisant (6.4.7), vérifier que (6.4.6) est invariant par rotation autour de Oz.
4. Alice et Bob analysent la polarisation des photons à l’aide de polariseurs linéaires orientés
suivant les directions n̂α pour le photon 1 et n̂β pour le photon 2 dans le plan xOy. On
définit
• p++(α, β), la probabilité pour que le photon 1 soit polarisé suivant n̂α et le photon
2 suivant n̂β ;
• p+− (α, β), la probabilité pour que le photon 1 soit polarisé suivant n̂α et le photon
2 suivant n̂β⊥ ;
• p−+ (α, β) et p−− (α, β) étant définis de façon analogue.
E(α, β) = [p++ (α, β) + p−− (α, β)] − [p+− (α, β) + p+− (α, β)]. (6.4.8)
(a) En utilisant l’invariant par rotation de |Ψi pour simplifier les calculs, trouver l’ex-
pression des probabilités précédentes et montrer que
(b) Quelles valeurs de α, α0 , β et β 0 doit-on utiliser pour obtenir comme dans le cas
des spins 12 ,
√
X = E(α, β) + E(α, β 0 ) + E(α0 , β 0 ) − E(α0 , β) = −2 2? (6.4.10)
5. Montrer que
1
|Φi = √ (|xxi + |yyi), (6.4.11)
2
est également invariant par rotation autour de Oz. Donner son expression en fonction
des états de polarisation circulaire.
2. Vérifier qu’après la phase sifting, Alice et Bob partagent une liste identique de bits
secrets. Pourquoi ces bits sont-ils secrets ?
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6.4. EXERCICES 132
1. Compléter les probabilités du tableau 6.4.2. On notera qu’Alice et Bob n’ont pas le même
bit en présence de l’attaque d’Eve, malgré le fait qu’ils ont effectué les mesures dans la
même base.
2. Pourquoi dans le protocole BB4 est-il nécessaire d’utiliser deux bases ? Que se passerait-il
si Alice et Bob décidaient de n’utiliser qu’une seule base pour coder leurs bits ?
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CHAPITRE 7
CALCULS QUANTIQUES
Sommaire
7.1 Notion de calculateur
7.2 Les circuits quantiques
7.3 Portes quantiques universelles
7.4 Algorithme de Deutsch-Jozsa
7.5 Transformation de Fourier quantique
7.6 Exercices
133
7.1. NOTION DE CALCULATEUR 134
où im ∈ [0, 1]. Ainsi, 3 bits physiques peuvent être préparés dans 23 = 8 configurations
différentes, représentant les nombres de 0 à 7. Par exemple, les chaînes binaires
011, (7.1.2a)
111, (7.1.2b)
Ainsi, en vertu du principe de superposition clairement visible dans l’Eq. (7.1.3), un reg-
istre quantique de n qubits peut être préparé non seulement dans l’état |ii de la base de
calcul, mais aussi dans une superposition d’états et donc stocker 2n nombres, qui augmente
exponentiellement avec le nombre de qubits. Par conséquent, le principe de superposition offre
de nouvelles possibilités de calculs comme le parallélisme qui permet le calcul en parallèle
d’un grand nombre d’opérations.
Un état de n qubits d’un calculateur quantique est un vecteur d’état d’un espace de Hilbert
de 2n dimensions, construit comme produit tensoriel de n espaces de Hilbert de 2 dimensions,
une pour chaque qubit. En prenant en compte la relation de complétude (7.1.4) et le fait que
l’état de tout système quantique n’est définit qu’à un facteur de phase global près sans signifi-
cation physique, l’état d’un calculateur est déterminé par 2(2n − 1) paramètres indépendants.
Par exemple, pour n = 2, un état générique de 2 qubits d’un calculateur quantique s’écrit
Dans la suite, i ∈ {0, 1}n , i.e., i est une chaîne binaire de taille n, implique que |ii appartient
à l’espace de Hilbert à 2n dimensions H⊗n .
Pour effectuer un calcul quantique, il faut effectuer les trois étapes de base suivantes (voir
la figure 7.1.1) :
• La préparation de n qubits dans l’état initial |ψi (t0 )i (input state) au temps t0 . Le
vecteur d’état initial est un vecteur de l’espace de Hilbert à 2n dimensions H⊗n .
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7.2. LES CIRCUITS QUANTIQUES 135
U (t, t0 )
t0 t
Figure 7.1.1 – Schéma de principe d’un calcul quantique : n qubits sont préparés dans l’état initial
|0i. Ils subissent une évolution unitaire dans l’espace H⊗n de l’instant t0 à l’instant t, décrite par un
opérateur unitaire U (t, t0 ) agissant dans H⊗n . Une mesure des qubits est effectuée au temps t.
• La mesure à l’instant t sur les n qubits afin d’obtenir l’état final (ouput state).
Il est à noter que l’évolution unitaire U (t, t0 ) est réversible : connaissant le vecteur d’état
au temps t, on peut remonter à celui au temps t0 par U − (t, t0 ) = U (t0 , t).
Principe 7.2.1. Landauer. Chaque fois qu’un bit d’information est effacé, la quan-
tité d’énergie dissipée dans l’environnement vaut au moins kB T ln 2. De façon équiv-
alente, on dit que l’entropie de l’environnement décroît d’au moins de kB ln 2. kB
est la constante de Boltzmann et T est la température absolue de l’environnement
(ordinateur).
telle que
f˜(x, y) = (x, y ⊕n f (x)), (7.2.2)
1
La plupart des portes logiques classiques, nous le savons, sont irréversibles car elles correspondent à un
passage de 2 bits à 1 bit, et l’état final d’un bit ne permet pas de remonter à l’état initial de deux bits.
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7.2. LES CIRCUITS QUANTIQUES 136
où ⊕n est l’addition modulo 2n , x représente m bits lors que y et f (x) représentent n bits.
Puisque f˜ transforme des entrées distinctes en sorties distinctes, elle est une fonction (m + n)-
bits inversible.
En effet, puisque f (x) ⊕ f (x) = 0, ∀f (x),
mais, aussi les stocker simultanément. On parle alors de parallélisme quantique. En effet,
si au lieu de prendre le premier single-qubit dans l’état |0i ou |1i, on le prend plutôt dans
l’état superposé √12 (|0i + |1i), alors
1 1 1
√ (|0i + |1i) ⊗ |1i ⊗ |1i = √ (|011i + |111i) = √ (|3i + |7i). (7.2.6)
2 2 2
On peut évidement préparer ce registre de taille 3 dans une superposition d’état des huit
entiers, en mettant chaque single-qubit de (7.2.5) dans l’état superposé √12 (|0i + |1i) :
1 1 1
√ (|0i + |1i) ⊗ √ (|0i + |1i) ⊗ √ (|0i + |1i)
2 2 2
1
= √ (|000i + |001i + |010i + |011i + |100i + |101i + |110i + |111i) (7.2.7)
23
3 −1
1 1 2X
= √ (|0i + |1i + |2i + |3i + |4i + |5i + |6i + |7i) = √ |xi
23 23 x=0
Ces préparations, et toutes autres manipulations sur les qubits, doivent être effectués par
des opérations unitaires et donc des portes réversibles. L’opération unitaire la plus générale
est une transformation dans l’espace de Hilbert de dimension 2n des n-qubits, H⊗n , et la porte
logique la plus générale est une matrice 2n × 2n opérant dans H⊗n .
On appellera
• porte logique quantique, un dispositif qui réalise une opération unitaire fixe sur un
qubit donné, pendant une période de temps donnée ;
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7.2. LES CIRCUITS QUANTIQUES 137
Si f : {0, 1}n 7→ {0, 1}m est calculable par un circuit réversible de p portes et de
largeur w alors il est calculable proprement par un circuit réversible de 2p + m
portes et de largeur w + m.
Porte de Walsh-Hadamard
La porte de Walsh-Hadamard, ou de Walsh-Hadamard simplement, définie par la matrice
!
1 1 1
W= √ , (7.2.8)
2 1 −1
|0i W √1 (|0i + |1i) 7→ √1 (|0i + |1i + |2i + |3i + |4i + |5i + |6i + |7i)
2 23
Le résultat (output) est une superposition de tous les huit entiers, de 0 à 7. Si les 3 single-
qubits sont initialement dans un autre état que |000i, le résultat de leur transformation par
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7.2. LES CIRCUITS QUANTIQUES 138
Walsh-Hadamard est une superposition de tous les huit entiers, de 0 à 7, mais avec la moitié
signée positivement. Par exemple,
1
W⊗3 |101i = (|0i − |1i + |2i − |3i + |4i − |5i + |6i − |7i) (7.2.11)
23/2
En général, si initialement on a un registre de taille n dans un état y ∈ {0, 1}n , alors
n −1 n −1
⊗n 1 2X yx 1 2X
W |yi = √
n
(−1) |xi = √
n
eiπyx |xi, (7.2.12)
2 x=0 2 x=0
où le produit de y = (y0 yn−2 · · · y1 y0 ) et de x = (xn−1 xn−2 · · · x1 x0 ) est fait bit par bit,
U |x ⊗ 0m i = |x ⊗ f (x)i. (7.2.14)
Si on applique W sur le registre de données dans l’état |0n i avant U , le vecteur d’état dans
l’état final sera par linéarité
n −1
1 2X
|ψf in i = U |(W0n ) ⊗ 0m i = √ |x ⊗ f (x)i. (7.2.15)
2n x=0
Ce vecteur contient en principe 2n valeurs de la fonction f (x) obtenu en une seule action
de U . Par exemple, si n = 100, il contient ∼ 1030 valeurs de f (x) : c’est le miracle du
parallélisme quantique. Mais une mesure sur |ψf in i ne donnera qu’une et une seule de ces
valeurs. Cependant, on peut extraire des informations utiles sur des relations entre valeurs de
f (x) pour un ensemble de valeurs de x différentes, mais bien sûr au prix de la perte de ces
valeurs individuelles, alors qu’un ordinateur classique devrait évaluer f (x) 2n fois pour obtenir
la même information. C’est là l’origine de l’accélération exponentielle d’un calcul quantique
pour la résolution de certains problèmes.
Remarque 7.2.1. Les rotations de la sphère de Bloch autour d’un axe arbitraire û, que nous
avons étudiée à la section ?? sont une classe importante de transformations unitaires :
δ δ δ
Rû (δ) = e−i 2 (û·σ) = I cos − (û · σ)i sin . (7.2.16)
2 2
On note que la porte de Walsh-Hadamard est une opération de rotation d’angle δ = π
autour de l’axe û0 = ( √12 , 0, √12 ). En effet,
1
W = √ (σx + σz ) = −iRu0 (π). (7.2.17)
2
Remarque 7.2.2. L’application de la porte W à un 1-qubit arbitraire |ψi = α|0i + β|1i est
un exemple de l’interférence quantique qui se manifeste mathématiquement par l’addition
des amplitudes de probabilités. En effet,
α+β α−β
W|ψi = |0i + |1i. (7.2.18)
2 2
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7.2. LES CIRCUITS QUANTIQUES 139
• La probabilité d’obtenir |0i après une mesure a augmentée par interférence construc-
tive :
α+β
α→ (7.2.19)
2
• La probabilité d’obtenir |1i après une mesure a diminuée par interférence destruc-
tive :
α−β
α→ (7.2.20)
2
Si par exemple |ψi = √1 (|0i + (−1)x |1i), x ∈ {0, 1},
2
1 + (−1)x 1 + (−1)x
|ψi = |0i + |1i. (7.2.21)
2 2
Pour x = 0, on a !
1
W √ (|0i + |1i) = |0i. (7.2.22)
2
Ainsi, par interférence constructive, la mesure de |0i est certaine. Alors que par interférence
destructive, on a aucune chance de trouver |1i la mesure.
Exercice 7.2.1. En utilisant W = √1 (X + Z) et les propriétés des matrices de Pauli, montrer
2
que W2 = I, WXW = Z et WZW = X.
Porte Phase-Shift
La porte Phase-Shift définie par la matrice
!
1 0
Rz (δ) = , (7.2.23)
0 eiδ
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7.2. LES CIRCUITS QUANTIQUES 140
Exercice 7.2.2. On considère les états |0i et |1i orthonormés, élément de l’espace de Hilbert
H.
1. On appelle opérateur de Hubbard, les opérateurs X ik (i, k = 1, 2) dont les matrices sont
carrées et ont un élément de matrice unité à l’intersection de la i-ième ligne et de la
k-ième colonne. Les autres éléments de matrices sont nuls. En notation de Dirac,
X ik = |i − 1ihk − 1|. (7.2.26)
(a) Écrire en notation de Dirac les quatre opérateurs X ik et donner leur forme ma-
tricielle.
(b) Évaluer X 12 |1i et X 21 |0i et conclure.
(c) Donner l’expression générale de la multiplication de deux opérateurs X ik , X ik X mn .
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7.2. LES CIRCUITS QUANTIQUES 141
Porte CNOT
La plus populaire des portes CU est la porte CNOT ou CX qui opère la transformation décrite
par
1 0 0 0
!
I O 0 1 0 0
CNOT = |0ih0| ⊗ I + |1ih1| ⊗ X = = , (7.2.34)
O X 0 0 0 1
0 0 1 0
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7.2. LES CIRCUITS QUANTIQUES 142
autrement qui inverse le bit cible |yi lorsque le bit de contrôle |xi est dans l’état ł|1i. On l’a
résume par
x y x x⊕y
|xi • |xi 0 0 0 0
0 1 0 1
CNOT|xi|yi = |xi|x ⊕ yi, x, y ∈ {0, 1}, |yi |x ⊕ yi
1 0 1 1
Porte CNOT 1 1 1 0
On note sur la table de vérité que lorsque la cible est dans l’état |1i, la porte CNOT devient
la porte COPY :
|xi|0i 7→ |xi|xi, x ∈ {0, 1}. (7.2.35)
Par conséquent,
CNOT(α|0i + β|1i)|0i = α|00i + β|11i, (7.2.36)
qui est non factorisable pour α, β 6= 0. Donc, la porte CNOT génère des états intriqués.
On peut penser que cette porte pourrait aussi être utilisée pour copier un état superposé
comme |ψi = α|0i + β|1i, si bien que
|ψi|0i 7→ |ψi|ψi. (7.2.37)
Ceci n’est pas possible en vertu du théorème du non-clonage.
Théorème 7.2.1. Toute opération unitaire sur H⊗n peut se décomposer en produit
d’opérations unitaires single qubit (1-qubit) et de CNOT.
Exercice 7.2.3. The most general separable state of the two qubits can be written, up to an
overall phase, as
|ψi = a(|0i + b1 eiϕ1 |1i) ⊗ (|0i + b0 eiϕ0 |1i), (7.2.38)
where a is set to the completure. What conditions should the real coefficients b0 , b1 , ϕ0 and ϕ1
satisfy in order that CNOT|ψi be entangled ?
Remarque 7.2.3. Il est possible de définir une porte CNOT généralisée, dépendante du fait que
• le bit de contrôle est le premier ou le second qubit,
• ou encore que la porte agit trivialement3 quand le bit de contrôle est |0i ou β|1i.
Ainsi, les trois autres matrices CNOT, leurs représentations symboliques et actions sont :
0 1 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0
1 0 0 0 0 0 0 1 0 1 0 0
B= C= D=
0 0 1 0 0 0 1 0 1 0 0 0
0 0 0 1 0 1 0 0 0 0 0 1
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7.2. LES CIRCUITS QUANTIQUES 143
Base de Bell
Comme vu à la Section 7.2.4, la porte CNOT peut générer l’intrication, et en particulier les
états intriqués de la base de Bell, définis par 6.3.14,
+
E 1
Φ = √ (|00i + |11i) (7.2.39a)
2
−
E 1
Φ = √ (|00i − |11i) (7.2.39b)
2
+
E 1
ψ = √ (|01i + |10i) (7.2.39c)
2
−
E 1
ψ = √ (|01i − |10i) (7.2.39d)
2
peuvent être obtenus de la base de calcul {|0i, |1i} à travers le circuit
|xi W •
Bell
|yi
Il est facile de vérifier que ce circuit produit les transformations
E E E E
|00i → Φ+ ; |10i → Φ− ; |01i → ψ + ; |11i → ψ − . (7.2.40)
On note que cette transformation peut être inversée simplement en exécutant le circuit de
la droite vers la gauche, puisque les portes CNOT et de Walsh-Hadamard sont inversibles. Par
conséquent, tout état de la base de Bell est transformé en état factorisable. Et il est donc
possible, via une mesure standard dans la base de calcul, d’établir laquelle des quatre états de
base de Bell était présente au début.
1 0 0 0 |xi • |xi
!
I O 0 1 0 0
CPS(δ) = = |yi Rz (δ) eixyδ |yi
O Rz (δ) 0 0 1 0
Elle applique la phase global eiδ lorsque le qubit de contrôle |yi est dans l’état |1i, CPS|11i =
eiδ |11i. La porte Controlled Phase-Shift n’a pas d’analogue classique.
Exercice 7.2.4. 1. Find the action of the CW gate using (7.2.31) when the input state are
|01i and |11i.
2. Give the matrix representation and the Dirac notation representation of CW.
Solution 7.2.1. 1. From (7.2.31) is this easy to obtain
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7.3. PORTES QUANTIQUES UNIVERSELLES 144
2. The matrix representation and the Dirac notation representation are respectively
1 0 0 0
0 1 0 0
I O
CW = =
0 0 √1 √1
(7.2.42a)
O W 2 2
0 0 √1 − √12
2
1
CW = |00ih00| + |01ih01| + √ (|10ih10| + |10ih11| + |11ih10| − |11ih11|). (7.2.42b)
2
Remarque 7.2.4. La porte CZ ou CMINUS est définie par CPS(π) =CZ, soit
1 0 0 0
|xi • |xi
0 1 0 0
CZ = |yi (−1)xy |yi
0 0 1 0
W X W
0 0 0 −1 Porte CZ
Cette porte est importante en ce sens qu’elle est plus facile à implémenter que la porte CX.
Comme CZ−1 = CZ, l’action de CZ ne dépend pas de quel qubit est la cible ou le contrôle.
On a les relations suivantes entre CX et CZ
CZ = (I ⊗ W )CX(I ⊗ W ) (7.2.43a)
CX = (I ⊗ W )CZ(I ⊗ W ) (7.2.43b)
W • W ≡ X
W X W •
Remarque 7.2.5. Nous utiliserons une notation abrégée pour exprimer les opérateurs agissant
sur un ou plusieurs qubits d’un registre à n qubits.
• Si U agit sur H⊗2 ⊗ H⊗2 alors U[i,j] agit dans l’ordre sur les qubits i et j sans toucher
les autres qubits. Par exemple, CNOT[2,1] |xi|yi = |x ⊕ yi|yi.
• porte CNOT, portes single-qubit (W, Ru (δ)) dans le cas quantique. On dit que (CNOT,
W, Ru (δ)) forme un ensemble infini de portes quantiques universelles.
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7.3. PORTES QUANTIQUES UNIVERSELLES 145
7.3.1 Porte CV
Proposition 7.3.1. Toute porte quantique qui peut intriquer deux qubits peut être
utilisée comme porte quantique universelle. Mathématiquement, un choix élégant con-
siste en une paire de portes de Walsh-Hadamard et des portes CV, où V est la matrice
!
1 0 π
V= ≡ Rz ( ). (7.3.1)
0 i 2
Ces deux portes forment un ensemble fini de portes quantiques universelles. Les circuits
quantiques contenant alors un nombre fini des portes W et CV peuvent implémenter toute
transformation unitaire sur n ≥ 2 qubits.
Lorsqu’on applique quatre fois CV, on obtient l’identité, ainsi trois applications consécutives
de CV donne l’inverse de CV ou CV† .
On construit une porte CNOT à partir des portes W et CV de la manière suivante :
• ≡ • •
W V V W
On montre que toute matrice 2 × 2 unitaire U , telle que U = V2 , peut être simulée par le
circuit
• • • •
• ≡ • •
U V V† V
Construction de Sleator-Weinfurter
Il est noter que
CCU|xyzi = |xyiU xy |zi. (7.3.2)
• • • •
• ≡ • •
W V V† V W
Implémentation de la porte de TOFFOLI
Cette porte, dont les deux bits de contrôle x et y restent inchangés alors que le bit cible z
est inversé lorsque les deux bits de contrôle sont à 1, c’est-à-dire z 0 = z ⊕ xy, est représentée
par la table de vérité suivante :
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7.3. PORTES QUANTIQUES UNIVERSELLES 146
N◦ x y z x y z⊕x∧y
1 0 0 0 0 0 0
|xi • |xi 2 0 0 1 0 0 1
3 0 1 0 0 1 0
|yi • |yi
4 0 1 1 0 1 1
|zi |z ⊕ x ∧ yi 5 1 0 0 1 0 0
6 1 0 1 1 0 1
Porte de TOFFOLI 7 1 1 0 1 1 1
8 1 1 1 1 1 0
• Lorsque le qubit cible |zi est dans l’état |0i (lignes 1, 3, 5, 7), la porte de CCNOT effectue
l’opération AND
CCNOT|xi|yi|0i = |xi|yi|x ∧ yi. (7.3.3)
• Lorsque le qubit cible |zi est dans l’état |1i (lignes 2, 4, 6, 7), la porte de CCNOT effectue
l’opération NAND
CCNOT|xi|yi|1i = |xi|yi|x Z yi. (7.3.4)
• Lorsque le premier qubit de contrôle |xi est dans l’état |1i (lignes 5-8), la porte de CCNOT
effectue l’opération CNOT
• Lorsque le premier qubit de contrôle |xi est dans l’état |1i et le qubit cible |zi est dans
l’état |0i (lignes 5 et 7), la porte de CCNOT effectue l’opération COPY
Ainsi donc, avec la porte de CCNOT, on peut reproduire de façon réversible tous les circuits
logiques classiques.
La porte de CCNOT est une porte universelle pour toutes les opérations réversibles de
la logique booléenne.
De ce qui précède, il apparaît que les portes logiques irréversibles comme AND et OR peuvent
être transformées en portes réversibles. Cependant, le prix à payer est la production d’un bit
ou de plusieurs bits résiduels qui ne peuvent être re-utilisés pour le calcul. Ils sont plutôt
utiles pour le stockage de l’information à des fins de réversibilité. Par exemple, lorsque dans
la porte CCNOT z = 1, on a z 0 = x ∧ y et deux bits résiduels, x0 = x et y 0 = y. On peut
penser que de l’énergie est nécessaire pour effacer ces résiduels et annuler l’effet avantageux
de la réversibilité. Ce n’est point le cas puisque d’après Bennett, on peut effectuer le calcul
ou l’opération voulu, imprimer le résultat et ensuite faire l’opération inverse, en utilisant à
nouveau les portes logiques, afin de retrouver l’état initial du calculateur. Conséquemment,
les bits résiduels reviennent à leur état initial sans dépense d’énergie.
Exercice 7.3.1. Construct the NOT and OR gates from CCNOT gate.
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7.3. PORTES QUANTIQUES UNIVERSELLES 147
Exercice 7.3.2. Additionneur quantique. Donner les expressions et les tables de vérité
de S et C du circuit suivant :
|xi • • |xi
|yi • |Si
|0i |Ci
7.3.3 Resumé
On retient que
• Toute porte Ck -U, k > 2, peut être décomposée en portes de CCNOT et en portes
CU ;
• Une opération unitaire générique U (n) agissant dans l’espace H⊗n peut être
décomposée au moyen des portes Ck -U.
De façon réductrice, on peut dire qu’il suffit de savoir réaliser les rotations single-qubits et
des CNOT pour fabriquer le calculateur quantique !
Mais pourquoi donc est-ce si difficile ? Parce que
• Il faut pouvoir agir sur chaque qubit séparément des autres ;
• Il faut pouvoir intriquer n’importe quelle paire de qubits ;
• Chaque opération doit être très précise ;
• Le calcul doit être effectué rapidement (décohérence).
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7.4. ALGORITHME DE DEUTSCH-JOZSA 148
produit f (x) pour x dans un cycle. Le bémol est que nous ne pouvons les avoir toutes dans
l’état intriqué x |x, f (x)i puisque tout bit obtenu par mesure sur le premier registre donnera
P
une valeur particulière x0 ∈ {0, 1}n et le deuxième registre se trouvera donc avec la valeur
f (x0 ) ∈ {0, 1}m .
|0i W • W
|1i W f
4
R. Cleve, A. Ekert, C. Macchiavello, et M. Mosca, Quantum algorithms revisited, Proceedings of the
Royal Society of London A, vol. 454, 1998, p. 339-354
2012
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7.4. ALGORITHME DE DEUTSCH-JOZSA 149
Comme on le constate, la parité de la fonction f (x) a été encodé par un 1-qubit après
une seule invocation de f . Ceci parce qu’un calculateur quantique peut évaluer simultanément
f (0) et f (1). Les deux chemins alternatifs ou complémentaires sont recombinés par la dernière
porte de Walsh-Hadamard. L’interférence est constructive pour l’une des valeurs de f (0)⊕f (1)
et destructive pour la valeur alternative.
Dans le cas général, on a n + 1 bit dans l’état |0i⊗n |1i. Les premiers n bits sont tous
dans l’état |0i et les derniers bit dans l’état |1i. Nous appliquons ensuite la transformation de
Walsh-Hadamard à chaque qubit, pour obtenir
n −1
1 2X
√ |xi(|0i − |1i). (7.4.6)
2n+1 x=0
2012
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7.5. TRANSFORMATION DE FOURIER QUANTIQUE 150
où les coefficients {f˜(y)} sont les transformées de Fourier discrètes des coefficients {f (y)}, en
vertu de (7.5.1).
On vérifie facilement que FN est unitaire. En effet,
−1 −1
1 NX xy 1 NX xy
FN† FN = √ |xie−2iπ N hy| √ |yie2iπ N hx| (7.5.4a)
N y,x=0 N y,x=0
−1 −1
1 NX N
xy xy
|xie−2πi N hy|yie2iπ N hx|
X
= (7.5.4b)
N y,x=0 y,x=0
−1 N −1
1 NX
!
X
= hx|xi = I (7.5.4c)
N x=0 x=0
Exercice 7.5.1. Montrer que
1 1 1 1
1 1 i −1 −i
F4 = . (7.5.5)
2 1 −1 1 −1
1 −i −1 i
2iπ
Si on pose ωN = e N ,
1 1 1 ··· 1
2 N −1
1
ωN ωN ··· ωN
1
1 ωN 2
ωN 4
···
2(N −1)
ωN
FN = . (7.5.6)
2
.. .. .. .. ..
. . . . .
N −1 2(N −1) (N −1)(N −1)
1 ωN ωN · · · ωN
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7.5. TRANSFORMATION DE FOURIER QUANTIQUE 151
Utilisons maintenant une technique standard des transformées de Fourier rapides (FFF
ou Fast Fourier Transform) pour montrer que la QFT ne génère pas d’intrication entre les
qubits sur lesquels elle agit.
Adoptons la représentation binaire pour écrire x et y,
x = xn−1 xn−2 · · · x1 x0 = xn−1 2n−1 + xn−2 2n−2 + · · · + x1 21 + x0 20 , (7.5.7a)
y = yn−1 yn−2 · · · y1 y0 = yn−1 2n−1 + yn−2 2n−2 + · · · + y1 21 + y0 20 . (7.5.7b)
2iπ
En vertu de ce que ωN = e N est un racine N-ième de l’unité, on peut ignorer dans le produit
xy de l’exponentielle de (7.5.2), tous les termes divisibles par N = 2n puisqu’il ne contribuent
pas à l’exponentielle5 . Ainsi,
xy
= yn−1 (.x0 ) + yn−2 (.x1 x0 ) + · · · + y0 (.xn−1 xn−2 · · · x1 x0 ). (7.5.8)
2n
Les termes entre parenthèses sont les fractions binaires, i.e.,
xn−1 xn−2 x1 x0
0.xn−1 xn−2 · · · x1 x0 = 1 + 2 + · · · + n−1 + n . (7.5.9)
2 2 2 2
Ainsi pour, yi ∈ {0, 1}, l’amplitude
n −1
2X
! !
2iπ 2xy 2iπyn−1 (.x0 ) 2iπy0 (.xn−1 xn−2 ···x1 x0 )
X X
e n
= e ··· e , (7.5.10)
y=0 y y
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7.5. TRANSFORMATION DE FOURIER QUANTIQUE 152
1 [|0i 2iπ(.xn−1 xn−2 ···x1 x0 )
xn−1 W R2 ··· Rn−1 Rn √ +e |1i]
2
1 [|0i 2iπ(.xn−2 ···x1 x0 )
xn−2 • ··· W ··· Rn−2 Rn−1 √ +e |1i]
2
.
.
.
|x1 i • • ··· W R2 1 [|0i
√ + e2iπ(.x1 x0 ) |1i]
2
|x0 i • • ··· • W
1 [|0i
√ + e2iπ(.x0 ) |1i]
2
Figure 7.5.1 – Circuit implémentant la transformation de Fourier quantique. Les portes SWAP
qui inversent l’ordre des qubits de sortie ne sont pas représentées. On note que la transformation
de Fourier d’un vecteur complexe de taille N = 2n peut être implémenté de manière efficiente sur
un registre de n qubits en utilisant n portes de W et n(n−1)
2 portes CRk . Soit au total O(n2 ) portes
quantiques élémentaires. L’algorithme classique le plus efficace, la transformée de Fourier rapide
(FFF), calcule la transformée de Fourier discrète en O(2n n) opérations élémentaires.
• La première porte de W agit sur le qubit le plus significatif |xn−1 i et, en vertu de
e2iπ(.xn−1 ) = (−1)xn−1 , génère l’état
1
(W |xn−1 i)|xn−2 · · · x1 x0 i = √ [|0i + e2iπ(.xn−1 ) |1i]n−1 |xn−2 · · · x1 x0 i. (7.5.15)
2
• Les portes CRk≥3 subséquentes, CR3 à CRn ajoute les phases de 2π2 à 2n−1 π
lorsque le qubit
de contrôle à pour valeur 1. Après ces n − 1 portes à 2 qubits, le calculateur quantique
est dans l’état
1
√ [|0i + e2iπ(.xn−1 xn−2 ···x1 x0 ) |1i]n−1 |xn−2 · · · x1 x0 i. (7.5.17)
2
• La même procédure est répétée aux autres qubits et on obtient finalement
1
√ [|0i + e2iπ(.xn−1 xn−2 ···x1 x0 ) |1i]n−1 ⊗ · · · ⊗ [|0i + e2iπ(.x0 ) |1i]0 . (7.5.18)
2n
Cet état coïncide avec (7.5.11), excepté que le fait que l’ordre des qubits est inversé. Le
bon ordre est obtenu, soit en utilisant O(n) portes SWAP, soit en renumérotant simplement
les qubits à la sortie.
Exercice 7.5.2. Dessiner le circuit qui implémente la QFT du 3-qubit |xi = |x2 x1 x0 i. Évaluer
pas à pas, l’état final de ce circuit.
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7.6. EXERCICES 153
Remarque 7.5.1. Il faut souligner qu’on ne peut pas vraiment parler d’une accélération expo-
|ψi = x f (x)|xi ne peut pas être
P
nentielle dans le calcul de la QFT, puisqu’un état arbitraire
E P −1 ˜
préparé de manière efficace et l’état transformé ψ̃ = N k=0 f (y)|yi n’est pas facilement ac-
cessible. En effet, une mesure standard donne simplement un résultat avec y probabilité |f˜(y)|.
Le problème est que la transformée de Fourier quantique est effectués sur les amplitudes de la
fonction d’onde, qui ne sont pas directement accessibles. Ils ne peuvent être reconstitués avec
une précision finie qu’après de itérations (chaque itération calcule la transformée de Fourier
de l’état |ψi et se termine avec une mesure standard projective).
7.6 Exercices
7.6.1 Effets des erreurs d’amplitude et de phase
On définit l’erreur d’amplitude par la transformation
Afin d’étudier les effets de ces deux transformations sur le qubit contrôle ou cible d’une porte
logique CNOT, on considère l’état initial
1
(α|0i + β|1i) ⊗ √ (|0i + |1i). (7.6.3)
2
1. Montrer que l’action de l’erreur de phase sur le qubit cible est transférée au qubit de con-
trôle après application de l’opérateur porte logique CNOT. On parle alors de propagation
régressive du signe.
2. Qu’en est-il lorsque l’erreur de phase agit d’abord sur le qubit de contrôle et qu’on
applique ensuite de l’opérateur porte logique CNOT ?
1. H est-il hermitien ?
3. Développer U (t) = e−iHt/~ sous la forme d’un cos et d’un sin et trouver les valeurs de t
telles que U (t) réalise l’opération FNOT (Fake NOT) :
U (t)|0i = −|1i
(7.6.4)
U (t)|1i = |0i
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7.6. EXERCICES 154
π π 2
4. Calculer U (t = 4ω
) et [U (t = 4ω
)] . Que peut-on conclure ?
5. Sachant que traditionnellement en calcul quantique, l’opérateur NOT est
X = |0ih1| + |1ih0|, (7.6.5)
π
utiliser l’opérateur U (t) = ei 2 e−iHt/~ , H étant à définir, pour montrer que l’opérateur
racine carrée NOT est
1+i 1+i π
V = (I2 − iX) = √ e−i 4 X . (7.6.6)
2 2
1. Donner l’expression de |ψi = R(θ1 )⊗R(θ2 )|Φ− i, l’état de la paire EPR après l’application
de opérateurs de rotation unitaires par Alice et Bob.
2. Si P(a, b) est la probabilité de trouver a et b, remplir la table de vérité suivante :
a b a⊕b P(a, b)
0 0
0 1
1 0
1 1
x1 y1 x1 ∧ y1 P(a ⊕ b = x1 ∧ y1 )
0 0
0 1
1 0
1 1
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7.6. EXERCICES 155
• ni connaître α et β pour diffuser leurs valeurs sur les ondes dans l’espace intergalactique.
Alors Alice devait téléporter |ψi = α|0i + β|1i. Ils avaient prévu tout ce qu’il fallait :
• Un canal quantique, la paire EPR |Φ+ i, dont ils avaient soigneusement gardé chacun un
qubit avant de se séparer.
• Et quatre autres opérateurs unitaires U ≡ I, X, iY, Z que Bob avait pris dans son vaisseau.
Le circuit quantique ci-dessous qui présente cette téléportation6 . La première ligne représente
le qubit |ψi à téléporter. La deuxième ligne appartient à Alice et la troisième ligne appartient
à Bob. La mesure effectuée par Alice (BSM), à travers les détecteurs D0 et D1 , donne deux
bits classiques b0 et b1 (communiqués par un canal classique (Téléphone, Internet) à Bob) qui
conditionnent ou contrôlent la transformation unitaire U effectuée par Bob.
_ _ _ BSM
_ _ _ _ _ _ _
_ _ _ _ _
|ψi • W D0 • b0
_ _ _ _ _ _
W
|0i • X D1 • b1
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _
|0i X X Z |ψi
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
EPR U
Circuit intraportation
1. Donner l’expression de la paire EPR |Φ+ i que Alice et Bob se sont partagés.
2. Alice fait interagir |ψi avec sa moitié de l’EPR. Exprimer le 3-qubit |ψi123 = |ψi ⊗ |Φ+ i
qu’elle obtient dans la base de Bell {|Φ+ i, |Φ− i, |ψ + i, |ψ − i}, avec |Φ± i = √12 (|00i ± |11i),
|ψ ± i = √12 (|01i ± |10i).
On posera |ψ0 i = α|0i + β|1i, |ψ1 i = α|1i + β|0i, |ψ2 i = α|0i − β|1i, |ψ3 i = α|1i − β|0i.
6
Voir G. Brassard, S.L. Braunstein and R. Cleve, Teleportation as a quantum computation, Physica D120,
43, (1998). Ce circuit est très souvent appelé intraportation puisque la portes CX s’exécutent entre les premier-
second et second-troisième qubits. Ainsi, pour implémenter ces portes CX, les deux premiers qubits ne peuvent
être arbitrairement éloignés du troisième.
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7.6. EXERCICES 156
3. Lorsque Alice effectue des mesures de Bell (c’est-à-dire dans la base de Bell), quelles
résultats peut-elle obtenir et avec quelles probabilités ?
4. Cependant, les états propres des appareils de mesure ou détecteurs d’Alice ne sont pas
les états de Bell, mais états standards |b0 b1 i ≡ {|00i, |01i, |10i, |11i}.
(a) Trouver la porte q-logique B qui permet le passage base de Bell → base standard
(B|Φ+ i = |00i, B|Φ− i = |10i, B|ψ + i = |01i, B|ψ − i = |11i), en représentation
matricielle et comme produit des opérateurs 1-qubit et CX.
(b) Quelle est maintenant l’expression de |ψi123 (dans la base standard) ?
5. Alice mesure les deux bits classiques en sa possession dans la base standard. Cette mesure
projette l’état du qubit de Bob dans un des états |ψi i, i = 0, 1, 2, 3. Faire un tableau
où apparaîtra les résultats possibles de la mesure d’Alice, l’état du qubit de Bob et les
probabilités correspondantes.
6. Alice transmet à Bob par un canal classique le résultat de sa mesure, et Bob sait que le
qubit |ψi i lui arrive dans l’état inconnu de départ, mais qui reste tout aussi inconnu !
En fonction de |ψi i, dire quel opérateur unitaire U (que l’on exprimera en fonction des
puissances de X, Z) Bob doit appliquer pour reconstituer |ψi. Ce résultat sera inclut dans
le tableau de la question précédente.
L’état du qubit de départ |ψi a été téléporté, mais il n’y a jamais eu une
mesure de cet état.
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7.6. EXERCICES 157
Montrer qu’à la sortie, l’état EPR (7.6.11) est retrouvé aux deux dernières lignes du circuit.
EPR
_ _ _
α|0i + β|1i • • X
|1i X W • W •
__ __ __ _ _ _ _ _ _
|0i • • • •
W
X
|0i X X W X W X X
|0i X X • W •
_ _ _ _ _ _ _ _ _
GHZ Téléportation d’une pair EPR
|1i W R2 R3 ×
|0i • W R2
|1i • • W ×
Figure 7.6.1 – Circuit implémentant la Transformation de Fourier Quantique (QFT) de |101i.
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ANNEXE A
MÉCANIQUE ANALYTIQUE
1. Tout système mécanique est caractérisé par une fonction de Lagrange ou Lagrangien,
dépendant des coordonnées généralisées qi et des vitesses généralisées q̇i (i = 1, 2, · · · , 3N
pour N particules dans l’espace à trois dimensions)
L(qi , q̇i ) := T (q̇i2 ) − V (qi ). (A.0.1)
2. Pour toute trajectoire q(t) que l’on peut imaginer, on définit l’action hamiltonienne
Z t2
S := dt L(qi , q̇i ). (A.0.2)
t1
158
159
4. De la différentielle totale
∂L
dH = q̇i dpi − ṗi dqi −
dt, (A.0.8)
∂t
on tire les équations de Hamilton ou équation du mouvement
∂H
q̇i = (A.0.9a)
∂p
∂H
ṗi = − (A.0.9b)
∂qi
qu’on appelle encore équations canonique de Hamilton-Jacobi. (qi , pi ) forme une paire
de variables canoniques conjuguées.
{qi , qj } = 0, (A.0.11a)
{pi , pj } = 0, (A.0.11b)
{qi , pj } = δij . (A.0.11c)
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ANNEXE B
MODÈLE DE SCHWINGER DU MOMENT ANGULAIRE
Sommaire
B.1 Généralités
B.2 Vecteurs propres commun à J 2 et Jz
B.3 Formule générale des matrices de rotation
D’après Schwinger (voir [?]), il existe une relation entre l’algèbre des moments angulaires
et celle des opérateurs d’échelle a† et a (création et annihilation) des oscillateurs harmoniques
simples (OHS) (voir la section (1.1)).
B.1 Généralités
On considère deux OHS qu’on désigne OHS+ et OHS− et dont les opérateurs d’échelle sont
respectivement notés (a†+ , a+ ) et (a†− , a− ). On définit les opérateurs nombre de quanta,
Toute paire d’opérateurs entre les deux OHS commute, par exemple
160
B.2. VECTEURS PROPRES COMMUN À J 2 ET JZ 161
et
a+ |00i = 0, a− |00i = 0. (B.1.6)
Ainsi, par application successive de a†+ et a†− sur l’état vide |00i, on trouve
~2 ~2 ~2
[Jz , J+ ] = [N+ , a†+ a− ] − [N− , a†+ a− ] = (a†+ a− + a†+ a− ) = ~J+ , (B.2.2a)
2 2 2
~2 ~ 2
~ 2
[Jz , J− ] = [N+ , a†− a+ ] − [N− , a†− a+ ] = (−a†− a+ − a†− a+ ) = −~J− , (B.2.2b)
2 2 2
[J+ , J− ] = ~ [a+ a− , a− a+ ] = ~(a− [a+ , a+ ]a− + a†+ [a− , a†− ]a+ ) = 2~Jz .
2 † † † †
(B.2.2c)
Comme s
1 1
j= j(j + 1) + − , (B.2.3)
4 2
on a, en posant N = N+ + N− ,
s
~2 ~ ~ ~2 N
J2 + − = N ⇒ J 2 = N ( + 1). (B.2.4)
4 2 2 2 2
D’après les relations (B.1.5),
q
J+ |n+ n− i = ~a†+ a− |n+ n− i = ~ n− (n+ + 1)|n+ + 1, n− − 1i, (B.2.5a)
q
J− |n+ n− i = ~a†− a+ |n+ n− i = ~ n+ (n− + 1)|n+ − 1, n− + 1i, (B.2.5b)
~ ~
Jz |n+ n− i = (N+ − N− )|n+ n− i = (n+ − n− )|n+ n− i. (B.2.5c)
2 2
et on constate que
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B.3. FORMULE GÉNÉRALE DES MATRICES DE ROTATION 162
• l’action de Jz sur l’état |n+ n− i compte la différence de quanta entre les OHS+ et OHS− .
Les combinaisonsn+ = j + m et n− = j − m, conduisent aux valeurs propres de J+ et J−
q q
~ n (n + 1) −→ ~ (j − m)(j + m + 1) = x+
m,
q − + q (B.2.6)
−
− + 1) −→ ~ (j + m)(j − m + 1) = xm ,
~ n (n
+
et à ceux de Jz et J 2
~ (n − n ) −→ ~m,
2 + −
~ )2 n( n + 1 −→ ~2 j(j
(B.2.7)
2 2
+ 1).
Par conséquent, on a les correspondances suivantes entre les éléments de matrices des OHS et
ceux du moment angulaire
1 1
j , (n+ + n− ) et m , (n+ − n− ). (B.2.8)
2 2
On peut alors réinterpréter les relations (B.2.5) de la manière suivante :
et où |0i = |j = 0, m = 0i = |n+ = 0, n− = 0i. Cet état vide est invariant par rotation
Pour j = m, i.e., lorsque la valeur propre de Jz prend sa plus grande valeur, le vecteur propre
est
(a† )2j
|jji = q + |0i. (B.2.11)
(2j)!
avec
Jy † 1 1 Jy Jy 1 Jy 1
[− , a+ ] = [a†− a+ , a†+ ] = a†− , [− , [− , a†+ ]] = [− , a†− ] = a†+ , (B.3.3)
~ 2i 2i ~ ~ 2i ~ 4
et ainsi de suite (alternance de a†+ et a†− ), on trouve que
i i θ θ
Ry (θ)a†± Ry−1 (θ) = e− ~ θJy a†± e ~ θJy = a†± cos ± a†∓ sin . (B.3.4)
2 2
Le résultat n’est pas surprenant puisqu’un état basique de spin se transforme de la manière
suivante
θ θ
a†+ |0i −→ cos a†+ |0i + sin a†+ |0i, (B.3.5)
2 2
lors d’une rotation d’angle θ autour de l’axe Oy.
En faisant usage du théorème binomial,
n!xn−k y k
(x + y)n =
X
, (B.3.6)
k (n − k)!k!
• Les coefficients des opérateurs a†± dans (B.3.7a) et (B.3.8) sont tels que
j + m0 = j + m − k + j − m − ` ⇒ ` = j − k − m0 . (B.3.9)
k (j + m − k)!k!(j − k − m0 )!(k − m + m0 )!
!2j−2k+m−m0 !2k−m+m0
θ θ
× cos sin . (B.3.11)
2 2
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ANNEXE C
ÉLÉMENTS CRYPTOLOGIE
1. la cryptographie qui consiste à construire des outils pour assurer un certain nombre
de fonctionnalités ;
2. la cryptoanalyse qui s’attaque aux outils précédents pour en trouver les faiblesses.
164
C.2. PRINCIPE DU CHIFFREMENT SYMÉTRIQUE 165
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C.4. PRINCIPE DU CHIFFREMENT ASYMÉTRIQUE 166
la fausse clé publique auprès de Bob pour celle d’Alice, pour lui faire croire que c’est Alice
qui lui écrit des messages. Il est donc facile de voir que l’exigence de secret absolu observée
dans un système symétrique est remplacée dans système asymétrique par l’exigence d’intégrité
absolue.
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ANNEXE D
CODE RSA
Créé en 1977 par Rivest, Shamir et Adelman, ce code de cryptographie, a bâti sa fiabilité sur
la difficulté de factoriser des grands nombres. Cependant, en novembre 2005, au moyen de cinq
mois de calculs complexes réalisés sur plus de 80 ordinateurs en réseau, des mathématiciens
allemands réussissaient à factoriser un nombre de 193 chiffres, remportant ainsi un défi lancé
par RSA. On pense qu’avec des ordinateurs quantiques effectuant des calculs parallèles, on
peut relever le défi en quelques secondes.
L’algorithme de ce code est le suivant :
4. Bob publie la paire (d, N ). C’est la clé publique que n’importe qui peut utiliser pour
envoyer un message à Bob.
5. La paire (c, N ) est la clé privée que possède seule Bob. Ainsi, il est le seul à pouvoir
déchiffrer un message chiffré au moyen de la clé publique.
6. Alice veut envoyer à Bob un message codé, qui doit être représenté par un nombre a < N .
Si le message est trop long, Alice le segmente en plusieurs sous messages ai < N . Elle
chiffre ensuite chaque sous-message en calculant,
b ≡ adi mod N, (D.0.2)
et envoie b à Bob.
7. Quand Bob reçoit le message qu’il déchiffre en calculant
bc mod N = ai (!) (D.0.3)
En effet, le fait que le résultat soit précisément ai , c’est-à-dire le message original d’Alice,
est un résultat de théorie des nombres.
167
168
En résumé, sont envoyés sur voie publique, non sécurisée, les nombres N , d et b. Les
avantages par rapport au code one-time Pad sont :
• Il n’est point besoin de distribuer une clé secrète par un canal supposé sécurisé. La clé
publique peut être utilisée par quiconque veut communiquer avec Bob, lequel possède
seul la clé sécrète.
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ANNEXE E
THÉORIE DE L’INFORMATION CLASSIQUE
Claude Shannon a apporté en 1948 les solutions aux deux problèmes qui sont au cœur de la
théorie de l’information classique :
1. De quel ordre peut être comprimé un message ou quelle est la redondance d’une infor-
mation ?
2. A quel taux peut-on communiquer de manière sûre au travers d’un canal bruité ou quelle
redondance doit être incorporée à un message pour le protéger contre les erreurs ?
x1 , x2 , . . . , xk (E.1.1)
où l’on suppose que les lettres du message sont statistiquement indépendantes et que la prob-
abilité d’avoir dans le message la lettre xi est donnée par Pi avec ki=1 Pi = 1.
P
Considérons la cas simple d’un alphabet binaire, {0, 1} par exemple, où 0 a lieu avec la
probabilité 1 − p et 1 avec p (0 ≤ p ≤ 1). Soit un long message composé de n lettres, n 1.
Est-il alors possible de compresser le message en une chaîne de lettres plus courte transmettant
essentiellement la même information ?
169
E.1. ENTROPIE DE SHANNON 170
Pour n très grand, la loi des nombres nous dit que les chaînes typiques contiendront, pour le
cas binaire, environ n(1−p) 0 et np 1. Le nombre de chaînes distinctes de cette forme est donné
n
par le coefficient binomial np , et en utilisant l’approximation de Stirling log n! = n log n − n,
on trouve
! !
n n!
log = log
np (np)![n(1 − p)]!
(E.1.2)
' n log n − n − (np log np − np) − [n(1 − p) log n(1 − p) − n(1 − p)]
= nH(p)
avec
H(p) = −p log p − (1 − p) log(1 − p), (E.1.3)
l’entropie. Ainsi, le nombre de chaînes typiques de lettres est de l’ordre de 2nH(p) .
Pour transmettre essentiellement toute information contenue dans une chaîne de n bits, il
suffit de choisir un code (block code) qui assigne un index (un entier positif, une lettre,. . . )
à chacune des chaînes typiques. Ce code a donc environ 2nH(p) index équiprobables, ce qui
signifie que chacun d’eux (chacune des chaînes typiques) peut être spécifiés en utilisant une
chaîne binaire d’une longueur de
est l’entropie de Shannon de l’ensemble X = {xi , Pi }i∈N . A noter que 0 ≤ H(X) ≤ log k
bits.
De même, en adoptant un code qui assigne une chaîne binaire aux séquences typiques,
l’information d’une chaîne de n lettres peut être compressé d’un facteur H(X) bits (logarithme
base 2). Dans ce sens, une lettre xi choisie dans l’ensemble porte en moyenne H(X) bits
d’information. Il est également possible d’exprimer la compression H(X) en nats (logarithme
base n), c’est-à-dire en utilisant non plus une chaîne binaire pour spécifier les chaînes typiques,
mais un alphabet composé de n lettres. Ce qui justifie la formulation du théorème E.0.1.
Il est important de souligner que l’entropie H(X)) renseigne sur le gain d’information
acquis une fois le message X reçu, et non sur la signification de l’information. Autrement,
le sens de l’information n’est pas du tout pris en compte dans cette interprétation de l’entropie.
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E.1. ENTROPIE DE SHANNON 171
Exemple E.1.1. En français, le message X=“exzwctys” a une entropie plus grande que le
message X 0 =“beaucoup”. En effet, “beaucoup” est le seul mot français commençant par les let-
tres “beauc”. Ainsi, après la réception des cinq premières lettres du mot, on connaît à coup sûr
les trois dernières. En revanche, la suite des mots composant X est complètement imprévisible,
il renferme donc un gain d’information plus grand pour le même nombre de lettres que X 0 ,
même si en français X n’a pas de sens.
Exemple E.1.3. Soit un message X composé d’une seule lettre, i.e., P1 = 1 et Pi6=1 = 0.
Alors,
H(X) = −1 log 1 = 0, (E.1.8)
et le gain d’information est nul.
ce qui donne a → 00, b → 01, c → 10, d → 11. Ainsi on a le message A suivant et son codage,
a a b a a a b c a b d
(E.1.10)
00 00 01 00 00 00 01 10 00 01 11
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E.2. INFORMATION CONDITIONNELLE 172
avec I(A : B) = I(B : A). On peut encore dire que I(A : B) est la réduction de l’entropie sur
la variable aléatoire A qu’apporte la connaissance de la variable aléatoire B.
• Si A = B, alors
P(xi |yj ) = δij → H(A|yj ) = 0, ∀j, (E.3.2a)
et
I(A : B) = H(A) − 0 = H(A). (E.3.2b)
En effet, si les deux messages sont identiques, toute l’information leur est commune.
et
I(A : B) = H(A) − H(A) = 0. (E.3.3b)
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E.4. PROBABILITÉ CONJOINTE 173
Soit P(xi ) la probabilité d’avoir la lettre xi et P(yj |xi ) la probabilité conditionnelle d’avoir
yj si xi a lieu. Alors,
P(xi , yj )
P(xi |yj ) = (E.4.2)
P(yj )
Exemple E.4.1. Soit A = {00, 01, 10, 11} un ensemble de quatre lettres équiprobables (i.e.,
une probabilité 14 pour chaque lettre) et soit B = {0, 1} un ensemble de deux lettres. On fait
l’hypothèse que B est une fonction de A et que
ce qui signifie
X
P(B = 0) = P(B = 0|x)P(x) (E.4.6a)
x∈A
1 1 1 1 1
= 1. + 1. + 0. + 0. = (E.4.6b)
4 4 4 4 2
et donc P(B = 1) = 12 . Ainsi,
4 4
1 X
−2
X 1
H(A) = − log 2 = 2 = 2, (E.4.7a)
i=1 4 i=1 4
2 2
1 X
−1
X 1
H(B) = − log 2 = 2 = 1. (E.4.7b)
i=1 2 i=1 2
2012
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E.4. PROBABILITÉ CONJOINTE 174
ou encore
P(A = 00, B = 0)
P(A = 00|B = 0) = (E.4.12a)
P(B = 0)
P(B = 0|A = 00)P(A = 00) 1. 14 1
= = 1 = . (E.4.12b)
P(B = 0) 2
2
De même, pour
1
P(A = 11|B = 0) = (E.4.13a)
2
P(A = 01|B = 0) = P(A = 10|B = 0) = 0. (E.4.13b)
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