Evolution Des Consonnes
Evolution Des Consonnes
Evolution Des Consonnes
le -m final s’amuit
c, d et n final disparaissent : nec > ni ; ad > à ; nomen > nom !!! exceptions sur les
monosyllabes : rem > rien (m > n)
t final disparaît : amat > il aime
s final marque du pluriel conservée mais plus prononcée
t et c à l’intérieur d’un mot s’affaiblissent et disparaissent : rotam > roue ; securum
> (seür) > sûr
idem pour g intervocalique devant o et u : augustum > août
b intervocalique > v : habere > avoir
p intervocalique > b qui passe à v : ripam > rive
Cas particulier de c : - c se conserve devant o et u : corpus > corps - c devant e et i
se palatalise (dégage un son yod (y)) puis passe à ky, ty, tsy puis ts > s pronocé
comme dans son (c étymologique conservé dans l’écriture mais prononciation s) :
centum > cent ; mercedem > merci - devant a, la palatalisation du c latin => ty, puis
tch qui devient ch (ex. caballum > cheval ; capra > chèvre)
u latin qui joue le rôle de consonne se change en v (ex. vinum > vin)
disparition de voyelles => constitution de groupes de consonnes (ex. : debita >
*debta > dette)
disparition d’un s devant consonne > allongement de la voyelle précédente
(tempestatem > tempête / tempest (angl.)
mots commençant par s + consonne => prothèse vocalique (pron d’un phonème e
en tête de mot) Ex. : schola > école ; stella > étoile ; strangulare > étrangler ; sponsa
(« promise » en mariage) >épouse ; sternuere > éternuer
• les genres et cas voient une réduction progressive aux seuls nominatif et
accusatif (alors qu'il y en a six en latin classique), la déclinaison du neutre est
ramenée à celle du masculin, et des déclinaisons irrégulières s’alignent sur les
déclinaisons régulières.
Le latin vulgaire (ou latin populaire) voit l'apparition des formes analytiques verbales
avec un futur de type venire habeo (vénire áio, d'où « je viendrai » en français,
vindré en catalan ou vendré en castillan), les formes passives de type amatus sum a
valeur de présent (alors qu'en latin classique amatus sum a valeur de passé), et le
passé de type habeo panem manducatum (áio pane manducatu, « j'ai du pain
mangé », d'où le sens « j’ai mangé du pain »). Disparaissent le supin, le participe
futur (morituri te salutant ne peut être traduit que par une périphrase en français
moderne), et les infinitifs futur et parfait (amaturum esse et amavisse peuvent
difficilement se traduire en français moderne). Les temps du passé du subjonctif se
confondent et se réduisent.
Les prépositions adoptent aussi des formes analytiques telles que in hac hora (d'où le
français « encore », le catalan encara ou l'italien ancora). Les adverbes adoptent la
forme en -mente (bonamente, d'où « bonnement »).
L'ordre des mots tend à se fixer. Cela est dû à la réduction des cas aux seuls
nominatif et accusatif. En outre, au niveau phonétique, le « m » final, significatif de
l'accusatif, disparaît dans la langue parlée (rosam prononcé [rosa, roza] se confond
avec le nominatif rosa). Les prépositions, du coup, progressent : ad pour marquer le
datif ou l'accusatif (eo ad Roma(m) < eo Romam), de pour marquer le génitif.
L'adjectif, l'épithète et le génitif se placent après le substantif (le nom commun). Le
verbe prend une position médiane dans la phrase (et non finale, comme en latin
classique).
Lors de la mise en place du pouvoir romain, La Gaule était peuplée d'une multitude
de tribus celtes et belges qui, pour la plupart, parlaient le gaulois (ou, plutôt, de
nombreuses variantes sans doute mutuellement intelligibles car ayant un fond
commun important). Après la conquête du pays en 51 av. J.-C., et au cours des
siècles suivants, la langue des Romains (le latin vulgaire) fut peu à peu adoptée par
tous, mais le bilinguisme dut être une réalité jusqu'à la fin IVe siècle2.
La langue gauloise est mal connue car peu d'inscriptions ont été retrouvées.
Les migrations des germains à partir du Bas Empire provoquent en partie la chute de
l'Empire romain en 476 et marquent traditionnellement la fin des évolutions
phonétiques communes à l'ensemble de la Romania. En Gaule du Nord, la langue
gallo-romane et le germanique cohabitent dès le IIIe jusqu'au Xe siècle à l'écart des
zones frontalières avec les dialectes germaniques, et le colinguisme devient la règle.
Même s'il n'a pas pu prévaloir, le francique influe dès lors sur la langue romane ; il
resterait en français moderne moins de 1000 mots de cette origine, et cette langue
aurait modifié le protofrançais dans sa prononciation et légèrement dans sa syntaxe.
Les Francs des premiers siècles parlaient davantage des dialectes bas-allemand tandis
que les Francs de l'époque de Charlemagne parlaient des dialectes plutôt haut-
allemands comme le montrent les Serments de Strasbourg.7.
C'est cette influence germanique qui distingue la langue d'oïl de la langue d'oc. Le
picard, le wallon et le normand septentrional sont les langues néo-latines les plus
germanisées, alors que le français officiel tend à se rapprocher du latin sous l'action
des clercs et des érudits dès la fin du Moyen Âge et surtout à la Renaissance avec
l'emprunt de nombreux termes au latin classique , mais aussi au latin populaire par
l'intermédiaire de la langue italienne. Au niveau graphique par exemple, le français
moderne a cherché à éliminer les lettres k et w, jugées trop germaniques, alors que
ces lettres furent employées couramment en ancien français (Voir La Chanson de
Roland dans son texte original). Parallèlement aux emprunts au latin, les mots
d'origine germanique tendent à devenir moins nombreux : « sûr »/« sûre » (au sens
d'amer/amère, cousin de l'allemand sauer), « maint »/« mainte » (< *manigipô- cf.
néerlandais menigte, foule, grand nombre; anglais many), guet (du francique waht-),
« heurt » (prob. francique *hûrt, d'après norrois hrutr), etc. Cependant, certains mots
d'origine germanique ont pénétré le français par le biais des langues modernes que
sont l'anglais, le néerlandais et l'allemand : « boulevard » (du vieux néerlandais
bolwerk), « échoppe » (du néerlandais, voir aussi l'anglais shop), « nord »/« sud » (du
vieil anglais), « bâbord »/« tribord » (du néerlandais bakboord).
C'est le bilinguisme dans l'armée qui explique pourquoi les Serments de Strasbourg
de 842 furent écrits en romana lingua et en teudisca lingua (teudisca, on rencontre
aussi thiotisca et theodisca, même racine que le deutsch allemand, et l'ancien français
« thiois » et l'italien tedesco > « tudesque » (XVIIIe siècle); les alternances t/th et
eu/eo/io reflètent des tentatives diverses de transcrire des sons absents de l'alphabet
latin). Hormis les glosses de Reichenau (VIIIe siècle) et de Kassel, on estime
généralement que les Serments de Strasbourg sont le premier texte écrit en
protofrançais (ou romana lingua ou encore roman). Cette romana lingua ne
ressemble pas beaucoup au français moderne, mais elle en est l'ancêtre. La première
mention de l'existence d'une langue romane ne date que de 813, lors du concile de
Tours, réuni à l'initiative de Charlemagne, qui impose désormais de prononcer les
homélies dans les langues vulgaires au lieu du latin — rusticam Romanam linguam
aut Theodiscam, quo facilius cuncti possint intellegere quae dicuntur, c’est-à-dire
dans la « langue rustique romaine » (« langue romane de la campagne », forme de
protofrançais nommée roman ou gallo-roman (pour la France) ou dans la « langue
tudesque » (tiesche langue en ancien français) pour l'Allemagne — afin que tous
puissent plus facilement comprendre ce qui est dit. C'est en effet à cette époque qu'en
France on prend conscience qu'on parle une langue différente du latin, probablement
parce que, de toutes les langues romanes, elle en est la plus éloignée. Il faut attendre
entre 880 et 881 pour le premier texte littéraire, la Séquence de sainte Eulalie, encore
qu'on puisse considérer que la langue de ce texte est plus du picard que du français
lui-même[réf. nécessaire].
Le « h » aspiré, disparu du latin tardif, tout comme dans la plupart des langues
romanes réapparaît. La période romane avait introduit la prononciation d'un [h] dit
«aspiré» dans des mots d'origine francique comme hache, haine, haïr, halles,
harnais, hêtre, héron, etc. Cette prononciation du [h] s'est atténuée au cours de
l'ancien français, qui finira par ne plus écrire le <h> initial dans la graphie. Par
exemple, le mot homme du français moderne s'écrivait ome (du latin hominem) en
ancien français. Le < h > graphique a été réintroduit dans les siècles suivants soit par
souci étymologique (p. ex. ome < lat. hominem > homme, alors que « on » issu de l'
étymon homo, ne prend pas de < h >) soit pour interdire la liaison et noter le hiatus
(p. ex. harnais, hutte, etc.) ou encore pour empêcher la confusion du u (écrit jadis v)
avec un v a l'initiale de mots comme huile, huis, huit…
La consonne [w], disparue du latin vulgaire, apparait dans les mots d'origine
francique et se mue [gw], pour aboutir à [g] en français moderne (et dans les autres
langues romanes) : guerre, gâcher, garder, gaulois/Gaule, alors que les dialectes du
nord des pays de langue d'oïl (normanno-picard, wallon, champenois, bas-lorrain,
bourguignon..), l'allemand et l'anglais conservent le [w] : allemand Ver-wirr-ung
"désordre, trouble" < moyen haut allemand werre, waschen "laver", warten
"attendre, garder", welsch "français (péjoratif)"; anglais wash "laver", ward "pupille,
salle d'hôpital", welsh "gallois". À noter que certains termes d'origine latine avec [v]
initial sont passés à [w] sous l'influence de mots germaniques analogues
(contrairement aux autres langues romanes en général) : goupil, guêpe, guiche, gué,
gui, gaine...
La syntaxe voit la présence systématique d'un pronom sujet devant le verbe, comme
dans les langues germaniques : « je vois », « tu vois », « il voit », alors que le
pronom sujet est facultatif - fonction du paramètre pro-drop - dans les autres langues
romanes (comme dans veo, ves, ve). Le pronom « on » (de (h)om/homme), propre au
français, pourrait lui aussi être un calque du germanique (voir allemand mann/man,
néerlandais man/men, danois mand/man). L'inversion « sujet/verbe > verbe/sujet »
pour former les interrogations, se rencontre dans les langues germaniques mais pas
dans les langues romanes, sauf en français. L'adjectif placé devant le substantif est
propre aux langues germaniques, il est plus fréquent en français que dans les autres
langues romanes et parfois obligatoire (« belle femme », « vieil homme », « grande
table », « petite table »); quand il est facultatif c'est que le sens n'est pas le même :
« homme grand »/« grand homme », « certaine chose »/« chose certaine ». En wallon
l'ordre « adjectif + nom » est systématique.
Possiblement l'usage du verbe « avoir » comme verbe modal pour former des temps
du passé (« j'ai fait », « j'ai dit »); cet usage est commun à toutes les langues
germaniques, qu'on retrouve aussi en catalan, castillan et italien où il y a des
superstrats germaniques. Cet usage du verbe « avoir » n'existait pas en latin
classique. Possiblement, en ancien français, la conservation d'un suffixe nominatif
sujet (un -s étymologiquement issu du latin dans li mur-s "le mur", li fil-s "le fils")
absent du latin vulgaire et des autres langues romanes.
Graphie
Aussi, les minuscules de l'alphabet dit latin sont en fait la variante nord-européenne /
germanique de l'alphabet des Romains. L'alphabet que les Romains utilisaient n'avait
pas de minuscules, et correspondait aux seules majuscules (A, B, C…). Charlemagne
unifia l'écriture de l'Europe du Nord et celle du Sud en combinant les deux (le Sud
n'utilisait encore que l'alphabet romain), d'où le double alphabet
majuscules/minuscules. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on appelle parfois les
minuscules l'« écriture caroline » [carol-, de Carol(us Magnus) "Charlemagne"]. Le
Nord germanique a toujours su créer de nouvelles lettres (w, j, Þ, ð, ø; il y a aussi le
k peu présent en latin mais répandu dans le Nord et en ancien français), alors que le
sud a toujours été plus conservateur et préfère l'ajout d'accents à des lettres existantes
(ç, é, è, à, ñ, ô, ã, etc.) ou la combinaisons de lettres pour transcrire un seul son
(« ch », « ph », il y a aussi les combinaisons françaises « eu », « ou » (digrammes),
ou encore « qu » là où « k » pourrait être utilisé).