Sechage Qualite Spiruline
Sechage Qualite Spiruline
Sechage Qualite Spiruline
&
UTILISATION DE CAPTEURS SOLAIRES
-2-
Introduction :
Le thème porte sur l’étude du séchoir solaire et en particulier pour le séchage de la spiruline.
Un séchage de qualité est indispensable pour une bonne conservation de la spiruline. En effet, cette
cyanobactérie ne possède pas de mécanisme de protection une fois sortie de son milieu de culture.
Nous rencontrons également des phénomènes d’insolubilité et de dégradations liés aux traitements
thermiques agressifs.
Parmi les modes de conservation imaginables, nous évoquerons la congélation, la stérilisation en conserve,
la saumure, l’enfumage, les rayonnements et enfin le séchage.
Le séchage, en particulier solaire, est le mode de conservation le plus accessible aux populations des zones
de croissance naturelle de la spiruline.
-3-
A- Dégradations des aliments après récolte
La spiruline après la récolte est un aliment très vulnérable, et elle se dégrade très rapidement du fait
de :
- la détérioration microbiologique, par les bactéries
- la détérioration auto lytique, par les enzymes
- l’oxydation de la graisse
1 - Les bactéries
Les bactéries sont des micro-organismes unicellulaires invisibles à l’œil nu qui décomposent les
déchets et les corps des organismes morts. Certaines provoquent de graves maladies. Dans des conditions
microbiologiques favorables, la détérioration démarre vite dans les produits frais et non acides ou basiques,
d’autant plus vite que beaucoup de cellules ont été dégradées avant le séchage. Elles se multiplient par
10 000 en 7 heures à 35°C
Elles se développent mieux à un pH entre 4,5 et 8,5-9. La température idéale est entre 7 et 55°C . Les
températures limites de croissance sont -10 et 70C. Le chauffage prolongé les détruit sauf pour les spores.
La contamination provient de matériel mal lavé, de poussière, de personne… Le temps écoulé entre la
contamination d’un produit et son traitement joue un rôle très important.
Observez les règles d’hygiène pratiquées dans l’agro-alimentaire. Lavez-vous soigneusement les
mains à l’eau chaude et au savon après avoir fait un travail sale et avant de toucher les aliments. Changez
souvent les torchons et lavez régulièrement vos vêtements. Posez le produit sur des surfaces lisses
facilement lavables (par exemple acier inoxydable, carreaux, pierre). Tenez propres les endroits de
stockage en les lavant régulièrement avec une solution de carbonate de sodium (soude ménagère). Lavez
régulièrement les instruments utilisés. Couvrez bien les aliments. Ne gardez jamais de restes à la
température ambiante. Utilisez de l’eau propre. Au besoin, faites-la bouillir
2 - Les enzymes
Les enzymes sont des protéines qui contribuent à des réactions biologiques, notamment la conversion
de certaines substances organiques en d’autres. Après la mort des cyanobactéries, les enzymes qu’elles
contiennent sont toujours vivants et ils se mettent à décomposer ses composants en unités plus petites, ce qui
altère l’odeur, le goût et la texture. Un traitement thermique
(P.ex. la pasteurisation) permet l’inactivation des enzymes.
-4-
3 - Oxydation des lipides
Des réactions peuvent avoir lieu entre la graisse et l’oxygène de l’air. Une longue exposition à l’air,
par exemple lors du séchage et du fumage, donne aux produits gras une odeur et un goût rances.
Une expérience ayant été réalisé sur la spiruline pour mesurer le degré d’oxydation des lipides de la spiruline
lors du séchage a montré que ce phénomène d’oxydation est très faible. (Duarte J. indice de TBA e avaliaçao
da cor da Spirulina desidratada em camada delgada)
Il faut utiliser une ou plusieurs techniques de conservation pour pouvoir stocker la spiruline récoltée
et lui garder ses qualités.
La diminution de l’activité de l’eau est la technique habituellement utilisée pour la spiruline. Quand
on abaisse la teneur en eau, il ne reste dans la spiruline que de l’eau qui est fortement liée au niveau
moléculaire et plus rien n’est accessible pour les bactéries, les levures, les moisissures ou même les réactions
enzymatiques.
Cependant à ces niveaux de déshydratation, l’eau peut être de nouveau fixée à partir de l’air en
fonction de son niveau d’humidité relative (équilibre avec l’air).
-5-
Cette relation entre l’humidité d’équilibre d’un produit
et l’humidité de l’air, est mesurée et reportée sur des courbes
appelées courbes de sorption, qui sont fonction de la
température.
Parmi les techniques usuelles de conservation des aliments nous pourrions envisager la congélation,
la stérilisation en conserve, la saumure ou le séchage. Traditionnellement la spiruline est séchée au Tchad et
elle est salée sous forme de fromage au Mexique.
Pour les artisans, les techniques les plus accessibles sont le séchage, la conservation chimique et le
traitement thermique (pasteurisation).
Nous allons décrire les procédés de séchage facilement accessible dans le but :
- de comprendre les points importants à vérifier pour obtenir un séchage de qualité
- de savoir comment dimensionner un séchoir solaire en fonction de la taille de la culture
- de savoir quelles sont les possibilités d’amélioration du séchoir
Ensuite nous verrons comment évaluer la qualité de l’aliment traité, car tous les traitements de
conservation vont détériorer plus ou moins l’aliment. L’absence de traitement permet de conserver
l’ensemble des enzymes du totum spiruline, mais les aliments réfrigérés ou glacés sont réserver à quelques
magasins ou clients situés à proximité de l’exploitation.
L’addition de sel ou de sucre permet d’arrêter le développement des microorganismes (p.ex. le salage
de la viande et du poisson). L’eau sort de la cellule vers le milieu pour équilibrer la pression osmotique,
diminuant l’activité de l’eau. Les dégradations enzymatiques et autres deviennent plus difficiles.
-6-
On peut utiliser des sels ou des
sucres. Le sucre reste dans l’espace
extracellulaire alors que les sels peuvent
pénétrer dans les cellules (faible poids
moléculaire), réduisant le gradient de la
pression osmotique et augmente le gain en
sels.
Pour connaitre la pression osmotique optimale pour la spiruline, il faudrait observer à quelle dose de soluté,
les cellules commencent à éclater.
Les aliments uniquement traités par des bains ne sont pas encore assez stables pour se conserver et il
faut quand même les sécher (poissons, dattes, viandes). Cette technique contribue néanmoins à diminuer le
temps nécessaire pour obtenir l’arrêt des dégradations.
b) Le séchage
C’est la méthode la plus accessible aux populations, surtout lorsque l’on utilise le soleil comme
source d’énergie. Elle permet en outre :
- des économies importantes de logistique lors de la diffusion ou commercialisation de la spiruline (volume
à emballer et masse à transporter),
- l’amélioration de la qualité sanitaire des récoltes douteuses par une pasteurisation partielle si la
température monte assez haut (63°C -30mn).
La vaporisation d’un liquide se produit lorsque sa température est telle que la pression de vapeur P de
l’eau de ce liquide est égale à la pression totale ambiante P t : P=Pt
Plus faible sera la pression ambiante (vide), plus basse sera la température d’ébullition de l’eau.
L’eau boue normalement autour de 100°C, alors que sous un vide poussée elle pourra bouillir en dessous de
20°C. (Processus utilisé dans la lyophilisation)
Lorsqu’un corps humide est placé dans un courant d’air suffisamment chaud et sec, il s’établit
spontanément entre ce corps et l’air:
- un transfert de chaleur de l’air vers le produit, sous l’effet de l’écart de température.
- un transfert d’eau du produit vers l’air, du fait de l’écart de pression de vapeur.
-7-
L’air sert donc à la fois de fluide chauffant et de vecteur pour l’eau enlevée :
Il entre sec et chaud dans le séchoir, il en
ressort humide et moins chaud. Air entrant
T=80°C
Pression de vapeur d’eau
On remarque que la température de
= 4000 PA
surface du produit est très inférieure à Air sortant
T=60°C
100°C, ce type de séchage est plus Pression de vapeur d’eau
= 6000 PA
efficace que le séchage par ébullition. Air au contact de la spiruline
T=29°C
Pression de vapeur d’eau = 9000 PA
Le cout énergétique du séchage peut
encore être diminué par récupération de la Spiruline
chaleur de l’air de sortie du séchoir. x
On peut définir facilement la fin du séchage, quand la température de l’air sortant du séchoir devient presque
égale à la température de l’air entrant dans le
séchoir
2) Phases du séchage
-8-
- phase de séchage rapide de 60mn, où la température de surface de la spiruline monte lentement
- phase de séchage lent de 60 à 160mn ou la température du produit tend vers la température de l’air de
séchage. (Oliveira thèse 2006, 60°C-4kg/m²)
De même si le produit est stocké quelques heures dans un air humide sans emballage (ou emballage
non imperméable à la vapeur d’eau), il se ré-humidifiera rapidement.
On peut noter sur la courbe ci contre qu’à 50°C, la teneur à l’équilibre ne passe pas en dessous de
10%, quelque soit l’humidité relative de l’air du séchoir, alors qu’à 60°C on obtient des taux inférieurs à
10% dès une HR de 40%.
Il nous semble important de différencier le temps passé dans le séchoir avec la qualité du séchage. Si
le couple température/humidité relative est insuffisant en fin de séchage, la spiruline n’arrivera pas à une
teneur en humidité de 7%, quelque soit le temps passer dans le séchoir.
-9-
4) Facteurs influençant la qualité de séchage
Hors la durée du séchage, c’est aussi la durée où la spiruline sera soumise aux dégradations des enzymes,
des bactéries,…
- 10 -
Pouvoir évaporatoire de l’air en fonction de sa température et de son humidité :
La teneur en eau à l’équilibre de la spiruline est fonction de l’humidité relative de l’air de séchage.
Les études de Oliveira (2006) ont permis de vérifier la correspondance entre la courbe de désorption
de la spiruline et le modèle mathématique GAB de Van den Berg (1984), entre 10% et 90% d’humidité
relative.
On a une équation pour chaque température de l’air :
Xeq= ( Xm* Cg * k * HR ) / ( 1-k*HR)(1-k*HR + Cg*k*HR)
(Xeq : Teneur en eau à l’équilibre HR : Humidité relative de l’air)
- 11 -
Pour 50°C : Xeq= 11,54 HR / (1-0.87HR)x(105,08HR)
a) La vitesse de l’air
La vitesse de l’air influence positivement en début de séchage, quand l’eau libre est encore
importante. Cependant un séchage trop rapide peut engendrer la formation d’une croute sèche autour du
produit, qui va au final ralentir le séchage du cœur du produit.
Les vitesses relevées dans différentes expérimentations sont :
1,5 m/s (Elizangela oliveira, 2006, séchage de la spiruline)
0,15 m/s (Demorieux, 2004 séchage de la spiruline)
1 m/s (Touati, 2005, séchage de feuille de menthe)
2m/s (A.K. Aboubakar Dandjouma 2005 séchage de la tomate)
2,5m/s (Kuitche, 2005 séchage de oignons 45°C et 52°C)
Il faut doser la quantité des produits à sécher en fonction des capacités de séchage du flux d’air qui
traverse le séchoir.
On peut différencier les systèmes d’alimentation en air naturels et les systèmes mécaniques.
Le débit d’air provient de la différence de pression d’air entre l’air chaud généré dans le séchoir et l’air
ambiant. Le débit obtenu est assez faible et la régulation de la température de l’air se fait en ouvrant plus ou
moins les entrées d’air.
- 12 -
En l’absence de soleil, les capteurs refroidissent et le débit d’air et la capacité de séchage deviennent
nuls.
Un moyen de pallier aux variations
rapides consiste à stocker en partie
l’énergie captée dans des matériaux
denses (eau, pierre,…). La quantité de
matériaux à utiliser dépendra de
l’importance des épisodes nuageux. Il
faudra aussi sur-dimensionner les
capteurs pour prendre en compte les
besoins de stockage.
- 13 -
c) Caractéristiques du produit à sécher
Forme du produit :
Le séchage d’un produit comprend le transfert d’eau du centre du produit vers sa surface, puis de la surface
vers l’air. Pour que ces transferts se fassent correctement, il faudra :
-que la surface de contact avec l’air soit la plus
grande possible,
-que la distance entre le cœur du produit et sa
surface soit la plus faible possible (épaisseur
du produit)
Les meilleures formes semblent être les
flocons, puis les spaghettis ou les tagliatelles
(Demorieux, 2004, séchage de la spiruline)
La conception du séchoir doit obtenir une bonne répartition des flux d’air chaud et sec sur les différentes
claies. La charge maximale des claies doit être testée pour chaque séchoir (voir protocole)
- 14 -
C- Etude des capteurs solaires
Le système habituel :
- une plaque de couverture transparente qui fasse effet de serre. Elle laisse passer le rayonnement visible et
l’infrarouge proche et elle bloque le rayonnement dans l’infrarouge lointain (énergie réémise par
l’absorbeur chaud
- une lame d’air circulante, qui va véhiculer la chaleur,
- une plaque métallique absorbant l’énergie solaire, peinte en noir ou qui a reçu un traitement sélectif de
surface pour piéger les photons (oxyde de nickel, chrome ou titane),
- un isolant pour éviter les déperditions de chaleur par le fond du capteur
- 15 -
Le rendement théorique d’un capteur varie entre 20% et 55% suivant la température souhaitée en
sortie du capteur, il dépend de :
- la qualité captation et rétention des rayons du soleil (pertes de 20 à 30%)
- des pertes de chaleurs du capteur. Elles seront d’autant plus importantes que l’on veut travailler à
température élevée.
- de la présence de chicanes qui vont augmenter le trajet et les turbulences entre l’air et l’absorbeur
Des études sur la forme des surfaces absorbantes ont permis d’améliorer l’efficacité des capteurs à
air:
- l’augmentation des surfaces d’échange par des rebords, un double passage de l’air (au dessous puis
au dessus des absorbeurs)
- 16 -
- l’insertion d’obstacles qui introduisent des turbulences ou l’insertion de chicanes qui allongent le
parcours de l’air sur la surface absorbante (séchage de la figue)
jan fév mars avr mai juin juil août sep oct nov déc année
Déclinaison (°) -21 -12 -2.4 9.6 18.8 23.4 21.2 13.2 1.8 -10 -19 -23 0.0
Insolation (h) 4.87 5.5 6.67 8.59 9.56 10.93 12.32 10.54 8.31 7.18 5.2 5.03 7.73
IGH (kWh/m²) 1.86 2.92 4.08 5.47 6.28 7.44 8.03 6.5 5.11 3.25 2.22 1.64 4.57
T air moy (°C) 9.4 10 11.7 13.3 17.2 20.6 23.9 23.9 21.1 17.2 12.8 10.6 16
- 17 -
Données de Anapolis –Brésil en aout et décembre
HR HR Temp. Temp.
HR Temp. Med. Radiação Solar
Dia Precip. Prec.Acum. (Min) (Moy) Max. ºC Min. ºC
(Max) % ºC de l’air Diaria MJ/m²
% % Jour Jour
1/8 0.00 0.00 48.0 23.0 33.7 30.5 20.1 24.92 16.2
3/8 0.00 0.00 63.0 29.0 42.5 31.0 20.9 25.72 13.1
5/12 23.50 29.00 100.0 75.0 100 26.0 18.5 20.4 10.2
6/12 0.75 29.75 100.0 69.0 92.2 27.0 18.0 20.8 17.3
Il serait intéressant de savoir évaluer la capacité d’un séchoir, cependant elle dépend à la fois :
- Des caractéristiques de l’air ambiant (température et humidité relative) qui sont variables d’une
heure à l’autre au cours de la journée et d’une saison à l’autre,
- Des caractéristiques du produit à sécher, qui varient au cours du séchage en fonction de la
température et de la teneur en humidité de la spiruline.
En terme d’énergie, pour vaporiser un kilo d’eau libre il faut une énergie de 2250 kJ et pour vaporiser
un kilo d’eau dans un aliment il faut en moyenne 3500 kJ/ kg d’eau.
Prenons le cas de la récolte d’un bassin de 600m² (10g/m²/j), produisant 30 kg de biomasse pressée
dont 23kg d’eau à évaporer. Soit 23kg x 3500kJ = 80500 kJ (23 kWh) à apporter pendant le nombre
d’heures de séchage recherché (4 heures). Hors une journée ensoleillée de mai à Hyères apporte environ
6,33 kWh /m² de capteur, dont 50% (3kWh) sont apportés au moment où nous souhaitons sécher. Si le
rendement de l’installation est correcte (60%), c’est environ 2 kWh/m² qui arrivent au séchoir, ce qui signifie
qu’une surface de capteur de 11,5m² peut être envisageable. Si nous disposons des données d’ensoleillement
et des périodes de production, on peut affiner cette évaluation en prenant les jours critiques.
Lors de la première année de séchage, il faudra vérifier les températures atteintes dans le séchoir et
définir le nombre de ventilateurs nécessaires pour que les températures ne dépassent jamais les 60°C.
Ces données sont théoriques et sont à nuancer en fonction de l’humidité relative de l’air ambiant. En
effet, en condition équatoriale, avec un air qui est saturé en humidité à 30°C, il sera très difficile d’obtenir un
séchage correct.
- 18 -
D- Evolution nutritionnelle des aliments au cours du séchage
C’est un processus complexe qui induit des changements de forme de ces molécules
tridimensionnelles. Les déformations peuvent être réversibles ou irréversibles et ses effets sont
variés comme la perte d’activité biologique, l’augmentation du risque de dégradation chimique (exposition
des liaisons peptidiques moins stables), des modifications de la solubilité ou du pouvoir de rétention d’eau
ou de la viscosité des solutions.
Elle n’affecte pas seulement la forme mais la composition des protéines. Elle aboutit par conséquent
à la formation d’autres produits, parfois indésirables.
Beaucoup d’études ont été menées dans le cas du lait. La sensibilité thermique de chaque constituant
protéique a été précisée (Larson et Rolleri, 1955). De nombreux facteurs physiques et chimiques (pH,
concentration, addition de sels ionisés, de cystéines,…) influencent la stabilité thermiques des protéines
solubles (Nielsen et al, 1973 ; Townend et Gyuriseck 1974). Dans le cas du lait, la dénaturation des
protéines solubles se produit essentiellement entre 65°C et 80°C (Larson et Rolleri, 1955).
- 19 -
3) la perte d’aromes et de couleur
L’étude du noircissement des feuilles de certaines plantes pendant le séchage a révélé que la couleur
verte est maintenue à condition que le séchage s’effectue à une température inférieure ou égale à 55°C (B.-
B ; Odile, 1991 p31 thèse)
- 20 -
Pour choisir, il faudrait être capable de mesurer la dégradation des qualités nutritionnelles, surtout
des protéines. Ces mesures sont nombreuses et difficiles à interpréter au niveau nutritionnel, car il y a de
nombreuses protéines ayant chacune une réaction différente au chauffage qui va faire varier plus ou moins
ses propriétés fonctionnelles.
Toutes les études menées ont montré qu’un traitement thermique doux augmente la digestibilité des
protéines alors qu’un traitement à plus haute température les insolubilise.
Nous allons examiner les différentes études qui ont été réalisées pour déterminer quelles conclusions en tirer
et quel protocole serait le plus intéressant à suivre pour mener des études au CFPPA
Indice = rapport des protéines solubles par rapport aux protéines totales.
La majorité des protéines sont solubles dans l’eau dans la spiruline fraiche.
La solubilité tend à augmenter par chauffage jusqu’à 40°C -50°C puis, au dessus de ces températures, elle
diminue au fur et à mesure de la dénaturation des protéines (Sgarbieri, 1996).
La spiruline fraiche a une solubilité protéique de 25%.
Après le passage dans un séchoir à lit fluidisé à 70°C elle varie de 26% à 37%. (Elisangela Oliveira, 2006).
Dans cette étude, une mesure de la digestibilité in vitro de la spiruline a aussi été faite. La spiruline fraiche
ayant un digestibilité in vitro de 47%, alors que les spirulines séchées ont une digestibilité moitié moindre
(de 19 à 21%).
On ajoute 2,5g de spiruline sèche à 50ml de solution d’acide chlorhydrique 0,1N. On agite pendant 15mn
puis on centrifuge à 3500 rpm pendant 15mn. On filtre le contenu des tubes et on détermine la quantité de
protéine du surnageant par la méthode micro Kjeldhal avec un facteur de conversion de 6,25.
On note que la solubilité est significativement différente suivant la charge mise à sécher, puis suivant la
température
- 21 -
c) La mesure des protéines totales et des sucres totaux (H. Desmorieux, 2004)
L’extraction des protéines est faite sur de la spiruline lavée et cassée par ultrason. Le contenu est déterminé
par l’utilisation de l’acide bicinchoninique (BCA). Les quantités sont mesurées par comparaison avec la
BSA (serum-albumine bovine) qui sert de standard au spectrophotomètre à 562nm,
Concentration en protéine en fonction de la température de séchage
température Masse fraiche 40°C 60°C 70°C
% de protéine 100% (témoin) 90% 88% 84%
séchage en étuve
% de protéine
séchage par 100% 75% 80%
convection
Les résultats obtenus montrent des pertes de 10% à 20%, avec une faible corrélation entre le taux de perte et
la température (il augmente pour le séchage à l’étuve mais il baisse pour le séchage par convection) et une
corrélation plus importante avec le système de séchage (étuve, convection, radiation infrarouge, spray dryer,
lyophilisation)
La variabilité est importante entre les expériences de séchage pour le même protocole de séchage (variations
de ± 10%).
- 22 -
Mesure des sucres totaux (H. Desmorieux, 2004)
d) Test modifié de fixation du rouge de crésol (test de cuisson du soja, Zelter, 1971)
Le rouge de crésol a été utilisé comme test empirique pour évaluer la sur-cuisson des tourteaux de soja et
éviter la baisse de digestibilité de leur protéine pour l’alimentation animale. Dans cette étude, la solubilité
des protéines dans l’eau avait aussi été utilisée et son altération était faible jusqu’à un seuil de 100°C à partir
duquel elle baissait fortement.
La solubilité dans l’acide variait de manière plus régulière, de même que le test au rouge de crésol.
On met 40mg de spiruline sèche dans 10ml de tampon phosphate à 100mM. On agite jusqu’à dissolution
complète, puis on laisse la solution à 4°C pendant une nuit. On centrifuge à 3500 rpm pendant 5mn après
agitation, avant la lecture de l’absorbance à 615 nm, en utilisant le tampon phosphate comme base.
Les méthodes industrielles de séchage (spray dryer et convectifs) entrainent une perte de 50% (SARRADA
et Al, 1999).
Les mesures effectuées par Oliveira sur un séchage « artisanale » montre des pertes plus faibles
Méthode de séchage Solubilité protéique à l’eau Teneur en phycocyanine
frais 25,2 + ou - 3,7 65,1 + ou -0,1
Séchoir convectif à 60°C, 4kg/m² 37,8 + ou - 2,5 54,5 + ou -0,1
Séchoir lit fluidisé 70°C 35,1 + ou - 4,5 60,7 + ou -0,1
- 23 -
Le séchage convectif, même à 60°C, ne conduit pas à une dégradation drastique des composants de la
spiruline. Par contre, elle pourrait entrainer l’apparition d’odeur ou de goût désagréables mais cela n’a été
mesuré dans aucune étude. C’est une constatation rapportée par les exploitants et qui serait fort diminué par
le lavage de la spiruline avant son séchage, qui la rend plus « douce » au goût. Les éléments du milieu de
culture ne sont donc pas du tout neutres.
On mesure la capacité de cette enzyme d’inhiber la réduction du nitro tetrazolium par les radicaux libres
super oxydes, générés en milieu de réaction par la photo réduction de la riboflavine. Le dosage est
colorimétrique par absorbance à 560nm.
Ce type de travail n’a pas encore été fait pour la spiruline.
Méthode simple, rapide et peu couteuse qui mesure la concentration d’un ou des produits de
dégradation de l’acide aminé tryptophane.
200
Fluorescence en cps/g de protéines
Protéines solubles
180
y = 0,0057x 2 + 0,6012x + 9,7962
160 R2 = 0,9973
140
120
100
80
60
y = 0,6699x + 5,6064
40
R2 = 0,9973
20 Protéines totales
0
0 50 100 150
Temps d'incubation à 60°C
- 24 -
Les mesures réalisées permettent de conclure qu’un séchage jusqu’à 60°C est envisageable et que la
meilleure conduite d’un séchoir solaire serait :
- un séchage à 60°C en début de séchage alors que la température de la spiruline reste bien inférieure
du fait de l’évaporation de grande quantité d’eau
- un séchage à moindre température 45-50°C en milieu de séchage, en sachant que ces températures ne
permettront pas toujours d’obtenir un teneur en humidité à l’équilibre assez basse pour la spiruline.
- Une déshydratation complémentaire à « froid ».
Le séchage dans un séchoir solaire ne permet cependant pas de suivre ces règles puisqu’il démarre à basse
température pour arriver vers 14 h à son pic de température, au moment où celle-ci est le plus préjudiciable.
Pour contrer cet effet naturel, il faudrait envisager une régulation de la température au cours de la journée:
- par augmentation du débit d’air
- par modification de la surface des capteurs au cours de la journée, une partie de ceux-ci pouvant être
détourné vers d’autres tâches pour stocker l’énergie (séchage de matériaux adsorbants, chauffage de
réservoir d’eau)
La construction d’un séchoir sans régulations place l’exploitant dans la position de faire un produit
dont il ne contrôle pas la qualité (excès de température ou séchage insuffisant).
L’utilisation d’un moyen de déshydratation complémentaire pour retirer les derniers grammes d’eau,
indépendamment des conditions météo, semble indispensable pour assurer à 100% la qualité du
séchage.
Pour améliorer la capacité de séchage de l'air, on peut prévoir un dispositif de déshumidification de l'air qui
abaisse son humidité .
1) par condensation lors du passage sur une surface à température inférieure au point de rosée de l’air.
Exemples :
• passage d’un flux d’air au travers d’un puit canadien (15°C) lors des chaudes journées d’été (30°C),
• passage d’un flux d’air au travers du serpentin froid d’un déshumidificateur électrique
- 25 -
2) par adsorption sur des solides qui captent l’eau sur leur surface.
Le premier étant le plus simple à mettre en place, c’est celui que nous testerons dans cette étude.
L’argile a aussi des propriétés adsorbantes, mais elles se dégradent au fur et à mesure de son utilisation. Les
zéolithes (aluminosilicates) sont stables et assez répandues dans le monde.
- 26 -
Principe de fonctionnement d’un matériau adsorbant (tel que la zéolithe) :
Elle perd son humidité en étant chauffée dans une ambiance à point de rosée élevée (température élevée et
faible pression de vapeur d’eau).
Elle capte de l’humidité lorsque sa température baisse et dans une ambiance à faible point de rosée
(température faible et pression de vapeur élevée)
40 DESORPTION
30
20
10 Adsorbtion sous
atmosphère à bas
Point de rosée
40 60 80 100 120
Température de la zéolithe x13
Dans notre expérience, nous utilisons les zéolithes qui nous ont été aimablement fournie par la société
Somez de Montpellier, et un déshumidificateur que nous avons construit avec les moyens du bord et qui
comprend :
- une face de captation de l’énergie solaire, pour faire monter la température lors de la phase de
régénération (surface vitrée + plaque noire)
- une couche de zéolithe ayant une surface de contact importante avec l’air
- un récipient isotherme relié au caisson à zéolithe, et qui contient une plaque froide pour condenser
l’eau (tôle + glaçon)
Le caisson est placé au soleil pour se régénérer (stockage de chaleur sensible) et il peut être utilisé
lorsqu’il a refroidi à température à l’ombre et à température ambiante.
En imaginant qu’une première phase de séchage de 90 à 120 mn dans un séchoir solaire à 55°C fait passer la
spiruline de 80% à 20% d’humidité, les questions que nous souhaitons aborder sont :
- quelle quantité de produit adsorbant est nécessaire pour faire baisser l’humidité de la spiru3line de
20-30% à 7%, soit environ 230g d’eau par kilo de masse sèche ?
- jusqu’à quel point la zéolithe se régénère correctement dans notre dispositif lorsqu’il est placé au
soleil ?
- Quel est le bon dimensionnement de ce système pour une exploitation de 600m² ?
- 28 -
F- PROTOCOLE D’ETUDES
Nous avons du imaginer puis construire le matériel nécessaire à l’étude, avec des matériaux low cost ou
de récupération, soit :
- un capteur solaire à plaque de x m², placé au sud de la serre,
- un petit séchoir pour 4 claies où l’air traverse les claies du fait d’une dépression crée en sortie du
séchoir par deux ventilateurs d’ordinateur de 12 cm de diamètre
- un déshumidificateur à zéolithe, selon un schéma que nous avons imaginé à la page précédente et qui
contient environ 11 kg de zéolithe à grosse granulométrie.
Pour évaluer le capteur-séchoir, nous mesurons l’évolution de la température de l’air entrant dans le
séchoir en fonction du rayonnement solaire et de la température extérieure.
On pourra en conclure la qualité du séchage en fonction de la météo et des saisons, grâce au modèle
mathématique prévisionnel GAB pour la spiruline suivant la température atteinte.
Ainsi à 50°C : Xeq= 11,54 HR / (1-0.87HR)x(105,08HR)
On peut ensuite mesurer l’évolution du poids de matière mise à sécher au cours du temps, pour
vérifier l’influence :
- du débit d’air sur la température (un ou deux ventilateurs mis en fonction)
- 29 -
- de la quantité de spiruline mise à sécher
- de la souche mise à sécher
- de la forme de la spiruline : spaghetti, flocons, …
- des prétraitements effectués avant le séchage (salage ou addition de sucre pour faire augmenter la pression
osmotique)
souche et
bassin lonar bassin 3 Mesure des temp. et H.R. 1 2 3
Poids mis à
sécher: 78 Heure 10h15 11h12 12
Temps de séchage 0 1 1,75
spaghetti -
flocons spaghetti T°C air dans séchoir 33,4 ° 37,6 ° 40,3 °
Nb claies
utilisées: 2 HR% dans séchoir 46% 42% 39%
Nb
ventilateurs 2 T°C spirul. dans séchoir
Vitesse air
sortie 3,8 km/h Poids spiruline 129,0 g 74,0 g 62,0 g
surface sortie T°C air ext 11,4 ° 13,3 ° 14,0 °
débit Eclairement KLux 95 108 110
date 12/03/2010 HR % ext 55%
teneur en
humidité 81% 67% 60%
Le poids de la spiruline est mesuré à intervalle régulier par pesage de l’ensemble « spiruline + claie ». La
teneur en humidité est définie après passage à l’étuve de la spiruline à la sortie du séchoir (120°C pendant
une nuit)
- 30 -
2) Protocole d’étude de la zéolithe
Mesure de la capacité de régénération et d’adsorption des deux zéolithes confiées par la société SOMEZ
à 70°, 90° et 120°C.
tiroir à spiruline
On peut appliquer, à la fin du lavage de la spiruline, une pression osmotique élevée à l’extérieur de la
cellule. Cela va faire migrer l’eau de l’intérieur vers l’extérieur des cellules.
Il faut utiliser une salinité au moins supérieure à celle du milieu de culture, sinon il y aura une entrée d’eau
dans la spiruline (et une sortie de sel).
On peut utiliser un mélange de sels de potassium ou de magnésium (40 à 70g/l) ou des molécules plus
volumineuses qui ne passent pas au travers de la membrane de la cellule, comme un sirop de sucre.
1) Ensemble capteur-séchoir
La même souche de spiruline (lonar), provenant du même bassin, a été utilisée pour les deux
expériences.
Le premier séchage a débuté vers 10h et deux ventilateurs ont été utilisés avec une vitesse de l’air de 3,6 m/s
et une section de 80 cm².
Le second a commencé vers 8h avec un ventilateur branché et un ventilateur condamné.
Les conditions climatiques (éclairement et températures extérieures) étaient légèrement meilleures pour le
second séchage. Il y avait environ 10% d’éclairement en plus et 20% de température extérieure.
La température intérieure du séchoir est nettement plus élevée que la température extérieure : ainsi à midi la
température passait de 14°C à l’extérieur à 40,3°C en sortie du séchoir ou de 17°C à 50°C dans l’expérience
2.
Quelle est l’influence respective du nombre de ventilateur en service et des conditions météo dans l’atteinte
d’une température plus élevée dans l’expérience 2 ?
- 32 -
120,0
100,0
80,0
60,0
40,0
20,0
0,0
-0,40 0,60 1,60 2,60 3,60 4,60 5,60 6,60
temps de séchage
L’humidité relative à l’intérieur du séchoir était quasi identique dans les deux expériences.
- 33 -
En comparant l’allure de notre courbe avec celles obtenues par Oliveira, c’est la courbe de l’expérience 2 qui
correspond à la normale. Presque 80% de l’humidité peut être perdu au cours des deux premières heures de
séchage, les 3 à 4 heures suivantes de séchage serviront à retirer moins de 15% de la teneur en eau et
demanderont de chauffer la spiruline à plus de 50°C.
Ces résultats devront être confirmés par les mesures de paramètres d’autres expériences de séchage au cours
de l’été 2010. Pour cela, il faudrait avoir au moins 2 sondes de températures électroniques LM35 (ou plus)
reliées à un petit voltmètre et un hygromètre pour mettre dans le séchoir.
2) Zéolithe
Nous avons voulu déterminer les capacités d’adsorption des deux zéolithes en notre possession.
Nous avons ensuite testé une fois , en fin de formation, le dispositif de régénération solaire, en le plaçant de
13h à 16h.
- 34 -
45
40
35
30
Poids d'eau absorbée
25
20
15
10
0
0 5 10 15 20 25 30
Durée (en heures)
petit grain étuvé à 150°C gros grain étuvé à 150°C petit grain étuvé à 90°C - 4h gros grain étuvé à 90°C -4h
Résultats :
La zéolithe reprend un faible pourcentage d’humidité, de 2 à 4% de son poids. C’est assez décevant
lorsque l’on compare au silica gel qui récupère jusqu’à 30% de son poids à 23°C, sous une humidité relative
de 80%.
L’humidité est captée de manière régulière sur une longue période de temps : 24h
La zéolithe à grain fin mise à l’étuve à 90°C pendant 4 heures régénère seulement 50% de ses capacités.
Nous avons essayé de terminer le séchage d’une spiruline à 13% d’humidité dans une enceinte hermétique
remplie de zéolithe régénérée à l’étuve. Nous avions mis 29 grammes au départ et nous avons mesuré après
24 heures un poids de 31 grammes. Nous en concluons que la zéolithe n’est pas efficace pour adsorber
l’humidité résiduelle de la spiruline.
- 35 -
Nous avons ensuite testé le dispositif de régénération solaire de la zéolithe en mesurant le poids d’eau
condensé sur la plaque froide.
Seulement 4 g d’eau se sont condensée dans le condenseur pour 11 kg de zéolithe mise à régénérer.
Notre dispositif est donc à revoir, en prévoyant une circulation d’air entre le caisson à zéolithe et la boite de
condensation, en introduisant un second passage entre les deux caissons.
Conclusion :
La météorologie n’a pas été du tout favorable et seules quelques jours nous ont permis d’effectuer
des mesures de séchage.
- 36 -
- 37 -
ANNEXE 2
Nous avons visité les installations de séchage d’une exploitation dont nous donnons les caractéristiques ci-
dessous :
Le séchoir est une pièce de 2,5m par 3,6 m avec une hauteur de 1,9 m donc présentant une section de 5m².
- soit un capteur solaire constitué de 18m² de tôles ondulées peintes en noir et placées dans une serre
attenante.
L’air est aspiré de cette partie par un gros ventilateur et il est conduit jusqu’au séchoir par un conduit de 4m
bien isolé.
L’entrée dans le séchoir est une entrée unique de diamètre 50 cm où la vitesse de l’air atteint 1,5 m/s (10,5
nœuds). Le débit d’air dans le séchoir est donc de 1000 m3 /heure.
- soit par un chauffage au gaz dont le diamètre est de 27cm et la vitesse de l’air de 0,2m/s
La sortie du séchoir est faite à l’opposé de l’entrée
Il est mis à sécher environ 3 kg sec de spiruline, soit 15 kg de spiruline pressés contenant 12 kg d’eau à
évaporer.
Cette spiruline est répartie sur 30 claies de 54cm x 126cm, soit environ 38m² et un charge sur claie de
0,3kg/m².
- 38 -
BIBLIOGRAPHIE (Principales recherches source Internet) :
- 39 -