Les états de Synthã Se Consolidã©s
Les états de Synthã Se Consolidã©s
Les états de Synthã Se Consolidã©s
L’apparition des groupes est liée à la stratégie de développement des entreprises. Lorsque
l’implantation sur des marchés étrangers s’intensifie ou lorsque la production devient très diversifiée,
les entités sont conduites à opérer un choix entre deux possibilités : conserver à la société son unité
juridique et créer des départements ou des succursales, ou bien créer des sociétés filiales spécialisées
ayant leur propre personnalité juridique avec un contrôle étroit de la société mère.
En effet, les comptes individuels d’une société ne s’intéressent qu’aux opérations réalisées par une
seule entité juridique. Ainsi, dès lors que des activités significatives sont exercées par les filiales d’une
société, l’information donnée par les comptes individuels de celle-ci s’avère insuffisante. Les comptes
consolidés répondent à ce besoin en présentant le patrimoine, la situation financière et les résultats de
l’entreprise de l’ensemble du groupe comme s’il ne formait qu’une seule entité. Les données
nécessaires pour atteindre cet objectif sont les comptes individuels de chaque entreprise consolidée.
De façon générale, les comptes consolidés visent à donner une représentation homogène des
entreprises comprises dans la consolidation, en tenant compte des caractéristiques propres à celles-ci
et des objectifs d’information financière propres aux comptes consolidés.
CHAPITRE I : GÉNÉRALITÉS SUR LA
CONSOLIDATION DES ÉTATS DE SYNTHÈSE
Section 1 : Définition de la consolidation
La consolidation consiste en l’ensemble des opérations conduisant à l’établissement des "états de
synthèse consolidés", lesquels doivent présenter comme ceux d'une seule entreprise, le patrimoine, la
situation financière et les résultats de la société-mère et de toutes les filiales.
Les états de synthèse consolidés doivent être établis, à partir des comptes des sociétés du groupe,
sur la base des méthodes d'évaluation et de présentation de la société-mère. Lorsque toutes les sociétés
du groupe ont leur siège social au Maroc, l’homogénéité des méthodes est, en principe, assurée par le
respect du CGNC, si tel n'était pas le cas, cette homogénéité doit être obtenue avec mention expresse
dans l’ETIC consolidé.
De tels retraitements s'imposent tout particulièrement dans le cas de filiales étrangères, dont les
états de synthèse sont souvent établis selon des méthodes d'évaluation et de présentation notablement
différentes de celles de la Norme Générale Comptable.
La consolidation a pour objectif de donner une vision économique globale de la maison mère et des
sociétés sur lesquelles elle a une influence. Il s’agit de comprendre les résultats et le patrimoine d’un
Groupe de sociétés.
L’influence va résulter des liens financiers et juridiques entre la société mère et ses filiales ou ses
participations.
La consolidation va consister à «additionner» les comptes individuels des sociétés incluses dans le
Groupe pour établir ses comptes.
La consolidation d’un instrument indispensable à la compréhension des comptes des grands groupes
internationaux et nationaux. L’essentiel de la communication et de l’analyse financière est effectué
sur des comptes consolidés.
Section 3 : La réglementation de la notion de consolidation au
Maroc
Dans le premier article de la loi 38-05 relative aux comptes consolidés publiée le 16 mars 2006, on
précise que les établissements publics ainsi que les sociétés d’État, filiales publiques et entreprises
concessionnaires, possédant ou contrôlant des filiales et des participations doivent établir et présenter
des comptes consolidés selon la législation en vigueur, ou à défaut, selon les normes internationales en
vigueur.
Au sens de l’article 143, on entend par :
Filiale : une société dans laquelle une autre société, dite mère, possède plus de la moitié du capital.
Participation : la détention dans une société par une autre société d’une fraction du capital comprise
entre 10 et 50 %.
Au sens de l’article 144, une société est considérée comme en contrôlant une autre :
Lorsqu’elle détient directement ou indirectement une fraction de capital lui conférant la majorité des
droits de vote dans les assemblées générales de cette société ;
Lorsqu’elle dispose seule de la majorité des droits de vote dans cette société en vertu d’un accord
conclu avec d’autres associés ou actionnaires qui n’est pas contraire à l’intérêt de la société.
Le concept d’image fidèle du groupe prévoit que si les prescriptions comptables ne suffisent pas à
traduire l’image fidèle, le groupe doit déroger aux règles. En l’absence de règles existantes, la méthode
d’évaluation applicable est celle qui respecte le mieux la réalité économique. Toutes les informations
nécessaires doivent être fournies dans l’ETIC.
En sus, les états financiers consolidés de la société mère sont soumis au contrôle d'un commissaire
aux comptes qui doit être inscrit au tableau de l'ordre des experts comptables. Abstraction faite de la
possibilité d'effectuer toutes les investigations auprès de l'ensemble des sociétés membres du groupe,
qu'il juge nécessaires, le commissaire aux comptes ne certifie les états financiers consolidés qu'après
avoir consulté les rapports des commissaires aux comptes des sociétés appartenant au groupe lorsque
ces sociétés sont soumises à l'obligation de désigner un commissaire aux comptes.
CHAPITRE II : LES ÉTATS DE SYNTHÈSE
CONSOLIDÉS
Section 1 : l’élimination des opérations intra-groupes
Les opérations intra-groupes sont les opérations réalisées et enregistrées entre une société mère et
ses différentes filiales. Dès lors que la société mère publie des comptes consolidés, les créances et les
dettes respectives concernant les opérations intra-groupes doivent être éliminées sur le plan comptable
aussi bien dans le bilan consolidé que dans le compte de résultats.
Comme la société mère et la filiale font partie d’une même entité économique, les opérations
qu’elles concluent entre elles ne sont pas des opérations avec des tiers. En conséquence, les produits
et les charges intra-groupe doivent être éliminés (et, par conséquent, ne pas être présentés comme des
opérations dans les états financiers consolidés)
Les créances et les dettes réciproques ainsi que les produits et les charges réciproques sont éliminés
à l’intérieur du périmètre de consolidation. Afin de conserver dans les états financiers consolidés
uniquement les soldes et les flux du groupe avec ses partenaires externes, il s’agit donc d’éliminer,
respectivement dans le bilan et le compte de résultat consolidés, les soldes et les flux relatifs aux
opérations internes. De ce point de vue, les sociétés mises en équivalence ne sont pas concernées par
cette neutralisation en l’absence d’intégration dans les comptes consolidés des comptes d’actifs, de
passifs, de produits et charges correspondant
Il existe trois types d’opérations intra-groupes à éliminer :
Dettes et créances intra-groupe : éliminations des prêts et des emprunts entre filiales.
Produits et charges intra-groupes : élimination des ventes et des achats entre filiales.
Actionnariat intra-groupe : élimination de la participation détenue par la société mère au sein
de ses filiales.
Au niveau de l’Actif :
a) Écarts d’acquisition (goodwill) : Lorsqu’un groupe achète une société cible, il accepte
souvent de payer un prix supérieur aux fonds propres figurant au bilan de sa cible. Cet écart entre la
valeur comptable de la société et les capitaux investis correspond à l’écart d’acquisition, aussi appelé
« goodwill ».
Les écarts d’acquisition sont relatifs à des participations et sont selon leur signe (positif ou négatif) :
positif : inscrite à l’actif du bilan, c’est-à-dire le coût d'acquisition des titres est supérieur au montant
de la quote-part de capitaux propres consolidés. Elle correspond dans ce cas à la "prime" payée par la
société pour acquérir les titres. L’écart débiteur est inscrit alors dans les immobilisations incorporelles.
L’écart d'acquisition est amorti selon un plan sur une durée raisonnable qui ne saurait excéder une
dizaine d'années sauf cas exceptionnels à justifier dans l’ETIC consolidé.
négatif : reprise au passif du bilan, c’est-à-dire le coût d'acquisition des titres est inférieur au montant
de la quote-part de capitaux propres consolidés. L’écart créditeur est inscrit dans les "Provisions
durables pour risques et charges".
b) Titres mis en équivalence : le montant des "titres de participation" correspondant aux sociétés
associées, se voit substituer, dans le bilan, la part des "capitaux propres" et, dans le CPC, la part du
résultat net revenant au groupe, dans le cadre de la méthode dite de "mise en équivalence". Il en est de
même des filiales dont l’activité est si différente de celle des autres sociétés du groupe que leur
intégration serait de nature à empêcher l’obtention d'un image fidèle du groupe. Dans ces cas, les
filiales font simplement l’objet d'une "mise en équivalence".
La mise en équivalence consiste à :
Substituer, dans le bilan, à la valeur comptable des titres détenus, la quote-part des capitaux propres (y
compris le résultat net de l’exercice) déterminée d'après les règles de consolidation.
Inscrite dans le CPC consolidé, la fraction du résultat net (déterminé selon les règles de consolidation)
attribuable au groupe.
Au niveau du Passif :
c) Autres : Plusieurs composantes peuvent être regroupées sur cette ligne unique du bilan, mais
elles doivent donner lieu à une analyse détaillée dans le tableau de variation des capitaux propres de
l’ETIC. Cette rubrique peut comprendre :
les écarts de conversion résultant de la conversion des comptes des entreprises étrangères selon la
méthode.
les écarts de réévaluation maintenus dans les comptes consolidés.
les titres de l’entreprise consolidante détenus par elle-même ou par les entreprises sous contrôle
exclusif.
d) Intérêts minoritaires : correspondent à la somme totale des capitaux propres et du résultat net
des filiales consolidées par intégration globale. Ils ne sont détenus ni par la société-mère ni par les
filiales mais ils reviennent aux actionnaires minoritaires des filiales. Cette fraction non détenue par la
société consolidante doit apparaître au passif du bilan sous la dénomination d'intérêts minoritaires.
Le montant des "titres de participation" correspondant aux sociétés associées, se voit substituer, dans
le bilan, la part des "capitaux propres" et, dans le CPC, la part du résultat net revenant au groupe, dans
le cadre de la méthode dite de "mise en équivalence".
La variation de valeur des titres d’un exercice à l’autre peut provenir de diverses causes (hormis les
cas d’acquisition ou de cession) : distribution du bénéfice, fusion absorption, etc. La fraction du
résultat de ces entreprises est inscrite distinctement au compte de produits et charges consolidé.
Les dividendes reçus des entreprises incluses sont éliminés du compte de produits et charges de
l’entreprise détentrice des titres et sont portés en augmentation des réserves consolidées.
Réévaluation des X X
placements
Résultat de l’exercice X X
Dividendes versés X X
Augmentation de capital X
Solde au 31/12/N
Les mouvements les plus significatifs doivent être identifiés un par un.
CHAPITRE 3 : EXERCICES ET APPLICATIONS
1) Application – Tableau de variation des capitaux propres :
La société X établit son tableau de variation des capitaux propres consolidés pour l’exercice N. On a
les informations suivantes du groupe X pour l’exercice N :
la société consolidante a procédé à la distribution de dividendes d’un montant de 200 K MAD. Par
ailleurs, la société a procédé à une augmentation de son capital social en numéraire d’un montant de
500 K MAD souscrite en totalité par ses actionnaires et assortie d’une prime d’émission de 300 K
MAD.
en N, le résultat net consolidé s’établit à 300 K MAD.
au 31 décembre N, le groupe a opté pour la réévaluation catégorielle de ses actifs immobiliers. Cette
réévaluation se traduit par une augmentation de leur valeur nette d’un montant de 600 K MAD ayant
pour contrepartie une augmentation des capitaux propres de 580 K MAD net d’IS.
Le groupe X a dégagé sur l’exercice N un écart de conversion relatif à sa filiale mauritanienne détenue
à 100 % d’un montant positif de 150 K MAD.
Bilan au 31/12/N
ACTIF Société M Société F PASSIF Société M Société F
Immobilisations 150 000 140 000 Capital 200 000 100 000
Immobilisations 60 000 - Réserves 95 000 70 000
financières (TP)
Stocks 50 000 30 000 Résultat 26 000 13 000
Créances 35 000 30 000 Emprunt et 24 000 37 000
dettes
Financières
Disponibilités 55 000 24 000 Etat 5 000 4 000
TOTAL 350 000 224 000 TOTAL 350 000 224 000
Écritures comptables :
Fournisseurs 12 000
Clients
12 000
Ventes 90 000
Achats
90 000
Résultat (M) 2 500
Résultat 2 500
Provisions pour dépréciation des clients 1 200
Actif Immobilisé 290 000 Capitaux propres (part du groupe) 371 580
Le résultat net des sociétés intégrées correspond au résultat net de 860 K MAD diminué de la
quote-part du résultat net de la société B mise en équivalence de 160 K MAD.
Un produit de cession de 200 K MAD d’un stock de matériels anciens obsolètes à valeur nette
comptable nulle.
La marge brute d’autofinancement est égale au résultat net des sociétés intégrées (700 K MAD)
corrigé, d’une part, des dotations aux amortissements (320 K MAD) et de la plus-value de cession
d’actifs (200 K MAD), soit une marge brute d’autofinancement de 820 K MAD (700 + 320 – 200).
L’amélioration du besoin en fonds de roulement d’exploitation de la société A s’élève à + 360 K
MAD.
L’incidence de la variation de périmètre d’un montant de 800 K MAD concerne l’acquisition de
20 % des titres de la société B au 1er janvier N.
Les dividendes versés aux actionnaires de la société M s’élèvent à un montant total de 150 K
MAD correspondant à un coupon de 100 MAD servi aux 1 500 actions composant son capital
social.
Les montants des souscriptions et des remboursements d’emprunt s’établissent respectivement à
300 K MAD et 600 K MAD au cours de l’exercice.
N
Flux de trésorerie liée à l’activité 1 180
Résultat net des sociétés intégrées 700
Élimination des charges et produits sans incidence sur la trésorerie ou non
liée à l’activité
320
- (+) Dotation d’exploitation (hors dépréciation des actifs circulant)
- (+) Variation des impôts différés
- (-) Plus-values des cessions, nettes d’impôts
-200
- (-/+) Autres charges et produits sans incidence sur la trésorerie
Marge brute d’autofinancement des sociétés intégrées 820
(-) Dividendes reçus des sociétés mise en équivalence
(+) Variation du besoin en fonds de roulement lié à l’activité 360
Flux net de trésorerie généré par l’activité 1 180
Flux de trésorerie liée aux opérations d’investissement -900
La consolidation des comptes se veut être alors, abstraction faite de sa nature légale imposée par la
loi, une volonté incessante de la part du Groupe de parfaire sa gestion interne pour favoriser une
meilleure transparence en matière de la communication financière.
BIBLIOGRAPHIE
Code général de la normalisation comptable (C.G.N.C).
Méthodologie relatives aux comptes consolides, Royaume du Maroc, Ministre des finances de
la privatisation, conseil national de la comptabilité, AVIS N°5, Mai 2005.
L'essentiel de la consolidation des comptes, Éric Tort, 2020
Mémento comptes consolidés 2019, Editions Francis Lefebvre.
Pratique des comptes consolidés, François Colinet.
Les fondamentaux de la consolidation et de la combinaison en référentiel comptable OHADA
révisé : Etou Obami, Brice-Voltaire, 2020
La consolidation des comptes : Normes IFRS et comparaison avec les principes français actuels
Ed. 3, Mesplé-Lassalle, Dominique,2013
Consolidation en normes IFRS : Cours et applications corrigées Ed. 1, Elisabeth Albertini,
Stéphane Lefrancq, Hervé Kohler