Le TD ABC Levant
Le TD ABC Levant
Le TD ABC Levant
Mots clés : coûts complets – métho- Key words : full cost – equivalence
des des équivalences – Time Driven methods – TDABC method – ABC
ABC – méthode ABC. method.
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Dès 1998, Kaplan et Cooper (1998, p. 292-296) présentaient les prémisses du
TDABC, sans le nommer.
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Kaplan et Anderson (2003) justifient la dénomination « Rate-Based ABC » par le fait
que les coûts unitaires par inducteur de coûts (ou rate) servent de base au calcul des
coûts des objets de coûts.
Olivier de La Villarmois, Yves Levant 151
Le modèle ABC tel qu’il a été initié par Cooper, Johnson et Kaplan,
dans les années 1980, est une méthode d’évaluation des coûts complets
qui mesure la consommation de ressources par des activités, elles-
mêmes consommées par des objets de coûts : produits, clients, com-
mandes... Elle se fonde sur le fait que les coûts d’activités se ventilent
de manière pertinente sur les objets de coûts au prorata de la cause
principale de consommation : l’inducteur de coût. Malgré les avantages
importants de la méthode, beaucoup d’entreprises ont rencontré des
difficultés lors de sa mise en place et de son utilisation. Des abandons
ou des réductions du domaine d’utilisation sont relatés. Les facteurs
explicatifs des problèmes rencontrés sont multiples (Anderson, 1995 ;
Anderson et Young, 1999 ; Argyris et Kaplan, 1994 ; Bromwich et
Bhimani, 1994 ; Foster et Swenson, 1997 ; Krumwiede, 1998 ; Malmi,
1997). Le fait de ne prendre en considération dans chacune de ces étu-
des qu’un seul, voire un nombre limité de paramètres, expliquerait la
diversité des résultats (Gosselin et Pinet, 2002).
Pour évaluer un coût complet, les sources d’erreurs à éviter sont
nombreuses. Celles-ci sont décrites par Datar et Gupta (1994) et détail-
lées dans le tableau infra. Kaplan et Anderson (2003, 2004) et Gervais
et Lesage (2006) ajoutent même un type d’erreur supplémentaire avec
l’erreur d’imputation des charges fixes.
En recherchant la qualité du chiffrage, l’ABC serait un modèle
complexe, long et difficile à mettre en place et à maintenir (Kaplan et
Anderson, 2003, 2004).
152 Le Time-Driven ABC…
pour calculer les coûts de 600 000 objets de coûts (produits et clients)
au travers de 150 activités. Pour faire tourner le modèle mensuellement
pendant deux ans, une capacité de traitement et de stockage de deux
milliards de données3 serait nécessaire. Un tel besoin excède la capaci-
té des outils couramment utilisés, tels Excel ou la plupart des logiciels
ABC existants sur le marché.
De plus, il n’est pas certain que la seule multiplication du nombre
d’activités résolve ce problème (Datar et Gupta, 1994 ; Gervais, 2005 ;
Gervais et Lesage, 2006). On peut penser qu’un système avec moins
d’inducteurs serait moins coûteux et plus facile à comprendre (Mer-
chant et Shields, 1993). Des études théoriques ont d’ailleurs été menées
afin d’essayer de réduire le nombre d’inducteurs sans réduire la repré-
sentation du système ABC (Babad et Balachandran, 1993 ; Homburg,
2001).
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150 x 600 000 x 12 x 2 = 2,6 milliards.
154 Le Time-Driven ABC…
Après avoir rappelé les principes qui fondent cette proposition, des
exemples seront développés.
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Les équations de temps permettront toutefois d’évaluer des coûts sans que cette sim-
plification nuise à leur précision.
156 Le Time-Driven ABC…
Rit = ∑ Tigt ⋅ C gt
g
∑ ch
j
jgt 0
K
C gt 0 =
CAPgt0
∑ ch
j
jgt
B
C =
∑T
gt
igt
i
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S’agissant d’un temps standard, il a été désigné par l’indice t 0 .
158 Le Time-Driven ABC…
bilité des clients. Il consomme 560 000 € de ressources dans des condi-
tions normales de fonctionnement.
En utilisant la méthode ABC, le résultat d’interviews et
d’enregistrements des temps mène à des niveaux de coûts correspon-
dant au tableau 3.
Les coûts unitaires par activité sont inférieurs à ceux calculés par
l’ABC, en raison de la prise en compte de la sous-activité.
Olivier de La Villarmois, Yves Levant 161
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Il est possible de trouver quelques informations dans des revues professionnelles, par
exemple dans les numéros d’août/septembre 2003, de janvier et de mars 2005 de Busi-
ness Logistics.
7 Sur ce point, mais à propos de la méthode UVA.
Olivier de La Villarmois, Yves Levant 163
ble doit être définie : le type de personne assurant la saisie, (X5). Dans
le modèle de consommation de temps, il se trouve désormais une va-
riable ayant un effet sur trois paramètres liés à la prise de commandes :
le nombre de lignes de commandes (variable métrique), le type de
client et la personne assurant la saisie (variables binaires). L’équation
générale de temps devient alors :
Tigt = ∑ ∏ X kagit ⋅ τ agt0
a k
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Bruggeman et al. (2005) dans leur étude de cas représentative de la façon dont la mé-
thode TDABC est mise en place en Europe par le cabinet Acorn (auquel appartiennent
Steve Anderson et Robert Kaplan) observent que les calculs sont faits mensuellement
en rapportant les charges réelles aux temps standards multipliés par le niveau d’activité
réel. C’est également ainsi qu’est utilisée la méthode UVA (voir infra), mis à part le
fait que les charges réelles et l’activité réelles sont lissées sur les 12 derniers mois.
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Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une singularité du TDABC ; Kaplan ne fait que transposer
les arguments en faveur de l’évaluation des coûts de capacité avec l’ABC (Cooper et
Kaplan, 1992 ; Robinson, 1990).
166 Le Time-Driven ABC…
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On peut attribuer à Rimailho la paternité de l’expression « imputation rationnelle ».
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Il s’agit d’ailleurs d’une obligation pour l’évaluation des stocks (en normes françai-
ses et IFRS).
Olivier de La Villarmois, Yves Levant 167
que dans les autres techniques (ce qui peut poser des problèmes
d’homogénéité qui seront développés infra). Pour le second type
d’erreur, selon Kaplan et Anderson (2004), l’amélioration serait no-
toire. Il serait préférable d’estimer le temps nécessaire à l’exécution
d’une tâche plutôt que de travailler avec une proportion de temps dis-
ponible affectée à une activité. Il convient cependant de s’interroger sur
la précision des standards (cf. paragraphe précédent).
Pour ce qui est de l’erreur de spécification, le TDABC ne semble
pas induire de particularité significative. En effet, l’affirmation qui
consiste à dire que le TDABC utilise pour seul inducteur de coût, le
temps, est réductrice. Si le temps était le seul inducteur utilisé, cela in-
duirait effectivement des erreurs de spécification. Mais, en fait, de mul-
tiples inducteurs sont utilisés (le nombre de lignes de commandes, le
fait d’être un nouveau client, le type de livraison…) pour évaluer le
temps consommé. D’autres unités de capacité que le temps peuvent
également être utilisées (surface, capacités informatiques…).
L’erreur d’agrégation renvoie à la question de l’homogénéité des
coûts. Avec les modèles traditionnels (ABC ou méthode des sections
homogènes), il faut vérifier que les consommations de ressources sont
bien déclenchées par l’inducteur choisi et uniquement par lui, et que
les ressources de l’activité ou de la section sont utilisées dans les mê-
mes proportions pour tous les travaux qu’elle réalise. Si ce n’est pas le
cas, il faut créer une nouvelle activité. Avec le TDABC, à l’évidence, il
n’y a pas d’homogénéité au sein des groupes de ressources. Par contre,
le recours à une multiplicité d’inducteurs (voire aux interactions entre
inducteurs) permet probablement d’obtenir un meilleur ajustement
avec les consommations du groupe de ressources que ce que permet
l’inducteur unique avec les ressources consommées par l’activité. Cette
possibilité autorise aussi une mise à jour aisée du modèle d’activité, in-
dispensable à la maîtrise de l’erreur d’agrégation, ce qui est délicat
avec l’ABC (Kaplan et Anderson, 2004), voire très délicat avec des ap-
proches de type GP/UVA.
Enfin, une solution est proposée pour l’imputation des charges
fixes.
Pour conclure, le TDABC n’apparaît pas comme une méthode per-
mettant une simplification de l’évaluation des coûts aux dépends de la
précision.
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Par exemple, le chapitre « Méthode indiciaire » de la brochure du Cnpf intitulée
« Méthodes rationnelles d’analyse et de calcul » (Cnpf, 1957), la brochure de la Cegos
publiée dans les années 1950 et intitulée « Les méthodes Indiciaires » ou l’article « La
méthode des nombres caractéristiques » dans la Revue Française de Comptabilité (Au-
doye, 1955).
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La méthode GP a évolué en France pour prendre successivement les noms de UP
(Unités de Production) puis UVA (Unités de Valeur Ajoutée).
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Le Troud fut une tentative en URSS, entre 1920 et 1921, de remplacement
de la monnaie par un équivalent en heures de travail (Levant et Nikitin, 2005).
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Il s’agit en fait de l’évolution brésilienne de la méthode française GP. La méthode
GP, mise au point par Georges Perrin dans les années 1950 en France, a été développée
au Brésil par des membres de sa famille, principalement son neveu, H.V. Lage, un
consultant brésilien. Elle a eu dans ce pays une diffusion plus importante qu’en France
et a évolué de manière différente (La Villarmois et Levant, 2004).
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Dhavale (1996b) utilise l’expression Time Based Costing Method.
Olivier de La Villarmois, Yves Levant 171
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La méthode UVA a comme origine la méthode GP créée par Georges Perrin en 1945
et qui l’a diffusée jusqu’à son décès en 1958. Sa veuve, Suzanne Perrin a continué la
diffusion jusqu’en 1969 en éditant l’ouvrage posthume de son mari (Perrin, 1962). À
compter de cette date, elle a tenté de continuer en passant des accords avec d’autres ca-
binets de consultants. Ce sera un échec, seul le cabinet Les Ingénieurs Associés (LIA)
fera survivre la méthode sous la dénomination de « méthode UP ». La méthode UP a
évolué ; elle est passée de la seule analyse des charges de production à l’analyse de la
quasi-totalité des charges de l’entreprise. Aussi, en avril 1995, afin de briser l’ancienne
référence à la notion unique de production, le nom de la méthode change et se trans-
forme, après quelques nouvelles modifications, en méthode UVA.
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Outre quelques centaines d’applications en France sous les dénominations GP, UP et
UVA, la méthode GP aurait été mise en place au Maroc et en Suisse (La Villarmois et
Levant, 2005). De plus elle s’est diffusée au Brésil et en Grande Bretagne sous la dé-
nomination UEP – cf. ci-dessus – (Allora, 1996 ; Lage et Allora, 1961; Rodrigues et
Brady, 1992).
Olivier de La Villarmois, Yves Levant 173
de l’« article de référence »22. L’indice de poste est donc égal au taux
de poste divisé par le taux de base (taux de l’article de base).
Le coût de chaque gamme opératoire est également estimé en unités
de valeur ajoutée. Toute l’activité de l’entreprise est ainsi exprimée en
UVA. Puis, lors de chaque période, le coût de l’UVA est établi. Il est
calculé à partir de l’ensemble des charges de la comptabilité financière
de la période. Si C est le montant des charges de la comptabilité géné-
rale, A le montant des achats incorporés aux produits, D le montant des
dépenses directes par rapport aux clients et Quva la production d’UVA
de la période, on a :
C − ( A + D)
Coût de l’UVA = .
QUVA
équivalences du CNPF
Rate-Based ABC (ABC)/
Méthode des
grossière référence. Cependant, sur cet aspect, il y
a identité entre la conception d’Anderson
et Kaplan et la méthode UVA. Unification de la
Activités production
Inducteurs
de coûts Equivalences entre les
opérations
Objets de Valorisation du produit ou
coûts de l’opération de
référence
Equivalences entre les
produits
Unification de la
production
La simplification induite par le
principe des constantes Les équivalences sont
occultes permet d’envisager directement définies entre
une maille d’analyse plus produits Légende
fine. Valorisation du produit de
référence
Simplification
Méthode UVA apportée
Conclusion
Bibliographie