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COPYRIGHT

© Max Milo Éditions


Paris, 2019
www.maxmilo.com
ISBN : 978-2-31500-894-0
CITATIONS

« J’aime celui qui rêve l’impossible ! »


Goethe

« Lorsque le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est,


pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et
le plus indispensable des devoirs. »
Maximilien de Robespierre (1758-1794)
Discours sur la nouvelle Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen, 24 avril 1793
SIXIÈME LIVRE !

« Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces
mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut
se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de
penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez. »
Hannah Arendt (1906-1975)

Je n’en reviens toujours pas, j’en suis à six livres et plus de 200 000
ventes sur les cinq premiers, ce, sans avoir fait une seule grande émission.
Aucun passage chez Ardisson, ni chez Ruquier d’ailleurs, pas un article
dans les grands médias. Ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant
(promotion oblige) de forcer leur porte.
Chez Ardisson un dénommé « programmateur » qui faisait la pluie et le
beau temps pour les invitations m’a baladé dix fois avec tous les prétextes
possibles et imaginables. Pour lui, le contenu de mes livres était génial,
l’histoire même de ma vie correspondait totalement au genre de clients
qu’adorait l’homme en noir et au format de l’émission. Quasi-analphabète
à 14 ans mais journaliste à 22, grève de la faim en haut et à l’extérieur d’un
clocher d’église, pilote d’avion au Tchad, ancien combattant, quatorze
records du monde dont la traversée d’un tunnel de feu à pied, 42
kilomètres de trombones attachés les uns aux autres (j’entends d’ici
M. Ruquier pouffer !), cofondateur de la banque de donneur de moelle
osseuse en France, six enfants dont quelques-uns déjà célèbres, 5 ans au
Congo-Kinshasa à former le seul orchestre symphonique totalement noir
au monde (OSK), combattant farouche contre les usines d’incinération et
l’huile et le gaz de schiste, premier comédien de caméra cachée durant une
vingtaine d’années, vingt-cinq ans de politique, adjoint de Valls, etc. Bref,
tout mon parcours l’émerveillait à chaque fois un peu plus, et ce que je
racontais dans mes livres était, pour lui, superbe. Mais ce n’était jamais le
bon moment pour passer à l’antenne.
Aujourd’hui cela m’amuse mais je dois avouer que sur le moment,
j’avais un peu les boules. Tous reconnaissaient le travail salutaire et factuel
de mes bouquins, le courage de citer les noms, le besoin de transparence,
mon combat pour un casier vierge… mais désolé, pas dans leur émission.
Libération me boudait car je tapais trop sur les politiques de gauche et
Valeurs actuelles me snobait car j’attaquais trop ceux de droite.
En France les méchants ne sont que dans un seul camp : celui de l’autre !
Plutôt que de m’enfermer dans un complotisme facile, j’ai vite compris
que c’était plus simplement et majoritairement par manque de courage ou
par peur de déplaire que beaucoup de journalistes reculaient malgré les
vérités et mes scores de ventes à faire pâlir tous les autres éditeurs.
Pourtant, ne sont-ce pas des sujets sur lesquels on voit passer quelques
gros titres dans toute la presse nationale ? Voire dans Le Figaro parfois
(qui s’égare de temps en temps à s’emparer de sujets sensibles).
Ne voit-on pas à l’occasion de tel ou tel scandale de fraudes ou de
corruptions flagrantes, arriver sur tous les plateaux, les bobines bien
maquillées, la tenue soigneusement choisie pour les dames ou le costume
tiré à quatre épingles pour les messieurs , quelques parlementaires de tous
bords politiques, qui, selon qu’ils se trouvent dans l’opposition
d’aujourd’hui ou la majorité d’hier (ou vice versa), déclarent qu’il faut
absolument changer les « choses ». Pourtant hier, quand ils avaient le
pouvoir, ils ne l’ont pas fait ! Parfois, encore mieux, ils viennent pérorer au
20 heures avec la fausse conviction qu’on leur connaît, affirmant qu’il faut
absolument garder « les choses » en l’état alors qu’hier quand il ou elle
était dans l’opposition, il ou elle hurlait dans l’hémicycle en faveur d’un
changement absolument nécessaire « de ces mêmes choses » pour la bonne
marche de la République.
C’est marrant, il n’y a que dans l’opposition que les politiques peuvent
faire quelque chose (à défaut des mêmes choses).
Je regarde ce chiffre et j’ai du mal à y croire : SIX !
Si l’on m’avait dit il y a cinq ans que j’aurais presque chaque année
l’occasion de mettre en évidence les travers et les dysfonctionnements de
la politique et des politiciens français, je ne l’aurais pas cru.
Si l’on m’avait dit que, chaque jour qui passe, je découvrirais une
nouvelle forfaiture, un nouveau mensonge d’État, un élu tricheur, menteur
ou voleur, je ne l’aurais pas cru.
Si l’on m’avait dit il y a cinq ans que j’allais devenir une référence dans
la lutte contre la corruption, je ne l’aurais pas cru.
Si l’on m’avait dit que mes livres seraient l’un des déclencheurs de la
prise de conscience politique de milliers d’individus, que des ronds-points
noirs de Jaunes (je sais, elle est facile celle-là) brandiraient mon livre
Pilleurs d’État comme un missel dans la lutte contre l’oligarchie, je ne
l’aurais pas cru (n’ayant en plus ni la perversion d’un gourou ni l’âme d’un
messie).
Je sais que ce que je vais écrire (donc que vous allez lire) va vous
apparaître pour le moins incongru, mais à certains moments, durant ces
deux ou trois années passées, je me suis surpris à me demander si c’était
bien moi qui avais écrit ces cinq livres.
Un jour d’ailleurs, lors d’une dédicace au fin fond de la France profonde,
j’ai même eu la surprise de rencontrer une personne capable de me dire au
mot près tout ce que j’avais écrit. Il connaissait chaque chapitre, chaque
ligne par cœur et était au comble de la joie de pouvoir me citer sans se
tromper dans le texte.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce jour-là, à côté d’une fierté
immédiate certes, j’ai ressenti comme une espèce de peur envahissante,
sourde et désagréable. Je ne savais plus très bien qui était cet auteur que ce
lecteur citait abondamment, à travers ces cinq recueils. J’en venais à me
demander avec étonnement QUI avait écrit ces livres.
D’ailleurs parfois, j’ai moi-même du mal à me croire. Il faut que je relise
mes notes, que je trouve une preuve de plus, un exemple supplémentaire
qui viennent me confirmer que malheureusement je ne me suis pas trompé.
Comment croire que dans mon pays, une mafia politicienne empreinte de
néolibéralisme à outrance s’installe doucettement ?
Comment croire que notre société est de plus en plus dirigée par des
« élus » qui n’en ont plus que le nom tant leur représentativité ne veut plus
rien dire ? Plus nous remontons la pyramide du pouvoir, plus nous
découvrons de petits pantins gesticulants, sans caractère ni convictions qui
acquiescent à tout sans discuter.
Je pleure aussi de voir le peuple, les gens, les vraies gens, mon peuple
que l’on oblige chaque jour et un peu plus à chaque fois, à baisser la tête, à
courber l’échine et à marcher droit selon la ligne définie par les « bien-
pensants », les « ceusses » de l’entre-soi qui savent pour tous les autres.
Malheureusement, j’ai la sensation désagréable et persistante que j’ai de
quoi écrire une encyclopédie des abus, malversations, injustices, tricheries
grandissants de nos dirigeants.
Malheureusement, les mots, leurs mots sont de plus en plus vidés de leur
essence pour mieux nous diriger dans un seul sens.

Malheureusement, j’ai de plus en plus l’impression que le mensonge est


la règle, et la vérité l’exception.
REMERCIEMENTS ENCORE ET TOUJOURS

« Je ne plierai pas, je ne m’en irai pas en silence. Je ne me soumettrai pas. Je ne me retournerai


pas. Je ne me conformerai pas. Je ne me coucherai pas. Je ne me tairai pas. Le courage, c’est de
chercher la vérité et de la dire ; ce n’est pas subir la loi du mensonge triomphant. »
Jean Jaurès

Il est des amis de l’ombre qui font un bout de route avec vous, qui vous
soutiennent et vous accompagnent dans vos actions. Ils sont juste là quand
vous avez un coup de blues, une envie de tout laisser tomber, d’envoyer
paître « tous ceusses » qui pensent (si, si, je vous assure : ils pensent…),
ceux qui clament sur tous les toits que vous ne faites ça que pour l’argent
(un peu quand même, un euro net par livre… mais je ne vole personne
moi !), que toute cette publicité, c’est rien que pour vous faire mousser
(garçon, une bière s’il vous plaît)… Et quel comble de l’incorrection, le
chapeau que je ne quitte jamais en plateau ! Ça fait trop, c’est pas correct et
mal élevé et cela prouve que ce que j’écris ou dis ne vaut rien (tout est
dans le chapeau, puisqu’on vous le dit !!)

À tous les Gilets jaunes des ronds-points et des samedis pédestres qui se
sont battus et qui se battent encore pour le simple respect de l’être humain
dans la société, pour un peu plus de justice pour tous et de reste à vivre à la
fin du mois…

À ma correctrice préférée et première lectrice, mon épouse qui me


supporte depuis plus de trente ans.
M arjory Agnel (la plus grande des musiciennes (si si)), Patrick Alder
(qui essaie d’être méchant mais qui n’y arrive pas), Nicza Baez Mondaca
et Elizabeth Millet (la vraie conscience professionnelle à l’époque :
humaines), Francois Bagnaud (un amour d’homme et fidèle à Brigitte),
Cyril Beaumont (garde du corps et homme ouvert), Joël Bastard (de
l’amour du beau même en carton-pâte), Jamel Bouabane (homme de bien
et d’amour), Lisa Boissinot (qui aime ce qu’elle fait), Sandrine Bokoni
(celle qui est toujours là pour moi), François Boulo (une vision à long
terme), Yvon Bonaldo (le dévouement discret), Louis le Bris (une mine
d’or d’infos), Alain Bouche (sait ce qu’il dit, quand il le dit), Bruno
Boisgarnier (organisateur né, celui qui sait faire et parle à l’oreille des
chevaux), Julie Castin (une petite fleur assise sur du radon et en couple
depuis peu), Cécile Chevalier (qui finira bien par écrire son livre), Solenn
Cochet (les convictions au corps), Éric Chapeau Aslund (mon
scandinave préféré), Nathalie Chibrac (sait qui et quand elle veut…),
Jacques Condat (toujours un projet d’avance), Coco Costa (la Grèce
d’abord), Sylvie Daronne (la liberté retrouvée), Olivier Delamarche
(l’économiste rigolo mais sérieux), Laetitia Dewalles (du solide dans le
95), Sigolène Dossin (la meilleure des vendeuses… entre autres), Aurore
Drossart (celle qui aurait dû, pu être, mais qui est surtout elle-même), Ava
Duval-Royau (aime le jeu, l’humour et les sangliers), Lydia De Quero
(une âme d’enfant dans un corps d’adulte), Fred Engel (le magicien du 57,
homme d’honneur et de vrai), Corinne Farvault (en souvenir d’un
sanglier et d’un gros chien), Thierry Faucouneau (toujours là), Ben
Mansour Raphael Fedra (une belle pour un des plus beaux pays du
monde), Babette Fontaine (la sagesse de tous les osons), Sonia Forbini
(la fidélité discrète), Chloé Frammery (une p’tite quenelle en passant),
Cathy Gelle (la reine des vidéos), Laurence Gillot (elle a sa Kelly, j’ai
mon Panayotis), Juju Germain (un casier vierge pour les élus), Pauline
Haquet (la meilleure des petites nièces), Omar Gousmi ( toujours fidèle
au post), Joschi Guitton et Stéphane Guillot (deux vrais mecs qui savent
se démener pour l’encre et la pierre), Florence Henri (un grain de folie
dans un monde de brutes), Erika Jajou (l’égérie organisatrice de l’ombre
du 91), Guillaume Juzot (plus courageux qu’il ne le croit), Cindy Hira
(l’air de rien mais faut pas s’y fier), Alexandre Illouz (le meilleur des
commerciaux… du Mossad), Bénédicte Jacq (un sacré marin, même en
femme elle sait y faire), Rami Justo (fidèle jusqu’au bout), Damien
Kalune (le cœur vert et malgré l’apparence les pieds sur terre), Olivier
Kauffer (les yeux et le cœur au bout de la caméra), Lydia Ketty Naval
(ma Claudette préférée, on va y arriver un jour), David Koubbi
(l’éloquence de la sincérité), Phoenix Klodia (toujours sur le pont), Ingrid
Levavasseur (certains Jaunes n’ont rien compris), Francis Lalanne (les
convictions du cœur), Isabelle Layer (des yeux revolver), Salwa Lakrafi
et son équipe (la reine du public relation), Marie Lavastre (encore et
toujours jeune… quoique), Pat aux logis (réparation alias patrice.weigel…
l’évangile selon st patrice), Benoit Lecam (l’organisateur), Faouzi
Lellouche (un homme vrai qui sait de quoi il parle quand il parle), Venus
Lyne (ah Raël !!), Samantha Lemonnier (si Raymond Devos avait pu
l’inventer elle, il l’aurait fait…), Marc Lewitt (du secret défense extérieur
à la restauration), Jean Robert Lombard (aussi bon acteur humain que
chanteur sincère), Hakim Lowes (l’intelligence de l’analyse avec le recul
de la synthèse), Priscillia Ludosky (précurseur mais solitaire), Tanya
Lopert (qui court toujours après sa barrière blanche), Philippe Naszalyi
(aux analyses aussi percutantes que fines), Colette Noel (le jaune et les
animaux), Marie Josée Notebaert (le cœur sur la main), Rita Sabine
Malfere (celle qui veut savoir, la tendresse en plus), Corinne Masiero (un
déjeuner qui commence à se faire attendre), Frédéric Mazé (la gentillesse
avec un grand G), Dominique Mazouni (petit à petit la confiance),
Voisinet Mauricette (celle qui tient toujours parole), Claudine Meunier
(même dehors ça l’a fait, nous étions nombreux), Rouchka Milojevic (des
souvenirs en pagaille), Olivier Monot (je l’ai connu avec cheveux),
Antoine (Papa Noël) et Daniele Nedule Montswet (deux que j’aime
depuis plus de trente ans), Éric Morillot (le feeling au service du super
professionnel), Bruno Mouchot (le rocker batteur), Mireille Olah (encore
et toujours présente), Lara Parrenin (venue du froid siberique un peu
KGB ou FSB), Adeline Pascot (une maman en or et ma nièce adorée),
Patrick et Mélanie Pelliccia (les deux vont ensemble dans la sincérité),
Isabelle Preynat (Louis XVI la connaît bien), Huguette SPECHT
(pivert) (une promesse est une promesse !), Nathalie Poilvert (d’Air
France aux rêves en gilets), Marité Poinas (la justice partout), Bruno
Pomart (ancien du RAID sympa et pas Rambo pour deux sous…),
Manuel Poza (un vrai combattant à Bondoufle), Daniel Sabatier (un
homme vrai qui aime le vrai et les animaux), Robert Such (l’ancien qui en
a encore sous le pied), Christian Sumerly (toujours là, merci), Sébastien
Sauve (de la vraie politique), Philippe Rault (fidèle), Lna Rodrigues
(une Héléna qui n’a pas sa langue dans sa poche), Anne-Marie Ruiz (têtue
et sincère jusqu’au bout), Christophe Tomcat (le cœur sur la main),
Hélène Tellier (une petite qui deviendra (peut-être) grande), Maryline
Tison (réflexion, décisions, actions), Philippe Toulouse (le cœur et
l’action au profit des plus faibles), Laurence Tournant (le Nord et la
Bretagne à l’honneur), Jennifer Velasquez (la main de fer et des yeux de
biche), Audin Remi (Kamini, Kamini), Jérôme Rodrigues (l’action et la
famille avant tout), Anne Rohou (toujours un livre en attente), Azelma
Sigaux (l’écrivaine qui en a), Yavar Siyahkalroudi (l’homme à tout faire
et très mal récompensé), Nicolas Valentin (tenace pour écrire, même en
manif), Laurence Weber (ça ne finira pas)…

Je demande pardon à ceux que j’aurais pu oublier (c’est sans doute l’âge
qui commence à poindre avec ses méfaits), ils ne sont pas cités, mais sont
dans mon cœur always.

Au revoir à Binta Sagna Lilla Flicka, femme exceptionnelle. 40 ans


c’est trop tôt pour partir soudainement.

Une spéciale dédicace d’amour :


Bruno Gaccio, La Bajon, Yvan Le Bolloc’h, Antoine Coesens (des
hommes et des femmes qui ont les couilles de leurs engagements citoyens)
Didier Maîsto (celui qui ne recule pas et qui mouille sa chemise)
Geneviève de Fontenay (moi je l’aime et j’assume)
Gabin de Vécu, le média du gilet jaune (sait d’où il vient et sait où il
va… parfois)
Denis Robert (un vrai journaliste qui a prouvé son indépendance d’esprit
malgré les pressions)

Une spéciale dédicace de respect


À celles et ceux qui en ont, car quand ils arrivent à savoir, ils l’écrivent,
bientôt au risque vrai de leur quiétude, si nous continuons dans la voie
d’une restriction des libertés journalistiques et de la simple liberté
d’expression en France…
Mathieu Asselin pour son travail édifiant sur Monsanto
Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart
Les journalistes du journal Le Ravi qui se battent pour un vrai journal
d’information
Les journalistes de Bastamag, mine d’or en investigation
Hervé Kempf et son équipe de Reporterre.net
Tous les journalistes du Canard enchaîné
Michel Monier, vieil anarchiste, respectueux des autres
Julien Monier, rédacteur en chef (tête de lard), mais qui a fait du vrai
journalisme à Essonne Info
Anne Carpentier la taulière et Guy Nanteuil the big boss du journal La
Feuille (Tarn-et-Garonne) qui s’accrochent à cet hebdomadaire pour une
véritable information juste et honnête
David Serra, sans doute pas toujours d’accord avec lui, mais au moins il
a des cojones
Brigitte Gothiere (L214), qui a compris ce que voulait dire
communication utile et performante
Bob Bellanca de Btlv

Une spéciale dédicace respect et admiration pour qu’on ne les


oublie pas
Combattait la violation des droits de l’homme :
Huang QI fondateur d’un site chinois condamné à douze ans de prison
« pour divulgation de secrets d’État » (bientôt en France ?)

Combattaient la corruption :
Daphne Garuana Galizia, journaliste maltaise tuée en 2017 dans un
attentat à la voiture piégée.
Jamal Khashoggi, journaliste saoudien assassiné en 2018 dans le
consulat d’Arabie saoudite.
Viktoria Marinova, journaliste bulgare violée et étranglée en 2018.
Marielle Franco, élue brésilienne, militante des droits de l’homme, de la
cause noire et des droits LGBT, assassinée en 2018.
Norma Sarabia, journaliste au Mexique, tuée devant chez elle en 2019.

Faisaient juste leur travail :


Mohamed Omar Sahal, correspondant somalien de la SBC TV
(télévision des Seychelles).
Hodan Naleyeh, journaliste canado-somalienne, tué par des extrémistes
islamistes shebabs en juillet 2019 en Somalie.

Combattaient pour la liberté des femmes :


Mina Mangal, féministe afghane, abattue à Kaboul de neuf coups de feu
le 11 mai 2019.
Mozghan Keshavarz, Yasaman Ariani et sa mère condamnées à une
peine totale de 55 années d’emprisonnement (et des coups de fouet), en
Iran, pour avoir rejoint la campagne #white Wednesday afin de manifester
contre le voile obligatoire.

Combattait juste l’ignorance :


Canan Kaftancioglu, risque dix-sept ans de prison pour avoir critiqué le
président turc sur les réseaux sociaux (bientôt en France ?)

Combat juste l’injustice


Jérôme Rodriguez mis en garde à vue à répétition parce qu’il gêne le
système.
(C’est en France)

Mais aussi
Tous les citoyens gilets jaunes pacifiques, condamnés injustement
« pour l’exemple » à des amendes indues et débiles, juste parce qu’ils
étaient là et voulaient dire stop.
(C’est en France)
Tous les éborgnés, ceux aux mains arrachées, citoyens gilets jaunes
pacifiques qui se sont fait tirer dessus comme des lapins par des forces de
l’ordre inconscientes ou sadiques ou fachos, alors qu’ils manifestaient sans
violence.
(C’est en France)

Et surtout
Zineb Redouane, gentille femme tuée par une grenade lacrymogène.
Elle fermait juste ses volets au quatrième étage de son appartement à
Marseille le 1er décembre 2018. Elle avait 80 ans et n’était pas une
terroriste.
(C’est en France)
Steve Maia Caniço qui assistait à une soirée organisée pour la fête de la
Musique sur l’île de Nantes le 21 juin 2019, mort bêtement parce que les
forces de l’ordre appliquent servilement à la lettre des ordres idiots et
disproportionnés. Il avait 24 ans et n’était pas un terroriste.
(C’est en France)
LE PREMIER DES GROS MENSONGES : CELUI DU
PRÉSIDENT

« ll n’y a pas pire menteur que celui qui ment sans le savoir.
Soit il est con, soit il ne sait pas qu’il est con.
Dans les deux cas : c’est un con. »
P.P.

Je ne peux pas commencer ce livre sans parler du plus gros mensonge


qu’il m’a été donné de voir depuis plusieurs années. Un maous costaud de
mensonge qui vaut toutes les marques de lessives qui ne lavent rien, tant ce
mensonge veut laver plus blanc que blanc, mais sans mettre l’ombre d’une
goutte, d’une once, d’un pouce, d’un ongle, d’un petit acrochordon de
produit. Rien que d’y repenser, j’ai la colère qui monte grave et l’envie de
hurler à l’imposture : je me suis fait rouler dans la farine, et par un
président de la République en plus !
Ce soir-là, j’allume mon poste et j’aperçois, assis derrière son bureau à
l’Élysée, le président de la République, Emmanuel Macron himself,
flanqué à sa gauche du porte-parole de l’époque – devenu par la suite le
pire (avis personnel) ministre de l’Intérieur de la Ve République –, le sieur
Castaner et à sa droite de Nicole Belloubet, garde des Sceaux. Ils sont
debout tous les deux, légèrement en retrait par rapport au président, les
mains sagement croisées devant eux. L’instant a l’air solennel, le petit
arrière-goût de mise en scène à l’américaine me fait craindre le pire.
Devant le président, un parapheur ouvert et le show commence. Je n’en
crois pas mes oreilles. Je me précipite sur le mode replay de mon
ordinateur et recherche fébrilement l’allocution que j’ai dû mal
comprendre. Je la trouve après quelques tâtonnements dus à ma nervosité
et mon taux de colère qui ne baisse pas. Je réécoute :

« il s’agit là de deux textes importants… La loi pour la confiance dans la


vie politique et la loi organique pour la confiance dans la vie politique,
que je viens de signer et qui sont aujourd’hui promulguées. Ces deux lois,
ce sont des engagements de campagne importants qui constituent une vraie
rénovation de notre vie politique… »

La « loi pour la confiance » ? Une « vraie rénovation » ? J’hallucine.

Le mot « confiance » me sort par les yeux depuis ce jour. Il est


maintenant employé à toutes les sauces comme un sésame qui nous devrait
nous faire avaler n’importe quelle disposition ou texte de loi. On le
retrouve dans la loi sur l’école, l’administration, les ordonnances, les
recommandations. C’est bien simple, maintenant, à chaque fois qu’un
politique l’emploie, l’écrit, les images du serpent Kaa dans le film Le Livre
de la jungle m’envahissent instantanément le cerveau. Je revois ce serpent
qui hypnotise et endort Mowgli, le petit homme, en le regardant droit dans
les yeux. Dans le même temps, il l’entoure, l’enroule et s’apprête à
l’étouffer de ses anneaux : « Aie confiance petit homme, endors-toi petit
homme… » lui susurre-t-il doucettement, tout comme le font certains
politiques en vous regardant droit dans les yeux, que ce soit dans
l’hémicycle ou à travers le tube cathodique.

Ce mot « confiance » m’apparaît encore plus outrancier, plus mensonger


quand il est utilisé pour nous présenter la moralisation de la vie politique.
Ce n’est pas du mot « confiance » dont nous avons besoin, mais d’actes
solides et vérifiables.

J’entends aussi le mot « rénovation » qui sort de la bouche du président :


je bous. Et j’affirme, monsieur le président, que cette rénovation n’est
qu’un ripolinage de troisième zone, qu’un petit coup de peinture qu’on
passe sur des murs sales, crasseux et poussiéreux, vite fait mal fait sans
même avoir pris la peine de lessiver les murs. Un vrai gâchis de
maquillage qui ne tiendra que quelques mois avant que les murs soient à
nouveau noirs de crasse… et on accusera encore les Gilets jaunes d’avoir
tout sali.

« … L’impossibilité d’embaucher un membre de sa famille est ainsi


maintenant promulguée… »

Comment peut-on travestir la vérité à ce point ? Comment peut-on croire


à ce que l’on dit ? Comment peut-on être déconnecté de la réalité avec
autant d’assurance ? Le grief principal du peuple était l’emploi fictif de
Mme Fillon et de quelques autres assistants fantômes. Or aujourd’hui, si
on ne peut plus embaucher sa fille ou sa femme (ou son mari), on peut
toujours embaucher sa maîtresse ou son amant et toujours sans contrôle du
travail effectué. Aujourd’hui, le député X embauche la femme du député Y
qui embauche le fils du député Z, et comme la femme est embauchée sous
son nom de jeune fille, c’est du ni vu ni connu ! Bravo la pseudo-
moralisation bidon.

« … L’impossibilité d’être élu quand on a un casier judiciaire B2 est


promulguée, contrairement à ce que beaucoup de gens ont dit ou peuvent
encore croire. Ce que nous avions promis, nous l’avons fait… »
Celle-là, c’est le pompon, et en plus il tape sur la table comme pour clore
un débat qui commençait à l’agacer. Je prends pour moi l’allusion à ceux
qui disent que ce n’est pas fait.

Pour la petite histoire, un peu avant mai 2017, j’ai fait une note à un
individu très proche de M. Emmanuel Macron (et néanmoins
sympathique, il y en a quelques-uns). J’y soutenais avec force détails et
conviction qu’un casier vierge pour être élu était un bon moyen de
moraliser la vie politique en déliquescence ; que ce serait un message fort
pour redonner confiance au peuple désabusé par les politicards ripoux.
Cela faisait déjà deux ans que je sillonnais la France et quelques plateaux
télé afin de mettre en avant une pétition nationale exigeant un casier vierge
B2 pour pouvoir se présenter à une élection (vous pouvez d’ailleurs la
signer et la diffuser, on gagnera car, selon ma formule préférée « on est le
nombre », tapez juste ce qui est ci-dessous et laissez-vous guider :
mesopinions.com casier judiciaire vierge

Quelque temps après cette note, donnée à cet ami à la demande du


candidat, je la retrouve légèrement modifiée dans le programme
présidentiel macronien, page 27 exactement.
À l’époque j’en fus fort content, d’autant plus que j’avais déjà réussi en
février 2017 à faire voter, par l’ensemble des députés, quel que soit leur
bord politique, une proposition de loi sur l’obligation de casier judiciaire
vierge pour les candidats à une élection locale, présidentielle, législative ou
sénatoriale1. Cette loi, dans le cadre de la navette parlementaire, attendait
au Sénat qu’un groupe s’en empare et la renvoie en deuxième lecture à
l’Assemblée, après quoi il aurait enfin fallu un casier vierge pour se
présenter à une élection.
Le fait que le candidat Macron l’incorpore à son programme ne pouvait
donc que me rassurer sur un changement de braquet en politique, d’autant
que peu de temps après, lors du débat télévisuel à onze candidats
présidentiels du 4 avril 2017, le sujet est abordé et mon nom cité en direct.
Puis les élections ont lieu et vient le moment de passer aux actes… On
commence alors à tergiverser, à réfléchir, à faire deux pas en arrière, à
vider de son sens chaque promesse de moralisation pour la remplacer par
un succédané, un placebo comme la pseudo-réforme des assistants
parlementaires. Tout ça pour en arriver à ce mensonge de notre président,
en direct et devant des millions de spectateurs.
Voici ce que j’ai fait paraître, en réaction à son passage télévisuel, sur un
réseau social célèbre, mais qui ne paie pas beaucoup d’impôts :

« MENSONGE EN DIRECT Et fake du président MACRON qui est soit


incompétent, soit menteur, soit une potiche manipulée. Il déclare que l’on
ne pourra plus se présenter à une élection avec un casier B2 chargé… C’est
entièrement faux la loi votée dit : « la juridiction peut, par une décision
spécialement motivée, décider de ne pas prononcer cette peine, en
considération des circonstances de l’infraction et de la personnalité de
l’auteur. » Il est faux d’affirmer devant les Français « l’impossibilité d’être
élu quand on a un casier judiciaire B2 est aujourd’hui promulguée ».
Encore une promesse non tenue. On ne lâchera pas ! Monsieur le président
Macron, vous avez du mouron à vous faire2 ».

Au risque de me répéter : ce fut, en mai 2017, et devant des millions de


spectateurs, le premier gros mensonge du président.
Depuis il y en a eu d’autres… beaucoup d’autres !

1. « Vote du casier judiciaire vierge pour les élus : une victoire pour la démocratie ! » 1er février 2017-
Contribuables Associés, https://www.contribuables.org/2017/02/vote-du-casier-vierge-des-elus-une-
victoire-pour-la-democratie/
2. « Le (gros) mensonge de Macron sur le casier judiciaire vierge », Alexandre Wukovits, Libre actu.fr,
16 septembre 2017.
LA VÉRITÉ SI JE MENS

« Mensonge et fraude sont le train du monde » Le recueil d’apophtegmes et axiomes (1855)

Double discours pour mensonge décalé


Mars 2017, nous sommes à deux mois des élections présidentielles. Celui
qui va devenir président de notre république est dans l’émission
quotidienne de Yann Barthès sur Canal Plus. Le candidat est interrogé et il
répond, avec franchise semble-t-il, sur la tolérance ZÉRO vis-à-vis de la
violence policière :

« … Pour expliquer les violences policières, il n’y a aucun bon


argument. [...] Dès qu’il y a une bavure, il doit y avoir une réponse et une
sanction. […] Ce n’est pas possible quand il y a une violence policière
qu’il n’y ait pas de sanctions dans la hiérarchie policière3. »

À l’époque on avait envie de le croire.


Puis, il est devenu présent de la République. Outre le fait qu’il a
commencé par se renier sur la moralisation politique promise et mise en
avant durant la campagne électorale (voir chapitre précèdent), il retourne là
aussi complètement sa veste sur les violences policières.
Le 9 mars 2019, soit précisément deux ans après que le candidat Macron
est devenu le président Macron, il déclare avec un semblant de franchise
(à lire avec humour…) là aussi :
« … Ne parlez pas de répression ; de violences policières, ces mots sont
inacceptables dans un état de droit… 4 »

La réalité de ce mensonge éhonté :


Du 17 novembre, date de la première manifestation des Gilets jaunes, au
31 juillet 2019, il y a eu 2 500 blessés côté manifestants dont 450
gravement atteints, deux morts et plusieurs dizaines d’éborgnés à cause des
tirs de l’arme de guerre LBD. On compte aussi des dizaines de mains
arrachées à cause des grenades lacrymogènes.
Au 31 juillet 2019, aucune sanction pour les débordements policiers.
L’expression « bavure policière » semble avoir disparu du vocabulaire
français.
La police a obtenu satisfaction en décembre 2018 sur presque toutes leurs
revendications salariales en moins de 24 heures (du jamais vu depuis
1958). Les syndicats semblent aussi avoir obtenu l’assurance d’une
impunité totale sur la répression de toutes les manifestations. Ceux qui
donnent les ordres répressifs, ou ceux qui frappent le plus, sont même
décorés en grande pompe par le ministre de l’Intérieur lui-même.

« Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent », disait un autre
politicien pas piqué des vers lui non plus.
CQFD
(ce qu’il fallait démontrer)

Le mensonge sous forme de discours « décalé »


C’est le sieur Castaner qui a déclaré par mont et par vaux, le 15 janvier
2019, le 29 janvier 2019, le 3 avril 2019, le 8 mars 2019, le 16 juin 2019…

« … qu’il n’y a aucune violence policière… » « … il n’y a pas d’image


de violence policière… » «.. Aucun policier n’a attaqué des Gilets
jaunes… »

Donc pas de violence


Donc pas de bavure
Donc pas besoin de sanctions
Donc le président n’a pas menti !

Quand on veut faire l’autruche, on parle comme une autruche.

3.
https://www.facebook.com/Nantes.Revoltee/videos/355181268512651/UzpfSTc5NDkzMjMwNToxMDE1ODgwMTg2
4. « Gilets jaunes » : pas de “violences policières”, selon Emmanuel Macron », Le Monde (avec AFP),
8 mars 2019.
L’ÂGE DE LA RETRAITE NE CHANGE PAS, C’EST JUSTE LA
DATE À LAQUELLE ON LA PREND QUI RECULE !

« Nous ne toucherons pas à l’âge de départ à la retraite, ni au niveau des


pensions » écrivait noir sur blanc le candidat Emmanuel Macron dans son
programme de campagne présidentielle de 2017.
Le 25 avril 2019, il réitère ces propos lors d’une conférence de presse
télévisée suite à la crise (salutaire) des Gilets jaunes.
Et c’est vrai, il n’a pas touché officiellement à l’âge du départ à la
retraite… juste à tout ce qu’il y a autour !

Un ministre qui recule (ce n’est pas nouveau).


On a l’habitude, mais, quand même, il charrie un peu Jean-Paul
Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites depuis un décret du
14 septembre 2017. Remarquez qu’il a l’habitude des revirements à 360
degrés puisque je l’ai connu ministre très à droite, puis soutien du PS, puis
d’Alexandre Jardin… puis de Macron. Bref, il sait naviguer en eaux
troubles, d’où mon étonnement devant sa prise de position franche et
définitive quand, en avril 2019, il déclare dans tous les médias, qu’il
s’engage à démissionner du gouvernement si l’on recule l’âge légal de la
retraite. Même Le Canard enchaîné reprend ses propos, c’est vous dire le
sérieux de sa déclaration tonitruante5. Tiens pour une fois, ils vont
respecter leur engagement, me dis-je (bêtement je sais).
Mais, c’était trop beau pour être vrai, Jean-Paul Delevoye sait ravaler
son chapeau et se servir des mots pour masquer la réalité de son
retournement de « démission ». En effet, l’âge légal de la retraite n’a pas
changé, c’est le « point d’équilibre » qui est variable. Peu après, il
l’annonce lui-même dans son rapport qu’il rend public le 18 juillet, et où il
préconise un âge « d’équilibre » à 64 ans.

Emballé, c’est pesé, le tour est joué, l’affaire est dans le sac (comme
aurait dit Josiane Balasko que j’adore dans Nuit d’ivresse). Donc « je n’ai
pas besoin de démissionner » déclarera simplement le ministre.
Je pourrais dire « sont forts ces politiques », je préfère écrire « c’est à
vomir ».
Et si je pouvais : sur ses chaussures !

La première escroquerie : On joue donc avec les mots pour


mieux nous truander
Une fois de plus, on nous roule dans le stuc et ça fait encore plus mal que
la farine (normal, le stuc c’est dur). Le truc, cette fois-ci, l’astuce,
l’arnaque employée pour nous anesthésier, c’est de parler de « point
d’équilibre » qui n’est absolument pas fixe, lui. Un truc, justement, qui
vous fera perdre le petit équilibre financier d’une retraite déjà pas bien
lourde.
Par exemple, et ce n’est pas moi qui le dis, c’est le haut-commissaire
Delevoye (vous savez, celui qui devait démissionner si l’on reculait l’âge
de la retraite et qui ne l’a pas fait) qui l’écrit dans son fameux rapport : il
sera toujours possible de partir à 62 ans, mais cela impliquera une décote
de 5 % pour tous ceux qui n’auront pas commencé à travailler avant 20
ans. Mais, comme il faut bien un peu de social, seront exemptés de
minoration tous les travailleurs ayant accumulé assez de points de
« pénibilité ». Entendre par là ceux qui auront travaillé dans les mines de
sel en Tanzanie pendant au moins dix ans et qui pourront le prouver avec
les bulletins de paie, des originaux pas des copies !, dûment tamponnés par
les autorités du pays.
On ne touche donc pas officiellement à l’âge du départ à la retraite (sinon
Jean-Paul Delevoye démissionne), mais c’est le salarié lui-même,
contraint et forcé qui recule la date de son départ. C’est ce que ces braves
gens d’en haut appellent le « point d’équilibre » ou l’âge « pivot ». C’est
plus romantique pour eux sûrement.
Point d’équilibre de mes deux et pivot toi-même, oui !

La double escroquerie
L’escroquerie est double car, il faut que vous le sachiez, on l’a dans l’os
de tous les côtés. Même si vous remplissez les nouvelles conditions pour
partir à 62 ans, et vous allez être de moins en moins nombreux à pouvoir y
prétendre puisque votre retraite complémentaire, celle à laquelle vous avez
cotisé tant bien que mal pour vous assurer un petit complément salutaire
les vieux jours venant, eh bien, celle-ci aussi vous attend au tournant.
Vous partez à 62 ans ? Vous aurez 10 % de moins sur la complémentaire
Agir/Arco pendant trois ans (donc jusqu’à 65 ans)6. Pour ne pas avoir de
minoration, il faudra attendre 63 ans. Et hop, déjà un an de rabiot pour tous
ceux qui feront leur compte et s’apercevront qu’ils ne vont pas y arriver.
Autrement dit 95 % des travailleurs qui peuvent prétendre partir à 62 ans
ne partiront déjà plus qu’à 63 ans.

La troisième escroquerie
Nous allons d’autre part passer à un système à points pour tous les
salariés. On nous l’a vendu comme une « simplification », « un système
égalitaire pour tous », « une obligation de changement pour conserver la
retraite par répartition ». Belle façade pour que le salarié, futur retraité,
avale la pilule sans trop se rebeller.
Mais le pataquès que l’on nous cache, que l’on écrit en tout petit, ou que
les journalistes aux ordres murmurent de façon inaudible, c’est que si
aujourd’hui, dans le privé, on peut bénéficier d’une retraite de base à taux
plein, soit 50 % de son salaire annuel moyen – à condition d’avoir un
nombre suffisant de trimestres (à 62 ans sur le papier) – sur les 25 années
les plus avantageuses, ce ne sera plus le cas demain. Avec la retraite par
points, le calcul se fera avec les points accumulés durant toute votre
carrière, ce qui change tout dans le calcul du montant de la pension7.
En effet aujourd’hui, et à plus forte raison demain, la situation d’un
salarié avant trente ans est faite de petits boulots, d’emplois précaires et
mal payés, pour couvrir les frais d’études soi-disant gratuites.
Avec le système à points l’ensemble de la carrière, comprenant donc ces
années de précarité, aura un impact plus important. Dans le futur régime
universel, ces années feront obligatoirement baisser le niveau de pension
par rapport à l’ancien système.

Quatrième escroquerie
Vous venez déjà d’avaler en déglutissant ce qui précède ? Asseyez-vous,
on passe à la suite.
L’ancien système permettait de connaître, à peu près, à l’avance le
montant de sa pension en fonction de l’évolution ou non de son salaire
dans sa carrière.
Dans le nouveau système que l’on nous sert, le niveau de pension est
déterminé en fonction d’une « valeur du point ». Celle-ci n’est pas fixe et
peut donc évoluer à la hausse ou à la baisse chaque année, faisant ainsi
varier le montant des pensions8.
On découvre seulement au dernier moment combien on touchera. Il suffit
que le point baisse (et ils ne vont pas se gêner) durant plusieurs années
pour que votre pension soit bien entamée avant même de la toucher.

Cerise sur la descente aux enfers des futures retraites


Pour compléter les coups de marteau que l’on vient d’asséner sur la tête
des futurs retraités, il faut également tenir compte de l’allongement
progressif du nombre de trimestres à travailler pour atteindre le jardin
d’Éden « retraital » : ainsi les natifs de 1957, qui soufflent donc en 2019
leurs 62 bougies, doivent désormais cumuler 166 trimestres (41 ans et six
mois) avant de bénéficier d’un repos bien mérité. À raison d’un trimestre
supplémentaire ajouté tous les trois ans, il faudra au moins 42 ans de
cotisation pour les générations nées à partir de 1961. Et il n’y a aucune
raison pour que les rajouts de trimestres s’arrêtent en si bon chemin.

Conclusion
Je stoppe là ce qui pourrait passer pour la logorrhée d’un « anti-tout »
(dixit les Foulards rouges), mais qui n’est que le triste constat d’une perte
des acquis sociaux pour le peuple français. Il y a des ancêtres qui doivent
se retourner dans leur tombe ; nos aïeux qui se sont battus comme de beaux
diables pour nous avoir un peu de répit décent après une vie de labeur.
Demain, il faudra donc travailler plus longtemps, cotiser plus cher pour,
au final, toucher moins. Et je ne vous parle pas de ceux qui auront des
accidents de parcours, accidents professionnels, handicapés, famille
monoparentale, etc., ceux-là n’auront que le droit de se taire. On leur
donnera le minimum vital, juste de quoi survivre, et en plus, il faudra dire
« merci mon bon prince » !
Si quelques-uns d’entre vous n’ont pas encore compris que nous allons
tous être les dindons de la farce, les moutons qui se laissent tondre la laine
sur le dos, qu’ils relisent attentivement l’ensemble du texte à tête reposée
ou qu’ils aillent, tout de suite et sans attendre, chercher dans leurs toilettes
leur balayette perso pour se la mettre là où il faut.
Parce qu’en plus, je suis vraiment désolé, mais de l’argent pour payer les
retraites il y en a. Quand je pense à l’automatisation de l’outil de
production qui est à l’œuvre dans tous les domaines, aux machines qui
prennent le travail des salariés et ne paient aucune charge sociale, je me dis
qu’il y a là de belles pistes pour récupérer l’argent nécessaire au paiement
des retraites. Ah pardon, j’oubliais ! Qu’est-ce que je fais des profits pour
quelques-uns de plus (… en plus gigantesques) engendrés par ces
machines ? Eh bien on fait un peu moins de bénéfices et ON PARTAGE !
Et ce pour deux simples et bonnes raisons que les amasseurs de profits
outranciers devraient juste comprendre :
La première, c’est que nous mourrons tous et que tu auras beau remplir
ton cercueil d’or, cela ne te servira pas à grand-chose, là où l’on va.
La deuxième, c’est qu’à force de ne pas redistribuer et d’appauvrir le
reste du peuple, celui-ci finira par ne plus rien pouvoir acheter du tout et
alors le système s’effondrera de lui-même, comme le château de cartes
qu’il est. Tout l’argent, les trésors amassés ne vaudront plus rien.
Ce sont les pauvres qui font les riches, si tant est qu’on leur laisse la
possibilité, un brin cynique, « d’au moins » rester pauvres. Mais de ça je ne
suis pas sûr que nos gouvernants actuels s’en rendent bien compte.

Détail militaire de futur coup d’État ?


Donc on a bien compris que concernant les retraites, il faut mettre en
place un système égalitaire pour tous, efficace et simple, basé sur le fait
que tous ceux qui travaillent ont droit au même régime de retraite unifié,
bla bla bla…
Pour tous… sauf pour l’armée.
C’est marrant, mais concernant la retraite des militaires le président de la
République a fait des déclarations très rassurantes juste avant le défilé du
14 juillet 2019. L’armée commençait justement à sérieusement râler quant
à une éventuelle remise en question, dans le rapport du ministre qui devait
démissionner, de sa retraite douillette et particulière :

« L’état militaire est un état singulier et cette singularité nous oblige à


tracer un chemin propre, balisé par le statut militaire, qui prévoit une juste
compensation aux contraintes, aux sujétions qui s’imposent à vous. »

Traduction pour les néophytes : on ne va pas toucher à vos avantages


discrets. Et Macron de continuer :

« La singularité du métier militaire et les exigences du modèle d’armée,


une armée tournée vers les opérations, seront prises en compte dans les
réformes à venir, notamment celle du système de retraites… Les pensions
militaires relèvent d’abord de la condition militaire et d’un contrat passé
entre la Nation et ses armées. »

Traduction pour ceux qui ne veulent pas comprendre : ne vous inquiétez


pas ! On ne touchera pas à votre régime spécial de retraite9.

Un coup d’État se prépare-t-il ?


On n’est jamais trop prudent quand on est au pouvoir, il vaut mieux avoir
l’armée de son côté. Si un jour on a besoin de tirer sur la foule ou de
prendre le pouvoir militairement, mieux vaut soigner ses soldats.
Et puis c’est vrai, les métiers de l’armée sont singuliers, cela doit être
pris en compte dans les réformes à venir. Pour les infirmières, le personnel
des Ehpad, la SNCF, la RATP, pas de spécificité par contre, après tout eux
n’ont pas de fusils… pour l’instant.

5. « Jean-Paul Delevoye prêt à démissionner si l’âge légal de départ à la retraite est reculé », BFM TV,
3 avril 2019.
6. « Départ à la retraite à compter du 1er janvier 2019 », http://www.agirc-
arrco.fr/actualites/detail/depart-a-la-retraite-a-compter-du-1er-janvier-2019/
7. « Système à points, «âge d’équilibre»… Sept questions pour comprendre la réforme des retraites
prévue par Emmanuel Macron », Anne Brigaudeau, France Télévisions, 18 juillet 2019.
8. « Qu’est-ce que la “retraite par points” proposée par Emmanuel Macron ? », Eléa Pommiers,
Lemonde.fr, 6 avril 2017.
9. « Réforme des retraites. Macron s’engage à prendre en compte “la singularité du métier militaire” »,
Ouest-France (avec AFP), 14 juillet 2019.
LES MENSONGES D’ANTAN

« En France, la publicité mensongère est susceptible de condamnations pénales,


pas les fausses promesses politiques… »
P.P.

Malheureusement, il semblerait que le mensonge d’État soit une pratique


politique depuis l’origine des temps et que les véritables motifs de nos
dirigeants ne soient jamais dignes d’éloges. Les mensonges politico-
économiques servent la plupart du temps des fins électorales ou
personnelles. Pour justifier le ou les mensonges et masquer la vérité
dérangeante pour quelques-uns, on invoque à chaque fois la raison d’État.
Pour justifier le ou les mensonges, on prétexte le bien public qui en fin de
compte ne couvre que des intérêts financiers. Pour justifier l’injustifiable,
on se drape dans une vertu dans laquelle seuls, bien entendu, peuvent se
draper ceux qui ont le pouvoir. Pour justifier l’injustifiable, on se donne le
droit divin de détenir la vérité, celle que le peuple ne doit pas connaître car
il n’est pas en capacité de la comprendre.
Et le mensonge devient la vérité officielle, du moins ceux qui sont censés
nous représenter le voudraient-ils, mais souvent, même si c’est plus tard, la
vérité éclate et nous donne une idée à chaque fois plus précise de leur
duplicité.

La vignette auto pour petits vieux10, un leurre !


Voilà l’un des plus gros mensonges étatiques de l’après-guerre qui nous a
vendu de la solidarité pour mieux nous faire avaler la pilule. Nous sommes
en 1956, l’État cherche de l’argent pour développer l’aide aux personnes
âgées. Paul Ramadier, ministre des Affaires économiques, invente la
vignette « Fonds national de solidarité » qui doit être collée au pare-brise
(ce qui, les années passant, donnera parfois des myriades d’autocollants sur
les voitures…) On annonce partout que cette taxe, dont le montant varie en
fonction de l’âge et de la puissance de la voiture, n’est que temporaire et
que les recettes seront exclusivement affectées aux personnes âgées.
Résultat : aucun ancien ne verra un fifrelin de l’argent récolté. Quelques
années après son lancement, le Premier ministre de l’époque, Michel
Debré, annoncera que les recettes de cette vignette resteront acquises au
budget global de l’État.
Un mensonge d’État qui a quand même duré plus de quarante ans
puisque « la vignette pour les vieux » ne fut supprimée qu’en 200011.

Nager dans la Seine : mon œil !


Ce qui est fort dans l’arnaque, c’est que parfois le mensonge est
tellement gros que lorsqu’on apprend la vérité, on n’en veut même pas au
menteur.
En 1988 Jacques Chirac, alors maire de Paris, est en mal de propagande
électorale. Pour attirer les sunlights (aujourd’hui on dirait pour créer le
buzz…), il affirme haut et fort qu’il se baignera bientôt dans la Seine :
« Dans cinq ans on pourra à nouveau se baigner dans la Seine et je serai le
premier à le faire. » Promesse qu’il réitère sans scrupule et avec aplomb le
15 mai 1990 sur FR3.
Autant vous dire que trente ans après, Jacques n’a jamais plongé, ne
serait-ce que le petit orteil, pour rejoindre Séquana, la nymphe de la Seine.
Une promesse et un mensonge qui amuseront la galerie plus qu’ils
n’offusqueront les citoyens.

Menteur une fois…


À croire que ce genre de promesses fait partie des déclarations
mensongères qu’il faut proférer pour plaire au peuple et alimenter les
gazettes12. Le mensonge bien accepté du président d’hier devient
l’affirmation d’aujourd’hui, et c’est encore la mairie de Paris qui se lance
dans le bain. En 2016, Anne Hidalgo commence par affirmer que les
Parisiens auront la chance de pouvoir faire trempette dans le bassin de la
Villette dès 2017. Puis ne doutant de rien et afin d’appuyer la candidature
de Paris aux jeux Olympiques de 2024, madame la maire n’hésite pas à
affirmer, le plus sérieusement du monde, qu’en cas de victoire de Paris (ce
qui fut le cas) l’épreuve de natation du triathlon (1,5 km) et les 10 km de
nage en eau libre se dérouleraient directement dans la Seine13.
En ce qui concerne le bassin de la Villette dans le canal de l’Ourcq, il est
vrai que la promesse a été tenue puisque trois bassins sont ouverts en
période estivale, mais ce qui est possible dans un lieu fermé et contrôlé
n’est pas aussi aisé dans un fleuve ouvert aux vents et aux courants.

Une affirmation qui va sans doute encore tomber à l’eau


La déesse celtique Séquana (qui donna son nom à la Seine) risque
d’attendre encore un peu pour revoir de grands évènements. Déjà en 2013,
plusieurs manifestations aquatiques, dont un triathlon, avaient été annulées
pour cause d’eau impropre. Un détail que semblent oublier nos élus : des
taux importants de « contamination fécale » et autres bactéries, comme
certaines souches d’Escherichia coli, le colibacille responsable de gastro-
entérites, d’infections urinaires, de méningites ou de septicémies, avaient
été retrouvées dans l’eau. Il faut savoir que l’eau qui sort des stations
d’épuration n’est pas traitée pour les bactéries entérocoques et Escherichia
coli, dixit Célia Blauel,14 maire adjointe de Paris chargée des questions
environnementales, car cela n’entre pas dans le cadre juridique du
traitement des eaux.

Gastro minimum garantie


Ce qui veut dire, si on lit entre les lignes, qu’il vaudra mieux éviter de
boire la tasse si l’on autorise la baignade dans la Seine, ou l’on peut parier
sur une augmentation significative des gastro-entérites aiguës ! Voire un
peu plus, si affinités avec colibacilles méchants.

Le mensonge de la vache folle à l’Élysée


La vache folle, qui s’en souvient ? Un des plus grands scandales
sanitaires des vingt dernières années qui s’est répandu en Europe et au-delà
comme une traînée… de farine animale !
Les farines animales sont issues de la réduction en poudre de carcasses
d’animaux comestibles. En clair, ce sont les restes d’os et de viandes issues
des animaux d’élevage qui ne sont pas utilisés dans l’alimentation
humaine. L’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), également
appelée « maladie de la vache folle », est une infection dégénérative grave
et incurable du système nerveux central des bovins. C’est en Grande-
Bretagne que l’épidémie a été la plus flagrante.
L’utilisation des farines animales pour les ruminants a donc été interdite
en 1997 en raison des risques de contamination à l’homme. L’interdiction
a été étendue en 2001 aux aliments destinés aux poissons, volailles, porc et
à tous les animaux de consommation ou domestiques. Il faut se rappeler
que la transmission à l’homme via une variante de la maladie de
Creutzfeldt-Jakob a tué officiellement 224 personnes, dont 25 Français.

Le profit, le profit, toujours le profit ?


Le souci avec la sécurité alimentaire pour tous, c’est que cela ne
correspond pas du tout au profit maximum pour quelques-uns. Suite à la
découverte du scandale sanitaire et avec l’interdiction qui se profile pour le
bœuf de Grande-Bretagne, la filière du bœuf s’effondre aussi en France.
Ajouté à cela que le prix de revient avec de l’alimentation à base de soja
est beaucoup plus important qu’avec les déchets sous forme de farines
animales, il faut donc redonner un petit coup de pouce pour que les
consommateurs français retournent vers la grillade de bœuf.
En 2000, le président Jacques Chirac se trouve en Irlande et participe à
une conférence de presse avec le Premier ministre irlandais. Au journaliste
qui lui demande s’il serait prêt à manger du bœuf irlandais le président
Chirac répond 15 :
« … ma réponse est oui, sans aucun doute. Et mon regret c’est, hélas, que
le temps ne me permette pas de dîner comme très gentiment le Premier
ministre me l’avait proposé. Je suis sûr qu’il m’aurait proposé de
l’excellente viande (de bœuf). »

Faites ce que je dis, pas ce que je mange !


Petit détail amusant (si l’on peut dire) de ce mensonge présidentiel, c’est
qu’au moment où le président affirmait officiellement devant la presse et
les télévisons qu’il mangerait bien une petite côte de bœuf, fût-elle
irlandaise (tout en sachant qu’il n’aurait pas à le faire), les cuisines de
l’Élysée retiraient le bœuf de tous les menus présidentiels. À l’Élysée, il
était donc interdit de manger du bœuf… irlandais ou non.
Un « petit » mensonge pour continuer à soutenir le bœuf français, mais,
pas dans l’assiette de la présidence.

Et depuis ? C’est quoi qu’ils mangent ceux qu’on mange ?


On aurait pu penser, bêtement mais avec bon sens, que le scandale et les
morts auraient servi de leçon aux apprentis sorciers du bénéfice à tout prix.
Il faut croire que non, car l’Europe, en 2013, remet le couvert pour des
raisons économiques. Pour ne pas effrayer on habille cela de termes
scientifiques et on décide en catimini de réautoriser les farines animales
dans l’alimentation, des poissons dans un premier temps, puis des volailles
et des porcs par la suite. Mais bien entendu, on nous assure que tout est
sécurisé et qu’il n’existe plus aucun risque de transmission à l’homme.
À Bruxelles on répète que la réintroduction est possible puisque « le
risque de transmission de l’ESB entre des non-ruminants est négligeable,
dans la mesure où le cannibalisme est évité »16. Pratique comme excuse !

On change de nom et le tour est joué, ni vu ni compris


Comme d’habitude, pour noyer le poisson, on utilise la vieille ficelle du
neuf avec du vieux. « L’intelligentsia » des techniciens de l’enfumage
massif décide qu’à l’occasion de cette nouvelle autorisation de mise sur le
marché des farines animales, on les appellera dorénavant « PAT », pour
Protéines Animales Transformées. Plus simple pour endormir le peuple qui
n’a pas forcément de mémoire et, ne lisant pas systématiquement toutes les
étiquettes, n’a pas beaucoup de chance de faire le lien entre PAT et farines
animales17.

La France, elle est contre… mais on le fait quand même !


Là aussi, on tient un discours et on fait le contraire. Dans la vraie vie cela
s’appelle un mensonge, mais en politique c’est plutôt un arrangement
conjoncturel. Officiellement concernant le projet de réintroduction des
PAT dans l’alimentation, la France vote contre (avec l’Allemagne et la
Grande-Bretagne), mais, de l’aveu du ministère de l’Agriculture, de
l’Agroalimentaire et de la Forêt (publié dans le JO Sénat du 25 juillet
2013, page 2174) :

« …la France a voté contre ce projet de texte uniquement pour des


raisons de difficulté d’acceptabilité sociétale et afin de soutenir les efforts
des professionnels français et non des raisons techniques ou sanitaires… »

Traduction de ce langage policé et plus que légèrement faux cul : on vote


contre parce qu’on ne peut pas faire autrement, mais en fin de compte, on
est pour… bien qu’on puisse faire autrement !

Et pour en rajouter une louche (de farine)


L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de
l’environnement et du travail (ANSES) a émis, le 16 novembre 2011, un
avis défavorable à la réintroduction des farines animales pour
l’alimentation d’animaux d’élevage, estimant que « les conditions
permettant une utilisation sécurisée de PAT ne sont pas à ce jour
totalement réunies18. »
Pour info et plus de compréhension, l’Anses est un établissement public à
caractère administratif placé sous la tutelle des ministères chargés de la
Santé, de l’Agriculture, de l’Environnement, du Travail et de la
Consommation. C’est-à-dire que l’agence experte en sécurité alimentaire
affirme au ministre que les PAT c’est pas bon pour notre santé… et le
ministre n’en tient pas compte ! L’économique avant la santé qu’on vous
dit !

Enfin et juste pour appuyer sur la tête du poisson européen frelaté


L’Europe dans sa grande mansuétude à l’égard des lobbies producteurs
alimentaires ou autres (j’assume) a voté la simple autorisation de
réintroduction des fameux PAT. C’est amusant de voir à quel point une
autorisation que l’on n’est absolument pas obligé de suivre devient une
obligation quand le prix du soja (en lieu et place des farines animales, alias
PAT…) réduit la marge de profit des producteurs français.

Conclusion
Officiellement, via les médias et pour le peuple français, la farine
animale ce n’est pas bien, ce n’est pas bon, beurk, beurk ! On l’écrit, on le
dit, on le clame haut et fort pour rassurer la population française et, sans y
être obligé, on l’autorise sur le territoire. Ah, les joies du mensonge et du
double langage politiques !

Un nuage qui s’arrête gentiment aux frontières


Panique mondiale le 26 avril 1986 quand la centrale nucléaire de
Tchernobyl explose et que son nuage radioactif se répand à travers
l’Europe et le monde19. Branle-bas de combat dans tous les états-majors du
monde entier. Il s’agit là d’une catastrophe à l’échelle mondiale et aux
conséquences gravissimes à cause de ce nuage chargé de mort qui s’étend
comme une pieuvre sur l’ensemble de l’Europe. Il faut avertir et protéger
les populations.
Du moins c’est ce que tout homme de bon sens devrait faire. Sauf que
nos politiques de l’époque – la France en première ligne car nous sommes
le pays qui possède le plus de nucléaire20 – ne peuvent pas, à cause d’un
accident en Ukraine, laisser la méfiance s’installer et les populations
s’inquiéter outre mesure sur l’étendue des dégâts et leurs conséquences sur
la santé des générations futures.

Nos gouvernants savaient, mais ils n’ont rien fait


Le nuage radioactif s’étend sur l’Europe. Le 1er mai 1986, moins d’une
semaine après l’explosion, les compteurs Geiger de plusieurs centrales
françaises s’affolent et passent dans le rouge. Un début de panique
générale et quelques contrôles plus tard, tous les techniciens réquisitionnés
s’aperçoivent que la menace ne se situe pas à l’intérieur des centrales, mais
à l’extérieur : le nuage porteur de mort est au-dessus du territoire français.
Les réseaux sociaux, les smartphones, n’existent pas encore et contrôler
l’information est beaucoup plus aisé.

Chirac et Sarkozy à la manœuvre du mensonge


Le Premier ministre de l’époque, Jacques Chirac, et son délégué
interministériel pour les énergies et le nucléaire, Nicolas Sarkozy, sont à la
manœuvre et aux avant-postes pour étouffer toute panique générale. La
France a tout investi dans l’énergie nucléaire : il faut éviter à tout prix que
l’ensemble de la population rejette cette énergie et perde confiance21. Les
journalistes sont bridés, l’information cadenassée, rien ne sort ; les
techniciens des centrales reçoivent des consignes strictes de confidentialité.
Le leitmotiv répété à l’envi dans les médias aux ordres (déjà !) est :
« Tout va bien ; la radioactivité est peu importante, la France a un taux de
radioactivité en dessous de la norme ». Toute l’oligarchie politique par
intérêt « politique » entonne le même refrain : « Tchernobyl : pourquoi la
France est à l’abri » titre le journal de l’époque L’Actualité.
Le nuage radioactif s’est arrêté à la frontière (comme pour la marmotte
qui met le chocolat dans le papier d’alu…)
Plus c’est gros plus ça passe ! Mentez, mentez, il en restera toujours
quelque chose. Quelques jours après l’explosion, les autorités nucléaires
françaises publient un communiqué qui affirme mordicus que la hausse de
la radioactivité en France est « non significative pour la santé publique ».
Le vent a repoussé le nuage vers la Sibérie. Des consignes précises sont
données à toutes les stations météo pour ne pas parler du nuage qui
recouvre la France22. Le professeur Pierre Pellerin, patron du Service
Central de Protection contre les Rayons Ionisants (SCPRI), est envoyé en
première ligne. Il déclare à tout va, y compris à la télévision à une heure de
grande écoute que : « L’élévation relative de la radioactivité est très
largement inférieure aux limites réglementaires… » (Ce sera d’ailleurs le
seul lampiste mis en examen par la suite et relaxé en 2O1123.)
On a donc non seulement volontairement minimisé les effets de
l’explosion et laissé les populations exposées aux rayons et autres
joyeusetés dues à la radioactivité, mais, et c’est à mon humble avis encore
plus grave, on a volontairement caché les effets désastreux sur la faune et
la flore.

Mensonge aussi sur l’empoisonnement de l’alimentation


Comme tout va bien en France, et que le nuage est officiellement reparti
tout seul, nos dirigeants ne peuvent décemment pas avertir les populations
que des aliments sont gravement pollués par la radioactivité. Un petit
exemple : dans la ville de Kiehl, en R.F.A., les salades (entre autres) sont
retirées des étalages en urgence, mais juste de l’autre côté du Rhin, à
Strasbourg (c’est-à-dire à un kilomètre à vol d’oiseau), aucune consigne
sanitaire n’est donnée à la population française.
La Suède, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, etc., retirent de la
consommation courante une liste importante d’aliments irradiés suite à
l’explosion de la centrale nucléaire. Il n’y a qu’en France où, grâce à
l’intervention miraculeuse d’on ne saura jamais qui (le Saint-Esprit sans
doute), aucun produit alimentaire n’a été irradié. Je ne retrouve nulle trace
d’avertissements, de recommandations, de conseils ou précautions à
destination des populations pour éviter que les femmes, les enfants, les
vieillards ne s’empoissonnent en consommant des salades ou des
champignons parfumés au césium 137.
Moi ce qui me gêne dans ce mensonge d’État organisé, voire me laisse
pantois, et surtout me remplit d’une colère sourde envers les responsables
politiques, ce sont tous ces pauvres gens qui ont déclaré un cancer, une
leucémie, ont donné naissance à des enfants mal formés, quelques mois ou
années après l’explosion. La plupart ont cru au « pas de chance cela tombe
sur moi » alors que la cause réelle de leur malheur n’est que l’inaction et
les mensonges volontaires de nos dirigeants.

En 2015, les sangliers et les champignons sont toujours radioactifs…


mais uniquement en Allemagne !
Un tiers des porcs sauvages qui peuplent les forêts de la Saxe sont
radioactifs. Il est interdit d’en consommer suite à des analyses réalisées par
le gouvernement de Saxe et relayées par le Telegraph24. Il en est de même
pour les champignons qui sont également irradiés25. Les experts locaux
estiment que le retour à la consommation de sangliers ne pourra pas se
faire avant une cinquantaine d’années, soit vers 2030/2040.
Bien entendu, une fois de plus ce qui se passe au niveau de la
radioactivité à 1 000 km de Tchernobyl en Allemagne n’est absolument
pas envisageable en France. Après tout, les sangliers sauvages, qui savent
très bien lire les panneaux sont au courant qu’il ne faut pas franchir les
frontières françaises. Pareil pour le nuage radioactif chargé de césium 137,
d’iode 131, etc., qui, malgré les 696 km environ entre La Saxe et Paris
s’est arrêté juste un peu avant d’arriver à Strasbourg et est reparti à Kiev,
en bon petit nuage respectueux du sol français.

Mensonge sur les chiffres des morts


Impossible de connaître le chiffre exact des morts causées directement ou
indirectement par l’explosion. Tous les chiffres ont été mélangés,
dispersés, explosés, dispatchés à travers tous les pays. Chaque organisation
possède les siens, ce qui pourrait prêter à sourire si l’évènement n’avait pas
été aussi grave. À ce jour, « officiellement », l’Organisation mondiale de la
santé (OMS) et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)
recensent environ 4 000 morts à terme par cancer26 (c’est pas bézef) alors
que l’Académie des sciences de New York attribue plusieurs millions de
morts aux retombées de Tchernobyl (entre les deux chiffres, cherchez
l’erreur). Et ce sans compter les malformations diverses et variées chez les
nouveau-nés dont l’estimation basse se situe aux alentours de 50 000
enfants.

En 2015, des terres françaises sont encore radioactives


À cause des retombées de césium 137, et selon un rapport et un
communiqué de la CRIIRAD27, Commission de recherche et d’information
indépendantes sur la radioactivité (organisme indépendant), des
échantillons de terres dans le Mercantour émettent en 2015 plus de
100 000 becquerels par kilogramme. Aujourd’hui encore la Corse et
d’autres régions ne sont pas en reste dans l’accumulation des becquerels
hors norme dans le sol ou les aliments. Ce sont des faits incontestables et
incontestés et pourtant :

Le ministère de l’Agriculture ment


Le communiqué du ministère de l’Agriculture en date du 6 mai 1986
indiquait :

« Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement


épargné par les retombées de radionucléides consécutives à l’accident de
Tchernobyl. »

Conclusion radioactive
Plus de trente ans après, la vérité qui sort de terre nous permet de
mesurer l’ampleur des mensonges que l’on a servis à la population
française. Ces vérités, volontairement cachées pour des raisons d’État
douteuses et des intérêts particuliers, ne sont pas, et c’est peu de le dire, à
l’honneur de ceux qui sont censés nous représenter et nous défendre.

Le mensonge d’un bateau qui coule.


Un mensonge d’État qui a coûté la vie à un photographe
Nous sommes en 198528, l’État français favorise et développe l’énergie
nucléaire et les essais d’explosion sur l’atoll de Mururoa. L’association
Greenpeace a affrété un bateau qui mouille dans le port d’Auckland en
Nouvelle-Zélande, d’où il doit ensuite repartir vers le site nucléaire.
Une équipe d’agents secrets français fait sauter le bateau, qui coule et
provoque la mort d’un photographe resté dans la cale pour récupérer son
matériel. Les autorités néo-zélandaises interpellent deux agents secrets
français pendant que trois autres, à bord d’un voilier « Ouvéa », réussissent
à passer à travers les mailles du filet mis en place (l’enquête et les fuites
organisées démontreront qu’il y avait une troisième équipe).

L’État s’enferre dans le mensonge


Dans un premier temps, le gouvernement français ne reconnaît rien et
multiplie des fausses pistes tous azimuts à travers tous les médias, qu’ils
soient français ou étrangers. Tout y passe. L’extrême droite ou les services
secrets russes sont responsables, mais pas la France.
Cependant l’enquête progresse vite, à l’aide de documents reçus en
Nouvelle-Zélande grâce à l’aimable et discrète collaboration du propre
ministre de l’Intérieur français Pierre Joxe (oui, oui, il voulait se
débarrasser d’un collègue ministre !) Le mensonge de l’État devient bientôt
intenable et, pour éviter la chute du président François Mitterrand, (au
courant de l’affaire depuis le début…) le ministre des Armées Charles
Hernu et le directeur de la DGSE, le général Pierre Lacoste, sont obligés
de servir de fusibles et démissionnent.
Un Premier ministre ridiculisé
Le Premier ministre de l’époque Laurent Fabius n’était au courant de
rien et c’est avec force que, lors d’une déclaration télévisée, il nie toute
implication française dans l’attentat… avant d’être obligé, bien malgré lui,
de reconnaître publiquement que c’est en effet son gouvernement qui a
organisé l’attentat et provoqué la mort du photographe. Le pauvre Premier
ministre est donc la preuve qu’il peut y avoir plus menteur que lui au sein
d’un même gouvernement.

Frère d’une ex-femme de président


Pour la petite histoire, l’un des trois plongeurs poseurs de bombes,
repartis sur le bateau « Ouvéa » et récupérés par un sous-marin en pleine
mer, s’appelait Gérard Royal. Il est le frère de Ségolène Royal, ex-
présidentiable et ex-femme du président français François Hollande.

Je me marre, mais je ris jaune car « ils sont tous honnêtes »


Les gouvernements passent et le mensonge reste. Pourtant, chaque
président y va de son couplet sur la probité, l’honnêteté, l’éthique en
politique. Remontons l’horloge du temps :
23 mars 1998, déclaration radiotélévisée de Jacques Chirac alors
président de la République :

« … Je voudrais aussi rappeler que la politique, dans une démocratie,


c’est l’honnêteté et le respect de l’autre. Que la politique, c’est défendre
un idéal, c’est être au service de ses concitoyens. Que la fin ne saurait en
aucun cas justifier les moyens. Qu’il faut, en toutes circonstances, un
esprit de responsabilité et de vigilance… »

Cela se terminera pour Jacques Chirac par deux ans de prison avec
sursis pour « détournement de fonds publics », « abus de confiance » et
« prise illégale d’intérêts ».
Puis, Nicolas Sarkozy y va aussi de son couplet lors de son investiture
en 2007 au parc des Expositions de Paris :

« (…) Je veux une démocratie irréprochable. La démocratie


irréprochable c’est la participation de chacun à la définition du destin de
tous. La démocratie irréprochable c’est celle où il n’est pas nécessaire de
voter pour les extrêmes pour se faire entendre. Celle où il n’est pas
nécessaire de descendre dans la rue pour crier son désespoir. Celle où
chacun reconnaît dans la politique de son pays une part de lui-même. La
démocratie irréprochable ce n’est pas celle où l’enfant d’un de ces
quartiers dans lesquels s’accumulent toutes les difficultés, qui regarde la
télévision trouve qu’aucun homme politique ne lui ressemble. La
démocratie irréprochable c’est celle qui permet aux enfants de tous les
quartiers de ressentir qu’ils ont quelque chose en commun. La démocratie
irréprochable c’est celle qui permet d’arracher le poison de l’extrémisme
du cœur de tous ceux qui se laissent entraîner par leur colère et par leur
peur parce qu’ils se sentent exclus. La démocratie irréprochable ce n’est
pas une démocratie où les nominations se décident en fonction des
connivences et des amitiés, mais en fonction des compétences29. »

Alléluia, c’est beau !


Je n’ose tout simplement pas citer le nombre de dossiers politico-
financiers dans lequel il est empêtré et dont la justice est saisie.

Puis nous avons eu le président normal, François Hollande. En 2012,


dès sa campagne présidentielle, il avait exigé, martelant son discours au
Bourget, une « République exemplaire » :

« (…) Mais avant d’évoquer mon projet, je vais vous confier une chose.
Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire,
mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il
ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il
gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance.
[…]
Présider la République, c’est faire respecter les lois pour tous, partout,
sans faveur pour les proches, sans faiblesse pour les puissants, en
garantissant l’indépendance de la justice, en écartant toute intervention du
pouvoir sur les affaires, en préservant la liberté de la presse, en
protégeant ses sources d’information, en n’utilisant pas le renseignement
ou la police à des fins personnelles ou politiques. Présider la République,
c’est être impitoyable à l’égard de la corruption. Et malheur aux élus qui y
succomberont ! Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de
l’économie, de la société et même de nos vies. Désormais, il est possible en
une fraction de seconde de déplacer des sommes d’argent vertigineuses, de
menacer des États30. »

On aura pu constater l’exemplarité « les yeux dans les yeux » de son


entourage et de quelques-uns de ses ministres ou conseillers…
Et enfin le suivant et l’actuel, Emmanuel Macron, qui, lui aussi y va de
sa chansonnette durant la campagne présidentielle de 2017. Moralisation
de la vie politique…

« (…) Le principal danger pour la démocratie [était] la persistance de


manquements à la probité parmi des responsables politiques, dont le
comportement est indigne de la charge de représentant du peuple… [les
responsables politiques allaient devoir] rendre des comptes sur leur
entourage et sur la manière dont ils utilisent l’argent public ».

Je ne vais pas développer ici, car le président actuel tient une très bonne
place dans les chapitres suivants de ce livre. On peut même dire qu’il a fait
très fort et je le félicite, il est le premier de cordée dans le genre de « je dis
et je fais le contraire, je mens en vous disant que c’est la vérité ».
Rien que pour son proche garde du corps, on peut noter :
• Agression violente le 1er mai de deux manifestants en portant un
brassard de police (soutien à Yannick Krommenacker de Strasbourg qui
lui, a été immédiatement mis en garde à vue pour le port d’un brassard de
police dans un simple pastiche sur Facebook) ;
• Dissimulation de preuves (on n’a toujours pas retrouvé son coffre-
fort…) ;
• Pseudo-mise à pied par l’Élysée ;
• Mise en examen seulement fin juillet (quatre jours après la révélation de
l’affaire par Le Monde) ;
• Violation de son contrôle judiciaire ;
• Détention sans autorisation d’une arme de catégorie B ;
• Mensonges patents au cours d’une commission d’enquête sénatoriale ;
• Signature d’un contrat de sécurité avec un proche de Poutine, soupçon
d’accointances avec la mafia russe ;
• Détention et utilisation de manière indue de passeport diplomatique ;
• Paiement en liquide du service d’ordre du candidat président, etc.

Et notez que tout cela se rapporte à un seul homme de l’entourage du


président.

Si j’étais mauvaise langue, je citerais aussi d’autres personnages proches


d’Emmanuel Macron qui ont eu quelques soucis avec la moralisation de la
vie politique, à laquelle les deux premières lois adoptées sous ce
quinquennat ont pourtant été consacrées : François de Rugy, Ismaël
Emelien, François Bayrou Sylvie Goulard, Marielle de Sarnez, Alexis
Kohler, Richard Ferrand, Françoise Nyssen, Laura Flessel, Muriel
Pénicaud, etc.
J’arrête ici mes persiflages… car j’en oublie sûrement !

Tous ont promis, aucun n’a tenu


Bref, tous ont promis, tous ont vociféré, tous ont « promis juré, si je mens
que j’aille en enfer », leur légitimité à lutter contre la corruption, les abus,
les privilèges, le copinage. Aucun n’a tenu ses promesses ! La gangrène du
mensonge gagne chaque jour un peu plus de terrain et réduit l’espace de la
démocratie à un pré carré de plus en plus minuscule.

10. « La petite (mais onéreuse) histoire de la vignette auto en France », LCI, 8 décembre 2017.
11. « 30 juin 1956 : La vignette auto créée au nom de la solidarité », Florence Renard, Les Échos,
30 juin 2012.
12. « JO : pourra-t-on vraiment se baigner dans la Seine en 2024 ? », Maïté Hellio, L’Obs, 9 mai 2016.
13. « Baignade dans la Seine, tramway olympique : les mesures d’Hidalgo pour le Paris de 2024 », Le
Journal du dimanche, 8 mai 2016.
14.« Se baigner dans la Seine aux JO de 2024, un doux rêve ? », Marine van Der Kluft, Sciences et
avenir, 18 mai 2017.
15. Conférence de presse conjointe de M. Jacques Chirac, président de la République, et M. Bertie
Ahern, Premier ministre d’Irlande, sur la préparation de la conférence de Nice, 30 novembre 2000,
http://discours.vie-publique.fr
16. « UE : le retour des farines animales sème le trouble », Laurence Girard et Philippe Ricard, Le
Monde, 16 février 2013.
17. « Alimentation : les farines animales à nouveau autorisées », L’Humanité, 14 février 2013.
18. Question écrite n° 06825 de Mme Catherine Troendle, publiée dans le JO Sénat du 13 juin 2013,
page 1758.
19. « Le nuage de Tchernobyl a-t-il survolé la France ? Pour quelles conséquences ? », Olivier Monod,
checknew.fr, Libération, 10 janvier 2019.
20. 58 réacteurs nucléaires en activité, répartis sur 19 sites sont implantés sur le territoire français.
21. « 26 avril 1986 : l’énorme mensonge de Tchernobyl », Rebellyon.info, site collaboratif d’infos
alternatives, 26 avril 2019.
22. tops://nuagesansfin.info/wp-content/uploads/2016/04/P-35-M%C3%A9t%C3%A9o-France-sur-la-
tou.pdf
23. « Non-lieu général dans l’enquête sur le nuage de Tchernobyl », Le Nouvel Observateur (avec
AFP), 7 septembre 2011.
24. « Radioactive wild boar roaming the forests of Germany », Justin Huggler, The Telegraph,
1er septembre 2014.
25. « Tchernobyl, des sangliers toujours radioactifs en Allemagne », Le Monde, 3 septembre 2014.
26. “Tchernobyl : consequences of the catastrophe for people and the environment”. A. Yablokov, V.
Nesterenko, and A. Nesterenko, Annals of the New York Academy of Sciences, Vol. 1181, Wiley
Blackwell, December, 2009. (Édition française en préparation).
27. France / impact de TCHERNOBYL 29 ans après. Dans les Alpes, certains sols sont toujours des
« déchets radioactifs » - COMMUNIQUÉ CRIIRAD Valence, 31 juillet 2015,-
http://www.criirad.org/tchernobyl/2015-07-31tchernobyl-alpes.pdf
28. « Le 10 juillet 1985, le sabotage du Rainbow Warrior », Véronique Laroche Signorile, Lefigaro.fr,
9 juillet 2015.
29. « Quand Sarkozy voulait une “démocratie irréprochable“ », L’Obs, 13 octobre 2009.
30. « L’intégralité du discours de François Hollande au Bourget », L’Obs, 26 janvier 2012.
MENSONGES EN PASSANT

« La trahison est une moisissure verte et douce,comme le duvet :


Elle ronge en silence et par l’intérieur. »
Francis Blanche

Emmanuel Macron : un président qui parle pour ne rien


faire
Grande déclaration du président Macron à la télévision lors d’une
cérémonie de naturalisation au sein de la préfecture du Loiret, le 27 juillet
2017 :

« La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne


veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les
rues, dans les bois ou perdus. C’est une question de dignité, c’est une
question d’humanité et d’efficacité là aussi. »

Pas de bol pour le président, en 2019 en France il y a toujours des


hommes, des femmes et des enfants à la rue, jour et nuit. Leur nombre
augmente même sans cesse du fait de la paupérisation des populations. En
juin 2019, le troisième rapport de l’Observatoire des inégalités31 situe à
cinq millions le nombre de « pauvres » qui vivent avec moins de 855 euros
par mois. Avec moins de 855 euros par mois, on ne vit pas : on survit. Au
moindre « accident » ou « pépin de la vie », la spirale infernale se met en
route et l’on peut se retrouver très vite à la rue. Nous sommes pourtant
dans le même temps le pays d’Europe où les riches sont les plus riches
(après la Suisse).

Au fait pendant que j’y pense : Depuis le 1er janvier 2018, installer
directement la police dans les foyers d’hébergement pour « contrôler » les
personnes qui y dorment32 et faire peur à ceux qui sont déjà apeurés, est-ce
vraiment une bonne solution pour ne plus avoir de SDF à la rue ?
Je parle ici de la « circulaire Collomb » du 12 décembre 2017 qui prévoit
des équipes mobiles chargées de recueillir des informations sur la situation
administrative des personnes hébergées dans les centres eux-mêmes.
Quand on connaît la « peur du képi » des personnes en précarité ou
réfugiées, il est certain qu’avec la police à l’intérieur des centres, beaucoup
moins de SDF sont recensés, connus ou répertoriés. Pour éviter d’avoir
d’éventuels problèmes, ils restent ou retournent à la rue, préférant cet
anonymat. Il fallait y penser ! Moins de SDF recensés dans les centres et
les chiffres officiels sont en baisse…

Au fait pendant que j’y pense : En 2018, selon un rapport du collectif


Les morts de la rue, il y a eu 566 morts de SDF. En 2017 le recensement
était de 511. Et selon une étude (déjà ancienne) du Centre d’épidémiologie
sur les causes médicales de décès de l’Institut national de la santé et de la
recherche médicale (CepiDc-Inserm), il y aurait entre 2012 et 2016 un
nombre de décès de SDF six fois supérieur à celui recensé par l’association
Les morts de la rue, soit 13 000 morts, femmes et enfants compris33.

Au fait pendant qu’on y pense : C’est sûr qu’à ce rythme-là, le


président Macron va bientôt pouvoir tenir sa promesse. Plus aucun SDF
dans la rue : ils seront tous morts.

L’excuse bateau pour sauver le président


En politique, et surtout dans les familles politiques, il y a toujours le sbire
de service qui monte au front pour défendre, tant que faire se peut, la
parole ou les actions du chef. Et même si c’est indéfendable ou mensonger,
c’est, en politique ce que veut dire le mot « solidarité ».
C’est donc un député LREM, président du Conseil de l’habitat qui s’est
lancé sans parachute pour « expliquer » la parole du président. Dans le
journal La Croix en date du 26 décembre 201734, il affirme sans sourciller
que l’on n’a pas bien compris les paroles du président (c’est vrai, on est
trop bête pour comprendre !). « Au-delà de l’échéance annoncée, c’est un
objectif qu’il faut voir… » déclare-t-il. Il ajoute même dans un tweet :

« En finir avec la rue : “Emmanuel Macron n’est pas le premier à faire


cette promesse, mais il est le premier à se donner les moyens de ces
ambitions.» Retrouvez la suite de mon entretien dans
@LaCroix@larem_AN #LREM https://www.la-croix.com/Debats/Forum-
et-debats/Cest-objectif-vers-lequel-doit-tendre-2017-12-26-1200902029 …
#sansabri#Unlogementdabord »

Sérieux ? Alors pourquoi donner une échéance si l’on sait que l’on ne
pourra pas la respecter ?

Une aide nouvelle en forme de mensonge ?


C’est marrant, quand le ministère de l’Intérieur a décidé avec la police
d’investir en janvier 2018 les centres d’hébergement pour SDF (la
circulaire Collomb dont je viens de parler), il en a été quelques-uns pour
penser et écrire que ce n’était que le début d’un processus visant à
« décourager » des réfugiés de régulariser leur situation.
Eh bien il faut croire qu’ils avaient raison. En catimini (ça devient une
habitude), juste avant les vacances de juillet une mesure, d’apparence
anodine, vient d’être promulguée qui soulève un tollé quasi unanime des
associations de lutte contre la précarité. Quarante d’entre elles ont ainsi
envoyé une lettre officielle de protestation au gouvernement lui demandant
de faire marche arrière (ce qui est peu probable à l’heure où j’écris ces
lignes)35. La mesure en question oblige le 115 et les gestionnaires des
centres d’hébergement à transmettre mensuellement à l’Ofii (Office
français de l’immigration et de l’intégration) la liste des personnes
hébergées ayant présenté une demande d’asile et ayant obtenu le statut de
réfugié. Doivent être impérativement transmis (entre autres et pour
l’instant) : nom, prénoms, date de naissance, statut, nationalité, adresse de
l’hébergement.

Pour faire disparaître les SDF, ne les comptons plus


Car quel meilleur moyen en effet que de supprimer le comptage pour que
la parole du président se rapproche au maximum de la vérité ?
En plus et c’est là l’astuce, il n’y aura même pas tricherie sur les
chiffres : ceux qui auraient pu, auraient dû s’inscrire, ne le feront tout
simplement plus, par peur.

Petit rappel historique de mauvais augure


Pendant la Seconde Guerre mondiale, le ministère de l’Intérieur français
du gouvernement de Vichy, faisant suite avec allégeance et servilité à une
première ordonnance en date du 27 septembre 1940 du commandement
militaire allemand (le Militärbefehlshaber), exige le recensement d’une
catégorie particulière de ressortissants vivant sur le territoire français.
Ceux-ci devaient impérativement fournir : nom, prénoms, date, lieu de
naissance, sexe, situation de famille, profession, confession, durée
ininterrompue de séjour en France, nationalité, filiation, domicile actuel.
Officiellement ce n’était qu’une question administrative, un recensement
des populations… un peu d’ordre c’est tout ! C’est d’ailleurs ce que
racontait un homme dans son carnet intime que l’on retrouva au fond d’une
vieille malle perdue dans un grenier poussiéreux. Les dernières lignes de
son carnet évoquaient un camp de vacances en Allemagne, du côté
d’Auschwitz, tous frais payés par le gouvernement de Vichy où on
l’envoyait avec toute sa famille.
Bien entendu, tout semblant de rapprochement dans la forme avec la
position actuelle vis-à-vis de SDF/réfugiés ne pourrait être que fortuit et
inapproprié. D’ailleurs le ministère de l’Intérieur a bien expliqué que l’idée
est seulement de savoir qui est hébergé dans ces centres saturés, afin que
ceux qui relèvent d’autres structures (notamment les étrangers aux statuts
variés) libèrent des places pour les sans-abri.
Vous voyez, rien de bien méchant, puisque c’est le ministère de
l’Intérieur qui le dit !

Au fait, je ne comprends pas, suis-je bête ?


Le président de la République ne veut plus de SDF dans la rue depuis
déjà deux ans. Je dois ne pas être trop futé ou comme me disait Manuel
Valls (ex-Premier ministre) « Pascot, tu ne comprends pas la haute
politique ». Non, je ne comprends pas, car d’un côté, j’ai un gouvernement
qui clame haut et fort que la France va mieux, qu’il y a moins de SDF dans
la rue, que tout est fait pour lutter contre la paupérisation, etc., et de l’autre,
je constate, chiffres à l’appui, que les associations caritatives comme les
Restos du cœur, le Secours catholique, le Secours populaire enregistrent
une explosion du nombre de bénéficiaires. Vous savez ces personnes,
retraités, familles monoparentales, réfugiés, SDF… qui n’ont même pas de
quoi se nourrir et sont obligées de recourir à ces distributeurs associatifs.
Mais je suis bête : un effet du ruissellement, sans doute.

Maud Fontenoy, l’écolo ? Le mensonge ou l’incompétence ?


En tout cas plus c’est gros plus ça passe !
Un temps navigatrice en vue, elle a sillonné toutes les mers du monde à
la voile ou à la rame. En 2008, elle monte une fondation « Maud Fontenoy
Foundation » et commence parallèlement une carrière politique qui la
mènera à la vice-présidence du conseil régional de Provence-Alpes-Côte-
D’azur. Elle s’engage dans « l’écologie pragmatique », selon sa formule, et
surtout dans des déclarations tonitruantes qui ne tiennent pas ou peu la
route, mais qui, souvent, favorisent l’économie de marché tout en prenant
pour excuse l’écologie.
Voici quelques-unes de ses meilleures, ou plus désespérantes, saillies
médiatiques :

Sur France Inter, au sujet d’un éventuel arrêt de l’exploitation du gaz de


schiste en France :
« Aujourd’hui aller pour moi vers de la recherche et l’exploration du gaz
de schiste me paraît du bon sens… »
Sur BFM TV comme argument sur le gaz de schiste :
« 12 000 chercheurs français sont partis aux États-Unis pour travailler sur
le gaz de schiste »
Sur RMC pour défendre l’énergie nucléaire :
« Aujourd’hui qu’est-ce qu’il faut ? Développer un nucléaire plus
propre… »
Sur RMC toujours, à propos des pesticides et du glyphosate :
« On n’interdit pas les choses par principe, on interdit les choses si elles
sont dangereuses… »
Sur France Inter, à la rescousse des voitures polluantes :
« Il y a des Diesel qui ne polluent pas… »

En gros, il y a encore des gens comme Maud Fontenoy qui pensent que
la production de l’huile et du gaz de schiste est écologique, que le Diesel
est sain et que le nucléaire ne pollue pas…
Quand je vous disais que la marmotte avec ses petites mains emballe le
chocolat dans l’aluminium ! On y croit, on y croit !

Sponsors
Au fait quand j’y pense : en regardant la liste des « partenaires »
financiers de la fondation de Maud Fontenoy, je ne suis pas étonné de la
teneur de ses déclarations dites « écologiques »… On y trouve Bolloré,
Havas, Carrefour, EDF, Orange, etc. Un vrai panel de financiers très
écologiques !

Jérôme Cahuzac : ancien ministre des Finances, roi de la


carambouille fiscale et du mensonge national
8 février 2013 sur RMC face à Jean-Jacques Bourdin :

« Les yeux dans les yeux je vous le dis, je n’ai pas de compte en banque
en Suisse. Je n’ai pas, je n’ai jamais eu de compte en Suisse, à aucun
moment, et la réponse apportée aux autorités françaises par la Suisse,
permettra, je l’espère, très vite, et le plus vite serait le mieux, d’en finir,
avec ces saletés. »

C’est sans doute la phrase qui restera dans l’histoire comme l’un des
mensonges les plus retentissants durant la présidence de François
Hollande.
Ce qu’il faut savoir c’est que les mensonges de Jérôme Cahuzac se sont
succédé durant plusieurs mois. Dans chaque média où le ministre prenait la
parole, il soutenait mordicus que tout le monde mentait sauf lui.

P’tit bémol de montant riquiqui


Sur ce fameux compte ouvert en 1992 en Suisse à l’UBS, puis transféré
vers la banque REYL à Genève, puis sur un compte numéroté à Singapour,
on ne retrouvera en tout et pour tout que 600 000 euros. Tout ce pataquès
pour moins d’un million d’euros ?
Je ne sais pas vous, mais je trouve pour ma part que cela fait quand
même petit joueur, non ? On se demande pourquoi on n’a pas fouillé plus
loin.

Olivier Stirn, Nadine Morano, Luc Chatel, Nicolas Sarkozy,


Emmanuel Macron : quand des ministres ou des présidents
n’ont pas assez de monde pour les vénérer, ils en achètent, en
rajoutent, mentent ou trichent
On ne peut évoquer la communication mensongère sans parler du
ministre du Tourisme Olivier Stirn. En 1990, celui-ci chapeaute un
colloque sur « Les états généraux du progrès » placé, vous m’en direz
tant !, sous le haut patronage du président de la République François
Mitterrand. Plus de 5 000 invitations dorées sur tranche sont envoyées, de
façon ciblée36, à cette occasion.

Trente personnes pour applaudir


Premier jour du colloque : trente personnes sont présentes dans la salle,
d’après l’un des orateurs du nom de Bernard Kouchner, autant dire un
flop retentissant que le gratin politique de l’époque ne peut tolérer. En
catastrophe, on loue des figurants pour remplir la salle et donner
l’impression d’un succès populaire. Un gros mensonge à 349 francs de
l’époque pour chaque figurant.
Malgré les précautions, cela s’est su et le ministre a dû démissionner. Fin
de sa carrière politique.

Sarkozy a triché et menti lui aussi. Il aime les figurants… surtout petits
Nous sommes le 3 septembre 2009, Nicolas Sarkozy se rend dans une
usine de l’équipementier automobile FAURECIA à Flers dans l’Orne.
Pour être sûr d’avoir de belles images, le président de la République
bidonne complètement sa visite37 et fait venir des figurants. Ces derniers
arrivent, en car, habillés de la blouse blanche ad hoc. On met un figurant
ici, il fera semblant de faire marcher la machine qu’il ne connaît pas lors
du passage du président, on met un autre petit groupe là, qui jouera les
apprentis, quelques autres un peu plus loin pour serrer la main du président
(la consigne est d’attendre que le président tende la sienne). On répète le
geste pour être sûr… On veut à tout prix éviter de reproduire la scène de
l’homme qui avait refusé de serrer la main du président. Et pour faire
nombre à l’image, on ne lésine pas sur les moyens en embauchant plus de
500 figurants alors que l’usine ne compte que 400 ouvriers.

Petits, tous petits les figurants !


Enfin, pour couronner le tout, on choisit des petits figurants qui se
tiendront derrière le président lors de son allocution. Le président Sarkozy
ne veut voir qu’une seule tête qui dépasse : la sienne.
Les Français ont été rassurés en découvrant ce reportage dans tous les
journaux télévisés de France : tout allait bien dans le meilleur des mondes,
les ouvriers-figurants étaient contents de voir le président, qui passait, tout
sourire, de l’un à l’autre, serrant chaleureusement quelques mains au
passage avant de prononcer un beau discours devant un parterre de faux
ouvriers, sages comme des images.

Tromperie sur la marchandise


On a là, pour des millions de Français rivés devant leur poste, l’image
d’un président proche du peuple, qui s’intéresse au monde ouvrier et
descend sur le terrain social qu’il comprend. Dommage que tout ceci ne
soit que mensonge télévisuel, une mise en scène pour donner une image
positive, mais fausse d’un président en réalité malmené dans les sondages.

Télévision belge
Si j’ai pu découvrir la supercherie et le pot aux roses, je ne le dois pas
aux médias français qui, bien sagement, se sont tenus à l’écart de toutes
questions gênantes, mais grâce à la pugnacité de la RTBF (Radio-
Télévision belge de la Communauté française) qui n’a pas hésité à diffuser
les images des coulisses de cette visite « spontanée ». On y voit l’arrivée
du car rempli de figurants, les répétitions de la visite, le tout agrémenté de
quelques questions bien senties sur la taille des pseudo-ouvriers.
Je n’ai pas souvenir d’une rediffusion de ce reportage belge sur une
télévision française, étonnant non ?

On continue à bidonner en février 2012 en faisant « le (trop) plein


d’ouvriers »
Ce sera le chapô d’un article du Parisien38 relatant la visite du président
Sarkozy sur un chantier de construction de l’Essonne où un nouveau
bidonnage est « organisé ». La visite filmée de Nicolas Sarkozy doit être à
l’avantage du président de la République et le montrer entouré de son
peuple qui l’admire. Il faut du monde. Pour faire le plein, on fait appel aux
ouvriers de chantiers environnants39 et c’est une centaine d’ouvriers et de
cadres qu’on amène sur le site, qui n’en compte qu’une trentaine en temps
normal (dixit un cadre du chantier qui s’exprime sur une radio).
Cette fois-ci, l’Élysée démentira pourtant formellement avoir fait appel à
des petits ouvriers… En sus, cadeau !, ce qui est marrant et pose question,
c’est qu’il faisait très froid ce jour-là (-8 degrés) et qu’aucun ouvrier n’était
censé venir travailler. D’ailleurs la prise de vue d’une bétonneuse en
marche à côté du président fut annulée au dernier moment. Les
« organisateurs » de la communication présidentielle ne savaient sans
doute pas que l’on ne coule pas de béton en dessous de zéro degré. Nicolas
Sarkozy a dû l’expliquer lui-même devant les caméras.

Nadine Morano, secrétaire d’État à la famille interview un inconnu… qui


est de sa famille.
En cette prérentrée scolaire 2008-2009, Nadine Morano à la famille est
en visite dans un hypermarché Carrefour de Nice. Le gouvernement veut
communiquer de façon positive autour du versement de l’allocation de
rentrée scolaire qui, depuis sa mise en place, soulève quelques polémiques
quant à la baisse réelle des produits scolaires. Des caméras ont donc été
invitées (dont celle de Rue 89) à suivre la secrétaire d’État pour rendre
compte des réactions du peuple français sur l’immense travail effectué par
les membres du gouvernement40 (surtout Nadine Morano…)
La secrétaire d’État entre donc dans le magasin où une première femme
l’apostrophe qui ne semble pas tout à fait satisfaite des tarifs des produits
scolaires proposés. Nadine Morano fait bonne figure, mais ce ne sont pas
ces images qu’elle est venue chercher. Qu’à cela ne tienne, au détour d’une
allée et devant une tête de gondole, on lui présente par hasard un parfait
inconnu qui fait ses courses dans le magasin. Cet homme nous explique,
face caméra, Nadine Morano en amorce, qu’il est admiratif du travail du
gouvernement et du ministre Xavier Darcos qui a si bien négocié le prix
des fournitures scolaires qui ont clairement baissé, etc., etc.
« Super reportage ! » conclura la secrétaire d’État, ravie d’un sujet si
criant de vérité.

Un copain de parti
Souci majeur de crédibilité pour ce gros mensonge en direct télévisé :
l’inconnu n’est autre, quel hasard !, qu’un militant du même parti que
Nadine Moreno, de surcroît premier adjoint du maire UMP de Bouc-Bel-
Air, une commune près de Marseille, en charge de la petite enfance et des
affaires scolaires.
Heureusement pour la vérité, le journaliste s’apercevra de la
manipulation et du mensonge et ne diffusera pas le passage de « l’inconnu
par hasard41 ».

Luc Chatel, ministre de l’Éducation, remplit lui aussi un supermarché de


figurants
Au cours de cette même prérentrée, nous sommes le 17 août 2008 et le
ministre de l’Éducation nationale Luc Chatel visite un supermarché à
Villeneuve-le-Roi, dans le Val-de-Marne42. Le ministre a besoin de vanter
la baisse de prix du panier de fournitures scolaires que le gouvernement
essaie d’imposer depuis deux ans. Toute la presse est là, il faut de belles
images.
Malheureusement, nous sommes en plein milieu du mois d’août ; dans le
magasin il n’y a pas foule, et encore moins de mères de famille qui font
leurs courses de rentrée scolaire.
Qu’à cela ne tienne, on appelle en renfort quelques « amies » qui,
innocemment, viennent remplir leur Caddie devant des caméras
bienveillantes tout en s’extasiant, pour certaines, devant les prix en baisse.
Emballé, c’est pesé, l’affaire est dans le sac (aurait dit l’adorable Josiane
Balasko) ou plus exactement l’affaire est dans l’image. Les images sont
propres et cadrent avec la propagande gouvernementale. Le ministre est
satisfait. La tromperie aurait pu être parfaite.

Un reporter de France Inter découvre et soulève le lièvre


C’est un reporter de France Inter qui soulève le lièvre et en fait un son
qui passera sur les ondes. On y découvre que les mères de famille
complaisamment filmées sont presque toutes des élues locales et/ou
sympathisantes UMP venues spécialement dans ce supermarché pour dire
ce que le ministre voulait entendre.

Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, ment et en plus


s’entête !
Depuis quelque temps, nous avons la joie d’avoir un ministre de
l’Intérieur gratiné, qui, quand il n’est pas en goguette en bonne compagnie
dans une boîte de nuit, nous assène une multitude de chiffres de
participation en baisse constante pour les manifestations des Gilets jaunes
alors que toutes les images non officielles montrent la plupart du temps le
contraire.

On ment avec les chiffres pour gratter de l’électeur


L’un de ces prédécesseurs, le sieur Claude Guéant, (qui vient d’ailleurs
d’être définitivement condamné pour avoir gardé par-devers lui quelques
primes en liquide), est ministre de l’Intérieur en 2011 quand il déclare à
l’antenne d’Europe 1 : « Les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec
d’enfants d’immigrés… »
Fort de sa tirade et voulant être sûr qu’elle soit reprise par tous les
médias, il en rajoute une louche en séance à l’Assemblée : « …C’est vrai
qu’il y a deux tiers des enfants d’immigrés qui se trouvent sortir de
l’appareil scolaire sans diplôme. » Pour valider sa démonstration, il insiste
en précisant que ses dires sont issus des chiffres officiels de l’Insee.
Quand on sait le sérieux des rapports de l’Institut national de la
statistique et des études économiques (Insee), les propos réaffirmés par le
ministre de l’Intérieur n’en prennent que plus de valeur aux yeux de
néophytes et de ceux qui pensent que, si le ministre le dit, ça ne peut
qu’être vrai.

Les syndicats interviennent, la direction de l’Insee est obligée de


démentir
Suite à plusieurs communiqués des syndicats de salariés de l’Insee criant
à la manipulation des chiffres, la direction de l’Insee est obligée, un mois
après les faits et à reculons, de publier un démenti officiel quant aux
propos falsifiés du ministre de l’Intérieur.
« Apparemment » le ministre confond 66 % avec 16 %
Dans ce communiqué l’Insee donne les chiffres réels et ce ne sont pas
66 % d’enfants d’immigrés qui sortent de l’appareil scolaire (sous-entendu,
ils deviennent des voyous…), mais 16 % à peine43.
Une vérité qui n’arrange pas le sieur Guéant qui souhaitait par ses propos
rallier une frange d’électeurs d’extrême droite. Tellement pas content et
voulant absolument que son mensonge devienne une vérité le ministre
envoya systématiquement un droit de réponse à tous les médias qui
contredisaient ses propos. Pas fairplay, en plus !
« Mentez, mentez ! » qu’il disait l’autre, il en restera toujours quelque
chose !

Sans honte et sans scrupule le sieur Guéant, expert à la télé !


Il est des hommes pour qui la conscience doit être si élastique que même
reconnus coupables et condamnés, ils n’arrivent toujours pas à croire qu’ils
ne sont pas honnêtes. Les voyous, ce sont les autres, sûrement pas eux ! Et
encore moins lui !
C’est ainsi que notre cher M. Guéant, ex-ministre de l’Intérieur qui vient
d’être condamné en 2017 à deux ans de prison, 75 000 euros d’amende,
interdit de fonction publique pour cinq ans, mis en examen dans deux ou
trois autres affaires, se retrouve en ce 2 janvier 2018, sur un plateau de LCI
dans l’émission 24h Pujadas. Il s’y présente carrément comme « un porte-
parole de l’exemplarité », allant jusqu’à pérorer sur quelques brebis
galeuses dans la police qui, dit-il : « … ont le devoir d’intervenir en
banlieue comme partout sur le territoire parce que le respect de la loi,
c’est ce qui protège les citoyens… ».
On l’entend aussi dans la même émission revendiquer les peines
planchers pour les récidivistes. C’est l’hôpital qui se fout de la charité.
Un journaliste a trouvé une excellente formule dans un article de
Marianne.net44 pour évoquer la prestation de Claude Guéant, « qui veut
se faire le porte-parole de l’exemplarité des forces de l’ordre. Un peu
comme si Jérôme Cahuzac donnait des conférences sur la lutte contre la
fraude fiscale. »

Conclusion perso
L’attitude complètement « innocente » de cet ancien ministre de
l’Intérieur qui a les mains pleines de confiture me confirme, s’il en était
besoin, que ces gens-là vivent dans un autre monde que le nôtre. Ils sont
au-dessus des lois, et puisque ce sont eux qui les écrivent, ils se persuadent
que tout ce qu’ils font est dans les clous. Seuls ceux d’en dessous
commettent des délits, des malversations. Au-dessus du panier, quand il
s’agit d’eux, on parle d’arrangement entre amis, de détails de la vie
courante…
Parfois il y a vraiment des gifles qui se perdent avec ces gens à la
conscience élastique.

François de Rugy, ministre de l’Écologie : « Homard m’a


tuer »
À l’heure où je finalise ce livre, je ne peux faire l’impasse sur les
homards du ministre de l’Écologie et je dois vous raconter comment ce
genre de personnage s’accroche à son siège par tous les moyens.

Un homard peut en cacher un autre


Tout débute par des photos de homards sur une table qui suggèrent que le
ministre de l’Écologie, pourtant si à cheval sur les principes d’éthique et
d’économies (pour les autres), tire sur la corde de la dépense fastueuse
avec l’argent public.

Pas beau de mentir : « Suis intolérant aux homards, mais je mange des
araignées de mer »
C’est dans l’émission de Jean-Jacques Bourdin (salut Jean-Jacques,
quand tu veux je reviens buzzer) sur RMC que le ministre vient expliquer,
la larme à l’œil et la colère dans la voix, qu’il ne boit pas et ne mange pas
de crustacés : « Je ne prends pas de champagne ! (…) Le champagne ça me
donne mal à la tête. » Il en rajoute une couche pour les fruits de mer, le
caviar ou le homard : « Le homard, je n’aime pas ça ! J’ai une intolérance
aux crustacés et aux fruits de mer. »

Le souci majeur, c’est que l’on a retrouvé maintes déclarations où il


disait le contraire. Par exemple lors de sa nomination au perchoir de
l’Assemblée nationale, il déclarait à l’AFP qu’il était amateur de lieux
jaunes, de maquereaux et d’araignées de mer (tiens, on le croyait
allergique ?). On apprend aussi qu’il adore pêcher en mer et
particulièrement du homard45.
On retrouve même des tweets de l’ex-ministre datant de 2012 où il se
vante de manger des crustacés durant ses vacances46. Comme quoi
aujourd’hui, il ne faut pas laisser traîner ses tweets… ou ses homards.

À l’Assemblée nationale, la carte de crédit chauffait


En 2018, le vent des dépenses était déjà passé quand l’ex-ministre était
président de l’Assemblée nationale. Dans un article du Parisien47, il se
faisait déjà épingler pour des achats singuliers comme quatre appareils à
raclette ou un vélo elliptique sur le compte de l’État. Pour info, à cette
époque, il réclamait et appliquait partout une rigueur budgétaire
d’économies à mettre en place et une gabegie de dépenses injustifiées à
résorber.
Faites ce que je dis… On connaît la formule.

« La sécurité » ? Elle a bon dos


C’est ce qu’a répondu le cabinet de l’ex-ministre quand de nombreux
journaux, et ce à plusieurs reprises, ont posé la question du besoin qu’avait
le ministre d’avoir jusqu’à trois chauffeurs quand il était président de
l’Assemblée nationale48 ou qu’il faisait venir à Nantes voiture et chauffeur
pour ses week-ends privés.

Petite (grosse ?) tricherie avec les impôts


Mediapart s’apprêtait à révéler des distorsions (pour rester poli) sur
l’utilisation des frais de mandat de notre ex-ministre donneur de leçons. Ce
qui a entraîné la démission de François de Rugy c’est que le journal a
découvert que le Monsieur Propre de l’Assemblée avait utilisé ses frais de
mandat pour payer ses cotisations d’élu à son parti Europe Écologie-Les
Verts (EELV), ce qui n’est déjà pas bien. Et qu’il avait parallèlement
déduit ses versements du calcul de son impôt sur le revenu 2015, ce qui
n’est pas bien non plus, voire sans doute illégal car l’IRFM (indemnité de
frais de mandat) est déjà défiscalisée49.
Se servir de l’argent public pour obtenir une réduction d’impôt à titre
privé ? Pas joli joli pour un politique qui se disait au-dessus de tout
soupçon.

Une défense qui prête à vomir


L’ex-ministre pour se dédouaner de ses « actions », dans un tweet50 posté
à son nom peu après sa démission, se compare à Pierre Bérégovoy, ancien
Premier ministre qui s’est suicidé en 1993 après avoir été « livré aux
chiens » (sous-entendu les journalistes). Ce qu’oublie juste François de
Rugy, c’est que l’affaire Pierre Bérégovoy relevait d’un prêt d’ordre privé
et qu’il n’avait, lui, aucunement utilisé de l’argent public à des fins qu’on
pourrait qualifier de personnelles.
Mais c’est vrai que certains ne voient pas la différence entre argent
public et argent privé… surtout quand le homard est déjà dans l’assiette.

Dernière minute d’absolution


Suite à une enquête très approfondie du secrétaire général de
l’Assemblée nationale, il n’y a rien à reprocher, selon les règles en vigueur,
à François de Rugy concernant les dîners fastueux pris entre amis à
l’hôtel de Lassay. Pour arriver à ces conclusions, il a interrogé une petite
dizaine d’invités à ces dîners. Bien entendu, ces bons copains ont tous
déclaré qu’il ne s’agissait là que de repas professionnels51. Faut pas
cracher dans la soupe du homard !

31. L’Observatoire des inégalités publie le troisième « Rapport sur les inégalités en France »,
Inegalité.fr, 4 juin 2019.
32. « La police prend ses quartiers dans les centres d’hébergements d’urgence pour sans-abri », Tomas
Statius, Streetpress.com, 4 janvier 2018.
33. « L’an dernier, 566 sans-abri sont morts dans la rue », Le Figaro (avec AFP), 13 mars 2019.
34. « C’est un objectif vers lequel on doit tendre », Loup Besmond de Senneville, Lacroix.com,
26 décembre 2017.
35. « Des associations refusent de dévoiler à l’État la liste des personnes hébergées par le 115 », Le
Parisien (avec AFP), 6 juillet 2019.
36. « Olivier Stirn croyait bénéficier d’une protection divine pour conserver son poste de ministre
après », L’Humanité, 6 juillet 1990.
37. « Usine Faurecia : des syndicalistes confirment que la visite de Sarkozy était bidonnée de A à Z »,
Julien Ménielle, 20 minutes, 7 septembre 2019.
38. « Nicolas Sarkozy fait le (trop) plein d’ouvriers », Nathalie Schuck, Le Parisien, 4 février 2012.
39. « Des ouvriers rameutés pour la visite de Sarkozy : l’Élysée dément », Le Parisien, 3 février 2012.
40. « Piégée en vidéo, Nadine Morano rate son coup de com’ », Vincent Glad, 20 minutes, 26 août
2008.
41. « Le plan de com raté de Nadine Morano : le client de Carrefour était un militant UMP »,
Politique.net, 29 août 2008.
42. « Visite de Luc Chatel : Les salariés du supermarché jouaient les figurants », Le Parisien, 9 août
2009.
43. « L’Insee corrige Claude Guéant à propos de l’échec scolaire des enfants d’immigrés », Philippe
Jacqué, Le Monde politique, 28 juin 2011.
44. « Sur LCI, le condamné et mis en examen Claude Guéant donne une leçon gênante de “respect de la
loi” », Étienne Girard, Marianne.net, 3 février 2018.
45. « François de Rugy, l’écolo qui n’aime pas les excès au perchoir », La Croix (avec AFP), 27 juin
2017.
46. « Intolérant aux crustacés » ? Quand François de Rugy dégustait des araignées de mer », L’Obs,
12 juillet 2019.
47. « Un vélo elliptique, un troisième chauffeur : les curieuses dépenses de François de Rugy », Ava
Djamshidi, Le Parisien, 29 juillet 2018.
48. « François de Rugy justifie son emploi de trois chauffeurs », Parismatch, 2 août 2018.
49. « François de Rugy démissionne, incapable de justifier ses frais de mandat », Mickael Hajdenberg-
Antton Rouget et Fabrice Arfi, Mediapart, 16 juillet 2019.
50. « Démissionnaire, François de Rugy se compare à Pierre Bérégovoy », Valeursactuelles.com,
16 juillet 2019.
51. « Dîners polémiques de François de Rugy : les résultats de l’enquête de l’Assemblée seront rendus
publics la semaine prochaine », Raphael Godet, France Télévisions, 19 juillet 2019.
LE PRÉSIDENT MACRON ET LES IMAGES QUI MENTENT…
POUR LUI

« Ce ne sont pas des mensonges, c’est de la politique. »


Scholastique Mukasonga, Notre-Dame du Nil

Alors là, nous sommes dans le summum du mensonge manipulatoire. Le


staff de la présidence a bien compris que les images aujourd’hui sont aussi,
voire plus, importantes que les mots : quinze secondes d’images positives
valent tous les discours.
On avait déjà cette brave Sibeth Ndiaye, conseillère en communication
devenue depuis porte-parole du gouvernement qui, dans un article de
L’Express du 12 juillet 2017 déclarait : « J’assume parfaitement de mentir
pour protéger le président… »
Alors si un membre important du gouvernement ment, pourquoi pas les
images ?

Quand tu veux faire croire qu’on t’aime encore !


21 avril 2019, la chaîne d’info en continu CNews retransmet avec force
détails un bain de foule du président de la République qui vient, pour le
premier week-end de printemps, s’accorder un moment de répit dans la
maison familiale du Touquet. Une foule en liesse s’agglutine autour de lui
pour le saluer pendant que les gardes du corps veillent au grain.

Détail gênant de l’image fausse


Sur ces images on aperçoit, autour du président, un garde du corps qui
n’est plus en odeur de sainteté depuis le 1er mai 2018 : Alexandre
Benalla. Il s’agit bel et bien d’images d’archives censées démontrer la
popularité du président et donc le peu de prise du mécontentement général
qui monte.
Bien entendu, la ficelle est tellement grosse que la chaîne a dû s’excuser
dès le pot aux roses découvert.
Une erreur de stagiaire est l’excuse invoquée52. Mais s’il n’y avait eu que
celle-là ! À croire que certaines chaînes d’informations ne travaillent
qu’avec des stagiaires.

8 mai 2019
Le président descend les Champs-Élysées. On le voit, dans le poste,
saluer la foule, déposer une gerbe, serrer quelques mains. Les images
donnent l’impression d’un président entouré de son peuple. Les plans sont
soignés et choisis avec précaution. Le mensonge cathodique fonctionne.

Une avenue des Champs-Élysées déserte


La réalité est pourtant tout autre. La peur des Gilets jaunes a rendu
hystérique la sécurité53 et il ne faut pas moins de cinq ou six contrôles
successifs pour atteindre la plus belle avenue du monde, de fait quasi
déserte lors du passage du président. Pis, les quelques « badauds » ayant
réussi à passer les barrages dissuasifs sont apparemment encore en nombre
suffisant pour se payer le luxe d’apostropher l’édile en chef en bas des
Champs-Élysées54.
Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! N’empêche que sans les réseaux
sociaux et les smartphones personnels, on n’aurait rien su, sauf peut-être,
via les médias « sympathiques » aux journalistes serviles, que les rues
étaient noires de monde et que tout le monde criait « Macron président ! »

14 juillet 2019
Une foule en liesse salue le président qui descend les Champs-Élysées
(mais non, je blague ! Je vous en parlerai dans un chapitre à venir).
Mais ce qui est encore plus grave pour la liberté d’expression et la
démocratie, quand une pente générale et une « ambiance tordue »
s’installent, il y a toujours des individus pour suivre le mouvement, y
compris là où on ne l’attend pas.

France 3 bidonne ses images et ce, plusieurs fois…


15 décembre 2018, le 19/20 est présenté par Catherine Matausch.
Derrière elle une image censée illustrer son propos montre des
manifestants installés devant l’opéra de Paris. À l’arrière-plan l’ami Jean-
Baptiste Michel Redde, figure emblématique des manifestations de rue,
tient à bout de bras l’un de ses sempiternels panneaux sur lequel est inscrit
« Macron Dégage ».
Mais n’apparaît à l’écran que « Macron », le « dégage » ayant purement
et simplement été effacé par un chef d’édition du journal.
L’affaire fait grand bruit tant la ficelle est grosse. Elle se répand comme
une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, à tel point que le directeur
de l’information de France3 lui-même se fend d’un tweet d’excuses,
plaidant l’erreur humaine.

Une autre fois, un autre genre, mais à l’inverse


Toujours dans le 19/20 de FR3, quelque temps auparavant, le
23 novembre 2018, on avait pu découvrir une image de Gilets jaunes de
face, sur lesquels avait été ajouté, au premier plan, un Gilet jaune de dos.
C’est marrant car sur ce dos rajouté à l’image on pouvait lire : « Macron
dégage ! » Erreur humaine là aussi ?

Voltuan porte plainte


Ne voulant pas en rester là, l’auteur de la pancarte, Jean-Baptiste Michel
Redde, alias « Voltuan » porte plainte auprès du CSA55. À l’heure où
j’écris ces lignes (juillet 2019), on n’a aucune nouvelle de la plainte
déposée. Il semblerait que celle-ci se dirige tout doucement vers un tiroir
poussiéreux pour se reposer douillettement dans le monde de l’oubli.
On truande les images de Benalla ?
C’est le journal Le Monde56 qui raconte dans ses colonnes comment des
images truandées avaient fuité via un compte twitter « anonyme », peu
après le 1er mai « benallien ». Ces images tronquées étaient censées
démontrer que M. Alexandre Benalla n’était pas aussi violent que sur les
images (les vraies cette fois-ci) qui tournaient sur tous les réseaux sociaux.
On a appris que ce montage avait été réalisé sous les ordres directs
d’Ismaël Emelien, proche du président Macron. La fausse vidéo était
diffusée via un compte anonyme @frenchpolitic (supprimé depuis)
appartenant à Pierre le Texier qui, malheureusement pour les bras cassés
de l’Élysée, a tout raconté à l’IGPN quand il s’est fait serrer.
On retrouve d’ailleurs avec ce volet scabreux d’images tronquées, notre
« gentille » Sibeth N’Diaye, alors chef du service de presse de l’Élysée
dirigeant elle-même certains journalistes vers ce compte frenchpolitic afin
qu’ils y découvrent un Benalla autre que celui décrit dans les médias
depuis le 1er mai.
« Tu verras que Benalla n’est pas celui qu’on dit », aurait-elle déclaré
quasi systématiquement à presque tous les journalistes.
Et c’est vrai, on a vu, il n’est pas comme ça : il est pire !

Le 14 juillet, on ne siffle pas un président, même si on l’a


vraiment sifflé !
(Ce petit chapitre est un peu hors sujet, mais il faut savoir se faire
plaisir !)
Comme dans le livre d’Orwell, où le ministère de la Vérité réécrit
l’histoire, des journalistes sirupeux et obséquieux ont tenté, pour cacher la
vérité, de commenter comme ils le pouvaient la descente des Champs-
Élysées d’un président de la République hué par son peuple en colère.
Le 15 juillet en visite en Serbie, durant la conférence de presse commune
avec le président serbe et devant un parterre de journalistes curieux,
Emmanuel Macron est toutefois obligé de s’expliquer sur les sifflets et
les huées. Il en profite pour réécrire l’histoire à sa sauce.

Ce n’était pas pour moi


Sans se démonter – peut-être est-il persuadé que ce qu’il dit est vrai ? – il
affirme en direct et devant des millions de gens que les sifflets et les huées
entendus durant sa descente des Champs-Élysées ne le visaient pas, mais
étaient destinés aux militaires. Ce qui est grave c’est que là encore des
journalistes vont relayer l’information sans la vérifier et que des auditeurs
ou des spectateurs l’accepteront comme vérité puisque c’est le président
qui le dit. Et puisque c’est le président qui le dit, le mensonge devient ainsi
l’histoire et l’histoire devient la vérité.
Mais cette vérité pourtant n’est qu’un mensonge ! Le président Macron a
bien été hué, sifflé, conspué durant sa descente des Champs-Élysées. Et il
l’aurait été encore plus, et plus fort, si l’immense majorité des mécontents
n’avaient pas été retenus, bloqués, nassés, « écartés » dans les rues
adjacentes des Champs-Élysées.
À moins, et c’est la seule autre explication plausible que le président de
la République n’ait abusé dans sa prime jeunesse (voire après) de ce que
l’on appelle communément les plaisirs solitaires. Oui, il paraît que cela
rend sourd !

Un photomontage qui déplaît au président ?


Liberté d’expression, liberté de la presse, liberté de penser risquent-elles
bientôt d’être remises en cause malgré les promesses de liberté faites
depuis mai 2017 ?
On pourrait le croire suite à cette petite anecdote qui pourrait être sans
importance si elle n’était chargée de menaces claires et inquiétantes pour la
liberté de demain en France.

Un photomontage
Il y a quelque temps, un photomontage du président Macron, d’Édouard
Philippe et de Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur était diffusé
sur les réseaux sociaux. Il s’agissait d’un montage (mal fait d’ailleurs) à
partir d’une photo datant de 1973 représentant le dictateur Pinochet assis
sur une chaise, ses généraux en arrière-plan. La tête du dictateur avait été
remplacée par celle d’Emmanuel Macron et les deux autres par celles
d’Édouard Philippe et de Christophe Castaner.

N’est pas Pinochet qui veut


L’idée du farceur était de montrer à l’aide d’une image-choc que nous
nous dirigeons vers une dictature (comme celle de Pinochet).
Ce photomontage, on l’aime ou on ne l’aime pas, on trouve que c’est de
mauvais goût ou non, on apprécie l’idée ou on est contre, on l’écrit et on
blâme, on s’offusque ou on applaudit, selon son degré d’intimité
macronienne ou son penchant pour les organisations fascistes.

Appel à la brigade antiterroriste


C’est le site d’informations spécialisé Next INpact qui l’a révélé :
l’Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de
l’Information et de la Communication (OCLCTIC) a bien demandé le
retrait de cette photo en date du 14 janvier 201957.
Cet organisme, affilié à la police nationale, a pour mission principale de
lutter contre les infractions liées « au terrorisme, à la pédopornographie »
ou aux contenus illicites signalés via des plateformes spécifiques (par
exemple Pharaos).
Concernant cette photo, d’après le site Next INpact, la police n’a pas
répondu aux sollicitations d’explication sur les motifs de la demande.
Ce qui est inquiétant, c’est que la police exécute servilement un ordre
pareil, uniquement pour un photomontage qui, s’il est gênant, dérangeant,
voire opposant, n’a aucun rapport avec le terrorisme, la pédocriminalité ou
un racisme flagrant. Le plus grave, c’est que Google s’est lui aussi exécuté
sans discuter.
La démocratie n’est apparemment que dans un seul camp. Si l’on traite
une photo comme un acte terroriste, il ne faut donc pas s’étonner que les
Gilets jaunes qui défilent pacifiquement dans les rues le samedi, soient
pour le ministre de l’Intérieur, de méchants et dangereux terroristes eux
aussi.

Un bain de foule du président… mais uniquement aux


bracelets verts
Il est des manipulations/mensonges tellement gros que cela en devient
ridicule et grotesque.

Nous sommes le 15 août 2019, à Boulouris. Toutes les télévisions sont là


pour assister à la célébration du 75e anniversaire du débarquement de
Provence et au discours du président. Après son discours, celui-ci prend
vingt minutes de son temps pour effectuer un bain de foule à grands coups
de selfies répétés et appuyés. Le but est de donner à tous les médias
présents l’image présidentielle d’un chef de gouvernement aimé et chéri
par son peuple, et toutes les télés s’en donnent à cœur joie, reprenant les
images d’un président qui prend le temps d’une photo et d’un petit mot à
chacun. Simplicité et proximité sont le credo des journalistes.
Sauf que tout ce que l’on montre au spectateur lambda est bidonné.

Des figurants triés, fichés, avec bracelets verts obligatoires


Le bain de foule qui se voulait spontané est en réalité millimétré et
organisé dans les moindres détails. Si l’on regarde attentivement toutes les
images, on s’aperçoit très vite que ce qui est présenté comme une foule
d’admirateurs consiste en une toute petite centaine de « figurants », parqué
dans un périmètre bien délimité et gardé. Et si l’on scrute les détails, oh
surprise, toutes les personnes présentes, toutes celles qui font un selfie
spontané et improvisé avec le président ont un joli petit bracelet vert au
poignet.
Le service communication de la ville de Boulouris confirme :

« Les gens qui étaient présents lors de ce bain de foule s’étaient


préalablement inscrits sur le site de l’Élysée pour indiquer qu’ils voulaient
assister à la cérémonie. Il y avait une centaine de places disponibles. »

Conclusion du gros mensonge


Le bain de foule n’était pas spontané. Les « figurants » avaient tous été
sélectionnés en amont pour leur docilité à l’égard du pouvoir en place.
L’image une fois de plus a été manipulée pour tromper l’ensemble des
Français sur la « popularité » d’un président.
Dans un autre pays on aurait parlé de dictature.
Il y a quelques années, un ministre du Tourisme, Olivier Stirn, ayant lui
aussi eu recours à des figurants pour se faire applaudir avait dû
démissionner dans la foulée (voir chapitre précédent).
Ceci dit, à l’époque les figurants du ministre avaient été moins bêtes, ils
s’étaient fait payer. Ceux d’aujourd’hui se sont contentés d’un selfie.

Dernière minute de rectification


La préfecture du Var précise, via le journal Nice matin, que « le grand
public voulant assister à la cérémonie de Boulouris pouvait s’inscrire sur le
site dédié aux commémorations » et non via le site de l’Élysée, comme
mentionné par Libération.
On espère juste qu’il ne s’agit pas là d’un bis repetita, après Jean-Michel
Prêtre, procureur de Nice, qui avait menti, dans l’affaire Geneviève Legay,
pour « ne pas gêner » la communication du président.

52. « Oui, Cnews a bien illustré la visite d’Emmanuel Macron au Touquet avec de vieilles images (et
du Benalla dedans) », Alexis Orsini, 20 minutes, 23 avril 2019.
53. VIDÉO. Macron chahuté lors des commémorations du 8 mai malgré un important dispositif de
sécurité, RT France, 8 mai 2019.
54. « 8 mai : Des «Macron démission» malgré un dispositif de sécurité drastique », Anthony Berthelier,
Pierre Tremblay, Bénédicte Magnier, Huffingtonpost.fr, 8 mai 2019.
55. VIDÉO. « Gilets jaunes : L’auteur de la pancarte anti-Macron retouchée par France 3 saisit le
CSA », Manon Aublanc, 20 minutes, 17 décembre 2018.
56. « Comment l’Élysée a fait diffuser un montage vidéo trompeur pour tenter d’excuser Alexandre
Benalla », Ariane Chemin et Samuel Laurent, Le Monde, 29 mars 2019.
57. « La police a-t-elle réellement demandé à Google la suppression d’un photomontage d’Emmanuel
Macron ? », Vincent Coquaz, Checknews.fr, Libération, 30 janvier 2019.
MENSONGES ET VÉRITÉS MÉLANGÉS

« Dès que l’on a découvert un premier mensonge,


il devient facile, trop facile même de déceler les autres. »
Michel Déon, Le Dieu pâle.

Il y a encore mieux que le simple mensonge, il y a le mensonge qui est


une vérité. Car mentir tout simplement devient fade au bout d’un moment
pour celui qui pratique souvent. Il faut savoir innover pour mettre un peu
de sel et de piment dans les mensonges prononcés, savoir bien emballer le
paquet pour donner l’illusion que ce mensonge est une vérité.
Cela a l’air simple de prime abord, mais quand vous savez que le
mensonge que vous vous apprêtez à dire est au départ une vérité et que
vous devez le vendre comme telle alors que, vous, vous savez que ce que
vous dites est un mensonge, cela devient de la haute perversité pour les
uns, et de la stratégie politique pour les autres (là je reconnais qu’il faut
suivre). Je me demande si les politiques qui mentent à partir d’une vérité,
ont l’inconscience pratique de croire qu’ils disent la vérité. Voici ci-
dessous quelques exemples de mensonges qui reprennent des vérités.

Quand on fait de la politique, il faut savoir viser large pour obtenir les
bonnes grâces des électeurs à venir. Quand, en plus, on est malmené par
les sondages qui ne vous donnent qu’un score minimaliste qui descend,
descend vers des tréfonds jamais atteints par les prédécesseurs, on a tout
intérêt à trouver de quoi brosser dans le sens du poil tout électorat.

Versement des pensions alimentaires


Belles paroles du président de la République lors de sa conférence de
presse d’avril 2019. Il y a là 300 journalistes triés sur le volet. À un
moment donné, il déclare à l’intention des personnes divorcées qui
touchent ou devraient toucher une pension alimentaire :

« Je veux que nous mettions en place, de manière très rapide, un système


où on donnera la prérogative de puissance publique à la Caisse
d’allocations familiales (CAF), pour qu’elle puisse aller prélever
directement les pensions alimentaires dues, quand elles ne sont pas
versées. »

Au moins 350 000 familles monoparentales sont concernées par un non-


versement d’une pension alimentaire58, voire 900 000 selon le Think Tank
Terra Nova dans une étude datant de mars 2019. Leur envoyer un petit
message d’espoir durant une allocution télévisée en vantant la création
d’un système permettant de prélever directement les pensions alimentaires
impayées ne mange pas de pain. Cela ne coûte rien pour une fois, donc
côté propagande, c’est bonus et pas de malus côté dépenses. Tout le monde
est content. Mais…

Le système existe déjà depuis belle lurette.


En août 2014, il y a donc déjà cinq ans, l’article 27 de la loi pour l’égalité
entre les femmes et les hommes a légiféré sur la mise en place, à titre
expérimental dans vingt départements, d’un mécanisme de renforcement
des garanties contre les impayés de pensions alimentaires (GIPA)59. La loi
de financement de la sécurité sociale pour 2016 (LFSS 2016) généralise le
dispositif à l’ensemble du territoire français, depuis le 1er avril 2016. Alors
que les arriérés récupérés ne pouvaient précédemment dépasser six mois, le
créancier CAF peut maintenant étendre à vingt-quatre mois la dette due.

Janvier 2017, rebelote !


En janvier 20I7, une autre mesure est mise en place à travers l’agence de
recouvrement des impayés de pensions alimentaires 4 (ARIPA) simplifiant
et facilitant les démarches, en particulier pour les familles
monoparentales60.
Deux anciennes ministres Najat Vallaud-Belkacem et Laurence
Rossignol se sont même fendues de quelques tweets ravageurs pour
rappeler au président que ce n’était pas beau de s’attribuer les actions des
autres.
Paroles d’ex-ministres que Sibeth NDiaye, porte-flingue du président
(vous savez la menteuse présidentielle en cas de besoin), s’est empressée
de désamorcer sur France Inter en précisant, pour renforcer l’annonce du
président, que c’est bien la CAF qui ira chercher l’argent de la pension à la
place des femmes en détresse.
Une supercherie de plus dans cette carambouille électoraliste car la CAF
le fait déjà et depuis longtemps ! Mais peut-être sont-ils sincères et naïfs à
la fois, en pensant que ce sont bien eux qui inventent un système qui existe
déjà depuis plusieurs années ? Faut que quelqu’un ose leur dire quand
même !

Dans le même ordre d’idées, voici une autre « supercherie » pas piquée
des hannetons.

Tout le monde y peut voter !


Le 9 juillet 2018, le président de la République rend compte de ses
actions pour la première année de son quinquennat en convoquant le
parlement dans son ensemble à Versailles. On a droit à un discours-fleuve
comme les hommes politiques aiment en faire, tant ils pensent que ce
qu’ils font ou vont faire ne peut absolument pas se résumer en quelques
phrases.
Bref (soyons court, nous), au beau milieu de ce discours, voilà t’y pas
que notre président nous annonce (entre la poire et le fromage, dirons-
nous) une chose qu’il juge historique dans son concept. Une mesure
mûrement réfléchie en faveur de « nos concitoyens qui vivent en situation
de handicap ».
Il promet solennellement « un retour au droit de vote inaliénable pour les
personnes qui sont sous tutelle ».
En France, cela concerne à peu près 700 000 personnes (curatelles et
tutelles confondues) selon le rapport sur les droits fondamentaux des
personnes sous tutelle ou curatelle remis au gouvernement en juillet 2019
par Aurélien Pradié, député du Lot, et Caroline Abadie, députée de
l’Isère61. Sur ce nombre entre 350 000 et 385 000 personnes seraient sous
tutelle, entre un quart et un tiers étant privés de leur droit de vote62.
Donc, juste pour remettre les pendules à l’heure, cette mesure historique,
annoncée comme une grande avancée de justice, va concerner
approximativement entre 96 250 et 127 050 personnes.

C’est quoi la tutelle ?


La tutelle s’adresse à une personne majeure ayant besoin d’être
représentée de manière continue dans les actes de la vie civile, du fait de
l’altération de ses facultés mentales, ou lorsqu’elle est physiquement
incapable d’exprimer sa volonté.
Selon la direction de l’information légale et administrative (direction
d’administration centrale des services du Premier ministre), la tutelle est
une mesure judiciaire destinée à protéger une personne majeure et/ou tout
ou partie de son patrimoine si elle n’est plus en état de veiller sur ses
propres intérêts. Un tuteur la représente dans les actes de la vie civile. Le
juge peut énumérer, au cas par cas et à tout moment, les actes que la
personne peut faire seule ou non.
Il ne faut pas confondre tutelle et curatelle. Les contraintes sous tutelle
sont beaucoup plus importantes. Une personne sous tutelle n’a presque
plus aucune autonomie et doit suivre les préceptes de son mandataire ou du
juge.
La mesure « historique » existait déjà, pas de bol !
La loi du 5 mars 2007 (en vigueur depuis 2009) précise que « lorsqu’il
ouvre ou renouvelle une mesure de tutelle, le juge statue sur le maintien ou
la suppression du droit de vote de la personne protégée ». Donc depuis
2009 et la modification de l’article 5 du Code électoral, les personnes sous
tutelle – dont la grande majorité sont handicapées mentales ou
psychiques – pouvaient se rendre aux urnes, sauf avis contraire d’un juge.
Pour résumer, ne pouvaient pas voter en leur âme et conscience par
décision du juge et en grande majorité les personnes atteintes d’Alzheimer,
de démence, de problèmes psychiques graves et récurrents, etc.
Maintenant, grâce à la mesure historique du président Macron : ils
peuvent ! Pourvu que les personnes Alzheimer sous tutelle s’en
souviennent…

Une personne sous tutelle ne peut pas :


– faire une demande de titre d’identité. Seul le tuteur peut, en tant que
représentant légal le faire pour elle. Sa présence est d’ailleurs
indispensable lors du dépôt de la demande pour procéder à la prise
d’empreintes. Mais elle peut voter ;
– donner son sang. Mais elle peut voter ;
– ouvrir de compte en banque ni consulter ses comptes antérieurs à sa
mise sous tutelle. Mais elle peut voter ;
– se marier sans autorisation du juge des tutelles. Mais elle peut voter.

Une action historique selon la ministre et son président.


On rigole quand même en sachant que cette possibilité existait déjà, mais
que le président de la République l’inclut comme une mesure phare et
historique dans son discours lors du congrès de Versailles en juillet 2018.
Marrant aussi que la ministre Sophie Cluzel y aille également de son
couplet en comparant le vote des handicapés sous tutelle avec le droit de
vote des femmes en 1944. Je dois avouer que la comparaison est osée, un
peu tirée par les cheveux et facile comme argumentation, mais quand on
n’a rien d’autre pour justifier « l’historicité » de la mesure, il faut bien se
rabattre sur des symboles forts pour essayer de rallier l’approbation de
tous.
Je ne remets pas en cause le bien-fondé de cette mesurette qui, de façon
« intellectuelle et éthique » peut paraître une bonne chose pour l’égalité car
elle rejoint la Convention internationale des droits des personnes
handicapées (CIDPH) des Nations Unies dont l’article 29 affirme
l’inaliénabilité du droit de vote pour toutes les personnes handicapées. On
peut toutefois se demander, sans passer pour un ingrat ou un égoïste, s’il
n’y avait pas, aussi, quelque chose de plus fort et utile globalement à faire.
Donc depuis l’article 11 de la loi n °2019-222 du 23 mars 2019, le droit
de vote pour les majeurs sous tutelle est décrété.

Sous tutelle tu peux voter, mais pas n’importe comment ni avec


n’importe qui
Il faut quand même savoir que la personne sous tutelle peut aussi voter
par procuration mais qu’elle ne peut donner sa procuration à un
professionnel ou un bénévole d’un service ou d’un établissement social,
médico-social ou sanitaire ni à une aide à domicile (article 72-1 du code
électoral). Dans le bureau de vote, la personne sous tutelle ne peut se faire
accompagner, pour toutes les manipulations du bulletin (le prendre, le
mettre dans l’enveloppe ou dans l’urne), que par un membre sa famille, de
son entourage ayant le statut d’électeur ou par un membre du bureau de
vote (article 64 du code électoral)63. En gros, je parie ma chemise que
beaucoup d’entre elles arriveront avec un bulletin de vote déjà rempli et
comme en plus elles pourront se faire aider par un membre du bureau de
vote, cela devrait vraiment faciliter leur devoir de citoyen… surtout pour
les handicapés mentaux lourds ou les personnes atteintes d’Alzheimer.
Ceci dit et juste pour rappel, car même si cette mesurette historique (qui
existait déjà) ne concerne que peu de « patients » sous tutelle, il serait bon
de se pencher aussi sur le bien-être au quotidien de ces personnes qui bien
souvent sont aussi déclarées handicapées. Car depuis deux ans, malgré le
droit de vote historique que l’on vient de leur accorder, elles subissent des
atteintes de plus en plus intolérables dans leur quotidien déjà difficile. Elles
viennent d’ailleurs de lancer une pétition nationale sur Internet alertant sur
le recul des droits des personnes handicapées :

1) Gel du plafond des ressources ouvrant droit à la revalorisation de


l’AAH (Allocation aux Adultes Handicapées) pour 250 000 personnes en
couple. Par conséquent, toutes les personnes handicapées ne bénéficieront
pas de la revalorisation programmée de l’AAH à 900 € en novembre 2019.
2) Depuis plusieurs années, l’AAH était indexée sur l’inflation au
1er avril de chaque année. En 2019 et en 2020, la hausse sera limitée à
0,3 % alors que l’inflation s’élèvera à 1,7 % en 2019 selon la Banque de
France.
3) Suppression du complément de ressources (179 € par mois) au
1er novembre 2019.
4) Recul sur l’accessibilité des logements : l’abaissement du nombre
d’étages avec un seuil d’appartements minimum pour un ascenseur
obligatoire, passage de 100 % à 20 % de la part des logements accessibles
aux personnes en fauteuil roulant dans les immeubles neufs.
Si, en plus du droit de vote historique que l’on vient de leur accorder, on
pouvait aussi tenir compte de ces quelques revendications justifiées et
vitales, je suis sûr que toutes les personnes sous tutelle et handicapées qui
n’arrivent plus à joindre les deux bouts seraient historiquement contentes,
en plus du droit de vote bien entendu.

58. « Problèmes de pension alimentaire ? Voici le dispositif pour récupérer les impayés », Actu.fr,
21 juin 2019.
59 « Garanties contre les pensions alimentaires impayées », Carole Girard-Oppici, Civil / Famille &
Personne.net, Iris.fr, 25 septembre 2017.
60. « L’Agence de Recouvrement des Impayés de Pensions Alimentaires (ARIPA) », Solidarité-
santé.gouv.fr, 15 mai 2017.
61. « Tutelle-curatelle : le rapport qui fait bouger les lignes », Marielle Merly, Ladepeche .fr, 10 juillet
2019.
62. Désolé, mais malgré mes recherches, impossible de trouver des chiffres plus précis.
63. « Vote des majeurs sous tutelle : s’inscrire jusqu’au 16 mai », Emmanuelle Dal’Secco, Handicap.fr,
10 avril 2019.
VENDRE LA FRANCE À LA DÉCOUPE : FACILE QUAND ON
MENT !

« Pendant la campagne présidentielle, j’ai voyagé dans tout le pays. J’aime mon pays et les
Français. J’adore leur parler et les convaincre (…) mais je ne dois pas succomber à la démagogie et
aux mensonges. »
Emmanuel Macron
Entretien accordé au journal allemand Der Spiegel, le 13 octobre 2017

« Il n’y a pas pire menteur que celui qui nous prend pour des cons. »
Philippe Pascot
Entretien accordé à moi-même, juin 2019

Comment détruire en douce l’homogénéité de la France ?


Plusieurs décrets fabriqués aux petits oignons pour les promoteurs
vautours en tout genre sont dans les tuyaux à l’heure où j’écris ces lignes
(juin 2019). Ils vont permettre « le laisser faire » en introduisant dans les
décrets une simplification du processus de délivrance des autorisations de
travaux en décentralisant l’ensemble des autorisations de travaux à des
vassaux du pouvoir local ou en place.
Encore une fois, c’est un leurre dans le texte pour mieux faire passer la
pilule. Car qui, de prime abord, peut être contre une simplification ? Mais
quand simplifier permet de dénaturer, de bétonner, de construire n’importe
où (et souvent n’importe comment), de piétiner la nature sans vergogne,
alors quel est l’intérêt de cette simplification ? Ou la question serait plutôt,
à qui sert cette simplification ?
Sites classés en danger imminent
En France, sur l’ensemble du territoire, il y a environ 2 700 sites qui sont
classés et 5 100 inscrits (en instance de classement), ce, depuis maintenant
plus de 110 ans (1906). Ils couvrent 2 % de la surface de la France et
revêtent tous un caractère exceptionnel.
Les volcans d’Auvergne, la forêt de Brocéliande, le cap Fréhel, les
calanques de Marseille, Étretat, la baie du Mont-Saint-Michel, la dune du
Pilat, les gorges du Verdon, tous ces lieux merveilleux qui font chacun la
fierté du patrimoine et des paysages de la France. C’est aussi une source
intarissable de revenus touristiques. Ce sont tous des lieux couvés, cajolés,
câlinés au possible, adulés par ceux qui les protègent comme la prunelle de
leurs yeux depuis plus de cent ans.

Des lois ancestrales qui ont pourtant fait leurs preuves


Cette loi du 21 avril 1906 est à l’origine d’une grande partie du droit de
la protection de l’environnement en France64. La référence sur le sujet
étant la loi du 2 mai 1930 (J.O du 4 mai 1930) qui lui a donné sa forme
presque définitive.Il y aura ensuite quelques modifications, notamment
avec la loi n° 57-740 du 1er juillet 195765 qui, plutôt axée sur la protection
des sites à caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou
pittoresque, vient compléter celles de 1906 et 1930. Elle risque elle aussi
de faire partie du démembrement à venir de notre patrimoine.
Ces lois se basent sur la notion de patrimoine naturel dont la préservation
présente un intérêt général. L’objectif est avant tout de conserver les
caractéristiques du site, l’esprit des lieux, et de les préserver de toutes
atteintes graves.
Vous ne verrez ainsi jamais de grands panneaux publicitaires sur ces sites
classés, la publicité y étant interdite. Interdites aussi les cohortes de
caravaning en mal de paysage. Tout est fait pour que chacun puisse
savourer la beauté de paysages naturels et préservés de toute agression
produite par la main de l’homme. Chaque demande de travaux spécifiques
importants doit faire l’objet d’une autorisation spéciale du ministre de la
Transition écologique et des services de l’État.
Mais ce qui risque d’être plus convoité par de futurs promoteurs, avides
de territoire à construire à tout va et n’importe comment, ce sont les
grandes réserves naturelles.

Un décret qui atomise, façon puzzle, l’harmonie du patrimoine national


Cela fait plusieurs décennies que des élus, des promoteurs (ou les deux
en même temps…) pestent de ne pouvoir bétonner à leur aise car
l’administration freine ou refuse tout ce qui dénature, pollue, détruit le bien
commun.
Grâce au contenu de ce décret « Projet de décret portant déconcentration
de la délivrance des autorisations de travaux en site classé »66
l’autorisation de rogner sur une réserve naturelle ou de construire un
camping dans un site protégé sera du ressort du préfet qui, en bon serviteur
de l’État et en toute dépendance des ordres reçus d’en haut, acquiescera
rapidement. Que dire aussi des pressions des élus locaux que les préfets
subiront, de ces chantages à l’emploi que l’on brandira comme un étendard
de vertu et qui servira d’excuse à « l’aménagement » d’un site classé.

Des préfets décideurs mais qui seront aux ordres


Avec ce décret, ce sont les 101 préfets seulement qui décideront et
donneront les autorisations pour toutes modifications sur un site classé. La
porte est ouverte aux arrangements feutrés entre gens de « bonne
compagnie ». On sait qu’un préfet n’est pas la meilleure personne pour
remettre en cause les ordres d’en haut, s’opposer aux désirs d’un potentat
local, surtout si ce dernier est un ponte en politique, et si en plus il est
ministrable ou ancien ministre, il ne sera pas question de lui déplaire.
Après tout, un préfet se déplace si facilement, voire se fait révoquer si
rapidement aujourd’hui, qu’il ne serait pas intelligent, pour qui veut
préserver sa carrière, de se mettre à dos un élu important désirant
construire un site ultra-branché au milieu de la forêt, tout cela pour
quelques écolos qui voudraient préserver l’environnement.

Après tout, cela ne fait qu’un peu plus d’un siècle que l’on se bat pour
préserver ces joyaux de beauté, ces paysages exceptionnels de toute
agression. Quand même, on ne va pas pleurer pour quelques installations
touristiques tout confort les pieds dans l’eau ou quelques immeubles
résidentiels haut de gamme avec vue imprenable garantie ! (Je blague, c’est
une phrase au second degré).
Puisqu’on vous dit que c’est pour simplifier !

Ne pleurons pas, hurlons !


Non ! On ne va pas pleurer sur ces préfets qui céderont aux sirènes des
desiderata locaux… On va juste hurler de douleur en voyant les bétonneurs
défigurer une partie des 2 700 sites que nous avons eu tant de mal à
préserver67.

Tous sont unanimement contre, même le gentil Stéphane Bern !


Une fois n’est pas coutume, même le très gentil et très policé animateur
de radio et de télévision, le célèbre Stéphane Bern himself, s’offusque de ce
décret scélérat à venir et se fend d’une (petite) remontrance officielle sur le
sujet. Il cosigne une tribune avec Isabelle Autissier (présidente de WWF)
et Michel Dubromel (président France Nature Environnement)68 pour
demander au gouvernement de retirer ce décret car ils craignent que ces
« joyaux paysagers » soient exposés aux pressions locales, politiques ou
économiques (ils n’ont pas tort).

Des sites magnifiques vont racornir comme peau de chagrin


On peut être quasi sûr que, dans peu de temps, quelques réserves
naturelles vont se racornir comme peau de chagrin. On nous expliquera à
grands coups de journaux régionaux que c’est pour le bien de la
population. On vous dira que cela va générer des créations d’emplois –
précaires et mal payés, oubliera-t-on de préciser. Et comme on ne doute de
rien, on nous expliquera avec force graphiques parcellaires ou chiffres
bidonnés que l’annexion bétonnée d’une réserve naturelle comme la forêt
domaniale de Hez Froidmont ou la petite réserve naturelle du Bassin de la
Bièvre (6 ha) se fera dans le cadre d’un respect total écologique (c’est la
grande mode comme excuse en ce moment).
Et le pire, voulez-vous que je vous dise ? C’est qu’il va malheureusement
y avoir quelques naïfs pour y croire ou plutôt des autruches avalant sans
réfléchir le discours menteur mais dominant !

Pour info, jetez un œil (lien ci-dessous) sur la consultation publique du


décret relatif à la simplification de la procédure d’autorisation
environnementale qui a été mise en ligne du 16 avril au 6 mai. Oui je sais,
c’est court et personne ne l’a su, mais c’est fait exprès (voir chapitre sur
les enquêtes publiques) :
http://www.consultations-publiques.developpement-
durable.gouv.fr/decret-relatif-a-la-simplification-de-la-procedure-
a1941.html
Édifiant et effrayant !

Pour continuer
Dans la famille « Je-bousille-et-prépare-un-monde-désertique », nous
avions donc les sites classés, sortons maintenant la carte des forêts à
réduire puis celle des végétaux à détruire.

64. http://www.assemblee-nationale.fr/12/evenements/salon-des-maires/dates_cles/protection-sites-
1906-1.asp -Manuscrit de la loi organisant la protection des sites et monuments naturel de caractère
artistique Centre historique des Archives nationales, A 1615.
65. http://droitnature.free.fr/pdf/Lois/1957_0701_Loi_Reserves_Naturelles_JO.pdf
66. Projet de décret portant déconcentration de la délivrance des autorisations de travaux en site
classé »- consultation publique- http://www.consultations-publiques.developpement-
durable.gouv.fr/projet-de-decret-portant-deconcentration-de-la-a1959.html
67. « Dépêche AFP du 14 mai 2019 : site classé, inquiétudes autour d’un projet de décret », SPEEF,
14 mai 2019.
68. « Sites classés : Stéphane Bern, Isabelle Autissier et Michel Dubromel alertent le gouvernement »,
Le Journal du dimanche, 15 juin 2019.
UN PETIT COUP DE RABOT SUR LES FORÊTS PUBLIQUES

« Quand on est dans les affaires, faut toujours mentir et tricher, mais on appelle ça autrement. »
John Steinbeck, Les Raisins de la colère

Comme un méfait ne vient jamais seul – et que là aussi nos « amis


sympathiques qui savent à notre place » ont bien compris que faire vite en
englobant le tout ne permet pas de riposte efficace, chacun défend alors
son petit bout de gras dans son coin, le nez dans le guidon, sans voir que
c’est la bête entière qu’ils sont en train de dépecer (vivante en plus !) –
outre l’attaque sournoise sur les sites classés, le gouvernement, là aussi
sans autre raison que celle du profit, a décidé de s’attaquer aux forêts
publiques. Vous savez, celles où l’on peut encore emmener nos enfants le
dimanche pour une petite promenade familiale. Elles sont protégées et
défendues jusqu’à présent par l’ONF (Office National des Forêts) qui
veille au grain en cas de tentative injustifiée de déforestation massive. Là
aussi, cela ne fait pas l’affaire de quelques-uns. Ces forêts publiques sont
de grands espaces où il est inadmissible que l’on ne puisse pas faire de
profits. Simplifions, là aussi, les procédures ! On en profitera, dans la
foulée, pour privatiser en douce l’ONF qui, rappelons-le, est pour l’instant
un service public.
Cet autre décret69 arrive donc. Dans le texte, il souhaite carrément se
passer de l’avis de l’Office National des Forêts (ONF) pour certaines
opérations de défrichements effectuées dans des forêts publiques. Un
bonheur là aussi pour des magouilles à venir puisque, pour résumer, l’État
veut donc pouvoir se passer de l’avis de l’ONF quand il s’agit de décider
d’autoriser ou non la transformation d’une forêt publique en zone
commerciale, en lotissement ou en parcelle agricole…
Colbert qui est le fondateur de la protection des forêts françaises en 1669
sous Louis XIV (c’est dire si les fonctionnaires de ce service public ont de
l’expérience et du savoir ancestral) doit se retourner dans sa tombe devant
ce massacre à venir de nos forêts publiques. Il faut savoir et cela fait
saliver les profiteurs en tout genre que la forêt française représente 31 %
du territoire, soit 17 millions d’hectares. 4,5 millions d’hectares sont gérés
par le service public, l’ONF et 2,9 millions d’hectares sont des forêts
communales soit 63 % de la surface des forêts publiques. Pour certains, un
paquet de surface à « exploiter ».

Les forestiers se rebellent, le ministre se carapate


Devant les coups de boutoir et la peur justifiée de cette privatisation des
forêts françaises, les gardes forestiers, d’habitude si discrets et taciturnes,
sont sortis du bois en février 2019.
Pour l’ONF la mise en place de ce décret vient terminer le
démantèlement programmé de ce service d’État, organisé par la diminution
systématique (entre autres) du personnel et du budget. Une gestion
désastreuse et organisée est une musique bien connue (voir la Poste et la
SNCF) qui permet, par la suite, de justifier le dépeçage et la vente à la
découpe vers le privé (qui s’en lèche les babines d’avance).

C’est donc, à l’occasion du congrès des communes forestières, le 7 juin


2019 à Épinal dans les Vosges que les gardes forestiers se sont regroupés
pour essayer d’expliquer au ministre de l’Agriculture Didier Guillaume
leur désaccord total devant ce hold-up qu’on appelle officiellement encore
« simplification » (bidon) pour mieux « croquer » ou privatiser (à la
demande d’un élu… ou d’un promoteur de centre commercial).
Eh bien, dans un souci de dialogue et de conciliation évidente, le ministre
a préféré décliner l’invitation et ne pas venir. On est courageux dans le
blabla chez les ministres macroniens mais pas téméraires dans les actes.

17 juillet 2019, le coup tordu pendant l’été


Mon Dieu que les vacances d’été sont propices pour les coups tordus !
Avec plus de quatre mois de retard et alors que tous et toutes sont à la
plage, un rapport écrit par de hauts fonctionnaires de bureau (et non de
terrain…) sort : « Évaluation du contrat d’objectifs et de performance
(COP) de l’Office National des Forêts (ONF) Proposition de pistes
d’évolution »70. Après lecture et selon un syndicaliste du SNUPFEN
(syndicat des travailleurs de l’office national des forêts), le rapport
préconise la réduction des effectifs, l’abandon de 500 000 hectares de
forêts et milieu naturel communaux pas assez productifs71 (quelqu’un
peut-il m’expliquer : c’est quoi un milieu naturel pas productif ?) Le
rapport préconise aussi, et c’est encore plus grave pour la suite de
l’entretien de nos forêts, l’accélération de la privatisation en arrêtant
définitivement les recrutements des fonctionnaires et donc par suite
logique, la filialisation d’activités pour 40 % du personnel.

Gestion privée des forêts françaises


Pour couronner le tout et surtout que l’on puisse rester entre soi sans
ouverture vers l’extérieur (le peuple), nos braves fonctionnaires de bureau
à la gestion Word-Excel proposent l’exclusion de la société civile du futur
conseil d’administration et l’adoption d’une ligne directrice de gestion
avec une logique d’entreprise privée.
L’État a fait savoir qu’il suivra sans doute, à la virgule près, les
recommandations dudit rapport (ben voyons). Pourtant le 27 juin 2019
(juste avant les vacances, les gardes forestiers auraient dû se méfier…)
l’État affirmait officiellement et par écrit, son attachement à l’Office
national des forêts et sa ferme volonté de garder « l’unité de gestion des
forêts publiques, domaniales et communales, par un opérateur unique ». Il
avait aussi salué l’efficacité des fonctionnaires de l’ONF en soulignant « le
haut standard environnemental de la gestion forestière par l’ONF ».

Vous l’aurez compris, l’État a décidé de sacrifier nos forêts et le service


public sur l’autel du profit et des intérêts privés. Je voudrais, un jour, qu’on
m’explique pourquoi on doit être absolument rentable dans un service
public comme l’ONF.
Demain quand vous chercherez un coin de forêt propre et entretenu pour
une balade familiale, pensez à ce rapport, à ceux qui vont le faire appliquer
et pleurez sur les arbres que nous n’aurons plus.

69. « Forêts publiques : un décret pourrait favoriser le déboisement et abattre l’ONF », Paul Malo,
Consoglobe, 1er juin 2019.
70. « Évaluation du contrat d’objectifs et de performance (COP) 2016-2020 de l’Office National des
Forêts (ONF) Proposition de pistes d’évolution », Jean-Baptiste Cuisinier et Claude Ronceray, site du
ministère de l’agriculture et de l’alimentation, 12 juillet 2019.
71. « En plein été, le gouvernement sort un rapport sur l’avenir des forêts publiques », Reporterre,
17 juillet 2019.
ET N’OUBLIONS PAS LES VÉGÉTAUX QUI GÊNENT POUR LE
BÉTON

« Pour que les arbres et les plantes s’épanouissent, pour que les animaux qui s’en nourrissent
prospèrent, pour que les hommes vivent, il faut que la terre soit honorée »
Pierre Rabhi,
Manifeste pour la terre et l’humanisme : pour une insurrection des consciences

« Je ne voudrais pas dire, mais à cause de quelques tarés, mais c’est mal barré ! »
P.P.

Destructions des paysages ? Des forêts ? Remettez-m’en une petite couche


avec les végétaux et les animaux.
Et comme un plan de massacre paysager doit être bien complet, un autre
décret de derrière les fagots arrive pour finir de dépecer les sites français et
verrouiller les éventuelles possibilités de protections légales que nous
pourrions utiliser contre les abus manifestes. On vient de voir ci-dessus
que la protection des sites protégés était mise à mal par une réduction du
pouvoir de ceux qui les défendaient depuis plus de cent ans, mais cela ne
suffit pas pour les futurs bétonneurs. Après le sol, il faut aussi être sûr de
ne pas être gênés par les espèces végétales ou animales qui vivent sur ces
sites classés.

L’expérience de Notre-Dame-des-Landes ne doit pas se reproduire : une


grenouille contre l’aéroport ? La grenouille a gagné !
Dans le combat mené sur Notre-Dame-des-Landes, l’un des arguments
qui a fait mouche chez les populations et a joué en faveur de l’abandon de
la construction de l’aéroport a été la non-prise en compte de la protection
de cinq espèces légalement protégées dans les dossiers mis à l’enquête et
les arrêtés préfectoraux associés. Une grosse bourde, un oubli
(volontaire ?) de la part des pro-aéroport qui a permis de faire pencher la
balance du côté des défenseurs du site. Il s’agissait de trois plantes (la
Sibthorpie d’Europe, la Pulicaire commune, la Cicendie naine), d’un
amphibien (le Triton de Blasius) et d’un mammifère (le Crossope
aquatique)72. C’est le Conseil national de protection de la nature (CNPN),
qui, ayant mandaté des experts sur le sujet, avait délivré un rapport
explosif au sujet de la protection des espèces sur le lieu.
Faudrait pourtant pas que des empêcheurs de profiter tranquille viennent
embêter ces pauvres promoteurs en mal de constructions bétonnées, certes
souvent peu esthétiques dans les décors idylliques mais qui, il faut bien le
dire, génèrent d’énormes profits !

Il avait pourtant dit le contraire.


Des discours mensongers pour des actes cachés
C’est pourtant un beau discours de l’avis de tous les experts que celui
prononcé le 6 mai de l’année 2019. « C’est une belle histoire… » (aurait
ajouté Michel Fugain) que ce monologue déclamé par un président
Macron, qui, avec force, hargne et pseudo-conviction, vient parler pour la
France (et son gouvernement bien entendu)73. Sa voix empreinte d’une
sincérité désarmante (mais fausse), éructe :

« De la première prise de conscience massive à ce niveau de notre


situation en matière de biodiversité… »

Et, dans la foulée de dénoncer, je cite dans le texte :

« La dégradation des écosystèmes par les activités humaines pousse la


planète vers une sixième extinction massive des espèces… »

Et, de réaffirmer avec force :

« La volonté présidentielle d’être à l’avant-garde de la mobilisation et de


l’action internationale pour la protection du climat et de la biodiversité
qui est dans un état critique… »

Et, il ajoute même :

« L’exigence d’une lutte accrue contre le gaspillage et l’extension des


espaces protégés »
Tous ces bons mots, ces belles phrases juste après avoir reçu le rapport
des experts de l’ONU (IPBES) qui, preuves à l’appui, constate qu’à brève
échéance un million d’espèces animales et végétales sont menacées
d’extinction74.

Comme il est président, on dira seulement que c’est un beau parleur (je
reste poli) !
C’est beau, on y croirait presque (faut dire qu’on a tellement envie d’y
croire) tant le discours est puissant, vibrant, touchant, dans son engagement
pour la défense de la planète : très fort le président !
Pour ma part, je trouve ça plutôt très fort de café de mentir une fois de
plus à la face du peuple français ! En effet je découvre quelques jours plus
tard – et en contradiction totale avec le beau discours du 6 mai ! – qu’en
catimini (comme toujours), sans que la grande presse s’en émeuve (une
fois de plus), les services de l’État pondent un décret, préparé évidemment
avant le discours du 6 mai et qui va complètement à l’inverse de la grande
déclaration sur la préservation de la biodiversité.
En rassemblant les différentes pièces du puzzle, ce que je sais très bien
faire (désolé président), une fois de plus nous avons la démonstration,
preuves à l’appui (pour changer), d’un président que les médias montrent à
l’écoute de tous mais qui n’écoute en réalité que lui-même et pratique à
gogo la politique du double langage.

Je vous livre, texto, le texte explicite d’un reportage signé Antoine


Chaos, dans l’émission de France Inter « Focus de la semaine » du 11 mai
201975 :
« … Pendant que l’ONU tire la sonnette d’alarme pour la biodiversité, le
gouvernement lance un décret visant à transférer les compétences du
Conseil national de protection de la nature (CNPN) vers des instances
régionales, entraînant ainsi la réduction de leur périmètre d’action contre
les grands projets d’aménagement… »

Cela résume bien la perversité des actes pernicieux qui viennent, sans le
dire ni l’avouer, contredire complètement les discours lénifiants. Car, sous
couvert de décentralisation on « décrétise » à tout va, en douce, en
prétextant la simplification de la procédure d’autorisation
environnementale.
Lutter contre les lourdeurs administratives, qui pourrait en effet être
contre ? En profiter pour bétonner, défigurer en toute tranquillité, piétiner
le travail de préservation de nos ancêtres, hypothéquer la quiétude
environnementale de nos enfants, c’est en plus un vrai bonheur pour les
promoteurs.

C’est le progrès qu’on vous dit ! Après avoir traversé la rue, on va


pouvoir traverser le bois.

Et ailleurs qu’est-ce qui se passe ?


Pourquoi nous raconte-t-on à chaque fois la même histoire lancinante et
lassante ? On nous rabâche pour mieux y croire que l’on ne peut pas faire
autrement, que défigurer nos forêts fait partie intégrante de l’avancée du
progrès dans notre société moderne, que c’est dans l’ordre des choses,
inéluctable. On se demande bien pourquoi d’autres pays ne font pas pareil !

La Norvège interdit la déforestation


Eh oui c’est donc possible : la Norvège est le premier pays (après la
Suisse en 1843…) à prohiber la déforestation. Le Parlement norvégien ne
permettra plus au gouvernement de signer des contrats à n’importe quelle
entreprise pouvant porter atteinte à la conservation de la forêt. Le texte
couvre l’importation et l’exportation. Bien sûr cette décision n’est pas
simple surtout pour un État, une économie, le niveau de vie des habitants.
Il va falloir composer avec d’autres sources de revenus, trouver d’autres
filières financières. Un peu plus de travail politique, mais pour le bien de
tous.
Et, entre nous, quelle satisfaction de pouvoir laisser aux enfants
norvégiens une terre où ils pourront encore se promener en admirant de
beaux paysages tout en flânant au milieu des sous-bois naturels !
Ce qui prouve bien que lorsqu’on veut, on peut préserver l’écosystème.
Encore faut-il une volonté et un consensus politique pour imposer pour son
pays une vision autre que totalement économique.

Petit plus
Toujours dans l’esprit de lutter contre une déforestation anarchique et
étant donné que l’huile de palme est liée à la déforestation, le Parlement
norvégien a également décidé, en janvier 2019, d’interdire à son industrie
de s’approvisionner en huile de palme et autres types de biocarburants
dangereux, à compter de 202076.

Le comblement des « dents creuses » du littoral à urbaniser


est désormais possible grâce à la loi ELAN (articles 42 et 45)
Il existait, il existe encore, (mais plus pour longtemps) des petites
parcelles non construites et non constructibles, d’une superficie modeste et
entourées de constructions. En dehors de zones très strictement définies par
la jurisprudence, elles étaient inconstructibles, quand bien même elles
étaient situées à plusieurs kilomètres du littoral. On appelait ça des dents
creuses : un petit espace de verdure entre deux urbanisations.

Les dents creuses étaient protégées


La loi n° 86_2 du 3 janvier 1986 relative à l’aménagement, la protection
et la mise en valeur du littoral avait pour objet la mise en place de règles
spécifiques d’aménagement, de protection et de mise en valeur
particulièrement symbolique concernant 26 départements au bord de l’eau,
correspondant à 1123 kilomètres linéaires, le long du littoral côtier77.
L’équilibre du texte reposait, alors, sur un principe de non-constructibilité
du littoral, sauf exception.

Les promoteurs et autres ont maintenant quelque chose à se mettre sous la


dent (plus creuse)
Grâce à la loi ELAN, entrée en vigueur le 25 novembre 2018, il est dès
aujourd’hui possible de bénéficier de l’autorisation de combler les dents
creuses dans les secteurs urbanisés communaux du littoral grâce à
l’assouplissement considérable des conditions de fond et de forme
permettant l’urbanisation du littoral.

Bien sûr, le législateur a mis quelques verrous dans ces articles 42 et 45,
mais au détour d’une petite phrase, on laisse entrevoir la possibilité de
« projet individuel » donc l’opportunité pour des particuliers d’agrandir
leur maisonnée près du rivage avec un petit bout de terrain qui traînait au
bout du domaine. Ce genre de modification de texte de loi existant ne sert
souvent que quelques-uns. Autant que ce soit le riche proprio du bord de
mer qui en profite pour lui seul, non ?
Merci les articles 42 et 45.
72. « Notre-Dame-des-Landes. 5 nouvelles espèces protégées remettent en cause le projet d’aéroport »,
Naturalistesenlutte, 23 décembre 2015.
73. « Protéger la biodiversité : une ambition française, européenne et mondiale », Elysée.fr, 6 mai 2019.
74. « Gaspillage, espaces protégés… quelles sont les annonces de Macron pour la biodiversité ? »,
Libération (avec AFP), 6 mai 2019.
75. « Le CNPN en danger : d’un côté le discours, de l’autre les actions », Antoine Chao, France inter,
11 mai 2019.
76. « La Norvège agit contre la déforestation ! », Sally Cissé, Globalgoodness.ca, 26 janvier 2019.
77. Bilan gouvernemental de la loi littoral et des mesures en faveur du littoral, septembre 2007.
LE MENSONGE DE LA DISPARITION DES COURS D’EAU
FRANÇAIS PAR LA MAGIE D’UN COUP DE GOMME ÉTATIQUE

« Le scandale n’est pas de dire la vérité, c’est de ne pas la dire tout entière, d’y introduire un
mensonge par omission qui la laisse intacte au-dehors, mais lui ronge, ainsi qu’un cancer, le cœur et
les entrailles. »
Georges Bernanos

De plus en plus fort, ou plutôt de plus en plus effarant, voire effrayant :


sous l’ère nouvelle d’un monde nouveau, on invente maintenant un
nouveau système de « disparition », bien utile quand les chiffres et leurs
conséquences dramatiques à moyen terme risquent de gêner les amis et
certaines industries qui n’ont d’autre but que le profit. Dans d’autres pays,
à une certaine époque révolue aujourd’hui (heureusement), c’était une
technique bien rodée que de faire disparaître les individus gênants ou en
disgrâce des photos officielles soigneusement retouchées.
Eh bien aujourd’hui, au sein de notre monde libre et vertueux, l’État fait
encore mieux, et ce, avec l’aide de quelques serviteurs serviles, le tout pour
mieux nous tromper en utilisant une légalité aussi artificielle que douteuse.
Pis, bien que l’État se soit engagé officiellement et médiatiquement à
assainir nos rivières, nous assistons dans le silence assourdissant de
presque tous les médias à l’inverse. Le recours aux produits phytosanitaires
(pesticides) sur le territoire est en hausse de 12 % depuis le lancement
d’Eccophyto (Science et Avenir( avec AFP), 30 juillet 2018)
Et pourtant, si je peux me permettre cette notion décalée sémantique : il y
a le feu à notre H2O. Il serait temps d’éteindre l’incendie de notre eau
vitale pour les générations futures et qui se meurent à petit (grand) feu. Il
va bientôt être trop tard pour raviver nos rivières qui étouffent, en Bretagne
par exemple, à cause du phosphate, du phosphore et du nitrate qu’on y
déverse massivement. Il va bientôt ne plus rester au fin fond de nos nappes
phréatiques qu’un remugle de pesticides malodorant et intraitable. Bientôt,
à force de ne rien faire ou de faire semblant, il vaudra mieux boire
directement du chlore plutôt que de l’eau potable.

Des chiffres catastrophiques « d’empoisonnement » de masse


qu’ils ne peuvent plus cacher
Il faut savoir que depuis plusieurs années déjà, l’alerte est donnée tous
azimuts dans toutes les revues scientifiques sérieuses de France et de
Navarre. En 2016, paraissent les résultats de deux chercheurs de l’Institut
des sciences environnementales de l’université de Koblenz-Landau
(Allemagne) qui ont mesuré de façon scientifique et indubitable presque
toutes les concentrations d’insecticides dans les eaux de surface et au fond
des cours d’eau. Nous dépassons allégrement le taux « légal » autorisé au
sein de l’Union européenne (comme une bonne partie de l’Europe
d’ailleurs : Angleterre, Allemagne et Italie). Dans cette « eau » plus que
polluée, on retrouve en grand nombre un tas de molécules sympathiques
classées cancérigènes, avec un petit plus pour certaines mutagène et
reprotoxique, parfaisant ainsi le tableau78. Un joli cocktail qui, s’il était
inscrit sur l’étiquette de chaque bouteille d’eau, nous donnerait l’envie de
tout boire, sauf ça.

Bref, pour aller à l’essentiel, l’eau ainsi chargée se retrouve


obligatoirement, et par une suite logique de pérégrination, dans la chaîne
alimentaire dont nous sommes, en tant que prédateur suprême, l’un des
derniers maillons du stockage de tous ces poisons réunis79.

En 2013 un rapport du Commissariat au développement durable,


organisme d’État dont le sérieux ne peut être remis en cause, stipule en
gras qu’on note, dans 92 % des points de surveillance des cours d’eau, la
présence d’au moins une de ces substances que l’on peut qualifier de
poison. Seules sont exemptes de pesticides les zones montagneuses ou les
endroits où l’agriculture est peu intensive.
Même les agences de l’eau qui sont des établissements publics du
ministère en charge du Développement durable indiquent dès 2012 que sur
191 sites hydrographiques surveillés, UN SEUL ne comporte pas de
pesticides.
Un discours de vieux baba cool aigri et radoteur qu’ils nous disent ? Et ce
n’est pas fini, regardons un peu l’état des nappes phréatiques.

Nappes phréatiques en souffrance extrême


Selon la revue UFC-QUE Choisir d’octobre 2017, plus d’un tiers de nos
nappes phréatiques sont aussi maintenant massivement polluées. Pis,
comme les concentrations de nitrates ont explosé ces dernières années, la
moitié des nappes en contiennent. Petit rappel pour ceux qui n’auraient pas
compris et ceux qui ne voudraient pas comprendre, les nappes phréatiques
sont nos réserves d’eau douce et d’eau potable planétaires80. En France
nous en comptons plus de 6 500, véritables « réservoirs » vitaux pour notre
simple survie. On les retrouve, entre autres, à travers les sources ou dans
les cours d’eau. Les pollutions massives et réitérées de nos réserves d’eau
nous entraînent vers une énorme catastrophe dont nos dirigeants sont
parfaitement conscients.
Conscients mais inconscients quand même, dirais-je, en étant sûr de ne
pas me tromper.
L’État, dans ce dossier de l’eau, joue sur les deux tableaux. D’un côté, il
se donne l’image d’un fervent défenseur de l’environnement et du capital
liquide à protéger impérativement contre vents et marées, et de l’autre il ne
fait rien ou, plus grave, triste et rageant, il fait l’inverse de ce qu’il déclare
(on devrait être habitué, mais je n’y arrive pas) !
Des lois bien faites que l’on contourne pour continuer à produire toujours
plus, même si c’est n’importe comment !
Pourtant, il y a encore peu, la directive nitrate de 199181 visait à réduire
la pollution des eaux, provoquée ou induite par les nitrates à partir de
sources agricoles, et à prévenir toute nouvelle pollution de ce type.
L’arrêté du 12 septembre 2006 (et le Grenelle de l’environnement de
2007) sur l’utilisation et le cadrage des produits phytopharmaceutiques, est
venu renforcer et protéger nos cours d’eau. On y préconisait ainsi
(article 11) des zones non traitées, des zones tampons avec interdiction de
pesticides d’au moins 5 mètres minimum enherbées ou plantées de haies
aux abords des points d’eau et près de 500 produits exigeaient même une
bande plus large sans épandage (de 10, 50, 100 mètres ou plus).
Ces bonnes lois permettaient de préserver un tant soit peu la petite qualité
de l’eau qu’il nous restait.
Mais c’était déjà trop pour l’appétit dévastateur de l’industrialisation
féroce et sans scrupule des grands agriculteurs ou éleveurs en batterie à
grande échelle.
Des zones protégées ? Impossible de pulvériser du chimique en toute
liberté ? Pour ces gens-là et les hommes politiques qui les suivent, que la
majorité de nos cours d’eau et de nos réserves phréatiques soient déjà dans
un triste état n’est qu’une vue de l’esprit de vieux écologistes gâteux post-
soixante-huitard, d’empêcheurs de faire du profit tranquille.

Petit détail de mensonge aux étages supérieurs


La France avec un grand F s’est engagée solennellement auprès de
l’Europe (et vis-à-vis de tous ses habitants) à défendre mordicus une eau
chimiquement propre à travers une directive-cadre européenne sur l’eau
2000/60/CE (DCE) ratifiée en date du 23 octobre 2000. Celle-ci fixe la
date butoir d’obligation de résultat pour la remise en eau claire de notre
patrimoine hydraulique à 2015, dernier délai. Bien entendu, la France a
applaudi des deux mains et des deux pieds à cette décision importante pour
la survie des vivants de la planète.
Ça, c’est donc la version officielle, la soupe médiatique qu’il faut servir
aux gogos pour qu’ils croient dur comme fer que l’on s’occupe bien d’eux
et de leur santé. Pourtant, derrière la façade, il y a la dure réalité
économique de l’industrialisation à outrance de l’agriculture et son cortège
de « pas de bol ». Le préambule premier de cette directive est : « L’eau
n’est pas un bien marchand comme les autres, mais un patrimoine qu’il
faut protéger, défendre et traiter comme tel ».

La France a réussi à repousser par dérogation (on aime bien ça, en


France, les dérogations) la date butoir d’une eau propre en France et a
obtenu un délai qui se situe maintenant à 2027. Ceci laisse donc largement
le temps, non pas de réduire considérablement l’empoisonnement chimique
de nos cours d’eau mais de le maquiller, de trouver une parade pour dire
qu’on a fait ce qu’il fallait, tout en n’ayant presque rien fait.

Un coup de baguette tragique qui résout leur problème mais qui va


aggraver les nôtres
Et cette fois-ci, nos édiles ont donc trouvé une parade beaucoup plus
pernicieuse que d’habitude. Un truc vicieux qui sort des sentiers battus du
mensonge politique classique afin de cacher et maquiller ce dossier aux
effets désastreux pour la santé nationale et l’environnement. Plutôt
qu’entamer un contre-feu en se jetant dans une bataille de chiffres et
analyses contradictoires pour noyer le poisson, plutôt que d’envoyer au
front des contre-expertises qui remettraient en cause des vérités et des
chiffres indéniables (voir chapitre sur le nuage de Tchernobyl), on a trouvé
bien mieux. On nous propose aujourd’hui, grâce aux ordres et directives
d’en haut, aidé et soutenu par la FNSEA (Fédération Nationale des
Syndicats des Exploitants Agricoles) que l’on cajole (souvent dans le sens
du poil), tout simplement de faire disparaître des cartes officielles, d’un
coup de baguette aux conséquences tragiques, tout ce qui gêne et qui
viendrait contredire les belles déclarations rassurantes sur l’état de santé de
nos ressources hydriques.
20 % des « cours d’eau » vont disparaître des cartes pour ne
pas être protégés des pesticides : le monde à l’envers !
Depuis peu, on gomme tout simplement de toutes les cartes les cours
d’eau protégés de pesticides par la loi. On déclassifie des sources, au
prétexte qu’elles sont intermittentes. Elles deviennent ainsi sur le papier,
par la grâce d’un coup de crayon, de simples « fossés » ou des « ravines ».
Les préfets, toujours prêts à rendre service aux gouvernants dont ils sont
les serviteurs très zélés pour certain(e)s, s’en donnent à cœur joie lors des
mises à jour du réseau hydrographique de leur territoire. On gomme, on
raye, on renomme, on fait disparaître, on escamote. Dans le silence le plus
total, des endroits d’eaux, des petits ruisseaux autour desquels il est interdit
d’épandre des pesticides, disparaissent sans laisser de traces…

Plus de réglementation contraignante et c’est tout bénef pour les gros


agriculteurs
Il est important de savoir qu’un cours d’eau déclassé en petit fossé ne
relève plus d’une réglementation contraignante. On peut répandre, c’est
légal, presque tous les pesticides que l’on désire à trente centimètres des
bords d’un fossé, alors que cela est rigoureusement interdit à moins de cinq
mètres pour la dénomination « cours d’eau ». Ainsi, si un petit ru, deux ou
trois fois centenaire et connu comme le loup blanc dans un village, devient
comme c’est le cas aujourd’hui une p’tite ravine insignifiante et sans nom
sous la plume d’un des préfets (ou préfètes), il ne sera plus protégé. Bien
sûr, et cela est contenu dans le pack de la nouvelle appellation de « not’
p’tite ravine », celle-ci ne sera pas prise en compte pour l’évaluation
globale du degré de pollution des eaux de surfaces et souterraines que
l’État s’est engagé à rendre « plus propres » pour 2027, dernier délai.
Vous commencez à comprendre ? Si la réponse est négative : boire un
petit verre d’eau et reprendre doucement en début de chapitre.
D’ailleurs à propos de boire un coup, il faut aussi que vous sachiez…
On traite les conséquences et pas les causes
On ne peut pas parler des cours d’eau et de nos sources qui disparaissent
par le fait du prince, sans évoquer l’eau qui reste, celle à boire. Nos
politiques ont, là aussi, délibérément choisi pour traiter l’eau à boire de
prendre des mesures essentiellement curatives plutôt que préventives. Il est
pourtant facile de comprendre, il suffit d’un peu de bon sens, que de
relaver, retraiter, resservir à chaque fois la même eau sale et polluée qui en
sus, au vu de son extraction exploitation intensive, n’a pas eu le temps de
se renouveler nous donne une eau de moins en moins propre, de plus en
plus difficile à purifier et de plus en plus chère à « relaver ».
C’est malheureusement ce qui est en train d’arriver avec un coût de plus
en plus élevé pour le consommateur (le peuple) qui paie donc de plus en
plus cher pour une eau de moins en moins propre.

Des politiciens peu courageux (comme d’habitude)


Non seulement cela coûte de plus en plus cher, mais en outre nos
politiciens laissent faire et s’arrangent pour que ceux qui polluent le plus
paient le moins.
Selon UFC-Que Choisir, l’agriculture « pourtant responsable à elle seule
de 70 % des pollutions en pesticides, de 75 % des pollutions en nitrates et
de la moitié des consommations nettes en eau » ne paie que « 7 % de la
redevance + pollutions + et 4 % de la redevance + prélèvement + en
violation flagrante du principe + préleveur-pollueur-payeur + ».

Pas touche au grisbi pesticides et productivité


Il ne faut pas toucher aux lobbies/grisbi des agriculteurs et de leur
syndicat principal, ce serait bien trop risqué pour nos politiciens. D’où des
factures d’eau de plus en plus lourdes que supporte principalement le bout
de la chaîne (NOUS), d’où l’arrangement qui arrange surtout l’État et en
même temps les gros agriculteurs et éleveurs de supprimer discrètement
20 % des surfaces d’eau qui étaient trop bichonnées par des lois
protectrices82.
D’ailleurs quand on y réfléchit bien et en remettant les morceaux du
puzzle aux bons endroits, on peut légitiment poser la question du renvoi
aux calendes presque grecques de l’interdiction de l’utilisation du
glyphosate (Roundup). On comprend mieux les dérogations d’utilisation en
veux-tu en voilà pour les pesticides en tout genre. Quand on y réfléchit
bien, la mansuétude sur l’épandage du lisier des fermes industrielles à
cochon devient d’une logique absolue, etc.
Il ne s’agit pas d’une théorie « complotiste » de mauvais aloi comme
pourraient le dire les allumeurs de contre-feu médiatiques. C’est juste le
constat désespérant de l’attitude répétitive d’individus (politiques et acteurs
économiques), liés ensemble par des intérêts communs et qui dans tous les
cas de figure font passer leur intérêt personnel (électoral ou profit
financier) avant toute notion de bien commun.

Petite conclusion qui peut donner une gorge sèche de rage


Pratiquer ainsi la politique de la terre (comprendre l’eau) qui n’existe
plus, permet de réduire considérablement la surface officielle de pollution
prise en compte par les autorités, et par voie de conséquence d’augmenter
l’étendue des surfaces qu’il est possible de polluer tranquillement avec
surtout, « cerise sur la pollution », peu de règlements sanitaires pour les
(nous) protéger. Il y a fort à parier que le magouillage des chiffres
(habituel) ajouté au « gommage » des surfaces à prendre en compte et de
quelques artifices trouvés d’ici à 2027 (par exemple : ne pas prendre en
compte tel ou tel « produit phytosanitaire » qui serait devenu inoffensif et
non cancérigène par la grâce d’un rapport fourni… par Monsanto) feront
que nos eaux seront officiellement aux yeux du monde plus propres
qu’elles ne l’étaient.
Résumons : un gros mensonge par omission, une belle escroquerie à la
santé, un blanc-seing à la pollution massive de notre territoire, un
empoissonnement de nos ex « cours d’eau » livrés pieds et poings liés sans
plus aucune protection ni réglementation. Le tout, avec la bénédiction
sous-jacente de l’État qui, une fois de plus, ne joue pas son rôle pour le
bien commun.

Un seul agent en Seine-et-Marne


Enfin, et pour achever ce chapitre à désespérer du genre humain qui ne
pense qu’à lui, sachez juste que pour inspecter les éventuels « tricheurs,
pollueurs » sur ce qu’il reste à contrôler de l’état sanitaire de nos rivières, il
n’y a en France que 800 agents en tout et pour tout. À titre d’exemple en
Seine-et-Marne, on ne dispose que d’un seul agent pour faire la police des
eaux83. D’après le Service d’administration national des données et
référentiels sur l’eau, le département de Seine-et-Marne compte près de
4 400 kilomètres de rivières dont 216 kilomètres de cours d’eau
domaniaux, auxquels il convient d’ajouter 144 kilomètres de canaux. Une
broutille pour un seul homme.
Fatigant tout ça ! Du coup, vous m’excuserez, mais il faut que j’aille
boire un coup… pour oublier !

78. « En France, l’eau des rivières et des nappes phréatiques dans un état « calamiteux », Libération
(avec AFP), 17 octobre 2017.
79. « Trop de pesticides dans nos rivières », Le Parisien. 2 février 2016.
80. « Les nappes phréatiques, réserves d’eau potable de notre planète », Geo.fr, 13 janvier 2017.
81. Directive n° 91/676/CEE du 12/12/91 concernant la protection des eaux contre la pollution par les
nitrates à partir de sources agricoles-(JOCE n° L 375 du 31 décembre 1991)
82. « Des points d’eau ont été effacés des cartes IGN pour ne pas avoir à les protéger des pesticides »,
Martine Valo, Le Monde, 6 juillet 2019.
83. « Pollution : des rivières françaises à la dérive », Blaise Mao, Geo.fr, 23 avril 2015.
UNE SOUPLESSE SÉMANTIQUE APPARENTE ET
MENSONGÈRE AU SERVICE D’UNE RIGIDITÉ POLITIQUE

« La vérité est parfois très difficile à manier.Le mensonge est plus simple »
Henning Mankell, Les Chaussures italiennes

Quand un seul mot réduit drastiquement la contestation


Le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer aurait pu marquer son
passage en donnant son nom à une énième loi réformatrice de l’éducation.
Après tout, tous ses prédécesseurs l’ont fait.
Souvenez-vous, en 1986, on parlait de la loi Devaquet, les étudiants
huaient même ce nom dans les rues de Paris. Un peu avant, en 1975, il y
avait eu la réforme Haby84 (ministre de l’Éducation 1974-1978) et sa loi
sur le collège unique. En 1984, la loi Savary85 (ministre de l’Éducation
nationale 1981-1984), qui a subi les foudres de la rue en voulant procéder à
une large réforme de l’enseignement supérieur ; puis en 1989 la loi Jospin
(ministre de l’Éducation nationale 1988-1992), qui établissait dans son
article premier que « L’éducation est la première priorité nationale ». Elle
donna lieu à plusieurs manifestations étudiantes (novembre 1990) qui
obligèrent le ministre à revoir sa copie.
Il a donc toujours été difficile de réformer l’école. Nombre de
gouvernements, de ministres se sont cassé les dents à vouloir bouger le
curseur de l’Éducation nationale, pour dégraisser le mammouth comme
disait un ministre, lui-même vieux dinosaure, du nom de Claude Allègre.

Aujourd’hui, nos communicants en chef ont bien compris que pour faire
passer une pilule amère aux enseignants, on devait jouer sur tous les
tableaux, y compris sur l’inconscient collectif et la perte de signification
des mots.
En effet comment trouver des slogans percutants et fédérateurs sur une
loi qui s’appelle « la loi confiance » ? Difficile de manifester et de crier
« À bas la confiance ! » Les contestataires ont d’entrée de jeu un handicap.
Avant c’était facile, les slogans tombaient tout seul : « loi Haby
riquiqui ! », « loi Devaquet aux cabinets ! », « loi Jospin t’es zinzin ! »,
j’en passe et des meilleurs. Mais là, avec la loi confiance ; cela devient
beaucoup plus compliqué car cela touche à l’inconscient collectif,
entravant, dès l’énoncé, tout esprit critique.

Une loi sur la confiance mais à sens unique


« Le diable se cache dans les détails » écrivait Nietzsche du XIXe siècle,
et c’est exactement ce qui est à l’œuvre dans cette loi « confiance de mes
deux » et quelques détails de son texte qui de prime abord peuvent paraître
anodins, voire logiques, sauf quand on y regarde de plus près…

Article UN ça commence bien !


Dès le premier article, le législateur impose, exige, écrit noir sur blanc
que les enseignants doivent avoir une attitude « d’exemplarité », ce qui
paraît logique et sain, voire tombe sous le sens quand il s’agit de nos
enfants. Mais, et c’est là que ce qui est sain peut devenir éminemment
pervers, le législateur (toujours lui) prend le soin d’ajouter que cette
exemplarité de l’enseignant doit s’étendre jusqu’en dehors des heures
travaillées. Tout le monde doit maintenant avoir confiance en son
enseignant à n’importe quel moment. Pour que la pilule passe mieux, on
s’appuie sur une décision du Conseil d’État en date du 18 juillet 201886,
qui statue sur « l’exigence d’exemplarité et d’irréprochabilité qui incombe
aux enseignants dans leurs relations avec des mineurs, y compris en
dehors du service », et sur l’importance de l’atteinte portée « à la
réputation du service public de l’Éducation nationale ainsi qu’au lien de
confiance qui doit unir les enfants et leurs parents aux enseignants du
service ».
Cette décision du Conseil d’État faisait suite à la non-révocation (mise à
la retraite d’office) d’un enseignant s’étant rendu coupable d’agressions
sexuelles sur enfants de moins de 15 ans durant un stage de plongée sous-
marine, et ce, pendant les congés scolaires.
Alors exemplarité, oui, mais jusqu’où et sur quelle base ?

Tout dépend donc de qui décide de l’exemplarité


Si l’on peut approuver qu’une personne ayant été condamnée pour des
faits d’agressions sexuelles ne soit plus apte à enseigner ou à approcher
nos enfants, on a un peu plus de mal à comprendre pourquoi le cadre de
l’exemplarité n’est ni posé ni défini dans le texte. Pourquoi avoir laissé la
porte ouverte à une large interprétation de l’exemplarité ?

Une défiance grave de sens


Demain, QUI va définir la bonne ou mauvaise attitude d’un enseignant ?
On connaît malheureusement les dérapages ou « l’interprétation » docile
de serviteurs zélés qui vont s’empresser, sous couvert de la loi et pour
plaire au Prince, de sévir au moindre écart. Demain, un tract signé par un
enseignant, distribué en sortie de gare remettra-t-il en cause son boulot ?
Sa présence dans une manifestation « interdite » lui vaudra-t-elle une
convocation au rectorat, un blâme pour manque d’exemplarité ? Son
abonnement dans un club de nudiste alors qu’il bosse dans une école
catholique équivaudra-t-il à un licenciement pour sortie de la ligne
éducationnelle ?
Bien sûr aujourd’hui on nous répondra que j’affabule, que je tire des
plans sur la comète, que je prête des intentions qui n’existent pas au grand
législateur, seigneur du « savoir à notre place ». Pardonnez-moi mais on
peut tout de même légitimement se poser la question de savoir si ces
petites phrases anodines noyées dans un article de loi ne vont pas servir à
mettre au pas quelques enseignants trop turbulents.

Une enseignante convoquée pour avoir critiqué Macron, un directeur


d’école sanctionné
À peine ai-je écrit ces lignes que les exemples ci-dessous sont venus
confirmer mes doutes. Selon le syndicat Snuipp-FSU, des directeurs dont
les écoles ont été occupées par les parents d’élèves se sont vus reprocher
de ne pas les avoir fait sortir87. Certains ont même été convoqués par leur
inspection. Déjà en décembre 2018, une enseignante, Sophie Carrouge,
professeure de lettres au lycée Le Castel, a été « gentiment » convoquée
par sa hiérarchie pour avoir eu le tort d’écrire un petit pamphlet ironique
sur Macron sur un site du Web (Dinjocter.info) intitulé Le grand chef
blanc a parlé88.
Sébastien Rome, directeur d’école à Lodève dans l’Hérault, a, lui, reçu
un rappel à l’ordre89 et une sanction. Il s’était exprimé sur les ondes de
Radio France pour signifier son opposition au projet de loi de Jean-Michel
Blanquer. Il avait eu le tort (ou la raison selon mon avis personnel) de
s’exprimer à travers une tribune dans le journal Le Monde puis sur France
Bleu Hérault. De l’avis de tous, ses propos étaient modérés et constructifs.
Ce directeur d’école exposait simplement quelques problématiques sur les
conséquences de cette loi « confiance », comme la suppression des
directeurs d’école au profit des principaux de collèges qui allait accentuer
la perte du service de proximité90.

Valable pour les enseignants… Mais pas pour les élus


De plus, je continue quand même à trouver fort de café qu’une fois
encore, nos parlementaires ne s’appliquent pas à eux-mêmes les lois
moralisatrices qu’ils nous imposent. On aimerait qu’ils soient aussi
exemplaires que nos enseignants, même en dehors de l’hémicycle.

Autres « mensonges » pendant qu’on y est, du ministre de


l’Éducation nationale
Et on continue dans l’art de noyer le poisson en torturant les chiffres à la
sauce que l’on préfère.

Blanquer fait mieux que son collègue Castaner avec les chiffres des Gilets
jaunes dans la rue.
Déformer la réalité est devenu un vrai sport de la part de nos
gouvernants. On avait déjà le ministre de l’Intérieur qui, semaine après
semaine et malgré des images démontrant le contraire, manipulait les
chiffres à la baisse des manifestants Gilets jaunes. On a maintenant un
ministre de l’Éducation nationale qui, pour minimiser l’importance d’un
conflit social, mélange allégrement plusieurs chiffres.

Début juillet, en pleine grève des copies pour les résultats du bac,
M. Blanquer, ministre, déclare dans tous les médias qui le reçoivent que le
taux de grévistes est de 2 % sur plus d’un million d’enseignants. Un effet
d’annonce qui a deux buts inavouables : le premier, de manipuler l’opinion
publique en minimisant à l’extrême la portée numérique des enseignants
grévistes. Le second, tout aussi pernicieux, de rassurer les parents et
bacheliers sur l’obtention d’une note à l’examen.
Effet garanti sur l’ensemble des populations qui ne connaissent pas la
réalité des chiffres énoncés.

Pour le ministre les chiffres sont élastiques


L’astuce, la ruse, le mensonge employé, c’est que le million
d’enseignants dont parle le ministre correspond à l’ensemble des agents de
l’Éducation nationale : 1 132 700 personnels, selon les propres chiffres du
ministère91.

Dans ce chiffre on retrouve 251 300 agents dits des missions non
enseignantes, et dans les 881 400 enseignants restants, sont regroupés les
écoles et le second degré :
– 381 150 enseignants pour le premier degré ;
– 500 250 enseignants pour le second degré.
Tiens c’est bizarre, nous n’avons déjà plus que la moitié du nombre pris
en référence par notre ministre facétieux… Mais ce n’est pas fini.
Il n’y a pas 500 250 enseignants qui corrigent les copies du bac, cela se
saurait ! Mais l’avouer et c’est le ratio de grévistes qui augmente de façon
vertigineuse.

Un bac dévalué avec rupture d’égalité pour continuer à maquiller


Pour couronner le tout et maquiller complètement le chiffre réel des
enseignants « grévistes », le ministre a dû en catastrophe donner des
consignes de mansuétude sur les notes à attribuer aux candidats, organisant
ainsi une rupture d’égalité entre tous les candidats bacheliers puisqu’il a
donné ordre de prendre « provisoirement » la moyenne du contrôle continu
pour les élèves dont les copies manquaient92.
Depuis mai 1968, on n’avait pas vu pareille pagaille pour le bac… Et tout
ça avec seulement 2 % de grévistes ? Vous êtes sûr de vos chiffres
monsieur le ministre ?

Pas une école ne fermera hormis les 400 qui vont fermer en
septembre 2019. Quand une vérité est un mensonge !
Là aussi on pourrait en rire si nos représentants élus ne jouaient pas avec
nos nerfs en nous manipulant avec des mots. Il n’y a pas pire que ceux qui
vous donnent de l’espoir, dont on s’aperçoit quelque temps après que ce
n’était que du vent destiné à nous endormir d’une petite brise mensongère.

Mensonges sur les écoles, patate chaude et débrouille-toi


Grand déballage et conférence de presse du président de la République le
25 avril 2019 suite au Grand débat93. Il y annonce des (pseudo-) solutions
pour répondre à la crise des Gilets jaunes. Il affirme également sa volonté
qu’aucune école ne ferme durant son quinquennat.
On ne peut qu’applaudir à pareille affirmation faite par le président de la
République devant un parterre de journalistes du monde entier.
Le ministre de l’Éducation nationale en rajoute une petite couche, deux
jours plus tard, en déclarant :

« Nous ne fermerons pas d’école primaire, c’est la première fois qu’un


gouvernement s’engage à faire cela, c’est énorme. »

« Formidable… Foormidable… Tu étais formidable… J’étais fort


minable. » On pourrait presque reprendre la chanson de Stromae en
remplaçant le « je » par « ils » étaient fort minables, à propos de ces
déclarations présidentielles et ministérielles. Si l’on décortique un tant soit
peu leur contenu, on peut en effet y apprécier l’art de transférer une
responsabilité et une patate chaude tout en se réservant le beau rôle.

Déjà un petit mensonge en forme d’oubli de ce qui a été dit


Peu de personnes (ni d’ailleurs aucun média « traditionnel »…) ont
remarqué que dans le « discours-conférence de presse » du 25 avril du
président Macron, le plafonnement du nombre d’élèves à 24 enfants pour
toutes les classes de grande section, CP et CE1 ne semble plus d’actualité.
C’était pourtant en janvier 2019 (trois mois plus tôt), une info
présidentielle reprise par tous les médias. L’annonce de la généralisation
du dédoublement de classes de CP et CEI avait été faite à Grand-
Bourgtheroulde (Eure), devant les maires et élus de toute la région, et ce, à
l’occasion du lancement du Grand débat national94.
La promesse du « dédoublement » généralisé, qui avait pourtant alimenté
les rubriques des uns et des autres et calmé la grogne des enseignants qui
montait, n’est donc plus la priorité annoncée ?
Il faut dire que cette promesse hâtive du président, d’après le journal Les
Échos devrait s’accompagner de 10 000 postes dédiés, entre créations et
redéploiements. Et très honnêtement la tendance aujourd’hui est plutôt,
sous prétexte de rationalisation, de mutualisation, ou de numérisation (tout
informatique) à se débarrasser des fonctionnaires soi-disant en surnombre
(bien entendu, ces propos n’engagent que l’auteur, tous les rectorats, le
ministre de l’Éducation, nos gouvernants vous diront le contraire). Je suis
sûr que les contractuels récupérés grâce à un petit entretien à « Pôle emploi
du rectorat » et qui auront sur leur feuille de paie de précaires, l’appellation
enseignant (de seconde zone, malheureusement) seront beaucoup plus
souples avec la hiérarchie.
Il faut s’habituer. Il semblerait que dans le cadre du « nouveau monde »
et de la « novlangue », d’un mois sur l’autre, une promesse efface la
précédente.

Mais revenons à nos fermetures d’école.

On ferme très peu d’écoles


Quand je vous disais que l’emploi des mots pour masquer la réalité
devient un sport politique très prisé ! La réalité d’aujourd’hui est que l’on
ferme très peu d’écoles en France. La déclaration publique du président de
la République n’a donc que peu d’importance, d’autant plus que le ministre
de l’Éducation s’est empressé de rajouter que les éventuelles fermetures
d’écoles ne se feraient qu’avec l’avis favorable du maire de la commune95,
ce qui est une façon peu élégante mais efficace de transférer la patate
chaude à d’autres.

Par contre, fermer des classes…


Voilà donc une autre astuce en forme de mensonge par omission. Le
président a parlé de non-fermeture d’école, mais pas de non-fermeture de
classes. On ne pourra donc pas dire qu’il a menti (ou si peu).
Par contre son ministre de l’Éducation nationale (toujours lui) a bien
précisé :

« Pour les classes c’est forcément différent. Personne, aucun ministre de


l’Éducation ne pourrait vous dire qu’il n’y a jamais de fermetures de
classes, et ce pour des raisons “d’équité territoriale” ».

Donc si l’on résume bien. Pas de fermeture d’école sauf si le maire est
d’accord, qu’il n’a pas le choix à cause de la désertification de sa commune
rurale ou qu’il l’accepte à cause du regroupement des communes occupées
à une grande politique de refonte de leur carte scolaire, qui pousserait au
regroupement des écoles de villages dans les Regroupements pédagogiques
concentrés (RPC). Immense avantage financier pour quelques communes
qui transfèrent la gestion financière de leur école sur « l’agglomération »,
mais destruction une fois de plus des services publics de proximité au
profit de « concentration » ou « regroupement » qui obligeront de plus en
plus à un usage de la voiture pourtant décrié par tous.

Résultat de tous ces petits (je blague) mensonges


Officiellement, il y a bien 400 écoles qui vont fermer96. Mais ce n’est pas
la faute du président ni de son gouvernement, c’est la faute des vilains
maires des communes qui suivent comme ils le peuvent la politique
présidentielle mise en place dans l’Éducation nationale.

Parole de conférence de presse !

Post-scriptum de copiage pour l’hôpital


Du côté de la santé on emploie à peu près le même stratagème
mensonger. La ministre madame Agnès Buzyn clame sur tous les toits
qu’il n’y aura aucune fermeture d’hôpital. Une fois de plus c’est vrai dans
le discours, ce sont juste des services que l’on ferme et des lits que l’on
supprime.
Elle n’a pas menti la ministre de la Santé, il n’a pas menti le ministre de
l’Éducation.
Ils nous prennent juste pour des benêts.
C’est peut-être pour ça qu’au 15 août 2019 plus de 200 services
d’urgence (la moitié des services d’urgence en France) sont en grève
depuis plusieurs mois déjà.

84. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000334174
85. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?
cidTexte=JORFTEXT000032282279&categorieLien=id
86. CE, n° 401527, 18 juillet 2018
87. « Liberté d’expression : l’Éducation nationale multiplie les pressions sur les enseignants »,
Nolwenn Weiler, Bastamag.net, 18 mai 2019.
88. « Une enseignante convoquée pour avoir critiqué Macron », Romain Baheu, Le Parisien,
20 décembre 2018.
89. « Hérault : le directeur d’école sanctionné après avoir critiqué la loi Blanquer se défend », Alain
Mendez, Midi Libre, 10 mai 2019.
90. Depuis l’amendement a été supprimé par le Sénat… mais…
91. L’éducation nationale en chiffres-2018, pour l’école de la confiance, Ministère de l’Éducation
nationale, Édition Bernard Javet.
92. « Notes provisoires au bac : des parents veulent saisir la justice pour “rupture d’égalité” », Plana
Radenovic, Le Journal du dimanche, 7 juillet 2019.
93. VIDÉO. « Pas de RIC, des pensions réindexées… Que faut-il retenir de la conférence de presse
d’Emmanuel Macron ? », Nicolas Raffin, avec Jean Bouclier, 20 minutes, 25 avril 2019.
94. « Éducation : Macron veut “généraliser” les dédoublements de classes en CP et CE1 », Marie-
Christine CORBIER, Les Échos, 15 janvier 2019.
95. « Blanquer confirme la fin des fermetures d’écoles primaires, mais pas celle des classes »,
Lexpress.fr (avec AFP), 27 avril 2019.
96. « 400 écoles rurales vont fermer malgré la promesse de Macron », Valeursactuelles.com, 2 juillet
2019.
GROS MENSONGES EN RAFALE ET MANIPULATION D’ÉTAT

« Taire la vérité, n’est-ce pas déjà mentir ? Qui ne gueule pas la vérité, quand il sait la vérité, se
fait complice des menteurs et des faussaires »
Charles Peguy, Cahiers de la Quinzaine

Les faits dont je vais parler ici représentent l’un des summums des
mensonges, de la manipulation organisée par une chaîne d’individus
serviles ou sans conscience. Par des hommes et des femmes exécutant les
ordres sans chercher à comprendre ou, la nature humaine de certains est
faible, dans le seul but de plaire au prince. L’exemple ci-dessous est la
démonstration, multiple et réitérée, de la mauvaise foi étatique relayée sans
scrupule par des individus persuadés qu’eux seuls détiennent la vérité,
LEUR vérité. Et quand celle-ci ne colle pas avec la vision qu’ils en ont, eh
bien ils l’arrangent à leur sauce.

Souvenez-vous :
En pleine manifestation des Gilets jaunes, le pépin dans la machine bien
huilée de la désinformation. La tuile qui vous tombe dessus et qui peut
inverser complètement l’image négative des « méchants manifestants
Gilets jaunes » que l’on s’échine à montrer dans tous les médias depuis
plusieurs semaines.

73 ans : la bavure, la boulette, la tâche, l’erreur qui peut coûter cher


Nous sommes à Nice le 23 mars dernier, les Gilets jaunes sont sur la
place Garibaldi, lieu habituel des rassemblements. Ce jour-là, ils sont une
cinquantaine à peine à manifester calmement dans la rue, malgré
l’interdiction. L’atmosphère est bon enfant et les manifestants discutent
calmement avec les gendarmes. Soudain, sans raison ni justification
aucune, une charge violente (elles le sont toujours) des forces de l’ordre est
déclenchée contre les manifestants. Sous la violence, une dame de 73 ans
est projetée au sol et s’effondre inconsciente. Au sol, on la frappe dans le
dos. Elle est piétinée. Il s’agit de Geneviève Legay, militante active et de
surcroît membre influente locale de l’association ATTAC. Elle a le crâne
en sang. Elle sera hospitalisée pour « hémorragie méningée frontale
gauche, hématome occipital droit, hématome cérébelleux droit, fracture de
l’os rocher droit, fracture de l’os pariétal droit, fracture médico-
sphénoïdale, on découvrira cinq fractures des côtes quelques jours après ».
Panique à bord, l’affaire peut retourner l’opinion et donner un regain
d’attrait pour les Gilets jaunes.

Manipulation : On cache les faits, on limite les images.


Le commissaire sur place, casque blanc sur le crâne et affublé d’une
écharpe bleu blanc rouge (commissaire Rabah Souchi ?), comprend
immédiatement les dégâts médiatiques que peut provoquer cette vieille
dame inconsciente sur le pavé. Circonstance aggravante, cette brave
femme est connue sur le secteur et sa chute peut entraîner des
conséquences médiatiques importantes, d’autant plus que c’est lui qui a
donné l’ordre de charger. Il interdit immédiatement quiconque
d’approcher. Il repousse une dizaine de Street medics (militants bénévoles
qui soignent les blessés) qui se précipitaient pour soigner la vieille dame et
va jusqu’à les mettre en garde à vue97. Neuf d’entre eux y resteront plus de
douze heures, sans raison, sans motif autre que celui d’avoir voulu porter
secours.

Manipulation : Le policier ayant bousculé Mme Legay commence par


faire un rapport où il déclare qu’il n’a pas pu la faire tomber car il a poussé
un homme. Il sera obligé de refaire son rapport au vu des vidéos98.
Manipulation : Le 25 mars le procureur Jean-Michel Prêtre déclare
officiellement et sans preuves que Mme Legay n’a pas été bousculée par
un policier. Lui aussi sera obligé de démentir quelques jours plus tard, au
vu des vidéos amateurs qui apparaissent sur les réseaux sociaux.

Manipulation : On maquille la vérité. La septuagénaire explique avoir


reçu à l’hôpital, dès le lendemain de la manifestation, plusieurs visites de
policiers. « Ils ont surtout insisté pour me faire dire que c’était un
journaliste qui m’avait poussée… », détaille Mme Legay dans une
interview à Mediapart, « … Or, c’est faux. Je me rappelle avoir été
poussée par un policier et je le leur ai dit. Mais ils insistaient sur le
journaliste. »
Manipulation : On isole la victime en mettant en place un dispositif hors
norme et disproportionné à l’hôpital où est soignée Geneviève Legay, et ce
dès son hospitalisation pour éviter tout contact avec des journalistes. Ses
propres filles ont eu du mal à accéder à leur mère sur son lit d’hôpital99.

Manipulation : Que dire quand on apprend que la policière en charge de


l’enquête, qui interroge Geneviève Legay à l’hôpital et essaie d’orienter
son témoignage, n’est autre qu’Hélène Pedoya, la compagne du
commissaire chargé du maintien de l’ordre à Nice ce 23 mars 2019 : le
commissaire Rabah Souchi ?

Manipulation : Un rapport officiel de gendarmerie, daté du 25 mars,


écrit par un capitaine responsable d’escadron (70 hommes) explique que
celui-ci a refusé de charger les cinquante manifestants calmes malgré
l’ordre de le faire du commissaire Rabah Souchi100. Rapport qui
bizarrement n’est pas mis en avant dans l’enquête et n’était toujours pas
joint au dossier d’instruction le 23 juin 2019, selon Mediapart. Aucun
gendarme n’avait encore été auditionné, à cette date.
Manipulation et mensonges au sommet : Et une des dernières qui,
pourrions-nous dire, est la cerise sur le gâteau de la manipulation de masse,
le président Macron lui-même entre dans la danse pour dénaturer les faits
et donner son avis que personne ne demandait.
Il déclare tout de go le 24 mars dans un entretien avec le journal Nice
matin :

« Je souhaite d’abord qu’elle se rétablisse au plus vite et sorte


rapidement de l’hôpital, et je souhaite la quiétude à sa famille. Mais pour
avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable… Je lui
souhaite un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse…
Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans
des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des
situations comme celle-ci101.”

tout en soulignant quelques lignes plus loin que : « cette dame n’a pas été
en contact avec les forces de l’ordre ».

Un mensonge par manque d’information de la part du président ? La


suite de l’enquête montrera malgré les pressions (voir plus haut) que
Geneviève Legay a bien été bousculée violemment par un policier. Ou bien
assistons-nous une fois de plus à une manipulation, un mensonge sous-
jacent n’ayant d’autre but subliminal que de convaincre les populations
que manifester est une grosse erreur ? Que cela peut être dangereux,
surtout pour les personnes d’un certain âge qui feraient mieux de rester
chez elles plutôt que de se risquer à prendre un coup de matraque derrière
les oreilles ? Et comme c’est le président de la République lui-même, qui le
suggère…

Faute pas avouée ne sera jamais pardonnée


En attendant, pour ma modeste personne, ce qui suit est encore plus
grave que les mensonges réitérés des uns et des autres en vue de minimiser
la portée de cette agression (gratuite et inutile en forme de démonstration
de force stérile de la part d’un commissaire de police servile voulant plaire
à ses supérieurs et à la tendance politique).
Le plus grave c’est qu’en haut de la pyramide, le président de la
République qui s’est officiellement, et devant tout le peuple français,
trompé en affirmant publiquement que Geneviève Legay était tombée toute
seule, n’a même pas eu la délicatesse ou l’honnêteté de reconnaître son
erreur.

De deux choses l’une


Soit il a été mal renseigné, on l’a donc trompé et dans ce cas il aurait dû
se séparer avec perte et fracas du rigolo l’ayant mal informé des faits et
ridiculisé face au peuple français.
Soit il a été mal informé mais il couvre ses subordonnés délictueux et
pourquoi s’excuserait-il ? Après tout ce n’est que le peuple. On ne s’excuse
pas auprès du peuple apparemment, ni auprès d’une dame de plus de
70 ans que l’on a sermonnée et accusée à tort !

Même pas poli le monsieur


Franchement, la simple éducation se perd, même chez le président de la
République qui devrait pourtant prendre soin des personnes plus âgées que
lui… d’autant plus que celui que nous avons actuellement y est pourtant
particulièrement sensible.

Dernières minutes graves et indécentes


Et après l’impolitesse et le manque d’éducation d’un président, voilà
l’indécence flagrante d’un ministre de l’Intérieur. Dans quel monde
vivons-nous ?
Lors du 14 juillet 2019, une remise de médailles a été organisée par le
ministre de l’Intérieur Christophe Castaner afin de récompenser des
policiers méritants. Des médailles de la sécurité intérieure pour 9 162 noms
des « forces de l’ordre » au titre d’une « promotion exceptionnelle »
intitulée « Engagement exceptionnel des forces de sécurité intérieure 2018-
2019 »102. Ce qui peut se traduire par « service rendu durant les
manifestations des Gilets jaunes ».
On découvre que Rabah Souchi et sa compagne Hélène Pedoya figurent
parmi les récipiendaires de cette médaille. L’enquête vient juste d’être
délocalisée à Lyon, l’IGPN (police des polices) est toujours sur le dossier
et l’on décore les protagonistes ?
On voudrait provoquer que l’on ne ferait pas mieux. On voudrait envoyer
un message subliminal à tous les policiers que la matraque démange en
leur disant, vous pouvez y aller, on vous couvre, que l’on ne s’y prendrait
pas autrement.
À croire qu’en plus de la manipulation et du mensonge, ils veulent aussi
une bavure ?

Le procureur avoue son mensonge


On tombe des nues ce 25 juillet 2019 en apprenant, dans le journal Le
Monde, que le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre a justifié auprès de
sa hiérarchie avoir initialement dédouané les policiers103 (MENTI) car il
ne voulait pas embarrasser le président de la République qui venait de faire
son petit numéro de morale dans le journal Nice matin.
Il y affirmait, sans savoir, que Geneviève Legay « n’avait pas été en
contact avec les forces de l’ordre ».
Le procureur, de sa propre initiative, n’a pas voulu contredire les propos
du président et s’est donc engagé dans une spirale de mensonges alors que
Geneviève Legay était encore sur son lit d’hôpital.
Cela confirme bien que toute cette affaire n’est qu’un tissu de mensonges
ayant pour unique finalité de discréditer les manifestants Gilets jaunes, de
ne pas faire de Geneviève Legay une martyre, et surtout, pour des
subalternes serviles au possible de couvrir les incohérences et les
approximations d’un chef de l’État en perte de vitesse.
Au bal des hypocrites
Il y a encore quelques années, un scandale, un mensonge comme celui-ci
au sein d’un palais de justice et de la part d’un procureur censé être un
rempart pour une justice éthique, aurait entraîné au minimum sa mise à la
retraite anticipée.
Aujourd’hui, le ministère de la Justice refuse de commenter les propos
tenus par le procureur dans le cadre de cette audition, estimant que M.
Prêtre « est totalement indépendant, et décide souverainement de la
communication qu’il souhaite mener dans chaque affaire ».
On laisse courir et l’on excuse officiellement le mensonge de la justice.
On nous dit qu’il n’y a plus de saison ? Je constate par contre qu’il y a de
plus en plus de sales c…

97. « Nice : manifestante blessée, polémique après l’interpellation des “street medics” », Aline Métais,
France région, 25 mars 2019.
98. « Gilets jaunes : la manifestante blessée à Nice a bien été poussée par un policier », Le Figaro (avec
AFP), 29 mars 2019.
99. « Pourquoi nous n’avons pas pu interviewer Geneviève Legay… », Le Quotidien de Yann Barthes,
26 mars 2019.
100. « Affaire Legay : la gendarmerie a refusé d’obéir au commissaire de Nice », Pascal Pascariello,
Mediapart, 24 juin 2019.
101. « Macron souhaite “un prompt rétablissement” et “une forme de sagesse” à la manifestante blessée
à Nice », Les Inrockuptibles, 25 mars 2019.
102. « Geneviève Legay “dégoûtée” par la récompense décernée au commissaire Rabah Souchi »,
France 3 Provence-Alpes-Côte-d’Azur, POC (avec AFP), 19 juillet 2019.
103. « Affaire Legay : le procureur de Nice a disculpé la police… pour ne pas embarrasser Emmanuel
Macron », Sofia Fischer, Le Monde, 25 juillet 2019
NOUVELLE DÉMOCRATIE MACRONIENNE : LA
CONCERTATION MAIS À SENS UNIQUE !

« La vraie démocratie ne viendra pas de la prise du pouvoir par quelques-uns


mais du pouvoir que tous auront à s’opposer au pouvoir de quelques-uns »
Gandhi

La dictature n’est pas forcément celle qu’on voit


Il y a plusieurs façons d’étouffer la liberté d’expression. Vous pouvez
procéder de façon brutale en assassinant les journalistes, comme certains
pays qui ne s’embarrassent pas de principes dits démocratiques. Il est alors,
certes, dangereux d’être un opposant, dangereux d’écrire dans un journal et
de dénoncer la corruption politique ou économique mais cela a au moins le
mérite d’être clair. Vous pouvez aussi emprisonner directement vos
opposants politiques, ce qui est très pratique pour gagner une pseudo-
élection. Ces pays que l’on juge de notre fenêtre comme des pays
dictatoriaux ont la même finalité d’action que chez nous : tuer dans l’œuf
toute tête pensante ou membre du peuple qui voudrait se redresser pour
demander pourquoi ou dire stop.
Chez nous, pays démocratique nous dit-on, on ne tue pas, du moins
physiquement et officiellement (quoique…), on use de stratagèmes plus
tortueux et démocratiques au possible. On habille ou rhabille les lois, on
transforme les acquis, on change les règles, on triche avec les mots, on
assèche les moyens, on achète les hommes et les règles communes.

Pour le bien de tous


Bien entendu tout est fait dans le sens du bien public. On emploie une
myriade de mots pour masquer les véritables contenus comme : « pour la
sécurité d’autrui », « le respect de la liberté de chacun », « une éthique plus
grande pour tous », « une écologie responsable », « une économie
circulaire », et je vous fais grâce de « l’école de la confiance », « le
premier de cordée », le « ruissellement » et toutes les autres petites phrases
justificatives qu’on sort du chapeau pour faciliter la mise au pas générale
des « subordonnés ».
Un tas de formules à l’emporte-pièce faites pour rassurer et endormir le
client : nous.
Car il faut bien comprendre que, de plus en plus, nous ne sommes que
des clients potentiels sur le dos desquels vivent un petit nombre de nababs
politiques ou économiques qui n’ont d’autres buts que de continuer le plus
tranquillement possible à vivre. Et pour ce faire, ils ont besoin de clients
serviles et dociles à souhait.

Ils mettent donc en place tout un système de communications


mensongères pour nous donner l’impression que nous sommes encore dans
un pays de liberté, mais qui est de plus en plus régi par des règles
contraignantes à sens unique.

Plus près du toit, plus près de moi : Les antennes-relais, le


mensonge électromagnétique
Ou comment faire croire à la concertation sans vous donner la parole
Les antennes-relais ! Vaste sujet depuis maintenant plusieurs années.
Sujet sensible au possible qui touche à la santé « électromagnétique » des
individus de plus en plus cernés par ces ondes dont on ne connaît pas
vraiment leur effet à long terme. Les opérateurs se battent pour installer le
plus d’antennes possible et l’arrivée de la 5G sur le territoire national ne va
pas aller dans le sens de la sobriété, comme le préconisait la loi Abeille en
vigueur jusqu’à présent.

La loi Abeille de 2015104


Ce fut pourtant une longue lutte, plus de deux années, que mena la
députée Laurence Abeille pour la prise en compte de l’exposition aux
ondes électromagnétiques. La loi prenait en considération les
préoccupations de santé publique en instaurant dans la loi le mot
« sobriété » tout en ménageant les opérateurs. L’essence de la loi était
d’instituer une démarche de précaution face aux risques sanitaires
potentiels des radiofréquences.
L’installation d’antennes-relais devait, comme cela était désormais inscrit
dans le marbre de la loi, faire l’objet d’une information préalable des
maires et des présidents de structures intercommunales. Et ceux-ci
pouvaient (sans obligation) organiser une concertation avec les habitants.
Pas du tout l’affaire des opérateurs de téléphonie, cette « concertation » !

Les opérateurs ont le bourdon et les abeilles


Bien que la loi de 2015 ait cédé sur certains points essentiels, comme les
valeurs limites d’exposition en vigueur pour l’être humain – comprises
entre 41 et 61 volts par mètre (V/m) selon les utilisations de fréquences (ce
qui est beaucoup de l’avis de plusieurs études scientifiques), alors que le
projet initial était de les situer autour de 0,6 V/m) – les opérateurs avaient
quand même les abeilles, voire le bourdon, sur le délicat problème des
délais d’installation des antennes et l’obligation d’en avertir les
populations avoisinantes.

La loi Abeille permettait de savoir et de se défendre, INTOLÉRABLE !


L’effet bénéfique de la loi était que les habitants concernés par
l’installation d’une antenne dans leur quartier ou sur le toit de leur
immeuble avaient le temps de savoir, de s’organiser et de contester si
besoin. Autant vous dire que tous les opérateurs faisaient un peu la tête
devant ces empêcheurs de faire du profit rapide. Ils ne pouvaient
décidément pas en rester là et être la proie facile de personnes bien trop
curieuses sur les effets et les risques sanitaires potentiels des
radiofréquences sur leur santé.

Banco pour les opérateurs de téléphonie, avec l’article 62 de la loi ELAN


C’est un tour de passe-passe que vient de réaliser le Parlement sous les
prétextes fallacieux de réalisme entrepreneurial, de liberté d’action, de
simplification administrative. Et pour ce faire les lobbies ont placé dans la
loi ELAN105 un petit article qui n’a l’air de rien, mais qui permet de
réduire le temps de l’organisation de l’information pour tous (et donc de la
contestation).

Gros mensonge des opérateurs pour l’excuse de couverture


Font fort les opérateurs, font semblant d’y croire les politiques ! Tous les
opérateurs confondus clament qu’ils doivent couvrir encore plus de
territoire pour satisfaire pleinement tous les utilisateurs et ne plus avoir ce
qu’ils appellent de zones blanches. L’excuse est avancée et reproduite dans
tous les médias pour justifier (alors que cela n’a rien à voir) l’article 62 de
la loi ELAN. Celui-ci supprime seulement le délai de deux mois, après
dépôt du dossier d’informations auprès du maire, imposé dans la loi
Abeille, aux opérateurs pour toutes demandes d’autorisation d’urbanisme
concernant les installations radioélectriques.
Le texte de l’article réduit aussi à un mois seulement le délai minimum
qui leur était demandé avant de commencer des travaux de modifications
substantielles d’installations radioélectriques.

La concertation est là mais plus le temps de la mettre en place… ou de se


concerter
Et toute l’astuce malhonnête et trompeuse de l’article de loi est là.
Officiellement, on peut encore être « concerté » pour l’installation d’une
antenne de téléphonie. Mais (et ce « mais » est de taille) le temps de
découvrir l’information au milieu du panneau de la mairie, de faire un
tract, de monter une petite réunion d’information avec les habitants, de
formuler une question, un recours, pas de chance et comme c’est
dommage, le délai est passé. L’antenne peut commencer à être installée.

La démocratie nouvelle est en marche, la concertation macronienne est


en marche avec pour seule condition de ne pas pouvoir s’en servir.
Pleurez les « électrosensibles » ! Ça va être de plus en plus difficile pour
vous de trouver un endroit vierge.

Voyons maintenant un autre exemple de concertation démocratique, mais


inaccessible si possible.

Les enquêtes publiques en numérique ou l’excuse du « plus


pratique » pour que personne ne sache.
L’enquête publique est un des lieux et outils de régulation de la
démocratie, où tout un chacun peut s’exprimer. La convention
internationale d’Aarthus (de 2001) stipule, en résumé, que toute personne a
le droit d’être informée, de s’impliquer dans les décisions et d’exercer des
recours en matière d’environnement. Ses déclinaisons législatives
nationales imposent, en matière d’environnement, une large participation
du public aux processus décisionnels ainsi qu’un accès à l’information et à
la justice.
C’est vrai, on ne peut pas le nier, les enquêtes publiques à quelques rares
exceptions près ne rameutaient pas les foules et l’attente dans les
permanences obligatoires des commissaires enquêteurs ne suscitait pas
l’engouement. Le système fonctionnait, mais était peu adapté aux horaires.
Souvent les enquêtes publiques n’avaient en outre pas la publicité qu’il
fallait pour que les citoyens s’en emparent.
Nous sommes d’accord qu’il fallait dépoussiérer cette démarche
démocratique qui sommeillait quelque peu, mais de là à en profiter pour
transformer un semblant d’information à la population en parcours du
combattant pour celui qui veut vraiment savoir…
Là, l’excuse que l’on nous sert est bien bonne. Le discours est rodé, il se
répand dans tous les médias pour que la population assimile parfaitement
que ce changement est un progrès pour tous et toutes. L’État décrète (par
décret justement) la mise en place des enquêtes publiques par Internet pour
participer au progrès inéluctable de la dématérialisation. Mais surtout, et
c’est l’argument mis en avant pour justifier ce changement, pour que la
participation citoyenne soit plus importante et ainsi faciliter l’accès au plus
grand nombre.
Ça, c’est la déclaration d’intention.

Ne dites plus enquête, dites consultation


Aujourd’hui, on peut faire une enquête publique par Internet selon le
Code de l’environnement : Article L 123-2, modifié par la Loi n° 2018-
1021 du 23 novembre 2018-art.6 et Article L123-19, modifié par la Loi n
° 2018-art.6.

Cela ne s’appelle plus enquête mais consultation publique.


Avant, c’était un avis que l’on donnait sur le contenu d’une enquête
publique. Maintenant c’est un commentaire que l’on fait, seul, derrière son
écran, ce qui n’a pas du tout le même impact dans l’inconscient et
déresponsabilise celui qui l’écrit en minimisant son avis (qui n’en est donc
plus un).
Avant, vous pouviez rencontrer un commissaire-enquêteur, dans la quasi-
majorité des cas des personnes compétentes et affables qui prenaient le
temps de vous guider, de vous expliquer les dossiers et, le plus important,
de vous écouter pour pouvoir retranscrire vos doléances lors de la
rédaction de son avis. Maintenant, vous êtes seul derrière votre écran à
vous débrouiller comme vous le pouvez. Et si ma foi, il y a un détail que
vous ne comprenez pas, que vous ne trouvez pas, ça tombe bien, il n’y a
personne pour vous répondre.
Avant, la durée de l’enquête publique ne pouvait être inférieure à trente
jours et ne pouvait excéder deux mois (sauf prolongation par exception).
Aujourd’hui, la consultation publique que vous découvrez seulement
quand elle est déjà sur Internet ne dure en général que trois petites
semaines.
Avant, il y avait des affichettes apposées ici et là qui permettaient à
l’habitant d’être interpellé sur la nécessité de participer à une enquête
publique. Aujourd’hui, on cherche encore où est parue l’information
prévenant les populations d’une « consultation publique ».

En gros aujourd’hui, on vous propose du mieux sur le papier, mais en


veillant bien à ce que dans la réalité ce soit moins bien.

Exemple de concertation/consultation publique « bidon » !


Dans l’Essonne, en avril 2019
Voilà un exemple flagrant de manipulation dans le cadre d’une pseudo-
concertation : il y a quelques mois une enquête publique est lancée par
Internet sur le département de l’Essonne. Pardon, cela ne s’appelle plus
enquête publique mais consultation publique ! Il s’agit de l’entreprise
Vermilion (entreprise number one de l’extraction de l’huile et gaz de
schiste au Canada) qui exploite le puits de pétrole en France. Celle-ci
souhaite prolonger son permis d’exploitation et dépose trois demandes de
prolongation via une consultation publique consultable sur Internet du 1er
au 23 avril 2019.

Premier effet sympathique


On cherche encore la publicité faite pour que les gens puissent se tourner
vers Internet.

Enquête publique, il y a quatre ans nous avions pu nous faire entendre.


Il y a quatre ans, la même entreprise avait proposé de creuser treize puits
supplémentaires106 sur le département de l’Essonne. Une vraie enquête
publique « physique » sur un temps raisonnable avait été ouverte avec
permanence d’un commissaire-enquêteur dans chaque mairie concernée.
Grâce à la mobilisation massive de la population suite à un collectif que
nous avions monté avec quelques amis (salut David Amar)107, à une
réunion publique qui avait attiré pas loin de 600 personnes, à plus de 900
annotations et commentaires sur les cahiers de l’enquête publique, le
commissaire-enquêteur avait donné un avis défavorable à cette enquête
publique. Devant les arguments et la mobilisation, le préfet et l’entreprise
Vermilion avaient dû remballer leur projet d’installation de ces treize
nouveaux puits de pétrole sur le département.
Ça, c’était avant. Aujourd’hui c’est la consultation publique via Internet.

Consultation publique pas compliquée : une seule page à lire


La consultation publique (exemple : « Vermilion, site de Vert-le-Grand
en Essonne ») n’a qu’une seule petite page sur Internet.

Deux points seulement :


1-Documents consultables en ligne
-Demande de prolongation de la concession de mines d’hydrocarbures
liquides ou gazeux, dite « Concession de La Croix Blanche » (Essonne),
déposée par la société Vermilion Pyrénées (une page)
– Notice de présentation ;
– Notice d’impact ;
– Carte au 1/20 000e.

2. Documents consultables sur place (ahahahah puis arghhhhh)


L’intégralité du dossier de demande, à l’exclusion du mémoire technique,
des conditions techniques et financières qui comportent des données
confidentielles relevant du secret industriel et commercial, est consultable
sur place dans les locaux :
– du ministère de la Transition écologique et solidaire sous-direction de
la sécurité d’approvisionnement et des nouveaux produits énergétiques,
bureau des ressources énergétiques du sous-sol sis Tour Séquoia, 1, Place
Carpeaux 92800 Puteaux ;

– de la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et


de l’énergie, Service énergie climat, véhicules, pôle énergie climat, 12
Cours Louis Lumière – CS 70027 – 94307 Vincennes.

Vous avez dû le remarquer, il n’y a ni numéros de téléphone ni horaires.


C’est beaucoup plus pratique pour être sûr de tomber sur une porte fermée.

Circulez, y a rien à voir,


Vous venez de lire la consultation publique « Projet de prolongation
d’une concession de mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux
- “Concession de La Croix Blanche” (Essonne). Du 01/04/2019 au
23/04/2019 »
Ne vous fatiguez pas à lire les deux autres consultations publiques, celles
de Vert-le-Petit et de Vert-le-Grand. Ce sont des copiés-collés les unes et
des autres, seuls trois ou quatre mots diffèrent108.
Et si vous arrivez après la date de clôture, ne comptez pas accéder aux
commentaires, ils sont inaccessibles.

En gros, pour résumer


On peut consulter par Internet des informations incomplètes et quasi
inutiles pour la compréhension globale du dossier, et si vous voulez aller
un peu plus loin, il faut vous déplacer dans les méandres des couloirs
poussiéreux d’un ministère pour consulter un dossier un peu plus complet,
mais sans les données essentielles.

Y a pas à dire, la transparence et la dématérialisation dans ces conditions


est un réel progrès pour la participation du citoyen à la vie de la cité ! Je
blague… Foutaises, oui !
Comment se foutre carrément de celui qui consulte l’enquête
On pourrait en rigoler (si ce n’était pas si triste pour le bien-être de la
planète) mais à la lecture de ce qui suit, j’aurais plutôt tendance à hurler de
rage devant tant de mépris pour celui qui voudrait juste s’informer de
comment on va le manger en faisant semblant (en plus) de lui demander
son avis sur la sauce à laquelle on va l’accommoder pour le faire cuire à
petit feu.
Et je vous jure que c’est vrai (c’est bien ça le pire). Nous sommes donc
en présence d’une consultation dématérialisée censée permettre à plus de
personnes de s’informer tranquillement de chez eux. Du moins, c’est la
version officielle, mais dès l’article 2, on apprend que pour consulter le
dossier (presque) complet, il faut impérativement se déplacer jusqu’à
Puteaux ou Vincennes. Et la complexité des adresses laisse à penser que
cela ressemble fort à un parcours du combattant.
En sus et pour couronner le tout, le dossier dit complet ne comporte pas
tout ce qui pourrait être intéressant à savoir, pour cause, lit-on, du secret
industriel et commercial. Bien pratique ce secret des affaires (voir chapitre
« Le mensonge des mots… ») pour que les gens ne sachent rien.

19 plus 25 égale 40 selon l’État


Un truc me tracasse aussi le bulbe (ou me brûle les lèvres comme dirait
l’humoriste Éric Massot dans son sketch « Madame Moisie ») c’est que la
demande d’exploitation de l’entreprise Vermilion sur l’Essonne est une
demande de prolongation pour 25 ans. Mais si je compte bien : 2019 et 25
ans cela nous donne bien 2044, voire 2045109 avec les dates d’autorisations
accordées ? J’étais pourtant persuadé que les énergies fossiles s’arrêtaient
en 2040.
Si, si, je vous assure c’est le président de la République qui l’a dit !
D’ailleurs, dans le chapitre suivant, il faut que je vous parle de cette loi qui
a fait la une et qui nous garantit (sur le papier uniquement) la fin des
énergies fossiles en 2040.
Encore plus fort dans la concertation/consultation bidon
Il faut que vous lisiez cette consultation publique, concernant le « projet
de l’Anses d’analyse de la meilleure option de gestion des risques du
TNPP », qui n’est pas piquée des vers ! On demande aux néophytes de
formuler un commentaire sur l’opportunité de la position française sur un
projet hypertechnique d’analyse de substances qui sont peut-être des
perturbateurs endocriniens et de proposer éventuellement des solutions. Il
s’agit de prendre en compte vos commentaires éclairés sur le tris (4-
nonylphenyl, branched) phosphite (TNPP) (EC 701-028-2). C’est simple,
non ?
L’explication est en anglais
Pour la petite histoire de cette consultation publique qui n’en est
vraiment pas une, outre le fait que nous avons droit à une demi-page (ci-
dessous) pour comprendre l’importance de la consultation, le dossier à
consulter est entièrement rédigé en anglais. Façon de bien vous faire
comprendre que de toute manière vous ne pourrez rien laisser comme
commentaire.
Résultat : je vous le donne en mille comme en cent : ZÉRO
commentaire.

Mais on ne pourra pas dire que nous n’avons pas été consultés…

Intégralité de la consultation :

Consultation publique concernant le projet de l’Anses d’analyse de la


meilleure option de gestion des risques du TNPP
Du 12/12/2018 au 12/01/2019 - aucun commentaire

La stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens adoptée en


avril 2014 comporte un volet dédié à l’expertise ; à ce titre l’Anses étudie
chaque année des substances qui sont susceptibles d’être perturbatrices
endocriniennes, ou qui sont utilisées en substitution de perturbateurs
endocriniens, afin de vérifier l’innocuité ou les risques de ces substances,
et de proposer les mesures adaptées pour les gérer.
Il a ainsi été demandé à l’Anses de réaliser un projet d’analyse de la
meilleure option de gestion des risques pour le tris (4-nonylphenyl,
branched) phosphite (TNPP) (EC 701-028-2)
Le MTES met à la consultation du public pendant un mois ce projet afin
de recueillir les observations sur les recommandations de l’Anses. Ces
commentaires permettront d’éclairer le gouvernement afin de définir la
position des autorités françaises sur les modalités de gestion des risques de
cette substance.
« Télécharger :.) rmoa tnpp public (format pdf - 207.6 ko -
12/12/2018)110 »

Un petit dernier pour la route (de Guyane)

Consultation publique sur le permis minier « Espérance Nord » présentée


par la société Takari Mining (Guyane).
Consultation sur la demande d’octroi du permis exclusif de recherches
d’or, argent, platine, métaux de la mine du platine, cuivre, cérium,
scandium et autres éléments de terres rares, zinc, plomb, chrome, nickel,
bismuth, tellure et diamant et de substances connexes, dit « permis
Espérance Nord » en Guyane, présentée par la société Takari Mining.

Consultation par Internet uniquement du 9 juillet au 24 juillet 2019 (15


JOURS seulement !)
Suivent un descriptif de treize lignes, un renvoi à trois documents (dont
une lettre de demande et un dossier ultra-technique et très allégé) et une
possibilité de laisser un commentaire à une adresse mail sans pouvoir
consulter les autres commentaires des autres internautes.

Cette consultation importante pour l’avenir de la population guyanaise


méritait-elle seulement une demi-page noyée sur un site Internet ?

Et pourtant
Ce énième permis de recherches minières porte sur 17 500 hectares dans
l’Ouest guyanais qui viendront s’ajouter aux 360 000 hectares de forêts
anciennes déjà accordés au lobby minier.
Compte tenu de la promesse du gouvernement de réformer d’ici à fin
2019 le code minier, il devrait pourtant être impératif de geler toutes les
demandes de permis de recherches dans l’attente, sous peine de s’exposer à
de lourdes indemnités pour les entreprises en cas d’arrêt de l’extraction.

À moins que la réponse ne soit déjà dans la demande de permis ?

Des oublis flagrants dans le dossier


De plus, le dossier présenté n’est pas complet et comporte de graves
lacunes comme les forages qui vont atteindre des cumuls d’une dizaine de
kilomètres sans information sur rebouchage après carottage. On ne trouve
pas non plus d’informations sur le stockage et la décontamination des
boues de forage. (À noter que les boues de forage sont classées sous le
numéro 01.05.05 de la nomenclature déchets en vigueur dans la
réglementation européenne et le code de l’environnement. Elles sont donc
considérées comme DÉCHETS DANGEREUX.)

Takari Mining, tout comme « feu » le projet minier Montagne d’or,


envisage à terme une mine à ciel ouvert : l’une des industries les plus
polluantes au monde tant pour l’environnement que pour la santé de
générations de Guyanais résidant dans les bassins-versants impactés
(cyanure, métaux lourds des déchets miniers, rupture de digues…)
POURQUOI prendre un pareil risque ?

Résumé : un mensonge démocratique de plus


Il est quand même fou que, tout en claironnant informer et faire
participer la population, on fasse tout pour qu’elle ne puisse pas avoir cette
information, mais simplement de l’information parcellaire, voire partielle.
Et qu’en plus, ce soit la population qui doive aller la chercher avec les
dents.

La mise en place de ces consultations publiques n’est qu’un des


paravents qui servent de leurres démocratiques pour faire croire à une
participation éclairée des citoyens. Alors que tout démontre que l’opacité
la plus large règne sur le déroulé de ces pseudo-consultations et que tout
est fait pour que le citoyen reste dans l’ignorance de ce qui se trame
derrière son dos.
Oui les enquêtes publiques n’étaient pas au top, mais une fois de plus au
lieu de se pencher, véritablement, sur la question pour améliorer la
participation citoyenne, on a préféré faire semblant et contrôler un peu plus
le système.

Pas ou peu d’information, c’est la garantie de peu de contestation.

104. LOI n° 2015-136 du 9 février 2015 relative à la sobriété, à la transparence, à l’information et à la


concertation en matière d’exposition aux ondes électromagnétiques (1)- JORF n° 0034 du 10 février
2015 page 2346
105. Le texte de la loi logement, ou projet de loi évolution du logement et aménagement numérique
(ELAN), a été présenté en Conseil des ministres le 4 avril 2018. Voté par le Parlement au cours de
l’automne, le texte officiel et définitif a été publié au Journal officiel du 24 novembre 2018. loi n
° 2018-1021 du 23 novembre 2018
106. « Vermilion veut creuser 13 nouveaux puits dans ses concessions pétrolifères essonniennes »,
Julien Monier, Essonne info, jeudi 18 décembre 2014
107. « Essonne : de mystérieuses concessions pétrolières » Jacques Monin, France Inter,
https://www.franceinter.fr/emissions/l-enquete/l-enquete-19-juin-2015
108. https://www.stopaugazdeschiste07.org/article1427.html
109. « Essonne : l’exploitation des puits de pétrole sur le point d’être prolongée de 25 ans », Nolwenn
Cosson, Le Parisien, 8 avril 2019.
110. Tout en anglais et très technique, avis aux amateurs.
GROS MENSONGE SUR LA FIN DES HYDROCARBURES EN
2040

« En politique souvent, on ne nous dit pas tout


et l’on nous cache le reste. »
P. P.

La loi Hulot n° 2017-1839 du 30 décembre 2017, mettant fin à la


recherche ainsi qu’à l’exploitation des hydrocarbures et portant diverses
dispositions relatives à l’énergie et à l’environnement a bien été votée et
ratifiée à l’Assemblée.
Elle stipule que la date de 2040 signifie la fin absolue et définitive des
énergies fossiles. C’est écrit, voté et définitif qu’ils ont dit !

Vous connaissez la formule de l’arbre qui cache la forêt ? Eh bien c’est


exactement ce que veulent dire la loi Hulot et son cortège d’auto satisfecit
médiatiques que se sont lancés les gouvernants sur le sujet. Même le
président Macron ou plutôt, comme à son habitude, le président « je me
mêle de tout » affirme le 19 décembre (onze jours avant que la loi ne soit
votée…) :
« Très fier que la France devienne aujourd’hui le premier pays au monde
à interdire tout nouveau permis de recherche d’hydrocarbure dès
maintenant et toute exploitation d’ici 2040111. »
Mais, petit détail qui a son importance, le texte de la loi Hulot qui interdit
tout nouveau permis d’exploration et exploitation d’hydrocarbures sur
l’ensemble du territoire ne concerne en fin de compte en tout et pour tout
que 1 % de la consommation totale d’hydrocarbures en France. C’est le
gouvernement lui-même112 qui le dit dans l’un de ces rapports sur les
« ressources en hydrocarbures de la France ».

Puisque la loi est votée, les entreprises concernées devraient commencer


à se préparer à fermer en 2040, et donc réduire doucement leur
investissement, reclasser leur personnel, diminuer leur implantation… Eh
bien non, c’est plutôt l’inverse qui est en train de se produire.

Presque vingt projets en plus, depuis la loi Hulot


Isabelle Levy, l’une des expertes sur le sujet, militante de la première
heure dans le collectif « Non au pétrole de schiste du pays fertois » a
collecté sur un tableau Excel en décembre 2018 plus de dix-neuf projets,
un an à peine après la promulgation de la loi censée les faire régresser. Ces
données corroborées et vérifiées par le Journal officiel mettent en évidence
des permis d’exploration renouvelés, des concessions accordées, tout un
tas de joyeusetés pétrolières sur un paquet de départements.

Les dix-neuf projets hydrocarbures (connus) qui ont


progressé depuis la loi Hulot de décembre 2017
Extrait de France info du 3 décembre 2018 (et cela a sans doute
« progressé » depuis)
DERNIÈRE
NATURE NOM TITULAIRE DEPT FIN
MODIF
IPC PETROLEUM
Concession Amaltheus 51 02/02/2018 01/01/2040
FRANCE
Saint-Germain-
Concession GEOPETROL 77 02/02/2018 28/09/2031
Laxis
Concession Eschau GEOPETROL 67 02/02/2018 10/10/2031
Concession Avon-la-Pèze SPPE 10 02/02/2018 02/04/2033

Concession La Conquillie VERMILION REP 77 02/02/2018 02/04/2033


Concession Champotran VERMILION REP 77 02/02/2018 14/08/2038

Coulommes-
Concession SPPE 77 26/12/2017 12/01/2024
Vaucourtois
Concession Île-du-Gord SPPE 77 26/12/2017 01/10/2028

GEOPETROL /
Concession Fontaine-au-Bron IPC PETROLEUM 51 12/03/2018 01/01/2040
FRANCE
Concession Saint-Lupien SPPE 11 12/03/2018 01/01/2040
VERMILION REP /
Permis Aquila VERMILION 33 31/01/2018 21/07/2020
EXPLORATION
Permis Forcelles TERRE 57 31/01/2018 09/07/2021
CONCORDE 10/51
Permis La Folie de Paris 31/01/2018 08/07/2021
ÉNERGIE PARIS /77
CELTIQUE ÉNERGIE
Permis Claracq / 40/64 17/04/2018 11/03/2019
INVESTAQ ÉNERGIE
BLUEBACH
Permis Seebach RESSOURCES / 67 26/07/2018 09/07/2022
VERMILION REP
MILLENIUM GEO-
Permis Soufflenheim VENTURE / 67 26/07/2018 10/04/2022
GEOPETROL
TOTAL E&P
Permis Guyane maritime GUYANE 973 24/10/2018 06/01/2019
FRANÇAISE
IPC PETROLEUM
Permis Est Champagne France 08/51/55 02/03/2018 24/10/2019

permis Essone VERMILION REP 91 10/04/2019 2043 (?)

Le texte transmis à l’Assemblée nationale est, là encore, en recul par


rapport à la première version du projet de loi. En effet, le premier texte
prévoyait d’interdire la prolongation des soixante-trois concessions
actuelles, qui engendrerait un arrêt progressif de l’exploitation en
France. Certains projets se seraient en effet arrêtés dès 2018 ou 2020, la
plupart des autres dans les années 2030, et quelques-uns après 2040 voire
2050. Dans le texte soumis à l’Assemblée nationale, ce qui est interdit est
simplement la « prolongation d’une concession pour une durée dont
l’échéance excède 2040 » (article 1, alinéa 14). Et encore la date de 2040
ne semble être qu’un leurre qui malheureusement est déjà sujet à
« dérogation ».

2040, cause toujours tu m’intéresses : le droit de suite


Le droit de suite est inscrit dans le marbre du code minier. Il n’a pas été
rectifié avec la loi Hulot (article 132-6 du code minier pour les puristes) et
apparemment l’État n’a pas l’intention de rectifier cet article qui nous
empêchera de stopper définitivement l’exploitation des énergies fossiles en
2040.
En termes clairs, pour le peuple à qui l’on cache la vérité : avec le droit
de suite, on ne peut pas, aujourd’hui, demander à un exploitant pétrolier
d’arrêter sa production en 2040 sauf à se retrouver devant un tribunal
international qui statuera du côté de l’entreprise et obligera l’État (nous) à
verser d’énormes dommages et intérêts aux pauvres entreprises pétrolières
à qui l’on aura retiré le pain de la bouche en stoppant soudainement la
production en 2040. D’autant plus que rien n’est fait (voir tableau plus
haut) pour inciter les entreprises à réduire la voilure d’ici là.
Pour résumer simplement : toutes les entreprises qui devront stopper leur
activité en 2040 pourront demander des dommages et intérêts.
L’entreprise Vermilion a déjà prévenu, via le Conseil d’État, qu’elle
attaquerait en justice cette décision de stopper les énergies fossiles en 2040
et le Conseil d’État de répondre que l’entreprise Vermilion n’a pas tort.

Pourtant on pourrait le faire


Mais pour ça il faudrait une volonté politique pour modifier l’article 132-
6 du code minier qui restreindrait ce droit de suite. Des amendements
avaient d’ailleurs été déposés lors de l’examen de la proposition de loi
d’adaptation du code minier au droit de l’environnement en début 2017, ils
sont passés à la trappe !

Tu refuses que je creuse ? Je te fais un procès.


D’ailleurs, il faut être averti, et nous sommes quelques-uns à avoir réussi
à le savoir, que toutes les demandes de prolongation ou de mutation faites
par les entreprises pétrolières et qui ont été refusées via le vieux truc
(valable pour le code minier) qui dit que si on ne répond pas, cela vaut
refus ont presque toutes été attaquées en justice. Et les entreprises ont des
chances de gagner.
L’entreprise Vermilion, par exemple, a formulé six demandes113 et
espère bien forer jusqu’en 2050, au moins.

Mais puisqu’on vous dit que les énergies fossiles c’est fini.
Et ce n’est pas fini quand on lit ce qui suit :

Si t’as pas fini, on rallonge le bail pour le gaz de couche


Pour achever de détailler la couleuvre que l’on nous a fait avaler avec
une loi Hulot vidée de sa substance, il faut que vous sachiez qu’un petit
astérisque, amendement, détail, post-scriptum existe dans cette loi censée
nous débarrasser des énergies fossiles… Il semblerait (mais je me trompe
peut-être ?) qu’on arrête tout en 2040… sauf si une entreprise pétrolière
n’a pas réalisé la totalité de ses prévisions de bénéfices. Je serais eux…
De plus, la nouvelle loi exempte le gaz de couche et la région gazière
historique de Lacq de ses dispositions, et autorise le renouvellement des
concessions pétrolières, même au-delà de 2040, au nom des « attentes
légitimes » des « propriétaires » de concessions114.

Et toc ! Pour le gaz de couche, il faudra bien attendre jusqu’à… 2080 au


moins, et c’est déjà légal puisque dans la loi.
Légal oui, mais moral ? C’est une autre histoire, vous le savez bien !

Dernier détail de transparence très opaque


Dans un souci de transparence, mon œil, le ministère de l’Écologie a mis
en ligne tous les permis en cours de validité.
C’est bien.
Mais c’est tout.
On ne trouve plus sur cette liste « transparente » ni le nombre de dossiers
en cours d’instruction ni, et c’est plus grave, l’identité des demandeurs.
Avant, on trouvait, sur ce même site du ministère de l’Écologie, toutes
les informations nécessaires à une bonne compréhension de qui creuse,
pourquoi il creuse et comment il creuse. On avait même la chance de
pouvoir visualiser sur une carte les périmètres d’exploitation des
entreprises minières (étrangères pour la plupart).
C’est fini. Vive la nouvelle transparence qui ne laisse rien voir !

Dernier détail de « je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez » dans
la ville d’Itteville (91)
C’est une petite ville à côté d’un puits de pétrole exploité en ce moment
par l’entreprise canadienne Vermilion (voir chapitre « Nouvelle démocratie
macronienne : La concertation, mais à sens unique ! »)
En mars 2018 le maire de la ville, Alexandre Späda a signé une
convention pour que l’eau chaude issue des puits d’hydrocarbures de son
entreprise permette de chauffer plusieurs centaines de logements115.
L’eau du puits va donc alimenter en eau chaude le circuit de chauffage de
900 logements en construction. On parle même de faire pareil avec la
gendarmerie, les écoles, les services techniques.
Super !, me direz-vous.
Oui, mais quand l’entreprise d’énergies fossiles fermera ses portes,
logiquement en 2040 d’après la loi ? Ou le maire ne voit pas plus loin que
le bout de 2040, ou on lui a déjà dit que l’on repoussera cette date…
Décidément la fin des hydrocarbures en 2040, ça sent le pétrole frelaté
cette affaire-là. Et encore plus du côté d’Itttevile… Merci monsieur le
maire !
J’habiterais cette ville je me poserais quelques questions et je les poserais
à monsieur le maire : Quid du chauffage « pas cher » après 2040 ?
Pourquoi étendre la zone de prospection de Vermilion sur le secteur
d’Ittevile ?

Pardon d’avance
Je suis vraiment désolé, je viens sans doute de mettre un grand coup
derrière les étiquettes à tous ceux qui croyaient encore qu’il restait un fond
d’espoir pour l’amélioration de l’état de notre planète et que cette loi allait
dans le bon sens.
Je pense, sincèrement, que les initiateurs de la loi Nicolas Hulot sur les
énergies fossiles ont essayé d’insuffler une prise de conscience écologique
indispensable à notre vie future et celle de nos enfants. Mais ils se sont
heurtés aux lobbies et à la machine destructrice de tout ce qui peut réduire
le profit immédiat de quelques-uns. Cette machine bien rodée a placé ses
pions, espions, influenceurs dans tout l’appareil d’État. Elle veille à
remodeler, arranger, dénaturer, suggérer des modifications qui apparaissent
de prime abord anodines mais qui changent complètement l’essence d’une
loi.
Si l’on ne sait pas lire entre les lignes ou interpréter ce qui est en tout
petit, on croit souvent que ces lois sont là pour le bien commun. En réalité
elles servent surtout les intérêts de quelques-uns.

111. « “La loi Hulot ne sert pas à grand-chose” : depuis un an, la France a autorisé la poursuite de 18
projets d’hydrocarbures », Thomas Baîtto, France info, 3 décembre 2018.
112. « Ressources en hydrocarbures de la France », Ministère de la transition écologique et solidaire,
1er juillet 2019.
113. « Seine-et-Marne : les pétroliers comptent bien forer jusqu’en… 2050 », Faustine Léo, Le
Parisien, 3 octobre 2017.
114. « Mettre fin aux énergies fossiles” ? Décryptage de la loi Hulot », Les amisdelaterre.org
115. « Essonne : des centaines de foyers d’Itteville chauffées grâce à des puits de pétrole », Gérald
Moruzzi, Le Parisien, 28 mars 2018.
LA « FAUSSE » LUTTE CONTRE LA FRAUDE FISCALE !

« Fraude fiscale. Sport élitique considéré comme un signe extérieur de richesse. »


Jacques Mailhot

« La fraude est à l’impôt ce que l’ombre est à l’homme. »


Georges Pompidou

Une fois de plus, on ne peut que mettre en avant des actes qui
contredisent complètement le discours officiel et rassurant pour le peuple.
Pour rappel, les dépenses nettes de l’État devraient être de
390,8 milliards d’euros en 2019 et les recettes nettes de 291,4 milliards
d’euros. Le montant estimé de la fraude fiscale est de 100 milliards d’euros
par an116 : soit un quart du budget national. Et ce chiffre n’est qu’une
estimation, la fraude étant par définition non déclarable.

Grande déclaration pour petite action !


En 2018. Paris Match117 « l’hebdomadaire de gens heureux entre eux »
communique une grande déclaration qui sera reprise par tous les médias :
le gouvernement avait un plan de lutte contre la fraude fiscale, on allait
voir ce qu’on allait voir. Le ministre Gerald Darmanin affirme même
qu’il se donne la possibilité de rendre public le nom des fraudeurs…

En 2019. Dans Paris Match118 (encore lui) le même ministre hausse le


ton en juin 2019 : les fraudeurs seront bientôt traités comme des bandits
(ah bon ? parce qu’avant ce n’étaient pas des bandits ?) On va créer une
police spéciale qui va s’installer à Bercy.
Tout le monde est rassuré, le discours est rodé une fois de plus.
La réalité de la lutte contre la fraude fiscale
Après les grandes déclarations du gouvernement et de ses ministres, on
pourrait penser que la proposition de loi tendant à faire de la lutte contre la
fraude et l’évasion fiscales la grande priorité nationale 2020, celle qui est
proposée aux votes de nos parlementaires le 17 juin 2019119 allait passer
comme une lettre à la poste.
Que nenni !

Le 17 juin 2019. REJET


Les députés de l’Assemblée nationale ont rejeté une proposition de
résolution tendant à faire de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales la
grande priorité nationale 2020. Lors des débats et délibérations, seuls 25
députés se sont prononcés : 9 pour adopter cette résolution et 15 contre.
La lutte contre la fraude fiscale ne sera donc pas une priorité ! Mais ce
n’est pas tout.

Création d’une nouvelle usine à gaz : LA nouvelle police


fiscale
Suite aux grandes déclarations, ça y est, grand raout : le ministère des
Finances, Bercy himself a désormais sa propre police. C’est le ministre de
l’Action « historique » et des Comptes publics Gérald Darmanin qui
l’annonce fièrement le 1er juillet 2019. Encore une mesure historique,
rajoute-t-il (avec ce ministre tout est toujours historique) qui va
chambouler le monde de la pègre en col blanc.
Ladite police se compose de vingt-cinq officiers tout neufs, fiscaux, tout
juste sortis et formés à l’École des douanes de Tourcoing. Des bleus, quoi !

Un magistrat pour 266 policiers


Outre le fait que ce soit des bleus en la matière, à l’heure où j’écris ces
lignes l’ensemble de ces vingt-cinq policiers se partagent encore du
matériel en sous-nombre (et vétuste pour une part). Petit gâteau sur la
cerise fiscale, comme ils vont travailler avec leurs collègues des douanes,
ils vont être 266 en tout sous les ordres d’un seul et unique magistrat.
Il m’est avis que ça va pas être simple de prioriser les enquêtes.

Petite guerre des polices


Officiellement il n’y en a pas mais n’empêche, le jour même de
l’annonce de la création de cette police fiscale, la brigade de la place
Beauvau au ministère de l’Intérieur qui, depuis longtemps, a des missions
d’investigation, crée une sous-direction consacrée à la lutte contre la
criminalité financière120.
Cela ressemble quand même un peu à un début de guerre entre services,
non ?

Question idiote
Pourquoi ne pas avoir renforcé les services déjà existants en hommes et
en moyens ? C’eut été plus simple et sans doute plus efficace.
Ah mais oui, c’est vrai, dans ce cas de figure, cela aurait été moins
« historique » pour le ministre Darmanin, je comprends ! Il aime vraiment
bien le mot historique ce ministre-là…

En plus, et là c’est historique !, pendant qu’on amuse la galerie avec une


police fiscale, pour la première fois l’État négocie une grosse somme
d’argent contre l’impunité pour une importante fraude fiscale. C’est dans le
chapitre suivant et c’est bien la peine d’ouvrir un service de police fiscale
si c’est pour refiler l’impunité aux gros fraudeurs.

Le gouvernement a-t-il vraiment supprimé le « verrou de


Bercy » ?
Encore un évènement historique qui n’a que l’apparence de sa
déclaration tonitruante121.
Le verrou de Bercy est un dispositif dérogatoire au droit commun. C’est
en principe au ministère public d’apprécier l’opportunité de poursuites, ce
qui constitue donc une exception majeure au principe de la séparation des
pouvoirs.

Un arrangement avec la justice mais pour les riches seulement. Ils peuvent
maintenant « acheter leur innocence »
Pendant que les gorges politiques se gargarisent de la pseudo-suppression
du verrou de Bercy, une extension dont on parle beaucoup moins est
simultanément mise en place : la convention judiciaire d’intérêt public
(CJIP) s’étend maintenant à la fraude fiscale. Celle-ci avait été instaurée
dans la loi Sapin 2 de 2016, mais uniquement pour des faits de corruption.
En catimini et en même temps que le ramdam sur le verrou de Bercy,
l’extension de la CJIP à la grosse fraude fiscale est maintenant une mesure
permettant à une entreprise de payer une amende afin d’éviter des
poursuites, sans reconnaissance de culpabilité.

Tu paies et tu n’es plus coupable de rien


Pratique pour éviter toute poursuite judiciaire ! Cela se négocie par
avocats interposés. On paie une amende (à définir et négocier) et notre gros
fraudeur peut tranquillement continuer à vaquer à ses occupations à travers
le monde, voire recommencer à frauder puisqu’il n’est jamais condamné.
C’est un non-sens complet à l’heure où, soi-disant, on donne des gages
(historiques…) de lutte contre la grosse fraude fiscale. Il est évident qu’en
mettant en parallèle la possibilité de clore définitivement des enquêtes
longues et fastidieuses d’inspecteurs financiers qui passent un temps fou à
démontrer, démanteler, comprendre, prouver les montages frauduleux de
ces grands pontes « intouchables », on envoie des messages forts aux deux
parties. Le premier aux gros fraudeurs en leur expliquant concrètement
qu’ils peuvent tranquillement continuer à magouiller ; du moment qu’ils
sont capables de payer, cela se passera bien pour eux. Le deuxième, c’est
le camouflet donné aux équipes de policiers consciencieux, celles qui
bossent parfois durant plusieurs mois, voire des années sur un dossier de
fraudes pour que les fautifs soient punis dans le respect de la même loi
pour tous. Par la grâce d’un chèque (négocié en plus), les policiers
regardent les coupables (et leur avocat) repartir tranquillement dans leur
limousine payée grâce au produit de la fraude.
M’est avis que cela doit, quelque peu, démotiver les troupes !

D’autant plus, et il est important de le savoir, que « l’amende » versée


dont se targue le législateur n’est jamais, dans tous les cas de figure, à la
hauteur de la fraude découverte. En général, ce que récupère l’État après
négociation (ça aussi c’est amusant, les gros fraudeurs peuvent allégrement
négocier…) ne dépasse jamais un petit 30 % du montant de la fraude ! Ce
qui laisse un beau 70 % dans la poche du fraudeur.
Donc open bar toujours ouvert pour les fraudeurs, du moins pour les
gros, très gros fraudeurs.
Pour le petit fraudeur, le gagne-petit de la truande, la justice sera, elle,
intraitable.

Un accord de « fraude fiscale » à 51 millions d’euros :


l’affaire Carmignac
Pendant que, sur le devant de la scène, on vous agite le simulacre
(« historique » selon la méthode Darmanin) d’une lutte à mort contre la
fraude fiscale, pendant qu’on nous parle d’un vieux dossier d’un petit
million d’euros avec un ancien premier ministre (Raymond Barre), on fait
l’impasse sur un dossier autrement plus important.
Le plus discrètement possible (car il ne faut pas effrayer les
investisseurs), sans que la presse n’en fasse ses choux gras, sans que le
ministre Darmanin, pourtant au courant, n’en parle une seule fois, la
société d’Édouard Carmignac (l’un des fleurons de la gestion d’actifs en
France et un des leaders en Europe avec plus de 60 milliards d’euros
d’encours) a signé le 28 juin 2019 un accord (historique) avec Bercy et le
Parquet national financier(PNF). Cet accord stoppe net toutes les
poursuites, aussi bien fiscales que pénales suite à une enquête approfondie
déclenchée pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale.

Résumé succinct de la fraude aux « dividendes »


Édouard Carmignac a fondé en 1989 sa société de gestion d’actifs qui
dépassait, il y a encore peu, les 60 milliards d’euros d’actifs sous gestion.
L’enquête concerne, notamment, le mode de rémunération de cadres, par le
biais de montages financiers passant par le Luxembourg, où la société
Carmignac Gestion a une filiale. Une interprétation abusive du régime
mère-fille aurait permis à la société de gestion de réduire sa charge en
impôts en France, via ce mode de rémunération. Le Luxembourg est en
effet un pays à la fiscalité très avantageuse122. Le Fisc avait déjà redressé
l’entreprise sur le sujet à hauteur de 21 millions d’euros mais avait
transmis le dossier au PNF qui avait ouvert une enquête préliminaire. Pour
faire simple, la société de ce monsieur trouvait plus pratique et moins
coûteux de rémunérer ses employés en dividende et au Luxembourg. Il
échappait aussi à l’impôt français. Bien entendu les avocats de la société de
gestion ont contesté la légalité de l’illégalité, tu m’étonnes !

Six mois de négociation


C’est le délai qu’il aura fallu pour conclure le « marché » entre l’État et
les avocats de l’entreprise Carmignac. Des discussions de marchands de
tapis dans l’atmosphère feutrée des bureaux d’un étage de Bercy.
Qui dit négociations, dit compromis de part et d’autre. J’ai toujours du
mal quand j’entends qu’on négocie avec un fraudeur d’envergure.
30 millions d’amende pour trois ans de fraude et 21 millions pour les deux
ans d’avant, c’est apparemment le résultat du marchandage. Cela couvre la
période de 2011 à 2014. La société de gestion avait déjà réglé
précédemment 21 millions d’euros de redressement fiscal, pénalités
comprises.

Y a pas photo
Un bon plan pour la société de gestion Carmignac qui risquait jusqu’à
223 millions d’euros d’amende dans le cadre de la convention judiciaire
d’intérêt public123.

Deux autres cas « d’achat d’innocence »


C’est quand même marrant que ces affaires ne fassent pas toutes les unes.
On voit seulement passer un entrefilet dans quelques journaux spécialisés,
une annonce en fin de journal télévisé, on survole le sujet et l’actualité
s’empresse de passer à autre chose. Et pourtant quand on creuse, on
s’aperçoit qu’on ne parle pas de petites sommes, de petites fraudes, mais
de truandages organisés et complexes qui pourraient s’apparenter à des
organisations quasi mafieuses.

Un accord pour stopper TOUTES les poursuites pour blanchiment de


fraude fiscale :
La Banque HSBC a accepté de payer, après négociations, la somme de
300 millions d’euros124. Elle a annoncé que l’amende était provisionnée
dans ses comptes.

Six milliards de fraudes


Pour info la fraude enregistrée et découverte sur des comptes offshore
s’élèverait à plus de 6 milliards d’euros125

Deux accords pour stopper TOUTES les poursuites pour corruption


(affaire libyenne)
La Société Générale accepte de payer, après négociations, la somme
d’1 milliard 300 millions d’euros126 d’amende globale (dont
250,15 millions d’euros au Trésor public français). L’amende était, elle
aussi, provisionnée dans les comptes.

« Le montant devant être payé est entièrement couvert par la provision


inscrite dans les comptes de Société Générale qui a été allouée aux
dossiers IBOR et libyen. Ces versements n’auront donc pas d’impact sur
les résultats », a déclaré sereinement la banque avant de faire le virement
d’un milliard et 300 millions.

Conclusion, grosse fraude fiscale égale peau de balle !


On voit bien, à l’aune de ces quelques exemples, que les annonces
tonitruantes et régulières de lutte contre la fraude fiscale ne sont que des
leurres uniquement mis en place pour rassurer les populations sur une
justice égalitaire pour tous.
La réalité du mensonge d’État, c’est que les gros fraudeurs passent
encore à travers les mailles du filet de la justice en payant un simple
chèque qu’ils ont, de toute manière, provisionné dans leurs comptes. Ce
qui sous-tend que l’amende « éventuelle » devient une variable
d’ajustement de la fraude massive.
La réalité du mensonge d’État, c’est qu’il se contente de récupérer des
miettes du manque à gagner fiscal et qu’en fin de compte, il favorise les
fraudeurs qui savent maintenant qu’ils ne risquent pas grand-chose.

C’est « historique » comme dirait le ministre Darmanin !

116. « La fraude fiscale atteint 100 milliards d’euros par an, selon un rapport », Europe 1, 14 septembre
2018.
117. « Fraude fiscale : le gouvernement présente un nouveau plan de lutte », Paris Match, 28 mars
2018.
118. « Fraude fiscale : une police spéciale s’installe à Bercy », Marie-Pierre Gröndahl, Paris Match,
19 juin 2019.
119.http://www2.assembleenationale.fr/documents/notice/15/ta/ta0285/(index)/ta?
fbclid=IwAR2mdb_QpbNCy-EHsTK37gX QSMubNSsvinC0CtpByeIF1ImH281BvVD3YAE
120. « Bercy lance sa police fiscale en plein durcissement de l’arsenal antifraude », Ingrid Feuerstein,
Les Échos, 3 juillet 2019.
121. « Le gouvernement a-t-il vraiment supprimé le “verrou de Bercy” ? », Mathilde Damgé, Les
décodeurs, Le Monde, 12 octobre 2018.
122. « Carmignac visé par une enquête pour fraude fiscale », Valérie de Senneville, Sophie Rolland,
Les Échos n° 22819, 8 novembre 2018.
123. « Fraude fiscale : Carmignac paie une amende de 30 millions d’euros pour mettre fin à
l’enquête », Sophie Rolland, Delphine Iweins, Lesechos.fr, 28 juin 2019.
124. lien : https://www.tribunal-de-paris.justice.fr/sites/default/files/2018-
03/CJIP_HSBC_publication.pdf
125. « Les conditions de l’amende de 300 millions d’euros payée par HSBC rendues publiques »,
Franck Bouaziz, Libération, 27 novembre 2017.
126. « Libye et Libor : Société Générale règle ses deux litiges pour 1,3 milliard de dollars », Delphine
Cuny, Latribune.fr, 4 juin 2018.
QUAND ON VOUS DIT 250 000 CHÔMEURS EN MOINS,
COMPTEZ 1,3 MILLION DE PRÉCAIRES EN PLUS

« Quand les hommes politiques disent vouloir combattre le chômage, ils parlent surtout du leur. »
Patrick Sébastien, Carnet de notes 2001

« Le discours politique est destiné à donner aux mensonges l’accent de la vérité, à rendre le
meurtre respectable et à donner l’apparence de la solidarité à un simple courant d’air »
Georges Orwell

Comment faire disparaître des chômeurs :l’astuce du mieux


avec du moins
Il y a peu, madame la ministre Pénicaud nous annonçait donc, dans le
cadre du resserrage de vis concernant l’assurance chômage les chiffres de
250 000 personnes seulement qui seraient exclues du nouveau système
(500 000 personnes potentiellement impactées, dira-t-elle peu après…) et
une économie globale répartie « équitablement » (je mets
intentionnellement les guillemets) entre salariés et patronat de 3,5 milliards
d’euros sur trois ans.
Ça, ce sont les chiffres version gouvernement.
Il apparaît, selon l’ensemble des experts en la matière (hormis un ou
deux, grassement payés par…), selon l’Unedic elle-même dans un rapport
datant de juin-juillet 2019127, selon l’ensemble des acteurs sociaux, et
selon les syndicats (même la CFDT, c’est vous dire) que nous serions très
largement au-dessus du million de personnes qui seront directement
impactées, voire exclues par cette réforme de l’assurance chômage.
Quant aux trois milliards et demi d’économies réalisées, il semblerait
bien que ce soit presque principalement sur le dos des salariés qu’elles
seront faites.
Et ceci n’est pas la simple déclaration d’un post-soixante-huitard gaucho
mal dégrossi (moi), mais des chiffres tangibles et l’analyse des faits et des
écrits qui font que cette réforme de l’assurance chômage apparaît plus
comme une éradication progressive des chômeurs. Et éradiquer peut
s’avérer payant.

Quand on veut on peut, surtout quand on veut peu.


Pour pouvoir sous peu, et surtout avant les prochaines échéances
électorales, clamer haut et fort que tout va mieux en France, que le pays et
ses habitants se portent bien, vous avez plusieurs options. Vous pouvez
proposer et réaliser politiquement des réformes qui améliorent le bien-être
de tous vos concitoyens. Vous pouvez aussi redresser le pays dans un
grand élan national d’efforts partagés par tous en secouant vraiment, par
exemple, le cocotier garni des abus, fraudes et privilèges en tout genre.
Une autre option, et c’est ce qui semble se dessiner, est de proposer des
« réformes » qui permettent de supprimer tout ce qui gêne en chiffres et en
genre. Par exemple, vous réduisez l’accès aux prestations sociales, vous
refermez la porte « du droit à », en laissant juste un petit entrebâillement
pour quelques-uns, histoire de continuer à donner une image sociale et
humaine à la répartition de la solidarité. Vous en faites moins, mais avec
plus de communication.
Pour réduire le chômage, c’est simple : vous n’aidez pas les chômeurs à
trouver du travail (trop compliqué et pas rentable) mais vous les supprimez
des registres (plus simple et plus pratique). Vous les poussez à accepter
n’importe quel job parce qu’il faut bien nourrir sa famille. Des boulots qui
seront de plus en plus mal payés, parce que de moins en moins bien
protégés (le Code du travail est cassé…) et donc par voie de conséquence,
« je la boucle car j’ai besoin de bosser ». Et, miracle de la communication,
vous avez l’assurance que globalement, de l’extérieur et sur le papier, cela
ira mieux économiquement pour le pays, ce que s’empresseront de relayer
tous les médias. Grâce à cette politique forte et bénéfique, tous les voyants
socio-économiques de France vont bientôt repasser dans le vert.
Comme, en plus, les remboursements de la sécurité sociale vont aussi se
réduire comme peau de chagrin et que les mutuelles seront de plus en plus
chères, les gens iront de moins en moins se faire soigner pour ne pas perdre
leur maigre job et parce que cela est trop onéreux. La sécurité sociale et les
caisses de maladie iront de mieux en mieux. C’est comme pour l’assurance
chômage : faute de clients, pas de dépense. Et qui dit, pas de dépense, dit
pas de déficit. Et qui dit pas de déficit dit une économie au beau fixe.

La modification de l’accès à l’assurance chômage est donc la suite


logique des déclarations présidentielles selon lesquelles il y a trop de
chômeurs en France, qui sont trop bien payés et qui ne veulent pas
traverser la rue pour trouver un emploi. Il y a même un type qui a dit dans
une vidéo que les aides sociales coûtaient un pognon de dingue. Il était
urgent de remettre de l’ordre.

Ce qui est sûr, c’est que ceux qui vont prendre de plein fouet ces
exclusions de fait, ce sont encore une fois les plus faibles, les femmes
seules, les précaires, tous ceux qui n’ont pas les moyens de choisir mais
juste de subir.

Que va-t-il se passer ?


Avant la réforme, il suffisait de travailler 4 mois au cours des 28 derniers
mois pour ouvrir ses droits au chômage. Demain il faudra travailler plus
longtemps et sur une période plus courte pour commencer à toucher une
allocation : 6 mois de contrat sur 24 mois. D’après l’Unedic (qui ne passe
pas pour un organisme qui ne sait pas ce qu’il dit), on a déjà entre 500 000
personnes et 750 000 personnes impactées par une ouverture de droit
retardée ou annulée.
Continuer à toucher des droits au chômage deviendra quasi impossible
car il faudra six mois de travail pour les retrouver, soit la même durée que
pour l’ouverture d’un droit au chômage. Avant, il suffisait d’avoir travaillé
un mois pour commencer à recharger son compte chômage. Résultat, tous
ceux qui trouveront un petit boulot par-ci, par-là, une petite mission pour
améliorer l’ordinaire, iront se rhabiller chez plumeau (de l’argot : nulle
part).
Enfin et c’est le plus triste pour les chômeurs qui n’en demandaient
vraiment pas tant, dorénavant le montant des allocations sera calculé sur un
revenu moyen d’un mois (en comptant les jours travaillés et les jours non
travaillés) et non comme précédemment sur les seuls jours travaillés. Ce
qui fera mathématiquement fondre les allocations des personnes ayant
travaillé de manière discontinue. Une belle dégringolade dans le montant
de l’allocation pour 20 % des chômeurs, dont les femmes seules qui
doivent constamment jongler entre les enfants et le travail.

Des sous-boulots avec formation accélérée à la clé ?


« Un demandeur d’emploi qui a besoin d’une formation courte pour
accepter une offre d’emploi se verra également proposer automatiquement
cette formation. » C’est ce que promet de façon sympathique cette nouvelle
loi sur le versement « éventuel » des allocations-chômage. On peut penser
qu’avec la deuxième étape, celui à qui l’on propose un autre boulot que le
sien avec une formation gratuite et automatique aura, sûrement, du souci à
se faire pour continuer à toucher son allocation-chômage s’il refuse ce
« boulot ».
De surcroît, si l’on réfléchit deux secondes, une formation pour quel style
de boulot ? Sûrement pas un travail qui nécessite de la technicité ou
énormément d’apprentissage. Cela ne peut pas non plus être une formation
qui demande beaucoup de connaissances spécifiques. Après tout, le but
avoué est de remettre tout le monde au travail et le plus vite possible. Donc
en toute logique : petite formation automatique et rapide pour petit boulot
ni choisi ni désiré.

Petit bonus en forme de double peine pour ceux qui l’ont


dans l’os
Peu de monde l’a noté, mais la baisse du montant de l’allocation-
chômage pour tous ces gens, pour la plupart en situation précaire, va
automatiquement entraîner une baisse de leur montant de retraite par la
diminution du financement des points de retraite complémentaire (l’Agirc-
Arrco).
L’État gagne sur les deux tableaux. Moins à débourser pour ces
« fainéants de chômeurs » et moins à verser une fois qu’ils seront à la
retraite.

Plus c’est gros, plus ça passe


Un des gros arguments bateau du ministère pour justifier la réforme et le
serrage de vis de l’allocation-chômage a été de dire qu’un chômeur sur
cinq touchait jusqu’à 200 % de son salaire moyen quand il était au
chômage128.
Bel argument qui a l’avantage dans l’inconscient collectif de monter les
chômeurs les uns contre les autres. Il est tellement plus facile de râler sur
l’avantage de l’ouvrier d’EDF qui paie son électricité moins cher ou de
crier à l’injustice contre le conducteur SNCF qui part à la retraite à 57 ans
plutôt que de hurler parce que sa propre facture d’électricité augmente à
vue d’œil ou que le départ général à la retraite va bientôt friser les 67 ans.
Ce qu’a oublié d’ajouter la ministre pour pondérer son propos c’est que
ce « chômeur » qui a travaillé deux semaines par mois et a droit à la même
somme au chômage que celui qui en a travaillé quatre, ne touche son
allocation que durant six mois et non pas douze comme le chômeur ayant
travaillé à plein temps.
Alors oui ce chômeur (se) touche deux fois plus, mais deux fois moins
longtemps… ça change l’addition de madame la ministre !
Et encore plus si l’on regarde du côté du bonus-malus pour les
entreprises qui n’entrera même pas dans les caisses de l’Unedic.

Bonus-malus pour les contrats courts : le trompe-l’œil qui ne


coûte pas cher
On nous annonce qu’en contrepartie du durcissement des allocations-
chômage, les entreprises seront taxées en cas d’abus de contrats courts.
Une manière de faire croire que les salariés ne seront pas les seuls à
participer à l’effort du redressement de l’assurance chômage.
Cela ne change pas la ponction et la pilule est toujours dure à avaler mais
quand on sait que l’effort est partagé par tous, cela passe mieux. On fait
contre mauvaise fortune bon cœur en acceptant avec un sourire crispé ce
nouveau prélèvement sur le reste à vivre déjà bien écorné.
Sauf que la réalité est loin d’atteindre le beau discours que l’on nous sert
sur un joli plateau d’efforts communs.

Un bonus-malus pour très peu d’entreprises


Il faut savoir que ce bonus-malus ne va pas s’appliquer à toutes les
entreprises, ce serait trop simple.

Premièrement, allons-y gaiement : dans la série je dis, j’exige, mais je


ne montre pas l’exemple ; l’État, d’office, n’est pas dans le lot de ceux qui
risquent un malus. Il faut faire des économies, mais pas avec moi (alors
que le recours aux contractuels s’intensifie dans les services publics).
Deuzio, faut ce qu’il faut : il n’y a que sept secteurs économiques129 qui
ont été choisis pour recevoir une éventuelle pichenette sous forme de
malus :
– fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de
tabac ;
– autres activités spécialisées, scientifiques et techniques ;
– hébergement et restauration ;
– production et distribution d’eau-assainissement, gestion des déchets et
dépollution ;
– transports et entreposage ;
– fabrication de produits en caoutchouc et en plastique, et d’autres
produits non métalliques ;
– travail du bois, industrie du papier et imprimerie.
Il y avait 38 activités référencées. En ignorant les 31 restantes, on laisse
de côté 66 % des ruptures de contrat de travail (selon le ministère lui-
même).

Troizio, sont pas fous ? Sur ces sept secteurs économiques restants, il
n’entre en ligne de compte que les entreprises de plus de onze salariés
(encore un bon gros chouya en moins)

Quatrièmement, ça commence à bien faire : ne seront « malussées »


que les entreprises qui auront un taux de séparation supérieur à 150 %. En
gros et de façon plus claire, les malus seront uniquement pour les
entreprises dont le nombre de fins de contrats dépassera de 50 % le total
des emplois en CDI dans l’entreprise. Exemple : 100 précaires pour 50
emplois pérennes (ça limite déjà pas mal le nombre d’entreprises…)

Cinquièmement, on abuse légèrement ? Pour le bonus-malus, il faut


savoir (et c’est acté avant même d’être voté) que les entreprises, du moins
le peu qui vont rester dans la ligne de mire, ne seront taxées qu’à partir de
2021. Ça laisse le temps de voir venir130.

Sixièmement et là c’est le pompon : Pour les salariés par contre, la


ponction et les restrictions, c’est pour tout de suite. Il faut bien faire de
vraies économies. Conclusion le bonus-malus sur lequel l’État a si
largement communiqué n’est en fin de compte qu’une toute petite souris.
D’ailleurs, je ne comprends pas POURQUOI (ou plutôt je comprends trop)
le Medef, si prompt à ruer dans les brancards dès qu’on touche aux charges
qu’il doit payer sur les emplois, n’a bizarrement pas fait trop de bruit sur
cette mesure « d’équité » à sens unique. Le Medef a tout simplement fait
ses comptes et a bien compris que cette annonce de bonus-malus n’allait
pas lui coûter très cher !

La vérité sort de la bouche de la ministre


Certains lapsus sont très révélateurs. Voyez celui de la ministre Muriel
Pénicaud en train d’expliquer le durcissement de l’assurance chômage,
pendant la conférence de presse du 18 juin 2019 à l’hôtel Matignon :
« C’est une réforme résolument tournée vers le travail, vers l’emploi,
contre le chômage et POUR LA PRÉCARITÉ131. »
Honnêtement, je pense qu’elle ne s’est pas trompée. Cette réforme ne va
renforcer que la précarité.

On sait aujourd’hui, et ces chiffres viennent directement du ministère


grâce à une erreur grossière de Muriel Pénicaud (encore elle) qui, pour
justifier les 250 000 chômeurs qui ne seront plus indemnisés à partir de
novembre 2019 (sous-entendu, ils n’ont qu’à travailler) a annoncé sur
BFMTV que 37 millions d’offres d’emploi étaient disponibles en France.
Or d’après Pôle emploi lui-même, il n’a été diffusé, plateformes privées
comprises, que 7,4 millions d’offres en 2018 (idem les années
précédentes). Il a fallu rectifier en urgence et dire que la ministre avait
confondu avec les nouveaux contrats de travail signés en 2018. Il y a ainsi
eu 24 millions d’embauches en 2018 dans le secteur privé, dont plus de
70 % concernent des CDD de moins d’un mois132, auxquels il faut ajouter
les contrats d’intérims.
70 % de 24 millions d’embauches cela fait presque 17 millions de CDD
(contrat à durée déterminée) de moins d’un mois pour l’année 2018.
Attention les amis, un CDD d’un mois, c’est très mal vu maintenant à
l’assurance chômage.

127. « Assurance chômage : 1,2 million d’allocations en baisse avec la réforme », Orange (avec AFP),
5 juillet 2019.
128. « Assurance chômage : 1,2 million d’allocataires vont-ils voir leurs droits diminuer ? », Robin
Korda, Le Parisien, 4 juillet 2019.
129. « Réforme de l’Assurance-chômage : quels changements à venir pour 2019 et 2020 ? », Portail
juridique, information en droit du travail, droit-travail-France.fr
130. « Le bonus/malus visant à lutter contre l’emploi précaire s’appliquerait finalement aux cotisations
chômage dues à partir de 2021 », La Revue fiduciaire, 28 juin 2019.
131. « Muriel Pénicaud – Lapsus : “C’est une réforme résolument tournée vers le travail, vers l’emploi,
contre le chômage et POUR LA PRÉCARITÉ ! », Businessbourse.com, 21 juin 2019.
132. « Chômage : les chiffres de Muriel Pénicaud », Désintox, ARTE.
STOCAMINE : UN MENSONGE D’ÉTAT, À 500 MÈTRES
SOUS TERRE, UN RISQUE MORTEL POUR LA PLUS GRANDE
NAPPE PHRÉATIQUE D’EUROPE

« Quand on est dans les affaires faut toujours mentir et tricher, mais on appelle ça autrement. »
John Steinbeck, Les Raisins de la colère

Nous sommes en Alsace, dans une petite ville du Haut-Rhin, coincée


entre Mulhouse et Colmar. Amélie Zurcher, fille du propriétaire de l’usine
textile de Bollwiller, rencontre en 1894 Joseph Vogt, directeur d’une
fonderie. Avec d’autres associés, ils recherchent de la houille. En 1904,
après dix années de recherche ils font une sonde à un peu plus de 300
mètres du clocher de l’église de Wittelsheim et découvrent une mine de
potasse contenant 25 % de chlorure de potassium. 1908 voit la construction
du premier puits, baptisé Amélie 1. L’exploitation commence en
février 1910. Au sud de la commune sont creusés deux autres puits, Joseph
et Else respectivement en 1911 et 1912. Les puits descendent jusqu’à une
profondeur d’environ 500 mètres (534 mètres pour Amélie 1). La petite
communauté agricole de Wittelsheim, devient en deux coups de cuillère à
pot (tasse), un grand centre industriel. Sa population passe de 1 442
habitants en 1905 à 7 105 habitants en 1931, puis à plus de 10 000 dès
1968.
Pendant plus d’un siècle, les fiers mineurs des mines de potasse d’Alsace
taillent les bancs de chlorure de potassium, essentiellement utilisés pour
fabriquer des engrais. Dans les années 60, jusqu’à 13 000 personnes
travaillent à l’extraction de la potasse, autour de laquelle toute la vie de la
région s’organise. Des quartiers entiers portent le nom d’Amélie. Mais
toute bonne chose a une fin.

Le déclin et le remplacement par un centre de déchets


ultimes classés zéro
À la fin des années 80, la production de potasse commence à ne plus être
« rentable », le chlorure de potassium, utilisé pour fabriquer des engrais,
devenant trop cher à extraire. Les puits Joseph et Else n’emploient plus que
2 000 personnes là où on en comptait 13 000 durant les années 60.
La vitrine industrielle de la région commençant à péricliter, l’annonce
d’un centre d’enfouissement souterrain des déchets est bien reçue par la
population qui y voit une porte de sortie, entre autres, pour l’emploi. La
proposition est d’autant mieux acceptée que les promesses habituelles
faites par les politiques et les industriels pleuvent autour de l’arrivée de
l’entreprise Stocamine. On assure que plus de 250 postes seront créés
grâce à l’enfouissement : quelques emplois sauvés pour la région. On
promet aux élus locaux la rénovation de la salle des fêtes et l’ouverture
d’un pôle de recherche sur l’environnement : encore quelques emplois
supplémentaires de pris.
On explique à la population, pour emporter leur adhésion définitive, que
l’arrêté préfectoral (paru en 1997) autorise le stockage de 320 000 tonnes
de déchets pour une durée maximale de trente ans. On peut y lire noir sur
blanc la notion de réversibilité du site et des déchets entreposés. L’arrêté
stipule également bien qu’en cas de non-conformité ou d’incidents graves,
les déchets devront être retirés.

Unique en France, évidemment sûr et sans risque à 100 %…


jusqu’au pépin
Le site ouvre en 1999 sous la forme d’une filiale de l’entreprise publique
des Mines de potasse d’Alsace (MDPA). C’est le seul site en France à
entreposer des déchets ultimes de classe 0 (les plus dangereux) en couches
géologiques profondes.
Pour ce faire, on creuse vite fait (je n’ose pas dire bien fait), dans le puits
Joseph, un dédale de 100 km de galeries dans le sel gemme, 20 mètres au-
dessous des galeries effondrées de la mine. Nous sommes donc à 554
mètres de profondeur.
En trois ans, 19 500 tonnes de déchets de classe 0 (du mercure, de
l’arsenic, du cyanure, etc.) sont entreposées au fond de la mine. Les
déchets sont conditionnés en fûts métalliques de 250 kg ou dans de gros
big bags (les gros sacs d’une tonne comme pour le sable que l’on
commande dans les magasins de bricolage…). Pour combler les tous on
ajoute dans les alvéoles 24 500 tonnes de résidus d’incinération et
d’amiante, de classe 1. C’est donc 44 000 tonnes de déchets dangereux et
hyperdangereux qui sont descendus dans les entrailles de la Terre, juste au-
dessus de la plus grande nappe phréatique d’Europe133. Il y a bien quelques
sceptiques qui alertent sur cette proximité, sur les dangers du mélange des
déchets, la solubilité de certains d’entre eux avec le temps, sur les eaux de
ruissellement qui viendraient mouiller, dissoudre le contenu des big bags.
On attire aussi l’attention sur le manque de contrôle des déchets qui
descendent… Rien n’y fait, les experts de l’époque sont formels : les
Allemands stockent leurs déchets ultimes de classe 0 dans des mines de
potasse depuis plus de vingt ans. On affirme que ce minerai imperméable a
horreur du vide, que sous l’effet de la pression, il se referme sur les cavités
creusées en les confinant dans une gangue de potasse inviolable, offrant
ainsi une étanchéité naturelle.
Oui… jusqu’à l’accident !

Des big bags de soufre et d’engrais « inconnus »


s’enflamment, le directeur regardait ailleurs…
On est en septembre 2012 et une explosion se produit dans le bloc 15
(« boum, badaboum » aurait, paraît-il, dit Jean-Paul Belmondo). À
l’incendie qui mettra trois jours à être circonscrit par les pompiers, il faut
ajouter, pour faire bonne mesure, plusieurs mois d’intoxications diverses et
variées pour évacuer les émanations toxiques.
Sûr et sans danger, qu’ils disaient !

Le directeur de Stocamine aurait peut-être fait son petit trafic


472 big bags (472 tonnes donc) étaient entreposés sur le site. Ils
contenaient des déchets d’engrais et de soufre hautement inflammables,
posés là sans autorisation aucune. De plus, l’enquête établira qu’il y a eu
violation de l’arrêté préfectoral déterminant quels déchets pouvaient être
stockés. Il a aussi été démontré la présence, en sous-sol, d’un mélange de
déchets amiantés et d’engrais issus de l’incendie de Solupack, un entrepôt
de produits phytosanitaires en Indre-et-Loire. « Ces déchets ne
remplissaient pas les obligations du cahier des charges. Ils étaient
inflammables, réactifs à l’eau et au sel, et on ne connaissait pas leur
contenu », a estimé André Chamy, avocat de six anciens employés de
Stocamine134. Quand je vous disais que le directeur regardait ailleurs !

Résultat
Plus de 70 ouvriers intoxiqués. On s’est bien gardé de faire une étude sur
les dégâts collatéraux et ultérieurs pour la population environnante. Le
directeur Patrice Dadaux, pour cet « oubli » malencontreux et
malheureux, a été condamné à quatre mois de prison avec sursis en
première instance, peine non reconduite en appel et à « seulement »
5 000 euros d’amende en appel135.
L’entreprise Stocamine écope uniquement d’une amende de 50 000 euros
en première instance, confirmée en appel, et au versement solidaire, par
l’entreprise et l’ancien directeur Patrice Dadaux, de 1 500 euros à chacun
des salariés des Mines de potasse d’Alsace (MDPA) pour dommages
moraux.
Des « attendus » de jugement à faire froid dans le dos
Selon le tribunal, l’incendie a eu pour cause la fermentation de déchets
organiques instables que Stocamine n’aurait pas dû accepter (pas bien ça !)
Toujours selon le tribunal, les peines réclamées étaient justifiées pour
avoir :
« … exposé directement à un risque de mort ou de blessures de nature à
entraîner une mutilation ou une infirmité permanente une centaine de
salariés de Stocamine et des Mines de potasse d’Alsace (MDPA). » 136

Un comble !
Par contre, l’entreprise et Patrice Dadaux ont été relaxés de la
responsabilité de la gestion du feu. Il faut savoir que sur la centaine de
sauveteurs, pompiers, intervenants sur le lieu de l’incendie, nombre ne
savaient pas et sont partis au combat contre l’incendie et les fumées
toxiques sans protection, puisque le soufre et les déchets d’engrais ne
devaient pas être là.
C’est ballot que le directeur et l’entreprise n’ont rien dit. Aux habitants
qui se plaignaient de maux de tête et demandaient des explications sur les
fumées de couleur qui sortaient du site, on expliquait qu’il n’y avait aucun
danger et que c’était juste des palettes en bois que l’on brûlait.
Le comble c’est que la défense du directeur et de Stocamine durant le
procès, a consisté à dire qu’il n’était pas certain que les produits interdits
aient causé l’intoxication des sauveteurs, pompiers, etc.
4 300 euros d’amende en appel et pas une journée de prison. Comme
dirait l’autre, ce directeur Patrice Dadaux a eu un bon avocat. Je ne suis
même pas convaincu, en plus, qu’il ne soit pas allé en cassation.

Question subsidiaire gênante


Puisque le directeur avait fraudé en tentant d’envoyer par le fond des
déchets non répertoriés ni autorisés, peut-on imaginer (mais je cherche le
petit déchet, me dira-t-on…) qu’il aurait pu commencer avant cet
« accident » qui a mis à jour le pot aux roses ? Et, je suis peut-être bête,
mais ce n’est qu’une hypothèse en forme de demande d’informations : qui
nous dit qu’ils n’ont pas descendu et dissimulé d’autres produits interdits
ou non répertoriés ?

Après l’incendie, la triche et les mensonges continuent


Quelques mois après le jugement, en 2003, l’entreprise ferme ses portes.
On s’aperçoit que Stocamine n’aura embauché que 24 personnes, on est
loin des promesses d’embauche faites aux habitants. Tous les actionnaires
revendent leurs parts à l’État. Les 44 000 tonnes de déchets, coincés dans
des galeries qui s’effondrent, appartiennent maintenant au gouvernement
qui ne sait pas quoi en faire137.
Un an après, un autre coup de poignard arrive subrepticement, qui permet
aux politiciens de revenir sur leur promesse. Souvenez-vous le 3 février
1997, un arrêté préfectoral n° 970157 limitait la durée du stockage à trente
ans et introduisait la notion de réversibilité, ou pour être plus précis
certifiait le retrait des déchets en cas de problème. C’était une des
promesses faites aux habitants pour qu’ils acceptent le site de déchets.
« Croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer. »

Un amendement « scélérat » (avis personnel) sur mesure,


pile-poil au bon moment
En février 2004, soudainement, mais, étonnamment, ça « tombe bien
pour le gouvernement », un député de droite, Michel Sordi, dépose une
modification d’amendement d’une petite douzaine de mots seulement138.
Ces simples mots changent pourtant complètement la donne et ouvrent la
porte au stockage illimité des déchets contrairement aux engagements pris.
Jusqu’à cette modification d’amendement déposée dans le cadre du vote
sur la Charte de l’environnement, la loi prévoyait que la décision de
prolongation de stockage pour une durée illimitée ne puisse intervenir
qu’après une période de fonctionnement de vingt-cinq ans minimum.
C’est cela que notre député modifie en ajoutant dans le texte : « ou si
l’apport de déchets a cessé depuis au moins un an »
Et ça tombe vraiment très bien puisque c’est justement le cas de
Stocamine qui vient de fermer. Quelques petits mots qui permettent
d’envisager le stockage illimité, pile-poil un an après la fermeture du site et
la remise des clés de la patate chaude à l’État… Il est pas beau le hasard ?
Bien entendu, ce député, réélu régulièrement depuis (comme quoi, il y a
encore du boulot chez l’électeur pas futé qui vote pour les mêmes), s’est
toujours défendu d’avoir agi sur ordre d’en haut. Dans son blog personnel
(je suis allé voir), il reconnaît juste en bout de texte qu’il désirait « ouvrir
le débat » avant les 25 ans du texte initial.

Après l’inertie, les ministres se succèdent,mais les déchets


restent.
De 2004 à 2010 c’est le calme plat, on scrute, on soupèse les éventuelles
oppositions à l’enfouissement définitif. On essaie de faire oublier le site ;
une technique bien rodée qui n’a d’autre but que de détourner l’attention.
En 2010, le ministère de l’Écologie commande des rapports sur la
fermeture en mettant sur pied un comité de pilotage (Copil). Alors que les
experts confirment les dangers du stockage, on décide d’en retirer un peu
et de laisser le reste. Vent de colère dans la population.
En 2012 après une nouvelle concertation, on augmente le retrait du
déstockage prévu du mercure à hauteur de 93 % au lieu de 56 %
initialement prévu en 2010 (pourquoi 93 % et pas 100 % ou 94 % ?
Bizarres parfois les experts).
Nouveau bruit dans Landerneau. Entretemps, des associations actives se
sont montées (Destocamine) pour dénoncer les incohérences des
propositions gouvernementales et six mois après, sous la pression générale
et quasi unanime, le ministère fait marche arrière en relançant une
concertation publique. L’ensemble de la population se déclare contre le
stockage illimité et pour le retrait de TOUS les déchets.
Les ministres décident, changent d’avis, tergiversent, attendent
prudemment… jusqu’à ce qu’en 2014, le Premier ministre Manuel Valls
demande un rapport à la Cour des comptes.

La Cour des comptes s’en mêle


Le 16 juin 2014, dans un référé rapport adressé à Manuel Valls, la Cour
des comptes tance sérieusement l’État et s’interroge sur les atermoiements
successifs quant à la non-prise de décision sur le dossier de ces déchets
toxiques. Outre la dangerosité du site qui expose les populations et la
région à de graves pollutions, le rapport soutient que l’inaction des
pouvoirs publics a coûté, à la fin de 2012, un minimum de 45 millions
d’euros aux finances publiques139 (in fine aux contribuables), en raison des
charges annuelles de 5,5 millions d’entretien de la mine et des structures.
Ces sommes sont versées à la société polonaise Kopek en charge de la
gestion du site et qui emploie une vingtaine de mineurs polonais depuis
plus de dix ans à l’entretien des puits et des galeries d’accès au stockage.
Le rapport insiste aussi sur le fait que l’attente et la non-prise de décisions
augmentent également la difficulté des travaux futurs, les risques pour les
intervenants au fond et les incompréhensions locales. La Cour formule en
conséquence trois recommandations :

Recommandation no 1 :
La nouvelle concertation ne doit pas, une nouvelle fois, retarder le
traitement d’un dossier dans lequel les aspects environnementaux,
techniques et sanitaires des différentes options n’ont pas changé depuis la
fin de précédente concertation. Les pouvoirs publics doivent sensibiliser
les acteurs de cette nouvelle concertation sur le fait que des expertises
concordantes ont préconisé la solution annoncée en décembre 2012, sur
l’urgence de prendre une décision et sur l’impératif de prise en compte de
la sécurité des personnels qui interviendront au fond.

Recommandation no 2 :
Les tutelles doivent veiller, pendant les travaux sur les déchets, à ce que
les MDPA disposent d’une trésorerie suffisante pour éviter tout incident de
paiement. Pour ce faire, la programmation pluriannuelle et les éventuelles
mesures de régulation budgétaire doivent sanctuariser les crédits
nécessaires. Le versement du premier acompte de la subvention doit, par
ailleurs, impérativement intervenir au premier trimestre.

Recommandation no 3 :
Les tutelles devront, le moment venu, engager une réflexion sur le
financement par Stocamine du groupement d’intérêt public (GIP) Joseph
Else.

La Cour des comptes demande au Premier ministre de leur donner une


réponse dans un délai de deux mois comme prévu à l’article L.143-5 du
code des juridictions financières.
…Je n’ai pas trouvé la réponse de Manuel, l’espagnol.
En 2018, un nouveau ministre, Nicolas Hulot demande une étude de
faisabilité pour un déstockage intégral. On semble se diriger vers le bon
sens et le principe de précaution et de sauvegarde de la nappe phréatique,
d’autant plus que les rapporteurs sont favorables à un déstockage total.
« Les déchets doivent être extraits si cela est techniquement possible » en
fonction de leur nature, par précaution pour les habitants et
l’environnement.

L’homme aux homards casse tout


Janvier 2019 : Le nouveau ministre de l’Écologie, celui qui ne supporte
pas les crustacés qu’il adore à table, revient à nouveau, malgré les avis
unanimes, sur la décision d’extraire, par rapport au « surcoût » et aux
« risques » du déstockage justifiera-t-il. Il l’annonce dans un communiqué
que cosigne le préfet du Haut-Rhin sans que la presse soit admise à cette
pseudo-conférence. Le moyen idéal de ne pas avoir de questions gênantes !
L’un des coauteurs du rapport Hulot, le député La République En Marche
(LREM) du Haut-Rhin, Bruno Fuchs, condamnera « sans réserve » cette
décision prise sans aucune concertation, qui « va à l’encontre de l’esprit du
Grand débat national » (il fait fort ce député de la majorité, vont pas tarder
à le virer). « Je désapprouve vivement cette décision brutale », renchérit
l’autre rédacteur du rapport, le député Les Républicains (LR) du Haut-Rhin
Raphaël Schellenberger140.

Des mensonges, uniquement, pour une histoire de fric


Tout le monde sait chez les décideurs que le site ne se prête pas à un
véritable stockage définitif des déchets. Les galeries sont trop étroites, le
stockage fait en dépit du bon sens. Les témoignages des ouvriers, des
experts, la comparaison avec le stockage allemand, la nappe phréatique
toute proche, le risque sismique patent sur la région, la simple logique
alliée à un peu de bon sens font craindre une catastrophe dont on ne
mesure pas les conséquences. Ceux qui ne veulent pas voir s’abritent
derrière des rapports, des statistiques, des certitudes qui leur font dire avec
l’accent de la sincérité inconsciente des mensonges aussi gros qu’eux mais
dont ils se persuadent. C’est ce qu’a fait la MDPA (mine de potasse
d’Alsace) qui appartient à l’État dans un numéro spécial de leur lettre
d’informations141 distribué généreusement en novembre 2016 sur toute la
région et dans lequel elle stipule que l’ennoiement de la mine n’est pas
inévitable, puisque : «… Dix-neuf barrages seront construits en ceinture
tout autour du stockage de déchets pour retarder de plus de mille ans la
sortie de la saumure polluée… »

C’est justement ce que l’on disait des accidents nucléaires impossibles et


inimaginables… pour les experts et les profiteurs.
Et c’est vrai que les coûts du déstockage (estimés entre 309 et
384 millions d’euros) seront sans doute supérieurs à ceux du confinement
(181 millions d’euros). Mais l’eau de la plus grande nappe phréatique
d’Europe, vitale pour l’humanité vaut-elle l’économie de quelques millions
d’euros ? Apparemment nos dirigeants répondent un grand oui.
Ils savent que l’accident aura lieu, mais dans 15 ou 20 ans, 100 ans ?
Alors aux suivants de gérer l’accident inéluctable.

Et c’est sans doute la raison qui fait que, demain, ces déchets en devenir
de catastrophes resteront au fond des puits.

Conclusion personnelle (mais néanmoins judicieuse)


Sur le troisième thème de la transition écologique du Grand débat, il y a
un président de la République qui a affirmé dans une lettre adressée à tous
les Français « crédules », publiée le 13 janvier 2019142 :
« Je me suis engagé sur des objectifs de préservation de la biodiversité et
de lutte contre le réchauffement climatique et la pollution de l’air.
Aujourd’hui personne ne conteste l’impérieuse nécessité d’agir vite. Plus
nous tardons à nous remettre en cause, plus ces transformations seront
douloureuses. »

Le même mois de la même année, son ministre de la Transition


écologique laissait 42 000 tonnes de déchets ultimes, hyperdangereux à
600 mètres sous le sol à Wittelsheim (Haut-Rhin). On sait que les galeries
s’effondrent avec le temps.
« On a mesuré que 10 000 m3 d’eau rentrent chaque année par les
parois extérieures des quinze puits, explique Jean-Claude Pinte, chef de
projet Stocamine pour l’Institut national de l’environnement industriel et
des risques (Ineris). D’ici à trois cents ans, l’eau noiera la mine, avant de
parvenir à la nappe phréatique, chargée en éléments toxiques. » Dans le
même temps, les parois, le plafond et le sol des galeries se referment à
raison de 2 centimètres par an143.

« Après moi le déluge » aurait prononcé Louis XV pour signifier à son


dauphin Louis XVI qu’il se moquait complètement de ce qu’il pourrait
faire après sa disparition. Cela semble être le credo de ceux qui nous
dirigent (qui veulent nous diriger).
Mais qu’ils fassent quand même attention : si au début de son règne, on
appelait Louis XV le bien-aimé, à l’annonce de sa mort (de la petite vérole)
tout Paris a fait la fête tant son impopularité était grande. Et c’est de nuit
qu’on l’a amené vers la basilique Saint-Denis (le cimetière des rois), en
contournant Paris, pour être sûr de ne pas rencontrer le peuple.

Je me demande si Jupiter…

133. « Dans les sous-sols de Stocamine, la bombe à retardement alsacienne », Audrey Garric, Le
Monde, 28 février 2014.
134. « Affaire Stocamine : en attente de verdict », Agnès Gineste, Journal de l’environnement,
12 décembre 2007.
135. « Stocamine : peine moins sévère pour l’ancien directeur », Victor Roux-Goeken, Journal de
l’environnement, 24 avril 2009.
136. « Stocamine : la société et l’ex-directeur condamnés », Agnès Ginestet, Journal de
l’environnement, 29 janvier 2008.
137. « Un projet qui a tourné au fiasco », Le Parisien, 19 septembre 2007.
138. http://michel.sordi.over-blog.com/article-stocamine-rumeurs-et-realite-75382426.html
139. https://www.ccomptes.fr/fr/documents/27330
140. « Transition écologique… contamination… pollution », Janus 157.canalblog.com,
23 janvier 2019.
141. « la lettre d’information sur les travaux de déstockage »,
http://www.stocamine.com/media/1982/Stocamine_Lettre-info_18_Novembre-2016.pdf
142. « QUESTION DU JOUR : Grand débat national : l’écologie au cœur des préoccupations ? » ?
Gaëlle Coubert ? L’infodurable.fr, 14 janvier 2019.
143. « Dans les sous-sols de Stocamine, la bombe à retardement alsacienne », Audrey Garric, Le
Monde, 28 février 2014.
LE MENSONGE DES MOTS « TRICHEURS » À L’USAGE DE
LA MANIPULATION DE MASSE S’INTENSIFIE

« Si j’étais chargé de gouverner, je commencerais par rétablir le sens des mots. »


Confucius (551-479 av. JC)

« Un jour, on ne pourra plus critiquer le capitalisme car le capitalisme aura supprimé tous les
mots qui existent pour le qualifier négativement… »
Le philosophe Herbert Marcuse1968

Le livre écrit en 1948 par Georges Orwell, 1984, n’était qu’un roman
d’anticipation, de science-fiction. Il décrivait un monde de bonheur basé
sur le totalitarisme à outrance, la surveillance et la négation de l’individu.
L’auteur révélait, à travers une dystopie dramatique, le totalitarisme
rampant de nos sociétés. Dans son livre précurseur, la société bien-
pensante et dominatrice emploie des nouveaux mots pour mieux masquer
la réalité. La novlangue envahit le langage pour simplifier la
compréhension et asservir un peu plus l’ensemble des êtres. Aujourd’hui,
on peut penser que la réalité commence sérieusement à rejoindre la fiction.
De nombreux mots sont mis en avant pour expliquer, donner un sens aux
pseudo-actions, pour détourner l’attention du contenu. Les mots, d’une
part, tendent à rester dans un politiquement correct qui les vide peu à peu
de tout leur contenu. On ne dit plus un noir, un Arabe ou un Asiatique, on
parle d’un « être humain issu de la diversité ». On ne dit plus une femme
de ménage mais une « technicienne de surface ». Un patron ne licencie
plus un ouvrier, il « ajuste ses effectifs ».
Il est des mots que nos politiciens (ou les médias qui les suivent
servilement) emploient maintenant de façon systématique sans se soucier
de leur réelle signification. Ces mots sont volontairement utilisés,
rabâchés, mis en avant pour entretenir le doute et la confusion dans
l’inconscient collectif. Paravents sémantiques, ces mensonges dialectiques
n’ont d’autre but que de noyer le poisson, troubler l’inconscient pour qu’il
ne trouve pas la réponse adéquate.
Ces « nouveaux mots » détournés de leur origine ne servent la plupart du
temps que de leurre pour mieux instaurer des directions de vies, imposer
des règles, lois, décrets, ordonnances, édictés aux forceps en nous faisant
croire perfidement que ce sont des péridurales.
Cette novlangue dont se gargarisent certains bobos ou intellectuels en
mal de reconnaissance, inconscients eux-mêmes de la portée de ce langage
insidieux (qui se retournera un jour ou l’autre contre eux) permet
d’affaiblir la critique éventuelle. Son emploi diffus perturbe et annihile la
question que l’on pourrait se poser. Le message, la question, l’interrogation
que l’on voudrait renvoyer sont perturbés dès l’énoncé.
Franck Lepage, spécialiste de l’anti-langue de bois et humoriste à ses
heures avec ses « conférences gesticulées », sillonne la France depuis des
lustres pour expliquer de façon ludique que, petit à petit, le fait de nous
voir imposer par le haut et « ceux qui savent » certains mots, nous entraîne
vers une dictature de fait.
De son côté François Begaudeau, écrivain et scénariste, explique
simplement dans une interview sur la chaîne YouTube Thinkerwiew, le
18 février 2019, que la seule démocratie est celle qui accepte le conflit et la
contradiction.
À la vitesse et la violence avec laquelle on cadenasse les journalistes,
l’expression publique et populaire, on est mal barré.
Employer certains mots à la place d’autres permet de supprimer la
contestation et la démocratie.
On y arrive. En voici quelques exemples simples.

14 juillet 2019, on n’interpelle pas : on écarte !


14 juillet 2019, les Gilets jaunes sont encore dans la rue. Le président de
la République se fait huer lors de son passage sur les Champs-Élysées. La
police, sans raison ni motif, procède à l’arrestation puis à la mise en garde
à vue de trois leaders des manifestations. 175 personnes sont chargées dans
des bus et emmenées vers des sites inconnus, endroits de « détention » qui
commencent d’ailleurs à ressembler à d’autres endroits de triste mémoire.
Presque tous seront relâchés, quelques heures après.
Pendant ces interpellations filmées, la plupart du temps en direct, un mot
revient dans la bouche de certains journalistes de chaînes à forte audience ;
ils ne décrivent pas ces interpellations en parlant d’arrestations injustifiées
car sans motif ni délits constatés, ils emploient la plupart du temps
l’expression « écarter de la manifestation ». Donc, 180 personnes ont été
« écartées » de la manifestation et non arrêtées sans raison ni motif.
Dans l’oreille du spectateur qui regarde les images violentes de policiers
qui traînent des manifestants à terre, se glisse ce terme qui tendrait presque
à faire croire qu’on « écarte » tous ces gens pour leur bien.
Ça fait moins « État policier », ça fait moins « rafle ». C’est plus
politiquement correct. Notre inconscient accepte plus facilement que son
congénère soit « écarté ».

Simplification, c’est à toutes les sauces aujourd’hui


Voilà le nouveau mot à la mode pour pouvoir faire ce que l’on veut,
quand on veut, où l’on veut.
Celui qu’on emploie pour accélérer les procédures qui gênent des
entrepreneurs pressés. On vote, durant l’été 2018, la loi sur le secret des
affaires permettant aux entreprises de ne rien dire sur la composition d’un
produit potentiellement dangereux en invoquant simplement, donc, ce
fameux secret des affaires. Mieux encore, en décembre dernier, le passage
discret à 100 000 euros du seuil obligeant à lancer un appel d’offres pour
certains marchés publics (précédemment de 12 500 euros). Pratique pour
simplifier, mais aussi revenir à l’habitude de certains copinages locaux…
Et toujours mieux dans la simplification : la possibilité officielle pour une
entreprise, depuis peu, de ne plus publier ses comptes publiquement. Une
habitude qui avait déjà commencé à être prise avec un petit texte publié par
ordonnance (déjà) en 2014 et signée par un ministre qui s’appelait, je vous
le donne en mille : Emmanuel Macron144.
Résumons : pour éventrer les 2 700 sites classés, on simplifie les
procédures. Pour faire d’énormes trouées dans les forêts publiques, on
simplifie la loi et l’on ratiboise les employés de l’ONF. Pour installer
encore plus et partout des antennes de radio téléphonie, on simplifie la
concertation avec des enquêtes publiques dématérialisées qui simplifient et
ne touchent plus personne. Pour « simplifier » le commerce international,
on ratifie le CETA et l’on accepte sur le territoire du bœuf aux OGM ou
des poulets lavés au chlore. On simplifie l’administration (la loi n° 2018-
727 du 10 août 2018) ce qui va permettre la simplification de l’embauche
de contractuels corvéables et malléables à souhait, au sein des services
publics.

On ne peut pas lutter


Et comment lutter quand on vous propose la « simplification » ? Qui
d’entre nous n’a pas souhaité plus de « simplification » dans notre vie de
tous les jours ? Quand il s’agit de remplir un formulaire ou autres, ne
souhaitons-nous pas tous une « simplification » ? Bien sûr que si !
Mais certaines simplifications, et de plus en plus fréquentes, ne sont que
des paravents qui vont au contraire vers un abêtissement progressif des
masses à qui l’on ne propose plus des choix « simplifiés », décidés à leur
place. Simple, non ?

La post-vérité
Cette formule a même été désignée comme mot de l’année par le
dictionnaire d’Oxford en 2016. « Circonstances dans lesquelles les faits
objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les
appels à l’émotion et aux opinions personnelles145. »

On ne peut pas lutter


Même si l’on a du mal à comprendre qu’il peut il y avoir une post-vérité
à la vérité, cela reste une vérité qu’on vous assène et si en plus, elle est
transmise par le pouvoir (ou les médias dominants) il est très difficile de la
remettre en cause. D’autant plus…

La confiance
Celui-là, c’est le mot que l’on nous sert en ce moment à tous les repas.
Le meilleur de l’attrape-nigaud. C’est celui qu’ils ont placé dans la loi sur
« l’école de la confiance » (voir chapitre « Une souplesse sémantique
apparente et mensongère… »), et donc le summum du mot dénaturé dans
son essence. Il suffit de demander aux enseignants ce qu’ils en pensent.
On retrouve aussi cette « confiance » au JORF (Journal officiel de la
République française) n °0184 du 11 août 2018 dans l’intitulé de la loi un
« État au service d’une société de confiance ». Cette loi, vivement critiquée
par l’ensemble des syndicats, comporte deux piliers : faire confiance et
faire simple. Une arnaque sémantique complète. Ce sont juste des mots aux
contenus apaisants mais qui devraient s’autodétruire à la moindre
confrontation de la réalité et du quotidien. Malheureusement…

On ne peut pas lutter


Comment descendre manifester et scander « À bas la confiance » ? On
nous parle même de société de confiance146. L’utilisation de ce mot, dans
ces cas de figure, empêche la controverse et bloque la contestation dans
l’inconscient collectif. Comme pour la « simplification », la « confiance »
imposée en dialectique de fonctionnement et de changement dans le
service public est redoutable car il est difficile sur ces mots d’être contre.
La transparence : en veux-tu, en voilà !
On nous a annoncé la transparence de la vie politique, on a vu ce que cela
donne, (loi de moralisation bidon).
On nous a certifié la transparence du monde des affaires, on a vu ce que
cela donne (loi sur le secret des affaires).
On nous a promis la transparence dans l’élaboration des lois, on a vu ce
que cela donne (ordonnances, décrets, etc.).
On nous a juré la transparence dans les nominations des copains, on a vu
ce que cela donne (Philippe Besson ambassadeur).
On nous a convaincus de la transparence sur l’assurance chômage, le
Code du travail, la sécurité sociale, on a vu ce que cela donne (le peuple
qui hurle son mal-être au quotidien).
On nous garantit la transparence sur la justice, on a vu ce que cela donne
(affaire Benalla, Ferrand, Bayrou, etc.).

J’arrête là la liste des mots menteurs et des faits qui en découlent, sinon
elle pourrait presque faire un demi-livre.
Franck Lepage (j’admire l’homme et ses vérités, courez voir son
spectacle s’il passe près de chez vous) l’explique très bien : on ne dit plus
un exploité mais un défavorisé, et voilà que ce n’est plus la faute de
l’exploiteur. Aujourd’hui, un licenciement collectif s’appelle un plan de
sauvegarde de l’emploi. Une affaire politico-financière remplace le
scandale politique. Une affaire, ce n’est pas un scandale, à l’oreille et au
cerveau.
Le temps de comprendre la perversité de cette influence positive forcée,
on risque tous d’être devenus des moutons sages et obéissants.

Il y a ceux qui disent les mots et ceux qui les subissent. Sur ça aussi, il va
falloir se battre.
144. « Emmanuel Macron, roi de l’opacité des affaires », Emmanuel Levy, Marianne, 20 juillet 2019.
145. « Post-vérité, fake news, “infox” : et s’il fallait s’en réjouir ? », Mathieu Dejean, Les
Inrockuptibles, 6 février 2019.
146. « Société de confiance : le texte a été définitivement adopté », Brigitte Menguy, La Gazette des
communes, 2 août 2018.
PETITS ET GROS MENSONGES EN VRAC ET EN DÉTAIL

« La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie ;
Une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient même pas à s’évader.
Un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement,
les esclaves auraient l’amour de leur servitude. »
Aldous Huxley, Le meilleur des mondes

Les faits qui suivent, tout le monde les connaît ou du moins croit les
connaître. Tout le monde est au courant, mais je ne sais pas qui en
particulier. On l’a lu, mais on ne sait plus très bien où. On en a entendu
parler, mais on ne sait plus très bien quand. Bien entendu que je le sais, ils
en ont parlé ce matin (30 secondes) sur France info et Jean-Pierre aussi au
journal de 13 heures (une minute) et puis j’ai lu le titre (pas l’article, c’est
trop long, j’ai pas le temps), j’ai tout compris. Dans le détail ? C’était… ce
sont… Avec…
L’information massive que l’on reçoit tous les jours ne nous permet plus
d’analyser en profondeur ce que les médias essaient de nous faire
ingurgiter avec force. Nous sommes comme des oies que l’on gave, jour
après jour, du même produit cathodique pour bien nous remplir l’estomac
et nous faire gonfler irrémédiablement le foie.
Et tout ce que l’on connaît du produit que l’on nous sert, c’est le tube que
l’on nous enfonce au fin fond de la gorge et la mixture insipide
« d’informations » à tout va qui s’y engouffre de façon brutale et sans fin.
Quand le tube ressort et que la main du fermier nous relâche, on rejoint les
copines au fond de la basse-cour, toutes repues comme nous et contentes
de la bouillie qu’on leur a servie.
Comme l’oie, on a l’impression d’avoir bien mangé, d’avoir le ventre
bien tendu (merci petit Jésus) par l’information qu’on nous a donnée. Mais
nous sommes juste gavés, anesthésiés d’un trop d’infos qui va bientôt nous
empêcher de marcher.
Ce sera, alors, encore plus facile pour l’éleveur de nous attraper pour
faire son foie gras.

Demain, on pourra mentir pour licencier, ça coûtera peau de


balle
C’est une des lois scélérates, la plus ignominieuse qui vient d’être votée
par des moutons députés à l’Assemblée nationale : le plafonnement des
indemnités prud’homales, même en cas de licenciement abusif (sans
cause réelle et sérieuse).

Une absurdité qui se veut logique et rationnelle


Un patron doit pouvoir licencier quand il veut, comme il veut, selon les
nécessités du marché. C’est le credo macronien pour imposer cette loi
scélérate.

Tout a commencé en 2013 avec la Loi n ° 2013-504 du 14 juin 2013


relative à la sécurisation de l’emploi. Un barème est introduit que l’on peut
utiliser lors de la conciliation aux prud’hommes. Mais ce barème n’est pas
obligatoire et ses montants sont raisonnables. Il vaut mieux un bon
arrangement qu’un mauvais procès semble être la formule, dans l’esprit de
la loi.

Déjà lui :
En 2015, la loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances
économiques147 (notez le titre : « égalité des chances », comment tu veux
être contre ? on l’a dans l’os dès l’énoncé), dite loi Macron du ministre
Emmanuel Macron (déjà lui) essaie d’introduire un « référentiel » au sein
de l’article 266. Heureusement le Conseil constitutionnel, pas encore tout à
fait aux ordres, invalide, retoque le dispositif au motif d’une rupture
d’égalité devant la loi puisque c’est le critère de l’effectif de l’entreprise
qui avait été choisi pour la fixation des plafonds.

Il insiste, le bougre :
Plafonnement des indemnités même dans le cas d’un licenciement sans
cause réelle et sérieuse.
Sans doute vexé comme ministre, il y revient en tant que président et
après avoir mis au pas le Conseil constitutionnel, promulgue l’ordonnance
du 22 septembre 2017148 avec un barème de calcul qui devient obligatoire
(sauf pour les licenciements entachés de nullité). Il y est prévu un plancher
situé entre 0 et 3 mois de salaire, et un plafond situé entre 1 et 20 mois de
salaire en fonction de l’ancienneté149.

Ce qui n’est pas dit


C’est que ce barème est un barème maximum des indemnités en cas de
licenciement même abusif ; un plafond financier maximum que les
tribunaux peuvent ou non accorder. Et c’est une aubaine de plus pour des
patrons « malhonnêtes ». Quand ils licencient par « commodité », ceux-ci
tiennent compte du fait que leurs avocats patronaux sauront faire baisser la
note devant un employé qui souvent, lui, n’a pas les moyens financiers de
se défendre.
Un employé/salarié, licencié injustement et/ou sans raison valable (parce
que trop vieux dans l’entreprise par exemple) peut se retrouver après vingt
ans de boîte avec une indemnité d’un ou deux mois de salaire pour solde
de tout compte. Une honte mais légale aujourd’hui.

Les graves conséquences de cette loi : tu couches pas, je te vire !


Cette loi est d’une violence extrême et va complètement à l’inverse des
déclarations rassurantes de nos dirigeants sur les protections des salariés.
Un mensonge de plus.
Aujourd’hui n’importe qui, en CDI, pourra être licencié pour n’importe
quel motif. QUI empêchera un chef de service, un patron de se venger en
licenciant une femme (ou un homme) qui aura refusé de coucher ? QUI
pourra vérifier que le licenciement d’un employé n’est pas dû au fait qu’il
défendait un peu trop ses camarades ?
Il suffira d’invoquer un quelconque motif, sans cause réelle et sérieuse
dit le texte. Une petite indemnité (toute petite) que j’aurais provisionnée et
le sale tour est joué.

Dernières minutes : des tribunaux s’assoient sur la Cour de cassation


Depuis la promulgation de cette loi, plusieurs tribunaux ont refusé de
l’appliquer, la jugeant inepte et inappropriée à l’individualisation d’un
licenciement.
Suite à deux avis consécutifs de la Cour de cassation, courant
juillet 2019, qui validaient le barème minable Macron,150 il se trouve que
les prud’hommes de Grenoble151 et de Troyes152 s’assoient royalement sur
ces avis.
Leur argument est que le barème serait contraire à deux textes
internationaux : la convention 158 de l’Organisation internationale du
travail (OIT) et la Charte sociale européenne, qui imposent que soient
appliquées des « indemnités adéquates » et une réparation « appropriée ».
Deux textes ratifiés par la France.
Il reste en France quelques personnes courageuses ! Mais jusqu’à
quand ?

Détails supplémentaires qui piquent grave


Depuis le plafonnement des indemnités, on assiste à une chute
vertigineuse des plaintes aux prud’hommes153. Bientôt les tribunaux seront
vides, non pas parce que tout va bien comme on vous l’écrira dans les
médias, mais par désespoir du salarié licencié qui n’aura pas le courage de
se battre pour recevoir, dans le meilleur des cas, un ou deux mois de salaire
pour son préjudice.

Vous y ajoutez, pour bien enfoncer le clou (lire enfoncer le salarié)


Depuis la loi Macron de 2015 un salarié doit, pour déposer une plainte en
cas de licenciement qu’il juge injuste, constituer obligatoirement un
dossier complet (sous peine de refus) qui contient entre autres :
– un formulaire Cerfa (compliqué à remplir) ;
– le contrat de travail ;
– la lettre de licenciement ;
– les fiches de paie ;
– une lettre explicative du salarié extrêmement précise et motivée.
Pour un salarié tout seul cela peut vite devenir très compliqué (en même
temps c’est le but) et requiert souvent l’assistance (payante) d’un avocat ou
d’un conseil syndical.

Et : toujours cadeau Macron


L’action en justice prud’homale portant sur l’exécution ou la rupture du
contrat de travail est passée à 12 mois au lieu de 24 mois.
Les ordonnances Travail/Macron du 31 août 2017 « renforcent » (dans
le texte) la prévisibilité et la sécurisation des relations de travail, en
limitant le risque de contentieux, notamment par la réduction et
l’uniformisation des délais de recours devant les juridictions prud’homales.

Donc pour résumer


Côté salarié
Tu es licencié sans motif valable et sérieux. Tu as, donc, juste un an pour
te retourner devant les tribunaux, ce, sans faire d’erreur sous peine de rejet.
Tu dois remplir un dossier « très complet », payer éventuellement un
avocat pour t’aider dans les méandres et les chausse-trappes mis en place
pour te ralentir. Dans le meilleur des cas, tu toucheras quelques mois de
salaire qui couvriront tout juste tes frais d’avocat.
Côté patron
Il peut aujourd’hui te licencier en t’envoyant un simple SMS ou un e-
mail. Si la loi Macron de 2017 n’a pas pris en compte la souplesse de ces
nouvelles technologies, la jurisprudence valide les SMS de licenciement. Il
suffit que l’employeur puisse prouver le bon envoi et la bonne réception.
En juillet 2017, EDF avait bien licencié des salariés par téléphone154.
Bientôt, ils vont essayer via twitter ou pourquoi pas Facebook, c’est plus
convivial, non ?

Vous connaissez maintenant la chanson des regrettés Charlot : Merci


Macron !

Je dis que je sors et je reste


C’était un des credo de la nouvelle assemblée des nouveaux élus de la
république de la nouvelle façon de gérer la nouvelle politique mise en
place depuis mai 2017 : « Pas question de s’endormir sur les postes. Le
renouvellement des têtes est notre mantra. »
Disaient-ils en mai 2017.
D’ailleurs, nous allons refaire des élections internes pour les vingt-trois
postes à responsabilités au sein de l’Assemblée nationale, ce, à mi-mandat.
Nous allons tourner.
Disaient-ils en mai 2017.

Mais comme d’habitude, il y a les discours, les promesses et les actes.

Ça tourne mais sans changer les têtes, c’est fort


C’est qu’apparemment on s’habitue vite aux dorures de la République
(voire aux homards). Quand on est assis dans un fauteuil, c’est bizarre
mais on n’a plus envie de le céder à un autre.C’est ce qui vient de se passer
lors du renouvellement des postes clés dévolus à la majorité LREM à
l’Assemblée nationale.
Comme promis, les postes ont été remis en jeu à mi-mandat. 91
candidatures pour 23 postes155.

Mais avant le vote, il y a eu un pré-vote


Pas fous les députés ils sont d’abord revenus sur deux promesses faites en
2017 : encadrer l’élection par des règles pour garantir la parité et interdire
aux sortants de se représenter156. Une fois ceci fait, y avait plus qu’à !

Résultat :
Dix jours de campagne intensive, deux jours de scrutin.
Presque tous les sortants ont été reconduits.
Faut pas croire toutes les promesses. Surtout celles qui parlent de
changement.

Quand pour la chasse, l’électeur est le gibier !


L’écologie est, du moins j’ai cru l’entendre, un des sujets favoris du
gouvernement actuel. Il faut défendre la nature, les animaux, la vie future
de notre planète.
C’est d’ailleurs très officiellement, en mai 2019, sur le perron de l’Élysée
que le président Macron déclare tout de go, en tant que défenseur de la
biodiversité157 :

« C’est la première fois qu’au meilleur niveau scientifique sont établis


des faits cruels pour nous tous et qui appellent à l’action. Ce qui est en jeu
est la possibilité même d’avoir une Terre habitable », a-t-il affirmé,
ajoutant : « La biodiversité est un sujet aussi important que le changement
climatique et nous ne pouvons gagner cette bataille qu’en mettant ces deux
objectifs ensemble. »

Honnêtement, on ne peut pas faire mieux pour communiquer et défendre


avec force et conviction la plateforme intergouvernementale scientifique et
politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Celle-
ci fait état d’un effondrement de la vie sauvage sans précédent dans
l’histoire de l’humanité, avec un million d’espèces animales et végétales
menacées d’extinction à brève échéance.
Discours pipeau pour action contraire
Seulement voilà, il y a le monde de la chasse et des chasseurs. Et u petit
réservoir d’un million de voix, ce n’est pas rien pour un président de la
République. Il faut les cajoler, quitte à faire le contraire de ce que l’on dit,
à mentir quoi !

À ministre du homard parti, continuité de la connerie


Août 2019, l’homme aux homards vient à peine de ranger ses pinces pour
se faire oublier dans un coin du marigot politique qu’Élisabeth Borne,
ministre des Transports, qui lui a succédé au ministère de l’Écologie,
continue à labourer dans les sillons tracés par les lobbyistes. Le cumul ne
s’appliquant apparemment pas aux ministres, elle remplit donc les deux
fonctions, une pour le jour l’autre pour la nuit sans doute. Quand on
cumule, on ne compte pas, tout le monde le sait.
C’est d’ailleurs certainement par manque de sommeil qu’elle vient de
condamner à mort plus de 6 000 courlis cendrés en signant un arrêté158 qui
autorise leur abattage, jusqu’au 30 juillet 2020.
Le petit plus qui montre le mépris de nos gouvernants, c’est que cet
arrêté va au-delà de ce qu’espéraient les chasseurs eux-mêmes puisque la
ministre a élargi la zone d’abattage du seul domaine public maritime à tout
le territoire à partir du 15 septembre 2019.

Un oiseau menacé et je me fiche de tout le monde


Pour info, le courlis cendré est une espèce d’oiseau (petit échassier)
menacée. Le GEGA (comité d’expert de la gestion adaptative), nommé par
le gouvernement lui-même, a conclu qu’il était urgent de cesser toute
chasse de cet oiseau.
En France, l’espèce est classée « vulnérable » pour les oiseaux nicheurs
et en « préoccupation mineure » pour les hivernants, sur la liste rouge de
l’UICN (Union internationale pour la Conservation de la Nature), rappelle
le ministère de la Transition écologique.
Et ce n’est pas tout, nous ne respectons pas non plus nos engagements
internationaux, notamment l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau
migrateurs d’Afrique-Eurasie (traité intergouvernemental AEWA159).
Et donc, cerise sur l’oiseau, nous sommes le dernier pays de l’arc
Atlantique à autoriser la chasse du courlis cendré.
Une décision unilatérale qui va complètement à l’encontre de l’avis de la
Commission européenne, des scientifiques de tous bords et des citoyens.
D’ailleurs ceux-ci s’étaient exprimés lors d’une consultation publique à
raison de 8 754 contributions défavorables à la chasse au courlis cendré.

Bien entendu, il est précisé qu’à partir de 6 000 « prélèvements » tout


chasseur se doit d’arrêter de tirer sur le courlis cendré ! La fédération des
chasseurs s’en occupe. Promis, juré, craché, ont répondu les chasseurs ; à
6 000 tués on arrête… de compter.

On continue le massacre
Un second arrêté portant sur 30 000 tourterelles des bois est également
en préparation. Cet oiseau est aussi classé « vulnérable » par l’UICN. Le
comité d’experts préconise de ne plus le chasser, ou en tout cas de ne pas
tuer plus de 1,3 % des effectifs estimés en France.

Et ce n’est pas tout : pour la chasse à la glu, c’est ok aussi.


La plus haute instance administrative, le Conseil d’État, vient de valider
la chasse à la glu en rejetant sèchement la demande d’abrogation de l’arrêté
ministériel du 17 août 1989 qui autorise la chasse à la glu dans les
départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, des
Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse (28/12/2018). Décision
incompréhensible d’autant plus que le nombre d’oiseaux en France a chuté
de 30 %.
Cette pratique d’un autre temps consiste à piéger principalement des
merles et des grives avec de la glu sur des branchages. L’oiseau est pris au
piège et meurt, le plus souvent, d’épuisement.
Même les chasseurs n’en demandaient pas tant. Au fait, ils sont où ces
cinq départements ? Dans le Sud ? Départements ruraux ? Jetez un œil un
peu plus bas au chapitre « Pourquoi ? », vous y trouverez une réponse qui
amène une autre question : le Conseil d’État est-il encore indépendant ?

Une milice de chasseurs160


Dans la série « je fais plaisir à une catégorie d’individus armés », on a eu
aussi cette mise en place qui ressemble beaucoup à une milice qui ne dit
pas son nom.
200 chasseurs armés, en tenue de camouflage, qui vous surveillent et qui
sont des agents de renseignements pour la gendarmerie, voilà ce qui est
mis en place dans le département de l’Oise depuis septembre 2018. C’est la
nouvelle idée pour aider les forces de l’ordre à faire leur travail sur le
terrain.

Un document introuvable ?
Pour finaliser cet accord, une convention « Les chasseurs vigilants » a été
signée le 21 mars 2017 entre Didier Martin, préfet de l’Oise, Guy Harle
d’Ophove, président de la Fédération départementale des chasseurs de
l’Oise et François Brémand, colonel, commandant le groupement de
gendarmeries de l’Oise161. Bizarrement le document n’est pas public, on se
demande bien pourquoi.

Un président de la fédération de chasseurs pour le moins « vindicatif »


Ce président de fédération est un fervent défenseur de la chasse à courre,
conseiller régional et président de la commission environnement (ils en ont
de la chance !) Une des phrases qu’il aime à employer pour défendre tout
chasseur malmené (comme celui qui avait tué un cerf dans une propriété
privée à Lacroix-Saint-Ouen dans l’Oise162) est celle-ci : « Notre liberté de
penser et de vivre selon nos traditions en considérant que l’homme est et
doit toujours être le sommet de la pyramide des espèces. »
Tout un poème ce brave homme.

La chasse à courre, pas touche


Bel exemple de défense de la biodiversité et de la « haute société » par
Emmanuel Macron. Il faut savoir que les 400 équipages de véneries, les
10 000 pratiquants et 100 000 sympathisants en France font presque tous
partie du gotha français.
Entretenir une meute, adhérer à une chasse avec cheval et harnachement
inclus n’est pas donné à n’importe quel ouvrier de chez Renault ou
Amazon. Il faut faire partie des décideurs, être introduit et coopté, avoir de
l’argent et de l’influence.
Au vu de ces conditions, on se demande bien pourquoi Emmanuel
Macron cajole tant cette caste de privilégiés qui, en meute, chasse jusqu’à
épuisement un animal pour finir par l’égorger à l’arme blanche.
D’ailleurs, malgré la déclaration d’un ministre qui s’appelait Nicolas
Hulot sur la chasse à courre vue comme une pratique d’une autre époque,
« barbare » selon les défenseurs des animaux, Emmanuel Macron a
réaffirmé en février 2018 lors d’un entretien avec la Fédération nationale
des chasseurs (FNC), son soutien total à la chasse à courre.

Quand on vous dit qu’Emmanuel Macron est pour la biodiversité et la


protection de la nature, il faut le croire !

Tir du sanglier autorisé mais à l’arc et aux flèches.


Pourquoi se gêner ? Dans une tendance générale et présidentielle où tout
est permis pour les chasseurs, la préfecture du Vaucluse autorise la chasse
du sanglier à l’arc et aux flèches, jusqu’en février 2020.
Le délégué à la protection animale pour la ville d’Avignon explique que
cela fait moins de bruit quand on les tue et les chasseurs d’ajouter que
même blessés par un tir de carabine (ils tirent très mal…) les sangliers sont
capables de parcourir plusieurs kilomètres, ce qui est gênant pour retrouver
la bête morte.
Tandis qu’avec une flèche, c’est sûr, promis juré, les sangliers vont
décéder sur place.
Permis de tuer pas cher
Le pognon, y a que ça de vrai.
Comment faire plaisir à un million deux d’électeurs potentiels ? Le
27 août 2018, le président de la République Emmanuel Macron valide le
permis national de chasse à 200 euros dans le cadre d’une réforme globale
de la chasse française qui concerne aussi la police rurale, la biodiversité et
la gestion des dégâts agricoles163. Emballé, c’est pesé !
Pourquoi faire de grands discours alors qu’il suffit de diviser par deux le
prix d’une adhésion pour s’attirer la grâce de toute une fédération qui ne
verra pas plus loin que le bout de son fusil ?

Permis de tuer pas cher ; et en plus avec silencieux


Eh oui, depuis un arrêté publié au Journal officiel en janvier 2018,
l’emploi de tout dispositif silencieux sur les armes à feu n’est plus interdit.
Il faut juste savoir que ce type « d’autorisation » non bruyante était,
depuis 1986, plutôt réservé aux périodes de guerre. Mais les lobbies des
chasseurs ont défendu le fait qu’ils en avaient marre d’avoir mal aux
oreilles quand ils tiraient et que le gouvernement devait protéger leur ouïe.
Eh bien c’est fait, leur ouïe est maintenant protégée. Un peu moins le
gibier et les promeneurs.

PAN ! On ne se baisse plus


Avant, mais c’était avant, dès qu’on entendait un PAN en forêt, on avait
tendance à s’éloigner rapidement ou à se baisser tout aussi rapidement si
celui-ci semblait un peu proche. Aujourd’hui : silence, on tire.
En effet, outre le fait que les chasseurs pourront tirer sans faire fuir les
animaux, que cela va grandement faciliter la vie des braconniers en tout
genre (ils disent merci eux aussi) ; ne vous étonnez pas si un dimanche en
vous promenant en famille, en pleine cueillette de champignons
dominicale, vous voyez votre belle-mère ou votre compagnon tomber
soudainement à vos côtés. Ce ne sera peut-être pas une racine qui les aura
fait chuter. Le temps que vous compreniez, il se peut même qu’une
deuxième balle arrive sur votre groupe.
Mais, ce sont des « accidents » qui ne se produisent jamais, vous diront
tous les responsables chasseurs.

Pourquoi tout ça ?
On pourrait croire que c’est la conviction profonde du président de la
République ? Permettez-moi d’émettre une autre « petite hypothèse ».

Premièrement :
On l’a vu plus haut, il y a un million deux d’adhérents/
électeurs/chasseurs et ce chiffre est sans doute en augmentation, au vu des
cadeaux dans le sens du poil (de sangliers) que vient d’accorder en
quelques mois le gouvernement. Ces adhérents sont disciplinés, écoutent
religieusement les présidents de leurs fédérations départementales qui,
pour la quasi-majorité, ont bien compris quel homme politique ils devaient
soutenir pour continuer à bénéficier de la manne.

Deuxièmement :
Les chasseurs ont de très nombreux et efficaces relais chez les élus
locaux et au Parlement. À l’Assemblée nationale, le groupe d’études
Chasse et territoires fédère 118 membres de tous bords politiques, tandis
qu’au Sénat, le groupe Chasse et pêche compte 68 affiliés164. Pour un
président élu, sans assise locale, se mettre dans la poche des élus locaux,
ruraux et attachés à leur tradition, ce, sans coup férir est un bonheur.

Troisièmement :
Et c’est sans doute le plus important, du moins pour l’année 2019. Il n’a
échappé à personne qu’il y a eu des élections européennes.
Aux élections européennes de 1999 les listes Chasse nature et
environnement remportaient 6,77 % des suffrages, elles avaient également
présenté des candidats à la présidentielle de 2002, pour un score de 4,23 %,
et à la présidentielle de 2007, pour un score de 1,15 %.
Je crois savoir qu’un dénommé Coste, affublé du titre de conseiller
chasse du président est en même temps (dixit Wikipédia) : « conseiller
politique » de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et secrétaire
général du Comité Guillaume Tell, qui soutient les utilisateurs d’armes à
feu en France. Il est également directeur de l’agence de communication
Lobbying et Stratégies, dont sont clientes notamment la FNC et Chasse,
pêche, nature et traditions.
Bref, ce brave homme (je blague) a dû rappeler au président qu’une liste
de chasseurs aux élections européennes risquait fort d’entraver la
communication triomphante de la liste de la majorité présidentielle.
Il n’y pas eu de liste Chasse pêche, etc., mais pour eux la chasse a tout de
même été bonne.

Qui ment pour un bœuf ment pour un œuf


Le traité de libre-échange avec le Canada (Ceta) vient d’être voté par
l’Assemblée nationale avec 266 voix pour, 213 contre et 74 abstentions. Ce
traité va mettre à mal notre agriculture et faire entrer sur le marché français
des produits jusqu’ici interdits. Le Canada ayant des règles sanitaires
différentes des nôtres, mais aussi un accord de libre-échange avec les USA,
il y a fort à parier que l’agroalimentaire français va être fragilisé.

Bientôt du bœuf aux hormones ?


Le gouvernement, l’Europe nous affirmait pourtant le contraire. En 2014,
le commissaire européen au Commerce déclarait officiellement : « Que
l’on soit bien clair là-dessus : la question du bœuf aux hormones ne fait et
ne fera l’objet d’aucune discussion dans le cadre des négociations
commerciales entre l’Union européenne et les États-Unis »

Ça, c’était pour le TAFTA.


Le CETA (que nos députés serviles viennent de voter) est un accord de
« libre-échange » avec le Canada, qui lui-même a un accord de « libre-
échange » avec les États-Unis. Les États-Unis peuvent donc vendre du
bœuf aux hormones au Canada et le Canada pourra nous l’envoyer par la
suite, est-ce que vous suivez ?
Le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert déclarait sur RFI un beau
matin :

«Aujourd’hui, pour faire simple, nous n’avons pas le droit en France de


produire du bœuf aux hormones. Parce que nous n’avons pas le droit d’en
produire, eh bien nous n’acceptons pas que du bœuf aux hormones puisse
venir sur le sol français. Et donc, si demain du bœuf aux hormones vient
sur le sol français au regard des accords commerciaux qui ont été
portés [le CETA, ndlr], eh bien il va falloir informer les consommateurs, il
va falloir évaluer les quantités, il va falloir identifier d’où vient ce bœuf
aux hormones, il va falloir identifier la provenance du produit, il va falloir
identifier sa traçabilité. Et donc nous allons travailler notamment sur
l’étiquetage, c’est-à-dire l’information et la transparence auprès du
consommateur. »

Rien que de relire la déclaration de ce ministre, je ris (jaune) tout seul.


C’est sûr, grâce à l’étiquetage clair et limpide sur les produits, on va
pouvoir éviter tout ce qui est aux hormones… Plus c’est gros plus cela
passe ! Je n’arrive toujours pas à croire qu’ils croient à leur mensonge…

Nous avions réussi à fermer la porte et dire non au TAFTA, mais les
lobbies n’ont pas lâché, ils entrent par la fenêtre avec le CETA. Les
politiques ont cédé contre l’avis du peuple (et sous la pression des chefs
politiques) une fois de plus.

Souvenons-nous du nom des députés ayant voté pour ce traité quand le


bœuf aux hormones arrivera dans nos assiettes et que nos agriculteurs se
seront tous suicidés ou, la mort dans l’âme, seront obligés de vendre leur
ferme aux enchères à des Chinois qui paient cash.

147. Loi n° 2015-990 du 6 août 2015.


148. Ordonnance n° 2017-1387 du 22 septembre 2017 sur la prévisibilité et la sécurisation des relations
de travail.
149. Article L. 1235-3 du Code du travail.
150. « La Cour de cassation valide le plafonnement des indemnités pour licenciement abusif », Le
Monde (avec AFP et Reuters), 16 juillet 2019 ; « Indemnités aux prud’hommes : la Cour de cassation
valide le barème Macron », Samuel Chalom, Capital, 17 juillet 2019.
151. « Plafonnement des indemnités : les prud’hommes de Grenoble s’affranchissent de l’avis de la
Cour de cassation », Bertrand Bissuel, Le Monde, 24 juillet 2019.
152. « Barème Macron : les prud’hommes de Troyes contournent l’avis de la Cour de cassation »,
Nathalie Samson, L’Express entreprise, 1er septembre 2019.
153. « La réforme du code du travail par ordonnance », Valérie Mazuir, Lesechos, 20 décembre 2017.
154. « Quand EDF licencie ses salariés par téléphone », Erwan Benezet, Le Parisien, 6 juillet 2017.
155. « Élections LREM à l’Assemblée : la super-prime au sortant », Laure Equy, Libération, 24 juillet
2019.
156. « À l’Assemblée, LREM vote un faible renouvellement des postes clés », Lucie Alexandre, La
Croix, 24 juillet 2019.
157. « Emmanuel Macron se pose en défenseur de la biodiversité », Pierre Le Hir, Martine Valo et
Virginie Malingre, Le Monde, 7 mai 2019
158. Arrêté du 31 juillet 2019 relatif à la chasse du courlis cendré en France métropolitaine pendant la
saison 2019-2020, JORF n° 0178 du 2 août 2019, texte n° 17.
159. « Chasse : 6 000 courlis cendrés seront abattus », LPO- agir pour la diversité, 2 août 2019.
160. « Oise : 200 chasseurs assermentés vont épauler les forces de l’ordre », Charlotte Follana et Julien
Barbare, Le Parisien, 7 janvier 2018.
161. « Gendarmes et chasseurs main dans la main dans l’Oise », Jean Paul Richier, Mediapart (blog :
pour un monde moins pire), 8 janvier 2018.
162. « Cerf tué dans un jardin privé : le chasseur suspendu », L’Obs, 26 octobre 2017.
163. « Coût du permis de chasse : le cadeau de Macron aux chasseurs », Le Monde (avec AFP), 27 août
2018.
164. « Lobbying : les chasseurs caressés dans le sens du poil par le gouvernement », Pierre le Hir, Le
Monde, 24 août 2018.
L’ÉCOLOGIE : GOUVERNEMENT MENTEUR

31 juillet 2019 vote en douce de l’autorisation d’une mine


d’or
Il ne se passe pas semaine sans qu’on nous fasse une jolie déclaration sur
le bien-être de la planète qui va mal.
Déjà, en novembre 2017, le président Macron, devant 197 pays
rassemblés lors de la COP 23, affirmait farouchement sa volonté de lutte
contre le réchauffement climatique et sa volonté de favoriser le retour à
une planète « plus propre ».
En février 2019 le président et son ministre de l’Écologie un dénommé
François de Rugy (spécialiste du homard) déclaraient à peu près
conjointement que les projets de mine d’or à ciel ouvert en Guyane
n’étaient plus d’actualité.
Il faut savoir que le projet « Montagne d’or » en Guyane représentait, au
cœur de la forêt amazonienne, 32 stades en pyramide à l’envers, 57 000
tonnes d’explosifs et 46 500 tonnes de cyanure (interdit d’emploi en
Allemagne, Slovaquie, Hongrie…)

Notre ministre aux homards renchérissait d’ailleurs sur RTL : « S’il y


avait une demande d’autorisation aujourd’hui [à propos des mines d’or en
Guyane], elle serait refusée »
La secrétaire d’État auprès du ministre Rugy, Emmanuelle Wargon, ne
voulant sans doute pas rester en rade en rajoutait illico une couche :
«Je crois que ce type de projets sont des projets du passé et que ce type
de projets n’aura pas lieu [mine d’or en Guyane]. Ça n’a aucun sens d’aller
exploiter à ciel ouvert au milieu de la forêt amazonienne pour créer
quelques dizaines d’emplois. »

Dernièrement encore, le président de la république lui-même, le 6 mai


2019, réaffirmait au monde entier, sa volonté farouche et celle de
l’ensemble du gouvernement de lutter pour la biodiversité et la
préservation de notre terre.
Oui, mais deux mois plus tard…

31 juillet 2919 vote en douce de l’autorisation d’une mine d’or


Profitant sans doute du croisement de vacanciers sur les routes
encombrées de France un petit arrêté paraît au Journal officiel en date du
3 août 2019 (n° 0179, texte 31), accordant un permis exclusif de
recherches de mines d’or et substances connexes (cuivre, argent,
molybdène, platine, platinoïdes et diamant) dit « Permis Ratamina 2 »
(Guyane) à la société par actions simplifiées Sands Ressources.
Une fois de plus ils n’ont pas menti (mais ils continuent à nous prendre
pour des biquettes) puisque la mine ne va pas chercher QUE de l’or, que
c’est juste sur 50 kilomètres carrés et seulement pour 5 ans.
Il y aura moins d’explosifs et de cyanure. De quoi se plaint-on ?!
MORALISATION BIDON DU PERSONNEL POLITIQUE
FRANÇAIS

« La politique, c’est une profession où il vaut mieux avoir des relations que des remords, c’est
préférable. »
Coluche

« Pourquoi la morale et la politique ne peuvent-elles pas vivre ensemble ? Est-ce donc que la
morale est nécessairement impolitique ? Et la politique, nécessairement immorale ? »
Auguste Guyard, Quintessences (1847)

On nous avait promis une moralisation totale de la classe politique. À


chacun de mes ouvrages, je ne peux m’empêcher de jeter un œil sur les
élus ayant mis les doigts dans la confiture. Force est de constater que la
moralisation n’est pas pour aujourd’hui, ni pour demain d’ailleurs, vu le
nombre impressionnant de démissions des membres du gouvernement pour
des petits soucis avec le Fisc ou la justice. Ce n’était pas mieux avant, mais
au moins nos représentants n’affichaient pas une volonté de laver plus
blanc que blanc.

Mensonges ou inconscience ?
On pourrait en effet se demander si les grandes déclarations
présidentielles sont inconscientes ou mensongères, tant la ficelle est grosse
dans le déni de justice pour certains élus.
Il y a aussi une constante qui se dégage de plus en plus, c’est la réduction
en appel de l’inéligibilité prononcée en première instance contre des élus
fautifs. J’ai même trouvé le cas d’un élu dont l’inéligibilité s’arrête pile-
poil juste avant sa possible réélection de sénateur. Je constate aussi que
plus vous montez dans la hiérarchie, plus le jugement fait preuve de
mansuétude. Par contre, quand vous êtes un petit élu de terrain, un petit
maire rural, je ne sais pas pourquoi mais souvent, à la moindre petite erreur
de gestion communale, la moindre parole de travers en conseil municipal,
les foudres de la justice vous tombent dessus avec force et rudesse, comme
si elle devait se faire pardonner les gentillesses accordées à ceux du haut de
la pyramide.
L’adage « que vous soyez petits ou grands » s’applique donc ainsi dans
l’échelle de la justice pour les élus.

AUDAN Paul
Maire de Gréoux-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence)
TOUJOURS ÉLU

Après avoir été relaxé dans deux affaires de harcèlement moral…


une troisième arrive.

Juin 2019 : mis en examen une troisième fois pour harcèlement moral.

Résumé
Pas de chance pour ce maire : Les deux plaintes pour harcèlement moral
(d’une policière municipale et d’un employé communal) aboutissent, après
une longue procédure, à un non-lieu. Et paf ! À peine sorti des prétoires, il
va falloir y retourner car une troisième plainte est déposée qui entraîne la
mise en examen.

Petit détail… avec le président Macron


Le 8 mars 2019, à l’occasion de la journée de la femme, le président
Macron s’est rendu dans la brave ville de Gréoux-les-Bains pour
participer, himself, à un débat de cinq heures dans le cadre du Grand débat.
Heureusement, ce n’est que pour harcèlement moral que le maire de la
commune avait quelques soucis avec la justice. Il était assis juste à côté du
président.

Sources
« Harcèlement moral : non-lieu en faveur du maire Paul Audan »,
Ledauphine.com, 23 février 2018.
« Un président banal dans le débat de Gréoux-les-Bains », Gérard Le
Puill, L’Humanité, 8 mars 2019.
« Le maire de nouveau mis en examen pour harcèlement moral »,-Émilie
Chauvot, Ledauphine.com, 2 juillet 2019.

BAIL Romain
Maire de Ouistreham (Calvados)
TOUJOURS ÉLU

Il dresse lui-même des procès-verbaux pour « stationnement


gênant » aux voitures garées dans la rue où il habite.

Avril 2018 : condamné à un an avec sursis et 5 000 euros d’amende pour


faux et usage de faux. Il fait appel.
Juillet 2019 : condamné à six mois de prison avec sursis.

Résumé
Après l’affaire du mail prétendument envoyé d’Angleterre pour
construire un mémorial sur sa commune, nous retrouvons le maire de
Ouistreham en train de verbaliser lui-même, entre novembre 2017 et
mars 2018, dix-sept voitures qui avaient eu le tort de se garer dans la rue
de son domicile. En sus de sa condamnation, il écope de 1 821 euros à
verser aux neuf parties civiles.
« Négro » qu’il a dit
Les soucis de Romain Bail risquent de continuer car durant l’enquête, il a
déclaré devant la police que : « Tout cela est de la faute des négros, nous
sommes dans un pays de merde, il ne faut pas être surpris de la montée du
Front national. »

Le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) a


évidemment décidé de porter plainte contre l’élu pour ces propos. On
risque de revoir ce maire dans les prétoires.

Sources
Pilleurs de vie, Éditions Max Milo, 2018, page 155.
« Calvados : le maire de Ouistreham condamné à un an avec sursis »,
RTL, 12 avril 2018.
« Ouistreham. Romain Bail : “On veut interrompre mon mandat avant
son terme” », actu.fr, 28 avril 2018.
« Le maire de Ouistreham condamné », Le Progrès de Fécamp, 3 juillet
2019.

BAUER Marc
Maire de Val d’Isère (Savoie)
TOUJOURS ÉLU
En état d’ébriété, il insulte les forces de l’ordre

Juin 2019 : Condamné à 4 000 euros d’amende pour outrages sur


personne dépositaire de l’autorité publique( 40 jours-amende à 100 €, sous
peine de purger jusqu’à 40 jours de prison).
Résumé
A Colmar, Lors d’une soirée animée et alcoolisée, des riverains se
plaignent du bruit. Les forces de l’ordre arrivent, constatent le tapage
nocturne et embarquent les deux restaurateurs qui faisaient de la résistance.
Le maire de val isere, présent au restaurant, apparemment éméché,
s’interpose puis se rend directement devant le commissariat. Cela dégénère
et l’alcool aidant, Marc Bauer insulte les policiers en les traitant de « …
flics de base, petits, manants, pauvres… etc. ». Il argue aussi de sa qualité
d’officier de police et refuse de se soumettre à un Alcotest. Il est
immédiatement mis en garde à vue et en salle de dégrisement au vu de son
état. Il sera condamné à 4 000 euros d’amende, soit 40 jours-amende à
100 euros.

Petit détail
Un maire alcoolisé ? Qui se rend devant un commissariat ivre et insulte
les forces de l’ordre ? Et même pas d’obligation de soins ?
Y en a qui ont de la chance d’être notables. On se demande combien il
aurait pris s’il n’était pas maire, avait un Gilet jaune et, en plus des
insultes, avait fait un doigt d’honneur…
Sources
« Le maire de Val d’Isère, Marc Bauer, remis en liberté après une garde à
vue à Colmar », Les Dernières Nouvelles d’Alsace, 19 octobre 2018.
« Ivre, le maire de Val d’Isère en garde à vue, en Alsace, pour outrage »,
Ledauphiné.com (avec AFP), 19 octobre 2018.
« Le maire de Val d’Isère condamné à 4 000 euros d’amende pour avoir
insulté des policiers », France 3 Auvergne Rhône-Alpes (avec AFP),
20 juin 2019.

CORNET Cédric.
Conseiller municipal du Gosier et 12e vice-président du conseil régional
(Guadeloupe)
TOUJOURS ÉLU

Il aurait « touché » une gamine de 13 ans

Juillet 2018 : Relaxé. Le parquet et la défense font appel.


Janvier 2019 : Condamné à deux ans de prison avec sursis, 16 000 euros
aux parties civiles et inscription au fichier des délinquants sexuels.
Février 2019 : deux plaintes à son encontre pour diffamation

Résumé
C’est en 2013 qu’une adolescente aurait subi des attouchements de la
part de Cédric Cornet, 33 ans à l’époque. C’est une assistante sociale qui a
signalé les faits qui se seraient passés à son domicile pendant les vacances
scolaires. En première instance, le parquet requiert une peine de deux ans
de prison avec sursis, cinq ans de contrôle sociojudiciaire et l’inscription
au fichier des délinquants sexuels. L’élu avait été relaxé au bénéfice du
doute. Le parquet et la défense avaient fait appel.
Détail électoral
C’est le jour de sa condamnation en appel que Cédric Cornet décide de
lancer officiellement sa campagne électorale pour les municipales de 2020.

Sources
Guadeloupe : un élu mis en examen pour «atteinte sexuelle» sur
mineure »-2juillet 2015-leparisien
« Cédric Cornet à nouveau dans le collimateur de la justice », E
Stimpfling, France Info Guadeloupe, 15 février 2019.
Cédric Cornet condamné en appel pour atteinte sexuelle sur mineure de
moins de 15 ans », Francetvinfo Guadeloupe, 5 février 2019.

GATUHAU Willy
Maire de Païta (Nouvelle-Calédonie)
TOUJOURS ÉLU

Il aurait, avec son prédécesseur (MARTIN Harold), participé à


l’achat de voix à coups d’enveloppes contenant du liquide.

Juin 2019 : Condamné à un an de prison avec sursis, trois ans


d’inéligibilité et 700 000 FCFP d’amende (5 800 euros). Il fait appel.
Détail de victime coupable
Six bénéficiaires des enveloppes « électorales » contenant de 200 à
10 000 euros qui s’étaient dénoncés, ont été condamnés pour plusieurs
d’entre eux à un mois de prison avec sursis.

Source
« Harold Martin et Willy Gatuhau condamnés dans l’affaire des
Municipales à Païta », Coralie Cochin (et CM), La1ere.francetvinfo.fr,
25 juin 2019.

GILGER TRIGON, Anne-Marie


Première Adjointe au maire d’Arcueil, Vice-Présidente du Territoire
Grand-Orly Seine Bièvre (Val-de-Marne)
TOUJOURS ÉLUE

Elle occupait un pavillon depuis 26 ans pour 400 euros.

Mai 2017 : Condamnée à quatre mois de prison avec sursis et


1 000 euros d’amende.
Résumé
De 1990 à 2017, l’adjointe au maire a occupé un pavillon appartenant à
la mairie d’Arcueil de façon illégale et en payant un loyer dérisoire.
L’association Anticor a fait un signalement au procureur qui a ouvert une
enquête.

Source
« Arcueil : prison avec sursis pour la première adjointe au maire » par
M.C.D, Le Parisien, 16 mai 2017.

GUEGUEN Thierry
Ex-maire de Séranon (Alpes-Maritimes)

Il payait 91, 37 euros de loyer depuis quarante ans.

Résumé
Depuis 1980, le maire de l’époque, Thierry Gueguen, et son fils louaient
un gîte rural appartenant à la commune pour la modique somme de
91,37 euros mensuels. Le but était de favoriser l’installation de familles à
Séranon. Pas du tout du goût du nouveau maire en place depuis 2014 qui a
donc porté plainte, estimant que quarante ans de loyer « modéré », ça fait
beaucoup. Lors du procès, le procureur demandera pour l’ex-maire un an
de prison avec sursis, 15 000 euros d’amende et la non-inscription au
casier judiciaire. Pour sa défense, l’accusé invoquera qu’il n’était pas le
seul sur la commune à profiter de ces loyers peu chers. Le but était de
garder des habitants sur la commune.

Sources
« L’ancien maire et son fils accusés de s’être octroyés un logement
“social” pour un loyer de 91 euros par mois depuis 40 ans », Jean Stierlé,
Nice matin, 4 juin 2019.
« Location à vil prix pour l’ancien maire et son fils au tribunal justice »,
Jean Stierlé, Nice matin, 30 mai 2019.
JIBRAYEL Henri (déjà traité dans mes précédents livres)
Ex-Député, conseiller départemental (Bouches-du-Rhône)
L’élu offrait des mini-croisières à plusieurs milliers d’électeurs âgés.

Décembre 2014 : Mis en examen pour abus de confiance et prise illégale


d’intérêts.
Août 2019 : Renvoyé en correctionnelle.

Résumé
Une lettre envoyée au juge Charles Duchaine en avril 2011 et confiée au
juge Julien Retailleau après les législatives de 2012, relate quatre croisières
facturées à hauteur de 31 000 euros et effectuées en 2011 et 2012 par des
associations dont deux sont présidées par l’assistante parlementaire
d’Henri Jibrayel (décédée en cours d’instruction) et largement
subventionnées par le conseil général où il siège. La deuxième croisière,
dont la bénéficiaire est une association de deux arrondissements de
Marseille, largement subventionnée, elle aussi, par le conseil général, est
facturée 36 000 euros. Les croisières comprenaient buffet et « orchestre
accordéon » pour faire bonne mesure. Cerise sur le gâteau, on s’aperçoit
que l’association n’avait, en 2012, aucun adhérent.
Une lettre envoyée de façon anonyme comportait des faits précis. Ne me
demandez pas comment j’ai eu ce qui suit :
« ….de pratiques clientélistes et mafieuses qui perdurent depuis 2001 en
matière de financement des associations dans les quartiers nord de
Marseille, (le secteur de Jibrayel.) (…) des versements de subventions par
le conseil général à des associations coquilles vides (…) de militants qui,
en remerciements, rétrocédaient l’argent en liquide afin de permettre de
faire face à des dépenses de campagne… »

La lettre se terminait par : « Au cours de ces investigations, je vous


assure que vous allez découvrir de belles surprises ».
« Je suis innocent »
C’est la ligne de défense d’Henri Jibrayel qui clame depuis toujours, haut
et fort, son innocence et parle d’une affaire ridicule. Il avoue seulement
être concerné par les sorties de 2011, présidées par son assistante
parlementaire. Pour les sorties de 2012, il n’a même pas participé aux
croisières.

Décès de la présidente
La présidente de l’association et assistante parlementaire du député est
décédée en cours d’instruction (2014) et la juge n’a pas demandé la levée
de l’immunité parlementaire d’Henri Jibrayel.
À mon avis, cela n’a pas facilité la découverte de la vérité.

Des réveils à gogo


Il semblerait qu’en plus des croisières offertes par les associations de
l’ex-député, on ait distribué un paquet de petits cadeaux comme des réveils
via l’association des 15e et 16e arrondissements marseillais avec des boîtes
d’emballage estampillées du nom du député. Le président s’appelait
Claude Garcia ou Sébastien Jibrayel, la justice ne sait plus très bien.
Je pense, personnellement, que les réveils c’était pour ne pas oublier de
se lever les jours d’élection.

Petite affaire de gorge profonde


Henri Jibrayel a dû se battre devant son conseil fédéral, il y a quelques
années. Il était accusé d’avoir été la gorge profonde d’Arnaud Montebourg
qui fouillait dans les poubelles du Parti socialiste des Bouches-du-Rhône.
Pas de chance pour lui, Le Nouvel Observateur avait un enregistrement de
la conversation (que j’ai récupéré d’ailleurs…). Il fait 5 minutes et est
édifiant. Je vous mets le lien en bas de page165.

Il aura fallu cinq ans pour arriver au tribunal. Le chemin est quand même
long pour certains élus.
Sources
« Clientélisme présumé à Marseille : le député Jibrayel mis en examen »,
Lepoint.fr, 22 décembre 2014.
« Marseille : le député socialiste Henri Jibrayel mis en examen »,
Leparisien.fr, 22 décembre 2014.
« Henri Jibrayel, député PS des Bouches-du-Rhône, mis en examen »,
Jean-François Giorgetti et Marc Civallero, france3-regions.francetvinfo.fr,
22 décembre 2014.
« Le « système » Jibrayel vaudra un procès à l’ex député PS », Jean-
Marie Leforestier, Marsactu, 17 août 2018.
« l’ex député PS henri jibrayel renvoyé devant le tribunal pour
détournement de subventions », Luc Leroux, Le Monde, 16 août 2018.

JOISSAINS Maryse
Ex-députée, maire d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône)
TOUJOURS ÉLUE

En attente de cassation, elle se présente aux municipales de 2020


Avril 2014 : Mise en examen pour prise illégale d’intérêts dans le cadre
d’une affaire d’emplois présumés de complaisance.
Juillet 2018 : Condamnée à un an de prison avec sursis et dix ans
d’inéligibilité pour détournement de fonds publics. Elle fait appel.
Mai 2019 : Condamnée en appel à un an d’inéligibilité et six mois de
prison avec sursis pour détournement et prise illégale d’intérêts. Elle se
pourvoit en cassation.

Résumé
La maire d’Aix-en-Provence avait embauché une collaboratrice chargée
de la maltraitance animale dans son cabinet de la Communauté du Pays
d’Aix et exigé une promotion éclair de son chauffeur personnel alors qu’il
était en fin de liste sur le tableau par ordre du mérite. S’y ajoute, pour faire
bonne mesure, la création de deux emplois pour les enfants du chauffeur.

Détail d’inéligibilité
On remarquera quand même la différence entre la première instance et
l’appel toujours moins couvert par la presse. Dix ans, la première fois,
réduits à un an d’inéligibilité en appel.
Ça laisse rêveur !

Sources
« La maire UMP d’Aix-en-Provence, Maryse Joissains, mise en
examen », Lemonde.fr, 9 avril 2014.
« La maire d’Aix en Provence écope d’un an de prison avec sursis et dix
ans d’inéligibilité pour favoritisme », AFP, 18 juillet 2018.
« Aix-en-Provence : malgré une condamnation en appel, la maire LR sera
pourtant candidate à sa réélection », Aude Solente, BFM TV (avec AFP),
20 juin 2019.
« La maire d’Aix, Maryse Joissains, condamnée en appel pour
détournement de fonds publics », Midi Libre, 28 mai 2019.

LAABIB Mustapha
Député, président du groupe parlementaire d’amitié France-Maroc (Ille-
et-Vilaine)
TOUJOURS ÉLU

Il piochait dans la caisse de l’association qu’il dirigeait.

6 août 2019 : Condamné à trois ans d’inéligibilité, une peine


d’emprisonnement de six mois avec sursis et 10 000 euros d’amende. Il fait
appel.

Résumé
C’est la caisse d’une association d’insertion rennaise, Le Collectif
intermède, dont il était président durant plusieurs années qui a attiré
l’attention des enquêteurs. Ils ont eu du mal à comprendre les dépenses
pour 15 000 euros de repas, les visites avec la carte de crédit de
l’association dans des magasins de sport, de bricolage, de vêtements. Des
factures de téléphone et des amendes sans aucun rapport avec l’association
ont aussi été payées.
Durant le procès, la juge remarquera n’avoir trouvé aucune trace des
évènements pourtant annoncés par l’association et ayant pu justifier les
dépenses annoncées ou l’objet de l’association qui ne brillait pas,
apparemment, par son dynamisme. Elle ne comprendra pas non plus
pourquoi le député a signé lui-même le procès-verbal de dissolution de
l’association à la place du trésorier et du secrétaire. Elle ne comprendra pas
non plus, sur les trois ans d’exercice de l’association, les achats redondants
« de yaourts à boire, de fournitures scolaires à la veille de la rentrée, de
Playmobil, des articles d’Halloween, des couches-culottes, de gels douche
et autres lingettes… et beaucoup de lait Ribot », ajoutera-t-elle avec un
petit sourire.

Petit voyage au frais de l’association ?


On retrouvera aussi quelques factures salées de l’hôtel Pullman à
Marrakech et Paris, l’achat réitéré et en quantité d’huile d’argan. Pour une
association d’insertion rennaise, c’est une bonne activité l’hôtel Pullman et
Marrakech.
Sans doute était-ce pour conjuguer insertion et groupe d’amitié France-
Maroc dont il est président à l’assemblée ?

Un complot bien entendu


Du côté de la défense, on parle bien entendu d’un procès politique
inadmissible. En plus Mustapha Laabid a tout remboursé. En gros, d’après
la défense, vraiment pas de quoi en faire un fromage.
Le réquisitoire demande six mois de prison avec sursis et cinq ans
d’inéligibilité.
Mais ce n’est que la première instance. Il y a encore l’appel et la
cassation. De quoi avoir le temps de rester un député irréprochable comme
les aime La République En Marche

Petit détail de l’entre-soi et de pressions « anodines »


Lors de son procès, notre député ex-associatif se pointe au tribunal avec
deux soutiens de poids : la porte-parole de La République En Marche
Carole Gandon et le député de l’Ille-et-Vilaine du même parti, Florian
Bachelier.
Ces petits soutiens apparemment anodins auraient-ils pu faire réfléchir
les juges ? Un petit coup de pression avant le jugement ?

Petit détail d’enquête


D’après mes informations, les enquêteurs n’ont cherché que sur trois
ans…

Sources
« Le député Mustapha Laabid jugé pour abus de confiance : 6 mois de
prison avec sursis et 5 ans d’inéligibilité requise », Hélène Pédech, France
3 Bretagne, 3 juin 2019.
« Rennes : le député LREM Mustapha Laabid poursuivi pour abus de
confiance », Thierry Peigné, France 3 Bretagne, 1er février 2019.
« Mustapha Laabid, le président du groupe d’amitié France-Maroc,
poursuivi pour abus de confiance »
Jeune Afrique (avec AFP), 4 juin 2019.
« Le député LREM Mustapha Laabid épinglé pour abus de confiance »,
Valeursactuelles.com, 1er février 2019.
LARRIEU Didier
Maire d’Arbus (Pyrénées-Atlantiques)
TOUJOURS ÉLU

Alcoolisé, il percute et tue une mère famille

Juillet 2019 : mis en examen pour homicide involontaire et écroué.

Résumé
Vers midi la voiture du maire d’Arbus quitte sa trajectoire et vient
percuter de plein fouet une voiture qui arrivait en sens inverse. Trois
personnes étaient dans la voiture : une mère de 50 ans et ses deux filles. La
maman n’a pas survécu.
La mise en examen du maire est logique après ce genre d’accident. Sa
mise en détention beaucoup moins. On suppose, mais aucune confirmation
n’est venue, que cela doit être à la suite de la « hauteur » son alcoolémie
positive dont on ne trouve bizarrement aucun chiffre dans les médias.
Par respect pour la fonction sans doute…

Détail de taux
C’est marrant, quand il s’agit d’une personne lambda on connaît tout de
suite le taux d’alcool du conducteur. Là, nous avons affaire à un notable et
donc impossible de savoir de combien était son taux de « soûlographie ».

Sources
« Accident d’Artiguelouve : Didier Larrieu le maire d’Arbus écroué »,
Daniel Corsand, France Bleu Béarn, 26 juillet 2019.
« Accident mortel à Artiguelouve : Didier Larrieu, maire d’Arbus, mis en
examen pour homicide involontaire et écroué », Mathieu Houadec, La
République des Pyrénées, 26 juillet 2019.
MARTIN Harold
Ex-président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, ex-maire de Païta, ex-
président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie (Nouvelle-Calédonie)
Démissionnaire

Il aurait, selon l’accusation, distribué des enveloppes d’argent allant


de 200 à 10 000 euros en liquide pour « favoriser » les élections.

2011 : Mis en examen pour favoritisme et prise illégale d’intérêts.


3 novembre 2015 : Condamné à deux ans de prison dont un avec sursis
et cinq ans d’inéligibilité pour favoritisme et prise illégale d’intérêts. Il doit
également verser 97 millions de francs CFP (812 000 euros) d’indemnités
aux parties civiles, solidairement avec deux autres prévenus. Il fait appel.
Juin 2018 : Condamné à deux ans de prison, dont un avec sursis, à cinq
ans d’inéligibilité et à 1,6 million de francs CFP d’amende (13 000 euros).
Novembre 2018 : relaxe en appel du chef de prise illégale d’intérêts. Le
parquet se pourvoit en cassation.

Résumé
Ayant démissionné de son poste de maire de Païta en janvier 2019 pour
cause de jugements à répétition, c’est en tant qu’ancien maire qu’il a
comparu dernièrement, accusé ainsi que son successeur (GATUHAU
Willy) d’avoir distribué des enveloppes avec du liquide et promis des
postes lors des dernières municipales de 2014. Cette condamnation vient
s’ajouter à quelques autres affaires en cours dont le détail (une partie) est
décrit dans Du goudron et des plumes.

Sources
Du goudron et des plumes, Éditions Max Milo, page 226.
« Harold Martin condamné à un an de prison ferme : “Je reste combatif,
j’irai jusqu’au bout !” », Nouvellecaledonie.la1ere.fr, 9 novembre 2015.
« Nouvelle-Calédonie : un ancien président du gouvernement condamné
à un an de prison ferme », Libération (avec AFP), 9 novembre 2015.
« Harold Martin, ancien président du gouvernement calédonien jugé pour
favoritisme », Tahiti-infos.com, 3 novembre 2015.
« Nouvelle-Calédonie : un maire et un ancien maire condamnés pour
achat de voix », Tahiti-infos.com, 25 juin 2019.

MASSON Alain
Ex-premier adjoint de Brest et ex-premier vice-président de Brest
métropole (Finistère)
Démissionnaire

L’élu se versait depuis quatre ans presque 4 000 euros « au black »


par mois

Novembre 2018 : Mis en examen pour abus de confiance.

Résumé
Les élus brestois avaient monté une association à laquelle ils versaient
leurs indemnités afin de les allouer de façon plus équitable à tous les élus
de la majorité. Cette redistribution s’effectuait en fonction de la situation
personnelle et professionnelle de chaque élu : un peu plus à celui qui
n’avait plus de travail car investi totalement dans sa fonction d’élu, etc. Et
ce petit arrangement perdurait depuis sa mise en place en 1985. « Une
redistribution plus juste et solidaire », selon les propres termes d’Alain
Masson lors d’une conférence de presse d’explication.
Du moins, c’est ce que les élus croyaient. Mais il semblerait que certains
d’entre eux se soient servis dans la caisse sans que leurs petits camarades
en soient informés. Un article du Télégramme en mars 2018 provoque
l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet pour détournement
de fonds publics qui aboutit à l’audition, en novembre 2018, d’Alain
Masson en tant que président de l’association Vivre à Brest, du maire de
Brest et trésorier de l’association.
Durant son audition, Alain Masson reconnaît avoir perçu, en plus des
4 400 euros nets d’indemnités d’élu municipal et communautaire qu’il
touchait tous les mois, la coquette somme de 3 470 euros qu’il se versait
lui-même en provenance de Vivre à Brest dont il était le président. Pour
couronner le tout, cette somme n’était pas déclarée au Fisc. Suite à son
audition, il démissionne de ses fonctions au sein de Brest métropole et de
la mairie. Le trésorier de Vivre à Brest, élu brestois lui aussi, fait de même
car il était au courant des versements indus (Voir chapitre sur POLLARD
Jean-Luc).

Petit détail amusant


En plus de ne pas déclarer au Fisc ce qu’il se versait tous les mois, Alain
Masson ne versait même pas au pot commun des élus.

Sources
« Alain Masson démissionne après les révélations sur ses indemnités à
Brest », Valérie Le Nigen, France Bleu Breizh Izel - France Bleu
Armorique, 21 novembre 2018.
« Brest : Le maire placé en garde à vue dans une affaire de détournement
de fonds publics », 20 minutes (avec AFP), 10 avril 2019.
« Affaire des indemnités des élus PS à Brest : le premier vice-président
percevait 3 470 euros par mois non déclarés au fisc », Valérie Le Nigen,
France Bleu Breizh izel - France Bleu Armorique, 21 novembre 2018.

MOLINIE Louis
Ex-maire de Terre-de-Haut, ex-conseiller régional, ex-conseiller
communautaire (Guadeloupe)
Inéligible, il retrouve ses droits civiques et civils ?

Il faisait (entre autres) effectuer des travaux d’amélioration de


l’habitat en les faisant passer pour de la réhabilitation de logements
insalubres.

Décembre 2013 : Plainte contre le maire pour « détournement de fonds


publics, de faux et usage de faux en écriture publique, de prise illégale
d’intérêts et de non-respect du Code des marchés publics ».
Janvier 2014 : Il est accusé de détournement de fonds, d’usage de faux
en écriture, de prise illégale d’intérêts.
Janvier 2018 : Il est condamné à deux ans de prison ferme, cinq ans de
privation de droits civiques et civils et dix ans d’inéligibilité, confiscation
de trois de ses biens immobiliers. Il fait appel mais devient inéligible, la
peine n’étant qu’en partie suspensive.
Avril 2019 : Condamné en appel à deux ans de prison ferme et dix ans
d’inéligibilité. Il retrouve ses droits civiques et civils. Condamné à
100 000 euros d’amende délictuelle et plus d’un million d’euros
solidairement et où à titre personnel au profit de la commune de Terre-de-
Haut.

Résumé
La liste est longue des dépassements de ligne rouge faits par
Louis Molinié. (Voir Pilleurs de vie). Le jugement de janvier 2018 le
condamnait à une inéligibilité immédiate malgré l’appel. Le jugement en
appel lui permet de retrouver ses droits civils et civiques.
À l’énoncé du jugement, l’ex-élu fait un malaise et est évacué par les
pompiers.

Note de l’auteur
Toujours le même constat interrogatif, entre le jugement de première
instance et celui de l’appel de certains notables, la peine d’inéligibilité se
retrouve rabougrie, riquiqui.

Sources
« Louis Molinié condamné à deux ans de prison ferme par la Cour
d’Appel de la Guadeloupe », E. Stimpfling, la1ere.francetvinfo.fr, 16 avril
2019.
« Guadeloupe. Justice : Le “canot” de Louis Molinié est vraiment très
chargé… », Caraibcreolenews.com, 11 décembre 2017.
« Louis Molinié rattrapé par la justice », la1ere.francetvinfo.fr, 29 juin
2017.
« Les conséquences de la condamnation de Louis Molinié »,
la1ere.francetvinfo.fr, 26 février 2018.

NAVARRO Robert
Sénateur de l’Hérault. Ex-vice-président du conseil régional de
Languedoc-Roussillon. Ex-député européen… (Hérault)
juin 2019 : TOUJOURS ÉLU malgré condamnation définitive

Je ne peux plus me présenter aux élections mais je peux encore rester


sénateur…
Condamné à la privation de ces droits civiques pendant 3 ans, ce qui
n’inclue apparemment pas l’inéligibilité.
Autrement dit, si j’ai bien compris, il n’a pas le droit de se présenter à
une élection pendant trois ans… mais reste sénateur jusqu’en 2022… Date
à laquelle, il pourra se représenter !

2012 : Mis en examen pour abus de confiance sur plainte de la fédération


de son parti.
Juillet 2016 : Condamné à trois mois de prison avec sursis pour abus de
confiance, trois ans de privation de droits civiques et 30 000 euros
d’amende. Il fait appel.
Juillet 2018 : Confirmation des peines de première instance en appel,
trois mois de prison avec sursis pour abus de confiance, trois ans de
privation de droits civiques et 30 000 euros d’amende.
Avril 2019 : Définitivement condamné pour abus de confiance et privé
de ses droits civiques pendant trois ans.

Résumé
L’affaire concernait plus de 85 700 euros de billets d’avion payés par la
fédération socialiste entre 2004 et 2010 et des factures de pizzas,
entre 2008 et 2010, d’un montant de 42 000 euros.

Détail de disparition
Tous les éléments comptables de la fédération du parti ont disparu. C’est
ballot.

Sources
Délit d’élus Éditions Max Milo, page 318.
« Abus de confiance : 3 mois avec sursis requis contre le sénateur LREM
Robert Navarro », LCP.fr, 6 mars 2018.
« Abus de confiance : le sénateur LREM Robert Navarro condamné », Le
Figaro (avec AFP), 24 mai 2019.
« Le sénateur LaREM Robert Navarro définitivement condamné pour
abus de confiance, Léa Stassinet, AFP, 25 mai 2019.
« La “pizza connection” du PS montpelliérain », Eric Pelletier et Marcelo
Wesfreid, L’Express, 6 septembre 2011

PELLETANT François
Maire de Linas (Essonne)
Toujours élu au 3 juillet 2019
Il est accusé d’avoir violé son employé tunisien.

Septembre 2017 : Condamné aux prud’hommes pour harcèlement moral


et sexuel à 66 000 euros d’amende.
Février 2018 : Condamné en appel à deux ans de prison avec sursis, trois
ans d’inéligibilité et 50 000 euros d’amende pour « escroquerie, prise
illégale d’intérêts, travail dissimulé ». Déclaré inéligible, il se pourvoit en
cassation.
Mai 2019 : Mis en garde à vue pour présomption de viol.

Résumé
François Pelletant était accusé d’avoir détourné des fonds publics pour
avoir employé une dizaine de contrats d’avenir dans deux de ses
associations, l’ACEDA (Association pour la création, l’expérimentation et
le développement d’activité) et l’AAHB (Association pour l’amélioration
de l’habitat et du bâtiment). Le détail du récit judiciaire se trouve dans
Pilleurs de vie.
Aujourd’hui, il est à nouveau sur le banc des accusés pour une histoire de
viol. Durant sa garde à vue, la victime a produit des échanges
téléphoniques et des SMS qui, selon Le Parisien, sont sans équivoque.
François Pelletant, actuellement, nie.

Résumé sur harcèlement moral et sexuel


C’est sur un site de rencontres homosexuelles que François Pelletant
trouve son « ami » tunisien. Il le fait venir en France. L’homme, sans-
papiers, devient l’amant du maire et son salarié à travers l’association
Carrefour des communes et l’Association des maires franciliens, dont
François Pelletant était tout à la fois fondateur et président. L’ami du maire
déclare au tribunal que ce dernier lui loue à Villejuif un appartement lui
appartenant, truffé de caméras vidéo pour la somme de 700 euros. Peu
après son installation, le maire lui impose des pratiques sadomasochistes.
Devant les réticences avouées du Tunisien, François Pelletant menace de le
licencier et exige qu’il reverse la plus grande partie de son salaire sur son
compte personnel.

Visite médicale
C’est ainsi que François Pelletant appelait un rapport sexuel avant une
embauche éventuelle.

Même chose que François Fillon : « Je dis et je ne fais pas »


En 2008, Pelletant avait pris l’engagement de se mettre en congé en cas
de mise en examen et de carrément démissionner en cas de condamnation.
Il avait même signé et distribué à l’ensemble de la population un « Serment
de moralité » dont le sous-titre : « Un engagement que tout le monde ne
peut pas prendre ».
C’est marrant comme ces élus ont peu de mémoire !

François Pelletant spécialiste des coups et des procès en diffamation


dont il se désiste au dernier moment
On ne sait pas si c’est par peur de perdre ses procès que
François Pelletant se désiste systématiquement, la veille de l’audience,
d’un procès qu’il a lui-même intenté. Par deux fois il se dégonflera. La
première lors du procès intenté en diffamation contre le Web journal
Essonne.Info, qui n’avait fait qu’avec impartialité son travail d’information
sur les turpitudes extraconjugales (entre autres) de monsieur le maire. La
seconde lors du procès intenté contre Jacques Bouissières, l’ancien
président de l’Association des riverains du quartier de Guillerville qui avait
relayé sur le blog de sa structure associative « le harcèlement moral et
sexuel » dont aurait été victime l’ancien employé et « amant » tunisien de
François Pelletant.
Peut-être que M. Pelletant, en matière de procès, pratique aussi le coït
interrompu ?
Sources
Site des élues de la liste « oxygène » à Linas, Mireille Cuniot-Ponsard,
Oxygène-linas.fr
« Essonne. Le maire de Linas condamné pour harcèlements moral et
sexuel », Ouest-france.fr, 28 septembre 2017.
« François Pelletant, le maire de Linas, condamné pour harcèlement »,
Leparisien.fr, 28 septembre 2017.
« Comment un élu s’en est pris à Essonne Info, ou le difficile combat de
la liberté d’informer près de chez vous », essonneinfo.fr, 27 janvier 2018.
« Linas : François Pelletant renonce à l’appel dans l’affaire de
diffamation », Leparisien.fr, 15 décembre 2017.
« Essonne : le maire de Linas en garde à vue dans une affaire de viol »,
Lexpress.fr (avec AFP), 23 mai 2019.
« Essonne : le maire de Linas placé en garde à vue après des accusations
de viol », Florian Loisy (avec Denis Courtine), Le Parisien, 23 mai 2019.

POLARD Jean-Luc
Vice-président de Brest métropole et maire adjoint de Brest (Finistère)
Démissionnaire

Il fermait les yeux sur des versements mensuels indus à un autre élu.

Novembre 2018 : Mis en examen pour complicité d’abus de confiance.

Résumé
En tant que trésorier d’une association d’élus brestois Vivre à Brest, il
fermait les yeux sur la « redistribution » au noir de 3 740 euros mensuels à
un autre élu (voir chapitre MASSON François).

Source
« Affaire du PS brestois. Sous pression, Jean-Luc Polard démissionne »,
Le Télégramme, 23 novembre 2018.

TISSIER Jacques
Ex-maire de Fongombault (Indre)
DémissionNAIRE

Il aurait touché des commissions sur des contrats avec la commune.

Mars 2016 : Condamné à un an avec sursis et cinq ans d’interdiction de


droits civiques pour complicité de détournement de fonds.
Juin 2018 : Condamné à trois ans de prison ferme pour prise illégale
d’intérêts, favoritisme et détournement de biens publics. Il a fait appel.
Juin 2019 : Condamné à deux ans de prison avec sursis en appel.

Résumé
Il fut pourtant maire pendant presque quarante ans. C’est durant ses
mandats de maire et en tant que président du Syndicat Intercommunal des
Eaux (SIE) que l’élu aurait touché de grosses commissions concernant des
contrats passés avec la commune et le syndicat. C’est une trop grosse
différence de prix, bien supérieure à la normale, qui a mis la puce à
l’oreille. En tirant sur la ficelle, les enquêteurs découvrent aussi des
marchés publics qui ne respectaient pas les procédures légales. En
première instance, Jacques Tissier avait été condamné à trois ans de prison,
une interdiction d’exercer un métier de la fonction publique, cinq ans
d’inéligibilité. Il devra par ailleurs verser 5 442 euros à la commune de
Fontgombault, 7 894 euros de dommages et intérêts au syndicat des eaux et
7 686 euros de préjudice moral.

Interdiction des droits civiques ?


Ce qui m’étonne c’est, donc, qu’on puisse être condamné à ne plus
pouvoir voter mais toujours être élu.

Sources
« Indre : l’ancien maire de Fontgombault condamné en première instance
ne fera finalement pas de prison », Elsa Cadier, France 3 Centre, 7 juin
2019.
« Fontgombault : l’ancien maire Jacques Tissier, condamné à 3 ans de
prison ferme », Fabienne Marcel, Le France Trois Region, 6 juin 2018.
« Fontgombault : l’ex-maire risque gros », La Nouvelle République,
21 mars 2018.
« Fontgombault : le maire sans droits civiques », La Nouvelle
République, 31 mars 2016.
« Fontgombault : démission du maire, Jacques Tissier », La Nouvelle
République, 4 avril 2016.

165. http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/off-de-l-obs/20110511.OBS2903/jibrayel-denonce-les-
minables-socialistes-des-bouches-du-rhone.html
CONCLUSION : À MENSONGE, MENSONGE ET DEMI

Je ne vais pas vous mentir. Ce livre pourrait contenir deux à trois fois
plus de mensonges, de tricheries, de demi-vérités, de tromperies, de
boniments, de contre-vérités, de la part de ce système qui n’a pas d’autre
choix que de nous mentir pour continuer à exister. Je le dis à de
nombreuses reprises lors de mes conférences, le pire, c’est que souvent
nous sommes complices de leurs mensonges.

Quelques exemples :
Tout le monde critique une certaine chaîne de télé d’actu en direct et en
continu. Et pourtant, c’est une des chaînes les plus regardées du PAF.
Tout le monde crache sur une certaine télé poubelle quotidienne dont le
niveau intellectuel est presque aussi bas et obscur que l’abri nucléaire
d’une taupe prévoyante. Vous savez bien ! Sur une chaîne qui se termine
par un 8… Une émission qui squatte l’antenne avec n’importe quoi de peur
que quelque chose d’intelligent n’arrive. Une émission-fleuve qui passe
tous les soirs pour être une émission de « d’jeunes » où le chocolat coule à
flots sur le plateau et les invités et où, tous les animateurs/chroniqueurs
font très attention à ne pas déplaire au chef, en le flattant constamment
dans son ego et sa magnificence (à quelques rares exceptions près). Bref
tout le monde voit de quelle émission je parle, tout le monde est d’accord
avec les lignes précédentes et pourtant tout le monde regarde. Malgré tout
ce qu’on en dit, la télévision est un espace de liberté dont nous choisissons
de devenir les esclaves dociles et malléables. Après tout, nous sommes
encore libres d’appuyer sur le bouton et de changer de chaîne.
Pourquoi sans arrêt accuser les autres de nous fournir du poison à manger
et des programmes débiles à regarder ? Ces gens-là ne sont pas des
philanthropes et ne font pas dans l’altruisme. Il suffit que nous arrêtions
d’acheter de la daube et que nous arrêtions de regarder aussi de la daube
(pardon d’avance au puriste de la daube qui est un plat excellent quand il
est bien préparé). Ces gens-là comprendraient vite si les rayons restaient
pleins et que l’audimat ne décollait plus.
Ce n’est pourtant pas ce que nous faisons et ils en profitent.
Je suis malheureux de savoir que nous sommes tous, maintenant,
conscients que l’huile de palme fait des dégâts énormes dans nos estomacs
et sur notre planète à cause de son exploitation exponentielle mais que la
vente du Nutella continue à augmenter, que dès qu’un magasin en mal de
communication fait un coup marketing en le vendant à -75 % les gens, des
gens simples, se battent pour en acheter quelques pots.
Nous sommes le nombre, les élus sont nos employés, nous pouvons les
mettre dehors à chaque élection, dans l’attente du RIC et d’un nouveau
système.
Au lieu de cela, nous n’allons pas voter, laissant la place à une bande de
ripoux qui s’entendent entre eux pour se partager ce qu’il reste de suffrages
exprimés.
Je rêve d’un scrutin où l’ensemble des bulletins blancs ou nuls
dépasserait le nombre des exprimés. Le monde médiatique qui est le nôtre
serait obligé d’en faire ses choux gras. Les élus seraient certes élus mais ne
seraient clairement plus représentatifs de la population.
Ce serait, c’est !, la seule façon aujourd’hui de comptabiliser vraiment le
mécontentement général. Ils n’auraient alors pas d’autre choix que de
passer le bulletin blanc en exprimé.
Mais nous préférons ne pas aller voter, prétextant que cela ne sert à rien.
Et c’est exactement ce qu’ils veulent. Continuer à être élu par effraction,
comme dirait un président.
Et vous savez comme moi, qu’une fois les voleurs à l’intérieur, ils font ce
qu’ils veulent.
J’ai envie que nous ayons l’envie de ne plus les laisser entrer.
En tout cas, continuons à nous battre, car si nous ne gagnons pas
aujourd’hui le combat pour garder la démocratie qu’on est en train de nous
voler, il y a des demains qui vont pleurer.

Ces vérités qu’il faut arracher de la langue du mensonge


La seule constante dans tous ces « mensonges d’État » est que, pour la
très grande majorité d’entre eux, c’est le peuple, les petites gens, qui
morflent gravement de la tricherie quasi quotidienne de nos dirigeants. Les
quelques exemples de mensonges que j’ai donnés dans ce livre ont eu, ont,
auront des conséquences directes ou indirectes sur la santé ou la vie de tous
les jours de nos concitoyens. Dans le cas de certains « mensonges » les
conséquences gravissimes ont parfois perduré des dizaines d’années et ont
encore des effets négatifs à l’heure où j’écris ces lignes.
L’autre constante, c’est qu’il faut, à chaque fois, arracher la vérité avec
les dents, au prix d’efforts surhumains et d’investigations harassantes pour
qu’enfin, du bout des lèvres, les menteurs professionnels avouent le ou les
forfaits qu’ils ont mis en place sous l’excuse fallacieuse du bien-être
public.
Souvent, les lanceurs de vérités sont montrés du doigt, salis. Beaucoup en
sortent meurtris, blessés, aigris, tant la pression est forte pour étouffer la
vérité qui dérange.
J’ai une pensée particulière et affectueuse pour Yasmine Motarjemi,
Françoise Nicolas, Hella Kherief, Stéphanie Gibaud, Georges
Domergue, Philippe Toulouse, Alexandre Langlois, Irène Frachon,
Antoine Deltour, Céline Boussié, Paul François, etc., ces teigneux et ces
teigneuses qui se sont battus qui se battent encore pour une certaine idée de
la justice et de l’éthique. Je dis ces « teigneux et teigneuses » car il faut une
sacrée dose de courage et d’inconscience, tout à la fois, pour oser
s’attaquer à ces « grands », ces industries, ces politiques, CE SYSTÈME
qui broie et essaie d’avaler tout ce qui peut gêner sa croissance pourtant
inutile.
Je salue aussi les quelques journalistes courageux qu’il nous reste en
France, qui se battent avec des mots, eux aussi, pour que la vérité nue
sorte, parfois en relatant simplement des agapes aux homards.

Aujourd’hui et il faut que tout le monde le sache, l’étau se resserre autour


de ceux qui veulent faire bouger les lignes du mensonge pour atteindre les
rivages de la vérité.
Aujourd’hui, un contestataire quel qu’il soit devient une cible potentielle
qu’il faut abattre pour éviter d’ébranler l’édifice d’une société artificielle
basée sur l’exploitation « volontaire », mais inconsciente du plus grand
nombre. On insinue alors que les journalistes d’investigation sont payés
par des puissances étrangères, que les Gilets jaunes sont de méchants gilets
d’extrême gauche pour, trois mois plus tard, les présenter comme de
méchants gilets d’extrême droite. Nous devenons tous des extrémistes en
puissance, du moins c’est ce que l’on veut nous faire croire.

D’ailleurs, un type qui est maintenant président a trouvé la réponse aux


problèmes que le système qu’il sert, a lui-même posés : « C’est moi ou le
chaos 166! »

Quel baratineur !
Le chaos et la dictature sont déjà là.

Philippe Pascot
J’assume

166. « Emmanuel Macron dans la presse régionale : “Moi ou le chaos !” », Arnaud Benedetti,
Lefigaro.fr, 21 mai 2019.
TABLE DES MATIÈRES

Couverture
Copyright
Citations
Sixième livre !
Je regarde ce chiffre et j’ai du mal à y croire : SIX !
Remerciements encore et toujours
Une spéciale dédicace d’amour :
Une spéciale dédicace de respect
Une spéciale dédicace respect et admiration pour qu’on ne les oublie pas
Mais aussi
Et surtout
Le premier des gros mensonges : celui du président
La vérité si je mens
Double discours pour mensonge décalé
Le mensonge sous forme de discours « décalé »
L’âge de la retraite ne change pas, c’est juste la date à laquelle on la prend
qui recule !
La première escroquerie : On joue donc avec les mots pour mieux nous truander
La double escroquerie
La troisième escroquerie
Quatrième escroquerie
Cerise sur la descente aux enfers des futures retraites
Conclusion
Détail militaire de futur coup d’État ?
Les mensonges d’antan
La vignette auto pour petits vieux, un leurre !
Nager dans la Seine : mon œil !
Le mensonge de la vache folle à l’Élysée
Un nuage qui s’arrête gentiment aux frontières
Le mensonge d’un bateau qui coule.
Je me marre, mais je ris jaune car « ils sont tous honnêtes »
Mensonges en passant
Emmanuel Macron : un président qui parle pour ne rien faire
Une aide nouvelle en forme de mensonge ?
Maud Fontenoy, l’écolo ? Le mensonge ou l’incompétence ? En tout cas plus c’est gros plus ça
passe !
Jérôme Cahuzac : ancien ministre des Finances, roi de la carambouille fiscale et du mensonge
national
Olivier Stirn, Nadine Morano, Luc Chatel, Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron : quand des
ministres ou des présidents n’ont pas assez de monde pour les vénérer, ils en achètent, en rajoutent,
mentent ou trichent
Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, ment et en plus s’entête !
François de Rugy, ministre de l’Écologie : « Homard m’a tuer »
Le président Macron et les images qui mentent… pour lui
On truande les images de Benalla ?
Le 14 juillet, on ne siffle pas un président, même si on l’a vraiment sifflé !
Un photomontage qui déplaît au président ?
Un bain de foule du président… mais uniquement aux bracelets verts
Mensonges et vérités mélangés
Versement des pensions alimentaires
Tout le monde y peut voter !
Vendre la France à la découpe : facile quand on ment !
Sites classés en danger imminent
Des sites magnifiques vont racornir comme peau de chagrin
Un petit coup de rabot sur les forêts publiques
Les forestiers se rebellent, le ministre se carapate
17 juillet 2019, le coup tordu pendant l’été
Et n’oublions pas les végétaux qui gênent pour le béton
Il avait pourtant dit le contraire.
Et ailleurs qu’est-ce qui se passe ?
Le comblement des « dents creuses » du littoral à urbaniser est désormais possible grâce à la loi
ELAN (articles 42 et 45)
Le mensonge de la disparition des cours d’eau français par la magie d’un
coup de gomme étatique
Des chiffres catastrophiques « d’empoisonnement » de masse qu’ils ne peuvent plus cacher
20 % des « cours d’eau » vont disparaître des cartes pour ne pas être protégés des pesticides : le
monde à l’envers !
Petite conclusion qui peut donner une gorge sèche de rage
Une souplesse sémantique apparente et mensongère au service d’une
rigidité politique
Une loi sur la confiance mais à sens unique
Autres « mensonges » pendant qu’on y est, du ministre de l’Éducation nationale
Pas une école ne fermera hormis les 400 qui vont fermer en septembre 2019. Quand une vérité est
un mensonge !
Post-scriptum de copiage pour l’hôpital
Gros mensonges en rafale et manipulation d’État
Souvenez-vous :
Dernières minutes graves et indécentes
Nouvelle démocratie macronienne : la concertation mais à sens unique !
Plus près du toit, plus près de moi : Les antennes-relais, le mensonge électromagnétique
Les enquêtes publiques en numérique ou l’excuse du « plus pratique » pour que personne ne
sache.
Exemple de concertation/consultation publique « bidon » !
Gros mensonge sur la fin des hydrocarbures en 2040
Presque vingt projets en plus, depuis la loi Hulot
Les dix-neuf projets hydrocarbures (connus) qui ont progressé depuis la loi Hulot de
décembre 2017
2040, cause toujours tu m’intéresses : le droit de suite
Si t’as pas fini, on rallonge le bail pour le gaz de couche
Dernier détail de transparence très opaque
La « fausse » lutte contre la fraude fiscale !
Création d’une nouvelle usine à gaz : LA nouvelle police fiscale
Le gouvernement a-t-il vraiment supprimé le « verrou de Bercy » ?
Un accord de « fraude fiscale » à 51 millions d’euros : l’affaire Carmignac
Deux autres cas « d’achat d’innocence »
Conclusion, grosse fraude fiscale égale peau de balle !
Quand on vous dit 250 000 chômeurs en moins, comptez 1,3 million de
précaires en plus
Comment faire disparaître des chômeurs :l’astuce du mieux avec du moins
Que va-t-il se passer ?
Des sous-boulots avec formation accélérée à la clé ?
Petit bonus en forme de double peine pour ceux qui l’ont dans l’os
Plus c’est gros, plus ça passe
Bonus-malus pour les contrats courts : le trompe-l’œil qui ne coûte pas cher
La vérité sort de la bouche de la ministre
stocamine : un mensonge d’État, à 500 mètres sous terre, un risque mortel
pour la plus grande nappe phréatique d’Europe
Le déclin et le remplacement par un centre de déchets ultimes classés zéro
Unique en France, évidemment sûr et sans risque à 100 %… jusqu’au pépin
Des big bags de soufre et d’engrais « inconnus » s’enflamment, le directeur regardait ailleurs…
Après l’incendie, la triche et les mensonges continuent
Un amendement « scélérat » (avis personnel) sur mesure, pile-poil au bon moment
Après l’inertie, les ministres se succèdent,mais les déchets restent.
L’homme aux homards casse tout
Des mensonges, uniquement, pour une histoire de fric
Conclusion personnelle (mais néanmoins judicieuse)
Le mensonge des mots « tricheurs » à l’usage de la manipulation de masse
s’intensifie
14 juillet 2019, on n’interpelle pas : on écarte !
Simplification, c’est à toutes les sauces aujourd’hui
La post-vérité
La confiance
La transparence : en veux-tu, en voilà !
Petits et gros mensonges en vrac et en détail
Demain, on pourra mentir pour licencier, ça coûtera peau de balle
Je dis que je sors et je reste
Quand pour la chasse, l’électeur est le gibier !
Pourquoi tout ça ?
Qui ment pour un bœuf ment pour un œuf
L’écologie : gouvernement menteur
31 juillet 2019 vote en douce de l’autorisation d’une mine d’or
Moralisation bidon du personnel politique français
AUDAN Paul
BAIL Romain
BAUER Marc
CORNET Cédric.
GATUHAU Willy
GILGER TRIGON, Anne-Marie
GUEGUEN Thierry
JIBRAYEL Henri (déjà traité dans mes précédents livres)
JOISSAINS Maryse
LAABIB Mustapha
MARTIN Harold
MASSON Alain
MOLINIE Louis
NAVARRO Robert
PELLETANT François
POLARD Jean-Luc
TISSIER Jacques
Conclusion : À mensonge, mensonge et demi
Ces vérités qu’il faut arracher de la langue du mensonge

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