Mines Tunisie 1905
Mines Tunisie 1905
Mines Tunisie 1905
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C'est une chose aujourd'hui bien connue que les mines de Tunisie ont pris un étonnant essor. Mais il faut dire
hautement qu'il ne suffit pas qu'un pays ait des mines riches dans son sol pour qu'elles se développent rapidement.
C'est surtout une question d'administration. Les Carthaginois et les Romains, sous Belisaire, ont probablement
travaillé beaucoup les mines de Tunisie, et pourtant au dix-neuvième siècle, il n'y avait plus rien, sauf quelques
grattages espagnols au Zaghouan ou à Hammam-el-lif.
Voyons ce qui s'est passé depuis que notre influence s'est fait sentir. C'était hier.
La première concession a été donnée en 1876 à la société pour laquelle nous avions fait les premières
explorations : La Vieille-Montagne. (De même, en Algérie, c'est elle qui avait obtenu la première concession de zinc
du Nador à la même époque).
Or, depuis 1876, les choses ont été rapidement. Le tableau ci-contre montrera les concessions existant en Tunisie à
l'heure actuelle avec tous les renseignements sur chacune d'elles.
Sidi-Ahmed Zn, Cie royale 27/8/1894 1.875 Béjà 38 3.115 346.481 58 117
pb asturienne des ,
mines, Bruxelles 27/1/1902
1898 70
1894 100
1895 50
1896 50
1897 100
1898 200
1899 400
1900 350
1901 1.300
1902 1.850
1903 1.800
Bien entendu, tous ces permis ne sont pas accordés, mais le nombre des demandes prouve à quel point l'industrie
minière est en honneur en Tunisie.
Il faut voir aussi la progression de la valeur des produits exportés. Voici la statistique complète depuis la véritable
ouverture des mines qui ne date guère que de 1893.
Phosphates de chaux
TONNAGE ET VALEUR DES PRODUITS EXPORTÉS
Ainsi les mines concédées représentent à l'heure actuelle 30.000 hectares. Il y a une demande annuelle de 15 a
1800 permis de recherches et le produit des mines est de plus de douze millions de francs par an, ce qui, avec la
capitalisation ordinaire de 10 % pour les industries, représente un capital de 120 millions de francs environ.
Ces chiffres se passent de commentaires, on le voit et il n'est pas possible de mieux surprendre sur le vif les
bienfaits d'une administration libérale et expéditive. M. de Fages, le directeur des Travaux publics, comprend
admirablement sa mission en pays neuf. Il évite les tracasseries et les lenteurs inutiles et, en six années, M. Pavlllier,
son prédécesseur, et lui ont contribué à créer de rien, c'est bien le cas de le dire (car la mine est res nullus avant d'être
exploitée) une richesse de 120 millions de francs.
Tels sont les résultats obtenus en Tunisie: Les chiffres que nous venons de donner, tant pour les travaux publics
que pour les mines pourraient se résumer d'un mot un peu terre à terre mais saisissant.
On a dépensé, nous l'avons vu, deux cents millions en Tunisie en « outillage public » pour faire produire du travail
aux habitants dans de bonnes conditions. Or, ce travail est représenté par le commerce annuel qui atteindra sous peu
200 millions de francs.
De sorte que l’on peut dire que le pays tunisien produit chaque année, par son commerce, la valeur de son
outillage économique, autrement dit, s'il s'agissait d'une affaire industrielle, on dirait que son chiffre d'affaires annuel
est égal à son capital initial.
Que l'on nous montre un seul pays dans de pareilles conditions. Il n'y en a pas, car en France, nous avons un
outillage économique d'environ 55 milliards et notre commerce général, importation et exportation est de onze
milliards par an.
Mais, dira-t-on, on ne fait pas de miracles en cette matière, tout cela à une cause. Quelle est-elle ? Je répondrai :
Elle n'est pas bien nouvelle, cette cause, et j'ai quelqu'embarras à la révéler car elle se nomme « Liberté ». M.
Pichon a respecté l'initiative privée, il l'a encouragée, son administration s'est montrée expéditive et pas tracassière. Il
n'en a pas fallu davantage.
Ce haut fonctionnaire s'est appliqué à être le moins possible fonctionnaire.
Voilà son secret.
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