L'enseignem-Apprentissage Du Français
L'enseignem-Apprentissage Du Français
L'enseignem-Apprentissage Du Français
Fari Bouanani
ENSET (Ecole Normale Supérieure d’Enseignement Technique)
Oran, Algérie
Abstract: According to most of the Algerian teachers who took part in a survey conducted
from October 1988 to May 2006, the state of the teaching/learning of the French language
in Algeria does not induce any optimistic perspective. While all of them pinpoint what
they name “the declining standard”, which seems to grow every year, very few are able
to single out the real reasons behind this failure, let alone suggest any remedies to
such unsatisfactory circumstances. In these conditions, to restrict oneself to a “simple”
learners’ error analysis and to suggest remedies may eventually be insufficient. As a
matter of fact, this would result in neglecting the linguistic situation of bilingualism in
Algeria, as well as evincing the criteria of acquisition of a foreign language in relation
to the study of the representations of languages.
Key words: failure, analysis, bilingualism, representations (perceptions), acquisition.
وﺿﻌﯾﺔ،2006 و ﻣﺎي1998 ﺣﺳب رأي ﻣﻌظم اﻷﺳﺎﺗذة و اﻟﻣﻌﻠﻣﯾن اﻟﺟزاﺋرﯾﯾن اﻟذﯾن ﺷﺎرﻛوا ﻓﻲ دراﺳﺔ اﺳﺗطﻼﻋﯾﺔ ﻣﺎ ﺑﯾن أﻛﺗوﺑر: اﻟﻣﻠﺧص
. ﺗﻌﻠم اﻟﻠﻐﺔ اﻟﻔرﻧﺳﯾﺔ ﺑﺎﻟﺟزاﺋر ﻻ ﺗﺷﺟﻊ أﺑدا ﻋﻠﻰ اﻟﺗﻔﺎؤل/ ﺗﻌﻠﯾم
ﻓﻘﻠﯾل ﻣﻧﮭم ﯾﺳﺗطﯾﻊ ﺗﺣدﯾد اﻟﻣﺳﺑﺑﺎت اﻟﺻﺣﯾﺣﺔ،إذا ﻛﺎن ﺑﻌﺿﮭم ﯾﻧﺗﻘد ﻣﺎ ﯾﺳﻣوﻧﮫ "ﺑـﺎﻧﺧﻔﺎض اﻟﻣﺳﺗوى" و اﻟذي ھو ﻓﻲ ﺗﻘﮭﻘر ﻣﺗزاﯾد ﻣن ﺳﻧﺔ ﻷﺧرى
. و أﻛﺛرھم ﻗﻠﺔ ﻣن ﯾﻘدر ﻋﻠﻰ اﻗﺗراح ﺣﻠول ﻣﺧﻔﻔﺔ ﻟﺣﺎﻟﺔ واﻗﻊ ﯾطرح ﻛﺈﺷﻛﺎﻟﯾﺔ.ﻟﮭذا اﻟﻔﺷل
ﻓﻲ اﻟواﻗﻊ ھذا ﯾﻌود ﺑﻧﺎ إﻟﻰ. و اﻗﺗراح وﺳﺎﺋل ﻋﻼﺟﯾﺔ ﯾﻐدو أﻣرا ﻏﯾر ﻛﺎف،إن اﻟﺑﻘﺎء ﺿﻣن ھذه اﻟﺷروط ﻋﻠﻰ ﺗﺣﻠﯾل " ﺑﺳﯾط " ﻷﺧطﺎء اﻟﻣﺗﻌﻠﻣﯾن
. و ﻣﻌﺎﯾﯾر – اﻛﺗﺳﺎب ﻛل ﻟﻐﺔ أﺟﻧﺑﯾﺔ – اﻟﻣرﺗﺑطﺔ ﺑدراﺳﺔ ﺗﻣﺛﯾل اﻟﻠﻐﺎت ﻣن ﺟﮭﺔ أﺧرى،إﺧﻔﺎء وﺿﻌﯾﺔ ازدواﺟﯾﺔ اﻟﻠﻐﺔ ﺑﺎﻟﺟزاﺋر ﻣن ﺟﮭﺔ
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Synergies Algérie n° 3 - 2008 pp. 227-234
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Un constat alarmant
A la question : « Quel constat pouvez-vous établir sur l’enseignement/apprentissage
du français en Algérie ? », 77 % des enseignants interrogés pour les besoins d’une
enquête1 estiment que nous sommes dans une situation de crise. Il suffit à cet
effet, comme le soulignent certains collègues de l’université, de consulter les
copies des étudiants inscrits en licence de français pour se rendre compte que le
problème est bien réel et qu’il ne cesse de prendre de l’ampleur d’une année à
l’autre. Que faire alors ?
C’est à juste titre que G. Niquet (1995 :15) souligne : « Lorsqu’une situation
devient difficile, lorsqu’elle se met à susciter l’ennui, le découragement, voire les
heurts, il n’est que deux façons de l’affronter : la subir ou réagir.»
Sans vouloir donner à cette affirmation une valeur absolue, il convient quand
même de reconnaître que l’enseignement/apprentissage du français en Algérie
connaît une situation très pénible et qu’on assiste à l’indifférence, voire à la
désaffection des personnes censées apporter des solutions à ce genre de crise.
La responsabilité doit être partagée entre les maillons de la même chaîne :
politiques, concepteurs de programmes, chefs d’établissements scolaires, élèves,
parents, etc. Ce sont les efforts de chacun qui aideront obligatoirement à sortir
de ce marasme qui dure depuis de longues années et dans lequel se débat,
encore aujourd’hui, l’école algérienne en général, et l’enseignement de la langue
française en particulier.
C’est en analysant des situations concrètes de classe, à partir d’objectifs précis
qu’on a projeté d’atteindre, qu’on arrive très exactement à évaluer non seulement
le niveau de nos élèves mais surtout notre enseignement. Mais ce qui est quelque
peu étonnant aujourd’hui, c’est d’entendre parler de baisse de «niveau». Peut-on
concrètement donner un sens précis à niveau ? Quel est dans ce cas le point de
référence nous permettant de dire qu’il y a eu progression ou régression ? Est-ce par
rapport à nos compétences, nous enseignants ? Au niveau des «meilleurs» élèves ?
A la classe de l’année d’avant ou celles des autres années ? A de «faux souvenirs»
des compétences qu’on avait à l’âge des élèves incriminés ? Est-ce simplement
par rapport aux résultats obtenus par les élèves lors d’un examen, comme le
baccalauréat par exemple ?
En langue étrangère, nous évaluons nos élèves sur leurs performances à l’oral et
à l’écrit, or dans ce type de situations, nous ne leur demandons nullement de
restituer des savoirs mais plutôt de mobiliser des savoir-faire. Comment peut-on
alors, dans ce genre de contexte, parler de baisse de niveau ?
Les enseignants interrogés ont depuis longtemps rangé leur optimisme au placard et
revoient continuellement leurs objectifs et leurs espoirs à la baisse. Ils soulignent
qu’il n’existe pire situation que celle où l’enseignant prend enfin conscience que
les leçons auxquelles il a dû consacrer tellement de temps de réflexion et de
préparation, ne s’adressent désormais qu’à une minorité d’élèves de sa classe,
qu’il atteint rarement les objectifs visés avant le cours et que, malgré sa bonne
volonté, sa formation et ses compétences, il s’avoue continuellement désarmé
devant les difficultés rencontrées par ses élèves et son incapacité à cibler les
remèdes adéquats.
Et c’est dans ces moments, devenus fréquents, que surgissent quelques questions
qui vont lui tarauder l’esprit :
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L’ enseignement/apprentissage du français en Algérie : état des lieux
- Un premier élève n’arrive pas à assimiler les règles d’accord du participe passé
- Un deuxième ignore lequel des deux auxiliaires avoir et être employer, avec tel ou
tel verbe
- Un troisième rencontre des problèmes avec les règles d’accord du participe passé
avec le complément d’objet direct
- Un quatrième a des difficultés avec la conjugaison des verbes pronominaux…
Allons-nous, dans tous ces cas, proposer les mêmes activités de remédiation ?
Analyser revient à dépasser le stade du constat pour s’orienter vers une
étude critique des problèmes et difficultés rencontrés par les élèves dans le
but essentiel d’en cerner les causes ou du moins de formuler des hypothèses
de réflexion permettant à l’enseignant de mieux comprendre certaines
«résistances» à son enseignement, puis d’élaborer et de mettre en place un
programme de remédiation construit sur les difficultés de ses élèves.
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Etre conscient qu’il y a «problème» chez les élèves, c’est très bien, mais
s’orienter vers le «pourquoi», c’est encore mieux car :
- L’enseignant, n’est-il pas censé conduire ses élèves d’un point A (ils sont faibles)
vers un point B (ils sont moins faibles, ils ont progressé) ?
- Ne doit-il pas les aider à acquérir ces «bases» qui leur manquent tellement, et dont
il dénonce avec vigueur l’absence ?
- Ne doit-il pas rechercher toutes les conditions susceptibles de créer chez ses élèves
l’envie et la volonté de travailler plus ?
- Ne doit-il pas explorer les causes qui font que les élèves ne s’intéressent plus aux
cours, afin de leur proposer tout ce qui peut contribuer à les motiver et de faire en
sorte qu’ils soient attentifs à ce qui se passe en classe de langue ?
- Ils (les élèves) oublient rapidement tout ce qui a été réalisé en amont
- Il n’y a pas d’explications
- Ils ne prennent pas assez le temps de se concentrer sur ce qu’ils écrivent
- Je ne sais pas
- Je ne comprends pas
- Ils ne fournissent pas assez d’efforts…
C’est dans ces conditions qu’on mesure toute l’importance de ces questions :
«Analyser : pourquoi ? Comment ?»
Il est important de souligner que le champ d’application et le terrain de l’analyse
portent beaucoup plus sur les situations d’enseignement / apprentissage et sur les
conditions dans lesquelles évoluent ces dernières que sur les erreurs commises,
déclarées comme telles par rapport surtout à une norme grammaticale.
De plus, l’analyse, quand elle est appliquée aux formes linguistiques (c’est-à-dire
à tous les faits de langue à quelque niveau qu’ils se situent, que ce dernier soit
d’ordre phonétique, lexical, morphologique, syntaxique ou textuel) fait partie de
l’activité de conceptualisation. Cette dernière se résumant à l’observation des
formes linguistiques citées ci-dessus et surtout à la réflexion sur ces dernières.
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L’ enseignement/apprentissage du français en Algérie : état des lieux
le cas contraire, de quels procédés dispose t-il pour amener l’élève à ces
«représentations mentales» somme toutes abstraites et non mesurables ? Peut-
il d’un côté cerner ces représentations, et de l’autre amener l’élève à les
«considérer» dans le traitement des difficultés ?
La tâche n’est nullement aisée comme le souligne à juste titre D. Moore (2001 : 9).
« Les difficultés rencontrées pour cerner les représentations tiennent sans nul doute
aussi à la perméabilité des frontières entre des notions voisines, comme d’attitudes
ou de stéréotypes, dont les définitions s’entremêlent et se superposent ».
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Citons comme exemple, des élèves algériens de certaines filières qui ont une
opinion assez négative du pays dont ils doivent étudier la langue et qui pourtant
s’investissent totalement dans l’apprentissage de cette dernière car pour eux,
il s’agit d’un idiome qui va leur permettre d’accéder à un nombre important
d’ouvrages de leur spécialité rédigés dans cette langue étrangère et inexistants
dans leur langue de prédilection.
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L’ enseignement/apprentissage du français en Algérie : état des lieux
Pour une prise en charge exhaustive de toutes les difficultés auxquelles sont
confrontés les élèves qui apprennent une langue étrangère comme le français,
l’enseignant se doit, à un niveau ou à un autre, de rechercher comment ces derniers
se représentent cette langue et quelles sont leurs attitudes, celles de leurs familles
respectives et de leurs milieux dans l’apprentissage de cette dernière.
Cela le conduira à coup sûr à mettre en place des stratégies qui permettront
d’abord d’influer sur les sentiments des élèves dans le but de développer chez
eux le goût et le désir d’apprendre cette langue, ensuite de faire en sorte
que leurs représentations de cette dernière et que leurs attitudes vis-à-vis de
cette langue étrangère évoluent à travers une meilleure connaissance de la
France, des Français et des objectifs culturels, communicatifs et, pourquoi pas,
utilitaires de l’apprentissage du français.
Conclusion
Notes
1
La première enquête s’est déroulée durant l’année scolaire 1998/1999 pour les besoins d’un
mémoire de magistère avec un groupe de 100 enseignants de lycées.
Ce même questionnaire, revu et enrichi, a été repris dans la perspective de la rédaction d’une
thèse de doctorat à partir de l’année 2002/2003, avec un nombre d’enseignants de tous les paliers,
variant chaque année scolaire entre 70 et 110. Les dernières conclusions datent de l’année scolaire
2005/2006.
2
Kayser considère «les inférences orientées» comme l’ensemble des mécanismes par lesquels des
entrées (perceptives ou non) sont combinées à des connaissances préalables afin d’obtenir des
comportements élaborés.
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Bibliographie
Niquet, G. 1995. Enseigner le français pour qui ? Comment ? Paris : Hachette Education.
Puren, C., Bertocchini, P., Costanzo, E. 2001. Se former en didactique des langues. Lourai
(Normandie): Ellipses.
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