Douki Boubaker
Douki Boubaker
Douki Boubaker
Spécialité didactique
Thème
Présenté par :
Douki Boubakeur
Sous la direction de :
Un grand merci aussi aux enseignants et aux élèves qui ont participé à
la réalisation de notre enquête et accepté d’être enregistrés.
Dédicace
4
Introduction
Introduction
Dans une vision différente de celles présentées ci-dessus, Germain et Netten (2004)2
désignent par les stratégies d’enseignement toute « intervention ponctuelle » en classe dont le
but est de faciliter l'apprentissage. Elles représentent les actes concrets posés par l’enseignant,
en salle de classe, afin de créer les conditions propices à l’apprentissage de la matière
enseignée, en l’occurrence, le L2 (Germain et Netten (2005)). De leur coté, Hird et ses
collaborateurs les définissent comme des actions dans lesquelles s'engage un enseignant
(Hird et al. 2000).
La recherche sur les stratégies d’enseignement s’est intéressée à leur description et à leur
classification. Dans notre recherche, nous allons exposer une comparaison entre les
différentes typologies de ces stratégies dans le but d’en tirer une nouvelle classification qui
sera le fruit de cette recherche en s’appuyant sur les données que nous allons récolter sur le
terrain.
La problématique
Malgré l’adoption et l’introduction de nouvelles méthodologies dans le système éducatif
algérien, les difficultés que rencontrent les apprenants et les enseignants algériens persistent.
Il apparait donc clair que plusieurs paramètres doivent être pris en considération dans toute
tentative de résolution de ces difficultés. L’enseignement des langues étrangères en Algérie
et précisément l’enseignement du français se heurte lui aussi à plusieurs difficultés
1
Ibid. (p.23)
2
(Germain et Netten : 2004, p. 16)
1
Introduction
auxquelles plusieurs didacticiens tentent de remédier, dans une recherche menée par Cherrad-
Benchefra et Derradji en 1994, il a été montré que l’enseignement du français en Algérie se
trouve en nette inadéquation avec la réalité sociolinguistique du pays et les aptitudes et les
capacités linguistiques des apprenants.
Au sud de l’Algérie les apprenants sont rarement exposés à un apprentissage naturel du
français, ils n’entendent pas les gens parler dans cette langue dite étrangère. Les interactions
et les communications de la vie quotidienne se font en langue arabe dialectale. En effet, plus
de 85% de la population parlent la langue arabe qui est considérée comme « la première de
socialisation linguistique de la communauté de base » (K.T Ibrahimi 1995).
Ces apprenants ne commencent qu’à l’âge de huit ans, l’âge qui correspond à la troisième
année du primaire (Chelli Amirouche.2011), à apprendre le français auquel l’Etat algérien
accorde une faveur par rapport aux autres langues étrangères comme la langue anglaise qui ne
s’enseigne qu’à partir de la première année du collège.
Vu ces facteurs, l’enseignant est appelé à mettre en pratique des méthodes et des stratégies
adaptées et efficaces pour rendre l’apprentissage du français accessible aux apprenants. Dans
cette présente recherche, nous allons tenter de mettre en étude une des compétences visées
dans l’apprentissage du français, cette compétence concerne l’expression orale. Nous allons
chercher dans les différentes stratégies que l’enseignant peut adopter afin de résoudre les
difficultés que rencontrent les apprenants algériens et précisément ceux du sud dans
l’apprentissage de l’oral.
Ainsi, il apparaît aujourd’hui pertinent de se pencher sur les stratégies enseignantes mises en
place en classe d’oral, en milieu scolaire algérien et particulièrement en classe du cycle
primaire. Notre recherche tente donc d’apporter des éléments de réponse aux interrogations
suivantes :
-Dans quelle mesure les stratégies adoptées par les enseignants du primaire participent-elles
au processus de l’expression orale des apprenants en langue française?
-De quelle manière les enseignants du FLE guident-ils leurs apprenants en production orale?
-Quelle est la nature des stratégies que les enseignants mettent en œuvre lors de
l’apprentissage de l’oral?
-Que pensent les élèves de la 5ème AP des stratégies utilisées par leurs enseignants en classe et
particulièrement à l’oral ?
-Quelles stratégies d’enseignement devrait-on adopter en expression orale et lesquelles
devrait-on rejeter ?
2
Introduction
La méthodologie de recherche :
Cette recherche présente un double souci : l’un est de mener une réflexion d’abord sur la
notion de stratégies d’enseignement, sa délimitation théorique, son rôle dans l’appropriation
d’une langue étrangère, ainsi que les différents concepts qui sont en relation avec elle, ensuite
3
Introduction
sur l’oral, les méthodologies de son enseignement, ses spécificités par rapport à l’écrit, et les
différents genres d’oral enseignés. Enfin, sur l’enseignement de la langue française en
Algérie, les approches et méthodes d’enseignement adoptées par le système éducatif algérien
ainsi que l’importance qu’il accorde à l’expression orale dans l’apprentissage du français
langue étrangère dans le cycle primaire. L’autre est pratique, nous tentons au préalable de
cerner les difficultés que rencontrent les apprenants de la cinquième année primaire en
expression orale, ensuite, de repérer les stratégies d’enseignement auxquelles recourent les
enseignants du FLE en classe, enfin de classer ces stratégies selon qu’elles participent ou
non à la résolution des difficultés déjà cernées.
Dans ce classement, nous nous basons sur les différentes théories (Cyr, Germain. 1998),
Tardif (1997), Rançon (2009) et d’autres) qui se sont intéressées aux stratégies
d’enseignement en expression orale et les résultats obtenus à partir de l’analyse des données
récoltées auprès des apprenants et de leur production orale en classe.
4
Introduction
attention. Dans la mesure où il s’agit d’un entretien semi-dirigé, chacun des enseignants
développe plus ou moins ses propos.
A la fin de cette introduction, nous affirmons qu’ il n’est pas question dans cette recherche de
proposer un modèle idéal, applicable en toute circonstance, mais bien d’amener l’enseignant à
remettre en question ses propres pratiques de classe en expression orale, de lui permettre de
faire un retour réflexif quant à celles-ci afin de l’aider à réajuster ses stratégies. Ce travail a
pour objectif de contribuer à une meilleure compréhension des stratégies enseignantes à
assumer par les enseignants en classe d’oral et ainsi de fournir quelques pistes utiles pour la
formation des enseignants de langue.
5
Chapitre : I Cadre théorique
Chapitre I : Le cadre
théorique
6
Chapitre : I Cadre théorique
3
(Besse, 1985, p. 14).
7
Chapitre : I Cadre théorique
qu'à celles sur l'enseignement. De leur coté Cuq & Gruca (2012, p. 253) définissent le terme
méthode comme la manière de s’y prendre pour enseigner et pour apprendre.
8
Chapitre : I Cadre théorique
qu’on peut le déterminer à travers la façon dont l’enfant résout des problèmes lorsqu’il est
assisté par l’adulte ou collabore avec d’autres enfants plus avancés » (1978).
Pour Vygotsky (1934), l’être humain se caractérise par une sociabilité primaire : à travers
l’aide des autres (notamment de l’adulte), l’enfant s’engage dans ses activités sociales. La
sociabilité de l’enfant est le point de départ de ses interactions sociales avec son entourage.
L’être humain ne peut pas avoir le même développement que celui de ses sociétaires
lorsqu’il est isolé d’eux.
Le rôle de l’adulte consiste donc à restreindre la complexité de la tâche qui se présente à
l’enfant pour qu’il puisse résoudre les problèmes qu’il n’était pas capable de résoudre tout
seul. Le mécanisme général de ces interactions entre adultes et enfants est la construction de «
formats » qui encadrent les actions des enfants et rendent possible la transformation de leur
niveau actuel en relation avec leur niveau potentiel. Ces formats permettent l’ajustement entre
les systèmes de l’enfant et de l’adulte en fournissant un « microcosme » maîtrisable5.
Vygotsky accordait une grande importance à l’éducation scolaire, sa théorie a apporté des
propositions bénéfiques aux problèmes que rencontrent les différents systèmes éducatifs:
« (…) les références à l’éducation scolaire que l’on trouve chez Vygotsky doivent être
considérées non pas comme des descriptions des réalités éducatives, mais plutôt comme un
projet de rénovation de l’éducation. La théorie de Vygotsky, formulée il y a plus d’un demi-
siècle, a un tel potentiel heuristique, qu’elle pourrait fort bien être l’un des instruments de
cette rénovation de l’école d’aujourd’hui » (Ivic, 1994, p.12)
La théorie de développement de vygotsky peut s’appliquer sur l’apprentissage dont bénéficie
l’élève en classe dans la mesure où l’enseignant sera appelé à jouer le rôle de « l’expert »
ou/et du tuteur pour :
1. Définir la zone prochaine de développement : le rôle de l’enseignant consiste à orienter
son enseignement vers cette zone pour intéresser ses élèves et leur faire sentir les lacunes
qu’ils devraient combler.
La délimitation de la ZPD a pour but d’éviter que des élèves se retrouvent soit en zone de
rupture (trop difficile = non-mobilisation), soit en zone d’autonomie (trop facile = pas
d’apprentissage).
2. Collaborer avec ses élèves : L’enseignant collabore avec ses élèves et crée des situations
d’interactions artificielles. Pour Vygotsky, l’éducation ne se réduit pas à l’acquisition d’un
5
(Bruner, 1981).
9
Chapitre : I Cadre théorique
ensemble d’informations, elle est l’une des sources du développement et se définit elle-même
comme le développement artificiel de l’enfant.
Dans un sens proche, l’enseignant peut mettre l’élève en collaboration avec ses
camarades, leur demander par exemple de travailler en groupe, pour Vygotsky :
« L’apprentissage donne donc naissance, réveille et anime chez l’enfant toute une série de
développements internes qui, à un moment donné, ne lui sont accessibles que dans le cadre de
la communication avec l’adulte et la collaboration avec les camarades, mais qui une fois
intériorisés, deviendront une conquête propre de l’enfant»6.
2.2. L’étayage :
Bruner introduit pour la première fois la notion d’étayage (Scaffolding), basée sur
l’interaction particulière entre un tuteur « expert » et l’enfant (Wood, Bruner & Ross, 1976 ;
Bruner, 1983, 1987, 1997).
Dans le contexte scolaire, l'étayage recouvre toutes les manières dont l’enseignant accorde
ses interventions aux capacités des apprenants ainsi que tous ses processus d'ajustements
(Grandaty & Chemla, 2004).
La notion d’étayage est en relation étroite avec celle de la ZPD introduite par Vygotsky, pour
Bruner elle désigne « l'ensemble des interactions de soutien et de guidage mises en œuvre par
un adulte ou un autre tuteur pour aider l'enfant à résoudre seul un problème qu'il ne savait pas
résoudre au préalable»7.
6
(Vygotsky 1985b, p. 112).
7
(Bruner, 1983)
10
Chapitre : I Cadre théorique
11
Chapitre : I Cadre théorique
8
(Nonnon, 2001 in Grandaty & Chemla, 2004).
12
Chapitre : I Cadre théorique
Tardif propose de nouveaux rôles que les enseignants doivent remplir dans le contexte
de l'enseignement stratégique : celui de penseur, de preneur de décisions, de motivateur, de
modèle, de médiateur et d'entraîneur (Tardif, 1992).
Pour ce qui est des stratégies que devrait utiliser l'enseignant stratégique, Tardif (1992)
en mentionne six, selon le type de connaissances à faire acquérir, déclaratives, procédurales
ou conditionnelles. Il s'agit ici de stratégies comme d'une suite d'actions, Tardif (1992), à
l'intérieur de ces grandes stratégies générales, fournit quelques pistes pour des interventions
ponctuelles. Pour les connaissances déclaratives, Tardif (1992) propose l'élaboration et
l'organisation; Gagné (1985) considère l’élaboration comme un processus qui consiste à
ajouter de l'information à ce qui est présenté. Tardif propose quelques interventions
ponctuelles dans lesquelles un enseignant peut s'engager pour favoriser l'élaboration :
demander à l'élève de trouver des ressemblances entre les éléments, de fournir des exemples,
de faire un résumé, un dessin, etc.
Quant à l’organisation des connaissances déclaratives, elle consiste d’après Gagné
(1985) à diviser les informations en sous-ensembles et de faire ressortir les liens qu’ils
entretiennent entre eux. L'enseignant peut, par exemple, présenter un schéma organisé des
nouvelles connaissances à acquérir et ne pas avoir peur d'insister, de répéter souvent les
choses les plus importantes9. Selon lui « le professeur doit intervenir directement et
implicitement dans l’organisation des connaissances » (p. 342)
De leur côté, les connaissances procédurales relèvent de deux stratégies d'enseignement
particulières, la procéduralisation et la composition. La procéduralisation est une
représentation productionnelle qui rend compte des actions à effectuer pour mener à bien une
tâche. Le rôle de l'enseignant, dans ses interventions ponctuelles, est de présenter un modèle
de l'utilisation adéquate et complète de cette séquence d'actions et fait une démonstration
exhaustive de la connaissance procédurale.
Quant à la composition, elle suppose que l'élève doit d'abord avoir, dans sa mémoire
de travail, deux petites représentations productionnelles actives en même temps. C'est alors
qu'il peut les relier en réalisant que la première est la condition de la deuxième. Le rôle de
l'enseignant, à ce moment, est d'axer son enseignement sur de nombreuses interventions
ponctuelles pour guider l'élève.
Finalement, les connaissances conditionnelles, elles relèvent des stratégies de la
généralisation et la discrimination. La première permet de transposer à de nouvelles
9
(Tardif, 1992).
13
Chapitre : I Cadre théorique
situations des connaissances déjà acquises. La deuxième qui est la discrimination, est
étroitement liée à la généralisation. En effet, elle permet de replacer les choses quand l'élève a
sur-généralisé ou sous-généralisé une situation10. Pour que l'élève y parvienne, l'enseignant a
un rôle primordial à jouer; Il doit privilégier, à travers la présentation de situations variées,
des interventions ponctuelles offrant exemples et contre-exemples. De plus, il doit présenter le
contenu dans toute sa complexité afin que l’élève ne construise pas de représentations
erronées ou incomplètes.
Dans ce qui suit, nous allons exposer quelques typologies des stratégies
d’enseignement proposées par plusieurs auteurs dont la plupart s’intéresse aux stratégies qui
encouragent la communication et l’interaction entre l’enseignant et ses élèves. Il ne semble
pas exister de typologies aussi précises et claires que celles concernant les stratégies
d’apprentissage, chaque chercheur construit plutôt sa propre grille d'observation et ses
catégories.
10
(Tardif, 1992)
11
(Carullo, 1999, p.55)
14
Chapitre : I Cadre théorique
12
(Carullo, 1999, p. 59)
13
(Carullo, 1999, p. 60)
15
Chapitre : I Cadre théorique
16
Chapitre : I Cadre théorique
3. Intégrer la langue et les Les élèves doivent pouvoir -choisir des sujets d’intérêt pour
expériences des apprenants se sentir impliqués dans les élèves
les conversations -Fournir aux élèves le
vocabulaire nécessaire pour
qu'ils puissent s'intégrer à la
conversation.
4. Développer les Les enseignants doivent -Encourager la lecture
compétences en lecture et aussi accorder de la place à - Demander aux élèves
en écriture la lecture et à l’écriture d'imaginer de nouvelles fins aux
histoires qu'ils lisent.
5. Equilibrer la précision et Parler seulement de ce qui -Parler de la correspondance
l’aisance est utile dans l’immédiat entre les sons et les lettres
pour ne pas créer de -ne pas sur-corriger les erreurs
surcharge cognitive
6. Enseigner implicitement L’apprentissage se fait S’assurer que les élèves utilisent
la grammaire surtout par un usage répété dans différents contextes une
des différentes formes même forme grammaticale
grammaticales
7. Choisir une séquence Aller des tâches les moins -Toujours utiliser et réutiliser le
appropriée d’enseignement difficiles cognitivement à vocabulaire et les structures
celles les plus difficiles. importantes.
8. Favoriser la variété et la Il ne s’agit pas de suivre Développer une grande variété
flexibilité un programme rigide. d’activités
Tableau :Stratégies d'enseignement de Collins, Stead et Woolfrey (2004)
STRATEGIES D'ENSEIGNEMENT
Stratégies métacognitives
L'anticipation ou planification
C'est prévoir les objectifs pédagogiques à court, moyen ou long terme, se fixer un but à
atteindre; un but sensé, même s'il est ambitieux. C'est également prévoir ce que les
apprenants vont comprendre de l'explication, ce qu'ils vont interpréter ou pouvoir
interpréter. L'enseignant anticipe sur ce qu'il va dire et faire pour rendre son discours
compréhensible. Il planifie ses explications afin d'être efficace dans son enseignement.
17
Chapitre : I Cadre théorique
L'attention et le jugement
L'enseignant prête attention aux discours des apprenants pour réajuster son discours
explicatif. Il doit être à l'affût de tout signe qui lui permettrait de rebondir et d'avancer dans
son explication.
L'autogestion et la gestion des élèves
Sa propre gestion et la gestion des autres favorisent l’harmonie au sein du groupe-classe, et
permettent de créer une unité dans laquelle tous les protagonistes doivent pouvoir
s’identifier.
L'autorégulation
L’autorégulation permet de vérifier et corriger sa performance tout au long de son parcours
discursif explicatif. C’est aussi savoir gérer le flux verbal des uns et des autres afin de
réguler sa propre parole et la parole des autres. C’est le difficile travail de l’interaction.
L’identification des points d’ancrage et des sources de difficultés
Il est important pour l’enseignant de savoir qu’il existe des points d’ancrage dans
l’apprentissage d’une langue. Ceux-ci déclenchent en l’apprenant la perception, le « déclic
» et tout le discours devient à ce moment-là compréhensible. L’enseignant se prépare à
repérer ou anticiper leur apparition. Il en est de même pour des mots, groupes de mots ou
expressions qui peuvent rendre le discours opaque. Des sources de difficultés apparaissent
de manière inopinée et l’explication de l’enseignant sera plus difficile à mettre en place.
L’autoévaluation
L’enseignant auto-évalue son discours explicatif souvent au regard des résultats obtenus
par ses apprenants lors d’évaluations diverses. Il s’auto-évalue aussi en interaction en
fonction des feed-back des apprenants.
Stratégies cognitives
Expliquer et informer
La capacité de l’enseignant à expliquer et à informer correctement ses apprenants requiert
des compétences didactiques et pédagogiques. L’explication est un travail cognitif intense
où l’enseignant jongle entre ses propres connaissances, les connaissances des apprenants et
celles qu’ils ont à acquérir.
Mémoriser
Cette stratégie permet à l’enseignant de retenir tous les éléments verbaux apportés par les
apprenants et de les réutiliser à bon escient lors d’une future explication, par exemple.
L’inférence et la déduction
L’enseignant saura, lorsque cela est nécessaire, laisser l’apprenant dans l’ambiguïté afin de
ne pas entrer dans un discours non adéquat à la situation. Chacun des partenaires sera
capable d’accepter le fait de ne pas tout dire ou de ne pas tout savoir.
La recherche documentaire
Utiliser des sources de référence en vue de planifier un cours et d’élaborer des explications.
Paraphraser et reformuler
La paraphrase oblige l’enseignant à recréer un discours parallèle à celui qu’il avait exprimé
initialement afin de donner à l’apprenant les moyens de comprendre.
Élaborer
L’enseignant travaille sur la constitution de son cours ou de son discours explicatif en vue
d’être le plus efficace possible en classe.
Résumer, grouper et prendre des notes
Ordonner, classer, répertorier, comparer sont des stratégies fréquemment utilisées par les
enseignants tout comme par les apprenants. Ces stratégies sont en relation directe avec
l’élaboration du cours ou de la séquence. Elles permettent d’ajuster, d’adapter le discours
en temps réel ou a posteriori.
18
Chapitre : I Cadre théorique
Stratégies socio-affectives
La coopération
Selon Tardif, l’enseignant est un coopérateur et un facilitateur de coopération entre les apprenants
Synthèse :
Les stratégies présentées ci-dessus permettent d’aboutir à un enseignement plus
efficace, elles permettent aussi d’élargir les connaissances des enseignants sur les divers
processus d’enseignement. En effet, chaque enseignant doit choisir les stratégies qu’il voit
appropriées dans un contexte donné, l’enseignant stratégique est celui qui est capable de
mettre en pratique dans une situation d’enseignement plusieurs stratégies jusqu’à ce qu’il
arrive à atteindre les objectifs qu’il s’est préalablement fixés. A cet égard, il doit inciter ses
apprenants à déployer les stratégies les plus innovantes de maîtrise positive des problèmes de
communication en les ramenant à une autonomie langagière.
De ce fait, le choix de la stratégie pour laquelle opteront l’enseignant et l’apprenant
s’influence par plusieurs facteurs, d’après Tardif (1997) il y a cinq grands facteurs qui sont
susceptibles d’influencer l’apprenant et l’enseignant en situation d’éducation :
-les facteurs liés à la personnalité.
-Les facteurs d’ordre biographique : tels que le sexe, l’âge, l’origine ethnique ou la langue
maternelle
-Les facteurs situationnels : tels que le degré de compétence de l’apprenant, les approches
pédagogiques, les tâches d’apprentissage et le degré de difficulté
-Les paramètres affectifs.
-Les facteurs d’ordre personnel.
Dans cette présente recherche, nous allons accorder beaucoup d’importance aux
stratégies qui favorisent la production orale des élèves à l’école primaire, ces stratégies seront
la base de la grille que nous utiliserons pour observer et analyser les pratiques des
enseignants de notre corpus.
19
Chapitre : I Cadre théorique
II. L’oral
1. Qu’est ce que l’oral ? :
Il n’y a pas une définition exhaustive du concept de « l’oral », il peut tout d’abord
désigner tout ce qui est produit par la bouche, selon Dolz & Schneuwly (1998/2002),
« [l’oral] se réfère à tout ce qui concerne la bouche ou à tout se qui se transmet par la bouche
» (ibid, p. 51). P. Léon (1977 : 9) associe la composante de l’oral à la production des sons et
aux phénomènes qui en découlent comme le rythme, l’intonation, l’accent, et le débit.
D’autres auteurs sont d’accord pour cette vision citant par exemple ; Mouchon et Fillol
(1980)14.
Quand on parle de l’oral, on se situe dans la perspective de l’échange, il est toujours associé à
la communication avec les autres ; d’après J.M. Colletta (2002) l’oral permet l’échange avec
les autres.
Dans le même sens, Gérard Vigner15 déclare que :
« l’oral, terme ambivalent, désigne tout à la fois une situation d’échange : deux interlocuteurs
face à face qui coopèrent dans l’élaboration d’un discours en remaniement constant. L’oral,
l’autre forme de la langue, dans sa force sonore, doté de priorités acoustiques particulières,
met en jeu la perception auditive et les capacités articulatoires du sujet ».
En didactique de FLE l’oral désigne :
« Le domaine de l’enseignement de la langue qui comporte l’enseignement de la spécificité de
la langue orale et son apprentissage au moyen d’activités d’écoute et de production conduites
à partir de textes sonores si possible authentiques »16
A l’instar des difficultés inhérentes à sa didactique, l’oral doit être enseigné sur le
même plan que l’écrit, on doit lui ménager sa place qui lui est due et le reconnait comme un
domaine qui requiert l’attention de la didactique des langues étrangères. En effet, l’oral
constitue la base de la communication qui se déroule en classe entre l’enseignant et l’élève, il
permet à celui-ci de s’exprimer et surtout de construire son savoir. Pourtant, une confusion
peut y apparaitre; c’est celle qui concerne la distinction entre l’oral qui se réfère à un acte
social et la parole qui, selon De Saussure renvoie à un acte individuel. Pour sortir de cette
confusion, nous nous appuyons sur le sens que se donne Nonnon (2000, 79) à la notion d’oral.
14
Mouchon, Jean et Fillol, Francis, (1980), Pour enseigner l’oral, Paris, Ed. Cedic.
15
(Vigner,2001 :34) cité dans une revue électronique : http://gerflint.fr/Base/Mondearabe8.pdf .
16
Le Dictionnaire pratique de didactique du FLE (2002 : 20)
20
Chapitre : I Cadre théorique
Pour elle, il renvoie à « une conduite langagière » dans le sens où il s’agit « d’activités de
discours ». Il sert donc, tant pour l’enseignant que pour l’apprenant comme un moyen qui
permet la construction du savoir, ce qui peut se manifester clairement dans les matières
scientifiques (en mathématiques par exemple), mais il représente aussi en soi-même un objet
d’apprentissage ; l’élève doit connaitre les normes qui régissent son emploi.
Lors de la première scolarisation, l’élève se sent privé de certains comportements
langagiers auxquels il s’est habitué dans son milieu extrascolaire et surtout le milieu familial,
il est contraint de rompre avec ses habitudes qui ne peuvent avoir lieu en classe, il doit donc
manifester un certain respect aux règles de la langue voire de la parole, il se conduit d’une
façon différente de celle dont il se conduit chez lui.
A cet égard, il faut différencier entre l’oral en langue maternelle, où l’élève a déjà
acquis un certain nombre de compétences avant d’être scolarisé : il a le vocabulaire qui lui
permet d’extérioriser ses désirs et de mener facilement une communication avec le monde
extérieur (les autres apprenants ou l’enseignant) ; il a acquis aussi le système qui régit sa
langue maternelle; y compris; sa grammaire implicite; une certaine culture qui fait partie de
cette langue17, et l’oral en langue étrangère auquel l’élève n’a pas été initié, il se doit donc
apprendre un système linguistique différent de celui de sa langue maternelle, acquérir les
compétences de base de la langue étrangère ( dans notre contexte le français) pour pouvoir
s’exprimer et communiquer dans cette langue.
E. Nonnon (1999 : pp. 91- 92) distingue trois niveaux de questionnement qui traitent le
problème de l’oral en didactique :
1-Le fonctionnement de la classe et de l'école comme lieu social : la circulation de la parole
est inséparable des représentations réciproques, des relations de pouvoir, des habitus et des
appartenances culturelles. L’oral est en rapport avec des dimensions sociales, à travers lequel
l’apprenant acquiert les règles de la communication avec les autres, le respect des autres
points de vue qui diffèrent du sien.
2- L'oral comme médiateur privilégié de la construction de connaissances et de démarches
intellectuelles : dans ce niveau, l’oral est considéré comme un moyen qui permettrait
principalement la construction du savoir, il favorise l’activité cognitive de l’apprenant. Les
énoncés des élèves sont un révélateur de leurs interprétations, de leurs stratégies et des
obstacles sur lesquels ils butent.
17
Dans le contexte algérien, les apprenants scolarisés se confrontent à une langue maternelle (l’arabe classique)
qui diffère plus ou moins de la langue acquise dans le milieu extrascolaire (l’arabe dialectale)
21
Chapitre : I Cadre théorique
18
D, Fabienne et al. (2005)
22
Chapitre : I Cadre théorique
3- Les conditions d'énonciation : l'oral est plus souvent contextualisé et se produit dans des
dialogues, en situation d'action partagée, sans que ce soit exclusif, l'écrit est plus souvent
monologique et décontextualisé.
4-Le plan discursif : elle fait remarquer l'hétérogénéité et la variété des conduites orales, qui
relèvent plus souvent de ce que Bakhtine appelle des genres premiers et d'une planification
émergente pas à pas dans le dialogue, alors que les conduites écrites s'inscrivent plus souvent
dans des traditions plus normées qui homogénéisent les contraintes, et dans des conditions de
planification monologique préalable.
Donc l’oral se caractérise par ses propres mécanismes :
Il met deux interlocuteurs en contact direct, chacun d’eux doit respecter l’usage de l’autre et
la conception socioculturelle (comme les règles de courtoisie, les tours et le temps de parole)
que celui-ci possède afin d’éviter toute sorte d’incompréhension ou de malentendu.
Dans le même contexte, certains auteurs considèrent l’oral comme une passerelle à
l’apprentissage de l’écrit, c’est à travers l’oral que l’élève arrive à produire à l’écrit des
phrases plus ou moins cohérentes et syntaxiquement correctes, dans ce sens Philippe
Perrenoud affirme le privilège de l’oral par rapport de l’écrit :
« il ne voit pas comment un élève pourrait rédiger des textes s’il n’est pas capable d’exprimer
oralement quelques idées cohérentes. On ne voit pas comment sa syntaxe écrite serait
adéquate si son langage oral est incompréhensible. En travaillant l’oral, on travaille donc pour
l’écrit »19
L’oral est ce qui résulte d’une situation d’interaction ou de communication de face à
face, ce qui attribue aux énoncés oraux certaines caractéristiques : ils sont souvent inachevés
et caractérisés par des hésitations et de reprises qui ne peuvent pas être contrôlées.
Par ailleurs, la mise en œuvre de ces conduites langagières est conditionnée par
plusieurs facteurs. Ces facteurs, qui ont un rôle très important dans l’intercompréhension,
peuvent être regroupés selon les auteurs de l’ouvrage « Enseigner le FLE : Pratiques de classe
» (2005, p.21-25) en trois catégories :
Les traits de l’oralité : Ces traits propres à l’oral ont des fonctions syntaxiques et
sémantiques variées.
- les traits prosodiques (les pauses, les accents d’insistance, les modifications de courbe
intonative, le débit.).
- les liaisons et les enchaînements.
19
Philippe Perrenoud, 1988 : A propos de l’oral
23
Chapitre : I Cadre théorique
20
(Dolz,Pasquier et Bronckart, 1993) une action langagière consiste à produire, comprendre, interpréter et / ou
mémoriser un ensemble organisé d'énoncés oraux ou écrits (un texte, au sens général que nous donnons à ce
terme en tant qu'unité linguistique).
21
S. Moirand : Quelles catégories descriptives pour la mise au jour des genres du discours ?
24
Chapitre : I Cadre théorique
22
(Schneuwly.B et Dolz.J, 1997, p. 30) il y a un dédoublement qui s'opère, où le genre n'est plus seulement outil
de la communication, mais en même temps objet de l'enseignement / apprentissage.
23
Cité dans le site : http://j.poitou.free.fr/pro/html/gen/gen-intro.html
24
Dictionnaire pratique de didactique du F.L.E, Jean-Pierre Robert, Ophrys, 2002, p : 121
25
Chapitre : I Cadre théorique
- écrit oralisé (conférence, discours, énonciation d’un texte, lecture à haute voix) : -lire une
image (décrire une image comme la B.D) -la récitation- la lecture à haute voix- - l’exposé.
4. L’expression orale :
Selon Hélène Sorez : « S’exprimer oralement, c’est transmettre des messages,
généralement aux autres, en utilisant principalement la parole comme moyen de
communication »
La parole est certes le moyen le plus efficace pour s'exprimer et communiquer, mais le
geste seul existe également ; ainsi le mime (le langage non-verbal), certaines activités vocales
n'ont pas besoin de support de la parole pour être une manifestation émotionnelle : ainsi le
rire, les gémissements, les pleurs, les cris. Ce sont des gestes qui suffisent à manifester et à
transmettre de façon immédiate une émotion, un message.
Pour certains psychologues, la parole est une activité qui ne peut se comprendre qu'en
fonction d'un certain nombre de rapports que le sujet entretient dans l'expression et la
communication. Dans L'Art de la parole, Hélène Sorez25 cite ces rapports :
- le rapport que l'on entretient avec le langage
- le rapport que l'on entretient avec soi-même
- le rapport que l'on entretient avec les autres
- le rapport que l'on entretient avec l'ensemble du monde extérieur.
Pour pouvoir s’exprimer en langue étrangère, l’élève a besoin du temps, les premières
années où il reçoit des cours en cette langue seront importantes dans la mesure où elles lui
permettent d’acquérir le vocabulaire requis et de s’habituer au système qui régit cette langue
par rapport à sa langue maternelle. L’acquisition des conduites langagières orales est un
processus complexe qui s’inscrit dans la durée et ne se limite pas à la connaissance de la
composante linguistique. Elle englobe les autres composantes de la compétence
communicative (référentielle, socioculturelle, cognitive, etc.). Pour Kadi.Z et autres,
(2005)26 :
« L’expression orale ou production orale est une compétence que les apprenants doivent
acquérir progressivement et qui consiste à s’exprimer dans des situations diverses. Il s’agit
d’instaurer un rapport interactif entre un émetteur et un destinataire ou récepteur. L’objectif se
résume en la production d’énoncés à l’oral dans toutes situations communicative. »
25
Hélène Sorez, Prendre la parole, Paris, Hatier, 1976. Cité dans : Serandour F., De la parole à l’écriture :
ateliers d’écriture en France, au Portugal et au Maroc. Paris, L’harmattan, 2007.
26
Kadi Z., Charmie R., Ducrot J-M. (2005) : Cours d’initiation à la didactique du Français Langue Etrangère en
contexte syrien : définition et objectifs de l’expression orale en approche communicative.
26
Chapitre : I Cadre théorique
Il est important que les situations de communication qu’on présente à l’élève comme
support ou moyen pour libérer sa parole soient variées et ressemblent à celles qu’il rencontre
dans la société. Celui-là doit être proche de la réalité linguistique dans laquelle il puise sa
pensée. Cette dernière se traduit et construit progressivement le langage oral de l’élève. Une
telle approche permet aux élèves de faire des liens entre les éléments de la réalité, et de leur
réalité en tant que sujets apprenants et de participer à construire leur identité personnelle,
sociale et culturelle. D’après Kadi.Z et les autres auteurs(2005)27 pour que l’élève puisse
communiquer oralement, il doit respecter :
Les idées : les informations, quelles qu’elles soient, de l’argumentation que l’on choisit, les
opinions diverses et les sentiments que l’on exprime. Il faut avoir un objectif clair de ce que
l’on veut exprimer. Il est important d’adapter le contenu aux destinataires du message selon
l’âge, le rôle, le statut social.
De la structuration : la manière dont on présente ses idées. Les idées vont s’enchaîner de
façon logique avec des transitions bien choisies. On peut d’abord préciser ce dont on va parler
et pourquoi. On illustrera les idées avec des exemples concrets, des notes d’humour. On
terminera de façon claire et brève.
Du langage : de la correction linguistique et de l’adéquation socioculturelle. Dans une
communication courante, l’important est de se faire comprendre et d’exprimer ce que l’on a
réellement l’intention de dire, plutôt que de produire, au détriment de la communication, des
énoncés neutres mais parfaits. Un mot qui manque peut être demandé à l’interlocuteur, qui
sera ravi de le donner.
A l’école primaire, lieu où nous menons notre recherche, l’élève doit passer par trois
compétences liées à celle de l’orale, elles sont définies par le CECR : la compréhension
écrite/orale et la production écrite. Nonobstant, nous estimons que la compétence qui est en
corrélation étroite avec l’expression orale et qui la favorise est celle de la compréhension
orale :
« les élèves sont en général capables de comprendre plus de choses qu’ils ne peuvent en
produire. Cependant, les neurosciences nous montrent qu’en développant la compréhension,
on améliore du même coup la production »28
La compréhension orale est une activité par laquelle on vise à instaurer des mécanismes de la
prise de parole chez l’élève en classe, elle consiste à commenter, décrire, expliquer ou porter
27
Ibid.
28
Précis de didactique : devenir professeur de langue, Marie-Françoise NARCY-COMBES, Ellipses, 2005, p :
56
27
Chapitre : I Cadre théorique
29
Tagliante, Christine (2006) : La classe de langue, Paris, CLE International cité dans :
Elie Alrabadi,(2011) Quelle méthodologie faut-il adopter pour l’enseignement/apprentissage de l’oral ?,
Didáctica. Lengua y Literatura, University Complutense de Madrid , Spain, 19 pages.
30
Germain & Netten (2004b) : Facteurs de développement de l’autonomie langagière en FLE/FLS.
31
Germain & Netten, (2004a)
28
Chapitre : I Cadre théorique
29
Chapitre : I Cadre théorique
3 - la nature et le rôle des éléments du contexte (de travail) : "produit" en cours d'élaboration,
outils, matériaux, bureau/établi...) dans l'interaction
4 - le rythme du déroulement temporel de l'interaction verbale et la nature des pauses qui le
ponctuent.
L’interaction pédagogique met en présence deux interlocuteurs dont le statut diffère, la
répartition de la parole, la maitrise du code linguistique reflètent une situation d’« inégalités »
entre un enseignant adulte « en sa qualité de (quasi-) locuteur natif (LN)» (Bange, 1992,
p.10) et un nombre d’élèves considérés « comme des LNN ». Auger (2002, 2007b) précise
que dans ces situations de classe, les échanges mettent en œuvre une dimension identitaire
asymétrique des participants où l’enseignant détient les savoir et savoir-faire. De ce fait, les
interactions sont typologisées comme étant essentiellement asymétriques.
Par ailleurs, l’élève peut intervenir et interagir en classe de deux façons : verbale ou
non-verbale :
32
Goffman cité in : Robert Vion, la communication verbale, Ed. Hachette 1992, Paris, p.145
30
Chapitre : I Cadre théorique
33
L’échange d’aide dans l’interaction didactique. Francols (2010)
31
Chapitre : I Cadre théorique
34
Bucheton. Dominique, Interactions dialoguer communiquer, L'art du mélange, le Français aujourd'hui n°113,
paris, Ed, Armand colin.
35
Besse, 1992, p.34.
32
Chapitre : I Cadre théorique
langue étrangère ; les quatre habiletés sont visées car le but est de communiquer dans la vie de
tous les jours. La priorité étant toujours accordée à l’oral :
« elle reste la première tentative réellement interdisciplinaire d’approche de
l’enseignement/apprentissage des langues, et en tant que telle elle a joué un rôle important
dans la redéfinition conceptuelle de ce champ » (Besse, 1992, p.39).
Après la MAO, on assistait à l’apparition d’une autre méthodologie qui est celle de l’audio-
visuelle. Ce que la MAV avait ajouté comme élément nouveau est le fait de prendre aussi en
compte l’expression des sentiments et des émotions, non considérés auparavant. Cette
méthodologie tient compte du contexte social d’utilisation d’une langue et permet d’apprendre
assez vite à communiquer oralement avec des natifs de langues étrangères.
A partir des années 1970, l’approche communicative voire cognitive commençaient à
dominer le champ didactique, ce qui a apporté une nouvelle vision à l’oral. Avant l’AC, deux
méthodologies en liaison avec elle ont vu le jour :
- Le français instrumental qui vise la communication orale en situation de classe uniquement.
- Le français fonctionnel, qui est fondé sur les besoins langagiers réels des individus.
Dans l’approche communicative, l'oral est une des quatre compétences à développer.
La langue était conçue comme un instrument de communication ou d’interaction sociale.
L'objectif étant d'acquérir une compétence de communication.
36
J. Gumperz et D. Hymes, 1964
33
Chapitre : I Cadre théorique
ouvrage, Sophie Moirand37 présente différentes composantes qu’on doit acquérir pour pouvoir
communiquer en langue étrangère :
- une composante linguistique : c’est-à-dire la connaissance et l’appropriation (la capacité de
les utiliser) des modèles phonétiques, lexicaux, grammaticaux et textuels du système de la
langue.
- une composante discursive : c’est-à-dire la connaissance et l’appropriation des différents
types de discours et de leur organisation en fonction des paramètres de la situation de
communication dans laquelle ils sont produits et interprétés.
- une composante référentielle : c’est-à-dire la connaissance des domaines d’expérience et
des objets du monde et de leurs relations.
- une composante socioculturelle : c’est-à-dire la connaissance et l’appropriation des règles
sociales et des normes d’interactions, la connaissance de l’histoire culturelle et des relations
entre les objets sociaux.
37
Moirand S. (1982) : Enseigner à communiquer en langue étrangère, p. 20
34
Chapitre : I Cadre théorique
38
Benramdane, F. (2002) ‘Quelles langues, pour quelle école, pour quelle Algérie ? La fin des allusions’ in
Le Quotidien d’Algérie du 07 février 2002.cité dans la thèse de Rabéa Benamar (2012, p.87)
39
Mais, dès 2006, son enseignement ne commençait qu’à la 3ème année primaire, sans plus d’explications (cf.
infra).
35
Chapitre : I Cadre théorique
Cinq heures et quinze minutes est le temps consacré chaque semaine à l’enseignement
du français pour les élèves de la 5ième année primaire. Ceux-ci représentent les futurs
collégiens, ils doivent réussir au brevet final pour pouvoir s’inscrire parmi les élèves de la
1ère année du collège. A la fin de l’année scolaire, les élèves de la 5ème AP achèvent 147
40
(Moali, 2006 : 7)
41
Le programme de la 5ème année version de 2011
36
Chapitre : I Cadre théorique
heures d’apprentissage de la langue française, ils devraient atteindre les objectifs fixés au
préalable42 :
42
Ibid.
37
Chapitre : I Cadre théorique
43
- Nombre de projets en 5ème AP : 4 projets par an,
- Durée d’un projet : un projet dure de 6 à 7 semaines, le projet se compose d’une ou plus d’une séquence
- Durée d’une séquence : une séquence se déroule en huit heures environ,
- Déroulement possible d'une séquence de projet (sur 2 semaines)
38
Chapitre : I Cadre théorique
44
cf. Référentiel Général des Programmes
45
Huber M, (1999). Apprendre en projet : la pédagogie du projet-élèves. Lyon : Chronique Sociale
39
Chapitre : I Cadre théorique
Conclusion :
Le premier chapitre nous a permis de mettre en exergue les différentes théories traitant
le processus d’apprentissage du point de vue de l’enseignement. En effet, il y a eu un relatif
manque d’intérêt des chercheurs à l’égard de l’étude des pratiques enseignantes (en
comparaison avec la grande focalisation faite sur les apprenants). Selon Bressoux & Dessus
(2003, p.249) "Il apparaît donc assez clairement que l'étude des pratiques enseignantes
mériterait d'être non seulement prolongée, mais également amplifiée. En France, d'un simple
point de vue descriptif, on sait encore trop peu de choses sur ce que font les enseignants en
classe".
D’autre part, peu de recherches ont porté sur l’enseignement de la langue française à
l’école primaire dans le contexte algérien, particulièrement au sud. Cette pénurie au niveau
des études faites dans ce contexte rend la tâche de l’enseignant plus complexe et moins claire,
elle influence aussi négativement les concepteurs des programmes.
Ainsi, décrire et analyser des pratiques effectives d’enseignement constitue un enjeu
important pour les travaux en didactique (Bressoux & Dessus, 2003).
Dans le second chapitre nous allons présenter les différents outils mis en œuvre pour
recueillir les données nécessaires à cette étude ainsi que la méthodologie que nous avons
suivie pour analyser les données recueillies.
40
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
Chapitre II :
Recueil de données et outils
d’analyse
41
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
46
L’âge des enseignants observés, l’expérience qu’ils ont dans le domaine d’enseignement ainsi que leur origine.
42
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
laboratoire ICAR). Par ailleurs, une grille d'observation et d'analyse a été conçue dans le but
d'analyser les diverses stratégies d’enseignement mises en œuvre par chacun des enseignants.
2. Le contexte :
Notre enquête s’est déroulée au sein d’une école primaire qui se trouve dans la Daïra
d’Abadla, une région qui se situe dans la wilaya de Béchar au sud de l’Algérie. En effet, cette
région était témoin de la présence de la colonisation française surtout dans le domaine du
commerce sur lequel les colons avaient la haute main. Les habitants qui y appartiennent ne
sont pas nombreux, et sont connus de leur penchant commercial, la plupart d’eux exerce des
professions libérales. La présence des écoles étatiques dans ce canton est récente; le premier
lycée a été construit en 1990, les élèves qui réussissaient au fondamental devaient s’inscrire
dans un lycée dans la wilaya de Béchar qui se situe à 90K d’Abadla. Ces conditions ont
conduit la majorité des élèves à abandonner les bancs de l’école, ce qui donne une mauvaise
image sur le niveau culturel des habitants.
A l’instar des autres endroits de l’Algérie, la langue parlée par les habitants d’Abadla
est l’arabe, les autres langues comme l’amazighe et le français sont complètement absentes
dans leur parler, sauf le cas où certaines familles qui ne sont pas originaires viennent s’y
installer et continuent à utiliser leur langue maternelle qui est généralement l’amazighe. Par
ailleurs, il est important de faire remarquer que dans d’autres régions de la même wilaya, la
langue dominante n’est pas l’arabe, mais l’amazighe qui a ses particularités par rapport à celle
parlée par exemple en Kabylie.
43
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
mettre en œuvre toutes les conditions qui permettent d’avoir une observation de classes la
plus naturelle possible tout en contrôlant plusieurs variables. Elle est donc une observation
non participante, systématique, non-dissimulée, et instrumentale. Elle a eu lieu le 23 avril
2015.
En effet, nous avons choisi d’utiliser cette méthode parce qu’elle nous offre la
possibilité de récolter des données verbales et non verbales sur le terrain et de faire ensuite
leur description ; selon Gérald Schlemminger47 :
« L’observation (non participante) directe est d’abord une technique de recueil des données
verbales et non verbales dans un contexte « naturel » et indépendant de la situation
d’observation. C’est ensuite une méthode pour la description d’un comportement langagier
manifeste afin de dégager une interprétation des performances langagières d’un locuteur. »
3.2. Le dispositif de l’observation :
Afin d’observer les pratiques enseignantes, tout un dispositif d’observation est mis en
place. En effet, il ne suffit pas de s’installer simplement dans une classe et de filmer au moyen
de matériel performant.
En fait, les deux enseignants qui participent à cette enquête ainsi que le directeur de
l’école primaire doivent donner leur accord quant au fait de filmer. Pour ce faire, nous avons
fait signer au directeur de l’éducation de la wilaya de Béchar une demande d’autorisation de
filmer certaines classes et un droit à l’image (il s’agit d’une « autorisation de filmer,
d’exploitation de l’image et de diffusion de l’image à des fins pédagogiques »). Ces
documents doivent impérativement être signés pour mettre en place les observations.
Le recueil des données s’effectue avec divers supports. Le but premier étant de rendre
compte des interactions langagières en classe, la vidéo s’impose, bien évidemment, mais ne
constitue pas le seul procédé d’observation.
Nous avons mis en place deux caméras numériques qui ont une bonne qualité d’image
et de son, et un magnétophone dont la fin est d’enregistrer les paroles des interactants en
classe et particulièrement celles qui échappent aux deux caméras.
La première caméra est placée d’une façon qui permet de capter tous les mouvements de
l’enseignant. La deuxième sert à filmer les élèves et les gestes qu’ils peuvent utiliser en
classe.
47
SCHLMMINGER Gérald , 2013 «Quelques réflexions méthodologiques à propos de l’évaluation de classes
bilingues», Les Cahiers du GEPE, N°5/ 2013. Espaces scolaires et plurilinguismes.
44
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
Nom de l’enseignant EA EN
sexe Homme femme
L’âge 49 ans 27ans
L’expérience dans 29 ans 5 ans
l’enseignement
Le diplôme MEF et PEP / il a bénéficié PEP
de deux formations en France
Tableau: Description des deux enseignants observés
2. Les apprenants :
Les apprenants qui ont participé à notre enquête appartiennent à la 5ème AP, ils ont un
niveau hétérogène en langue française et issus d’un milieu familial différent les uns des
autres. Ils sont au nombre de soixante cinq élèves et sont répartis sur deux classes.
Pour la classe de l’enseignant EA, elle est composée de trente élèves (17garçons et 13 filles),
leur âge diffère d’un apprenant à un autre : sept élèves ont 12ans, quinze ont 11ans et huit
élèves ne dépassent pas 10ans.
Pour la classe de l’enseignante EN, elle se compose de trente cinq élèves (18 garçons et 17
filles), ceux-ci ont le même âge que les élèves de la première classe ils sont âgés en moyenne
de 11ans.
Dans les deux classes, les élèves sont répartis sur trois rangs et s’asseyent en dyade.
45
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
D’après l’entretien semi-directif que nous avons effectué avec les deux enseignants
observés, le niveau des élèves diffère d’un élève à un autre, selon les enseignants questionnés,
ceux qui sont issus d’un milieu favorisé, dont les parents sont cultivés et occupent des
fonctions administratives, sont plus motivés à apprendre le français en classe, ils arrivent à
s’exprimer plus librement par rapport à ceux qui sont issus d’un milieu défavorisé.
Selon l’enseignant EA plusieurs élèves peuvent s’exprimer oralement en classe, mais ils
restent toutefois lacunaires en lexique :
46
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
47
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
Ensuite, il passera à une deuxième compétence qui est la production orale qui se base sur
l’exploitation du même support visuel choisi au préalable. Les deux compétences ne sont
presque pas séparées mais enchainées d’une façon que l’une favorise l’autre. Voici les
différents moments par lesquels passe l’enseignant dans le cours d’oral :
48
Convention ICOR, du laboratoire ICAR/Lyon, mise à jour en novembre 2007. Voir en annexe les normes
de transcription ICOR complètes.
http://icar.univ-lyon2.fr/ecole_thematique/tranal_i/documents/Mosaic/ICAR_Conventions_ICOR.pdf;
48
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
- les apprenants qui participent plus que les autres sont désignés par une lettre
minuscule (ex : AGi)
- les apprenants non connus sont indiqués par un point d’interrogation.
4. Le questionnaire:
Le recours au questionnaire est conçu dans le but d’obtenir des informations sur les
représentations des élèves de la 5ième AP de la langue française, leur motivation et les
difficultés qu’ils rencontrent au cours de l’apprentissage de cette langue et particulièrement
celles qui concernent la production orale. Nous leur avons demandé de compléter celui-ci en
classe, en présence de l’enseignant. En effet, nous voulons nous assurer que personne ne
réponde à la place des élèves ce qui accorde plus de crédibilité à nos résultats. Notre
questionnaire a été soumis aux élèves en langue française, mais aussi traduit en langue arabe
afin de faciliter la compréhension des questions. Entre autres, à certaines questions les élèves
peuvent répondre dans la langue qu’ils maitrisent (en français ou en arabe).
49
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
50
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
Nom/prénom: …………………………………………………………………..
Sexe : fille garçon
Age :
Lieu de résidence : …………………………………………….
Le nom de l’établissement : ……………………………………………………………….
------------------------------------------------------------------------------------------------------
51
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
Langue(s) Réponses
Arabe
Français
Amazighe
Amazighe/Français
Arabe/Français
Français/Anglais
52
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
53
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
54
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
5. L’entretien semi-directif :
Nous menons avec les deux enseignants observés un entretien semi-dirigé dans le but
d’avoir une vision précise sur le déroulement de l’apprentissage de la compétence orale. Cet
entretien se compose de onze questions choisies en fonction des objectifs fixés par notre
recherche. A travers ces question, nous voulons nous renseigner sur les stratégies que ceux-ci
utilisent en classe d’oral ainsi que les impliquer dans le processus de la résolution des
difficultés liées à l’oral.
Nous avons reçu les réponses aux questions posées à la fin du mois d’avril, trois
semaines étaient suffisantes aux enseignants pour nous les remettre.
En fait, notre entretien semi-directif se compose de deux parties :
La première partie porte sur des informations d’ordre général ; sur les enseignants : le nom, le
prénom, l’âge, les diplômes et formations ainsi que les années d’expérience.
Quant à la deuxième partie, elle est consacrée à des questions qui portent sur les pratiques
enseignantes avant, pendant et après le cours d’oral.
Voici les questions de l’entretien semi-directif :
55
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
1-Quelle(s) est la(s) méthode(s) que vous utilisez pour enseigner la production orale ?
2-Quelles sont les activités qui sont plus motivantes à vos élèves ?
3-Comment jugez-vous la participation de vos élèves en expression orale ?
4-Selon vous, quelles sont les difficultés que rencontrent les élèves du sud à l’oral par
rapport à ceux du nord ?
5-Comment peut-on favoriser et libérer l’expression orale des élèves ?
6-Comment réagissez-vous devant les élèves qui ne participent pas pendant la séance
d’expression orale en classe ?
7-Les supports que vous utilisez favorisent-ils l’expression orale des élèves ?
8-Les thèmes de la production orale sont-ils pris de la vie quotidienne des élèves, ou sont-ils
fabriqués ? Vous les avez pris du manuel ? Sinon, vous les avez choisis en fonction des
objectifs du programme ou est-ce un choix personnel ?
9-Pourriez-vous nous expliciter les stratégies qui vous paraissent pertinentes et qui aident à
résoudre les problèmes d’expression orale chez les élèves ?
10-Préparez-vous le cours d’expression orale à la maison ? Faites-vous cette activité d’une
façon régulière ?
11-Evaluez-vous les productions individuelles orales des élèves ?
-si oui ; comment ?
-si non, pourquoi ?
56
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
49
Le corpus est conçu « un corpus est une collection de données langagières qui sont sélectionnées et organisées
selon des critères linguistiques explicites pour servir d’échantillon du langage ». Sinclair (1996,
citée par Charaudeau & Maingueneau, 2002, p.148)
57
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
plusieurs actes, par lesquels les interactants se coordonnent pour réaliser au mieux ce moment
de clôture.
2. La notion de tour de parole dans l’interaction :
La notion de tour de parole repose sur un mécanisme d’alternance à tour de rôle, elle
renvoie à l’intervention d’un locuteur à un moment donné du déroulement de l’interaction.
Bachemann définit le tour de parole comme « une unité interactionnelle, qui recouvre une
multitude de moyens linguistiques, allant des constructions lexicales autonomes aux phrases
complexes, en passant par le rire, l’onomatopée et les types de syntagmes les plus divers »50
A ces propos, nous distinguons aussi la prise de parole spontanée en classe. En effet,
les élèves au primaire ont tendance à participer d’une façon spontanée, ils ne contrôlent pas
leurs interventions. Cette prise de parole doit être gérée par l’enseignant dans le but
d’améliorer la production orale des élèves.
3. L’organisation globale de l’interaction :
A ce titre, nous allons citer le modèle conçu par Kerbrat-Orecchioni51 et qui rend
compte de l’organisation globale de l’interaction :
Il distingue cinq rangs pertinents dans l'analyse d'une conversation. Pour ce qui est des unités
dialogales, il cite trois unités : l'interaction, la séquence et l'échange. Viennent ensuite,
pour les unités monologales, l'intervention puis, bien sûr, l'acte de langage. L'interaction
est, par définition, l'unité de rang supérieure. La séquence, unité de deuxième rang, est définie
comme un bloc d'échanges reliés par un fort degré de cohérence sémantique et/ou
pragmatique. On parle ainsi de séquence d'ouverture et de séquence de clôture, celles-ci sont
en général fortement ritualisées (donc plus facilement repérables) et elles encadrent le corps
de l'interaction qui est lui-même constitué d'au moins une séquence. Dernière unité dialogale :
l'échange. Beaucoup plus complexe, l'échange est la plus petite unité dialogale ; c'est avec
l'échange que commence le dialogue au sens strict (instauration et flux de la communication).
L'échange est formé des unités monologales que sont l'intervention et l'acte de langage. On
définit l'intervention comme la contribution d'un locuteur particulier à un échange particulier.
Enfin l’acte de langage qui peut être défini comme étant l’action (verbale) minimale effectuée
par un locuteur. L’ensemble du système est fondé sur l’acte.
50
(Bachemann et al. 1981, p. 142) cité par Mahieddine, A.( 2009).
51
Kerbrat-Orecchioni, C. (1990). Les interactions verbales (Tome 1). Paris: Armand Colin.
58
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
4. La grille d’analyse :
La conception de cette grille s'est donc inspirée de diverses études qui portent sur les
stratégies d’enseignement à mettre en œuvre dans une situation d’interaction en classe de
langue. A cet égard, plusieurs paramètres concernant le contexte dans lequel se passe notre
expérience sont pris en compte : sociolinguistiques, affectifs, didactique et pédagogique.
Dans la même logique et afin d’étudier l’action prise par l’enseignant en classe dans sa
globalité, il nous parait crucial de nous intéresser aux paramètres non verbaux notamment les
gestes.
52
Rançon, J. (2009).
59
Chapitre : II Recueil de données et outils d’analyse
- Organiser les tours de parole -La répétition -Ne pas couper la parole à un élève pour
-Evaluer/ Valider/Rectifier -La reformulation le corriger
-Planifier le cours et gérer les imprévus -Utiliser la langue maternelle (La -Encourager les élèves à prendre la parole
-Questionner/Evaluer (pour s'assurer que les traduction, l’alternance codique) -Motiver les élèves
apprenants ont compris) -Questionnement : utiliser des questions -Susciter l’intérêt des élèves par divers
- Faire dire : faire parler, libérer la parole, brèves moyens
obliger à développer des prises de parole -Expliquer, expliciter et clarifier la tâche à -Provoquer la compétition entre les
-Déléguer la parole : effacement énonciatif effectuer élèves
maximum de l'enseignant -Utiliser un vocabulaire simple -Impliquer les élèves ; leur expérience,
-Sollicitation des élèves faibles -Modéliser des phrases leurs noms…dans la tâche ou dans la
-Ne pas monopoliser la parole. -Illustrer par des exemples réels question, personnaliser.
-Développer la prononciation à travers la
lecture
-Enrichir le vocabulaire des élèves à partir
d’un contexte précis
-Améliorer le côté langue
(gram/conj/pron).
Tableau de la grille d’analyse (caractère verbal).
60
Chapitre : II recueil de données et outils d’analyse
53
Cosnier J., Grosjean M. & Lacoste M., 1993, Soins et communication. Approche interactionniste des relations
de soins, Coll. Ethologie et psychologie des communications, ARCI, Presses universitaires de Lyon.
61
Chapitre : II recueil de données et outils d’analyse
Conclusion intermédiaire :
Après avoir récolté les données, il nous a paru essentiel de concevoir une grille
d’analyse. Celle-ci rend compte des pratiques enseignantes en classe et explicite les stratégies
auxquelles recourt chaque enseignant. En effet, notre analyse ne consiste pas à dresser un
tableau comparatif des deux enseignants ou à confronter deux pratiques enseignantes
différentes, mais à en faire ressortir les stratégies qui favorisent la production orale des élèves
et celles qui entravent ou stigmatisent les élèves et les empêchent à s’exprimer oralement en
langue étrangère (les stratégies de contre-étayages).
Par ailleurs, l’activité dont il est question ici n’est pas seulement la production orale, mais
aussi la compréhension. En effet, les deux compétences (la compréhension et la production
orale) ne peuvent pas être séparées, mais elles se complètent.
Dans la partie suivante, seront analysées les données recueillies : celles d’abord qui
concernent le questionnaire qui a été soumis aux élèves, ensuite, celles que nous avons
récoltées en classe à partir de l’observation des deux cours.
62
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Chapitre III :
Analyses du corpus et
commentaires des données
63
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
60
50
40
30
20
10
0
b/une c/une d/une
a/une
langue langue langue
langue utile
inutile facile difficile
Q1/Nde réponses 76 6 58 8
pourcentage sur 90 84% 7% 64% 9%
Cette question porte sur ce que représente la langue française pour les élèves de la
5ème AP ; ceux-ci peuvent choisir deux réponses des quatre qui sont proposées à savoir : le
français est une langue importante ou non et est-ce qu’elle est difficile à apprendre ou non. Le
graphique ci-dessus nous montre que la majorité des élèves (84%) est d’avis que le français
est une langue utile et qu’ils doivent apprendre, cependant, il y a une minorité d’élèves (7% )
qui pense que le français est une langue inutile. Ce résultat peut être justifié par la présence de
la langue française dans le milieu des élèves algériens, elle représente la langue de l’économie
et du progrès technique; c’est une langue que l’on fréquente à l’université, et permet l’accès
aux différentes discipline scientifiques telles que : la médecine, la biologie…etc. ainsi :
« l’exposition à la langue française étant forte et continue rend la présence de cette langue
effective et contraignante dans l’environnement linguistique des sujets parlants algériens. Ces
derniers pratiquent et/ou subissent le français dans le système éducatif, dans toutes les
institutions qui participent de l’activité sociale, économique, politique et culturelle. »54.
Il est nécessaire que les élèves soient conscients de l’utilité de la matière (dans notre cas le
français) qu’ils apprennent, ce qui influe sur leur motivation et leur prestation en classe.
54
Le Français en Algérie : Lexique et Dynamique des langues », Cherrad Y., Derradji Y., Queffelec A., Debov
V., Smaali D., Edition Duculot/Deboeuck Université, à paraître Avril 2002, Belgique
64
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Concernant le deuxième choix effectué par les élèves, il montre que les apprenants ne
ressentent pas des difficultés pour apprendre la langue française, par contre, ils manifestent
une prédisposition pour l’apprendre, elle représente pour eux une langue facile à apprendre
(64%). En revanche, un nombre restreint des élèves (9%) pense que le français est une langue
difficile. Ce résultat peut être un motif aux enseignants pour adapter leur enseignement au
niveau réel de leurs élèves loin d’avoir une attitude trop puriste.
Question N:2
50
nombre d'élève
40
30
20
10
0
a/toujours b/rarement c/non;jamais
Q2 N de réponse 7 51 31
pourcentage sur 90 8% 57% 34%
Les réponses données par les élèves à la deuxième question montrent bel et bien que
rares sont les élèves qui vivent dans un milieu francophone, 8% seulement qui disent que
leurs parents parlent quotidiennement le français, en revanche, 57% des élèves disent que leur
parents parlent le français mais rarement, ce choix est justifié par la présence de la langue
française dans la vie professionnelle des parents, ils assistent quotidiennement à un discours
truffé d’interférences linguistiques arabe/français : dans les conversations et les échanges qui
se déroulent de manière spontanée entre les parlants algériens (y compris les parents des
élèves concernés) plusieurs unités en langue française s’insèrent spontanément dans des
phrases en arabe. La taille de ces unités varie de l’unité lexicale simple aux syntagmes plus ou
moins longs.
D’autre part, une autre partie importante (34%) des élèves questionnés répond que
leurs parents ne parlent pas le français, ceux-là ne rencontrent cette langue qu’à l’école, ce qui
pourrait être un écueil dans leur chemin de l’apprentissage. En fait, la majorité des parents
qui vivent dans cette région (Abadla ; où nous menons notre enquête) n’a jamais été
scolarisée, ils sont victimes d’une politique coloniale qui excluait le sud algérien des projets
de développement et dont la présence n’était constante et publique qu’à partir des années
65
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
1880 à 1900. Donc, une minorité de parents qui témoigne d’une maitrise plus ou mois parfaite
est née au lendemain de l’indépendance ou avait accès à la langue et la culture française
pendant la période coloniale.
Question N :3
Questions 3:Qu’est ce qui peut vous stimuler à apprendre la langue
française?
60
nombre d'élèves
50
40
30
20
10
0
b/pour le
a/obligatoire à c/raisons
plaisir(belle d/autres
l'école professionnelles
langue)
Q3N de réponse 23 54 21 2
pourcentage sur 90 26% 60% 23% 2%
A cette question, 60% des élèves répondent qu’ils aiment apprendre la langue française
sous prétexte qu’elle est une langue de prestige, ils trouvent un plaisir quand ils l’apprennent
ou le parlent. En effet, ce choix est influencé d’une part, par la valeur qu’attribue la société
algérienne à la langue française (c’est la langue du développement, de la mode et du prestige,
disent certains), d’autre part, par la curiosité connue chez les élèves du primaire. Cette
dernière les pousse à apprendre ce que les adultes valorisent. Dans cet ordre d’idées, il parait
clair que, les représentations des élèves questionnés sont influencées par le milieu dans lequel
ils vivent, ce qui oblige les enseignants à le prendre en considération dans leurs manières
d’enseigner et le choix des supports qu’ils utilisent.
Un autre groupe d’élèves choisit entre l’obligation de cette langue à l’école (26%), un motif
qui les incite à l’apprendre, et la profession (23%) que leur offre sa maitrise. En effet,
plusieurs élèves désirent avoir un emploi à travers l’apprentissage de cette langue, la région
dans laquelle vivent ces apprenants est connue d’un manque d’enseignants de langue
française ; la plupart des enseignants sont venus d’autres régions surtout le nord du pays, ce
qui peut les motiver à apprendre cette langue.
66
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Question N :4
40
30
20
10
0
b/en classe et à c/en classe et à
a/en classe
la maison la TV
Q4 N de réponse 25 27 40
pourcentage sur 90 28% 30% 44%
Les réponses que nous avons obtenues à partir de cette question, sont didactiquement
significatives, elles montrent à quel point les élèves sont hétérogènes : ils arrivent des milieux
plus ou moins différents les uns des autres. En fait, 28% des élèves répondent que le seul
qu’ils entendent parler en français est leur enseignant, la pratique de la langue se limite donc
par le contexte classe ce qui rend son apprentissage plus difficile et moins accepté par ces
élèves. D’autre part, 30% des élèves disent avoir entendu le français en classe et à la maison
c'est-à-dire qu’ils ont déjà été initié à son apprentissage, ces élèves ne seront pas confrontés
aux mêmes problèmes linguistiques que rencontrent ceux dont le milieu a une influence
négative sur eux. La grande partie (44%) des élèves questionnés choisit la troisième
proposition : ils ont l’habitude d’entendre les gens parler en français à la télévision, cette
réponse ne veut pas dire forcément qu’ils comprennent ce qui est dit, mais celle-ci représente
pour eux un archétype de langue (des natifs ou des non-natifs) loin d’être un outil
d’apprentissage. En effet, ces élèves seraient plus avancés par rapport à leurs condisciples, ils
comprendraient ce que veut leur transmettre l’enseignant et n’éprouveraient pas d’énormes
difficultés pour s’habituer à l’usage de cette langue.
67
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Question N : 5
40
30
20
10
0
c/amazigh f/fr/anglai
a/arabe b/français d/am/fr e/ara/fr
e s
Q5N de réponse 51 1 3 2 31 0
pourcentage sur 90 57% 1% 3% 2% 34% 0%
La majorité des élèves questionnés (57%) parle en langue arabe à la maison, tandis
que 34% d’élèves parlent en langue arabe et en langue française à la maison, ce résultat est
dû d’abord, au niveau culturel des familles dont sont issus ces élèves, ensuite à l’usage de la
langue arabe chez les parlants algériens, y compris les élèves qui participent à cette enquête.
Ils possèdent dans leur répertoire verbal deux formes différentes de la langue arabe :
-l’arabe standard :
C’est la langue officielle de l’Algérie, elle est la seule langue dont l’usage est admis dans
tous les établissements étatiques du pays. Dans le domaine de l’enseignement, elle est
devenue l’unique langue d’enseignement aux cycles primaire, moyen et secondaire. Mais son
usage se limite par sa présence institutionnelle, et se trouve complètement abandonné en
dehors de ce contexte scolaire.
-l’arabe dialectal ou le parler algérien (derrija) :
C’est une langue qui n’a pas de statut officiel, elle ne s’emploie qu’à l’oral et diffère de
l’arabe appris à l’école (standard). Pourtant, on la considère comme la langue maternelle et
véhiculaire de la majorité de la population algérienne. Elle est connue de son amalgame entre
plusieurs langues : les termes que l’on y utilise sont empruntés à la langue arabe standard,
française, espagnole, berbère et turque.
Certes, certains participants ont affaire à un parler amalgamé entre les deux langues
arabe/française à la maison, mais, cela n’exclut pas l’hypothèse qu’il s’agisse d’une seule
langue dite « hybride » ou « une langue patch-work - ni arabe, ni français, ni berbère »55 qui
est l’arabe dialectal.
55
(Taleb-Ibrahimi K. 1998 : p. 229)
68
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Une autre langue présente dans certaines écoles au sud algérien ; il s’agit bien entendu, de la
langue amazighe qui fait partie de l’identité algérienne. Dans les écoles où nous menons notre
enquête, 2% seulement des élèves parlant cette langue, ils la reconnaissent comme étant leur
langue maternelle.
Question N :6
50
40
30
20
10
0
a/en français b/français/arabe c/en arabe
Q6N de réponse 33 61 0
pourcentage sur 90 37% 68% 0%
D’après les réponses proposées par les élèves de la 5ème AP, la langue maternelle les
aide à comprendre le discours de leur enseignant, elle leur permet de contourner les
difficultés d’incompréhension dues à la différence entre les mécanismes qui gèrent les deux
systèmes linguistiques (arabe et français). 68% des élèves préfèrent donc que l’enseignant
recoure à la langue maternelle en classe contre 37% selon lesquels, l’enseignant ne doit pas y
recourir dans un cours de langue française.
Au niveau scolaire, l’usage de la LM est traditionnellement évité dans un cours de
FLE, sous prétexte d’éviter toute sorte d’interférence. Nonobstant, nous le considérons
comme une des stratégies dont l’enseignant peut user pour surmonter les problèmes
linguistiques et le manque de vocabulaire chez ses élèves. En effet, à l’école primaire, les
élèves n’ont pas encore acquis le bagage linguistique requis pour pouvoir comprendre les
énoncés émis en français. De plus, la langue maternelle doit être considérée comme un outil
de résolution de problèmes et non comme une fin en soi, ce qui la rapproche de la situation
naturelle dans laquelle se trouvent quotidiennement les apprenants dont il est question.
L’usage de la langue maternelle en classe de FLE :
Les résultats obtenus à partir de la sixième question nous amènent à nous poser la question
suivante :
Le recours à la langue maternelle par les interactants en classe de FLE, est-il un appui ou un
handicap ?
69
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
En effet, plusieurs enseignants refusent un tel recours et voient en lui une infraction au
« contrat codique » (Cambra Gine, 2003). Leur choix est purement personnel et pédagogique,
loin de la vision que lui accordent les différentes méthodologies
d’enseignement/apprentissage. Néanmoins, il existe d’autres enseignants qui acceptent d’y
recourir mais d’une façon mesurée. Ce qui implique que dans certaines classes :
« […], la communication fonctionne quasi exclusivement en langue cible alors que, dans
d’autres, l’usage de la langue première ou langue de référence sera très largement toléré, voire
même dans certains cas encouragé ; […]. » (Castellotti, 2001 : 19)
Dans une perspective interactionniste, le recours à la langue maternelle est vu comme une
stratégie de communication voire « une stratégie d’appui ». En ce sens, M. Causa (1996,
2002) pense que ce recours doit être considéré comme une stratégie communicative à part
entière parmi d’autres stratégies. Elle met l’accent sur le fait qu’enseignant et apprenant
n’usent pas de stratégies communicatives pour les mêmes raisons. En effet, l’enseignant vise
avant tout la transmission de connaissances et de savoir-faire en langue étrangère. Il peut
recourir à cette stratégie pour expliquer, relancer l’interaction, pour garder l’attention ou le
contact avec les élèves, etc. De son côté, l’élève utilise généralement cette stratégie lorsqu’il
ne trouve pas les mots pour exprimer sa pensée.
Question N :7
40
30
20
10
0
b/demander c/demander
a/demander à à
d/chercher
l'aide de son l'enseignant l'enseignant e/autres
à la maison
camarade sur le à la fin du
moment cours
Q7N de réponse 13 55 21 5 2
pourcentage sur 90 14% 61% 23% 6% 2%
D’après ce que nous constatons, la majeure partie des élèves questionnés recourt à
l’enseignant en cas de difficulté d’incompréhension, 61% préfèrent faire un recours immédiat
70
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
à l’enseignant : ce dernier représente pour eux, un expert qui détient le savoir et le savoir-
faire, selon Bange56 l’enseignant de LE a un double rôle:
1. il est considéré comme un (quasi-)LN, il est amené à mettre en pratique des « stratégies
de soutien » aux processus d’acquisition des apprenants.
2. en sa qualité d’enseignant, il doit développer des stratégies d’optimisation des processus
d’acquisition des apprenants : ce sont des stratégies de manipulation de la communication qui
doivent mettre l’élève dans les meilleures conditions pour mettre en œuvre les processus
d’acquisition dans sa « zone de développement proximal ».
Cependant, d’autres élèves 23% n’osent pas interrompre l’enseignant en classe en cas
d’incompréhension, ils préfèrent attendre jusqu’à la fin du cours pour pouvoir le questionner
sur ce qu’ils ne comprennent pas. Ce comportement peut avoir comme source, la peur de
« perdre sa face » devant les autres élèves de la classe, parler de son incompétence devant les
autres peut constituer une menace permanente pour la face de l’élève et de l’image que les
autres lui renvoient de lui-même. Dans cette optique, l’enseignant est invité à minimiser
d’abord les risques qui poussent les élèves à se comporter ainsi et les reconnaitre comme des
partenaires dans l’avancement du savoir, ensuite, à accompagner régulièrement ses élèves
dans le parcours de l’apprentissage, enfin, à avoir une idée précise sur leur niveau, leurs
comportements, attitudes et représentations, pour pouvoir choisir les stratégies qui lui
permettent de vérifier et d’évaluer l’assimilation du savoir.
A la même question posée, 14% d’élèves voient dans leur camarade une aide probable, ils
pensent que celui-ci est capable de les aider à comprendre le discours de l’enseignant. Cette
réponse nous amène à penser au travail de groupe où le rôle du tuteur peut être assuré par un
autre élève dont la zone proximale de développement est plus large par rapport à ceux qui ont
besoin d’aide. Mais, ce taux bas d’élèves choisissant cette réponse reflète la difficulté de
trouver des élèves dont la ZPD est différente. Il reflète aussi la difficulté d’user du travail en
groupe comme stratégie d’enseignement/apprentissage dans une classe au primaire en raison
de l’incapacité des élèves à gérer un tel type de stratégie.
Il incombe donc à l’enseignant d’amener progressivement ses apprenants à s'écouter, à se
respecter, à échanger, à se taire, à débattre, et à s’entraider pour construire ensemble une
synthèse de leurs travaux, qu'ils présentent oralement - et systématiquement - au reste de la
classe.
56
(Pierre Bange :1992, p.10.11)
71
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Le dernier aspect de cette question concerne ceux qui jettent leur dévolu à la
quatrième proposition. Un nombre restreint d’élèves (6%) préfère résoudre les problèmes de
l’incompréhension à la maison, ils n’osent pas demander ni à l’enseignant ni à leurs
camarades en classe de les aider. Ces élèves recourent aux stratégies d’évitement ce qui n’est
pas favorable à l’apprentissage. Ils auront donc besoin d’un soutien qui doit être apporté par
une personne de la famille.
Question N :8
35
30
25
20
15
10
5
0
d/il
a/il demande à
b/il c/il traduit e/il utilise
explique à un autre f/autres
reformule en arabe les gestes
nouveau élève
d'expliquer
Q8N de réponses 47 14 31 7 14 3
pourcentage sur 90 52% 16% 34% 8% 16% 3%
Différentes stratégies peuvent être utilisées par l’enseignant en classe afin de résoudre
les problèmes d’incompréhension rencontrés par les élèves, ces derniers 52% disent que la
stratégie la plus utilisée par leur enseignant est l’explication. Cette stratégie consiste à répéter
ce qui a été dit en vue de simplifier et clarifier le discours, ainsi que pour favoriser la
mémorisation chez les élèves. Elle peut être introduite par certaines expressions telles que :
c'est-à-dire, et prend la forme d’une définition ou d’une répétition. Selon M. Faraco :
(2002,102) « la répétition facilite non seulement l’intercompréhension sur le plan de la
langue, mais […] elle aide aussi à la communication et à l’interaction ».
La deuxième stratégie pour laquelle optent les enseignants selon les élèves interrogés est la
traduction dans la langue de l’élève. 34 % d’eux en parlent. Elle représente un chemin court à
l’apprentissage, et facilite l’atteinte de l’information. Cette stratégie était très employée dans
la méthode traditionnelle ; où l’enseignant traduit une liste de mots en langue maternelle et
que l’élève doit apprendre par cœur. Elle est conçue pour renforcer la richesse lexicale chez
72
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
73
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
35
30
25
20
15
10
5
0
a/français b/arabe c/français/arabe
Q9N de réponses 30 10 44
pourcentage sur 90 33% 11% 49%
Les réponses que nous avons reçues nous amènent à nous interroger sur l’utilité et le
rôle de l’alternance codique dans l’interaction en classe, la majeure partie de la population
questionnée 49% alterne entre les deux codes linguistiques : le français et l’arabe qui
représentent respectivement la LE(LC) et la LM. Ce choix doit être admis par l’enseignant, et
considéré comme une stratégie de communication57 qui permet à l’élève de contourner ses
lacunes lexicales pour réussir dans sa communication. En effet, l’élève s’en sert pour
plusieurs objectifs :
1- vérifier le sens des informations transmises par l’enseignant.
2-expliquer et transmettre une information: dans ce cas, l’attention de l’apprenant se focalise
tantôt sur le code et tantôt sur le sens ou la thématique de la communication, cette double
attention, Bange l’appelle « bifocalisation »58.
Dans les deux fonctions précitées, l’enseignant doit intervenir dans le but de maximiser
l’apprentissage. Il met en œuvre des procédures d’étayage de soutien pour favoriser la
production des élèves en langue étrangère et parer le blocage qui peut être dû aux
insuffisances lexicales de ceux-ci. Ces stratégies d’étayage sont appelées « étayage de
57
Cuq, Jean-Pierre (2003) : le dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde, CLE, ISBN :
209-033972-1, p18.
58
(P. Bange :1987)
74
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Une autre partie des élèves répond que la seule langue à laquelle ils recourent pour
participer est le français c'est-à-dire la langue cible seulement. Ces élèves doivent être
encouragés par l’enseignant en les amenant à participer constamment. Pour y arriver, celui-ci
est invité à mettre en œuvre d’autres stratégies dont le but est de favoriser leur participation en
classe c’est ce qu’on appelle : « l’étayage de soutien à la participation. »61.
Enfin, un nombre réduit d’élèves préfère participer en classe en langue arabe seulement, ce
recours à la langue maternelle seulement ne peut pas être favorable à l’apprentissage de la LE
dans la mesure où il montre que l’apprenant ne s’est pas engagé dans le processus
d’apprentissage de cette matière.
Question N :10/a
35
30
25
20
15
10
5
0
Q10N de réponses pourcentage sur 90
a/écrites 45 50%
b/orales 44 49%
59
Mahieddine, A.( 2009, p.215).
60
LASS : Language Acquisition Support System
61
Ibid.
75
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Q10/b
20
15
10
5
0
a b c d e f i
Q10N de réponses 10 17 11 12 26 18 28
pourcentage sur 90 11% 19% 12% 13% 29% 20% 31%
Propositions Réponse
a- Parce que j’ai peur de parler devant toute la classe.
b- Parce que j’ai peur de me tromper, ce n’est pas ma langue maternelle.
c- Parce que j’ai peur de montrer aux autres que je n’ai pas bien compris.
d- Parce que je ne comprends pas ce qu’il faut faire.
e- Parce que l’enseignant m’intimide
f- Parce que les autres élèves ne me laissent pas le temps de prendre la
parole
i- L’écrit est plus facile, plus de temps pour réfléchir
Notre objectif par cette question est de voir les activités que les élèves aiment
travailler en classe. D’après les résultats que nous avons eus, les élèves sont divisés en deux
parties, une partie plus majoritaire 50%, dont le penchant est de travailler les activités
écrites, et une autre moins minoritaire 49% représentant ceux qui préfèrent travailler les
activités orales. Le choix pour lequel optent certains élèves se justifie par le fait que l’écrit est
plus facile, il leur procure plus de temps pour réfléchir. D’autres élèves ont peur de
l’enseignant, ils préfèrent donc se recroqueviller pour éviter de tomber dans la faute.
A partir de ce constat, nous disons qu’il est nécessaire, d’un point de vue didactique,
d’entraîner les élèves aux deux modalités écrites et orales, si l’on souhaite développer chez
eux les deux types de compétence. L’oral ne peut, ni linguistiquement, ni psycho-
76
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
50
nombre d'élèves
40
30
20
10
0
b/vocabulair c/pronociatio d/conjugaiso
a/grammaire e/autres
e n n
Q 11 N de réponses 28 52 29 16 5
pourcentage sur 90 31% 58% 32% 18% 6%
La grande partie des élèves répondant à cette question 58%, rencontre des problèmes
de vocabulaire, ils sont lacunaires en lexique. Ces lacunes sont dues au fait que les trois
années que passent les élèves dans l’apprentissage du français sont insuffisantes en matière de
62
(Weber, 2006)
77
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
vocabulaire (l’enseignant ne peut pas inculquer à ses élèves à grand nombre de mots et
d’expressions en langue étrangère), de plus, l’apprentissage de la langue française se limite
par le contexte de la classe et se montre complètement absent dans le milieu naturel ou
extrascolaire des élèves.
D’autres problèmes peuvent faire obstacles à la participation des élèves en expression
orale, ceux-ci émanent d’abord du système de la prononciation en langue française, qui diffère
radicalement de celui de la langue arabe (la LM des élèves) : certains élèves éprouvent des
difficultés pour prononcer des sons qui n’existent pas dans leur langue maternelle, ces
carences phonétiques de l’arabe (absence de [p], [v], [ɲ] ou de [y], [ã] par exemple)
conduisent les élèves parlant en langue arabe à substituer un son approchant, présent dans
leur parler : savon devient [sabûn] ([û] = [u] long, transcription des arabisants). Si les lacunes
du système phonétique de l'arabe ne sont pas systématiquement comblés par l’enseignant, qui
les aura auparavant reconnus et répertoriés, l’élève arabe qui entendra des [y] continuera à les
percevoir au travers de son propre système, c'est-à-dire comme des [i] : inutile sera prononcé
[initil] ou [ynitil] et transcrit de même63.
Ensuite, ces problèmes concernent aussi la grammaire ainsi que la conjugaison à un degré
moindre. Ceux-ci sont liés à un savoir déclaratif qui sert plutôt la langue écrite, mais qui peut
parfois servir la langue orale. La grammaire est une des composantes de la langue, mais se
relègue au second plan et s’apprend en fonction d’un contexte dans lequel se passe la
communication. De ce fait, Claude Germain et J. Netten (2010 : p.3) ont mis en évidence
l’existence de deux types de grammaire, une qu’ils appellent grammaire externe : elle fait
référence aux règles grammaticales qui se trouvent dans un manuel ou dans des ouvrages de
grammaire, et que l’élève apprendra par cœur. Et la grammaire interne par laquelle, les deux
auteurs désignent celle que l’élève construit dans sa tête, de manière non consciente par
l’utilisation de la langue, comme c’est le cas pour l’enfant qui apprend sa langue première ou
l’adulte illettré qui apprend une L2. Les mêmes auteurs insistent sur le fait qu’ : « un élève
peut parler sans connaître les règles d’une langue et, à l’inverse, un élève peut connaître les
règles d’une langue (par exemple, obtenir de bons résultats aux examens), mais ne pas
pouvoir la parler »64
63
Maume J.-L. (1973, p. 92)
64
Germain, C. & Netten, J. (ibid.)
78
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Question N : 12
50
40
30
20
10
0
b/conversation c/conversation
a/lecture à
avec avec les d/autres
haute voix
l'enseignant camarades
Q12 N de réponse 46 51 7 2
pourcentage sur 90 51% 57% 8% 2%
Selon les réponses données par les élèves, deux activités pourraient améliorer leur
compétence orale : la conversation avec l’enseignant et la lecture à haute voix. En effet,
chaque activité vise à développer un aspect parmi d’autres qui favorisent l’aisance à
communiquer en langue étrangère ; la première (la lecture à haute voix) a pour objectif
d’améliorer la prononciation des élèves, elle les aide à articuler les mots en suivant comme
modèle la prononciation de l’enseignant, celle-là est nettement stérile quant aux mécanismes
interactionnels et communicatifs. La deuxième activité (la conversation avec l’enseignant)
vise en premier lieu le développement de l’échange verbal et non verbal entre deux
interactants asymétriques (expert/novice), car elle met ces derniers dans une situation
d’interaction de face-à-face. Dans la même logique, elle enrichit la compétence discursive des
élèves en les conduisant à construire et structurer leur production orale à travers la
coopération avec l’enseignant. Ils seront donc en mesure de déployer des capacités et des
connaissances qui dépassent « la zone proximale de développement » qu’ils ont.
Dans une optique différente, nous remarquons que rares sont les élèves (8%) qui
engagent une conversation avec leurs camarades pour s’améliorer en expression orale, ils la
considèrent comme un bavardage parce qu’elle échappe au contrôle de l’enseignant. Pour
eux, la seule communication qu’ils acceptent est celle que l’enseignant organise sur un sujet
légitime dont il a choisi de parler et de faire parler. Le niveau des élèves en langue étrangère a
encore son impact sur cette stratégie, il les empêche à s’exprimer librement avec leurs
camarades.
79
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Question N13 :
40
30
20
10
0
Q13N de réponses pourcentage sur 90
a/oui 52 58%
b/non 31 34%
L’erreur constitue une entrave pour la majorité des élèves ; (58%) de ceux-ci ont
peur de commettre une erreur lorsqu’ils parlent en français. En fait, l’erreur doit être
minimisée et considérée comme un atout avant qu’elle ne soit un handicap à l’apprentissage.
Certains élèves ont peur d’être sanctionnés par l’enseignant une fois que l’erreur est commise,
d’autres ont peur de perdre la face devant les élèves de la classe, ils ne veulent pas être
reconnus et considérés comme lacunaires.
Mais, soyons clairs ; il ne peut y avoir de tel comportement que dans le cas où le
partenaire de la communication (dans notre cas l’enseignant) se considère comme une
autorité puissante qui sanctionne l’erreur commise par le locuteur novice, d’après Bange65 :
« La menace ne naît de la prise de risque que si le LN66 adopte un comportement de sanction
qui fait de lui un juge, une autorité punissante, et incite le LNN à éviter la sanction par des
stratégies négatives, ce qui le conduit donc à cesser d’être un candidat-apprenant. »
Il incombe donc à l’enseignant de convaincre ses élèves que l’erreur ou la faute sont une
étape sinon nécessaire, en tout cas normale. Ils doivent être conscients que c’est à travers
elles qu’ils peuvent avancer dans le processus d’apprentissage.
Néanmoins, plusieurs questions se posent à propos de la correction de l’erreur : Quel
comportement l’enseignant, doit-il adopter face à l’erreur ? Doit-il la corriger ou non ? S’il la
corrige, comment ? Est ce qu’il doit intervenir juste au moment où l’élève commet une erreur
d’une façon immédiate ou au contraire, il doit attendre que l’élève termine sa parole pour le
corriger ? Les autres élèves, peuvent-ils intervenir pour corriger l’erreur commise par leur
65
(Bange 1992, p.9)
66
Dans notre cas le LN désigne l’enseignant tandis que le LNN désigne l’apprenant
80
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
camarade ? Ces questions montrent à quel point la notion de l’erreur se considère comme une
question qui préoccupe les enseignants. Elles justifient aussi les différentes attitudes
qu’adoptent les enseignants vis-à-vis du même problème linguistique.
Selon Bange,67 il existe deux types de correction à l’erreur : la correction injonctive et la
correction incitative.
« d’une part, l’incitation à chercher et à tester de nouvelles hypothèses ; d’autre part,
l’injonction de modifier un énoncé dans le sens imposé par la règle, que celle-ci soit
formellement énoncée ou qu’elle soit seulement implicite dans l’énoncé que l’autorité
substitue à l’énoncé fautif. ».
D’autre part, une minorité d’élèves 34% considère que l’erreur est une attitude normale, ils
justifient leur choix par le fait que le français n’est pas leur langue maternelle, ils ont donc
droit à l’erreur.
Les élèves qui ne se sentent pas menacés dans leur communication peuvent s’améliorer et
s’exprimer en toute liberté en ayant comme conviction que l’objectif principal de l’école n’est
pas l’évaluation mais plutôt l’apprentissage.
Question N14 :
80
nombre d'élèves
70
60
50
40
30
20
10
0
b/vous
a/vous c/vous parlez
préparez la d/autres
l'écoutez avec les autres
réponse
Q14N de réponse 76 12 2 0
pourcentage sur 90 84% 13% 2% 0%
67
(Bange 1992, p.16)
81
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
l’apprentissage, elle aide tant l’enseignant que l’élève à gérer les tours de parole dans
l’interaction et à administrer un échange dans le respect mutuel. L’écoute est une stratégie de
gestion, elle permet à l’élève de se positionner par rapport aux dits des autres élèves. Nous la
considérons comme un comportement qui mène à la compréhension, un élève qui prête
l’oreille aux autres, c’est un élève qui sait sélectionner, organiser et intégrer les informations
transmises par l’émetteur.
Question N15 :
40
nombre d'élèves
30
20
10
0
a/souvent b/parfois c/jamais
Q15N de réponses 30 37 23
pourcentage sur 90 33% 41% 26%
82
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
« veut (entendre voler une mouche), la parole des élèves le dérange. Lorsqu’au contraire, il
sollicite leur participation, leur silence lui pèse, et devient intolérable s’il l’interprète
comme un signe de résistance, d’indifférence, de dérision, de manque d’intérêt »
L’auteur se pose alors la question du premier dilemme de l’enseignant en classe : « comment
contrôler la prise de parole sans stériliser les échanges, tuer la spontanéité, le plaisir ? »
Question N16 :
40
35
30
25
20
15
10
5
0
a/être avec c/avec un
b/être avec
l'enseignan groupe
les élèves
t d'élèves
Q 16N de réponses 37 46 8
pourcentage sur 90 41,11% 51,11% 8,89%
51% des élèves que nous avons interrogés préfèrent être ensemble pour prendre la
parole, tandis que 41% préfèrent être avec l’enseignant. Les élèves aiment se montrer devant
la classe, et évidemment attirer l’attention de leurs condisciples en parlant ou en participant.
La majorité de ces élèves est motivée par la présence des autres, un facteur qui doit être au
service de l’apprentissage institutionnalisé.
En effet, l’enseignant est amené à semer la compétition dans l’esprit des élèves, c'est-à-dire à
mettre en œuvre un esprit d’émulation ; moyen pour les inciter au travail.
En revanche, les élèves qui se sentent intimidés par la présence des autres et qui préfèrent
participer en présence de l’enseignant doivent être soutenus par celui-ci en les amenant à se
faire confiance et les assurer par des encouragements. Ceux-là peuvent se débarrasser de leur
timidité s’ils sont reconnus comme des partenaires actifs dans la communication en classe, ils
doivent être impliqués dans le processus d’interaction et sollicités pour prendre la parole.
Enfin, une minorité d’élèves 9%, préfère être en groupe pour prendre la parole ; ce
comportement est justifié par l’insécurité linguistique dont ils souffrent et la peur de se
montrer lacunaires. Dans cette logique, les stratégies affectives sont d’une grande importance
83
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
35
30
25
20
15
10
5
0
c/demande d/demande
a/ parler b/utiliser e/recourir
r l'aide de r l'aide du
l'arabe les gestes au silence
l'enseignant voisin
Q17N de réponses 21 20 43 13 9
pourcentage sur 90 23% 22% 48% 14% 10%
Le soutien de l’enseignant est important, la plupart des élèves 48% demande son aide
en cas de difficulté linguistique ; ils le considèrent comme le détenteur du savoir et celui qui
sait tout. En fait, à l’école primaire, les élèves sont intimement liés à leur enseignant, tout ce
qu’il dit est indéfectible, il ne peut jamais commettre une faute. Cette représentation reflète
leur confiance envers l’enseignant. Ce dernier doit s’en servir au maximum pour les amener
à s’exprimer en toute liberté et les conduire à lui confier leurs difficultés ce qui facilite leur
résolution.
Une autre partie d’élèves 23% préfère utiliser la langue maternelle pour surmonter la
difficulté linguistique rencontrée en langue française, celle-là représente pour eux un chemin
court et facile à la communication ; ce qui les intéresse donc est le message plutôt que le
moyen qui permet de transmettre ce message.
D’autres 22% utilisent des gestes pour communiquer, ils se contentent par la communication
non-verbale. Celle-ci n’est pas efficace et rend l’interaction plus complexe, l’auditoire (en
l’occurrence l’enseignant) doit intervenir pour combler les lacunes qui se manifestent à
travers l’emploi de ce type de communication par les élèves.
Une autre stratégie utilisée par nos participants pour surmonter les difficultés (14%), c’est
celle qui consiste à recourir au voisin, c'est-à-dire à son camarade de classe, ce dernier peut
intervenir dans le but d’aider l’élève en difficulté.
84
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Enfin, peu d’élèves 10% qui recourt au silence en cas de difficulté linguistique, ils adoptent
une stratégie d’évitement pour ne pas tomber dans la faute ou s’exposer à la moquerie des
autres élèves68.
Question N18 :
50
40
30
20
10
0
a/par b/par
d/non, je ne
l'enseignant l'enseignant à la
c/votre camarade veux pas être
pendant que fin de la
corrigé
vous parlez participation
Q18N de réponses 19 60 8 6
pourcentage sur 90 21% 67% 9% 7%
Certains enseignants ont tendance à corriger immédiatement les fautes commises par
les élèves ; or cette attitude est rejetée par 67% de ceux-ci, ils privilégient être corrigés sans
interrompre leur tour de parole. En fait, dans une interaction institutionnalisée, l’objectif
principal est de libérer la parole des élèves et les amener à s’exprimer en langue étrangère,
mais n’empêche que cette interaction soit conforme à la norme et aux règles de la langue.
La correction de la faute vient donc en deuxième lieu. En fait, elle n’apporte pas seulement
éclairage à l’élève concerné, mais à toute la classe, elle a pour objectif de remédier à jamais
à la faute commise et d’installer implicitement mais aussi contextuellement, une grammaire
voire une norme linguistique.
Par ailleurs, il parait plus pertinent que l’enseignant attende la fin de l’intervention
orale de l’élève et le conduit ensuite à se rendre compte de la faute qu’il a commise. Celui-là
doit aussi lui demander de reprendre son intervention tout en corrigeant sa faute.
Pour certains élèves21%, l’enseignant doit corriger la faute une fois qu’elle est commise, ils
acceptent d’être corrigés et interrompus dans la mesure où ils s’intéressent aux normes de la
langue, pour eux, la communication se relègue au second plan.
68
Nous avons déjà parlé de ce comportement et les stratégies que l’enseignant peut mettre en œuvre pour
résoudre ces difficultés.
85
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Pour le reste des élèves interrogés, 9% préfèrent être corrigés par leur camarade, ils n’y
voient aucun inconvénient, alors que 7% rejettent toutes les formes de la correction, ils
n’acceptent pas d’être corrigés par qui que ce soit.
Question N19 :
30
25
20
15
10
5
0
c/montrer à
b/améliorer la
a/la bonne réponse l'enseignant que vous
prononciation
avez compris
Q19N de réponses 26 42 26
pourcentage sur 90 29% 47% 29%
A partir de ce graphique, nous constatons bel et bien que la prononciation est le premier
souci des élèves dans leur participation ; la classe est le seul endroit où ils peuvent améliorer
cette composante linguistique en langue française. Ce souci est justifié par la différence qui
existe entre les deux systèmes linguistiques ; arabe et français. L’élève se retrouve contraint
de prononcer pour la première fois des sons qui n’existent pas dans sa langue maternelle.
Nous constatons aussi que le même nombre d’élèves (26) choisit entre la réponse correcte et
le fait de montrer à l’enseignant sa compréhension comme motif à la participation dans le
cours d’oral. Ces réponses sont logiques dans la mesure où la participation orale en classe est
généralement sollicitée par les questions de l’enseignant, l’élève se précipite donc à répondre
le premier, avant les autres, même si sa réponse n’est pas complètement juste, il vise
inconsciemment les trois propositions citées dans la question.
Question N20 : Que pensez-vous des élèves qui ne participent pas à l’oral ?
A travers les réponses que nous avons reçues, il s’avère que les élèves sont conscients
de l’importance de la production orale en langue française, ils reprochent ceux qui ne
participent pas et s’interrogent sur leur avenir et l’apprentissage de cette langue qu’ils
considèrent importante, voici quelques réponses données par certains élèves (les phrases sont
traduites de l’arabe au français) :
86
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
« Les élèvent qui ne participent pas à l’oral ne vont pas s’améliorer en langue française »
« Je pense que ce sont les élèves faibles qui ne participent pas à l’oral »
« Non, ils doivent participer pour parler bien en français »
Ce sont les mêmes réponses qui se répètent par la plupart des élèves interrogés.
Conclusion intermédiaire :
A partir de l’analyse du questionnaire, plusieurs éléments sont explicités : d’abord,
nous avons dressé un inventaire de certaines difficultés éprouvées par les élèves de l’école
primaire lors de la maitrise de l’oral en FLE. En fait, ces difficultés peuvent être surmontées
si on met en place une série de décisions qui concourt à orienter les pratiques apprenantes et
enseignantes vers le même objectif dans le cadre du travail de partenariat. Ensuite, sont
expliquées certaines stratégies d’enseignement proposées par les élèves interrogés. Ces
stratégies seront corroborées par d’autres récoltées à partir de l’observation qui a eu lieu dans
une classe à l’école primaire avec deux enseignants.
87
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Nous avons obtenu les fiches des cours d’oral à effectuer par chaque enseignant avec
les élèves pendant les séances d’observation. En fait, ces fiches n’étaient pas préparées par
les enseignants concernés mais, étaient élaborées par d’autres, et conçues pour des élèves
autres que ceux dont il est question dans notre enquête. La planification a été mal effectuée ce
qui rend la possibilité de réussite des objectifs fixés moins sûre.
69
Tout ce qui peut se produire en classe d’une façon non prévue et qui sort du cadre de la préparation et les
prévisions de l’enseignant.
70
Bressoux, P.,& Dessus, P. (2003) : Stratégies de l’enseignant en situation d’interaction. In M.
Kail & M. Fayol (Eds.), /HV_VFLHQFHV_FRJQLWLYHV_HW_OpFROH (pp. 213-257). Paris : P.U.F.
88
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
2. Le premier cours :
Le cours a été présenté par l’enseignant EA, il est inclus dans le deuxième projet du
programme de la cinquième année primaire. L’objectif général du projet est de « lire et écrire
un texte narratif (le conte) ». Le cours fait partie de la deuxième séquence du même projet,
celle-ci a comme objectif d’identifier les particularités du conte.
Le support choisi se trouve dans la page « 54 » du manuel ; il se compose d’une image qui
représente un coq noir et un texte écrit. Nous avons remarqué que certains éléments para-
textuels comme la source et le nom de l’auteur du texte ne figurent pas dans le document.
Les objectifs du cours sont fixés par l’enseignant au préalable, il s’agit de :
-Identifier puis réaliser un acte de parole « donner des informations sur les circonstances, les
personnages et les évènements ».
2.1. Le déroulement du cours :
Les stratégies qui peuvent être mises en œuvre par l’enseignant en classe influencent
en premier lieu la prise de parole des élèves. En revanche, elles doivent libérer la parole chez
eux en les amenant à participer dans l’interaction qui se déroule en classe. Cette participation
se traduit par le nombre des tours de parole.
2.1.1.Le nombre des tours de parole du premier cours
Tours de parole Le nombre des TP % des TP
Les élèves 95 55%
L’enseignant EA 77 45%
Le total 172 100%
Représentation graphique :
100
90
80
70
60
50 95
40 77
30
20
10
0
TP enseignant EA TP élèves
Nous constatons à partir de ces résultats que l’enseignant est celui qui domine
l’espace interactif. Le volume de ses tours de parole représente environ 45% du volume
89
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
global, soit 77 TP sur 172. En revanche, le volume global des tours de parole de tous les
élèves participants représente 55%, soit 95 TP sur 172.
Il en découle que l’enseignant est mis au centre de l’interaction, c’est lui qui dirige
entièrement le déroulement des échanges communicatifs. Il intervient en moyenne tous les
deux à trois tours de parole. Cette prise de parole abondante (élevée) peut influer sur la
posture qu’adopte l’enseignant à l’égard de l’énonciation en classe. Elle lui impose sa
présence et exclut l’idée selon laquelle l’enseignant doit se retirer dans l’interaction en vue de
laisser aux apprenants la liberté de s’interagir s’il veut davantage favoriser la production
orale de ses élèves.
Nous assistons donc à un effacement énonciatif timide de la part de l’enseignant EA,
ce qui peut constituer une stratégie d’enseignement qui doit être renforcée.
De leur part, les apprenants sont intervenus dans l’interaction plus que l’enseignant ; dans la
majorité des cas, ils développent leur discours en fonction de celui émis par l’enseignant. En
effet, leurs interventions sont le plus souvent une réaction aux questions posées par
l’enseignant. Cette interaction correspond au schéma communicatif qui se base sur « la
séquence d’élicitation » (Sinclair et Coulthard, 1975 ; Mehan, 1979). Selon cette séquence,
toute interaction en classe se constitue de trois étapes : initiative –réplique –évaluation.
Dans cette perspective, l’apprenant ne va pas développer des formes linguistiques
nouvelles, au contraire, il va chercher à obtenir de l’enseignant son approbation à la réponse
qu’il donne ce qui minimise sa liberté communicative et réduit par conséquent l’espace
interlocutif.
Dans le même ordre d’idées ; et à partir des données de notre corpus, nous constatons
que nous avons affaire à un nombre restreint des élèves loquaces en classe; un ou deux au
maximum qui interviennent d’une façon régulière, il s’agit, en fait d’une fille que nous
distinguons dans la transcription du corpus par la lettre « i » qui est l’initiale de son nom
« Inès » et d’un garçon que nous désignons par la lettre « h » qui est l’initiale de son nom
« Houssam ».
Dans le tableau suivant nous mettons en comparaison la fréquence des tours de parole de ces
deux élèves et le reste de la classe :
Les participants Le nombre des TP Le pourcentage des TP
Les élèves 95 100%
Inès 21 22%
Houssam 7 7%
90
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Représentation graphique :
100
90
80
70
60
50 Série1
40
Série2
30
20
10
0
TP des élèves TP de Ines TP de Houssam
Il en découle que les deux élèves « Inès » et « Houssam » prennent la parole plus que leurs
condisciples de la classe. Ensemble, ils représentent 29% de toutes les interventions. En fait,
Ines est la plus loquace de tous les participants, elle est intervenue 21 fois, soit 22% du
volume global des TP des élèves, tandis que Houssam n’est intervenu que 7 fois, soit 7% des
TP. Cette prise de parole élevée de la part de Ines reflète son engagement communicatif.
Celui-ci peut avoir plusieurs explications ; certaines sont internes d’autres sont externes.
Il est important aussi de signaler que les interventions des élèves précités diffèrent de celles
des autres dans la mesure où elles visent l’atteinte des objectifs communicatifs ainsi que la
correction de la forme linguistique. Par contre, celles des autres élèves consistent en une
répétition des énoncés ou une relecture de certains passages du manuel.
L’exemple suivant explicite la nature des réponses données par Inès :
66EA alors cette histoire commence par il était ^une fois// alors
ça nous indique quoi
67AFi ça nous indique le temps
68EA très bien/ ça nous indique le temps donc l’expression il était
une fois nous indique le temps// est ce le temps du présent=
Inès évite de donner des réponses inachevées et incomplètes. De plus, son intervention
est une réponse à une question posée par l’enseignant, c'est-à-dire, elle ramène un élément
nouveau dans la situation interactive.
2.1.2. Les stratégies mises en œuvre par l’enseignant EA en classe :
Les données récoltées sur le terrain nous montrent que l’enseignant EA emploie
plusieurs stratégies pour favoriser davantage l’expression orale des élèves. Ces stratégies sont
explicitées sur la base de la grille d’analyse que nous avons élaborée :
Le tableau suivant représente les différentes stratégies d’enseignement employées par le EA :
91
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
stratégies de EA
Les stratégies gestuelles Les stratégies cognitives
Les stratégies métacognitives Les stratégies socio-affectives
8%
5% 16%
71%
Nous remarquons que les stratégies cognitives sont les plus activées par l’enseignant
EA. Ce dernier emploie 112 fois les stratégies de ce type, soit 71% du nombre global. Celles-
ci renvoient à différentes stratégies ; parmi lesquelles nous citons :
Le questionnement :
L’enseignant EA se base sur la méthode de questions-réponses, il sollicite la
participation de ses élèves à travers les questions qu’il pose. Dans notre corpus, nous pouvons
remarquer que celui-ci utilise le questionnement 50 fois ; la plupart est dirigée vers le support
étudié :
Dans cette séquence, l’enseignant EA dirige l’interaction à l’aide des questions qu’il
pose, il fait progresser la communication en fonction d’une structure ternaire : initiative
(question) –réplique (réponse)-évaluation.
92
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Ainsi, la question s’inscrit dans un acte didactique, elle est une compétence dont dispose
l’enseignant pour organiser et faciliter la communication. Pratiquement, nous pouvons
distinguer deux catégories de questionnement dans le corpus de l’enseignant EA, selon
qu’elles offrent ou non aux apprenants l’occasion de s’exprimer71 : il s’agit des questions
ouvertes ou fermées.
A partir des données de notre corpus, nous pouvons repérer 35 utilisations des
questions ouvertes sur 50 questions posées par l’enseignant EA. Celui-ci sollicite ses élèves à
participer spontanément et les aide à développer leur compétence communicative à travers le
recours à cette stratégie. Dans l’exemple qui suit, nous avons affaire à une question ouverte
où l’enseignant EA emploie un pronom interrogatif, ce qui permet à l’apprenant de
développer sa réponse pour pouvoir justifier l’action entreprise dans le texte.
Dans d’autres exemples (15 fois), l’enseignant se voit contraint d’employer des questions
fermées pour obtenir une information brève des élèves. Dans ce cas, il réduit leur liberté
d’expression.
68EA très bien/ ça nous indique le temps donc l’expression il était
une fois nous indique le temps// est ce le temps du présent=
69A non
Dans l’exemple ci-dessus, l’enseignant préfère employer une question fermée à la place
d’une question ouverte, il aurait pu dire par exemple (de quel temps s’agit-il/ quel temps, cette
expression indique-t-elle/…).
La répétition :
Nous avons relevé à partir de notre corpus 16 emplois de la répétition par l’enseignant
EA, certaines d’entre elles visent à faciliter la compréhension, par conséquent la production
orale des élèves, d’autres reprennent certains énoncés tirés de la réponse de l’élève ou pris du
texte support. Celles-ci visent à améliorer la prononciation des élèves et à les conduire à
s’impliquer dans le cours. Voici un exemple qui illustre cette stratégie :
66EA alors cette histoire commence par il était ^une fois// alors ça
nous indique quoi
67AFi ça nous indique le temps
68EA très bien/ ça nous indique le temps donc l’expression il était
une fois nous indique le temps// est ce le temps du présent=
71
( Ricci :1996)
93
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
La reformulation :
Cette stratégie a été employée 6 fois par l’enseignant EA, elle sert à clarifier et faciliter
la compréhension ce qui influence d’une façon directe ou indirecte la production orale des
élèves. Dans l’exemple suivant, l’enseignant EA se sert de la reformulation afin de rendre
claire la question qu’il pose, et ce, afin de déclencher l’expression orale de ceux-ci :
44EA bien le petit coq noir c’est animal domestique c’est vrai mais
de quoi se nourrit il
((com: l’enseignant utilise les gestes pour expliquer le sens
du verbe se nourrir))
qu’est ce qu’il mange
Dans un autre exemple, la reformulation est utilisée comme un outil d’explication, elle est
introduite par l’expression « c'est-à-dire » et prend sa valeur à travers le fait qu’elle substitue
un terme produit en langue maternelle :
15EA c'est à dire domestique ça veut dire quoi domestique oui/
16AFi ((en arabe) alif)
17EA qui vit avec l’homme alors un animal domestique comme le coq
c'est à dire c’est un animal qui ne fait pas d’mal à l’homme il
vit avec l’homme comme le chat le chien la poule la vache le
cheval il y en a beaucoup d’animaux domestiques// maintenant
après ^avoir lu le texte quels sont les personnages de ce texte
La langue maternelle :
Le recours à la langue maternelle se manifeste dans deux cas ; la traduction et
l’alternance codique. En fait, nous avons relevé dans le corpus de l’enseignant EA 8
utilisations de la langue maternelle, certaines sont liées à la traduction d’autres, à l’alternance
codique. Dans la majorité des exemples, ce sont les élèves qui tentent de contourner les
difficultés lexicales rencontrées dans la situation de communication à travers le recours à la
LM. Mais, cette tentative n’a en aucun cas rencontré de rejet de la part de l’enseignant. Au
contraire, il s’en sert pour enrichir leur lexique en procédant à l’automatisation et le réglage
de leur interlangue72 à travers la traduction des termes produits en LM, en langue cible. En
revanche, l’enseignant se sert de la langue maternelle une seule fois dans tout le corpus :
94EA le héros ((en arabe) batal) de cette histoire est le petit coq
noir/ répète ines
72
(Bange, 1992 : p.9)
94
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
La langue maternelle se considère donc comme une des stratégies qui aident à surmonter
tout blocage pouvant surgir dans une interaction en classe au primaire.
Dans ce qui suit, nous allons représenter toutes les stratégies cognitives auxquelles recourt
l’enseignant EA en classe dans le but de favoriser la production orale de ses élèves :
4%
27%
4%
65%
95
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Il est à remarquer que la stratégie d’encouragement est la plus activée par rapport aux
autres stratégies socio-affectives, l’enseignant EA encourage ses élèves 17 fois à travers
l’emploi de certaines appréciations positives comme « très bien » et la valorisation des
participations des élèves. Ce comportement explique la volonté de l’enseignant EA à
maintenir une relation de type empathique73 avec ceux-ci, et vise à les mettre en confiance
afin de lutter contre l’inhibition liée à l’insécurité linguistique ou à la timidité. Voici un
exemple de l’emploi de cette stratégie :
76EA ça nous indique le temps de l’imparfait/ l’imparfait est un
temps du pa-passé vous m’avez dit que il était une fois
indiquele temps donnez moi le=
77AFi c’est un indicateur de temps
78EA très bien// c’est un indicateur de temps pourquoi parce
qu’il nous indique le temps=
79AFi ou bien c’est articulateur logique
80EA très bien/ ines ou bien c’est un articulateur logique/ alors
c’est un indicateur de temps ou bien c’est un articulateur
logique les articulateurs logiques il y en a beaucoup
pourquoion emploie les articulateur logique
((com: silence en classe pas de réponse))
((com: l’enseignant utilise des gestes pour rappeler le rôle
que jouent les articulateurs logiques dans un texte)) est ce
qu’on raconte une histoire comme ça=
73
V. de Nucheze (2001 : 70),
96
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Sollicitation des
élèves faibles
38%
Vérifier la
Compréhension
62%
97
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Conclusion :
3. Le deuxième cours :
Le cours a été présenté par l’enseignante EN, il est inclus dans le troisième projet du
programme de la cinquième année primaire. L’objet d’étude du projet est de « lire et écrire
un texte expositif (informatif) ». Le cours fait partie de la troisième séquence du même projet,
celle-ci a comme objectif d’écrire le processus de fabrication.
Le support choisi se trouve dans la page « 98 » du manuel ; il se compose d’une image qui
représente une boulangerie et un texte écrit qui décrit les étapes de la fabrication du pain.
D’autres images traitant le même thème sont présentées au tableau pour le même objectif.
Les objectifs du cours sont fixés par l’enseignante au préalable, il s’agit de :
-Identifier puis réaliser un acte de parole. « Présenter un processus de fabrication »
Le déroulement du cours :
3.1. Le nombre des tours de parole du deuxième cours
Tours de parole Le nombre des TP % des TP
Les élèves 70 53%
L’enseignant EN 62 47%
Le total 132 100%
98
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
Représentation graphique :
TP du corpus de l'enseignante EN
72
70
68 70
66
64 Série1
62
60 62
58
TP de l'enseignante EN TP des élèves
74
(Rabatel, 2002,2004a et b, 2007) , (quasi archi-énonciateur)
99
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
étayage développée par l’enseignante EN, nous en avons relevées d’autres dont l’influence est
claire sur le déroulement de l’interaction. Parmi ces stratégies de contre-étayage nous citons :
-des questions inachevées : dans plusieurs cas, l’enseignante EN pose des questions
incomplètes ce qui rend la réponse de plus en plus difficile.
-des répétitions : malgré la richesse lexicale du support choisi, l’enseignante EN ne s’en sert
pas, bien au contraire, elle réitère et reprend les mêmes passages pris du texte dans la plupart
de ses interventions (17 fois).
D’une façon générale, l’enseignante EN ne développe pas des stratégies positives qui
mettent l’apprenant en confiance et l’aident à s’exprimer en toute liberté, au contraire, elle
adopte des stratégies qui menacent sa face et risquent de le conduire à employer des stratégies
d’évitement. Voici un exemple qui illustre une de ces stratégies :
116AG3 le boulanger se lève le matin d’abord il prépare la pâte
ensuite il forme du pain qu’il laisse gon-gonfler puis il les
met au =
117EN il les met au-au four
118AG3 ((e arabe) naam)=
119EN =attention parle en français
L’enseignante EN refuse complètement que son élève utilise sa langue maternelle, elle
insiste sur l’emploi de la LE uniquement. Par conséquent, elle le sanctionne en proférant un
terme qui le menace et lui fait peur de perdre sa face.
Nonobstant, nous avons relevé certaines stratégies que nous jugeons efficaces et pertinentes,
mises en œuvre par l’enseignante EN. Nous les représentons dans le schéma suivant :
100
Chapitre : III Analyses du corpus et commentaires des données
9%
15% Questionnement
répétition
6%
Langue maternelle
28%
Reformulation
Illustrer
1% 3% 20%
1% Encourager
1%
Conclusion :
Nous avons remarqué dans le corpus de l’enseignante EN que les élèves n’ont pas
acquis les mécanismes qui leur permettent de s’engager dans une interaction ou simplement
de répondre à une question posée par leur enseignante. Ils ne sont pas donc capables de
développer des interventions longues et se laissent couper une fois qu’un mot leur échappe.
101
Conclusion et propositions didactiques
102
Conclusion et propositions didactiques
Après avoir effectué les analyses de notre corpus, nous nous proposons, dans une
première partie, d’en déduire quelques pistes didactiques et de suggérer certaines stratégies
permettant d’aboutir à une manière d’enseigner le FLE plus efficace et plus efficiente.
L'objectif de chacune de ces pistes est d'amener l'enseignant à réfléchir sur ses propres
pratiques de classes, de pouvoir lui faire faire un retour réflexif, ainsi que de l’aider à réajuster
ses stratégies, à en omettre certaines ou encore à en rajouter d'autres. Cette première partie
développe donc des pistes sur la manière de faire, le comportement de l'enseignant en classe
d'oral dans la gestion de ses stratégies, d’une manière générale.
Par ailleurs, rappelons qu’une stratégie est considérée comme tout agencement organisé,
finalisé et réglé d’opérations choisies par un individu pour accomplir une tâche qu’on lui
donne ou qu’il se donne lui-même (Cyr & Germain, 1998). Du côté de l’enseignement, nous
la redéfinissons comme étant tout comportement (voire action) que ce soit cognitif,
métacognitif, socio-affectif ou gestuel qui vise l’atteinte d’un objectif et concourt à faciliter la
réalisation d’une tâche à l’apprenant. En expression orale, elles sont conçues dans le but
d’inciter les apprenants à s’exprimer verbalement et à produire des phrases plus ou moins
complètes et correctes en langues étrangère (le français). Elles visent en premier lieu à
susciter l’envie de la parole chez ceux-ci et à améliorer linguistiquement leurs interventions
orales.
Il nous semble primordial que l’enseignant du FLE soit soumis à une formation dont
l’objectif est de lui inculquer les stratégies qui doivent être adoptées dans une classe à l’école
primaire. Cette formation doit être dirigée principalement vers les futurs enseignants. Ceux-ci
sont censés en être conscients afin d’éviter toute mécompréhension pouvant intercepter ou
entraver le déroulement du cours d’oral.
Dans cette perspective, le travail du formateur avec les enseignants semble le même
que celui de l’enseignant avec ses élèves. En effet, son rôle consiste à les mettre dans une
situation de communication authentique qui ressemble plus ou moins à celle qu’ils
rencontrent en classe. Il doit mettre en pratique avec l’équipe enseignante soumise à la
formation, les stratégies appropriées à la situation communicative et celles considérées
comme des contre-étayages (Nonnon, 2001 in Grandaty & Chemla, 2004). L’objectif étant
d’installer implicitement les mécanismes d’enseignement ainsi que de faire des transpositions
didactiques.
103
Conclusion et propositions didactiques
En fait, nous ne prétendons pas l’exhaustivité quant aux stratégies que nous proposons
dans notre recherche, mais une prise de conscience a postériori d’un état de réussite ou
d’échec.
A partir de ce qui précède, nous pensons que les enseignants doivent procéder
régulièrement à une auto-observation leur permettant de faire un retour réflexif sur leurs
propres pratiques de classe. A cet égard, la mise en œuvre des TICE revêt une importance
cruciale. Elles permettent le visionnage des actions entreprises, en conséquence de
s’autocritiquer sur :
1-Sa prise de parole en classe : l’enseignant doit revoir sa position en classe et redéfinir
son rôle dans la situation d’interaction, il doit minimiser ses interventions en se retirant
au profil de la prise de parole des apprenants. Celui-là opte pour une posture
d’effacement énonciatif en encourageant l’interaction entre-élèves et la parole spontanée
et contrôlée.
2-Les méthodes mises en œuvre pour enseigner : l’enseignant adapte son
enseignement au niveau de tous ses élèves, il opte pour un ensemble de méthodes, à
chacune d’elle il peut emprunter une ou plusieurs stratégies d’enseignement :
-Le questionnement : il consiste à utiliser des questions ouvertes de préférence mais
encore fermées afin de déclencher la participation des élèves.
-La répétition : elle aide à améliorer la prononciation des élèves, et sert comme outil
mnémonique.
-La reformulation/l’explication : elles permettent d’éclairer la tâche à réaliser et de
clarifier les propos de l’enseignant.
-La langue maternelle : le recours à la langue maternelle semble incontournable en
classe à l’école primaire, il ne doit pas être encouragé mais, doit être accepté par
l’enseignant.
3-Travailler tous les aspects de la communication : dans une interaction, plusieurs
moyens peuvent être utilisés, l’objectif est double : utiliser et appendre la langue cible,
véhiculer l’information. Parmi ces moyens nous citons :
-Les gestes (le non-verbal) : ils permettent à l’enseignant d’expliquer et d’éclaircir ses
questions et consignes d’une manière différente sans avoir besoin du langage verbal.
-Les encouragements : c’est l’aspect socio-affectif, il met l’apprenant en confiance et
l’éloigne de l’inhibition qui peut être due à l’insécurité linguistique ou à la timidité.
104
Conclusion et propositions didactiques
Finalement, cette présente étude a porté sur les stratégies d’enseignement mises en
place par l'enseignant en classe d'oral de FLE, à l’école primaire au sud d’Algérie. La
recherche a apporté des éléments de réponse aux interrogations suivantes :
-Dans quelle mesure les stratégies adoptées par les enseignants du primaire
participent-elles au processus de la production orale des apprenants en langue française?
-De quelle manière les enseignants du FLE guident-ils leurs apprenants en production
orale?
-Quelle est la nature des stratégies qu’ils mettent œuvre lors de l’apprentissage de
l’oral?
-Que pensent les élèves de la 5ème AP des stratégies utilisées par leurs enseignants en
classe et particulièrement à l’oral ?
-Quelles stratégies d’enseignement doit-on adopter en expression orale et lesquelles
doit-on rejeter ?
-Comment les stratégies d’enseignement, influencent-elles la production orale des
élèves à l’école primaire au sud de l’Algérie ?
105
Conclusion et propositions didactiques
106
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115
Annexes
Annexes
116
Annexes
117
Annexes
54EA ça nous donne envie de vomir ((il utilise les gestes pour
expliquer le sens du mot vomir))ensuite li se nourrit des
grains c’est quoi les grains
(( silence en classe)) il pique ((l’enseignant utilise des
gestes pour montrer le sens du mot grains))
55AG ((en arabe) kamh))
56EA oui voilà ((il ramène des grains et les montre aux élèves))il
pique de son bec des grains// quoi d’autre
57AG des miettes
58EA très bien// des miettes qu’est ce que c’est les miettes
((com: il ramène des miettes les montre aux élèves))
59AF ((en arabe) foutat khobz)
60EA oui le reste du pain ((il montre des miettes de pain)) voilà ce
sont des miettes est ce que vous mangez des miettes
61A non ((rires))
62EA des fois oui qu’on est à table on voit le reste du pain on le
ramasse ((il utilise des gestes en expliquant))
Le petit coq noir est un animal domestique il se nourrit des
vers des grains et des miettes qui peut répéter la phrase
63AF Le petit coq noir est un animal domestique il se nourrit des
vers des grains et des miettes qui peut répéter la phrase
64EA très bien// alors maintenant regardez encore l’histoire vous
allez me dire par quoi commence cette histoire l’histoire du
petit coq noir
65AG cette histoire commence par il était ^une fois
66EA alors cette histoire commence par il était ^une fois// alors ça
nous indique quoi
67AFi ça nous indique le temps
68EA très bien/ ça nous indique le temps donc l’expression il était
une fois nous indique le temps// est ce le temps du présent=
69A non
70EA est ce le temps du futur
((com: il utilise des gestes pour situer les temps))
71A non
72EA est ce le temps du passé
73A oui
74EA cette expression nous indique le temps du passé// quel est ce
temps
75AFi l’imparfait
76EA ça nous indique le temps de l’imparfait/ l’imparfait est un
temps du pa-passé vous m’avez dit que il était une fois indique
le temps donnez moi le=
77AFi c’est un indicateur de temps
78EA très bien c’est un indicateur de temps pourquoi parce qu’il
nous indique le temps=
79AFi ou bien c’est articulateur logique
80EA très bien ines ou bien c’est un articulateur logique/ alors
c’est un indicateur de temps ou bien c’est un articulateur
logique les articulateurs logiques il y en a beaucoup pourquoi
on emploie les articulateur logique
((com: silence en classe pas de réponse))
118
Annexes
119
Annexes
120
Annexes
121
Annexes
170AF il était une fois un petit coq noir avec une pauvre femme un
matin il trouvait une pièce d’or depuis ce jour ils vivaient
heureux dans une belle maison
171AG il était une fois un petit coq noir avec une pauvre femme un
matin il trouvait une pièce d’or depuis ce jour ils vivaient
heureux dans une belle maison
122
Annexes
123
Annexes
124
Annexes
125
Annexes
128A la table
129EN qui peut reprendre les trois étapes
130AG4 d’abord le menuisier coupe [le::]
131A [le bois]
132AG4 ensuite il raboute les planches enfin:: il fabrique la table
(( quatre élèves répètent les trois étapes)).
126
Annexes
EA ce n’est pas facile mais il faut que les parents aident les
élèves à s’améliorer en langue étrangère
EN je pense que le rôle des parents est important
127
Annexes
128
Tables des matières
129
Tables des matières
130
Tables des matières
131
Résumé :
Notre recherche s’intéresse aux pratiques enseignantes en classe d’oral du français langue
étrangère dans un contexte algérien. Nous avons tenté d’en dégager les stratégies
d’enseignement qui visent à favoriser l‘expression orale des élèves de la 5ème AP à travers
l’analyse de leur production verbale et non-verbale. Pour recueillir les données nécessaires,
nous avons opté pour une enquête par questionnaire et une observation sur le terrain,
l’entretien s’est imposé aussi. Notre travail s’est basé en premier lieu sur les approches
psycholinguistiques qui ont pour objet l’étude des stratégies d’enseignement et les approches
interactionnistes qui mettent en étude les productions orales des élèves en contexte scolaire.
Nos analyses sont effectuées grâce à une approche quantitative, mais aussi grâce à une grille
d’analyse que nous avons créée à partir de notre cadre théorique. Enfin, notre objectif par
cette recherche est d’amener l’enseignant à remettre en question ses propres pratiques de
classe en expression orale, de lui permettre de faire un retour réflexif quant à celles-ci afin de
l’aider à réajuster ses stratégies.
Mots clés: didactique du français langue étrangère, acquisition d'une langue étrangère, compétence
Communicative, activités communicatives orales, stratégies d’enseignement, étayage.
ملخص
حاولنا من خالل.يھتم ھدا البحث بكيفيات وطرق تدريس التعبير الشفھي باللغة الفرنسية كلغة اجنبية في السياق الجزائري
ھدا البحث تحديد واستخراج استراتيجيات التدريس التي تسمح بتحسين التعبير الشفھي لدى تالميد السنة الخامسة ابتدائي من
من اجل ان نتحصل على المعطيات الكافية قمنا بإجراء عملية استبيان وكدا.خالل دراسة تعبيرھم اللفظي والغير لفظي
ھدا العمل يعتمد بالدرجة األولى على المقاربة النفسية.المالحظة في القسم مباشرة اضفنا حوار خاص مع طاقم التدريس
واللغوية والتي تسمح لنا بدراسة جميع استراتيجيات التدريس وكدا المقاربة التفاعلية والتي بدورھا تسمح بدراسة التعبيرات
( تحليل ھده المعطيات تم بفضل المقاربة الكمية ولكن ايضا بفضل رزنامة )شبكة. اللفظية في السياق المدرسي
أخيرا إن الھدف من ھدا البحث ھو ان نساعد المعلم في.استراتيجيات قمنا بانشائھا انطالقا من الشق النظري لھده الرسالة
ان يتسائل عن ماھية االستراتيجيات التي تساعد تالميده في تحسين تعبيرھم الشفھي وكدلك ان يعيد النظر في
.االستراتيجيات التي يستعملھا ويرى ماھي التي تناسب تالميده
كلمات المفتاح
االبتدائي. اللغة االجنبية. اللغة الفرنسية. مقاربة التواصل. استراتيجيات التعليم.التعبير الشفھي
Abstract: Our research focuses on teaching practices of spoken French in class as a foreign language
in an Algerian context. We attempted to identify teaching strategies that aim to develop oral
expression of students in the 5th AP through the analysis of their verbal and non-verbal expression. In
order to gather the necessary data, we decided to make a survey and observation in the field,
discussion was also included. Our work is based primarily on psycholinguistic approaches which are
made to study teaching strategies and interactionist approaches that study oral expression of students
in the school context. Our analyzes are conducted thanks to quantitative and qualitative approaches,
but also thanks to an analytical framework that we created from our theoretical scope. Finally, our goal
with this research is to get the teacher to question his own class practice in oral expression, enable him
to make a reflexive return on them in order to help him readjust his strategies.
132