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La médecine nouvelle basée

sur des principes de physique


et de chimie
transcendantales et sur des
expériences capitales [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Lucas, Louis (18..-18..?). La médecine nouvelle basée sur des
principes de physique et de chimie transcendantales et sur des
expériences capitales qui font voir mécaniquement l'origine du
principe de la vie / par Louis Lucas,.... 1861-1863.

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NOUVELLE
CAS É
SHB DES PBINWPES 1.1 K PHYSIOUK

LOUIS LUCAS

TOME SECONI»

PARIS
F. SAVY, LIBRAIRE K. IiKNTU, l.lBHAir.K
ï!i
HUK II U;TM''I'!ill.l,E,
VI
V
LA

NOUVELLE
PARIS. IMP. SIMON r.AÇON ET COUP., HUE d'eRFORTH, 1.
LA

MÉDECINE
BASÉE
SUR DES PRINCIPES DE PHYSIQUE
ET
DE CHIMIE TRA NSCENDANT ALES

ET
SUR DES EXPÉRIENCES capitales qui FONT VOIR mécaniquement
L'ORIGINE DU principe DE LA VIE

PAR

LOUIS LUCAS
Auteur de ICI Chimie nouvelle, de F Acoustique nouvelle, etc.

TOME S ECO IV

PARIS
F. SAVY, LIBRAIRE E. DENTU, LIBRAIRE
24, RUE HAUTEFKUILLE PAt.AIS-ROYAf., GALERIE D'OMËANS
1865
LA

MÉDECINE NOUVELLE

DIGESTION.

Principes fondamentaux de la digestion.

La médecine est divisée, aujourd'hui encore, aussi bien que du


temps de Sylvius et d'IIofmam.i, en solidistes et en humoristes.
Lors du mouvement dogmatique instauré au collége de France par
Magendie, renseignement était presque entièrement solidiste, si !'on
en croit les plaintes qu'il a insérées dans ses Phénomènes physiqua
de la vie; on sait quels efforts L fit à cette époque pour attirer l'at-
tention publique sur le rôle que jouent les liquides de l'organisme
jusqu'au point de simuler en certains cas expérimentaux les effets
les plus saillants des maladies qu'on regardait comme vouées à un
système d'inflammation indiscutable. Ce n'est pas ici le lieu de déve-
lopper les détails des expériences de Magendie; qu'il suffise de faire
voir l'antabonisme sérieux et persistant qui s'est établi entre les deux
écoles du solidism.e et de Yhumorisme dans ces derniers temps.
Sommes-nous en mesure de décider la question avec plus d'avan-
tage que nos devanciers et de prouver laquelle de ces deux écoles
est dans le vrai? Oui certainement. car, chaque école présentant
la thèse et l'antithèse d'un point synthétique supérieur, il est
facile, une fois ce point établi, de descendre avec sécurité dans ii
olidisme et dans l'humorisme.
J'ai fait voir qu'un dépôt natif de force condensée et tonalisce
existe chez tout anirrfal vivant c'est ce qui constitue la transmis-
sion des êlres par la âénération que ce dépôt atppelé énormon, or-
ganisé primitivement par des forces libres, est soumis aux lois
générales et fatales de la nature tout entière. Or, la première loi
de ces forces physiques est Que le mouvement ne peut déter-
qu'en sur la matière, qui lui
sert de support. pouvons véritier ces faits par la vue des
grandes étincelles des machines électro-statiques et, bien mieux
enecre, par les effets si variés de la foudr- Lorsque, par une tcn-
sion excédante, te mouvement, électrique ou non, s'e»t sépare de
la matières qui le supporte, il erre à travers l'espace trop peu ré-
sistant, jusqu'à ce qu'il se soit jeté sur le support matière, qui lui
est fatalement nécessaire pour garder un équilibre relatif, une sta-
tion persistante. La force agit donc sur la matière en la pénétrant;
comme li matière réagit sur la force en la modelant par des spécia-
lisations incessantes. De ces faits naissent 1° les phénomènes phy-
siques, représentant la force agissant sur la matière d'une façon
prédominante; 2° les phénomènes chimiques, représentant la lila-
tière agissant sur la force par ses spécifications propres.
Dans la physiologie, nous avons affaire à un ensemble des deux
phénomènes la force unie à la matière, par un principe d'asser-
vissement réciproque gradué, tonalisé. Au centre de l'économie
vivante surtout, et, dans une certaine proportion, diffusée dans
toute 5a masse charnue, une force est tà présente, enchaînée à la
matière, sous l'impression des lois d'asservissement mutuel que je
citais. Cette masse est douée d'un écoulement norntal et incessant;
et revivifiée par un remplacement du même genre. Mais, ans les
détails, cet asservissement, cette tonalisalion-principe, n'a plus lieu
avec la même régularité. La force libre, intérieure ou extérieure;
la matières intérieure ou extérieure, se dégagent parfois des liens
toualisateurs qui les enchaînent; comme cela se voit si bien en
acoustique, elles font des échappées
vent de nature a briser l'ensémâle. En physiologie, comme en pa-
thologie, nous nous trouverons toujours en présence de deux élé-
ments antagonistes la force libre, ta matière spécifiée. Les effets
de force libre constituent les diverses évolutions que j'ai attribuées
à l'énormon t'enseignement les range, d'une façon aveu-le, passa
blemeià discordante, sous !a rubrique d'effets nerveux. Or, comme
les forces libres et la matière se répondent constamment dans leur
équilibre antagoniste, nous aurons forcément traiter dans la patho-
logie un effet double le la maladie produite par i'efiet de la force
libre; 2° la maladie produite par l'effet de la matière spécialisée;
non plus avec les divisions des solidistes et des humoristes seule-
ment mais en tant que solide, licjuide, gazeuse. Quand le travail
synthétique de la force énormon se scindera, il y aura polarisation
des éléments matériels qui peuvent lui obéir, comme cela se voit
dans les maladies typhiclucs tl l'égard des liquides de l'organisme;
quand la matière vivante se scindera dans ses spécifications il y
aura trouble par les solides, les liquides, les gaz. Mais toujours les
maladies devront être considérées avant tout sous deux points de
vue primitifs, basiques, élémentaires 1° les effets de force libre;
2° les effets de matière spécialisée. Le choléra se développera aussi
bien sous l'influence de la FORCE libre, sortant de l'imagination
éréthisée, qu'il apparaitra par intoxication d'un aliment indigeste,
dont le départ enrayé conduira au retrait de l'énormon vers les
centres splanchniques. La phthisie sortira de t'hérédité, ou d'un
froid adventice, appelée par l'énormon impuissant; comme elle
prendra naissance sous la désorganisation que lui fait souffrir
la blessure des corps purement matériels que le boulanger, l'ai-
guiseur, le carrier, introduisent dans lit traîne pulmonaire par la
respiration. Il n'est pas une sente maladie qu'on ne puisse pro-
duire par ces deux voies extrêmes et antagonistes. Voilà ce qui a
tant trompé les solidisl.es et les humoristes jcignons-y les gazéistes,
moins connus du public. Tour tour, à défaut de l'analyse exacte
des phénomènes, ils se rejetaient la balle, empruntant plus ou
moins aux animistes, qui expliquent tout par un seul principe; sté-
rile, à son tour, lorsqu'il s'agit des spécifications matérielles. L'ani-
miste se tirera fort bien des explications a donner sur les causes
de la phthisie provenant de l'hérédité « Dieu nous a donné une
âme phthisique! » Que voulez-vous faire à cela? llais le carrier
en grès, admirablement constitué, qui accepte un tel travail avec la
certitude qu'il ne passera pas l'âge de quarante-cinq à cinquante-
cinq ans, entraîné par une phthisie fatale?. Qu'est-ce que l'âme,
innée, doit voir là dedans? L'homme sain est maitre d'aller ou de
ne pas aller a ce travail funeste! Il n'y a dans ce fait, complète-
ment voiontaire, ni prédisposition héréditaire, ni prédestination,
ni quoi que ce soit de préconçu. Les corps introduits dans le pou-
mon sont vulnérants comme un coup d'épée. La phthisie, ici, res-
sort de la matière influençant la force. La circulation attirée dans
les capillaires du pour,ion agit par la solidarité réciproque qui
existe entre la force libre influençant la matière, comme la matière
influence la force libre. La tonalisation des organismes est donc,
comme je le disais plus haut, la forme arrêtée par la nature pour
enchaîner l'antagonisme due la FORCE et de la natikre dans un but
synthétique. Mais, comme tout état pathologique est justement la
destruction totale ou partielle de la tonalisation, et le retour aux
antagonismes déchaînés; toute maladie doit présenter un effet
sortant de la force libre, frauduleusement dominante; ou un effet
de la matière spécialisée, tyrannisant anormalement la force libre.
Les phénomènes de polarisation de forces, ceux de solidisme, d'hu*
morismc, de gazéisme, ne viennent qu'après et pour chacun des
antagonismes FoscE, matière, pris à part. La matière sait aussi bien
tyranniser la force libre que la force libre sait opprimer la ma-
tière. Qu'à une source d'électricité donnée j'oppose une matière
fortement condensatrice la force libre va se tendre outre mesure,
s'exaspérer, au point da fournir ces chocs violents dont je rappelais
il y a un instant les effets désastreux en parlant des ravages de la
foudre. Au lieu de cela, à une forro électrique très-vendus opposez
une matière dispersive de la nature des carbures, de la baleine, des
cheveux, etc. la force libre deviendra douce et agglutinative
obéissant à toutes les spécifications qu'on lui opposera jusqu'à per-
dre les caractères primitifs d'une force tendue. Trop de force libre
appliquée à la matière la plus résistante de nos métaux les vola-
tilise, ôte en un mot leur spécification basique; c'est ainsi qu'avec
un nombre suffisant de piles électriques on gazéifie, on volatilise
les métaux les plus réfractaires; avec de la matière en excès, et
douée de dispersion native, on détruit la tension de la feudre. on
appelle cela des paratonnerres.
plais, comme dans une tonalisation tous les extrêmes sont
craindre, nous devons nous défier autant de la prédominance
exclusive de la fcce sur la matière que de la matière sur la force.
Toute déviation de la force libre se polarisant amènerait ces créa-
tions d'érétliisme dont j'ai beaucoup parlé et qui finissent souvent
par faire chavirer l'économie vivante. La matière échappée à la to-
nalisation normale se retranche dans un solidisme, un humorisme,
nn gazéisme dangereux, qui ne tardent pas à amener le même ré-
sultat que la polarisation des forces libres. Quand je divise la pola-
risation de la matière en trois parties, solide, liquide, gazeux; par
un antagonisme dissimilaire avec les deux trés-réelles polarisations
des forces libres qui sont purement dualisüques, je pense bien que
mon lecteur ne sera pas pris aux apparences que j'accepte ici pour
ne pas trop embrouiller l'explication des faits. Pour moi il n'y a
réellement que deux états physiques de la matière le solide, et
le gazeux. La liquidité vraie, ainsi que je me suis tant efforcé de
le faire comprendre ailleurs, est une tonalisation complète et se
confond avec cette dernière. Je n'admets donc pas de lésion des
liquides; car cette expression équivaudrait à mes yeux, à une lésion
de la tonalisation. Quand un liquide est vicié, le sang par exemple,
c'est qu'il y a destruction de la vraie liquidité organique, en un
mot, précipitation d'un ou de plusieurs des éléments constitutifs
de ce sang. Examinez avec soin les phénomènes morbides qui se
présentent dans l'économie sous l'impression du choléra, vous ver-
rez qu'il se produit, non-seulement une polarisation d'apparence
liquide, des éléments du sang; mais, et surtout, une création d'é-
léments gazeux qui refluent tout le long du tube intestinal et qui
viennent asphyxier les poumons. Le choléra, dans ce cas, n'est-il
pas une intoxication de l'organisme par des éléments dangereux
sortis du sein même des liquides chargés crdinairement de lui
donner la subsistance? Mais ne sortons pas des principes abstraits;
la santé est basée sur l'accord plus ou moins parfait, plus ou
moins stable, que la tonalisation organique impose aux antago-
nismes de la force et de la matière,; soyons donc physiciens avant
de nous donner comme solidistes et comme humoristes; mais non
des physiciens qui s'arrêtent aux phénomènes de propulsion dyna-
mique, vulgaires dans le jeu de billard; n'oublions jamais l'étude
des principes et les faits de la physique transcendantale Et, pour
en faire une application utile, servons-nous de l'étude du diabète.
Qu'on ne s'étonne pas de rencontrer à chaque instant de la pa-
tholoâie au milieu des études physiologiques, et notamment, ici, le
diabétisme; comme je ne suis pas chargé de composer quelque
vade mecum destiné à la vente courante, j'use de mon droit de
prendre les choses quand je crois qu'elles doivent venir. La discus-
sion qui s'est établie entre MM. Bernard, Mialhe et Alvaro Reynoso
est ce qui résume le mieux le débat diabétique. Mais lequel des
trois a raison? Ce qu'il y a de plus étrange à cet égard, c'est qu'ils
ont raison tous les trois; pour des causes qui leur sont inconnues
à eux-mêmes, et qui dérivent des principes que je viens de poser.
Je rappellerai seulement, pour mémoire, que la dispersion des
matières alimentaires, servant bien plus à créer une PENTE au départ
organique qu'à donner une exuémentation stérile, compose la
première partie du travail digestif; secondement, qu'il faut trouver
les voies de SOLIDtFiCATION spéciale que la nature emploie pour en-
gager dans les tissus, d'une façon suffisamment stable, les élé-
ments introduits dans les organes digestifs; dont l'utilisation est
connue jusqu'ici sous le nom d'assimilation. En un mot, il nous
faut décrire comme on l'a vu ci-dessus la voie physique, la voie
chimique.
Dans la partie abstraite qui parle des forces vitales j'ai donné
peut suivre de visu les
une expérience capitale avec laquelle on
phénomènes qui président à l'existence des êtres vivants; ici, par-
tie chimique, en quelque sorte, je dois donner de nouvelles expé-
riences capitales, chimiques, pour faire voir comment se l'onde la
plasticité des éléments chimiques de l'organisme. En ce moment
j'en signalerai deux seulement, assez vulgaires; me réservant de
donner à la fin du volume une série d'expériences, inconnues et
de premier ordre, pour appuyer les principes de ce livre. C'est
donc à la fin du volume qu'il faut se reporter pour les preuves qui
touchent les questions-principes.
PREMIÈRE EXPÉRIERCE,

Si l'on mêle ensemble trois substances que j'indiquerai plus


tard, au bout d'un certain temps il se formera dans le composé
une essence particulière rappelant l'essence de moutarde, d'aspic,
de raifort, etc., selon les combinaisons premières. On peut varier
de tant de manières cette expérience, qu'il est clair par là que dans
le mélange des éléments digestifs il doit toujours se créer des par-
ties très-volatiles sur le modèle des essences dont je signale ici la
formation. Ce sont ces parties très-volatiles qui marchent en tête
du départ alimentaire, pour favoriser la PENTE organique, si né-
cessaire aux mouvements économiques des animaux.

DEUXIÈME EXPÉRIENCE.

Lorsqu'on prend le jus complexe d'un légume ou d'un fruit,


il arrive le plus souvent que ce jus, traité d'une certaine façon,
produit une gelée dont les confitures de ménage offrent un exem-
ple vulgaire. On a attribué la formation de cette gelée à la pré-
sence dVi élément spéciale, appelé pectose; tandis que cette ^pec-
tose n'est pas autre chose que le résultat acquis de la réaction
des corps pyrophoriques astringents sur l'élément complexe albu-
mino-saccharin contenu dans les végétaux. La preuve de cela, c'est
qu'on peut faire prendre en gelée nombre de jus, dans lesquels,
non -seulement il n'existe pas de pectose; mais qui ne prennent pas
d'eux-mêmes, sans l'emploi des pyrophoriques astringents. Je ne
désire en quoi que ce soit développer ici ces idées plus avant; les
conservant pour joindre aux expériences détaillées que je publierai
plus tard à la fin de cet ouvrage. le me contenterai de faire re-
marquer seulement que l'actzon des pyrophoriques est si grande
sur les liqueurs végétales, qu'elle atteint le sucre lui-même, pres-
que à l'état de liberté; voilà pourquoi le pyrophorisme se montre
comme un élément de première nécessité pour amener les plastici-
tés organiques afin d'empêcher les éléments végétaux. le sucre
du chyle notamment, de prendre une forme trop soluble; auquel
cas il dévie la plasticité, et tend à s'échapper presque exclusivement
par les urines.
Il

De l'hygiène publique a propos du diabétisme, de


l'albuminurie, etc.

Il suffit de raisonner quelques instants les expériences que je


viens de présenter pour voir que la plasticité et la non-plasticité or-
ganiques régissent beaucoup d'affections mal classées eu pathologie;
et, notamment, ce qui se rapporte au diabète, à l'albuminurie, etc.
Les faits ici sont si patents, qu'il n'y a pas moyen de balancer.
L'alimentation se développe presque en entier sous la forme chimi-
quie d'un liquide sucré qui est le chyle. Si donc les éléments com-
burants manquent 1° du côté des forces libres, le poumon porte-
oxygène 2* dû côté, de la digestion par les corps pyrophoriques; la
plasticité de cette masse sucrée, relativement énorme, ne se fera
pas, ainsi que la dispersion-pente dont nous connaissons la néces-
sité et, comme le sucre, l'albumine, la graisse, et tant d'autres
éléments restés solitaires dans le liquide sanguin ne peuvent être
longtemps supportés par ce dernier, il se produira de force une
élimination qui prendra la désignation de diabétisme, albuminu-
rie,'etc., selon que le corps non plastique sera du sucre, de l'albu-
mine, de la graisse, etc., etc. La loi fatale en physiologie, c'est que
toute substance réalise son adjonction à la tonalisation normale de
l'économie vivante; ou serve à la PENTE organique qui créela chaleur
et le mouvement vitaux; sous peine d'être éliminée par des exutoi-
res appropriés, ou même extraordinaires, dont l'inversion d'effet
nuit tant à l'économie. En un mot, il faut que nous puissions re-
trouver dans la digestion les grandes voies de la chimie ordinaire
per dcscenszcrn, per iiscemum; puis l'équilibre, la liquidité, la tona-
lisation vivante. Donc, le précipitation, en physiologie, répond à
solidification; plasticité, à assimilation; 2° volatilisation à disper-
sion, pente, excrémentation; 5" ucmDiTÉ à équilibration, suspension,
tonalisation. L'analyse de MM. Bernard et Mialhc étant tout à fait
incomplète, on verra, à cause de cela, qu'elle touche seulement à
l'une des faces de la question physiologique supérieure. Une partie
de notre alimentation doit par précipitation se solidifier; une auî'/e
se répandre au dehors; une autre se tenir en équilibre liquide.
Voilà pourquoi j'appelle ordinairement dispersifs cette partie qui
fournit la pente, et non pas excrémentation car ce n'est pas à titre
d'excrément que la majeure parlie des corps qui traversent la pé-
riphérie doivent être compris, mais à titre d'éléments NEUFS, no-
teurs. Je ne veux pas non plus me servir du mot Sécrélion, qui ré-
pond mieux à une transformation glandulaire utilisable dans
l'économie. La création des essences factices que j'ai indiquée ci-
dessus montre quelles voies suit la nature dans ses adjonctions
de façon à alimenter ses mécanismes. Par la seconde expérience
je fais voir quels sont les moyens employés par la nature pour
atteindre la plasticité ou solidification ce sont les corps pyro-
phoriques capables d'agir sur les composés albuminoïdes, et même
à la rigueur sur le sucre. Enfin, par une troisième expérience, je
montrerai les allures de la liquidité; de la liquidité outrée même,
d'où sortent le diabète, l'albuminurie, les émissions de gélatine,
pseudo-gommeuses, etc. On a eu bien tort de tant crier contre
M. Liebig lorsqu'il divisait la digestion en éléments respiratoires et

en éléments plastiques; si l'on découvrait dans son système des


parlies vicieuses, il fallait les discuter, mais non repousser la pensée
fondamentale. J'ai fait voir ailleurs que le dualisme de M. Liebig est
incomplet comme tout dualisme ce qui a vidé sa conclusion et
une grande partie des détails d'observation il est inutile d'y reve-
nir ici.
Certains peuples du Nord ne sont sensibles que quand on les
écorche, disait Voltaire. En médecine on ne commence à s'occuper
d'un point philosophique qu'au moment où il prend la forme d'un
accident pathologique d'une' extrême gravité. Ne soyez pas étonnés
de rencontrer sous la discussion du diabétisme la seule théorie un
peu importante qui existe sur l'alimentation. M. Mialhe dit ceci
« Les corps neutres, fécules, gommes, sucres, ne sont COMBUSTIBLES
qu'à la condition de se trouver en présence des alcalis du sang. Le
sang est alcalisê à l'état normal, il doit, à la rigueur, comburer ces
corps neutres; mais, soit que cette alcalinité se montre trop mi-
nime, relativement; soit qu'il y ait là-dessous quelque acidité dis-
simulée, les corps neutres ne se comburent pas asf?z bien dans
l'économie. Prenez des alcalis! J'allais me laisser aller à dire:
Prenez mon ours M. Mialhe est pharmacien. Que ceci soit reçu
comme je le donne, c'est-à-dire avec l'estime la plus réelle. L'atten-
tion que je porte aux travaux de Nl. Mialhe prouve, plus que je n(
puis le dire, la haute considération que je me plais à professer poui
ce savant. De son côté, M. Bernard répond à M. Mialhe « Vous pré.
tendez que les corps neutres sont forcés de recourir aux alcalis du
sang pour arriver à la combustion mais le sang n'a jamais montré
trace d'acidité; même quand on ingère des acides, hien autrement
en excès que vous n'ingérez des corps neutres; c'est le système ner-
veux qui est atteint dans le diabétisme! et la preuve, c'est qu'en
piquant le plancher de votre quatrième ventricule je vais vous ren-
dre diabétique si vous insistez! bI: llialhe refuse de continuer \u
discussion sur ce terrain. Mais, tirant de sa poche une note de son
confrère en chimie, M. Alvaro Heynoso, il fait voir à M. Bernard que
l'on devient diabétique par d'autres moyens que la désagréable pi-
qûre du quatrième ventricule; c'est-à-dire que tout embarras dans
la respiration produit le même effet; du chloroforme, de léther,
des.anesthésiques en général. II rappelle en même temps les obser-
vations empruntées aux cliniques médicales, montrant que la phthi.
sie, la pulmonit, etc., dans le sens du poumon; la scarlatine, l'éry-
sipèle, la variole, etc., dans le sens de la périphérie, amènent les
mêmes résultats. M. Bernard voulait utiliser, patholoôiquement, les
belles études qu'il a faites sur la résection de ces trois nerfs il n'y
a pas de mal à cela mais il n'a donné qu'une des faces de la ques-
tion asphyxie, la fiaea nerveuse, comme M. Alvaro Reynoso n'en
donne que la face chimique. Pourquoi ne pas étudier l'analyse des
faits dans tout leur développement? Chacun a raison, mais pour
une part seulement. Avec SII. Bernard, j'accepte la lésion nerveuse;
mais je ne l'accepte pas seule, ce serait ridicule, puisqu'il faudrait
supposer que dans tant de cas divers et si étranges il n'y aurait là
qu'un effet nerveux Avec M. Alvaro Reynoso j'accepte les anesthési
ques, demi-asphyxiants, commediabétisants; et cela d'autant mieux,
que cette observation plus explicite nous dévoile la cause diabéti-
sante que nous rencontrons dans tous les cas d'asphyxie quelconque
par le poumon ou par la périphérie, Voilà pour ce qui a trait aux
forces libres. à la physique de la question, aux actes aériens qui
o' exercentsur l'alimentation. M. Mialhe répond à la seconde partie,
à 'a partie vraiment chimique de cette alimentation; ne se préoccu-
pant nullement du mécanisme qui introduit l'agent aérien dans son
affaire, il n'entend observer que les corps qui accaparent le gaz com-
burant. «Il faut, dit-il, des alcalis pour comburef les corps neutres,
donnons des alcalis » Moi, je réponds à NI. Miallie Il est vrai que les
alcalis ont une action telle sur les corps neutres, qu'ils leur créent
souvent une pyrophorie spéciale, qui permet à ces corps neutres
de s'unir à l'oxygène dans certaines circonstances. Mais êtes-vous
sûr que cette pyrophorie si désirable se produira chimiquement au
milieu des éléments du sang, si bien tonalisés? Pour ma part, un
doute là-dessus est ce que je puis dire de plus poli. En tout cas, laisse-
rez-vous les gens s'empoisonner pour avoir le plaisir de leur verser
le contre-poison? A quoi bon ingérer des corps neutres dépouillés de
la pyrophorie que la nature y a attachée avec tant de prévoyance?
Les animaux herbivores, dites-vous, ne sont jamais diabétiques! Je
le crois bien ils n'ont pas eu la stupidité d'élever à grands frais
ces raffineries de sucre où l'on prend le jus de la canne encore suf-
fisamment pyrophorique pour vous le rendre à l'état toxique. Ils
n'ont pas inventé les fécules de table, arrow-root, tapioca, etc., ces
pains de gruau, et jusqu'au pain du pauvre, non cuit, chargé d'eau,

que les ordonnances de tout le corps Et


dans lequel la fécule se présente encore entière, indigeste, non assi-
milable qui à eux seuls font plus de diabétiques et de phthisiques
ces glucoses que
la Faculté laisse consommer par milliards le tonneaux sous le nom
de bière, de sirops rafraîchissants, soda, etc., jusqu'à permettre
qu'on ait remplacé le sirop de vraie gomme, si adoucissant, par la
fécule gluante tirée au moyen de l'acide sulfurique, le glucose 1.
J'apprendrai en passant la Faculté une chose dont j'aurais pu faire
un magnifique Mémoire c'est que ces gommes produisent un grand
effet sédatif lorsqu'elles sont pourvues surtout d'une certaine dose

dis Lf. glucose et non LA glycose; car je ne comprends pas qu'on fasse
de
rapporter glycose ou glucose à un féminin, lorsqu'il s'agit ici du sucre glycose;
comme on dit sucre de cannes, de réglisse, de raisin, de carottes, etc. On a fait
la même faute, quand, après la découverte des gaz, on a pu établir que l'am-
moniaque était un de ces gaz; on devait dire LE ammoniaque, LE gaz ammo-
niaque et non LA ammoniaque, répondant par un féminin, à la pensée alchi-
mique qui n'était plus en cause.
d'acide prussique que j'ai découvert dans les sortes très-thérapeu-
tiques, observation que je n'ai pas le temps de conduire à un état
démonstratif public en ce moment mais dont je ne ferai pas grâce
aux thérapeutistes, si Dieu me prête vie. Quand certaines bières de
café, à base de glucose, vous tombent sur l'estomac, on dirait qu'on
a avalé un pavé; aussi le consommateur se hâte– t– il de prendre
force petits verres pour se réchauffer. De même qu'après l'injection
de force petits verres il a recours à la bière pour se calmer; l'un
portant l'autre, voilà le mécanisme de la consommation des bois-
sons dans la bonne ville de Paris et sa banlieue. Je n'invente pas les
faits. je les surveille. comme un chasseur opiniâtre. Dans deux
maisons, situées aux deux bouts des constructions que j'ai fait éle-
ver boulevard Montparnasse, n° 25, les débitants m'en apprennent
plus à cet égard que les plus beaux livres de médecine. Entre autres
faits à ma connaissance, je viens de voir mourir encore du diabète
un petit industriel, vrai pilier de café. Autrefois on ne connaissait
guère cette maladie que chez les gens riches; aujourd'hui je la
vois se répandre d'une façon incroyable chez les buveurs de bière.
Après cela plaignez-vous que le débit des alcools envahisse les po-
pulations N'est-ce pas un admirable mécanisme, sorti de la chimie
industrielle moderne, qui permet au client de marcher sur la corde
roide de la soûlerie avec le balancier du glucose sulfurique et des
eaux-de-vie de betterave? Nous devons à la chimie les plus belles
applications des temps modernes; mais, si elle continue, nous lui
devrons le plus beau linceul de l'humanité, la mort par asphyxie
alcoolique. Quand le fabricant ne savait faire de l'eau-de-vie qu'avec
de bonnes barriques devin, le cœur lui saignait de brûler ce beau
jus de la treille, si vermeil, si pur, si bienfaisant; j'ajouterai, moi,
si pyrophorique; mais, quand il ne s'agit que de se débarrasser
d'éléments à demi putréfiés, comme cela a lieu dans les fabriques
de betteraves et de fécules, il n'y a guère à balancer; le monde sera
d'autant plus inondé d'alcools, que le sucre raftiné, que le grain
raffiné, poisons solides, seront déversés eux-mêmes en plus grande
quantité sur le marché. Les poisons s'attirent et se soutiennent;
Lisez plutôt les prospectus des marchands de fécules habillées des
noms et des formes de toutes les substances connues, avec appro-
bation médicale; vous verrez s'il est permis d'avoir quelques sous
dans sa poche sans être tenté de s'empoisonner en aussi belle et en
aussi savante compagnie? Certaines fécules dont on contrefait la
nature constituent le plus souvent des aliments natifs, accompa-
gnés des éléments pyrophoriques qui en font un corps sain et con-
fortable il n'en est plus de même des affreux amidons qu'on nous
donne à leur place l'un pourrait à la rigueur servir de remède
tandis que l'autre a toutes les chances de nous empoisonner.
Après ces développements,, j'ai honte, en vérité, de reprendre la
discussion sur le diabétisme. A quoi bon dépenser huit d'argent
dans les raffineries de sucre, de grain,. de fécules, de boissons, etc.,
pour être forci- piteusement d"aller chercher chez le pharmacien ces
nauséeux alcalis avec lesquels nous sommes condamnés à boire du
vin qui prend d'eux le goût distingué du pissat? Revenons donc à la
bonne et franche nature. Quand le chimiste se présentera à nous
avec des teintures nouvelles, pas trop plombifères; avec les piles de
combinaison, dites galvaniques; créant la télégraphie, la galvano-
plastie avec la plaque photographique mordue par les chlorotdes;
bénissons le chimiste! mais, quand ce savant touchera à ce qu'a
créé la nature avec tant d'intelligence et de prévision, arrêtons-le
tout court; comme on écarte la main d'un ami qui s'abuse. « Ne
touchez pas à la reine. à la nature, cette reine de la 'erre; nous
ne devrions la regarder qu'à genoux nous ne devrions y toucher
qu'avec un saint respect! Arrière, chimistes, ignorants ou coquins,
qui spéculez sur l'aveuglement actuel des masses pour envahir la
consommation! Vous déshonorez une des mamelles de cette grande
nature votre mère, la chimie, qui préside aux mutations de la ma-
tière, comme la physique régit l'emploi des forces libres! »
N'allons pas dire avec M. Mialhe (p. 75, Chimie physiologique)
Il
Mous concluons que la maladie diabétique reconnaît pour cause un
vice d'assimilation de la glucose par défaut d'alcalinité suffisante
dans tes humeurs de l'éc.orrorrt.ie animale,. Il Mais que le diabétisme
reconnait, généralement et pratiquement, pour cause, un véritable
empoissonnement par injection d'aliments déviés de la natnre pyro-
p!'orique, nécessaire à l'assimilation organique. Je dis générale-
ment et pratiquement, parce qu'il faut y joindre les cas transitoires
et exceptionnels qui reconnaissent pour base une asphyxie com-
mençante, une lésion des nerfs, du poumon, etc.; en un mol, la
partie de cette maladie la moins ordinaire, celle qui se rapporte à
une action incomplète des forces libres sur l'alimentation. Il se fait
bien autrement de diabétiques par la chimie organique que par la
physique d'appareils. Sans cela, sans les folies de la nutrition mo-
derne déviée, errait-on les cas de diabétisme, si rares autrefois, se
multiplier outre mesure? Cette année, à Vichy, dans un seul hôtel, les
diabétiques étaient presque en majorité sur les maladiesdes reins
Quand on va se saturer de carbonate de soude dans cette localité
pendant les célèbres vingt-deux jours indiqués comme campagne
thérapeutique, je vous demande quelle action cela peut avoir sur
les fécules que vous reprendrez en rentrant a la maison; sur la
bière que vous êtes habitués à boire dans le cercle ou dans le café
attitré: sur les PAToNs de votre boulanger, qui vous traite comme
on traite its dindes en Konenandie; enfin sur la nourriture de
onze mois. mise en présence de vingt-deux jours de traitement ? Il
faut que les hommes soient bien ignorants ou bien fous pour ne
pas rire au nez du médecin qui leur propose une semblable plai-
santerie de guérison. Je comprends qu'un spleenique, un ictérique,
aillent essayer de défaire à Vichy un accident accompli; mais
boire des alcalins pour un travail de onze mois à venir. c'est
trop fort! laissez done là vos poisons, malheureux qui souffrez!
vous n'aurez plus besoin après cela d'aller à Vichy que pour y faire
danser madame, avec son cousin l'officier.
Quels que soient les palliatifs qu'on emploie, le carbonate d'am-
moniaque, préconisé à juste titre par M. Bouchardat comme sudori-
fique agissant bien dans ce sens, et non comme alcalin, ainsi que
le veut M. Mialhe; les bains, la flanelle, les sulfures, la viande prise
exclusivement, la graisse, le pain de gluten, etc., etc., il faut re-
venir à l'alimentation naturelle; au pain de froment composé de
tous ses éléments; au vin rouge brassé sans addition ,le sucre; à
la viande non maquignée; au sucre non raffiné, mais seulement
rapproprié; au mial non mélangé de glucose; bien mieux, au miel
fait par la mouche en pleine campagne, avec les éléments des
fleurs; et non, comme cela se pratique aujourd'hui, en faisant ra-
masser par les essaims les ordures des raffineries. Ah! si j'étais
hygiéniste
Dans tous ces cas divers vous créez des substances neutres snns
élément pyrophorique, fécules, gommes, sucres, miels, vins, etc.
Et cela en vertu des décrets de la chimie moderne, qui a statué dans
sa sagesse que pour le vin le fait capital. la richesse, la vinosité.
c'est l'alcool! « Empoisonnons-nous. c'est le plaisir le plus
doux. Je viens de suivre M. Miaihe, M. Bernard, M. Alvaro Rey-
noso, dans leurs déductions physiologiques on peut voir après cela
que les germes de cette terrible maladie ne sont exclusivement ni
dans la lésion nerveuse, ni dans le mécanisme respiratoire, ni dans
l'alcali du sang; mais surtout et avant tout dans des fautes de
l'hygiène publique. Je vais apporter à l'appui de cette opinion des
faits qui sont à ma connaissance personnelle. Seulement, avant cela,
jx prierai qu'on m'excuse sur la nécessité où je me trouve de re-
venir encore sur la liqueur de brou comme c'est la première fois
qu'elle est introduite dans le commerce, il n'est pas étonnait que
je puisse y rencontrer des faits très-inconnus et fort curieux. Je
remarquai, dans les rapports que j'avais avec les courtiers et les
consommateurs, que beaucoup de clients devenaient fanatiques de
la boisson qu'on leur livrait; parce que, prétendaient-ils, cela
changeait entièrement leur état de santé. Des gens abandonnés des
médecins, des vieillards usés, des hommes dévorés par la syphilis,
y trouvaient de grands adoucissements. Ce que je n'avais vu jusque-
là qu'au point de vue alimentaire m'intéressa au point de vue théra-
peutique, et l'occasion d'en faire l'essai ne tarda guère. Le choléra ou
detrès-fortescholérines se mirent à sévir avec une certaine violence;
un de nos hommes de magasin en souffrait si cruellement, que la fa-
brication fut interrompue. L'idée me vint de lui faire prendre une
petite dose de notre jus pur, gardé précieusement en réserve pour
la fabrication. L'ouvrier-1 fit une affreuse grimace en avalant ce
breuvage âpre et noir; mais il fut guéri au bout de cinq heures.
D'autres recommencèrent et obtinrent les mêmes effets. Plus tard,
un de nos charretiers qui fournissait des maisons de filles, ayant
approché de trop près sa clientèle, revint avec une maladie secrète
qui l'empêcha de travailler. Je lui fis prendre du brou, comme aux
autres, et le chômage disparut. Si la syphilis n'avait pas quelque
chose de déplaisant pour la publicité, je citerais le nom et l'adresse
de cet excellent ouvrier, employé aujourd'hui dans une des pre-
mières brasseries de Paris; comme il fut moins discret que je ne le
suis ici, au bout de quelque temps on put apercevoir dans la phar-
macie d'un de nos voisins la liqueur de brou servant à injectionner
les syphilitiques, les femmes à flueurs blanches, etc., etc., et depuis
elle a envahi toutes les pharmacies de la capitale. Des effets si cer-
tains me poussèrent étudier le brou dans ses rapports avec le
sucre, pris soli tan enwrtf; c'est alors que je vis de mes yeux ces
grandes solidifications de l'élément sucré sous l'influence des pyro-
phyriques, et depuis je n'ai cessé de poursuivre des expériences
sans nombre sur une question que je regarde comme la base de
t'architectonie organique. M. Montagne, l'illustre cryptogamiste de
l'Institut, MM. les docteurs Tripier, Marey, Huguet, Mercier, Delente
et tant d'autres, médecins, chinistes, physiciens, savants, ont eu
l'occasion de voir les membranes énormes aue j'ai obtenues par
mes procédés M. Montagne en a envoyé des spécimens par toute
l'Europe. Mais ce qu'on n'a pas vu, parce que je le cache, comme
se rattachant à une question industrielle marchande, c'est l'action
des pyrophores sur le sucre pur concentré; sur l'albumine, la gé-
la;ine, etc. Plus tard j'en ferai l'objet de publications séparées, au-
jourd'hui je les garde pour le commerce. Il faut que tout le monde
vive! n'ayant ni chaires, ni places, pour me solder, je me sers de
industrie; j'en suis même arrivé à aimer tellement ce genre de
travail, que je regarderais comme le plus beau jour de ma vie celui
où je pourrais me présenter comme le premier marchand d'allu-
mettes de la capitale. Le travail étant l'avenir du monde, pour
moi, l'homme instruit et loyal dans son commerce me semble
constituer l'apogée du genre
Les études que je Ils sur le brou m'ont amené à la thérapeutique
rationnelle du diabète, dont j'ai été heureux de voir la confirmation
dans l'examen des traitements anciens de cette maladies; et même
dans l'analyse des succès obtenues par les cliniques particulières
modernes. 1° Le chyle, pris dans sa masse, doit être doué d'une
dispersion suffisante; notre première expérience capitale nous
éclaire sur ce point; 2° les matières destinées à se plastiquer, l'al-
bumine et même partie du sucre, doivent être introduites dans
l'organisme avec un fond de pyrophore suffisant pour amener ce
résultat; c'est à cela que peuvent servir les astringents, dans une
sage mesure, et surtout les végétaux entiers; car en eux se trou-
vent contenus des principes sagement et préalablement équilibrés
qui ne détruisent pas les tonalisations de notre sang; enfin, des
boissons chargées, à suffisance, de leura principes pyrophoriques.
Ce qu'on appelle extractif, pour ne rien dire d'utile. Quant à un
irailement détaillé, on comprend que je dois l'abandonner a la sa-
gacité du médecin, bien pénétré de ces principes, et. tenant un
juste compte de la position de son client. La nature a pris soin
dans notre intérêt d'équilibrer les principes assimilables; pour-
quoi dévier ce beau travail? Là est le secret des guérisons diabéti-
ques. Un jour j'espère publier sur ce sujet un travail complet et
détaillé qui ne peut trouver sa place ici faute de développement, je
ferai voir qu'au moyen d'un réactif inconnu je suis arrivé à con-
naitre, à métrer moléeniairement les liquides de l'organisme, uri-
nes, salive, bile, suc pancréatique, etc.; non pas comme on le fait,
par le grillage, en désassociant leurs éléments complexes, ni même
en les séparant par fractions plus étendues; mais en les mettant
dans ma balance, ENTIEPS; en les comparant EnTlsns, les ans par
rapport aux autres. Je puis savoir quelle est la force-mouvement
qui répond au sucre, à la fécule, à l'albumine, à la salive, à la
bile, etc. Avec des éléments doués d'une tonalisation spéciale, par-
tielle, il faut agir sur des ensembles de force et non sur des dé-
tails sans cela que sait-on physiologiquement?Rien! la physiologie
constituant justement l'étude de groupes automates. Étudions donc
les ensembles! Le diabétisme naît, c?'une alimentation déviée;
2° d'une dispersion excessive des carbures, amenée par les deux
voies normales 1° concentration des forces libre, 2° emprisonne-
ment des gaz dans l'organisme.

III

De la pyrophorie organique.
Nous n'en avons donc pas fini avec le rôle que jouent les ferments
dans l'organisme; ou du moins que jouent les substances qui se
conduisent comme le type élémentaire ferment que j'ai essayé d'é-
tablir. Aussitôt qu'on veut toucher à la digestion, il faut immé-
diatement revenir sur l'état pyrophorique, dont je n'ai donné jus-
qu'ici qu'une idée préalable. Or rien n'est plus obscur que le
rôle de ces ferments dans le- faits organiques, encore plus que
dans les faits industriels. Les uns croient que ce sont des végéta-
tions cryptogamique, les autres n'y voient que des polarisations
simples. Sans doute i! y a polarisation, puisqu'il y a fixation de
l'oxygène par similitude, par communication; mais il y a aussi
combustion. Un ferment varie suivant sa combustibilité propre ou
acquise. La chaleur ne rnodifie-t-elle pas les produits de la fermen-
tation avec le même ferment? Ainsi le lait avec ferment donne à
chaud de l'alcool, quand, à froid, il ne donne que du sucre de lait.
Le broa donne de l'acide butyrique, très-souvent, lorsqu'il ne peut
attendre aux réalisations alcooliques. Il en résulte ceci la levûre,
qui, fraiche, peut porter l'eau sucrée au dédoublement acide carbo-
nique et alcool, produira de l'acide lactique, de l'acida butyrique, de
la mannite, de l'hydrogène, etc., si on la broie dans un mortier,
où elle aura perdu de sa force, par le commencement d'oxydation
que lui fait éprouver le broiement de ses cellules cryptogamiques.
Les organismes des ferments présentent donc nn moyen de con-
server leur combustibilité, comme l'introduction d'une essence
dans une capsule gélatineuse en garantit les propriétés actives. La
bile, dans l'organisme, agit comme un ferment, par son uxydabilité
extrême elle aide les aliments à se dédoubler en gaz et acides gras
des fèces; en graisses, en corps plus ou moins assimilables. La
nature et la quantité de cette bile îCg'ent ces dédoublements qui
fixent la santé ou la maladie. Selon qu'on a pkie ou moins de bile en
opérat,;on, on est maigre ou gras. Les tempéraments trés-bilieux
sont S£cs, maigres, etc., mais se portent bien. Les vins du Rhin
produisent de l'acide butyrique par leur défaut de combustibilité,
tandis que les vins du Midi n'en ont jamais. Il y a mieux, le bou-
quet de ceux-ci, inconnu en Bourgogne, vient d'une seconde réac-
tion du ferment sur l'alcool, dont une partie s'éthérise par excès de
combustibilité. Le grand tort de la science est donc d'avoir con-
stamment entrepris l'étude des ferments au moment de leur fixa-
tion de combustion au point d'arrivée, en un mot; au lieu de les
prendre initiativemetit, c'cst-à-dirc au point de départ. De là vitn-
nent toutes les fautes commises dans leur étude. Les recberche.
de MM. Louvet et Lassaigsie, de MM. Gruby ei Delàffond, ont fait
voir que la digestion surtout la digestion des ruminants,
amenait la présence d'animalcules nombreux au milieu du bol
alimentaire. De ce fait, qui semble incontestable, si l'on s'en rap-
porte à l'honorabilité et au talent des hommes qui le patronnent,
ïésulte-t-il cependant qu'il faille étudier là le mystère de la diges-
tion ? Les animalcules se forment accessoirement dans ce phéno-
mène organique, comme ils se forment au milieu de bien des faits
pathologique, sans éclairer; je dis plus, sans influencer les
faits de l'un et l'autre genre. Il en est de même en chimie en ce
qui touche les fermentations ce qu'on accepte pour ferment initial,
n'est qu'un résultat, un produit de fermentation. Or, qui dit pro-
duit, dit matière composée. En effet, les ferments que nous étu-
dions dans nos laboratoires ne sont pas autre chose que des com-
binaisons d'un corps éminemment oxygénable, jouant le rôle
comburant ou acide avec un corps moins oxygénable, le sucre,
jouant le rôle de base. Ce qui a trorrrpé les chimistes dans l'étude
des ferments, c'est qu'ayant affaire à des éléments non arrêtés,
non saturés, non rassasiés d'oxydation, si je puis m'exprimer ainsi,
les phénomènes initiaux se représentent pour partie, et font croire
que 1ù ferment déjà copulé est une substance MORTE szci gener·is;
il n'en est rien. Ce qu'on remarque d'animalisé dans le ferment
est un résultat similaire à l'animalisation des digestions; et cette
animalisation joue un grand rôle dans les fermentations subsé-
quentes. Cela agit, avec le «estant d'oxydabilité contenu, avec le
mouvement retenu dans le ferment-résultat. La preuve en est, qu'à
un moment donné, moment de véritable saturation combustible,
le ferment se trouve paralysé dans ses effets et n'agit plus en cette
qualité. Le noir de platine est un fait scientifique qui met complè-
tement sur la trace des effets de fermentalion; j'en dirai autant
des qualités pyrophoriqucs amenées par l'extrême division des
poudres métalliques. fait voir ailleurs que !out, dans la nature,
pouvait revêtir cet état pyrophorique par une extrême division.
Les accidents attribués aux poudres de guerre dans les grands ate-
liers du gouvernement ne reconnaisse^ pas d'autre cause que la
perméabilité possible que ces co*ps acquièrent en face de l'oxygène
ambiant. J'ai vu des torchons de laboratoire effilés outre mesure
par l'usage, amenés à un état dangereux de pyrophorie. Tout le
monde sait que dans les campagnes on remplace l'amadou par des
espèces de charpies très-divisées; l'amadou M-même ne doit
ses propriétés de facile combustion qu'à une division naturelle,
excessive, qui amère aussi la pyrophorie. Que de choses on pourrait
expliquer en géologie par ce phénoméne si mal compris encore
aujourd'hui! 11 n'en est pas moins vrai que l'oxygène reste com-
plètement inerte en face de la plupart des substances, tant qu'elles
se présentent à lui sous une masse consistante et prépondérante;
et qu'il peut au contraire se combiner avec les mêmes sub-
stances, si la volonté ou le hasard amènent une division cenve-
niable. Dans )es phénomènes de fermentation, la cause agissante
est la divisicn extrême du carbure presque libre qui doit s'unir
avec l'oxygène par une première opération; et s'unir à l'état
naissant ensuite, avec une partie composante du sucre, dont le
dédoublement devient le résultat-fermentation. La fermentation
.!l'est donc ni un fait de chimie proprement dite, ni même un fait
d'organisation cryptogamique; si ce n'est dans son point d'arrivée.
Le principe en est tout physique, c'est I'extrême division Cela est
si vrai, que tout ce qui peut masquer la division actuelle, physique,
matérielle, des corps les plus fermentescibles ordinairement, en-
raye ou retarde, par cela même, toute fermentation quelconque.
Les industriels n'ont pas d'autre échelle de travail que la dilution
des corps en voie de fermentation. Si l'on sirupise les liqueurs,
elles restent inertes pendant long^mps, et au milieu des circon-
stances les plus propices, lesplus irritantes pour la fermentation
c'est ainsi que dans l'industrie en grand j'ai pu, pratiquement,
me rendre compte de faits très-singuliers et très-inconnus aux
hommes qui croient trouver les mystères des choses dans une
capsule de laboratoire. Pour bien étudier, on doit voir ces faits en
grand. Faut-il l'avouer? la nécessité veut qu'on ait devant soi un
certain nombre de billets de banque en voie de gagner le ruis-
seau, si l'on ne trouve pas vite et sûrement un moyen de leur faire
reprendre le chemin de la caisse, par une idée industrielle qui
éloigne le danger dans lequel on est tombé. L'esprit humain est
si paresseux, que l'intérêt seul est armé d'une assez bonne cra-
vache pour nous stimuler. Mais alors on tombe sur des phéno-
mènes aperceptibles et si la pratique industrielle on joint un
esprit indépendant, chercheur, laborieux, on peut rendre de:
très-grands services au public, en le faisant protiter des écoles
et des péripéties par iesquelles on a passé soi-même. Je regarde
comme mon titre le plus sérieux à la confiance du lecteur le
travail incessant qui m'a jeté toute ma vie dans l'industrie en
grand; vivant au milieu de vastes usines où les phénomènes s'exa-
gèrent par l'étoffe de leur développement, oü l'œil les surpreni
plus facilement. Aujourd'hui, je suis en mesure de faire voir de
toutes pièces pourquoi les fermentations varient dans tant de me-
sures, relativement aux rendements de leurs parties constituantes.
Voulez-vous de l'alcool augmentez, forcez la partie combustible
Ne cherchez-vous qu'à atteindre les végétations membraniformes
qui se rencontrent Sans les ferments épuisés soyez sobres de
ce même combustible. C'est ainsi qu'avec le principe du brou, si
curieux dans ses applications, j'ai pu produire des organisations
insolites et des traces seulement d'alcoolisation. J'en suis venu, en
un mot, à ce point de saisir la loi de la plasticité organique, au
milieu d'une cuve de fabricant; la loi de l'organisation des carbures,
basée sur un livre de caisse. Laissons donc là, provisoirement, les
fermentations des liquides, que je me réserve dé reprendre ailleurs,
et passons à ce qui doit nous préoccuper spécialement, c'est-à-dire
à la PLASTIClTÉ organique. Mais rappelons-nous que fermentation,
plnsticité, sont deux phases d'une même action, la combustion des
carbures; dont les effets se divisent, s'écartent et s'éloignent à
i'iuiini en se bifurquant.

IV

De la plasticité organique.
Je prétend, et l'avenir ne me démentira pas, que les matières
organisables, tenues dans un état convenable de liquidité, soumises
à l'action d'un carbure suffisamment divisé pour jouer le rôle de fer-
ment, se dédoablent en corps 1° gazeux, 2° liquides, 5° plastiques;
en raison directe du volume comparatif du ferment contre la masse
fermentescible, ou en raison inverse de la masse à son lever, contre
la masse soulevante, le ferment. C'est dire, sous une autre; forme,
qu'un carbure suffisamment divisé pour atteindre à la ppophorie
organique, qu'on appelle ferment, produira des résultats galeux,
liquides ou plastiques, en raison de son effet de combustion sur les
liquides qui lui sont adjointes. Quand j'accepte ici le mot comi>U$lwn,
comme représentant le grand principe organique, c'est uniquement
pour simplifier l'explication de phénomènes déjà très«cômpMqués
par eux-mêmes; l'idée de combustion est néanmoins insuffisante, et
ne représente qu'un côté des évolutions de la pyropheyee orga-
nique. Un pyrophore attire non-seulement l'oxygène pour réaliser
des plasticités; mais surtout il sert de noyau au mouvement pour
se condenser, pour s'enrouler, pour s'agglutiner, autour d'un
centre matériel. L'oxygénation n'est là que sabsidiairç. suis en
mesure de faire toucher ces principes au moyen d'expériences
frappantes, développées à la, fin de ce volume sous un point de vue
synthétique. Continuons à employer l'idée usuelle de combustion
pour plus de laconisme; mais n'oublions pas que la pyrophorie.
accapare avant tout du mouvement complexe, voilà pourquoi les
meilleurs ferments ont toujours une base albumineuse; l'albumine
étant de tous les composés organiques celui qui peut le mieux
s'emparer du mouvement et l'enrouler autour de ses molécules.
Au chapitre intitulé Mystères DE La vus, que j'annonce ci-dessus,
je ferai toucher du doigt bien des choses dont on ne se doute
guère encore mais dont la conclusion unique est celle-ci 0 Ce
que la science entend aujourd hui par oxydation, combustion,
combinaison subsidiairement, par densité, chaleur latente, cha-
leurs spécifiques, etc., n'est, pas autre cliose que h' conséquences
de l'enroulement de forccs libres a-zetour des molécules solides. Il
Cette pyrophorie est une espèce d'état de liberté, de CAUSTICITÉ
organique, si l'on veut me permettre ce mot, qui a été fort mal
étudiée jusqu'ici, si même on y a fait la moindre attention. On
connaît parfaitement les phénomènes de causticité attribués aux
métaux alcalins; la classification Thénard, sur l'oxydabilité rela-
tive des métaux, depuis si longtemps développée dans l'instruc-
tion publique, nous a habitué à la causticité relative de ces mêmes
métaux; mais jusqu'ici, je le répète, je ne vois pas la science se pré.
occuper sérieusement de la causticité réelle du carbone, chez lequel
on ne soupçonne même pas cet état possible. Or, c'est justement
la causticité relative du carbone, amenée par une certaine division
de ses parties, qui régit encore les principes de la plasticité; pourtant
cela traite de notre alimentation, de notre conservation, de notre
vie Tous nos aliments, liquides ou solides, sont accompagnés d'une
dose quelconque de carbure divisé pyrophorique. Combien ne de-
vons-nous donc pas porter de soins à l'examen d'ingestions alimen-
taires qui placent notre économie en face du danger de trop grandes
combustions, ou de combustions incomplètes! Cela est encore plus
nécessaire, lorsqu'on rapproche ce phénomène du rôle que joue le
travail pulmonaire, constituant un appareil de combustion antago-
niste avec l'estomac et la vascularité circulatoire des foyers de cette
combustion. Serai-je assrz heureux pour faire voir clairement, aux
yeux des savants non prévenus, que l'état comburant des pyro-
phores organiques, leur masse relative, en face d'un appareil
comburant, en face d'une alimentation plus ou moins résistante,
offre un équilibre à réaliser, que le médecin doit savoir atteindre,
et cela avec autant d'exactitude que le mécanicien conduit lui-même
le fourneau d'un appareil industriel? La phthisie est-elle autre
chose que la prédominance de l'appareil à combustion sur le com-
bustible engagé; appareil soutenu, trop souvent, et favorisé par la
complicité d'une ali-ïientallan chargée de pyrophores en excès.
Tout est là cependant! régleur le tirage de la machine par le bon
choix du combustible. Les corps organisés ont la faculté d'aban-
donner aux dissolutions de tous les menstrues, et cela relative-
ment, des portions de leur être organique, dans un état de division
et d'écartement solitaire qui amène le pyrophorisme dout j'ai parlé.
C'est cette partie divisée mécaniquement, mèlée aux autres parties
retenues dans un état organisé, liquide ou équilibré, qui opère ces
dédoublements, ces destructions génératrices de nouvelles combi-
naisons d'où la vie animale tire ses moyens d'action.
Dans tous les systèmes médicaux touchant la fermentation, on
retrouve ce qu'on a déjà rencontré dans les doctrines basées sur
l'électricité. des mots à !a place des faits Pour les anciens, comme
pour les modernes, la fermentation n'a été qu'un mythe insondé.
on y a vu de tout Et on a toujours été dominé par la fermentation
gazeuse, d'un côté; par le résidu- ferment, de l'autre. Or, dans le
plus grand nombre de cas, la gazéification, comme le produit fer-
ment, ne montre qu'un accessoire extrêmement mutable et mo-
difiablP. Nous devons donc rentrer dans la voie plus large des
combinaisons physico-chimiques. Elles nous font moins courir les
risques de ces idolâtries catalytiques; démissions formelles, en face
du travail analytique. Qu'y a-t-il, en effet, de différent entre une
combinaison de ce genre et une fermentation organique? Bien que
le produit! Justement, parce que le produit est organique et qu'il
ne perd pas aussitôt le bénéfice de son origine; mais les voies
d'action sont tout simplement physiques et chimiques. Si les sa-
vants s'étaient bien pénétrés de cette vérité, ils ne fussent pas restés
sitôt découragés à la vue du reliquat-ferment qui leur en imposait
dans leur travail. IVont-ils pas vu clairement le phénomène d'oxy-
dation, le phénomène de dédoublement`! Pourquoi ne pas aller
jusqu'à la physique aile-même, après s'être butté sur la chimie,
pour reconnaître cette pyrophorie singulière qui conduit à tant de
phénomènes? Lorsqu'on abandonne une dissolution de sucre à elle-
même, parfaitement pure; elle ne fermente pas, dit-on;
la science appelant fermentation le dédoublement organique spé-
CI! qui s'opère en donnant des gaz d'un côté, des résidus liquides
et solides de l'autre. Il est clair, d'après cela, que les végétations
cryptogamiques du sucre pur n'ont pu être rangées dans la classe
des fermentations. Cependant, si l'on eût compris la fermentation-
principe'dans toute sa largeur, au lieu de choisir pour type un ac-
cident, un fait spécial, les choses eussent bien changé de place; ou
alors il fallait rayer le mot fermentation de la science et lui substi-
tuer celui de dédoublement. Quand on abandonne une dissolution
de sucre à elle-même, il se forme une cryptogarnie. Voilà un fait
admis. biais on oublie toujours ici la production d'acide carbonique
et de gaz qui accompagne le développement de cette crypto-
garnie, ainsi que je m'en suis assuré moi-même. Si vous ajoutez
un pyrophore à la dissolution de sucre, le dédoublement gazeux
va se produire alors avec plus d'intensité, parce que vous attelez à
la matière-sucre résistante une force vive, l'oxygène; qui se sent
capable d'en soulever une partie per ascension sous le nom de gaz
acide carbonique, hydrogène, acide sulfhydrique, etc. Mais, voici
ce qui est capital, et sur quoi je ne saurais trop insister le py-
rophore amené dans une dissolution sucrée, fortement en excès sur
lui au point de vue de l'action de combinaison, va-t-il s'attaquer
proportionnellement à la masse qu'il a à soulever? ou son action
décomposante va-t-elle se modifier molèculairemcnt, en vertu des
masses trop résistantes? Telle est la question Aujourd'hui, la science
professe que le ferment agit constamment selon sa nature actuelle,
et proportionnellement à la masse, sans pouvoir varier les effets
inoléculairement.
Quanta à moi, reprenant ce que j'ai déjà dit plus bas, je prétends
le contraire. Dans la dissolution d'un composé métallique, on voit
se former des sous-sels, des sels neutres ou des sels acides selon
les lois de la saturation; et dans la nature organiques, si remar-
quable par sa puissance relative, il faudrait admettre que le pyro-
phore-ferment va s'accrocher corps à corps, molécule à molécule,
avec cette même dissolution de façon à n'avoir d'action que sur
une portion donnée! Cela ne se peut pas; à moins que le travail de
combinaison ne se trouve enrayé pour une raison quelconque. La
fermentation, bien menée, ira de la végétations cryptogamique; je
dis mieux, de la plasticité rudimentaire, jusqu'à la liquéfaction alcoo-
lique à proportion des éléments pyrophoriques qui seront mis en
présence de la résistance saccharine. Ce que j'entends du sucre pur
dissous, je l'entends à plus forte raison des substance3 saccharifiables
et incomplètement saccharifiées, dans lesquelles il se produite des
dédoublements plus ou moins bien reconnus, qui se rapprochent
de la fermentation admise. C'est là où les faits que j'énonce de-
viennent frappants. Aussi, n'a-t-on pas été médiocrement étonné,
dans la science officielle, de voir ces mutations de fermentation
varier des alcools, aux acides lactiques, butyriques, amyliques, etc.
Les mystères les plus curieux de la chimie organique ne sont pas dus
a autre chose qu'à la différence des forces actives du ferinent pyro-
phorique, mises en présence des forces de résistance des composés
saccharins. Par des expériences graduées, j'ai pu donner naissance,
à volonté, à des dédoublements de fermentation membraniformes
d'une dimension et d'une consistance inusitées, dont le vénérable
et savant M. Montagne a, comme je l'ai dit, bien voulu faire la
vérification. La plasticité naît de la résistance! d'un principe de
physique transcendantal. Elle s'obtient avec des carbures seuls bien
souvent notamment dans le règne végétal, qui n'a pas en lui les res-
sources d'une izotisation très-avancée. Voilà ce qui donne naissance à
tant de végétations rudimentaires, amenées sous l'effort d'un pyro-
phore insuffisant Car, dans la vie organique, le pyrophorie est pres-
que toujours en quantité assez minime pour ne pas dépasser les phé-
nomènes de plasticité simple. La loi normale, générale, palpable,
c'est qu'une fermentation, un dédoublement, ne s'opèrent jamais
sans produire une gazéification, si peu importante et si peu appa-
rente qu'elle soit, lorsque la plasticité est le résultat prédominant
de mêmes, on rencontre toujours une plasticité quelconque, dans
un dédoublement, quand la gazéification est le résultat majeur du
phénomène. Il n'est donc pas étonnant que ce reliquat qu'on ap-
pelle aujourd'hui ferment présente toujours un caractère d'orga-
nisation. Seulement, gardez-vous de prendre le phénomène, tout
accessoire, point d'arrivée. pour le principe fondamental. Car
la pyrophorie, dans ce ferment, encore adhérente à la plasticité,
vous tromperait sur les phénomènes que vous observez. Si vous
pouvez déterminer la fermentation dans un liquide saccharin, au
moyen de celte pyrophorie souillée de plasticité qui sort des liquides
fermentes, rappelez-vous que le bouillon de viande, le vin, le
cidre, le lait, et tant de liquides complexes, armés de pyrophores
naturels, ne présentent aucune trace d'organisation de plasticité.
N'est-ce pas, au contraire, de ces liquides normaux que sortent les
résidus plastiques auxquels vous attachez tant d'importance, toute
l'importance? Un ferment est une création organique qui peut par-
lager son mouvement acquis avec des liquides pauvres en pyro-
phorie de façon à donner le branle à ceux-ci, qui ne s'ranimeraient
pas sans cette adjuvance. Quand dans la poudre de guerre vous
attelez du charbon, pyrophorisé par sa ténuité extrême, vous ne
voyez d'abord aucune combinaison des trois éléments qui composent
cette poudre. Les sels ne se présentent à l'état combiné qu'après
l'explosion! Direz-vous, ici encore, que c'est le sel qui fait l'explo-
si,on gazeuse? Non! vous savez que ce sel n'est qu'un résidu'.
Pourquoi donc ne pas mieux saisir les principes des dédoublements
organiques? Il n'y a pas là de différence; le coton-poudre, et tout
ce qui arrive à l'extrême division pyrophorique, n'est-il pas égale-
ment dans le même cas? Avec ces idées de haute physique, repre-
nez toute la physiologie végétale et animale, et vous serez étonnés
des difficultés organiques que vous pourrez franchir. Les expériences
que je vais donner à la fin de cet ouvrage sont tellement importantes,
que je ne veux pas scinder les conclusions que je dois en tirer; je
prie donc le lecteur de recourir tout de suite à l'exposé de ces expé-
riences ou d'attendre jusque-là, pour conclure sur le grave sujet
qui nous occupe.
Cherchons, maintenant, à appliquer ces études à la respiration,
qui, selon moi, ne diffère en rien des faits précités. Le sang est un
liquide carburé chargé de globules. Cette globulisation est loin
d'être nuisible, comme on voit, à l'action de l'oxygène qui doit se
combiner avec lui; mais elle n'est pas rigoureusement nécessaire
pour tous les organismes, puisqu'on rencontre de ces organismes
inférieurs chez lesquels la globulisation n'existe pas; de plus, la
grosseur des globules semble être en raison inverse de l'activité
respiratoire. Dans les globules, on trouve un élément très-combus-
tible, qu'on a classé sous les noms multiples de créatine, créati-
nine, etc., et qui n'est autre qu'un fractionnement infinitésimal de
la globulisation très-arrêtée que notre microscope nous découvre
aujourd'hui. Les éléments du sang sont donc bien plus soumis aux
phénomènes de l'absorption des gaz et du mouvement, par pression
extérieure, qu'ils ne relèvent des fractionnements primaires et se-
condaires de tels éléments. La chaleur extérieure fournie par :e cli-
mat est-elle suffisante pour entretenir la vie sans trop de dépenses
combustibles intérieures l'instinct poussera les peuples à manger
peu, et partant à peu recourir aux excitants de combustibilité; le
riz. par exemple, cette gomme-fécule, suffira à une combustion inté-
rieure, relayée par les rayons brillants d'un soleil tropical ou équa-
torial. J'en dirai autant, quoique dans un sens inverse, des régions
hyperboréennes, où l'air condensé agit sur le poumon, comme le
soleil agit sur la fonction alimentaire générale. A quoi bon, ici, aigui-
ser la soif de l'oxygène pour les carbures, puisqu'elle est déjà excé-
dante ? loin de là, ne faut-il pas plutôt l'enrayer? C'est ce qu'on fait
avec des huiles dépourvues de corps pyrophoriques, par un commen-
cement de décomposition. Les contrées tempérées seules donnent
lieu à ces combinaisons alimentaires où l'on trouve tantôt un exci-
tant, tantôt un palliatif de combinaisons. Dans les habitudes con-
stands et locales des peuples, il est excessivement fucile de suivra
à la trace les bonnes fortunes que l'instinct de l'homrrie a su réaliser
en fait d'nlimentation, Maintenant, qu'on dise que les matières albu-
minoïdes sont seules aptes à l'alimentation plastique, parce qu'elles
contiennent les vrais éléments du sang; il ne faudrait pas ajouter
quelques instants après que la graisse peut se transformer en sang.
Qui peut sonder aujourd'hui les mystères ae la plasticité? L'azote
absorbé n'a-t-il jamais à remplir non plus un rôle de ce genre?
Voilà ce que nous ne nous chargeons pas de résoudre. Seulement,
une étude attentive des lois naturelles à l'organisme démontre que si
tel ou tel instrument d'un appareil vivant est créé et placé la pour
remplir une fonction spéciale, il arrivera bien souvent qu'en cas
du manque de cet appareil, l'organisme s'en passera et fonctionnera
quand mêmes, en s'aidant dr moyens accessoires. C'est là ce qui
peut être constaté dans la névrologie, ou l'on a été si étonné de
voir les actions nerveuses subsister aprus la disparition des fais-
ceaux normalement destinés à ce genre de fonction expérimentée.
On a eutortd'expliquercela par des actions réflexes et récurrentes;
quand il n'y a qu'une grande harmonie, spécialisée sans doute,
mais? qui fait retour et appel à la rnasoe dans les cas extrêmes. Il en
est de même de l'azote absorbé à l'état de gaz. Pourquoi ne vien-
drait-il pas en aide aux hydrocarbures incomplets pour la fixation
de l'élément ternaire indispensable à la vie organique? Les travaux
sur la physiologie végétale semblent prouver que la nutrition des
plantes se fait ainsi, dans le cas où les racines n'auraient pas d'é-
lément azoté à fournir à la plante cette dernière puiserait l'azote,
à défaut de mieux, au milieu de l'atmosphère. Quand M. Liebig
vient dire (IIe vol., Lettres, p. Ui) que les matières azotées sont
rebelles à la combustion, et, en quelque sorte, le plastron de l'exis-
tence, il commet une grave erreur; c'est justement le contraire
qui a lieu. En effet, parmi les animaux., quels sont ceux qui font
le moins de graisse? Ce sont ceux qui respirent le plus énergi-
quement, ce sont les carnassiers; et cela, parce que la combustion
se fait avec une si grande vigueur chez eux, qu'ils usent toutes
leurs provisions au fur et il mesure. Si vous nourrissez un porc/-
animal alternativement herbivore et carnivore, avec de la
viande, il prendra des forces, mais non du lard. Chez lui, la coin-.
buation respiratoire s'active ou s'arrête donc alternativement? Je
comprends très-bien que les physiologistes tendent à rejeter la di-
vision du célèbre chimiste allemand en aliments plastiques et en
aliments respiratoires. Il n'y a rien d'aussi tranché que cela dans
la nature; à plus forte raison dans la nature organique, où tout est
nuance sériée et harmonie. Il n'est pas dit non plus que la com-
bustion se fasse directement, suas avoir passé par la sanguification.
11 est même probable que cette idée de M. Liebig est erronée

car, dans l'organisme, comme dans nos réactions de laboratoire,


l'ensemble reçoit une impulsion des parties, sans se fractionner.
Des expériences nouvelles ont fait voir que la théorie de M. Liebig
sur les matières organiques n'a pas la rigidité qu'il lui avait attri-
buée. Je montrerai ailleurs que M. Liebig a confondu le phénomène
de déplacement alimentaire avec 1me fonction respiratoire illu-
soire.
Ce qu'il est impossible de révoquer en doute, puisque des mil-
lions de créatures vivantes en témoignent, c'est la valeur relative-
ment comburante de certaines substances, exclusivement em-
ployées selon les lieux et les temps. Quand je vois des centaines de
rnillions d'hommes habitant les Indes ne vouloir toucher qu'à du
riz, des ftv:iï lents, ne puis-je pas dire q •' m doit savoir à quoi s'en
tenir sur un tel sujet? La graisse, que M. Liebig compare lui-même
aux fécules, et qu'on pourrait appeler une fécule animale, ne nous
donne-t-ello pas la contre-partie de l'observation ci-dessus pour
les habitantes des régions polaires? L'Allemand n'abandonnerait pas
facilement ses ragoûts graisseux aux pommes de terre, sorte de
compromis entre deux hémisphères. Comment se fait-il que
M. Liebig en soit arrivé à dire que

«
Les médiateurs des fonctions organiques, par lesquels les ali-
ments plastiques, comme les aliments de respiration, sont rendus
aptes à entretenir la vie, ce sont les PAIrTIES incombustibles ou les
sels du sang. t
Dans ce cas, à quoi bon se préoccuper d'un choix dans les car-
bures, puisque leurs modificateurs-nés sont placés dans les sels in-
combustibles du sang? Le régime hygiénique, celui des convales-
cents, l'emploi des tisanes, sirops, teintures, lavements, etc., etc.,
n'a donc aucune valeur, puisque tout devient égal devant la chimie
binaire et ternaire des hydrocarbures ou des azoto-liydrocarbures?
Nous avons dit déjà comment on doit s'expliquer le rôle des métaux
alcaliris dans le sang, c'est justement par leur activité combustible
que cela se comprend, il est probable qu'ils existent dans l'orga-
nisme à l'état de métal, et que c'est le passage du métal, éminem-
ment combustible, à l'état d'oxyde plus ou moins saturé, qui étaye
et assure la combustibilité des autres éléments sanguins, auxquels
ils impriment, par leur émiettement moléculaire, pyrophorique,
cette diffraction élémentaire qui anime les carbures dans cette
même voie pyrophorique, si nécessaire à la combinaison. Pourquoi
donnez-vous au malade convalescent certains vins très-tannés au
lieu de lui délivrer une forte ration d'eau-de-vie? 5i vous aimez
mieux, au lieu de lui peser un poids considérable de tartrates,
carbonates et chlorures alcalins? 1l y a donc là des phénomènes de
combustion organique spéciale que la science méconnaît. D'un trait
de plume M. Liebig raye toute la thérapeutique végétale tisanes,
extraits, teintures car c'est de ces corps, plus ou moins aides-
comburants, que naît la thérapeutique. Pourquoi les chiens de
M. Magendie, au bout de quatre jours seulement, ne voulaient-ils
déjà plus toucher aux jaunes d'oeuf, cet aliment par excellence?
C'est que les éU'ments albuminoides que ces jaunes d'œuf recèlent en
trop grande quantité les brûlaient comme un fer rouge. Jamais
l'orga.nisme ne refuse ce gui est pauvre en force Témoin, dans les
naufrages, les alimentations anormales, de cuir, d'huiles infectes,
de résines, de gommes. Mais ce qui brûle, ce qui active le feu de
la faim au lieu de l'éteindre. jamais! Les chiens du colléôe de
France se montrèrent plus conséquents que les savants chargés de
leur faire passer tin aussi mauvais quart d'heure! Ils auraient pu
se dire « Avoir faim, cela se comprend avec la chaîne qui nous
lie; mais irriter cette faim, nous brûler nous-mêmes, c'est bon
pour les hôpitaux scientifiques; où les hommes, manquant d'in-
stinct,se laissent empoisonner avec l'ignorance qui caractérise celle
noble, mais ridicule espèce! En Angleterre, cependant, il parait
qu'il y eut des malades assez osés pour se révolter contre un régime
exclusivement carnivore. (Danvin, cité par Liebin, p. 252, Lettres,
H" vol.) Une fois M. Liebig, lanc'v dans la voie des sels, il ne s'arrête
plus en si beau chemin! Il établait les valeurs nutritives du bœuf et
du veau sur les données salines. Il est impossible decroire à une
semblable aberration scientifique -fe la part d'un homme dont nul
au monde ne peut contester la valeur; on se demande comment
la science peut sortir sans trop de lésions de ces incartades ex-
trêmes. Les carbures sant essentiellement, foncièrement combus-
tibles. Pourquoi arSïrc-vous chercher, organiquement, autre chose
qu'un PLus et qu'un moins dans cette combustibilité? Comment!
vous allez mettre en ligne de compte quelques atomes de fer entre
le bœuf et le veau? Est-ce qu'il n'y a plus de droguistes dans
toutes les Allemagnes? Ce n'est pas, à coup sûr, un kilogramme
d'oxyde de fer qui a jamais ruiné quelqu'un! On ne dira pas que
ce métal a besoin de s'organiser pour agir, qviand sa présence est
utile dans l'organisme, les bons effets qui en résultent ne se font,
pas attendre. Les discussions qui viennent d'avoir lieu à l'Aca-
démie de médecine n'établissent-elles pas que l'absorption du fer
dans ses divers traitements se fait en des proportions presque
impondérables? L'usage du thé, du café, ne peut se comprendre
que par l'effet combustible snécial aui leur est dévolu. Le café
trop brûlé arrête la digestion comme une solution de gélatine
trop brûlée, elle aussi, dans l'organisme arrête cette digestion.
Mais une torréfaction habile amène des combustions étranges
qui activent ces digestions. Les animaux carnivores consomment
p!us d'oxygène qu'ils ne rendent d'acide carbonique, dit-on.
A quoi sert cet oxygène en excès, si ce n'est à attaquer les agents

provocateurs de combustion, dans cette alimentation trop com-


bustible? Laissons donc un instant l'azote de côté, en tant qu'a-
zole, pour nous occuper du rôle probable que jouent les fécules,
les sucres, les gommes. D'après M. Liebig lui-même, il est très-pro-
bable que c'est à ces corps non azotés qu'est due la production la
plus ordinaire des graisses animales. Comment expliquer ce fait,
si ce n'est par Je principe que nous émettons ci-dessus? Les corps
auxquels il n est pas normalement attaché un déterminatif de com-
bustion, ou auxquels on n'en adjoint pas un suffisant, sont portés
à stationner dans l'organisme, jusqu'à ce que des adjonctions for-
tuites ou des circonstances d'inanition forcent la graisse à se brûler
d'elle-même et seule. Tout cela dépend, bien entendu, des besoins
et des dépenses que pourra faire l'individu.
Un homme de plume, qui a si rarement l'occasion de prendre
un vrai exercice, ne doit pas se gorger de substances aussi peu
combustibles pas elles-mêm^. que les fécules, sans cela il peut
s'apprêter à devenir très-obèse. Un médecin intelligent peut le
mettre â un régime qui l'équilibre avec ses besoins spéciaux. Au
contraire, En ouvrier qui passe jour et nuit sur pied, ne prenait
que quelques instants de repos par-ci par-là, a le plus grand be-
soin d'opposer des féculents aux efforts d'une respiration hors de
mesure. 11 n'y a pas à craindre l'obésité, puisque la combustion des
fécules suffira pour le débarrasser des carbures en excès dans l'or-
ganisme. Cette singularité des matières azotées à former des com-
bustibles énergiques n'a pas échappé aux physiologistes, et surtout
aux médecins pratiques; les uns et les autres ont attribué ce pou-
voir à la présence de l'azote, qui n'est pour rien dans l'affaire. Per-
sonne ne niera que la gélatine soit certainement azotée. Eh bien,
quelle puissance a-t-elle? soit comme aide-comburant, soit comme
plaslique'? Aucune! ÎÎHe enraye plus qu'elle ne sert. Ce n'est donc
pas l'azote qui joue ici le rôle réel, mais le carbure oxydable qui
accompagne la substance azotée. La gélatine doit être pour les sub-
stances azotées ce que la fécule est pour les composés végétaux.
Aussi, dans les déjections cliolériques, rend-on des espèces de fé-
cules d'un côté, et de la gélatine putréfiée de l'autre. Tout le
monde sera de l'opinion des physiologistes lorsqu'ils feront voir,
expérience en main, que le défaut d'exercice peut amener même les
corps albuminoïdes à produire le la graisse par un repos trop pro-
longé. Voici les deux causes principales qui peuvent satisfaire aux
résultats logiques dans l'hypothèse de la respiration: 1° l'oxygène,
le comburant faisant défaut ou restant insuffisant; 2° le combus-
tible étant trop rebelle à la combustion; ou restant eu trop grand
excès, en face de cette combustion. Les physiologistes ? et 31. Liebig
mieux que personne, ont mis en lumière le premier point, le
manque ou l'insuffisance d'oxygénation. Le second point leur a
complètement échappé. Et, cependant, à la plus simple inspection,
on voit que la proposition reste boiteuse Peut-on supposer un
seul instant que l'oxygène soit seul en jeu dans la respiration!
C'est faire injure à la logique que d'oublier qu'il y a deux termes
dans toute proposition. L'élément combustible doit être aussi for-
tement étudié que l'élément comburant, au point de vue de la ca-
pacité combustible qu'il peut atteindre au moyen des phases les
plus diverses et les plus variées je veux parler des çhlorurations,
sulphurations, phosphurations, etc. S'il est vrai (Liebig, II" vol.,
Lettres, p. 95) que l'exhalation d'acide carbonique soit en raison de
la faiblesse combustible des aliments; puisque les herbivores ren-
draient plus, à valeur égale, d'oxygène que les carnivores, ou que les
herbivores et les carnivores affamés; on peut en déduire que les
nourritures peu élevées en combustibilité rendent d'autant plus de
charbon, qu'elles sont plus rebelles aussi à cette combinaison oxy-
gênante. Dans la question des aliments respiratoires, M. Liebig s'est
dit « Les alcools, le sucre, donnent à l'organisme une vigueur
singulière qui ne peut venir que de la respiration surexcitée:
donc, tous les corps hydrocarbures et non azoto-carburés sont les
vrais éléments de la respiration Mais il n'en est pas ainsi. Le
bouillon de viande donne une force presque aussi prompte que les
alcools; et cette force est plus énergique, plus consciente, plus te-
nace. Les fécules, au contraire, les graisses surtout, étant d'une
combustion lente et imparfaite relativement, la force qu'ils déter-
minent dans l'animal se fait fortement attendre, mais est d'un
effet plus certain, mieux régularisé que celle d'aucun autre aliment.
Les fécules et les graisses sont pourtant des hydrocarbures simples;
on voit donc que la loi d>; h respiration n'est pas attachée à la
composition chimique bina* des hydrocarbures, ou à celle tri-
naire des azoto-hydrocarbures. Le principe. c'est la facilité de
combustibilité relative. Que les médecins hygiénistes ou théra-
pcutistes cherchent donc de nouveau dans les hôpitaux, au milieu
des grands centres de population, les voies de combustibilité orga-
nique propres à chaque élément, à chaque médicament on verra
bientôt toute une révolution se faire dans cette partie des sciences
naturelles.
Lorsque M. Liebig s'écrie (140, II" vol.) «Tant que le sang contient,
outre l'albumine, des matières ayant une plus grande affinité pour
l'oxygène, cet agent ne peut exercer une action destructive sur ce
principe essentiel du sang. Et le bouillon de viande, monsieur Lie-
big ? quand vous le prenez avec des féculents, est-ce qu'il ne sera pas
abordé par l'oxygène aussi bien que ces mêmes féculents? L'expé-
rience démontre le contraire. La rapidité de digestion est pour les
extraits azotés. Ce qui fait la conservation du corps humain, c'est la
différence d'état moléculaire entre la nourriture qui arrive au mi-
lieu des canaux digestifs et celle de la construction organique de
ces mêmes canaux. Pourquoi de faibles tigelles des plantes feraient-
elles échapper à la gelée les liquides qu'elles contiennent, lorsque
des cours d'eau énormes se prennent en aires solides à leurs pieds?
A cause de leur construction propre répond le physiologiste, La
structure est une chose qui n'a pas dit son dernier mot dans les
faits qui nous occupent. Ingérez des végétaux ou des produits ani-
maux sans mastication préalable, et vous verrez quels troubles il
en résultera. Tout le monde a fait du cérat dans une carte à jouer;
c'est-à-dire, a fait bouillir des huiles sur du papier. Le feutrement
et la solidarité de fibres quelconques portent leur force, leur résis-
tance relative aux agents extérieurs, à des hauteurs inconnues.
Depuis le travail des hauts fourneaux, jusqu'à la dernière décompo-
sition des corps par la pile, on a pu voir des effets prouvant que
les corps doués d'un certain état moléculaire jouissent d'un privi-
lége particulier vis-à-vis des corps nouveaux venus et transformés
mécaniquement. C'est donc sans raison que M. Liebig conclut ainsi:
De tous les agents de respiration la graisse est donc le meilleur.

la fibre musculaire le plus mauvais. Avant de continuer mor. argu-


mentation sur la théorie de M. Liebig, j'éprouve le besoin de dire com-
bien j'établis de différence entre ma critique spéciale des aliments
respiratoires et plastiques de M. Liebig et son talent de chimiste.
M. Liebig, l'un des chefs de la chimie officielle; c'est-à-dire, de cette
science qui prétend s'imposer au monde enchappée d'infaillibilité;
armée de péchés mortels, véniels, et d'excommunication à l'endroit
de tout hérétique; M, Liebig, dis-je, s'est toujours montré au-dessus
de ses collègues, ainsi que quelques rares savants pour lesquels je
garde toute ma sympathie, et parmi lesquels je compte avant-tout
mon maître, M. Dumas. Ce sont des hommes qui subissent plus
qu'ils n'acceptent le rigorisme officiel. Bien des fois n'ont-ils pas
cherché à faire quelques fugues dans le domaine de l'indépendance?
Mais nul n'est plus enchaîné de court que les princes. J'ai entendu
maltr Jter plusieurs savants du premier mérite, chaque fois qu'ils
disaient quelques paroles de cœur; ou trop avancées pour la science,
dont on veut faire un acte de foi. L'oligarc! balistique, en rece-
vant les hommes de mérite dans son sein, k-ar pose des menottes
ou les jette à la porte du cénacle. Vouiez-vous être des nôtres,
avoir un amphithéâtre, des laboratoires, des inspections?. Très-
bien, nous ne demandons pas mieux. Seulement vous professerez
ce que nous professons; et, si vous y rechignez, un Socius quelcon-
que vous rappellera à la lettre du traité. » Que de gens dans la
science ai-je dit déjà, ont été, sont et seront longtemps les
Lacordaire, les Lamennais de l'enseignement scientifique! L'élo-
quence vous montant au cerveau, on cherche un apostolat! Et l'en
v;i, de force, soit à la chaire sacrée, Suit à la chaire profane. Quand
on lit alors le cahier des charges, ce n'est pas sans faire une affreuse
grimace qu'on y rencontre tant de déplorables obligations néga-
tives plais on finit toujours par se laisser.museler; en pensant,
in petlo, qu'il y a des arrangements avec le ciel! « On verra
bien. se dit-on. Cet on verra bien a perdu et damné plus de
grandes facultés intellectuelles que l'on ne croit. Car, la fatigue, l'ha-
bitude aidant, on reste dans la voie acceptée; ou l'on se fait donner
sur les doigts, ce qui, lrélas jette bien de reau froide sur la mousse
de l'inspiration! La science routinière a sa claque infiniment mieux
dressée que celle des théâtres; parce que cette claque est intéressée,
par sa position, à défendre l'église et ses préceptes. Aussi, en cas
d'infraction, se lèvent-ils d'un bond, la mâchoire menaçante, les
pattes en l'air, comme une troupe de dogues. Ah! combien de fois,
dans les cours publics, n'ai-je pas été témoin de ces déplorables
scénes Quand un homme emporté par une conscience éclairée
cherchait à sortir des limbes de la formule stéréotypée, des bancs
de la claque on entendait murmurer les mots les plus inconve-
nants. Il est arrivé à M. Liebig une chose correspondante à
cela. Non-seulement on l'a très-maltrailé dans les cercles bien
pensants; mais ce sont les mêmes cercles dont il est un des
princes légitimes qui ont les premiers battu en brèche la divi-
sion célèbre de M. Liebig, et qui la vilipendent tous les jours.
Ces hommes-lit ont-ils au moins donné une raison meilleure?
ont-ils mis quelque chose à la place? Il ne faudrait pas con-
naître les erreurs du dualisme pour penser ainsi. lis ont nié,
voilà tout! se contentant d'apporter des raisons d'une valeur pure-
ment négative. Est-ce là ce qu'on devait à un homme de la force
de M. Liebig?. Non, sans doute! M. Liebig, signataire du grand
contrat dualistique, n'avait pas le droit de sortir des corps atomes
pour faire un pas dans la voie sérielle. Aussi a-t-on tiré dessus;
mais M. Liebig n'en a pas moins été saisi un beau jour d'une inspi-
ration instinctive d'une grande valeur, en croyant à l'existence de
séries de nutrition. Malheureusement, la série de forces ne peut
vivre avec la série atomisée. M. Liebig doit abjurer le dualisme des
chiffres, des formules hypothétiques, ou rester dans le programme
de sa secte. Dans la Chimie nouvelle je me suis efforcé de démon-
trer que toute la nature, corps simples en tête, est fractionnée,
sériée par nuances de force et de résistance, ce qui est tout un.
Lorsque vous prenez un carbure, son état physique, autant que son
état chimique, le place dans une.nuance de résistance aux oxyda-
tions en dehors de toute combinaison intrinsèque. Pourquoi cela?
J'en ai déjà dit mon sentiment, l'avenir le complétera. 11 est sin-
gulier qu'on ne puisse pas voir que les résistances relatives n'aient
rien de commun avec les formules atomistiques; malgré les romans
arithmétiques qu'on bâtit sur les carbures de la chimie organique.
Il est patent, pour tout homme qui a expérimenté, que la résistance
des fécules à l'oxydation n'est pas la même que celle des gommes
et des sucres. Ce qui fait la cacophonie intellectuelle de la chimie
organique, c'est la négation complète de la physique et de ses lois
dans l'explication des phénomènes. Le chimiste, si ignorant neuf
fois sur dix en dehors de tout ce qui sort de sa cuisine, ne sait
jouer qu'au jeu des multiples! Il devient si flatteur pour lui de
singer l'algébriste, et de se prélasser dans la défroque du mathé-
maticien chamarrée de chiffres de la tête aux pieds. Malgré cela, les
faits donnent tous les jours des démentis à l'abus du mathémati-
cisme. Le phosphore rouge auquel on ne peut pas mettre un nou-
veau bonnet de multiples atomistiques a-t-il la moindre ressem-
blance physique avec le phosphore anciennement connu et em-
ployé? Quelle variété de résistance aux oxydations! J'en dirai autant
des transformations protéiques nouvelles des nitro-benzines. Les
formules deviennent ridicules et mensongères lorsqu'elles tentent
d'expliquer des séries de couleur. J'avais prédit dans la Chimie
nouvelle qu'on trouverait prochainement des éléments carbures
tonalisés en blanc, dont on saurait briser la marche sérielle, pour
en faire sortir, à volonté, les nuances les plus variées des gammes
optiques. J'ai même indiqué la base résineuse nécessaire pour ren-
trer dans la voie de solidité industrielle qui nous est tracée par la
contexture de l'indigo tout cela s'est réalisé! Mais nous ne sopphes
pas au bout. Je prédis de nouveau, et cela à coup sûr, que d'autres
essences remplaceront bientôt les benzines, comme base des
principes colorants industriels. Il n'y a pas un carbure qui ne soit
susceptible d'être détonalisé et poussé daas les nuances sérielles.
Que manque-t-il pour cela? Il manque de comprendre les lois de
la physique abstraite et de savoir bien manier les réactifs!
Quand M. Liebig divise les aliments en plastiques et en respira-
toires, il commet la plus lourde erreur logique qu'il soit possible
d'imaginer. Cependant, son instinct, comme sa pensée, est juste;
il s'agit de mieux comprendre et de mieux classer le phénomène
en question. Si M. Liebig avait dit La respiration est l'antagonisme
cie la plasticité! Ceci eût été incontestable. et M. Liebig avait
raison de vouloir en sonder les profondeurs. Mais en quoi un ali-
ment va-t-il être plus ou moins apte i résister aux oxydations
aériennes, c'est-à-dire à devenir et à rester plastique? Ce n'est pas
parce qu'il est azoté ou non La réponse est illogique. C'est parce
qu'il sera plus ou moins facilement oxydable ou combustible!
Quand moi, ingénieur ou architecte, je désire connaître la valeur
des matériaux de construction pour un pont, pour un rempart;
est-ce que je les soumets à l'analyse quantitative? Je les soumets im-
médiatement à la machine inventée pour juger la résistance aux
écrasements. En effet, sans cela, la chimie me vanterait le grès de
Fontainebleau comme une pierre plus inattaquable aux acides que
le granit lui-même, dont les éléments sont moins riches en silice.
La craie diffère-t-elle tant des carbonates à moellons? Mais le grès
s'égrène. La craie s'effrite! Il faut donc avoir recours :r la con-
statation de ce qu'il y a de plus direct, de plus logique. l'écra-
sement! Il en est de même dans l'alimentation. En face de l'oxy-
dation respiraloire, quel est l'élément dont la résistance sera la
plus grande? Voilà toute l'affaire! et non pas, quel est l'élément
plus ou moins azoté inlits? La plasticité n'est qu'un effet résul-
tantiel qu'on ne peut pas invoquer en principe. L'Esquimau qui
vit d'huile n'édifîe-t-il rien de plastique au milieu de cet air con-
densé qui envahit le poumon comme un acide caustique? Le Chi-
nois, l'Hindou mangeurs de riz, devraient être dévorés par l'acte
respiratoire, puisque sous leur soleil brûlant, d'après votre théorie,
ils ne,jetteraient dans le brasier organique que des matières irri-
tant ta combustion. Il est patent que M. ""Liebig, plus chimiste
qu'analyste, n'a pas vu clair dans les propositions qu'il formuliit;
chacun son métier, et il n'est pas donné à tout le monde de suivre
imperturbablement les labyrinthes du raisonnement. La théorie de
M. Liebig, excellente par l'intention, pèche avant tout par une
faute de logique; les confrères de M. Liebig n'ont eu, en quelque
sorte, qu'à la nier pour qu'elle tombât de soi. Mais l'intention reste!
il faut la relever et s'en servir dans l'intérêt de l'hygiène et de la thé-
rapeutique. Seulement, n'allonspas tomber dans le système d'autres
chimistes qui prennent la pr se digestive pour un verre à expérience;
et qui vous expliqueront tout, eux aussi, par des réactions maté-
rielles. Je convie, derechef, messieurs les chimistes à un peu de
physique; et surtout à se baser plus souvent sur les expériences
qu'on peut tirer de la comparaison instinctive des peuples et des
époques; comparaisons plus solides, par leur généralité, que beau-
coup de petites expériences d'amphithéâtre qui ne prouvent rien
la moitié du temps. Il est avéré, pour moi, que les aliments albu-
minoïdes peuvent être placés sur la ligne des alcools, par la rapi-
dité de leur effet combustible. La preuve de cela, c'est qu'on associe
le bouillon avec le vin généreux dans les convalescences. Avant
qu'aucun aliment hydro-carburé puisse être supporté par l'or-
ganisme, autrement dire organisé, ou commence par employer les
bouillons de poulet, de veau, etc. Or, je vous prie, à quoi cela
servirait-il, si réellement ces aliments azotés étaient rebelles à la
combustion? Est-ce qu'il pourrait exister par hasard une alimenta-
tion quelconque, sans combinaison de ses éléments? Les médecins
doivent diviser leurs maladies et leurs convalescents en diverses
classes celles qui se font remarquer par un abus du système res-
piratoire celles qui présentent des phénomènes contraires; enfin
les nuances intermédiaires, pour lesquelles il faut avancer alter-
nativement en aiguillonnant l'acte de combustion et l'acte de résis-
tance. Le tact et l'expérience du praticien feront plus, pour le clas-
sement des aliments en ces divers groupes, que fange qui préside
aux groupements formulaires des chimistes algébrisants. Alors,
l'honnête médecin pourra penser au traitement de son malade,
sans crainte de tomber dans l'idiotisne; en se chargeant le cer-
veau des H93, C57, Az'9 des atomistes. Pauvre bon sens! trop re-
grettable vérité! Quand viendrez-vous rassurer la nature humaine
contre les exploitations intéressées du fabricant de menottes intel-
lectuelles ? Quand la science ne ressemblera-t-elle plus à ce laby-
rinthe du jeu d'oie, où il faut attendre qu'une balourdise en vienne
relever une autre? 11 est clair qu'on peut, gkosso mono, dire qu'il y
a des aliments respiraloires et des aliments plastiques, comme on
appelle, en matière de combustion, allumettes, copeaux, paille, etc.,
les corps d'une combustibilité si rapide, qu'ils' semblent plutôt ser-
vir à allumer les autres qu'à brûler pour leur propre compte. Mais
ceci n'est qu'un fait analytique assez étroit, al faux au point de vue
même de M. Liebig; puisque les bouillons de poule, de veau, d'es-
cargot, etc., sont donnés ainsi, quoique azotés, pour rallu-
mer le feu des digestions.
Quand je dis « Un homme victorieux! » est-ce que cela sup-
pose une matière victorieuse? Non! le mot victorieux et le
mot plastiques sont des vocables qui représentent des faits bésul-
taktiels excessivement complexes. Victorieux indique une somme
de produits de détail qui mène au résultat général appelé victoire.
D'après la théorie de M. Liebig, la partie même des aliments qui,
par des phénomènes compliqués, échapperait à la combustion oxy-
génante des actes respiratoires peut être dite plastique; parce
qu'elle est arrivée à un état résultantiel appelé lixation. Unali-
ment n'est pas fixé parce qu'il est plastique. Il peut être appelé
plastique, APRÈS coup, quand il a été fhé. Comme un capitaine ne
peut être appelé victorieux qu'après avoir fixé la victoire.
Dans cet acte complexe des plasticités, il est donc vraisemblable
que tout dépend des actes de résistance de l'aliment en face de la
force variable de l'oxydation. Le même aliment doit êt.re plus ou
moins plastique, en faisant varier la force comburante du tirage
respiratoire; comme, dans un poêle, le mène charbon durera plus
ou moins, selon qu'on variera la force ascendante de la colonne d'air
comburante. A la rigueur, on peut se chauffer longtemps avec des
copeaux en construisant un fourneau convenable! Il y a des gens
qui ne vivent que d'eau-de-vie. J'ai eu un maitre de dessin qui ne
buvait que cela; la seule exception qu'il se permit était quelques
morceaux de sucre. M. Liebig nous cite l'extrême résistance des
phosphure et hydrure d'azote a la combustion; cela est bon en
chimie minérale; pourquoi ne nous rappelle-t-il pas de même l'ex-
trême putrescibilité des productions organiques azotées, par rap-
port aux hydro-carbures simples? Dans l'hiver et sous une forte
pression on dégage plus d'acide carbonique qu'en été et sous une
faible pression. Il en est de même avec des carbures dont lejoour
cent varie. M. Liebig lui-même se donne la peine de mettre en
table la valeur relative des diverses substances alimentaires, quant
au carbone qu'elles contiennent

Il est donc probable que la résistance suit la condensation des


carbures; et, par conséquent, que les faits cités par M. Liebig sont
juste en contradiction avec sa théorie. Puisque les carnivores émet-
tent moins d'acide carbonique, c'est que la chair brûle mieux et
plus vite. Leur urine est acide et phosphorique; tandis que celle
des herbivores est alcaline et carbonique. Ceci est d'autant plus
étonnant que d'après M. Liebig lui-même les carnivores n'auraient
pas de transpiration cutanée. Chc? les hommes du Nord nous
sommes étonnés de voir suiffer les vêtements, les chemises surtout.
C'est pour empêcher l'introduction de l'oxygène par la peau.
Page 90 de sa Physiologie M. Liebig se donne bien du mal pour
démontrer que sans féculents on n'arrive pas à faire naître la
graisse dans les tissus, même chez le porc, qui, avec des nourritures
azotées, devient seulement charnu. Comment se fait-il donc alors
que M. Liebig n'ait pas vu que les hydro-carbures sont des anti-
combustibles relativement, puisqu'ils s'entassent dans l'économie
plutôt que d'y brùler franchement comme les azoto-carbures, pour-
vus d'éléments pyrophoriques dans leur état de contexture spéciale?
Tout ce qui tend à affaiblir la force physiologique de {'organisme
entrave la déjection carbonique, l'oxygène se trouve empioyé intee-
rieurement à autre chose, à faire de l'eau. En effet, si nous nous
rappelons cette contexture pyrophorique observée dans les fer-
ments, dans la viande musculaire, dans les extraits végétaux, etc.,
nous verrons qu'il existe dans les végétaux, comme dans les ani-
maux, une matière assez semblable aux tannins; mais globulaire
comme les fécules. Cette matières s'oxyde aussitôt qu'eue éprouve le
conta.çt de l'air par une cause quelconque. C'est cette matière qui
fonctionne comme ferment, dans les corps réunissant en même
temps du sucre et de l'eau en. quantité suffisante pour continuer
et favoriser cette fermentation. Les parties végétales et animales
possèdent peu ou beaucoup, relativement, de cette matière émi-
nemment combustible. Quand ils en possèdent beaucoup, comme
le raisin et comme la pomme, on les utilise sur une grande échelle
pour la fabrication de boissons ad lioc. Quand ils en possèdent peu,
ces aides-combustibles se contentent de produire une désagréga-
tion spéciale qu'on appelle souvent putréfaction, ou qu'on confond
avec ce dernier phénomène. N'ai-je pas fait voir que les actions
comburantes, rapportées jusqu'ici à des fermentations mal classées,
doivent être comprises rationnellement comme constituant une
série de soulèvements carburés? Un carbure se présente-t-il sous
une forme pyrophorique très-apte à retenir l'oxygène et à s'nnir
lui, il atteindra les nuances qu'on appelle aujourd'hui fermenta-
tions. Si son état pyrophorique est tel qu'il ne puisse accaparer les
gaz libres que d'une façon obscure et lente, il ne se produira que
ces décompositions confuses, plis ou moins énergiques, qu'on ap-
pelle putréfaction, décomposition spontanée, etc.

Volatilisation des aliments, base de l'assimilation.


Ici je vais m'efforcer de faire voir avant tout que le canal intesti-
nal, base de tout organisme, est construit sur les données des four-
neaux industriels; plus loin nous verrons comment s'attellent à ce
fourneau les appareils accessoires dont nous attendons des résul-
tats si utiles. Aristote, déjà frappé de cette ressemblance, essaya
d'en établir le parallèle depuis ce grand homme il n'est guère de
penseur qui n'ai tenté de reprendre le même rapprochement. Aux
uns il a manqué la clairvoyance, aux autres les éléments nouveaux
que l'industrie nous fournit en ce moment d'une façon qui me
semble complète. Je souhaite donc, par le soin que j'ai mis à étu-
dier ces éléments, par les secours que me procurent mes longues
études sur la physique, avoir la chance de mieux réussir que mes
devanciers; c'est ce dont on va pouvoir juger bientôt.
Il s'agit pour cela de ne pas confondre la vie de tension, avec la
vie d'alimentation; celle qui détermine r assimilation variée des
corps plus ou moins inertes qui entrent dans la charpente générale
des êtres vivants. La vésicule organique est constituée à un double
point de vue, si nous admettons la théorie de physiologistes cé-
lèbres. Nous venons de montrer la part qui incombe à la force
vitale ou de tension disons un mot sur les assimilations, né-
cessaires pour entretenir la puissance et le jeu de cette machine..
La cellule simple ou complexe, qui parait le type de la vie végé-
tale, doit être assez perméable aux agents extérieurs, pour les atti-
rer vers elle, en éliminant certains autres principes qui font un
vide dans ses entrailles. Si l'on appose une vésicule globulaire en-
tièrement pleine d'un liquide non déplaçable par une diffusion,
une expansion, une évaporation quelconque; il y a tout à parier
que ce globule restera inerte, comme le plus inerte des minéraux.
Le développement organique est basé sur une succion; et la suc-
cion ne se produit que par un vide, ménagé d'une façon quel-
conque. Si, au contraire, le globule formé de matières volatiYisa-
bles se trouve en même temps à la portée de corps introductibles
en lui-même par succion, à travers les mailles distendues de son
enveloppe; lt phénomène de la nutrition et du développement se
manifestera, et la vie végétative en résultera. La volatilisation des
éléments internes des capsules occluses, remplaçables par succion
au moyen des substances ambiantes, est donc le point capital des
fonctions d'assimilation, ou de la vie végétative. Il y a mieux, la
confection particulière des appareils qui règlent I'êvaporation d'un
côté, la succion de l'autre, constituera la somme de progrès pro-
portionnel à reconnaître dans l'échelle des animaux. Quand je con-
sidère cette cellule simple, végétale, composée d'une étoffe slric-
tement globulaire; dans luquelie se tient un liquide plus ou moins
affecté de mouvement, je n'ai pas de peine à me figurer que les
phénomènes de la vie vont s'y produire avec la plus extrême par-
cimonie. La vie d'un globule ainsi formé se bornera le plus sou-
vent il une diffusion de liquides qui se remplaceront en des circon-
stances obscures et confuses; la volcztilisution. de son ou de ses
liquides étant obligée de suivre les mêmes chemins que ceux que
la suceion va parcourir elle-méme. On conçoit ce qu'il faut attendre
du temps et de circonstances adventices pour qu'il s'y détermine
quelque chose de sérieusement actif; et cela^que le globule rudi-
mentaire soit supposé muni ou non d'un hyle. Mais montons d'un
cran! Arrivons à l'animal déjà, vasculaire, introduisant, intics, des
éléments qui n'auront plus à lutter contre l'antagonisme des suc-
cions ? Les faits vont changer étrangement. Que l'animal ait un ori-
fice unique, bouche et anus; cela n'y fait rien; c'est un plus ou
moins d'énergie dans la faculté assimilatrice; mais l'antagonisme
n'existe plus en face des succions. Le vaisseau digesteur, en com-
primant le corps introduit en vue d'alimentation, ie pousse méca-
niquement, par son ressort organique; physiquement, par sa cha-
leur propre; afin qu'il passe à travers le réseau de son enveloppe
et qu'il arrive jusqu'aux déjections extérieures, gazeuses, liquides,
solides. Le travail d'élaboration, ici, est vasculaire, marchant dans
le sens de la longueur; et non pas globulaire, comme dans la cel-
lule élémentaire; munie ou non de son hyle.
C'est bien autre chose, quand l'anima! est pourvu d'un système
inspirateur et expirateur, complètement distinct flu sac assimila-
teur là on peut étudier à son aise les grands phénomènes 'de vo-
latilisation et de succion qui font la base de la vie organique.
Qu'est-ce en effet que cette vie vésiculaire, dans laquelle l'nction
n'apparaît que par le mouvement d'un liquide sollicité à tourner
sous l'impression d'un agent adventif électricité, chaleur, lumière;
quand on la compare à cette puissance admirable des êtres supé-
rieurs chez lesquels chaque organe est un appareil distinct, con-
courant à étayer les deux fonctions nécessaires, fondamentales, de
la vie, volatilisation. succion? Quand je mêle, dans un labora-
toire, de l'bau et de l'acide sulfurique, je produis incontestable-
ment de la chaleur. Mais quel fait d'utilisation peut-il en sortir; à
moins de compliquer les choses outre mesure'? Aucun! Nous avons
mis en présence les réactions de la nature morte. Qui dit viE dit
enchaînement! Or, pour utiliser la chaleur, la force produite, il faut
donc constituer un enchaînement. Si, au lieu de mêler de l'eau et
de l'acide sulfurique ensemble, je m'élève jusqu'à la conception
d'un corps rapproché d'un autre corps, dont le produit volatili-
sable sera engagé dans un appareil excréteur, j'aurai sans contre-
dit une machine productrice d'action; et d'une action d'autant plus
fnergique que j'aurai su mieux ménager l'activité dévorante des
deux corps en présence; leur faculté de se saisir, de s'étreindre
la place commode, entraînante, qui les pousse dehors, une fois
réunis par une combinaison chimique. N'est-ce pas décrire exacte-
ment le mécanisme d'un bon fourneau? Prendre l'oxygène en de
sérieuses conditions d'appe! et de condensation; te projeter sur le
charbon, intelligemment réparti pour le recevoir; établir une che-
minée d'appel qui expulse les produits gazeux; afin que cette ex-
pulsion garantisse toute réactien de la fumée sur la combustion
normale voilà bien les phénomènes qui président réellement à la
production de la chaleur industrielle. Ne sont-ce pas là aussi les
conditions complètes d'alimentation, que nous voyons se réaliser
dans l'économie animale? Sans combustion des aliments, pas de
chaleur! sans vaporisation constante de certains produits, pas de
tirage; partant plus de combustion régulière. Les produits com-
burés, ne trouvant plus d'issue à leur décharge vers l'extérieur, re-
fluent dans les appareils de combustion qu'ils enrayent, qu'ils en-
fument, qu'ils frappent d impuissance. Toutes les conditions qu'on
exige pour une combustion puissamment industrielle se retrouvent
identiquement, dans les besoins qui président aux travaux de notre
organisme. Les mauvais combustibles. les aliments peu volatili-
sables, demandent un tirage exceptionnel. Souvent, il faut mélan-
ger :e combustible trop dense avec un combustible plus léger, les
aliments trop lourds arec des aliments plus volatils, pour que la
combustion marche régulièrement. Quand le foyer fume, c'est-à-
dire quand la fumée reflue. c'est que l'aliment oppresse, par
faute de volatilité! il faut mettre du bois plus sec dans le foyer,
des corps plus volatils dans l'estomac, pour exciter le tirage. Si,
par cette constatation, la volatilisai ion organiques, opposée la
succion qui lui correspond dans les phénomènes d'assimilation,
nous n'avions en vue que ce qu'on sait déjà, nous ne nous y arrê-
terions guère. Il a été fait sur la digestion et sur la respiration,
ainsi que nous venons de le dire, des travaux excellents que nous
n'avons pas la prétention de recommencer. Ce sur quoi nous en-
tendons appuyer avec le plus grand soin, la plus grande opiniâ-
treté, ce sont les phénomènes de volatilisation peu connus jusqu'ici
mais qui peuvent prendre, sur l'hygiène et sur la thérapeutique,
une si grande influence, que tous les systèmes actuels de médecine
en recevraient un contre-coup très-important. On comprend que ce
n'est pas le lieu, à cet endroit de notre travail, d'entrer dans des
considérations aussi détaillées que celles que nous indiquons; nous
tenons seulement à montrer, dès à présent, que ïammilation
n'a pas reçu des physiologistes l'attention qu'elle mérite, au point
de vue de la composition physico-chimique de volatilisation res-
pective de ses éléments divers. Le physiologiste a prié le faiseur d'a-
nalyses de lui dire combien tel ou tel agent nutritif contient
d'azote! Il s'en est !eim là. Prenez un traité quelconque! celui d'un
chimiste faisant de la physiologie,; ou celui d'un physiologiste fai-
sant de la chimie, vous verrez si j'exagère. Les comptes rendus de
l'Institut ne scnt remplis que de Mémoires de gens qui pèsent
l'azote dans tel ou tel aliment, telle ou telle plante bien mieux, de
telle ou telle partie de la plante! Comme toujours, parce que
l'azote est le producteur juré des grandes nsMinilations animales;
ce n'était pas une raison pour ne pas monter jusqu'à la loi ration-
nelle des volatilités normales; en cela, on a fait comme Lavoisier
l;our sa théorie; on a dit: L'azote seul est alimentaire, foncière-
ment Le grand chimiste avait écrit L'oxygène seul est acidifica-
teur Si l'azote. est un grand volatilisateur, il ne partage pas moins
cette faculté à des titres relatifs quelconques avec les sulfures, les
phosphures, les iodures, etc. De même que l'oxygène, grand acidi-
ficateur, n'empêchera jamais le chlore et ses congénères de consti-
tuer les éléments franchement acides. Dans les sciences, c'est tou-
jours un vice dè s'en tenir à un agent chimique, si vasle qu'il se
montre dans ses développements cmisateurs; il faut toujours arri-
ver à la loi physique, c'est-à-dire à la loi générale! Je ne puis
comprendre qu'on sépare aujourd'hui l'étude de la chimie de l'é-
tude de la physique. Quand on dit une loi physique, dans les scien-
ces, n'est-ce pas comme si on disait une loi GÉNÉRALE; une loi qui
s'applique à Tous les corps; abstraction faite de leurs qualités spé-
CIALES ou chimiques? Or, une loi qui domine toute la science orga-
nique, c>>st cette loi de volatilisation! concurremment avec celle
de succion. De ce mouvement alterne, naît la vie, l'assimilation, le
développement des êtres. Maintenant, que l'azote et ses combinai-
sons soient particulièrement aptes à amener dans l'alimentation
cette volatilisation nécessaire à l'entretien des existences, je le veux
bien! mais pas d'exclusion! Étudions les lois générales, sans
les limiter aux faits! On prévoit, d'après cela, combien il doit se
passer de choses curieuses dans l'application de la loi rationnelle
de VOLATILISATION à l'hygièneet la thérapeutique. L'instinct popu-
laire m'a donné raison d'avance; lui qui sait si bien distinguer ce
qu'il appelle les aliments lourds d'avec les aliments légeus. La lé-
gèreté, ici, ne' consiste pas seulement dans l'évaporation cutanée
pulmonaire, rhénale, fécale, etc, Elle sert à tout. La volatilisation
alimentaire, par la circulation, se fait jour à travers tous les tissus
de l'organisme Pour nous résumer disons Il Deux éléments sont
toujours en présence dans les phénomènes organiques, les Fonces
libues, la matière qu'il s'agisse d'architectonie, de pathologie, d'hy-
giène, etc. Ici, dans l'alimentation, la nature a établi PARALLÈLE-
mest deux grandes voies réparatrices et motrices l'estomac des
forces libres, le poumon; l'estomac de la matière, la pâme vul-
gaire stomachale. La matière ayant plus de chemin à faire, pcar arri-
ver à l'assimilation, que les forces libres, elle doit passer par l'ap-
pareil chimico-mécanique du tube digestif, et traverser le foie,
organe répondant au poumon; c'est dans le foie seulement que la
matière assianilatrice reçoit une élaboration correspondante à l'ac-
tion de l'air sur le sang pulmonaire; l'estomac proprement dit
n'étant qu'une sorte de vestibule, de laboratoire préparatoire; bon
pour mettre la matière alimentaire en état de passer à un état sé-
rieusement organique. Ce n'est que quatre ou cinq heures après la
digestion stomachale que la digestion du foie commencerait, suivant
M. Bernard. Cette matière alimentaire est si bien travaillée par le
foie, quti d'un seul coup il la scinde en tous les produits nécessaires
à la nutrition intérieure sang, sucre, bile, sucs digestifs incon-
nus, etc. La matière, ramenée à cette liquidité que j'ai montrée
comme étant la base de toute tonausation, est en mesure, alors,
de se présenter aux forces libres; avec lesquelles elle effectue son
union définitive dans l'hématose pulmonaire. Jusque-là ses éléments
montraient trop d'hétérogénéité pour quel en fût ainsi. C'est à cette
hétérogénéité bien connue que nous devons les appareils si com-
pliqués, souvent si encombrants, des replis intestinaux ils com-
mencent au pharynx et finissent à l'anus, tenant une place énorme;
non-seulementdans l'abdomen, mais jusqu'à la hauteur du thorax,
qu'ils envahissent dans l'â,;e viril en le refoulant. Les herbivores
ont encore plus à souffrir que nous de l'incommodité du tube di-
gestif, exagéré sous l'influence des substances dont ils ont l'habi-
tnde de se nourrir; très-pauvres en produits immédiatement assi-
milables. L'état carnivore représenterait donc une abréviation de
digestion, rendant la locomotion plus facile. Les physiologistes théo-
cratiques connaissaient parfaitement ces principes; en'rendant
i'homme plus herbivore ils paralysaient Taction sociale. Le ventre,
comme un accessoire modifiable en raison des apprêts qu'on lui
demande, envahit le milieu de l'organisme, sous les influences
de la nourriture, du climat, du tempérament, des habitudes, etc.
Le phénomène sérieusement organique commence dans le foie,
pour finir dans le poumon; où la force libre et la matière s'u-
nisse.ii dans une étreinte nécessaire pour l'économie animale. Or,
comme dans l'organisme la matière se trouve assez longtemps sé-
parée des forces -libres pour qu'il soit nécessaire d'y avoir égard,
nous devons porter constamment les yeux sur les phénomènes qui
en dérivent. Voilà ce que je m'efforcerai de faire ressortir de mon
mieux, en faisant voir que la respiration est une vraie digestion
gazeuse; dont le triage porte avant tout sur les FoncES libres qui
doivent servir à agglutiner, à plastiqdeu, les aliments. L'oxygène
seul, restant dans l'économie, n'agit presque plus, dans la majorité
des cas, que comme excrément.
Y!

Travail des éréthismes pendant la veille et pendant


le sommeil.
J'ai essayé de montrer que l'estomac, base des organismes,
puisque c'est par le sac intestinal que l'animal rudimentaire com-
mence, que l'estonrac, dis-je, peut être assimilé à un fourneau
industriel voyons comment les appareils utilisateurs s'adjoignent à
l'estomac dans notre existence; comme dans l'industrie les machines
productives s'adjoignent au fourneau pour amener un résultat utile.
Les membres sont une expansion de l'organisme fondamental, un
accessoire d'outillage destiné à produire des effets utiles au point
de vue de l'appréhension des aliments et des autres besoins so-
ciaux. Mais ces membres sont souvent une charge pour le vrai orga-
nisme intérieur qu'ils peuvent opprimer. Ne voyons-nous pas le
trouble social de notre époque être produit par l'excès de l'industrie
sur l'organisme fondamental agricole? Rien n'est plus beau, plus
désirabki que cette industrie, source de nos plus grandes jouis-
sances mais il faut qu'elle reste proportionnée à la vie fondamen-
tale agricole. Il en est de même dans l'organisme, les membres
sont chargés de nous donner un supplément de bonheur, d'existence
si vous voulez, par les produits nouveaux qui viendront exciter la
sensibilité de l'organisme intérieur et fondameutal; mais il ne faut
pas que la jouissance, que l'industrie, l'emportent sur l'organisme
fondamental, sur ce qui nous fait vivre. Voilà pourquoi le sommeil,
qui fait taire l'action des membres et dns sens, rend la force vitale
au travail viscéral; dirigé presque exclusivement par les voies du
grand sympathique et pari effet purement ganglionnaire; le cerveau,
lui, étant le directeur presque exclusif aussi de la vie industrielle
de notre être. Dans le sommeil, il «sfi faut pas croire qu'il ne se
passe rien de plus, organiquement, viscéralement, que dans la veille;
lorsque cette vie intérieure partage la force vitale avec le mouve-
ment industriel des sens. L'organisme, pouvant disposer pendant le
sommeil de la partie de force générale employée par les sens et le
mouvement musculaire, ce qui est toujours un fait d'industrie or-
ganique, se sert de cette vacance pour amener la décondensation,
la sécrétion, le déplacement, le renouvellement du fluide nerveux.
Voilà ce que produit le sommeil. Les rêves, et en général tout som-
meil incomplet, constituent une distraction fâcheuse de la force vi-
tale dispersible, en faveur des mouvements du cerveau; ce qui
rappelle la reprise de l'industrie productive, pour une part plus ou
moins importante. Les gens qui rêvent debout, comrne on dit, dé-
pensent dans la veille la plus grande partie du fluide vital par ce
genre de dispersion; et perdent une force considérable qui, si elle
n'est pas équivalente à la force perdue par l'industrie musculaire,
doit entrer pour une, part fort sérieuse dans le budget de nos dé-
penses. Aussi regarde-t-on généralement de tels gens comme des
paresseux; parce que le résultat ressemble beauccup à celui des
natures inertes. Mais voyons comment cela sc passe.

Vil

De la digestltàn pendant le sommeil.

L'alimentation des villes est désastreuse, telle que la font les ha-
bitudes modernes d'ostentation. Autrefois, on déjeunait le matin,
on dinait à midi, et l'on soupait le soir. Aujourd'hui, an prend un
semblant d'alimentation de convenance café au lait, chocolat, vers
dix heures du matin on déjeune à la fourchette de midi à une
heure, et l'on dine de cinq à sept heures. Tout le travail de l'esto-
mac est donc compris entre huit ou neuf heures, au plus, sur vingt-
quatre heures d'existence quotidienne. La médecine, partant de ce
pied que l'alimentai,on est une kéfection simple, a poussé dans
cette voie pernicieuse. Les ouvriers ont le bonheur d'échapper à
une manie si funeste, par la nécessité de donner les heures du jour
à leur travail. Quant à la riche beiTsçeoisie, elle apaise le besoin du
soir par des gâteaux et ces trompe-la-faim frelatés qui se produisent
d.ms les soirées au meilleur marché possible. Voilà d'ou viennent
tant de débilités, de gastrites, gastro-entérites, etc., dont on va
chercher la cause partout ailleurs. Ces effets s'exagèrent de Leau-
coup encore, lorsque les femmes prennent l'habitude de rester
tard au lit le jour; on peut assimiler les résultats qui en décrivent à
ce que l'école de Salerne dit de la sieste méridienne

Sit brevis aut rjullus somnus tibi meridianus:


Febris, pigrilies, capitis dolor atque catarrhus,
Quatuor liaec somio veniunt mala meridiano.

Le matin, le café au lait débilite et amène des anémies pour los


hommes; des diatlrèses scroplruleuses, des phthisies, pour les
femmes; il engendre, de plus, les flueurs blanches, qui sont suivies
d'ulcérations utérines, etc car le déjeuner de midi n'est pas assez
solide; encore moins le dîner de cinq ou six heures, puisque la
digestion a eu si peu de temps pour se terminer. Dans l'économie
vivante deux grandes fautes ont été commises théoriquement
d'abord celle que nous citions il y a un instant l'alimentation, re-
gardée uniquement comme une cause de réfection architectonique;
secondement, le sommeil admis comme réparateur de forces, à un
point de vue confus. L'alimentation est un grand moteur de la ma-
chine humaine, sans doute, comme l'eau courante des fleuves est
le moteur de nos usines hydrauliques mais elle n'est pas le seul il
faut compter aussi bien avec la respiration annexe nécessaire de ce
premier point de départ. Il faut donc étudier le mécanisme de cette
alimentation au point de vue tout nouveau que je signale. Les effets
expansifs de la digestion portent dans tout l'organisme, du centre
vers la péripliér:e, des éléments dynamiques aussi bien qu'ardu-
tectoniques de sorte que remploi de ce dynamisme est riguureu-
par une voie quelconque. Les uns font tourner l'emploi actuel de
ce dynamisme du côté du travail musculaire, en entreprenant des
marches rapides, longues, escarpées, ou tranquilles, modérées,
selon le tempérament et les habitudes du sujet; les autres, et c'est
la grande majorité, aiment mieux faire absorber par le sommeil le
trop-plein de forces émises par la digestion. De là, l'usage si ré-
pandu des siEsTEs, dont les bons effets sont précieux pour le vrai
observateur
Digerit, impinguat, animi calidumque vigorat;
Hine mens clarescit, requiescunt corpora quando
Vires confortat; dissolvil, digerit escas,
Appetit et gatidet, préservât, digerit, ardet.
Non-seulement les siestes sont observées avec un grand soin dans
les pays orientaux, mais dans les contrées septentrionales même on
rencontre souvent le travailleur couché auprès de ses outils, soit
dans le champ qu'il fauche ou laboure, soit près de la maison qu'il
construit, de la route qu'il perce. Si la digestion était un travail
purement archilectonique, si le sommeil était un élément répara-
teur, les faits ne se passeraient pas ainsi; on ne verrait pas deux
prétendus réparateurs s'accoler aussi généralement dans les in-
stincts humains. Ou, alors, l'homme en digestion se servirait de la
force acquise pour vaquer à ses plus rudes travaux, sans avoir
recours au sommeil; ou il aborderait ce sommeil réparateur, sans
le faire précéder de la réfection alimentaire. Les habitudes géné-
rales des êtres organisés, hommes ou bêtes, sont complètement en
désaccord avec cette manière de voir. L'homme, comme l'animal,
tendent à s'assoupir aussitôt la digestion commencée de même, il
est à remarquer que les enfants, dont la vitalité est relativement
plus considérable que celle de l'homme fait, usent fortement du
sommeil. Nous en dirions autant des habitants des pays chauds. Si
ce sommeil était purement réparateur ou emmagasineurdes forces,
ces gens-là auraient moins besoin de s'y livrer que ceux des autres
pays, puisque la vie leur est donné? à moitié par la chaleur am-
biante. Donc, là où le mouvement est en excès, si le sommeil do-
mine, nous sommes forcés de croire que le sommeil est plutôt un
dispersif qu'un emmagasineur de forces. Dans l'alimentation, les
faits mieux observés nous font voit que plus il fait chaud moins on
a besoin de se nourrir. Plus il fait chaud, plus on a de facilité à
absorber le mouvement et plus il faut le rendre. C'est pour cela clue
le sommeil est un travail de sécrétion; la s!c1'étion du mouvement
condensé et sa dispersion nécessaire! Or, plus il fait chaud, plus
cette dispersion est facile et normale. Si l'on a bien compris le mé.
canisme de mon système, rien n'est plus simple à saisir. L'alimen-
tation doit produire, outre son elfet médiat d'architectonie, un effet
IMMÉDIAT de dynamisme; po\r produire cet effet dans son plus grand
développement, il est plus normal de donner congé aux sens qui
pourraient en faire dévier la direction. Le sommeil n'est donc au
fond qu'une vacance des emplois musculaires qui se taisent pour
laisser l'alimentation se développer à sa guise pendant le sommeil.
Voilà pourquoi on. a pu dire, par une analyse incomplète des faits
Le sommeil est réparateur. Les sens cessant d'employer le dy-
namisme organique, on a cru que le sommeil emmagasinait ce
dynamisme, et nous le rendait avec de grands bénéfices. Le som-
meil perd ou emploie, comme on voudra, moins de dynamisme
que les efforts musculaires, ceci est loin d'être bien connu et établi;
en tout cas, il en emploie beaucoup. La différence très-distincte qui
existe entre lui et l'effort musculaires consiste en ce que la perte se
fait plus doucement, plus harmonieusement; que cette perte pro-
fite à la masse générale de l'organisme, qui est visitée, pénétrée par
le dynamisme alimentaire. Voilà pourquoi tout ce qui entrave ou
brise le mouvement centrifuge de l'expansion digestive est une
cause de maladie ou de mort. Voilà pourquoi les maladies typhiques
sont déterminées particulièrementet presque exclusivement pendant
la digestions, au début de cette digestion et souvent aux approches
du sommeil. Voilà encore pourquoi le travail d'intelligence, de
bureau, d'assiduité, pris immédiatement au sortir; de table, fait
courir de si grands dangers pour la santé. Le sommeil est le plus
normal des états organiques pour aider à la digestion; de même le
sommeil entrepris il jeun est le plus funeste pour la santé. Il y a
longtemps que nos aïeux s'étaient mis en garde contre cet effet per-
nicieux, rappelé par il'école de Salerne

Dummodo non tongus somnus, nec proximus esc2e.

Reaucoup d'états pathologiques rebelles à tous les, efforts du


médecin, mystérieux dans leur cause déterminante, n'ont pas
d'autre raison d'être que de. sommeiller à jeun. J'ai fait une
étude, souvent bien pénible, de ces inanitions prolongées pen-
dant les longues nuits d'hiver. Au milieu du sommeil on se
trouve bientôt réveillé par un malaise indéfinissable; le sang se
porte autour des yeux, qui deviennent douloureux comme. dans
un paroxysme de fièvre; l'insomnie s'établit, soit pour, une fois,
soit cou i me habitude, lorsqu'on n'a pas le bonheur,de saisir la
cause de ce malaise et d'y porter rapidement un. remède. Les mé-
decins sont étonnés, depuis quelque temps, des cas si nombreux
d'anémie et de chloro-anémies qui se présentent dans leur pra-
tique. Ils ont beau employer le fer, les analeptiques, les toniques
de tout genre le sang obéit d'abord à leurs prescriptions en repre-
nant un état plus normal; mais la santé revirent, ou lentement, ou
point du tout, sous l'eff;;t de ces inanitions non soupçonnées par
le sujet, et non soupçonnables par le médecin. Qu'il prenne, au
contraire, l'envie, au praticien, de s'enquérir ce l'état alimentaire
au moment du sommeil il y tro&vera une voie extrêmement fruc-
tueuse pour le bien-être et le rétablissement de ses clients. Le
sommeil est un ^ispersif de forces aussi énergique que le travail
musculaire; la différence dans la quantité de ces forces épandues
ne nous est pas connue aujourd'hui. Celui donc qui se couche sans
souper commet une faute grave; car il fait charbonner la lampe;
le proverbe Qui dort dîne n'est applicable que pour ceux qui sont
obligés d'en passer par la dure nécessité des grandes privations.
J'ai dit que le sommeil est la sÉcnt/rioN normale du fluide vital ceci
est patent par les analogies. En effet, Liebig dit qu'un observateur
peut reconnaître le changement de nationslité au volume des excré-
ments répandus sur les routes de l'Allemagne. On pourrait généra-
liser ce fait physiologique, en disant que l'homme du Midi et
l'homme du Nord se distinguent par le poids et l'état chimique des
fèces. L'homme du Nord, ne relevant de l'atmosphère qu'un mou-
vement peu condensé, est obligé de faire équilibre ï, cette défaillance
spéciale par une alimentation forcée. Il se nourrit de carbures d'au-
tant plus résistants qu'il a moins autour de lui de mouvement tout
condensé, sous le nom de chaleur, etc. L'homme du Nord a donc
une excrétion alimentaire excessive, au-dessus de la moyenne.
L'homme du Midi, trouvant dans l'atmosphère ambiante un mouve-
ment très-condensé, n'aura pas besoin de s'alimenter comme
l'homme du Nord, ses fèces alimentaires seront très-minimes;
mais, en revanche, le mouvement étant chez lui en excès, la sécré-
tion de ce mouvement sera aussi en excés; d'où son recours inces-
sant au sommeil, et sa somnolence, sa rêverie presque permanentes.
Dans une machine à combustion, les produits comburés sont en
relation directe avec les matières combustibles. Si vous employez
des essences vous n'aurez guère que des gaz si vous avez recours
aux anthracites, il vous restera des masses énormes de fèces
pesantes. Dans notre organisme pourquoi en serait-il autrement?
La production de chaleur étant un fait prépondérant dans cet or-
ganisme, il est compréhensible que là où nous pouvons saisir cette
chaleur toute condensée, toute produite, nous ayons en moins les
reliquats de cette condensation préalable. L'homme du Nord aura
plus de fèces, l'homme du Midi plus de sommeil. Les excrétions
sont en raison des absorptions. On a vu des états pathologiques
entièrement basés sur un abus des sécrétions pures de mouvement
par le sommeil. C'est ainsi que Richerand cite dans sa Physiologie
(il,, vol. r page 189) l'exemple d'un homme dans une sorte d'imbé-
cillité, qui, doué d'une faim dévorante, passait tout son temps à
dormir, dépensant sans utilisation musculaire les forces que l'ali-
mentation lui fournissait. Si les enfants dorment beaucoup, les
vieillards dorment peu. Les enfants ont beaucoup à dépenser, les
vieillards ont à peine de quoi vivre. Les animaux carnivores'dor-
ment plus régulièrement et plus longtemps que les animaux her-
bivores. Leur forcé et leur quantité d'alimentation,leur fournissant
plus de mouvement condensé, leur. imposent par cela même une
sécrétion de mouvement plus considérable. Le sommeil est en ràp-
port avec les forces actuelles. Mais n'oublions pas que si le sommeil
semble être amené quelquefois par certains faits débilitants, comme
des saignées abondantes, des bains de pied, des purgatifs, la di-
gestion, le coït, le froid extérieur très-vif, l'ivresse, etc., cela
doit être expliqué par le principe des déteisminatifs organiques
auxquels nous renvoyons. Qu'il nous suffise de dire qu'une disper-
sion attire une autre dispersion qui se continue. De même une
sécrétion fait taire généralement une autre sécrétion; c'est ainsi
qu'un sommeil profond, celui des enfants, enraye les autres
sécrétions. Si par une circonstance quelconque la réplétion des
appareils urinaires, intestinaux, est trop grande, il y a seulement
expulsion inconsciente; les enfants âgés de huit à douze ans
éprouvent trop souvent des selles et des besoins urinaires involon-
taires. La digestion, dans le sommeil, est plus longue et plus ré-
gulière que dans l'état de veille; ce qui est très-important sans
doute pour l'activité sécrétoire de notre organisme. Les aliments
assimilés sont mieux et plus énergiquement répartis dans toutes les
parties du corps. Mais les érections intellectuelles et érotiques sous
l'impression dispersive croissent considérablement. De là, la puis-
sance du lit sur le cerveau des hommes d'imagination sur les im-
puissants et sur les quasi impuissants. Après t'age de cinquante ans,
combien trouve-t-on d'hommes qui puissent se passer du lit pour
satisfaire aux actes vénériens? Les femmes souffrent moins du dé-
faut de sommeil que les hommes. Les pléthoriques ont plus besoin
de sommeil que les émacies, elc.; toute anémie emporte le som-
meil, soit pour le tout, soit pour partie. Les pathologistesont très-
bien vu que le sommeil, si réparateur, selon leurs vues, pour les
pirexies franches, est funeste pour beaucoup d'affections com-
plexes, et obscures dans leur appréciation. Ne connaissant pas les
effets dispersifs du sommeil, secondés par une alimentation nor-
male présente, il est clair qu'ils n'ont pu se rendre compte des
dangers qu'il y a pour le sujet il. disperser du mouvement, par le
sommeil, sans en recevoir par la voie ali uentnire. Il y a tant de
maladies où l'alimentation est suspendue de force ou par l'effet de
nos habitudes modernes de thérapeutique, que le sommeil intervient
moins souvent avec bénéfice dans leur traitement d'aujourd'hui
que dans celui d'autrefois. Du temps d'IIippocrate on avait soin d'en-
tretenir l'alimpntation au moyen de cette ptisane si facile à prendre
pour la généralité des malades. Cette tisane était une décoction
d'orge ou de graines incomplètement saccharifiées, qui portaient
dans l'organismeun élément lent de digestion, sans excitation acces-
soire. Le malade avait là une réserve combustible, qui échappait
aux exigences d'une digestion vulgaire. Si, donc, le sommeil ar-
rivait à vaincre la fièvre, disons mieux si la dispersion pouvait
vaincre la cokcentbation cette dispersion trouvait en la tisane un
élément adjuvant qui lui permettait d'épandre le mouvement fâ-
cheusement accumulé dans l'organisme, sous le nom de fièvre
et la marche harmonique des faits d'expansion se reproduisait
bientôt. Aujourd'hui l'on sait que l'on purge, que l'on débilite, sans
se préoccuper de cette alimentation, base de la vie; comme si
elle ne pouvait aider au travail de dispersion engagé contre la
fièvre !il ne faut donc pas s'étonner que les accès morbides soient
souvent consécutifs au sommeil des malades. Que de fois la somno-
lence devient un symptôme accusateur des dangers que court le
moribond Je le répète donc, pour bien fixer les idées l'alimen-
tation se divise en deux parties utiles, dans la digestion comme
dans les grandes voies du fluide nerveux la première est fixe et
sert de base à la réfection organique; la seconde est volatile; elle
aide à la dispersion du Ouide vital trop condensé par le travail mus-
culaire. Le sommeil, sécrétion par écoulement du fluide vital, a
besoin d'un dispersif initial pour produire cet écoulement; comme
si le fluide, dans sor. état de condensation, n'était pas capable de
passer à travers les mailles épidermiquee ou si, par cet état de
condensation même, il ne rentrait pas en des habitudes trop cen-
tripètes. Dans la nature, le mouvement ne marche seul qu'à la der-
nière extrémité; et cela n'arrive jamais sans un danger patent pour
les organismes. Ainsi la foudre n'est qu'une isolation du mouve-
ment dont la rentrée sur les matières organisées est souvent ter-
rible.
La fièvre nous montre, comme je l'ai dit, Pénormon, produisait
un effet de claustration et un état de débordement et de refoulement
du fluide vital; sous l'influence de l'air, du sec, du froid, etc. A cet
éiat fébrile simple, si l'on a soin d'opposer des dispersifs en des
circonstances favorables au sommeil, à la transpiration il y a lieu
de croire qu'on déviera l'état fébrile pour passer à l'état dedisper-
sion normale. Par contre, il est essentiellement dangereux de. suivre
cette marche, si la maladie constitue une de ces rares anémies
franches, pour lesquelles la concentration des forces doit être plutôt
recherchée que repoussée. C'est ainsi que la miliaire représentant
une forme exagérée de dispersion, on dirait, dans le cas nosologi-
que, que le corps se vide des condensations de mouvement, aussi
les acides, si condensateurs de ce mouvement, ont-ils seuls réussi
jusqu'ici à amener quelques résultats favorables. Ce qu'il y t. peut-
être de plus curieux, comme de plus instructif dans ces phéno-
mènes, c'est de voir l'aliment;ition se diviser en deux parties, comme
cela arrive pour le mouvement vital une partie condensable, une
partie volatilisàble. Après cela s'établissent les sécrétions, les excré-
tions, à la faveur de tous les éléments de l'organisme. Car, non-
seulement la partie volatile des aliments, par sa partie physique,
montre le chemin des sécrétions et les excrétions, en faisant derrière
elle une sorte de vide; mais elle disperse par sa nature chimique
les condensations de mouvement si défavorables à ces mêmes sécré-
tions. Le travail musculaire, ne pouvant s'exercer qu'en serrant les
fretinsde la machine, pour obtenir la condensation nécessaire au
déploiement de ses forces, a besoin d'agents de dispersion qui
réagissent sur cette masse ullra-condensée, quand le travail mus-
culaire a duré trop longtemps ou s'est montré trop énergique.

VIII

Exagération de la dispersion normale..


L'expression hibernation, ou sommeil d'hiver, ^stfort impropre,
ainsi que te fait remarquer Burdach, puisqu'il y a nombre d'ani-
maux qui dorment dans les plus grandes chaleurs, aussi bien
que d'autres s'endorment pendant le sommeil d'hiver. Burdach,
après avoir analysé toutes les raisons qui semblent se rapporter le
mieux à ce phénomène, penche pour la difficulté qu'auraient ces
animaux à se procurer de la nourriture pendant ce sommeil, d7où
ils seraient portés à s'endormir. Mais Burdach ne voit pas que
cette explication, fort sagace du reste et très-vraisemblable, n'est
qu'une explication d'économie domestique chez les animaux, et
non une explication physiologique. Les animaux à long sommeil
sont des êtres qui comptent sur une dispersion lente, pour écouler
un trop-plein qu'ils ont réuni pendant les jours les plus favorables
à leur nutrition ordinaire. Ce que l'instinct produit chez l'animal,
d'une façon régulière et patente, les habitudes, le climat, l'état
pathologique,les passions, le produisent aussi d'une façon tout aussi
.sûre chez l'homme, quoiqu'elle se montre moins consciente. Dans
l'Orient, dans l'Inde surtout, les indigènes, éprouvant de certaines
difficultés à s'alimenter de telle ou telle façon, mangent à des in-
tervalles fort éloignés, et dorment en conséquence. Ceci est encore
plus remarquable chez les Patagons, qui restent si longtemps sans
'manger et qui dévorent des masses de chair quand un cheval ou
un buffalo leur tombe enfin entre les mains. Seulement, le som-
meil est en rapport avec ce genre d'alimentation. Leur sommeil
est lourd et apathique comme celui des serpents. Sans aller cher-
cher aussi loin nos exemples, combien un médecin ne voit-il pas
tous les jours d'individus qui se gorgent d'aliments en un seul
repas et dont le sommeil se prolonge ensuite démesurément!
C'est parmi ces natures généralement paresseuses et inconsidé-
rées qu'on.rencontre le plus d'apoplexies. Ces faits prouvent que le
sommeil est le répartiteur de la nourriture et le dispersif des forces
démesurément condensées pendant fa veille. L'animal se nourrit
du chyle déversé par les lymphatiques dans la circulation, comme
il se nourrit encore de la condensation de mouvement accumulé
au milieu de ses organes; que le sommeil transforme en mou-
vement digérable par ces mêmes organes généraux. Il doit être cer-
tain que le mouvement contracté, tendu outre mesure pendant la
veille, n'est pas plus propre, à l'assimilation immédiate de l'ensem-
ble que le bol alimentaire, au sortir du tube digestif, n'est propre
à passer dans la vie artérielle. Le bol doit être atténué par l'effort
vital, comme le mouvement contracté a besoin d'être atténué par
la dispersion ordinaire du sommeil. Les nerfs font office, en quel-
que sorte, .de canal intestinal pour le mouvement; mais ils ne pro-
duisent pas plus la force que les intestins ne produisent la vie. Ils
l'emmaâasinent pour un emploi ultérieur. L'estomac et les nerfs
digèrent chacun de son côté le bol alimentaire et le mouvement
fournis par l'estomac et le poumon mais ils h'assiuileht rien par
eux-mêmes. L'assimilation se fait sccrtozct perdent le sommeil. Les
exceptions que nous voyons dans l'espèce humaine se poser en face
de cette règle presque générale dans toute la nature n'est nulle-
ment à l'avantage de notre santé. Il n'y a pas un physiologiste qui
ne se soit élevé contre l'abus du travail après le repas. Barthez a dit
que les hommes habitués à de grandes fatigues après le repas, sont
tous remarquables par leur peu de résistance aux maladies ataxi-
ques, et par une caducité anticipée.
On voit, en réfléchissant sérieusement sur l'hibernation, combien

ce phénomène est plus étendu et plus importais qu'on ne le pense


vulgairement. L'anatomie comparée a jeté sur la zoologie plus 't
lumière que des siècles de syllogisations la physiologie comparée
peut donner d'aussi excellents résultats si on veut bien la prati-
quer avec intelligence. Dans l'hibernation de ces animaux chargés
de nourriture, la fonction d'assimilation semble avoir été repoussée
tout entière vers l'époque de somnolence, quoiqu'on puisse com-
parer également l'hibernation à une sorte de catepsie, enfantant
une dispersion lente, insensible, plutôt qu'une assimilation con-
tinue et régulière. Il en est de même de certains individus qui tra-
vaillent pendant tant de jours sans dormir, ou qui, passant des sai-
sons avec un sommeil insuffisant, réparent ensuite le temps perdu,
tout d'une haleine. Les habitants des contrées polaires dorment
peine pendant leur été, qui est un jour de six mois mais ils se
réveillent à peine aussi pendant leur hiver, qui est une nuit de six
autres mois. Je connais un homme de lettres qui passe l'hiver sans
dormir; lisant, écrivant, produisant; tant que la chaleur ne s'est
pas fait sentir. Mais, aussitôt que les beaux jours arrivent, il dort
la nuit très-profondément, sans manquer pour cela de se livrer le
jour à des siestes très-longues. Les artistes les plus éminents sont
remarquables par cette alternative d'énergie et de paresse, qu'on
leur reproche bien à tort; puisqu'elle est si commune dans tout
la nature organisée. L'enfant, qui assimile tant, dort toajours; et
assimile d'autant plus qu'il dort plus, normalement. Chez le vieil-
lard, c'est tout le contraire; la machine étant construite, il n'a plus
besoin d'y rien ajouter; aussi son sommeil se met-il en rapport
avec ses fonctions digestives. De sorte qu'on pourrait dire « Les
gens dormeurs sont ceux qui digèrent le plus facilement et le plus
utilement. le vieillard s'endort de son meilleur sommeil.
c'est aussitôt après le repas, table, sur une chaise, et cela pour
peu de temps. Sur dix personnes choisies au hasard, du même âge
environ, de la même profession, vivant à la même table, ayant une
santé convenable, j'ai remarqué que la force digestive était toujours
en rapport avec la régularité du sommeil. Les personnes fortes sont
moins portées au sommeil à cause de leur graisse qu'elles ne sont
grasses à cause de leur penchant au sommeil. Le sommeil paisible
est, dit-on, le privilège des natures honnêtes, douces, justes, etc.

Quand on fut toujours vertueux,


On aime à voir lever l'aurore.

Sice proverbe clranté est vrai, cela prouverait que les gens vertueux
n'ont pas souvent l'occasion de sortir du lit très-matin pour jouir
de ce brillant spectacle. Les grands travailleurs, l'homme méchant,
turbulent, passionné, agité par les passions, ne dorment guère;
aussitôt que les désirs sexuels arrivent à l'adolescence, elle perd le
sommeil; Ci' qai a fait dire encore que les amoureux vivent
d'amour et d'eau fraîche car, en même temps que le sommeil se
perd, la digestion est suspendue. La femme hystérique perd l'ap-
pétit son estomac est livré à des goûts bizarres, en même temps
que ses nuits se passent en contractions musculaires et en sou-
bresauts nerveux. Hippocrate, Galien surtout, avaient bien raison
de rester quelquefois auprès de leurs malades pour en étudier le
sommeil. La veillu fournit au médecin des appréciations apparte-
nant au malade; mais, la nuit, on peut dire que le diagnostic est
livré tout entier au médecin. Le jour, les fonctions d'architectonie
commencent; la nuit elles s'exécutent réellement. J'ai eu plusieurs
fois l'occasion de voir que des hommes forcés à une veille excessive
débutaient par ne plus pouvoir manger, et ne s'adonnaient aux
liqueurs fortes que pour obtenir une dispersion rebelle à tous leurs
efforts. Ayant toujours occupé beaucoup d'ouvriers, et surtout
d'ouvrières, j'ai remarqué que les jours où l'on passait les nuits, et
encore plus le lendemain, ces dernières ne voulaient accepter que
du café, du lait, du thé, des liqueurs; en un mot, des aliments ren-
fermés sous un faible volume; bien mieux, qu'elles se cachaient
pour acheter de l'eau-de-vie. A Paris, on peut dire sans crainte
d'être démenti que, dans tout atelier où l'on passe la nuit, et dans
chaque ,saison où cela devient nécessaire, il y a immédiatement abus
des liqueurs fortes; parce que l'estomac ne peut plus assimiler que
de tels aliments 'pendant l'é!al de veille continué. Dans les pays de
long repos, comme l'Orient, les peuples sont voués aux aliments
les plus résistants, le riz, les fécules, etc. La où la veille s'exagère
étudiez la nourriture, elle se compliquera de boissons fermentées,
de préparations légères, etc. L'Anglais riche qui passe sa nuit aux
Chambres représentatives se âorne d'alcool et de viandes saignantes.
Il repousse le pain. Les légumes qu'il accepte sont cuits à l'eau et
ne représentent qu'une alimentation illusoire. La Parisienne qui
court les bals d'hiver vit de pâtisserie et de tartines sucrées. L'éié,
a la campagne, vous la verrez accepter le pain bis, et la soupe aux
choux de son fermier. Si !a digestion se fait pendant la veille, I'assi-
niiation a lieu, particulièrement et normalement, pendant le sont-
meil. La dispersion amène ce phénomène d'atténuation des ali-
ments et des forces qui les rend susceptibles d'entrer jusque dans
les derniers rameaux capillaires. Les staticiens physiologistes qui
ont parcouru, un a un, les moyens que les centenaires ont pu
employer pour arriver à ce grand âge ont déclaré que ni la for-
tune, ni le climat, ni la-sobriété même, ne pouvaient être invoqués
d'une façon exclusive. Mais tous ils ont été d'accord pour dire que
la tranquillité d'esprit réunit la majorité des vraisemblances, quant
à la longévité. Or, je le répète. c'est avec la tranquillité d'esprit
qu'on manga bien, qu'on digère facilement, qu'on dort paisib !e-
ment et qu'on assimile beaucoup.

IX

Phénomènes de déplacement organique.


Si l'on a bien saisi tous les termes qui constituent la série des
phénomènes de l'existence organique, on a dû voir que la ques-
tion de Aéterminalxon du mouvement est un fait capital dans ces
phénomènes.
Industriellement, ce fait de mouvement n'est-il pas capital lui-
même ?. Vous avez beau posséder une roue motrice extérieure,
une roue de commande intérieure, des organes de production
appelés machines, dans l'industrie; il n'en faut pas moins avoir
fortement égard au point déterminatif de toute cette produc-
tiun utile de force, à la loi de DÉPLACEMENT! Le canal alimentaire
doit être considéré comme un cours d'eau traversant l'organisme
au lieu d'un moulin à ailes, le mécanisme ici consiste en des
mouvements liélicoïdes d'absorption et d'excrémentation. J'ai dit
Jusqu'ici les physiologistes ne se sont guère occupés que du phé-
nomène de réparation organique, dénoncé spécialement par l'ali-
mentation à ce point de vue spécial. lliabendie, le plus savant, le
(.i
plus intelligent de ces physiologistes, a essayé de ramener les mou-4jfe
vements organiques au jeu des pompes industrielles. Ses rappro-
chements sont pleins de vraisemblance; sa critique pleine de verve;
mais, au delà du mécanisme physique dont il se rapproche si bien,
et dont on ne peut nier l'analogie, il existe un phénomène capital
qui domine toute l'existence des animaux c'est la présence du
mouvement, sa marche et son emploi. 'Jé veux bien admettre, avec
ce grand physiologiste, que le cœur ressemble à deux pompes
hydrauliques accolées; renfermées dans une pompe aérienne, con-
tenant tout le système respiratoire, dans le thorax; je n'en suis
pas moins acculé à des appareils de fonction et non aux prises
avec l'action physique motrice qui doit les mettre en jeu. J'ai fait
voir que le cœur, tout agencé qu'il soit en pompe aspirante ou
foulante, doit être admis comme un condensateur de mouvement
bien plutôt que comme un producteur de ce mouvement le cœur
est le volant de cet appareil respiratoire, qui possède une bien plus
grande union dans ses éléments qu'on ne le pense généralement.
Le poumon transforme, condense déjà et emmagasine la. force
aérienne, déversée en lui par la trachée-artère. 11 la répand dans
une certaine mesure sur son annexe propre et immédiate, le cœur,
chargé de la distribuer dans le reste de l'organisme. Mais oü est la
force mouvante?. le déplacement qui abreuve, nourrit et entraine
tous ces appareils spéciaux?. L'expérience que j'ai instaurée,
appelée à cause de cela CAPITALE, nous donne la clef de ces principes,
appuyée qu'elle est par les phénomènes de dispersion-énormon
d'où elle tire sa première et sa plus raorcue conséquence. Ces deux
pôles du mouvement vital sont donc 1° l'action modificatrice du
poumon à l'endroit du fluide aérien introduit dans ses aréoles;
2" l'action condensatrice du coeur; 5° la dispersion que subit la
masse-énormon à l'endroit opposé, aux confins de l'organisme. Le
premier et le second phénomène déterminent une source de mou-
vement à s'emmagasiner; le troisième phénomène établit cet ecou-
lement, cette PENTE qui donne le branle à la machine, en créant
l'action. Le cœur ne fait qu'en distribuer les éléments variés
et variables. Lors donc que les physiologistes, aidés de toutc
l'imagination de Magendie, essayent de trouver un rouage maté-
riel sur lequel on puisse fonder la vie, ils se trompent compléte-
ment. La vie n'est fondée que sur des principes abstraits de phy-
sique répondant, du reste, à l'idée que nous nous faisons de l'es-
sentialité même de la force vitale. En mécanique, jamais un organe,
quel qu'il soit, ne peut produire ou même augmenter la force.
Tout ce qu'on peut obtenir, pir ce moyen, ne dépasse pas une con-
densation et une appropriation de la force initiale. Les poumons
transforment et emmagasinent la force qu'ils reçoivent de l'air,
de l'air tout entier probablement; s'ils ne gardent dans leur tissu
que l'élément oxygène et que quelque peu d'azote, sans doute, cela
est effectué en vue d'autres opérations subséquentes. La répara-
tion, toute nécessaire qu'elle soit à la vie, peut subir bien des va-
riations en plus et en moins sans nuire aux organismes. On doit
très-bien supposer un animal qui ne perd pas assez, pendant son
existence, pour souffrir delà pénurie de nourriture; et qui cepen-
dant ne pourrait VIVRE, sans se soumettre au phénomène de Mou-
vement successif ou de DÉPLACEMENT. Les reptiles trouvés dans des
troncs d'arbres, dans les cavités des rochers, etc., expliquent ce
point de vue, outre mesure. La vie n'est donc pas la RÉFECTION
d'éléments perdus, fatalement: la vie est plutôt le résultat, dans
un organisme, des phénomènes de condensation, de transformation
et de déplacement. Tous les jours une usine marche, comme on dit,
sans marcher utilement. Tantôt ce sont les crises matérielles; com-
merciales, financiëres, qui enrayent: la production; tantôt c'est le
dérangement de telle ou telle pièce intérieure. Mais le moteur et les
grands organes de l'usine peuvent continuer leur marche avec des
variations infinies de production utile. Dans les organismes, même
chez l'homme, où la réfection est si exigeante, on a vu des sujets
vivre sans prendre de nourriture appréciable pendant de longs
espaces de temps. Les phénomènes de déplacement n'en subsis-
taient pas moins, entés sur la respiration et une consomption
d'éléments fixés autrefois.
La machine humaine possède des éléments complexes de dépla-
cement; on pourrait même dire des éléments antagonistes. L'ap-
pareil pulmonaire est un appareil qui se rapporte aux accessoires
mécaniques désignés sous le nom de volontaires, par la fonction con-
densatrice qu'il exerce sur le mouvement libre; tandis que l'esto-
mac, son antagoniste, a plus de rapport avec les machines à com-
bustion. En général, l'estomac, par la digestion, est chargé de
produire le déplacement, d'où nait la vie. La respiration s'en
mêle bientôt, par l'adjonction de ses éléments volatils qui trans-
forment les aliments pour une proportion considérable en élé-
ments volatilisés. Mais il parait que la respiration ne peut rien par
elle-rrnme comme point initial de ce déplacement, puisque nous
la voyons s'enrayer dans des circonstances où rien n'agit directe-
ment sur elle, en tant qu'organe respiratoire. On sait combien est
chétive la vie des individus qui se nourrissent peu. Il est probable
que leur constitution intime amène un déplacement incroyable-
ment ralenti et prolongé de la nourriture absorbée;. de sorte que
le phénomène respiratoire n'est pas, ici, plus vital, foncièrement,
que dans les cas les plus usuels. On peut supposer, en effet, que
les canaux de réparation alimentaire sont tellement capillarisés,
qu'un faible déplacement suffit à l'existence rudimentaire qui se
remarque chez les gens voués à l'inaction. Les phénomènes d'ali-
mentation et de respiration se commandent réciproquement et se
complètent, mais ils ne se remplacent jamais l'un l'autre. La res-
piration dégorge l'organisme des produits élémentaires qui ont
rempli leur fonction; aussitôt que le bol alimentaire s'arrête par
une cause quelconque, ce n'est pas l'acte respiratoire qui peut
le remplacer ou même le tirer d'affaire; car la respiration péri-
clite elle-même et s'arrête aussi. Il suffit d'analyse:, les phéno-
mènes qui se passent dans les circonstanres nombreuses d'engor-
gement vital, qu'on a désignés d'une façon générale sous le nom
d'indigestions.
Par un moyen quelconque et dans un cas fortuit regrettable, s'ilil
arrive qu'on ferme, dans une certaine proportion, les vannes ordi-
naires de la nutrition peau, reins, intestins, poumon, il se pro-
duira immédiatement un reflux.de la force de déplacement vers
les organes producteurs de ce déplacement; et par suite vers les
organes qui leur servent d'accessoires. Il en est de même en hy-
draulique, quand l'eau reflue vers les palettes du moteur hydrau-
lique et dans les machines à feu, quand la vapeur obstrue les
tiroirs et leurs annexes. Dans tous les cas, industriellement ou
organiquement, il n'existe qu'un enrayement du déplacement, le
point de sortie. Les physiologistes modernes, et notamment
51. C. Bernard, expliquent les indigestions, les enrayements de la
nutrit:on en un mot, par une paralysie des nerfs gastriques, sem-
blable, pour son effet, à la section du pneumogastrique, je sup-
pose. Mais ceci n'est pas analyser c'est mettre des mots à la mode
à la place d'observations sérieu es! c'est inscrire une ficelle de
plus dans la nomenclature du joujou anatomo-pathologique. Les
lois de la vie ne sont pas cachées dans les résilles nerveuses; elles
sont écrites dans la physique transcendante, dans l'analyse rai-
sonnée des forces naturelles, dont le fait de section pneumo-gas-
trique n'est qu'un cas particulier expérimental, sur un appareil de
détail régulateur. Comment se fait-il, par exemple, que la transpi-
ration périphérique enrayée ne soit pas remplacée suffisamment
par le travail d'élimination pulm$$aire? Le poumon fait ce qu'il
peut, mais cela ne suffit pas. Le poumon n'est pas la vraie voie dè%
DÉPLACEMENT organique; c'est un adjuvant; pour partie, doué
d'une puissancc incontestable; mais, je le répète, en tant que dé-
placement, ce n'est qu'un adjuvant. Voilà pourquoi cet appareil
diminue d'importance, plus on descend dans l'échelle organique;
voilà pourquoi même on n'en retrouve plus de traces dans des
cas immenses, relativement. Le poumon possède une double fonc-
tion il est placé de façon à aider l'estomac et les canaux de dé-
placement à produire la PENTE vitale, au moyen de l'expiration
qu'il fait succéder à 1 inspiration Ce qui fait que le poumon n'agit
que très-imparfaitement daus les cas d'asphyxie alimentaire car,
supposez l'appareil de combustion, l'estomac, s'arrêtant! que peut,
à côté, l'organe accessoire qui le débarrasse pour partie du reflux
des résidus comburés?. L'action du poumon expirâtes peut se
montrer utile dans les premiérs moments de la défaillance, en sol-
licitant un déplacement plus énergique. Mais, si l'appareil'combu-
rant, la cheminée, n'a pas d'issue de déplacement, que pourrez-
vous tirer de l'organe adjuvant?. rien ou presque rien! Le volant
d'une machine lui donnera une impulsion acquise; mais, ne four-
nira, jamais une force effective. }$ poumon-réservoir, et son
annexe, le coeur, volant de machine, ne composent pas un sys-
tème doué de plus d'initiative qu'un volant, qu'un réservoir et,
qu'un instrument de dégorgement partiel.
Je ne saurais donc m'élever assez contre la pensée physiologique
actuelle qui attribue au poumon un rôle nécessaire, sauf à maltrai-
ter, organiquement, les espèces non pulmonées, qui ne dénotent
pas pour cela un vice Jle' construction puisque parmi les insectes,
notamment, on trouvé les natures les plus productives, les pins
industrieuses. Lorsque les chimistes ont analysé l'entrée et la
sortie comparatives des gaz aériens dans les aréoles du poumon, je
ne comprends pas qu'ils n'aient pas été plus frappés du défaut de
concordance qui existe dans cette entrée et dans cette sortie. Que
de phénomènes de l'organisme sont accolés ensemble, ont l'air de
se répondre, et qui, cependant, peuvent être attribués à des fonc-
tions bien différentes, bien éloignées les unes des autres! L'air entre
dans le poumon par l'inspiration. il fournit à l'économie animale
la source de la vie; à la condilion que cette source soit transfor-
>:i mée, emmagasiné, condensée, et reprise par des organes acces-
soires. Au moyen de l'expiration, le poumon excrète des éléments
tout différents de ceux qui sont entrés par l'inspiration. Car, si l'on
ne tient un compte important que de l'acide carbonique rejeté, on
a grand tort, au point de vue théorique surtout; puisque des mé-
talloïdes nombreux, et des combinaisons gazeuses, accompaguent
le plus souvent le rejet carbonique dans l'expiration. Le pou.
mon, rien que dans son travail d'inspiration et d'expiration, pré-
sente donc deux fonctions distinctes. La seconde fonction, celle de
l'expiration, se classe normalement du côté de la fonction de dé-
placement, dévolue à la périphérie et aux sécrétions générale
externes. Divers obsèrvateurs ont comparé la fonction excrétoire
du poumon avec celle de la transpiration, et la regardent comme
étant à cette dernière dans une proportion grandement supérieure
pour des ch;mistes cela suffisait peut-être; mais pour des physio-
logistes on a méconnu la question à examiner, qui porte sur toutes
les excrétions externes. Je veux bien accepter le chiffre représen-
tant la part que prend le poumon au déplacement vital; quel sera,
pour moi; le point de repère qui me permettra maintenant de rap-
procher ce chiffre, ayarit une valeur physiologique, comparé' aux
éléments excrétés, liquides, solides et gazeux? Ce n'est pas aussi fa-
cile que cela en a l'air. 11 reste donc dans mon esprit, involontaire-
ment, que le poumon n'est qu'une annexe de la fonction de dépla-
cement un rouage particulier, attaché accessoirement cet organe;
comme l'urinasion est attachée, accessoirement aussi, à la fonction
génératrice placée dans un tout autre ordre d'idées. Cela est si vrai,
que l'anatomiecompatée me donne raison sur chacun de ces points.
On connaît des animaux qui vivent sans poumon; par conséquent
sans excrétion pulmonaire et ron connait d'autres animaux chez
lesquels l'appareil générateur n'est pas lié d'aussi court avec les
excrétions urinaires un cloaque convenable se chargeant de réunir
la partie solide et la partie liquide des produits de déplacement.
Lorsqu'on étudie séparément 1 agencement des grands organes de
l'économie animale, on ne prend pas une grande responsabilité!
It est loisible de comparer tel ou tel mécanisme à un mécanisme
industriel donné, et tout va pour le mieux. De la sagacité, de l'es-
prit et quelques jolis rapprochements suffisent pour cela. Mais,
quand il faut réunir les diverses parties de la machine pour la
mettre en mouvement, les analogies cessent d'être aussi amusan-
tes, par la résistance qu'elles montrent à se contourner au dtsir
de celui qui les mène et qui les tord souvent plus qu'il n'est pos-
sible pour la sûreté des vraies théories. Je ne dis pas cela pour
Magendie, dont j'admire les travaux et dont je vénère la mémoire.
Cenx qui ont connu cette nature puissante, humoristique, dédai-
gneuse des médiocrités, sauront toujours attribuer à hlagendie la
part qui lui revint en tète de ce qui s'est fait de beau, de mâte
dans les travaux physiologiques de notre époque. llien qu'à voir sa
figure animée, ayant une parenté incontestable avec les génies les
plus distingués du dix-huitième siècle, il était impossible de ne pas
accorder à Magendie ce beau caractère viril, indépendant, qui fait
une guerre d'instinct à tors les chapons de la basse-cour scienti-
fique. Magendie était resté dans son dix-huitième siècle, comme
franchise et comme rondeur de caractère. Jamais il n'a pu s'habi-
tuer à la stéréotypie enseignante de notre époque, qui prétend à la
convenance, lorsqu'elle n'est que prétentieuse et qu'elle ne luit
que par son vernis au suif et au noir de fumée, comme il convient
à des gens très-mal décrassés, élevés, le plus souvent, dans les
taudis nauséabonds des petits séminaires. Magendie resta homme.
ce qui est plus beau, à mes yeux, que tous les savants de la terre.
Jamais on ne veut se rappeler que la science n'est pas un but, mais
un instrument! La science fut dépassée par Magendie; il attei-
gnit ce but, qui devrait être si cher à tous les grands coeurs. la «

virilité J'admire, sans aucun doute, les travaux considérables de


l'illustre physiologiste, ils ont éclairé les commencements de ce
siècle mais je suis bien autrement sympathique encore à ce tem-
pérament vigoureux, inaccessible aux .sales compromis des cote-
ries et aux exploitations intéressées des sociétés savantes. Magen-
die, quelles médecins, comme médecins, traitaient d'uae façon
très-badine, m'a sauvé la vie dans un cas très-délicat, et qui déno-
tait beaucoup de tact, de cœur, et d'expérience; je suis heureux
de déposer ce chétif souvenir sur sa tombe glorieuse. Ce que
Magendie a tenté, il l'a tenté bravement, loyalement; il faut s'en
prendre aux éléments qui ont pu lui faire défaut, pour trouver la
clef des insuccès qu'il a pu rencontrer dans ses vastes expériences.
Rappelons-ûuus que le nouveau physiologiste venait
dont l'autorité eût écrasé à jamais tout autre débutant que celui-ci.
Magendie eut à combattre Broussais avec son inflammation Brous-
sais, cette autre figure admirable et bien regrettable d'un temps
qui n'est plus. Voilà deux grands champions, dignes de lutter en-
semble. faut-il l'avouer avec tristesse?. dignes de mieux se
comprendre! Mais, au moins, c'étaient des lutteurs! des gens
inspirés par le génie et par un travail consciencieux. Je doute que
Magendie, comme chef d'école expérimenta! et Broussais, comme
physiologiste psychologue, rencontrent jamais bien des rivaux.

Endosmose, exosmose.
C'est ici le lieu de s'expliquer une fois pour toutes sur ce grand
dada des emprunté au mouvement enthou-
siaste de Dutrochet. Voici comment M. Robin définit l'endosmose
dans le dictionnaire de Nysten Il.
Dutrochet a reconnu que, quand
deux liquides hétérogènes et miscibles sont séparés par une cloison
membraneuse, il s'établit à travers les conduits capillaires de cette
cloison deux courants dirigés en sens inverse et inégaux en inten-
sité, et que celui des deux liquides qui reçoit de son antagoniste
plus qu'il ne lui donne accroît graduellement son propre volume
d'une quantité égale à l'excès de ce qu'il reçoit sur ce qu'il donne.
Les premières expériences ayant été faites de manière que le liquide
qui augmentait de se e trouvait renfermé dans une vessie, il
donna d'abord le nom d'endosmose au courant dirigé de dehors
en dedans, et celui d'exosmose au courant dirigé de dedans eu
dehors, exprimant par le premier de ces mots l'idée d'unf entrée,
et par le second celle d'une sortie. Aujourd'hui endosmose signifie
le courant fort, et exosmose le courant faible; de sorte que, dans
cette nouvelle acception, l'endosmose peut tout aussi bien se diri-
ger de dedans en dehors que dans le sens inverse. »,Je demanderai
qu'est-ce qu'il y a de commun entre la pénétration proportionnelle
des liquides à travers des membranes poreuses, et cette espèce
d'agent endosmotique à tout faire, que les vitalistes emploient de hic
et de nunc suivant les besoins de la cause organique? Quoique Ras-
pail ait eu cent fois raison de réduire la découverte de Du brochet à
sa juste valeur, c'est-à-dire à une pénétration relative des liquides
à travers des corps poreux, montrons-nous plus accommodant que
l'illustre chimiste, et acceptons l'endosmose dans les proportions que
lui concède l'article ci-dessus. Je le répète encore, où trouvez-vous,
dans cette endosmose, le secret du grand ressort vital?. Quand
les éléments anatomiques, comme le croit M. Raspail; quand l'éco-
nomie tout entière aurait une faculté-principe d'inhaler et d'exha-
ler. cela nous meitra-t-u sur la trace du grand moteur vital ? On
se payera donc toujours de mots sans suite et sans emploi?. Ce
qu'il faut au physiologiste, c'est bien moins une raison détaché
qu'un terrain d'analyse sur, lequel il puisse suivre les faits organi-
ques. La première condition d'une théorie sérieuse pour l'avenir
ri est-elle pas, avant tout, de présenter un réseau d'idées analyti-
ques conséquentes; faciles à poursuivre à travers la trame si em-
mêlée des phénomènes; et concordantes dans tous ses points?
Certes, jamais on ne tirera rien de pareil de l'endosmose et des en-
dosmoseurs-é^Ij'endosmose représente
un fait remarquablement
détaché, s'arrêtant très-vite, aussitôt que son échange est réalisé
par l'équilibre admis. Défions-nous donc de cet air mystérieux et
emphatique avec lequel les vitalistes présentent l'endosmose comme
une nouvelle qualité de tissu répondant à tout. La verve de Magen-
die et de quelques autres avait fait bonne justice des entités, irri-
tabilité, propriétés de tissu, inflammation, etc. N'oublions pas
que les physiologistes ressemblent grandement aux gargotiers, qui
servent plusieurs fois le même plat à une sauce différente. Prenons
donc l'endosmose pour ce qu'elle vaut. pour une ratatouille vi-
tato-anatomique. Je trouve l'endosmose, en tant que propriété phy-
siologique, tellement indigne de discussion, que je ne me sens pas
le courage d'en aborder les détails; il faut que l'école actuelle soit
bien descendue, quant à la conception des grands principes philo-
sophiques, pour se servir de semblables instruments d'investiga-
tion. Tout ce çjue je puis faire, c'est de former les vœux les plus
sincères pour que mes contemporains aient la chance de trouver
de meilleurs outils!

xt

Le sommeil, sécrétion normale du Sable vital.


D'après tout ce que nous venons de voir, le sommeil, qui joue
un si grand rôle dans la vie des êtres organisés, ne présente donc
pas une fonction active et directe de la réparation des forces,
comme on le croit généralement; mais la cause d'un riche et
remarquable déplacement; l'acte normal sécrétoire de la disper-
szon ctu fluide vital Hippocrate avait probablement'tort de dire
«1
Somnus labor visceribus, motus in sonmo inlro n
moins qu'il n'entendit que dans le sommeil
amenant une assimilation plus exaeté des éléments chyleux, il
n'incomfctt par là « labor qui établirait un rôle
accessoire d'assimilation au sommeil. Il eh est de même pour
le règne végétal, qui rejette son mouvement en trop pendant la
nuit, l'acide carbonique. Rien qu'à considérer le plaisir qui accom-
pagne cettefonction il apparaît tout de suite que c'est à
un
dégagement de farce condensée qu'on a affaire; qu'on veuille bien
se rappeler l'observation grave que nous avons émise à cet égard
a Tout déplacement de force, t0uie expansion est suivie d'un plaisir
dans toute la nature organisée; animale ou végétale.Analysez les
circonstances particulières qui entourent le sommeil vous verrez, à
n'en pas douter/ que le sommeil, qu'on dit réparateur de forces,
n'est que disperseur de ces forces; voilà pourquoi on prétend qu'il
rafraîchit, qu'il repose, qu'il délassé, etc. La preuve de cela, c'est
que les phénomènes de la veille prolongée amènent une surexcitation,
qui finit par devenir de plus en plus dangereuse. On ne fait pas
refluer ainsi impunément les condensations de force vitale vers les
organes intérieurs. Ce renuement réagit sur les organes et finit par
en déterminer la décomposition ou la déviation fonctionnelle.
Après une mauvaise nuit on est courbaturé, parce qu'on ressent ce
retluement fatal des forces condensées, d'où doit naître un grand
trouble dans l'organisme. On brûle; on est irrité; ce qui a fait
dire en parlant d'un homme de mauvaise humeur Il c'esi
mal leiM! Pendant le sommeil ics membres demandent invinci-
blement s'étendre non-seulement quant à la longueur et à l'é-
tendue saisissable; mais aussi quant à la grosseur et à la distension
vasculaire. Pendant le sommeil les ligatures sont funestes. On a
vu des goutteux contracter un accès, pour s'être livrés au sommeil
sans avoir en ta précautions d"ôter leurs bas ou leurs chaussures.
Que d'apoplexies surviennent au moment du sommeil ou d'une
simple somnolence, sous l'impression d'une cravate qui serre trop,
d'un vêtement malaisé, etc. Chez les anciens, le pavot était le sym-
bole du sommeil; le pavot, cet agent de dispersion si énergique!
Nous verrons plus tard qu'un sommeil incomplet est toujours suivi
de bâillements, des tiraillements musculaires, qui sont un effort phy-
siologique, très-mal compris, que fait l'organisme pour se débar-
rasser de ses forces excédantes. Car toute tension musculaire déter-
mine ensuite une déperdition de force qu'on emploie cette tension
à des exercices quelconques, travail manuel, marche, chant, cri, etc.
Toute tension musculaire amène une dispersion, voilà pourquoi
les natures vivaces sont si braillardes les enfants, les petits hom-
mes, les femmes parce que l'agent condensé y domine à divers
titres. Voilà pourquoi encore l'extatique prend une roideur conti-
nue, et l'épileptique perd d'une façon excessive de sa réserve éco-
nomique pourquoi il suffit à certaines natures, surtout pendant
l'enfance, de roidir les cuisses ou généralement les muscles infé-
rieurs, pour déterminer des pollutions voluptueuses. Dans les pen-
sions de jeunes filles on a beau employer les moyens les plus ingé-
nieux, des ligatures les mieux combinées, une simple tension des
membres inférieurs trompe toutes les précautions et les surveil-
lances. On a expliqué par de niaises sympathies nerveuses la pollu-
tion des pendus; quand il suffit de penser à la tension forcée des.
membres inférieurs au moment du supplice, pour comprendre ce
qui se passe dans ce cas. Tout empêchement de tension dans l'acte
vénérien devient un obstacle au plaisir et amène des courbatures.
C'est ainsi que les essais de ce genre tentés dans des voitures, dans
des coins rétrécis, sont connus pour produire les plus fâcheux
effets. La tension musculaire est pour ainsi dire forcée dans l'acte
du coït. Les chaleurs de l'été, en détendant les muscles par une
transpiration exagérée, rendent beaucoup d'hommes impuissants.
Ii en est de même de tant de circonstances qu'il est difficile d'énu-
mérer et de développer à notre époque même dans un livre de
physwîogie. J'ai déjà dit ces mais un homme consciencieux ne
doit pas craindre d'y revenir. La pruderie moderne aime mieux
rester ignorante comme un Huron que de transiger avec le shoc-
king. Je méprise profondément une exigence que l'antiquité tout
entière et la religion du moyen âge n'ont pas voulu accepter; mais
il faut s'y soumettre et je m'y soumets. Car rien au monde n'est
respectable et ne doit être plus respecté que la légalité. Dura lex,
sed /«'«/Pourtant on ne crée pas des gens vicieux avec des mots
Il n'y a pas de lieu où l'éréthisme disparaisse plus vife qu'au milieu
des nudités des maisons de filles. Puisqu'il faut une tension pour
arriver au plaisir, tout ce qui détend les muscles et l'imaâination
produira cet effet. Un homme fera pour une grisette qui ne montre
que sa jamhe ce qu'il refusera à la prostituée qui se découvre en-
tièrement à lui; nos mots à demi couverts sont des irritants de la
passion; cela dit, je souhaite bonne chance à la moralité contem-
por aine. Le sommeil, répété-je, est une déperdition lente, un
écoulement harmonieux de la condensation des forces; c'est un
trop-plein qu'on lâche. Mais il faut souvent pour dormir un détermi-
natif, la chaleur, la musique, la conversation, des narcotiques, des
tisanes, etc. C'est pour n'avoir pas compris les effets de détermina-
tion organique, soit physiologiquement, soit thérapeutiquement,
qu'on a constamment erre dans! la pratique. 11 est de notoriété pu-
blique que les médecins français tiennent la digitale comme un
médicament très-infidèle. Or, quand on a voulu lui donner des
effets marqués, on a toujours négligé les moyens utiles à son em-
ploi. Vingt fois, j'ai essayé de prendre le soir de la digitale, avait
de me eoncher hien inieu* avant de commencer à entrer eu
moiteur; et jamais je n'ai réussi à rendre la digitale très.efficace;
mais lorsque, étant réchauffé dans le lit, on a atteint cette moiteur
nécessaire, au moyen de tisanes chaudes, et qu'on vient à prendre
quelques gouttes d'une teinture alcoolique de cette substance dans
de l'eau très-chaude aussi, chaude comme du thé, jamais l'effet n'a
manqué souvent même il a dépassé mes espérances. J'ai enrayé,
avec cela, jusqu'à des maux de dents d'une douleur insupportable.
J'ai dit plus haut qu'il faut employer la voie complètement opposée
pour donner à la digitale une valeur diurétique. Car, par la cha-
leur et par le lit, elle devient éminemment sudorifique. Il n'est pas
hors de propos de jeter en ce moment un coup d'oeil rapide sur
les substances dont l'effet varie avec les modés d'emploi en rap-
prochant ces diverses circonstances des principes que je viens
d'établir.

XII

Extenseurs et détenteurs de vital.


D'après ces expériences, je serais porté à croire qu' n'existe ni
sudorifiques ni purgatifs, ni vomitifs proprement dits. Tout dépen-
drait des circonstances de temps, de lieu, de quantité sous les-
quelles on administre les substances en jeu. C'est ainsi qu'on est fort
étonné de voir le tartre stibié passer, de l'état de vomitif spécifique
et intense, à l'état d'extenseur du mouvement vital. L'émétique,
dans les fluxions de poitrine, et par la méthode nouvelle, pousse à
la périphérie comme un vrai sudorifique. Je viens de faire voir qu'il
en est de même de la digitale, dont on peut varier les effets à vo--
lonté. Qu'une personne reste couchée et qu'elle se couvre outre
mesure, on peut dire que la digitale, dans ce cas, ira de pair avec
les plus énergiques sudorifiques. Si l'on prend, au contraire, la di-
gitale debout, elle se montrera plus particulièrement diurétique.
Enfin d'autres circonstances en feront un purgatif si violent, que je
l'ai vue agir mainte et mainte fois comme l'eau-de-vie allemande.
Les remèdes sont donc bien plutôt des extenseurs et des déten-
seurs de la condensation du mouvement vital que des spécifiques
d'effets. Maintenant, comme je viens de le démontrer à l'égard
des deux grands spécifiques, émétique et digitale, si singulièrement
divisés, on peut croire que telle ou telle substance animale, végé-
tale, minérale, doit cependant avoir une sorte de propension pour
telle ou telle partie du corps. En effet, la belladone, l'opium, quoi-
que agents d'extension du mouvement, montrent des habitudes
spéciales tournées vers le cerveau, les sens de la tête, etc. En se
rappelant ce que j'ai dit concernant l'effet obturatif du cervelet,
sous l'impression des agents détensifs, on pourra se rendre un
compte plus exact de ce que je laisse ici volontairement sans expli-
cation plus étendue. Les apparences ont souvent donné raison à la
doctrine ancienne Similia similibus curanttt1', vulgarisée avec
tant de célébrité par Hahnemann et son école. Voilà pourquoi en-
core la doctrine des signatures eut un succès immense à l'époque
de Paracelse. Il y avait du vrai dans cette doctrine des signat.ures,
si on ne la prend pas sous sa forme ridicule comme il peut y avoir
du vrai dans la doctrine homœopathique en fécondant l'idée principe
de Hahnemann. On pourrait en dire autant de la pratique médi-
cale de M. Raspail, en analysant les effets produits et les ramendant
à un effet supérieur. Pourquoi l'ammoniaque, le camphre, ces
puissants extenseurs volatifs, amènent-ils si souvent des résultats
plus précieux que la méthode médicale la plus savante?. C'est que la
volatililé des substances engagées est un sûr garant de leur réussite.
Quand on fait peur de Croquemitaine à un enfant, le point de dé-
part est ridicule et erroné; mais le but est souvent atteint, l'enfant
se tient tranquille. Les entozoaires de M. Raspail jouent un peu le
même rôle Quand ils coexistent dans les maladies générales, ils
ne 'sont pas là comme CAUSE; mais comme accessoire, fait appré-
cié en médecine de toute antiquité; ils n'ont jamais, en tout
cas, la puissance actuelle morbide que M. Raspail prétend leur at-
tribuer. Mais M. Raspail ayant trouvé, par leur présence souvent
incontestable, le moyen de faire peur à son client, il impose un re-
mède si énergique, qu'il atteint, le plus souvent, un résultat favo-
rable. Un jour, à Saint-Rdch, une personne perd son parapluie; on
ferme les portes et l'on cherche le parapluie; il arriva qu'un voleur
émérite se trouva posséder légitimement un parapluie semblable à
celui qu'on réclamait il fut arrêté et gardé sous les verrous, quoi-
qu'on découvrît plus tard le vrai parapluie, cause du tapage, entre
deux chaises. Le voleur fut absous pour ce fait, mais resta de bonne
prise. Cette petite histoire me semble un apologue fort applicable à
la théorie et à la pratique de M. Raspail. On cherche des vers? et
l'on guérit Il est vrai que le vers ne se trouve pas toujours, ou ne
se trouve pas pour la cause cherchée; mais l'affaire est faite, le but
est attaint; le malade recouvre la santé; tout le monde est con-
tent. M. Raspail et son client. Il n'est pas étonnant, d'après cela,
que la médecine de M. Raspail soit devenue la médecine du peuple.
Le peuple aime les choses étranges, comme le grand monde aime
l'afféterie. La médecine homoeopathique à supposer qu'elle n'eût
pas d'autre raison d'être, avec ses petites dragées, nous rame-
nant à la boulette dorée de mie de pain du dix-huitième siècle,
prend une vogue très-compréhensible pour tout homme qui a la
clef de l'esprit humain. D'ailleurs, la méthode d'ilahnemann a
d'excellents et d'incontestables côtés. Hahnemann admet en prin-
cipe une dynamique non définie C'est déjà énorme, et un éclair
de génie. S'attaquant a cette dynamique il demande l'expérience,
en partant de la doctrine si connue du similia similibiis. Seule-
ment, son ignorance du point de départ le rejette immédiatement
dans une impasse celle des symptômes identiques. Il n'y a rien qui
prouve aujourd'hui que l'on ait absolument besoin de suivre ainsi
les symptômes à la trace pour guérir. Dans les maladies chroniques,
de tels dérivatifs se comprennent mieux encore que dans les mala-
dies aiguës; mais, quand le médecin se trouve en présence d'un fait
rapide, il faut lâcher prise. C'est du reste ce qu'a conseillé Hah-
nemann. Combien ce grand rêveur eût été plus grand encore, s'il
eût vu et indiqué la mutabilité d'effets qu'engendre la différence des
absorptions médicamenteuses Hahnemann a senti, par expérience,
que les médicaments échappent aux classifications méthodiques de
notre matière médicale actuelle mais, au lieu d'y voir la cause
physique des concomitants, il n'a aperçu que la question maté-
rielle et étroite de quantité, de poids! Je souhaite pour sa gloire
que le tempsconfirrne de telles doctrines. Le plus grand phénomène

gressif oudes soit donné de voir et d'étudier, c'est l'effet pro-


maladies typhiques, choléra, peste, etc. Dans
tout cela, le pofyty capital est, comme l'ont vu tour à tour llippocrate,
Ilahnemann et quelques autres, dans une question de dynamisme
pur. Le médecin qui se base sur une cause miasmatique a beau,
dans ces temps-ci, chercher à donner le changé si le miasme de-
vient cause, quelquefois, ce n'est qu'une cause médiate! Le mal
est dans le dynamisme. On comprendrait que dix personnes, je
suppose, renfermées dyns un local clos, d'où il se dégage de l'oxyde
de carbone, et mourant sous cette influence, puissent être dites
empoisonnés par l'émanation carboneuse. Là, le fait est non-seule-
ment matériel, mais il est général, il est fatal! Dans les pays à
fièvre jaune, à la Havane, notamment, l'homme non acclimaté meurt
au milieu de la population la plus riante, la plus sémillante qu'il
soit possible de rencontrer. Ce n'est donc pas à un agent toxique
fatal'qu'il a affaire; mais à un ensemble de circonstances qui dé-
truisent l'harmonie de sa dynamique organique. Si donc ni
Raspail ni même Ilahnemann n'ont su aborder le Comment de cette
cause, aussi bien que tant d'autres écoles savantes ou ingénieuses,
on comprend combien il est important d'entrer dans cette voie et
d'en développer la théorie rationnelle. J'appelle ÉTAT NORMAL la si-
tuation d'un homme chez lequel le fluide vital s'épand assez pour
entretenir la marche des phénomènes de digestion, et partant de ré-
paration et de consommation musculaire chez lequel, par consé-
qaent, le mouvementcondensé ne stationne pu, ne s'égare pas
dans telle ou telle partie locale de l'organisme de façon à déterminer
une congestion ou un travail anormal en cet endroit. Car, si la force
vitale fait retour sur les viscère, elle déviera le travail organique
normal, pour créner des maladies aiguës ou chroniques; selon que la
déviation se fera chroniquement ou avec les allures des affections
aiguës..de dis de même qu'il y aura encore perturbation, quand le
mouvement organique condensé se portera trop à la périphérie, de
façon à entraver le travail récurrent de la sensibilité, d'où naît le
travail utile à l'économie sociale.
En effet, portez l'activité vitale vers la périphérie, au moyen de
corps si volatils, qu'ils entraînent tout à la surface la sensibilité
générale s'effacera, la récurrence n'ayant plus lieu; et la force vitale
produite ne sera plus employée à la vie pratique, utile, sociale,
ce qui pousse aux grandes affections cutanées dartres, érysipèles,
gale, lèpre, etc. Un auesthésique est un corps doué d'.un tel effet sur
la force vitale, qu'il la pousse toute par extension à la périphérie;
ce phénomène empêchant, par sa prépondérance excessive, les
sensibilités récurrentes de se produire; c'est ainsi que nous voyons
la sensibilité disparaître par l'éthérisation, la chloroformation, etc.
Voilà pourquoi encore l'éther, le chloroforme, le musc, le rhum,
l'opium, ont eu tour à tour des succès empiriques dans le choléra
et dans toutes les maladies typhiques qui reconnaissent pour cause
réelle une rétention de la force vitale, trop concentrée dans les
viscères. Il en est de même encore dans ce qu'on a appelé les ma-
ladies nerveuses. Je ne crois pas qu'un nerf puisse amener une
maladie quelconque; si ce n'est la perte du mouvement et de la
sensibilité, auxquels les nerfs semblent présider uniquement. Mais
sont-ils les seuls agents de et de la rétention du fluide
vital? C'est ce que je ne me charge pas de décider, vu l'état peu
avancé de l'anatomie physiologique. Ce qui e passe dan-; les
ictères de la jaunisse semblerait démontrer que les éléments mo-
dificateurs du sang entraînent souvent avec eux des modifications
intimes de la condensation nerveuse. Je regarde la production de la
bile comme répondant, dans l'organisme, au besoin de la volatilisa-
tion des aliments, pour l'extension du fluide vital. La bile est un
liquide éminemment expansif par sa composition hydro-carbonée;
au moyen des sels de soude dont il est composé il envahit facilement
les voies vasculaires par sa volatilité d'hydro-carbure i! pénètre un
peu partout. La bile est donc chargée du rôle de pourvoyeur intra-
organique des éléments volatils nécessaires aux aliments. On a mon-
tré, par des expériences curieuses, qu'un anima! peut vivre sans sé-
crétion bilieuse. On n'a pas fait attention que la nature a pourvu à
la volatilité nécessaire, pour l'assimilation, par l'aromatisation des
plantes qui servent à notre nutrition et dont les principes se re-
trouvent encore dans le règne animal à la nutrition duquel elle a
servi de la même façon. Il résulte de cette vue, que la volatilité des
hydro-carbures pourrait bien avoir d'autres voies que celle des nerfs
seuls-, bien mieux, que les nerfs ne seraient certainement que les
collecteurs, les condensai ;irs de l'effet produit à leur côté dans les
tissus. Et quand le fait producteur de la bile serait entièrement
détourné, qu'est-ce que ceia prouverait encore? N'existe-t-il pas des
êtres sans poumon, sans cœur ou à peu près?. Dans l'organisme
rien n'est absolument NÉCESSAIRE à une vie rétrécie. Cela n'est
normal, rationnel, que pour la vie complète, étendue, à laquelle
nous nous sommes habitués. Je doute donc qu'un animal supé-
rieur, fonctionnant sans l'appui de la bile, fût apte à une vie richc-
ment productive, industriellement parlant. Les états nerveux de
haute tension vers la périphérie ont de tout temps intrigué et dé-
contenancé les médecins. Comment comprendre que des extatiques
puissent supporter des blessures affreuses, des violences extrêmes,
sans en éprouver aucune suite fâcheuse, aucun mal présent? A
moins que cette violence n'intéresse an organe très-sérieusement,
que voulez-vous qu'il en résulte? Le but de notre organisme, le but
fondamental, essentiel, est une marche de l'intérieur à l'extérieur.
On peut donc abuser de cette marche sans en souffrir ni physique-
ment, ni normalement; à moins d'un excès complet. C'est là ce qui
explique pourquoi la colère, expansion pcartielle, d'un genre dif.
férent de celle de l'extase, mais partant d'une cause commune;
la chaleur des combats, la distraction artistique, scientifique, pays-
sionnée, etc., détruisent certains effets de la sensibilité. Vous avez
une masse liquide dans un vase donné, jetez-y un fragment léger
il commencera à entrer dans cette masse; sauf, s'il y a lieu, à en
sortir par sa densité spécifique. Mais penchez votre vase, mett.ez
votre liquide en mouvement du dedans au dehors, non-seulement
ce fragment qui pénétrait la masse ne s'y introduira plus, mais ils
seront, lui et d'autres plus denses encore que lui, repoussés violem-
ment par le courant. Il ne se passe pas autre chose dans les phé-
nomènes de la sensibilité organique. Tant que notre corps reste à
l'état d'expansion équilibrée, les sensations extérieures nous pénè-
trent d'autant plus profondément que nous leur opposons une
expansion relativement moindre. L'hypocondriaque, dont le foie
et les reins sont congestionnés, accrochant en dedans la force vitale,
est si sensible aux faits extérieurs, qu'ils se revêtent pour lui de
conséquences forcées et déplorables. J'en dirai autant de l'anévrys-
matique, du pulmonaire, et de toutes les personnes attaquées for-
tement dans les viscères. Non-seulement ces faits se produisent pour
les maladies viscérales; mais cette femme douce, charmante, que
l'on ne peut approcher sans subir les charmes de sa présence, est-
elle toujours la même, au moment où la congestion mensuelle de
l'utérus porte l'expansion à l'intérieur? Et la femme enceinte?.
si susceptible, que les anciens plaçaient à sa porte un rameau vert
comme signe des singuliers privilèges attachés à cet état, bien
apprécié de leur sage physiologie sociale. Dans tous ces cas la sen-
sation extérieure entre il deux battants dans l'organisme, et ren-
contre des échcs répercutés qui la grossissent à l'appréciation céré-
brale. Mais l'homme gai, EXPANSIF, dit-on, le buveur modéré,
l'homme heureux, amoureux, glorieux, vain, etc., sont dans un cas
tout opposé. Cet accroc contre l'étiquette et les convenances, qui va
exaspérer l'hypocondriaque, ne sera pas aperçu par l'orgueilleux;
que de fois même celui-ci prend-il cela pour une distinction qui
n'est faite qu'à l'endroit de sa haute personnalité! L'équilibre
normal consiste donc à avoir assez d'expansion pour éviter les con-
gestions viscérales; et pas assez pour devenir insensible aux effets
de la sensation extérieure. Ces observations vont expliquer ce qui
a semblé jusqu'ici inexplicable comment des corps anesthésiques,
soporitifs. etc., peuvent être en même temps irritants, toni-
ques, e'c. Je prends un verre d'eau-de-vie le premier effet est
expansif! donne de la force musculaire, de la gaieté, de l'assu-
rance, du babil. Mais cet agent d'expansion n'a pas agi sur l'or-
ganisme avec son seul effet propre, spécial; il attire avec lui le
courant de la force vitale amassée, et cela avec d'autant plus de
perte et d'intensité, qu'on a poussé plus loin l'emploi de l'agent
extenseur; comme un mauvais compagnon, il entraîne le reste dans
sa débauche. Il n'y a donc rien de bien étonnant, à ce qu'à cet état
d'excitation primordial il succède un état d' affaissement et de
prostration. L'organisme ayant dilapidé sa réserve, la ruine s'en-
suit. L'effet de l'opium, du haschisch, de l'absinthe, etc., n'est pas
autre. Le premier mouvement es' d'expansion; le second est de
prostration. Il n'existe pas une substance au monde qui puisse
amener la prostration, sans nous faire passer par l'expansion. Tout
le talent du thérapeutiste consiste à diriger cette expansion sur des
excrétions douces ou bénignes, comme le diurétisme, la sueur, la
purgation, le vomissement, etc., et non sur les mouvements pure-
ment musculaires ou nerveux qui fatiguent l'organisme.
De même qu'avec du charbon brûlé d'une certaine manière
nous transformons la force chimique de la combustion en des
myriades de produits utiles; de même, le médecin moderne doit
transformer l'excitation apportée parcertains médicaments,en toutes
sortes d'effets, désirables pour la santé de son client. Il faut aller
plus loin qu'Hahnemann Celui-ci se bornait â dessillionner la ma-
tière transformons ses actes, par la combinaison, variable à l'in-
fini, des circonstances extérieures concomitantes qui lui seront
opposées. Voilà le rudiment de la médecine de l'avenir. Il est tout
dans le génie du praticien, aidé de saines doctrines d'une physique
rationnelle. Quand on prétend dire que les novateurs compro-
mettent la médecine, ou ne sait guère ce qu'on dit; car la médecine,
qui fut autrefois le partage des dieux, puis des prêtres, enfin des
rois; compromise aujourd'hui par l'incertitude des principes,
reprendra le premier rang des connaissances humaines, en se con-
fondant avec la physique rationnelle, sur laquelle tout repose.
L'homœopathie ne servirait-elle qu'à porter le premier coup à la
routine anatomo-pathologique, que nous devrions des palmes au
génie d'Hahnemann. Seulement il s'agit de ne pas se laisser aller
aux pseudo-principes tirés de la superficie des expériences. En effet,
Hahnemann, partant de ce fait que toute affection pathologique
doit avoir un symptôme similaire ou à peu près, produit par un
agent extérieur, similia ou simillima, dit à ses élèves « Cherchez
cet agent producteur des symptômes similia ou siniillima! Ceci
est avancé d'une façon bien inconsciente, scientifiquement parlant.
Il faudrait prouver avant tout que l'organisme n'a pas besoin
d'effets contraires. Or, dans toute la nature, dans la mécanique,
dans l'emploi des forces quelconques, on rencontre des principes
opposés. Comme empirisme, j'aurais plus de confiance à la mé-
thode de M. Raspail qu'à la médecine homœopathique. Jamais
méthode n'a effectué des cures aussi rapides, aussi sûres, aussi
nombreuses que la méthode de ce dernier; pourquoi? Je l'ai déjà
dit, mais on ne saurait trop le répéter parce que M. Raspail,
sans s'en rendre un compte exact, mais empiriquement, est tombé
sur de très-puissants extenseurs du mouvement, le camphre
et l'ammoniaque. Malheureusement, le camphre porte son effet
d'une façon trop spéciale sur le cerveau; et l'ammoniaque pro-
duit des épanchements sanguins intérieurs, peu appréciables
au moment de la cure, mais fort dangereux pour l'avenir. Sans
prendre la digitale sous ma protection, ou plus qu'il n'est utile,
puisque je n'attends rien d'intéressé de son emploi, je comprends
néanmoins l'empressement des médecins allemands et italiens
pour un agent qui semble n'avoir pas de mouvement spécialisé
dans notre organisme, et qui agit franchement en extenseur gé-
néral de la condensation vitale.
Nous avons assez parlé des médicaments au point de vue de l'ex-
tension, parlons un peu des poisons, dans ce même sens. J'ai à
peine besoin de dire qu'ils agiront à deux points de vue différents
les uns simuleront ou enfanteront de vraies congestions viscérales,
les autres tueront par l'excès d'expansion qu'ils amènent. Les poi-
sons minéraux sont connus pour les lésions douloureuses qui s'é-
tablissent sous leur influence dans le parcours du tube digestif.
Un empoisonnement de ce genre simulera un véritable choléra-
morbus, en tenant compte des nuances qui doivent s'ensuivre né-
cessairement. Avec les poisons organiques, les faits sont opposés,
généralement; on trouve rarement des lésions matérielles dans les
organes de plus, le trouble ne s'établit pas seulement dans le
parcours du tube intestinal, mais dans la circulation générale
elle-même. Ils agissent alors comme décondensateurs du mouve-
ment. qu'ils entrainent dans des convulsions générales, par une
dispersion variable suivant leur nature et les circonstances spécia-
les de leur absorption.
Une des formes morbides les plus terribles des non-extensions du
fluide vital, c'est la forme chronique amenée par le dégoût de la
vie, les chagrin, l'isolement, etc. Au bout d'un certain temps,
l'organisme, s'habituant à la non-expansion, cesse, par cela même,
de prendre les aliments nécessaires à cette expansion.quireste alors
au-dessous du type normal. Les brouillards, constants en Angle-
terre, amènent le spleen par impossibilité de dispersion. L'inap-
pétence amène encore d'autres phénomènes à sa suite; et de point
en point on arrive à une congestion intérieure, viscérale, produisant
une lésion fixe; et finalement la mort. 11 y a donc aussi, comme
on le voit, une maladie chronique de non-extension se bifurquant
plus tard en des parties qui deviennentanatomo-pathologiques, par
fixation continue de l'afflux vital. De sorte qu'en fin de compte,
lorsque le médecin reçoit le sujet sur la table d'aiJ^âlhéâtre, s'il
n'est pas doué d'une force sérieusement philosophique, il a le droit
dé dire souvent Yoil.â un fait matériel, voilà un organe malade,
je n'en. demande plus d'autre 1) A-t-on toujours l'esprit de lui ré-
pondre Voici un extatique, je vais produire sur lui vingt fois
la valeur morbide que vous désignez sur ce cadavre; et non-seu-
lement cet extatique ne fera aucun mouvement de souffrance, mais,
réveillé, il ira à ses travaux ou à ses plaisirs sans s'en apercevoir.
Notre organisme est soumis à un écoulement, régulier et TYPIQUE, de
la force énormon. Tout ce qui fera dévier cet écoulement, soit en
le retenant par concentration démesurée au milieu des viscères,
soit en répandant avec trop de prodigalité à l'extérieur, amènera
des troubles patents; que ces divers phénomènes partent de cir-
constances purement physiques, intérieures et extérieures; ou sous
l'influence de l'ingestion alimentaire et thérapeutique. 11 en sera
de même, comme je l'ai fait voir ailleurs, lorsque la force énormon
se trouve confinée dans l'organisme, par une obturation périphé-
rique, dérivant d'une cause morale ou physiologique. Tous ces
points divers doivent devenir la préoccupation constante du mé-
decin.

XIII

Description physiologique de la digestion.

Nous venons de parcourir la partie de haute physique qui a trait


à la digestion; il est nécessaire d'entrer, maintenant, dans les détails
spéciaux qui concernent les diverses phases de cette fonction, don-
nant lieu à la discussion qui s'est élevée entre M. Claude Bernard
et ici. Mialhe dans l'action de la diastase animale salivaire. M. Ber-
nard nie que la salive, en général, produise d'action avant. l'arri-
vée du bol alimentaire dans les intestins. M. Claude Bernard doit
avoir raison comme action générale; mais ne faut-il pas faire
une réserve particulière; puisque, évidemment, la salive a, ainsi
que M Mialhe l'a établi, une action dissolvant et transmutatoire
sur les fécules introduites seulement dans la bouche? Tout le
monde est d'accord que la salive ne produit rien sur les substances
azotées. Cependant, il est certain que par la suite, dans les in-
testins, la salive doit contribuer à cette fermentation normale qui
est l'essence même de la digestion. Ce fait se passe dans les in-
testins, doués au plus haut degré de la propriété de recevoir le
protéisme nécessaire à l'absorption des aliments transformés. Les
aliments alcalins facilitent la production du suc gastrique; et pal
cela même la digestion; il n'en est pas de même des matières
acides qui retardent et souvent entravent cette digestion. N'est-ce
pas à cela, en effet, qu'il faut attribuer ie rôle acide du suc gas-
trique qu'on dirait placé là pour empêcher un trop rapide déve-
loppement de cette fermentation qui, sans cela, gênerait les fonc-
tions cérébrales par le développement de gaz asphyxiants; ainsi que
cela arrive dans beaucoup de digestions trop brusques, ou d'éma-
nations gazeuses anormales? Les physiologistes, n'ayant pas saisi
ce point particulier, n'ont pu faire là-dessus des expériences qui
auraient été faciles à Beaumont, aidé de sor. Canadien, à Circaud
et à Helin, sur des femmes atteintes de fistules stomacales. Le suc
gastrique ramollit plutôt qu'il ne dissout puissamment les aliments;
il paralyse même sans doute l'effet diastasique de la salive. Cette
découverte de M. Claude Bernard offre un travail précieux; car
c'est avec lui qu'on peut appuyer l'idée didactique d'une fermen-
tation normale. M. Claude Bernard a prouvé que c'est dlns l'in-
testin grêle que se passent réellement les phénomènes de la liqué-
faction définitive du bol alimentaire. Le résumé de la théorie de la
digestion stomacale, d'après M. Mialhe, serait donc que le suc gas-
trique, composé de deux éléments, ramollirait le bol alimentaire.
par ses acides; et s'imprégnerait d'un ferment unique, la pepsine,
qui se retrouve dans tous les liquides de l'animalisation. La pepsine
agirait uniquement sur les corps albuminoïdes, qu'elle transfor-
merait em albuminose, comme la diastase de la salive transformé
rait les amylacés en glucose. 11 y aurait alors un temps intermé-
diaire, pendant lequel l'albumine serait transformée en chyme, et
les amylacés en dextrinc; pour passer ensuite en albuminose et
blucose absorbables directement. Dans tout ce que je viens de sup-
poser sur la digestion, on voit qu'il n'est pas question un seul
instant de la puissance physique imprimée sur les aliments en
voie de transformation; au moyen de l'agent vital. On dirait que
jamais physiologiste n'a entendu parler des effets singuliers exercés
par un orage sur les cadavres, la viande de boucherie, et même
sur des organismes en plein mouvement vital. J'ai fait des expé-
riences tur des chymes artificiels, en leur faisant absorber pendant
longtemps des électricités modifiées par des carbures, baleine,
gutta, corne, etc. J'ai pu me rendre compte parfaitement de la
puissance de cette électricité sur la fermentation stomacale. Mais,
ces expériences étant en cours d'exécution, je me réserve d'y
revenir spécialement plus tard. Il n'est pas moins vrai que le mou-
vement vital crée les sucs divers qui imprègnent la masse alimen-
taire et qu'il les accompagne, à leur sortie des glandes, dans tout
ce même travail entièrement dominé par sa puissance. Je me suis
hâté de prévenir le lecteur, au commencement de ce livre, qu'il
m'est impossible de présenter en même temps des idées neuves
dans la science, et le détail ordinaire des descriptions d'école. Celui
qui travaille pour les examens suivant un programme tout tracé,
sa manière d'écrire se rapporte essentiellement à ce qu'on veut de
lui; mais l'auteur voué à la découverte de phénomènes nouveaux,
ou d'analyses spéciales, ne peut indiquer les tracés d'école, sous
peine d'ensevelir les idées les plus neuves sous les choses les plus
vulgaires. J'ai toujours pensé, pour ma part, que les livres philoso-
phiques ne peuvent être lus d'une façon utile que par ceux qui
connaissent bien les traités de détails, constituant un système élé-
mentaire grammatical celui qui fait un livre philosophique sait
fort bien que les esprits inférieurs préféreront, aux idées originales
mais trop généralisées qu'il professe, le plus détesu.il( cdmpen-
dium pourvu que ce dernier contienne en entier les rapsodies
d'école. Il y a un moyen terme à prendre en ceci c'est de lire ces
compendium d'examen, de concours, de spécialité, etc.; et de ne
recourir aux travaux philosophiques que postérieurement; lorsque
1 âge, l'instruction, une position de fortune personnelle ou profes-
sionnelle, permettent de se livrer à des études sérieuses et indépen-
dantes. D'après cela, qu'on me permette, dans le tracé de la diges-
tion, de m'en tenir à des lignes générales; alin de garder toute mon
attention pour les choses neuves et importantes que j'a,' la prétention
de répandre dans le public. Ma manière de penser à cet égard est
justifiée par le peu de fixité des opinions de la science sur l'ex-
piication de certains phénomènes intérieurs, qui varient tous les
dix ans, sans qu'on puisse arriver à fixer rien de bon là-dessus. Ce
n'est donc pas la peine de se donner tant de mal à apprendre, pour
voir l'appréciation d'aujourd'hui vieillir avant que la couverture
d'un livre ait changé de couleur. A quoi me servirait-il encore
de donner ia description des appareils anatomiques qui concourent
au travail préparatoire de la digestion? Serais-je bien plus avancé
quand j'aurais bourré, de l'anatomie des autres, un énoncé qui
devrait s'en tenir dans toute physiologie vraie, à l'étude de l'assi-
milation des corps alibides introduits dans l'économie? J'admire le
paon et ses plumes; mais je n'aime pas à le dépouiller! à me
couvrir de ce qui ne m'appartient pas; quand bien même il s'agirait
de fasciner le vulgaire. Mon affaire, à moi, c'est la physique et la
chimie Au milieu des évolutions digestives, restons donc dans la
digestion. Du reste, s'il est quelque chose de connu en ce monde,
d'un lecteur quelconque, ce sont les premières notions sur le boire
et le manger; que de natures grossières en remontreraient sur ce
point au plus grand des physiologistes! Je ne sache donc pas que
j'aille commettre un grand crime, lorsque je me contenterai de
dire que, depuis l'appréhension naanuelle de l'alirnent jusqu'à son
arrivée dans le gosier, tout le monde n'a évoquer. des sou-
venirs, ou même à en rester l'acte, pour en savoir aussi long que
moi. Si nous voulons aller au delà de ces notions premières, pas-
sons à l'amphithéâtre et faisons de l'anatomie!
Un homme qui éprouve le besoin de manger introduit par la
bouche, et comme il peut, l'aliment dont il attend sa réfection. S'il
y a lieu de lui faire subir le tr,avail. mécanique de la mastication
dentaire ou gencivale, il procède instinctivement, par la nécessi té ou
au moins par l'utilité d'imprégner, en même temps, la masse ali-
mentaire des sucs qui sourdent dans la bouche au moment de la
mastication. Les deux choses qui dominent tout le reste à ce pre-
mier moment sont la mastication et l'insalivation. Par des efforts
mécaniques, res^ tant de l'anatomie descriptive, l'aliment ainsi
élaboré entre dans l'estomac. Ici commence le travail sérieux du
physiologiste! Car le pauvre, comme le riche, connaît bien, de
visu, la mastication et la salivation; mais du pauvre comme du riche
il y en a bien peu qui aient trouvé le moyen de porter la vu- au
milieu de l'estomac. Depuis la plus haute antiquité la digestion a
été retournée dans tous les sens dogmatiques. Malgré cela, chaque
système admis tour à tour ne répond guère qu'à une face du phé-
nomène de digestion. La première hypothèse, par sa date, a porté
sur la coction d% aliments. Comment pourrait-il en être autrement.
lorsqu'on voyait se renouveler le travail culinaire de chaque jour,
entrepris sans contredit pour faciliter la digestion? Cette digestion,
dans l'estomac, n'était-t-elle pas évidemment cité-même une coction
plus avancée, plus exsete, plus sûre? Malheureusement, il arrive,
dans la coction de nos fourneaux, que ce sont les aliments les plus
cuits qui deviennent souvent les plus indigestes! L'adage popu-
laire

Lard trop cuit et pigeons crus


rendent les cimetières bossus,

pourrait se généraliser plus qu'on ne le pense. Il y a deux grandes


classes de cuissons possibles, celle qui doit être légère, celle qui
doü être profonde. D'un autre côté, l'analyse chimique démontre
que la cuisson seule, au lieu de dissoudre certains aliments, n'ar-
rive qu'à les rendre plus cori.aces et partant plus insolubles. Ceci
est-il une raison pour jeter la coction honteusement à la porte de l'é-
cole, sans lui accorder la moindre place dans le phénomène? Nulle-
ment, nous verrons ailleurs que la coction agit pour partie dans l'acte
digestif; mais pour partie seulement. Ce que je viens de dire de la
coction, relativement au travail digestif, je pourrais le répéter pour
la fermentation; la fermentation n'étant guère comprise jusqu'ici
d'une façon réelle, on «émettra sans peine que les anciens s'en
soient tenus au travail apparent, grossier, qu'on voit s'établir dans
un cellier. La digestion portant quelques gaz, ceux des éructations,
puis, des liquides et des solides; la fermentation, dis-je, fut pour
eux le type de la cause digestive. Étudièrent-ils le comment et le
pourquoi, de cette cause ? peu ou point! La digestion est une fer-
mentation. Si cela ne vous en dit pas assez, descendez à la cave,
vous en saurez plus loni. J'ai fait voir à satiété que la fermentation
vineuse, alcoolique, etc., n'est qu'un cas particulier des dédouble-
ments organiques; le type qu'on assoit sur ce cas particulierpéchera
donc, nécessairement, par un défaut de largeur et de généralité.
Au fond cependant, la fermentation est «a système qui se rappro-
che le plus des phénomènes digestifs elle s'en rapproche comme la
partie se rapproche de l'ensemble. Aussi, pouvons-nous dire que
l'hypothèse-fermentation va se ranger auprès de l'hypothèse-coction,
comme une face nouille de la recherche physiologique en ques-
tion Même, comme une face fort remarquable. C'est à peine si
nous avons à dire un mot de la putréfaction La putréfaction n'é-
tant qu'un mode spécial. de la fermentation, ce que nous avons
admis de la fermentation s'applique en tout point, et à fortiori, à la
putréfaction. Quand les physiologistes professaient les principes de
la fermentation, ils avaient en vue les gaz éructifs et le liquide du
chyle. Si au lieu de cela, détachant leurs regards de côté, ils se tour-
naient vers les produits excrémentiels, tues et urines, ils se déter-
minaient pour la putréfaction. La trituration, admisse par les mé
caniciells pour base de la digestion, rentre dans les idées de
coction, et, quoi qu'en aient pu dire Réaumur, Spailanzani, et quel-
ques autres, le mouvement de l'estomac et de toute sa machine hu-
maine aide à la digestion. L'exercice que nous faisons instinctivement
âpre.; le repas ne parle-t-il pas de soi? Tous les mouvements mus-
culaires se répondent non par sympathie, ce qui ne veut rien
dire, ce qui n'ajoute qu'un mot de plus à un fait déjà obscur; mais
par RÉSISTANCE antagoniste. Or, comme il n'y a pas de résistance
sans déploiement de force, il s'ensuit que des organes en repos pour
nos yeux, ou distraits ou prévenus, agissent réellement par anta-
gonisme. La trituration peut donc réclamer une part dans le phé-
noméne de digestion; faites-lui la part que vous voudrez. il lui
en faut une. Les physiologistes, pour expérimenter une théorie, in-
staurent généralement une expérience de laboratoire qui tend à
prouver ceci ou cela; bien souvent ce qu'ils essayent de prouver
devient très-vraisemblable d'après leur examen. Seulement il se fait
qu'en prenant chacune des hypothèses connues, les unes après les
autres, on arrive à supprimer la nécessité de toute action quelcon-
que. Cela offre le plus bel exemple d'une preuve par l'absurde,
amenant l'impossibilité de rien élucider, lorsqu'on ne se place pas
dans les voies générales et usuelles, dans lesquelles la nature se
tient eWe-même. Pour moi, tout concourt, tout conspire, tout con-
sent, ainsi que le dit Hippocrate, dans les phénomènes de diges-
tion comme ailleurs. La position que la chimie a prise dans les
temps modernes a fait abandonner toutes les hypothèses que nous
venons d'énumérer, pour ne s'étayer que sur la dissolution chimi-
que des aliments. Mais quel est le dissolvant chimique? Pour cela
on se dispute! et l'on se disputera bien longtemps. Car chacun des
liquides de l'organisme est appelé à mêler ses éléments dans la
combinaison dissolvante; selon l'état utile, actuel, de l'organisme
sain ou malade; ces liquides se remplacent mutuellement; et se
combinent entre eux comme les couleurs d'une palette, pozer amener
tel ou tel résultat. Dans l'état normal une glande sécrète, à peu de
chose près, un liquide spécial, distinct, arrêté; mais, si l'on altère
la fonction physiologique de cet organe, son voisin, son correspon-
dant, celui qui se rapproche S<> plus de la fonction, se trouve bientôt
chargé par la masse sanguine d'un travail éliminatoire ou collecteur,
répondant à la fonction normale détruite. Voilà une loi qui est im-
muable dans l'économie des êtres vivants. a lieproduclion des fonc-
tions normales, pear des organes étrangers, les plus voisins, en cas de
perte ou de paralysie de l'appareil approprié. L'aveuôle sent son
tact augmenter à un raint que bien des yeux en seraient jaloux. Le
manchot étoune ceux qui ont deux bras, par les actions du seul bras
qui lui reste. Il y a quelques années, la première danseuse de l'Eu-
rope, le premier danseur des salons de Paris, étaient boiteux tous les
deur La démarche ravissante de madame de la Vallière est passée
en proverbe. Défiez-vous de la surveillance d'un borgne Or, ccm-
ment voulez-vous que ce qui se passe pour des appareils aussi arrêtés,
aussi compliqués, aussi spécialisés que les membres et les sens
extérieurs, ne se reproduise pas identiquement dans les viscères?
Le jour où le physiologiste voudra bien descendre dans cet ordre
de faits, il se rendra un compte plus exact des anomalies singuliè-
res qui le déroutent aujourd'hui par le résultat des recherches de
détail. Tel expérimentateur jure. ses grands dieux que la salive a
dissous ceci et cela tandis que son adversaire prouve que la salive
ne dissout rien du tout. Mais quelle salive? De quel organisme pro-
vient-elle ? à quel temps des évolutions organiques a-t-elle récoltée?
Et ce que je dis de la salive s'applique identiquement au suc gas-
trique, au suc pancréatique, il. la bile. Avant de raisonner sur les
faits, et de tant les spécialiser, examinez donc le sujet sur lequel
vous opérez, ayant toujours 1\ l'esprit ceci « C'est qu'en des orga-
nismes aussi compliqués que celui de l'homme; compliqués moins
encore par. les détails d'un mécanisme matériel que par un apport
de luxe, d'éléments industriels purement vitaux, les rouages de ce
mécanisme se remplacent dans leurs fonctions arrêtées, à cause du
luxe même de cette machine humaine, et au moy.w d'appareils
de moindre valeur.
Quand un homna^ habitué à tout le confort de la vie vient à dé-
choir ? il ne faut plus qu'il compte sur les grands salons de récep-
tion qui faisaient son orgueil sur les vastes bibliothèques, les salles
de bains où il trouvait des sensations distinctes, divisées à plaisir
pour empêcher la satiété. i'ius de ces chambres d'été et d'hiver
avec lesquelles il bravait l'inclémence des saisons extrêmes! Eh
bien, malgré cela, on rencontre souvent des riches déchus qui se
trouvent fort heureux de pouvoir se retirer dans un modeste logis,
où la vie se passe au milieu d'une ou deux pièces convenables. On
en rencontre même qui ne meurent pas -pour cela, lorsqu'ils se trou-
vent forcés de monter dans une mansarde brûlante, pour laquelle,
cuisine, salle à manger, chambre à coucher, sont confondues dans
un trou de six pieds carrés, n'ayant pour ciel que des plâtras de
cheminées. Le corps humain est un édifice de luxe. je le répète
encore et je voudrais que jamais le physiologiste ne perdit celade vue.
Nos membres, ou systèmes industriels. nos viscères, nos glandes,
nos appareils d'excrétion et de sécrétion, sont répétés, variés, divisés,
combinés à plaisir pour nous donner une existence royale, dans la
nature comparative des êtres du reste de la création mais ce roi
peut déchoir, en tombant au rang le plus infirme Marine de Mé-
dicis mourut de faim dans un taudia; Grégoire Vil n'eut pas un
meilleur sort à Salerne! Et, cependant, il leur fallut vivre. et ils
vécurent. comme vit un malheureux chez lequel de grandes cala-
mités ont détruit les appareils organiques de luxe donnés initiati-
vement par la nature. Ce n'est donc pas pour rire que de tout temps
l'homme a été appelé le roi de la création Rien qu'à la manière
de traiter ses sujets on n'eût pas dû le méconnaitre! Toutes les
disputes sur les propriétés ABSOLUES des liquides digesteurs représen-
tent donc un non-sens physiologique, puisque les liquides peuvent
varier, etsouvent se remplacer. 8 il était possible d'éliminer les grands
appareils qui fournFissent ces sécrétions, sans faire péricliter le reste
de la machine souveraine, nul doute qu'au bout d'un temps donné
les appareils voisins de fonction ne se modifiassent ou. ne modi-
fiassent leur fonction, de façon à remplacer dans des limites par-
ticulières la fonction disparue. C'est ce qui a été observé dans
bien des cas spéciaux. Que d'anomalies, de contradictions, de mons-
truosités inexpliquées l'on pourrait compiendre, en s'armant de
ce principe essentiellementphysiologique Les auteurs qui ont traité
le sujet dans leurs écrits, comme Burdach, Tiedman n, Milne
Edwards; etc., ont eu trop en vue ce que ce dernier a appelé la di-
vision du travail, au point de vue des appareils extérieurs. La
loi organique générale n'est pas la division ce qui est ici le fait
important, c'est le LUXE de fonction luxe qui peut disparaître,
sans détruire la vie; puisqu'il ne porte que sur les accessoires qui
la concernent. Magendie prouva autrefois qu'nn seul aliment, azoté
ou non, riche ou non en principes assimilables, finissait par ne
plus être admis dans l'organisme des chiens; tant la spécification,
même alimentaire, est contraire aux lois vraies de la physiologie.
M. Bernard a prouvé à son tour qu'on digère sans salive, sans suc
gastrique, sans biR le crois même que si l'on n'a pas été plus
loin, eu égard au suc pancréatique, c'est que les expériences sont
mal posées et manquent des précautions que je signalais dans les
paragraphes ci-dessus 4° ne plus nuire anatomiquement à la ma-
chine entière; 2° donner le temps aux appareils voisins de sécré-
tion de se mettre en mesure de remplacer la sécrétion disparue. Pu
reste, c'est ce que M. CI. Bernard est obligé d'avouer implicitement
dans sa dix-huitième leçon, lorsqu'il professe le mélange néces-
saire de divers sucs de l'intestin, pour amener des effets de dissolu-
tion convenables.
S'il se trouvait un observateur assez peu logique pour repousser
cette loi que j'invoque, rt qui s'en tienne à un liquide chimique
spécialisé, suc gastrique ou suc pancréatique, peu importe; je lui di-
rais ceci « Admettons que le suc pancréatique soit le seul agent de
dissolution des matières alimentaires, l'hypothèse tombera dans
l'eau si dans toute la création je puis arriver à mettre la main sur un
seul animal qui digère sans pancréas. » A cela on me répondra que
ledit animal rne digérera pas un poulet à la Marengo, et du homard
à l'huile Les questions organiques ne reposant pas sur des détails,
le système der,. £laboralions alimentaires est tout aussi inexplicable
dans le sale repas du lombric que dans le diner d'un prince palatin.
La digestion est un fait presque abstrait, tant il est général et con-
nexe dëas toute la nature. Je me croirais bien près de trouver le
plus si je mettais la main une bonne Ibis sur le moins. L'anatomie
comparée me faisant voir que certains animaux digèrent sans soupçon
de foie, de pancréas, de ceci, de cela, j'en conclus que le liquide
sécrétoire destiné à la transformation des aliments se confectionne
ailleurs; bien mieux, qu'il reste sans séparation dans la masse des
humeurs, et qu'il imprègne le chyle jusqu'à son passage dans les
lymphatiques. que dis-je, au milieu du sang, au milieu 'le la cir-
culation même! Voulez-vous aller encore plus loin? Admettant que
la création soit une spécialisation du possible. ne pourrait-on pas
rencontrer des êtres organisés, chez lesquels l'aliment neuf fonction-
nerait protéiqllcment au milieu de la circulation, sans adjonction
sécrétoire préalable ? C'est en effet ce qu'on rapporte des classes
inférieures de la zoologie. Qu'est-ce donc alors que l'élément diges-
teur, abstraction faite de toute localisation glandulaire? L'élément
digesteur n'existe pas absolument. en taut que fait spécialisé!
mais seulement comme idée rationnelle et abstraite. Car, s'il n'y
a pas de digesteur-agent, il y a une digestion-principe; et ce prin-
cipe est celui-ci u Similia similiblls gignuntur. 1) c'est-à-dire que
la masse des éléments ingérés, après avoir subi les actions prépara-
toires du tube intestinal et de ses accessoires, a besoin de se mettre
en contact avec la chair coulante, le sang, pour arriver à l'animali-
sation définitive; a besoin, en un mot, de se tonauser au contact de
ce à quoi elle prétend ressembler. Si nous ne pensons pas avec
M. Bernard que la salive et le suc gastrique aient une action aussi
limitée que celle qu'il leur attribue, vis-à-vis du suc pancréatique
surtout, nous sommes complétement de son avis lorsqu'il démontre
le peu de digestibilité réelle des aliments pendant leur parcours
à travers le tube alimentaire. Évidemment il y a là quelque chose
d'incomplet qui saute à la vue du meilleur observateur. Je ne re-
garde pas cette belle étude de M. Bernard comme un de ses moin-
dres titres à notre reconnaissance; nous avoir débarrassé d'une
sorte d'entité chimique, digesteur irrésistible, mystérieux, que tout
le monde invoquait, auquel tout le monde croyait, et dont la valeur
n'est que dans notre imagination; tout cela n'est pas peu de chose!
Cependant, je le répète, la salive, rien que par son élément vis-
queux et bien animalisé, enveloppant, enserrant le bol alimentaire,
s'étayant de l'activité plus ou moins cîiimique du fluide gastrique;
commence, sous l'effort de l'afflux vital, une assimilation pour
laquelle nous nous rnuitîsons peut-être injustes; il en est de même
sans aucan doute des autres déversements intestinaux; notamment
de la bile et du suc pancréatique. Mais comme fait général et appa-
rent il est clair, il est certain que l'animalisation se fait par le temps
et par le contact tonalisateur, et sous l'influence nécessaire des
forces physiques; ainsi que je le démontrerai par une expérience-
principe au titre des Mystères de la vie, où j'ai réuni, dans un
cadre synthétique, les faits nouveaux qui m'ont éclairé dans mon
travail. Sans cela, expliquez l'introduction morbide des substances
animales définies, sérum, albumine, sucre, etc., qui, amenées
brusquement dans la circulation, par une injection forcée, se re-
fusent presque constamment, pour ne pas dire toujours, à l'assi-
milation Le temps et le contact. ces deux agents tout physiques,
nous forcent donc d'avancer en médecine, comme ailleurs, que,
sous les faits les plus matériels, les plus spécialisés, en apparence,
il se cache toujours des principes de physique transcendantale. les
lois de la tonausatiom en an mot! Si des observateurs clairvoyants
et loyaux ont quelquefois aperçu dans certaines digestions des phé-
nomènes avancés en assimilation, qui leur ont laissé croire à un
agent assimilateur réel et défini, rappelons-nous que, par la loi de
tonalisation, se produisent quelquefois des actions si puissantes, si
énergiques, que le tube intestinal, aidé des animalisateurs salive et
autres, peut aussi, sous la pression de l'afflux vital, et comme ex-
ception, amener des assimilations de la plus haute valeur; mais
très-contestables encore, sans doute, à un point de vue stret;
quand le temps, le contact de la grande circulation et les forces
électro-organiques ne leur ont pas apporté un concours définitif.
Ces cas spéciaux ont dû amener la pensée si vulgaire, depuis les
temps modernes surtout, d'un agent unique, matériel, d'assimilation
intestinale; je dis depuis les temps modernes; en effet, l'antiquité
tout entière s'était arrêtée à des phénomènes de simple coction ou
de fermentation, qui ne préjugeaient rien à cet égard; les savants
anciens se trouvaient avoir pris la position que M. Bernard a choisie
lui-même aujourd'hui. C'est l'avènement de la chimie analytique qui
a porté les physiologistes à espérer de mettre la tuain sur ce phéuix
insaisissable; or, ce phénix n'en a pas moins reculé incessamment
devant leurs recherches, jusqu'au jour où nous le voyons s'envoler
par le travail du vivisecteur. Ce qui doit frapper dans nos études,
c'est la singulière coïncidence des principes de haute physique
venant constamment se substituer, u:ôme en médecine, aux prin-
cipes anatomico-physiologiques, tirés d'une étude incomplète; ou,
si vous aimez mieux, de la prétention d'expliquer la médecine par
la médecine elle-même. Toutes les sciences, jusqu'ici, ont admis la
physique comme leur mère et comme leur directrice; on peut
même dire qu'elles sont allées au-devant de cette admirable géné-
ratrice des principes naturels. La médecine seule, retranchée der-
hère ses cadavres, enchevêtrée dam les libres, les vaisseaux, les
ligaments, etc., a cru, jusqu'au dernier jour, se passer de tout
secours étranger; et braver l'idée générale le scalpel à la main!
On n'est jamais trahi que par les siens; c'est un anatomiste. u.:
très-grand anatomiste, M. Cl. Bernard, qui lui a donné ie coup de
grâce; par son magnifique travail sur le pancréas, qui réllète sur
toute la digestion d'une façon très-lucide arrivant, après seize cents
ans, aux conclusionsde Galien, qui dit « Pour suivre la comparaison
que j'ai choisie, imaginez que le suc versé de l'estomac dans le foie,
par suite de la chaleur du viscère fermente et bouillonne comme
le vin doux, et se transforme en un vin pur. Ainsi, après avoir
admis les trois grandes constatations physiologiques dont M. Ber-
nard a enrichi ses études, 1° la fonction de la panse stomacale, assi-
milée par lui à la puissance de l'eau bouillante; 2° le rôle du pan-
créas dissolvant les graisses; 5° la fonction saccharo-plastique du
foie; voyez combien l'antiquité côtoyait la vérité par des intuitions
bizarres; comme ils ont bien deviné la plaslicité, si ce n'est la sac-
charification d'où cette plasticité dérive! Écoutez plutôt encore
Aristote et Platon, cités par Galien
«
Érasistrate est bien plus absurde et plus ridicule encore, soit
qu'il ne songe pas que la coction est analogue à la cuisson dans un
liquide, comme les anciens ont dit, soit qu'il se trompe lui-même
volontairement. Il prétend donc qu'il n'est pas juste d'assimiler la
coction produite par une chaleur Modérée à la cuisson dans un
liquide, comme s'il fallait placer sous l'estomac les feux de l'Etna,
ou comme si sans cela ce viscère ne pouvait altérer les aliments,
ou encore comme s'il pouvait les altérer, mais non par sa chaleur
innée, qui est humide, et par laquelle, en conséquence, on dit que
les aliments sont BOUILUs et nom pas qu'ils sont rôtis. Il eût fallu,
s'il voulait discuter sur le fond des choses, qu'il s'efforçât de dé-
montrer d'abord et avant tout que l'estomac n'exerce aucun chan-
gement, que les aliments ne sont pas altérés par l'estomac dans
leur qualité; en second lieu, s'il ne pouvait prouver cela, il devrait
établir que l'altération de ces aliments est inutile à l'animal. S'il
ne pouvait risquer cette accusation, il devait attaquer le système
des principes actifs et démontrer que les fonctions existent dans
les parties, non par un certain mélange du chaud, du froid, du sec
et de l'hamide, mais par quelque autre cause. S'il n'osait pas non
plus hasarder cette critique, il devait prétendre que le chaud n'est
pas, chez les êtres qui sont régis par la nature, le plus actif de tous
les principes. Ou, s'il ne pouvait démontrer ni ce point ni aucun
des précédents, il aurait dû s'abstenir de plaisanter inutilement en
s'attaquant à une expression, comme si Aristote n'avait pas démon-
tré clairement dans beaucoup de passagers et dans le quatrième
livre de s.~ météorologie comment la coction est réputée analogue
/1 la cuisso.; dans l'eau. Il
Lorsque je suis descendu dans la science, imbu des principes de
haute physique, et des idées antiques en médecine; des idées de
digestion universelle, si admirablement développées par les alchi-
mistes qu'on ne lit jamais et qu'on calomnie toujours; j'ai été heu-
reux de rencontrer dans M. Cl. Bernard un homme du métier, qui
sortit des voies usées dans lesquelles la médecine se traîne depuis
longtemps.
M. Bernard est lancé par goût et par position dans tine sphère
d'idées antagonistes aux miennes; cependant, au moyen de cette
voie si différente, il a prouvé victorieusement l'inanité des prin-
cipes anatomo-chimiques qui prétendent expliquer la digestion.
Il est impossible de rencontrer deux natures plus dissemblables
comme tempérament, comme moyen d'action, que celle d'un
professeur au collège de France et celle d'un physicien libre; et
cependant, le professeur officiel et le physicien libre sont arrivés,
tous les deux, au même résultat sur les principes de la digestion,
par la force des faits et du raisonnement. Dans la Chimie nouvelle,
je donnais déjà les lois du rapprochement et de l'assimilation des
corps; depuis les êtres vivants jusqu'aux molécules rocheuses les
plus réfractaires à toute organisation possible; de son côté,
M. Bernard, qui n'eût admis ni bien compris mes idées, établis-
sait, en fait, la même doctrine, le scalpel à la main. Si donc, nous
jetons un dernier tjoup d'oeil philosophique sur la digestion, au
lieu de voir cette diathèse assimilatrice, mystérieuse et définitive,
si longtemps attribuée à la panse stomacale seule, nous sommes
surpris de rencontrer dans le travail d'absorption .une sorte de
triage, progressif quant aux éléments et quant air temps de l'ac-
tion comme si la grande masse vivante entendait saisir divisé-
ment, et corps à corps, la matière étrangère qui s'impose à elle
dont l'adjonction intempestive pourrait faire péricliter son ensem-
ble. Ces questions de TEMPS pour l'assimilation ont une telle valeur,
que les troubles indigestifs ne proviennent presque jamais que des
fautes qu'on commet à cet égard. Si la salive, quoi qu'on en dise,
attaque particulièrement les féculents déjà hydratés; si le suc
gastrique agit avec la puissance de l'eau bouillante; si la bile
opère un départ et une action antiseptique destinée sans doute à
favoriser, quant au temps, le travail intestinal si le suc pancréati-
que émulsionne, voyez combien cela produit d'effets divisés, quant
à l'action, quant au lieu et quant au temps; ne suis-je donc pas
bien fondé à dire que la masse circulante prend ses précautions
pour admettre dans son sein les éléments réparateurs qui doivent
s'adjoindre à elle? De même, quand je proteste contre la forme
assassine des aliments actuels et du pain sur-hydraté en particu-
lier, ne plaidé-je pas la cause des sociétés en général et du pau-
vre en particulier, dont la bourse, dont l'instruction relative, ne
lui permettent ni la clairvoyance ni la discussion? Le TEDIPS deve-
nant un des agents principaux de la digestion, prenez garde de
laisser l'organisme sans défense, en face de l'appareil comburant
de la poitrine! La dispersion se faisant dans un intervalle trop
resserré, une concentration s'établit sur les appareils intérieurs,
sus mx sous-diaphragmatiques sur les poumons, amenant la
phthisie; sur le coeur créant les anévrysmes; sur l'estomac engen-
drant les gastrites; sur le foie, les reins, produisant le diabète, la
polyurée, etc. Car, sans dispersion continue, il y a retrait de l'afflux-
éréthisme. Il faut que cet éréthisme s'occupe à quelque chose.
ne serait-ce qu'à mal faire!

XIV

Absorption des eorps inorganiques par les organismes


animaux.
La chimie, ou combinaison des corps, règle en quelque sorte
l'incarnation des forces générales libres, qui ne se manifestent, ne
se condensent, ne se rapprochent, ne se dispersent qu'à l'occasion
des divers états de ia matière. Modifier la matière, c'est madifier la
force, en la forçant à se transformer elle-même. Dans la marche
harmonique, de l'acoustique on voit une combinaison de notes
produire des effets résultuntiels d'une base ou de bases fluentes;
puis, de ces séries de bases il se forme un ensemble qu'on nomme
TONALITÉ; d'où sort la vie et l'individualité des êtres. De même,
dans l'alimentation, une suite ou une somme d'aliments, engendre
un état ou un ensemble d'états physiologiques et pathologiques,
d'où sort l'existence normale ou la mort; selon qu'en physiologie,
comme en acoustique, on a satisfait aux principes, aux nécessités
des tonalités normales. Le plomb qui frappe de mort le soldat
atteint sur le champ de bataille n'est pas plus mortel, in se, que
le kichlorure de mercure ne l'est lui-même in se. L'un est revêtu
d'une force balistique; l'autre d'une force de condensation chimique
relative; mais chacun d'eux pourrait être fort bien supporté par
l'organisme avec des précautions convenables. Dans un théâtre, que
d'acteurs ne sont-ils pas atteints inopinément par des bourres
légères, d'un volume égal et même supérieur à celui d'une balle
de plomb! Mais, dans celle-ci, la matière est apte à s'emparer d'une
force que le papier, la laine, le liége, ne condensent pas avec la même
intensité. Le corps humain est basé sur un état normal physiolo-
gique. Il ne lui faut ni plus ni moins de force pour exister. Or, si
vous lui offrez des corps qui accaparent ou qui dispersent le mou-
vement de force normale, il aura à en souffrir. Les métaux acca-
parent à leur profit une force utile. On a beau les chlorurer
d'avance, les oxyder; la chétive portion de mouvement qu'on y
attelle va se perdre dans :'ensemble (n'oublions pas en effet que
c'est à une tonalité absorbante que nous avons affaire) et les
dépouille de leur vêtement premier, les laissant aux prises avec
leur nature spéciale. Ce bichlorure de mercure, mêlé aux chlorures
de l'organisme, ne compte bientôt plus que comme mercure. Or,
dans ce cas, il faut que le corps dépense beaucoup pour le tenir
en suspension, en dissolution; et, comme sa condensation normale
y est engagée à toute heure, le corps se ruine; de la même façon,
absolument, qu'un hôte pauvre s'épuise pour recevoir un grand
seigneur dont la dépense l'obère. A la place du mercure, absorbez
des métaux moins denses, ou graduez avec prudence la quantité
du mercure absorbé, et ie phénomène changera. Le fer, indiqué
par la nature comme mieux en rapport avec notre état normal, ae
montrera plus inoffensif souvent même comme curatif, par les coin-
densationsqu'il déterminera sans trouble; il en sera de même, à plus
forte raison, des métaux moins denses encore, comme les métaux
alcalins. Il est très-probable que les effets plus ou moins délétères
des métaux introduits dans l'économie tiennent à leur facilité, plus
ou moins grande, de se soutenir a l'état pur ou combiné dans cette
économie; le mercure, l'ur, l'argent, etc., si facilement réductibles,
jouent un rôle tout autre que le fer, le potassium, le sodium, et
ceux qui peuvent s'y soutenir à l'état combiné. Il est probable, après
cela, que certaines natures d'animaux pourront absorber nos poisons
sans danger; par les circonstances de leur état physiologique. Les
corps très-dispersifs nous tueront comme les métaux denses. Ils sont
pour nous une source de pertes; quoiqu'ils n'en profitent pas pour
eux-mêmes. Le mouvement en les traversant change de nature. Les
métaux sont accapareurs; les carbures sont destructeurs; mais
i'effet n'est-il pas le même, du moment où il nous faut maintenir
un point normal? force nous échappe par accaparement ou
par destruction^Jè^sùU^siie change pas. La souffrance et la dé-
crépitude sont comme des étincelles, par rapport à un incendie qui
peut s'allumer et amener la mort. L'homme ne doit pas plus joue''
avec elles qu'avec le feu. Le mot poison est un mot générique,
qui établit un point spécial, au-dessus ou au-dessous duquel il y a
danger pour nous à entrer en contact avec diverses substances.
L'arsenic pris en petite quantité donne des furces il en est sans
doute de même du mercure, etc. Le fer trës-absorbabletuerait. Au
fond, il n'y a rien en tout cela qu'une suite de rapports. Le nitrate
d'argent, si escarrotique en masse, devient simplement astringent
lorsqu'on sait en opérer suffisamment la dilution; peut-être que,
traité plus intelligemment encore, il remplirait ie rôle du fer dans la
chlorose de même que les alchimistes pensaient faire jouer ce
rôle à l'or dissous. Admettez que la vieillesse amène un état trop
peu condensateur des forces extérieures, les faits ne le prouvent
que trop l'or, traité convenablement, jouerait alors le rôle qu'on
attribue aujourd'hui au fer dans les maladies hyposthéniques,
chlorose, scrophules, scorbut, anémies, etc.; d'où certaines gens
pourraient prétendre qu'il se crée une force nouvelle, une jeunesse
artificielle. C'est pour cela que le polymorphisme et la catalepsie
semblant donner raison atrx alchimistes. Par la chimie proprement
dite, le traitement si remarquable des anémies par les métaux,
les effets de l'arsenic sur beaucoup de personnes, ôtent quelque
chose au ridicule des idées alchimistes, dont nous n'avons plus
la clef aujourd'hui. Je domine ces idées, comme je les reçois moi-
même de l'hypothèse, sans garanties! On ne peu!. nier, en tout

cas, qu'elles ne soient basées sur un raisonnement vraisembla-


ble, depuis la connaissance que nous avons prise de l'absorption
du mouvement par les métaux. Il n'y a qu'un malheur à cela, le
voici si un métal sait bien accaparer le mouvement, il saù en-
core mieux le garder! Cette conséquence ressort même de la
longue discussion de M. Mialhe sur le mercure. M. Mialhe prétend
que ce métal n'agit que comme deuto-chlorure. La médecine
actuelle préfère le mercure divisé métallique au bi-chlorure. En
cela elle raison, si elle entend enlever du mouvement à l'orga-
nisme. Car le métal emprunte, non-seulement les chlorures alca-
lins, pour passer à l'état de bi-chlorure, mais encore ce mouvement
libre, général, qui donne ou retire la vie réelle. Si l'on ingère ie
bi-chlorure tout formé, l'emprunt fait à l'organisme est moindre;
et le résultat thérapeutique sera la contre-partie du premier cas.
Ceci paraît même s'appliquer à tous les métaux; d'où il résulterait
qu'un métal, à l'état régulaire, emprunterait des dissolvants à
l'organisme, et du mouvement électrique; par là on expliquerait
le double rôle des métaux, souvent si opposé et si difficile à saisir,
lorsqu'on ne tient pas compte du phénomène. Voulez-vous enlever
du mouvement, employez des métalliques; mais voulez-vous ap-
porter une condensation métallique aux éléments sanguins, arran-
gez-vous pour que le corps, se trouvant dissous d'avance, ait moins
à emprunter. La pratique a le plus souvent devancé les saines théo-
ries. Aujourd'hui on recherche le mercure divisé, mais métallique
(Miolhe, p. 471); puis, le proto-iodure, parce que le mercure est sur-
tout donné dans l'intention de diminuer l'excitation tandis que les
préparations de fer, tournées dans un autre sens, ont été préférées
aux états où il se montre déjà dissous; ou dans une peroxydation
dont les éléments aient moins à emprunter aux mouvements orga-
niques. M. Mialhe peut avoir raison, comme toxicologie, en disant
que le mercure n'agit comme poison qu'après et que par sa
transformation en bi-chlorure; mais, comme thérapeutiste, il n'en
est rien, puisque cette transformation semble être k but, l'effet
cherché par le médecin. On conçoit encore par là qu'une fois la
maladie actuelle dérivée, le mercure bi-chloré réagisse avec ses
autres qualités, et produise une autre maladie aussi fàcheuse que
la première. Le mercure cru est un poids que le médecin donne
à soulever à un état pathologique soupçonné d'être doué de trop de
mouvement. Dans tout cela on a oublié la question de volatilité,
comme je le ferai voir ailleurs. Le sublimé ne produirait que de mau-
vais effets dans ce cas. L'emploi du fer métallique dans la chlorose
doit présenter des effets opposés, mais similaires. Si on le prend à
l'état métallique, ou non soluble, les effets sont plus lanth, dit-on. Il
faut attendre que le métal ou le composé insoluble aient emprunté
le mouvement à un corps qui en manque, ou qui ne sait en coin-
denser; ceci est une faute; il vaut mieux donner le mouvement tout
de suite, afin que la condensation sorte immédiatement et puis- •
sammeut tous ses effets. Nous avons vu une chlorotïque souffrir de
l'ingestion du fer oxydé: tandis que le fer soluble l'avait soulagée
précédemment. Et si le fer ne porte pas toujours avec lui les mau-
vais côtés des autres métaux, cela tient à ce que j'ai dit plus haut;
car il est très-dangereux lui-même sous de certains aspects. Seu-
lement, le sang n'en acceptant qu'une portion minime, il est facile
de penser que ses effets restent limités, par cela même. à une com-
binaison spéciale; le fer ne me semble pas devoir être facile-
ment supporté dans l'organisme à l'état métallique. La rouille
peroxydée et hydratée; les chlorures, si solubles, seront toujours
les meilleurs agents; il en est de même des nitrates, qui consti-
tuent la base des bonnes sources minérales; voilà pourquoi les
pharmacopées qui emploient des poudres, ou insolubles, ou dés-
hydratées, ne pourront jamais lutter avec l'extrême facilité d'ab-
sorption que présentent les sources minérales. Il faudrait mieux
imiter la nature dans ses dilutions. Le mercure métallique a la
propriété de pouvoir exercer son action sur tout le canal intesti-
nal, au lieu de tomber crument en un seul endroit. Si, mainte-
nant., on admet que le sublimé corrosif ait néanmoins une action
sédative sur l'organisme, c'est qu'en cet état encore le métal
mercure est un corps difficile à soutenir dans l'organisme à cause
de sa densité. Il en est de même des autres métaux denses, plomb,
or, etc. M. Mialhe, comme je l'ai dit, admet que les composés
mercuriels deviennent tous des bichlorures, à la longue. En
admettant cela, il pourrait se faire que le bichlorure, entrant dans
l'organisme, se trouvât réduit et dût attendre pour retourner à la
bichloruration. Tous ces effets sont si variables, si inconnrs,
qu'on ne peut guère raisonner que d'après les résultats aytant "une
certaine constance. Trousseau (t. le°, p. 199) montre que le mercure
donne une chlorose artificielle; et le fer en fait autant chez quel-
ques personnes il y aurait donc une moyenne de condensation pour
le sang, qui serait variable pour certaines natures; le fer pourrait
avoir affaire à une organisation si chétive, qu'il agirait comme mer-
cure en empruntant plus de mouvement qu'elle ne pourrait en four-
nir. Depuis le potassium jusqu'au platine, il doit y avoir une série
de condensation dont le fer semble être le médium; tandis que le
mercure, et quelques autres métaux, prendraient des qualités si
débilitantes, qu'elles se placeraient sur la ligue des maladies les
plus dangereuses; comme l'anémie, les scrophules, les typhoïdes,
le choléra, etc. Ce n'est donc pas sans raison qu on appelle les effets
du mercure effets «ubstiliUifs.

XV

De l'alimentation publique.

Il est évident que l'organisme est fondé sur la lui de différen-


ciation, cômme tout ce qui existe, organisé ou non. Opposez au
sang, qui est la source de la vie, un appareil quelconque, le sang
se différenciera en diverses sécrétions. Voilà d'où naît tant de variété
dans les tissus du corps. Les liquides, en traversant ces tissus,
subissent l'effet voulu; comme l'électricité, elle-même. se différencie
à travers les corps de différente contexture. Il n'est donc pas éton-
nant que l'estomac, ne faisant subir aucun trajet inier-mole'cttlaire
aux aliments, n'ait qu'une action presque mécanique et très-contestée
sur les aliments; tandis que les intestins commencent la chylifica-
tion par leur contexture relativement espacée; de sorte que chaque
organe modifie le tout suivant ses besoins. Il y a mieux, dans l'acte
de la digestion doit intervenir la forme, la valeur physique des ali-
ments abstraction faite de toute composition chimique. Les études
sur les carbures, si nombreux, si variés, quoique possédant une com-
position de fond identique, devraient nous mettre en garde contre
les déboires de la chimie physiologique. La physique est livrée pieds
et poings liés aux mathématiciens. Quand vous demandez à la
physique de Newton de venir vous donner aide et protection dans
les sciences naturelles, elle vous répond par une avalanche de
A f B divisés par X, qui vous semble un discours charabia à propos
d'hygiène ou de thérapeutique. Mais la physique, c'est-à-ùire la
connaissance des lois générales des /brces libres, n'est pas née avec
le corselet crustacéen de plusieurs A + B! La physique rationnelle
vous attend toujours. naturalistes, médecins., chimistes! Vous tous
qui cherchez les voies réelles de la nature! au lieu de vous adresser
au mannequin qui a su prendre la place de l'idée vraie, entrez
jusque dans le sanctuaire de l'analogie; et la chimie, et les ma-
thématiques, utiles toutes les deux, lorsqu'elles se tiennent dans
leur cercle propre, ne viendront plus tyranniser stupidement vos
études. J'ai dit combien est faux, combien est décevant l'appui
philosophique qu'on s'entête à aller chercher dans les mathémati-
ques; de Descartes à Newton, de Buffon à Liebig, tout le monde a
répété que du chiffre il ne peut sortir que le chiffre! comme des
langues il ne peut sortir que des moins! que des SIGNES, enfin il ne
peut sortir que des signes! Mais je n'ai pas dit toute ma pensée
sur les erreurs de la chimie, au point de vue de son despotisme
actuel. La chimie, encouragée, exaltée par certaines découvertes,
qui sont plutôt des applications que des faits bien nouveaux, s'est
élancée,.sous ce couvert, à la gorge de la médecine et des sciences
naturelles, qu'elle n'a pas eu grand mal il terrasser. Ces pauvres
sciences étaient tellement battues par l'anarchie, qu'un conquérant
gonflé de ses succès comme la chimie devait arriver bien vite chez
elles à un,e domination désespérante. La chiaaie est entrée partout!
depuis lé cabinet paisible où le botaniste range ses herbiers pou-
deux, jusque dans l'abattoir sanglant où le physiologiste vivi-
secteur fait concurrence au travail de l'équarrisseur. Et partout elle
a dit que la physique lui a cédé son droit d'ainesse! C'est tout au
plus si elle la conserve à ses côtés comme une princesse du sang
u Moi, chimie, je gouverne tout! ma soeur la physique n'est
qu'une compteuse! Quand je vous aurai dit ce qu'il y a dans cette
cellule, dans ce vaisseau, dans ce filament nerveux, appelez-la, si
vous voulez. avec son compère le mathématicien, ils vous diront
le COMBIEN. de même que moi je vous ai dit le comment et le pour-
quoi Heureusement qu'il n'y a pas un mot de vrai dans tout cela
La physique dont on parle ainsi est une princesse de contrebande,
'que la chimie loue à l'année dans ses écoles. et qu'elle serine de
par sa puissance usurpée, mais, liélas trop réelle. La vraie physique,
calcule moins qu'elle ne raisonne. Pourquoi consentirait-elle a
accepter un rôle aussi indigne d'elle-même ? La physique, issue
immédiatement de la consciertce humaine, suit pas à pas le méca-
nisme de Ventendement. Elle perçoit, elle constate l'existence d'un
_IOUVEMENT, ou force générale, répandue par tout l'univers. Elle
juge, analyse les modifications de 'éette FORCE; elle les combine,
elle les utilise. La chimie, malgré`'son utilité pratique, malgré la
grandeur de ses applications incontestables, n'est cependant qu'une
branche détachée du grand tronc physique. 11 y a cinquante ans
environ, l'école écossaise crut inventer une philosophie, désormais
infaillible, inaccessible à la critique, en proclamant que toute base
de raisonnement devait sortir de la dissection des facultés humaines
Cette école se mit donc à faire de la chimie philosophique, à com-
piler, à classer, à expliquer; jusqu'au jour où des esprits indépen-
dants purent lui dire, comme nous disons aujourd'hui à la chimie
«
Compter, distinguer, n'est pas faire de la physique,; pas plus que
fractionner les facultés de l'entendement n'est faire de la philoso-
phie On ne sert pas les sciences naturelles, en les enveloppant dans
des détails de combinaisons chimiques, comme on ne sert pas l'en-
tendement, en étalant une dissection ridicule de ses facultés! Trou-
vez-nous plutôt des lois générales, le reste nous sera donné par sur-
croît L'époque dans laquelle nous vivons est un temps cruel de
réaction, par les faits de détail, contre le dix-huitième siècle, qui
s'abandonna trop légèrement une généralisation excessive de faits
scientifiques incomplets. Mais, de même que je n'accepte pas cette
généralisation intempestive du dix-huitième siècle; de même aussi
je repousse énergiquement cette réaction de détails dans lesquels
nous pataugeons aujourd'hui. S'il fallait choisir entre l'une ou
l'autre de ces deux méthodes, jc me déciderais pour celle du dix-
huitième siècle, qui brillait au moins par l'audace, par la grandeur
de ses aspirations intellectuelles, soit dans le fond, soit dans la
forme! Car, en fait de forme, ce n'est pas cela qui étouffe les savants
d'aujourd'hui
Tout auteur qui se trouvera dans la nécessité de traiter de l'ali-
mentation publique, forcé par conséquent de donner son avis
sur le mode de nutrition de tant de milliers d'hommes, doit
être ferme dans son opinion et énergique dans le développement
qu'il veut en faire. Voilà pourquoi je n'ai pas craint, ci-dessus, de
fatiguer le lecteur par des redites, en lui rappelant les dangers que
font courir au public les erreurs déplorables d'une physique déviée
des vrais principes. Car je vais écrire, ici, un véritable acte d'accu-
sation, adressé à l'avenir, contre la science doctrinaire; comme
poussant à certains genres d'alimentation, les approuvant, ou les
tolérant Quand je dis un acte d'accusation. ce n'est pas par figure
de rhétorique! mais très-sérieusement. Je ne veux pas qu'il soit
dit, plus tard, qu'il ne s'est rencontré personne pour protester contre
un état de choses aussi déplorable. Posons des principes « Les ali-
ments n'ont pas une valeur chimique, seulement, ou de composition,
intime; il* agissent aussi sur l'organisme par leztr forme actuelle,
par leur condensation relative; par leur état physique en un mol. »
Quand donc on s'adresse à la généralité des chimistes pour juger
un fait alimentaire, on est trompé nécessairement, puisque Sa valeur
de ce fait alimentaire dépend autant, si ce n'est plus, de l'état
rnYSrQuE de l'aliment que de son état chimique. On me dira à cela
les chimistes d'aujourd'hui sont tous d'EXCELLENTS PHYSICIENS!
et, d'ailleurs, s'ils ont quelque chose d'important à résoudre on
leur adjoint des physiciens, physiciens proprement dits, des hygié-
nistes, des physiologistes, des médecins, des toxicologues, etc. Fort
bien Mais, si tous ces messieurs ont puisé dans le même tonneau
Je ne connais les arbres qu'à leurs fruits. La médecine, hygiénique
ou thérapeutique, l'industrie, sont livrées, aujourd'hui, pratique-
ment, à des méthodes détestables! D'où cela vient-il, je vous prie,
puisque vous avez des chimistes, des médecins, des physiologistes
si bons physiciens? Cela nevoudrait-il pas dire ou que leur physique
ne vaut pas grand'chose, ou qu'ils la laissent bien tranquille? Je
voudrais pouvoir entrer tout de suite dans l'application, et arriver
ainsi à l'alimentation publique; mais, aucune théorie n'étant faite
sur ce point, je suis obligé d'en ébaucher une prenons donc le
temps d'expliquer les choses en commençant par le commencement.
Il existe, à Paris, une chaire de médecine, établie au collége de
France c'est-à-dire une "îiaire de médecine supérieure, placée
dans la première ville scientifique du monde entier. Or, comme le
bien-être humain, quoi qu'on en dise, est le but le plus sérieux que
puisse se proposer notre intelligence puisque ce bien-être, comme
but, est la base de la reconnaissance que nous devons à Dieu, et
l'objet du culte que nous lui vouons; que ce bien-être n'a pas
de plus grand, de plus sûr régulateur que la médecine, comprise
philosophiquement; il arrive que cette chaire de médecine est en
quelque sorte l'indicateur thermométrique des grands points de
doctrine discutables et discutés à notre époque. C'est ce que
M. Claude Bernard, titulaire de cet enseignement, a su parfaitement
faire valoir dans la préface consacrée à son cours imprimé de 18oi
à 1855. Il a montré que les professorats ordinaires, s'adressant à
des gens qui doivent, de par notre constitution enseignante, ac-
cepter de l'université et reproduire intacte dans les actes de leur
vie une science décidée par un conseil supérieur, les professeurs,
au fond, ne sont que des répétiteurs, les frères lais de ce Vatican
situé dans l'ancienne rue de Cambrai. Cela pourra froisser bien des
susceptibilités enseignantes. Quant à nous, nous déclarons for-
mellement que rien n'est plus vrai, plus logique que cette déclara-
tion. Allons donc droit au collège de France! Là, nous pourrons
nous convaincre que le professeur a loyalement et sérieusement
abordé la question-principe, que sa chaire philosophique lui indi-
quait du doigt. la production du sucre dans l'organisme. Aussi,
les savants ne s'y sont pas mépris tous ceux qui se sentent une
velléité de discussion, de travail, d'imagination, sont entrés dans la
lice. Aux séances de l'Institut comme aux séances de l'Académiede
médecine, on a vu, de temps e\i temps, des batailles qui finissent
trop souvent comme le célèbre jugement d'Henri IV le dernier
qui parle a toujours raison! Enfin les animaux eux-mêmes s'en
sont émus. dans la personne de leurs vétérinaires d'Alfort. Ce
qui ne dit pas pour cela que le débat soit à l'écurie au contraire,
jamais on ne s'est abordé d'une façon plus terrible. il y a des dé-
mentis Qu'est-ce donc que cette question de la production du
sucre dans 1*économie? et en quoi mérite-t-elle de tant irriter la
bile des non-producteurs de sucre? Jusqu'à présent, je n'y vois
qu'une simple jalousie de position JU. Claude Bernard a bien des
envieux! Le collége de France n'étant pas assez puissant pour
vaticaniser son enseignement, il est en butte à toutes les agressions;
comme cela doit être pour une Église sans budget, sans sinécures
et sans partisans. C'est un tort bien grave, au point de vue philo-
sophique, que de ne pas dominer assez la feuille des bénéfices
pour mettre tout le monde de son côté Sans cela il n'y aurait du
sucre que dans le foie, exclusivement, a ce point, qu'on défen-
drait bientôt à tout épicier de vendre de ce produit, à moins d'avoir
juré sur le tarif des douanes que son sucre vient directement ou
indirectement d'un foie quelconque. animal ou végétal. En fait
d'enseignement, l'universalité de doctrines est des plus simples à
obtenir. « arriver à tenir la queue de la poêle, » Avec ;ela je me
fais fort de faire enseigner tout ce qu'on voudra. même des choses
raisonnables
Donc, M. Bernard, poussé par cet instinct du vrai travailleur,
ment un beau jour la main sur un phénomène capital, un fait de
haute philosophie médicale Vous croyez peut-être que parmi ces
messieurs il va se réveiller un homme capable d'en tirer parti au
point de vue des misères qui se passent alimentairement devant
nos yeux? Pas un On se pousse, on s'injurie; on se bat sur la
veine-porte, les veines sus-hépatiques, etc.; depuis le foi? jusqu'au
poumon; depuis l'orteil jusqu'aux bulbes pileux; mais pas un mot
sur les conséquences qui dérivent de la question du sucre ,au point
de vu^ de l'hygiène publique. Je me plains, et j'ai tort car je
disais, i1 y a un instant, qu'avant que la Providence eût consenti
à la pose du premier rail, elle avait voulu que le réseau des grain-
des routes carrossables, des chemins vicinaux, fût sinon terminé,
du moins bien avancé. Au moyen de ces interminables et aveugles
disputes, les physiologistes vont fouiller dans tous les replis vascu-
laires de l'organisme; ils ne laisseront pas un coin viscéral, pas
un feuillet tendineux, sans l'interroger sur ses sécrétions ou sur
de simples lubrifications. Il faudra, de gré ou de force, qu'on sache,
non-seulement où se :ache le sucre; mais, peut-être, où se blottit
quelque autre annuille, cachée sous roche dont la découverte
nouvelle ne fera de peine à personne. Voilà comment la curiosité
humaine, surexcitée par de petites passions peu avouables, amène
cependant de grands résullats qui profitent à tout le monde. C'est
ce que je disais dans un article du Journal des Novateurs, du 24 fé-
vrier 1855, que nous donnerons pins, loin article contemporain,
comme on voit, des premières disputes saccharines; contemporain
du premier volume, de la Physiologie de M. Cl. Bernard. M. Claude
Bernard avoue lui-même que les fécules ne donnent pas plus de
sucre organique que l'albumine. Les graisses arrivent à remplacer
avantageusementl'abstinente, qui, seule, paralyse la production du
sucre dans l'économie et encore d'une façon incomplète. Rollo l'ut
donc bien inspiré, quand il mit ses malades diabétiques au régime
du lard et des viandes grasses. Il eût été infiniment mieux inspiré
encore, s'il eût raisonné son traitement, au point d'en tirer toutes
les conséquences rationnelles qu'il contient. Le diabétisme est
moiiis, ;;pour nous, une affection morbide, complète, arrêtée, qu'une
^ndance fâcheuse de l'organisme à pencher vers un mauvais sys-
tème de nutrition; voilà ce que la multiplicité des cas de diabé-
tisme établit formellement en accusant l'alimentaSion moderne.
M. Bernard a parfaitement établi le point de départ. Mais ce que
les champions, hépato-rxffineurs ou non, ne savent pas voir,
c'est que la question diabétique est autant une difnculté patho-
logique à vaincre qu'un enseignement immense à tirer de la
nutrition générale, en vue de notre alimentation moderne. Si,
vraiment, on peut prouver que l'albumine se transforme aussi
volontiers en sucre que les fécules que la graisse même donne
encore du sucre, à l'occasion, sous l'impression d'une absti-
nence relative, ne démontre-t-on pas par cela même que la
chimie, c'est-à-dire la constatation du détail de composition des
substances, n'a rien à voir dans la création du sucre? qu'il s'agit,
au contraire, de phénomènes moléculaires de condensations spé-
ciales ? car la graisse, par sa composition, se rapproche infiniment
plus des sucres que l'albumine. D'où vient donc qu'elle arrive la
dernière dans cette production saccharine ? A cause de sa texture
organique seule. Soyez-en sûrs S'il est vrai, dis-je, que l'albumine,
que les sucres, que les corps très-facilement ASSIMILABLES, lâchons
le mot! se posent en gradation en face du diurétisme. faites
donc bien attention alors que vous sortez de la pathologie pour en-
trer dans l'hygiène générale! Faites donc bien attention que vous
faites le procès a la chimie doctrinaire que vous dévoilez l'empoi-
sonnement graduel et aveugle de nos générations actuelles. que
vous condamnez notre alimentation tout- entière Est-ce que j'en
impose sur uns sujet aussi grave, puisque je tiens en main la copie
textuelle des iivres de M. tel (Ml tel, dans lesquels il est déclaré
qu'une substance est plus ou moins alimentaire quand, comme so-
lide, elle contient tant d'azote! quand, comme liquide, elle accuse
plus ou moins de degrés alcooliques? Non, vous le savez bien, vous
avez lu comme moi ces décisions doctrinaires d'une chimie impru-
dente. Du reste, les faits sont là, dans la rue, pour me donner
raison Qu'un tel régime se continue vingt ans. on verra à quels
excès cela mènera
Du moment où le diabétjsrne est produit et entretenu par un Ira-
vail de digestion funeste, funeste par le temps trop court que l'es-
tomac met à travailler le bol alimentaire, pourquoi ne pas agir sui
cette digestion trop courte, trop vive, pour mieux répartir la fonc-
tion saccharine du foie? Vous me dites que le foie, surexcité par
cette digestion fâcheuse, fabrique tant de sucre, qu'il est forcé d'en
verser l'excédant par les voies urinaires et vous ne vous arrangez
pas pour enrayer le mécanisme de cette digestion, ce qui permettrait
au sucre de s'écouler utilement vers d'autres points de l'orga.
nisme, pour concourir utilement à l'entretien de l'économie géné-
rale ? Mais, chimistes ou médecins, à quoi pensez-vous? vous êtes
donc bien abandonnés de Dieu et de la physique? Ah! si vous
m'affirmiez que le sucre est une production parasite anormale,
morbide; que sa présence dans l'organisme est un danger de
trouble, etc., je déchiffrerais peut-être mieux les conclusions em-
brouillées que vous tirez de vos expériences! Mais voir le fait.
l'abus de cette digestion spéciale, dont on prétend connaître les
causes, les précédents. et ne rien faire dans ce but. c'est trop
fort Que diriez-vous au domestique qui verserait assez inconsidéré-
ment le vin dans votre verre pour en répandre beaucoup sur la table?
L'instinct seul, sans leçons de haute philosophie, vous ferait parler
autrement « N'allez pas si vite. versez plus doucement! Il Eh bien,
n'arrive-t-il pas quelque chose de similaire dans la digestion diabé-
tique'' Voici des hommes de lettres, des artistes, des gens du monde,
qui ne prennent pas le temps de manger, encore moins celui de di-
gérer qui se gorgent rapidement de mets très-succulents, c'est-à-
dire très-rapidement assimilables; qui vont trop vite dans la déglu-
tition, et qui veulent aller encore plus vite dans l'assimilation; ils
choisissent pour cela des viandes saignantes, des œufs richement
animalisés, du vin vieux, presque exclusivement alcoolique et élhéré
Et vous voulez que ces gens-là n'inondent pas leur organisme de su-
cre ? Vous voulez que ces impatients mangeurs ne tombent pas dans le
diabétisme? Daignez donc réfléchir à cela, seulement pendant quel-
ques secondes! Ce n'est pas parce qu'un aliment azoté est riche
en principes assimilables que tout est dit en fait de nutrition; il
faut encore régler, surveiller le temps de vos digestions; de fa-
çon que les sucs intestinaux ne réagissent pas sur les membranes
qui les entourent; et, sans amener des phénomènes clairement
morbides, ne les influencent pas trop, en jetant regretlablement
lï'conomie dans une fausse voie. Nous verrons au titre des Expé-
rieuces-principe comment je suis arrivé a démontrer, par une sé-
rie de faits surprenants, la plasticité ou la non-plasticité possible,
de certains éléments de la digestion. Si l'on a bien saisi les prin-
cipes que j'ai établis au sujet de la digestion « Que le tube in-
testinal, l'estomac surtout, sont placés, comme un foyer industriel,
en présencedu poumon faisant fonction de soufflet • on comprendra
mieux encore combien dans les matières que nous venons de traiter,
il faudra faire attention à la prédominance que pourrait prendre
l'un ou l'autre de ces organes par rapport à son antagoniste. Nous
aurons à nous rendre compte, également, des résultats variables,
différentiels qui amèneraient l'introduction de faits anormaux,
étrangers l'air respirable dans ce soufflet, dont les gaz et la con-
struction sont généralement établis en considération des faits» les
plus usuels que nous voyons se passer devant nos yeux. En effet,
quels changements peut-il se produire dans les rapports qui exis-
tent entre deux appareils de ce genre; correspondant l'un à l'au-
tire, un foyer, un soufflet? Le voici le soufflet dominera le foyer,
si ce soufflet, sortant de son émission normale âazeuse
1" Change de volume comparatif;
2° S'il donne des gaz plus condensés, plus comburants, plus vo-
latils.
Les faits s'exagéreront encore, bien entendu, si en face de la dé-
viation de la normale.-soufflet, le foyer-estomac se trouve rétréci
dans son volume, paralysé dans son action, irrité, enflammé, ul-
céré, etc., ainsi que le croient MM. Dezeimeris et Bouillasad (article
Di.abète, p. 236 du Dici. de méd.), ou encore, si l'alimerit qu'on
lui adjoint est trop divisé, trop combustible. Dans la phthisie, la
forme du soufflet a bien moins d'importance que la quantité des
gaz qui entrent dans cet appareil. C'est ainsi qu'on voit les animaux
et les hommes liabitués à l'air raréfié des pays chauds contracter
des phthisies lorsque, par des voyages au nord, ils se trouvent for-
cés de respirer l'air condensé de ces nouvelles latitudes. La phthi-
sie est donc une maladie du soufflet lui-même; une combustion,
une destruction de l'organe appelé a fonctionner en face du foyer-
estomac. Nous avons donné assez de détails ailleurs pour qu'il soit
inutile d'y revcnir ici. Seulement qu'il nous soit permis de rappeler
l'influence irrécusable des agents découdensateurs sur l'enrayement
de la combustion et la désorganisation pulmonaire. Il n'en est pas de
même dans le diabêic qui est la contre-partie de la phthisie quoique
basée s«r le jeu anormal des mêmes appareils. La digestion, eu
tant que digestion, reposant bien plus sur la volatilisation, disons
mieux, sur le soulèvement organique des aliments, a bien moins besoins
des condensations gazeuses que de leur volatilité relative. Sans doute
que la combustion de ces aliments ne manquera pas d'avoir son
temps il un moment donné dans l'organisme; m»is l'effet initial,
le vrai effet digestif est dominé par la volatilité-, par le soulèvewest.
Admettez donc que le soufflet de la poitrine agisse déjà trop fort
contre le foyer-estomac; qu'adviendra-t-il encore lorsque avec ce
soufflet vous introduire? des gaz d'une grande volatilité relative?.
Ce soulèvement, cette digestion s'exagérera n'en doutez pas
C'est aussi là le phénomène le plus apparent dans le diabète. Les
carbures volatils de toute espèce plus ou moins anesthésiques, en-
rayés à la périphérie par une circonstance quelconque, et faisant
retour dans les centres splanchniques, viendront se mêler à la
circulation générale chargée d'entraîner le travail des chilifères
dans le torrent périphérique, et exagéreront ce travail circulatoire
en jetant dans tout l'organisme un élément fortement comburé
qu'on appelle sucre; c'est-à-dire l'état des carbures le plus atté-
nué, le plus voisin de la liquidité, de la solubilité extrême de la
dispersion enfin. Dans cette déviation des équilibres d'alimentation,
au lieu que ce soit le poumon qui ait à souffrir dans son paren-
chyme, il arrivera que l'effet s'en prendra au foie déjà chargé de
cette bile si volatile; et le diabète se placera en contre-partie avec
les faits de phthisie pulmonaire. Un médecin de nos joui ayant
remarqué combien les peintres en bâtiment sont peu sujets à la
phthisie, il s'en est pris, dit-on, au carbonate de plomb et à divers
métaux de ce genre, sans soupçonner le fait réel, l'action des as-
phyxiants, essence de térébenthine, et autres carbures ultra-vola-
tils. 11 eût pu vérifier par contre, qu'aucune profession n'est plus
sujette aux maladies de vessie et au diabète. Car, chez les individus
de cette profession qui par leur état organique anormal devraient
tomber dans la phthisie, cette affection morbide est déviée et re-
poussée sur le foie et ses annexes de sécrétion. Voilà pourquoi ces
deux maladies se répondent mutuellement; en présentant des
accouplements et des métastases inexpliquées. Quoi qu'il en soit,
le diabète reconnaissant pour cause la plus générale, une suppres-
sion de la transpiration cutanée, et une déviation de cette sécrélion
par un afflux sur les viscères intérieurs, foie, reins, etc., il s'en-
suit que la paresse du poumon amenée par la disparition progres-
sive de la transpiration périphérique, réagit sur !a digestion, et
exagère outre mesure les phénomènes de la sécrétion urinaire, de-
venue le seul émonctoire des carbures de l'organisme. Dans la
ptiMiisie, les causes ne diffèrent pas, comme on le voit, des causes
q;ei amènent la diabète, initialement c'est l'emploi des aliments
trop facilement combustibles et trop peu plastiques qui amène tout
le danger. Dans la phthisie l'estomac, pouvant agir seul, sans l'aide
de son soufflet, laisse le soufflet s'engorger et se détruire par des
afflux de toute nature, dont la direction normale devait être toute
périphérique; de façon, que si le médecin arrive alors pour chan-
ger les phénomènes, il se trouve en face d'un poumon malade;
tuais ce qui est pis, en face d'un estomac qui ne sait plus digérer
que des matériaux trop combustibles. C'est à tort qu'on croit et
qu'on entend agir théoriquement sur le poumon seul; l'estomac
réclame les premiers soin- en les appuyant de remèdes qui puis-
sent agir sur la transpiration périphérique, cette cheminée de
tirage de l'estomac, pour activer les phénomènes réguliers de la
combustion normale. Faites tirer la cheminée de votre, foyer, la
digestion reprendra sa marche organique, et forcera le soufflet
se mouvoir avec ime aptitude toute nouvelle. Autrement, croire
que la phthisie et le diabète peuvent se guérir sérieusement au
moyen de recettes empiriques; au moyen de substances agissant
directement et localement sur le parenchyme pulmonaire ou sur
la muqeuse stomacale, c'est revenir à cette paresse théorique mé-
dicale contre laquelle je n'ai cessé de m'élever, parce qu'elle est la
cause de toutes les taquineries, de toute la déconsidération qui
s'attache à la médecine depuis les sarcasmes de ùloliére. Chez le
diabétique, les habitudes de pseudo-abstinence ne sont pas aussi
invétérées que chez le phthisique. Le phthisique ne mange pres-
que pas; le diabétique mange des aliments trop combustibles. En
un mot, le mal .pour le phlhisique porte sur la quantité, la pé-
nurie extrême; tandis que chez le diabétique la faute porte sur
la qualité. Aussi, le diabétique a-t-il moins les poumons en de-
hors de service, au commencement de sa maladie; c'est lorsque la
digestion a fini par se trouver entièrement déviée, que ies pou-
mons se désorganisent.
Arrangez-vous comme vous voudrez, mais, pour vivre, il faut
arriver au fonctionnement normal des viscères importants. L'esto-
mac-foyer doit avoir son tirage régularisé par la cheminée-péri-
phérique, et entretenu par le soumet-poumon dans une limite
d'adjuvance donnée; si l'un ou l'autre de ces éléments cesse de
fonctionner journellement, ses rouages se détraquent et la machine
tout entière ne tarde pas à en faire autant. Je reviendrai sur ces
faits d'une façon plus complète «ux articles Phthisie et Diabétisme;
ce qu'il nous faut saisir en ce moment, ce sont les conséquences
graves du mauvais emploi des aliments surtout, de ces aliments
publics que la nécessité ou l'habitude ont fini par imposer aux po-
pulations des grandes villes je veux parler surtout du pain et du
vin. Permettre administrativement de remplacer les éléments or-
gauo-ralins que donne le jus de la grappe par une équivalence eu
sucre d'abord, puis, finalement en alcool, c'est permettre l'empoi-
sonnement public. Non pas cet empoisonnement qui se déterminera
immédiatement, ou dans un temps facile à apprécier; non pas
même 1 empoisonnement ostensible de l'absintle; mais l'empoi-
sonnement à terme de générations tout entière: qui peupleront
les hôpitaux de scrofuleux, de scorbutiques, de coxalgiques, de
diabétiques et, en masse, de phthisiques. Il en est de même, lors-
qu'on a l'imprudence de s'arrêter une composition formulaire
administrative du pain public. Ce pain contient une proportion
d'eau révoltante; que l'adresse commerciale du boulanger sait en-
core exagérer; de sorte qu'il arrive en fin de compte que le con-
sommateur consent à ingérer dans l'économie de la pâte crue;
ainsi que la ylus simple analyse microscopique peut le faire dé-
couvrir immédiatement. Que parte-je d'analyse microscopique?.
Les enfants font cette analyse tous les jours, en lançant des bou-
lettes tirées de leur déjeuner, et qu'ils ont le plaisir de voir émail-
ler les murailles de leur école. Ce n'est pas avec de semblables ali-
ments qu'on forme des hommes et qu'on ferme les hôpitaux. La
médecine pratique a fait des progrès incontestables, au moyen de
cet empirisme en grand, qu'elle décore du nom d'expérience!
Mais ses progrès suffisent à peine pour boucher;les voies d'eau que
subit le grand vaisseau de l'alimentation publique. L'alcool et le
plnin-bouillie étonneront nos neveux, quand ils apprendront les
folies auxquelles nous nous livrons alimentairement aujourd'hui.
Ils reviendront au pain de ménage peu hydraté, qui force la trans-
piration à tirer après elle et les mouvements variés du départ ali-
mentaire gastro-intestinal, et les efforts de la soufflerie-poumon
dont, aujourd'hui, on favorise la paresse par des aliments d'une
combustion trop facile. Je vais rapporter ici le détail d'une expé-
rience dont on trouverait difficilement l'équivalent dans un rapport
de commission quelconque; cette expérience peut être constatée
authentiquement par les registres du chemin de fer de Normandie,
depuis six ans environ. J'ai commandité une maison de commerce
d'exportation dans laquelle on a employé des gens de tout sexe,
de tout âge, de tout tempérament. Ayant remarqué qu'il venait
parfois dans cette maison des jeunes employées d'une santé fort
débile, quand elles n'étaient même pas déjà vouées à une phthisie
certaine, j'eus la pensée de combattre la diathèse morbide par
une diathèse alimentaire, répondant aux principes que je viens
de présenter ci-dessus. Je m'entendis donc avec une boulangerie
de Caen, pour qu'on nous envoyât chaque semaine une provision
de pain de ménage fait à ia manière normande; c'est-à-dire écliap-
pant complètement à l'hydratation fabuleuse du pain de Paris. En
effet, dans les provinces il est rare qu'on ait eu le bonheur d'at-
teindre toujours l'horrible progrés des meules anglaises, à petit
diamètre et à course folle; qui rendent la farine à l'état de cendres
chaudes; désorganisant leur produit, volatilisant tout ce qu'il y a
de riche dans le grain primitif; de façon à faire subir une trans-
formation moléculaire parallèle à celle qu'on produit en morcelant
du sucre sur une enclume, ce qui le rend presque insoluble. Ce
n'est pas tout de faire vite et à bon marché, il faut encore conser-
ver le produit soumis an labeur. C'est ce que les meules à grand
diamètre de nos provinces réalisent encore, lorsqu'elles ne sont
pas trop en progrès. En province on mange du pain de blé; à
Parts on nous impose un carbure innommé, du genre des dex-
trines plus eu moins féculentes. Les meules anglaises, en torré-
fiant la farine, détruisent chez elle l'eau d'organisation. Lorsque,
plus tard, le boulanger veut restituer cette eau, il ne le petit
plus; parce que l'eau additionnelle s'interpose sans entrer en
combina ison intime. Ge qui fait un pain dur et impossible de di-
gestion dès le lendemain de la cuisson. Ce phénomène n'est-il pa,
patent déjà dans des hydratations des simples oxydes métalliques
qui prennent l'insolubilité par la dessiccation seule? Énumérer
les ennuis, ks difficultés, les sacrifices d'argent qu'il a fallu faire
pour organiser ce service, personne ne voudrait y croire! Les che-
mins de fer ne connaissant pas mieux les exigences de l'alimen-
tation publique que bien d'autres branches de leur service, où il
reste tout à faire. Les chemins de fer attendent leur Messie.
l'homme de génie qui trouvera quelque chose comme des timbres-
poste pour faciliter la commodité et la promptitude du roulage.
Enfin, nous arrivâmes à recevoir, au bout de trois ou quatre jours,
le mercredi ou le jeudi, du pain fait sans doute le dimanche qui est
plus agréable à son arrivée, et qui nous dure huit jours plus frais
que le pain parisien de la veille, employé journellement dans les
maisons de commerce. Les employés sont tellement habitués main-
tenant à ce pain nourricier, que le jour où la quantité ordinaire n'a
pa suffire, eu l'on doit acheter du pain à Parvis, devient un jour très-
désagréable en ce sens, qu'on ne sait plus comment se rassasie:.
La pâte parisienne commence par vous mettre un poids indigestif
sur l'estomac; mais quelques heures après tout le monde a faim.
Sous rinft*w.e prolongée de ce régime, j'ai vu changer les consti-
tutions les plus compromises;parce que, à la vie parisienne, excel-
lente sous beaucoup de rapports, il manque ceci pour en faire une
alimentation modèle le pain et le vin. J'ai fait la même chose pour
le vin que pour le pain; au lieu d'acholer les produits chimiques
de Bercy, je me suis procuré des vins de propriétaire de qualilé
simple, mais chargés des principes de la grappe; et mes prévisions
hygiéniques ont été parfaitement réalisées. Le sucrage, le vin âge des
vins sont des inventions diaboliques qui ne peuvent trouver d'ex-
cuse que dans les folies d'une chimie ivre des applications modernes.
Le Pharisien qui se réduit au pain et au vin de cette bonne ville est
sûr d'arriver à un-trou. le trou du fossoyeur! Dans les campagnes
que de gens n'ont que de bon pain et de bon vin pour nourriture
quand ils en ont! Les paysans comptant trop sur la puissance de
ces deux o tétines de mère natures, 1; comme disait Rabelais, abu-
sent quelquefois par avarice ou par inconduite; ne veillant pas
asser aux soins de leur alimentation; alors mal leur en prend;
car l'excès en tout est nn défaut, même en économie. Le pain et
le vin de qualité normale peuvent suffire pendant quelque temps
seuls; il ne faut pas en abuser, surtout en présence des exigences
du travail moderne qui devient très-fatigant. Dans cette affaire
je n'attends pas grand'chose des hygiénistes chacun de ces mes-
sieurs représente un haut et puissant seigneur ayant chaire et hô-
pital leur habitude n'est pas d'écouter les gens qui, ainsi que
moi, vivent comme un bénédictin dans son couvent; seul avec
la nature et avec ses livres. J'écris pour quelques chercheurs
sympathiques à mes travaux; et enfin comme je veux bien l'a-
vouer, je me fais l'agent de police de l'avenir; c'est dans mes
livres qu'il faudra venir chercher plus tard les misères du pré-
sent dr-nt il est difficile d'avoir la moindre idée lorsqu'on lit
les oeuvres emphatiques des optimistes scientifiques. Il ne veux
pas dire avec l'adage latin Asinus asinwm fricat! 1) On connaît
mon respect, je dirai même ma vénération pour certains hommes
auxquels je dois réellement le peu que je sais; mais ces exceptions
mises a part, je trouve étrange qu'il ne se rencontre de nos jours
que des concerts de louanges, et si peu de critiques honnêtes et
intelligentes. La question du pain et du vin prouvera plus à cet
égard que tout ce qu'on pourrait écrire.

XVI

Gaa faim.

« La faim est, dit Magendie, 'instinct qui commande impérieu-


serment, sous peine de maladie et de mort, à l'animal de fournir
a la reproduction du liquide sanguin, Cette façon de voir les
choses est vulgaire depuis l'antiquité et ne peut être contestée. Il
n'en est pas de même quand on descend dans les
physiologiques qui éclairent les détails de la qi'jstion. L'école
anatomique attribue la sensation de la fizim au frôlement des
parois de l'estomac le: unes sur les autres. Les animistes voient
bien qu'il y a là une intervention de l'énormon. Mais, Grimaud tout
le premier n'en fait qu'une action d'élection et d'appétence; Dumas,
son élève, reculant au lieu d'avancer la doctrine de son maître, s'en
prend aux succions des lympathiques; sous prétexte qu'on peut
avancer ou retarder le travail de ceux-ci avec les opiacés, comme
on arrête la faim elle-même. Quand on considère le travail de con-
centration, fatalement amené par le retrait des dispersions qui quit-
tent momenlanémeïïl. l'élaboration des aliments précédemment
ingurgités, on voit parfaitement que c'est un faux qui revient sur
1ui-méme, pour recommencer une opération identique. Ma e:t
si vrai, que chez les hommes nerveux surtout, une fois l'heure du
repas habituel passée, ce reflux se fait dispersion de nouveau
c'est-à-dire que la faim disparaît; la faim étant la forme sensible
qui nous fait connaitre la contraction de mouvement centralisée
sur les organes digestifs, pour opérer un travail prévu. La faim
pour l'estomac, est une souffrance identique à celle qui se remar-
que dans les afflux nerveux de tous les viscères. Par la digestion,
la chaleur augmente dans l'estomac; apportée; non par les ali-
ments, mais par cet afflux de calorique emprunté aux extrémités,
qui se refroidissent sensiblement. Dans ce cas, tout ce qui trouble
la digestion un dispersif. un chatouillement de pieds ou des reins,
un exercice trop violent, etc., peuvent amener des indigestions fa-
tales. De sorte que si les opiacés, les éthers, les essences, le sommeil
calment les douleurs, ou ce qu'on appelle les crampes de la faim, le
résultat est dû uniquement à la contre-révulsion qu'ils opèrent à
titre de dispersifs; en reportant la tension centrale vers la périphé-
rie. J'ai expliqué ailleurs déjà, les résultats de l'abstinence, il me
reste donc bien peu a dire sur ce sujet, pour lequel je rejette
absolument les hypothèses qui se sont présentées depuis l'expé-
rience de liunter sur le condamné à mort. Il n'est pas douteux
que le jeûne plus ou moins prolongé ne doive amener des douleurs
réelles, et même les érosions des muqueuses de l'estomac. Mais
ces effets secondaires et tout physiques ne sont que la conséquence
de l'afflux principe qui sous-tend le mécanisme de l'alimentation
en général et de la faim en particulier.

xvii
Aliments, poisons.
Les physiologistes de toute école ont cherché sous les faces les
plus diverses la définition du mot poison. Les anciens avaient dit
Il
Un poison est tout corps non assimilable. Il Je ne vois pas qu'on
ait été bien su delà de cette définition, acceptée à ce point de vue
incomplet; ce que nous pourrions faire aujourd'hui pour sortir de
là, ce serait, nous aidant des progrès de l'analyse chimique et de
la thérapeutique, de montrer que la définition des poisons ne doit
plus porter sur une idée de qualité absolue; mais uniquement sur
un concept de quantité. Les poisons sont des essentialisations que
la matière ou l'industrie humaine ont réalisées. Or, il est patent
qu'essentialiser c'est agir sur des volumes, en diminuant de plus
en plus les corps hétérogènes qui s'adjoignent inutilement à une
masse donnée. Le mot poisooa nous ofire l'emploi d'un symbole
vocal, admis pour représenter un ENSEMBLE de phénomènes. En
abordant le symbole poison, il fallait se baser sur les principes tirés
de la symbolisation vocale même; et non sur une opinion particu-
lière à la physiologie. Or, dans ce que les physiologistes discutent,
il n'y a pas un mot de vrai, puisqu'ils ne sont pas même dans la
question. J'ai vu rarement quelque chose de plus contraire aux
saines lois du raisonnement; et de plus faible didactiquement que
cette discussion. Pour définir le mot poison, il fallait se garantirde
toute erreur logique de non.identité; Dieu sait quel gâchis d'ex-
position on trouve généralement dans ces longues dissertations
scientifiques. Un commerçant n'irait pas si loin pour distinguer en-
tre eux les mots poison, médicament, aliment. Je prends du vin?
Si ce vin est léger, j'en pourrai boire à satiété, il sera mon ali-
ment. Suis-je convalescent, ai-je été privé de toniques pour des
raisons anti-phlogistiques quelconques? il se présentera comme mé-
dicament. Le jour ou j'en abuserai, il deviendra un poison. Passons
à quelque chose de plus chimique le vin de Bordeaux est un ali-
ment l'eau-de-vie qu'on en tire fut inventée comme médicament;
l'alcool absolu qu'on peut atteindre, en poursuivant cette transfor-
maison, est un poison. Je prendrais ainsi tous les règnes animal,
végétal et minéral même, rien ne serait changé dans cette grada-
tion. « Tout est dans tout! Notre organisme, puisant dans la
nature entière son alimentation, charrie dans la circulation géné-
rale et porte en lui-même des substances infinies dans leur variété
comme dans leur exiguïté. Il n'y a pas de scission d'éléments dans
les corps; c'est à peine si nos travaux de laboratoire peuvent effec-
tuer péniblement des divisions qui ne sont qu'apparentes, le plus
souvent. Tous les jours des constatations nouvelles nous en don-
nent la preuve. Avant les taches dénoncées par l'appareil de
Marsh, qui eût osé soupçonner des traces si faibles d'arsenic dans
le corps des animaux? L'appareil de Marsh est-il le dernier cran
de l'analyse? L'acide prussique et la strychnine ont été introduites
dans la thérapeutique par un grand physiologiste. par îlbgendie!
Lorsqu'un enfant mange une poire ou une pomme, il n'a généra-
lement pas soin d'en ôter les pépins; ne s'alimente-t-il pas alors
d'acide prussique, si faible que soit la dose? Que de gens aiment
le nougat ou le plum-pudding; il y a là encore de l'acide prus-
sique Les eaux arsénicales du Mont-Dore réussissent, dit-on, il
bien des gens. J< n'en finirais pas si je continuais ces exemples.
Terminons ici cette charade, en la portant chez le premier institu-
teur venu; demandons-lui de nous dégager l'inconnue qu'elle con-
tient ? Il nous dira, à la simple lecture, que le mot à donner s'ap-
pelle quantité Une substance quelconque peut être tour à tour
aliment, médicament ou poison, suivant la quantité qu'on eu
ingère dans tel cas donné, ou avec telle condensation donnée; ce
qui représente seulement une autre voie de la quantité chimique.
Le mot poisooa est donc, comme je le disais, un symbole vocal, dont
le mot quantité doit devenir le pivot; effectivement, tout en appuie
la validilé hygiène, thérapeutique, toxicologie. Avant de rien dé-
finir, il faut que la science établisse un mètre de quantité à l'é-
gard de ces substances; alors on pourra parler d'aliment, de
médicament, de poison. D'ici là, le physiologiste me fait grande-
ment l'effet de ressembler à ce fonctionnaire chinois, chargé de
frapper l'heure sur les gongs des places publiques. de sentiment
Avant le métrage réel dont je parie, on ne peut guère hasarder
qu'une définition de ce genre « une substance est dite poison
lorsque, sous un volume exiru relativement, elle amène des
troubles dans l'organisme. Il Le reste est aliment ou médicament;
puisque le médicament ne diffère de l'aliment que par la réaction
qu'il procure plus puissamment, plus énergiquement que l'aliment
dans les organismes. Et encore!

XVIII

Fonction des glandes.


Les glandes, en général, sont placées dans l'économie pour pro-
duire la séparation, la répartition et l'agglutination des matières
organiques. Ces appareils fonctionnent sériellement c'est-à-dire
proportionnellement et progressivement; de sorte que selon l'état
physiologique ou pathologique, il s'opère des déversements distincts;
sans avoir rien absolument d'arrêté, et de strict; comme un le sup-
pose trop aujourd'hui. Ainsi, la bile, unie aux liquides de la salive,
du suc pancréatique, etc., fonctionnera comme un dissolvant de
ceci ou de cela; selon l'opinion du moment. Ce qui est bier cer-
tain, c'est que le mélange de toutes ces sécrétions variera, en raison
de l'état organique, et des aptitudes des liquides sécrétoires à
soutenir l'équilibre vital.
Comment pourrait-il en être autrement? Les sécrétions ne doi-
vent-elles pas suivre les besoins de l'organisme, d'après les âges, les
temps et les lieux? Le peau et le poumon étant les dispensateur
de la plus grande des sécrétions, les sécrétions de l'expiration il
s'ensuit, que, dans l'enfance, comme dans l'âge avancé, il faut
surveiller très-attentivement leurs fonctions. Les sécrétions de tout
genre ont une limite normale; en deçà et au delà de laquelle il
est dangereux de les voir fonctionner. Car l'économie animale doit
fixer une somme ^'éléments architectoniques qui ne peut être dé-
passée sans troubla. Quoique les enfants aient besoin d'une sécré-
tion active, pour donner de la pente aux assimilations dont ils ont
tout à attendre, il est clair qu'une sécrétivité exagérée viderait
plutôt qu'elle ne fortitierait leur économie générale. J'en dirai autant
pour la vieillesse, ici, le sujet. n'a pas tant besoin d'édifier que de
conserver; mais les faits restent les mêmes. Un vieillard qui trans-
pire trop, se débilite; que cela vienne de l'état constitutionnel de
sa peau, d'un travail particulier, forcé, ou de tout autre manière.
On ne sera donc pas étonné que bien des affections fâcheuses, au
point de vue de l'incommodité ou même de la souffrance servent
à prolonger la vie des vieillards en enrayant ses sécrétions dans
une certaine mesure; sécrétions qui, pour cet âge constituent trop
souvent de vraies déperditions de l'élément tensionnel, qu'ils ne
savent plus emmagasiner dans l'organisme. Que de natures chéti-
ves, à tous les âges, ne rentrent-elles pas dans cette condition
de la vieillesse? On n'a pas fait une attention suffisante à ces faits
si graves, d'où dépend la de de tant de gens étiolés avant l'heure,
lorsqu'on a conseillé prophétiquement l'emploi quand même de la
flanelle. J'ai vu bien des natures faibles enlevées par les sécrétions
périphériques exagérées que la flanelle amène. D'après cela, qu'on
ait souvent à la pensée les dangers que peuvent courir les peaux
très-fines, lorsqu'on a le malheur de leur conseiller le la flanelle,
sans mûr examen. Dans la basse Normandie, où la race rappelle
par la finesse du tissu cutané son origine septentrionale, il existe
une anémie des vieillards qui enlève beaucoup de monde de cin-
quante à soixante ans. Les pertes cutanées y sont si fortes, si nom-
breuses, que le sujet ne sait pas ou ne peut pas souvent arriver à
les réparer à temps de sorte qu'il s'affaiblit outre mesure, qu'il
dépérit, languit et meurt; comme on dit dans le pays « PAR De-
FAtTt! ? » L'instinct populaire a caractérisé peu grammaticalement,

mais d'une façon fort claire une affection trop fréquente; à laquelle
la médecine locale ne comprend pas le premier mot, parce qu'elle
n'est pas classée dans les formulaires. Les malheureux qui sont
sujets à ce genre de maladie éprouvent des faiblesses, des courba-
tures qui simulent des rhumatismes. S'ils s'adressent au médecin,
celui-ci ne manque pas de conseiller la flanelle; alors, l'état dou-
loureux se fait moins sentir, on y gagne même quelques intermit-
tences dans la maladie mais, les phénomènes d'affaiblissement
augmentent sourdement, favorisés par cette sécrétion cutané
surexcitée; et le sujet s'en va par DÉFAUT. de forces! Tous les en-
fants, tous les vieillards qui gardent la diarrhée à l'état continu ou
rémittent tombent dans le.; mêmes périls. La sécrétion l'emportant
sur une édification, ou une conservation nécessaires, ils s'émacient
et périssent. J'ai eu l'occasion de connaître un très-bel enfant qui
est mort anémique sous l'influence de la ilauelle; il en était cou-
vert des pieds à la tête; ne cessant de suer nuit et jour, il s'est
éteint comme une chandelle. qui manque de suif. Le vieillard ne
pouvant remplacer assez énergiquement les matériaux de con-
struction de son organismes, doit s'hîgénier avant tout à ne pas en
perdre. Un médecin intelligent doit donc avoir égard principalement
a t'état de la peau à la couleur des cheveux, à leur finesse; à la dé-
licatesse du système osseux; au développement anormal des mem-
bres, etc., il doit jauger, en quelque sorte la poitrine. Voir si les
aisselles, les pieds, les mains, ne sont pas le siège d'une sécrétion
anormale et exagérée. Si la personne, sans être diabétique ne se-
rait pas soumise à t)ne certaine incontinence d'urines? Si elle reste
trop longtemps an *it après les premières heures matinales, il se
produit presque toujours une réaction excrémentielle par la peau
qui affaiblit les gens riches ou paresseux; de sorte que la débilité
s'ensuit le plus souvent. Les gens à peau fine, faibles, ne doivent pas
rester tard au lit. Dans leurs sommeils ils doivent mettre à profit
les heures fraîches ou froides de la nuit, pour éviter les grandes
déperditions de sécrétion. Je médecin doit savoir reconnaître en-
core si l'habillement habituel est en rapport avec les besoins stricts
de la saison. Jamais le froid n'a fait de mal à personne, du moment
ou, bien gradué, il ne procède pas par sauts brusques, qui peuvent
congestionner les organes en leur faisant subir une perte locale de
calorique trop dominante. Le diabète est bien moins une maladie chi-
mique, si l'on veut me permettre cette expression, qu'une face des
déviations excrémentielles. Depuis que la chimie, ou plutôt les chi-
mistes ont fait irruption dans la pathologie, ils ont tiré un fameux
harli de la présence du sucre dans l'urine, en bàtissant là-dessus
des théorieb de compositions à perte de vue. Autrefois, le diabète,
qu'on ne savait pas sucré, était considéré et traité comme un abus
de sécrétion. Ces malades s'en trouvaient d'autant mieux, que ni
médecin, ni client ne se doutaient des dangers de haute chimie,,
courus par le diabétique. Je ferai remarquer en passant et une fois
pour toutes, que, je me sers du mot excrétion et du mot sécrétion
pour la même fonction, selon que le sens actuel de cette fonction
me semble pencher de l'un ou de l'autre côté. La production du
sucre dans le diabète est secondaire, postérieure à la cause réelle;
accessoire au phénomène principal qui peut être le froid, un coup
reçu, une peur violente, etc. Le sucre n'a pas plus de valeur noso-
graphique ici, que le pus dans une intlamtnation, que le sang dans
l'hémoptisie Ce sont des phénomènes résultantiels, mais nullement
primitil's. Quel est le médecin assez fou pour s'occuper, chimique-
ment, à modifier ces crachats colorés dans la fluxion de poitrine
le pus, dans les affections de la peau; ou dans les lésions inlra-
musculaires amenées par inflammatiun ? Je vous le dis en vérité.
chers docteurs, les chimistes vous joueront un mauvais tour! Nul
n'est plus antiphysicien que le chimiste vulgaire. Et vous, méde-
cins, rappelez-vous que votre grammaire élémentaire c'est la phy-
siologie Logos, discours sur la physis, nature; ce que nous avons
traduit par le mot phvsique. Aucune excrétion de l'organisme n'a le
droit de s'exagérer; qu'elle soit urinaire, fécale, pulmonaire ou
cutanée. Mais que de sagacité, que de talent ne faut-il pas pour dé-
voyer ou pour régulariser une excrétion devenue excessive ou
anormale ? Qui n'a pas vu ou entendu raconter les accidents, sur-
venus à la suite d'une suppression de la sueur des pieds, des ais-
selles, du cuir chevelu, etc. Il en est de même pour l'homme chez
lequel on veut supprimer l'emploi ancien de la flanelle ou des
couvertures exagérées. On peut dire que la vie de ce client est entre
les mains de son médecin. Il existe des maladies de peau constitu-
tionnelles, qui ne sont indiquées par aucun signe cutané extérieur
particulier. Ce que nous disons de la peau doit s'adresser égale-
ment à toute excrétion normale ou anormale. Les flueurs blanches,
les pollutions nocturnes, les saignements de nez, les rhumes de
cerveau, les rhumes de poitrine; tout cela négligé ou prolongé,
produit le même effet.
Il existe, hygiéniquement, un équilibre entre la fonction combu-
rante du poumon et la fonction-conservatrice, fixative de l'estomac.
Le premier effet des aliments est presque un effet unique de ra-
fraîchissement en face du poumon Plus tard, c'est la consolidation
et la réparation de l'édifice. Tout acte social, professionnel, ou
volontaire, qui entravera cet antagonisme alimentaire du tube di-
gestif, par rapport au poumon, amène forcément une maladie des
sécrétions, sans compter des affections regardées sous un toutaulre
point de vue et qu'on appelle phthisie, diabète, hépatite, etc. L'air
extérieur, comme un joueur de bague, enlève à chacune de ses
entrées dans les cellules du poumon un certain nombre de molé-
cules organiques qu'il réduit en fumée qu'on explique cela par la
combustion médiate ou par la combustion immédiate. Voilà un
combat qui n'est pas d'un mince intérêt pour notre existence. Sans
cesse nous devons avoir la pensée tendue sur de semblables phé-
nomènes. La tristesse, le découragement, les insuccès, la désillusion
des années nous portent à négliger la question alimentaire; or,
chaque fois que cela arrive d'une façon suivie, la phthisie, ou au
moins une menace de cette terrible affection en est toujours la suite.
Pour moi, tout individu qui, sous l'impression d'un chagrin ou
d'une préoccupation, oublie l'heure des repas, est un homme
perdu; à moins de circonstances extraordinaires de force et de
bonheur organiques. Généralement, dans cette lutte de la combus-
tion pulmonaire et de la fixation digestive, c'est cette dernière qui
a l'avance; cela est prouvé par bien des folies qu'on fait impuné-
ment dans ce sens; mais admettez que les faits regrettables pré-
sentés ci-dessus se produisent; de façon à prendre une bonne fois
les devants très -sérieusement. Que de mal, que de difficultés pour
rattraper un temps perdu si précieux! Voilà pourquoi les enfants
riches, auxquels on tolère les sucreries en excès, les gâteaux, toutes
les nourritures trompeuses de la chatterie culinaire, arrivent vers
la puberté, avec une inégalité flagrante dans les excrétions. La
combustion l'emporte sur la fixation. Aussi leur santé arrive-
t-elle en déclinant vers la puberté, qui s'éteint souvent dans une
phthisie depuis longtemps caractérisée. Que fait le médecin pendant
ce temps?. Au lieu de sonder la cause du mal jusque dans ses
profondeurs; ne voyant dans la phthisie que la production secon-
daire des tubercules, il demande au chimiste des composés de labo-
ratoire pour modifier ces dangereuses concrétions. Mais les tuber-
cules s'en vont bientôt au cimetière de concert avec le tuberculeux.
Lorsqu'on a vu dévier des phthisies, c'est presque toujours sous
l'influence d'un régime mieux approprié à la véritable enfance.
Les colléges gm'rissent plus de phlhisies cachées ou engagées,eux
seuls, que la facilité de médecine tout entière; parce qu'au collège,
on boit et l'on mange des choses communes, mais très– résistantes;
qu'il est difiicile d'y faire passer ces chatteries de famille; enfin,
que toutes les stupidités particulières aux parents s'arrêtent à la
loge du concierge. J'ai dit ailleurs et j'ose à peine y revenir, que
l'huile de foie de morue, si à la mode aujourd'hui pour enrayer les
phlhisies, ne doit son très-réel effet qu'à LA résistance digestive de
sa qualité particulière d'huile et d'huile de poisson. Il est probable
que tout autre huile aussi résistante et volatile produirait le mè,iie
effet. Les Esquimaux menacés d'une phthisie perpétuelle, à cause
de la violence de l'air condensé de leur lati,ude, ont choisi d'eux-
mêmes le remède à un si grand mal. Je connais une femme profondé-
ment phthisique, sans éducation, sans savoir médical, qui s'est guérie
toute seule en mangeant du gras de viande. Pendant que j'étais étu-
diant, j'eus la mauvaise idée de faire comme bien d'autres, et d'en-
trer passablement dans certains excès fort connus au quartier latin
de là il me survint une menace de phthisie telle, qu'en rentrant dans
ma famille à ma seconde vacance, tout le monde me déclara perdu.
L'instinct, seul, sans le moindre secours du raisonnement, me poussa
à vivre pendant toute cette vacance du gras de mouton qui se
trouve le long des côtelettes dites de filet; je jetais en cachetle toute
la partie musculaire au chien, qui ne s'en plaignit pas; et le succès
couronna mon idée. Cependant j'ai été pliis de cinq années à me
remettre des folies de la vie parisienne. Ce n'est qu'à trente ans
que j'ai pris sérieusement le dessus. Aujourd'hui encore, quand je
sens que l'élimination pulmonaire devance et domine la fixation di-
gestive, j'ai recours immédiatement aux aliments gras tirés du lard,
du veau, du mouton. On peut comprendre maintenant ma façon de
juger le traitement actuel des phthisidues voués aux biftecks, aux
noix de côtelette et an vin généreux? Si je pouvais jamais faire saisir
à la société moderne, combien leurs enfants les plus chéris, les plus
adulés, courent de risques entre leurs mains; combien ils en feraient
mieux et plus facilement des hommes, au moral comme au phy-
sique, en les envoyant à l'éducation commune, que je doterais la
patrie de natures riches et généreuses. Tous les peuples qui élèvent
leurs enlanls dans le ménage intérieur de la famille, sont remar-
quables par la stérilité de leurs populations. Au contraire, aujour-
d'hui, comme dans l'antiquité déjà, les éducations en commun ont
produit des hommes. des hommes forts et libres'. L'abus des

1 M. le ministre de l'instruction pu.lilique ayant ouvert un concours en fa-


leur des instituteurs primaires, sur la question des progrés qu'on peut appor-
ter dans l'éducation élémentaire; on ne peut pas savoir, maintenant, ce qui
sortira de là. Seulement, comme je pense que la question ne pourra pas être
iraitée assez largement, sous le vrai point de vue que la science physiolo-
gique requiert; je ne crois pas déplacé de donner ici une ébauche de projet,
capable de l'aire saisir mieux les choses, que toutes les discussions les plus
délayées. Que de telles idées soient admises aujourd'hui ou non, cela ne fait
rien au principe; il est évident que ceux qui connaissent bien l'enseignement
comprendront qu'il faut en arriver là, pour détruire une fois pour toutes la
vermine intellectuelle qui s'attache aux' populations; et qui les empêche d'ar-
river au niveau de l'enseignement progressif. Si à Athènes, si à nome le der-
nier des citoyens pouvait juger les choses littéraires et artistiques comme le
premier des nobles; c'est que l'éducation était organisée sur un fond de ce
genre, continué au milieu des exercices quotidiens des gymnases et du champ
de dlars. 11 faut songer qu'un tel projet doit avoir un double but: instruire la
jeunesse, et procurer une retraite morale aux hommes laborieux, dont le tra-
vail n'a pas été suffisammentrécompensé; pour quelque raison honorable que
ce soit. Voici cette ébauche
Ariici.k I°·. Tout citoyen de l'un et de l'autre sexe ne sera mis en pos-
session de ses droits civils, qu'en prouvant 1° qu n sait lire et écrire; 2° qu'il
a passé deux années, au moins, dani le colléée cantonnal pour les hommes;
dans le pensionnat cantonnal pour les femmes; à partir de l'âge de huit ans
jusque l'âge de quinze ans; au choix des familles.
Aimci.E Il. 1° Tout juge de paix, juge au tribunal de commerce, greffier,
avocat, notaire, près lesdites juridictions; 2* tout secrétaire de mairie, agent
comptable, caissier municipal, percepteur; 5° tout agent-voyer, architecte,
géomètre cantonnal; 4° tout docteur en médecine, pharmacien 5° tout bri-
gadier de gendarmerie et gendarme; ne seront admis à exercer leur profession,
qu'en s'obligeant par serment consacrer, gratuitement, deux à quatre heures
par semaine à un professorat qui pourrait être exigé d'eux, dans lesdits éta-
blissements 1° pour les juges, greffiers, avocats, notaires, sur des notions élé-
mentaires des lois du pays, les droits et les devoirs du citoyen, les engagements
civils et de commerce; 2° pour les secrétaires de mairie, agent comptable,
caissier municipal, percepteur, sur des notions de comptabilité et d'adminis-
tration 3' pour les agents-voyers, architectes ou géomètres cantonnaux, sur
des éléments de dessin et de mathéniatiqur-s, soit théoriques, soit pratiques;
4° pour les docteurs en médecine, sur des notions élémentaires d'hygiéne et
de thérapeutique; ,'i° pour les pharmaciens, ùur des notions de chimie et de
droguerie industrielle; 6° pour !es brigadiers ou gendarmes, sur des notions
(l'équitation et du maniement des armes.
AnncLE Il[. Un conseil cantonnai sera élu pour statuer sur toutes les ques-
tions qui intéressent l'éducation publique, et notamment 1° sur le choix des
dames honorables qui devront remplacer une partie des professeurs ci-dessus
dans l'éducation du pensionnat destiné aux femmes; 2° sur le choix des direc-
teurs et directrices, sur l'admission des personnes de l'un et de l'autre sexe,
femmes est bien moins dangereux dans l'âge viril, que dans la
jeunesse et dans l'âge sénil. Parce que l'homme fait, se trouvant
entre deux pentes, gagne ainsi une sorte de privilège momentané.
Il en est de même de l'abus des boissons; quand on se nourrit
d'alcool, sous n'importe quelle forme, or néglige d'avoir recours
aux fortifiants carburés qui peuvent tenir en bride les excès de la
combustion pulmonaire; tandis que les alcools, par leur peu de
consistance alimentaire d'abord; ensuite par la nature, non ou peu
agglutinative, de leurs éléments au point de vue organique agis-
sent tout différemment; aussi, la phthisie et les maladies d'excré-
tion exagérée s'ensuivent-elles naturellement. Répétons-le donc a
satiété la phthisie n'est pas autre chose que le résultat d'une réac-
tion à double effet, subie d'abord par le poumon, en face d'un
estomac qui ne se pourvoit pas assez d'éléments solides alimentaires
pour établir longtemps la dispersion régulière. Le poumon agit
primitivement sur l'estomac, en soulevant trop vite des alimeuts
sans résistance plus tard, l'estomac finit par laisser le poumon
s'engorger par paresse d'action.
Du moment où la dispersion normale ne se fait plus par la pé-
riphérie, au moyen de la succion centrifuge qui en est une consé-

sous le nom de et
quence directe; cette succion s'établit dans le sens du poumon, par
un acte tout physique, dérivant d'un vide relatif produit dans le sens
du poumon. De là naissent les troubles complexes.qu'on a réunis
dont les bases analytiques sont ca-

ayant appartenu à diverses professions libérales ou industrielles, comme mili-


taires, commerçants, avocats, médecins, artistes, etc., qui voudraient charita-
hlement se consacrer entièrement auxdites éducations; 3° pour faire la de-
mande directe au gouvernement, de vieux soldats invalides, employés retraités,
artistes récompensés, dont le conseil jugerait le concours utile dans les mêmes
établissements; 4° pour juger et recevoir les donations de tout genre qui
pourraient être faites par le public.
Article IV. Les frais du collége et du pensionnat, quels qu'ils soient
même ceux nécessités par l'emploi des professeurs étrangers et soldés; qui
manqueraient dans le canton, comme pour la musique et le dessin, etc., seront
supportés par le canton, qui en répartira les charges sur les familles, d'après
les bases de la cote des contributions.
ARTICLE V. Toute personne qui voudra se dispenser d'envoyer ses enfants
au coltérie ou au pensionnat cantonnai, pourra le faire; à la condition toutefois
de faire subir à leurs enfanls des examens spéciaux; avant l'âge de quinze ans
dont le prix, égal aux charges imposées pour les deux années de rigueur, bé-
néliciera auxdils établissements.
chées dans les faits que je viens esquisser. Et les choses allant
ainsï en s'exagérant, par ricochet, l'estomac prend d'autant moins
que le poumon consent à moins travailler; et réciproquement, Je
poumon travaille d'autant moins, 'que l'estomac s'habitue à moins
prendre; jusqu'à c£ que le poumon soit oblitéré ou détruit et que
mort s'ensuive.
Si nous passons à un autre ordre de faits, les sécrétions et les
excrétions au dire des animistes, des slhal liens, etc., se feraient par
une sorte d'électibilité inlaérente à l'agent vital. La variété des tissus
propres aux différents organes secrétaires prouve que cette variété
de tissu concourt avec l'idée sthailienne pour expliquer les sécré-
t.ions. Car, il faut a la matière sécrétable un état convenable, pour
passer à travers ces cribles de toute sorte qu'on appelle voies sécré-
toires. C'est la tension du fluide vital qui opère tout cela. En vain
a-t-on cherché dans l'arsenal anatomico-physiologique de petits
détails pour infirmer ce principe; ce n'est au fond que la grande
question des glandes, si victorier sèment élucidée par Bordou. Les
sécrétions se font d'après une tension générale qui presse tout ou
partie de l'organisme; mais non, d'après la pression locale de
tel ou tel appendice anatomique. C'est ce qu'il est facile de voir
dans les faiblesse; séniles de la vessie. On dit qu'alors la vessie est
paralysée; comme si paralysie, à la rigueur même, ne voulait pas
dire une impuissance quelconque à réaliser les phénomènes de cette
tension générale et normale que je viens de rappeler. L'énormon,
dont j'ai développé les allures aux chapitres de la théorie abstraite,
se dresse là où l'éréthisme général et volontaire entend le pousser;
son effort n'est pas tant anatomique que régionnèl; et cet éréthisme,
puissance admirable, qui est le premier et le plus grand acte de la
vlE, ne s'affaiblit et ne se détruit que par les choses qui détruisent la
vie elle-même. Mais cette tension resterait stérile, si la matière sé-
crélable eile-m^me ne se trouve pas dans un rapport moléculaire
convenable avec le filtre organique. Voilà pourquoi les diurétiques
qui sont de grands dispersifs; de grands expansifs, par conséquent,
poussent dans le rein les liquides qui se refusaient avant cela a tra-
verser son tissu. J'ai dit ailleurs comment la digitale devient tour
tour vomitive, diurétique, sudorifique, purgative; selon la manière
de l'employer. Le fait ici c'est l'excrétion on peut en tirer parti
du côté qui satisfait le plus aux phénomènes. Dans le choléra, où
toute la force du mouvements se por*- sur les centres épigastriques,
l'urine, la sueur, sont supprimées. Les vomissements et les selles
coexistent forcément avec cet état de condensation viscérale comme
si la nature emprisonnée dans les centres épigastriques cherchait,
par ces vomissements et par ces selles, à déverser au dehors un
trop plein morbide qui l'opprime. La diarrhée, le bâillement, les
pandtaulations, le vomissement surtout offrent toujours l'exemple
d'un effort tenté par l'énormon, pour rejeter violemrnent au dehors
son trop picin contracté dans les centres viscéraux. Or, tous ces
mouvements rentrent dans la classe des excrélions-énonnon adven-
tices si peu connues, si peu étudiées à ce point de vue. 11 y a donc
bien plus de sécrétions et d'excrétions qu'on n'en indique ordinai-
rement dans les traités. Nous allons en retrouver le détail aux cha-
pitres qui leur sont consacrés.

XIX

Salivation.

La salivation est un des phénomènes les plus importants de l'é-


conomie animale, en ce qui touche les sécrétions normales. Par la
salivation, la digestion reçoit un secours radical. Et par la salivation,
a l'état d'abstinence, le sang prend un équilibre particulier dont
peu de médecins se sont préoccupés jusqu'ici; ce qu'on rencontre
dans les auteurs à ce sujet n'a trait qu'à des constatations de détail
dont on a négligé l'ensemble. C'est ainsi que Boerhaave prétend,
dans ses aphorismes, que l'effet du mercure est tout dans l'action
de salivation exagérée qu'il opère sur l'organisme. Georget établit
(p. 291, article Folie, Diel. deméd.) qu'une salivation abondante
peut servir de crise heureuse à la folie.
M. Bernard, de son côté, prétend (Liquides de l'organisme,
p. 454, Il" vol.) que l'eau de la salive provient entièrement du
sang. 11 résulte donc de tous ces faits, que la salivation est un
moyen normal., simple et énergique pour s'emparer de l'eau qui
pourrait se trouver en trop dans le liquide circulatoire; et que bien
des effets fébriles amenés par l'hydratation excessive du sang peu-
vent sans doute être combattus utilement par ce moyen. Après les
disputes sans cesse renaissantes, auxquelles a donné lieu la salive,
soit comme élément mécanique de la digestion, soit comme élé-
ment chimique; après les nombreuses expériences dont le résultat
scientifique est si nul; il est impossible de ne pas se demander
si le rôle de la salive mécanique ou chimique ne se bornerait
pas à la déglutition surtout; et si, dans l'estomac, le bol ali-
mentaire, outre la mastication, n'a pas besoin d'être pelotonné,
en quelque sorte sous un volume déterminé; de façon à subir
une influence physique mystérieuse, de la part des agents vitaux,
au milieu de la panse stomacale. Les physiologistes anciens ou
modernes qui ont adhéré à l'influence d'un agent central orga-
nique, n'ont signalé, comme je l'ai dit plus haut, qu'une
sorte de coction, avec un ens élaborateur tout métaphysique.
Doit-il en être ainsi? non vraiment! Une substance soumise à
une action physique. surtout aux actions de chaleur, demande
cette sorte de concentration spéciale qui donne de la liaison, de
l'homogénéité à cette masse devant être traversée par des cou-
rants caloriques. Il suffit de faire sur soi-même la plus légère
expérience avec des aliments réduits en poudre sèche, pour voir
combien l'action de l'estomac, quelle qu'elle soit, sans la préju-
ger, s'exerce mal sur des ^i-ies alimentaires disjointes et sans
une sorte de liaison de masse. Ces faits sont continués par les
moyens artificiels qu'on peut employer pour retarder, avancer ou
annuler la digestion des aliments. Sans aller chercher des exemples
multilales, qui embrouilleraient une démonstration; supposez qu'on
mettre en expérience des pois d'hiver, dits pois secs si on prend
ce pois il l'état entier, et partant incomplètement ramolli par la
coction, il y a cent à parier qu'on le rendra comme on l'a pris. Le
réduisez-vous préalablement en bouillie très-coulante? il passera
dans l'alimentation générale, quoique son absorption ne soit réelle
que dans son parcours à travers les intestins; à cause du peu de
résistance adhésive qu'une pâte aussi liquide présente aux parois
stomacales. Si la même farine est av;tlée dans un état de grande
ma taxation, mais avec le moins de liquide possible, le travail de

l'estomac sera régulier et les phénomènes d'absorption stomacale


ou intestinale se présenteront de la même manière que cela se pro-
duit pour la viande, le pain; en un mot pour tout ce qu'il y a de
plus normal en ce genre. Les études qu'on a faites sur l'état phy-
sique des aliments présentes à la digestion, sont tellement incom-
plètes que vouloir en entamer l'examen, c'est se donnsr la peine
de tout reprendre pour tout fonder. Je me suis expliqué là-dessus
en principe au chapitre de l'Alimentation générale; je fais des
vœux pour que plus tard je puisse écrire sur ces matières d'une
façon plus explicite. Il n'est pas moins vrai que notre premier soin
ici, est de signaler le RÔLE fondamental de la salive; non point pour
diviser les aliments, pour les dissoudre chimiquement, ainsi qu'on
le professe; mais pour les ENROBER; pour les enserrer dans un élé-
ment spécial; dont l'action, portée du côté des VOIES physiques, per-
mettra au bol alimentaire d'être abordé par Faction vitale^ qui
saura bien la transformer; et agir sur lui en dehors des effets de
la chimie proprement dite. Car l'électricité complexe appelée force
vitale ne peut pas saisir puissamment des substances aussi hétéro-
gènes que celles qui font la base de l'alimentation ordinaire; il lui
faut un intermédiaire enrobant lequel intermédiaire est bien la
salive.

XX

La bile.

Outre l'emploi d'enrobement que nous venons de donner à la


salive, dans les lois d'un vrai organisme; emploi que nous rc-
troavons pour partie dans la bile si l'on s'est bien pénétré du
rôle que jouent les dispersifs dans la digestion, on devinera sans
peine encore un nouvel emploi de la bile au milieu de cette fonc-
tion n'avons-nous pas vu, en effet, combien les amers et les
amers à odorance vicieuse surtout, sont remarquables par le
travail sécrétoire qu'ils favorisent il en est de même à plus forte
raison pour la bile travaillée de toute pièce par l'organisme.
Non-seulement la bile opère l'émulsicii des matières grasses,
comme on l'a tant dit; puis le départ de la masse alimentaire en
chyle et en excréments. Elle fait mieux, le départ qu'elle effec-
tue sur celle masse alimentaire est bien autrement général. Par
sa partie dispersive elle suit la molécule assimilable jusque dans
les plus petits recoins de l'organisme comme elle sépare les liqui-
des des solides Par elle, le liquide complexe vivant, qu'il s'appelle
chyle ou sang; c'est-à-dire qu'il vienne de se former ou qu'il ait
subi les diverses pérégrinations animales, reçoit une propension
a la tonalisation spéciale; toute la machine profitant de la grande
influence apportée par la bile sur le? liquides vivants. Aces idées
on ne manquera pas d'opposer les expériences qui ont la pré-
tention de prouver que l'animal peut se passer, à la rigueur,
de sécrétion bilieuse et vivre quand même. C'est .raisonner avec
une étroitesse de vues philosophiques qui fait mal à voir; et qui
amènera plus tard la juste punition d'une école, pour laquelle
l'abêtissement rationnel est élevé à la hauteur d'un fétiche idolai-
trique. Dieu a construit la machine vivante d'une façon si large,
que l'on ne sait en vérité où peut s'arrêter l'élimination des orga-
nes les plus importants, sans que pour cela la vie soit elle-même
complètement enrayée. Ce qui prouve une fois de plus, ainsi que
nous l'avons fait remarquer, que l'organisme des animaux supé-
rieurs est construit à un point de vue essentiellement luxueux et
superflu. Les archives curieuses de la médecine contiennent des
faits de retranchement anatomique, de paralysie, et d'enrayement
d'organes ou parties d'organes, auxquels on ne voudrait jamais
croire. Ici, c'est un cerveau dans lequel il ne reste presque plus
rien d'efficace et qui souffre la vie! Là, vous trouverez des pou-
mons réduits à une enveloppe externe! un cœur dont les appen-
dices sont ossifiés! un foie décomposé! un anus imperforé! ries
reins déviés! Que sais-je moi?. Le renversement organique le
plus incroyable, et l'animal vit. vit mal si vous voulez. mais subit
l'existence N'est-il pas bien naturel, après cela, qu'il en soit ainsi
d'un liquide composé, dont les éléments, en cas d'obstucle, se repor-
tent dans la masse générale, ou S'Y retranchent. Avant qu'on ne
sût cristalliser le sucre de cannes, on se servait d'une liqueur con-
centrée de miel, qui faisait absolument le même office, et dont
l'économie animale savait tirer un meilleur parti. Le foie est
un appareil industriel fort ingénieux, sans aucun doute. Iians
J'état normal il agit sur le sang de façon à en extraire cette con-
centration-bile qui se montre si favorable aux actions vitales, lors-
que ses éléments et sa quantité sont bien pondérés. Mais, d'où
vient cette bile? Du sang! Ou va ce chyle'? Dans lesana! Comment
voulez-vous donc que dans le contact capillaire du chyle, et du
sang, il ne se produise pas finalement et exceptionnellement ce
qui doit se produire normalement lorsque la sécrétion biliaire se
fait dans le sang? On n'a donc jamais songé aux animaux infé-
rieurs mal pourvus ou dépourvus de foie? Pense-t-on qu'ils
soient privés pour cela de la fonction biliaire? Non certainement!
Ils ne s'en passent pas plus que nous, mais cette fonction se fait
à travers la masse des tissus, comme l'hématose des insectes
s'opère au moyen d'un déversement intime au milieu des appareils
circulatoires, non pourvus de cette machine industrielle, luxueuse,
appelée poumon. Donc, la bile a plusieurs rôles dans l'organisme, il
est si rare que la nature n'ait su profiter que d'une face des appa-
reils qu'elle construit. D'abord, la bile émulsionne; cette opinion
est vieille comme le monde. Avez-vous plus ou moins de faiblesse
pour les facultés dissolvantes de la bile, comparativement à la sa-
live, au suc gastrique, au suc pancréatique? eh! soit, elle dissou-
dra aussi plus ou moins. Laissons cela jusqu'à ce que finisse la
dispute à propos de ces faits Mais ce qu'il ne faut pas perdre de
vue, c'est la faculté que possède la bile d'opérer le départ des ma-
tières alimentaires du sang, et des liquides animaux en général.
Voila la grande et la plus sérieuse affaire de la bile opérer un
départ. Les organismes spéciaux n'ont plus qu'à en effectuer l'é-
limination variée. Comme la pressure, la levure, et en général les
ferments, la bile agit sur des masses liquides pour séparer leurs
éléments. On a dit, à propos de la digestion, qu'il n'y a pas lieu de
la comparer à une fermentation, puisqu'il n'y a pas élimination
de gaz. Outre que ceci est d'un faux palpable, il est clair que tous
les départs liquides ne sont pas accompagnés d'une élimination
pcr ascensum. Quand je verse de l'alcool dans un liquide parfaite-
ment en équilibre de dissolution, mais contenant des corps préci-
pitables par l'alcool, se présente-t-il nécessairement une gazéifica-
tion des éléments? Non sans doute! Et cependant il y a départ,
précipitation. Il en est de même dans la bile; sans fermentation
proprement dite, ce composé-bile s'attache aux liquides organiques,
et les suit dans leurs éliminations spéciales, en se transformant
elle-même avec ces éliminations. Jamais personne n'a bien saisi
1 utilité qu'il y aurait de se mettre sur la trace des transformations
de la bile, au milieu des liquides qu'elle pénètre. J'ai toujours pensé
que certains éléments du sang, de l'urine, ne dérivaient absolument
que des éléments transformés de la bile. Toujours est-il que la bile
se scindant elle-même dans sa composition, s'accroche à ces élé-
ments étrangers liquides, sur lesquels elle produit le même phé-
nomène elle les suit dans les évacuations et fonctions diverses
qu'opèrent les organismes vivants. Si quelqu'un me conduisait dans
un établissement industriel, notre corps est-il autre chose'?
et que, dans cet établissement, je fusse frappé de la dimension par-
ticulière d'un corps de bâtiment donné; à moins que l'usinier ne
fût un fou ou un prodigue, ne me serait-il pas permis de dire, avant
tout autre examen, que ce corps de bâtiment doit avoir une im-
portance prépondérante dans rétablissement? Or, je vois dans la
machine animale un appareil énorme, excédant tous les autres
appareils! Ne suis-je pas fondé à dire que cet appareil est préposé
lit à une fonction prédominante.
D'après le rôle apparent de la salive.et des sucs intestinaux sur
la chylilication du bol alimentaire, il n'est pas probable, qu'un si
énorme appareil ait été construit pour opérer un travail adjuvant
et accessoire. Le foie a une tout autre fonction celle du départ géné-
ral qui domine toute l'existence des êtres organisés. Je ne m'arrête
pas à la dissolution des matières azotées, rôle auquel M. Bernard
semble limiter la production de la hile. Ce fait, fût-il prouvé à sa-
tiété, ne satisfait pas aux exigences de prépondérance organique
dont j'ai parlé; aussi l'instinct des penseurs ne s'y est-il pas mé-
pris cette idée est restée sans enthousiasme dans la science. Que
deviendrait, en effet, un animal dont le travail intérieur ne par-
viendrait pas à opérer ce vaste départ qui amène les termes extrê-
mes d'assimilation et de sécrétion? Nous en savons quelque chose
lorsqu'il nous survient une indigestion c'est-à-dire un enrayement
dans le départ assimilaleur! Le rôle du foie et de la bile dans le
foutus, qui ne digère pas, est un gage éminent du rôle que nous
assignons à la bile dans la circulation générale; u quoi bon tant de
dépense organique pour un travail qui ne doit commencer que
plus tard! Est-ce bien ainsi que la nature opère? ^7os yeux qui
représentent un organe si important dans la vie des animaux, ont-
ils la perfection pratique que nous remarquons dans le l'oie, pen-
dant l'existence fœtale? Chez les hibernants, est-ce que la bile ne
coule pas tant que le sang coule? Là, pourtant, il n'y a aucune
excrémentation nécessaire. Dans l'ictère confirmé la bile ne coule
pas dans l'intestin; cependant la vie s'arrête-t-elle faute de diges-
tion ? Voilà des faits qui eussent dû faire réfléchir le physiologiste
sur l'insuffisance du rôle qu'il accordait au foie et à son produit,
relativement il la masse prépondérante de ce grand appareil. Toutes
les expériences qu'on a instituées pour savoir si la bile sert ou
non à la digestion, ayant l'intestin pour théâtre et pour unique
foyer d'observation, sor' à reprendre à un point de vue plus large;
celui de la circulation générale. Vous supprimez le canal biliairc
sur un animal; et il digère sans la bile normale? Très-bien C'est
comme si vous coupiez un canal irrigateur dans un endroit donné
de son parcours; l'eau se répandra à travers champs! Si l'anatomie.
pathologique, l'anatomie des tissus, n'avait pas la malencontreuse
idée de voir dans la masse charnue un ensemble de conduits
roides, infranchissables; à peineouverts par des opercules latéraux
innommés et invisibles; de sorte que ies liquides de l'économie
ne puissent se mêler ni se joindre qu'avec des billets de cor-
respondance incompréhensibles; la philosophie médicale n'en se-
rait pas réduite à de semblables pauvretés. On eût saisi, dès l'abord,
les réactions connexes qui se produisent au sein d'une capillarité
accolée, feutrée; mais nullement tubulée, jusque dans ses ramifi-
cations extrêmes. Des faits pratiques innombrables sont venus dé-
contenancer l'anatomiste à tissus, lorsqu'il a voulu expliquer tubu-
lairement la production, la filiation et la sortie de certains produits
liquides. Dans la plique polonaise, voyez l'incohérence de doctrines
qui surgit à propos de ce suintement sanguin qui s'élève à travers
la chevelure; la tnbulation, quand même, des messieurs de l'ana-
stomose reste vaine! Dans les saignements de nez, on pourrait dire
dans presque toutes les hémorrhagies actives, d'où sort et par où
sort le flux sanguin? Par les capillaires! nous dit-on. Moi, je ré-
ponds entre les capillaires! La capillarité minérale n'est-elle
pas aussi vraie, aussi active que la capillarité organique Avez-vous
jamais jeté les yeux sur la contexture des roches sur les arborisa-
tions surprenantes des agates? Dans tout cela, vous chercheriez
vainement une lubulisation; il n'y a qu'AccoLEMENT; feutrement
accolement surtout. La fameuse endosmose du fameux Dutrochet,
est un monstre qui n'a du la vie qu'à la sottise anatomique des
tissus strictement anastomosés; ôtez le sens tubulé? L'endosmose
s'affaisse comme un sac vide; et nous rentrons dans la loi normale
de la physique. dans la capillarité générale. C'est l'endosmose qui
a sauvé la bourde physiologique. C'est Dulrochel qui a restauré
la royauté de J'anatomie tubulée! que Dutrochet monte au Capi-
tole mais qu'il fasse attention à ne point se rencontrer face à face
avec une oie Rien n'est plus déplorable, et cependant plus com-
mun que de trouver parmi les médecins, des gens étrangers à
toute espèce de physique sérieuse. Je ne connais pas de jouissance
plus grande pour un docteur, que d'inventer quelque grosse àne-
oie, parée d'un beau nom grec pour faire nique aux lois éter-
nelles, immuables de la nature. La physique cependant ne nous
repousse jamais lorsque nous nous approchons d'elle avec un cœur
pur et des mains droites. Il est vrai qu'il est bien autrement lucra-
tif de faire sortir d'un coin anatomique, quelque jolie trouvaille qui
entrave pour des années la constatation des grands faits scienti-
liques! Prenons l'endosmose pour exemple Mais, au lieu de nous
tenir dans les infiniment petits, où l'on ne voit rien, faisons de la
physique mégascopique. Supposons les derniers capillaires gros
comme des tuyaux d'orgue, et accolons-les les uns à côté des au-
tres Dans la communication qui s'opérera entre eux, je ne connais
pas au monde trois moyens d'y parvenir,; cette communication se
fera aux extrémités, par continuation; ou, LATÉRALEMENT, par bifur-
cation. Dans l'une et l'autre hypothèse, la lubulisation reste la
rnême elle ne fait que se compliquer. Yoili pourquoi les anatomo-
physiologistes ne comprenant pas l'idée première de Ruich, ont
supposé des capillaires tubes ouverts percés comme des écu-
moires. Cela ne revient-il pas absolument à une capillarité inter-
TumiLAiRE ? Car une fois les liquides extravasés tout se passe
comme si la capillarité montait entre des cylindres pleins mais
juxtaposés. De quelque façon qu'on s'y prenne on revient la capil-
larité la plus physique, la plus matérielle, inter-moléculairo, en un
mot; et tout l'échafaudage endosmo-anastomolique tombe dans
l'eaq. Ce n'est donc pas la peine de traiter la physique d'une façon
si hautaine, pour en revenir à ses plus simples éléments. Je dis,
par l'étude de ce qui se passe dans la nature organique,-plus inté-
rieure sans doute, mais plus apercevable, je dis que les vaisseaux,
se déversent entre d'autres vaisseaux, gici les pressent parallèle-
ment et, que par cet arrosement inter-tubulaire incessant, la
circulation arrive à un rapprochement et une connexité, telle
que nous la montrent les faits organiques. Les tissus présentent un
ensemble de grands tubes récepteurs terminés capillairement avec
et sans anastomose, selon les cas; mais afférents ou déférents; au-
tour desquels convergent des phénomènes, présentant cette capil-
larité presque physique que j'ai essayé de faire entrevoir.

XXI

Fonction glyeogénique du foie.


La fonction glycogénique du foie, depuis la belle découverte de
M. fil. Bernard est restée à peu prés sans indication d'emploi; les

uns disent qu'on trouve du sucre partout; d'autres qu'il y a là une


trop grande inconstance de sécrétion. Mais rien n'est sérieusement
observé dans toutes ces opinions. Nous verrons l'article goutte
l'importance de l'iiuroduction du sucre dans l'économie; ici, qu'il
me soit permis de dire que le sucre joue un rôle de premier ordre
dans l'assimilation définitive des produits de la digestion, restés
engagés dans le torrent circulatoire, sans une énergie d'annexion
assez grande pour se joindre rapidement à la tonalisation des li-
quides sanguins. Beaucoup de gens croient que l'eau est le plus
grand des dissolvants orbaniques; Boerhaave, de son temps, pro-
fessa les mêmes principes; ainsi qu'il appert de son travail sur les
délayants; mais là se rencontre une grave erreur que son génie de
chimiste eût pu lui faire éviter. Que de corps se précipitent au
contact d'une trop grande quantité d'eau pure?. Les albumines
sont dans ce cas, surtout lorsqu'elles sont chargées d'éléments
aussi complexes que ceux qu'elles contiennent sous leur lorme
circulatoire. Le sucre permet à ces substances complexes, non-
seulement de se dissoudre plus facilement dans le système vas-
eulaire, mais encore de s'y tenir en suspension convenable en
cas de dissolution enrayée ou dévoyée. La fonction glycogénique
du foie permet à l'organisme, qui serait trop appauvri d'élé-
ments saccharins, soit par une fâcheuse négligence du sujet,
soit par une pénurie spéciale, de se sauver au moyen des élé-
ments propres qu'il tire de lui-même. M, Bernard commence
par déclarer que la production du sucre ne saurait être regar-
dée comme la contre-partie de celle de la bile; sans doute dans
la peur de voir contester la très-belle découverte dont nous lui
sommes redevables; mais plus loin, repris d'un retour plus heu-
reux, il dit fort justement que les choses peuvent avoir quelque
relation entre elles. Que conclure de ces faits, rapprochés des
essais qu'il a tentés sur la production relative du sucre pour les
divers aliments organiques?. C'est que, non-seulement la com-
position organique- influe sur la production du sucre, surtout
sur la production exagérée, mais que la forme physique actuelle
de ces éléments alimentaires pourrait bien être fort importante
aussi. Voilà pourquoi nous insistons tant à l'endroit de l'alimenta-
tion, pour prouver que l'état alimentaire, bien plus que l'état chi-
mique, amène ou enlève des troubles morbides dans l'économie.
Dans une convalescence du choléra, n'ai-je pas vu une jeune fille, à
qui rien ne réussissait, hâter cette convalescence au moyen d'une
soupe indigeste à la graisse et au gros pain?. Il ne faut pas que
nous allions reculer au delà d'&'exandre de Tralles, qui avait déjà
saisi l'esprit de cette remarquable thérapeutique. Toute dispersion
d'une force condensée dans l'économie végétale amène du sucre;
de sorte qu'on voit surgir ce produitorganique, partout où une circon-
stance quelconque substitue la dispersion à la condensation. Les
fécules se sucrent d'elles-mêmes lorsqu'elles atteignent un état de di-
vision suffisant. Il en est ainsi des résines, quant à leur solubilité re-
lative et à l'odorance. Déposez dans un endroit frais la gomme laque,
la gomme copal divisées convenablement, si insolubles dans certains
menstrues; elles se diviseront encore spontanément et atteindront
une soîahilité très-remarquable. La résine du benjoin placée dans
les mêmes conditions, prend aussi une grande solubilité et change
son odeur d'oeillet faible pour une odeur intense de vanille. Cette
dernière expérience fait partie des travaux supplémentaires qui
m'appartiennent en propre et que je donnerai prochainement.Tous
les fruits passent de l'acide ou de l'amer au sucré; les sucs propres
aux arbres qui les produisent sont modifiés de la même façon. Les
fleurs commencent par être acides ou amères; elles n'acquièrent
l'odoriférance qu'en se sucrant pour une forte partie; et cette
odoriférance, pas plus que leur état saccharin ne reste stationnaire;
il y a toujours progression dans le sens de la dispersion, jusqu'au
moment où tout phénomène actif cesse de se produire. Dans les
graines, le glucose obtenu, soi-disant par un effet diastasique, ne
présente qu'un effets de la réaction des corps pyrophoriques sur les
fécules par la dispersion fondée sur l'introduction de l'eau et d'une
certaine chaleur. C'est une maturation artificielle de la graine,
obtenue au sein d'une terre faisant fonction d'ampoule organique.
Les plantes saccharifères gagnent et perdent leur sucre sous l'im-
pression des mêmes lois. M. Bernard, dans son Appendice aux
liquides de l'organisme dit ceci Une partie d'émulsine fut aban-
donnée à elle-même pendant deux ou trois jours; on constata qu'il
s'y était formé une grande quantité de sucre sans qu'on y eût ajouté
ni amygdaline ni salicine. Vexplbovion de ce dernier fait est tout
enti,'re trouver. » Je crois que si M. Bernard voulait reprendre
mes expériences si longues et si nombreuses sur les produits saccha-
rifiables, il saurait à quoi s'en tenir à cet égard. La dispersion suf-
fit, dans les végétaux, pour amener la transformation de tous les
matériaux organiques en sucre, avec du temps, de la chaleur;
avec l'emploi cies forces libres et des gaz.
Nous sommes donc fondé à dire, après ces observations si éten-
dues, que le sucre formé dans le foie naît d'abord de la réaction
des molécules pyrophoriques sur les éléments de la bile; et des
liquides organiques qui se joignent à elle au milieu des tissus du
foie; ensuite de la réaction des gaz déversés par la rate dans le foie,
ainsi que le fait sera établi au chapitre de la tiate. Lorsque les
éléments pyrophoriques ne sont pas en état de former du sucre,
soit par la qualité soit par la quantité, il se forme de la graisse
on peut dire dans ci cas, que celui qui ne e fait pas de bile se
fait du suit', Les essences, les corps volatils produisent sur l'orga-
nisme une telle action, qu'il y a le plus souvent création de sucre
dans l'économie; ce qui prouve sous quelle influence le sucre
arrive. la dispersion! Le diabète a été justement choisi par les
physiologistes comme le meilleur champ clos pour lutter dans les
théories de l'alimentation. En effet, dans cette affection qui ne pré-
sente aucune lésion anatomique apparente, il est clair qu'il se passe
là quelque chose d'éminemment organique. Il résulte des travaux de
M. Mialhe, et des arguments négatifs de M. Bernard, que le sucisk
étant la première et peut-être la plus importante formation diges-
tive sa transformation en tissus vient de la modification oxygénée
et autres que lui fait subir cette substance, divisée comme le noir
de platine, qui se cache sous les noms divers de ferment et sous
l'influence des gaz enfermés dans les centres organiques. De sorte
que le diabétique produisant du sucre comme tout le monde, et
n'ayant pas assez d'élément oxydant pour plastiquer, pour organiser
le sucre; ne peut quoi qu'il mange, arriver à la réparation néces-
saire à l'économie animale. Maintenant quel est le rôle de la respi-
ration dans cet état? Il est clair qu'elle est éminemmentimportante
dans ce grand phénomène. Un diabétique manquant de l'éléments
aide-comburaut, si vous lui ôtez encore l'élément comb2irant lui-
même ou si vous affaiblissez chez lui l'instrument de combustion,
-ces faits sont corrélatifs et concourent à un même résultat,- la
non-décomposition du sucre par l'assimilation et sa déjection par les
urines s'ensuivra forcément. Les sujets portés au diabète sont gé-
néralement des hommes très-vigoureux, mais qui ont été soumis
à un affaiblissement adventice quelconque, les femmes, un travail
exagéré, etc. de même les goutteux, d'après M. Bernard, les rhu-
matisants ont quelquefois des accès de diabétisme. On peut con-
clure de ces faits, par analogie, que le diabète, la goutte, les rhu-
matismes, la phthisie, appartiennent de certaines natures chez
lesquelles la condensations n'est pas en rapport avec la dispersion
normale. Mais il faut se garder, avec M. Mialhe, de refaire la chi-
iiiiàtrie au milieu des organismes; de saturer l'acidité du sang par
des carbonates, etc. D'abord, le sang n'est pas acide dans son essence
générale, apercevable: et les carbonates ne saturent rien. Quand
nn carbonate agit sur le sang, il agit au prorata de sa valeur dis-
persive; car il est de L'essence des liquides organiques, TANT qu'ils
vivent, de tenir en respect de combinaison les éléments les plus av
tagonistes; ou de les exclure de l'élément commun iosalisk. La
chimie des corps vivants est le type le plus parfait de la liquidité
générale. Les alchimistes admettaient que la vraie liquidité, non
vivante, tonalise aussi les éléments qu'elle soutient, sans combi-
naison possible, tant que la liquidité existe. Ainsi, les acides sulfu-
rique, chlorhydrique, nitrique, etc.; l'ammoniaque, la soude, la
potasse, etc., mis en présence dans un liquide restaient là tona-
lisés, tant qu'une volatilisation ou une précipitation, n'intervenaient
pas pour rompre l'équilibre, en brisant cette liquidité. La combi-
naison volatile ou pesante ne se formait qu'au moment de la rup-
ture d'équilibre, et en vertu de cette rupture. Aujourd'hui, on
professe justement le contraire. Les sels contenus, possibles, dans
un liquide, s'y trouvent tous formés pendant la suspension liquide:
de sorte que ce n'est qu'une cristallisation qui apparaît après la
rupture de cette liquidité. On ne voit pas que les faits de tous les
jours donnent un démenti formel à cette théorie; puisqu'on fait
sortir d'un liquide la combinaison *oulue, en variant les moyens
d'action. Je ne donne pas vingt années d'existence aux bases de
cette théorie; pas plus qu'aux principes dualistiques sur lesquels
la chimie moderne se greffe; en méconnaissant les vues élevées de
l'alchimie, sa devancière et sa bienfaitrice. Dans la chimie vivante
tout ce qui est actif, au point de vue assimilateur, est souveraine-
ment liquide; et suit les lois alchimiques de la liquidité! MISE
EN commun. Voilà la base de cette donnée organique; elle sous-tend
les éléments les plus précieux de nos connaissances économiques,
en chimie comme en physiologie. M. Bernard, critiquant la théorie
alcalino-chimique de M. Mialiie, ne s'aperçoit pas que l'explication
fonctionnelle qu'il tire de sa découverte blycoâénique n'est pas et ne
peut pas donner la raison du diabétisme. J'admets la fonction
glycogénique telle que M. Bernard la propose; je l'accepte comme
aussi prouvée que la faculté diurétique de la vessie! Mais, quand
je connais la faculté excnmentielle de cette vessie, en suis-je plus
avancé sur l'origine, sur le traitement des maladies qui peuvent
affecter cet organe? Jusqu'ici je n'ai pas vu une explication plus
sérieuse, plus vraisemblable des maladies de vessie que des mala-
dies du foie et du diabétisme. en particulier. M. Bernard lui-même
s'est bien gardé d'aborder la thérapeutique du diabète d'une façon
approfondie; par-ci, par-là, il a jeté quelque aperçus et voilà tout!
Il y a plus de résolution dans Picotas et Gueudeville, dans M. Mialhe;
j'ai la conviction qu'on rendrait plus de services aux malades, en
leur faisant prendre le carbonate d'ammoniaque des premiers; le
carbonate de soude du second, qu'en leur lisant une déclaration de
principes éloquente sur la fonction glycogénique Quand M. Alvaro-
Reynoso est venu prouver que certains asphyxiants, que certains
actes qui paralysent la respiration, peuvent amener un diabétisme
passager; M. Bernard lui a répondu en montrant que le sucre se
forme bien avant l'intervention des phénomènes respiratoires dans
les organismes. M. Alvaro-tteynuso n'eût eu qu'un mot à répondre
a Votre ne respire pas du tout parce qu'il lui
faut une sorte de diabétisme pour subvenir aux efforts de plasticité
qui est l'essence des êtres en voie de construction. Si votre foetus
respirait, il grossirait moins. 11 n'en est plus de même quand un
homme déverse par la sécrétion urinaire ce sucre utile à la répa-
ration organique, il tombe dans le marasme, l'épuisement et il
meurt
Je viens de dire franchement ma façon de penser relativement à
la fonction glycogénique du foie; on me permettra donc maintenant,
de présenter quelques objections qui tendraient à prouver que le
diabétisme pourrait bien avoir une autre cause encore, cause con-
jointe sans doute, mais placée en dehors de la fonction glycogé-
nique du foie. Dans la première partie de ce chapitre, jeme suis
efforcé de faire comprendre que le fait capital, en physiologie, à
propos de la circulation; le fait qui a échappé aux penseurs trop
peu imbus des lois de la physique transcendantale, est que la cir-
culation ne se produit pas en des tubes conjoints que la reprise
des liquides par le système n'férent n'est ni la prolongation de
cylindres, ou d'un conoïde renversé, veineux, opposé au sys-
tème déférent conoïde artériel, ni la soudure de ces deux sys-
tèmes à l'état nécessaire et normal. Qu'il arrive dans les hasards
de ce feutrement inextricable qu'un vaisseau d'un système s'ac-
cole à un vaisseau d'un autre système; bien mieux que ces deux
vaisseaux se soudent de façon à produire les anastomoses, que
l'on décrit scolairement comme l'état réel du système circula-
toire. Cela n'a rien qui répugne à l'esprit. Je puis même dire que
sur une masse de texture et de complication pareille cela revêt en
quelque sorte une apparence normale, a l'oeil peu conscient des
faits et des principes qu'il poursuit. L'anatomiste à courte vue phi-
losophique, trompé par la valeur de ses lentilles grossissantes ayant
rencontré le feutrement, la soudure, la coagulation associée; en un
mot tous us hasards, toutes les nécessités qui se produisent dans
une masse charnue, aussi comprimée, aussi agglutinée; voyant
d'un autre côté, un phénomène circulatoire se produire ostensible-
ment, s'est cru autorisé à conclure que cette circulation est fixe,
stricte, fermée; comme le travail qui se produit dans des tubes de
verre. La prétendue anastomose n'est qu'une illusion souvent,
une exception toujours. Aussi a-t-il fallu des préparations bien
cherchées, bien rares comme exception, pour faire apercevoir un
phénomène qui se fût rencontré de soi, chaque fois qu'on eût piqué
une chair quelconque, s'il eût été le principe au lieu d'être l'excep-
tion. Nous verrons plus tard par l'étude des maladies de différents
ordres, que la circulation fermée défend toutes les explications
rationelles, qu'on est en mesure de donner des cas les plus simples;
tandis que la circulation par reprise explique tout de la façon la
plus simple comme la plus vraisemblable. Mais jusqu'ici, on dirait
que nous avons pris à tâche de commencer l'étude de la circulation
par la fin, au lieu d'aborder les vrais éléments tubulaires. les
lymphatiques En effet., ce qui se présente le premier dans les
animaux de la série inférieure, annexé immédiatement au canal
alimentaire, ce n'est ni l'artère, ni la veine, instruments d'u a mé-
canisme supérieur et déjà compliqué; mais des tubes innominés
dans leur conformation spéciale, de véritables conduits omnibus,
chargés de promener la pâte plus ou moins chimée, chylée, san-
guinée. A mesure qu'on monte dans l'échelle des êtres organiques
animaux, le chylifëre se sépare des vaisseaux sanguines propre-
ment dits; comme la veine se différencie de plus en plus du sys-
tème artériel. C'est donc par les lymphatiques que j'aurais du
commencer mes recherches. On comprend que dans une démons-
tration ce n'est pas toujours le premier terme qui doit commencer
la série du raisonnement nos découvertes ne pouvant se baser que
sur des point analogiques, inductifs, il faut souvent aller chercher
bien loin des faits en question, le fil qi'i doit guider dans le dédale
cies recherches. Pour éclaircir le domaine des principes de la cir-
culation sanguifiée, j'ai cru devoir aller jusqu'à la pathologie spé-
ciale, jusqu'à la phthisie. ici, je demande la permission de re-
prendre la même voie et de m'attaquerau diabète, en ce qui regarde
les lymphatiques. En effet, si la circulation générale se fait par
1',EPRISE, les lymphatiques participeront à cette nécessite organique;
et nous devrons trouver dans la déviation circulatoire des lympha-
tiques, un cas complètement analogue au fait de phthisie pour la
déviation de la reprise sanguine. S'il était possible de trouver un
savant, étranger aux questions d'école et ns".ni de faits seulement,
auquel je poserais cette question « Étant donné la déviation san-
guine ayant pour type la plrthisie, composer et décrire le cas nosolo-
gique qui doit sortir de la déviation circulatoire lymphatique. » Il
tombera juste dans sa description sur l'histoire du diabétisme. Malgré
que je fasse, malgré la facile explication du diabète amenée par la
fonction glycogénique du foie, il m'est impossible de ne pns penser
au rôle général que joue dans l'organisme tout acte de tension.
un effet multiple! Il me semblera toujours, jusqu'à preuve con-
traire plus certaine, que le foie n'agit ici que pour partie et non
pour le tout. Les formes des éléments anormaux de l'urine
varient trop facilement entre eux pour qu'il en soit autrement. En
effet, les lymphatiques n'éprouvant pas une REPRISE convenable
de la part du système veineux, système ABSORBANT par excellence,
il s'ensuivra un départ dans l'organisme, qui amènera les trou-
bles fonctionnels attribués au diabète sucré, à l'albuminurie, etc.
Quel que soit le système admis jusqu'ici par les physiologistes mo-
dernes qui ont traité de la digestion, on peut dire que tous recon-
naissent le changement en sucre d'une portion notable des matières
soumises au travail du tube inlestinal; que la fonction élaborante
soit plus ou moins stomacale ou intestinale; plus ou moins salivaire,
gastrique, ou bilieuse et pancréatique. Ce qu'on appelle chyme, et,
encore mieux, ce qu'on appelle clryle, est donc un composé tenant
en dissolution du sucre, d'une façon indiscutable, de l'eau, de
l'albumine ou de l'albuminose, de la fibrine, etc. Or, si la «éprise
de ces éléments divers se fait mal; si leur transport, si leur adjonc=
tiôn dans la circulation varie; la circulation définitive tubu-
laire, ne s'effectue pas; que deviendront ces matériaux?. ils
passeront dans les émonctuaires natures plus faciles d'élimina-
tion ils passeront par la vessie, comme dans le diabète; ils
l'extravaseront dans les solides comme dans l'hydropisie, le scor-
but, etc! Ils suivront la route du canal descendant intesti-
nal comme dans le choléra ;et les typhoïdes générales Mais restons
dans le diabète pour mieux fixer la pensée. M. Bernard ayant décou-
vert la présence du sucre libre dans le foie, conclut à sa confection
dans ce viscère; et cela à cause d'un fait à peu près unique Il c'est
que le sucre est absent dans la veine porte, quand on le retrouve
d'une façon saisissante dans les veines sus-hépatiques. Ce qui
tendrait à prouver, pour lui, que lè foie seul produit le sucre et le
déverse dans ces conduits sus-hépatiques. Mais si l'on se rappelle le
rôle réel que jouent les veines dans l'organisme animal; rôle
absorbant, rôle de REPRISE; il est patent que les gros trous veineux
de la nature de la veine porte, sont à la fin de leur course de
reprise: à cause du diamètre particulier, relativement énorme, du
conduit veine-porte. Ce n'est donc pas à la veine porte, c'est-à-dire
à la fin d'une fonction absorbante qu'il faut s'adresser pour avoir
une preuve; mais à ce qu'on appelle la capillarité même, aux lym-
phatiques, aux veinules de toutes sortes qui peuvent aboutir dans
le foie directement ou indirectement. Le fameux un pour cent de
sucre qui se cache dans le sang des veines sus-hépatiques u'a
probablement pas d'autre origine; aussi bien que la quantité de
sucre quelconque disséminée dans le foie lui-même. Quand un
admettrait, avec M. Bernard, la fonction glycogénique la mieux
arrêtée, la plus indiscutable, la plus exagérée; cette fonction
glycogénique n'expliquerait pas encore la rapidité et les excès de
fonction qui se passent dans le diabète et dans quelques cas noso-
logiques de même nature. La glycogénie expliquerait tout au plus
la présence du sucre dans le foie. Quant au volume énorme du liquide,
à l'albumine, etc., le foie n'intervient qu? d'une certaine façon dans
tout cela! Cette rapidité d'excrétion, cet e très de sécrétion aqueuse,
ces adjonctions albumineuses, etc.; montrent que l'économie gé-
nérale, l'économie tout entière est intéressée dans le phénomène
nosologique. L'économie, frappée dans le départ des aliments qui
se fait mal, produit une sanguification incomplète aussi; et cette
sanguificationallant se parfinir dans le foie, s'épure, dans une cer-
taine mesure, des éléments chylifères encore grossiers, pour attein-
dre la forme-sucre, qui donne lieu à la fonction glycogénique du
fuie. Mais cette fonction glycogénique ne constitue qu'un acte d'ap-
pareil elle ne peut atteindre à la hauteur d'un principe physio-
logique voilà pourquoi il m'est impossible de me contenter de la
fonction glycogénique, donnée comme normale et pouvant s'exagé-
rer avec quoi on établit un principe physiologique. Ce principe phy-
siologique est la sanguification incomplète du sang; le foie ne fait
qu'en mettre ànti les éléments. Dans le diabétisme il y a enrayement
de l'hématose par des causes saisissables, suivant les circonstances
variables. M. Bernard a eu le bon esprit de reconnaitre lui-même,
dans le foie, une circulation spéciale et une circulation plus gé-
nérale sans quoi il est impossible, dit-il, d'expliquer certains
phénomènes! Je le crois bien! S'il ne se rencontrait dans l'urine,
anormalement, que du sucre, on pourrait croire que le diabète
est bien un résultat unique des déviations fonctionnelles du foie;
mais, comme l'albumine, la bile, le sang, des corps huileux,
mucilagineux, gélatineux, en un mot, ic peu près tous les ma-
tériaux de l'organisme peuvent se rencontrer dans l'urine, il est
clair que la circulation générale intervient dans le phénomène
glycogénique plus qu'on ne le croit aujourd'hui. Tout en m'incli-
naiit devant la magnifique découverte de SI. Bernard, je crois de-
voir faire une réserve très-sérieuse à propos de tous les produits
descendus de l'organisme dans les urines sans en excepter le
sucre; je pense qu'un retour théorique pourrait bien me donner
raison plus tard. Ce que j'ai dit de la formation du sucre dans le
foie doit nous servir à élucider la nature de la gélatine qu'on pré-
tend être contenue dans le sang à l'état normal. Par des analyses
queja entreprises avec un but bien déterminé, j'ai remarqué que
la gélatine existe ou n'existe pas dans le sang, selon qu'on prend
ce liquide en des circonstances déterminées, qui reconnaissent pour
base une facilité ou une difficulté d'excrétion des produits nor-
maux de la digestion, surtout des gaz. Ainsi, par un temps hu-
mide, lorsque les éléments volatils du sang sortent avec peine de
l'économie, certains gaz, certains éléments organiques que je com-
pare à la fumée de nos cheminées industrielles font retour au
milieu de l'économie vivante, et en réagissant sur les éléments du
sang en font passer une partie à l'état de gélatine; sorte de com-
posé similaire à de la suie. La gélatine naît de l'action des gaz sur
les globules; comme le sucre naît de la même action gazeuse sur
l'albumine. Ce qui est singulier, c'esl que ce résidu de combustion
dévoyé se glisse dans tous les endroits où la force vitale a l'habi-
tude de s'étaler ou de se résorber. Les cheveux, les poils, les
ongles, l'épiderme surtout sont presque entièrement formés par
de la gélatine concrétée. Les os, les cartilages, toutes les parties
résistantes intérieures sont dans le même cas. Je serais bien étonné
si le soufre ne jouait pas le principal rôle dans l'élément gélati-
neux. Mais passons aux excrémentations proprement dites.

XXII

Excrémcntation.

J'ai fait voir plus haut que les physiologistes ont expliqué les
excrémentations de la vessie et des intestins par toutes espèces de
moyens mécaniques, chimiques et surtout anatomiques. Bien peu
ont aperçu le rôle dominant des tensions-éréthisme qui mettent en
jeu les accessoires anatomiques; ou, s'ils les ont aperçues ils n'en
ont pas fait grand cas: n'en tirant aucun parti général. Cependant,
deux choses, enl?9 mille, pouvaient les renseigner à cet égard com-
plètement. La première nous montre qu'il existe des organismes
dans la zoologie qui opèrent les excrémentations avec une si grande
simplicité, disons mieux, une si grande pauvreté de moyens anato-
miques, qu'il est impossible de s'appuyer uniquement sur le méca-
nisme de ces appareils, pour fonder la production des fonctions
excrémentielles. La seconde rappelle combien ces sécrétions perdent
de leur énergie par certaines maladies atoniques qui représentent,
en quelque sorte, une vieillesse anticipée et exagérée. Dans ce cas,
l'émission des urines est supprimée, lors même qu'il n'y a d'autre
part aucun dérangement anatomique du côté de la vessie; quoique
les intestins se fassent remarquer par un spasme émissif excep-
tionnel. Ici, les éréthismes ayant complètement envahi le canal
intestinal, ils laissent la vessie, comme le reste de l'organisme, sans
tension appréciable. Les personnes que j'ai vues tourmentées de
gravelles, de calculs, etc., m'ont souvent semblé des natures peu
développées du côté des grands éréthismes de tension, d'où naissent
les fonctions de sécrétion excrémentielle. Si, avec cela, on suppose
que les conduits rénaux, chez eux, éprouvent quelque étranglement
particulier, on comprendra fort bien que les liquides du corps su-
bissent ce dédoublement, cette précipitation, qui donnent les cal-
culs et la gravelle. C'est ainsi que s'explique encore l'haleine mau-
vaise de beaucoup de gens tourmentés de ces tristes affections; le
sang n'ayant pas un mouvement dispersif suffisamment prononcé
du côté de la périphérie, rejette tous ses éléments volatils par le
poumon, par l'estomac même envahi par le reflux des éructations,
Ces faits s'exagèrent dans les pays humides comme l'Angleterre, la
Hollande, certaines parties de l'Allemagne, de la basse-Normandie
où les troubles de la vessie sont si fréquents. L'idée la plus en
vogue, touchant l'cxcrémentation, porte sur la puissance de la bile
pour faciliter cette excrémentation. Je doute cependant que la pré-
sence du liquide acre, qui séjourne longtemps dans la vésicule
biliaire, soit d'un secours unique pour l'excrémentation les faits
d'expérience démontrent absolument le contraire. Il est de noto-
riété médicale que les ictériques sont généralement constipés; et
sans aller chercher l'affection pathologique du foie, il suffit de s'en
tenir au tempérament physiologique bilieux; la constipation est fré-
quente parmi eux et très-fatigante. Quel est donc l'élément orga-
nique qui favorise les excrétions digestives, en y comprenant l'excré-
tion urinaire que je mets absolument sur le même pied que l'excré-
Lion solide des fèces? Je ne crains pas de le dire, c'est le sucre.
Dans l'article du Journal des Novateurs, cité plus haut, j'ai fait voir
que le sucre n'est pas tant un produit absolu, qu'une façon d'être, la
plus soluble, des carbures; il suit de là, que le sucre est nécessaire
pour dissoudre certains produits chyleux, et pour aider le départ
alimentaire. De sorte que le diabétique ne rendrait pas du sucre
par les urines seulement parce qu'il est diabétique; mais, qu'il
serait porté à une incontinence d'urine et de défécation, parce que
le foie cesserait de produire suffisamment l'agglutination bilieuse
établie en antagonisme dans son réseau, en face du sucre; ou ne
la produirait que d'une façon insuffisante. Voilà des faits qui
viennent s'ajouter, dans l'affection diabétique, à tout ce que j'ai
déjà rassemblé sur les causes passablement complexes du diabète.
Si l'on se rapporte aux théories que je vais donner plus loin, il
deviendra clair, en outre, que le diabétique étant un sujet épuisé,
ayant ses réserves nerveuses très-appauvries, il n'agglutine pas
assez les produits saccharins de la digestion préalable de l'esto-
mac partant, que ces produits ne peuvent atteindre l'absorption
intestinale, puisqu'ils n'ont pas su accaparer les forces nerveuses
nécessaires à leur passage à travers les intestins; de sorte qu'ils
passent immédiatement dans les émonctoires, comme impropres
au service de la vie. La circulation chargée de ces éléments sté-
riles les rejette trés-promptement; cette circulation n'admettait
que des corps chargés de forces tout ce qui sort de ce principe
gagne les émonctoires. N'oublions pas également ce dont j'ai parlé
ailleurs, l'abus de corps impropres à une facile agglutination ame-
nant ou aggravant ces résultats. Je dis encore, et par la même
raison, quoique inversement reprise, que l'ictère est amené par
une agglutination exagérée qui pousse le foie à ne produire que de
la bile, au lieu de donner le sucre normal. N'allez pas penser
que le foie soit assez polarisé dans son action nosologique pour
ne sécréter que bile ou que sucre; les choses prennent rare-
ment un caractère aussi décidé dans l'économie animale; voici
comment les choses se passent la liqueur contenue dans la vésicule
biliaire, et, surtout, celle %i s'écoule directement du foie dans le
duodénum, par les conduits hépatique et cholédoque, peut être
dédoublée en produits pyrophoriques et en produits sucrés. Il
résulte d'analyses, faites dans des conditions nouvelles, que le foie
varie sa sécrétion suivant deux formules opposées, l'élément pyro-
phorique oléo-saccharin, et l'élément mucoso-sucré. De la façon
dont se balancent les choses ou s'exagèrent, de la prépondérance
spécialisée naissent l'étal de santé et les troubles pathologiques.
Le grand tort de l'observateur a dé de se laisser impressionner
exclusivement par la grande quantité d'urines sucrées rendues
par le diabétique. Il est pourtant connu que le diabétique est
également frappé d'une défécation excédante et fatale, qui a un
caractère tout particulier au point de vue chimique. Les idées
anciennes sur les quatre tempéraments ont fait dévier ici l'a-
naïyse pathologique. Après le tempérament sanguin, bilieux, atra-
bilaire, on ne trouve que le tempérament lymphatique, auquel
on suppose un caractère vague, contenu entre des éléments san-
guins trop hydratés et des albumines ultra-solubles dans le genre
des albuminoses de M. Miahle. Il suffit de manger du poulet, du
veau, des viandes blanches en général, appartenant à des animaux
jeunes, peur reconnaître qu'il y a dans l'enfance de ces animaux
un élément sucré qui domine; c'est ce qui les fait rechercher
dans la cuisine. Les relations de certains naufragés, de voyageurs
qui ont vécu dans le voisinage des anthropophages, nous laissent
croire que la chair des hommes blancs est douce, ayant une espèce
de saveur sucrée, très-prédominante dans les enfants; c'est pour
cela que les sauvages anthropophages font une chasse cruelle aux
jeunes colons qui s'écartent des habitations de leurs parents. Le
lapin nourri de légumes saccharifères montre si loin ce genre de
sapidité, qu'il est repousse à cause de cela des tables opulentes. Le
sucre est donc une des bases de l'économie animale les enfants qui
ont besoin de développer leur organisme sont abreuvés de sucre
sous toutes les formes, depuis le lait si sucré de la mère, jusqu'aux
fécules à demi-saccharinées par une cuisson lente, saccharifiées
bientôt entièrement par le contact des sucs digestifs. Aussi, les en-
fants ne font-ils qu'uriner et rendre des selles, trop faciles, au désir
de leurs nourrices. Si l'on s'en rapporte aux faits cités par Yan
llelrnont, il paraîtrait que la saveur des excréments est assez douce.
Comment se fait-il qu'on n'ait pas remarqué alors l'influence excré-
mentielle du sucre? parce qu'il existe une opinion populaire qui
veut que le sucre échauffe. Rien n'est moins fondé que ce dicton,
qui porte plus sur la façon peu hydratée avec laquelle on le prend
généralement, que sur sa qualité réelle. Les herbivores ont des
selles plus copieuses que les carnivores et plus faciles; à cause des
aliments végétaux d'une nature très-saccharitiable qu'ils consom-
ment. Le sucre cristallisé qu'une manie de luxe déraisonnable place
sur nos tables, a perdu tous les privilèges àe son ancienne orga-
nisation, par une cristallisation aussi parfaite que les produits
minéraux les plus arrèt.és; ce sucre agit comme un déshydratant
sur 1 organisme, au lieu de lui apporter un secours de dissolution.
Si l'on a soin de l'étendre de beaucoup d'eau, préalablement, les
choses ne se passent plus ainsi; et, sans garder les avantages ré-
servés au sucre incomplètement raffiné, il ne revêt pas cependant
des caractères de déshydratation aussi prononcés que ceux que je
signalai; tout à l'heure. Dans les affections du foie, des reins, de la
rate, en général, dans tout ce qui indique une obstruction de la
circulation, sous l'influence d'une composition trop visqueuse du
liquide sanguin, le sucre hydraté a une influence souveraine; qu'on
le tire du miel, des végétaux, et surtout de la canne, l'urine, les
fèces, toutes les sécrétions, proportionnellement, prendront bientôt
une marche plus facile et plus sûre; c'est ce que l'instinct moderne
a su parfaitement réaliser lors de l'introduction exotique du café et
du chocolat. Dans les pays où ces denrées sont l'aliment vulgaire,
les nécessités d'une dilatation périphérique excessive, ou un calcul
de paresse humaine, font que les aborigènes emploient le café et le
chocolat pour fermer leurs pores périphériques, afin de perdre
moins de force, et, comme résultat, d'avoir moins de travail à faire
pour les remplacer. Une telle combinaison est à deux fins. Dans ces
pays on se sert peu de sucre, quelquefois pas du tout, pour assai-
sonner le café et le cacao. Car le sucre étant justement l'antagoniste
de ces produits, café et cacao, mettre du sucre dans les liquides
qu'on confectionne avec leurs éléments, c'est détruire d'un côté ce
qu'on établit de l'autre. Le sucre ouvre autant les pores périphé-
riques, que le café, le cacao et beaucoup d'autres substances de ce
genre ont la faculté de les fermer. En Europe, avant qu'aucune théo-
rie vint expliquer la marche suivie par le public, l'instinct avait
poussé à mettre du sucre dans le café et dans le chocolat; à mettre
tellement de sucre même, qu'on peut dire que le café et le chocolat
se trouvent là en minorité le plus souvent, comme simples agents
d'aromatisation. Malheureusement, dans nos pays, il s'est trouvé
bien des paresseux. On a fini par s'habituer à manger incompléte-
ment, pour ne pas se donner des dérangements fatigants. Je con-
nais une jeune femme, originaire de Bordeaux, qui a poussé la
négligence de son alimentation jusqu'à ne plus manger par jour
qu'un pain d'un sou; mais accompagné bien entendu de quelques
tasses de café au lait. Cette personne qui avait une santé remar-
quable autrefois, présente aujourd'hui tous les caractères extérieurs
de la phthisie. J'ai vu s'éteindre autour de moi bien des jeunes
femmes, des mères de famille qui arrivaient graduellement à ne
plus pouvoir supporter que des liquides. Dans les pays très-chauds,
la dispersion normale est favorisée, et même assurée par l'éléva-
tion constante de la température; mais, dans les climats si variables
de l'Europe, ii suflit de quelques journées froides, humides, pour
produire un retournement complet et définitif de la dispersion pé-
riphérique, dont l'action se porte et se condense uniquement
sur les voies épigastriques et respiratoires. Une fois cette dispersion
usuelle établie dans les centres vivants, l'estomac et le poumon de-
viennent des espèces de fournaises, par l'orifice desquelles on sent
s'écouler tous les produits qui devraient être excrétés normalement
par la peau. Il n'y a qu'à de rares intervalles que la transpiration
périphérique finit, à force de tension, par rompre les barrières
qui la retiennent; et. cela se montre sous la forme d'une transpi-
ration nocturne accablante; excessive comme toutes les excrétions
longtemps empêchées et qui parviennent enfin à se faire jour; ainsi
que nous en voyons des exemples dans les fièvres, la goutte, la
gravelle, les hémoptysies, etc. Voltaire a suivi un système d'alimen-
tation très-singulier qui lui a réussi, il cause de son extrême intel-
ligence et des soins tout particuliers dont il était entouré. Beaucoup
de personnes en essayant de le calquer s'en sont très-mal trouvées.
Voltaire avait un sentiment exquis de ce qui se passait dans son
économie animale; l'amour du travail l'avait initié à ces mystères
d'équilibration alimentaire dont bien peu de gens sont capables;
car il faut pour en arriver là une force de volonté invariable. Per-
dant peu, comme les Orientaux, il pouvait vivre de la vie intellec-
tuelle, sans pousser bien loin les dépenses de la dispersion.
Autrefois, la médecine était fortement persuadée que la péri-
phérie du corps humain jouait un grand rôle, par ses excrétions,
dans les phénomènes de la vie et de la santé. Depuis les théories
brillantes de Lavoisier sur la respiration, en y comprenant les mo-
difications exigées par l'école actuelle, les excrétions cutanées ont
été reléguées dans le domaine des infiniment petits. D'après MM. Re-
gnault et Reisat que je vois cités partout, cette excrétion cutanée
ne serait qu'un cinquantième des excrétions pulmonaires.
J'ai la plus ferme conviction que ce cinquantième ira, d'ici à peu,
retrouver les vieilles lunes, les roses fanées, les formules, les cal-
culs et les théories décrépi;tes; car un cinquantième c'est trop d'in-
vraisemblance d'autant mieux que, la transpiration cutanée étant
ce qu'il y a de plus variable au monde, puisqu'elle dépend de
toutes les alternatives physiques et morales, elle n'est pas seulement
dix minutes semblable à elle-même. En attendant ce jour tr«s-cer-
tain, et acceptant le cinquantième comme un canon indiscutable,
je dis qu'on ne fait plus assez d'attention à cette fonction si grave
des excrétions périphériques. La moindre gêne dans la respiration
pulmonaire amène des désordres d'une gravité extrême pour la ma-
chine animales. Cependant, tel de ces accidents ne peut pas être
évalué à la valeur d'un cinquantième de la fonction pulmonaire. Il
y a donc bien à se garder en face des troubles qui doivent être
produits par des circonstances si diverses à l'occasion des excré-
tions cutanées. Ordinairement, on ne s'occupe que des vapeurs
aqueuses qui traversent les couches épidermiques; si l'on y signale
quelque peu d'acide carbonique, c'est tout le bout du monde.
M. Milne-Edwards vient de réunir de son mieux les opinions les
plus récentes sur les matières physiologiques et s'exprime ainsi
« La vapeur aqueuse qui s'échappe des poumons, ou même de la
surface de la peau, paraît entrainer avec elle des traces de matières
organiques. Ainsi MM. Brunner et Yalentin, en faisant passer beau-
coup d'air expiré à travers de l'acide sulfurique concentré, virent
ce réactif brunir légèrement, ce qui indique la présence d'une ma-
tière organique. Marchand dans ses expériences sur les grenouilles
a constaté des faits analogues, et l'on a remarqué aussi que l'eau
obtenue par la condensation de la vapeur pulmonaire donne des
signes de putréfaction au bout de quelques jours d'exposition à
l'air. » (Milne-Edwards, Physiol., t. II, p. 628.)
Cependant, l'acide carbonique jouit d'une très-grande importance
dans ces fonctions cutanées. L'acide carbonique baignant la péri-
phérie de ces organes, produit les mêmes effets que la fumée for-
mant atmosphère à la voie de tirage des combustibles. Il peut s'é-
tablir une révulsion du courant de cet acide vers l'intérieur. Il en
est de même pour les vapeurs hydratées, dont se composent en
grande partie ces excrétions cutanées; un temps de brouillard, une
atmosphère humide, diminuent ou paralysent la sortie de ces va-
peurs qui se dirigent normalement du centre à la circonférence.
L'air humide empèche la sortie des courants intérieurs par l'an-
tagonisme extérieur qu'il leur présente. Le vent, le froid, le sec,
en resserrant les chairs, emprisonnent l'excrétion expansive, si
j'ose m'exprimer ainsi; et amènent une sorte de fièvre, qui est le
soutien du malheureux habitant des contrées polaires.
Il n'est donc pas étonnant qu'un bain d'acide carbonique produise
les effets que l'on connaît déjà, pour appartenir aux vapeurs hu-
mides, et même à l'air froid, au vent, à la gelée, a l'électricité. L'é-
lectricité ambiante, en excès, donne la fièvre, des prostrations, des
céphalalgie, des nausées, etc. La meilleure preuve de l'importance
de ces agents dans les organismes, c'est l'action qu'ils opèrent par
leur antagonisme extérieur, aussi bien que d'autres agents encore,
qui leur sont similaires. Le poumon quoique directement exposé
aux influences de l'air iibre, a bien moins à craindre que la peau,
des grands phénomènes qui nous entourent. Réfléchissons un in-
stant toutes les précautions admirables que le créateur a multi-
pliées sur le passage des corps gazeux, avant leur arrivée dans la
cellule respiratoire. Il. n'en est pas de même de la peau; sorte de
poumon abandonné à lui-même; livré aux hasards de l'endosmose
azotée des animaux intérieurs. Les natures blondes, délicates,
offrent le, nec plus ullra des conditions mauvaises qui font de l'é-
piderme une cause de perturbations organiques incessantes. On a
parfaitement apprécié l'influence des enduits qui bouchent les
opercales épidermiques; mais ce qu'on a traité trop légèrement,
sans aucun doute, ce sont les gaz et les vapeurs qui traversent in-
cessamment ces opercules, ne les admettrait-on que dans la propor-
tion d'un cinquantième, comparés à ceux qui passent par le tube
bronchique, pour la respiration cutanée tandis que la transpira-
tion a été admise comme donnant deux tiers pour la peau, un tiers
pour les poumons. (Milne-Edwards, t. Il, p. 622 et 635.)
C'est pour cela qu'un bain d'acide carbonique offre les effets
décrits par MM. Herpin et Boussiiigault. « Le premier effet de l'a-
cide carbonique, employé en bain, dit M. Bernard qui rapporte
ces faits, amène une sensation de chaleur douce et agréable à
laduelle succède un fourmillement particulier et, plus tard, une
sorte d'ardeur comparable à celle d'un sinapisme qui commence à
agir. La peau devient rouge, une transpiration abondante se montre
dans les parties exposées à l'action du gaz; la sécrétion urinaire
est considérablement augmentée. Lorsque le séjour dans l'acide
carbonique se prolonge, il arrive de la surexcitation le pouls est
plein, vif et accéléré; la chaleur devient brûlante; il y a turgescence
et rubéfaction de la peau, céphalalgie, oppression, etc. Prolongé
pendant plusieurs heures, le bain de gaz carbonique détermine un
état de stupeur comme de paralysie, le song veineux prend une
couleur très-noire. Lorsqu'on l'a pris dans des conditions conve-
nables, le bain.d'acide carbonique rend pius léger, plus dispos, plus
éveillé pendant quelques heures. Il agit énergiquement sur les
systèmes vasculaire et nerveux, nous avons dit déjà qu'il augmen-
tait la chaleur et la transpiration. M. Ilerpin signale ce gaz comme
rappelant aussi les flux sanguins habituels qui ont été accidentel-
lement supprimés, spécialement les héémorrhoïdes et surtout la
menstruation qu'il rend plus abondante, et dont il fait avancer les
époques. Dans un voyage qu'il a lait à la Nouvelle-Grenade,
M. Boussingault est entré dans les galeries d'exploitation à ciel ou-
vert d'un gisement de soufre. Il y éprouva une chaleur suffocante
et un picotement dans les yeux. » (M. Bernard, PhysioL, t. III,
p. 142.)
Lorsqu'on parle de la toux, il est rare que ce soit à une autre oc-
casion que les grands et profonds accidents qui accompagnent la
pneumonie ou la pleurésie. Or, comme c'est toujours à la nais-
sance d'un effet physique qu'il faut se placer pour en saisir le dé-
veloppement, il arrive que la toux physiologique est encore à étu-
dier. Admettez qu'une personne, dans le meilleur étant de santé,
éprouve un léger refroidissement incapable de déranger en quoi
que ce soit les fonctions de l'économie; mais, assez marqué cepen-
dant pour provoquer une certaine quinte de toux, aussi bénigne
qu'on le voudra. Le médecin interrogé sur ce point, qu'il regardera
immédiatement comme pathologique, répondra que le poumon est
affecté sympathiquement par le refroidissement désigné. Or, ce re-
froidissement peut ne consister que dans le fait très-innocent de se
placer sur un siège trop accapareur de calorique, le marbre, la
pierre, le bois dur même; la personne ne se lève pas plutôt, n'a pas
plutôt réchauffé le siège, en dominant, la première impression frigo-
rifique, que la quinte est déjà loin. D'après ce que j'ai fait voir de
la constante et normale dispersion du fluide énormon par la péri-
phérie tout entière, on comprend très-bien que ce courant péri-
phérique étant entravé dans un de ses points, il réfléchisse immé-
diatement sur l'organe qui absorbe la force initiale; et ne l'absorbe
qu'à la condition d'être déterminée dans son introduction broncho-
pulmonaire, par la succion que produit l'écoulement périphérique.
Si faible que soit !'arrêt de succion, le poumon s'engorge et re-
pousse, par le phénomène complexe appelé toux, l'afflux aérien
qui vient frapper le reflux dispersif interverti vers la périphérie.
Ces deux actes sont si bien liés dans leur correspondance mutuelle,
que l'effet parti du poumon et l'effet parti du reflux périphériques
sont aussi instantanés que le mouvement connexe d'un liquide ou
d'un gaz enfermés dans un tube continu. Ce que je dis du poumon,
je dois le dire de l'estomac et des autres appareils importants ren-
fermés dans les grandes cavités splanchniques chacun y est pour
sa part, et relativement; car ces appareils ne marchent que sous
l'impressioi. du même phénomène, une dispersion normale, con-
tinue. Seulement, les poumons montrent une telle susceptibilité de
réaction, que l'on trouve bien peu de poumons complètement sains
au-dessus de l'âge adulte jusqu'à la sénilit.é. (Richerand, Physiol.,
t. 1, p. 204.) De même, les plus faibles troubles sortis du départ
alimentaire sont répercutés sur le poumons au point de produire
des lésions si nombreuses que le détail comprendrait toute la no-
menclature de la nosologie pulmonaire. Une fois le reflux établi par
une cause quelconque, l'estomac et les appareils viscéraux devenant
paresseux, réagissent sur le poumon, qu'ils favorisent dans ses con-
gestions et de mal en pis, naît l'état phlhisique ou pulmonaire,
selon les cas.

XXIII

Rapports de l'exerémentation avec les tempéraments.


Le départ excrémentiel s'opère de trois façons principales, qui
répondent parfaitement à l'idée si juste, si pratique que s'en étaient
formée les anciens, sons le nom des trois tempéraments généraux.
Pour eux, le tempérament mélancolique, celui auquel se rapporte la
bile noire, n'était réellement qu'une exagération du troisième tem-
pérament, le bilieux ordinaire. C'est ce qui fait que Galien n'avait
divisé ces tempéraments qu'en trois catégories seulement, comme
je l'ai fait voir. En effet, le départ des aliments peut s'opérer 1° nor-
malement, 2° trop, 3° trop peau. Il s'opère trop peu, lorsque la
masse digestive ne sait pas parcourir assez activement le circuit
organique, de façon à forcer les barrières périphériques et se ré-
pandre au dehors, d'une manière énergique; comme cela est indis-
pensable dans tout tirage mécanique ou organique qui vise à la puis-
sance. Aussi, la lymphe lourde et froide cherche-t-elle toutes les
issues, tous les prétextes pour engorger le mécanisme vivant; puis,
finalement, elle rentre dans le conduit intestinal où elle se répand
par le cœcum en des diarrhées chroniques et constitutionnelles.
Chez les hommes cet état est moins facile il suivre que chez les
femmes; voilà pourquoi je m'aiderai des exemples tirés du sexe fé-
minin pour donner une idée plus arrêtée de ces divers mouvements.
Chez l'homme, la lymphe produit des engorgements scrofuleux;
dans la jeunesse, ces tumeurs aux genoux, qu'on a appelées coxalgies
dans ces derniers temps; et qui guettent au passage de l'âge adulte
ces fils de riches qu'on nourrit avec des confitures et des ailerons
de poulet; c'est elle encore qui s'établit dans les chairs sous le nom
de bubons, de clous, de cancers, qui vient se jeter sur le poumon
à l'état de tubercules, etc. Mais chez la femme la coxalgie est moins
fréquente que chez l'homme; les voies menstruelles se chargent d'é-
liminer le trop plein lymphatique sous le nom de flueurs blanches,
puis par les yeux, sous la forme de ce pus matinal qui enlaidit tant
les natures scrofuleuses, assez mignonnes généralement, lesquelles
sont soumises à cet accident trop fréquent parmi elles. Enfin, la
phthisie est plus commune aussi chez la femme que chez l'homme.
J'ai fait voir ailleurs combien le tempérament de la femme possède
une influence mystérieuse sur les affections de l'homme, que dans
les odeurs digestives se trouve caché le secret de bien des antipa-
thies ou de bien des symptlhies inexpliquées; ici je dirai seule-
ment que la femme lymphatique doit craindre en pareil cas, l'odeur
qui s'exhale de sa bouche et des parties sexuelles. La lymphe en
arrivant au contact de l'air est atteinte par l'oxydation qui lui donne
la constitution du pus: car le pus n'est pas autre chose qu'une
sorte de crème complexe soumise une facile oxydation. Les
:ci

femmes à peau fine attirent les hommes par l'éclat de leur teint,
la fraîcheur de leur coloris, la délicatesse de leurs traits; mais, si
elles n'exerceut pas une surveillance extrême sur les excrétions
dont je parle, elles portent bientôt avec elles une odeur de pus,
exécrable, qui chasse la sympathie amoureuse de l'homme et en
fait pour lui un objet de répugnance instinctive, inexpliquée le
plus souvent, surtout, quand le tempérament lymphatique se
trouve mêlé au tempérament bilieux, comme il arrive chez cer-
taines femmes; les odeurs prennent des développements si sin-
guliers, que cela a été et est encore en province l'objet d'une
antipathie générale. Le tempérament bilieux constituant la troi-
sième classe, le trop, est soumis à d'autres effets qui représentent
la contre-partie de la deuxième catégorie, celle du trop peu. Ce que
nous nommons la bile, c'est-à-dire cette propension qu'a le sang à
prendre une forme trop irritante par agglutination, trop chaude,
comme disaient les anciens, fournit au départ alimentaire une
énergie si singulière, que la masse circulante franchit rapidement
la périphérie est se répand rapidement au dehors. Chez de tels
tempéraments, chaque opercule cutané devient le siège d'une sé-
crétion huileuse essentielle, qui amène l'amaigrissement, l'émacia-
tion du corps entier et fait courir des dangers sérieux, à l'organisme.
Les anciens nous ont dit d'une façon on ne peut plus vraie, comment
de telles gens possèdent un caractère inquiet, remuant, despotique,
irritable, colérique à proportion de l'intensité des phénomènes dont
nous signalons le principe. Les aines, les aisselles, la bouche, les
parties sexuelles surtout distillent cette production huileuse essen-
tielle qui est le caractère fondamental de la bile, et cela va quelque-
fois, dans l'énergie du départ alimentaire, jusqu' amener les élé-
ments excrémentiels vers la périphérie du corps. Excrémenter,
normalement parlant, devrait être le rejet équilibré de l'excédant
des aliments; or, dans la constitution bilieuse on dirait que le départ,
effectué sous l'instigation d'une bile en excès, épuise outre mesure
le résidu excrémentiel normal, pendant que celui-ci effectue son tra-
jet à travers le coecum, et qu'il y a excès d'emploi. Aussi, de telles gens
sont-ils extrêmement constipés et ne rendent-ils que des matières
fécales presque solides, gluantes, inertes; dans lesquels on trouve-
rait conservés fort peu de principes assimilables. C'est tout le con-
traire qui arrive pour les lymphatiques. Un célèbre auteur a dit
qu'on reconnaîtrait les gens d'outre-Rhin à la grosseur comparative
de leurs excréments; cela voulait dire certainement que les habi-
tants de ces pays possèdent un tempérament lymphatique; un dé-
part alimentaire assez incomplet pour perdre dans les fèces une
partie de la nourriture utilisable. De là, pour les lymphatiques ces
odeurs fades de tout le corps, et, pour les bilieux, ces odeurs em-
pyreumatiques, qui commencent par ressembler à des éléments
amers et qui finissent par simuler l'état excrémentiel lui-même.
Dans le rapprochement des sexes, les efforts mécaniques poussent
à l'extérieur et au contact de l'air les exsudations dont je viens de
parler; elles s'oxydent alors et amènent les résultats que je signale.
On ne saurait croire combien il y a d'hommes qui désertent des
femmes bien aimées, ardemment recherchées, après les épreuves
de ce genre. Aussi, dit-on vulgairement que la faute commise par
une femme entraîne souvent l'inconstance des hommes. Il n'en est
peut-être rien au fond. Car on voit les homnvc les plus libertins
rester fidèles à certaines femmes de leur choix, et abandonner de
suite certaines natures dont les effets de tempérament leur répugne.
Les femmes, les hommes même, dans une limite facile à saisir,
doivent donc prendre des soins de toilette suffisants pour empêcher
ce résultat fâcheux; là, commence l'art du parfumeur et les raffine-
ments de la stratégie des coquettes. Ceci joint aux rapprochements
du mouvement énormon, inhérent à chaque nature d'homme, d'où
sort des trop et des trop peu de force intime, finit d'élucider les
sympathies et les antipathies générales, dont si peu de personnes se
sont rendu compte jusqu'ici. Les hommes à bonnes fortunes sont là
pour témoigner de la justesse de mes observations. A côté de ces
deux voies extrêmes il existe un tempérament, amenant un genre
de départ suffisamment équilibré: c'est, généralement, le tempéra-
ment sanguin,. A ce tempérament heureux semblent se rapporter tous
les privilèges de la vie la gaieté, la force, le courage, le succès. On
comprend du reste que le succès soit facile avec de tels éléments
intérieurs. Chez la femme, le tempérament sanguin donne des
odeurs neutres ou salées; de sorte que ni les aisselles, ni les parties
sexuelles ne se font remarquer par aucune odeur excédante dérivant
du départ alimentaire, en un mot, par aucun élément ou fade ou
empyreumatique. Au lieu de cela, il semble sortir de telles natures,
un gaz presque insaisissable, mais qui a quelque chose de chaud,
de puissant comme les éléments du sang qui lui donnent naissance.
Aussi, ce genre de femme a-t-il peu à redouter généralement de
Circonstance des hommes; les plus infidèies y reviennent toujours,
par comparaison. J'ai vu souvent les médecins consultés par les fa-
milles, sur des états physiologiques de ce genre d'où naissaient des
intérêts de premier ordre; et rarement j'ai vu aussi le médecin
savoir à quoi s'en tenir sur la réponse qu'on lui demandait, à moins
qu'il ne jugeât par sentiment, ce qui offre trop de chances d'erreur.
Voilà pourtant, élémentairement, les principes sur lesquels les sym-
pathies sexuelles reposent pour le plus grand nombre. Si le médecin
voulait, il rendrait de très-grands services dans sa pratique, en en
tenant compte, et en les appliquant avec la discrétion et l'intelli-
gence que son rôle comporte. L'instinct de la coquetterie a devancé
la science. Dans le Nord, les femmes lymphatiques usent et abusent
des odeurs chaudes, du musc, de l'ambre. Dans l'Orient, au con-
traire, on nous envoie les essences de rose, de géranium, et l'on
demande les essences de citron, de bergamote. Il existe une
maison à Paris, entre beaucoup d'autres, qui gagne cinq ou six fois
le traitement d'un ministre à expédier des eaux de lavande aux ha-
rems de l'Asie et de l'Afrique. La menthe jouit également dans ce
cas, d'un succès incontesté. Aux femmes froides des odeurs chaudes,
aux femmes bilieuses des odeurs éthérées, aux femmes vraiment
équilibrées, leur odeur propre. Si je n'avais pas placé ailleurs ce
que j'ai à dire en pareil cas de la nourriture et de l'hygiène, je de-
vrais le répéter ici; car les aliments, l'habitation, les habitudes en
général, tout doit se ressentir des besoins qui naissent des explica-
tions que je viens de donner.
XXIV

Dispersifs et expansifs, eoneentrateurs et


condensateurs»

II y a une grande différence, soit alimentaire, soit thérapeutique,


entre les dispersifs et les expansifs. Ces derniers sont généralement
appelés toniques; tandis que les premiers reçoivent, dans une autre
nomenclature, le nom d'antiphlogibîiques. Cependant, les uns et
les autres ont la même fonction finale, celle de pousser à la péri-
phérie, la condensation du mouvement. Mais l'expansif pousse de-
vant lui le fluide vital, celui-ci restant rondensé; tandis que le dis-
persif le pousse vers le même point, en lui faisant éprouver une
distension de cette condensation. Les effets apparents répondent
donc assez au phénomène réel, pour qu'on ait pu les classer 'il slhé-
niques et asthéniques, phlogistiques et aniiphtogistiques, etc. L'ex-
pansif serait une pente canalisée qui conduirait un fleuve vers la
mer, en le maintenant dans un lit assez étroit pour que celui-ci
conservât toute sa puissance dynamique. Le dispersif serait une
pente qui, en brisant au contraire les rives du fleuve, le ferait s'é-
couler et se perdre à travers les subies. Si l'effet purement physique
est le mêmes, avec des moyens différents, les effets thérapeutique
ne se ressemblent pas. L'organisme, avec les dispersifs, perd les
bénéfices de la condensation de forces qui donne cette vigueur né-
cessaire aux actes ordinaires de la vie matérielle. L'expansif exagère
au contraire les actes dont nous venons de parler-. Ils ne se retrou-
veut qu'au résultat final; car, après l'emploi de l'expansif, comme
après l'emploi des dispersifs, l'r.rganisme reste en perte, et en proie
a un affaissement. Les dispersifs appartiennent aux alcalis, aux
alcaloïdes, et, généralement, à leurs sels organiques carbonates
acétates, citrates, etc., souvent même ils vont au delà, c'est-à-dire
lorsqu'ils se montrent unis à des acides minéraux sulfates, phos-
phates d'alcali. Les expansifs appartiennent à des corps neutres, ou
légèrement acides, et à des acides volatils comme l'alcool,
le camphre, certaines essences dont je parlerai plus tard. Je doute
qu'un acide bien fixe soit apte à franchir les entraves de l'organisme
pour déterminer de vastes expansions. Les acides sont des agents
de condensation, comme les métaux denses; difflués dans la circu-
lation, ils peuvent amener une expansion médiate, en déterminant
au milieu de l'organisme des condensations très-tendues; mais, je
le répète, je ne pense pas qu'ils soient aptes à s'épandre comme
les corps ci-dessus. Je n'ai pas la prétention de refaire en cou-
rant les classifications de la matière médicale; le temps et l'ex-
périence valent mieux que moi pour cela; je me contente de mon-
trer le principe. L'introduction des acides dans l'organisme donne
froid, rafraîchit, dit-on, arrête ou supprime les écoulements hé-
morrhagiques, que nous devons regarder le plus souvent comme un
abus de l'expansion vitale. Ils sont aussi antidiurétiques et consti-
pants. En un mot, ils semblent fermer toutes les voies à l'expansion.
Les alcalis et les alcaloïdes présentent des phénomènes tout opposés.
La densité part de l'aigre et se porte vers l'amer qui répond à la
dispersion. Le fruit qui croit est d'abord aigre, presque sans excep-
tion il devient doux et se sucre lorsque les gaz de la sève, poussés
par la chaleur, viennent réagir sur la pulpe complexe de ces fruits,
ce qui représente sans doute l'équilibre, une sorte de tonalisatiun
plus ou moins complète, comme dans le sucre, amenant la neu-
tralité; puis en brûlant, en se dispersant il prend ramer. Les
pommes pourries, les fruits qui se délitent, les corps qui brû-
lent, perdent une partie de leur densité, cédée à l'oxygène. Le
sucre lui-même, par un changement moléculaire réalisé sous
l'influence de la torréfaction, devant dispersif, à l'état de caramel,
partant amer. Si l'on met du vin a:<ïre nouveau sur le feu, il se
dulcifie, devient sucré et passe à l'amer en se caramélisant. Or,
cette liqueur, comme toute matière organique, se trouve disten-
due par la chaleur jusqu'à l'amertume. Mais certains corps dans
lesquels l'élément carbone domine e tournent plutôt en huile,
en graisse, ou en amertume; la pomme aigre s'adoucit et prend
finalement l'amer, mais, la noisette finit par l'huile et l'huile
rance. La rancité n'est donc pas tant une oxydation actuelle, qu'un
reliquat de l'oxydation, une suite de cette oxydation amenant dis-
tension dans ce qui survit à la matière primordiale. L'homme fort,
serré, musculeux dans sa jeunesse, voit ses membres se distendre
organiquement dans son âge mûr et amener l'obésité, la flactuosité.
La graisse répond à une certaine distension propre aux corps orga-
nisés et cette graisse, qui est pour la matière azotée et animale ce
qu'est le sucre ou la fécule pouria nature végétale, indique une neu-
tralité, un temps de repos, une tonalisation qui finit par la rigidité
sénile, la ilactuosité extrême et la pourriture. On a dit en thérapeu-
tique que les corps aigres sont froids. Ils sont plutôt froids par leur
densité accapareuse de chaleur, tel que cela arrive pour les corps
minéraux et métalliques eux-mêmes, qu'ils ne le sont par composi-
tion RELATIVE. En effet, comme effet définitif les corps aigres sont loin
d'être destructifs de tension, ainsi que cela se voit pour les corps
distensifs; tels que l'opium, la digitale, l'aconit, les venins, etc.
Toute une école de physiologistes prétend que les phosphores or-
ganiques ou minéraux sont formés par l'animalisation; que des
temps, sans limites assignables, ayant précédé la naissance des ani-
maux supérieurs, les forces diffusées sur notre globe ont été em-
ployées d'abord à faire vivre des masses énormes d'êtres aquatiques
qui ont créé les bancs minéraux qu'on rencontre dans toute la na-
ture. S'il en était ainsi, il est certain que le phosphore ne représen-
terait pas autre chose que les carbures réduits par fanimalisation
à un degré de dispersion extrême. Aussi, le phosphore prend-il feu
spontanément à l'air libre, aussitôt qu'il est dégagé de ses combi-
naisons arrêtées. Si, au lieu de cela, on opère sur lui certaines con-
densations, en le tenant pendant quelque temps à une température
donnée, il perd la faculté de brûler spontanément à l'air, d'être
vénéneux, etc. Que l'on rapproche ces faits de ce qu'on .rencontre
dans les affections goutteuses, on verra que l'abus des substances
riches en pyrophores animaux, les viandes rôties, les ragoûts chargés
de jus, les vins fins, le café, le chocolat, enfin tout ce qui est con-
struit rnoléculairement d'une façon extrêmement divisée semble
amener la goutte. Les concrétions goutteuses elles-mêmes, compo-
sées en grande partie de phosphate de soude, se déposent dans les
tissus, au voisinage des ligaments, des articulationS, dans lesquels
ils viennent s'engager par la force de la circulation. Chez les ani-
maux herbivores, pour qui la pyrophorie des végétaux n'a pas la
même puissance que la pyrophorie des substances animales pour
les carnassiers, ce sont les carbonates alcalins qui dominent dans
le sang; comme ce sont les phosphates qui dominent dans les car-
nassiers. Les carbonates et les phosphates s'équilibrent, en se balan-
çant, dans l'animalité, suivant que l'alimentation se rapproche plus
ou moins du type animal, ou du type végétal. M. Hoefer pense même
que le phosphore est à l'état libre dans les liquides de l'économie,
malgré les dénégations formelles de M. Liebig à cet égard. Les
causes qui ont pour effet de condenser la matière organique ou
inorganique, ont pour effet aussi d'amener, par la condensation de
ces corps, une tension des forces libres engagées dans leur inté-
rieur. Et comme la tension des forces libres les pousse à se répandre
au dehors, il arrive que toute matière condensée agit sur les forces
libres comme une cause de tension et, finalement, comme une
cause d'expansion. Il est donc très-utile de ne pas confondre entre
eux les mots dispersifs et expansif, Ces mots, pour moi, s'appli-
quent à la matière particulièrement. Quand je dis un corps dispersif
j'entends par là un corps qui agit sur les autres corps en écartant,
sans doute, leurs molécules, de façon à leur donner une contexture
moins rapprochée. Un corps condensateur agit dans le sens inverse.
Mais quand je parle des forces libres les expressions et leur significa-
tion changent. Pour les forces, une matière condensée amène la ten-
sion de ces forces et leur écoulement au dehors; tandis que les corps
qui dispersent les molécules Je la matière amènent un effet agglu-
tinatif qui concentre à l'intérieur la puissance des forces libres. Il
est donc de la plus extrême utilité de ne pas confondre ce qui s'ap-
plique à la matière avec ce qui s'applique aux forces libres. J'ap-
pelle dispersion, puis agglutination ou concentration ce qui se passe
dans la matière qui s'écarte ou qui se resserre. J'appelle au contraire,
condensation, tension, ce qui se passe dans les forces libres. Les
forces libres n'ont besoin que d'un terme pour être qualifiées, le
mot tension. Car, la condensation de la matière amenant toujours
la tension des forces, on comprend que ces forces peuvent être dites
tendues en plus ou en moins selon la condensation des substances
qui servent d'appui aux forces en question. Les corps dispersifs ou
condensateurs faisant varier la marche des forces libres en plus ou
en moins, présentent un effet inverse qui contrarie l'intelligence de
ceux qui ne sont pas exercés à l'examen de ces matières. En effet,
quand la matière se contracte, la force s'épand. Quand la matière
se dilate, la force s'agglutine, se centralise. Il est donc clair qu'on
pourrait généraliser l'idée en disant forces centripètes, forces cen-
trifuges: ,il faudra bien qu'on en arrive là; si je ne l'ai pas fait
moi-même c'est pour ne pas heurter le sentiment de gens habitués
à n'appliquer ces expressions qu'à des matières d'étude toute diffé-
rentes. Pour me faire mieux comprendre encore, voici un exemple
que je prie mon lecteur de méditer Prenez une bouteille de
Leyde, la fores ''actrique que vous emmagasinerez dans ses flancs
métallisés prendra une tension telle, qu'elle cherchera incessam-
ment à s'épandre an dehors avec les allures foudroyantes. Rece-
vez la même source électrique dans une autre bouteille remplie de
copeoix de badine, ou, à votre volonté, laissez écouler la bou-
teille de Leyde mélallisée sur une lame de baleine. vous verrez
la force électrique foudroyante se transformer, sous l'influence du
corps dispersif-baleine, en une agblutination de force parfaitement
sensible au toucher. Comme si l'écartement Matériel de la baleine
permettait à l'électricité de se contracter en un effet centripède,
au lieu de condenser sa puissance en un effet centrifuge, ainsi que
cela se voit avec les métaux. L'explication de ces iaits est si ardue
que la pratique seule peut rendre claire ce que je dis là. Où trou-
ver une éducation faite dans le sens de découvertes aussi nou-
velles?. Est-ce dans l'Université, qui. ne connaît pas encore elle-
même les phénomènes dont je viens de rapporter ici la très-réelle
existence?

XXV

modification chimique des aliments et des


médicaments.

Lorsqu'on traite l'huile de ricin, éminemment purgative, par du


jus de brou, et au moyen d'une certaine chaleur qui permet au jus
de brou de précipiter les principes spéciaux des substances organi-
ques, il arrive que l'huile de ricin cesse d'être purgative; au lieu de
cela, elle acquiert une puissance tonique assez prononcée à cause
des faibles quantités de brou qu'elle retient dans son sein. Cela vous
donne la mesure de l'innocuité des traitements chimiques appli-
qués à des substances qui doivent garder telle ou telle propriété.
Nous verrons plus loin que l'huile de foie de nvrue agit surtout par
l'essence fétide qu'elle possède l'état pur; que dire alors des so-
phistications qu'on tolère à l'égard de cette huile, sous prétexte de
la rendre plus facile à prendre. Il n'y a pas une substance, bonne ou
mauvaise qu'on ne puisse modifier au moyen du jus de brou; je
suis convaincu que les poisons les plus actifs disparaîtraient par
l'effet d'un contact suffisant avec ce jus si puissant; il joue, en
quelque sorte, le rôle que le sous-acétate de plomb joue dans les
analyses organiques; car il entraîne avec lui le principe extractif, ce
principe individuel attribué à chaque végétal. Mais, telle ne doit
pas être la question en thérapeutique; voyons donc les conditions
auxquelles sont soumises les diverses substances qui traversent
l'organisme. Grimaud rappelle que Galien admettait trois altéra-
tions principales du sang: 1° la pituitaire (albumineuse); 2° la bi-
lieuse (oléo-volatile); 5° l'hydraulique (hydropisie). Neus pouvons
rapprocher ces idées des matériaux, alimentaires qui tendent à pro-
duire de4 effets de ce genre. Se devrait-on pas joindre aux trois di-
visions ci-dessus, une quatrième division entièrement dans le génie
de l'ancienne médecine? Je veux parler de l'altération atrabilaire,
dérivant de l'agglutination de la fibrine et des globules, par élimi-
nation des parties les plus liquides du sang, d'où sembleut dériver
les affections cholériques, etc. Les observations faites à diverses
époques sur ces altérations sont généralement très-bien fondées. Si
vous n'avez pas l'habitude de manger souvent des œufs mollets,
essayez de ce régime pendant quelques jours seulement; l'expé-
rience réussira beaucoup mieux encore si au lieu de l'œuf tout en-
tier vous ne consommez que l'albumine du blanc d'œuf. Vous ne
tarderez pas à sentir les conséquences de cette nourriture; les voies
nasales se rempliront d'un mucus anormal qui suffira à lui seul
pour amener des nausées et très-souvent une céphalalgie plus ou
moins intense. Si l'on abuse de ce régime, comme le font les An-
glais, on court grand risque de se rendre scrofuleux. L'altération
bilieuse se produit facilement lorsqu'on ingère en excès des sub-
stances très-sulfurées; des matériaux alimentaires doués de cette py-
rophorie organique que j'ai signalée ci-dessus tels que le café, le
chocolat, le beurre roux, les farines torréfiées, les jaunes d'œufs, etc.
Le foie a été chargé par la nature de fabriquer les deux produits
les plus importants qui doivent équilibrer les éléments de l'assimi-
lation et de l'hématose, la bile et le sucre. On dirait que la nature
s'est justement défiée de notre inconséquence et de notre insou-
ciance à cet égard. La bile représente l'élément pyrophorique et
ag;lutinatif qui doit être introduit dans l'alimentation pour en
hàter la transformation en produits sanguins. Examinez la bile
au microscope vous reconnaîtrez bientôt, à n'en pas douter, cette
famille de carbures divisés dont l'emploi est nécessaire pour dé-
terminer activement les combinaisons chimiques. Le foie produit
encore le sucre, dont le rôle est de diviser, par une sorte de dis-
solution et de suspension liquéfiante, les parties peu solubles en-
gagées dans la masse du chyle.
L'école de M. Liebig a cherché à établir deux sortes principales
d'aliments dans la nutrition ceux qui servent à la réparation en-
tière de la machine, les éléments azotés, ceux qui ne font qu'aider
la respiration, les éléments hydrogénés, parmi ces derniers et en
tête peut-être se rencontre l'alcool, etc. L'expérience montre, à n'en
pas douter, que ces éiémenis hydrogénés carburés et l'alcool surtout
servent non à la respiration, mais aux phénomènes de départ de
tension organique d'où se créent facilement des forces factices in-
dustrielles et peu réparatrices. Si, maintenant, la respiration a été
comprise en ce sens par Liebig, le fait devient exact, mais j'en doute,
car ses vues sont très-étroites et très-obscures à cet endroit. Lors-
qu'on casse du bois, qu'on porte quelque chose de lourd, on voit
fort bien que les aliments à tension servent admirablement à sou-
tenir le phénomènedes efforts. De même, l'abus de ces liquides dés-
habituant de la tension normale, amène le tremblement, l'absence,
par une diminution de tension suffisante et persistante. Il y a donc
une différencie immense entre le phénomène késultantiel de ten-
sion et le phénomène tout organique de respiration. C'est ce que
la suite des études nous démontrera clairement.
Les purgatifs n'agissent ni par l'attraction de similia similibus,
ni par la répulsion de contraria contrarüs, ni même par l'action
croisée de similia contrariU; mais par un simple effet de détension
exercé sur l'organisme général. C'est une conséquence dont on peut
se rendre compte par l'étude de certains médicaments, variables
dans leur emploi. Ainsi, la digitale est tour à tour diurétique, sudo-
rifique, purgative, selon les circonstances variées de son absorption.
Prenez peu de digitale, elle agira comme diurétique et comme su-
dorifique ajoutez à la dose, elle se fera purgative. Il en est ab-
solument de même d'une substance bien plus compliquée dans son
emploi; rangée à juste titre, moins dans les médicaments, que dans
le plus efficace de nos moyens de restauration, le lait en un mot.
Le lait, pris très-chaud, est connu pour servir de sudorifique vul-
gaire. Le lait tiède n'a qu'une action alimentaire. Mais il est rare
que le lait froid, pris à jeun, ne donne pas des selles abondantes;
si surtout il sort d'une cave fraîche ou d'un endroit privé de lumière
depuis longtemps. Nous pourrions ajouter que l'eau, pour beaucoup
de personnes, revêt ces diverses phases thérapeutiques. L'effet naît
donc de la variation de tension imprimée à l'esprit vecteur, comme
on disait du temps des alchimistes, ce que j'exprime aujourd'hui,
en vertu de mes expériences, par force agglutinative. Les purga-
tifs minéraux surtout, étant peu chargés de forces libres, ne passent
pas dans la réfection organique, et sont expulsés en entraînant
avec eux d'autres produits. Tel corps ajoutant à la masse actuelle
de cet esprit, sera sudorifique, ou portera vers la peau, sur la pé-
riphérie, et tel autre diminuera la force de cet esprit vecteur, et,
appauvrissant, par conséquent, la somme des tensions, il forcera les
humeurs à se répandre par les voies centrales. Car les humeurs ne
se tiennent à la place que nous leur connaissons dans les orga-
nismes, que par la tension nommée vie si cette tension augmente,
il y a, non pas fièvre, mais excrétions périphérique exagérée; si
elle diminue, il y a affaissement, diarrhée, choléra, etc. La fièvre,
dirai-je bientôt, est un état intermédiaire qui est constitué par un
développement de tension débordée, emprisonnée; sans moyen
d'expulsion. Un médicament n'agit pas toujours thérapeutiquement,
d'après une proportion exacte d'expulsion fécale; ce qui fait que
l'action purgative demandée par le médecin peut être atteinte au
moyen de corps dont le travail expulsif semble stérile ou fort mé-
diocre car, en purgeant, le médecin qui veut éteindre le mouve-
ment excessif de la fièvre, ne réussit que quand il a tourné la tension
excessive de cette fièvre, en une détension suffisante. Un homme
de lettres, je suppose, éprouve des pesanteurs de tête, des fatigues
d'estomac, par suite des constipations qui accompagnent générale-
ment le travail auquel il se livre; si le médecin sait lui ordonner
une lasse de lait froid le matin, de lait doux de la veille, mais ayant
passé la nuit dans une cave profonde et sans lumière, il arrivera
souvent, comme je le disais, que le simple aliment, devenu un re-
mède puissant, rétablira des selles faciles sans purgation apparente,
et ramènera l'harmonie dans l'organisme troublé. Que se sera-t-il
donc passé ici? un phénomène de détension. Voilà comment, en se
rendpnt bien compte des vrai lois physiques qui président aux
fonctions vivantes, on peut produire de très-grands effets avec de
bien simples instruments. D'après ce que nous venons de voir, ou
comprendra sans peine que les meilleurs purgatifs, soient ceux qui
produisent une détension la plus générale possible; la moins entaché
de travail caustique, désorganisateur, etc., à moins que la locali-
sation ne so;4. justement et expressément l'effet cherché. Car, si
sous employez ces substances dites drastiques, parce qu'elles s'atta-
chent obstinément aux tissus, vous courrez le risque d'une désor-
ganisation partielle, le travail de ces substances se produisant avec
trop d'énergie sur un point seul et pas assez sur la masse. Mais,
pour cette observation, ne confondons pas, comme on l'a fait autre-
fois, la solubilité avec la dureté. Telle résine, peu soluble, s'accro-
chera aux parois intestinales et rendra les plus mauvais services;
tandis que tel autre corps, d'apparence plus dure et plus dense, se
répaudra bientôt dans la circulation générale, à cause de sa grande
solubilité. En laissant de côté le caractère purgatif, touchez le sucre
candi, vous serez étonné de sa dureté, de la résistance qu'il pré-
sente à l'écrasement. Mais combien par sa solubilité ne l'emporte-
t-il pas sur tant d'autres matières sucrées qui semblent au premier
abord ne pouvoir lui être sérieusement comparées. Si l'on veut bien
se rapporter à notre théorie des saveurs, rendue si vraisemblable par
toutes les phases que nous avons étudiées, on verra que les corps
détensifs; et surtout les purgatifs, sont généralement amers. Ainsi,
même dans la série minérale sans vie, dans les sels de magnésie, due
soude, etc., l'amertume est flagrante, excessive, ce qui a fait croire
longtemps qu'ils purgeaient par cette saveur même. Mais ce qui
embarrassait beaucoup dans cette théorie, c'est que l'opium quoi-
que bien amer aussi, est loin de se ranger naturellement par ses
effets normaux dans la classe des purgatifs. L'amertume de l'opium
indique un corps extrêmement distendu, et par cela même dispersif:
car l'action des corps dans la matières morte, comme dans la ma-
tière vivante, semble agir arithmétiquementpar soustraction ou par
addition; aussi l'opium est-il sudorifique, diurétique et même pur-
gatif en s'y prenant convenablement. L'amer est si bien le type des
dispersifs, que l'agent le plus énergique de cette classe, l'acide prus-
sique s'est tiré longtemps des amandes dites amères, et qu'il en a
conservé l'odeur et le goût. La digitale, l'aconit, la laitue vi-
reuse, etc., sont souverainement amères. La bière qui joue de si
mauvais tours à l'hygiène publique, en abâtardissant ceux qui en
abusent, dénote son origine dispersive par la saveur franchement
amère du houblon dont elle tire à peu pies toutes ses propriétés
réelles. Les médecins ont si bien confondu l'action astringente de
certaines substances plus acerbes qu'amères, comme les tannins, les
quinquinas, etc., qu'il sera bien difficile de fairecomprendre, après
eux, qu'il n'y a aucun rapport de goût entre l'amertume styptique,
et à cause de cela acerbe du quinquina, des écorces de saule, de
chêne, etc., avec l'amertume franche et réelle de la digitale, de l'o-
pium, des laitues vireuses, etc.; aussi les tannins, par leurs qua-
lités propres, spéciales, gardent-ils un vrai rôle de toniques; tandis
que la digitale, l'opium, etc., seront toujours des dispersifs de pre-
mier ordre. Pour conclure, disons ceci toutes les substances char-
gées de mouvement agglutiné, ou très-propres il s'en charger,
passent normalement dans le torrent circulatoire; tandis que les
substances peu douées de mouvement agglutiné, ou peu propres à
s'en charger, sont repoussées du torrent circulatoire. Donnez-leur,
après cela, tel nom que vous voudrez, purgatifs, diurétiques, anti-
phlogistiques, sténiques, toniques, etc., etc., tout cela ne fait rien
au principe!
Pissons maintenant à l'étude des Mystères de la vie, qui servira
à compléter ce qui reste t dire sur le sujet que nous quittons.
MYSTÈRES DE LA VIE.
Vita chimiam abhorret.
Avant d'entrer dans de plus amples détails, je désire formuler
ici cinq propositions-principe, appuyées sur des expériences nou-
velles qui, si elles se vérifient, éclaireraient les connaissances
physiques, animales et véâétales d'un jour tout nouveau.

PREMIÈRE PROPOSITION.
FORME GLOBULAIRE.

Toute substances, et,, pratiquement, tout liquide complexe en-


fermé dans une enceinte et soumis à une FORCE générale, se divise
ait moins en trois parts une part solide globulisée, une part Ll-
QUIDE, qui peut atteindre dans beaucoup de cas la forme albumi-
une part
nEUSE, GAZEUSE dont nolts ne nous occuperons pas pour le
moment.
EXPÉWENCE

Une dissolution organique dextrine, sucre, lait, sang, bile, etc.,


étant présentée à l'électricité, réalise au bout d'un temps très-
court, les faits ci-dessus énoncés. Toutes ces expériences ont été
faites dans des vases ouverts, exposés à de faibles courants électri-
ques dus a des piles Daniell, montées de sulfate de cuivre et de sel
marin, ayant les deux rhéophores armés de lames de platine bien
pures. (On dira ailleurs comment, dans tous ces cas, l'électricité
peut être remplacée par les autres forces libres, chaleur, lumière;
car l'électricité ne fait que hâter et amplifier les phénomènes pro-
duits, autour de rovs, sous l'impression de toutes les forces dif-
fuses.) Certains liquides sont tellement avides des forces libre; qu'ils
les soutirent incessamment, témoins les corps résinifiables, les sucs
complexes, etc. On a expliqué bien à tort ces faits par une oxygé-
nation, elle entre là seulement co nme un détail.

CONSÉQUENCES

Au moyen des expériences ci-dessus s'explique très-clairement


1° la marche des fermentations; 2° celle des créations paludéen-
nés; 5° le mouvement des liquides organiques (voir la proposition
deuxième ci-dessous) 4° la naissance des êtres inférieurs du règne
animal et végétal 51 la globulisation de tous les liquides organi-
ques, sang, bile, lait, fécules; 6° l'apparition des liquides pathologi-
ques, confectionnés dans les centres d'inflammation, comme dans
un petit foie, etc.

DEUXIÈME PROPOSITION.

MOUVEMENT SPONTANÉ, CEM.UL/.TION, VASCULARlïÉ, CAILLOT,


CONFORMATIONS EPÉCIALES.

Toute globtelisation est douée, plus ou moins, de mouvements


spontané; de sorte qu'on peut dire de la forme globulaire « Elle
est le point de départ, et le type du mouvement chez, les êtres orga-
nisés. n Les créations qm la composent semblent vivre des ena-
prunts qu'elles font au liquide albuminoïde fractionné qui les en-
veloppe.
EXPÉRIENCE

De la dextrine soumise à la claustration, et aux forces électri-


ques indiquées ci-dessuî, montre trois choses 1° la scission du li-
quide (homogène initialement) en globules et en albuminoïdes;
2° le mouvement spontané de ces globules 5° une cellulation de
grande dimension, établie à la partie supérieure du liquide. Cette
cellulation n'est pas, comme on le dit, un élément primordial des
organismes, physique ou chimique; mais une construction géomé-
trique, architecturale, complexe, subséquente, un étui, un vase
dans lesquels vont se passer les phénomènes généraux de l'écono-
mie vivante. Elle naît de la globulisation principe, morte à la vie
individuelle, en atteignant cette forroe 'généralisée qui constitue la
solidarité des appareils zoologiques.
CONSÉQUENCES

Avec des dissolutions plus complexes que la dextrine on peut


faire passer très-vite l'état globulaire il l'état caténoïde et à l'état
cellulaire; puis h l'ïiat vasculaire, fibrineux, gélatineux, etc.. on
peut former le caillot Lcs globules de la bile composent presque
à eux seuls rélément-gélaline. Ces transitions se touchent et se
suivent nécessairement. Quant aux créations inférieures, elles se
compliquent de la polarisation variée, successive, multiple, inhé-
rente aux sources de forces libres qui leur donnent naissance. J'ai
réalisé des membranes énormes; des membranes de formes orga.
niques spéciales Membrane de la coque de Vœuf, membranes épi-
ploïformes, membranes dermoïformes, etc., par des procédés basés
sur les principes ci-dessus.

TROISIÈME PROPOSITION.
FORME ALBUM1NOÏDE.

La forme albuminoïde est un RÉSERVOIR de forces; l'électricité


peut u persister pendant DES ANNÉES. Cette forme .aii,mninoïde pa-
rait ne posséder aucrcne trace de globules; oit les glabrcles seraient
d'une dimension inaccessiblz nos lentilles actuelles. Lorsque la
fnrce recluse dans ces albuminoïdes baisse ou se perd; les créa-
tions, dites organiques, prennent naissauce, en entrant dans la
voie caténoïde, vasculaire, (ibrillaire, etc.; et les dissolutions or-
ganiques perdent, en tout ou partie, la faculté de cristalliser.

expérience
Des sucres d'origine, non pas les mélasses liquides, mais les
sucres seulement rapprochez, ceux des colonies et de la Havane
surtout, sont éminemment propres à faire ressortir la puissance
de ce phénomène, si important en théorie, et si brillant comme
application. « Uoe dissolution de ce sucre prend tant de globules,
d'un côté, et une si grande ressemblance avec le blanc d'œuf, de
l'autre côté, qu'il faut avoir recours aux réactions chimiques pour
arriver à les distinguer. Mais un moyens plus simple se présente
à l'expérimentateur l'électricité étant dans le liquide à l'état la-
tent, il suffit de tirer l'albuminoïde en filandres hors du verre, pour
voir ces filandres se jeter brusquement sur les parois de ce verre,
comme si l'on avait affaire aux lames d'or de l'électomètre. Dans
un autre travail, je ferai voir combier sont distinctes et tranchées
les réactions comparatives de ce sucre albuminisé, avec tous les
autres sucres connus. Plus tard, ces expériences serviront à faire
connaître la pureté organique des liquides. Et comme elles se font
bien ou se font mal par certains états météoroloâiques, on pourra
juger de la valeur agglutinative nécessaire à la santé des hommes
et il la maturation des fruits; c'est ce dont on a pu se rendre
compte cette année même. Les trois premières expériences ayant
besoin, pour se produire commodément, de cette agglutination lë-
conde on suit, avec elles, bien des mystères jusqu'ici inexpliqués
dans la physiologie générale; il faudrait ici de trop longs dévelop-
pements pour décrire la marche régulière de ces expériences
mais que l'expérimentateur ne se laisse pas rebuter par les dif-
ficultés inhérentes à toutes les expériences délicates elles ont été
répétées tant de fois par l'auteur, que îd«r réussite ne peut être
mise en question.

CONSÉQUENCES

Ces principes de l'albumination nous font découvrir les lois


qui président à la solidification des rues complexes et organiques
gommes, résines, liâneux, caoutchouc, gulla-percha, liquides con-
crets, etc. Dans le règne animal, le travail ovulaire est k- véritable
sciiÈMK des claustrations soumises aux forces libres; on peut en dire
autant du travail de la digestion, de celui du foie, etc.
Par contre, toute dissolution organique, de complexe passant
à un état plus simple, par la cristallisation, l'isolement des élé-
ments définis ou autrement, et devenant impropre aux réalisa-
tions ci-dessus, cela nous donne la elef des principes vrais de
l'aiimentation aussi bien que des tendances hygiéniques clu'il faut
favorise. Vita chimiam abhorrât; « la vie repousse l'isolement d-js
substances. J;

quatrième proposition.
DÉFORMATION DER ALBUMINOÏDES SUCRE,

Le sucre ne constitue pas une formation organique nouvelle,


mais une déformation des parties naguère soumises à /'agglutina-
tion. Sous la même influence, les liquides et les corps aggfutinés
qui se dispersent, produisent de /'odeur, de la couleur el de la s.v-
vEUR, au moment de la dispersion de leurs éléments agglutinés. La
résines, le musc, l'ambre, etc,, centuplent leur odorance et leur
effet thérapeutique, sous l'influence des alcalis, de l'ammoniaque
en particulier, grands dispersifs, tandis que cette odorrnce est en-
tièrement détruite en peu de temps au contact des acideï. Le sucré
constitue une série mobile de dispersion, qu'on n'arréte pas facile-
ment sur la pente des désayglulinalions, une fois celles-ci contmen-
ries; voilà pourquoi le sucre est /'élément NATUREL des FERMENTA-
TIONS, lesquelles fermentations ont été étudiées jusqu'ici à un point
de vue trop étroit, ainsi qu'il est facile d'en juger par ce simple
aperçu.
Deux voies principales concourent à faire apparaître du sucre
dans l'organisme 1" l'action de corps volatils aidant à la dispersion
des substances agglutinées; 2° la lésion ou l'affaiblissement de la
source agglutinante, c'est-à-dire des réservoirs nerveux. Cela est
patent à l'égard des gaz condensés dans l'organisme et dans la rate
notamment; celle-ci les déversant dans le foie où se rencontrent les
éléments de la bile, du sang, etc., il se disperse de leurs éléments
en assez grande quantité pour faire apparaître du sucre au sortir
de ce grand viscère; quelquefois la dispersion de l'air ambiant, de
la mort, de l'état cadavérique suffisent pour changer l'agglutination
organique vivante en dispersion par retour, autrement, à faire vi-
rer les liquides agglutinés en liquides plus ou moins chargés de
sucre. C'est ce qui a été constaté matériellement par un célèbre
physiologiste, qui a passé par à côté du principe, attribuant la
désagglutination produite par le temps à un ferment sur generis
qui créerait du sucre. Les ferments détruisent le sucre et n'en
créent jamais. On obtient même du sucre en faisant agir des cou-
rants sur de l'amidon cuit très-étendu d'eau. Ici, le fait est si
tranché, qu'il ne peut donner lieu à aucune ambi-uité.
Après ce que je viens de dire pour le sucre, il me suffit d'ajou-
ter que la gélatine naît des globules,comme le sucre naît des albu-
minoïdes.

expériences

10 Un courant de toute substance volatile; notamment d'essence


de térébenthine, de mirbane, etc., introduit dans de l'urine, du
sang, de Ja bile, etc., détruit l'agglutination engagée dans ces li-
quides avec assez de puissance pour faire apparaître du sucre en
des proportions, minimes sans doute, en rapport avec les moyens
artificiels trop brusques dont nous disposons mais très-sensibles
au\ réactifs, quand on veut y apporter le soin et la conscience que
demandent les faits d'un ordre aussi grave, théoriquement parlant.
Il lui faut savoir que beaucoup d'essences, dissolvant les précipités
de cuivre, ne laissent rien apparaître; l'essence de térébenthine
au contraire est très-commode, en ce sens qu'elle favorise le préci-
pité au lieu de le redissoudre; aussi change-t-elle les liquides or-
ganiques de sucre, soit prise à l'intérieur, soit mise en contact avec
les liquides sortis de l'économie.
21 Sans même léser les centres nerveux, tout ce qui affaiblit les
réserves de force vitale produit du sucre; il suffit pour se convain-
cre de ces résultats, de passer en revue les phénomènes physiolo-
giques et pathologiques rassemblés dans les livres au mot diabé-
tisme, asthme, pleurésie, tubercules pulmonaires, bronchite, etc.
(Reynoso, Johnson.) Et, plus particulièrement, il faut se rappeler
que le sucre n'apparaît dans la circulation générale que pendant
la digestion, c'esi-à-dire au moment où l'aliment, nouvellement
ingéré, affaiblit les réservoirs nerveux par l'emprunt qu'il est obligé
de leur faire, sauf restitution; la somnolence déterminée chez tous
les animaux au moment de la digestion commençante, établit sur-
abondamment ce phénomène d'emprunt nerveux.

En combinant du sucre complexe avec les liquides organiques,


et en les soumettant à la dispersion dans des vases clos, il n'y a
guère d'odorance et de saveur qu'on ne puisse réaliser; d'un autre
côté, en plaçant l'élément tannin dans un état convenable pour subir
toutes les séries dispersives, il n'y a pas de coloration qu'on ne
puisse atteindre. Il s'ensuit donc de là que la nature, dans la
maturation des fruits, dans la floraison, par conséquent dans ses
couleurs, ses saveurs, ses odeurs, n'a pas d'autre voie d'action.
CINQUIÈME PROPOSITION.

TAiN.NINS, ACIDES, ALCALOÏDES.

Lorsqu'on désagrège certains corps fortement aqglertiraés, comme


cela se remarque, dans les produits d'une végétation très-avancée,
il se forme des compositions bien différentes, selon la nature in-
time de Vêlement organique. Erc deliors de la cellulose et du li-
gneux, éléments qui s'échappent presque entièrement à une soln-
bilité présente et pratique, il se rencontre des corpzrscrrles déliés,
ylobula,ires, mais très-couderrsés organiquement; on les appelle
des taskins. Puis vient la masse des composés solubles, divisibles
en deux farrrilles ztn premier type a.yant une tendance ci s'urtir
avec de l'oxygène en excès, mt second type ayant de la t.endance
à s'unir avec de l'azote, ztn troisième type indifférent, restant
dans des conditions neutres, se rapprochant des éléments de l'eau
et carbone.

EUPÉRIENCE

Lorsqu'on dispose en expérience les combinaisons ci-dessus, on


peut enrayer très-souvent la marche des produits, en les séquestrant
d'une façon convenable. MeUre du vin en bouteille, c'est empêcher
l'adjonction de l'oxygène en eacès, qui produirait de l'acide acéti-
que. Saler, fumer de la viande, etc., c'est entraver l'adjonction des
unions azotées qui se forment au moment de la dispersion. Les
tannins, ayant une origine globulaire, interviennent souvent dans
les liquides très-étendus, comme ferments ce qui produit des effets
inattendus et inexpliqués par la science.

CONSÉQUENCES

On peut dire que toute combinaison organique semble avoir pour


base typique un cabbuie hydro-oxygéné, une formation neutre; si
cette combinaison s'attelle de l'oxygène en excès, il se forme des
acides; tandis que si c'est de l'azote, on voit surgir les ALCALOÏDES.
1

Coereion et claustration des forees libres.

Je viens de réduire en cinq propositions seulement la construc-


tion des formes physiologiques, constituant ainsi une sorte de géo-
métrie organique. Ces cinq propositions sont traitées d'une façon
si abstraite, que le lecteur pourrait n'y rencontrer dans beaucoup de
cas qu'une table des matières: je vais donc m\3brcer, maintenant,
d'en fournir le développement naturel.
Avant d'expliquer ces mystères de la vie, qui ont servi de but au
travail de tous les chercheurs, portant ce fanal mystique qui sou-
tient l'espérance au milieu des découragements de toute espèce, il
est nécessaire de jeter un rapide coup d'œil sur les bases données
par les savants de notre âge aux grandes lois qui régissent, dit-on,
les évolutions de la matière et les forces libres.
Dans l'enfance de la physique moderne, au moment où l'on venait
de traiter du calorique, expérimentalement, on s'aida de cet agent,
nouvellement mis à la mode, pour boucher une des plus belles voies
d'eau de la logique dynamique. hépler, Bacon, Galilée, Hook, avaient
bien admis une force générale, qu'ils désignèrent sons le nom d'at-
traction universelle, mais leurs pensées, à cet égard, ressemblaient
à des figures aperçues travers un brouillard passablement épais.
Newton escamota la difficulté au moyen d'une liabile et très-élé-
gante figure de géométrie. Tout s'attira donc dans le monde! Leibnitz
et bien d'autres surent le dire alors la matière était menacée, avec
cette vue dogmatique, de finir par une affreuse marmelade; si
Newton n'eût opposé la désopilante idée de sa diagonale. Le monde
marche donc aujourd'hui sous le bon plaisir d'une figure géomé-
trique. Tout s'attire, et finira par des confitures dans nn temps
donné; seulement, les newtonniens assurent contre la casse. nous,
et un certain nombre des nôtres, « après cela le déluge! Il Lorsque
le calorique fut élevé, plus tard, à la hauteur d'un dogme scienti-
fique, il prit un remords de conscience aux fils de ils se
demandèrent s'il n'y aurait pas avantage à placer une mécanique
dé retard il ce cabriolet fantastique, qui entraînait le monde dans
l'abin:ie, comme une ballade de Burger. Sans s'inquiéter des prin-
cipes les plus étroits de la logique et du bon sens, on mit en antago-
nisme l'attraction, qu'on appela moléculaire, pour les besoins de
la cause, avec la force répulsive de la clialezcr. Vous comprenez
-DE LA chaleur! Pourquoi la chaleur, me direz-vous, plutôt que l'élec-
tricité, le magnétisme, la lumière? La chaleur est-elle plus écartante
que ces autres forces?. Point! Nos transformations modernes
nous le prouvent assez expérimentalement; mais le calorique était à
la mode. On venait de lui donner le droit de cité dans la science;
on pensa qu'une telle énormité analytique passerait facilement dans
l'enseigi:ement sous ce couvert, et l'on pensa bien! Peu de per-
sonnes réclamèrent. Les lumières de l'intelligence dogmatique s'é-
taient éteintes; on entrait déjà dans la pénombre des ténèbres
actuels, où l'on se heurte contre tous les bibelots d'expérimentation,
sans rencontrer un seul principe sérieusement théorique. Quel rap-
port y a-t-il donc entre l'attractmn et la chaleur?. A peu près le
même qui existe, en grammaire, entre la loi des tf aspirées et les
mots épinard ou porte manteau 'électricité écarte, elle aussi,
les corps au point d'en faire de la fumée, moins que de la fumée!
Nous devrions en dire autant de ia lumière; les faits organiques
végétaux le prouvent surabondamment. On répondra à cela que dans
les faits électriques ou lumineux se cachent des faits caloriques. Je
pourrais retourner l'argument contre la chaleur. Je préfère de-
mander où l'on a rencontré d'aventure un corps réellement simple,
une force réellement pure?. Dans le cerveau des songes-creux!
Un corps pur, une force pure, me disait très-judicieusement M. le
docteur Hoefer, est aussi difficile à rencontrer dans la nature que
l'absolu dans l'ordre intellectuel. La chaleur n'est donc ni l'antago-
niste, .ai la contre-partie de l'attraction. c'est la chaleur! Chose
dont on connaît fort bien le nom, mais dont on ignore encore trop
et l'origine et les allures radicales. J'ai fait voir, au chapitre de
l'expérience capitale, qu'une seule force, presque non-définie, suffit
pour produire tous les effets attribués aux ressorts de fantaisie tirés
des romans mathématiques de Newton, et de l'engouement expéri-
mental sorti du calorique. L'électricité et ses similaires rencontrant
une matière écartée, moléculairement, se transforment en force agglu-
tinative, c'est-à-dire centripète, simulant la pesanteur, etc.; la même
force, placée en face de corps denses métalliques, se transforme
encore en force condensée affectant une forme particulière à l'élec-
lricité statique, qui devient tensionnelle. Au milieu. l'équilibre!
C'est pour cela que dans l'organisme nous trouvons les centres ner-
^ux constituant des groupes centripètes; tandis que les liquides
dominent dans l'organisme, et que les voies de condensation ou de
force ne se rencontrent que dans des points peu nombreux et savam-
ment appropriés. Le globe terrestre el, sans aucun doute, les globes
de cette espèce, sont composés de telle façon qu'une matière cen-
trale attire à elle et modifie, agglutinativement, les forces diffuses
répandues dans les abîmes de l'espace. De même que Newton, peu
mathématique ce jour-là, mais fort heureusement expérimental et
physicien, sut pronostiquer dans l'eau, l'existence d'un corps com-
bustible, par la réfraction des rayons lumineux qai traversent ce
milieu, de même, sans crainte de nous tromper, en songeant à la
force centripète nommée pesanteur, nous devons pronostiquer dans
l'intérieur du globe terrestre une matière agglutiuative d'où dérive
cette force centripète désignée sous le nom de pesanteur. Que cette
matière appartienne à la classe des carbures seuls, ou à la classe
des sulfures, des phosphures, etc., en analysant la matière des neris,
si ressemblante à celle des cheveux, des poils, des baleines, trés-
écartés moléculairement, je conclus de suite a une agglutination de
la force libre autour des centres.
Je viens de montrer combien est mal fondée, logiquement, la
grande théorie physique qui a la prétention de régir les phénomènes
généraux; il n'est pas mauvais de faire connaître maintenant, avec
quelle ignorance philosophique les modernes ont remplacé les dési-
gnations anciennes de haute physique, pour y substitue;' cet à-peu-
près dogmatique. S'il existe une chose bien avérée, en science.; bien
ridiculisée dans les livres, les discours. les conversations officielles,
c'est assurément la division antique des faits physiques en ignis, aer.
aqua, terra. Les physiciens, avec une suffisance qui n'a d'égale que
leur peu d'éducation philosophique, se tordent les côtes de rire
quand ils ont rappelé coite ridicule division à leurs élèves. Nous,
au contraire, disent-ils, nous avons eu le génie de classer les corps
ou substances en ga&, !iquides, solides. » Mais, pourrait leur de-
mander quelque loustic latinisant « Où placez-vous les forces libres
électricité, chaleur, lumière? Nous ne les plaçons pas, voilà
notre force. » Très-bien! Alors vous ne classez pas' Car, si vous
connaissiez le g&iie des langues, vous verriez que pour le mot gaz
vous employez une image comme les anciens avaient employé une
autre image en ce qui concerne le mot ignis. De même, en substi-
tuant à leur mot aqua le mot liqvor, liquide; vous changer. une
image très-grande pour une image plus restreinte. Quant au mot
solidus, préféré au mot terra, c'est prendre l'ambiguïté pour la
clarté. Je trouve donc la division ancienne mieux construite, com-
prise, en un mot, comme établissant une division générale; tandis
que votre division des corps en gazeux, liquides, solides, n'offre
qu'un tronçon de classification. Pourquoi n'avez-vous pas eu assez
de science et de bonne foi pour traduire ignis, aer, aqua, terra,
par ceci ignis, forces libres; aer, corps gazeux; aqua, liquides;
terra, solides. Tout y serait au moins contenu. Les forces libres,
électricité, chaleur, lumière ne se transmutent-elles pas, nécessai-
rement et à volonté, en feu réel? Dans tout cela encore le moderne
paye d'assurance!
Voilà, très en raccourci, ce que j'ai cru devoir avancer sur la
partie physique des sciences; passons à la partie chimique, propre-
ment dite. J'ai déjà fait connaître que ce livre a été fait, dans sa plus
grande partie, parallèlement avec mon livre de la Chimie nouvelle.
En étudiant la science d'une façon aussi synthétique que nell3 ébau-
chée dans la Chimie nouvelle, il m'était impossible de ne ^as tou-
cher à des questions accessoires, entrant très-profondément dans la
médecine et les autres branches de nos connaissances naturelles.
Depuis que j'ai repris la publication du présent travail, je n'ai eu
qu'à préciser ces questions de détail à revoir les parties incomplètes
en face des découvertes actuelles. Ce que je dis pour la médecine, je
dois le répéter pour les généralités eu chimie- qui constituent, il
proprement parler, toute la charpente d'une science si peu édifiée
aujourd'hui encore, quant à la partie organique. Laurent, Gérard,
Berthelot et un certain nombre de savants, en France et a l'étranger,
ont cherché à faire sortir nos connaissances chimiques théoriques
de ces ténèbres; je doute qu'ils y aient bien réussi, parce que,
comme les médecins, ils entendent construire la méthode chimique
sur la chimie seule; oublianï que la chimie n'est qu'une partie de
la physique, et que tout ce qui est général dans la chimie rentre de
forcé dans cette physique, pour les raisons qy.ejj'a: données ci-dessus.
Avant M. Berthelot, la dogmatisme chimique s'est porté sur le choix
de certains types organiques saillants, pour en faire des espèces de
passe-partout, au moyen desquels on encadrerait la plus grande
partie, si ce n'est toute la série des phénomènes. Dl, Berthelot, el:-
couragé par des faits scientifiques nouveaux, que nous devons à ses
beaux travaux, a cru pouvoir en tirer une méthode dite synthétique;
ayant la très-louable envie de se substituer aux ancicnnes méthodes
à type-principe. Je crois que NI. Berlhelot a montré en cela plus de
bon vouloir que de prévision. En effet, lorsqu'on reste dans les
premiers composés très-élémentaires, le gaz des marais, le gaz de
l'éclairage; en un mot, dans les carbures et les bicarbures d'hydro-
gène, il est clnir que la synthèse sourit à toutes les combinaisons
très-prochaines; mais, aussitôt que les faits se compliquent; je dirai
plus, aussitôt que les synthèses se multiplient, ou se multiplieront,
ce qui est certain, pour un composé donné, on ne saura plus à
quelle formation-principe accorder la préférence; et l'on risquera à
rester, comme l'âne de Buridan, entre les célèbre. picotins. Le
livre de M. Berthelot devra sa vogue, comme tant d'autres choses,
à ce qu'il y a de fautif en lui, dogmatiquement; tandis qu'on ne
fera pas attention aux fort belles choses de détail qu'il renferme.
C'est ainsi que s'est éclipsée, presque à son aurore, la chimie molé-
culaire d'un astre rentré sous l'horizon; qui la basa sur un engoue-
ment de son époque. On pourrait continuer les rapprochements.
1l faut des choses p,us vastes, plus solides pour fonder les dogmes
d'une science de la taille de la chimie; de telles bases doivent s'ap-
puyer forcément sur la portion la plus élevée, la plus transcendan-
tale de nos connaissances physiques. Dans l'article des fermentations
'ai donné un aperçu h''s-succinct mais très-grave de la façon dont
j'entendais les phénomènes organiques; quoique j'aie voulu laisser
à cet article à très-peu de chose près la physionomie qu'il avait au
moment où je l'écrivais, c'est-à-dire vers 1854-1855, les faits qui
se sont passés depuis et que vulgarise notamment M. Berthelot, me
forcent à compléter mon article ici, pour ne pas perdre l'antériorité
des principes qui m'appartiennent; devant l'énonciation de quelques
rapprochements de détail donnés, par les chimistes de notre époque,
que sans connexion, bien entendu, mais avec une forme si ambiguë,
plus tard les lecteurs ne saturaient plus reconnaître ce qui appar-
tient aux uns et aux autres. J'ai beau accumuler expérience sur
expérience, je ne pu'? int décider il publier encore ce deuxième
volume de chimie qui doit contenir la méthodologierégulière de mes
idées, it cet égard; je suis seul à travailler, ce qui rend beaucoup
plus lent une publication facile a activer au moyen de collabora-
teurs. Comment expliquer ces collaborateurs, les voies qui me
conduisent, sans donner tout le secret de ma méthode?J'aime mieux
en confier le tracé générai au public, ce qui me permettra ensuite
de parler à cœur ouvert. Je ne méprise ni le système des types-
principes, ni l'essai de synthéüsation; malgré cela je crois que la
chimie minérale ou organique reposant particulièrement sur la
dispersion et la condensation relative des éléments en jeu; la hiérar-
chie qu'on se propose de trouver devra reposer aussi sur une seria-
lion des composés, basée sur leurs propriétés actuelles de condell-
sation et «le dispersion. Lorsque, dans la Chimie nouvelle, je pré-
sentai des rapprochementssi nombreux entré des expériences très-
pratiques et les lois de l'optique et de l'acoustique, on me prit
pour un songe creux; comment se fait-il qu'on divinise MM. Bunsen
et Kirchhoff qui traduisent en fait la même pensée?. parce que
leur nom est en en et en koff; et qu'au lieu de faire concurrence
aux Français, nés malins, ils entrent dans cette société mutuelle
des réclames qui se passent la rhubarbe et le séné par toute l'Eu-
rope. Hutnboldt fut longtemps le compère d'Arago et compagnieen

pauvre M. Zantedeschi qui a les


Allemagne; H«;ruL9ldt mort, il fallut des successeurs. Quand à ce
Allemands dans ces phénc-
mènes, le voilà à peu près réduit a sa propres estime. Mais revenons
au dogmatisme. L'ancienne chimie était frondée entièrement sur le
principe ci-dessus, qui lui fut donne par l'instinct seul. La médecine
de nos jours, après un long divorce, retourne aux idées antiques
développées par mppocrate; j'ai peur que !a chimie ne prenne le
même chemin, lorsqu'elle aura épuisé le cercle des nouveautés
amusantes avec lesquelles el'c joue en ce moment encore, comme un
enfant joue avec sa poupée. Aujourd'hui, je suis désolé de l'avouer,
la méthodologie chimique me fait l'effet de l'histoire de France écrite
par Alexandre Dumas, suivant le besoin de ses Inimitables causeries.
Chacun se fait un d'Artagnan de fantaisie; on brocha là-dessus un
ou plusieurs volumes; de principes généraux il n'est guère question.
Or, les corps sont évidemment soulevés ou abandonnés tour à tour
par le mouvement; auquel l'oxygéne, le chlore, le soufre, etc., ser-
vent do. support; toute la chimie minérale deviendrait d'une clarté
incroyable, si on la retouchait à ce peint de vue; n'est-ce pas là ce
qui fait qu'un corps va se servir, sans sortir de son individualité
seule, de base et d'acide, en se brisant en deux parties inégales,
dont l'une, la partie acide, portera plus de mouvement que l'autre,
la base; parce que la première partie porte aussi un poids donné
supérieur d'oxygène,de chlore, de soufre, etc., par rapport à l'autre
partie, la base, qui n'en porte qu'un poids relativement moindre.
Si l'on attache ce principe-type à la chimie minéraie on remarquera
qu H n'y aura rien à changer alors dans ta chimie organique,. Toute
synthèse et toute anaîfse organique reproduira très-exactemcia les
mêmes faits. Dans la fenr.enlation qui dédouble un élément com-
plexe, vous trouvez des gaz, des essences, des liquides, des so'ides
c'est-à-dire toutes les formes possibles d'un mouvement tonalisé,
qui se scinde en fractionnements infinis; multipliables en raison de
;;os recherches et de notre talent d'analyste. Je suis donc fondé a
redemander le retour aux principes, obscurs alors, mais très-clairs
aujourd'hui, de la chimie primitive. Les chimistes créent lears
groupes, réalisent leurs synthèses pensez-vous qu'ils se préoc-
cupent, en cela, du médecin, du botaniste, de l'industriel?. Nulle-
ment La chimie est à eux, pour eux. et, bien entendu, pour les
leurs Qu'est-ce que cela avance le médecin de savoir que le blanc
de baleine peut être considéré comme un acide, un alcool ou un
éther?. L'industriel en fera des bougies, mais se gardera bien de
le présenter à ses convives. Établissez, si vous le voulez, dans telle
ou telle partie de votre ouvrage ces rapprochements éthéréens qui
peuvent faire concevoir des idées accessoires plus ou moins oppor-
tunes mais, avant tout, donnez-nous donc la hiérarchie du mouve-
ment supposé à chaque corps. de la force qui l'ar.:me puis-
sance qui commande les réactions, les affinités, les- fermenta-
tions, etc. En un mot, la marche universelle des corps et des
mondes Avec cela le médecin ne sera plus embarrassé au lit du
malade. Puisqu'il lui faut faire avaler du mouvement en plus ou en
moins à son client, avec le support d'une matière hiérarchisée.Don-
nez-lui cette hiérarchie; sans cela, il continuera à suivre les modes,
comme un calicot de bonne maison. L'industriel qui cherche un
corps, d'une composition donnée, supérieure en mouvement à ceci,
inférieure à cela, se perd dans les types, et se perdra dans les syn-
thèses pourquoi ne laissez-vous pas là vos dictionnaires dogmati-
ques pour lui présenter cette hiérarchie certaine, ou au moins
appuyée sur quelque bonne volonté Je défie un industriel de se
reconnaître dans le gâchis dogmatique de la chimie actuelle. Il faut
qu'il parcoure toute la matière organique! Grand merci de vos
doctrines; je suis de l'avis de Buffon parlant des méthodes bota-
uiques;il en coûte moins d'aller voir sur place dans un jardin les
plantes décrites, que d'en étudier la parenté dogmatique.
Voilà, quoi qu'on en dise, l'état dans lequel nous trouvons aujour-
d'hui les études de haute théorie scientifique. Je tiens à en faire la
constatation expresse en ce moment; car, dans dix ans, ce que
j'aurai eu tant de peine à faire entrer dans les faits d'expérience,
sera si vulgaire, qu'on ne voudra plus admettre qu'ils ne soient
pas sortis tout naturellement des méthodes que nous possédons.
Ainsi, pour ne prendre qu'un seul exemple entre plusieurs aux
yeux de la foule universitaire, M. Berthelot passe pour avoir mis la
main sur les créations vraiment organiques, en disant surgir de
terre tout ce qui passe par sa fantaisie synthétisante. Personne ne voit
que les carbures d'hydrogène, fût-ce même l'alcool et l'éther, sont
des composés qui n'ont plus rie d'organique; je devrais dire qui
sont souverainement antiorganiques; puisque, avec leur secours, on
pare industriellement aux mouvements intimes qui produisent les
destructions définitives des êtres organisés, qu'on veut garder sous
une forme primitive après leur mort. L'alcool est un produit ultime,
scindé, qui reutremit dans les corps dits minéraux, même pour le
vulgaire, et au simple aspect, s'il possédait la forme cristalline. Je
regarde les travaux de Laurent, de Gérard et de ceux qui ont com-
mencé à virer certaines essences en des essences plus voisines de
celles que nous voyons se produire dans les végétaux vivants,
comme plus rapprochés des faits organiques. Néanmoins, je saisis,
ici, l'occa:ion de rendre une pleine et entière justice aux très-beaux
travaux de M. Berthelot, du moment où ils ne sortent pas du cadre
de synthèse-série qui! leur appartient réellement; ma critique ne
s'adresse i;u'àla méthodologie qu'on fausserait, qu'on retarderait
indéfiniment, si on veut encore la pousser sur des principes de
chimie limitée, comme nous avons cu la mauvaise chance de le voir
faire depuis si longtemps.
La chimie rêellement organiqzie demande zcn travail qui ne doit
employer que les FoncEs LiBRES, sans combinaison d'affinité, de
réaction, etc.
Elle doit changer la forme des corps, par V intervention d'un
mouvement intime qui ne puisse point être attribué à acne adjonc-
tion ou il, une élimination des éléments en expérience.
Voilà ce qui va faire la base de ce travail. Je vais prendre des
substances organisées bien définies, bien connues, et je les ferai
passer par diverses formes réellement organiques qui ne leur appar-
tiennent pas normalement, pour composer la série entière des
apparences que nous sommes habitués à regarder comme élémen-
taires, basiques, dans les lois de l'organisme; en un mot, j'es-
sayerai de constituer une sorte de géométrie, enserrant dans ses
principes les formes supérieures de la physiologie générale,. Enlror*
dans les faits pour réaliser les expériences dont je viens d'in
diquer la pensée je me sers de piles Daniell, montées au sulfate
de cuivre et au sel marin. Généralement, deux piles accolées suf-
fisent. Mais je ferai remarquer avant tout, que pour ne pas subir
d'échec il faut que le temps soit chaud et sec; ce qui ne se ren-
contre ordinairement à Paris que dans les portions les plus belles
de l'été, et d'un vrai été. J'ai eu l'occasion de faire une remarque
dont je n'ai vu nulle part la constatation sérieuse; c'est que
pour les piles faible tension, l'état atmosphérique possède une
influence capitale; il est très-rare aussi, que l'humidité et des
mouvements obscurs de forces inconnues ne viennent soit dans
l'air, soit dans la liqueur, placer le fâcheux appoint de leur
intervention entre l'expérience et Je chercheur. Ces travaux peu-
vent être rangés dans la classe des.plus délicates que je connaisse
en science; est-ce une raison pour les régliger ou les repous-
ser à cause de cela? Les hommes de cœur et de bonne foi ne se-
ront pas d0 cet avis, lorsqu'ils songeront à l'importance des faits
et des principes qu'ils recèlent; à l'avenir de recherches fruc-
tueuses qu'ils nous laissent entrevoir. Étant bien entendu que
l'expérimentateur s'est mis à l'abri de toutes les circonstances qui
pourraient dévier ou paralyser ses travaux, voici comment il faut
s'y prendre la source électrique doit être dirigée Jans un vase
sensiblementpur de toute combinaison étrangère; les fils de cuivre,
rhéophores, sont armés à leur extrémité de lames de platine d'une
épaisseur et d'une surface suffisantes pour diffluer convenablement
les courants à travers la masse liquide. La pièce dans laquelle on
établit l'appareil ne doit pas être au rez-de-chaussée à moins qu'on
ne connaisse assez l'état hygrométrique de cette pièce pour penser
qu'il pourra remplacer suffisamment un appartement sec, en rap-
port avec ,les exigences que j'ai rappeiées ci-dessus. De trop grands
ébranlements suscités par le voisinage des usines, par la marche
rapide des voitures, laissent à désirer dans l'établissement des
appareils. On comprend que, du moment où l'on eut imiter les
créations intimes de la nature, il ne faille pas en entraver le jeu par
des actions étrangères qui dominent leur activité propre.

II
Des globules.
Le globule n'est pas toujours regaidé, et cela à tort, comme le
point initial de toute construction organique. Cependant, sous le
nom de fécule pour le végétal, d'œuf pour l'animai, il est présent
la naissance des embryons. Cherchons donc quels moyens la nature
emploie pour arriver à cette claustration de formes et de noms
divers. Après des études aussi longues que souvent répétées, je
me crois en droit d'établir le principe général suivant
Tout liquide COMPLEXE enfermé dans une enceinte, toute sub-
stance, et pratiquement, et soumis à une FORCE GÉNLRALE, se divise,
au moins, en trois parts; une part solide globulisée; une part
liquide, qui peut atteindre, dans beaucoup de cas, à la forme
albumineuse une part,gazeuse dont nous ne nous occuperons pas
en ce moment.
Certaines circonstances préalables (inutiles à développer ici) pourront avoir
Cette forme albumineuse peut être considérée, elle-même, comme
composée de âlobules mains d'une dimension tellenrent minime,
relativement, que pour nous, ces globules restent le plus souvent
invisibles. Si l'on place, dans un verre à bière, je suppose, une dis-
solution de dextrine, moyennement concentrée; et, qu'on la sou-
mette aux courants électriques dont je viens d'indiquer le méca-
nisme, on ne tarde pas il produire des phénomènes dc la plus haute
importance j'en choisirai un seul, en premier lieu, pour ne pas
obscurcir ce que j't»i à dire des globules. La dissolution de dextrine,
lorsqu'elle est bien préparée, né doit plus contenir aucune trace
des grains de fécule d'où elle sort initialement il est si facile de
se rendre compte de ce point, avec un bon microscope, que je ne
m'arrêterai pas davantage Ia-dessus. Au bout d'un ou de plusieurs
jours de travail électrique, la dextrine s'est reglobulisée de nouveau
mais sous une forme mliniincnl plus petite, que j'ai cru pouvoir éva-
luer au centième de la forme initiale féculente. Le liquide en ex-
périence a donc répondu exactement aux indicationsdu principe que
j'ai posé ci-dessus, en se scindant en diverses parts, notamment eu
une part solide, globulisée; une part liquide, plus ou moins a;glu-
tmalivc Mais, comme la dexlrine est déjà agglulinalive par elle-
même, avant toute cxp'nonce, laissons là ce point pour l'instant,
nous trouverons l'occasion d'y revernir ailleurs plus avantageuse-
ment. Ce que nous disons de la dextrine, nous pourrions le répéter
pour tous les liquides organiques connus; le phénomène serait le
même; ou plutôt, il s'enrichirait dans ses développements, me-
sure que nous le choisirions plus complexe. C'est ce que nous pour-
rons bientôt constater. Quand il s'agira de la bile. du sang, etc. Je
ne crains donc pas de le répéter ici, pour fixer des faits si graves
« Tout liquide soumis une force confinéa; se scinde; et, notam-
ment se globulise. J'ai choisi ici la dextrine pour type d'expérience,
afin qu'on ne pût arguer des fermentations et des autres circon-
stances, prises au point de vue vulgaire, pour dénier le grand prin-
cipe que je cherche instaurer dans la science. Non pas que je
repousse les idées de fermentation, etc., dans l'étude de ces phéno-

assez épuisé le liquide des éléments complexes pour le jeter immédiatement


dans une voie différente, caractérisée par des formes fibrillairos ou vascu-
laires nous reviendronsbientôt sur ce point très-important.
mènes, puisque je vais m'en servir bientôt, pour faire voir que la
fermentation n'est que la répétition de l'expérience-type que je viens
de présenter. C'est-à-dire la claustration des forces générales dans
Mn liquide pressé par une ceinture périphérique rpsistante; forces
introduites dans ce liquide, au moyen de corps pyrophoriques qui
les ont préalablement absorbées ou qui sont capables de les ac-
caparer actuellement, au sein même du liquide auquel ils les fe-
ront partager.
Je sais que les idées de la CLAUSTRATION DES FORCES LIBRES, ne pas-
sera pas facilement on jouera avec la multiplicité apparente des
créations cryptogamiques-ferment, pour embrouiller la question,
et empèch«r qu'on ne voie clair dans de niaises classifications;
voici une expérience il laquelle je défie de répondre.

KXIKIUICNCE.

Si l'or choisit une dissolution de sucre moditiable; j'établirai


plus tard auss,: ce point très-important; sucre appartenant aux
sortes peu ou point cristallisées du commerce, et qu'on introduise
au milier du vase qui la contient une lame de platine mince mais
d'une très-grande surface, de façon que le'iquide soit là en quel-
que sorte comme dans les réseaux d'une éponge; au bout de pen
de jours, le liquide sera scindé, globulisé et fortement albuminée
surtout si le vase a été exposé il une vive lumière dans une serre.
J'ai fait voir ailleurs qus les corps condensateurs, les corps métatri-
ques, sans avoir besoin d'être réduits en poudre, font subir aux
forces libres une contraction qui équivaut à une claustration; ici le
phénomène parle de soi, car l'albuminisation du sucre ne souffre
pas d'équivoque dans sa constatation. C'est donc avec raison que les
chimistes ont dit qu'il faut dans un liquide devant fermenter, la
présence nécessaire d'un composé albuminoïde quelconque. Car,
les corps albuminoïdes avant seuls la propriété de rassembler une
gnande somme de mouvement coercé seuls aussi ils peuvent, par
une dispersion en retour, produire ces scissions génériques que
nous confondons toutes sous le nom vague de fermentation. Le
corps albuminoïde chargé de mouvement contracté, le laisse se dé-
gager sous l'influence des contacts; et le tout entre en dispersion, de
formes diverses. en fermentation!
La natures possède donc des moyens infiniment multipliés pour
recueillir les forces libres et les diriger sur les substances qu'elle
entend organiser; j'ai constaté cela pour les liquides, au moyen dts
réactions trus-saisissables que j'indique; moi ou d'autres étendront
à l'infini les mêmes constatations en en variant et la forme et le
nombre. Mais le principe unique et supérieur qu'emploie pour cela
la nature e*t la claustration des Fonces libises; et par claustration
on duit entendre une coercion générale qui existe aussi bien quand
la force libre s'enroule d'elle-même autour d'une molécule conden-
s::nte que dans ies cas où le phénomène s'exerce dans un vase ta
mieux fermé. A ma connaissance je vois deux grandes voies de coer-
cion, pour les forces libres 1° la coercion dans un liquide, sous
l'influence de lames métalliques. Joignons-y celle des poudres mé-
talliqr.tes que nous possédions depuis lunolemps dans la science et
que nous devons au génie de Dobeiriner. A cette première classe se
rattache tout ce qui a trait aux actions des tertres et des fumiers sur
la végétation; 2" coercion par claustration des liquides dans un
vase plus ou moins occlus; les liquides n'ayant pas besoin, né-
cessairement. d'une occlusion de vase, puisque, en tant que liqui-
des, ils réagissent périphériquement sur chacune de leurs molé-
cules. A cette seconde classe se rattachent tous les dédoublements
qui se pissent dans les fermentations et dans toutes les occlusions
innomées dont personne n'a su tenir compte jusqu'ici. Ne citons
en passant que la globulisation spontanée de la bile, abandonné
à elle-même en vase clos; celle du sang au milieu de sa claustra-
tion vasculaire; celle des carbures innomés produisant des végé-
tations rudimentaires dans les eaux exposées à la lumière et aux
forces diffuse; et enfin tant d'autres cas qu'il est inutile ou impos-
sible d'insérer dans une analyse à vol d'oiseau. Après ces expérien
ces, celles qui vont suivre; bien d'autres que j'ai à ma disposi-
tion, je déclare que tout ce qu'on écrit sur les fermentations, au
point de vuecryptogamique, est une étude de la plus étroite analyse
philosophique. C'est de la myopie expérimentale à la centième
puissance; la fermentation n'est qu'une scission globulaire faisant
partie du grand et universel axiome que j'ai posé plus haut.
Mais, diront les cryptogamistes, nos globules ont une existence
propre dans les liquides. ils naissent, ils vivent, ils progres-
sent, etc.?. Mais, bonnes gens, la claustration des forces libres
reste-t-elle inactive?. Les scissions ne sont-elles pas en raison des
efforts emprisonnés dans vos vases d'occlusion? Malgré cela, vos
prétendus cryptogames spontanés ne s'arrêtent-ils pas avec la ma-
tière en puissance de globulisation?. Matière globulisable en rap-
port auss«, avec les corps correspondants albuminisés, alcoolisés,
gazéifères, etc., selon les circonstances de l'expérience? En doutez-
vous ?. Prenez le microscope et consultez cette dexterine que j'ai
mise en expérience dans le verre à boire au moyen des courants
électriques; vous verrez ces globules bien autrement nombreux
que les vôtres car ici, vu la substance en travail, l'électricité taille
en plein %'àrap vous verrez, dis-je, naître, croître, se multi-
plier vous verrez MARCHER, courir, je devrais dire voler, si toutes
ces désignations ne semblaient pas si impropres au premier mo-
ment, appliquées à des petits corps ovoïdes. Ces globule, qui,
d'après vos théories n'ont pas le droit d'apparaître dans la dextrine,
effaceront les plus étonnantes descriptions qu'une imagination heu-
reuse ait jamais attachée à l'existence cryptogamique.
En effet, c'est là que commence la vie rudimentaire. c'est en
ce cornent et pour ia première fois, que l'homme, heureux élève
du plus grand, du plus sublime des maîtres, peut dire moi aussi
je crée. moi tyussi j'attache le mouvement à un être de ma con-
ception serviteur infime du divin artiste ce n'est qu'à un globule
que je donne la vie. sans doute. mais je donne cette vie volon-
tairement, à jour fixe, dans ma liberté la plus indiscutable.
L'homme n'est donc pas maudit puisque Dieu veut bien tendre la
main pour lui révéler ses adorables conceptions, en lui faisant
bégayer l'alphabet mystérieux qui conduit à la vie générale!
Est-ce là comment le cryptogamiste entend la physiologie?. Dans
ces moments d'étude où le cœur se serre, où l'angoisse de la
découverte suffoque la voix. lui n'aperçoit que des semailles. les
semaines de la pourriture! Les globules de la fermentation sont
les enfants du ferment, de la putréfaction! Gens heureux. vous
ne mourrez jamais d'un anévrisme
Dans les fermentations vues avec des yeux à cornée ultra-convexe
il suftit d'être quelques peu botaniste et de ne pas prendre t'objectit
d'un microscope pour le verre oculaire. On constate, on décrit, on
dessine; puis on lit un beau mémoire et tout est dit. Dans la physio-
logie cela ne suffit pas; il faut prendre la vie là où elle commence
et la suivre dans toutes ses phases. Malgré les séductions que nous
trouvons à développer la première idée de globulisation physiolo-
gique qui soit à ma connaissance, malgré des expériences nom-
breuses et fort curieuses qui sont entre mes mains sur ce sujet,
je me trouve forcé de continuer mon travail, en passant à la crypio-
gamie, deuxième étape dec créations organiques, et contre-partie de
la globulisation dont je riens de présenter le développement.

III

La globulisation étant un fait normal dans l'existence des licluides


organiques consplews et soumis une force coercéf, on peut con-
cevoir maintenant l'intervention d'un agent extérieur qui vienne
contrarier ou modifier les effets ci-dessus. L'agent le mieux connu,
en pareil cas est la lumière; sous son impression, la globulisation
se meut dans des sens spéciaux, sortes de polarisations; et, obéis-
sant à l'impnession sub:e par l'effet lumineux, elle atteint les
créations cryptogamiques. De sorte qu'on pourrait établir cette
gradation sommaire. En acceptant le globule normal comme pre-
mier type, connne type initial de toute végétation, dont la crypto-
gamie serait aussi la classe-type initiale a Le globule passe
de l'état simple et solitaire à la cryptogame ou à des végétations
supérieures, non définies, en raison des forces libres qui le,solli-
citent extérieurement, et notamment de la force lumineuse. Les
fermentations seraient donc des voies industrielles, qui consiste-
raient à dérober la vie simple du globules aux agents qui peuvent le
pousser à cette végétation qui emploierait la substance occluse en
des produits inutiles; tandis que nous voulons les consommer sous
leur forme initiale dédoublée en produits, dits de fermentation. En
effet, étudiez la marche d'un liquide complexe qui s'est sci!idé en
âlobules et en albuminoïdes; vous verrez son agglutination albumi-
noïde disparaître et employée dans la formation des tuyaux dérivés
de îa soudure des globules. La liqueur, en un mot, perdra la con-
sistance qu'elle pourrait avoir primilivernent, en produisant la crypto-
garnie ce qui a fait dire qu'elle entrait en putréfaction. Ainsi, les
gommes, le sucre épais, la dextrine, l'albumine, etc., perdent leur
consistance première, deviennent comme de l'eau, par la création
de ces bsrbes multilrles que les savants rangent dans la classe des
mucors. S'il est vrai, comme le prétendent les botanistes, que les
espèces inférieures fournissent dès les premières espèces des
spores, scrutes, etc.; cVst-à-dire des espèces d'organes de repro-
duit ion; nous aurions bien près de nous la loi fondamentale qui
met sur la trace des créations organiques élémentaires. En arrêtant
l'action de l'air, de la lumière et des forces extérieures non défi-
nies, on ferait stationner la végétation dans les classes les plus
rudimentaires de la cryptogamie; on pourrait l'arrêter même au
point de départ globulaire; en forçant, au contraire, l'intervention
des forces extérieures, on atteint des végétations plus élevées. Les
forces libres possèdent des polarisations incontestables; mais, les
combinaisons géométriques de ces polarisations, dérivées des sta-
tions successives de l'agent instillateur, prennent des formes et des
dimensions si variées, que l'on est émerveillé des résultats que nous
fournit là-dessus la micrographie; voir même l'étude attentive de
nos ârandes végétations à ciel ouvert. Il serait téméraire de m'en-
gager ici plus avant sur ce terrain qui peut soumettre plus tard les
formes botaniques aux lois les plus exactes de la géométrie méca-
nique je me bornerai fournir ce simple aperçu; dans lequel je
suis loin de placer tout ce que je sais et tout ce que j'ai vu; c'est
bien assez déjà, pour la théorie, de me tenir dans les lois géné-
rales.

IV

Cellulatlon.

Il existe un singulier moyen de figurer la cellulation végétale


dans toute sa contexture. Si vous faites chauffer dans un grand
vase de fer étamé de cinquante centimètres de diamètre, de l'huile
de ricin avec du jus de brou pur; lorsque l'on pense que la clari-
fication de l'huile a pu s'effectuer, et qu'on abandonne le vase à
lui-même, on trouvera l'huile encore lactescente par le battage du
mélange entre les deux liquides, séparée en cases entièrement sem-
blables aux cellules des végétaux, telles que le microscope nous les
fait voir. Et ctrayue case semble séparée si profondément de sa voi-
sine qu'on pourrait placer entre eUes une lame de couteau sans
les déranger. En un mot, des caéllots singuliers se détachent de
façon à simuler complètement une cellululion retournée, en ce sens
yue ce qui semble plein dans les végétaux, semble vide dans l'huile
de ricin. Ou plutôt est occupé par un liquide transi arenl; tandis
que la partie centrale est lactescente Il «si trA*difllci!e de Taire
comprendre à qui ne l'a pas vu la singularité de ce phénomène
très-net, très-clair, très-prononcé! J'en'age beaucoup ceux qui
pourront répéter cette expérience à le faire car il y a là un phi-
nomène de fohme-pmncipl qui ne doit pas échapper au physiolc-
giste. J'ai dit comment je supposais que les corps pyrophoriques
agissent sur les mucilages pour les constituer organiquement; il
n'est donc pas indifférent de les voir fournir la figure normale des
cellulations en dehors de tout organisme. J'ai répété la même
chose avec du sucre dit cassonade; le phénomène se produit en-
core de même, mais avec bien moins de clarté et de profondeur.
Mais, passons aux cellulations réelles. Quand l'état globulaire-type
n'est pas suffisamment institué pour se jc*er de suite dans les voies
cryptogamiques élémentaires, il se forme un arrangement particu-
lier, désigné sous le nom de cellulaire, parce qu'il ressemble un
peu à la figure des cellules d'abeilles. La forme cellulaire naturelle
ne dérive cependant pas, je crois, du même mécanisme que les
cellules d'abeilles. Ces dernières ont l'air d'établir leurs hexagones
du premier coup; tandis que les liquides commencent par former
de simples cercles qui, en se comprimant, en envahissant, même,
les uns sur les autres finissent par prendre des diamètres variés,
des formes spéciales dont le type rentre assez souvent dans l'hexa-
gonal. Quoi qu'il en soit, la forme initiale est le cercle; ainsi qu'on
pourra s'en convaincre en suivant pas à pas l'expérience que je
vais présenter maintenant.
SECONDE EXPÉKIENCE.

Nous avons choisi la dextrine pour élucider les questions de lu-


bulisation élémentaire; nous pouvons nous servir encore de la
même dissolution pour connaitre les lois qui président aux mou-
vements de cellulation; il sul'fit d'attendre, une fois la globulisatio:)
bien formée, que la cellulalion veuille bien apparaître à son tour.
A un moment donné, les globules de la dextrine sont si nombreux.
qu'ils apparussent au sommet de la dissolution d'aine façon visible.
Mais leur agglomération ne prend pas généralement une forme con-
fuse on voit se former des vides et des pleins affectant la form»1
des yeux du bouillon gras; c'est-à-dire une série de cercles accolés,
Bientôt, ces cercles éprouvant un mouvement de distension pro-
gressif, se pressent limbe contre iimbe, s'envahissent sur leurs
contours, s'enchevêtrent et finissent, en se sulidifiant, par revêtir
cette forme complexe et compliquée dont nous parlions ci-dessus.
Ce que je tiens signaler, avant tout, c'est que ce qu'on appelle la
forme cellulaire, félément cellulaire, naît ioitialement, a comme
type la forme vraiment cycloïde.
Quand le mouvement auquel obéissent les globules s'est établi
pn des centres multiples qui vont composer la cellule, ces globules
se soudent, s'affermissent et composent des cloisons très-résis-
tantes. J'ai obtenu des cellulalion aussi résistantes que celles des
abeilles, et qui avaient trois fois le diamètre ordinaire de celies-ci;
il suffit, pour cela, d'augmenter la grandeur du vase récepteur et
la force des courants électriques. Je ne crois pas qu'il y ait de
bornes assignables aux diamètres qu'on pourrait obtenir par ce
moyen. Cette cellulation est nette, solide, et de la plus grande
curiosité scientifique. On peut étudier ainsi, sans microscope, la
marche que suit la nature dans ses travaux les plus mystérieux;
à cause de cela je pense que les chercheurs ne s'arrêteront pas
devant les difficultés très-réelles de la mise en train, pour jouir
ri'un spectacle aussi nouveau et aussi instructif.
v

Forme albumineuse.

J'4i dit en commençant, que mon travail consisterait à créer de


toutes pièces, au moyen des forces libres seules, toutes les formes
physiologiques; nous venons de réaliser le globule, la cryptogame,
la ceMulation, arrivons n la forme albumineuse. Quoique cette
forme albumineuse coexiste le plus souvent contemporainement
avec la formation des globules, je n'ai pas cru devoir la décrire en
même temps que la globulisation, la crypiogamie et la cellulalion
qui dérivent en quelque sorte de la même expérience Ici nous
allons changer la dissolution pour montrer avec cette dissolution
précieuse, un des plus grands phénomènes physiologiques qu'il soit
donné à l'homme d'atteindre, la transformation du sucre de canne,
substance si bien définie, en un liquide ayant tous àes caractères
EXTtKiEiifis du blanc d'esuf. Je dis les caractères extérieurs, et voici
pourquoi les forces libres changent plutôt et généralement la
forme des corps que leur composition chimique. C'est ainsi que le
phosphore rouge, le soufre chauffé, l'arsenic vitrifié restent bien
du phosphore, du soufre, de l'arsenic, quoique beaucoup de leurs
réactions aient changé. Yoici un nouveau phénomène du même
ordre; seulement, comme il s'agit ici de la forme organique la plus
puissante, la plus riche, mais la plus obscure, la plus difficile à
obtenir; notre travail prend les dimensions d'une grande œuvre;
car, sonder les mystères physiologiques qui créent l'albumine c'est
entrer dans le sanctuaire de la vie élémentaire; c'est attaquer la
place forte de l'inconnu!
Eh bien, aujourd'hui il n'est plus possible d'ignorer comment la
natures s'y prend pour former le blanc d'oeuf, les gommes, les résines,
toutes les matières glutinées en un mot.
Si je soumets aux forces libres le à l'électricité avant tout et
par-dessus tout; 2° aux lames de platine à large surface; 3° aux
pyrophores, une dissolution de sucre de canne, peu cristallisée (des
sortes havane, bambou, et.c.), au bout d'un temps assez court, je
retirerai ma dissolution, initialement diffluente; non pas légère-
ment agglutinée, non pas ayant. de la ressemblance à ceci, à cela.
Je retirerai du blanc d'oeuf. et si bien blanc d'œuf, que tout chi-
miste, désormais, sera forcé, en pareil cas, d'essayer ce nouveau
corps à \a dissolution cupro-potassique réactif des albumines, pour
ne pas errer sur sa nature. Je n'ai qu'un mot à ajouter pour con-
vaincre mon lecteur à cet égard j'avoue à ma honte que j'ai été
forcé de le faire lors de ma première découverte; ayant peur
d'avoir pris un verre à albumine pour un verre à sucre! Et
pourtant j'ai assez payé en travail expérimental pour qu'on veuille
bien m'accorder quelque discernement pratique. C'est alors que,
dans mon dépit, j'ai voulu fixer la valeur analytique du nouveau
corps; cela m'a conduit à une série de réactions sur tous les simi-
laires, gommes, dextrines, mucilages, etc., qu'on ne trouve nulle
part, et qui établissent une gamme analytique fort curieuse et qui
fera l'objet d'un des chapitres de ce travail. L'expérience ci-dessus
peut être reprise avec bien d'autres liquides complexes que le sucre
natif; c'est ainsi qu'en employant la partie restée liquide des cocos
qu'on nous envoie en Europe; partie qu'on croit épuisée globulaire-
ment, on obtient une albummisation très- remarquable, différant
dans ses éléments de celle des sucres, en ce qu'elle porte de la
gomme, du sucre, etc., j'en dirai autant du petit-lait qui se montre
encore assez riche en globules.
Ces travaux sur les mouvements intimes des liquides, sur les ag-
glutinations en particulier, nous poussent bvn loin de ce qu'on
nous enseigne aujourd'hui; prenons pour juge ce que le dernier
traité de cLJmie imprimé nous donne à cet é^ard
C'est la globulisation incessante des séves dans les troncs, les
tiges et les tigelles occlus qui forme la cellulalion végétale; du
même coup, que les sucres, la gomme, les résines, les caoutchouc,
et sont produits par une scission correspondante; aussi franche
que a scission du sucre en cryptogame ferment-globrrle, en alcool
et gaz. Dans les séves on n'a pas su constater l'état globulaire parce
que la consistance de ces globules est trop faible pour résister i
la tension qu'ils éprouvent à l'air libre, sous l'impression des lois
de 1 équilibre des liquides. Mais, examinez une tranche cellulaire
assez épaisse pour faire voir ses éléments complexes; vous vous
convaincrez facilement que les noyaux intercellulaires, qu'on prend
jusqu'ici pour ceci ou pour cela, ne sont pas autre chose que la
globulisation rudimentaire, qui doit porter l'élément cellule dans
des parties végétales nouvelles. Il suffit d'étudier à la main la con-
texture générale des fruits naissants, pour se convaincre que la
blobulisation, dans un liquide cloîtré, forme symétriquement la
pulpe du fruit. Il en est de même dans la construction de l'œuf
animal, le jaune naît par globulisation d'un liquide complexe.
L'alcool, qui fait la joie et la gloire des chimistes classificateurs
modernes, n'est pas autre chose qu'un liquide albuminisé puis-
qu'il a une agglutination normale; ainsi qu'on peut s'en convaincre
par la plus simple inspection du verre autour duquel on en fait
tourner une partie minime.
Cette agglutination n'est pas aussi résistante que celle du blanc
d'oeuf sans doute. Mais celle du blanc d'œuf est-elle de la force
des térébenthines? celle des térébenthines de la force des caout-
chouc ? enfin celle des caoutchouc de la force des ligneux? Tout est
gradué dans ces éléments, dont le principe seul est uniforme et
absolu. L'albumine se place dans la série moyenne, et suffit pour
bien nous faire comprendre la loi qui régit ses congestions.
Ici, nous nous trouvons en face d'une question alimentaire de la
plus grande importance. Tous les sucres ne s'albuminisent pas ou
plutôt, les expériences que j'ai terrées m'ont fait penser que la
cristallisation avancée, trop avancée, empêchait l'albuminisation.
Que conclure de ceci pratiquement?. Est-il sage d introduire dans
l'organisme une matière si agréable, si séduisante qu'elle se mon-
tre, sous une forme qui la rend impropre à recevoir et à garder
l'impression des forces libres? Ne serait-ce pas là le point de dé-
part de tous ces diabétismes, de ces phlhisies qui reconnaissent
pour source un appauvrissement des parties agglutinalives des li-
quides organiques? Cela ne fait pas un doute pour moi; je me fuis
assez étendu ailleurs, sur ce sujet, pour n'avoir pas à y revenir;
je me borne à le rappeler pour mémoire. C'est à la science qui pré-
tend diriger l'hygiène publique à aviser!
Continuons!
VI

Odeurs, saveurs, eouleurs.


Le travail des forces libres, divisé en globulisation et en albumi-
nisation, proportionnelle à la faculté qu'a le liquide de coERCSR les
forces libres, a ewcore une part que j'ai laissée à dessein de côté,
pour mieux me faire comprendre il s'agit de l'odeur, de la sa-
veur, de la couleur développées dans les créations organiques. Si
au lieu d'agir sur une dissolution de sucre albuminisable, vous
prenez des fécules, des farines, des carbures, en un mot, moins so-
lubles que le sucre, la force libre ayant un poids trop lourd à sou-
lever n'agira que pour partie sur la dissolution; et l'on obtiendra
ainsi des odorances sans nombre, qu'on a attribuées jusqu'ici à des
créations ridicules d'acides organiques qui n'en sont pas coupables.
Mais le sucre albuminoïdes l'emporte sur tout le reste par la puis-
sance de ses odorances, de ses saveurs, et de ses carbures lorsqu'il
arrive au contact de la lumière, dans des cas bien connus physio-
logiquement. On peut dire même, que c'est la dispersion des forces
enchaînées dans les liquides agglutinés, qui crée l'odorance. Un
dirait que c'est une force qui coule, après avoir été longtemps en-
chaînée dans son cours. C'est ainsi que l'oxygène, UN corps soif .k,
prend de l'.odorance après avoir été forcé de recéler dans ses flancs
la force libre électrique qu'on lui impose. C'est ainsi que les rési-
nes, les essences, tout ce qui a subi une agglutination, se montre
si odorant. La putréfaction est-elle autre chose que la dispersion
des forces enchaînées dans les liquides agglutina tifs? Si l'on isolé
ces liquides agglutinatifs des composés fixés, il n'y a plus d'odo-
rance pas plus que de putréfaction. C'est ce qui arrive pour les fu-
miers, les cadavres, l'urine, etc. Je ne crains donc pas de répéter
hautement ce que j'ai dit déjà de la fermentation générale, sortant
d âne dispersion de mouvement condensé dans un ferment albu-
minoïde, L'oDORANCB NAÎT DE L'ÉCOULEMENT d'une FORCE libre empri-
sonnés DANS LES CORPS, et comme la saveur, la coloration, suivent pas
à pas l'odorance; ou la suivraient sensiblement, si nous savions or-
ganiser nos expériences avec assez d'intelligence, ce que je dis de
l'odorance, je le répète pour la saveur et pour ia coloration. Voilà
pourquoi le chlore, le brome, l'iode sont odorants et colorés; ils
portent des forces libres dans leurs flancs; quelles forces, me direz-
vous ? Les forces qui les différencient de l'hydrogène, de l'oxygène
et de l'azote dont ils sont les congénères; de la série-type, point de
départ de toute action chimique.
Pourquoi les gaz ne seraient-ils pas soumis à la grande loi qui
semble régir la nature entière; et que nous apercevons seulement
dans les liquides organiques complexes, parce que nos facultés in-
tellectuelles n'ont qu'une puissance moyenne, taillèe à la hauteur
de ces combinaisons résistantes.
Je suis convaincu que les substances ont été polarisées par scis-
sion dans l'origine et que cette scission d'une puissance ineffable est
ce quia constitué la grande œuvre de Dieu. la création 1 Tout était
néant et repos, dan? 'e monde, avant ces scissions colossales. Dieu,
appliquant sa force aux fcnalisations trop arrêtées d'une matière
inerte, dit q;ie la scission se fasse, et tout se mit en mouvement
dans l'univers. Les forces libres s'appliquèrent aux gaz comme aux
liquides et aux solides; et, par cette incubation magique, ils pro-
duisirent la densité relative pour les gaz, la globulisalion organique
dans les liquides, la cristallisation des solides. L'hydrogène fut
l'alcool de il trinité des gaz hydrogène, oxygène, azote; parmi
lesquels l'oxygène se trouva accaparer la plus grande partie du
mouvement efficace, et l'azote une sorte de globulisation. Ft cette
série-type, se reproduisit à des octaves différentes, sous le nom de
chlore, brome, iode, soufre, phosphore, charbon, etc. Dans tous ces
cas divers, c'est si bien une force libre qui est en jeu, et qui marche
dans les flancs des gaz, des liquides, des solides, qu'on peut la
constater par induction dans le cas d'albuminisation du sucre.

EXPÉRIENCE.

En effet, lorsqu'on place la dissolution albuminoïde électrisée


dans un verre à expérience, de moyenne dimension; et, qu'avec
une baguette de verre or tire il soi une de ces filandres formées
par le filage ordinaire des albumines bien concrétées; cette filandre
s'en va rechercher lés bords du verre, au delà des limites du plan
extrême du liquide, en formant, s'il le faut, un angle de déviation
de quatre-vingt-dix degrés. Décelant son origine électrique, par
le signe le plus vulgaire et lé plus irrécusable, le contact polarisé,
la décharge sur son antagoniste, Il est presque inutile d'ajouter que
le temps fait chanâer tout cela, en diminuant progressivement les
effets généraux indiqués ci-dessus. Ainsi, la coagulabilité cesse h
première l'albuminisation vient ensuite; ce qui reste le plus long-
temps, c'est Ice pouvoir des décharges électriques. Néanmoins, j'ai
conservé pendant un an, une liqueur qui n'avait perdu que la fa-
culté de se coaguler. Rien n'est plus curieux que cet effet électrique
placé dans un liquide nous sommes si peu habitués aux phéno-
mènes de ce genre, qu'on ne peut s'empêcher, pendant longtemps,
de jouer avec les filsndres comme des enfants; l'homme aime tant
à saisir le mouvement dans toutes ses phases' C'est pour cela
sans doute que l'aspect de la mer mugissante, le fracas des casca-
des, le murmure des ruisseaux ont un si grand empire sur nos sens?
Mais de telles expériences ne sont pas destinées à constituer de
petits jouets pour les physiologistes, le bris des machines à vapeur
ressort des enseignements que nous y puisons. On a cherché à ex-
pliquer par tous les moyens possibles, même en établissant un né-
gatif et un positif d'antagonisme dans les machines, la rupture
violente et inattendue des bouilleurs il suffit d'électriser de l'eau
ou un liquidecomplexe, puis de le faire bouillir, pour voir se re-
produire les effets de projection, de détonation et de bris qu'on
remarque dans les bouilleurs à apeur. Prenez un tube de verre à
chauffer les produits chimiques, placez-le sur un foyer de chaleur
quelconque, le liquide électrisé vous surprendra par son opiniâtreté
à repousser un mouvement en plus; celui du calorique en ce cas;
il sera violemment projeté hors du tube, comme s'il y avait dans
son sein de la poudre il canon. La surface du liquide reste plane,
refuse de bouillir; mais détone obstinément.
VII

Membrane de l'oeuf.

Il se produit des phénomènes extrêmement curieux, lorsqu'on


se sert
du. sucre albuminoïde, avec des combinaisons spéciales. En
voici une entre autres j'avais traité du sucre modifiable coupé
d'urine fermentée par des lames de piatine soumises à la lumière.
Au bout d'un certain temps j'obtins un liquide fermentant dont
l'ndeur était identique avec celle de la levure de bière; ou plutôt
des bières légèrement oxydées. Je mêlai de cette liqueur dans un
verre contenant de la farine de froment cuite à l'état de dissolution
si légère, qu'on ne distinguait qu'un liquide laiteux une fois le mé-
lange opéré. Il y a mieux, le repos d'an seul jour produisit un
faible dépôt floconneux qui laissa la presque totalité du liquide
d'une limpidité très-grande. Au bout de huit jours environ je
trouvai sur le liquide toujours pur et clair des globules qui surna-
geaient la liqueur; globules
nouveaux, complètement étrangers à
ceux qui pouvaient avoir appartenu aux substances engagées dans
la dissolution. Je suivis la marche de cette globulisation et j'obtins,
au bout d'un temps dont je n'ai plus souvenir, une membrane
d'une pureté extrême, résistante à la pression, composée de ces
petits globules que j'ai décrits ci-dessus. L'aspect général de cette
création offrait une si grande netteté, une si exacte perfection de
blancheur et de formes, qu'il eût été impossible de la distinguer de
cette belle membraneintérieure de l'oeuf des oiseaux, et qu'on nomme
membrane de la coque. Un fait qui m'a semblé utile à noter, c'est
que l'état hygrométrique de l'air avait une influence extrême sur
ce produit; l'humidité détendait la membrane d'une façon très-
saisissable, surtout au microscope, lorsqu'on en brisait un coin
pour en faire une étude séparée; au contraire, les temps secs rap-
prochaient si fort les globules, que la résistance devenait extrême.
J'ai conservé cette membrane jusqu'au mauvais temps, qui a fini
par changer l'état membraneux en une cryptogamie variée. Je viens
de décrire ce que j'ai vu avec la dernière exactitude, j'abandonne
l'examen de ces faits aux réflexions des physiologistes. Avec du soin
et du temps que n'obtiendrait-on pas dans cette voie?

VIII

Trame animale, tissus» vaisseaux.

Si l'on veut bien se'rendre compte des éléments complexes qui se


sort trouvés en présence dans le produit-membrane formé ci-
dessus, on verra qu'il existait là tous les éléments propres à consti.
tuer une trame réellement animale; car, le sucre, la farine, fr'nriue
fournissent, par leur décomposition, tout ce qui est nécessaire aux
constructions de ce genre. Un jour, je voulus voir à fond ce qui se
passait dans le feutrement de ces globules qui étaient venus ini-
tialement, se placer côte à côte, seulement, au sommet de la
liqueur. Pour d'autres raisons, que je donnerai bientôt, j'étais
amené à me poser les principes suivants dans les créations organi-
ques, en prenant les choses depuis le point le plus rudimentaire
1° Le globule, comme je l'ai déjà dit et fait voir par d'autres
expériences plus élémentaires, le globule, dis-je, se forme toujours
par la scission des éléments d'un liquide complexe soumis à une
force libre. Cette force n'est pas toujours aussi apparente que
l'électricité, la chaleur, la lumière.
2° Tant que le globule est régulièrement soumis à cette force, il
vague dans le liquide, il circule sans essayer de réaliser aucun
groupement saisissable. Aussitôt que la force libre qui presse le
globule vient à baisser, ce globule commence à chercher des grou-
pements, dont la forme varie suivant les liquides.
50 Si le mouvement des forces libres continue à perdre de son
intensité, au point de devenir assez impuissant pour ne plus soulever
et mettre en marche les globules, ces derniers déjà groupés, ou en
train due se grouper, subissent une polarisation, propre à leur nature
de composition spéciale et forment des chapelets qui se tabulent,
en absorbant dans leur canalisation intérieure des séries entières
de globules de même composition qu'eux. C'est à ce moment que
la vascularité jst réalisés et que la vie individuelle du globule cesse,
pour se changer dans la vie d'ensemble.
Enfin, par la superposition et le feutrement de ces éléments
divers; peut-être aussi par une anastomose subséquente, les créa-
tions s'organisent et obéissent aux lois embryonnaires qui les com-
mandent.
Ayant eu l'occasion de traiter en grand des jus de brou concen-
trés, il m'arriva de trouver un tonnelet de cinquante litres rem-
pli, au tiers, de caillots noirs en tout semblables à ceux du sang;
forme, consistance, trépidation; c'était à s'y méprendre on sentait
même organiquement cette mauvaise impression que fait le sang
sur l'homme qui ne s'est pas familiarisé avec les maniements de ces
produits organiques. J'examinai au microscope la trame des caillots;
elle était purement globulaire, comme celle du sang. Mais, ayant
abandonné un caillot à lui-même, et eri ayant repris une coupe au
microscope, je fus fort étonné de le voir organisé. D'autres travaux
interrompirent de nouvelles recherches, jusqu'au moment où,
frappé du travail de la membrane blanche décrite au commence-
ment de ce chapitre, j'en repris parallèlement la recherche sur les
caillots de brou. Alors, je pus me convaincre, en suivant pas à pas
dans lesliquides: 10 leur globulisation 2° la circulation et le grou-
pement des globules formés; 3° la tubulisation et le feutremenl
de ces globules que les phénomènes observés à l'égard de ces deux
composés se reproduisent identiquementdans toute la nature,. C'est
ce qui fit que j'en recherchai et en constatai Irt similitude sur
nombre de combinaisons instaurées suivant cette vue. J'ai gardé en
ma possession les caillots de brou dont quelques-uns étaient gros
comme le poing. J'ai gardé encore des membranes, une entre autres
qui avait, dans le principe, un mètre de long sur cinquante-cinq
centimètres de large; réduite à moitié, aujourd'hui, par tous les
emprunts que je lui ai faits; et qui a été vue par des savants de
premier ordre.
IX

Coloration du sang, caillot.


C'est ici qu'on doit placer ce que nous avons à dire de la colo-
ration du sang. Quand un agglomérat de globules se forme en
caillot, parce qu'il peut conserver dans sa masse une puissance de
liquidité, ou autrement, qui ne le force pas à se constituer en
groupes trop définis, et finalement en tubulisation; ce caillot garde
une coloration intense, en rapport avec la couleur de la dissolution
qui lui a donné naissance; c'est ainsi que le brou, le sang, le lait,
sont fortement colorés en noir, en rouge, en blanc, etc. Mais, si,
aux mêmes éléments on joint du sucre et beaucoup d'eau, ces cail-
lots ne peuvent plus exister comme masse homogène, faisant oppo-
sition à la tubulisation qui les menace; ils se feutrent, se font
membrane, ce qui donne naissance à toutes les formations orga-
niques des liquides, que les cryptogamistes ont eu le génie d'appeler
micoderma vini, cerevisiœ, etc. Un mot ne suffit-il pas à la
science?.
Nous qui n'avons pas de ces échappées de vue bienheureuses que
donne la consécration du génie, nous sommes forcé de remonter
jusqu'au principe qui régit ces divers phénomènes; or, je dirai niai-
sement « Un caillot est une masse globulaire dont la tubulisation
est entravée par la puissance relative de sa masse. »
Au contraire, je dirai des membranes et des formations mem-
braniformes a Une membrane est urte création globulaire qui a
atteint la tubttlisation et le feutrement, à cause du peu de résis-
tance qu'offrait sa masse â la tubulisation, opérée par la perte de
son mouvement propre. Il
Il ressort des indications ci-dessus, que la coloration du sang,
notamment, doit se trouver dans un rapport inverse d'intensité avec
la présence de substances qui écartent ses globules comme le sucre,
1 albumine, l'eau; les sels dispersifs
en excès, carbonates de soude,
de potasse, d'ammoniaque, etc. Le sang des veines contient moins
d'eau que le sang des artères. (Bernard, II* volume des Liquides.)
II n'est pas difficile non plus de se rendre compte à présent pour-
quoi le caillot des fiévreux, etc., se revêt à la surface d'une couenne
dite inflammatoire. Le sang des fébricitants éprouvant cette disten-
sion qui est la cause première de la pyrexie, perd la cohésion de
masse dont je parlais ci-dessus et détermine la tubulisation mem-
bran.forme des couennes. C'est ce que confirme entièrement les
expériences rapportées par M. Claude Bernard, volume 1er des Li-
quides de V organisme, page 414 et suivantes. On y voit que tous
les moyens employés pour conserver à la masse globulaire du sang
le mouvement qui leur est propre, favorise la prise eu caillot.
Qu'on surmène le cheval par une course prolongée, comme on Fa
fait à Alforl; qu'on maintienne l'éprouvette dans l'eau chaude, sui-
vant le travail de MM. Trousseau et Leblanc, le résultat est le même.
La fibrination supérieure cesse de s'y montrer. Qu'est-ce donc que
cette fibrination?

Fibrine.
La fibrine n'est pas
autre chose que la tubulisation spontanée de
la portion albuminoïde qui existe au milieu de la masse sanguine.
Le battage enlevant à cette portion moins protégée que la globu-
laire contre les atteintes extérieures, la force à se tubuliser; c'est-
à-dire lui enlevant le mouvement libre qu'elle possédait pendant la
vie du liquide. On croyait autrefois que c'était la trame fibrinaire
d'où dépendait le caillot du sang; M. Bernard a fait voir que du
sang défibriné pouvait se cailler encore en certains cas. De mêmes,
une autre expérience du même physiologiste nous montre de l'al-
buminede l'Ϟf, se solidifiant avec les apparences fibrinaires lors-
qu'on la mêle avec le liquide du saug. (Page 420, Liquides de l'erga-
nisme.) N'en est-il pas ainsi encore de toutes les combinaisons qui
perdent lear mouvement, par l'association avec des corps eu voie
de se désorganiser? Il n'est pas même besoin, pour cela, d'avoir
recoure à des principes étrangers qu'on fasse une saignée coup
sur coup, comme celle indiquée dans le même auteur (loc. cil.,
p. 424), on verra la fibrine persister dans le sang, et même aug-
menter en quantité. La fibrination étant -la mort de la forme albu-
minoïde, cette fibrination doit suivre constamment les états physio-
logiques ou pathologiques qui déterminent une moindre albumini-
sation des carbures, par la tension. énergique de la force générale
organique.

XI

Albumine du sang.
L'albumine étant un jsoduit déjà scindé, ne semble plus possède'
la propriété de se globuliser. Aussi, soumise en dissolution dans
l'eau aux courants électriques, on n'en tire que peu ou pas de créa-
tion globulaire; à moins qu'on n'accorde, comme je l'ai dit plus
haut, que l'albumine aurait une globulisation si petite, qu'elle serait
très-difficile à étudier par le microscope. Il se forme de suite ces
filaments décrits par quelques physiologistes et qu'on retrouve
aussi dans les sucres non modifiables, et dans certains liquides
désorganisés. On pourrait dire, à cause de cela, que l'albumine est
un composé très-remarquablement scindé; et comme de tels pro-
duits représentent des espèces d'excréments dans 1 organisme, il
n'est pas étonnant de voir l'albumine dominer dans les selles,
l'urine, les mucus du nez, de la salive, etc. Dans l'hiver surtout, 'a
masse vivante comprimée, relativement, par la température exté-
rieure, tend à se débarrasser d'une partie de son albumine d'une
façon toute particulière; cela détermine ces rhumes, ces catarrhes
trop connus des vieillards. Néanmoins, si l'on admet avec M. Ber-
nard que le sérum du sang est chargé de fournir aux globules u
force libre dont ils ont besoin; fait irrécusable; si l'on réfléchit
aux lois générales de la physique; on voit que l'albumine est le
menslrue qui nourrit ou qui entretient la force libre enroulée
autour des globules. L'expérience que je donne pour le sucre
modifiable va éclairer d'une façon bien inattendue tout cet ordre
de phénomènes. J'ai dit combien il est difficile d'agir sur le sucre
modifiable pendant les mois humides ou froids; serait-il trop osé
de penser que les maladies putrides, fièvre typhoïde, fièvre jaune,
choléra, peste, etc., seraient la conséquence du milieu extérieur sur
l'alburninisation des corps qui doiventcomposer plus tard le sérum?
Si ce sérum ne s'albuminise pas assez, que deviendra la statique du
liquide complexe appelé sang? elle se scindera, elle amènera le
cortége des maladies putrides viscosité des globules, sucrage
imparfait du sérum, non coagulabilité des palettes, extravasations,
hémorrhagies, ramollissements des tissus, etc.
La seule impression nouvelle que puisse subir l'albumine est la
tubulisation; aussi est-on certain de la distinguer de tout liquide
complexe lorsqu'on voit se former quelque part des fibrilles spon-
tanées comme cela a lieu dans le sucre non modifiable, dans l'u-
rine, etc. il n'en est pas de même des sucres albuminoïdes sans
aucun doute; qui peut prévoir aujourd'hui quel parti on tirera plus
tard de liquides dans lesquels on a empilé de l'électricité au point
de s'attacher au verre, comme je l'ai dit ci-dessus, par de vraies
décharges électro-statiques? Dans le choléra, la fièvre typhoïde et
les maladies ataxiques en général, on a essayé tous les toniques
possibles; même l'électricité à haute dose; mais cette électricité
était à l'éiat libre, si je puis m'exprimer ainsi; répondant, dans la
clinique, il un gaz sec; il n'en sera plus de même ici; cette force
libre se trouve dissoute pour la première fois dans un menstrue
qui n'a rien de détonant, comme la bouteille de Leyde hydraulique,
ou tout autre arrangement sans connexion d'éléments.
Je ferai remarquer en passant combien est grave cette question
des modifications albuminoïdes des sucres; car l'hygiène publique
peut se trouver déviée, sans qu'on s'en doute, par les change-
ments introduits dans l'alimentation générale. Les hygiénistes
répondront à cela: que de tels foits ne peuvent être prévus; je
le sais fort bien; mais alors il faut être d'une grande prudence
dans les enseignements qu'on applique à la nourriture de tous
les jours. Rappelons-nous qu'il existe en nous une certaine cha-
leur naturelle, sorte de résultante des forces libres engagées
dans l'organisme. Cette chaleur ne demande pas mieux que d'em-
magasiner son trop plein, en des substances susceptibles de retenir
et de condenser ce trop plein pour un emploi postérieur. Or, c'est
la forme albuminoïde que semble revêtir les substances qui ont eu
la propriété d'accaparer la force libre intérieure en excès, pour
créer ces réserves qui sont nécessaires à la marche d'une machine
aussi compliquée et aussi exigeante que le corps des animaux. Si
l'expérience présentée par M, Cl. Bernard, page 272 et suivantes des
Liquides de l'organisme est confirmée par l'expérience; s'il est vrai
encore que la question de la coioi ation du sang, c'est-à-dire la base
de l'action organique bénérale, se trouve ramenée à la recherclie
des modifications que l'influence nerveuse apporte dans le sérum;
il est clair que l'iilbuminisation des substances alimentaires devient
un fait capital dans l'hygiène publique. Qu'adviendrait-il donc si
nous nous mettons à ingérer des substances impropres à cette con-
densation si désirable? Il surviendra la phthisie, le scrofule, le
scorbut, et ces maladies nerveuses, qui représententla paralysie des
mouvements intimes de Ténormon et qui, s'attachant aux popala-
tions, aux femmes surtout, ne laisseront bientôt plus que des nations
de vaporeux et d'aliénés-; ces affections mauvaises semblent en ce
moment envahir les grandes villes où l'hygiène publique tourne au
sucrage exagéré, non albuminisable. J'en ai dit assez ailleurs là-
dtisus, pour que je n'aie pas besoin de m'étendre plus longtemps
sur ce sujet. Seulement, qu'on sache bien, encore une fois, que
l'hygiène publique marche dans les faits usuels comme un aveugle
qui a perdu son bâton. Le bâton de l'expérience des siècles! On
mange du pain comme on n'en fit jamais autrefois nulle part. le
vir, le sucre, la bière sont tombés dans le produit chimique. Un
élément aussi singularisé que le sucre très-cristallisé, n'est plus
propre à entrer dans les matériaux de l'organisme, aussi passe-t-il
à travers cet organisme comme de l'eau à travers un crible; en y
laissant peu de traces certaines de son utilité architectonique; tout
au plus sert-il à introduire ces forces factices et éphémères de ten-
sion générale que M. Liebig a cru devoir ranger dans des faits soli-
taires de respiration, parce qu'il n'avait pas la clef du travail orga-
nique.
J'en dirai autant à l'égard des urines; on a regardé jusqu'ici
l'urination comme une excrétion vague de tous les produits désor-
mais inutilisables dans l'organisme. Et cependant, dans l'urine il y
a une partie albumineuse très-notable. Peut-être devrais-je dire
très-importante à considérer. Je crois, en dehors de !'idéP que je
viens de citer, qu'on doit surtout regarder l'urine comme la partie
organique liquide qui, ayant été soumise à la globulisation dans
plusieurs organes, dits de sécrétion, à cause de cela, a subi cette
globulisation de façon à être sul'iisarnment dépouillée des éléments
globulisables elle est donc devenue de peu de valeur réparatrice
dans l'orâauisme. Pour moi, la grande fonction organique, repré-
sentée par le travail du foie surtout, consiste à scinder un liquide
complexe 1° en une portion globulisée; 2° en une portion plus ou
moins albuminruse, saline, liquide. L'organisme s'empare dans ce
travail séparateur des produits fractionnés qui lui i;ont utiles; et il
rejette par des organes excréteurs spéciaux ceux qu'il ne peut
employer.
La fonction du foie est si complexes, si générale, qu'on serait
tenté de la regarder comme presque entièrement physique. Il agit,
sur le sang, au moyen d'une force énormon d'une puissance
extrême; comme nos piles agissent sur les liquides que nous leur
soumettons. Sous son influence, tous les produits de détail se
divisent; et les glandes spéciales n'ont qu'à les reprendre pour en
opérer le triage et la distribution soit au dedans, soit au dehors
de l'économie vivante. Était-on bien fondé, dans ces derniers temps,
à établir une sécrétion automate dans les glandes spéciales, au lieu
de conserver l'ancienne idée de triage simple? Voilà ce qui ne me
sembie pas suffisamment élucidé. Si la glande spéciale effectue une
nouvelle mutation sur le liquide qui lui est soumis, cette mutation
n'est pas d'une grande importance elle ne constitue peut-être souvent
qu'un changement physique d'épaississement, d'hydratation, etc.
Pour prouver que certains organes de sécrétion ont une action
propre, M. Bernard (IIe volume des Liquides, page 7) fait remarquer
l'influence de l'essence de térébenthine et des asperges sur l'odo-
rance des urines; ces substances n'ayant point besoin de passer
par l'estomac et par le foie pour produire cet effet. Il suffit que je
rappelle une expérience sur la dispersion des corps volatils pour
ôter toute valeur à cet argument. Tous les corps modifient l'odeur
des sécrétions et des excrétions les essences tournent reflet du
côté dispersif dont l'odeur de violette est une étape fort remar-
quable tandis que les substances acides produisent un effet opposé
dans des circonstances du même ordre mêlea de l'huile d'olive à
l'essence de térébenthine, et prenez-en une cuillerée à café; vos
urines prendront en certaines circonstances une odeur de cannelle
très-franche. Je ne connais pas de limites à ces expériences que j'ai
beaucoup variées pour m'en rendre un compte exact. L'organisme,
tout entier obéit aux lois nécessaires de la dispersion et de la con-
densation, produits par l'injection des séries de substances anta-
gonistes. On a remarqué cela plus facilement qu'ailleurs dans les
urines; parce que la constatation en était très-facile; qu'on se
donne la peine de mieux chercher ailleurs, on trouvera les mêmes
résultats expérimentaux.
Je le répète, l'urination serait, normalement, le rejet des por-
tions du sang qui ont subi la scission globulaire organique des
centres splanchniques glandulaires, etc., et qui ne peuvent désor-
mais se maintenu dans 'équilibre de l'économie vivante. Que de
causes corcourent à détruire cet équilibre; et à faire des urines le
véhicule, à l'extérieur, des albumines et des scissions repoussées
par l'équilibre dont nous venons de parler. Parmi ces causes infi-
nies dans leur variété de combinaison nous devons placer en pre-
mière ligne le froid et l'eau. J'en ai dit assez sur le froid, voyons
quoi est le mécanisme qui s'opére dans l'action de l'eau sur la
machine vitale.
L'eau qui ^'introduit en nous, soit par la périphérie, soit et sur-
tout par les poumons, vient changer l'équilibre l'énormon, par-
.ticulièrement de cette force agglutinative concentré dans le sé-
rum iîu sang. Si l'on rapproche des expériences nombreuses que
nous venons de passer en revue, deux expériences très-remar-
quables contenues ddns les travaux de M. Bernard, à savoir 1° que
l'eau introduite dans !a circulation, précipite en quelque s.irte de
l'albumine qui se dégage par l'urination 2° que de la constitution
spéciale du sérum dtrive telle ou telle coloration, esagu'ation, etc.,
on verra que l'eau introduite dans l'économie animale se substitue,
pour partie, aux albumines dans l'accaparement des forces ner-
v»uses accumulée; et que, par suite de cet accaparement, une
portion conyspondante d'a lbumine est éliminée. Et, comme l'eaos
ne possède nullement l'agglutinativité électro-vitale dont jouissent
les albuminoïdes, il s'ensuit que l'eau, au lieu de conserver à la
réser.e électro- vitale cette tendance centripète, enroulante sur les
centres nerveux; l'eau, dispersive de sa nature, tend à délayer
dans la masse circulatoire les forces si précieusement engagées
dans les magasins nerveux; de sort la fièvre qui n'est que la
dilution des réserves aggtutinatives de l'élément électro-vital sur
les substances albuminoïdes, aptes à les rassembler, les drai-
ner et les conserver dans un état convenable, pour être employées
à tous les travaux de l'organisme. Tout ce qui introduit un excès
d'eau dans le sang, au delà de l'équilibre normal, amène immé-
diatement la fièvre; manger des fruits très-aqueux; boire des bois-
sons délayantes; vivre au voisinage des marais; dans des apparte-
ments fraichement enduits d'un plâtre qui rejette le surplus de
son eau de cristallisation ne pas se garantir des temps de brouil-
lard, etc., etc. tout cela conduit au même résultat. la fièvre!
C'est en vain que nos très-révérés cryptogamistes et entomolo-
gistes cherchent les créatures intéressantes qui doivent nous don-
ner la fièvre; il suffit de prendre un microscope, on verra par la
e
façon dont l'eau dépose au voisinage des marais infectants, que
c'est à un état globulaire spécial de l'eau qu'est due l'infection
dont on cherche si loin la cause. Pourquoi les corps savants rient-ils
de M. Raspail, faisant IL chasse à ses vers; si eux-mêmes ils n'ont
de tendresse que pour des bêtes, invisibles jusqu'ici, et qu'on ne
verra pas de longtemps? Les organiciens, en médecine, ont été
battus de tout temps par le logicien qui leur montre la vie ré-
sistant aux attaques de lésions monstrueuses; tandis que, au dire
des org-iniciens, une follicule attaquée dans l'intestin amènerait la
mort. J'en dirai autant aux entomologistes. Il existe des maladies
propres à certains pays et à certaines époques climatériques, dans
lesquelles le corps vivant est envahi en entier par des animalcules
et même par des animaux énormes relativement; visibles à l'œil
nu, saisissables à la main; certains animaux portent à l'état nor-

ciées par les mêmes créations, spontanées pour et


mal des parasites innombrables; mes digestions sont souvent vi-
rien ne
se passe dans tous ces cas de très-extraordinaire pour la santé
générale? tandis que des parasitaires introuvables nons foudroie-
raient dans nombre de cas, choléra, fièvre jaune, typhus,
pe^c, elc., ou nous mèneraient au tombeau d'une façon intermit-
tente et rhythmique, comme dans les fièvres?. Ces faits sont trop
compliqués; ils s'éloignent trop de cette physique générale fait
la base des travaux de la, nature pour qu'il en soit ainsi. (.' est l'eau
en excès, le froid, les agents accapareur? de mouvement en un
mot qui nous donneront la der de i 'énigme.
J'ai vu des gens attraper le choléra, lorsqu'il était endémique;
un cartonnier, pour avoir été se promener une heure ou deux dans
îane campagne humide, dans les bois de Bondi. Un épicier du pas-
sage Joufïrvy mourut en deux heures pour être descendu à la cave
chercher de la marchandise; un charcutier descendait la rueNoIre-
Dame-de-lcrette au moment du dîner, rapportant avec fierté, du
marché, un superbe ration; le docteur Aussandau, dont il était le
client, lui dit « Prenez garde à votre melon! » Dans la soirée,
Aussandau, appelé près de lui, le trouva mort et cyanosé. A la
Havane, un Français de ma connaissance attrapa la lièvre jaune
pour avoir bu une limonade! Maintenant, pourquoi n'allrape-t-on
pas en tout temps et en tout lieu le choléra, la fièvre jaune, etc.,
parce qu'on boirait une limonade, parce qu'on mangerait du me-
lon, etc.? Parce que la qualité et la quantité des forces libres que
nous fournit l'atmosphère n'est pas toujours la même; nous pas-
sons, avec le cours du soleil marchant dans ses révolutions pro-
pres, à travers des espaces qui sont plus ou moii pourvus des
forces libres dont nous avons besoin; ces espaces nous fournissent
plus ou moins, bon ou mauvais, ce qui produit un état patP:olo-
gique que nous nommons épidémique, mais qui, au fond, ne re-
présente réellement qu'une façon d'être qualificative de l'aliment,
--mouvement dont nous nous nourrissons. Si dans tel lieu de
'"espace interplanétaire ce mouvement se trouve dilaté relative-
ment, il contiendra de Fagglutinativité en moins; de sorte que
nous devrons faire des efforts Sout le temps que durera notre pas-
sage dans ces régions pour ne pas irriter la''faiblesse des forces
libres. Au lieu de cela, si nous traversons des contrées interpla-
nétaires dans lequelles le mouvement soit condensé relative-
ment, nous devrons employer journellement et transitoirement
des moyens hygiéniques qui nous tiennent au-dessous de notre
moyenne organique pour braver les irritations pathologiques qui
ne manqueraient pas de se produire. Sans aller jusqu'aux épidé-
mies et aux grandes constitutions médicales tout le monde connait
des natures délicates, chez les femmes surtout, qui sont prises de
maussaderies ou de malaise à l'approche de l'eau; lorsqu'elles sont
accidentellement mouillées; ou seulement lorsqu'elles visitent des
endroits humides; je connais telle dame élégante, spirituelle et
bien élevée, à laquelle je ne voudrais pas demander grand'chose
les jours humides et pluvieux. Dans un certain conte de la, Fon-
taine, il parait que les sexes étaient retournés, puisque Nicaise
avait peur de l'humidité des bois? J'ai connu une singulière
femme. elle dévorait son mari de caresses par les temps secs,
par le soleil, la chaleur, etc., et elle le battait par les temps hu-
mides tant son système nerveux se mettait facilement en équi-
libre de relation avec le mouvement libre extérieur et surtout avec
la vapeur d'eau qui lui donnait une fièvre éphémère. Autrefois,
Ilippocrale et les grands maîtres de l'art médical mirent beau-
coup de soin à surveiller ces grands phénomènes qui se révélaient
il eux approximativement par la constitution des vents, des mé-
téores, du froid, du sec, de l'humide, etc. Aujourd'hui nous avons
une telle science infuse que ces belles observations deviennent
inutiles, et qu'on peut entendre dire à tel médecin avec une dé-
daigneuse emphase « Moi, je ne suis pas chimiste; » à tel autre
« Moi, je ne suis pas que
physicien! diraient-ils s'il se rencon-

patenté D, M. P.
trait quelque farceur qui leur répondit Il Vous n'êtes donc que
»
L'éau, plus ou moins pure, ne peut arriver à des scissions très-
tranchées il faut pour qu'elle atteigne ce résultat, qu'elle se trouve
soumise à la loi fondamentale de toute action physiologique la
claustration. La pente d'un cours d'eau produit un écoulement
correspondant; et c'est cet écoulement relatif qui est antagoniste
de la claustration et, partant, des scissions dérivantes. Il existe
des rivières qui agissent physiologiquement comme de véritables ma-
rais dans leur cours; ou seulement dans partie de ce cours à cause
d'une pente trop iaible. Et j'ai dit ailleurs ce qu'on doit entendre
par claustration physiologique; c'est-à-dire un état statique isolé
des forces ambiantes. De l'eau qui coule, la mer, un fleuve, une
rivière, un ruisseau, une masse d'eau quelconque, marchant sui-
vant une pente sensible, ne subissent pas de claustration appré-
ciable. Mais toute flaque d'eau, mare, marais, étang, lac sans
issue mer morte, fleuve arrêté dans sa course, rivière dérivée, etc.,
peuvent prendre un commencement et des traces de claustration
physiologique. A ce moment les forces libres ont une action spé-
ciale sur les masses liquides; elles les scindent en des éléments
actuels et possibles; d'où dérive, notamment, une FORME d'évapo-
ration spéciale à ces scissions; ayant une grosseur ou une consti-
.Lut'ion propre; qui, introduite dans l'économie de certains ani-
maux y apportent des troubles fâcheux, Voilà pourquoi on peut se
garantir de certains effets des scissions paludéennes en se cou-
vrant la figure d'un voile; ou en prenant diverses précautions équi-
valentes, qui troublent la forme des émissions paludéennes. L'eau,
scindée par le travail de claustration physiologique qu'elle a subi,
perc' de sa force agglutinative, et tombe au-dessous de la moyenne
que nous liui reconnaissons empiriquement lorsqu'elle est à l'état
de mouvement libre, mer, fleuve, rivière, ruisseau, source jail-
lissante, etc. Elle entre alors dans l'organisme, avec une avidité
pour le mouvement, qui peut se comparer à un état de causticité
physique; et notre organisme s'appauvrit d'autant. Ce soit les
albumines de la circulation, et finalement les centres nerveux qui
payent les imprudences que nous commettons en nous mettant en
rapport avec des eaux désagglutinées au-dessous de leur normale.
Tout dans la nature subit cette singulière nécessité du mouvement
général de se coNnENsÉn en un effet centriprète, ou de se disperse!
en un effet centrifuge. L'eau, qui est un des éléments les plus im-
portants de la création, eût-elle échappé à cette grande loi physio-
logique?. Ce n'est guère probable. Yoilà pourquoi l'air de la mer
diffère si singulièrement de l'air des lacs intérieurs sans écoule-
ment et encore beaucoup plus de celui des marais et des flaques
d'eau de tout nom et de tout espèce. Car, la vapeur des eaux suit
la nature des éléments dont elles sortent, avec aggravations sans
doute; si l'on veut bien se rappeler que toute gazéification, vapori-
sation, etc., indiquent constamment un état sur-dispersif, par rap-
port à un liquide d'origine.
De même que les métaux ou des corps denses poussent les forces
iibres à s'agglutiner. dans certains liquides; de même aussi les
carbures en décomposition et des substances poreuses peuvent les
aider à prendre ces mouvements dispersifs que nous désignerons
sous le nom d'effets paludéens. Les ivrognes, qui sont de grands
physiciens, à ce qu'il parait, ont remarqué depuis longtemps que
du vin dans cet état dispersif si recherché, qu'on n'obtient que par
une longue claustration en bouteille, perd de sa qualité si on le
met en contact avec un verre trop épairs de là est née toute une
industrie, celle des verres de Bohême; reprise dans ces derniers
temps sous le nom de verres-mousseline; verres fort inférieurs
aux premiers qui contenaient peu ou point de plomb. Il existe
encore là un effet de mutation, dans les agglutinations latentes des
liquides. Quand on voit des effets si singuliers se produire pour
des contacts insaisissables, que doit-on dire de ce qui se passe pour
les eaux thermales et jaillissantes?. Voudrait-on encore soutenir
qu il n'existe là qu'un effet purement chimique?. L'eau distillée
reste lourde, malgré une sur-aération; tandis que les eaux de
source, presque désaérées sont d'une légèreté proverbiale. D'où cela
peut-il venir, si ce n'est d'un phénomène de plus ou moins grande
agglutinativité du mouvement libre, introduit dans leur sein? Ce
que je viens de dire, en m'étendant sur les liquides doit faire plus
facilement comprendre ce qui a trait aux gaz et aux solides. L'air
subit un état donné d'agglutinabilité qui varie comme pour les
liquides et pour les solides en des circonstances faciles à prévoir.
Il n'est donc pas étonnant qu'il amène dans l'économie vivante des
états asthéniques ou sur-sthéniques suivant qu'il se trouve au-dessus
ou au-dessous de sa moyenne normale. Les solides, le fer par
exemple, perdent ou gagnent du l'ag^lutinativité, ce que nous
nommons cohésion, élasticité, etc., en des cas divers, trop connus
pour que j'aie besoin de les relater ici En un mot, tout dans la
nature, gazeux, liquide ou solide obéit à la grande loi de l'aggluti-
nativité des forces libres ou à leur dispersion; les liquides restant
le type le plus parfait, de cet état, puisqu'il est presque le seul
visible. Et cette série prend depuis les éthers, chez lesquels l'ag-
glutination est presque insaisissable, jusqu'aux albuminoïdes sur
lesquels on peut la suivre et l'étirer à la filiëre.
XII

Le sucre.

Qu'est-ce donc enfin que le sucre? D'où vient-il, comment se


forme-t-il?.
Pour moi, et sans attendre les déductions sorties des laborieuse
expériences auxquelles je me suis livré, je dirai de suite a Le sucre
n'est pas une formation. mais une déformation organique,
comme l'ammoniaque, la gélatine et tant d'autres produits sur les-
quiels nous aurons à revenir. Voilà pourquoi les phases du travail-
sucre ont tant exercé et mystifié les physiologistes qui s'en sont
occupés tour à tour. Toutes les fois qu'un carbure hydraté a été
soumis à une agglutination qui a concentré en lui des forces libres
centripètes, lors du travail de dispersion en retour il se forme du
sucre; ou plutôt, ce travail de dispersion en retour a pour produit
du sucre. Prenons un exemple bien connu des grains d'amidon
soumis à une légère cuisson commencent par se gonfler, mais ne
donnent pas trace de sucre aux réactifs ordinaires; si on abandonne
le magma à lui-même, il ne tarde pas à se produire du sucre aper-
ceptible aux mêmes réactifs. On a expliqué ce phénomène par des
réactions de ferments contenus dans la fécule. Comme s'il y avait
au montre rien de plus homogène, de plus comparable entre eux,
que des grains de fécule? Ce n'est donc pas l'action d'un corps
spécialisé sous le nom de ferment qui règle le phénomène, mais
une évolution de haute physiologie appelée par moi dispersion en
retour. Que vous empiliez, vous-même, en quelque sorte, félectri-
cité dans un liquide composé de carbures hydralés, et qui prend la
forme iigglutinaJive; puis, que vous le laissiez ensuite subir cette
dispersion en retour; ou que vous alliez observer dans la campagne
le fruit, le légume, à forme agglutinée initialement et qui se sucre
en dispersant son emmagasinage de forces libres, les faits sont
identiquement les mêmes; sans aller si loin, examinez sur vos
tables le melon à chair très-féculente; trop agglutiné dans ses sucs
pour fournir un élément comestible satisfaisant; aussitôt que par
une incision d'essai vous auyez permis aux forces agglutinées d'en-
trer en dispersion sous l'impression des agents extérieurs, du sucre
se dévNloppe et le melon devient mangeable. 11 en est ainsi de tout
fruit qui se gerce, on qui atteint celle perméabilité dfspersive que
nous appelons maturation. Les fruits, les légumes ont une circula-
tion qui n'est pas éloignée de la nôtre, à un point de vue physiolo-
loôiclue élevé. Tant que notre périphérie reste intact, notre sang
conserve l'agglutinabilité qui soutient notre vie; qu'une scissure se
fasse dans ces éléments périphériques?. on sait à combien de
dangers cela expose notre vi- Pour les fruits quelle est donc la
différence? Tant qu'un fruit ne se crevasse pas sérieusement, l'ag-
glutination centripète continue à s'effectuer: mais auss'tôt que la
scissure commence, ou encore, comme je l'ai dit, la perméabilité
trop grande que l'on nomme maturation, aussitôt aussi le sucre se
montre. c'est-à-dire la dispersion en retour. Tous ces faits ont été
confondus sous un nom qui a la prétention de tout expliquer, la
fermentation; mais qui, au fond, n'explique rien puisqu'il ne donne
point l'idée ni de l'origine, ni des évolutions des forces libres se
condensant et se dispersant.. En voici un exemple frappant le sucre
peut se former dans l'économie animale et végétale par l'interven-
tion des corps volatils et gazeux par cette raison, que de tels agents
faisant pencher la marche dcs forces libres du côté de la dispersion
dont ils sont souverainement animés, ils bâtent un effet qui pourrait
se faire assez longtemps attendre dans la majeure partie des cas
usuels. Quel élément classique de fe>'menlalion peut-on attribuer à
ces gaz?. Aucun! Quelque chose de semblable se présente encore
dans ce qu'on appelle la fermentation panaire. Le développement
de l'acide carbonique naissant fait passer une partie de la farine
en sucre, et non un ferment panaire mi generis, comme on le
professe.
Mais j'arrive à des expériences dont on va comprendre la haute
valeur après les quelques mots d'explication préalable que je viens
de donner.

EXPKHIEM1K.

Je prends de i urine sortant de la vessie; j'en forme deux édian


tillons dans des tubes à chauffer, aussi égaux que possible, et j'en
essaye un aux réactifs du sucre. Aucune indication de ce genre ne
se montre. Si alors je soumets le tube jumeau à un courant d(
vapeurs diverses; j'ai donné la préférence jusqu'ici à la mirbane,
j'obtiens à l'instant des indications de sucre. Il est bien entendu
qu'en faisant passer les mêmes courants de vapeur dans de l'eau
pure il ne se produit pas d'action sur les sels de cuivre; c'est-à-diit
que la mirbane n'a aucune action chimique, mais agit par dispersion
co-aidante. Ainsi s'explique le fait en apparence si étrange rapporte
par M. Bernard (11° vol., Des lieiuides de l'organisme, page 469) de
la formation du sucre par l'émulsine et l'amygdaline.
La réaction de l'émulsine et de l'amygdaline ayant produit un
composé volatil de la famille des mirbanes, a transformé une partie
des fécules en sucre. C'est ce que j'ai produit moi-même de toutes
pièces, en faisant passer un courant de mirbane dans de l'amidon
cuit et très-étendu.
C'est ainsi que j'ai pu prouver l'opinion que j'avais émise ailleurs
de l'action des gaz de la rate sur les éléments carburés du foie
formant le sucre hépatique et déterminant le diabète dans la plu-
part des cars. 11 suffit de se rappeler combien les diabétiques émettenl
peu par la peau, pour suivre les réactions des gaz condensés par la
rate, èt divisés à bout portant dans les voies hépatiques. Il y a donc
d'autres fermentations-type que la fermentation des corps solides,
mycodermes ou non? Ou plutôt, il n'y a qu'une seule fermentation
variée comme les combinaisons de la nature. c'est la dispersion en
retour de toutes les forces libres préalablement agglutinées!

EXPÉRIENCE.

Les savants de notre âge sont si rebelles à la synthèse expéri-


mentale que je me trouve forcé de montrer pour le sang, ce que je
viens de faire voir pour l'urine; sans cela on accuserait la mirbane
ou toute autre substance volatile de confectionner dans l'urine un
nouveau corps en litine, en dame, en n'importe quelle antre dési-
nence plus ou moins euphémique. Prenons donc du sang sortant de
la veine; choisissons comme ci-contre deux échantillons dont l'un
servira d'essai négatif. Aussitôt qu'on aura fait passer le courant
volatil dans l'autre tube le sucre se montrera aux réactifs. Est-il
bien étonnant, après cela. que l'oiyâéne, l'acide carbonique, le
chloroforme et tant d'autres gaz conservent le sucre dans le sang;
suivant les constatations de M. Bernard et autres que de fois ils ont
dû en trouver par ces moyens-là où il n'y en avait pas avant l'expé-
rience ? De même le sucre se détruira sous l'influence des maladies
fébriles, qui tendent à enrayer les dispersions organiques normales.
M. Rayer a observé qu'un de ses clients avait du sucre dans les
urines dans le cas où il subissait quelque contrariété. Le retrait des
gaz de la périphérie sur la rate inonde toujours l'organisme dans
ce cas; et tend à produire du sucre; nous montrant par là, le
mécanisme si simple par lequel le sucre se trouve inonder les
liquides animaux. La bile soumise aux mêmes expériences produit
le même résultat; et, cependant, ce n'est pas un produit organique,
facile à intimider. la bile!
Pour que je restasse complètement satisfait de la marche que
j'avais choisie il était désirable de produire artificiellement des
urines diabétiques de toutes les formes signalées par les auteurs.
C'est ce que j'ai parfaitement réalisé, en absorbant moi-même, soit
par le poumon, soit plutôt par l'estomac des combinaisons volatiles
huileuses, gélatineuses, gommeuses, etc. Il n'y a nen qu'on ne puisse
imiter; même la réaction vert-cheu caillebotée dont les médecins
du diabète se sont émus, et à juste titre, dans ces derniers temps;
car, en des matières aussi délicates à saisir c'est souvent un détail
qui met sur la voie de l'ensemble.

X1H

Mécanisme vital de la digestions.


Les physiologistes nous ont dit comment la digestion fonctionne
au point de vue chimique; comment la salive, les sucs gastrique,
pancréatique, intestinal, biliaire, etc., agissent sur les aliments pour
les ramollir et les dissoudre; on s'est même vivement préoccupé
du rôle physique de la chaleur dans le travail gastro-intestinal
enfin, on a tenu compte des hypothèses de fermentation, putréfac-
tion, coction, etc., qu'on a sondées par des expériences très-ingé-
nieuses et très-instructives. Une seule chose me semble avoir ét«
oubliée comme la fée des baptêmes, c'est la pins impor.
tante. Lorsqu'on a exécuté des digestions artificielles, on a obtenu
des viagnea ou des liquides d'une homogénéité et d'une solubilité
données; jamais on n'a atteint l'agglutination vitale, qui part de-
puis le schyme lactescent, jusqu'à la lymplte filante et incolore. Ce-
pendant, si le bol alimentaire brut, intact dans la nanse stcm"-
cale est le point de départ des digestions l'élément lymphe
translucide et fïlandreux, est le vrai point d'arrivée. C'est le bol
qui représente l'aliment introduit dans l'économie; comme c'est la
lymphe qui reproduit ce liquide réparateur qui va entrer dans !a
masse de la circulation, pour faire partie de ses éléments intimes.
J'abandonne à mes devanciers le soin de développer le travail chi.
mique qui s'opère dans les voies digestives, depuis la déglutition
jusqu'à l'absorption lymphatique; il y a tant de contradictions dans
ces systèmes, qu'il faut laisser au temps et aux expériences le loisir
de les accorder. Mais, je vais essayer de montrer une fois, que le
suc des aliments est mis à part, comment la machine vivante le
saisit, le modifie et le forme pour en obtenir l'élément viable dont
la circulation a besoin pour entretenir les organismes. Cette partie
physiologique jamais été entamée que p:'r des hypothèses en
l'air; où l'expérience n'essaya point de pénétrer. Ici, c'est l'expé-
rience qui devancera sans cesse les conclusions.

EXPÉRIENCE.

Si l'on écrase quelques grappes de raisin, qu'on en exprime le


jus dans un linge et qu'on le soumette au travail de l'électricité,
par les voies dont j'ai donné tant de fois l'exemple ailleurs; cette
électricité fera une sorte d'analyse du moût obtenu; une part de la
liqueur, celle qui se montre rebelle à l'albuminisation et à la glo-
bulation, se séparera pour former ce qu'on appelera plus tard en
fabrication, le chapeau, l'autre part restera limpide. Si, mainte-
nant, je suppose, on a pris convenablement ses précautions, comme
promptitude de travail et comme température, on aura le temps de
filtrer le moût dédoublé, et de replacer la partie limpide sous l'é-
lectricité, avant que la fermentation n'ait fait des progrés sensibles
d, us la liqueur. Dans ce cas la liqueur ainsi scindée et claritiée de-
viendra très-rebelle aux fermentation usuelles; elle se portera du
tô.é des habitudes des sucres modifiables dont nous avons tant
parlé c'est-à-dire qu'elle se scindera de nouveau en albuminoïdes
et en globules.
Que se passe-l-il donc autrement dans la vraie digestion? La
première impression électrique reçue p:!r les aliments dans les voies
intestinales, en dehors des effets chimiques iadiq :és ci-dessus, pro-
duit cette analyse sommaire qui sépare le chyme des parties peu
eu point assimilables; celles-ci parcourent lentement les longueurs
des tubes digestifs où ils subissent un triage particulier; et plus
tard une expulsion définitive. La liqueur chylée a traversé la cloison
intestinale, pour entrer dans la circulation des lymphatiques géné-
raux qui la classent à leur façon la trient et la poussent vers le
foie où doit s'effectuer le suprême et grand effort électrique qui
l'albuminisera et i.i globulisera, pour en doter la circulation. Nous
remarquons dans ces pérégrinat'oiis complexes deux faits de pre-
mier ordre, souverainement tranchés d'abord le premier triage
cltytno- fécal ensuite le produit chylo-lymphatique. Comme dans
notre expérience avait apparu l'analyse des parties dbumino-fibri*
neuses; puis le travail albumino-globulaire. Ainsi s'explique ce
départ mystérieux des fèces, dont on a tant parlé pour ne rien fon-
der de sérieux. La redoutable endosmose elle-même a perdu son
temps en des suppositions gratuites, qui disparaissaient bien vite,
quand on se donnait la peine de faire une contre-épreuve cadavé-
rique. C'est l'électricité vitale qui opère tout elle-même dans ces
phénomènes organiques; et cela, en deux temps et en deux lieux
différents; comme nous sommes obligés de le réaliser nous-mêmes
artificiellement; le premier lieu, la voie intestinale est séparée de la
façon la plus rigoureuse, du lieu interne lympliatico-sanguin. L'a-
nalyse des fèces est toute préalable, comme dans notre expérience
il faut s'y reprendre à deux fois pour obtenir le résultat complexe
albumine-globulaire; ou l'organisme reste connus dans ses réalisa-
tions, comme cela se voitdar.s un animal intérieur, dans une ex-
périence mal faite
Ai-je besoin, maintenant, de parcourir toutes les conséquences
de détail qu'on peut tirer de là?. A quoi bon! L'homme savant
et ingénieux ta les saisir de suite. Contentons-nous de joindre ici
quelques réflexions seulement qui pourraient échappera l'œil dis-
trait. Il s'agit d'élucider la fonction équivoque d'un viscère, LA rate,
dont on ne me semble guère avoir deviné !n fonction réelle.

XIV

La rate,
Je regarde ce que j'ai à dire de la rate comme une chose d'une
importance radicale à cause de la nouveauté de l'aperçu, et des
conséquences que cela acquiert dans la pratique. La rate est, pur
la circulation des liquides et dcs gaz, ce qu'est le cervelet pour la
circulation des fluides nerveux, UN DÉFILÉ régzclateur. Je ne dis pas
pour cela que la rate ne puisse remplir quelque autre fonction en-
core dans la matière organisée il est rare qu'un appareil ne serve
pas en même temps à une ou plusieurs fonctions élaboratrices;
chimiques même, si vous voulez; puis encore à une fonction phy-
sique et mécanique. La rate, placée en dehors des autres viscères,
représente un cul-de-sac, dans lequel le sang peut être comprimé,
atténué, transmuté, entreposé, etc. La vie s'étayant principale-
ment sur une dispersion des substances alimentaires et des forces
libres, il est compréhensible qu'il doit exister dans l'organisme un
appareil spécial, destiné à parer aux dangers d'un reflux, d'un re-
trait de cette dispersion normale. C'est bien la rate qui est chargée
de cette fonction. Les reins ont entraîné la partie liquide des ex-
crétions lés intestins, la partie solide; le poumon, Li peau, les
gaz qui ont pu les traverser, Mais, s'il y a reflux, le poumon trop
chargé s'engoue et repousse le trop plein dans les viscères du
centre. De là ces oppressions d'estomac, des reins, du foie, qui
prennent mille formes et mille sensibilités diverses pour tourmenter
le patient. Certaines personnes se débarrassent assez bien au moyen
de nomhreuses éructations d'émissions venteuses. Dans l'Orient, en
Turquie surtout, il paraît que ce serait une grosse injure fâite il
son hôte, si l'invité ne rotait pas outre mesure pendant et après
le diner. Mais pour beaucoup d'Occidentaux qui suivent les lois
rzcuvelles de la politesse antirotanle, les gaz reflues vont se loger
dans la rate, chargée de les retenir, de Icc emmagasiner en les
comprimait dans ses aréoles extrêmement dilatées. Ceci n'a rien
de bien fâcheux quand tout reste dans les bornes du possible; mais
lorsqu'il y a constance et excès dans les reflux, la rate et les organes
qui s'avoisinent se trouvons, pénétrés par ces reflus d'une façon dé-
plorable ce qui amène une distension énorme des aréoles, des ca-
pi:laires; et alors des douleurs, aiguës ou sourdes, correspondant
ces divers états. L'homme voué par l'hérédité, par le climat, par
état pathologique à ces funestes reflux, finit par subir le supplice
de Prométhée dévoré par un vautour; la tension extrême des aréo-
les de la rate, celle de tous les tissus infiltrés de gaz, amené un état
nosologique si violent que le suicide devient la seule idée domi-
nante. Car, de semblables efforts de tension ne peuvent se mainte-
nir sans qu'une partie très-importante de l'énormon général ne
soit forcée de s'appliquer en ce heu pour arc-bouter une force aussi
prédominante. Il arrive que le cerveau privé des condensations
suivies et puissantes qui lui sont nécessaires, s'habitue à des rê-
veries sans connexion, déterminées par le peu de liaison de l'énor-
mon général dans son centre crânien. Ce centre énormon est dé-
placé perd l'équilibre et trébuche dans un coin de l'organisme,
où il se confine pour n'en plus sortir. Tel est le résultat général
de ces reflux concentrés du côté de la rate; mais voyons un peu
quel est le mécanisme de détail qui engendre ces effets regretta-
bles.
La rate communique avec trois centres principaux; avec l'esto-
mac, avec le foie, avec les reins. Aussitôt que les mauvais temps
arrivent, les gens délicats, c'est-à-dire les natures sujettes des re-
flux de dispersion sentent un poids se concentrer vers l'épigastre.
Elles perdent la facilité de respirer librement, sentent des inappé-
tences plus ou moins sérieuses, éprouvent des nausées, des éruc-
tations, des vomissements, etc. Si le reflux se porte au-dessus du
diaphragme, il se crée ce qu'on appelle un rhume ou simplement
une irritation de poitrine. De mêmes, le reflux marchant plus haut
encore et du côté de la tête peut engendrer ces phénomènes si
mutables, si étranges qu'on appelle grippes, angines, etc. Ici, je ne
dois guère m'occuper que des résultats à tendance chronique qui
portent sur le foie, sur le rein, par les sympathies de la rate. La
rate s'opile, comme disaient les anciens; d'où le dicton si connus
i se désopiler la rate » pour dire se dégager des tristesses, des sous.
frances qui entraînent à leur suite les obstructions de ce viscère.
La rate peut donc s'opiler; mais normalement il faudrait quelle
n'acceptât cette fonction que dans la mesure de ses forces; comme
cela est permis à un condenseur normalement établi. Malheureu-
sement, il est des natures anirnales chez lesquelles la rate est ou
trop petite, ou trop peu intensive, ou trop peu résistante, pour le
travail de compression qu'elle se Irouve avoir il exercer sur des re-
flux exagérés. Cependant examinez les réticules intérieures de cet
organe. Quelle élasticité! De même, quelle résistance dans l'en-
veloppe extérieure, d'une fibrosité inusitée partout ailleurs dans
l'organisme! Malgré toutes ces admirables précautions mécaniques,
il arrive cependant alors que l'organisme se trouve dans la position
d'une machine qui manque de condenseur ou qui n'a qu'un con-
denseur insuffisant. Sous l'influence de ces reflux, les maladies
qui sortent d'un mauvais fonctionnement de la peau, soit à l'état
constitutionnel, comme les diabétiques, les phlhisiques, les albu-
minuristes soit éphénra rement, par la scarlatine, l'érysipèle, la
variole, etc., amènent bientôt un trouble jusque dans la composi-
tion du sang. Il en est de même physiquement pour les hommes
de lettres; pour tous les gens qui manquent d'exercice; pour ceux
qui ont peur, qui sont sous le joug monastique, disciplinaire, etc.,
la plrthisie s'en empare très-souvent. Qu'^n se rappelle cet ordre
cité par Laennrc, où tous les sujets étaient pris de phthisie au
bout d'un an de leur entrée dans l'établissement. On ne saurait
donc attacher une trop grande importance au travail des gaz di-
sons mieux à ce travail complet et complexe de l'énormon qui di-
rige le mouvement de tension vers la périphérie. La politesse, la
discipline, les imprudences d'hygiène et de nourriture concourent
grandement à rendre l'exercice normal de plus en plus difficile.
Noi'iS l'avons dit, et nous serons même forcé d'y revenir, la ques-
tion des fonctions de la rate est une des choses les plus neuves en
science, les plus importantes, et cependant, les moins appréciées.
C'est généralement, à l'exagération du travail fonctionnel de la rate
que sont dus les productions anormales de la circulation sucre,
gélatine, etc., productions qui disparaissent, au contraire, dans les
maladies spéciales qui résorbent les gaz. Nous allons retrouver tout
cela aux titres divers de la pathologie.

CETEUA OESIDEP.ANTUR.

Ici s'arrête, inachevée, la dernière oeuvre de Louis Lucas. Ici s'est


reposée cette plume si laborieuse ici ce vaillant esprit a clos la séries
de ses découvertes; ce n'est point que ses publications eussent at-
teint le terme qu'il s'était proposé, ni que sa volonté se lût lassée
à ce rude labeur de ramener toutes les sciences à une des grandes
lois universelles; lui que rien ne pouvait éloigner de ses chers tra-
vaux, ni plaisirs de la fortune, ni désirs ambitieux, ni les douces
joies de sa famille. Mais il avait dépensé à cette gigantesque entre-
prise ses forces et sa vie; il a eu le sort de ceux qui, explorant des
pays inconnus, succombent sous leurs propres efforts. Louis Lucas
a été frappé par la mort le 9 janvier 1865; il était né en 1816, à
Condé-sur-Noireau (Calvados).
Cette mort laisse à tous ceux i$i£ 'ont connu les regrets les plus
justes. Celui qu'ils ont perdu était, en effet, un de ces hommes rares
dont les pensées élevées ne sont que le reflet du plus noblecaractère;
leur admiration et leur estime n'eurentjamais besoin de scinder en
deux parts sa vie et son œuvre. Son œuvre et sa vie furent égale-
ment respectables. Ils regrettent dans Lucas le savant profond, l'ami
dévoué et délicat, l'heureux scrutateur de la nature, l'excellent
père de famille, le publiciste éclairé, l'écrivain habile et spirituel,
et l'homme de bonne compagnie. Tous ces mérites se complétaient
en lui par la modestie la plus digne, par une aménité bienveillant
puisée aux sources mêmes de la bonté, mais qui laissait cependant
a sa parole convaincue une force capable de lutter contre ce qu'il y
a de plus résistant au monde, l'assurance des esprits dominés par la
routine.
Louis Lucas, s'étant proposé d'établir entre les sciences cette soli-
darité sans laquelle tout dépérit dans le monde intellectuel et moral
comme dans l'ordre matériel, eut d'abord à étudier les méthodes
jusqu'alors suivies par les savants; il les vit divisés en deux grandes
écoles les uns, ayant à leur tète Pythagore, Platon et toute la
pléiade des philosophes grecs, s'égaraient en des hypothèses gra-
tuites, et cherchaient à inventer plutôt qu'à découvrir les lois gé-
nérales. Les autres, et parmi eux tous les savants modernes, s'absor-
baient dans l'expérimentation successive des phénomènes isolés
sans se préoccuper assez des causes auxquelles les effets se ratta-
chent nécessairement. Lucas vit ce que l'une et l'autre méthode
avaient d'insuffisant, mais il ne se montra injuste ni envers l'une,
ni envers l'autre, et conçut l'idée de concilier ces deux systèmes par
l'adoption A'une unité commune prise dans une loi générale déjà
reconnue, et appuyée sur l'expérimentation des faits.
Mais où trouver une loi assez vaste pour relier les travaux de la
nature, les montrer parallèles entre eux et tous dépendants les uns
des autres, malgré l'admirable diversité qui déguise les termes de
leur équation? Lucas chercha donc une science assez avancée pour
présenter une loi appuyée sur des faits bien coordonnés; il s'arrêta
à l'acoustique, dont s'étaient occupés, depuis plusieurs siècles, tous
les mathématiciens célèbres sans qu'ils l'eussent cependant con-
duite au degré de clarté et de simplicité que lui conféra Lucas.
Lucas, voyant la loi du mouvement nettement indiquée dans cette
science, chercha à la retrouver ailleurs, convaincu que la Provi-
dence a constamment suivi dans l'organisation de la matière les
principes les plus simples, quoique d'une variété infinie dans leurs
applications; il espéra, en se rendant bien compte d'une loi évidente,
la voir se reproduire dans un cercle de faits voisins et pouvoir la
poursuivre ainsi de cercle en cercle, sans laisser tomber de ses
mains le fil conducteur qui devait le guider dans le labyrinthe
scientifique, lui servir d'unité pour mesurer toutes les sciences et
les soumettre à un principe unique.
A ceux qui verraient dans Lucas un novateur impatient de toutes
règles adoptées et ne relevant que du caprice de son opinion, rap-
pelons qu'il fut, au ontraire, le vrai disciple des autorités les moins
contestées. Il a réalisé en effet ce que rêvait Pythagore et ce qu'es-
pérait Socrate lorsqu'il désirait voir partir toutes les sciences d'un
même point et aboutir à un centre commun. Il a compris les pré-
ceptes de Bacon, qui prescrivait dans son lnstauratio magna la
comparaison des phénomènes les plus dissemblables en apparence,
mais dépendant au fond d'une raison unique, et qui écrivait Il Celui
qui n'aura pas mêlé, confondu et réduit tout ensemble, ne verra
pas l'unité de la nature et n'en pourra rien interpréter. Il Il a
suivi Newton, qui dut le fondement de son optique aux séries musi-
cales Rumfort, qui y rattacha sa théorie du froid et du chaud;
Kepler, à qui les lois acoustiques révélèrent les lois astronomiques,
quoique l'acoustique n'eût encore été étudiée que d'une manière su-
perficielle et avec une négligence incroyable. Il s'est enfin montré
le disciple d'Ilerder, qui aspira si vivement au principe de connexion
et qui recommandait àtous les savants de retrouver partout l'action
de la loi simple, éternelle, unique, qui fait tourner tous les astres
autour d'un centre commun. Ne sont-ce pas là les mêmes principes
appliqués par Lucas avec tant de précision et d'ampleur, et ne croi-
rait-on pas entendre parler un de ces hommes illustres, lorsqu'il dit
dans la Cliimie nouvelle
Nous pouvons avancer que les phénomènes planétaires et les
phénomènes sériels, chimiques, lumineux, électriques, calorifiques,
sont tout un, et nous aider des phénomènes astronomiques pour
expliquer le spectre solaire, les anneaux électriques, la formation
des corps simples, comme nous pouvons, par contre, tirer des con-
séquences du spectre, des anneaux et des corps simples, pour ex-
pliquer les grands points du système planétaire. Nous fondant sur
l'identité typique des séries lumineuses, électriques, calorifiques et
chimiques avec celle de la résonnance acoustique dans laquelle on
trouve maintenant d'immenses ressources de rapprochement, nous
emploierons souvent cette dernière science dans le développement
des phénomènes, par la raison que la théorie acoustique est sûre
et claire, tandis qu'on peut regarder comme moins connues celles
de la lumière et de la chaleur. Il
V Acoustique nouvelle fut donc le premier ouvrage de Louis
Lucas, ouvrage utile aux physiciens autant qu'aux musiciens, élèves
et maîtres; la seconde œuvre qu'il donna au public fut la Chimie
nouvelle, qui renferme sous ce titre, beaucoup trop simple, des ob-
servations d'une abondance et d'une richesse extrêmes sur la physi-
que, l'astronomie, la géologie, l'électricité, la lumière, le magné-
tisme, le calorique et l'analyse chimiques. Son troisième ouvrage fut
le Roman alchimique dont la presse a si peu parlé, car, selon l'aveu
même d'un journaliste en renom, Il en présence d'un tel livre,
la critique s'arrêta, étonnée et peureuse; par crainte de se four-
voyer dans un éloge intempestif, elle préféra se taire. »
Quel était donc le but de Lucas dans cette œuvre d'imagination,
cachant sous une forme gracieuse un but profondément philoso-
phique ? Il dit lui-même quelque part «Je n'ai pas voulu laisser
échapper l'occasion de ce livre sans rendre hommage aux grands
philosophes, aux modestes savants, aux vieux alchimistes, ces con-
servateurs si méconnus des traditions hermétiques. Je me fais gloire
d'être l'un de leurs plus fervents disciples, et je leur tends la main
à travers la tombe Il
Et c'est nous aujourd'hui qui, avec le même respect et le même
regret, tendons la main à notre cher Louis Lucas, qui les a rejoints
par-delà la tombe. C'est avec raison qu'il les honorait ces fiers inves-
tigaleurs de la force universelle. Rompu à leur exemple au manie-
ment des éléments, Lucas voulut en poursuivre l'examen dans
l'organisme de l'homme, et passa de la physique générale à la
physiologie, à la pathologie et à la thérapeutique. Ses études sur
cette dernière branche devaient clore la frlédecine nouvelle, ouvrage
si remarquable par les découvertes, les expériences capitales qu'il
renferme, et par l'invention de plusieurs instruments qui suffirait
seule à la gloire de Lucas. Nous nous abstiendrons avec déférence
de parler plus au long de ce livre, laissant à un des éminents écri-
vaines de la France médicale, le docteur Favre, le soin d'accomplir
selon son coeur l'engagement religieux qu'il a pris d'en parler
comme il le mérite.
Quel est donc le lien général des ouvrages de Lucas? quel est le
titre qui les unifie? Le voici

DU MOUVEMENT ET DE SES APPLICATIONS.

Le mouvement c'est l'agent universel, un et uniforme dans sa


nature, qui a été constitué par Dieu comme le promoteur de la
variété infinie des phénomènes et catégories physiques, cause de
toutes les combinaisons et permutations que nous observons autour
de nous. A ce point de vue, toutes les sciences ne sont que des mo-
difications parallèles d'un fait unique, le mouvement suprême.
Pour pénétrer jusqu'aux merveilles les plus inespérées, on peut
donc s'adresser indifféremment à chaque division sensoriale du
mouvement. Chacune d'elles reproduisant le tout, chacune d'elles
étant comme l'écho et le microcosme de toutes les autres, chacune
d'elles confirmant toutes les autres par son harmonieux consen-
tement.
L'homme qui veut s'instruire et comprendre Lucas doit donc
étudier avec lui le mouvement dans son état libre, dans sa tension,
sa condensation et ses dilations, dans son antagonisme et ses grou-
pes contrastés, dans ses limitations, ses résistances et ses défilés;
dans son équilibre en tonalités différentes, son entrée en séries, ses
déterminatives et ses résolutives, en un mot, dans toutes les évo-
lutions qui lui sont propres et dont l'acoustique nous offre le type
le plus ravissant.
Philosophie du mouvement, analogie des sciences, harmonie de
la nature, voilà t'ouvre entreprise par Lucas, et cette oeuvre nous
la dédions sans crainte de la résistance soulevée par les préjugés,
de l'impatience et de l'aigreur des intérêts froissés, des dépits de
l'amour-propre jaloux, à tous les amis du progrès des sciences et de
l'humanité.
Ici je dois cependant confesser une crainte, c'est que Lucas n'ait
trop spiritualisé le mouvement au détriment des séries véritable-
ment spirituelles, seules capables de liberté et de vertu; et qu'en ne
signalant que Dieu et le mouvement, il n'ait fourni, à son insu, des
armes au panthéisme et au fatal dualisme contre lesquels il s'est
élevé tant de fois et d'une manière si puissante.
Voilà, si je ne, me trompe, les grands principes qui ont présidé
au plan de cet édifice immense que nous avons la douleur de voir
inachevé. L'architecte disparu avant le temps, qui pourra complé-
ter son œuvre? Certes, Lucas se préparant à soumettre toutes les
sciences au même travail d'unification, a laissé de nombreux manu-
scrits pleins de découvertes précieuses et d'observations qui com-
pléteraient ses livrer, déjà parus. Mais, quel que soit l'empressement
de l'amitié a ne rien laisser perdre du talent de Lucas, quel que
soit le désir de sa famille de contribuer par la publication de ses
notes à rendre un légitime hommage à son chef disparu, quelle
que soit l'impatience du public de connaître les découvertes qui
sont consignées dans ses manuscrits, comme elles touchent non-
seulement à la science mais encore à l'industrie, madame Lucas croit
devoir garder ces manuscrits en dépôt jusqu'à l'âge où ses fils
pourront les apprécier et les utiliser.
C'est donc à eux qu'appartient la tâche pieuse de reprendre l'oeu-
vre paternelle là où la mort l'a interrompue, d'étudier avec tout le
respect de l'amour filial ces notes dont la plus simple en apparence
contient des richesses d'observation et de direction dont ils devront
profiter pour aller plus avant encore, ne se bornant pas à collation-
ner ces précieux manuscrits, mais cherchant réellement à succéder
à leur père et à compléter sa gloire ar leur propre

FIN DU TOME DEUXIÈME.


TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS LE SECOND VOLUME

1.

Y.
etc.
Principes fondamentaux de la
DIGESTION.

digestion.
Il. De l'hygiène publique à propos du diabétisme, de l'albuminu-
rie,

Volatilisation des aliments, base de

VII. Pela digestion pendant le sommeil.


Travail des éréthismes pendant la veille et pendant le sommeil..

normale.
1

8
17
21

48
49

exosmose.
VU). Exagération de la dispersion
IX. Phénomènes de déplacement organique 61
X. Endosmose, 68
XI. Le
Xll.
vital
sommeil, sécrétion normale du
Extenseurs et détenseurs de l'éréthisme vital. 70
73
XIII.
XIV.
XV. publique.
Description physiologique de la
Absorption des corps inorganiques par les organismes animaux..
De l'alimentation

Aliments, poisons.
82
96
101

XVII.

XIX.
glandes.
Salivation.
Fonction des 119
128
XX. La bile.
XXI. Fonction glycogénique du foie
146
XXIII.Rapports de l'excrémentation avec les tcmpéraments. 15S
XXIV. Dispersifs et expansifs, concentrateurs et condeuqateurs. 160
XXV. Modification chimique des aliments et des médicaments. 164
1. Coercion et claustration des forces
H. Des
III.
globules.
libres. 177
186
191

albumineuse.
Y..Forme

VU!. .202
caillot.
Trame animate, tissus,

Fibrine.
IX. Coloration du sang,
X.
vaisseaux
195

201

digestion.
206
XH. Le sucre
Mécanisme vital de la
XIV. La
MORTILLET (GABRIEL DE). Revue scientifique ..alienne de l'annéi-
:8e2 l1'" :irm'V. i'.ni-. IM'> vi.L -_• f;iini in- 1 S ô iV. ;><<

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Médecine des Famii.es. un lV:n!'


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SALES-GIRONS, nif'-ilirin in.-|M'i:lrin .le I i''l,-ili:i_:st_iii'Mil !•' t i<_rri*fn ri-


u'ii.'tcu'iii- .1., la Ik'l'i'i' nit'dii fi/f Traitement de la Phthisie pulnso--
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RICHARD ("le
Nancy).
de 1 éducation physique des enfants. •> l'-iihiui. iHiunlCiiu i:. l'iiri-.
1<S('p|. I vu!. in-IS î l.i.

1 1 1 L' 1 1 • 1 1 uili'i if ilis iiùi>!i,Ht\. rie. Leçons cliniques sur les Maladie«
de l'Oreille,
:1 CI.

.•
MAISONNEUVE (J. G.), .•_ irsi ra i>-n de llrtcl-DiiMi ilr Paris. Oiniqu.'
chirurg-ie:alc. I'cih. ii IV

iiiiii'ic du I.miiî. De ta Tuberculose, ou de la Phthisie pulmonaire

IStil. 1 vol. in-S li

MILLET (AUGUSTE), iirulrs-i'iir I I_cm|i. dr iluvc-


l'iode di; inrili'i r.ic (t;i'iiiiil prix de 1S.'>.). Traité de la Uiphthérie du La-

i\ -im<>\ (t.\Cit> il nnif ;; ji'i lit ru l M 1

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