Revue Archéologique de L'est

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Revue archéologique de l'Est

Tome 57 | 2008
n°179

Minières et ferriers du Moyen-Âge en forêt d’Othe


(Aube, Yonne) : approches historiques et
archéologiques

Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe et Alain Ploquin

Éditeur
Société archéologique de l’Est

Édition électronique Édition imprimée


URL : http://rae.revues.org/3723 Date de publication : 28 novembre 2008
ISSN : 1760-7264 Pagination : 333-365
ISBN : 2-915544-10-7
ISSN : 1266-7706

Référence électronique
Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe et Alain Ploquin, « Minières et ferriers du Moyen-Âge
en forêt d’Othe (Aube, Yonne) : approches historiques et archéologiques », Revue archéologique de l'Est
[En ligne], Tome 57 | 2008, mis en ligne le 26 août 2009, consulté le 30 septembre 2016. URL : http://
rae.revues.org/3723

Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée.

© Tous droits réservés


MINIÈRES ET FERRIERS DU MOYEN ÂGE
EN FORÊT D’OTHE (AUBE, YONNE) :
approches historiques et archéologiques
Patrice Beck *, Philippe Braunstein **, Michel Philippe ***,
avec la participation d’Alain Ploquin ****

Mots-clefs Sidérurgie, Forêt d’Othe (Aube-Yonne), évêque de Troyes, comtesse de Flandre.


Keywords Iron metallurgy, Forêt d’Othe (Aube-Yonne), bishop of Troyes, Countess of Flanders.
Schlagwörter Eisenverhüttung, Forêt d’Othe (Departements Aube und Yonne), Bischof von Troyes, Gräfin von Flandern.

Résumé Entre Sens et Troyes, aux confins de la Bourgogne et de la Champagne, la Forêt d’Othe est un bon observatoire des
pratiques sidérurgiques anciennes. Les activités d’extraction et de transformation ont laissé de nombreux témoignages dans
les archives et, sur le terrain, des vestiges qui se comptent encore par centaines. Délaissant les archives monastiques et les
forges sur l’eau des vallons depuis longtemps bien explorées, la présente enquête s’est intéressée aux seigneuries de l’évêque de
Troyes et de la comtesse de Flandre, particulièrement bien éclairées pour les deux derniers siècles du Moyen Âge d’une part,
aux plateaux forestiers d’autre part. Elle y a découvert qu’à la fin du Moyen Âge, on continue ici de produire du métal selon
des procédés qui n’ont apparemment guère évolué depuis le vie siècle avant J.-C.

Abstract Between Sens and Troyes, within the borders of Burgundy and Champagne, the Forêt d’Othe attests many old
iron workings. The extraction and transformation of iron has left evidence in the archives and hundreds of traces on the
ground. Putting to one side the monastic archives and the water forges that have already been investigated, the present study
tackles the seigniories of the bishop of Troyes and the countess of Flanders, particularly well documented for the last two
centuries of the Middle Ages and the forest plateaux. It has been discovered that at the end of the Middle Ages, metal was
produced according to processes’ which hardly evolved since the 6th century BC.

Zusammenfassung Das Waldgebiet Forêt d’Othe zwischen Sens und Troyes, an der Grenze von Burgund und der
Champagne, eignet sich hervorragend für die Untersuchung der alten Eisenverhüttungstechniken. In den Archiven gibt
es vom Abbau und der Verarbeitung zahlreiche Zeugnisse und auch vor Ort sind noch hunderte von Spuren sichtbar. Die
vorliegende Untersuchung lässt die seit langem gut erforschten Klosterarchive und die Schmieden an den Wasserläufen in
den Talmulden beiseite und beschäftigt sich mit den in den beiden letzten Jahrhunderten des Mittelalters besonders gut
dokumentierten Herrschaftsgebieten des Bischofs von Troyes und der Gräfin von Flandern und den bewaldeten Hochebenen.
Die Untersuchung hat gezeigt, dass sich die Metallproduktion am Ende des Mittelalters kaum von der im 6. vorchristlichen
Jahrhundert unterscheidet.

* Université de Lille 3.
** École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris.
*** Ministère de la Culture, Cellule du Patrimoine industriel.
**** C.R.P.G., CNRS-Vandœuvre-lès-Nancy.

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Fig. 1. Situation du Pays d’Othe.

1. Introduction Fig. 2. La ferme de La Pilonnerie et le lieu-dit le Ferrier rouge


(site 31 de l’inventaire) en Section E du cadastre « napoléonien »
de Saint-Mards-en-Othe (cliché P. Beck).
C’est aux confins du Bassin parisien, de la Bour-
gogne et de la Champagne, entre les villes de Troyes
à l’est et de Sens à l’ouest, que se situe le Pays d’Othe métallurgiques (fig. 2 et 3) et, sur la carte géologique,
(fig. 1). Bordé par la vallée de La Vanne au nord et la les repérages de « fer en amas » sont soulignés par deux
vallée de l’Armance au sud, il se présente sous la forme brefs mais suggestifs passages de la notice explicative :
d’un ensemble de plateaux au substrat crayeux culmi- « il faut … signaler que dans tout le Pays d’Othe on
nant à 300 m d’altitude et coupés de vallées sèches ou rencontre communément, soit dans les argiles, soit
empruntées par des cours d’eau d’importance moyenne dans les épandages de silex, des granules ou des galets
mais de débit rapide. Les sols y sont définis par les ferrugineux. Ces granules de fer d’origine pédogé-
pédologues comme de qualité médiocre, constitués nétique étaient autrefois exploitées »… « Des traces
au Tertiaire d’un complexe argilo-sableux couvrant les marquées et assez nombreuses d’une ancienne indus-
strates calcaires du Secondaire et comportant en abon- trie métallurgique existent dans la Forêt d’Othe. Ces
dance des épandages détritiques caractéristiques d’une traces consistent en des amas de laitiers et de scories.
activité fluviatile, notamment des poches de nodules Celles-ci sont particulièrement nettes entre Bérulle et
ferrugineux (Carte géol., 1985). Si les vallées enrichies Berluvier, près de Chennegy et de Villefroide. Cette
d’alluvions ont accueilli l’agriculture, les plateaux sont industrie a été en activité au Moyen Âge et peut-être
restés couverts de massifs boisés peuplés de chênes, de à l’époque gallo-romaine. Ce minerai de fer était lié
hêtres et de charmes : le « Pays » se confond largement aux formations superficielles » (Carte géol., 1985, p. 23
avec la « Forêt ». et p. 41).
L’eau, le bois et le minerai ne manquant pas, le Ces données sont l’écho de l’intérêt technique et
pays a développé une longue sinon intense tradition financier que, il y a peu encore, tant les édiles locaux
d’activité sidérurgique dont les traces, importantes et que les sidérurgistes des bassins industriels du Creusot
variées, ont suscité depuis le xixe siècle nombre de ou de Lorraine portaient à ces amas de scories lourdes
travaux de recherches aussi bien érudites que tech- laissées dans ces régions par la réduction ancienne du
niques. minerai de fer. Pour les premiers, c’était là un matériau
commode utilisé de « toute antiquité » pour « ferrer »
1.1. Historiographie les chemins. Pour les seconds c’était une « matière
première » pouvant être engloutie dans les hauts-four-
Sur les cartes topographiques actuelles, comme neaux. Les gisements ont fait ainsi l’objet de campa-
sur les cadastres anciens et récents, la toponymie et la gnes de reconnaissances, d’analyses et de ventes jusque
micro-toponymie s’avèrent profondément marquées dans les années soixante du siècle dernier. En témoi-
par les activités tant charbonnières, minières que gnent par exemple les dossiers des contrats conservés

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Minières et ferriers du Moyen Âge en Forêt d’Othe (Aube, Yonne) 335

Toponyme Terrain Commune Carte IGN Lambert zone II


Charbonnière (la) habitat Sormery 2718 est - Auxon 708 / 2346
Charbonnières (les) champs Chailley 2718 ouest - Aix-en-Othe 701 / 2342,5

Abîmes (ruisseau des) rivière Saint-Benoît-sur-Vanne 2718 ouest - Aix-en-Othe 700 / 2359,5
Cailloux (la Montagne aux) champs Saint-Mards-en-Othe 2718 est - Auxon 710 / 2352
Creusiot champs Boeurs-en-Othe 2718 ouest - Aix-en-Othe 703 / 2352,5
Ferrée (Forêt) champs Villeneuve-au-Chemin 2718 est - Auxon 711 / 2346,5
Ferrières (Bois des) bois Chenegy 2718 est - Auxon 711 / 2358
Ferrières (Bois des) bois Vauchassis 2718 est - Auxon 717 / 2361
Ferron (Rigny-le-) habitat Rigny-le-Ferron 2718 ouest - Aix-en-Othe 696 / 2357
Filon (le) habitat Saint-Benoît-sur-Vanne 2718 ouest - Aix-en-Othe 697,5 / 2359
Fosse (la Pute) bois Maraye-en-Othe 2718 est - Auxon 712 / 2349,5
Fosse Damnée champs Vosnon 2718 est - Auxon 713,5 / 2346,5
Fosse Jean bois Boeurs-en-Othe 2718 ouest - Aix-en-Othe 705 / 2352
Gouffre (le) bois Boeurs-en-Othe 2718 ouest - Aix-en-Othe 703 / 2353
Mineroy (le) habitat Aix-en-Othe 2718 ouest - Aix-en-Othe 703 / 2353,5
Minières (les) champs Vulaines 2718 ouest - Aix-en-Othe 695,5 / 2361
Pierre (Bois de la) bois Saint-Mards-en-Othe 2718 est - Auxon 709 / 2346,5
Pierres (les) champs Auxon 2718 est - Auxon 719 / 2345
Puits des Vignes (Fond de) champs Montigny-les-Monts 2718 est - Auxon 719 / 2348,5
Puits Fondu (le) champs Bérulle 2718 ouest - Aix-en-Othe 700 / 2355
Puits Fondu (ruisseau) rivière Boeurs-en-Othe 2718 ouest - Aix-en-Othe 703 / 2353

Forge (la) habitat Estissac 2718 est - Auxon 711 / 2371


Four (la Motte du) champs Saint-Mards-en-Othe 2718 est - Auxon 711 / 2353,5
Four (le) habitat Eaux-Puiseaux 2718 est - Auxon 716 / 2347
Four (vallée du) champs Aix-en-Othe 2718 ouest - Aix-en-Othe 706 / 2357,5
Fournaudin habitat Fournaudin 2718 ouest - Aix-en-Othe 697 / 2351
Fourneau (le) champs Coursan-en-Othe 2718 est - Auxon 711 / 2344,5
Fourneaux (les) bois Saint-Mards-en-Othe 2718 est - Auxon 712 / 2353,5
Fourneaux (les) habitat Venizy 2718 ouest - Aix-en-Othe 700 / 2342,5
Marteau (ferme des Clos-) habitat Bérulle 2718 ouest - Aix-en-Othe 699 / 2355
Marteau (valle) champs Fournaudin 2718 ouest - Aix-en-Othe 698 / 2349
Martineaux (les) habitat Arces-dilo 2718 ouest - Aix-en-Othe 694 / 2345,5
Molinets (les) champs Bérulle 2718 ouest - Aix-en-Othe 700 / 2351,5
Molinots (les) habitat Boeurs-en-Othe 2718 ouest - Aix-en-Othe 701,5 / 2347,5
Pilonnerie (la) habitat Saint-Mards-en-Othe 2718 ouest - Aix-en-Othe 707 / 2353

Fig. 3. Toponymes et micro-toponymes évoquant les activités charbonnières, extractives et métallurgiques


sur les cartes I.G.N. 1/25 000e n° 2718 est et ouest.

dans les archives de la mairie de la commune de Palis, tant sur « les anciennes exploitations métallurgiques des
au nord de la Vanne (fig. 4). contrées formant le département de l’Aube » (Boutiot,
Ces informations renvoient aussi aux recher- 1867) que sur l’« origine et (la) formation du fer dans
ches d’archives réalisées dans les fonds des abbayes et le Sénonais » (Hure, 1919). Les deux premiers noms
prieurés localisés dans l’actuel département de l’Yonne sont toujours attachés à des travaux d’édition de textes
(Quantin, 1873) ou dans ceux du comté de Champa- qui témoignent du travail archivistique le plus savant et
gne (Longnon, 1904), ainsi qu’aux excursions archéo- rigoureux : c’est d’abord à eux que l’on doit de pouvoir
logiques entreprises au tournant des xixe et xxe siècles, apprécier la place que les communautés religieuses de

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Fig. 4. Croquis de situation d’un ferrier


(site 22 de l’inventaire) localisé dans
le bois de Chevigny sur la commune
de Palis, contrat de vente de scories
daté de 1964 - mairie de Palis (cliché
P. Beck).

Pontigny, de Vauluisant ou de Dilo ont prise dans le Dans les années 1980-1990, avec le développe-
développement de l’activité sidérurgique dans la région ment de la notion de patrimoine industriel et de la
à partir du xiie siècle. Les deux autres auteurs ont été pratique de l’archéologie industrielle, le Pays d’Othe
très actifs sur le terrain, multipliant prospections et connut un regain d’intérêt. Par les textes on y recon-
comptes-rendus dans les revues des sociétés savantes nut l’importance des Cisterciens qui impulsèrent un
locales : leurs écrits s’avèrent aujourd’hui aussi riches de mouvement d’innovation sidérurgique gagnant dès la
données « positives » que d’extrapolations approxima- fin du xiie siècle les milieux de l’aristocratie laïque et
tives appuyées sur des compilations bibliographiques les communautés villageoises ; sur le terrain on y cher-
pittoresques et des points de vue analogiques parfois cha les usines qui, sur les cours d’eau, étaient pour la
douteux. A. Hure a ainsi fort utilement reconnu un plupart toujours occupées, ce qui donnait l’avantage
nombre « surprenant » de ferriers et organisé un réseau d’un repérage aisé mais aussi le désavantage d’oblité-
de surveillance pour collecter les « débris de l’indus- rer les aménagements originels et d’arrêter donc rapi-
trie de l’homme (tessons de poteries, outils ou objets) dement l’investigation (Cailleaux, 1991 ; Verna,
pouvant révéler une date probable à laquelle la fonte 1995).
du fer avait donné lieu à ses dépôts de scories » (Hure, Sur le terrain surtout, une autoroute passant, la
1919, p. 48) ; elle a su aussi, en fonction des résultats, superbe fouille des ferriers celtes et gallo-romains des
non moins heureusement « rompre avec (ses) illusions Clérimois, aux portes orientales de Sens, renforça
et reconnaître que la plupart (des) ferriers remontaient l’image antique du phénomène en apportant pour la
simplement à l’époque gallo-romaine », abandonner première fois sur la région des informations fonda-
ainsi « l’illusion que ces ferriers remontaient à une anti- mentales (Dunikovski, Cabboï, 1995), aussi foison-
quité reculée, soit au temps des métallurgistes du cycle nantes et riches que celles qu’avaient prodiguées les
de Tubal Cain (Bible, Genèse, chap. IV, verset 22)…, recherches de C. Domergue sur le site des Martys
que ces métallurgistes ou forgerons avaient pu se répan- dans l’Aude (Domergue, 1975), que fournissaient
dre dans l’Europe occidentale à la recherche du mine- les recherches de M. Mangin de part et d’autre de la
rai et arriver jusque dans le pays d’Othe, où ce minerai Saône (Mangin, 1992, 1994, 2000) et que, globale-
était abondant et facile à trouver », que « ces premiers ment, traquaient l’ensemble des chercheurs engagés
fondeurs groupés en confrérie ou congrégation secrète dans l’ancien Programme H3 du Conseil Supérieur
et intolérante, … furent nos premiers pères, la boîte de la recherche Archéologique et regroupés au sein
crânienne Dolichocéphale, si prononcée et si accentuée de l’Association pour l’étude des mines et de la métal-
qui caractérise les hommes des hameaux établis sur les lurgie dans la France de l’Est, de l’Antiquité à l’époque
plateaux, nous paraissait l’indice d’une race primitive Moderne, maintenant dénommée Société Française
pure de tout mélange… » (Hure, 1919, p. 52). pour l’Étude des Mines et de la Métallurgie.

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1.2. Problématique sement du minerai, concurrence de sites plus puissants


et orientation de l’économie forestière de la région vers
Ferriers antiques et archives cisterciennes permet- la production de bois de chauffe et de cendres pour le
taient alors de faire entrer la Forêt d’Othe dans le milieu urbain de Sens, Troyes et Paris.
schéma de développement général de l’activité posant Le point de départ de la présente enquête est l’ex-
que, du premier Âge du Fer – vers 700/650 av. J.-C. – ploitation par Philippe Braunstein des comptabilités
aux premières décennies du xvie siècle de notre ère, le des « grosses forges » exploitant dans les années 1372
minerai de fer présent en poches ou veines superficiel- à 1404 le minerai de fer des forêts des seigneuries
les avait été localement transformé selon des modalités champenoises de la comtesse de Flandre (Braunstein,
techniques évoluant par deux fois. 1987). De ces forges de Surançon, Maraye et Ville-
- Le minerai fut d’abord réduit au lieu même de maur, bien éclairées par les textes dans leurs modalités
son extraction et du combustible, dans des bas-four- géographiques et socio-économiques de fonctionne-
neaux : une fosse dans le sol et des superstructures de ment, il était intéressant de rechercher et d’analyser
pierre et/ou de terre enfermant un mélange de char- sur le terrain sinon leurs vestiges du moins leur assise
bon de bois et de minerai, une montée en tempéra- spatiale. Aussi, les informations disponibles dans les
ture aux alentours de 1200-1400° à l’aide de soufflets archives et sur le terrain ont été recherchées, compi-
manuels, 10 à 15 heures de « cuisson » puis ouverture lées et confrontées dans les lieux fréquentés d’après les
du four et coulée de son contenu supérieur magmati- documents écrits à la fin du xive siècle par les char-
que, destruction au moins partielle de la superstruc- bonniers, les « mineurs », les maîtres et les ouvriers des
ture pour récupération de la loupe de fer concentrée forges de la comtesse de Flandre, de Palis au nord de
dans le fond de la cuve. Les principales traces visibles la Vanne à Dilo sur le dernier plateau au sud du Pays
laissées sur le terrain par l’activité sont les « ferriers » : (fig. 5).
ils résultent de l’entassement sur place des résidus du Les récoltes ont été abondantes tant dans les
processus de réduction, c’est-à-dire les scories et les textes que sur le terrain mais, comme il est usuel
parois de four, accompagnés des rebus de minerai et dans ces recherches croisées, délicates à unifier. Car
de charbons de bois. si le dépouillement des archives et la prospection
- À partir du xiie siècle, notamment au sein des de surface ont été aussi exhaustifs que possible dans
monastères mais aussi à l’ombre des châteaux et l’espace considéré, les investigations archéologiques
dans les villages, ce procédé direct se développe et se consécutives, évidemment plus coûteuses, n’ont pu
concentre, certes sans exclusive, dans des « forges sur être effectuées que sur un échantillon. De plus, si
l’eau » : l’activité est « encellulée » et descend en partie textes et terrain renvoient une même image de forte
des forêts pour s’installer dans les fonds de vallée, intensité de l’activité, le bois, le fer et l’eau qu’a trou-
afin d’y être à la fois mieux contrôlée et rendue plus vés l’historien ne sont pas tout à fait les mêmes que
performante par l’usage de la force hydraulique via les ceux identifiés par l’archéologue. Les textes ont certes
moulins seigneuriaux activant soufflets et marteaux. donné des repères toponymiques à la prospection mais
- C’est ainsi que le procédé indirect, c’est-à-dire la ils ont surtout fourni des informations socio-économi-
fusion du minerai à température dépassant les 1600°, ques sur les conditions de la production de la fin du
acquise par la maîtrise plus grande de l’énergie hydrau- Moyen Âge des grosses forges « sur l’eau ». La recherche
lique et des processus métallurgiques via la circulation sur le terrain a en revanche dû rapidement délaisser les
des gens et des savoirs dans une Europe « renaissante », fonds de vallée toujours densément occupés et donc
apparaît et se développe progressivement pour concur- très remaniés pour se focaliser sur les massifs forestiers
rencer le procédé direct dans la seconde moitié du susceptibles de conserver les traces anciennes et lisibles
xve siècle. Il est alors produit de la fonte qu’il s’agit de l’activité : elle y a rencontré des sites d’extraction
ensuite de transformer en fer ou acier : le processus et de réduction éloignés de toute force hydraulique et
technique est plus long et plus sophistiqué mais la elle a spectaculairement étiré la perspective chronolo-
teneur en fer du minerai mieux exploitée et la produc- gique en remontant le temps de la fin du Moyen Âge
tion de métal forgeable quantitativement améliorée. Le à l’Âge du Fer dans les zones forestières où les infor-
procédé direct n’est cependant pas abandonné comme mations écrites se font malheureusement moins denses
l’ont récemment montré les analyses paléo-métallur- et précises, où les repères utilisés hier sont aujourd’hui
giques réalisées sur le fer utilisé dans la cathédrale de effacés.
Troyes à la fin du Moyen Âge (L’Héritier, 2007). Aussi les deux tableaux restent dissociées mais ils
Mais l’activité s’arrête au début du xvie siècle, par épui- sont évidemment complémentaires et si les sites repé-

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Fig. 5. Localisation des zones prospectées et des sites découverts ; les zones forestières sont en grisé (dessin P. Beck).

rés sur le terrain sont loin d’avoir tous un nom, si les locaux, de premier ou de second plan, ne sont pas
établissements nommés sur le papier ne sont pas tous absents, tels Nicolas de Fontenay, seigneur de Saint-
précisément localisés, le dossier a progressé, certaines Liebault (actuellement Estissac) et bailli de Troyes, ou
assertions générales sont désormais mieux documen- Jacques de Brouthières, écuyer et seigneur en partie de
tées, confirmées ou corrigées. Palis. Le premier bâtit une belle entreprise au cours des
deux dernières décennies du xive siècle mais dans des
2. Les archives conditions pas toujours régulières et faciles semble-
t-il : il prend à ferme à partir de 1377 les moulins
Les données scripturaires directement utiles à la de l’abbaye de Dilo et les transforme abusivement en
lecture et à la compréhension du terrain ne sont vrai- « forge à affiner le fer avec grande roue tournant à
ment nombreuses qu’à partir du xive siècle mais elles faire souffler grands soufflets assise sur la rivière de
laissent alors apparaître une société entière engagée Vanne au lieu du moulin à drap et écorce », ce qui
dans le processus d’exploitation du minerai de fer. lui vaut un procès en 1398 (Arch. dép. de la Côte-
Résumons les informations qui ont déjà été quelque d’Or - B 3871) ; il afferme longtemps « le mineroy
peu exploitées dans trois publications (Beck et alii, des forêts et usages de monseigneur l’évêque » mais il
1992, 1992, 1997). paye mal et des dettes le poursuivent (Arch. dép. de
l’Aube - G 344, fig. 6). Le second avait sans doute
2.1. Le fer dans les revenus seigneuriaux moins d’envergure mais, chaque année, il comptait
sur ses revenus du « mineroy » : la moitié des revenus
Pendant les deux siècles particulièrement bien du minerai qui lui revenait sur le territoire de Palis
éclairés par les documents, de 1350 à 1550, trois s’élevait à 60 sous en 1369, à 40 sous en 1371 (Arch.
propriétaires terriens - l’abbaye de Dilo, la comtesse de dép. de l’Aube - E 152 et E 198).
Flandre/duchesse de Bourgogne et l’évêque de Troyes Le minerai de fer apparaît partout et de manière
- dominent largement l’ensemble mais les seigneurs ordinaire dans les revenus seigneuriaux. L’activité n’est

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Fig. 6. Dette de Nicolas de Fontenay pour l’amodiation en 1379 des « minerois » de l’évêque de Troyes,
« à recouvrer » en 1387-88, ADA – G 340, f° 1 (cliché P. Beck).

certes pas continuellement soutenue, mais paraît au Les modalités techniques d’extraction ne sont
contraire largement soumise à un rythme irrégulier que très indirectement et laconiquement évoquées
de périodes d’expansion et de contraction : celles en des termes généralement ambigus ou généraux. Le
sans doute des découvertes des gisements comme le « mineroy » désigne à la foi la matière extraite, le droit
suggèrent les commentaires accompagnant certai- d’extraction et la redevance qui lui est attachée. La
nes années les affermages du droit du « mineroi » : à « mine » paraît moins désigner le lieu d’extraction que
Villemaur dans les bois de la comtesse de Flandre le minerai lui-même, dit aussi « pierre de mine ». Le
en 1344, l’affermage des « mineroys, valant 100 sous droit d’exploitation est toujours ou presque associé
tournois de rente par an, ne peut valoir plus pour ce aux « usages des forêts », c’est-à-dire aux droits que les
qu’il va en défaillant et on doute qu’il ne soit délaissé communautés alentours avaient de ramasser le bois
prochainement » (Longnon, 1904, 2.8) ; à Palis en mort pour le chauffage et d’aller faire paître leurs trou-
1391, les mineurs disent « qu’il n’y a point de mine es peaux : le fait suggère fortement, sans évidemment en
bois de Monseigneur » (Arch. dép. de la Côte-d’Or - apporter la preuve formelle, que l’extraction se confon-
B 3867). dait habituellement avec les activités coutumières des
Mais la rubrique est toujours ouverte dans les habitants et qu’elle ne nécessitait pas de savoir-faire et
comptes, même si elle n’est pas remplie. d’outillage particuliers. C’est sans doute le cas lorsqu’il
s’agit de repérer et d’exploiter des poches superficielles
2.2. Le repérage et l’exploitation du minerai de minerai.
(fig. 7) Mais il est vrai que des « mineurs » sont plus d’une
fois évoqués, notamment en 1391 à Palis en tant que
Dans les grosses seigneuries, celles de la comtesse et spécialistes témoignant « qu’il n’y a point de mine es
de l’évêque, le faire-valoir de ces ressources est parfois bois de monseigneur » (cf. supra) : l’activité est donc
en régie directe, quand la découverte de minerai est aussi, en des cas peut-être particuliers, affaire de spécia-
suffisamment importante sans doute pour intéresser listes, d’autant qu’un autre terme, apparaissant tardive-
les gestionnaires de ces puissantes seigneuries, quand ment et rarement, pourrait suggérer des exploitations
aussi la gestion de la taxation de l’activité de recher- souterraines impliquant des savoirs particuliers : au
che et d’extraction ne trouve pas preneur, sans doute tournant des xve-xvie siècles à Séant, sont évoqués
en raison des aléas des découvertes et, assurément, de « le puits et la mine où on lève la mine pour faire le
­l’insécurité due à la présence épisodique mais insis- fer » (Arch. dép. de l’Aube - G 515) ; en 1509 à Aix est
tante « des gens d’armes » dans la région. C’est ainsi mentionné « le puits de la mine près du grand champ
que la comtesse de Flandre et duchesse de Bourgogne de Boeurs » (Arch. dép. de l’Aube, G 514).
prend « en sa main » cette exploitation et fait construire De toute façon, la recherche du minerai est étroi-
deux grosses forges en 1372 dans sa châtellenie de Ville- tement liée à sa transformation, la mine est associée
maur (Arch. dép. de la Côte-d’Or, B 3856). Mais le à la grosse forge car les preneurs du droit de minerai
revenu est généralement amodié, globalement dans la sont pour une large part aussi les maîtres des grosses
seigneurie pour un ou trois ans, ou vendu par canton forges. C’est le cas, comme on l’a vu, de Nicolas de
de bois, à des habitants des agglomérations voisines. Fontenay ; c’est aussi celui de Jean Andreau de Maraye

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340 Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe, avec la participation d’Alain Ploquin

Affermage des «mineroys des bois de la comtesse de Flandre» à Maraye et Villemaur


date preneur(s) Description Référence
1336 Thomas Simon 43 livres et 10 sous pour l’an C - B3849
valant 100s. t. de rente par an, «ne peut valoir plus pour
1344 * ce qu’il va en défaillant et on doute qu’il ne soit délaissé L - 2. 8
prochaînement»
1350 comtesse de Flandre Nouvel mineroy non prisé car il demeure à madame L - 2. 14
1350 Estienne Estianne 57 livres pour l’an C - B 3850
1351 comtesse de Flandre «mineroy» bailliés à héritage à Madame la comtesse C - B 3850
1362 Phelipot Johannel de Surançon 26 liv. par an pour trois ans C - B 3852
1362 Jehan le Tisserant et Robin Leureux de Surançon 100 s. l’an pour six ans («nouvel mineroy») C - B 3852
1364 Phelipot Johannel 112 s.pour un an C - B 3853
1364 * néant «pour ce que nul n’a voulu («nouveau mineroy») C - B 3853
1368 Jehan Andreau de Maraye 100 s. pour un an C - B 3854
1368 comtesse de Flandre «nouveau mineroy» non baillé parce qu’en gruerie C - B 3854
non affermé «pour ce que Madame les a mis en sa
1371 comtesse de Flandre C - B 3855
main»
1371 comtesse de Flandre néant car mis en gruerie («nouveau mineroy») C - B 3855
souloit valoir 100 s. par an néant car Madame la
1372 comtesse de Flandre comtesse l’a mis en sa main et y a fait faire deux grosses C - B 3856
forges qui forgent pour elle
1391 * les mineurs disent qu’il n’y a point de mine C - B 3867

Affermage des «mineroys des forêts et usages de l’évêque de Troyes en sa seigneurie d’Aix-en-Othe»
date preneur(s) Montant Référence
1380 Guillaume Bernard 15liv. 15s. A - G 334
1381 Jaquin Jaquet 27 liv. A - G 335
1382 Guillaume Bernard, Jaquin Jaquet, Gilette la Chervillonne 25 liv. l’an pour trois ans A - G 337
1385 Guillemot Bernard 24 liv. A - G 337
1386 Pierre Chevillon, Gilette la Chevillotte 36 liv. A - G 338
1387 Pierre Chevillon 20 liv. A - G 339
1388 Jaquin Jaquet 30 liv. A - G 340
1389 Jaquin Jaquet 30 liv. A - G 342
1390 Jaquin Doyne 30 liv. 10 s. A - G 342
1391 Nicolas de Fontenay, seigneur de Saint Liebault dette de 4 liv. d’arrièré A - G 344
1391 Jaquin Mantion 30 liv. A - G 344
1392 Jehan Chevillon et Pierre son oncle 24 liv. A - G 346
1393 Jehan Chevillon et Pierre son oncle 24 liv. A - G 346
1395 Jaquin Mantion 24 liv. A - G 347
1396 Jaquin Mantion 24 liv. A - G 347
1397 Perrinot Chevillon 21 liv. 5 s. A - G 348
1398 Perrenot Chevillon 21 liv. 5 s. A - G 349
1399 Pierre Chevillon le vieil 23 liv. 10 s. A - G 350
1400 Perrenot Chevillon 23 liv. A - G 350
1402 Jaquin Mantion (4 cordres) et 11 autres non affermé, vendus à 10 s. la corde à 12 personnes A - G 352
1403 Jaquin Mantion (4 cordres) et 7 autres non affermé, vendus à 10 s. la corde à 8 personnes A - G 353
1404 Andreau le Mineron et ses compagnons 27 liv. A - G 354
1405 Andreau le Mineron et ses compagnons 27 liv. A - G 354
1406 Jaquin Mantion, Jehan Chevillon et Andreau le Mineron 20 liv. A - G 356
1407 Jaquin Mantion, Jehan Chevillon et Andreau le Mineron 20 liv. A - G 356
1408 Jaquet le Poutole 24 liv. 10 s. A - G 356
1409 Jaquet le Poutole 24 liv. 10 s. A - G 357
1411 * néant A - G 358
1412 Jaquin Doyne, Jaquin Mantion, Perrenot Maillot 13 liv. 10 s. A - G 359
1413 Jaquin Doyne, Jaquin Mantion, Perrenot Maillot 13 liv. 10 s. A - G 359
1414 Jaquin Mantion, Jehan le Porteret, Jehan Perreau de St-Mards 13 liv. 10 s. A - G 360
1430 * néant A - G 364
1431 Jehan le Menonard dit Guion et 8 autres non affermé, vendus à 6 s. 3 d. le forestage en 5 parts A - G 365
1434 * néant pour cause de guerre A - G 366
1438 Jaquinot Lapostole, jadis fermier des mineroys dette pour la dite ferme : 36 s. A - G 371

Fig. 7. Affermage du « mineroi » dans les seigneuries A = Archives départementales de l’Aube


de la comtesse de Flandre à Villemaur-sur-Vanne et de l’évêque C = Archives départementales de la Côte-d’Or
de Troyes à Aix-en-Othe aux xive et xve siècles. L = Longnon, 1904

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Minières et ferriers du Moyen Âge en Forêt d’Othe (Aube, Yonne) 341

Fig. 8. Stock de « mines »


trouvé en 1370 « es forges de
Mont Erart » appartenant à
l’évêque de Troyes au dessus
d’Aix-en-Othe, ADA – G 508,
f° 10 (cliché P. Beck).

Fig. 9. « La fondoyre… de


Craney » mentionnée dans
le compte de gestion du
domaine épiscopal d’Aix-
en-Othe pour l’année 1515-
1516, ADA – G 389, f° 1v°
(cliché P. Beck).

qui détient en 1368 le minerai du lieu pour 100 sous 2.3. Les grosses forges :
et la moitié du fourneau pour 4 livres (Arch. dép. de procédé direct et procédé indirect
la Côte-d’Or, B 3864) ; c’est encore le cas de Jaquin
Mantion qui acquiert, seul ou associé, le droit d’ex- Parmi les usines seigneuriales, sont bien distin-
ploitation du minerai des forêts d’Aix pendant 9 ans guées les forges (fig. 8), de forêts ou sur l’eau, et les
entre 1391 et 1413 et qui fournit, depuis son hôtel fonderies (fig. 9) et le dernier terme, apparaissant
situé à Aix, « cinq poids de fer pour ferrement en 1402, tardivement, doit signaler les dispositifs de procédé
10 poids en 1403, un demi poids en 1408, deux poids indirect.
et des bandes en 1414 » (Arch. dép. de l’Aube, G 335 Les grosses forges, en cette fin du Moyen Âge, sont
à G 360). Le métier est puissant, organisé en une asso- essentiellement localisées au fil de l’eau, aisément repé-
ciation titulaire d’un privilège de juridiction comme rables encore aujourd’hui. Leur toponyme a perduré et
en Normandie (Arnoux, 1993) : les férons du Pays leur site est souvent toujours occupé par les structures
d’Othe (ministerium fabri grosse fabrice) sont, depuis plus ou moins abandonnées d’un moulin (fig. 10).
au moins le xiiie siècle (Longnon, 1904, II.2), repré- Mais certaines de ces installations semblent loca-
sentés par des « anciens » (seniores) qui, assermentés lisées dans les forêts des plateaux, tel le « viez four »
auprès du prévôt comtal, se réunissent une fois l’an servant de repère topographique en 1404 dans des
afin de juger des affaires de police concernant les gens lieux tenant « au Jarurier et au val des Pesles », situés
du métier au Pays d’Othe. donc sur le plateau à l’ouest du hameau du Mine-
Mais il faut aussi compter avec les artisans du fer, roy dans la seigneurie épiscopale d’Aix (Arch. dép.
forgerons, maréchaux, cloutiers ou serruriers locale- de l’Aube, G 513). Elles apparaissent comme légères
ment actifs : ainsi Jacquin Jaquart « qui tient les mine- et somme toute précaires, dénuées de toute installa-
rois des forets de monseigneur » en 1381 et 1382, tion hydraulique : telle forge est déplacée deux fois
encore en 1388 et 1389 en même temps qu’une forge en dix ans, telle autre abandonnée pendant un an est
située dans une des tours du château épiscopal d’Aix et retrouvée toute chûte et abattue (Arch. dép. de la Côte-
qui réalise de son fer divers travaux dans la seigneurie d’Or, C, B 3868). Tout montre qu’elles sont installées
(Arch. dép. de l’Aube, G 335, 337, 340, 342). au lieu même de découverte d’un gisement, le temps

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342 Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe, avec la participation d’Alain Ploquin

Fig. 10. Grosses forges et fondoires de vallées repérées dans la documentation écrite de 1370 à 1400 et de 1450 à 1540 (dessin P. Beck).

de l’épuiser. Et ce dispositif mobile semble perdurer des chemins de desserte ont bougé, certains ont été
même quand les « fondoires », toutes installées dans les désaffectés et ont disparu au profit de nouveaux mais
vallées le long d’un cours d’eau et drainant une bonne d’autres sont restés fixés ; des micro-toponymes ont
partie du minerai découvert, apparaissent au début migré ou ont disparu mais d’autres, depuis le Moyen
du xvie siècle. Âge, continuent d’identifier les mêmes parcelles.
Ces installations de forêt pouvaient-elles être loca- Malgré les difficultés d’utilisation, ce sont là de pré­­
lisées et étudiées dans leur réalité archéologique ? cieux points de repères pour mener à bien une pros-
pection. À l’aide des relais que constituent les « plans-
3. Le terrain terriers » du xviiie siècle et le cadastre napoléonien du
début du siècle suivant, ils permettent de s’orienter et,
3.1. Sources et méthodes parfois, sinon de nommer un site du moins d’établir
de fortes corrélations entre les données des archives
L’analyse des cartes topographiques et géologiques, médiévales et les cartes actuelles.
des cadastres et des registres des délibérations muni- La prospection à vue systématique a été réalisée
cipales a permis de repérer toponymes, anomalies du par ratissage des champs et des massifs boisés par une
parcellaire et mentions d’usages secondaires des scories. équipe disposée en ligne. Tous les accidents topogra-
Elle a guidé l’enquête de terrain qui a été systématique phiques ont retenu l’attention et les débuts, le temps de
sur l’ensemble des clairières culturales et des massifs se former à la configuration des critères de sélection et
boisés concernés (fig. 5 et 11). L’étude a ainsi porté sur d’identification des sites, n’ont pas été sans hésitation
un peu moins de 1700 hectares et a révélé 166 sites ni repentir. C’est que les indices superficiels, des creux
pour une bonne part complexes car associant amas de ou des reliefs plus ou moins vastes et accentués, sont
scories, charbonnières et topographie d’extraction. souvent discrets, parfois ténus et toujours indifféren-
Des lisières se sont déplacées sous l’effet des défri- ciés avant que d’avoir enlevé en un point la couverture
chements ou des déprises culturales mais pas toutes ; végétale faite de feuilles mortes et de lierres (fig. 12 à

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Minières et ferriers du Moyen Âge en Forêt d’Othe (Aube, Yonne) 343

Commune IGN Lambert - Zone II Toponymes Nature Superf. Sites


Palis 2717 W 699/700 - 2367/2368 Bois de Chevigny bois 25 22 à 28
Bérulle 2718 W 700 - 2352/2353 La Croix Renard champs 1 21
Saint-Mards-en-Othe 2718 E 709 + 2351 La lisière des Bois champs 0,5 29
Saint-Mards-en-Othe 2718 E 710 + 2353.4 La Motte du Four bois 0,5 30
Saint-Mards-en-Othe 2718 E 707.2 + 2352.8 Le Ferrier Rouge bois 0,5 31
Venisy 2718 W 697 + 2347 Bois de Sévy bois 1 32
Arces-Dilo 2718 W 695.5 + 2345.5 Bois de la Varauderie champs & bois 0,5 33
Arces-Dilo 2718 W 695 + 2349.3 Forêt des Rajeuses bois 1 44
Maraye-en-Othe 2718 E 714 + 2351 Forêt de Maraye bois 1 45
Le Mineroy-Aix-en-O. 2718 W 701/702 - 2352/2353 Petites vallées d’Aix champs 20 46
Chennegy 2718 E 711 + 2358 Bois des Ferrières bois 3 52
Villemaur-sur-Vanne 2717 W 703.5 - 2363 Les taillefer - Les Moulins champs 1 53
Rigny-le-F.-Cérilly 2718 W 695 - 2355 Les Brochères champs 1 58
Paisy-Cosdon 2718 W 701/702 - 2359/2360 Saint-Etienne bois 20 64
Paisy-Cosdon 2718 W 701/702 - 2358/2359 Vallot bois 20 65
Rigny-le-Ferron 2718 W 696/697 - 2355/2356 forêt communale bois 56 70
Cérilly 2718 W 696/697 - 2354/2355 Têtot bois 20 71
Boeurs-en-Othe 2718 W 703/704 - 2352/2353 Le Gouffre / La Renardière bois 12 88
Aix-en-Othe 2718 W-E 704/708 - 2358/2361 forêt communale bois 105 1à8
Le Mineroy-Aix-en-O. 2718 W 703/704 - 2354/2355 Mineroy (est) bois 27 105 à 110
Le Mineroy-Paisy-Cosdon 2718 W 701/702 - 2354/2355 Bois de Dillo bois 160 111 à 130
Bérulle 2718 W 698/699 - 2352/2354 forêt communale bois 75 131 à 136
Saint-Mards-en-Othe 2718 W 705/706 - 2353/2354 Cornilly bois 21 137 à 144
Aix-en-Othe 2718 W 706 - 2358 La Justice bois 56 145 à 147
Le Mineroy-Aix-en-O. 2718 W 701/702 - 2353,5 Bois des Jarruriers bois 112 148 à 166
Boeurs-en-Othe 2718 W 701/702 - 2347/2348 Les Boudins champs & bois 100 34 à 43
Le Mineroy-Aix-en-O. 2718 W 703/704 - 2355/2356 Le Grand Gollot bois 70 47, 99 à 104
Le Mineroy- St-Mards-en-O. 2718 W 706/707 - 2355/2356 Les Vauroises bois 180 48 à 51
Rigny-le-Ferron 2618 E 693/693.5 - 2355.2 Ravin de La Mardelle champs 10 54 à 57
Arces-Dilo 2618 E 689/691 - 2341/2344 Dilo champs & bois 110 59 à 63, 76 à 83
Rigny-le-F.-Paisy-Cosdon 2718 W 697/701 - 2355/2358 Grand Chevraie bois 130 66 et 67
Rigny-le-Ferron 2718 W 698 - 2356/2357 forêt communale bois 130 68 et 69
Venisy 2718 W 697/698 - 2346 forêt communale bois 7 72 à 75
Le Mineroy-Aix-en-O. 2718 W 702/703 - 2354/2355 Sous-Bredou champs 37 84 à 87
Le Mineroy-Aix-en-O. 2718 W 702/703 - 2355/2356 Cornée Laliat (ouest) bois 47 89 à 92
Le Mineroy-Aix-en-O. 2718 W 701/702 - 2352/2354 La vallée aux Poëles bois 75 9 à 20
Le Mineroy-Aix-en-O. 2718 W 703/704 - 2357 La Rachée bois 20 93 à 98
1656 ha 166 sites

Fig. 11. Zones prospectées.

14). C’est seulement ainsi que se révèlent les scories 3.2. Nature et distribution des sites repérés
et/ou les « pierres de mine » permettant d’identifier les
sites à retenir, de rejeter les simples amas de terre, les Les sites repérés sont concentrés, souvent avec des
haldes des carrières de silex, de craie ou d’argile. densités remarquables, dans les massifs boisés et, dans
Ferriers, minières possibles et charbonnières voisi- une moindre mesure, dans les actuelles clairières cultu-
nes ont alors été repérés sur la carte topographique par rales entourant quelques lieux habités aux toponymes
rapport aux chemins forestiers, leur nature et leurs très explicites. Ils se présentent en majorité en paquets,
dimensions enregistrées, des échantillons de scories associant ferriers, minières et charbonnières. Certains
et de minerai prélevés pour analyses, l’ensemble de ont pu évidemment échapper à la collecte, notamment
ces données reporté sur un fichier général des sites dans les champs emblavés des vallons en raison des
(cf. Annexe). travaux aratoires récurrents et de possibles recouvre-

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344 Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe, avec la participation d’Alain Ploquin

Fig. 12. Charbonnière du site 18,


forêt communale d’Aix-en-Othe,
Le Mineroy (cliché P. Beck).

Fig. 13. Minière du site 18,


forêt communale d’Aix-en-Othe,
Le Mineroy (cliché P. Beck).

Fig. 14. Ferrier du site 18,


forêt communale d’Aix-en-Othe,
Le Mineroy (cliché P. Beck).

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Minières et ferriers du Moyen Âge en Forêt d’Othe (Aube, Yonne) 345

Fig. 15. «Pierre de mine », site 61,


commune de Dilo (cliché P. Beck).

Fig. 16. « Pierre de mine », site 66,


commune de Bérulle (cliché P. Beck).

0 5 cm 0 5 cm

ments colluvionnaires. La carte, c’est certain, n’est pas


exhaustive. Des sites peuvent aussi avoir été abusive-
ment retenus comme renvoyant à l’activité minière
sous couvert de la présence ténue d’un seul fragment
de « pierre de mine » (fig. 15 et 16). Et, même si la
pratique n’est pas attestée, comment être certain que
les amas de scories ne sont pas le résultat du char-
roi en forêt des résidus pour en débarrasser les forges
placées dans les fonds de vallées et les agglomérations ?
Comment attester que les ferriers témoignent bien
tous au lieu même de leur découverte d’une activité de
réduction sinon par la fouille archéologique systémati-
que afin de retrouver les vestiges du ou des fourneaux ?
Même si les « chemins ferrés » ont été mis à part, il est
possible sinon probable que le fichier comporte de
« faux sites », des sites de dépôts secondaires.
Il reste que la densité des vestiges d’une zone à
l’autre apparaît très inégale, que les concentrations
sont largement complémentaires et qu’elles signalent
d’évidence, au lieu même ou, à tout le moins dans
une proximité géographique et juridique, les zones
de production de fer. Autour de l’abbaye de Dilo,
l’auréole de sites d’extraction, de transformation et
de rejets des résidus est évidente (fig. 17) ; tout comme
sur la commune de Boeurs-en-Othe autour du hameau
« Les Boudins » (fig. 18) ; dans les terres de la seigneu-
rie d’Aix-en-Othe de l’évêque de Troyes, le hameau du
Mineroy est entouré de nombreux sites (fig. 19).
Parmi les 115 sites à scories repérés, associés ou
non à des charbonnières et à 73 sites d’extraction Fig. 17. Dilo, commune d’Arces-Dilo, sites repérés
dont 31 minières probables, les 78 ferriers ou grou- (dessin P. Beck).

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346 Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe, avec la participation d’Alain Ploquin

Fig. 18. Les Boudins, commune de Boeurs-en-Othe,


sites repérés (dessin P. Beck).

pes de ferriers ont particulièrement retenu l’atten- d’au plus quelques dizaines de centimètres d’épaisseur
tion. Leurs tailles, leurs formes et la nature de leurs et d’extension : il est certain que ces amas de scories
scories offraient une variété qu’il convenait de mesurer présentent en majorité des dimensions restreintes,
et d’analyser pour évaluer l’ampleur de l’activité et de quelques m2 de superficie et quelques dizaines de
pour échantillonner l’ensemble afin de sélectionner centimètres de hauteur.
au mieux les sites représentatifs pouvant être soumis Ces ferriers ont fourni en majorité des scories
à des fouilles. denses (fig. 21 et 22) et, à l’analyse chimique, réali-
sée par Alain Ploquin au Laboratoire du Centre de
3.3. Les ferriers : nombre, dimensions et nature Recherches Pétrographiques et Géochimiques du
des scories (fig. 20) CNRS à Vandœuvre, elles sont fort riches en fer, aussi
riches pour certaines que les minerais (fig. 23) : elles
Quelques grands ferriers ont été individualisés : caractérisent le procédé direct de réduction. Cinq sites,
sept dépassent les 1000 m2 de superficie visible mais dispersés (25, 131, 139, 130 et 134), ont aussi donné
cinq seulement atteignent les 2 m de hauteur appa- des scories au moins partiellement vitreuses (fig. 24)
rente. Finalement, ils ne sont que seize à dépasser les mais toujours en petit nombre et associées à une majo-
100 m2 et quatorze les 100 tonnes : les amas de scories rité de scories denses : elles paraissent moins désigner
sont dans l’ensemble de dimensions visibles réduites. des sites maîtrisant la fusion et le procédé indirect que
Ils doivent certes se prolonger sous l’humus et, pour des variations de température de cuisson. Un seul site
mesurer leur portion enfouie, il faudrait réaliser sur finalement n’a livré que des scories vitreuses pauvres en
tous un décapage au moins partiel. Quand il a été fer : le site 61, localisé justement sur une rivière et dans
réalisé, il a montré que la partie masquée n’était que une agglomération, celle de l’abbaye de Dilo.

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Minières et ferriers du Moyen Âge en Forêt d’Othe (Aube, Yonne) 347

Fig. 19. Le Mineroy, commune d’Aix-en-Othe, ferriers repérés (dessin P. Beck).

3.4. Les ferriers : formes et fonctions Ils sont circulaires, ovoïdes, quadrangulaires, en forme
d’amande ou de croissant et, pour ces deux dernières
Avec les dimensions et la nature des scories, il était formes caractérisant 33 des ferriers repérés, un front
non moins essentiel de retenir la forme de ces amas de plus ou moins concave situé toujours en amont semble
scories, afin de tenter d’évaluer leur mode de forma- signaler l’emplacement d’où l’accumulation a pu être
tion et donc leur nature : simples tas issus des déchar- opérée. Pour conserver la mémoire de ces différents
gements de charrettes et donc sites secondaires, ou types, les plans topographiques de dix-huit sites ont
amas progressivement constitués par rejets des déchets été levés pour constituer le catalogue des formes parmi
de réduction et donc sites primaires de grosses forges ? lesquelles il est aisé de différencier trois types.

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348 Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe, avec la participation d’Alain Ploquin

SITE LOC. TYPE Scories (nature) Superficie (m2) Hauteur (m) Cubage (m3) Masse (tonnes)
14 Aix A - quadrangulaire dense 201 0.3 30 45
131 Bérulle A - quadrangulaire dense & vitrifiée 132 0.3 20 30
22 Palis A - quadrangulaire dense 2160 0.6 648 972
12 Aix B - ovoïde dense 42 1 21 31.5
13 Aix B - ovoïde dense 5 0.5 1.25 1.8
15 Aix B - ovoïde dense 5 0.3 0.75 1.2
16 Aix B - ovoïde dense 16 0.3 2.4 3.6
17 Aix B - ovoïde dense 54 0.6 16 24
89 Aix B - ovoïde dense 20 0.4 4 6
102 Aix B - ovoïde dense 49 0.6 15 22.5
106 Aix B - ovoïde dense 39 0.4 7.8 11.5
107 Aix B - ovoïde dense 22.5 0.3 3.4 5
108 Aix B - ovoïde dense 23.5 0.4 4.7 7
111 Aix B - ovoïde dense 20 0.45 4.4 6.6
112 Aix B - ovoïde dense 18.5 0.25 2.3 3.5
113 Aix B - ovoïde dense 32 0.7 11.3 17
115 Aix B - ovoïde dense 17 0.4 3.4 5
116 Aix B - ovoïde dense 20 0.5 5 7.5
117 Aix B - ovoïde dense 28 0.4 5.7 8.5
118 Aix B - ovoïde dense 28 0.5 7 10.5
119 Aix B - ovoïde dense 11.5 0.2 0.9 1.3
122 Aix B - ovoïde dense 12.5 0.7 4.3 6.5
127 Aix B - ovoïde dense 24 0.5 6 9
150 Aix B - ovoïde dense 5,5 0.6 1.65 2.5
160 Aix B - ovoïde dense 20 0.75 7.4 11
161 Aix B - ovoïde dense 12.5 0.4 2.5 3.7
162 Aix B - ovoïde dense 35 0.5 9 13.5
163 Aix B - ovoïde dense 12 0.4 2.4 3.6
15’ Aix B - ovoïde dense 5 0.3 0.75 1.3
15» Aix B - ovoïde dense 5 0.3 0.75 1.2
16’ Aix B - ovoïde dense 16 0.3 2.4 3.6
139 St-Mards B - ovoïde dense 2000 2 2000 3000
73 Venisy B - ovoïde dense 3.2 0.2 0.3 0,5
4 Aix C - croissant dense 6 1 3 4.5
5 Aix C - croissant dense 6 0.4 1.3 2
6 Aix C - croissant dense 54 1 27 40.5
9 Aix C - croissant dense 1300 2 1300 1950
11 Aix C - croissant dense 29.25 0.8 12 1.2
18 Aix C - croissant dense 100 1.5 75 112.5
99 Aix C - croissant dense 12.5 0.5 3.2 4.8
101 Aix C - croissant dense 18 0.4 3.6 5.4
109 Aix C - croissant dense 54 0.8 21.6 32.4
110 Aix C - croissant dense 40 0.65 13 19.5
120 Aix C - croissant dense 18.5 0.3 2.7 4
121 Aix C - croissant dense 16 0.2 1.6 2.4
123 Aix C - croissant dense 19 0.4 3.8 5.7
124 Aix C - croissant dense 81 1.5 60 90
125 Aix C - croissant dense 12.5 0.3 1.8 2.7
128 Aix C - croissant dense 5 0.25 1 1.5
129 Aix C - croissant dense 16.5 0.5 4 6
130 Aix C - croissant dense ou vitreuse 17 0.35 3 4.5
149 Aix C - croissant dense 24 0.65 8 12
151 Aix C - croissant dense 25 0.7 9 13.5
152 Aix C - croissant dense 39 0.7 14 21
153 Aix C - croissant dense 21 0.6 6.3 9.2
154 Aix C - croissant dense 152 1.4 107 160.5
158 Aix C - croissant dense 14 0.7 5 7.5
164 Aix C - croissant dense 72 1 36 54
165 Aix C - croissant dense 88 1.5 66 99
166 Aix C - croissant dense 60 1 30 45
77 Arces-Dilo C - croissant dense 15 0.7 5.25 7.8
23 Palis C - croissant dense 12 0.5 3 4.5
24 Palis C - croissant dense 8 0.4 1.6 2.4
25 Palis C - croissant dense 625 1 312 468
26 Palis C - croissant dense 20 0.6 6 9
27 Palis C - croissant dense 6 0.4 1.2 2
126 Aix perturbé dense 30 0.3 5 7.5
44 Arces-Dilo perturbé dense 1000 1 500 750
61 Arces-Dilo perturbé vitreuse 500 2 500 750
132 Bérulle perturbé dense 2400 3 3600 5400
133 Bérulle perturbé dense 500 1 250 375
134 Bérulle perturbé dense ou vitreuse 3500 0.1 175 262
37 Boeurs perturbé dense 800 1 400 600
52 Chennegy perturbé dense 625 1 312 468
140 St Mards perturbé dense 1200 2 1200 1800
141 St Mards perturbé dense 133 0.1 7 10.5
72 Venisy perturbé dense 20 0,1 3 4.5
TOTAL 18394,5 11797 17253,5

Fig. 20. Dimensions des ferriers (cubage par la formule des segments sphériques. Masse = cubage x 1,5 tonne,
d’après Dunikovski, Cabboï, 1995).

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Minières et ferriers du Moyen Âge en Forêt d’Othe (Aube, Yonne) 349

0 5 cm 0 5 cm

Fig. 21. Scorie à cordons, site 161, « Bois des Jaruriers », Fig. 22. Scorie magmatique, site 56, « Bois de Fort Jaquet »,
Le Mineroy, commune d’Aix-en-Othe (cliché P. Beck). commune de Bérulle (cliché P. Beck).

LOCALISATION SITE ÉCHANTILLON DESCRIPTION SiO2 Al2O3 Fe2O3 MnO MgO Ca0 Na2O K2O TiO2 P2O5
Aix : Vallée aux
9 2 US 4’ minerai, hématite 16,73 3,9 66,68 0,26 0,07 0 0 0,02 0,15 0,32
Poêles
Bois de Rigny 57 17.4» minerai 3,59 0,83 77,43 0,4 0,04 0,06 0 0 0 0,44

LOCALISATION SITE ÉCHANTILLON DESCRIPTION SiO2 Al2O3 Fe2O3 MnO MgO Ca0 Na2O K2O TiO2 P2O5
Dilo 83 29.4 scorie de coulée 36,22 10,28 47,93 7,14 0,4 0,97 0 0,75 0,44 0,51
Dilo 77 28.2 scorie de coulée 27,76 3,95 64,37 0,96 0,56 2,47 0 1,2 0,29 0,71
Dilo 59 19.1 scorie de coulée 24,7 6,63 72,74 1,16 0,25 0,43 0 0,22 0,3 0,34
Palis 27 4.6 scorie de coulée 32,93 4,49 54,62 0,97 0,61 3,72 0,04 1,52 0,36 0,56
Palis 25 4.4/c scorie de coulée 29,6 9,19 63,62 0,85 0,3 0,97 0,05 0,6 0,44 0,34
Palis 26 4.5 scorie de coulée 25 4,6 68,18 0,83 0,46 1,79 0 0,93 0,3 0,51
Palis 24 4.3 scorie de coulée 24,98 4,94 67,5 1,01 0,48 2,57 0 1,01 0,3 0,63
Palis 23 4.2’ scorie de coulée 23,31 4,82 69,9 0,75 0,3 1,31 0 0,51 0,29 0,55
Palis 23 4.2» scorie de coulée 16,32 3,91 74,77 0,44 0,26 0,38 0 0,1 0,22 0,38
Aix : vallée aux
9 2 US 4 scorie de coulée 29,51 8,19 56,37 1,01 0,39 3 0,03 0,97 0,46 0,51
Poêles
Boeurs : Les Boudins 43 9 scorie de coulée 27,01 7,7 56,32 6,91 0,41 0,77 0 0,68 0,32 1,16
Boeurs : Les Boudins 37 8.3 scorie de coulée 31,18 8,48 55,25 3,9 0,36 0,97 0 0,68 0,36 0,68
Aix : nord-est 1 1 Ba 2 scorie de coulée 25,93 5,64 61,34 3,16 0,56 1,58 0,02 1,08 0,35 0,89
Aix : nord-est 1 1 Ba 1 scorie de coulée 27,62 6,01 63,54 3,52 0,59 1,63 0,03 1,03 0,39 0,96
Aix : vallée aux
10 2.1 scorie de coulée 31,23 8,74 59,4 0,39 0,4 1,14 0 0,56 0,56 0,44
Poêles
Bois de Rigny 57 17.4’ scorie de coulée 22,76 3,99 69,31 0,75 0,48 1,87 0 0,78 0,17 1,7

LOCALISATION SITE ÉCHANTILLON DESCRIPTION SiO2 Al2O3 Fe2O3 MnO MgO Ca0 Na2O K2O TiO2 P2O5
Dilo 60 19.2a scorie poreuse 27,93 6,73 67,94 1,95 0,26 0,45 0 0,29 0,29 0,35
Palis 25 4.4/b scorie poreuse 38,45 10,58 45,09 1,04 0,34 3,95 0,06 0,64 0,6 0,35
Palis 22 4 US 10 scorie poreuse 20,26 2,45 65,94 0,59 0,38 0,38 0 0 0,16 0,26
Forêt de Venizy 72 27.1 scorie poreuse 29,92 4,76 58,34 1,12 0,7 2,87 0 1,23 0,4 0,83
Forêt de Venizy 73 27.2 scorie poreuse 28,66 4 65,06 0,68 0,64 2,87 0 1,13 0,32 0,93

LOCALISATION SITE ÉCHANTILLON DESCRIPTION SiO2 Al2O3 Fe2O3 MnO MgO Ca0 Na2O K2O TiO2 P2O5
Dilo 61 19.2’ scorie vitrifiée 54,9 11,92 5,12 4,76 0,48 21,17 0 0,81 0,64 0,13
Palis 25 4.4/a scorie vitrifiée 75,68 5,07 12,21 0,22 0,17 0,56 0 0,93 0,3 0,11

Fig. 23. Analyse des spectres chimiques d’un échantillon de scories et de pierre de minerai.
A. Ploquin, CRPG – CNRS-Vandœuvre-lès-Nancy.

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350 Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe, avec la participation d’Alain Ploquin

Type B : ovoïde (fig. 26 et 27)


Trente autres sites présentent une forme grossiè-
rement circulaire, dont les sites 102 (fig. 26) et 16
(fig. 27). Ils sont tous de superficie réduite mais de
relief accentué, circulaires ou ovoïdes mais de formes
globalement symétriques. Ce sont les moins typés, les
plus susceptibles d’être de simples décharges.

Type C : croissant (fig. 28 et 29)


Les sites les plus nombreux, au nombre de tren-
te-trois, accusent un plan dissymétrique évident : une
forme allongée avec un long côté concave et l’autre
convexe, dessinant avec plus ou moins de netteté
0 5 cm un croissant. C’est notamment les cas des sites 158
(fig. 28) et 11 (fig. 29).
Fig. 24. Scorie vitrifiée, site 61, commune de Dilo
(cliché P. Beck). Les dimensions ne viennent pas souligner les
types morphologiques (cf. fig. 20). De même les
localisations (cf. fig. 5) : les ferriers de Palis (22 à 27)
Type A : quadrangulaire (fig. 25) sont distribués entre les formes A (22) et C (23 à
Ce type caractérise trois ferriers au relief mou mais 27) ; à l’ouest du Mineroy, les sites repérés (9 à 20,
de vaste superficie. Ainsi le n° 22 localisé dans les bois 111 à 130 et 148 à 166) sont aussi bien de type B
au-dessus de Palis au nord de la Vanne qui s’étale sur que C. Les variations morphologiques peuvent-elles
plus de 2000 m2 mais dont le relief est très effacé et alors s’expliquer par la nature (rejet secondaire ou
se confond presque avec la pente légère (10 %) du crassier de production) et/ou la période d’activité de
terrain. Il s’anime toutefois avec deux fronts de tailles ces sites ?
d’au plus 0,50 m de puissance résultant des travaux La fouille archéologique, indispensable en la
de récupération réalisés en 1964 et dont la mairie a matière, a pu être conduite sur six sites : un de type A
conservé la trace dans ses archives (cf. supra fig. 4). La (site 22), deux de type B (13 et 16) et trois de type C
présence de scories y reste cependant évidente, ponc- (sites 9, 11, 18). À la vue des résultats, c’est à la fois
tuellement accompagnée, à proximité de la limite bien suffisant pour prendre le mesure du phénomène
amont légèrement concave, de concentrations de enregistré et très imparfait pour l’analyser réellement :
pierres et de terre rubéfiées. suffisant car les résultats obtenus indiquent que les

Fig. 25. Plan topographique du site 22


(dessin P. Beck).

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Minières et ferriers du Moyen Âge en Forêt d’Othe (Aube, Yonne) 351

Fig. 26. Plan topographique du site 102


(dessin P. Beck).

Fig. 27. Plan topographique du site 16 (dessin P. Beck).

Fig. 28. Plan topographique du site 158 Fig. 29. Plan topographique du site 11
(dessin P. Beck). (dessin P. Beck).

sites explorés, représentant tous les types morphologi- pour rendre compte avec précision de l’histoire de la
ques, ont livré peu ou prou les mêmes vestiges d’amé- production du fer au cours des deux millénaires dans
nagements techniques tout en étant dispersés dans le la région, tous les sites devraient être alors soumis à
temps de la Protohistoire au xive siècle ; insuffisant car la fouille.

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352 Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe, avec la participation d’Alain Ploquin

3.5. Les ferriers : rement concave au centre et ponctuellement soulignée


datations et aménagements techniques d’une zone de pierres et de terre rubéfiées, paraissait
exempte de modification importante et signaler l’em-
Site 22, « Bois de Chevigny », commune de Palis : placement de l’aire de travail. C’est dans cette zone
un ferrier de l’Âge du Fer qu’un sondage de 3 m2 a été ouvert.
Il affecte sur la pente légère du coteau la forme Sous la couche de terre humifère fortement mêlée
d’une terrasse à peine marquée sur une soixantaine de de scories, un horizon d’utilisation a été individualisé.
mètres de long, 40 m de largeur et 0,60 m de hauteur Il était signalé par la présence d’une fosse de 50 cm de
(cf. fig. 25). Des récupérations se marquent dans sa diamètre et de 40 cm de profondeur, précédée d’une
topographie par des talus abrupts et sa topographie avant-fosse longiligne et profonde de 20 cm (fig. 30 et
d’origine a pu s’estomper. Mais sa limite amont, légè- 31). Les remplissages étaient constitués d’un mélange

Fig. 30. Site 22. Plan et profil des structures découvertes Fig. 31. Site 22. Fosse, base de fourneau ?
(dessin P. Beck). (cliché P. Beck).

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Minières et ferriers du Moyen Âge en Forêt d’Othe (Aube, Yonne) 353

0 5 cm 0 5 cm

Fig. 32. Site 22. Fragment de poterie (cliché P. Beck).

Fig. 32. Site 22. Fragment de poterie (cliché P. Beck).

5 cm 0 5 cm

Fig. 34. Site 18. Plan topographique des vestiges visibles au sol
Fig. 33. Site 22. Fragment de poterie (cliché P. Beck). avant la fouille (dessin P. Beck).

meuble de scories mêlées de terre rouge et de cendres. caréné attribuable aux viie-vie siècles avant J.-C., c’est-
La forme régulière de la fosse la plus profonde ne peut à-dire au premier Âge du Fer (fig. 32 et 33).
résulter d’un agencement naturel et fortuit (chablis,
terrier) : c’est un aménagement volontaire qui reste Site 18, Forêt communale d’Aix-en-Othe,
cependant délicat à définir précisément. S’agit-il d’un « Le Mineroy », commune d’Aix-en-Othe :
trou de poteau ou des vestiges d’un bas-fourneau ? Le un ferrier du xe siècle
terrain englobant était pareillement constitué de terre Le ferrier voisine avec les vestiges d’une meule
argilo-sableuse rouge fortement mêlée de cendres, de charbonnière et une vaste cuvette évoquant une
charbons de bois et de petits déchets de réduction. Il a minière, respectivement de 9 m et 25 m de diamètre
fourni deux tessons d’une poterie non tournée à profil (fig. 12 à 14 et 34) ; il se présente sous la forme d’un

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Fig. 35. Ferrier du site 18, emplacement des sondages et des structures découvertes (dessin P. Beck).

croissant long et large de 10 m, haut d’1,50 m au


sommet du dôme. Outre deux sondages implantés
dans la dépression et un autre dans la charbonnière,
sept sondages ont été ouverts sur et immédiatement
en amont de l’amas de scories (fig. 35).
Partout le sol d’occupation dégagé était chargé de
scories et de multiples traces d’actions du feu, particu-
lièrement sous la corne nord-ouest du ferrier. Dans le
creux médian, une nouvelle fois, a été découverte une
fosse circulaire, de 50 cm de diamètre et de profon-
deur, aux parois scorifiées et ouverte au nord pour se
prolonger par un canal (fig. 36).
Un tesson de poterie à pâte rose a été enregis-
tré : il est sans doute post-antique mais trop atypique
pour fournir une meilleure précision chronologique.
En revanche, les charbons de bois prélevés et soumis à
l’analyse du radiocarbone indiquent le xe siècle comme
Fig. 36. Site 18. Fosse dégagée (cliché P. Beck). période d’activité (fig. 37).

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Minières et ferriers du Moyen Âge en Forêt d’Othe (Aube, Yonne) 355

DATATIONS AU RADIOCARBONE faites sur le site de : Forêt d’Othe (Aube)

CENTRE DE RECHERCHES GÉODYNAMIQUES 47, avenue de Corzent


BP 510
74200 THONON-LES-BAINS

Âge brut Âge calibré (2)


Échantillon Localisation Analyse CRG Matériel
en années BP (1) proba. à 90 % ou plus
site 18 1308 charbon de bois 1073 +/- 51 892 AD / 997 AD
site 16 UF 4 1361 charbon de bois 919 +/- 65 1035 AD / 1174AD
site 11 UF 2 1362 charbon de bois 878 +/- 50 1159 AD / 1260 AD
site 13 UF 4 1363 charbon de bois 659 +/- 100 1280 AD / 1402 AD
1 - années BP = nombre d’années avant l’année de référence 1950.
2 - âge calibré à partir de STUIVER, REIMER, radiocarbon, 35-1, 1993, 215-230.

Fig. 37. Datations au radiocarbone d’échantillons de charbons de bois prélevés sur les sites 11, 13, 16 et 18.
Claude Olive, Centre de Recherches Géodynamiques – Thonon-les-Bains.

Fig. 38. Site 16. Plan topographique


et emplacement des sondages
(dessin P. Beck).

Site 16, Forêt communale d’Aix-en-Othe, maximum, aux parois verticales et aux fonds plats
« Le Mineroy », commune d’Aix-en-Othe : très fortement scorifiés. Elles semblent se prolonger
un ferrier du xie-xiie siècle en aval par un canal de 20 cm de large qui n’a pu être
Sur ces deux petits ferriers ovoïdes, distants de dégagé en raison de la présence d’arbres en surface. Au
cinq mètres et topographiquement voisins d’une char- contact de la corne nord-est, s’ouvre dans une zone
bonnière et de deux vastes fosses d’extraction, sept très cendreuse une autre fosse présentant les mêmes
sondages ont été ouverts : les 17 m2 ainsi explorés caractéristiques : plan circulaire, paroi verticale, fond
jusqu’au sol naturel ont livré des charbons de bois, des plat, canal. Ses dimensions sont toutefois plus rédui-
scories, des cendres mais aucune structure (fig. 38). tes : 60 cm de diamètre et 25 cm de profondeur. Sur
L’analyse au radiocarbone des charbons de bois place le sol d’utilisation, partout très cendreux et charbon-
l’activité entre 1035 et 1174 (fig. 37). neux, un échantillon a été prélevé et soumis à l’analyse
du radiocarbone : la datation proposée court du milieu
Site 11, « Forêt domaniale de Foissy », commune du xiie siècle au milieu du xiiie (fig. 37).
de Maraye-en-Othe : un ferrier du xiie-xiiie siècle
18,50 m2 ont été explorés, essentiellement au Site 13, Forêt communale « Le grand Gollot »,
contact de la limite amont concave du ferrier (fig. 29 commune d’Aix-en-Othe :
et 39). C’est justement dans le creux médian qu’ont un ferrier des xiiie-xive siècles
été dégagées deux fosses circulaires emboîtées, de 13,5 m2 ont été ouverts, essentiellement en amont
80 cm de diamètre et de 60 cm de profondeur au du ferrier de forme ovoïde (fig. 40). Sous une épaisseur

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356 Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe, avec la participation d’Alain Ploquin

Fig. 39. Site 11. Ferrier, emplacement des sondages


et des structures découvertes (dessin P. Beck).

Fig. 40. Site 13. Ferrier, emplacement des sondages


et des structures découvertes (dessin P. Beck).

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Minières et ferriers du Moyen Âge en Forêt d’Othe (Aube, Yonne) 357

Fig. 41. Site 9. Plan topographique et emplacement du sondage (dessin P. Beck).

d’environ 30 cm de scories ou de terre sableuse mêlées sur le sol d’occupation indique la fin du xiiie siècle et
d’humus, le sol d’utilisation décapé était fortement l’ensemble du siècle suivant (fig. 37).
chargé de cendres, de charbons de bois et de traces de
rubéfaction. À 1 m de l’amas de scories, il était percé Site 9, « Bois de l’Essert, Le Mineroy », commune
d’une fosse circulaire de 60 cm de diamètre à l’embou- d’Aix-en-Othe : un ferrier des xiiie-xive siècles
chure, de plan plutôt quadrangulaire sur une profon- C’est le plus complexe de l’échantillon exploré
deur de 35 cm. Ses parois n’étaient pas scorifiées, mais (fig. 41). Le double ferrier en croissant qui en compose
leur décapage a fait apparaître les empreintes de gros l’épicentre se développe dans un carré de 35 m de
rognons de silex dont il a été trouvé plusieurs spéci- côté et atteint 2 m de hauteur apparente. Au centre
mens rubéfiés épars dans le ferrier. En d’autres circons- du dispositif, un secteur longitudinal dégagé et plan
tances, la situation évoquerait un trou de poteau ; mais semble signaler un espace de circulation et de travail :
c’est peut-être une base de fourneau dont les parois un sondage de 4 m2 y a été implanté de telle manière
auraient été surcreusées. Le tesson de poterie enregistré qu’il permette d’explorer aussi le plus important des
au cours de la fouille - un fragment de panse à pâte amas de scories (fig. 42).
rouge atypique - ne fournit pas de piste chronologique Au sud, une surface compacte de terre argilo-
mais l’analyse du radiocarbone de charbons prélevés ­sableuse brune enchâssant de nombreux silex a été

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358 Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe, avec la participation d’Alain Ploquin

0 5 cm 0

Fig. 43. Site 9. Fragment d’anse glaçurée


(cliché P. Beck).

0 5 cm 0 5 cm

Fig. 42. Site 9. Sondage, plan des situations découvertes Fig. 44. Site 9. Fragment de panse flammulée
(dessin P. Beck). (cliché P. Beck).

décapée. Il peut s’agir d’une aire de circulation quelque Les fosses sont-elles les vestiges des bas fourneaux ?
peu aménagée, empierrée. Devant, au nord sous les Elles sont placées aux points se désignant comme
scories, le sol s’infléchit sensiblement puis vient buter ceux d’où se sont constitués les amas de scories et leur
contre une paroi d’argile verticale et concave, épaisse présence démontre que le site est aménagé en liaison
de 15 cm et haute de 30 cm, adossée au ferrier. L’agen- avec le ferrier, qu’il n’est donc pas qu’un simple lieu
cement ne paraît pas fortuit, dessine au contraire la de décharge de scories. Il est vrai aussi que l’impor-
forme d’une cuvette taillée dans le ferrier, dont le fond tance mesurée des ferriers implique que les sites n’ont
présente de violentes traces d’action du feu circonscri- pas une durée de vie très longue, qu’ils fonctionnent
tes à une surface circulaire. Peut-il s’agir pour autant peu de temps et qu’ils doivent naître au hasard et au
des vestiges d’une aire de réduction aménagée dans le lieu même des découvertes des poches de minerai : les
ferrier déjà largement constitué ? installations devaient être précaires et ne pouvaient
Le remplissage a fourni quelques fragments de marquer fortement le terrain. Il est tout aussi certain
céramiques : un fragment d’anse portant des traces que le chemisage des fourneaux devait être au moins
de glaçure transparente au plomb et un tesson de partiellement détruit comme l’exige la récupération
panse pareillement glaçuré à l’intérieur et décoré de de la loupe de fer produite. Il faut cependant rester
flammules sur la paroi extérieure (fig. 43 et 44). Ces prudent à défaut de preuves formelles et ne pas impo-
éléments renvoient à une production potière des xiiie- ser l’idée que ces fosses sont les restes de bas four-
xive siècles, connue notamment dans le Bassin parisien neaux.
(Nicourt, 1986) : ils datent la phase d’abandon sinon Les datations des sites paraissent en revanche mieux
celle de fonctionnement. assurées et elles apportent un renseignement essentiel :

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Minières et ferriers du Moyen Âge en Forêt d’Othe (Aube, Yonne) 359

un site est daté du premier Âge du Fer (site 22), un Dans le même temps cependant, des bas-four-
autre du xe siècle (site 18), un autre des xie-xiie siècles neaux continuent d’être aménagés dans les forêts et
(site 16), le quatrième des xiie-xiiie siècles (site 11) et d’assurer une réduction du minerai de fer selon des
les deux derniers des xiiie-xive siècles (sites 9 et 13) : procédés vieux de deux millénaires. Il s’agit d’aména-
ce sont deux millénaires d’activités sidérurgiques qui gements sommaires et fugaces.
sont ici attestés sur le terrain. Une autre constatation vient naturellement à
L’idée dominante, au terme de cette enquête, est l’esprit au terme de cette réflexion : le terrain peut et
bien celle d’une grande et longue homogénéité tech- devrait supporter un nouveau volet de recherche. Il
nique de l’activité. Au xive siècle, dans les fonds de faudrait, pour bien faire, dater tous les sites. Il serait
vallée, les grosses forges seigneuriales certes s’activent, au moins utile de soumettre deux grands ferriers à des
connaissent les développements et les améliorations fouilles archéologiques aussi exhaustives que celles qui
de la production qui aboutissent à la diffusion du ont été menées aux Clérimois : l’un à scories denses
procédé indirect au moins dans la seconde moitié du et, dans les forêts entourant le hameau du Mineroy,
xve siècle. En témoigne sans doute sur le terrain le sur les terres de l’évêque de Troyes, on en connaît qui
site 61 localisé sur la rivière traversant Dilo, dont feraient bien l’affaire ; l’autre à Dilo, sous l’amas de
le ferrier donne essentiellement des scories vitreuses scories vitreuses qui, au long du ruisseau, paraît signa-
vides de fer. ler une « fondoire au fil de l’eau ».

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Annexe : Liste des sites repérés et explorés (prospections à vue et ramassages de surface -
360
relevés topographiques - fouilles archéologiques - analyses de laboratoire)

SITE Carte IGN Lambert zone II Commune Toponymie Extraction Scories Charbonnière Plan Fouille Datation Analyses
1 2718 E et W 706/708 + 2358/2360 Aix-en-Othe La Forge Minière Charbonnière Ploquin
2 2718 E et W 706/708 + 2358/2360 Aix-en-Othe Le Fourneau
3 2718 E et W 706/708 + 2358/2360 Aix-en-Othe Forêt communale Topographie
4 2718 E et W 706/708 + 2358/2360 Aix-en-Othe Forêt communale Ferrier
5 2718 E et W 706/708 + 2358/2360 Aix-en-Othe Forêt communale Ferrier
6 2718 E et W 706/708 + 2358/2360 Aix-en-Othe Forêt communale Ferrier
7 2718 E et W 706/708 + 2358/2360 Aix-en-Othe Forêt communale Minière
8 2718 W 705 + 2360.5 Aix-en-Othe Forêt communale Topographie
9 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Vallée aux Poêles Topographie Ferrier Charbonnière 1989 1989 Céramique Ploquin
10 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Vallée aux Poêles Épandage Ploquin
11 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Vallée aux Poêles Ferrier 1993 1994 14 C
12 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Vallée aux Poêles Minière Ferrier Charbonnière 1993
13 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Vallée aux Poêles Ferrier 1993 1994 14 C - Céram.
14 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Vallée aux Poêles Ferrier 1993
15 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Vallée aux Poêles Topographie Ferrier (3) Charbonnière 1993
16 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Vallée aux Poêles Topographie Ferrier (2) Charbonnière 1993 1994 14 C
17 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Vallée aux Poêles Topographie Ferrier Charbonnière 1992
18 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Vallée aux Poêles Topographie Ferrier Charbonnière 1992 1993 14 C - Céram.
19 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Vallée aux Poêles Ferrier
20 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Vallée aux Poêles Épandage Charbonnière
21 2718 W 700 + 2352.8 Bérulle La Croix Renard Épandage
22 2717 W 699/700 + 2366.8/2367.3 Palis Bois de Chevigny Topographie Ferrier 1989 1989 Céramique Ploquin
23 2717 W 699/700 + 2366.8/2367.3 Palis Bois de Chevigny Minière Ferrier Ploquin
24 2717 W 699/700 + 2366.8/2367.3 Palis Bois de Chevigny Ferrier Ploquin
25 2717 W 699/700 + 2366.8/2367.3 Palis Bois de Chevigny Minière Ferrier Ploquin
26 2717 W 699/700 + 2366.8/2367.3 Palis Bois de Chevigny Ferrier Ploquin
27 2717 W 699/700 + 2366.8/2367.3 Palis Bois de Chevigny Ferrier Ploquin
28 2717 W 699/700 + 2366.8/2367.3 Palis Bois de Chevigny Minière
29 2718 E 709 + 2351 St-Mards-en-Othe La lisière des Bois Épandage
30 2718 E 710 + 2353.4 St-Mards-en-Othe La Motte du Four
31 2718 E 707.2 + 2352.8 St-Mards-en-Othe Le Ferrier Rouge
32 2718 W 697 + 2347 Venisy Bois de Sévy Épandage
33 2718 W 695.5 + 2345.5 Arces-Dilo Bois de la Varauderie Épandage
34 2718 W 701/702 + 2346.5/2347.5 Boeurs-en-Othe Les Boudins Épandage
35 2718 W 701/702 + 2346.5/2347.5 Boeurs-en-Othe Les Boudins Épandage
36 2718 W 701/702 + 2346.5/2347.5 Boeurs-en-Othe Les Boudins Épandage
37 2718 W 701/702 + 2346.5/2347.5 Boeurs-en-Othe Les Boudins Ferrier Ploquin
38 2718 W 701/702 + 2346.5/2347.5 Boeurs-en-Othe Les Boudins Topographie
39 2718 W 701/702 + 2346.5/2347.5 Boeurs-en-Othe Les Boudins Épandage
Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe, avec la participation d’Alain Ploquin

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SITE Carte IGN Lambert zone II Commune Toponymie Extraction Scories Charbonnière Plan Fouille Datation Analyses
40 2718 W 701/702 + 2346.5/2347.5 Boeurs-en-Othe Les Boudins Minière Ploquin
41 2718 W 701/702 + 2346.5/2347.5 Boeurs-en-Othe Les Boudins Minière Ploquin
42 2718 W 701/702 + 2346.5/2347.5 Boeurs-en-Othe Les Boudins Épandage
43 2718 W 701.8 + 2347 Boeurs-en-Othe Les Boudins Épandage Ploquin
44 2718 W 695 + 2349.3 Arces-Dilo Forêt des Rajeuses Ferrier Ploquin
45 2718 E 714 + 2351 Maraye-en-othe Forêt de Maraye Épandage
46 2718 W 702 + 2352.2 Aix en Othe Petites Vallées d’Aix Épandage
47 2718 W 703.2 + 2355 Aix en Othe Le Grand Gollot Minière
48 2718 W 706/707 + 2355/2356 St-Mards-en-Othe Bois des Vauroises Topographie Charbonnière
49 2718 W 706/707 + 2355/2356 St-Mards-en-Othe Bois des Vauroises Topographie
50 2718 W 706/707 + 2355/2356 St-Mards-en-Othe Bois des Vauroises Épandage
51 2718 W 706/707 + 2355/2356 St-Mards-en-Othe Bois des Vauroises Minière
52 2718 E 711 + 2358 Chennegy Bois des Ferrières Ferrier Ploquin
53 2717 W 703.5 + 2363 Villemaur-sur-Vanne les Taillefer - Les Moulins
54 2618 E 693/693.5 + 2355.2 Rigny-le-Ferron Ravin de La Mardelle Minière Épandage
55 2618 E 693/693.5 + 2355.2 Rigny-le-Ferron Ravin de La Mardelle Minière Épandage
56 2618 E 693/693.5 + 2355.2 Rigny-le-Ferron Ravin de La Mardelle Minière Épandage
57 2618 E 693/693.5 + 2355.2 Rigny-le-Ferron Ravin de La Mardelle Minière Épandage Ploquin
58 2718 W 695 + 2355 Rigny-le-Ferron Les Brochères Épandage
59 2618 E 689.5/691 + 2342.8/2343.5 Arces-Dilo Dilo Ferrier Ploquin

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60 2618 E 689.5/691 + 2342.8/2343.5 Arces-Dilo Dilo Épandage Ploquin
61 2618 E 689.5/691 + 2342.8/2343.5 Arces-Dilo Le Moulin Ferrier Ploquin
62 2618 E 689.5/691 + 2342.8/2343.5 Arces-Dilo Dilo Épandage
63 2618 E 689.5/691 + 2342.8/2343.5 Arces-Dilo Les Fosses Topographie Épandage
Minières et ferriers du Moyen Âge en Forêt d’Othe (Aube, Yonne)

64 2718 W 702 + 2360 Paisy-Cosdon Saint Etienne Topographie


65 2718 W 701 + 2359 Paisy-Cosdon Vallot Charbonnière
66 2718 W 700.2 + 2356 Paisy-Cosdon Grand Chevraie Minière Charbonnière
67 2718 W 699.7 + 2357 Paisy-Cosdon Grand Chevraie Charbonnière
68 2718 W 698 + 2357.8 Rigny-le-Ferron Forêt communale Topographie
69 2718 W 698/699 + 2357 Rigny-le-Ferron Forêt communale Topographie Charbonnière
70 2718 W 696/697 + 2355 Rigny-le-Ferron Forêt communale Charbonnière
71 2718 W 696 + 2354 Cérilly Têtot Charbonnière
72 2718 W 698 + 2346 Vénisy Forêt communale Ferrier Ploquin
73 2718 W 698 + 2346 Vénisy Forêt communale Ferrier Ploquin
74 2718 W 698 + 2346 Vénisy Forêt communale Minière
75 2718 W 698 + 2346 Vénisy Forêt communale Topographie
76 2618 E 691 + 2344.3 Arces-Dilo Dilo Minerai
77 2618 E 691 + 2344.3 Arces-Dilo Dilo Ferrier Charbonnière Ploquin
78 2618 E 691 + 2344.3 Arces-Dilo Dilo Minière Ploquin
79 2618 E 691 + 2344.3 Arces-Dilo Dilo Topographie Charbonnière
80 2618 E 690/691 + 2341/2342 Arces-Dilo Dilo Minière Ploquin
81 2618 E 690/691 + 2341/2342 Arces-Dilo Dilo Minière
82 2618 E 690/691 + 2341/2342 Arces-Dilo Dilo Épandage
361
SITE Carte IGN Lambert zone II Commune Toponymie Extraction Scories Charbonnière Plan Fouille Datation Analyses
362
83 2618 E 690/691 + 2341/2342 Arces-Dilo Dilo Minière Épandage Ploquin
84 2718 W 702/703 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Sous Bredou Épandage
85 2718 W 702/703 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Sous Bredou Épandage
86 2718 W 702/703 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Sous Bredou Épandage
87 2718 W 702/703 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Sous Bredou Épandage
88 2718 W 703.5 + 2352.5 Boeurs-en-Othe Le Gouffre - La renardière Épandage
89 2718 W 702.2 + 2356.3 Aix-en-Othe Les Cornées Laliat Ferrier
90 2718 W 702.2 + 2356.2 Aix-en-Othe Les Cornées Laliat Topographie Épandage
91 2718 W 702 + 2356.2 Aix-en-Othe Les Cornées Laliat Minière
92 2718 W 702.9 + 2355.3 Aix-en-Othe Les Cornées Laliat Topographie Épandage
93 2718 W 703/704 + 2357 Aix-en-Othe La Rachée Épandage
94 2718 W 703/704 + 2357 Aix-en-Othe La Rachée Minière
95 2718 W 703/704 + 2357 Aix-en-Othe La Rachée Minerai Épandage
96 2718 W 703/704 + 2357 Aix-en-Othe La Rachée Épandage
97 2718 W 703/704 + 2357 Aix-en-Othe La Rachée Minière
98 2718 W 703/704 + 2357 Aix-en-Othe La Rachée Minière
99 2718 W 703 + 2355.6 Aix-en-Othe Le Grand Gollot Topographie Ferrier 1993
100 2718 W 703 + 2355.6 Aix-en-Othe Le Grand Gollot Topographie
101 2718 W 703.2 + 2355 Aix-en-Othe Le Grand Gollot Topographie Ferrier 1993
102 2718 W 703.2 + 2355.1 Aix-en-Othe Le Grand Gollot Ferrier 1993
103 2718 W 704 + 2356 Aix-en-Othe Le Grand Gollot Minerai
104 2718 W 705 + 2355.5 Aix-en-Othe Les Fourneaux Minerai Épandage
105 2718 W 703.2 + 2353.8/2354.2 Aix-en-Othe Le Mineroy Topographie
106 2718 W 703.2 + 2353.8/2354.2 Aix-en-Othe Le Mineroy Ferrier 1992 1993 céramique
107 2718 W 703.2 + 2353.8/2354.2 Aix-en-Othe Le Mineroy Ferrier Charbonnière 1992 1993
108 2718 W 703.2 + 2353.8/2354.2 Aix-en-Othe Le Mineroy Ferrier Charbonnière 1992 1993
109 2718 W 703.2 + 2353.8/2354.4 Aix-en-Othe Le Mineroy Ferrier
110 2718 W 703.2 + 2353.8/2354.4 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Ferrier
111 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Topographie Ferrier Charbonnière
112 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Ferrier
113 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Ferrier Charbonnière
114 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Topographie
115 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Ferrier
116 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Topographie Ferrier Charbonnière
117 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Topographie Ferrier
118 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Ferrier
119 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Ferrier
120 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Ferrier
121 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Topographie Ferrier
122 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Topographie Ferrier
123 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Ferrier
124 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Topographie Ferrier
125 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Ferrier
Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe, avec la participation d’Alain Ploquin

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SITE Carte IGN Lambert zone II Commune Toponymie Extraction Scories Charbonnière Plan Fouille Datation Analyses
126 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Ferrier Charbonnière
127 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Ferrier
128 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Ferrier
129 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Ferrier Charbonnière
130 2718 W 700/702 + 2354/2355 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois de Dillo Topographie Ferrier Charbonnière
131 2718 W 699.6 + 2352.3 Bérulle Forêt communale Ferrier
132 2718 W 699.6 + 2352.3 Bérulle Forêt communale Ferrier Charbonnière
133 2718 W 699.6 + 2352.3 Bérulle Forêt communale Ferrier
134 2718 W 699.6 + 2352.3 Bérulle Forêt communale Ferrier
135 2718 W 699.6 + 2352.3 Bérulle Forêt communale Topographie
136 2718 W 698.8 + 2353.5 Bérulle Forêt communale Minière
137 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 St-Mards-en-Othe Cornilly Charbonnière
138 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 St-Mards-en-Othe Cornilly Épandage
139 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 St-Mards-en-Othe Cornilly Ferrier
140 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 St-Mards-en-Othe Cornilly Ferrier
141 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 St-Mards-en-Othe Cornilly Topographie Ferrier Charbonnière
142 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 St-Mards-en-Othe Cornilly Minière Charbonnière
143 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 St-Mards-en-Othe Cornilly Charbonnière
144 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 St-Mards-en-Othe Cornilly Épandage
145 2718 W 706/707 + 2357.5/2358.3 Aix-en-Othe La Vallée du Four Topographie

Revue Archéologique de l’Est, t. 57-2008, p. 333-365  © SAE 2008


146 2718 W 706/707 + 2357.5/2358.3 Aix-en-Othe La Justice Topographie
147 2718 W 706/707 + 2357.5/2358.3 Aix-en-Othe La Justice Minière
148 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Épandage
149 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Topographie Ferrier Charbonnière
Minières et ferriers du Moyen Âge en Forêt d’Othe (Aube, Yonne)

150 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Topographie Ferrier
151 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Topographie Ferrier
152 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Topographie Ferrier
153 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Topographie Ferrier
154 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Ferrier
155 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Épandage
156 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Épandage
157 2718 W 706/707 + 2353/2354.5 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Minière
158 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Ferrier Charbonnière 1994
159 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Topographie
160 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Topographie Ferrier 1994
161 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Ferrier 1994
162 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Ferrier Charbonnière 1994
163 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Ferrier Charbonnière 1994
164 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Ferrier
165 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Ferrier 1994
166 2718 W 701/702 + 2352.6/2353.4 Aix-en-Othe Le Mineroy - Bois des Jarruriers Topographie Ferrier 1994
363
364 Patrice Beck, Philippe Braunstein, Michel Philippe, avec la participation d’Alain Ploquin

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