HISTOIRE & PATRIMOINE - N° 105 - Juillet 2023
HISTOIRE & PATRIMOINE - N° 105 - Juillet 2023
HISTOIRE & PATRIMOINE - N° 105 - Juillet 2023
RÉGION
NAZAIRIENNE
&
PRESQU’ÎLE
GUÉRANDAISE
PATRIMOINE
Patrimoine - Histoire - Culture, en Pays Noir / Pays Blanc
Saint-Marc-sur-Mer
Une si jolie petite plage...
Christiane Marchocki
1ère page de couverture : L’Hôtel de la Plage, à Saint-Marc, construit par A. Boussenot, après 1910.
(Collection Patrick Pauvert - Éditeur Delaveau Saint-Nazaire, n° 2025).
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01 Éditorial
Christiane Marchocki
La maquette retrouvée,
52 Bruno marqueur de la Little Italy du Grand Ouest
Rossetti
86
Cent ans de mariages paludiers (1828-1930)
Françoise et Malou Roussel
120
Guerre 14-18 - Des réfugiés Rouvrois à Mesquer
Jocelyne Leborgne
130
Steredenn Vor - Histoire d’un bateau opiniâtre
Christiane Marchocki
P. 92 ÇA SE PASSE AUJOURD’HUI
134 Jean Fréour - De l’oeuvre sculptée à l’expérimentation 3D
Exposition
SORTIES CULTURELLES
136 Du château à la mine, ou à la découverte du bel ouvrage
Claude et Anne-Marie Lebreton
140 L’ASSOCIATION
P. 130
1 - Une si jolie petite plage est le titre d’un film, avec Gérard Philippe et Madeleine Robinson, dont les extérieurs ont été tour-
nés, en 1948, sur la côte normande, à Barneville-sur-Mer (Manche). Réalisé par Yves Allégret, il est sorti en salles en 1949.
L
’histoire nous dit aussi qu’en 1379 les La chapelle Saint-Marc
Espagnols voulurent s’emparer du Parmi les édifices anciens disparus, il ne faut
château de Saint-Nazaire et tentèrent pas oublier la chapelle Saint-Marc , qui a donné
un débarquement à Chemoulin. son nom au quartier. Elle s’élevait en haut de
Mais grâce au vaillant capitaine de la falaise, où existe, maintenant, la place de la
la place, Jean d’Ust, ils furent rejetés à la mer. Chapelle, avec son calvaire.
L’ancienne chapelle
de Saint-Marc
s’élevait sur la falaise,
face à la mer.
La fête de Saint-Marc
Au début du XIXe et sans doute depuis fort
longtemps, le 25 avril, dans toutes les maisons
de Saint-Nazaire, il y a remue-ménage. C’est la
fête de Saint-Marc et des rogations. Dès l’aube,
les cloches sonnent à toute volée et le cortège se
met en place pour la grande excursion jusqu’à
la chapelle Saint-Marc. Elle part de la Grand’rue
et enfile le chemin le long du littoral. Tout en
chantant, la procession grossit à chaque village
traversé : Soulevain, Sautron, Villès, Ker-Ledec,
La Montagne et son bois de châtaigniers, la
Rougeole, Port-Cé, Gavy, Port-Charlotte, l’Ève,
l’Anse des courants (la Courance). Puis un
détour vers les Noés de Saint-Philibert et on
entend carillonner la toute menue cloche de la
chapelle. Le but du pèlerinage est tout proche.
I
l est élevé par sa mère, en compagnie
1
Retour à Saint-Nazaire
« Je suis revenu à Saint-Nazaire en 1982. Pendant
des années j’avais en quelque sorte oublié la guerre et
peut-être refoulé bien des choses. Cependant j’avais
toujours souhaité revoir un jour les lieux où s’étaient
produit les événements les plus importants dont
j’avais été témoin, ces lieux étaient Saint-Nazaire
et l’Union soviétique.
J’avais connu Saint-Nazaire alors que la ville était
encore intacte, mais peu de temps après lorsque j’ai
dû partir, elle était dans un état de ruine dont nous les
Hans Thüer Allemands portions la responsabilité. Même constat
a 20 ans en 1942. pour l’Union soviétique qui lorsque j’y suis arrivé
Photo prise à l’occasion
de ses 18 ans. en pleine guerre était passablement détruite et où
(Coll. H. Thüer) nous avons laissé derrière nous d’horribles choses.
revoir les gens dont j’avais fait la connaissance et avec mande, à l’âge de 18 ans.
lesquels j’avais eu de bonnes relations.
Parmi tous les lieux où nous sommes allés, une
visite nous a conduits au siège des syndicats et lors Hans et la guerre
de conversations avec des syndicalistes nous avons « J’ai été appelé en 1942 et incorporé dans la Marine.
été mis en rapport avec nos amis Pierre et Suzanne Mes sentiments à cette époque étaient très miti-
Mahé. Ils nous ont invités chez eux et au cours de gés parce que par notre éducation familiale nous
nos discussions nous avons constaté qu’ils étaient n’étions pas des nazis et que nous étions contraints
membres du mouvement de la Paix et antifascistes. Ce de participer à cette guerre. Nous avions su aussi
fut pour moi une rencontre incroyablement féconde. malgré les mensonges comment cette guerre avait
En outre par le plus grand des hasards alors que commencé. Peu de temps après moi mon frère ju-
je visitais la base sous-marine j’ai rencontré des meau avait, lui aussi, été incorporé et ma mère, qui Un des blockhaus
gens qui m’ont aidé à retrouver des personnes avec était veuve depuis notre enfance, ainsi que ma sœur, du cantonnement
de la Kriegsmarine,
lesquelles j’avais pendant l’occupation entretenu de ressentaient notre départ avec beaucoup de douleur. à Aisne, en Trignac.
bonnes relations » Vis-à-vis des nazis, nous avions des sentiments très (2023, coll. M. Mahé)
le « Du Teillay »
plus précisément l’histoire de ce navire :
◊ Qui fut ce mystérieux prince Édouard dont
et la rébellion jacobite
on parle si peu dans les livres d’histoire de
France ?
L
leurs préoccupations ?
a révolte jacobite, lancée par le prince
1 2
◊ Des marchands négriers de Nantes et de
Charles Édouard Stuart en août Dunkerque ont-ils financé l’expédition du
1745, visait à restaurer la dynastie prince Édouard en Écosse ?
des Stuarts au trône d’Angleterre Pour en savoir plus et mieux comprendre le
et d’Écosse, au détriment de celle contexte de cette époque, il faut revenir sur les
de Hanovre instaurée en 1714, après le décès évènements qui ont amené à la dernière révolte
de la reine Anne, dernière héritière des Stuarts jacobite de 1745.
au pouvoir en Grande-Bretagne3.
Un article publié dans un rapport de l’associa-
tion caritative écossaise « National Trust for
Scotland », défraie la chronique en décembre Charles Édouard Stuart,
2021 [2], en qualifiant le « Du Teillay » de « French
slave ship » (sic) [« navire d’esclaves français »].
le « jeune prétendant »
Il rapproche ainsi, de manière implicite, l’aven- Pourquoi le prince Édouard est-il passé par
ture écossaise du prince Édouard, au commerce Saint-Nazaire pour partir en Écosse ?
triangulaire et à la traite négrière. Pour cela, il faut remonter en 1688 à l’époque du
1 - Prétendant jacobite à la couronne d’Angleterre et d’Écosse,
roi Jacques II d’Angleterre (1633-1701). Celui-ci,
le prince Charles Édouard Stuart aurait pu régner, à la mort qui a voulu imposer ses partisans catholiques,
de son père, sous le nom de Charles III. est déchu du trône d’Angleterre par le prince
2 - La rade de Bonne Anse se situe sur la rive nord de l’es-
tuaire de la Loire.
Guillaume d’Orange lors de la « Révolution
3 - Anne était la deuxième fille ainée du roi Jacques II Glorieuse ». De religion protestante, le prince
d’Angleterre, exilé en France en 1688, et de religion pro- d’Orange, futur roi Guillaume III, réside aux
testante. Comme le parlement londonien émit un décret
interdisant l’accession d’un catholique au pouvoir, elle hérita Pays-Bas quand il est invité par le parlement
en 1702 des royaumes d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande. londonien à accéder au trône d’Angleterre. Il
Quand la reine Anne mourut en 1714 sans laisser d’héritier,
son frère cadet, Jacques François Édouard Stuart, était de hérite, de surcroit, de la couronne d’Écosse.
religion catholique et donc inéligible. Le choix du parlement
britannique se tourna vers le prince-électeur de Hanovre, un
lointain cousin de religion protestante, qui accéda au trône
de Grande-Bretagne sous le nom de Georges I. En 1727, son
fils, Georges II, assura ensuite la succession.
Bruno Rossetti
P
eu de temps après la 1ère guerre Ils traversèrent les Alpes, par voie ferrée, en
mondiale, en 1924, en Ligurie, dans le espérant y trouver une vie meilleure. Le port
nord de l’Italie, à Gênes et La Spézia, de Saint-Nazaire les a accueillis et c’est dans
les futurs migrants se préparèrent le quartier ouvrier du Pré-Gras, de Penhoët,
à partir. qu’une Little Italy, unique dans le Grand Ouest,
La Little Italy Leur existence devenant difficile, 138 familles se forma.
du Pré-Gras, allaient rejoindre la France pour construire des Ces quelques mots résument le contexte de cette
de Penhoët.
(© Collection Cyrille Pawloski
paquebots transatlantiques, en commençant épopée, qui est restée longtemps méconnue.
– photographe professionnel) par le magnifique navire Ile de France.
Seule la chaise
table et une armoire, le tout en ciment, c’était
moins fragile disait le gérant… Seule la chaise
N
otre étude se propose de s’appuyer sur le corpus docu-
mentaire des plus anciennes occurrences de Careil et d’en
proposer une nouvelle interprétation. Qu’elles réfèrent
au village, aux deux microtoponymes, ou au nom de
famille détoponymique qui se montre à Guérande et à
Batz dès le xve siècle, ces occurrences établissent unanimement que la
forme Carail, a l’antériorité sur Careil. Si cette dernière s’impose dans
les textes à la fin du xvie siècle, Carail se maintenait en usage dans la
première moitié du xviie siècle et peut-être même jusqu’en 1750. Aussi,
il convient de traiter de Carail avant d’éclairer Careil, forme secondaire
d’un type ˹carail˺ dérivé de la base *khar-.
Le corpus documentaire
1. Documentation contemporaine
• [En position autonymique] 1857 Careil, village (Pinson, 312, n° 37), 1906 Careil, village,
« Châtellenie comprenant les seigneuries et bailliages de Careil, Marsaint, Mérionnec,
Tréveday, Bissin et Penchâteau. – Manoir » (Quilgars, 53a), 1909 Careil, « chât., f., min et vill. »
(Maître, 32b), [1982] Careil (Insee, 37a).
• [En position de déterminant] 1819, château de Careil, moulin de Careil, tenement de Careil,
tenement du moulin de Careil, village de Careil (Archives départementales de Loire-Atlantique1,
7 P 2492-F028, section I, feuille 2, dite de Careil), 1828, village de Careil (ibidem, 3 P 73/6, sect.
I, dite de Careil, n° 369-383, 391-465, 471-488), « moulin de Careil » (ibid., n° 324-327), « Château
de Careil » (ib., n° 520-531).
1 - Sauf indication contraire, les cotes d’archives renvoient aux fonds des Archives départementales de la Loire-Alantique.
Caraill de Baz » (B 1443, 3 mai 1480), 1537 Caraill & la famme Richard le Regne » (B 1489
« Pierre K/rail soulloit paier dont ya heri- (A), fol. 91v), « Nichollas & Guillo Caraillz » (ib.,
tiers sauoir Nicolas K/rail et ses consors » fol. 91v) ; 1476 « Jehan de la Lande dit de Caraill,
(B 1492, rentier 1533-1537, fol. 43v), etc. sur une meson et jardrin ou il demoure a
Quenequen » (B 1450, 23 octobre 1476).
P
ierre-Jean Brohan né à Saillé en 1799,
marié avec Suzanne Gougaud née
aussi à Saillé en 1807 dont nous vous
avons conté, dans le n° 74 d’Histoire
et Patrimoine, le chemin jusqu’à
Quimper pour troquer leur sel contre des cé-
réales. Pour eux pas de photo de mariage. Nous
rappelons qu’en 1824, Joseph Nicéphore Niepce
réussit à conserver une image due à l’action de
la lumière, mais il faudra attendre 1854 pour
qu’apparaisse la photo en série et naisse le
métier de photographe. En attendant, de belles
La toilette lithographies circulent en France et en Bretagne
de la mariée.
sur le sujet comme celle de Zoé Coste, à Nantes
(Lithographie de Zoé
Costes, vers 1860) dès 1840, intitulée «La toilette de la mariée»
Introduction
L
’une des définitions du mot « terroir » Le « pays » désigne une « division territoriale 6
est : « région, province, pays considéré(ée) habitée par une collectivité, et constituant une entité
dans ses particularités rurales, ses géographique et humaine »7, c’est une « partie plus
traditions, sa culture, ses productions ou moins étendue d’une nation, province, région »8.
et du point de vue du caractère des
personnes qui y vivent ou en sont originaires. Terroir
breton, charentais, lorrain… »4
Ce sens le rend synonyme du terme « pays »5, et 6 - Mot dérivé du latin « pagus » (canton / district en Gaule,
on retrouve l’aspect rural du pays dans le mot in Gaffiot), « territoire rural délimité par des bornes » (Ernout
dérivé « paysan ». Alfred et meillet Alfred, Dictionnaire étymologique de la langue
latine, rééd. Klincksieck, 2001 ; page 475). On retrouve l’idée
d’espace délimité dans le mot breton « bro » (pays), il est issu
du celtique gallo-brittonique « brog- » (territoire) et d’un plus
ancien celtique « *mrog- » (Delamarre Xavier, Dictionnaire de
1 - B arthes Roland, « Pour une psycho-sociologie de la langue gauloise, éd. Errance, 2003 ; page 91), qui vient d’une
l’alimentation moderne. », in Annales : Économies, Sociétés, racine indo-européenne « *morĝ- » (frontière, démarcation)
Civilisation, n° 5, sept.-oct. 1961 ; page 983. qui a donné aussi le français « marge » (< latin « margo » :
bord, borne, frontière) et « marche » (< francique « *marka » :
2 - Vidal De La Blache Paul, Tableau de la géographie de frontière). Dans le breton de Guérande, « bro » fait son pluriel
la France, Tome premier de l’Histoire de France depuis les en « -ier » (« broieir », in Ernault Émile, Étude sur le dialecte
origines jusqu’à la Révolution d’Ernest Lavisse, éd. Hachette et breton de la presqu’île de Batz, éd. L. Prud’homme, 1883 ;
Cie, 1911 ; page 386. page 21), et non pas en « ioù », un suffixe en extension en
3 - Lévy-Strauss Claude, Le regard éloigné, éd. Plon, 1983 ; breton (Trepos Pierre, Le pluriel breton, éd. Emgleo Breiz,
page 145. 1982 ; page 66), peut-être par analogie avec les doubles
4 - c.n.r.t.l. (Centre National de Ressources Textuelles et pluriels (bragoù > brageier : des pantalons).
Lexicales) sous « terroir ». 7 - C.N.R.T.L. sous « pays »
5 - Ibid, voir « synonymie ». 8 - Ibid.
C’est par abus que l’on parle de neuf pays Vieux pied de vigne
traditionnels bretons14, il s’agit en effet des neuf trouvé le long du mur
9 - Frémont Armand, « Recherches sur l’espace vécu », in en pierres d’un ancien
Espace géographique, Tome 3, n° 3, 1974 ; pages 231-238. anciens diocèses/évêchés, les termes « diocèse » clos du Vignoble
10 - Brunet Roger, Ferras Robert et Théry Hervé (dir.), et « évêché » désignant une circonscription de guérandais,
Les mots de la géographie - Dictionnaire critique, éd. Reclus – de l’Aunis ?
La Documentation Française, 1993 ; page 371.
l’Église catholique15. (Photo Christophe M. Josso)
Bernard Tabary
Je me souviens… c’est loin, au siècle dernier. Exactement en 1975, l’année – la
seule – où moi, l’ancien élève, j’ai été prof à Saint-Jean-Baptiste de Guérande.
Sorte de retour aux sources.
Il y avait parmi nous un très vieux retraité, le père Lescop, doté d’une magni-
fique barbe blanche, de deux yeux pétillants et candides, l’image même de la
bonté. Il aimait bien fréquenter les plus jeunes professeurs – nous – et c’était
réciproque. Inévitablement, arrivait alors dans la conversation la question
(dont le poseur pouvait tout à fait être notre ami Claude Lebreton) : « Ah !
Père Lescop, vous qui êtes spécialiste en breton, qu’est-ce que ça veut dire, Pen
Bron ? » Le Père Lescop s’y attendait, peut-être même l’attendait-il – parce
qu’il avait de l’humour, même s’il n’était pas le moins du monde expert en
breton, encore moins en féminitude. Il levait les bras au ciel pour exprimer
une exaspération exacerbée (pléonasme) que son sourire démentait par-
faitement. C’était là une sorte de rite bien innocent.
Parlons donc de Pen Bron.
Guerre 14-18
Des réfugiés Rouvrois
à Mesquer
Jocelyne Leborgne
D
ans cette hâte fébrile du dé- de la France, sans nouvelles des uns et des
part, dans le désarroi de l’em- autres. La presse nationale et locale a relaté
Le village de Rouvres- barquement dans les gares, chaque jour, la détresse de ces réfugiés qui
en-Woëvre, en ruines, les membres d’une même avaient perdu en quelques minutes tout ce qui
après le passages des
troupes allemandes, famille se sont vus séparés, faisait leur vie d’avant !
le 24 août 1914. dispersés aux quatre coins
Un si long voyage
Fuyant Rouvres-en-Woëvre à pied, une tren-
taine de survivants ont gagné Étain, puis
Verdun traversant des villages comme Bras où
ils furent rejoints par des habitants qui fuyaient
aussi devant les attaques ennemies. En gare de
Verdun, ils montèrent dans des trains de mar-
chandises et de voyageurs, gagnèrent Nantes,
après de très nombreux arrêts où certains
d’entre eux descendaient comme au Mans, à
Angers. À Nantes, les réfugiés furent encore
séparés pour être accueillis dans des communes
situées au sud de la Loire, comme La Montagne,
La Plaine-sur-Mer, Paimbœuf, Saint-Brévin-
les-Pins… D’autres convois furent dirigés les
29 août et 1er septembre, au nord de la Loire,
vers Saint-Nazaire, Pornichet, La Baule-Escou-
blac puis Guérande, Le Croisic… Après deux
nuits de repos au Petit Séminaire de Guérande,
les réfugiés furent emmenés à la petite gare
de Guérande, le petit train à voie métrique
s’arrêta dans les gares de La Turballe, Piriac,
Christiane Marchocki
Le patrimoine nautique est, lui aussi, le reflet de l’histoire locale et, par
conséquent, de l’Histoire. Notre littoral est fécond en événements qui ont
trait à la mer, ressource vitale pour la population. Il s’ensuit un attachement
pour les embarcations qui lui permettent de vivre : commercer, se déplacer,
explorer… la pêche étant le rôle premier, elle permet de se nourrir et de
vendre.
L
es bateaux, comme les humains, ont tiques », et bien peu réalistes. Chacun participe
souvent une vie compliquée. On à la facture et aux réparations, l’association
pourrait dire, plusieurs vies. C’est Steredenn Vor possède, maintenant, ce vestige
le cas de ce « voilier de travail », des temps anciens, où la voile, énergie inépui-
dernier maquereautier croisant sable, régnait encore un peu.
dans nos eaux locales. Construit en bois, selon
l’architecture ancienne et traditionnelle. La Ressusciter un bateau
Turballe est son port d’attache.
« qui a fait son temps »
Une coque en voie La peinture cache la pourriture du bois, les
À
la vente du fonds de l’atelier du Le premier espace, ponctué d’œuvres origi-
sculpteur du 30 juillet 2019, les nales, est consacré aux étapes du processus
élus de CAP Atlantique ont souhaité de création de la sculpture : construction
garder la trace de l’œuvre d’un artiste qui de l’atelier du maître, recherche de maté-
a marqué le territoire communautaire de riaux (bois, pierres), dessins préparatoires
son empreinte. Aussi, l’établissement a pu avec modèles vivants, modelage, moulage,
se porter acquéreur de statuettes en plâtre, technique de mise au point, taille du bois
d’œuvres en bois, et de Lilo, la dernière et de la pierre, fonte de statues.
pierre d’atelier inachevée en labrador noir Le second espace, en lien avec les tech-
de Norvège. niques dites « classiques » de la sculpture à
Dans les mêmes circonstances, une partie la Rodin, est dédié à des expérimentations
des outils de l’artiste, sa documentation, ses virtuelles, mettant en scène des statues et
cahiers photographiques et près de 3 000 moulages de Jean Fréour numérisés en 3D.
négatifs ont pu être sauvegardés et rejoindre Le projet a été retenu dans le Programme
les collections du musée intercommunal. National de Numérisation et de la Valorisa-
Cet ensemble offre d’appréhender de ma- tion des contenus culturels 2023 lancé par
nière inédite la trajectoire et les savoir-faire le ministère de la Culture. Il vise à favoriser
de Jean Fréour, artiste-statuaire, et dernier le rapprochement des publics avec les
membre du mouvement artistique breton, œuvres et à créer des usages numériques
Ar Seiz Breur fondé en 1923. innovants dans le domaine culturel et
L’exposition d’une partie de ce fonds ex- patrimonial.
ceptionnel prend place en deux espaces
qui redonnent vie à l’atelier de Jean Fréour.
N
on loin de Candé, sur la commune de dant du château, monsieur Jean-Bernard
La Chapelle sur Oudon, une longue Bouzy, souriant et jovial, nous présente ce
allée nous mène face à ce château. vaste ensemble (en pierre de schiste pour
Et là, une découverte ! De petits arbres la partie centrale et en tuffeau pour les
savamment taillés (Ah l’art topiaire !) et côtés, nous sommes en Anjou). Cette terre
deux grands jets d’eau nous accueillent. fut acquise par René Le Pelletier au début
La façade occidentale intègre dans une du XVIIe siècle sous le règne de Henri IV.
même vision le logis principal, les ailes de La propriétaire actuelle, madame Florence
L’entrée du château la cour d’honneur, celles des services, mais de Saint Genys, vient aimablement échan-
de La Lorie, l’allée
d’accès et le parc. aussi le bâtiment du manège à gauche et ger quelques mots avec nous et nous lui
(Photo Geneviève Terrien) l’orangerie à droite. offrons un exemplaire de notre revue qu’elle
découvre avec plaisir.
le haras.
Conseillère Les tarifs des cotisations, pour l’année 2023, sont les suivants :
Christiane Marchocki ff adhésion individuelle ..... 28 €
ff adhésion couple ............ 33 €
Conseillère
Geneviève Terrien Pour adhérer à l’APHRN, vous pouvez, au choix :
(Responsable de diffusion de la revue HISTOIRE & PATRIMOINE) vous rendre sur notre site internet,
à l’adresse https://aphrn-asso.fr, menu « adhésion »
nous adresser un courriel à l’adresse : [email protected]
Conseiller (Responsable des sorties culturelles) nous écrire, à : APHRN – Agora (case n° 4) – 2 bis av. Albert de Mun
Claude Lebreton 44600 Saint-Nazaire
téléphoner au 06 07 11 21 88
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Patrick Pauvert virement ou chèque.