2004 Ircam Init Amazighe

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Initiation

à
la langue amazighe
Tagldit n lMAVRib ROYAUME DU MAROC
aSinag agldan INSTITUT ROYAL
n tESSna tMaZiVt DE LA CULTURE AMAZIGHE

ammas n usmsasa n tutlayt Centre de l’Aménagement Linguistique

Série : Manuels - N° 1 -

Initiation
à
la langue amazighe

Auteurs :
Meftaha Ameur - Aïcha Bouhjar - Fatima Boukhris - Ahmed Boukouss
Abdallah Boumalk - Mohamed Elmedlaoui - El Mehdi Iazzi -Hamid Souifi

Rabat 2004
Publications de l'Institut Royal de la Culture Amazighe
Centre de l'Aménagement Linguistique (CAL)
Série : Manuels - N° 1 -

Titre : Initiation à la langue amazighe


Série : Manuels - N° 1 -
Auteurs : Meftaha Ameur, Aïcha Bouhjar, Fatima
Boukhris, Ahmed Boukouss, Abdallah Boumalk,
Mohamed Elmedlaoui, El Mehdi Iazzi, Hamid
Souifi
Editeur : Institut Royal de la Culture Amazighe
Réalisation éditoriale : Centre de la Traduction, de la
Documentation, de l’Edition et de la
Communication (CTDEC).
Couverture : Réalisation : Unité de l’Edition (CTDEC)
Imprimerie : El Maârif Al Jadida - Rabat
N° Dépôt légal : 2004/1415
Copyright :  IRCAM
i

Sommaire

SYMBOLES ET ABREVIATIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .ii


INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
1. SITUATION SOCIOLINGUISTIQUE DE L’AMAZIGHE . . .9
1.1. Etat des lieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9
1.2. Statut de la langue amazighe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10
2. PHONETIQUE / PHONOLOGIE DE L’AMAZIGHE
STANDAR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13
2.1. Unités segmentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15
2.2. Les processus phonétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21
3. PRESENTATION DE L’ALPHABET TIFINAGHE . . . . . . . . .27
3.1. Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27
3.2. Variantes de tifinaghes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28
3.3 Tifinaghe-IRCAM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31
4. REGLES ORTHOGRAPHIQUES DE L’AMAZIGHE . . . . . . .37
4.1. Définition du mot graphique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37
4.2 Les règles retenues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .38
5. ELEMENTS DE MORPHOSYNTAXE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45
5.1. Morphologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45
5.2. Eléments de syntaxe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .79
TABLE DES MATIERES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .83
ii

Symboles et Abréviations

AB : Académie Berbère
ADM : arabe dialectal marocain
AI : Agraw Imazighen
Am : amazighe
AMM : arabe marocain médian
AS : arabe standard
Awb : Arabia Ware Benelux
FF : Afus deg Wfus
Tam : Tamazgha
/ : ou bien ; opposé à
[] : réalisation phonétique ou effective
→ : se réalise
* : agrammatical
7

Introduction

Le 26 juin 2003, une convention cadre de partenariat est signée


entre le Ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse
(MENJ) et l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM). Son
objectif consiste à « mettre en place des programmes communs en
vue de l’intégration de la langue et de la culture amazighes aux
curricula et aux programmes scolaires au niveau des établissements
d’enseignement relevant du secteur de l’éducation nationale, et à
œuvrer à leur application et à leur développement» (article 1).
Cette convention vient corroborer les orientations générales
relatives à l’introduction de l’amazighe dans le système éducatif
marocain, déclinées dans le Discours Royal d’Ajdir le 17 octobre
2001 et dans le Dahir portant sa création, ainsi que dans la Charte
Nationale de l’Education et de la Formation.
Avec la décision du MENJ et de l’IRCAM de commencer
l’enseignement de la langue amazighe à partir de septembre 2003
dans 317 écoles (relevant de toutes les délégations provinciales et
préfectorales du MENJ) dans une première étape, une formation en
amazighe au profit des enseignants appelés à assurer cet
enseignement a été programmée. L’IRCAM a pris en charge cette
formation conformément à l’alinéa 4 de l’article 1 de la convention
qui stipule qu’il faut «assurer la formation fondamentale et
continue aux cadres pédagogiques et éducatifs chargés de
l’enseignement de l’amazighe». Plusieurs modules étaient au
programme de la formation dont le module langue. La réalisation
de ce module a été confiée au Centre de l’Aménagement
Linguistique (CAL) relevant de l’IRCAM.
8

Le présent ouvrage1 comporte le programme qui a été


préparé et dispensé par les chercheurs du CAL lors de deux
sessions de formation en amazighe : la première au profit de 75
inspecteurs du primaire les 30 juin et 1er juillet 2003, la seconde, du
11 au 18 juillet 2003, au profit des mêmes superviseurs et de 1090
enseignants. Etant donné l’effectif élevé des bénéficiaires pendant la
deuxième session de la formation, le ministère a affecté ces derniers
dans 8 centres répartis sur l’ensemble du territoire marocain, dont
deux ont été pris en charge par les chercheurs du CAL (centres de
Rabat et d’Agadir).
La publication de cette brochure s’explique par l’impératif de
fournir aux professeurs de l’amazighe en premier (et à toute
personne qui s’intéresse à l’amazighe) un outil d’initiation à l’écriture
en tifinaghe (alphabet et règles d’orthographe) et à la grammaire de
l’amazighe.
Le document présente une description succincte et simplifiée des
éléments de base de la phonologie et de la morphosyntaxe de
l’amazighe. Il livre également une description de la situation
sociolinguistique de l’amazighe au Maroc. L’ouvrage n’est donc pas un
manuel mais une introduction à la grammaire de l’amazighe standard
dont l’objectif est d’expliciter les règles de la langue, sachant que la
formation était destinée aux professeurs amazighophones ayant déjà
une connaissance implicite des règles grammaticales de leur langue.
Les exemples, en graphie tifinaghe, sont suivis de la traduction libre
en français. Ils appartiennent à différentes variétés de l’amazighe
marocain. En conséquence, le lecteur n’a pas à s’étonner de ne pas
toujours se reconnaître dans certaines réalisations; celles-ci appartenant
à d’autres géolectes. Cette initiation s’inscrit dans la perspective d’une
langue amazighe commune à construire sur la durée.

1- Une première version de ce travail, initialement intitulée Enseignement de


l’amazighe. Juillet 2003, a été envoyée à toutes les académies comme programme
de la formation des formateurs en amazighe.
9

1. Situation sociolinguistique
de l’amazighe

Cette partie inaugurale brosse, à grands traits, le tableau de la


situation sociolinguistique au Maroc. Après une description succincte
de la situation telle qu'elle a prévalu avant la création de l'IRCAM,
nous abordons la question relative au statut de la langue amazighe.

1.1. Etat des lieux


Le Maroc, à l’instar des autres pays du Maghreb, connaît une
situation sociolinguistique où le contact des langues est omniprésent.
En effet, son trait singulier est la présence de quatre langues
nationales (amazighe (Am), arabe dialectal (ADM), arabe standard
(AS) et arabe marocain moderne (AMM), dont l’une est officielle
(AS), et de deux langues étrangères (français et espagnol). Ces
diverses langues occupent des fonctions sociolinguistiques distinctes.
L'amazighe se répartit en trois variétés régionales avec le tarifite
au Nord, le tamazighte au Maroc central et au Sud-Est et le tachelhite
au Sud-Ouest et dans le Haut-Atlas. Cette langue était exclusivement
réservée au domaine familial ou informel entre pairs du même
groupe. Près de 50% (Boukous, 1995) de la population marocaine est
amazighophone, parmi lesquels trois quarts sont bilingues amazighe-
arabe marocain (Youssi, 1989). Ce bilinguisme, conditionné par des
facteurs socio-économiques, n’est parfois que transitionnel chez les
jeunes citadins amazighophones, dont le bilinguisme arabe-
amazighe débouche souvent sur un monolinguisme au profit de
l’arabe dialectal. Ceci marginalise encore davantage l'amazighe qui
jouit d’un statut plutôt médiocre même au sein de la communauté
dont il relève (Boukous, 1981, 1995 ; Gravel, 1979).
10

Toutes ces langues sont, sinon réellement, du moins virtuellement


présentes dans l’univers socioculturel du Marocain. Depuis peu,
exactement depuis le 17 octobre 2001, un changement lié au statut de
la langue amazighe a eu lieu.

1.2. Statut de la langue amazighe


Au Maroc, le processus de légitimation des langues «maternelles»
et plus particulièrement de l'amazighe a débuté véritablement en
1994 avec le Discours Royal du 20 août. Le Roi Hassan II y déclare, en
effet, qu’il convient d’envisager l’introduction dans les programmes
scolaires de l’apprentissage des dialectes. Suite à ces premières
directives royales, la Charte Nationale d’Education et Formation,
élaborée en octobre 1999 dans le cadre de la réforme de l’enseignement
et validée par le Roi Mohammed VI, a intégré, parmi les 19 leviers qui
2
sont autant de propositions du changement, le levier 9 (§ 115 et § 116)
relatif à l’introduction de la langue amazighe (berbère) dans
l’enseignement. Mais c’est avec le Discours Royal d’Ajdir
(Khénifra) du 17 octobre 2001 que la légitimation de la langue
amazighe est officialisée puisqu’il institue, par un dahir, la création
et l’organisation de l’Institut Royal de la Culture Amazighe,
concrétisant par là l’annonce de sa fondation par le Roi Mohammed

2 - Levier formulé comme suit : «Levier 9 : Perfectionner l’enseignement et


l’utilisation de la langue arabe, maîtriser les langues étrangères et s’ouvrir sur le
Tamazight (…).
115. Les autorités pédagogiques régionales pourront, dans le cadre de la proportion
curriculaire laissée à leur initiative, choisir l'utilisation de la langue amazighe ou tout
dialecte local dans le but de faciliter l'apprentissage de la langue officielle au
préscolaire et au premier cycle de l'école primaire.
Les autorités nationales d'éducation-formation mettront progressivement et autant
que faire se peut, à la disposition des régions l'appui nécessaire en éducateurs,
enseignants et supports didactiques.
116. Il sera créé, auprès de certaines universités à partir de la rentrée universitaire
2000-2001, des structures de recherche et de développement linguistique et culturel
Amazigh, ainsi que de formation des formateurs et de développement des
programmes et curricula scolaires. » (extrait de la Charte Nationale d’Education et de
Formation – octobre 1999).
11

VI lors du Discours du Trône du 30 juillet 2001. Cette institution est


«chargée de sauvegarder, de promouvoir et de renforcer la place de notre
culture amazighe dans l'espace éducatif, socioculturel et médiatique national
ainsi que dans la gestion des affaires locales et régionales (…)» (motif 8 du
dahir). L’insertion de l’enseignement de la langue amazighe en
septembre 2003 dans le système éducatif marocain fait suite à ces
directives.
Cette nouvelle donne appelle donc à une intervention sur la
langue afin de l'aménager et d'assurer son introduction dans le
domaine public notamment dans l'enseignement, l'administration
et les mass media. Cet aménagement porte sur tous les niveaux de
la langue comme le montrent les chapitres suivants.
13

2. Phonétique/Phonologie de l’Amazighe
Standard

L’introduction de l’enseignement de la langue amazighe dans le


système éducatif marocain implique le choix d’une langue
standard commune à enseigner. La langue amazighe existant sous
forme de dialectes répartis en plusieurs parlers, son aménagement
devient une nécessité urgente. Cette tâche est du ressort du Centre
de l’Aménagement Linguistique (CAL) relevant de l’IRCAM.
L’aménagement linguistique de l’amazighe passe impérativement
par la mise en place d’un système graphique supradialectal qui
permette de neutraliser, sur le plan de l’écrit, certaines réalisations
phonétiques non pertinentes entre les trois zones et, au sein d’un
même dialecte, entre les différents parlers. Etant entendu qu’une
norme graphique ne présuppose nullement l’éradication des
variétés régionales.
Le système graphique de l’amazighe standard proposé par
l’IRCAM3 est à tendance phonologique, en ce sens qu’il ne retient
pas toutes les réalisations phonétiques produites, mais uniquement
celles qui sont fonctionnelles4 .

Seront présentés dans ce chapitre, d’un côté les phonèmes


constituant le système graphique de l’amazighe standard ainsi que

3- Cf. Tableau page suivante.


4- Fonctionnel en phonologie signifie une opposition permettant de distinguer
deux sens différents comme : imnsi «dîner» / imndi «céréales». Le fait de
remplacer dans le premier mot /s/ par /n/ a entraîné une différence de sens. Par
contre, que l’on prononce argaz ou aryaz cela n’a aucune incidence sur
l’intelligibilité du mot ; donc la différence n’est pas fonctionnelle (elle est non
distinctive).
14

Tifinaghe - IRCAM
iSKKiln n tfinaV1
Alphabet tifinaghe ÆÉæ«Ø«J ájóéHCG

1- Tableau officiel de l’alphabet tifinaghe tel qu’il est préconisé par le Centre de
l’Aménagement Linguistique (CAL) et consacré par l’RCAM.
15

les unités non retenues par le système, de l’autre les processus


phonétiques (et leur traitement au niveau graphique) qui opèrent à
l’intérieur d’un mot ou au niveau de la jonction des mots.

2.1. Unités segmentales


Seront exposés successivement l’inventaire des phonèmes de
l’amazighe standard, les critères qui ont présidé à l’établissement
du système graphique et les unités non retenues.
2.1.1. Inventaire des phonèmes de l'amazighe standard
Le système graphique proposé comporte :

• 27 consonnes dont : les labiales (f, b, m), les dentales (t, d, ï


^^^^^ ,
ä, n, r, ë, l ), les alvéolaires (s, z, ã, ç), les palatales (c, j),
les vélaires (k, g), les labiovélaires (æ, å), les uvulaires (q, x,
v), les pharyngales (p, o) et la laryngale (h);
• 2 semi-consonnes : y et w ;
• 4 voyelles : trois voyelles pleines a, I, u et la voyelle neutre
(ou schwa) e qui a un statut assez particulier en phonologie
amazighe.
Cette classification des phonèmes de l’amazighe standard peut
être synthétisée comme suit :
16

Tableau 1 : Tableau phonologique des consonnes de l’amazighe


standard

Lieu d’articulation

Labiovélaires
Alvéolaires

Pharyngales
Uvulaires
Palatales
Labiales

Vélaires
Dentales

Laryngale
Mode d’articulation

Non Sourdes t k æ q
emphatiques Sonores b d g å
Occlusives
Sourdes ï
emphatiques
Sonores ä
Non Sourdes f s c x p h
emphatiques Sonores z J v o
Constrictives
Sourdes ã
emphatiques
Sonores ç
Nasales m n
Non emphatiques r
Vibrantes
emphatiques ë
Latérale l
Semi-consonnes w y

Remarque 1 : la gémination (ou tension) concerne toutes les consonnes;


elle est rendue, au niveau de l’écrit, par le dédoublement du graphème.
Pour les labiovélaires géminées, seul le deuxième graphème porte
l'indice de la labiovélarisation (kæ et gå).
17

Tableau 2 : Le système vocalique de l’amazighe standard

Lieu d'articulation
Degré Antérieures Postérieures
d'aperture
I u
Aperture minimale
e

Aperture maximale
a

Remarque 2 : un schwa prononcé ne sera noté que dans deux cas :


• dans des suites de plus de deux consonnes identiques
(tettr "elle a demandé") ;
• dans les radicaux verbaux se terminant par deux
consonnes identiques (mlel "être blanc").
2.1.2. Critères retenus dans l'élaboration de l'alphabet
Les phonèmes constituant l'alphabet de l'amazighe ont été
choisis à partir d'une analyse phonologique sur la base des critères
suivants :
• L'univocité du signe : un graphème pour un son et un son
pour un graphème.
• L'extension géographique : une particuliarité phonétique très
localisée ne peut pas être retenue dans le système graphique.
• Le rendement fonctionnel : si elle est isolée et peu
productive, une opposition de deux phonèmes ne peut
prétendre à un statut phonologique, elle relèvera de la
variation régionale.
• La neutralisation de la variation linguistique de surface :
toutes les différences phonétiques superficielles (et n’ayant
18

donc pas d’incidence sur l’intercompréhension entre les


usagers de la langue) ne seront pas prises en compte par
le système graphique. Par contre, différentes latitudes de
réalisation restent possibles au niveau du code oral.
2.1.3. Les unités phoniques non retenues
Dans le but de la standardisation graphique, certaines unités
phoniques qui sont soit des variantes régionales, soit des unités
non distinctives, soit des unités phonématiques peu productives ne
sont pas retenues dans le système.
2.1.3.1. Les spirantes
Le spirantisme caractérise les parlers du centre, du nord et même
certains parlers du sud. Il concerne les occlusives à savoir la bilabiale
b, les dentales t, d et ä ainsi que les vélaires k et g. Ce sont des
variantes régionales libres dans la mesure où la commutation d'une
occlusive et d'une constrictive (spirante) n'a aucune incidence sur le
signifié (sens du mot).
Exemples :
[abrid, tamγart, akr, agmar] s'écriront respectivement :
(1) abrid "chemin"
(2) tamvart "femme"
(3) akr "dérober"
(4) agmar "cheval"
La seule opposition pertinente entre occlusive et spirante est de
type morpho-phonologique, il s’agit du pronom personnel objet
direct de la 3ème personne du singulier en tarifite et en tamazighte
où s'opposent les morphèmes du féminin t et du masculin t .
19

Exemple :
gix t "je l'ai mise/faite" vs gix t "je l'ai mis/fait"
Cette opposition morphologique est rendue dans la graphie par
t (occlusive simple) pour le masculin et tt (occlusive géminée)
pour le féminin.
Nous écrirons, par conséquent :
(5) gix t (masculin) et gix tt (féminin)
2.1.3.2. Les emphatiques

D'un point de vue articulatoire, l'emphase5 est la rétraction de la


masse de la langue vers l'arrière de la cavité bucco-pharyngale. Il
faut distinguer les emphatiques de base des variantes contextuelles
(les emphatisées)6 .

Le système alphabétique proposé retient les emphatiques ï, ä,


ë, ã et ç.
Exemples :
(6) ançaë "la pluie"
(7) iãiä "la rage"
(8) awïïuf "la fourmi"
2.1.3.3. Les labiovélaires
On entend par labiovélarisation la combinaison d'une articulation
arrière avec un arrondissement labial. Les labiovélaires inventoriées
en amazighe (toutes régions confondues) sont : kw, gw, xw, γw et qw.
Seuls les phonèmes kw et gw, attestés dans la plupart des parlers
marocains, sont pris en considération.
5 - Les emphatiques = n áªîØŸG ±hô◊G
6 - Pour les emphatisées, voir le point 2.
20

Exemple :
(9) rggl "fermer" / rg^ål "courir" (Inaccompli)
2.1.3.4. Les affriquées
On appelle affriquées des articulations complexes qui combinent
une occlusion et une constriction telles [tc], [dj]. Les affriquées
peuvent être le résultat d'une mutation phonétique comme c'est le
cas en tarifite :
Exemples :
(10) ll →[dj ] : tamllalt "oeuf" → [tamdjatc]
illi "ma fille" → [idji]
(9) lt → [tc] : tavyult "ânesse" → [taγyutc]
Les autres affriquées de base seront notées par des digraphes :
adjaë (adjar. “voisin”), apdjam (ahdjam
. “tatouage”).
2.1.3.5. Les sibilantes
On appelle sibilance la transformation phonétique de t en [s] et
de d en [z].
Exemples :
(10) tasa "foie" → [sasa]
(11) afud "genou" → [afuz]
En référence au critère de la neutralisation de la variation de
surface, et compte tenu de l'extrême localisation du phénomène,
les formes occlusives seront restituées et les deux mots s'écriront
respectivement tasa et afud.
21

2.1.3.6. Les liquides


La latérale l peut, dans certaines régions, dont le Rif et
certaines régions du centre, se transformer en vibrante apicale [r].
Exemple :
(12) ils "langue" → [irs]
(13) awal "parole" → [awar]
(14) uluf "divorce " → [uruf]
Comme dans les cas précédents, la réalisation phonétique [r] ne
sera pas retenue et on rétablira la forme de base qui est d'ailleurs
"pan-amazighe".
La latérale l peut aussi se réaliser [j] comme c’est le cas dans la
région d’Azrou ([ajim], [ajmu]), mais au niveau de l’écriture, on
rétablira la latérale de base et on écrira alors :
(15) alim "paille" → [ajim]
(16) almu "pré, prairie" → [ajmu]

2.2. Les processus phonétiques


A l’intérieur d’un monème, les unités segmentales s’influencent et,
à un niveau supérieur, les phonèmes appartenant à des monèmes
différents se retrouvent en contact et subissent ainsi certaines
altérations. Les réalisations phonétiques qui résultent de ces altérations
ne seront pas rendues au niveau graphique où sera restituée la forme
de base qui a l’avantage de garantir une certaine transparence
morphologique et syntaxique. Les processus inventoriés concernent la
propagation de l’emphase, les assimilations de lieu et mode
d’articulation et le contact des voyelles.
22

2.2.1. A l’intérieur d’un mot


Les segments constituant un mot peuvent s’influencer. On parle
alors d’assimilation. Phonétiquement, il s'agit d'un processus par
lequel deux segments contigus s'influencent mutuellement.
2.2.1.1. La propagation de l’emphase
"L’emphase fait tâche d’huile", ainsi dans une suite segmentale, un
phonème emphatique va contaminer les segments qui lui sont
adjacents et qui vont, à leur tour, se réaliser emphatisés. Au niveau de
la transcription, on retient (par convention) l’option maximaliste qui
consiste à noter, dans un mot, toutes les emphatiques potentielles
qu’elles soient emphatiques de base ou emphatisées. Autrement dit,
à chaque fois qu’il y a une emphatique de base, on notera aussi les
autres emphatisées (contenues dans le système).
On écrira alors :
(17) açëu "pierre"
(18) ançaë "pluie"

2.2.1.2. Assimilation de voisement ou de dévoisement


On écrira :
(19) tzri "elle est passée" ; "elle est tordue, tressée"
même si phonétiquement on entend [dzri].
Cette notation a l’avantage de laisser transparaître la racine zry
et l’indice de personne t. La réalisation [d] n’étant que le résultat
d’une assimilation de voisement sous l’influence de z qui est voisé.
De même, on notera :
(20) tamzdavt "habitante"
23

sachant que dans la réalisation phonétique, on peut entendre


[tamzdaxt]. Une telle transcription permet de retrouver la racine
zdγ et le morphème discontinu du féminin t...t. Le [x] de [tamzdaxt]
provient d’une assimilation de dévoisement sous l’influence du
segment t qui lui est contigu et qui est non voisé.

2.2.1.3. Assimilation de lieu d’articulation


Dans l’exemple suivant, on écrira :
(21) tammemt "le miel"
quoique l’on réalise phonétiquement [tammnt] ; ce qui nous permet
de retrouver le verbe imim "être sucré" et le morphème du féminin t...t.
Le changement de m en [n] est dû à une assimilation de lieu
d’articulation : sous l’influence de t qui est une dentale, la nasale
bilabiale m se réalise en nasale dentale [n], c’est-à-dire qu’elle acquiert
le même lieu d’articulation que t. D’un point de vue articulatoire, il est
plus facile, (la loi du moindre effort) de produire une suite de deux
consonnes de même lieu d’articulation, ici deux dentales que deux
segments de lieux d’articulation différents.
On peut remarquer le même phénomène dans l’exemple suivant :
(22) tavyult "l'ânesse"
est la forme graphique qui correspond à plusieurs réalisations
possibles : [taγyull] (tamazighte), [taγyutc] (tarifite). La forme écrite
retenue a la priorité sur les autres de par sa transparence
morphologique; elle aura aussi le mérite de faciliter le processus de
l’enseignement / apprentissage de la langue.

2.2.1.4. Le cas particulier de l’allongement compensatoire


L'allongement vocalique est une spécificité des parlers rifains, il
peut être de nature compensatoire (et par conséquent phonétique)
puisqu'il est le résultat de l'effacement de la vibrante r (r). Celle-ci
24

n'est maintenue que lorsqu'elle est suivie d'une voyelle ou lorqu'elle


est géminée.
(23) iäaën "les pieds" est la forme graphique qui correspond à la
réalisation [ida:n]
. avec effacement de r et allongement
compensatoire ;
(24) amvar "le chef, le sage, le beau-père" est la graphie
correspondant à la prononciation [amγa:] ;
(25) tammurt "la terre, le pays" correspond à la réalisation
phonétique [tammwa:t ].
Dans la graphie, on ne prend pas en considération la quantité
vocalique (l’allongement) et l’on restitue le r qui est dans la forme
sous-jacente (de base) du mot.

2.2.2. Aux frontières des mots


Les processus phonétiques (cités plus haut), concernant le mot
isolé, sont valables aussi au niveau des jonctions monématiques.
Ainsi, entre un mot et celui qui le suit ou le précède, s’opèrent aussi
des assimilations de lieu et de mode d’articulation que la graphie
ne va pas prendre en charge dans le but de restituer toujours les
formes de base capables de prédire les réalisations phonétiques
effectives. Les exemples suivants illustrent ces phénomènes.
On écrira :
(26) ad nmun "nous partirons ensemble" même si on réalise
[annmun]7.

L’orthographe ad nmun permet de mettre en évidence la particule


préverbale ad, le verbe mun et l’indice de personne n.

7 - Il s’agit là d’une assimilation de mode d’articulation. La dentale orale d se


réalise en dentale nasale [n] sous l’influence de la nasale du mot suivant.
25

On notera aussi :
(27) yan n wass "un jour" pour la réalisation [yawwass], ce qui
permet de retrouver les différents constituants : le numéral yan
"un", la préposition n "de" et wass "jour" (à l’état d'annexion).
De même, on écrira :
(28) tzdv vas nttat "elle habite toute seule" pour la réalisation
phonétique suivante [dzdqqasnttat] (réalisation potentielle dans
certaines régions du Maroc Central).
La même procédure est valable dans le cas de la rencontre des
voyelles où la forme de base est maintenue (telle qu'elle est dans sa
forme isolée) indépendamment des réalisations phonétiques possibles.
On écrira :
(29) inna izlan "il a dit des poèmes" en sachant qu’à l’oral on
réalise [inna yzlan] ;
(30) idda urgaz " l’homme est parti" au lieu de [idda wrgaz] et
(31) inna as "il lui a dit" quelle que soit la prononciation : [innas],
[innayas] ou [innays].
Après le vocatif a (“ô”), un nom commençant par une voyelle
sera écrit à l’état libre même si, à l’oral, on insère un y de rupture
d’hiatus :
(32) a argaz "ô, l’homme !" au lieu de [a y argaz]
(33) a issi "ô, mes filles !" au lieu de [a y issi]
Ainsi dans tous les cas d’assimilation qui viennent d’être
énumérés, on restitue, sur le plan phonologique (et graphique), la
forme de base qui assure la transparence morphonologique du mot
graphique. Autrement dit, cette approche permet de mettre en
26

évidence les structures syntactico-morphonologiques sur le plan


de l’écrit du système linguistique de l’amazighe.
Le système graphique proposé par l’IRCAM est à tendance
phonologique en ce sens que certaines variantes régionales ne sont
pas prises en considération au niveau de l’écrit. Il ne représente
aucun dialecte en particulier mais se veut un dénominateur
commun à tous les idiomes amazighes marocains. Cette stratégie a
l’avantage de réduire les divergences entre les parlers afin de
contribuer à l’implantation d’une norme graphique.
27

3. Présentation de l'alphabet tifinaghe

3.1. Généralités
La langue amazighe possède sa propre écriture depuis l’Antiquité.
Cette écriture est de nature alphabétique consonantique. Elle est
encore utilisée de nos jours chez les Amazighes des zones sahariennes
- les Touarègues - qui l´appellent «tifinaghe». C´est dans cet alphabet
que sont rédigées les inscriptions anciennes dites «libyco-berbères»
relevées partout en Afrique du Nord et au Sahel, de la Méditerranée
au sud du Niger et des Iles Canaries à la frontière ouest de l’Egypte.
L’aire d´extension des inscriptions libyco-amazighes coïncide avec
l´aire d´extension historique de la langue amazighe. Certaines de ces
inscriptions sont bilingues, amazighe - punique ou amazighe - latin,
mais la majorité est monolingue amazighe.
Depuis la fin des années soixante, plusieurs variantes du néo-
tifinaghe ont été développées à partir des inscriptions anciennes et de
l'écriture tifinaghe touarègue actuelle. L’objectif du développement
de ce néo-tifinaghe est de fournir à la langue amazighe un système
alphabétique standard plus adéquat et utilisable pour tous les parlers
amazighes actuels.
Deux termes reviennent régulièrement dans la littérature sur
l'écriture amazighe : tifinaghe et libyque. Il arrive qu'ils soient utilisés
comme synonymes. Le libyque-tifinaghe a plusieurs variantes qui se
caractérisent par le nombre de leurs lettres, les valeurs phonétiques
différentes de certaines lettres et par leur répartition géographique :
la variante orientale en Tunisie et au nord-est algérien, la variante
occidentale au Maroc et à l’ouest algérien et la variante saharienne au
sud de l’Algérie, en Libye, au Mali et au Niger.
28

Le terme générique «libyque» ou « tifinaghe » recouvrirait donc


un alphabet ayant les mêmes caractéristiques d’un bout à l’autre
du vaste domaine qu’il couvre, caractéristiques qui se résument
comme suit :
• L’écriture libyque-tifinaghe est essentiellement
consonantique. Les semi-voyelles (y, w) sont notées
contrairement aux voyelles que seul un point ou un tiret
représente parfois à la fin de certains mots.
• Les signes sont nettement séparés dans les écritures
antiques qui ignorent les associations et les ligatures.
Celles-ci se trouvent en tifinaghe saharien récent où les
associations avec le n- initial et le -t final des mots donnent
une vingtaine de ligatures d’après Prasse (1972).

3. 2. Variantes de tifinaghes
Il existe plusieurs variantes de l’alphabet tifinaghe : trois
variantes anciennes (le libyque oriental, le libyque occidental et le
tifinaghe saharien ancien) et plusieurs variantes modernes.
Des trois variantes de l’écriture libyque-tifinaghe l’orientale,
l’occidentale et la saharienne, seule la variante saharienne présente
une continuité dans le temps. Elle est encore utilisée de nos jours
par les Touarègues sous sa forme actuelle et ses usagers l’appellent
«tifinaghe». Les deux autres variantes, l’orientale et l’occidentale, qui
ne sont évoquées dans la littérature que pour des raisons
historiques, se sont éteintes en tant que systèmes d’écriture, mais
elles continuent à être utilisées dans les arts décoratifs traditionnels
comme la tapisserie, le tatouage, la bijouterie, l'architecture et le
travail du bois.
Le néo-tifinaghe désigne surtout la variante de tifinaghe
développée, à la fin des années soixante, par l'Académie Berbère
(Agraw Imazighen, AI) sur la base des variantes touarègues. Il est
29

largement diffusé au Maroc et en Algérie (Kabylie). Le néo-tifinaghe


englobe également quelques variantes venues développer ou
corriger certaines imperfections de l'alphabet de l'Académie Berbère.
C'est le cas des variantes de Tamazgha (Tam), Afus deg Wfus (FF),
Arabia Ware Benelux (Awb).
Ces variantes du néo-tifinaghe appellent les remarques
suivantes :
1. elles ont toutes intégré des lettres pour noter les quatre
voyelles de l’amazighe et ce pour pallier les insuffisances
et les difficultés de lecture que présente l’ancien système
d’écriture. Mais, si la voyelle I «yi» est la même partout, la
morphologie des voyelles «ya», «yu» et «yey» présente
des différences. Dans certains cas, ces voyelles sont notées
par de simples points sur la ligne de l’écriture ou décalées
(principalement la lettre "ya") verticalement au centre de
l’axe de l’écriture (i.e. . , ⋅ , : , ÷). Dans d’autres cas, ces
voyelles prennent la forme de rondelles afin de les
distinguer des signes de ponctuation ou du symbole
mathématique de la division (i. e. a / a , e, u);
2. elles ont toutes puisé, à des degrés différents, dans le fonds
historique du tifinaghe. Ainsi, la variante de l’AI et par la
suite celles de FF et de Awb, pour ne citer que les plus
connues, n’ont retenu du fonds historique que les lettres
suivantes, abstraction faite de la rotation de certaines
d’entre elles dans les anciennes variantes : z /z "yaz"; r
"yar"; t "yat"; m "yam"; s "yas"; r "yac"; h/ b "yab"; f ou
m W
uniquement (par troncation) "yaf"; d/ "yad"; ä "yad"; .
ï "yat",
. nn /l "yal" ; n "yan" ; g "yag".
3. Les autres lettres ont connu un aménagement partiel ou
total. Dans la première catégorie des lettres, celles qui ont
reçu un aménagement partiel, nous signalons la
30

réinterprétation des semi-consonnes. Les symboles qui


indiquaient les semi-consonnes ont pris la valeur des
voyelles. Ainsi : qui rendait /w/, rend dans plusieurs
variantes du néo-tifinaghe la voyelle /u/, et i qui notait
/y/, rend actuellement la voyelle /i/. La voyelle ÷ [e],
notée parfois %, est obtenue par adjonction d’un trait à la
voyelle : /u/. Dans la deuxième catégorie qui a été
complètement inventée, il y a les unités suivantes : k
W
"yak"; q "yaq" ; v "yaγ" ; x "yax" ; ã"yas";
. w "yaw" ; "yay";
∩ "yaε"; ∅ /Φ
. Φ / H /P"yah".

De toutes les variantes du néo-tifinaghe, seule la variante


Tamazgha est restée plus proche du. tifinaghe saharien. Elle a gardé
des lettres punctiformes (i.e . :: et .. , respectivement pour «yax» et
«yaγ»), des lettres rectilinéaires qui caractérisent surtout l'ancien
libyque (i.e. = , , , − − , ≡ et # respectivement pour «yaw», «yak»,

«yas. » , «yah», « yaq » et « yaz. »).


4. Certaines variantes proposent des lettres particulières pour
noter les réalisations phonétiques de certains phonèmes.
K
Il s’agit surtout des spirante / ("yak" par rotation de k
g
"yak"), P/ ("yag" par troncation de g "yag"), x/ x ("yat",
d
attesté en libyque ancien par rotation de t "yat"), /d ("ya
"par rotation de d "yad"), ∆/ b ("yaß" et "yav", lettre
inventée). Elles prévoient également la lettre pour noter
«yap».

5. Elles notent les affriquées à l'aide de lettres spécifiques : c


+

et g pour "yatc" et "yadj".


6. Elles notent quelques emphatiques à l'aide des anciennes
lettres ï et Ä pour "yat" . et "yad",
. ou de lettres créées
comme ã pour "yas" . par l'ajout d'un tiret à la lettre de
base s "yas", ou encore par une réinterprétation
phonétique d'une lettre saharienne : X "yaz" (cette lettre
rend « yaz. » dans certaines variantes sahariennes).
31

7. Elles notent la gémination (tension) à l’aide généralement


^
d’un accent circonflexe «^» superscrit à la lettre (i.e. G
«gg»), ou du redoublement de la lettre (i. e. «gg»).
8. Certaines lettres sont composées de deux parties
discontinues : ][ et nn pour « f » et « l ». Seule la variante Arabia
Ware Benelux utilise une barre horizontale pour lier au
centre les deux parties de ces lettres (i. e. f et l).
9. Certaines lettres présentent la même configuration
morphologique que des signes ayant une valeur logique en
mathématiques (i. e. Ø le signe de l'ensemble vide pour
noter "yah", le signe % du pourcentage pour noter "yey", Σ
le sigma pour noter "yi") ou des signes de ponctuation
(point, trois points de suspension, deux points d’explication).
Partant de cet héritage aussi bien ancien que moderne et
contemporain de l’alphabet tifinaghe, l’Institut Royal de la Culture
Amazighe a développé un système Tifinaghe-Ircam (Alphabet
Tifinaghe-Ircam) ayant pour objectif la normalisation de la graphie tout
en s’inscrivant dans la continuité historique de l’alphabet tifinaghe.
Pour atteindre cet objectif, il a été procédé à une analyse des données
linguistiques et des variantes graphiques existantes de l’amazighe.

3.3. Tifinaghe-IRCAM
Comme il a été vu précédemment, plusieurs variantes de l'alphabet
amazighe existent depuis l'Antiquité, avec des ressemblances et des
dissemblances. Les variantes modernes du néo-tifinaghe constituent
un développement, voire une amélioration, et une adaptation des
variantes anciennes aux spécificités phonétiques des variétés
linguistiques de l'amazighe.
Fixer une norme graphique de l'amazighe passe nécessairement
par le choix d'un alphabet tifinaghe qui doit répondre à un double
objectif :
32

a. Le maintien d'un lien solidaire avec les différentes variantes


de l’alphabet tifinaghe actuel, d'où la nécessité de puiser
dans le fonds des graphèmes disponibles dans les différentes
variantes et de considérer la création de nouveaux symboles
comme un dernier recours.
b. L'adaptation du nouvel alphabet aux structures de
l’amazighe standard, requérant parfois l'introduction de
quelques modifications.
Pour répondre à cet objectif, il est tenu compte de quatre principes :
l'historicité, la simplicité, l'univocité du signe et l’économie.
Pour dresser la liste des caractères composant l'alphabet Tifinaghe-
Ircam, les différentes variantes, des plus anciennes aux modernes, ont
été comparées. En plus des principes signalés ci-dessus, d'autres
paramètres ont été pris en compte dans le choix des caractères. Il s'agit
de la fréquence des graphèmes dans les différentes variantes du
libyque-tifinaghe, de leur simplicité au niveau de l'écriture manuelle
(facilité psycho-motrice), de l'esthétique des symboles et de la
cohérence d'ensemble du système d'écriture proposé.
C'est ainsi que les caractères communs et les plus fréquemment
employés pour traduire/noter les sons de l'amazighe ont été
retenus sans hésitation. Pour d'autres, des modifications ont été
introduites. Quant à la création de nouveaux symboles, elle a été
évitée autant que possible sauf en cas de nécessité.
Historiquement, l’amazighe des anciennes inscriptions s’écrivait
horizontalement de gauche à droite ou de droite à gauche, ou bien
verticalement de bas en haut ou de haut en bas. L’orientation la plus
souvent adoptée pour l’écriture amazighe moderne est horizontale de
gauche à droite, et c’est l’orientation adoptée pour le Tifinaghe-Ircam.
Les signes de ponctuation utilisés sont les signes conventionnels
qu’on retrouve dans les langues qui ont la même orientation
33

comme le français, l’anglais ou l’espagnol (i.e. . / , / ; / : / ? / ! /


… / ( ) / etc.).
L’écriture amazighe moderne use également de tous les chiffres
simples et composés (i. e. 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, etc.) et de tous les
signes logiques conventionnels (i. e. +, -, =, x, ÷, %, ∅, α, β, γ, Σ, π , etc.).
L’IRCAM a retenu l’appellation en CVC pour sa valeur, bien
que la structure aCa (où C = consonne) soit connue au Maroc pour
épeler une seule lettre, en l’occurrence aza
. ([z]
. emphatique).
L’ordre alphabétique a dans les langues aménagées un intérêt
pédagogique dans le domaine de l’enseignement / apprentissage, et un
intérêt pratique de part son utilité dans le domaine de la lexicographie
(confection et consultation des dictionnaires). La standardisation de
l’ordre alphabétique fait donc partie de l’aménagement de la langue.
Dans le but pédagogique de permettre un certain degré de
transférabilité des potentialités mnémoniques chez l’apprenant
marocain, qui envisage deux autres systèmes alphabétiques,
l’alphabet latin et l’alphabet arabe, il a été convenu d’aligner, dans la
mesure des possibilités offertes, le fonds alphabétique Tifinaghe-Ircam
sur l’ordre méditerranéen sémitico-gréco-latin à base phénicienne,
devenu classique et universel (i. e. a, b, c, d, [...] k, l, m, n, etc.).
Les phonèmes qui font la particularité de l’amazighe, tels que les
labiovélaires par exemple, sont insérés dans les endroits convenables
par rapport à cet ordre de base. Ils sont mis juste après les phonèmes
avec qui ils ne diffèrent que par un trait d’articulation secondaire :
g/gw ; k/kw ; t/t. ; d/d. ; z/z. ; s/s. ; r/r. .
Pour récapituler, nous présentons ci-dessous, la liste de l’alphabet
Tifinaghe-Ircam indiquant respectivement l’épellation de chaque
caractère, sa valeur phonétique et son origine. Cet alphabet ne comporte
pas de majuscule.
34

Tableau 3 : Alphabet Tifinaghe-Ircam

Valeur Tifinaghe-
Epellation phonétique Origine du caractère
Ircam
ya a A FF
yab b B Libyque et tamazgha
yag g G Libyque
Innovation par l’ajout de
yagw gw å l’appendice “w“ «yaw» à g
«yag»
yad d d Toutes les variantes
yad. d. ä Toutes les variantes
yey ∂ e FF, Awb
yaf f f Awb
yak k k AB, FF, Awb, etc.
Innovation par l’ajout de
yakw kw æ l’appendice “w” «yaw» à
k «yag»
Innovation par
yah h h
simplification de la barre.
yah h p Ab, FF, Awb, etc.
Innovation par rotation
yaε ε (´ ) O de v «yaγ»
yax x x Ab, FF, Awb, etc.
yaq q q Ab, FF, Awb, etc.
yi i i Ab, FF, Awb, etc.
35

Valeur Tifinaghe-
Epellation phonétique Origine du caractère
^ Ircam
yaj Z (z) j Toutes les variantes
yal l l Awb
yam m m Toutes les variantes
yan n n Toutes les variantes
yu u u FF, Awb
yar r r Toutes les variantes
Innovation par l’ajout
yar. r. ë
d’un trait à r «yar»
yaγ γ v Ab, FF, Awb
yas s s Ab, FF, Awb
yas. s. Ã Ab, FF, Awb
^ Toutes les variantes
yac ∫(s) c
modernes
Toutes les variantes
yat t t
(notées parfois X)
yat. t. ï Toutes les variantes
yaw w w Ab, FF, Awb
yay y y libyque
yaz z z Saharien et néo-tifinaghe
Innovation par l’ajout
yaz. z. Ç d’un trait à z «yaz»
36
37

4. Règles orthographiques de l’amazighe

Le système orthographique préconisé par l'IRCAM est élaboré à


partir d'un ensemble de règles et de principes exposés ci-dessous.
Ces règles et principes ont fondamentalement trait à l'identification
du mot graphique et à la segmentation de la chaîne parlée.
La segmentation consiste à découper la chaîne parlée en mots
graphiques.

4.1. Définition du mot graphique


Un mot graphique est une séquence de lettres, éventuellement une
seule lettre, délimitée par deux blancs. Les groupements constituant
un mot graphique en amazighe standard sont :
◗ le substantif avec ses marques de genre, de nombre et d’état ;
◗ l'adjectif avec ses marques de genre, de nombre et d’état ;
◗ le verbe avec ses morphèmes dérivationnels (causatif, réciproque
et passif), ses marques d’aspect (préfixées ou infixées), et ses
marques d’accord (genre, nombre et personne) ;
◗ le participe avec ses morphèmes dérivationnels (causatif,
réciproque et passif), ses marques d’aspect (préfixées ou
infixées), et ses marques d’accord (genre ou nombre) ;
◗ les adverbes ;
◗ les pronoms objets direct et indirect ;
◗ les pronoms autonomes ;
◗ les démonstratifs de proximité, d'éloignement et d'absence ;
◗ les prépositions ;
38

◗ tout syntagme prépositionnel où le régime de la préposition


est pronominal ;
◗ les conjonctions ;
◗ les interrogatifs ;
◗ les préverbes de négation et d’aspect ;
◗ les particules d’orientation ;
◗ la particule prédicative ;
◗ les vocatifs ;
◗ les présentatifs ;
◗ tout bloc lexicalisé sur la base de l’adjectiveur bu, mmu ;
◗ tout bloc qui consiste en un quantificateur et son complément.

4.2. Les règles retenues


4.2.1. Règles d’écriture du substantif (nom)
a- Le substantif s’écrit toujours en un seul mot entre deux
blancs avec ses marques obligatoires de genre (masculin /
féminin), de nombre (singulier / pluriel) et d’état (libre
(EL) ou d’annexion (EA)).
Exemples :
(1) amzdav / tamzdavt "habitant" / "habitante"
amzdav / imzdavn "habitant" / "habitants"
amzdav / umzdav "habitant (EL)" / "habitant (EA.)"
b- Le substantif est séparé des éléments grammaticaux qui le
déterminent par un blanc.
Exemples :
(2) argaz a "cet homme-ci"
39

argaz ann "cet homme-là"


axxam nns "sa maison"
argaz nni / lli / nna "l’homme en question"
c- Les noms de parenté forment une classe spéciale. Ils sont
obligatoirement déterminés par un possessif avec lequel
ils forment une seule entité sauf pour la 1ère personne où le
possessif réfère implicitement à l'énonciateur.
Exemples :
(3) Baba "mon père"
Babak "ton père (à toi masc.)"
Babam "ton père (à toi fém.)"
Babas "son père"
Babatnv "notre père"
Babatun / wm "votre père"
Babatunt / wnt "votre père" (fém.)
Babatsn "leur père (à eux)"
Babatsnt "leur père (à elles)"
Les noms de parenté peuvent être étoffés par des pronoms
prépositionnels pour marquer l'emphase.
Exemples :
(4) baba inu "mon père à moi"
babak nnk / ink "ton père à toi (masc.)"
babam nnm / inm "ton père à toi (fém.)"
babas nns / ins "son père à elle / à lui"
4.2.2. Règles d’écriture du verbe
a- Le verbe forme un seul mot graphique avec ses marques
obligatoires (indices de personnes, marques d’aspect et
morphèmes dérivationnels [causatif, réciproque, passif]).
40

Exemples :
(5) ddiv "Je suis allé"
ddan "Ils sont allés"
ssufv "Fais sortir"
izdv "Il habite"

L’indice de la 3e personne du singulier s’écrit "y" quand le verbe


est à initiale vocalique.
Exemples :
(6) i + um^ç → yumç "Il a attrapé"
i + aäfuä → yaäfuä "Il est délicieux"
i + iwi → yiwi "Il a emporté"
b- Le verbe est séparé par un blanc :
◗ de ses compléments pronominaux (antéposés ou postposés) :
Exemples :
(7) ad tn yawi "Il les emportera"
awi tn "Emporte-les"

◗ de l'une des particules suivantes :


- les particules d’orientation
(8) awi d "Apporte (vers ici)"
awi nn "Emporte (vers là-bas)"
Remarque : la même règle est adoptée lorsque le verbe est suivi
de plusieurs compléments et / ou de la particule d'orientation.
Exemples :
(9) iwin as t id "Ils le lui ont apporté"
ur as t id iwin "Ils ne le lui ont pas apporté"
ad as t id awin "Ils le lui apporteront"
41

- les particules d’aspect


Exemples :

(10) aqqa ittazzl "Il court (habituellement)"


ar / lla / da ittawi "Il emporte (habituellement)"
ad iniv "Je dirai"
- la particule de négation
Exemple :
(11) ur iddi "Il n'est pas parti"
- les adverbes interrogatifs
Exemples :
(12) is idda ? "Est-il parti ?"
ma iëap ? "Est-il parti ?"
- des conjonctions (mr, mra, mara, ig, iv)
Exemples :
(13) mr asn tnnit aynna, is d ddan "Si tu le leur avais dit, ils
seraient venus"
mara illu^ç, ad icc "S'il a faim, il mangera"

4.2.3. Règles d’écriture de la préposition


a- Elle est toujours isolée du nom qu’elle régit
Exemples :
(14) vr taddart "à [vers] la maison"
s ufus "à / avec la main"
dar tgmmi "près de la maison"
zg ti¨^ï^ïawin "de Tétouan"
42

Par contre, la préposition forme un seul mot graphique avec son


complément pronominal8 qu'il y ait supplétion9 ou non.

Exemple :
(15) vr + pronom = vurk etc "chez toi"
g + pronom = giti, dayi, digi "en moi"
n + pronom = nnm, etc "de toi (fém.)
4.2.4. Règles d’écriture des différents éléments adjectiveurs
Il s’agit de morphèmes tels que : bu, mu, u, m, mmu, ult, gg, ayt, etc.

a- Ils s’amalgament au nom qu’ils précèdent quand celui-ci


est lexicalisé.
Exemples :
(16) butgra "tortue"
buoëfa "Bouarfa" (toponyme)
buzyan "Bouziane" (anthroponyme)
buhyyuf "famine"

b- Quand il n’y a pas lexicalisation10, l’élément adjectiveur est


séparé du nom qu’il précède par un blanc.

8- L'agglutination (préposition et complément pronominal) est justifiée par le fait


que la prépsoition change généralement de forme (forme réduite → forme étoffée)
devant un pronom (ex. : f→ flla ; vr → vur).
9- "On dit qu'il y a supplétion lorsqu'un morphème a plusieurs représentations
phonologiques, et on dit que ces représentations phonologiques sont des
allomorphes du morphème en question." (Dell, 1973 : 81).
10- On parle de lexicalisation lorsqu'un syntagme (une suite de mots) devient une
unité lexicale. Les termes d'un syntagme peuvent ainsi devenir inanalysables du
point de vue de l'usage linguistique quotidien, dans la mesure où le signifié du
syntagme n’est pas la somme des sens des différents composants : butgra n'est
pas senti comme deux unités bu "celui à, possesseur" + tagra "carapace" et ne
diffère pas, dans son comportement, d’une unité lexicale simple.
43

Exemples :
(17) bu tgmmi "le propriétaire de maison"
lal n uxxam "la maîtresse de maison"
M tiïïawin "celle aux beaux yeux"

4.2.5. Règles d'écriture de la particule prédicative d


La particule d forme toujours une unité graphique indépendante.
Exemples :
(18) d argaz ! "C'est un homme !"
ur d ntta "Ce n'est pas lui "
is d loil "Est-ce que c'est un garçon ?"

4.2.6. Règles d’écriture des quantificateurs.


Les quantificateurs et leurs compléments pronominaux forment
une seule unité graphique :
Exemples :

(19) Kullutn "eux tous"


qqapnnsn "eux tous"
Mais ils forment un mot isolé lorsqu’ils déterminent un nom.
Exemples :
(20) kullu middn "tous les gens"

4.2.7. La ponctuation.
Le système orthographique préconisé adopte les principaux
signes de ponctuation en usage dans les langues connues et avec
les mêmes valeurs. Toutefois, la majuscule n’est notée ni en début
44

de phrase, ni à l’initiale des noms propres (anthroponymes et


toponymes). Etant donné que le contexte peut aider à lever
l'ambiguïté sémantique entre un nom commun et un nom propre,
le nom des villes comme Agadir, Biyya, Figuig, Imouzer, Tétouan, etc.
seront, par conséquent, orthographiés respectivement :
agadir, biyya, figig, imuzzar, tiïïawin
45

5. Eléments de morphosyntaxe

L’objet de cette partie est la présentation générale des


propriétés morphologiques des catégories syntaxiques majeures de
l’amazighe, en l’occurrence, le nom, le verbe, le pronom et la
préposition. Il comporte, en outre, des indications d’ordre syntaxique
relatives à la phrase simple11.

5.1. Morphologie
5.1.1. Le nom
En amazighe, le nom varie en genre (féminin tampäaët "une
élève", masculin ampäaë "un élève"), en nombre (singulier ampäaë,
pluriel impäaën) et en état (libre ampäaë, annexion umpäaë).
5.1.1.1. Le genre
L’amazighe connaît deux genres : le masculin et le féminin.
a- Les noms masculins
Le nom masculin commence en général par une des voyelles
initiales a, i ou u. Les noms commençant par la voyelle a- sont de
loin les plus nombreux.
Exemples :
(1) Afus "main" ils "langue"
udm "visage" argaz "homme"
ixf "tête" ul "cœur"
aäaë "pied" ilf "sanglier"

11- Le lecteur trouvera une description complète des différentes structures de la


langue dans Précis de grammaire de la langue amazighe (à paraître).
46

En règle générale, les noms à initiale vocalique se rangent dans


la catégorie des noms masculins. Certains noms font exception à
cette règle.
Exemples :
(2) imma "(ma) mère"
illi "(ma) fille"
b- Les noms féminins
La marque du féminin en amazighe est le morphème discontinu
t....t. Celui-ci permet, en général, d’obtenir le féminin à partir du
radical d’un nom masculin.
Exemples :
(3) agmar "cheval" → tagmart "jument"
isli "marié" → tislit "mariée"
uccn "chacal" → tuccnt "chacal (femelle)"
Pour certains noms, le féminin est marqué par une opposition
lexicale (mot différent). Autrement dit, il n’est pas formé directement
sur le même radical que le masculin.
Exemples :
(4) argaz "homme" → tamïïut "femme"
memmi, "(mon) fils" → illi "(ma) fille"
baba "(mon) père"→ immi / imma "(ma) mère"
azgr "taureau" → tafunast "vache"
Les noms féminins désignent les êtres animés de sexe féminin
mais aussi le diminutif ou le nom d’unité d’un collectif (végétaux,
animaux).
47

c- Le diminutif
La forme t....t peut aussi exprimer une valeur dimensionnelle
ou méliorative /appréciative.
Exemples :
(5) itri "étoile" → titrit "petite étoile"
afus "main" → tafust "petite main"
aäaë "pied" → taäaët "petit pied"
d- Le nom d’unité
La marque du féminin sert également à exprimer l’opposition
unitaire / collectif.
Exemples :
(6) argan "huile d'argan" → targant "arganier"
xizzu "carotte" → taxizzut "une carotte"
asngar "maïs" → tasngart "épi de maïs"
Tableau 1 : Tableau des principaux schèmes du genre du nom

Masculin Féminin
A_______ Ta_______t
Ta_______
Ti_______t
I_______
Ti_______
U_______ Tu_______t

C _______
12
tac_______t

12- C représente une consonne.


48

5.1.1.2. Le nombre
L’amazighe possède un singulier et un pluriel. Trois types de
pluriel sont à distinguer selon la nature des procédés
morphologiques employés.

a- Le pluriel externe (ajout d’un suffixe)


C’est la forme régulière du point de vue formel. Le nom ne subit
aucune modification interne ; seule la voyelle initiale a- se transforme
en i-. En outre, le pluriel externe est obtenu par l'addition du suffixe
–n pour les noms masculins et -in pour les noms féminins.
Exemples :
(7) axxam → ixxamn "maisons"
asafar → isafarn "médicaments, remèdes"
tarbat → tirbatin "filles"
tabrat → tibratin "lettres"
b- Le pluriel interne (ou brisé)
Outre l'alternance vocalique initiale, le pluriel se forme par un
changement de voyelles internes (rarement d’une consonne). Aucun
suffixe ne vient s’adjoindre à la forme de base (singulier).
Exemples :
(8) adrar → idurar "montagnes"
abavus → ibuvas "singes"
agadir → igudar "murs, forteresses"
c- Le pluriel mixte (suffixation + alternance interne)
Le pluriel est marqué par l’alternance d’une voyelle interne et /
ou d’une consonne et par le suffixe -n.
49

Exemples :
(9) izi → izan "mouches"
açuë → içuëan "racines, veines"
izikr → izakarn "cordes"
Les trois types de pluriel prennent la voyelle i ou u à l’initiale.
d- Pluriel en id
Une catégorie de noms forme son pluriel par la préfixation de id
au singulier. Ce procédé est utilisé pour les noms de parenté, les noms
composés en bu - / mmu - ou bab / lal et les emprunts non intégrés.
Exemples :
(10) xali "oncle (mon)" → id xali
baba "père (mon)" → id baba
bu islman "poissonnier" → id bu islman
lkamyu "camion" → id lkamyu
e- Pluriel des noms empruntés
Les emprunts intégrés forment leur pluriel comme les noms
amazighes. Les noms qui ne sont pas intégrés gardent le pluriel
d’origine ou prennent le préfixe id.
Exemples :
(11) tawriqt → tiwriqin "feuilles"
afrmliy → ifrmliyn "infirmiers"
abuqadyu → ibuqadyutn "sandwichs"

f- Pluriels des noms sans singulier


Certains noms n’ont pas de singulier correspondant (ex. 12a),
d’autres disposent de singulier formé sur la base d’un radical
différent (12b).
50

Exemples :
(12a) aman "eau"
idammn "sang"
iwdan / middn "gens"
irdn "blé"
(12b) tisitan "vaches" tafunast (sing.)
tivallin "juments" tagmart (sing.)

5.1.1.3. L’état
On distingue deux états en amazighe : l’état libre (EL.) et l’état
d’annexion (EA.) (ou l’état construit).

a- L’état libre
A l’état libre, la voyelle initiale du nom ne subit aucune
modification : argaz "homme", tamurt "terre, pays". Le nom est à
l’état libre quand il est :
- un mot isolé
Exemple :
(13) atbir "pigeon"
- complément d’objet direct
Exemple :
(14) ^iïïf aslm g ufus "Il tient un poisson à la main"
- complément de la particule prédicative d "c’est".
Exemple :
(15) d aslm "c'est un poisson"
51

b- L’état d’annexion
L’état d’annexion se manifeste par une modification de l'initiale
du nom dans des contextes syntaxiques déterminés. La marque de
l’état d’annexion prend l’une des formes suivantes :
- alternance vocalique a / u pour les noms masculins (ex. 16a),
Exemples :
(16a) argaz "homme" → urgaz
- chute de la voyelle initiale pour les noms féminins (ex. 16b),
Exemples :
(16b) tamurt "pays" → tmurt
tamvart "femme" → tmvart
- addition d’un w ou y aux noms à voyelle a ou i (ex.
16c, 16d),
Exemples :
(16c) asif "rivière" → wasif
(16d) ils "langue" → yils

- maintien de la voyelle initiale a avec apparition de la


semi-consonne w pour le masculin (ex. 16c) ; les noms
féminins restent sans modification.
Exemples :
(17) Masculin
ass "jour" → wass
asif "rivière" → wasif
aäu "odeur" → waäu
52

Féminin
tasa "foie" → tasa
taddart "maison" → taddart
tizit "moucheron" → tizit
L’état d’annexion se réalise dans les contextes syntaxiques suivants :
a- quand le sujet lexical suit le verbe.
Exemples :
(20a) yus d uslmad "Le professeur est venu"
(20b) ç^ëiv aslmad "J’ai vu le professeur"
Dans l’exemple (20a), uslmad est à l’état d’annexion car il assume
la fonction sujet dans la phrase. Par contre, dans (20b) aslmad est à
l’état libre étant donné qu’il remplit la fonction de complément
d’objet direct.
b- après une préposition
Exemples :
(21) siwlv i uslmad "J'ai parlé au professeur"
n tmurt / n tmazirt "du pays"
La préposition s indiquant la direction n'entraîne pas l'état
d'annexion dans les parlers du Maroc central.
Exemples :
(22) idda s axxam "Il est allé à la maison"
idda s açilal "Il est allé à Azilal"
igåz s azavar "Il est descendu dans la plaine"
c- après un coordonnant
Exemple :
(23) ançaë d uãmmiä "la pluie et le froid"
53

5.1.2. Les dérivés nominaux.


A partir d’un verbe, il est possible d’avoir un nom d’action
verbal, un nom d’agent, un nom d’instrument ou un nom de lieu.
a- Le nom d’action verbal
Il est attesté pour toute forme verbale, simple ou dérivée, et
réfère au procès (le fait de, l’action de.)
Exemples :
(24) azzl "courir" → tazzla "action de courir, course"
ffv "sortir" → ufuv "action de sortir, sortie"
dl "couvrir" → taduli "fait de couvrir"
b- Le nom d’agent
Le nom d'agent se forme avec les préfixes am--- ou sa variante
/an/.
Exemples :
(25) krz "labourer → amkraz "laboureur"
zdv "habiter" → amzdav "habitant"
ny "monter" → amnay "cavalier"
c- Le nom d’instrument
On forme le nom d’instrument sur la base des schèmes as---/
is---, la voyelle pouvant changer.
Exemples :
(26) rgl "fermer" → asrgl "couvercle"
gnu "coudre" → tissgnit "aiguille"
d- Le nom de qualité
Le nom de qualité (ou adjectif) exprime une propriété, une
54

qualité ou une caractéristique du nom (être animé ou chose) auquel il


se rapporte. En amazighe, l’idée qualitative est principalement rendue
par des formes dérivées de verbes d’état exprimant les qualités, la
couleur, la manière d’être, les défauts, la forme, les infirmités, etc.
Exemples :
(27) Verbe Nom de qualité
^ãbap "être beau" aãbpan "beau"
çwiv "être rouge" açgåav "rouge"
äëvl "être aveugle" aäëval "aveugle"
wssir "être vieux" awssar "vieillard"
mçiy "être petit" amççyan/amççan "petit"
On distingue deux emplois du nom de qualité :
a- Comme prédicat précédé de la particule prédicative d
dans un énoncé nominal.
Exemples :
(28) d amççyan "c’est un petit"
d awssar "c’est un vieux"
b- Comme déterminant d’un élément nominal.
Exemples :
(29) agmar amllal "le cheval blanc"
afus açlmaä "la main gauche"
apnjir amççyan "le petit garçon"
Le nom de qualité peut être formé :
- sur le modèle du nom d’agent ou de patient.
55

Exemples :
(30) lluç "avoir faim" → amllaçu "affamé"
ggru "être le dernier" → anggaru "dernier"
- sur le schème acccan, en particulier sur la base des verbes de
qualité.
Exemples :
(31) amqran "grand"
avzfan "long, grand de taille"
- sur le schème uc1c2ic3 pour certains verbes trilitères
Exemples :
(32) umlil "blanc"
uvzif "long, grand de taille"
u^ãbip "beau"

5.1.3. Les démonstratifs


On distingue deux types de démonstratifs : ceux qui déterminent le
nom et que l'on désigne par déterminants démonstratifs et ceux qui se
substituent au nom et que l'on appelle pronoms démonstratifs.

5.1.3.1. Les déterminants démonstratifs


Le nom peut être déterminé par trois types de démonstratifs : ad
/a qui indique la proximité, ann /in qui marque l’éloignement et lli
/nni et nna pour marquer l'absence.
a- Démonstratif de proximité
Exemples :
(33a) argaz ad "cet homme-ci"
(33b) argaz a "cet homme-ci"
(33c) argaz u "cet homme-ci"
56

Dans certaines variétés de l’amazighe, a se réalise u comme dans


l’exemple (33c).

b- Démonstratifs d’éloignement
Les formes du démonstratif d’éloignement sont : ann, in.
Exemples :

(34) argaz ann "cet homme-là"


argaz in "cet homme-là"
c- Démonstratifs d’absence
Le rôle des démonstratifs nni, nna et lli est d’évoquer des
personnes ou des choses absentes.
Exemple :
(35) argaz nni / nna / lli "l'homme en question"

5.1.3.2. Les pronoms démonstratifs


L'amazighe comporte des pronoms démonstratifs de proximité,
d'éloignement et d'absence comme il apparaît dans le tableau
suivant.
Tableau 2 : Tableau des pronoms démonstratifs

Masculin Féminin
Singulier Pluriel Singulier Pluriel

Proximité Wa / waD Wid, ina ta / tad Tid, Tina

Eloignement Wann, win Winn, inin Tann, Tin Tinn, Tinin

Absence Walli, wNni Willi, inni Talli, tnNi Tilli, tinNi


57

5.1.4. Le verbe
En amazighe, le verbe est à la forme simple (amç "tenir", ffv
"sortir") ou à la forme dérivée (ttwamaç / ttyamaç , ssufv). Le
verbe, qu'il soit simple ou dérivé, se conjugue à l'un des quatre
thèmes qui sont : l’aoriste, l’inaccompli, l’accompli positif et
l’accompli négatif. Il reçoit, en outre, les mêmes désinences verbales.
Il est accompagné, en fonction des thèmes, de l’une des particules
aspectuelles de l’amazighe.

5.1.4.1. Le verbe simple


La forme conjuguée du verbe s’obtient par l’ajout des désinences
verbales au radical.
a- Les désinences verbales
Les désinences verbales peuvent être suffixées et/ou préfixées
comme il apparaît dans le tableau suivant :
Tableau 3 : Tableau des désinences de la forme non impérative

Masculin Féminin
1-pers. ———V 1-pers. ———v

Singulier 2-pers. t———t/d 2-pers. t——— t/d

3-pers. i——— 3-pers. t———

1-pers. n ——— 1-pers. n———

Pluriel 2-pers. t———m 2-pers. t———mt

3-pers. ——— n 3-pers. ———nt


58

A l’impératif, les désinences verbales sont suffixées.


Tableau 4 : Tableau des désinences de la forme impérative

Masculin Féminin
Singulier 2-pers. ———Ø 2-pers. ———Ø

1-pers. ——— av/atav 1-pers. —— mtav/amtav


Pluriel
2-pers. ——— at/m 2-pers. —— mt/amt

b- Les thèmes verbaux


Les quatre thèmes verbaux de l'amazighe sont : l’aoriste, l’inaccompli,
l’accompli positif et l’accompli négatif.
- L’aoriste

Il présente la même forme que la 2ème personne du singulier de


l’impératif simple.
Exemples :

(36) awi "emporter + aoriste"


awi "emporter + impératif = emporte !"
Un verbe à l’aoriste apparaît rarement seul. Il est généralement
employé avec la particule ad qui sert, souvent, à indiquer le futur
comme le montre le tableau suivant :
59

Tableau 5
Masculin Féminin
Ad awiv "j’emporterai" Ad awiv "j’emporterai"

Singulier Ad tawit/d "tu emporteras" Ad tawit/d "tu emporteras"

Ad yawi "il emportera" Ad tawi "elle emportera"

Ad nawi "nous emporterons" Ad nawi "nous emporterons"


Pluriel Ad tawim "vous emporterez" Ad tawimt "vous emporterez"
Ad awin "ils emporteront" Ad awint "elles emporteront"

- L’inaccompli
Le verbe à l’inaccompli présente l’action comme étant inachevée,
habituelle ou itérative. L’inaccompli est dérivé de l’aoriste par
l’application des procédés morphologiques suivants :
- La préfixation de tt
Exemples :
(37) amç "tenir" → ttamç
ini "dire" → ttini
kks "enlever" → ttkks
- La tension d’une consonne radicale : elle concerne
généralement la consonne médiane des verbes trilitères.
Exemples :
(38) kcm "entrer" → kccm
krz "labourer" → krrz ou kkrz
- La tension d’une consonne radicale doublée de l’alternance
vocalique (changement du timbre de la voyelle de
l’aoriste).
60

Exemples :
(39) ns "passer la nuit" → nssa
nv "tuer" → nqqa
gn "dormir" → ggan
- L’alternance vocalique accompagnée de la préfixation de tt-
- Alternance intra-radicale :
Exemples :

(40) ns "passer la nuit" → ttnus


drdr "saupoudrer" → ttdrdir
Ces exemples montrent que la voyelle alternante peut être l’une
des trois voyelles de l’amazighe : a, i, u.
- Alternance post-radicale :

Exemples :

(41) af "trouver" → ttafa


ëç "casser" → ttëçça
L’inaccompli s’emploie souvent accompagné des particules
aspectuelles ar / la / da / aqqa ou de ad / rad lorsque l’action
est située dans le futur.
- L’accompli positif
L’accompli positif indique que le procès traduit par le verbe est
achevé. Pour certains verbes, les thèmes de l’accompli et de
l’aoriste sont identiques.
61

Exemples :
Aoriste Accompli

(42) Mun "accompagner" ad imun imun


ffv "sortir" ad iffv iffv
kcm "entrer" ad ikcm ikcm
sdid "être mince" ad isdid isdid
Pour d'autres verbes, le thème de l’accompli est différent de
celui de l’aoriste.
Exemples :
Aoriste Prétérit

(43) ad amçv "je tiendrai" umçv " j’ai tenu "


ad i^sv "il achètera" isva "il a acheté "
ad iniv "je dirai" nniv "j'ai dit"
Aux première et deuxième personnes du singulier le thème de
l’accompli (ou prétérit) de certains verbes est marqué par i, aux
autres personnes, il est marqué par a comme l’illustre le verbe sv
"acheter" ci-dessous.
Exemples :

(44) Singulier Pluriel


Sviv Nsva
Tsvit/d Tsvam / tsvamt
Isva Svan
tsva Svant
- L’accompli négatif
L’accompli négatif est une variante de l’accompli positif. Il
s'emploie lorsque le verbe est précédé du morphème de négation ur.
62

La caractéristique principale de ce thème est l’insertion de la voyelle


i devant la consonne finale du radical. Si le verbe est monolitère, la
voyelle i s’emploie après l’unique consonne radicale.
Exemples :
(45) ur umiçv "je n’ai pas tenu"
Ur krizv "je n'ai pas labouré"
Pour un certain nombre de verbes, l’accompli positif et
l’accompli négatif sont identiques :
Exemples :
(46) Munv "j'ai accompagné"
ur munv "je n'ai pas accompagné"
- Le mode impératif
L’impératif en amazighe est soit simple, soit intensif. L’impératif
simple se construit sur la base de l’aoriste muni des désinences de
l’impératif simple (voir tableau 4).
Exemples :
(47) ddu "Pars"
ffvamt "Sortez (vous fém.)"
krzat "Labourez (vous masc.)"
L’impératif intensif s’obtient par la forme de l’inaccompli à
laquelle s’ajoutent les désinences de l’impératif.
Exemples :
(48) ttddu "Pars souvent"
ttffvamt "Sortez (vous fém.) souvent"
krrz / kkrz "Laboure souvent"
63

5.1.4.2. Le verbe dérivé


Les verbes dérivés sont obtenus à partir des verbes simples par
la préfixation de l'un des morphèmes suivants : s/ss, tt et m / mm.
A l'instar des verbes simples, ils se conjuguent à l’un des quatre
thèmes vus auparavant. A l’aoriste et à l’inaccompli, ils s'emploient
avec les mêmes particules que les verbes simples.
a- Les dérivés en s- / ss-
Ils expriment la causativité, autrement dit l’idée de "faire
faire" une action à un patient ou celle de "faire devenir".
Exemples :
(49) mun "accompagner" → smun "faire accompagner"
ffv "sortir" → ssufv "faire sortir"
Kcm "entrer" → sskcm "faire entrer"
Xsi "être éteint" → ssxsi "éteindre"
Les préfixes du causatif s/ss se réalisent z/zz lorsque la
forme de base comporte un z :
Exemples :
(50) Nz "être vendu" → zznz "vendre"
zri "être passé, passer" → zzri "faire passer"
b- Les dérivés en tt-
La forme passive en amazighe s’obtient par la préfixation de
tt au verbe simple. Ce morphème peut se présenter sous forme
de ttu, ttwa ou ttya.
64

Exemples :
(51) Krf "attacher" → ttwakraf / ttukraf "être attaché"
amç "tenir" → ttwamç / ttyamaç "être tenu"
akr "voler" → ttwakr / ttyakar "être volé"
c- Les dérivés en mm-
Un verbe dérivé par la préfixation de m ou ses variantes (mm, my)
exprime la réciprocité.
Exemples :
(52) Çë "voir" → mmÇë "se voir"
Sqsa "demander" → msqsa "s'informer mutuellement"
Nv "tuer" → mmnv "s'entretuer, se disputer"
5.1.4.3. Les particules aspectuelles
Les thèmes de l’aoriste et de l’inaccompli s’emploient avec des
particules dites aspectuelles. Ces dernières sont :
- ar / la /da / aqqa : elles s’emploient avec l’inaccompli.
Exemples :
(53) ar / la / da / aqqa itddu "Il part habituellement"
Aqqa ig^gur "Il est en train de marcher"
- ad / rad : elles accompagnent l’aoriste pour exprimer le
futur ou certaines valeurs modales.
Exemples :
(54) ad / rad iddu "Il partira"
ad / rad ins "Il passera la nuit"
65

5.1.5. Le Pronom
On distingue deux catégories de pronoms : les pronoms personnels
autonomes ou indépendants et les pronoms personnels affixes.

5.1.5.1. Pronoms personnels autonomes


Tableau 6 : Les pronoms personnels autonomes
Masculin Féminin
1- pers : nkk, ncc "moi" 1- pers : nkk, ncc "moi"
Singulier 2- pers : kyy, ckk "toi" 2- pers : kmmi, cmm "toi"
3- pers : ntta "lui" 3- pers : nttat "elle"
1- pers : nkkni, nccnin "nous" 1- pers : nkknti, nccnin "nous"
Pluriel 2- pers : knni, knniw "vous" 2- pers : knninti, knnint "vous"
3- pers : nttni, nitni, ntnin "eux" 3- pers : nttnti, nitnti, ntnint "elles"

5.1.5.2. Pronoms affixes


On distingue les pronoms affixes du verbe, du nom et de la
préposition.
a- Pronoms affixes du verbe
Le verbe peut avoir comme complément un pronom personnel
affixe objet direct ou indirect.
Les pronoms affixes régime direct et indirect se placent après le
verbe dans une phrase affirmative.
Exemples :
(55) çëiv t "Je l'ai vu"
çëiv tt "Je l'ai vue"

(56) nniv as "Je lui ai dit"


niv am "Je t'ai dit" (à toi, fém.)
66

En présence des particules négative (57a), interrogative (57b) ou


de ad (57c), ces pronoms se placent avant le verbe.
Exemples :
(57a) ur t çëiv "Je ne l'ai pas vu"
(57b) mad as tnnit/d? "Que lui as-tu dit ? "
(57c) ad as inin "Ils lui diront"
En tarifite, la particule ma marquant l'interrogation totale n'entraîne
pas l'anticipation des pronoms affixes régime direct et indirect.
(58) ma tnnid as t ? "Est-ce que tu le lui as dit ?"

Tableau 7 : Les pronoms affixes du verbe

Pronoms Régime direct Pronoms Régime indircte


Masc. Fém. Masc. Fém.
1-pers. —iyi —iyi 1-pers. —iyi —iyi
Singulier
2-pers. —k —km 2-pers. —ak —am

3-pers. —t —tt 3-pers. —as —as

1-pers. —av/-nv —av/-nv 1-pers. —av/anv —av/—anv

Pluriel 2-pers. —æn/-wm/-kum —ænt 2-pers. —awn/-akum —awnt/aknt

3-pers. —TN —TNt 3-pers. —asna —snt

b- Pronoms affixes de nom


Ces pronoms se placent toujours après le nom et s'accordent
avec le possesseur et non avec l'objet possédé. On distingue les
pronoms affixes des noms ordinaires et les pronoms affixes des
noms de parenté.
67

Tableau 8 : Les pronoms affixes de nom


Pronoms du nom ordinaire Pronoms du nom de parenté
Masc. Fém. Masc. Fém.
1-pers. —inu —inu ∅
1-pers. —∅ ∅
—∅
Singulier
2-pers. —nnk/inq —nnm/inm 2-pers. —k —m
3-pers. —nnS/inS —nnS/inS 3-pers. —s —s

1-pers. —nnV —nnV 1-pers. —tnv —tnv

Pluriel 2-pers. —nnun/nnwm —nnunt, nnænt 2-pers. —tun/wm —tunt


3-pers. —nnsn —nnsnt 3-pers. —tsn —tsnt

c- Tableau 9 : Les pronoms affixes des prépositions

Pronoms affixes des prépositions


Masc. Fém.
1-pers. —i —i
Singulier
2-pers. —k —m
3-pers. —s —s
1-pers. —nv —nv
Pluriel 2-pers. —un /kum/ —unt/Knt
3-pers. —sn —snt

5.1.5.3. Pronoms possessifs


Ils se forment par la combinaison des pronoms affixes des
noms13 (inu, nnk / ink, nns / ins etc.) avec les démonstratifs (wnni /
wi, yin, ti / tnni, tinin).
En tarifite, les pronoms possessifs connaissent l’opposition de
nombre et de genre.
- wnninu "le mien" / tnninu "la mienne"
- inninu "les miens" / tinninu "les miennes"
13- Voir tableau n° 8.
68

5.1.6. La Préposition
Tableau 10 : Les principales prépositions

Prépositions Exemples
içil usafar a i tusut "Ce médicament est
i
efficace pour la toux"
"à, pour, contre"
Issiwl I tmvart "Il a parlé à la femme"

S tuzlin "avec des ciseaux"


S
idda s midlt "Il est parti à Midlt"
"avec, à (direction )
idda s tznit "Il est parti à Tiznit"

Zg, Zi usiv d zi miäaë "Je suis venu de Midar"


"de (provenance)" idda d zg ssuq "Il est revenu du marché"

g " à, dans" illa g taddart "Il est à la maison"


di "à, dans" di tmurt nnv "dans notre pays"
V "à, dans" v uçlmaä "à gauche"
vr / var vr / var tmddit "au soir"
dar Ddiv dar uäbib "Je suis allé chez le
"vers, chez" médecin"

x(f) ssawaln x(f) tmurt "Ils parlent du pays"


vf idda d vf u^äaë "Il est venu à pied"
f YUSI iwis f tvëaä "Il porte son fils sur les
"sur"
épaules"
ag / ak ag / ak uma "avec mon frère"
akid / akd / agd akidi "Avec moi"
D Imun d umddakæl nns "Il est allé avec son ami"
"avec
(accompagnement)"
69

Prépositions Exemples
jar Jar ubrid d ivçaë "entre le chemin et la rivière"
gr Gr ugnna d wakal "entre ciel et terre"
"entre"

ar / al al imal "(jusqu'à) à l'an prochain"


"jusqu'à" ar tiwcca "à demain"
(temps / espace) iëap al ïanja "Il est allé jusqu'à Tanger"
Iswa akffay bla "Il a bu du lait sans sucre"
bla "sans"
sskæar
ffir, dffar QqimV dffir n "Je me suis assis derrière
"derrière" uãvaë l’arbre"

IQqim masin zDat n "Massin s'est assis devant


ZDat "devant"
immas sa mère"

5.1.6.1. Morphologie de la préposition


La forme de la préposition dépend de la nature de l’élément qui
la suit.
- Devant un nom ou un pronom autonome, la préposition ne
change de forme que si le nominal qu’elle précède est à
initiale vocalique i ou u.
Exemples :
(59) di + waman → [dg waman] "à / dans l'eau"
di + yifran → [dg ifran] "dans les grottes"
- Devant un nom à initiale consonantique, la préposition ne
subit aucun changement.
70

Exemple :
(60) di tmurt "au pays"
- Devant un pronom affixe, certaines prépositions prennent
des formes étoffées.
Exemples :

(61) s "avec" → sis "avec / vers + pronom 3e pers. sing."


vr "chez" → vuri "chez moi"
5.1.6.2. Morphologie du syntagme prépositionnel.
Après une préposition, le nom qui connaît d'ordinaire
l’opposition d’état (EL. / EA.) reçoit la marque de l’état d’annexion.
Exemples :
(62) di tmurt "au pays"
s ufus "à la main"
vr uxxam "à la maison"
Les prépositions ar / al "jusqu’à" et bla "sans" n’exercent pas
d’influence, au niveau de l’état, sur le nom qu’elles introduisent.
Exemples :
(63) ar afud "jusqu’au genou"
ar azllif "jusqu'à la tête"
5.1.7. L’adverbe
L’adverbe est un mot invariable qui modifie le procès ou l’état
qu’exprime le verbe.
Exemples :
(64) idda zik "Il est parti tôt"
ipëc aïïaã "Il est très intelligent"
71

Les principaux adverbes classés d’après leur sens sont :


Tableau 11 : Les adverbes de lieu

Unité Exemples
Qqim da "Reste ici"
Da, vi "ici"
Ack d s vi "Viens (vers) ici"
dffir "derrière" Oayd vr dffir "Recule (en arrière)"
äaëat, tivrdin urri tivrdin / äaëat "Recule (en
"derrière" arrière)"
Ugur vr zdat
Zdat, dat "devant"
"Marche en avant (avance !)"
Sars t dinn "Pose-le là-bas"
din, dinn, vinn "là-bas"
Awi t s vinn "Emmène-le là-bas"

sars t s wadday "Pose-le en bas"


ddaw, s wadday, izdar
çë izdar "Regarde en bas"
"sous, au-dessous, en bas"

Interrogatif de lieu : mani Mani s idda ? "Où est-il parti ?"


"où" mani illa ilmas ? "Où est Ilmas ?"
72

Tableau 12 : Les adverbes de temps

Unité Exemples
Askka, Tiwcca ddu askka "Pars demain"
"demain" dwl d tiwcca "Reviens demain"

iännaï, iägam, assnna^ï yusi d iännaï "Il est venu hier"


"hier" idda iägam "Il est parti hier"
friännaï, nafiägam, nçëa Tlayt friännaï / nafiägam /asslid
asslid "avant-hier" "Nous avons vu Tlayt avant-hier"

Nafuzkka, dfr tiwcca ad dduv naf askka / dfr tiwcca


"après demain" "Je partirai après demain"

näaäan(a), nnaäant, azzvat tmmut näaäana / nnaäant / azzvat


"l'an passé, l'an dernier" "Elle est décédée l'an dernier"

imal ad t ^çëv imal


"l'an prochain" "Je le verrai l'an prochain"

Tigira "après" çëiv t tigira "Je l'ai vu après"

Zik "tôt, autrefois, jadis" ikkr zik "Il s'est levé tôt"

Aliä " toute la journée "


tssawal lbda gi ttilifun
bdda, lbda, abda
"Elle est tout le temps au téléphone"
"toujours, tout le temps"
vil, ruxa, dvi, wasa awi d gmak vil / ruxa / dvi
"maintenant" "Vas chercher ton frère maintenant"

Interrogatif de temps :
mlmi icca "quand est-ce qu'il a mangé?"
Mlmi, Manaå "quand?"
73

Tableau 13 : Les adverbes de quantité


Unité Exemples
ittet drus "Il mange peu"
Drus, imikk ou imiqq
la isawal imiqq / imikk
"peu"
"Il parle peu"
Aïïaã, kigan, bahra
tssawalt aïïaã "Tu parles trop"
"beaucoup (quantité)"
Ddan d ak^æ "Ils sont tous venus"
akæ, qap, maëëa
Uciv maëëa tinoacin
"tout, tous, en totalité"
"J'ai donné tout l'argent"
Interrogatifs de quantité :
mcpal vurs n timoacil
mcTa, mnckk, mcpal,
"combien a -t-il d’argent?"
acpal "combien"

5.2. Eléments de syntaxe


La phrase amazighe peut-être verbale ou non-verbale. Elle est
verbale si elle comporte un verbe (swan atay "Ils ont bu du thé"),
elle est nominale dans le cas contraire (agmar amllal "le cheval
blanc", apnjir amççyan "le petit garçon"). Une phrase peut être
également simple ou complexe. Elle est dite «simple» lorsqu’elle
comporte un seul verb; elle est dite «complexe» lorsqu’elle est
formée d’un minimum de deux verbes ou de deux propositions.
5.2.1. La phrase simple
Toute phrase est constituée d’un prédicat qui peut être soit
verbal (65), soit nominal (66).
Exemples :
(65) svan ayyis "Ils ont acheté un cheval"
(66) d argaz ! "C'est un homme !"
74

5.2.1.1. La phrase verbale


En amazighe, la phrase verbale minimale est constituée du seul
verbe conjugué.
Exemples :
(67) idda "Il est parti"
Ffvn "Ils sont sortis"
Elle peut comporter un sujet lexical, situé avant ou après le verbe,
et un ou plusieurs compléments (direct / indirect / circonstant).
Exemple :
(68) icca wfrux avrum "L’enfant a mangé du pain"
afrux icca avrum "L’enfant a mangé du pain"
Le verbe s’accorde en genre et en nombre avec le sujet qui
l’accompagne qu’il soit postposé ou antéposé.
Exemples :
(69 yuzzl urba "Le garçon a couru"
tuzzl trbat "La fille a couru"
ipnjirn uzzln "Les garçons ont couru"
tfrxin uzzlnt "Les filles ont couru"
Si le sujet lexical est un groupe de deux nominaux (ou plus)
coordonnés par d "avec, en compagnie", le verbe se met au pluriel.
Exemples :

(70) argaz d mmis ddan


"L’homme et son fils sont partis"

tamvart d illis ddant s tmdint


"La femme et sa fille sont allées en ville"
75

5.2.1.2. La phrase non verbale


Elle est construite sans verbe mais elle comporte obligatoirement
un prédicat nominal à l'état d'annexion ou un équivalent (adjectif,
pronom, numéral etc.). Le prédicat nominal est introduit
généralement par l’outil de prédication d "c’est".
Exemples :
(71) d argaz "C’est un homme"
d tamççyant "C’est une petite, elle est petite"
d yiwn / ijj n urgaz "C'est un homme"
d nttat "C’est elle"
d ta "C’est celle-ci"
Une préposition accompagnée d’un pronom peut remplir le rôle
de prédicat.
Exemples :

(72) vurs tarwa "Il / elle a des enfants"


dars inbgiwn "Il / elle a des invités"
5.2.1.3. La phrase négative
Pour marquer la négation, l’amazighe recourt à la particule ur
"ne…pas".
Exemples :
(73) d nkk / ncc "C’est moi"
ur d nkk / ncc "Ce n’est pas moi"
d amqqran "C’est le grand, il est grand"
ur d amqran "Ce n’est pas le grand"
ddan middn "Les gens sont partis"
ur ddin middn "Les gens ne sont pas partis"
76

L’emploi du morphème de négation ur exerce l’attraction sur


les satellites du verbe qui sont : les particules d’orientation d / n et
les pronoms affixes objet direct et indirect. Ces éléments antéposés
gardent le même ordre qu'ils ont après le verbe.
Exemples :
(74) idda d "Il est venu vers ici"
ur d iddi "Il n’est pas venu vers ici"
nniv as "Je lui ai dit"
ur as nniv ca "Je ne lui ai rien dit"
çëiv t "Je l'ai vu"
ur t çëiv "Je ne l'ai pas vu"
nniv as t "Je le lui ai dit"
ur as t nniv "Je ne le lui ai pas dit"

5.2.1.4. La phrase interrogative directe


On distingue l’interrogation totale de l’interrogation partielle.
a- L’interrogation totale
Une interrogative est dite "totale" lorsque la question porte sur
l’ensemble de l’énoncé. L’interrogation peut être marquée par la
simple intonation ou par l’emploi d’un morphème interrogatif.
Exemples :

(75) ffvn ? "Ils sont sortis ?" (intonation)


is idda ? "Est-ce qu'il est parti ?"
ma tccit/d ? "As-tu mangé ?
Devant un nom, un adjectif, un adverbe et un pronom, les
interrogatifs is et ma s’emploient avec l’élément prédicatif d.
77

Exemples :
(76) is d ntta ? "Est-ce lui ?"
ma d nttat "Est-ce elle ?"
b- L’interrogation partielle
Une interrogative est qualifiée de "partielle " lorsque la question
porte sur une partie de l’énoncé. Elle est toujours marquée par un
outil interrogatif : ma, wi "qui" (sujet), ma "complément", manwa /
manwn "lequel", mani, manida / ani "où", mavar, max, maf "pourquoi",
mnck (quantité), mcta, acpal, mnnaw, mcpal (nombre), manik, mamnk,
mammk, mimc, muxas, makka "comment", etc.
Exemples :
(77) ma yswan atay inu ? "Qui a bu mon thé ?"
(78) manwa / manwn tçëit/d ? "Lequel as-tu vu ?"
(79) ma ay tçëit /d ? "Qu'as-tu vu ?"
(80) mani tëupm ? "Où vous êtes allés ?"
mani trit /d ? "Où vas-tu ?"
(81) managW ra tddut /d ? "Quand est-ce que tu partiras ?"
mlmi ad d yas ? "Quand est-ce qu'il viendra ?"
(82) mavar ta ? "Pourquoi celle-là ?"
maf ur tddit /d ? "Pourquoi n'es-tu pas parti ?"
(83) mnnaw imddukkal ad dark ? "Combien d'amis as-tu ?"
(84) mamnk tgit/d ? "Comment es-tu ?"
mimc a tgit/d i wa ? "Comment as-tu fait à celui-là"
78
79

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.èe 3 ,á«Hô¨ŸG áµ∏ªŸG á«ÁOÉcCG :•ÉHôdG ,»¨jRÉeC’G »Hô©dG ºé©ŸG : (2000-1993) óªfi ,≥«Ø°T
äGQGó°UEG ,¥É≤à°TGh ±ô°Uh ƒëf : ᫨jRÉeC’G á¨∏dG ‘ É°SQO ¿ƒ©HQCGh á©HQCG :(2003) óªfi ,≥«Ø°T
.á«fÉãdG á©Ñ£dG ,âfGôH ƒØfG
83

Table des matières

SYMBOLES ET ABRÉVIATIONS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ii
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1. SITUATION SOCIOLINGUISTIQUE DE L’AMAZIGHE . . . 9
1.1. ETAT DES LIEUX. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2. STATUT DE LA LANGUE AMAZIGHE. . . . . . . . . . . 10
2. PHONÉTIQUE/PHONOLOGIE DE L’AMAZIGHE STANDARD . 13
2.1. UNITÉS SEGMENTALES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.1. Inventaire des phonèmes de l'amazighe standard . . . 15
2.1.2. Critères retenus dans l'élaboration de l'alphabet. 17
2.1.3. Les unités phoniques non retenues . . . . . . . . . . . 18
2.1.3.1. Les spirantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.1.3.2. Les emphatiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.1.3.3. Les labiovélaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.1.3.4. Les affriquées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.1.3.5. Les sibilantes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.1.3.6. Les liquides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.2. LES PROCESSUS PHONÉTIQUES. . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2.1. A l’intérieur d’un mot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2.1.1. La propagation de l’emphase . . . . . . . . . . . . 22
2.2.1.2. Assimilation de voisement ou de dévoisement . . 22
2.2.1.3. Assimilation de lieu d’articulation . . . . . . . . 23
2.2.1.4. Le cas particulier de l’allongement compensatoire 23
2.2.2. Aux frontières des mots. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3. PRÉSENTATION DE L'ALPHABET TIFINAGHE . . . . . . . . 27
84

3.1. GÉNÉRALITÉS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.2. VARIANTES DE TIFINAGHES . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
3.3. TIFINAGHE-IRCAM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
4. RÈGLES ORTHOGRAPHIQUES DE L’AMAZIGHE . . . . . . 37
4.1. DÉFINITION DU MOT GRAPHIQUE. . . . . . . . . . . . . 37
4.2. LES RÈGLES RETENUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
4.2.1. Règles d’écriture du substantif (nom) . . . . . . . . . 38
4.2.2. Règles d’écriture du verbe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
4.2.3. Règles d’écriture de la préposition. . . . . . . . . . . . 41
4.2.4. Règles d’écriture des différents éléments adjectiveurs . 42
4.2.5. Règles d'écriture de la particule prédicative d. . 43
4.2.6. Règles d’écriture des quantificateurs.. . . . . . . . . . 43
4.2.7. La ponctuation.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
5. ELÉMENTS DE MORPHOSYNTAXE . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
5.1. MORPHOLOGIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
5.1.1. Le nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
5.1.1.1. Le genre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
a- Les noms masculins. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
b- Les noms féminins. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
c- Le diminutif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
d- Le nom d’unité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
5.1.1.2. Le nombre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
a- Le pluriel externe (ajout d’un suffixe) . . . . . . . 48
b- Le pluriel interne (ou brisé) . . . . . . . . . . . . . . . 48
c- Le pluriel mixte (suffixation + alternance interne) . 48
d- Pluriel en id . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
f- Pluriels des noms sans singulier . . . . . . . . . . . 49
5.1.1.3. L’état . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
85

a- L’état libre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
b- L’état d’annexion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
5.1.2.Les dérivés nominaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
a- Le nom d’action verbal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
b- Le nom d’agent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
c- Le nom d’instrument . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
d- Le nom de qualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
5.1.3.Les démonstratifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
5.1.3.1. Les déterminants démonstratifs . . . . . . . . . . 55
a- Démonstratif de proximité . . . . . . . . . . . . . . . . 56
b- Démonstratifs d’éloignement . . . . . . . . . . . . . . 56
c- Démonstratifs d’absence . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
5.1.3.2. Les pronoms démonstratifs . . . . . . . . . . . . . . 56
5.1.4. Le verbe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
5.1.4.1. Le verbe simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
a- Les désinences verbales . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
b- Les thèmes verbaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
- L’aoriste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
- L’inaccompli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
- L’accompli positif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
- L’accompli négatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
- Le mode impératif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
5.1.4.2. Le verbe dérivé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
a- Les dérivés en s- / ss- . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
b- Les dérivés en tt- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
c- Les dérivés en - . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
5.1.4.3. Les particules aspectuelles. . . . . . . . . . . . . . . 64
5.1.5. Le Pronom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
86

5.1.5.1. Pronoms personnels autonomes . . . . . . . . . . 65


5.1.5.2. Pronoms affixes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
a- Pronoms affixes du verbe . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
b- Pronoms affixes de nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
c- Tableau 9 : Les pronoms affixes des prépositions 67
5.1.5.3. Pronoms possessifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
5.1.6. La Préposition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
5.1.6.1. Morphologie de la préposition . . . . . . . . . . . 69
5.1.6.2. Morphologie du syntagme prépositionnel. . 70
5.1.7. L’adverbe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
5.2. ELÉMENTS DE SYNTAXE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
5.2.1. La phrase simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
5.2.1.1. La phrase verbale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
5.2.1.2. La phrase non verbale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.2.1.3. La phrase négative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.2.1.4. La phrase interrogative directe . . . . . . . . . . . 76
a- L’interrogation totale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
b- L’interrogation partielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
TABLE DES MATIÈRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

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