Tutlayt Tamazight
Tutlayt Tamazight
Tutlayt Tamazight
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tutlayt tamazi$t
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T’UTLAYT TA MAZIGHT
LA LANGUE BERBERE
***
Analyse et Ecriture
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1998
T’utlayt ta mazight 2
Avant propos
***
C
ette étude a une double fonction dans la mesure où, d'une part, elle traite de la description
de la langue amazighe, pour le parler kabyle, et d'autre part, elle propose des règles simples
et rigoureuses pour l'écriture de cette langue.
Nous sommes partis de travaux déjà existants, notamment ceux de Mouloud MAMMERI, et à partir
de là, nous proposons une analyse de la structure de la langue amazighe. A la fin de chaque
chapitre, nous proposons une manière d'écrire les éléments qui y sont étudiés.
Chaque chapitre peut être étudié séparément (en tenant compte, bien sur, de la graphie proposée
dans la première partie), sans besoin de se reporter aux chapitres précédents, cependant, si cela
s'avère nécessaire, nous indiquons, à l'aide de brefs rappels, l'essentiel de ce qu'il faut savoir.
Le nouveau système d'écriture que nous proposons s'inspire du système actuel en y apportant des
améliorations afin de le rendre plus performant et plus accessible. Nous avons notamment
supprimé les caractères grecs (γ et ε) et les différents signes diacritiques ajoutés aux caractères
latins utilisés.
Cette étude se veut la plus pratique et la plus abordable possible, cependant, elle ne prétend pas
traiter tous les problèmes qui se posent à l'écrit amazigh. Elle ne traite que du parler kabyle mais
elle peut être adaptée aux autres parlers sans grande difficulté.
Sétif
Décembre 1997
T’utlayt ta mazight 4
***
Le choix de caractères
Comment écrire en amazigh
Analyse et propositions
Les voyelles
Les emphatiques
Les affriquées
Les pharyngales
Vélaires et uvulaires
Tension sur les semi-voyelles
Le système graphique
Le mot et l'orthographe
L'article
Le nom et l'adjectif
Annexes
Le verbe
Caractéristiques de la conjugaison amazighe
Conjugaison
Bibliographie sommaire
T’utlayt ta mazight 5
La Graphie
***
Chapitre I
Le choix de caractères
I. Choix de la graphie
Trois types de caractères peuvent être sérieusement envisagés : le tifinagh, l'arabe et le latin.
Cependant, le choix devrait être guidé par l'urgence de la situation quant à la généralisation de la
pratique de l'écrit.
En effet, ce qui manque à l'amazighophone c'est une tradition d'écriture de sa propre langue.
Son absence est en grande partie responsable de la disparité des dialectes, du manque de
communication entre les différentes aires amazighophones, de la perte de terrain de l’amazigh par
rapport à l'arabe et même au français (voir le milieu de l'émigration).
Les média (cinéma, télévision, radio) sont un moyen non négligeable pour l'enrichissement d'une
culture et de son support le plus important, la langue qui la véhicule, aussi on devrait, en parallèle
à la diffusion de l'écrit, favoriser la diffusion de l'image-son afin de sensibiliser l'environnement
culturel ambiant à la composante amazighe de la culture maghrébine.
Pour en revenir à l'écriture, nous devons aussi tenir compte des techniques existantes de
diffusion de l'écrit. De nos jours, les moyens d'impression les plus performants, mais aussi les plus
disponibles, sont au service des langues dominantes, porteuses de technologie et de moyens de
communication. Ces langues sont les langues anglo-saxonnes (anglais, allemand), latines
(français, espagnol, italien) ou slaves (russe). Les Japonais eux-mêmes, pourtant à la pointe des
innovations technologiques, utilisent l'anglais pour diffuser à travers le monde leurs produits.
L'anglais est de plus en plus présent dans tous les domaines de recherche et, à travers l'anglais,
se généralise l'utilisation du caractère latin.
A l'apogée de la civilisation arabo-musulmane, la langue arabe était l'outil de référence dans le
domaine scientifique, parce que le savoir se dispensait dans les universités de langue arabe.
Aujourd'hui l'anglais est sans conteste le passage obligé à toute recherche scientifique,
notamment dans le domaine des technologies de pointe. Ajoutez à cela l'allemand, le français,
l'espagnol, l'italien, le portugais, le hongrois, le polonais, le roumain, le turc, les langues
scandinaves et bien d'autres langues encore, et on se rend vite compte que plus de la moitié de la
planète utilise les caractères latins quotidiennement. Conséquence de tout cela, que vous soyez
au Tibet, au Yémen ou en Patagonie, vous pourrez toujours trouver des moyens d'impression en
caractères latins. Le caractère latin est sans conteste le plus utilisé à travers le monde.
L’amazigh a été écrit par nos ancêtres, on en retrouve les traces à travers toute l'Afrique du nord,
jusqu'aux îles Canaries, ce sont les caractères lybiques. De nos jours, les Touaregs perpétuent la
tradition et continuent à écrire en tifinagh, mais cela reste occasionnel et ressemble plutôt aux
derniers signes d'une tradition qui se perd. La renaissance de l'écriture amazighe nécessite une
prise de conscience préalable de la part des amazighophones quant à la valeur de ce patrimoine
inestimable qu'est la graphie lybico-tifinagh.
La graphie arabe présente des inconvénients et des lourdeurs qui nécessitent des
aménagements importants afin de pouvoir représenter tous les phonèmes de la langue amazighe.
Les principales difficultés sont les suivantes :
1. Impossibilité de combinaison de caractères (comme cela se fait pratiquement dans toutes les
langues utilisant le caractère latin) pour représenter les phonèmes étrangers à l'alphabet arabe.
T’utlayt ta mazight 6
2. Obligation de créer de nouvelles lettres par ajout de points ou de signes diacritiques aux
lettres déjà existantes.
3. Absence de voyelles courtes sous forme de lettres d'où l'obligation d'utiliser tout le temps la
vocalisation.
4. En cas d'utilisation des caractères représentant les voyelles longues arabes pour représenter
les voyelles amazighes, on aura des difficultés à représenter les semi-voyelles « w » et « y ».
A tout cela, nous ajouterons que la graphie même de l'arabe ne facilite pas l'impression ou la
création de traitements de textes informatiques, à cause de son polymorphisme (plusieurs
représentations possibles pour une lettre, en fonction de sa place dans le mot).
Le choix des caractères étant fait, il existe trois façons d'écrire une langue, quelle que soit la
complexité de son champ sonore (phonétique), de sa structuration (syntaxe) ou de son champ
lexico-sémantique : Ecriture phonétique, écriture phonologique ou écriture orthographique.
1. L'écriture phonétique
C'est une reproduction graphique d'un parler quelconque, qui représente toutes les nuances et
variantes possibles de celui-ci. C'est l'outil qui permet de décrire toutes les occurrences d'une
expression orale d'une langue donnée.
2. L'écriture phonologique
Lorsqu'on supprime toutes les différences phonétiques non pertinentes dans un parler
quelconque, on aboutit à un allégement non négligeable du système de transcription, c'est ce
qu'on appelle le système phonologique d'une langue.
3. L'écriture orthographique
4. Illustration
En écriture orthographique, on devrait définir une façon unique d'écrire le mot en question. On
écrira, par exemple, tawwurt.
radical : wwur
racine : r (racine verbale signifiant : fermer, rendre, repousser)
Sens étymologique : celle qui se ferme, qui protège (du danger extérieur)
Les règles de variation de ce mot devraient être énoncées clairement, par exemple on écrira :
Chapitre II
I. Choix de l'alphabet
abcdefghijklmnopqrstuvwxyz
N.B. Nous avons utilisé « â » pour représenter le « a » voyelle ouverte du français, nous en
justifierons l'utilisation plus loin.
Nous avons dit, précédemment, que toute langue pouvait s'écrire de trois manières différentes :
phonétique, phonologique ou orthographique. Certaines langues s'écrivent aussi de façon
idéographique, comme le chinois, mais ce n'est pas là l'objet de notre étude, aussi nous nous
limiterons à expliquer les façons d'écrire évoquées plus haut.
La transcription phonétique sert à reproduire le plus fidèlement possible l'expression orale d'un
parler quelconque, c'est l'outil des spécialistes. Elle peut varier à l'intérieur d'une langue donnée,
d'une région à une autre et parfois même d'un locuteur à un autre (suivant le niveau d'instruction,
l'âge, le sexe ou le milieu social).
Par exemple, en français, un parisien ne prononcera pas la lettre « r » de la même manière qu'un
provincial. Le Marseillais parle différemment du Lillois, le loubard s'exprime autrement que le
cadre, et ainsi de suite. Pourtant tous parlent français et se comprennent mutuellement.
Pour les amazighophones, nous notons encore plus de différences phonétiques entre les
différents parlers, cela est dû à l'absence de communication entre les différents îlots où l’amazigh
s'est préservée. L'absence de l'écrit est aussi pour quelque chose dans cette disparité de parlers à
faible intercompréhension.
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Région de Bougie : yewweî (il est arrivé); gzileî (tu es court, de petite taille)
Région de Tizi Ouzou : yebbwev, wezzilev
En arabe algérien, nous observons le même phénomène: un oranais parlera différemment d'un
algérois ou d'un sétifien lequel ne s'exprimera pas de la même façon que l'algérois ou le
tlemcénien, et ainsi de suite. Presque chaque région a son accent propre.
Toutes ces différences d'accents, la phonétique se charge de les décrire et de les traduire par
écrit.
Si, partant de la transcription phonétique, nous supprimons toutes les différences écrites qui ne
sont pas pertinentes pour le sens, nous arriverons à une écriture allégée de plusieurs signes (ou
graphèmes). Nous ne représenterons alors que les sons (ou phonèmes) qui induisent une
variation de sens (passage d'un mot à un autre).
Par exemple, entre /akal/ (avec un « k » spirant) et /akal/ (avec un « k » occlusif), la variation
phonétique entre les deux, n'introduit pas de variation de sens, c'est à dire qu'il n'y a pas deux
mots différentiés juste par les « k » spirant et « k » occlusif. Cette différence ne doit pas être
représentée en transcription phonologique. On écrira « akal », qu'on le prononce /akal/ (« k »
spirant) ou /akal/ (« k » occlusif).
Par contre si on écrit « azal », on a affaire à un autre mot, donc la différence entre « k » et « z »
est pertinente, elle introduit une différence de sens. Elle doit être représentée par la transcription
phonologique. On écrira /akal/ (terre) et /azal/ (valeur ou grand jour).
En amazigh, la spirantisation de certains phonèmes est un phénomène régional et, en
transcription phonologique, il n'est pas nécessaire de différencier les spirantes des occlusives
correspondantes. Ce qui n'est pas le cas pour toutes les langues. En arabe ou en anglais, par
exemple, on fait la distinction entre t (« t » spirant) et t (« t » occlusif) ou encore entre d (« d »
spirant) et d (« d » occlusif).
En amazigh, il existe des phonèmes différenciés par l'emphase et cette différence introduit une
variation de sens (passage d'un mot à un autre). Par exemple, on dira :
/adar/ (rang), avec un « d » spirant (ou occlusif) et /avar/ (pied) avec un « d » emphatique.
De même qu'on a : /azrem/ (serpent) et /aérem/ (boyau); /ur yerwi/ (il n'a pas remué ; il n’est pas
bouleversé) et /ur yeôwi/ (il n'est pas rassasié).
La différence d'emphase dans les exemples vus plus haut, implique donc une différence de sens
(passage d'un mot à un autre), par conséquent, en transcription phonologique on prendra soin de
marquer l'emphase à chaque fois que c'est le cas. C'est ainsi qu'en amazigh, on a défini, jusqu'à
T’utlayt ta mazight 9
présent, les phonèmes suivants, différenciés par l'emphase : /d/ et /v/, /r/ et /ô/, /s/ et /û/, /t/ et /î/,
/z/ et /é/.
Les considérations vues plus haut et quelques autres, ont amené les amazighologues à définir le
système phonologique suivant :
a b c ç d v e f g o h ê i j k l m n q r ô s û t î p u w x y z é ä γ et ε
Nous parlons d'écriture et non de transcription car nous pensons qu'il y a une rupture majeure
entre les deux façons d'envisager l'écrit. D'un côté, on traduit la langue parlée à l'aide d'un
système graphique (phonétique, phonologie), d'un autre, on établit des règles d'écriture pour une
représentation graphique de la langue, laquelle représentation, devrait être un modèle quasi
immuable et obéir à une grammaire définie une fois pour toutes.
Exemple du français : Si nous écrivons, en français, le mot « eau », tout pratiquant moyen de la
langue française le lira /o/ et écrira toujours « eau/eaux » pour nommer ce liquide qui coule dans
les rivières, jaillit des sources, sort du robinet, etc.
La prononciation peut varier d'une région à une autre du monde mais on écrira toujours
« eau/eaux », partout, en langue française.
Autre exemple :
Si on écrit le mot « lutte » signifiant {lutte}, il sera lu différemment d'un locuteur à un autre (/lüt/,
/lütt/, /lut/, /lüte/...) selon que celui-ci est parisien, marseillais, pied-noir, émigré espagnol ou autre,
mais tout le monde écrira « lutte » et comprendra : bataille, bagarre, sport de combat... et ne
confondra jamais avec « luth », signifiant {instrument de musique}, qui peut d'ailleurs être
prononcé de la même façon.
Ce que l'on veut démontrer, c'est que la graphie d'une langue est fixée une fois pour toute, par
un consensus défini par des spécialistes de la langue en question et accepté par les pratiquants
de celle-ci.
La fixation par écrit des mots d'une langue donnée, définit une orthographe immuable pour
chaque mot de cette langue. S'il y a variation, elle doit obéir à des règles strictes comme, par
exemple, pour la formation du pluriel français :
Dans les chapitres qui suivront, nous allons proposer une écriture orthographique de l’amazigh
en partant des points suivants :
2. nous procéderons à partir de la transcription phonologique définie par Mouloud Mammeri dans
« Tajerrumt n tmaziγt ».
***
Chapitre III
Analyse et propositions
Tout au long de cette étude nous serons amenés à utiliser des termes techniques de la
linguistique, il serait bon d'en rappeler, au préalable, les définitions.
I.1. Définitions
2. On appelle désinences, les éléments ajoutés au mot pour lui donner une valeur grammaticale
distincte :
3. On appelle alors thème, le mot débarrassé de ses désinences, ici « myussan » et « ttnadi ».
4. On appelle radical, le thème débarrassé de ses affixes, ici on a les radicaux « ssan » (dans
« myussan ») et « nadi » (dans « ttnadi »).
5. On appelle racine, la partie commune à tous les radicaux de la même famille, en amazigh la
racine est purement consonnantique. Ici, on a les racines « SN » (pour « ssan ») et « ND » (pour
« nadi »)
T’utlayt ta mazight 11
− Le graphème « s » correspond au phonème [s] dans « sac » et au phonème [z] dans « case ».
− Le graphème « ch » correspond au phonème [ ∫ ] dans « chat » et au phonème [k] dans
« psychose », il est composé des lettres « c » et « h ».
− La graphie du mot « misère » est {misère}. Elle est décomposable en graphèmes « m », « i »,
« s », « è » et « re » qui correspondent aux phonèmes [m], [i], [z], [ε] et [R], d'où la transcription
phonétique [mizεR].
Nous allons énoncer des règles posées comme postulats, lesquelles seront à la base de toutes
les propositions que nous ferons par la suite.
Règle 1. Un graphème = un phonème: il ne faut écrire que ce que l'on prononce, sauf pour les
cas d'assimilation phonétique (voir Règle 4.).
Règle 2. Ayant fait le choix de l'alphabet latin, on n'utilisera que les caractères appartenant à
celui-ci. Ceci implique le remplacement des caractères grecs (« γ » et « ε ») utilisés jusqu'à
présent, par des caractères ou des combinaisons de caractères de l'alphabet latin.
Règle 3. Dans le souci de faciliter l'impression de textes longs en utilisant les moyens
techniques existant à grande échelle, et d'éviter aussi les ajouts manuels sur un texte déjà tapé à
la machine ou en éditeur ou traitement de texte informatique, on évitera les signes diacritiques
(accents, points souscrits, chevrons, cédilles). Pour cela on utilisera les caractères ou des
combinaisons de caractères, de l'alphabet latin.
Le système phonologique utilisé jusqu'à présent par la majorité des amazighisants et dénommé
abusivement alphabet amazigh, est le suivant :
Quelques remarques :
1. Les vélaires sont notées en ajoutant le caractère « w » à la consonne vélarisée: akwer (voler);
agwi (refuser); agwem (puiser); etc.
2. Il n'y a pas de différence, à l'écrit, entre les spirantes et les occlusives correspondantes.
T’utlayt ta mazight 13
Ay ul iw yefna-kk ûûbeô
m'ap-piliv d lêeô
assa p-pisewwiqt lεid
Ce poème de Si Mohand, extrait du recueil de Mouloud Feraoun, publié aux Editions De Minuit, a
été transcrit comme suit, dans l'édition originale :
La grande différence entre les deux versions c'est l'absence de signes diacritiques
supplémentaires dans la deuxième version. Cependant on se rend tout de suite compte du
manque de rigueur dans la transcription, dans cette dernière et on sent nettement l'influence de la
langue française à travers les graphèmes « ou » (/u/), « gh » (/γ/), « ï » (/y/), « th » (/t/), entre
autres.
Dans la première version, par contre, la transcription est assez rigoureuse avec un penchant net
vers la transcription phonétique à travers notamment la notation de l'assimilation (ex : ad tiliv > ap-
piliv).
Ce qui est encombrant et présente des risques d'erreurs, dans cette version, ce sont les ajouts
éventuels de signes diacritiques au texte imprimé. De plus, dans un texte si court (moins de trois
lignes en écriture linéaire), nous comptabilisons: 17 points souscrits, 6 cédilles, 04 caractères
grecs (2 epsilon et 2 gamma). Donc nous avons 22 signes diacritiques supplémentaires en plus de
l'hétérogénéité de l'ensemble, due aux caractères grecs « γ » et « ε ».
III.3. Propositions
Nous proposons dans la suite de cette étude, après une analyse succincte des phonèmes
amazighs, un système d'écriture homogène qui allie la rigueur et la facilité d'écriture sans pour
cela nous éloigner trop de ce qu'ont proposé nos prédécesseurs. Nous utiliserons exclusivement
des caractères issus de l'alphabet latin, nous éviterons au maximum les signes diacritiques et
T’utlayt ta mazight 14
nous proposerons des règles claires et strictes permettant d'écrire d'une façon rigoureuse sans
faire appel à la transcription phonologique.
Grâce à la méthode que nous proposons, nous arriverons au résultat suivant, concernant le
poème vu plus haut.
Ay ul iw yefna-kk el szber
m'ad tilidh d el h'erh
ass-a d ta sewwiqt en el äid
Ce que nous pouvons dire tout de suite c'est que nous réalisons une économie énorme de
signes à l'impression, quant à la lisibilité elle n'est pas altérée, aucune difficulté supplémentaire
n'étant introduite. Nous appliquons le principe du premier postulat vu au chapitre précédent (un
graphème = un phonème), postulat que l’on retrouve d'ailleurs dans la notation phonologique.
La seule nouveauté que nous introduisons c'est l'abandon du principe : un son = un caractère.
Nous avons ainsi des graphèmes représentés par deux caractères : gh = /γ/; rh = /ô/; sz = /û/; dh
= /v/; h' = /ê/
En plus, nous avons : tt = /p/ ou /pp/, ä = /ε/ et nous avons systématiquement séparé l'article du
radical. Nous justifierons toutes ces transformations dans les chapitres qui suivront.
***
Chapitre IV
Les voyelles
En amazigh, tout comme en arabe, il n'y a que trois voyelles de base : ce sont les voyelles « a »,
« i » et « u ». Les autres voyelles apparaissant parfois dans la transcription de certains parlers
sont, soit des variantes régionales des trois voyelles de base ou, concernant la voyelle neutre, un
outil phonétique facilitant la lecture.
On a parfois un glissement phonétique d'une voyelle sur une autre, ce qui donne des variantes
que l'on doit transcrire fidèlement dans le cas d'une notation phonétique. Par exemple, chez les
Touaregs on constate l'utilisation du phonème [e] (le « é » du français), ou du phonème [o] :
ténéré < /tiniri/ (le désert); éhod < /ihuv/ (la nuit)
Si nous prenons comme postulat, qu'en amazigh, il n'y a que trois voyelles significatives (« a »,
« i » et « u »), cela a pour conséquence de considérer la voyelle neutre « e » comme simple outil
phonétique aidant à mieux déchiffrer la chaîne écrite, en écriture orthographique.
Nous pourrons d'ailleurs nous passer de la représentation de la voyelle neutre, d'autant plus que
celle-ci n'a pas d'existence dans l'écriture tifinagh, le caractère [ e ], sensé la représenter, étant
une introduction récente, sous l'influence de la transcription phonétique.
Notons aussi, qu'en tifinagh, les caractères [ i ] et [ u ] représentent également les semi-voyelles
« y » et « w ».
Concernant l'utilisation de cette voyelle neutre (ou voyelle zéro), nous reprenons S. Chaker,
chercheur en linguistique amazighe :
Malgré une relative "consistance" phonétique (la voyelle neutre) est une voyelle non-
phonologique. Elle apparaît pour éviter la constitution de groupes de plus de deux consonnes et
est interdite en syllabe ouverte. Elle n'est jamais distinctive et sera systématiquement supprimée
dans la notation phonologique. Sa nature strictement phonétique est confirmée par son instabilité
selon les locuteurs, le débit, la constitution du mot phonétique où elle apparaît, sa position varie
avec la composition phonique du groupe :
En supprimant le « e », on obtient :
La suppression du « e » ne posera problème que dans le cas d'une suite de deux consonnes
identiques significatives, qu'on peut confondre avec une consonne tendue représentée par un
doublet, comme, par exemple, dans :
ssnen (ils connaissent); ffγeγ (je suis sorti); teccvev (tu as glissé)
Ces exemples confortent l'idée d'utiliser la voyelle neutre afin d'éviter ces suites de consonnes
identiques significatives. D'autre part les suites de plus de trois consonnes sont difficilement
déchiffrables pour les apprenants en amazigh.
T’utlayt ta mazight 16
Si on écrit, par exemple, « amsbrid » (un passant), il sera lu /amsebrid/ par l'amazighophone,
mais l'apprenant en amazigh aura des difficultés à déchiffrer ce simple mot, il pourra le lire :
/amesbrid/, /amesberid/ ou autrement.
Pour éviter ce genre de problème, il faudrait noter la voyelle neutre selon une règle bien
déterminée ne prêtant à aucune confusion. Reprenons, pour cela, S. Chaker :
« Si ces règles permettent de prédire l'apparition de la voyelle neutre dans la très grande majorité
des cas, leur validité n'est pas absolue. On relève en effet quelques cas embarrassants qui
n'entrent pas dans ce cadre. Ces exceptions, peu nombreuses, sont d'origine morphologique : on
constate en effet que la structure du mot peut contrecarrer les règles générales (d'apparition de la
voyelle neutre dans une suite consonantique)
(...) Ainsi, la séquence /C1C2C3/ se réalise [CeCC] (au lieu de la forme [CCeC] attendue), si /C3/
est le morphème -t, suffixe du féminin. Dans ce cas, la position de la voyelle reste la même que
dans la séquence non marquée masculine correspondante. On peut expliquer ainsi des segments
comme :
Sans la voyelle neutre on aurait écrit : tigrt, tiklt, tidgt, tilft, tirmt, sachant seulement que ce
sont des formes féminines bâties sur les radicaux (formes masculines) : igr, ikl, idg, ilf, irm.
Seulement, la lecture de ces mots risque d'être faussée, un apprenant pourrait lire : tigret, tiklet,
tidget, tilfet, tirmet, ce qui serait une lecture fausse évidemment. Il n'y a que l'utilisation de la
voyelle neutre qui peut éviter cela puisqu'on écrira, avec voyelle neutre : tigert, tikelt, tidegt,
tileft, tiremt.
La langue amazighe est proche des langues consonantiques de par le faible nombre de voyelles
qu'elle utilise. D'ailleurs elle possède les mêmes voyelles que l'arabe (a, i, u) à la différence que
l'arabe note les voyelles longues et ne note pas les courtes. D'autre part si nous regardons
l'écriture tifinagh nous remarquerons tout de suite la quasi-absence de voyelles. Par exemple,
« abergen » (« tente de voyage », chez les Touaregs) s'écrit brgn en tifinagh, qu'on pourra
écrire : abrgn - ABRGN. Voici d’autres exemples :
L'introduction de la voyelle neutre aide à la lecture correcte, comme vu plus haut, cependant
nous devons énoncer la règle d'apparition de celle-ci pour éviter une écriture incorrecte.
Si on écrit, par exemple, « azrm » (serpent), un amazighophone lira naturellement /azrem/ avec
une accentuation sur le « z » et le « m ». Ceci n'est pas évident pour un non amazighophone.
Par contre, au pluriel « izrman », il lira /izerman/, avec accentuation sur le « r » et le « n ». C'est
la présence du « e » (voyelle neutre) qui permet de marquer l'accentuation d'une consonne au
détriment d'une autre, dans une suite de plus de deux consonnes. Nous voyons que le « e » est
T’utlayt ta mazight 17
mobile dans le mot (et parfois même dans la chaîne écrite dépassant le mot). Voici quelques
exemples :
yegrareb / tegrarbem (il a roulé / vous avez roulé); yekrez / ykerz as (il a labouré / il lui a
labouré)
Nous pouvons établir une règle d'apparition de la voyelle neutre « e » dans le mot et dans la
chaîne écrite en général.
III.2. Règle
La voyelle neutre apparaît avant la dernière consonne du mot (sauf lorsque c’est l'indice du
féminin « t ») puis toutes les deux consonnes à partir de la droite, en comptant à partir de
n'importe quelle voyelle.
De plus, les tendues (non précédées d'une voyelle pleine) sont toujours précédées de la voyelle
neutre sauf en début de mot.
Remarque : Les tendues sont comptabilisée comme simples consonnes dans les suites de plus
de deux consonnes étant donné qu'elles forment un phonème distinct.
Si on applique cette règle aux deux exemples vus plus haut, on obtient :
Nous voyons donc que l'apparition de la voyelle neutre « e », est tout à fait prévisible et ne pose
donc pas problème pour l'apprenant en amazigh.
IV. Illustration
Pour montrer l'utilisation de la règle d'apparition de la voyelle neutre, nous allons prendre
quelques exemples : un dicton, un proverbe et un extrait de poème. Pour le moment, nous ne
traiterons que de la voyelle neutre, nous écrirons par conséquent en notation phonologique
(d'abord sans voyelle neutre puis avec voyelle neutre).
***
Chapitre V
Les emphatiques
A l'origine, il n'existait que deux phonèmes emphatiques dans le champ phonique de l’amazigh,
on les retrouve d'ailleurs dans l'alphabet tifinagh, ils sont représentés par les lettres D (/v/) et Z
(/é/), à ces deux lettres il faut ajouter la lettre composée D+ qui représente le phonème /î/.
Remarque : Le « r » est parfois emphatisé par influence d'une autre emphatique ou des vélaire
et uvulaire « γ » et « q ». Par exemple, « r » est emphatique dans :
Le « s » peut être considéré comme emphatique à proximité d'autres emphatiques, comme, par
exemple, dans : yessev (il est enragé); taseîîa (rameau); aîas (beaucoup)... Ce type d'emphase
par influence ne doit pas être marqué, nous ne noterons, pour notre part, que les emphatiques
réelles.
Les emphatiques /ô/, /û/ et dans une certaine mesure /î/, appartiennent au vocabulaire d'emprunt.
Les emprunts sont faits essentiellement à l'arabe ou au français.
¾ En arabe, il existe deux phonèmes distincts /s/ (sin) et /û/ (ûad), différenciés par l'emphase. Il
en est de même pour /t/ (ta) et /î/ (îa). Le « r » est naturellement emphatique, en arabe, il lui
arrive cependant de perdre son emphase dans certains environnements phonétiques. Par
exemple, « r » est emphatique dans /rasm/ (dessin) et ne l'est pas dans /radm/ (destruction).
1. Emprunts à l'arabe : /ôôay/ (opinion); /yekôeh/ (il déteste); /taûebêit/ (matinée); /ûûwab/ (le bon
sens)
2. Emprunts au français : /ajenyuô/ (ingénieur); /ûûak/ (sac); /aûabu/ (sabot)
1. tension sur le /v/ : /yuven/ (il est malade) > /aîîan/ (maladie)
2. rencontre du /v/ avec /t/ : /asemmav/ (froid) > /tasemmaî/ (froide)
3. rencontre du /d/ avec /t/ : /aγalad/ (mur) > /taγalaî/ (murette, talus)
4. emprunt à l'arabe : /îîbib/ (médecin); /îawes/ (paon) ...
5. emprunt au français : /aîaksi/ (taxi); /îîas/ (tasse) ...
On peut aussi avoir un /î/ issu d'une tension du /v/ dans le vocabulaire d'emprunt, comme par
exemple dans :
Les emphatiques sont, jusqu'à présent, marquées par une lettre diacritée (point sous la lettre).
Lorsqu'il n'y a qu'une seule emphatique dans le mot, on ne rencontre pas de problème pour la
marquer, cependant on a vu qu'on peut avoir l'emphatisation d'une lettre par influence d'une autre
emphatique ou des vélaire et uvulaire « γ » et « q ».
Un problème se pose lors d'une rencontre de deux emphatiques dont l'une influence l'autre,
laquelle faut-il marquer? Faut-il les marquer toutes les deux? Par exemple, lors de la rencontre
d'un « z » et d'un « r » emphatiques, lequel portera la marque d'emphase dans les exemples
suivants ?
Pour éviter la multiplication des points souscrits, il ne faut marquer qu'une emphatique sur deux,
l'autre étant automatiquement emphatisée par influence de celle qui porte la marque d'emphase.
Mais laquelle des deux marquer ?
1. La marque d'emphase doit être portée, en priorité, sur les emphatiques existant dans
l'alphabet tifinagh, c'est à dire /é/, /v/ et /î/. On écrira alors :
Mots amazighs : aéru (pierre); aérem (boyau); aéarif (alun); avar (pied); aîas (beaucoup); yeîîes
(il dort); etc.
Emprunts : éur (visiter : ar. zaôa); taéerbit (tapis : ar. zeôbiyya); îîas (tasse); etc.
2. En cas d’absence d’emphatiques amazighes, on fera porter l’emphase sur la lettre emphatique
dans le mot d’origine : ûûber (patience : ar. ûabr); ôôasul (prophète : ar. ôasul); ddeôs (leçon : ar.
dars); Fôansa (arabe Fiôansa)
Remarques :
1. Les emphatiques du système phonologique, vues jusqu'à présent, sont les suivantes : /v/, /î/,
/ô/, /û/ et /é/, cependant, on peut rencontrer d'autres emphatiques que celles-ci, en amazigh,
comme dans :
/l/ > /llufan/ (bébé), /Lalman/ (Allemagne), /c/ > /uccay/ (lévrier), etc.
T’utlayt ta mazight 20
IV.1. Généralités
Nous proposons de représenter les emphatiques par des digrammes composés de la lettre
représentant la variante non emphatique et d'un autre caractère de l'alphabet latin. On prendra
soin de choisir un caractère qui ne rentre pas dans les suites courantes de la langue amazighe.
Restent les suites (r,p), (r,o), (r,v), les suites (r, voyelle) étant exclues.
On pourrait utiliser les lettres « o », « p » et « v » dans les digrammes pour représenter les
emphatiques, mais on ne pourra plus alors leur garder leur valeur originale dans les emprunts
assimilés ou non, ainsi que dans certains noms propres, comme dans les exemples suivants :
Emprunts : apaki (un paquet), tapupitt (une poupée), avilu (un vélo), etc.
Noms propres : Pierre, Lpari (Paris), Venise, Vienne, Oslo, etc.
Pour pouvoir lire correctement les mots d'emprunt où on a les lettres « o », « p » et « v », il est
préférable de leur garder leur valeur phonique classique. Par ailleurs, il serait préférable que
l'emphase soit marquée de la même manière (consonne + marque d'emphase). Nous préconisons
de ce fait d'ajouter le même caractère à la lettre à emphatiser, dans la composition du digramme.
Par exemple, si on optait pour un digramme de la forme consonne + « h », on écrirait : rh = /ô/, sh
= /û/, th = /î/, zh = /é/ et dh = /v/
Cependant, cette façon de faire pose problème, pour au moins deux cas :
T’utlayt ta mazight 21
Nous éviterons donc cette représentation pour les « s » et « t » emphatiques. Nous ne proposons
cette façon de faire que pour les « d », « r » et « z » emphatiques, pour le moment. Nous écrirons,
dans ce cas :
azhar (racine, veine), yezhra (il sait), adhar (pied), tedhra (ça s’est passé), arhumi (chrétien),
yerhwa (il est rassasié), etc.
Un autre problème peut se poser, dans le cas où les deux caractères composant le digramme
sont tous les deux significatifs.
Ex. /azhar/ (grondement), /yerhes/ (il a comblé), yedha (il est distrait)
Avec cette façon d'écrire nous résolvons le problème de la suite de deux consonnes
significatives. Du même coup, nous donnons une forme reconnaissable aux emphatiques, d'où
facilité d'apprentissage, de lecture ou d'utilisation de machine à écrire ou de traitement de texte.
Nous verrons plus loin que dans la majorité des cas, nous pourrons, en réalité, nous passer de
l’apostrophe.
Noter que cette représentation n'est pas nouvelle dans la mesure où, en français entre autre, on
a les digrammes « dh » et « rh » qui représentent respectivement, « d » et « r » emphatiques,
dans les exemples suivants :
Nous savons, bien sûr, que dans le deuxième cas, à part pour « rhum » qui est un emprunt
récent de la langue française, ce sont les voyelles ouvertes « a » et « o » du français qui
"emphatisent" par influence le digramme « rh », n'empêche que c’est quand même une
emphatique.
D'autre part, la lettre grecque « ρ » (rhô), qui est une emphatique, est justement représentée par
le digramme « rh », en français.
On écrira, dans ce cas : taçabunt / tascabunt (la savonnette); yeçber / yescber (il a été patient);
açefçaf / ascefscaf (peuplier), etc.
T’utlayt ta mazight 22
D’un autre côté, il se trouve que dans certains emprunts anciens, au « s » emphatique du mot
d’emprunt correspond un « z » emphatique dans le mot d’origine. Exemples :
Ce phénomène est dû à la proximité phonétique entre les deux phonèmes. Pour cette raison
(proximité phonétique), nous proposons de représenter les « s » et « z » emphatiques,
respectivement, par les graphèmes « sz » et « zs ». L’avantage de cette représentation est double
:
Nous écrirons, dans ce cas : yeszber (il a été patient), aszefszaf (peuplier), taszabunt
(savonnette), azserzsur (étourneau), azsar (racine, veine), yuzsam (il a jeuné), amezsyan (jeune),
tazsallit (la prière), lhemmezs (pois-chiches), etc.
− tension sur /v/; yuven > aîîan (il est malade > maladie)
− rencontre entre /v/ et /t/; asemmav > tasemmavt (froid > froide)
− rencontre entre /d/ et /t/; agrud > tagrudt (un enfant > une enfant)
− emprunt à l’arabe ou au français; îawes (paon); aîaksi (taxi)
Remarque : Dans le cas où on a affaire à une tendue, nous doublerons le « t » et nous écrirons :
adttan (maladie), tasedtta (rameau), yedttes (il dors), etc.
Remarquez que dans ces exemples nous avons aussi utilisé les lettres « p » et « v » qui
n'appartiennent pas au champ phonique de l’amazigh.
Mais on aura, par ailleurs, les emphatiques « rh » et « sz » dans la plupart des emprunts
assimilés ou non.
Ex. yerhwa (il est rassasié), taszebêit (la matinée), tibszelt (un oignon)...
Récapitulation : Nous proposons d’utiliser les graphèmes suivants, pour représenter les
emphatiques de l’alphabet amazigh.
La tension sur un phonème représenté par un seul caractère est représentée traditionnellement
par le doublement de celui-ci.
yedda (il est parti); yessen (il connaît), tameddit (l'après-midi); ekker (lève-toi); amellal (blanc).
Nous appliquerons la même règle pour tous les phonèmes représentés par un seul caractère (ou
une seule lettre).
Dans le cas où on a un digramme, c'est à dire deux caractères représentant un phonème (ou un
son), la tension sur le phonème en question sera représentée par le doublement du caractère
significatif. Dans le cas des emphatiques, le premier caractère du digramme est le plus significatif
puisqu'il représente la variante non emphatique du phonème. Nous écrirons alors, par exemple :
La tension sur « dh » sera représentée par « dtt », vue qu’elle donne presque toujours,
phonétiquement /tt/. On écrira :
VII. Illustration
Pour illustrer ce chapitre, nous avons choisi un court extrait du roman de Amar Mezdad, « Iv d
wass ». Nous n'appliquons, pour le moment que ce qui a été vu jusqu'à présent : utilisation de la
voyelle neutre (chap. IV) et marque d'emphase (objet de ce chapitre).
Beôôa tezdeγ tsusmi. Aεni d adfel. Avu nni d-ibegsen kra yekka wass, atan yekbel. Ass aneggaru
di yennayer yekkat-d wedfel. D amervil. Asmi tebda ddunit, nnan as i weqjun : « Xtiô ili-kk d aqjun
neγ p-pameîîut ». Ixtaô, inna-yasen : « D awezγi, tagi ur tverru. Yif it ma lliγ d aydi tiêdert ap-pixfif,
wanag tameîîut aêlil! » Tamurt ma tpepp arraw is, yessis d aεûar i tent-tεeûûer. (...)
Ur p-id-iûaê yives ar-d yali wass. Ur-î-id-iûaê ap-perr awal ma ur p-yeεoib. Tadist deffir tayev, dderya
d inilban, am lbaîaîa wa ur ireffed wa. Tamγart d wemγar si tama ad pneéman fellas. Tilewsatin di
tama dderz nsent ad isnunnut εiîîa d aseggas. Akken ara tγil ddunit qrib a s-d-tevs, mi zewoent
yakw tlewsatin, imγaren wwven amekkan nsen, imiren ara d-teγli fellas txessaôt taneggarut, yernu
ur tebni fellas.
Berrha tezdeγ tsusmi. Aεni d adfel. Adhu nni i-d ibegsen kra yekka wass, atan yekbel. Ass
aneggaru di yennayer yekkat-d wedfel. D amerdhil. Asmi tebda ddunit, nnan as i weqjun : « Xtirh
ili-kk d aqjun neγ d tamedttut ». Ixtarh inna-yasen : « D awezγi, tagi ur tdherru. Yif it ma lliγ d aydi
tiêdert ap-pixfif, wanag tamedttut aêlil! » Tamurt ma tpep arraw is, yessis d aεszar i tent-tεesszer. (...)
Ur p-id-iszaê yidhes ar-d yali wass. Ur-p-id-iszah ap-perr awal ma ur t-yeεoib. Tadist deffir tayedh,
dderya d inilban, am lbadtadta wa ur ireffed wa. Tamγart d wemγar si tama ad tnezsman fellas.
Tilewsatin di tama dderz nsent ad isnunnut εidta d aseggwas. Akken ara tγil ddunit qrib a s-d-
tdhes, mi zewoent yakw tlewsatin, imγaren wwdhen amekkan nsen, imiren ara d-teγli fellas
txessarht taneggarut, yernu ur tebni fellas.
T’utlayt ta mazight 24
***
Chapitre VI
Les affriquées
Nous regroupons sous l'appellation d'affriquées les phonèmes /ç/, /o/, /p/ et /ä/.
a) d'occlusives /t/ et /T/ ayant subi un processus d'affaiblissement articulaire se traduisant par
une fermeture imparfaite. C'est notamment le cas de /T/ (...) qui devient presque toujours [Ts]
dans ce parler;
b) de constrictives tendues /S/, /Z/, /C/ et /J/ ayant, à l'inverse connu un phénomène de
renforcement allant jusqu'à l'occlusion partielle. Cette évolution est particulièrement bien attestée
pour /S/ :
Pour résumer, nous dirons que les affriquées proviennent en général d'une tension ou d’une
assimilation phonétique.
Le cas du phonème /o/ est un peu particulier, on le retrouve surtout dans les emprunts à l'arabe.
Dans ce cas le /o/ ne se trouve en opposition avec /j/ que dans un cas attesté pour les verbe /jji/
(guérir) et verbe /eoo/ (laisser) :
T’utlayt ta mazight 25
Dans le cas des emprunts à l'arabe, le /o/ est souvent une variante phonétique du /j/, le /j/ étant
lui-même un glissement phonétique du phonème originel de l'emprunt (/o/).
/yejreê/ (il est blessé) <> /loerê/ (blessure) [< /oaraêa/ (ar.)]
/tajmaεt/ (assemblée) <> /loameε/ (mosquée) [< /oamaε/ (ar.)]
/ajenniw/ (folie) <> /loenn/ (génie) [< /oenn/ (ar.)]
Le /o/ arabe a donc deux réalisations phonétiques possibles en amazigh /j/ et /o/. Le /j/ est
surtout présent dans les emprunts assimilés (/yejreê/, /tajmaεt/, /ajenniw/, /ajeεbub/, ...) alors que
le /o/ se retrouve plutôt dans les emprunts non assimilés (/loerê/, /loameε/, /loenn/, ...).
Remarques :
Comme vu plus haut, les affriquées ont des origines multiples. Lorsque c'est le résultat d'une
tension (ou d'une assimilation phonétique), nous proposons une écriture morpho-syntaxique, c'est
à dire une écriture qui respecte les règles grammaticales, comme par exemple dans la formation
du féminin. On écrira, entre autre :
Remarque : La tension sur /t/ donne /p/ ou /pp/, on respectera la règle de notation des tendues et
on écrira systématiquement « tt » pour le « t » tendu. Cela nous amènera à écrire, par exemple :
N.B. En kabyle, le « t » se prononce parfois /p/ en fin de mot, lorsqu'il est précédé d'une voyelle.
tisegnit (aiguille); tafat (lumière); tifrat (trêve), ayennat (machin, truc), snat (deux), tafrut (couteau
de cuisine).
Ces affriquées ne proviennent ni d'une tension ni d'une assimilation. Dans ce cas, on utilisera
une combinaison de lettres pour les représenter.
N.B. Nous justifierons plus loin le choix du « e » pour éviter l’apostrophe qui a une autre fonction,
en grammaire.
La tension sur le /ç/ sera alors notée, comme pour les emphatiques, par le doublement du
caractère significatif du digramme, c'est à dire le « c ».
yetcca (il a mangé); utcci (le manger); yetccur (il est plein) ...
Le /ä/ sera noté par le digramme « dz », la suite (d,z) n'existant pas en amazigh, il n'y a aucun
risque de se tromper. Le /ä/ tendu sera noté lui, par le doublement du caractère significatif, « z ».
On écrira, alors : adzayri (un algérien); Dzzayer (Alger/Algérie)
Remarque : Le phonème /ä/ est très rare en amazigh, si on exclut la tension sur le /z/ qui est
réalisée phonétiquement /ää/, nous ne connaissons que cet exemple.
Ce phonème est rare dans le vocabulaire d'origine amazighe. On le rencontre, par contre
beaucoup dans le vocabulaire d'emprunt. Nous proposons de le noter par le digramme « dj », la
suite (d,j) n'existant pas en amazigh. Lorsqu'il est tendu, nous doublerons le caractère significatif,
c'est à dire le « j ». On écrira alors : adjew (acheter); yedjja (il a laissé); ajedjjig (une fleur).
De même qu'on écrira pour les emprunts : zdjadj (le verre); zwadj (le mariage); adjernan (un
journal); aqahwadji (un cafetier).
Il est évident que dans certains emprunts c'est le phonème /j/ qui est utilisé, nous écrirons dans
ce cas : tajmaεt (assemblée); yejreê (il est blessé); ajenyurh (ingénieur), etc.
IV. Illustration
Nous appliquons, dans cette illustration, tout ce qui a été vu jusqu'à maintenant, c’est à dire, les
voyelles, les emphatiques et les affriquées. Nous avons aussi apporté quelques aménagements
concernant l'utilisation et la place du tiret séparateur. Par ailleurs, nous avons mis un « y » pour
l’indice de conjugaison de la troisième personne du singulier masculin. Nous justifierons toutes ces
transformations plus loin.
1. Version originale :
Lγerba yagi maççi n-wassa maççi n-yivelli. P-paqdimt n lqedma. Wa ippaooa-p-id i wa. Imdanen n
tmura nniven γas unêafen maca deg-wakal anda lulen, ma d leqbayel msakit ur rbiêen da ur rbiêen
dihin. At wedrum-is seg w'icfan aya tugi lγerba a sen-tebru. Amezwaru i d-ippawi wawal d babas n
jeddis icurek deg-uzaγar γer ukulun. Ikerrez-as, ineqqec-as, isserwat-as. Ipnulfu-d kan mi tekfa
tyerza ad icetti deg-wexxam, neγ mi yekfa userwet mi qrib d êertadem, ileqqev tazart deg wayla-s.
Mi d lawan uweooeb ilaq ad iddez abrid is. Jeddis netta, tecfa-y-as-d cwiî asmi t-id-wwin yemmut-ed
si Σannaba, di lmina γer iôumyen. Qqaren d nutni i-t-inγan.
2. Nouvelle version :
Lγwerba yagi matcci n wassa matcci n yidhelli. D taqdimt n lqedma. Wa yettadjja-tt idd i wa.
Imdanen n tmura nnidhen γas unêafen maca deg wakal anda lulen, ma d leqbayel msakit ur rbiêen
da ur rbiêen dihin. At wedrum is seg wi'cfan aya tugi lγwerba a-sen tebru. Amezwaru i-d yettawi
wawal d baba-s n jeddis ycurek deg uzaγar γer ukolon. Ykerrez as, yneqqec as, yesserwat as.
Yettnulfu-d kan mi tekfa tyerza ad ycetti deg wexxam, neg mi yekfa userwet mi qrib d êertadem,
yleqqwedh tazart deg wayla-s. Mi d lawan uwedjjeb ylaq ad yeddez abrid is. Jeddi-s netta , tecfa-y-
as-d cwidt asm'i-t id wwin yemmut-d si Σennaba, di lmina γer iromyen. Qqaren d nutni i-t yenγan.
***
Chapitre VII
Les pharyngales « ê » et « ε »
I. Origine
Les pharyngales /ê/ et /ε/ sont d'origine arabe, elles ne sont attestées que dans les emprunts à
cette langue.
Le sens du mot est parfois différent de l'original mais l'origine arabe est chaque fois attestée, il
suffit pour cela, de consulter un dictionnaire de langue arabe.
De la même façon que nous avons représenté les emphatiques et d'autres phonèmes par des
digrammes, nous essayerons de lui trouver une représentation judicieuse.
Tout digramme contenant un « h » pourrait induire en erreur et faire penser à l'existence d'une
emphatique (« h » après « r » ou « d ») ou à une suite significative (exemples : yefhem, yenha...).
Nous éviterons ce type de représentation qui restera réservé à marquer l'emphase.
On pourrait représenter le phonème /ê/ par le caractère « x » et représenter alors le phonème /x/
(le « kh » du français) par le digramme « xh », on écrirait alors, par exemple :
yexzen (il est triste); yexhzen (il a enfoui); axbib (un ami); lexhrif (l'automne); axxham (une
maison); yexhdem (il a travaillé)
Remarquez que chez les touaregs, il n'existe pas de /ê/, il est remplacé par le phonème /x/
(« kh » français) dans les emprunts à l'arabe.
Pour notre part, le phonème /ê/ étant un emprunt à l'arabe, on ne le retrouve que dans les
emprunts à cette langue, et nous pensons que ceux-ci iront en se raréfiant avec l’interpénétration
des différents parlers amazighs, ce qui nous amènera à substituer progressivement les mots
d’origine amazighe aux emprunts. Nous proposons, dans ce cas, de représenter le phonème /ê/
par le caractère « h » suivi d'une apostrophe, nous écrirons alors :
yeh'zen (il est triste); yexzen (il a enfoui); ah'bib (un ami); lexrif (l'automne); axxam (une maison);
yexdem (il travaillé); afellah' (un paysan); H'med; Muh'emmed; Mah'fudh ...
La tension sur le /ê/ sera représentée par le doublet « hh », suivi d'une apostrophe : « hh’ » =
/êê/
La pharyngale /ε/ est parfois notée par un doublet « aa » dans certains écrits, et en transcription
française. On écrit, par exemple :
aadaw / aâdaw (un ennemi); aarur / aârur (dos, monticule); yaaya / yaâya (il est fatigué); âawed /
âiwed (répéter)
Nous proposons, pour notre part, de noter le phonème /ε/ par le graphème « ä » (le caractère
« a » avec un tréma). Ce sera une exception à la Règle 3 du chapitre III, qui dit qu'on ne doit
utiliser aucun signe diacritique. Ce phonème étant un phonème d’emprunt, on peut se permettre
de déroger à la règle, de plus, cet accent est disponible sur toute machine à écrire ainsi que dans
toutes les tables de caractères utilisant l'alphabet latin. On écrira dans ce cas :
aäudiw (un cheval), aärur (le dos), äezzsi (un rouge-gorge), aäedttar (le colporteur), Saädi,
Äumer, Aämer, etc.
Lorsque nous avons une tension sur le /ε/, nous la noterons par le doublement du « ä », ainsi,
nous écrirons :
Remarque : La suite (a,ε), en début de mot, est souvent représentée par « aa » en amazigh.
Ainsi on peut trouver : aadaw (ennemi); aajmi (taureau); aabbudh (ventre); etc.
Il se trouve qu'en amazigh, le nom est presque toujours précédé de son article, et l'article
amazigh masculin singulier à l'état libre est « a » (et « ta » au féminin) :
De même pour les exemples cités plus haut, on devrait pouvoir opérer la même décomposition et
écrire par conséquent : aadaw < a + *adaw ; et : aajmi < a + *ajmi
On se rend compte tout de suite de l'erreur qu'on commet en écrivant ainsi les mots commençant
par la suite (a,ε). On déduit surtout que le /ε/ est une consonne à part entière, ce qu'elle est
d'ailleurs dans la langue d'origine de l'emprunt.
Dans ces deux exemples (« aadaw » et « aajmi »), si on sépare l'article du radical, on obtient
des mots n'existant ni en amazigh ni en arabe (langue d'origine), *adaw et *ajmi. Si on met ces
mots au pluriel, on obtient :
L'article change et nous obtenons cette fois ci, les radicaux « âdaw » et « âjmi » que nous
écrivons aussi, par ailleurs, « εdaw » et « εjmi », ceci nous donne les vrais radicaux qui
commencent par une consonne et non par une voyelle. Pour notre part, en représentant le /ε/ par
« ä », nous écrirons naturellement :
Ex. Saadi > Saädi; aadaw > aädaw; aarur > aärur, etc.
***
Chapitre VIII
Vélaire « γ » et uvulaire « q »
I. Analyse
Cependant, on a affaire à deux phonèmes distincts qui s'opposent par conséquent dans certains
mots :
II. Représentation
Le phonème /γ/ est traditionnellement représenté par le digramme « gh », nous pouvons très bien
garder cette représentation étant donné que les lettres « g » et « h » se suivent rarement, dans cet
ordre, en amazigh. Par ailleurs, ce phonème entretient une relation particulière avec le phonème
/q/, vu que le tension sur /γ/ est réalisée /qq/ en amazigh.
Nous proposons de noter l'uvulaire /q/ par la lettre « q », pour rester en conformité avec
l'ancienne notation, et la vélaire /γ/ par le digramme « gh », pour rappeler l’usage quasi universel
de ce digramme, notamment à travers les noms propres : Ghardaïa, Bachagha, Ghana, Maghreb,
Baghdad, etc.
Remarques :
Dans le cas où on a une suite de deux phonèmes pertinents /g/ et /h/, on les séparera par une
apostrophe ou un « e » muet, pour ne pas les confondre avec le digramme « gh » représentant le
phonème /γ/.
N.B. Nous justifierons plus loin, l’utilisation du « e » pour éviter l’apostrophe qui a une autre
fonction grammaticale (Voir Deuxième partie : Le mot et le nom).
Dans le cas où on a deux phonèmes /γ/ distincts qui se suivent dans le même mot, ils sont
toujours phonétiquement séparés par la voyelle neutre « e ».
III. Illustration
Cette illustration concerne tout ce qui a été vu jusqu'à maintenant, y compris la représentation
des pharyngales /ê/ et /ε/.
A Lafrik a Lafrik
Ay amdan mebla aqerru
îîes kan sεu nniyya
aôumi la m-yesbuêru
A Lafrik a Lafrik
Ay amdan mebla aqerru
dttes kan säu nniyya
aromi la-m yesbuh'ru
T’utlayt ta mazight 32
***
Chapitre IX
I. Tension sur le « w »
Nous remarquons, notamment dans le parler kabyle, que les semi-voyelles tendues sont souvent
représentées par des vélaires tendues. Voici quelques exemples :
/awi/ (prendre) > /yebbwi/ (il a pris); /yeggwi/ (idem); /aggway/ (N.V. de /awi/)
/ôwu/ (être rassasié) > /iôebbwu/ (forme progressive); /ôebbwu/ (N.V.)
/rwel/ (fuir) > /ireggwel/ (il fuit)
/awev/ (arriver) > /yebbwev/ (il est arrivé); /yeggwev/ (idem); /aggwav/ (N.V. : arrivée)
A travers ces quelques exemples, nous remarquons que la tension sur /w/ est réalisée, du moins
en kabyle, sous deux formes possibles : /ggw/ et /bbw/. Nous proposons de respecter les règles
de transformation grammaticale (passage d'une forme à une autre du verbe, entre autre) et de
représenter la tension sur la semi-voyelle « w » par le doublement de celle-ci, on écrira alors, par
exemple (en notation traditionnelle) :
et en respectant les règles d'écriture énoncées dans les chapitres précédents, nous écrirons :
Exemples
Le verbe « ewwet » (frapper) se conjugue d'une façon tout à fait irrégulière en kabyle. Nous
proposons de représenter toutes les formes du verbes telles qu'elles se présentent en langue
parlée. On écrira par conséquent :
ewwet (frapper), yewwet (il a frappé), yekkat (il frappe - habituellement -), tiyita (le coup : N.V. de
frapper)
Nous proposons de garder toutes ces variantes à l'écrit, sachant pertinemment que la tendue
vélarisée « ggw » provient d'une tension de la semi-voyelle « w ».
Parfois, on observe le passage semi-voyelle > consonne lorsqu'on passe d'un parler à un autre
ou d'une région à une autre à l'intérieur d'un même parler. En kabyle, on observe le passage w > b
(occlusif ou tendu) dans le nom désignant la porte :
Nous proposons de garder la forme avec semi-voyelle tendue à l'écrit (tawwurt) ce qui donnera
« tiwwura » au pluriel (à l'état libre).
chaoui : yur (croissant de lune) <> kabyle : agur /aggur (croissant, mois)
kabyle : ayaw (neveu), alwes (beau-frère) <> touareg : agaw, alegges
Lorsque les variantes sont attestées dans un parler ou un autre, nous proposons d'adopter les
deux façons d'écrire, selon le parler considéré.
***
T’utlayt ta mazight 34
Chapitre X
Le système graphique
Après avoir recensé les problèmes de représentation graphique de l’amazigh et proposé des
solutions au cas par cas, nous aboutissons à un alphabet amazigh à caractères exclusivement
latins, n'utilisant qu'un seul signe diacritique (le tréma). On a 23 lettres utilisées pour l’amazigh
auxquelles viennent s'ajouter les trois lettres restantes (o, p, v) qu'on pourra utiliser dans certains
emprunts et dans les noms propres ou mots étrangers.
Voyelles : a i u e
Consonnes : ä b c d f g h h' j k l m n q r s t x z
digrammes : tc dh dj gh rh sz dt tt zs dz
ainsi que les graphèmes « dht » dans : asemmadh > tasemmadht; asladh > tasladht
Il faut ajouter à ce système les vélaires obtenues par ajout du caractère « w » à la lettre (ou au
digramme) à vélariser : gw (agwi); kw (akwi); ghw (temghwer), qw (yeqqwel).
pinisilin (pénicilline); volt; apâpâs (père blanc); Roza (prénom); Lpari (Paris); Vienna (Vienne)
Cela fait un total de 45 graphèmes pour environ 44 phonèmes, en kabyle qui est l'un des
parlers amazigh les plus riche phonétiquement.
Quelques graphèmes du français (en plus des lettres de l'alphabet latin) : ph (physique), ch
(chat), qu (quota), cu (cueillir), th (Thaïlande), ge (geai), gu (guerre), sch (schéma), sc (scène),
etc.
Graphies du phonème /o/ : o, au, eau, mais aussi : ot (sot), aut (saut), eaux (niveaux), aux
(chevaux), ots (mots), auts (sauts), aud (badaud), auds (badauds), ôt (tôt), os (dos), etc.
alors que les graphèmes possibles du phonème /o/ sont : o, ô, au, eau.
L'arabe classique, par contre, ne possède que 32 graphèmes pour 31 phonèmes (en comptant
les signes-voyelles de vocalisation), pour un alphabet de 29 lettres.
T’utlayt ta mazight 35
III. Illustration
Nous présentons deux versions d'un texte afin de montrer le résultat de nos propositions et de
comparer avec l'écriture phonologique utilisée jusqu'à présent.
1. Version originale :
Inna yas babas i mmi-s : « A mmi êader attettuv, laibad ur aadilen ara. Illa walbaav illa ulacit, illa
wayev ulacit illa ». Inna yas : « A baba acu d lmaana bbwawal a? » Inna yas : « Illa walbaav idder
ileêêu, medden akw pwalin t, maani yaayc kan iqqim, ur-t-ittader êed, ur ibbwi ur irri. Illa wayev
immut, lamaana igad d irnan deffires mazal la s qqaren: akken i-s-inna neγ akken ixdem leflani :
ulamma iγsan is uγalen di tmurt d aγebbar mazal isem is ttaddren-t-id medden, awal is d lfaal is
ttuseôôafen ».
Si Muêend-u-Mêand At-Ëmaduc si taddart Iceôaaywen n Tizi-Öôaced deg At-Yiraten immut a-t-
irêem Öebbi deg-gwseggwas 1906, ar ass a mazal isem is d wayen issefra ipwabdar. Settin sna neγ
lqern baad mi d ibbwi isefra s mazal loil ittak iten i loil, mekkul wa ittaf degsen lmaana lqayet. Llan
isefra n teswaat kan, mi yaadda lweqt nni deg ten id ibbwi bab ennsen aaddin yides, wid n Si
Muêend ufraren nnig lewqat d imukan, d isefra ggivelli d wid bbwassa, d isefra l-Leqbayel d wid l-
laibad merra ara sen islen. Degmi yaγ-d ibbwi nekwni s Imaziγen anêafev γef isefra d ooan
imedyazen imezwura s tmaziγt. Alaxaîer tamedyazt t-tmussni tevra yides am nnar : mekkul yiwen a-
d-iger tadla s γures.
Si Muêend d yiwen seg medyazen nneγ. Llan wiyav ama s teqbaylit icban Ëmed Aaôab ggiγil
Ëemmad, Muêend Ssaayd Amlikec, Yusef-u-Qasi segwbizaô n At-Jennad, ama s tcelêit icban Sidi
Ëemmu Agwerram, s tmaceγt icban Kenwa ult Amastan, Akrembi, Atakarra, ama s tmaziγt n Waîlas
Alemmas, s trifit, s tcawit, s teméabit, s tenfusit, s temnaûrit. Ilaq aγ a d nejmaa u anγer tamedyazt
nnsen akw iwakken attevru yidsen akken tîerru d imussnawen illan di ddunit meôôa : ulaciten llan.
Llan igad s iqqaren: Si Muêend d ahwawi kan neγ d aêcayci neγ d aderwic, wiyav pdaan t d lwali.
Walakin wicqa ? Tsaô di lameô a akken tsaô d sin lexwan nni iruêen yibbwas ar Tunes. Asmi d
uγalen isteqsa ten ccix nsen mekkul yiwen weêdes, inna yas :
« A mmi d acu d ériv? » Yiwen inna yas : - anaam a ccix ad ibarek Öebbi! Akken ay p-pineslemt,
akken ay d inselmen. Leowamaa lweqt n téallit ur teppafev abrid, timaammôin di mekkul lêuma tella
yiwet, imdanen is verfen meôôa vaan.
Wayev inna yas: anaam a ccix ad aγ iêafev Öebbi. Zik maa γ qqaren Tunes nek γileγ wissen d
acu, ziγemma kra din d lekdeb. Tamurt traa, lγaci la ddin la leêya, ttabaan zzhu d ccehwat n ddunit.
Inna-yas ccix: - Üebêan Lleh laavim! Tunes yiwet ay-gellan, maani s lqedra r-Öebbi mekkul yiwen d
ayen i-γef inuda yufa t.
Lmaana nniven p-pin d as inna ccix nni i zzeyyaô is, ladγa teqqim d d lemtel, inna yas : « - Win ibγan
lbaôakka yebbwi, w'ibγan louz iγeééa ».
Yenna-y-as baba-s i mmi-s : « A mmi h'ader ad tettudh, läibad ur ädilen ara. Yella walbäadh yella
wlac it, yella wayedh wlac it yella ». Yenna-y-as: « A baba acu d lmaäna en wawal a? » Yenna-y-
as : « Yella walbäadh yedder ilehh'u, medden akw ttwalin-t, maäna yäac kan yeqqim, ur-t yettader
h'ed, ur yewwi ur yerri. Yella wayedh yemmut, lamaäna igad-dd yernan deffires mazal la-s qqaren:
akken i-s yenna negh akken yexdem leflani: ulamma ighsan is ughalen di tmurt d aghebbar mazal
isem is ttaddren-t idd medden, awal is d lfaäl is ttuserrhafen ».
Si Muh'end U Mh'end At H'maduc si taddart Iceräiwen en Tizi-Rhaced deg At Yiraten yemmut a-t
yerhh'em Rhebbi deg useggwas 1906, ar ass-a mazal isem is ed wayen yessefra yettwabdar.
Settin en sna negh lqern baäd mi-d yewwi isefra-s mazal ldjil yettak iten i ldjil, mkul wa yettaf
degsen lmaäna lqayet. Llan isefra en teswaät kan, mi yäedda lweqt enni deg-ten idd yewwi bab
T’utlayt ta mazight 36
nsen äeddin yides, wid en Si Muh'end ufraren ennig lewqat ed imukan, d isefra en yidhelli d wid en
wass-a, d isefra en leqbayel d wid en läibad merrha ara-sen yeslen. Degmi y-agh-dd yewwi
nekkwni s imazighen a-nh'afedh ghef isefra-dd djjan imedyazen imezwura es tmazight. Älaxadter
tamedyazt ed tmussni tedhra yides am wennar : mkul yiwen a-dd yger tadla-s ghures.
Si Muh'end d yiwen seg medyazen nnegh. Llan wiyadh ama es teqbaylit yecban H'med Aärhab
en y'Ighil-H'emmad, Muh'end Ssaäid Amlikec, Yusef U Qasi seg u'Bizarh en At Jennad, ama es
t'celh'it yecban Sidi H'emmu Agwerram, es tmaceght yecban Kenwa Ult Amastan, Akrembi,
Atakarra, ama es tmazight en w'Adtlas Alemmas, es trifit, es t'cawit, es temzsabit, es tenfusit, es
temnaszrit. Ylaq agh a-dd nejmeä u a-ngher tamedyazt nsen akw i wakken ad tedhru yidsen akken
tdherru d imussnawen yellan di ddunit merrha: wlac iten llan.
Llan igad i-s yeqqaren : Si Muh'end d ahwawi kan negh d ah'cayci negh d aderwic, wiyadh
ttdaäen-t d lwali. Walakin wicqa? Tszar di lamerh a akken tszar ed sin lexwan enni yruh'en yinwass
ar Tunes. Asmi-dd ughalen yesteqsa-ten ccix nsen mkul yiwen weh'des, yenna-y-as : « A mmi
dacu-dd tezsridh? » Yiwen yenna-y-as: « Anäam a ccix ad ibarek Rhebbi! Akken ay d tineslemt,
akken ay d inselmen. Ledjwamaä lweqt en tzsallit ur tettafedh abrid, timäemmrin di mkul lh'uma
tella yiwet, imdanen is dherfen merrha dhaäen ».
Wayedh yenna-y-as: « Anäam a ccix ad agh ih'afedh Rhebbi. Zik m'ara-gh qqaren Tunes nekk
ghilegh wissen d acu, zighemma kra din d lekdeb. Tamurt traä, lghaci la ddin la leh'ya, ttabaäen
zz'hu ed ccehwat en ddunit ».
Yenna-y-as ccix: « Szebh'an Llheh läadhim! Tunes yiwet ay yellan, maäna es lqwedrha en
Rhebbi mkul yiwen d ayen i ghef inuda yufa-t ».
Lmaäna nnidhen d tin d-as yenna ccix enni i zzeyyarh is, ladgha teqqim-dd d lemtel, yenna-y-as :
« - Win yebghan lbarhaka yewwi, wi'bghan ldjuz yghezzsa ».
3. Version orthographique
Nous présentons à présent la version orthographique du texte précédent. Cette version est
obtenue en appliquant toutes les règles d’écriture édictées dans cet ouvrage.
Yenna-y-as baba-s ei mmi-s : « A mmi h'ader ad tettudh, el äibad ur ädilen ara. Yella w'albaädh
yella ulac it, yella wayedh ulac it yella ». Yenna-y-as : « A baba acu d el maäna en w'awal a ? »
Yenna-y-as : « Yella w'albäadh yedder yelehh'u, medden akw ttwalin-t, maäna yeäac kan yeqqim,
ur-t yettader h'edd, ur yewwi ur yerri. Yella wayedh yemmut, lamaäna igad iy-dd yernan deffir-es
mazal la-s eqqaren : akken iy-s yenna negh akken yexedem leflani : ulamma i ghesan is ughalen
di te murt d a ghwebbar mazal isem is ttadderen-t idd medden, awal is ed el faäl is ttuszerrafen ».
Ellan igad iy-s yeqqaren : Si Muh'end d a hwawi kan negh d a h'cayci negh d a derwic, wiyadh
ttdaäen-t d el wali. Walakin wicqa ? Teszar di l'amerh a akken teszar ed sin el xwan enni yeruh'en
yinwass ar Tunes. Asm’iy-dd ughalen yesteqsa-ten el cix en-sen mkul yiwen weh'd-es, yenna-y-as
: « A mmi, dac’iy-dd tezseridh ? » Yiwen yenna-y-as : « Anäam a el cix ad yebarek Rhebbi! Akken
T’utlayt ta mazight 37
El maäna ennidhen d tin id as yenna el cix enni ei el zseyyar is, ladgha teqqim-dd d el mtel,
yenna-y-as : « - Win yebghan el barhaka yewwi, wi' bghan el djuz yeghezzsa. »
T’utlayt ta mazight 38
Le Mot et le Nom
***
Chapitre XI
Le mot et l'orthographe
I. Reconnaissance du mot
On appelle unité signifiante toute fraction de la chaîne parlée pouvant avoir une signification
quelconque.
Par exemple, dans « yefkatidd » (il l’a donné - vers ici -), on peut avoir jusqu'à cinq (5) unités
signifiantes :
Ce sont là, les unités signifiantes minimales (appelées aussi MONEMES), mais on peut avoir
aussi, par composition de ces unités minimales, d'autres unités signifiantes :
Les autres combinaisons possibles n'ont aucun sens : *yefkt, *yt, *fkat, *fktidd, etc. Ce ne sont
pas des unités signifiantes.
Certaines unités signifiantes ne peuvent pas s'employer seules, on dira qu'elles ne sont pas
autonomes, c'est le cas de « y », « a », « t », « idd ».
En effet, dans « yefka », si « yefk » a un sens (aoriste), par contre « a » perd sa signification dès
qu'on le sépare de « yefk ». De même « y » et « fka » n'ont aucune signification, pris séparément.
Nous dirons que « yefka » est insécable.
Remarques :
1. Le « a » de « yefka » n'a pas une signification systématique avec tous les types de verbes.
T’utlayt ta mazight 39
Le « a », marque de modalité verbale, n'a cette signification qu'avec certains types de verbes.
2. Le « y » de « yefka » a, par contre, une signification systématique avec tous les types de
verbes. Le « y » marquera toujours la troisième personne du singulier masculin.
On dira : yga (il est, il a fait), yerwel (il s'est enfui), ysusem (il s'est tu), yhedderh (il parle), etc.
Dans « yefka », c'est « fka », employé seul, qui n'a pas de sens.
3. Les affixes « t » et « idd » ne sont jamais employés seuls, ils ne sont pas indispensables pour
avoir une phrase cohérente, mais leur présence apporte un sens plus riche (ou plus précis) à la
phrase.
Ce sont donc des éléments qui enrichissent la phrase, chacun, en précisant davantage le sens
de celle-ci. Nous dirons qu’ils apportent des significations supplémentaires à la phrase.
yefka (il a donné); yefka-dd (il a donné vers ici), yefka-t (il l’a donné), et yefka-t-idd (il l’a donné -
vers ici -)
Conclusion : « yefka » est la phrase minimale. Elle a une signification autonome. Lorsqu’on lui
ajoute les autres éléments, on ne fait qu’en enrichir le sens.
« yefkatidd » peut être décomposé en trois unités signifiantes ayant chacune une signification
évidente : « yefka » + « t » + « idd »
Définitions :
1. On appelle MONEME, la plus petite unité signifiante dans une chaîne parlée (définition
d'André Martinet in : « Eléments de Linguistique Générale »).
2. On appellera MOT, toute fraction de la phrase ayant une signification autonome ou tout
élément qu’on peut ajouter, retrancher ou déplacer dans la phrase, sans en altérer le sens
général.
Quelques exemples :
Remarques :
1. Si nous supprimons les deux indices du féminin, nous obtenons « iqcicn », mot composé de 3
monèmes :
2. Un monème peut porter plusieurs significations. Par exemple, l'article « i » porte trois
significations :
Par contre, dans « tiqcicin », le « i » de l'article « ti » n'indique que le pluriel à l'état libre, de
même, le « t » de « ti » n'indique que le féminin (singulier ou pluriel, état libre ou lié), puisqu'on
dira, par exemple, « usant-dd teqcicin; tusa-dd teqcict ». L'état d'annexion est indiqué alors par
l'absence de la voyelle (« i » ou « a ») après l'indice du féminin.
La définition du mot donnée plus haut peut s'avérer insuffisante pour reconnaître (et séparer) les
mots d'une chaîne parlée dans sa représentation écrite. Par exemple, dans la chaîne suivante :
Intuitivement, le locuteur kabylophone séparera cette chaîne à peu près comme suit :
add-awin-yidsen-ayen-ara-tccen-assa
En réalité, on en a trois de plus puisque « add » peut être décomposé en « a » (forme réduite de
l'indice du futur « ad ») et « dd » (forme réduite de la particule locative « idd »), « yidsen » en
« yid » (préposition) et « sen » (forme réduite du pronom personnel « asen ») et « assa » en
T’utlayt ta mazight 41
a-dd-awin-yid-sen-ayen-ara-tccen-ass-a
La chaîne parlée est séparée en mots, mais comment reconnaître rigoureusement le mot sans se
tromper ?
Nous allons énoncer trois critères qui nous permettrons de reconnaître le mot, dans la chaîne
parlée, sans équivoque. Pour cela nous allons reprendre John Lyons dans « Linguistique
Générale : Introduction à la linguistique théorique », éditions Larousse, page 155 et suivantes.
the-boy-s-walk-ed-slow-ly-up-the-hill.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Cette phrase peut être considérée comme une combinaison de dix morphèmes qui sont dans un
certain ordre les uns par rapport aux autres. Cependant, diverses permutations sont possibles :
slow-ly-the-boy-s-walk-ed-up-the-hill; up-the-hill-slow-ly-walk-ed-the-boys; etc. En remplaçant par
les chiffres on obtient (au lieu de 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10) :
6 7 1 2 3 4 5 8 9 10 et 8 9 10 6 7 4 5 1 2 3
Il y a d'autres permutations possibles qui donnent des phrases acceptables en anglais. L'idée est
cependant que, dans toutes les permutations, certains groupes de deux ou trois morphèmes se
comportent comme des blocs : non seulement ils figurent toujours ensemble, mais ils sont toujours
dans le même ordre les uns par rapport aux autres : on ne peut pas trouver 3 2 1 (*s-boy-the) ni 5
4 (*ed-walk). L'une des caractéristiques du mot est sa stabilité interne (les morphèmes qui le
constituent ne peuvent pas permuter) par opposition à sa mobilité de position (il peut être permuté
avec d'autres mots dans la même phrase). Manifestement, cette caractéristique est beaucoup plus
frappante dans les langues où l'ordre des mots est libre... »
L'auteur parle ensuite du critère de séparabilité et il cite, dans ce cas, l'exemple de l'article
français.
« (...) Mais nous avons dit que la mobilité de position et la stabilité interne sont indépendantes
l'une de l'autre. Reprenons l'exemple de l'article "le". Le critère de mobilité de position ne définirait
pas l'article "le" comme un mot: on ne peut pas le déplacer d'un endroit à l'autre dans la phrase,
indépendamment du nom auquel il se rapporte. A cet égard, il ressemble aux articles postposés
du roumain, du macédonien etc. : ainsi en roumain "lup" ("loup"): "lupul" ("le loup"), en macédonien
"grad" ("ville"): "gradot" ("la ville"). C'est le critère de séparabilité (ou la possibilité d'interruption) qui
distingue l'article français comme étant "semblable à un mot" que l'article roumain ou macédonien :
on ne peut pas interrompre la séquence grad-ot ou lup-ul alors qu'on peut interrompre la
séquence le-garçon (insérer quelque chose) : par séparabilité on entend la possibilité d'insérer
d'autres éléments, plus ou moins librement, entre les morphèmes ou blocs de morphèmes. Ainsi
entre "le" et "garçon", on peut insérer toute une séquence d'autres éléments : le joli petit garçon,
etc. ».
Résumé : Si nous récapitulons, nous dirons, qu'un mot est une fraction de la chaîne parlée
obéissant aux critères suivants :
T’utlayt ta mazight 42
3. Inséparabilité des éléments qui le composent : On ne peut pas insérer d'autres éléments
entre les morphèmes qui le composent.
zik : adverbe
iy : conjonction
dd : particule locative (ou de direction)
y : indice de conjugaison
ekker : radical verbal
ue : article
qcic : radical nominal
en : préposition
wen : pronom personnel
ass : radical nominal
a : démonstratif
En combinant ces éléments autrement, nous pouvons obtenir plusieurs d’autres phrases
acceptables, en voici quelques unes :
1 (zik), 3 (dd), 4-5 (y-ekker), 7-8-9 (qcic-en-wen), 6-7 (ue-qcic), 6’-7 (a-qcic), 1-2-3-4-5 (zik-iy-dd-y-
ekker)
1
Pour l’orthographe des mots amazighs, voir plus loin les règles d’écriture de toutes les catégories de mots.
T’utlayt ta mazight 43
2. Le segment 2 (iy), composé d'un seul élément, disparaît ou réapparaît selon l'ordre des
segments environnants :
3. Les segments 6 (ue) et 6' (a) sont interchangeables en fonction des combinaisons des
segments environnants :
1 (zik), 2 (iy), 3 (dd), 4-5 (y-ekker), 6 (ue), 7-8-9 (qcic-en-wen), 10-11 (ass-a) et 6' (a)
Si nous appliquons le deuxième critère (cohésion interne) aux segments composés en essayant
de permuter les éléments qui les composent, nous nous rendons compte que :
Par ailleurs, on peut permuter (6-7) avec (8-9) et dire (en-wen-ue-qcic), on déduit alors que le
segment 8-9 (en-wen) obéit au critère de mobilité dans la chaîne de parole.
8-9 (en-wen) peut donc, à priori, être considéré comme étant un mot.
Appliquons à présent le troisième critère (inséparabilité des éléments) aux segments 4-5 et 10-
11, nous faisons alors les constatations suivantes :
5. Le segment 8-9 (en-wen) est composé d’une préposition suivie d’un pronom personnel. S’il est
vrai qu’on ne peut rien insérer entre 8 et 9, dans cet exemple de chaîne de parole, on peut montrer
à travers d’autres exemples que 8 (en) et 9 (wen) n’obéissent pas au deuxième critère
(inséparabilité mobilité).
Cela montre donc que les prépositions et les pronoms personnels sont des mots à part entière.
Remarque 2. En kabyle, le possessif peut être composé d’un seul monème, aux personnes du
singulier, dans ce cas il est réduit au seul pronom personnel.
Ex. ayla-w (mon bien), ayla-k (ton bien), ayla-s (son bien), etc.
En conclusion et selon les critères de reconnaissance du mot, les segments suivants seront
considérés comme des mots à part entière :
T’utlayt ta mazight 44
Il est bien évident que les mots doivent être écrits sans tiret séparateur entre les monèmes qui
les composent, nous écrirons par conséquent « yekker » au lieu de « y-ekker ». Si nous séparons
la chaîne de parole en mots, nous obtenons la phrase suivante :
Remarque : Il se trouve aussi que certains mots ont des variantes qui ont exactement le même
sens, c'est le cas de la particule locative « dd », du démonstratif « a » et du pronom personnel
« wen ».
Si nous considérons la variante « idd » comme variante de base et les autres comme variantes
secondaires, la variante « dd » est alors obtenue à partir de « idd » par élision de la voyelle « i »,
nous devons marquer cette élision en remplaçant la voyelle manquante par un tiret. La variante
« add » est employée après la particule « id » (variante phonétique de la conjonction ou relatif
« iy »), ainsi qu’après l’indice du futur « ad », comme dans les exemples suivants:
d kunwi iy-dd yesawelen / d kunwi id add yesawelen (c'est vous qui avez appelé)
a-dd yesiwel / ad add yesiwel (il appellera)
Le démonstratif doit, bien sûr, être écrit séparé du nom qu'il détermine.
En tenant compte de ces remarques, la phrase citée en exemple sera écrite comme suit :
A travers cette petite phrase, nous avons trouvé les catégories de mots suivantes:
- l'adverbe (zik)
- la conjonction de subordination (iy)
- la particule de direction (dd)
T’utlayt ta mazight 45
De la même façon, et parfois rien qu'en appliquant le troisième critère (inséparabilité des
éléments), nous pouvons définir la nature des autres mots de la langue amazighe.
- la conjonction de coordination :
- la particule d'existence :
- les particules de négation : « ara » est un nom à l'origine, dont le sens est équivalent à
« chose », on peut la considérer comme un mot à part entière, quant à « ur », on peut montrer que
c’est un mot, en appliquant le critère d'inséparabilité à l'ensemble « ur » + verbe :
- les interrogatifs : Les interrogatifs pouvant être employés seuls, ils représentent, par
conséquent, des mots à part entière.
Remarque : Nous avons vu, par ailleurs, que le possessif composé (préposition + pronom) peut
se déplacer dans la chaîne de parole :
nous considérerons donc les possessifs non composés (iw, ik, im, is), comme des mots à part
entière. Nous écrirons, dans ce cas :
arraw iw (mes enfants), arraw ik (tes enfants), arraw is (ses enfants ...
et : ayla-w (mon bien), ayla-k (ton bien), ayla-s (son bien), etc.
5. Résumé
Le mot est une fraction de la chaîne de parole, qui répond aux critères suivants:
En français, dans « il est connu », on peut insérer un adverbe entre l'auxiliaire « est » et le verbe
« connu » et dire par exemple « il est très connu », par contre, en amazigh, on ne peut rien insérer
T’utlayt ta mazight 46
entre les éléments de « ye-ttwa-ssen » qui veut dire la même chose, on écrira donc « yettwassen »
en un seul mot.
En général, dans toutes les langues, lorsqu'on parle, on ne sépare pas les mots d'une façon
distincte. On ne marque des pauses que pour des raisons physiologiques (reprendre son souffle)
ou psychologiques (soucis d'exprimer des énoncés significatifs).
il peut n'y avoir qu'une pause après « axxam » et on ne peut percevoir alors, de rupture, qu'à ce
niveau.
adeddughsaxxam / addawighaghrum
On a ainsi deux blocs significatifs autonomes, séparés par une pause. On comprend très bien
cette phrase à l'oral, qu'en est-il à l'écrit, si on l'écrit en un seul tenant et même en deux ? On
mettra beaucoup plus de temps à la "déchiffrer" et à en saisir la signification.
Pour en faciliter la compréhension, il faut la séparer en unités significatives plus petites, faciles à
repérer du premier coup d’œil. On pourrait la séparer en unités signifiantes minimales (monèmes),
cela donnerait la suite suivante :
ad-eddu-gh-s-a-xxam-a-dd-awi-gh-a-ghrum
mais dans cette suite, certaines unités n'auront pas de signification immédiate évidente (gh, a, d)
alors que d'autres auront un sens qui prêtera à confusion (eddu, awi).
On choisira de séparer cette chaîne parlée plutôt en unités dont le sens apparaîtra
immédiatement aux yeux du lecteur, on la séparera en mots (unités signifiantes minimales à
significations autonomes) et aura alors la représentation suivante :
ad-eddugh-s-a-xxam-a-dd-awigh-a-ghrum
ad = indice du futur
eddugh = verbe « eddu » à l'aoriste, première personne du singulier
s = préposition
a = article masculin singulier de l'état libre
xxam = nom masculin singulier
a = indice du futur sous forme réduite par élision grammaticale
dd = particule locative réduite par élision grammaticale
awigh = verbe « awi » à l'aoriste, première personne du singulier
a = article masculin singulier de l'état libre
ghrum = nom masculin singulier
Evidemment, nous écrirons sans tirets; nous utiliserons des blancs pour séparer les mots, le tiret
pouvant être utilisé pour marquer l'élision grammaticale. Nous aurons finalement la "phrase"
suivante :
A partir de cet exemple nous pouvons tirer une règle générale pour la césure de la chaîne écrite.
Règle : Dans la chaîne écrite, représentation de la chaîne parlée, les mots seront séparés par
des blancs, sauf lorsqu'il y a élision d'un ou plusieurs caractères : si l'élision porte sur une voyelle
T’utlayt ta mazight 47
initiale, on la représentera par un tiret, si elle porte sur une voyelle finale, on la représentera par
une apostrophe.
I.4. Ponctuation
On peut écrire sans aucune séparation autre que les blancs entre les mots. Cela se fait dans
certains styles d'écriture romanesque ou en poésie et certaines langues n'utilisent pas la
ponctuation (langues à écriture idéographique) ou en ont fait une introduction récente (l'arabe
n'avait pas de ponctuation à l'origine), mais seulement, des ambiguïtés sur le sens du "message" à
transmettre, peuvent surgir, des énoncés peuvent avoir plusieurs significations possibles. La
fonction de communication, objet principal de l'écrit, peut être faussée (à l'oral, c'est l'intonation de
la voix qui aide à la compréhension).
Pour rendre clair le message écrit, on procédera à d'autres types de séparations (autres que les
blancs). On séparera des blocs significatifs exprimant des concepts plus élaborés que le mot. On
utilisera pour cela la ponctuation.
b. La ponctuation
La ponctuation, ensemble de signes graphiques, servira à séparer des groupes de mots portant
chacun une signification propre, ces groupes pouvant contenir, théoriquement, de un (1) à une
infinité de mots.
Dans la pratique, on se limitera à un nombre raisonnable pour ne pas compliquer inutilement, par
des tournures de style par exemple, la compréhension du message porté par l'écrit.
Les signes graphiques représentant la ponctuation ont chacun une valeur propre exprimant un
degré de rupture entre un bloc significatif et le suivant. Les règles de ponctuation sont, dans le cas
de l’amazigh, celles qui prévalent dans la plupart des langues phonétiques, notamment le français,
l'anglais ou l'arabe moderne.
On a même vu des phrases de type : nkerz it (nous l'avons labouré) à comparer avec « nekrez »
(nous avons labouré).
Dans ce deuxième cas c'est la présence du pronom personnel « it » qui provoque le
déplacement du deuxième « e » de part et d'autre du « r » et la disparition du premier « e » :
Dans ce cas, la place du « e » dans la chaîne écrite est, en général, régie par la règle suivante :
Le « e » apparaît avant la dernière consonne (sauf lorsque c'est l'indice du féminin « t ») puis
toutes les deux consonnes en comptant à partir de la droite et à partir de n'importe quelle voyelle.
De plus les tendues sont toujours précédées d'un « e » sauf en début de mot.
Cette façon d'utiliser le « e » fait en sorte que l'orthographe d'un mot varie souvent en
conjugaison (pour les verbes) et lorsqu'on passe au pluriel (pour les noms). Cela peut dérouter à
plus d'un titre les apprenants en amazigh, dès qu'il s'agit de retrouver le thème d'un mot
quelconque, en lui enlevant ses affixes éventuels. On obtient souvent des "thèmes" écrits
incorrectement.
En effet, comment décomposer les verbes en "thème" + "désinences" ou les noms en "thème" +
"marques de genre et de nombre" ?
yegrareb = ye + grareb
yessen = ye + ssen
ta slent = ta (article) + slen + t
dans les trois derniers exemples on obtient des radicaux écrits d’une façon incorrecte : grarb (pour
: grareb), ttwassn (ttwassen), kerz (krez).
Supposons que nous disposons d'un dictionnaire (ou lexique) où les mots sont classés
naturellement par ordre alphabétique intégral et où nous ne recensons que les radicaux attestés
de la langue, c'est à dire que nous ne devons avoir ni verbes conjugués ni noms au pluriel. Dans
ce genre de dictionnaire nous aurons évidemment des mots tels que :
A partir de ces mots nous devons être en mesure de construire toutes les autres formes
obtenues par affixation.
Si nous procédons ainsi, nous nous rendons compte que nous aboutissons à des mots dont la
lecture peut être faussée du fait de la place des « e » ainsi que de leur multiplication. Par exemple,
en écrivant « tefhemem » (te + fhem + em), peut-on lire « tfehmem » (qui est la vraie réalisation
phonétique) ?
Entre « tefhemem » et « tfehmem » il n'y a que le nombre et la place des « e » qui diffèrent.
T’utlayt ta mazight 49
En réalité, en amazigh, il n’y a que trois voyelles (a, i, u) et on devrait écrire rigoureusement :
Cependant, cette écriture pose aussi problème à la lecture, car ne sachant pas, à priori, quelle
consonne porte une accentuation, on peut lire incorrectement. L'utilisation du « e » permet
justement de reconnaître les consonnes accentuées et de lire ainsi correctement. De plus dans un
mot comme « tfhmm », comment savoir si les deux « m » représentent deux phonèmes distincts
ou une tendue. Avec l'introduction du « e » on lève ces deux difficultés et on écrit alors :
Dans ce cas, l'accentuation est marquée par la présence du « e » et dans « tfehmem », par
exemple, on sait que l'accentuation est marquée sur les consonnes « h » et le dernier « m ».
Par contre, si on décompose « tefehmem » en thème plus les affixes éventuels, on obtient alors :
tfehmem = t + fehm + em
et dans ce cas « fehm » est incorrect puisqu'on dit « fhem » (comprendre), dans le cas où on n'a
aucun affixe.
La question qui se pose alors est de savoir comment écrire correctement les verbes conjugués
de façon à reconnaître le thème et les affixes qui lui sont rattachés?
Deux solutions peuvent être proposées en fonction de l'utilisation de la voyelle « e ».
Dans le cas des désinences verbales, on ne tiendra pas compte du « e » accompagnant celles-ci
et on les définira comme suit :
nekk - - - gh
ketc / kem t - - - dh
netta y---
nettat t---
nekkwni / nekkwenti n---
kunwi t---m
kunemti t - - - mt
nutni ---n
nutenti - - - nt
Dans ce cas, chaque fois qu'on aura à chercher un mot quelconque dans un dictionnaire, on
extrait d'abord le thème et on supprime les « e » éventuels. Voici quelques exemples :
T’utlayt ta mazight 50
On considérera le « e » comme voyelle pleine et dans ce cas il sera partie intégrante du radical
ou thème. On aura alors une place stable pour les « e » à l'intérieur des mots et on fera l'économie
de la règle d'apparition du « e » dans la chaîne écrite ou le mot. Cependant, le problème du « e »
dans le thème reste posé, surtout pour les radicaux consonantiques du type :
KRZ (labourer); MDL (fermer); GN (dormir); DGGR (pousser); QRDC (carder); ZMR (pouvoir);
ZGR (traverser); ZGR (bœuf); etc.
Il s'agit, ici, de définir l'orthographe définitive de ces mots en incluant les « e » à la place
adéquate, en tenant compte des différentes variations des mots (conjugaison pour les verbes et
formation du pluriel pour les noms et adjectifs).
Sachant, par exemple, qu'un verbe comme KRZ peut avoir un « e » qui se déplace de part et
d'autre du « r » (yekrez <> kerzen), on adoptera une orthographe qui évitera ce genre de
déplacement en maintenant le « e » à la même place par rapport aux consonnes. La solution la
plus proche de la langue parlée consistera alors à mettre un « e » de part et d'autre du « r » de
« KRZ » et on écrira alors : KEREZ au lieu de KRZ.
Pour éviter une lecture incorrecte, il suffit alors d'énoncer une règle simple qui stipulera que dans
le cas où on a une consonne suivie d'une voyelle quelconque et précédée en même temps d'un «
e », le « e » sera ignoré à la lecture et ce en comptant à partir de la droite. Ainsi, on écrira
« kerez » et on lira « krez » où le « e » devant le « r » sera ignoré à la lecture. De même que :
On écrira On lira
yekerez yekrez
kerezen kerzen
yettwakerez yettwakrez
a zerem a zrem
i zereman i zerman
tesusemem tsusmem
xeddemen xeddmen
Dans ce cas, le « e » sera considéré comme une voyelle à part entière et rentrera dans la
composition des radicaux et des affixes éventuels.
nekk - - - egh
ketc / kem te - - - edh
netta ye - - -
nettat te - - -
nekkweni / nekkwenti ne - - -
kunwi te - - - em
kunemti te - - - emt
nuteni - - - en
nutenti - - - ent
i rgazen = i + rgaz + en
ti macinin = ti + macin + in
ta qcict = ta + qcic + t
eddant = edda + n + t
yessen itent = ye + essen + iten + t
Remarque : Dans le cas de la formation du pluriel, nous tiendrons compte des formes
irrégulières qui seront naturellement recensés dans une table permettant de retrouver le singulier
correspondant.
Important : Sachant que les voyelles ne se rencontrent jamais en amazigh, nous énoncerons
une règle qui stipulera que lors d'une rencontre d'un « e » avec une autre voyelle, le « e »
disparaît.
les « e » des désinences verbales « te » et « edh » ont disparu devant les « e » initial et « a »
final de « edda » (forme accomplie de « eddu »).
Si on utilise la voyelle « e » comme voyelle neutre, se déplaçant dans le mot, on aboutit le plus
souvent à des mots différents écrits et prononcés tout à fait de la même manière.
de même qu'on aura : a zger (un bœuf); i zgaren (des bœufs : pl. irrégulier)
Ex. 2. FRN (choisir); BRN (tordre); FRU (séparer); BRU (lâcher); FFR (se cacher).
On aura : feren (choisir), beren (tordre), fru (séparer), bru (lâcher) et effer (se cacher).
Comparer alors :
et on écrira naturellement : ferru (la séparation), berru (le lâcher) et t'uffera (le fait de se cacher).
IV. Illustration
Pour illustrer les différentes approches abordées quant à la césure de la chaîne écrite et aux rôle
et place de la voyelle « e », nous proposons deux versions d'un même texte :
A travers celles-ci nous pourrons comparer aisément les avantages et inconvénients de chacune
d'elles. Pour cela, nous avons choisi le premier paragraphe du roman de Amar Mezdad intitulé
« Idh ed w'ass ».
T'asa ur tsagwer yiwen. Maca d win iy-dd yufraren ger t'arwa-s. D win iy th'emmel adtas. Ur
tuksan ara. D win iy d a menzu iy tsider. Ula d t'uccent deg u madagh yezga yiwen ger t'arwa-s
yufrar-dd ghef wiyidh. Qqaren d el dnub ghef t'asa ma ur tseädel ara t'arwa-s, ma tella t'neh'yaft
T’utlayt ta mazight 53
gara-sen. Nettat el dnub ur-t tewwi ara : d ayen ara yetcc wa iy tetten wiyadh. D ayen ara yels iy
ttlusun daghen. Asmi mezzsi d a meälal kan, yerhwa el hlak d a xesszar. Ulac adttan ur-t nebli.
Ussan i menza m'iy-dd ylul yedla-dd fell as u nezyuf, yetcca-y-as akkw ti meccacin is. Yughal d a
qedttidh. Ur yessin idhes am zal am y'idh. Yughal tekker yakkw te ärurt is d t'äenqiqt is. Ta qerruyt
is ur tettaf ara amek ara-s teqqen ta cacit seg w'akken tettudum d aman. Ur tettaf ara yakkw amek
ara-tt tedttef. Yal el szbeh' tdhellu-y-as a bux yernu tdehhen itt s el zit ta qdimt. Akka iy-s-dd
qqarent tidak yessnen.
T'asa ur tesagwer yiwen. Maca d win iy-dd yufraren ger t'arwa-s. D win iy teh'emmel adtas. Ur
tuksan ara. D win iy d a menzu iy tesider. Ula d t'uccent deg ue madagh yezga yiwen ger t'arwa-s
yufrar-dd ghef wiyidh. Eqqaren d el dnub ghef t'asa ma ur teseäedel ara t'arwa-s, ma tella te
neh'yaft gara-sen. Nettat el dnub ur-t tewwi ara : d ayen ara yetcc wa iy tetten wiyadh. D ayen ara
yels iy ttlusun daghen. Asmi mezzsi d a meälal kan, yerhwa el hlak d a xesszar. Ulac adttan ur-t
nebli. Ussan i menza m'iy-dd yelul yedla-dd fell as ue nezyuf, yetcca-y-as akkw ti meccacin is.
Yughal d a qedttidh. Ur yessin idhes am zal am y'idh. Yughal tekker yakkw te ärurt is ed te äenqiqt
is. Ta qerruyt is ur tettaf ara amek ara-s teqqen ta cacit seg w'akken tettudum d aman. Ur tettaf ara
yakkw amek ara-tt tedttef. Yal el szbeh' tedhellu-y-as a bux yernu tedehhen itt es el zit ta qdimt.
Akka iy-s-dd eqqarent tidak yessenen.
Inventaire des mots écrits différemment entre les deux versions : Entre elles, seuls quelques
mots ont une orthographe différenciée par la place de la voyelle « e ».
Conclusion
N.B. Dans la suite de cette étude nous considérerons la voyelle « e » comme voyelle pleine
rentrant dans la composition des radicaux et affixes éventuels. Cela permettra d'avoir une
orthographe fixe pour les mots de la langue et ne générera aucune difficulté supplémentaire si ce
n'est un effort de lecture correcte des mots contenant des voyelles « e » muettes.
***
T’utlayt ta mazight 54
Chapitre XII
L'article
I. Le nom et l’article
Le nom amazigh est presque toujours précédé d'un article. On ne peut rien insérer entre le nom
et son article, cependant on peut avoir changement ou suppression de l’article dans certains cas
(voir, ci-dessous).
1. Les noms dont le radical commence par une voyelle ne prennent pas d'article à l'état libre.
« aman » (l’eau) n'a pas d'article, c'est un radical commençant par une voyelle, mais dans « ellan
w'aman » on retrouve l'article d'annexion sous la forme « w ».
2. Certains noms verbaux commençant par une consonne ne prennent jamais d'article. Par
exemple, « fad » (la soif) ne prend jamais d'article. Dans « yengha-t fad » non plus, on n'a pas
d'article, alors que « fad » est à l'état lié.
3. Certaines expressions populaires peuvent contenir des noms sans articles, alors qu'ils sont
censés en avoir.
« win yesäan zimer yeg as ziker » (qui a agneau lui met ficelle)
4. En chaoui, on emploie beaucoup de noms sans articles, alors qu'ils en sont pourvus, en
kabyle.
Mais on dira en chaoui : yerrezs deg ue dhar (il s’est cassé le pied), où « dhar » est précédé de
l'article d'annexion « ue ».
T’utlayt ta mazight 55
II. Caractéristiques
Par contre, l'article amazigh détermine le genre, le nombre et l'état d'annexion2 (libre ou lié), du
nom qui le suit.
Tableau récapitulatif
Il existe des noms qui ne prennent pas d'article au masculin, à l'état libre, ce sont les noms à
voyelle en initiale du radical ainsi que certains noms verbaux.
Noms verbaux : fad (la soif) ; lazs (la faim) ; berru (le lâcher) ; ferru (la séparation) ; alluy (la
montée), etc.
Remarque : Dans le cas où le radical commencerait par une voyelle, on peut considérer qu'on a
une élision de l'article masculin de l'état libre, au contact de la voyelle initiale du radical.
2
Pour la définition de l’état d’annexion, voir Chap. XIII. Le Nom.
T’utlayt ta mazight 56
1. Au féminin on retrouve l'article féminin sans sa voyelle, cette dernière étant élidée pour lever
l’hiatus dû à la rencontre de deux voyelles :
Yetcca-t w'uccen (un chacal l'a mangé), etccan-t w'uccanen, yetcca-t y’izem (un lion l’a mangé).
Au masculin de l’état lié, l’article se présente sous une forme particulière, à cause de l’influence
de la voyelle initiale du nom. En effet nous avons un phénomène d’inflexion, à travers lequel, la
voyelle initiale du nom influence la voyelle article et la transforme en semi-voyelle selon le schéma
suivant :
Remarque : En tifinagh (de même qu'en arabe), il n'y a pas de distinction entre les voyelles « i »
et « u » et les semi-voyelles correspondantes « y » et « w » (ce qui est le cas dans les langues
utilisant le caractère latin). Le même caractère est utilisé pour écrire la voyelle et semi-voyelle
correspondante [ i ] pour « i » et « y » et [ u ] pour « u » et « w ». C’est pour cette raison que nous
préférons mettre « w » et « y » devant les noms commençant par une voyelle, en prenant soin de
les séparer par une apostrophe.
N.B. Pour ces articles particuliers, on peut les considérer sous la forme « we » et « ye » ; ils
perdent alors leur voyelle finale au contact des radicaux commençant par l’une des voyelles « a »,
« i » ou « u ».
Une règle toute simple peut être appliquée dans ce cas : si la voyelle initiale est conservée dans
toutes les déterminations du nom, alors elle appartient au radical. Voici quelques exemples à
voyelle initiale appartenant au radical :
T’utlayt ta mazight 57
a : agur, alim, ass, akal, asif, aman, ammas, t'afat, t'azzela, ...
i : iri, imi, ilem, izi, ired, t'ili, t'illas, t'irni, t'ixsi, ...
u : ul, udi, t'urin (fém. pl.), ussan (masc.pl.), ubrin, ucbih’...
Les noms verbaux issus de verbes de qualité ont, en général, un article spécifique qu'on
appellera « article de qualité », c'est l'article « te ». Ces noms verbaux sont toujours au féminin
singulier. Voici quelques exemples :
te zwegh (la rougeur), te mghwer (la vieillesse), te mzsi (la jeunesse), te zdeg (la propreté); t'uzert
(la grosseur) ...
Dans certains parlers, notamment en kabyle, on observe une évolution de l'article, surtout de « a
» vers « i » (et de « ta » vers « ti ») dans deux cas bien précis :
1. Dans les mots contenant la voyelle « i » dans le radical, cela est alors dû à un phénomène
d'inflexion de la voyelle article qui est influencée par la voyelle « i » du nom :
Mais on a : a mcic (un chat; rad. MCIC), a msebrid (un passant; rad. MSBRID)
Dans les parlers autres que le kabyle, on retrouve le plus souvent l'article originel, dans sa forme
régulière. Par exemple, en chaoui, on trouve « ta ziri », « ta slit », et en targui on trouve « a tri »
...
Pour notre part nous considérerons ces variantes comme des articles, vu qu'elles sont utilisées
couramment en tant que telles.
Nous avons vu que pour les cas réguliers, les articles d'annexion sont « ue » (masc. sing.), « ie »
(masc. pluriel) et « te » (fém. sing. et pl.).
Ex. hit ue xxam (voilà une maison); hitt te xxamt (voilà une maisonnette)
hiten ie xxamen (voilà des maisons), hitent te xxamin (voilà des maisonnettes)
/we/ dans /hit wexxam/, /ye/ dans /hiten yexxamen/ et /te/ dans /hitt texxamt/ et /hitent texxamin/
Cependant, il existe des cas où les articles se présentent autrement, phonétiquement parlant :
Devant les noms dont le radical commence par un nombre impair de consonnes suivi d’une
voyelle, on a phonétiquement /u/ et /i/ au lieu de /we/ et /ye/, comme articles masculins (singulier
et pluriel). On dira :
Nous aurions pu orthographier les articles d’annexion réguliers «we» et «ye» au masculin, et les
articles irréguliers « u » et « i », devant les noms commençant par un nombre impair de
consonnes, nous écririons alors :
mais ça aurait le désavantage d’avoir deux graphie pour le même article, «we» et « u », au
singulier, et «ye» et « i », au pluriel. Pour éviter cette multiplication des graphies, nous préférons
écrire les articles d’annexion du masculin, comme suit :
On écrira On lira
ue rgaz /wergaz/
ue meksa /umeksa/
Ie rgazen /yergazen/
Ie meksawen /imeksawen/
Remarques
1. Concernant l’article d’annexion féminin, on écrira « te » dans tous les cas de figure, même si
on lit « t » devant les noms commençant par un nombre impair de consonnes suivi d’une voyelle.
Ex. : tusa-dd te qcic, yexeddem es te macint, snat te lawin, temedel te wwurt, etc.
2. Devant les noms commençant par une voyelle, nous aurons les articles particuliers « w »
(devant « a » et « u ») et « y » (devant « i »), qu’on séparera du nom qu’ils déterminent une
apostrophe.
On écrira : hit w’uccen, yeffegh-dd w’awal, hit y’izem, sin y’izemawen, etc.
3. Dans le cas où on a la préposition « en » (= de) devant le nom, elle disparaît, pour les
radicaux commençant par un nombre impair de consonnes. Tout se passe comme si on a un
article contracté « ue » = « en » + « ue ».
Devant les noms d'emprunt non assimilés (qui n'ont pas la forme amazighe), on a un article
d'emprunt à l'arabe, qui se présente phonétiquement sous deux formes différentes :
Ex. lqahwa (le café), lbiru (un bureau), lwaldin (les parents), lvista (une veste), lmumen (le
croyant), etc.
Ex. dttbib (un médecin), ddwa (un remède), zzwadj (le mariage), nnbi (le prophète), ddin (la
religion), etc.
Remarque : Dans le deuxième cas, la tension provient en réalité d'un phénomène d'assimilation
de l'article arabe « al » par les consonnes "solaires". Ainsi, en arabe :
On représentera l’article d’emprunt par « el » lorsque le nom commence par une consonne et par
« l » suivi d'une apostrophe lorsqu'il commence par une voyelle. Cela aura l’avantage de rappeler
le statut d’emprunt non assimilé, des noms en question.
Dans le cas où le nom commencerait par une consonne « solaire » arabe, l'assimilation se fera à
la lecture. Dans ce dernier cas, par exemple, on écrira « el dwa » et on lira /ddwa/. Voici quelques
exemples:
Emprunts à l'arabe : el qahwa (le café), el waldin (les parents), el dunit (le monde, la vie), el
dtebib (un médecin), el snesla (une chaîne), el fayda (le bénéfice), el zwadj (le mariage), el szabun
(le savon) l'aman (la sécurité), l'umma (la communauté), l'islam, etc.
Emprunts au français : el tilifun (le téléphone), el vista (une veste), el râdio (la radio), el bumba
(la bombe), el pumpa (la pompe), l'uzin (une usine), l'Allemân (l'Allemagne), l'Afrik (l'Afrique) ...
VI. Récapitulation
Lorsque le nom est à l’état libre, les articles amazighs sont les suivants :
Les noms verbaux de qualité ont pour article « te », sauf si le nom commence par une voyelle,
dans ce cas on mettra « t » suivi d’une apostrophe, pour indiquer l’élision de la voyelle de l’article.
On écrira On lira
ue rgaz /wergaz/
ue meksa /umeksa/
ie rgazen /yergazen/
ie meksawen /imeksawen/
Au féminin de l’état lié, on représentera l’article d’annexion par « te », dans tous les cas de
figure. On écrira :
Dans ce cas là aussi, la lecture peut différer de l’écriture. Ainsi, On écrira « te qcict » et on lira
/teqcict/, mais on écrira « te lawin » et on lira /tlawin/
Pour les noms à voyelle en initiale du radical, nous avons constaté la disparition par élision des
articles du masculin « a » et « i ».
On retrouve l’article au féminin et à l’état lié. Au féminin (état libre ou état lié), on a élision de la
voyelle de l’article, elle sera remplacée par une apostrophe.
Articles particuliers à l’état lié : Afin de ne pas trop nous éloigner de l’expression orale, nous
représenterons l’article d’annexion selon les deux règles suivantes :
yiwen ue rgaz (un seul homme), effeghen ie rgazen (des hommes sont sortis)
mais : yeffegh-dd w'uccen (un chacal est sorti), effeghen-dd w’uccanen (des chacals sont sortis),
yiwen w'awal (un seul mot), sin w’awalen (deux mots)
Règle 2. Devant un « i » en initiale du radical, l'article d'annexion masculin est toujours «ye». On
dira :
yeffegh-dd y'izem (un lion est sorti), sin y’izemawen (deux lions)
T’utlayt ta mazight 61
Les articles irréguliers (voir III.3.) seront représentés, selon le parler considéré (en respectant les
variantes), tout en appliquant les critères de séparation qu'on vient de voir. On écrira donc :
Kabyle : ti ziri (la lune), i nisi (un hérisson), ti slit (la mariée), i zimer (un agneau), a fus (une
main), akal (la terre).
Chaoui : ta ziri, a nisi, ta slit, a zimer, fus, cal.
− On mettra « el » devant les noms d’emprunt non assimilés, commençant par une consonne et
on écrira : el qahwa, el zwadj, el midad, el dwa, etc.
− On mettra « l » suivie d’une apostrophe devant les noms commençant par une voyelle et on
écrira : l’aman, l’islam, l’âvyu, l’Allemân, l’umma, etc.
Cette façon d'écrire a l'avantage de mettre en valeur et l'article et le nom qu'il détermine. Elle
nous permet, entre autre, d'éviter la confusion entre les noms au radical commençant par une
voyelle et ceux commençant par une consonne et qui prennent le plus souvent un article.
En effet, comparez les deux listes suivantes, l'une avec séparation de l'article l'autre sans :
1. argaz, awal, times, agu, aberid, tilelli, taqcict, imeksawen, tarewla, tarwa, tira, azal (grand jour),
azal (valeur), ezzit (l'huile), ezzit (retournez).
2. a rgaz, awal, ti mes, agu, a berid, ti lelli, ta qcict, i meksawen, ta rewla, t'arwa, t'ira, a zal (grand
jour), azal (valeur), el zit (l'huile), ezzit (retournez).
Dans la deuxième liste, le nom est reconnu tout de suite, ce qui permet de faciliter le travail des
lexicographes ainsi que la simple recherche d'un mot dans un dictionnaire.
Dans le cas ou le nom est d'origine verbale, en général, lorsque le radical verbal commence par
une voyelle, le nom verbal aussi. Ainsi, on écrira :
Mais on écrira : ta zmert (izmir/zemer), te zdeg (zeddig/izdig), t'igawt (eg), lazs (ellazs), t'udert
(edder/idir), t’ayri (ri/iri), etc.
T’utlayt ta mazight 62
Quelques remarques :
1. Dans « ta zmert » le radical verbal est « ZMR » et non « IZMIR » puisqu'on dit: yezemer (il
peut), tezemer (elle peut), zemeren (ils peuvent), etc.
2. Dans « t'ira » le radical verbal est « aru/uri/ura », parce qu’en conjugaison, on a souvent des
changements de voyelle à l'intérieur du radical : aru (écris), urigh (j'ai écrit), yura (il a écrit) et ...
t'ira (rad. : « ira »).
3. Dans t’ayri, le radical verbal est « ri/ra » (righ, teridh, yera...), à l’accompli, mais on observe
aussi le radical « iri » à l’impératif. Le « y » de « t’ayri » est juste un "lien" phonétique qui n'existe
d'ailleurs par en tamacheq (Touaregs) puisqu'on dit « t’ra » pour « t’ayri » (l'amour, le désir...).
Certains mots invariables, souvent des adverbes, ont une forme qui pourrait faire penser à la
présence d'un article, ces invariables seront écrits en un seul mot :
Exemples : tura, ach'al, acimi, assa, zik, yiwen, tlata, annect, ...
Parfois un mot peut être employé comme adverbe ou comme nom, il faut bien distinguer les
deux, au niveau de l'écriture.
Par exemple, « azekka » est adverbe dans « a-dd yawedh azekka » (il arrivera demain), alors
que « a zekka » est nom dans « a-dd yawedh ue zekka » (demain arrivera)
Les noms propres sont souvent des invariables mais parfois ils ont la forme d'un nom commun et
peuvent subir des variations. Ils seront écrits en un seul mot avec l'initiale en majuscule,
seulement dans le cas où ils sont réellement invariables. Ainsi on écrira :
IX. Illustration
Nous allons donner deux versions d'un texte, la première sans séparation de l'article du nom et la
deuxième avec séparation, afin de montrer l'importance de la mise en évidence du nom (par
conséquent de l'article) dans la reconnaissance des radicaux nominaux.
Uccen yeqecqec si lazs. Yeteddu yetteqlilih', ans'ara-dd yekk kra a-t yesgummedh. Yewwedh
eddaw taddart yesla ei weqcic d amecdtuh' yettru. Yiwet temghart tenedteq s aqcic enni, tenna-y-
as : « Ad tesusemedh negh telezem iyi tekweffarht ar-d-akk efkegh ei wuccen a-kk yetcc ». Uccen
yeghil d tidett. Yedduri adarnu, yeqqim. Yettraju a-s-t idd sufeghen, yettraju, yettraju, ulac.
Almi dayen yeghli-dd yidh, yesla ei temghart tezuzun aqcic. Teqqar as : « Tura, mimmi ad yexuc,
ur yettagwad. A h'eq wihin ed wihin, ur-dd yettas wuccen ar-t neqedderh es teqabact ».
Uccen yeddez timaddazin is. Yenna-y-as : « Awwah! Imexluqen agi hedderhen kan! ».
Uccen yeqecqec si lazs. yeteddu yetteqlilih', ans'ara-dd yekk kra a-t yesgummedh. Yewwedh
eddaw t'addart yesla ei ue qcic d a mecdtuh' yettru. Yiwet te mghart tenedteq s a qcic enni, tenna-
y-as : « Ad tesusemedh negh telezem iyi te kweffarht ar-d akk efkegh ei w'uccen a-kk yetcc ».
Uccen yeghil d t'idett. Yedduri a darnu, yeqqim. Yettraju a-s-t idd sufeghen, yettraju, yettraju, ulac.
Almi dayen yeghli-dd y'idh, yesla ei te mghart tezuzun a qcic. Teqqar as : « Tura, mimmi ad
yexuc, ur yettagwad. A h'eq wihin ed wihin, ur-dd yettas w'uccen ar-t neqedderh es te qabact ».
Uccen yeddez ti maddazin is. Yenna-y-as : « Awwah ! I mexluqen agi hedderhen kan ! ».
***
Chapitre XIII
Le nom
Remarque préliminaire : Nous désignerons par « nom » les substantifs et les adjectifs
qualificatifs. La raison est que les uns et les autres sont construits de la même manière et portent
en général les mêmes déterminations (genre et nombre). Dans toute la suite de cette étude tout ce
qui sera dit sur le nom concernera et les substantifs et les adjectifs qualificatifs.
I. Définition
Le nom est formé d'un thème (ou radical) auquel viennent s'ajouter des suffixes servant à
marquer le genre et le nombre. Le nom est le plus souvent précédé d'un article.
Le nom précédé de son article, porte les déterminations de genre (masculin ou féminin), de
nombre (singulier ou pluriel) et d'état d'annexion (libre ou lié).
Remarques :
1. Seul l'article porte la détermination d'état d'annexion, le nom ne porte que celles de genre et
de nombre.
2. Les déterminations de genre, de nombre sont aussi portées par les articles. Par exemple, dans
« i rgazen », le « i » est un article masculin pluriel à l'état libre.
3. Lorsque le radical commence par une voyelle, le nom masculin n'a pas d'article, à l'état libre.
On retrouve l'article à l'état lié.
Ex. uccen (le chacal) n'a pas d'article en initiale, le « u » initial fait partie du radical. Par contre
on dira :
Dans ce cas, c’est la voyelle initiale du nom qui donne, par influence, une forme particulière à
l’article (voir Chapitre XII. L’article. III. Cas non réguliers).
agu (les nuages), iger (le champ), awal (le mot / la parole), izem (le lion), gemmu (la poussée),
alluy (la montée), etc.
En réalité, on a une élision de l'article masculin singulier de l'état libre devant la voyelle initiale du
radical. Au féminin, on retrouve le « t » indice du féminin de l'article féminin (« ta » ou « ti ») :
t'uccent (femelle du chacal), t'izemt (la lionne), t'agut (la brume), t'ukkesa (N.V. de ekkes =
enlever), t'ixsi (la brebis), t'asa (le foie)
La séparation de l'article du nom permet une mise en évidence du radical et on peut ainsi
distinguer les noms ayant un article et ceux n'en ayant pas (voir Chapitre XII : L'article). Nous
écrirons donc naturellement :
a rgaz, i rgazen, ta mezwarut, ti mezwura, uccen, awal, izem, imi en w'uccen, yeghli-dd w'agu,
effeghent-dd te lawin, etc.
Remarque : Les emprunts non assimilés ont un article arabe qui se présente phonétiquement,
sous forme d'un « l » ou d'une tension sur la consonne initiale. Il faut aussi séparer l'article arabe
du thème pour mettre en valeur ce dernier :
et devant les consonnes "solaires" arabes on a alors une assimilation de l'article arabe par la
consonne en question. Cette assimilation ne doit pas être représentée à l'écrit.
T’utlayt ta mazight 65
III. Le genre
2. Pour les noms à radical commençant par une voyelle, l'article féminin se trouve réduit à l'indice
du féminin « t » par élision de sa voyelle.
izem (le lion, un lion) > t'izemt (la lionne, une lionne)
umlil (blanchâtre, le blanchâtre) > t'umlilt (blanchâtre, la blanchâtre)
L'article féminin peut être réduit à l'indice du féminin « t » par élision de sa voyelle (voir point 2.)
4. Pour les pluriels irréguliers, on remplace, généralement, juste l'article masculin par l'article
féminin correspondant.
Remarques :
1. Certains noms ont des féminins à radical différent de ceux du masculin, ce sont généralement
des noms d'êtres vivants.
4. Le mot obtenu au féminin à partir du masculin a parfois un sens différent de celui du masculin.
T’utlayt ta mazight 66
5. Il existe des noms au féminin ne comportant ni article, ni indice du féminin devant, ce sont des
pluriel irréguliers.
IV. Le nombre
En amazigh, un nom peut être au singulier (pour désigner une unité) ou au pluriel (plus d'une
unité). Le pluriel est obtenu à partir du singulier en remplaçant l'article singulier par l'article pluriel
correspondant et en faisant subir au thème les transformations suivantes:
Au masculin, le pluriel régulier s'obtient en remplaçant l'article singulier par l'article pluriel
correspondant et en ajoutant « en » à la fin du thème (en suffixe).
Au féminin, le pluriel régulier s'obtient en remplaçant l'article singulier par l'article pluriel
correspondant et en ajoutant « in » à la fin du thème (en suffixe).
IV.2.1. Formation
Les pluriels irréguliers sont formés à partir du singulier en remplaçant l'article singulier par l'article
pluriel correspondant et en faisant subir au thème certaines transformations.
3
(voir Chap. XI. Le mot et l’orthographe)
T’utlayt ta mazight 67
- changement de voyelles :
mais on dira : a zal > i zalen (grand-jour) ; et : azal > azalen (valeur) - pluriel régulier -
- pluriel en « an » :
En général, les pluriels irréguliers, au féminin, subissent les mêmes transformations du thème
qu'au masculin :
Cependant, nous pouvons avoir des noms n'ayant pas d'équivalent masculin ayant des pluriels
irréguliers :
Nous remarquons que certains noms peuvent avoir deux types de pluriels, l'un régulier et l'autre
irrégulier (voir les trois derniers exemples). Nous pouvons aussi avoir des changements de thème
entre le masculin et le féminin. Généralement les pluriels en « an », au masculin, donnent des
pluriels en « atin » au féminin :
Remarque : Certains noms à radical à voyelle en initiale, peuvent perdre cette voyelle au pluriel,
par exemple :
puisque le « a » est conservé dans toutes les déterminations du mot, au singulier, alors que le
« i » initial du pluriel disparaît à l'état d'annexion. On dira :
Au singulier : a berid en t'ala (le chemin de la fontaine) ; tetccur t'ala (la fontaine est pleine)
et au pluriel : a berid en te liwa (le chemin des fontaines) ; etccurent te liwa (les fontaines sont
pleines)
ta medttut (la/une femme) > ti lawin (les/des femmes) ; mais on dit aussi : ti meddtutin
a qcic (le/un garçon) > arrac (les/des garçons); mais on dit aussi : i qcicen
ta qcict (la/une fille) > ti h'dayin (les/des filles) ; mais on dit aussi : ti qcicin
Comme on dit, par ailleurs : ta h'dayt (une fille), a h'day (un garçon)
Remarques :
baba (mon père), yemma (ma mère), gma (mon frère), etc.
T’utlayt ta mazight 69
Ils n'ont pas tous de pluriel à proprement parler, mais certains peuvent être exprimés par un
pluriel irrégulier qui peut avoir un sens légèrement différent :
mais il n'existe pas, dans le langage courant, de terme voulant dire « le père » (qui devrait être,
logiquement, « a babat », singulier de « i babaten »).
jeddi (mon grand-père) > el jdudi (mes grands-pères) el jdud (les grands-pères, les ancêtres)
xali (mon oncle maternel) > xwali (mes oncles...) el xwal (les oncles ...)
N.B. Pour les noms de parenté, voir aussi Chapitre XVIII. Les pronoms personnels. III. Les
possessifs.
Les noms d'emprunt non assimilés ont en général un pluriel de forme arabe, et ce, quel que soit
l'origine de l'emprunt.
V. L'état d'annexion
Remarque préliminaire : L'état d'annexion ne concerne pas les adjectifs sauf s'ils sont utilisés
comme noms (voir VI.2) et il n'est marqué que sur les articles.
Un nom peut être à l'état libre ou à l'état lié. L'état d'annexion (libre ou lié) est marqué par
l'article précédant le nom.
Un nom est à l'état libre lorsque son sens ne dépend pas du reste de la phrase. Lorsque le nom
ne prend son sens qu'en relation avec le mot qui le précède, on dit qu'il est à l'état lié.
Dans « walagh a rgaz » (j'ai vu un homme), on peut supprimer le verbe « walagh » et « a rgaz »
a toujours un sens, par contre dans « yewala ue rgaz » (l'homme a vu), si on supprime le verbe
« yewala » le reste de l'expression (« ue rgaz ») n'a plus de sens.
T’utlayt ta mazight 70
A l'état lié, le nom est précédé de l'article d'annexion, autrement il a la même forme qu'à l'état
libre.
VI.1. Définition
L'adjectif qualificatif sert à qualifier un nom (ou un groupe nominal), il s'accorde en genre et en
nombre avec le nom qu'il qualifie. Il peut être épithète du nom, il se place alors immédiatement
après lui. Il peut être attribut, il est alors introduit par un verbe d'état suivi de la particule
d'existence « d » ou par la particule d'existence seule.
L'adjectif qualificatif porte les mêmes déterminations que le nom qu'il qualifie. Par exemple on
dira :
« a rgaz a meqqweran » (un grand homme, le grand homme), au masculin singulier, et « yusa-
dd ue rgaz a meqqweran » (le grand homme est venu)
L'adjectif qualificatif peut avoir valeur de nom, il en a alors tous les attributs.
Il existe deux types d'emprunts en amazigh : les assimilés et les non assimilés. Les emprunts
assimilés ont une forme amazigh et par conséquent les articles amazighs.
Emprunts au français : a keryun (un crayon), a jili (un gilet), a jenyurh (un ingénieur), ta kerrost
(une voiture).
Emprunts à l'arabe : a fellah' (un paysan), a xsim (un adversaire), ta ktabt (un livre), ta ghzalt
(une gazelle).
Les emprunts non assimilés gardent généralement une forme très proche de l'original et
prennent souvent l'article d'emprunt à l'arabe et parfois au français.
Emprunts au français : el biru (le bureau), el bathima (le bâtiment), l'avyu (l'avion), el tomobil
(l'automobile) ...
Emprunts à l'arabe : el waldin (les parents), el mumen (le croyant), el midad (l'encre), l'islam, el
dtebib (le médecin), el dunit (le monde) ...
Il faudrait faire un effort d'assimilation du vocabulaire d'emprunt afin de le conformer aux règles
de la langue amazighe.
Il est évident qu'on préférera à chaque fois l'équivalent amazigh à l'emprunt si le premier existe.
Ainsi on préférera :
Dans l'opération de création de sigles, on prend généralement l'initiale des mots composant une
expression donnée pour former une abréviation significative.
Si, en amazigh, on gardait les articles solidaires des noms qu'ils déterminent, cela donnerait ce
qui suit, par exemple :
Nous obtenons, ainsi, des sigles plus significatifs, car composés à partir des initiales des noms et
non des articles.
T’utlayt ta mazight 74
I. Reconnaissance du thème
Le thème est, en général, la partie nue du mot, à celui-ci s'ajoutent différents affixes pour former
les différentes variantes du mot.
Le thème « xxam » est précédé d'un l'article et est suivi de marques de genre et de nombre en
suffixe.
C'est dans les cas de pluriels irréguliers qu'on a variation du thème pour les noms, cela n'est pas
propre à l’amazigh, on retrouve ce phénomène dans pratiquement toutes les langues.
La mise en évidence du thème est nécessaire pour l'élaboration d'un lexique ou d'un dictionnaire
alphabétique, en amazigh.
Si on ne distingue pas les radicaux de leurs préfixes, on aboutirait à des listes de mots
commençant par des articles ou des désinences verbales.
Presque tous les noms masculins commenceraient par un « a » (article masculin), les féminins
commenceraient par un « t » (indice du féminin), le reste des mots serait alors composé en
majorité de verbes et de particules.
Problème : Quelqu'un lit un texte, rencontre un mot dont il ignore le sens et se propose de le
chercher dans un dictionnaire. Comment saura-t-il en extraire le thème ? Ou devra-t-il le chercher
tel quel, sans se soucier du thème?
Ex. Prenons la petite phrase suivante : yeghli-dd wagu af tmurt en leqbayel (les nuages ont
recouvert le pays kabyle)
Nous avons sept (7) mots, en apparence, nous nous proposons d'en chercher le sens dans un
dictionnaire. Dans quels chapitres faudra-t-il chercher ?
yeghli dans le chap. « g », sachant que le «ye» initial est une désinence verbale
agu dans le chap. « a » (le « a » faisant partie du thème)
murt dans le chap. « m » (on trouvera « mur » [a mur] puis « murt » [ta murt] = pays, terre)
qbayel dans le chap. « q » (on trouvera « qbayeli »; pl. qbayel = kabyle)
Remarques :
1. A l'écrit, on évitera les variantes phonétiques, sauf dans un dialogue - langue parlée - et on
écrira donc « ghef » et non « af » (sur).
2. Chaque fois qu'on se trouve en présence de particules réduites par élision d'une lettre, on
marquera cette élision par un tiret si la lettre élidée est une voyelle initiale et par une apostrophe,
si c’est une voyelle finale.
Ex. asm'ara yeruh' < asmi ara yeruh' (Le jour où il partira)
tessenem-t < tessenem + it (vous le connaissez)
III. Classement
1. Le classement des mots d'une langue, dans une liste ordonnée se fait généralement selon
l'ordre alphabétique, on fera de même pour la langue amazighe, en prenant en considération les
thèmes.
2. On fera le classement de tous les thèmes attestés. Il ne faut surtout pas classer sur les
racines, celles-ci étant purement consonantiques, et cela obligerait tout un chacun à connaître et
reconnaître la racine de chaque mot.
3. Il faudrait faire un inventaire de tous les mots de la langue, y compris les variantes et les
formes dérivées, ainsi que des affixes (désinences verbales et marques grammaticales).
4. L'orthographe des mots doit être fixée une fois pour toutes et toute variation doit obéir à une
règle claire.
T’utlayt ta mazight 76
Le Verbe
***
Chapitre XIV
Le verbe
En amazigh, on ne peut pas parler de temps de conjugaison comme pour les langues latines ou
anglo-saxonnes. Une même forme verbale peut exprimer différents temps de conjugaison :
passés, présents ou futurs. Ce qui est dominant dans le verbe amazigh c’est « l’aspect » plutôt
que le temps.
Dans ce domaine, l'amazigh se comporte à peu près comme l'arabe pour lequel on a juste deux
« aspects » du verbe, l'accompli et l'inaccompli.
De même, pour le verbe « xedem » (travailler, faire), dans sa forme d’habitude « xeddem »
Nous dirons que ces deux formes verbales, prises comme exemple, expriment un aspect plutôt
qu'un temps.
En effet, dans « eddigh », on exprime une action achevée et dans « xeddemegh », l'action n'a
pas de limite définie, elle est inachevée.
Le verbe « eddigh » exprime une action achevée même dans l'exemple (3), au futur, par contre
le verbe « xeddemegh » exprime une action inachevée même dans l'exemple (5), au passé.
Pour décrire ces deux formes verbales, nous utiliserons les notions d'accompli pour l'action
achevée (eddigh) et d'inaccompli pour l'action inachevée (xeddemegh).
Avant de pousser plus loin notre analyse, nous donnons quelques définitions utiles pour préciser
des concepts que nous serons amenés à utiliser dans la suite de cette étude.
II.1 Le temps
II.2. L'aspect
III.1. L'accompli
eddigh s a xxam (je suis parti à la maison) action achevée dans le passé
a-yi-dd tafedh eddigh (tu me trouveras parti) action achevée dans le futur
aqliy eddigh yid-es (je part avec lui) action achevée dans le présent
III.2. L'inaccompli
tteddugh yal ass (je vais tous les jours) action sans limite définie
zik tteddugh yal ass (avant, j’allais chaque jour) action passé sans limite définie
ad tteddugh yal ass (j’irai chaque jour) action future non délimitée
Remarque : Cette forme est aussi appelée l’aoriste intensif. Elle est le plus souvent construite
sur la forme aoriste à laquelle on ajoute le préfixe « tt ».
IV. L'aoriste
L'aoriste est le plus souvent employé en combinaison avec la particule « ad » (indice du futur)
pour exprimer le futur perfectif (voir V.).
Employé seul, il a valeur de temps de narration, il est en cela équivalent au passé simple du
français. On le rencontre le plus souvent dans les contes et récits mythiques.
yafeg almi d wis sebäa ie genwan (il s'envola jusqu'au septième ciel)
yaf imir snat en te sekwrin (il alors trouva deux perdrix)
yawedh gher el seldtan yin'as ... (il alla voir le roi et lui dit ...)
Il est aussi employé pour exprimer le mode subjonctif ainsi que dans certaines formules de
politesse.
- yaf qbel win iy-t yukeren (qu'il trouve d'abord celui qui l'a volé)
V. Le futur
Pour exprimer une action future on utilise la particule « ad » suivie d'un verbe conjugué. On
appellera cette particule « indice du futur ».
Le verbe dans (1), a la forme de l'aoriste et dans (2) il a celle de l'inaccompli (ou aoriste intensif).
En réalité dans (3) aussi, on a « ad » + aoriste. Il se trouve que pour certains verbes, l'aoriste se
conjugue comme l'accompli, par exemple, pour les verbes : ruh' (partir), susem (se taire), cudd
(attacher), rewel (s'enfuir), etc.
La plupart des verbes ont quand même un aoriste différent de l'accompli, par exemple, les verbes :
VI. Le subjonctif
En dehors du futur et du passé de narration, l'aoriste est aussi utilisé pour exprimer certaines
formes de subjonctif.
VII. L'impératif
L'impératif est un mode verbal utilisé pour exprimer un ordre, une prière, une demande, etc.
Il peut se présenter sous deux aspects, le perfectif et le duratif, qu'on appellera aussi l'impératif
simple et l'impératif intensif.
T’utlayt ta mazight 79
VIII. Le participe
Il existe en amazigh trois types de participes, le premier formé à partir l'accompli, le deuxième à
partir de l'inaccompli et le troisième à partir de l'aoriste.
ur nuf'ara < ur nufi ara [nufi = ne + ufi] (qui n’a pas trouvé)
ur negrareb ara [negrareb = ne + grareb] (qui n’a pas roulé)
yesellen [yesell + en] (qui est en train d'entendre / qui entend habituellement)
yebennun [yebennu + en] (qui est en train de construire / qui construit habituellement)
Utilisé, précédé de la particule « ara » (qui a valeur de pronom relatif), il exprimera alors une
action future, inachevée ou habituelle.
Il est formé à partir de la troisième personne du masculin singulier du verbe conjugué à l'aoriste,
à laquelle on ajoute le suffixe « en ». Il est toujours précédé de la particule « ara » (pronom relatif)
et est utilisé pour exprimer une action future.
« ur nesell ara » peut vouloir dire « qui n’entend pas » ou « nous n’entendons pas », seul le
contexte peut nous renseigner sur le sens de l’expression.
Un verbe peut être conjugué à la forme affirmative ou à la forme négative. La forme négative est
généralement obtenue à partir de la forme affirmative à laquelle on ajoute les particules de
négation selon le schéma suivant :
1. En kabyle, on a les particules « ur ... ara » alors qu'en chaoui, on a les particules « ur ... ec »
(ou « ur ... ca »)
2. A l'accompli le radical change de forme pour la plupart des verbes, en passant à la forme
négative. Le plus souvent on a apparition d'un « i » avant la consonne finale (pour les radicaux
consonantiques) ou remplacement du « a » final par un « i » pour les radicaux se terminant par un
« a ».
3. Le futur négatif est toujours exprimé par l'aspect duratif, le verbe a alors la même forme que
l'inaccompli.
Pour exprimer la forme verbale de base, forme non conjuguée, on utilise l'infinitif en français et
anglais par exemple ou la forme conjuguée la plus simple, sans désinences verbales, comme en
arabe.
Pour l'amazigh il n'existe pas d'équivalent de l'infinitif aussi nous prendrons la forme la plus
simple (sans affixes) pour exprimer la forme verbale de base.
Cette forme verbale jouera le rôle de l'infinitif, elle servira à désigner les verbes dans leur forme
non conjuguée.
Prenons différentes formes conjuguées pour trois verbes : « eddu » (aller), « els » (s’habiller) et
« zemer » (pouvoir) et séparons les thèmes des affixes :
Remarques :
1. Les formes du thème les plus simples sont données par l'impératif-perfectif et l'aoriste, ces
formes sont d'ailleurs identiques.
2. Pour certains verbes, on peut avoir deux variantes du radical pour le même aspect (zemer /
izmir).
3. On a souvent un changement du radical selon la forme conjuguée considérée (els / elsi / elsa /
ttlus).
Nous choisirons donc la forme la plus simple, celle exprimée par l'impératif-perfectif et par
l'aoriste pour représenter la forme verbale de base.
Cette forme de base jouera le rôle de l'infinitif et on dira, par exemple, en parlant des verbes : le
verbe « eddu », le verbe « els », le verbe « glu » ...
Pour les verbes qui ont deux variantes, nous prendrons la plus simple des deux (celle plus
proche de la racine) et nous citerons l'autre, à chaque fois, comme variante. Par exemple on
parlera des verbes : « zemer » (variante « izmir »), « edder » (variante « idir »), etc.
Le nom verbal est un substantif formé à partir d'un verbe, exprimant une action ou un état
quelconque. Voici quelques exemples :
Il n'y a pas de règle globale expliquant la formation du nom verbal à partir du verbe, mais pour
certains types de verbes, on peut prévoir la forme du nom verbal associé. Selon la forme du
radical du verbe on aura tel ou tel type de radical pour le nom verbal.
Exemples :
Radical C1C2u (consonne 1 + consonne 2 + « u »), comme : bru (lâcher), flu (percer), glu
(emmener/partir avec), etc.
Radical de la forme C1C2C3 : rewel (RWL), kenef (KNF), fereg (FRG), etc.
On peut très bien établir une table recensant les différents types de radicaux verbaux et les
formes de leurs noms verbaux associés, mais on ne peut pas dégager une règle unique pour tous
les cas recensés.
Remarque : Le nom verbal se comporte comme n'importe quel nom, il peut être précédé d'un
article, mais on en rencontre beaucoup qui n'acceptent pas d'article:
1. avec article : a siwel (l'appel), ta rewla (la fuite), a skiddeb (le fait de mentir), t'uzert (la
grosseur), te zwegh (la rougeur), t'ikli (la marche) ...
2. sans article : utcci (le manger), gemmu (la poussée), alluy (la montée), fad (la soif), lazs (la
faim) ...
A partir de la forme de base du verbe, on peut construire différentes formes dérivées pour
exprimer d'autres sens tels que le passif, le réciproque, le progressif, etc.
Pour les verbes d'action, la forme de base a souvent un sens actif perfectif, c'est à dire qu'il
exprime une action envisagée comme ayant une fin. Par exemple, les verbes : afeg
(voler/s’envoler), eddu (aller), awi (emporter), xedem (faire, travailler), efk (donner) ...
Pour les verbes d'état (ou de changement d'état) et les verbes de qualité, la forme de base décrit
un état pris à un moment donné ou un changement d'état. Par exemple, les verbes : zsewer, ili,
ughal, etc.
La construction de la forme dérivée se fait par ajout d'un préfixe, accompagné parfois d'une
variation du radical. Nous allons donner quelques exemples de formation de formes dérivées à
travers le tableau suivant.
Remarque 1 : Les verbes ne possèdent pas systématiquement toutes les formes dérivées.
Remarque 2 : Les verbes ayant un sens passif dans leur forme de base ne rentrent pas dans ce
schéma de transformation. Pour ce genre de verbes on a un autre schéma, à travers lequel, à
partir du sens passif, on obtient certains autres sens par préfixation, comme par exemple pour les
verbes « enz » (être vendu) et « adhen » (être malade) :
− La forme active des verbes passifs est obtenue de la même façon que la forme factitive pour
les verbes actifs à l'origine.
− La forme actif-réciproque est obtenue de la même façon que la forme factitif-réciproque des
verbes actifs.
Il existe, en amazigh, une catégorie de verbes ayant une conjugaison à part, servant à qualifier
ou à décrire un nom. Selon leur conjugaison, ils peuvent avoir deux sens : un sens descriptif ou un
sens actif.
Ces verbes, utilisés avec le sens descriptif, n'ont que des désinences finales et au pluriel on a
une désinence identique pour toutes les personnes.
Mezzsiyegh (nekk)
Mezzsiyedh (ketc/kem)
Mezzsi (netta)
Mezzsiyet (nettat)
mezzsiyit (nekkweni / nekkwenti / kunwi / kunemti / nuteni / nutenti)
Remarque : Ce genre de verbes jouent le même rôle que les adjectifs qualificatifs attributs du
noms, et on peut les considérer comme tels. Leur sens se rapproche du verbe être suivi d'un
adjectif.
N.B. Les noms verbaux des verbes de qualité sont presque toujours au féminin et sont précédés
d'un article particulier, l'article de qualité « te » (Voir le chapitre XII. L'article).
On peut conjuguer ces verbes autrement, notamment à l'aoriste (futur), l'inaccompli et l'impératif,
ils prennent alors un sens actif et décrivent une variation d'état plutôt qu'un état.
Il n'y a qu'à l'accompli qu'on ne peut pas les conjuguer avec le sens actif exprimant une variation
d'état, vu que l'accompli, justement, décrit une action ou un fait achevé (qui n'est plus sujet à
variation).
***
Chapitre XV
I. Les désinences
On appelle conjugaison, les variations que subit le verbe en fonction de la personne, du genre et
du nombre. A ces variations viennent s'ajouter celles relatives au mode, à l'aspect ou au temps. En
général, on a un radical auquel viennent s'ajouter des affixes portant des significations multiples.
Exemple :
Dans « tewalamt » (vous avez vu - au féminin -), nous avons le radical « wala » auquel viennent
s'ajouter le préfixe « te » et le suffixe « emt ».
L'ensemble « te » + « emt » nous indique que le verbe est à la deuxième personne du pluriel
féminin. Chaque fois que nous avons un verbe à préfixe « te » et à suffixe « emt », il sera à la
deuxième personne du pluriel féminin, ceci est une caractéristique de l'amazigh : les désinences
sont toujours les mêmes quels que soient le mode, le temps ou l'aspect de conjugaison (sauf pour
l'impératif).
Ces affixes sont appelés désinences verbales et se présentent sous trois formes possibles :
− désinence initiale : elle se place avant le radical : tewala = te + wala (elle a vu)
− désinence finale : elle se place après le radical : walan = wala + en (ils ont vu)
T’utlayt ta mazight 85
− désinence mixte : elle se présente en deux partie, l'une en préfixe et l'autre en suffixe du
radical : tewaladh = te + wala + edh (tu as vu)
Important : Qu'elle soit initiale, finale ou mixte, la désinence verbale joue exactement le même
rôle, elle nous renseigne sur la personne, le nombre et le genre du sujet, en conjugaison.
Remarque : L'amazigh rejoint en cela l'arabe qui procède à peu près de la même manière pour
la conjugaison :
La différence est qu'en arabe, contrairement à l’amazigh, les désinences varient aussi avec
l'aspect ou le temps.
L'amazigh a aussi en commun avec l'arabe (mais aussi avec d'autres langues telles l'espagnol
ou l'italien, par exemple) la caractéristique d'avoir une conjugaison sans pronoms personnels
sujets.
Dans tous ces exemples, le sujet est sous entendu (je, moi). On peut évidemment mettre un
pronom personnel sujet devant le verbe mais il sera considéré comme sujet explicatif (deuxième
sujet) :
Attention : Il ne faut absolument pas considérer la désinence initiale amazighe comme pronom
personnel sujet.
Si la désinence initiale était un pronom personnel sujet, on aurait pu la remplacer par un nom, un
groupe nominal ou un autre pronom. En français on peut très bien remplacer le « il » dans « il
arrive » par autre chose :
En amazigh on ne peut jamais remplacer la désinence initiale, car ce n'est pas un pronom, elle
joue le même rôle que les désinences finales, il n'y a que l'emplacement qui la différencie.
D'ailleurs la preuve en est qu'au participe, la désinence finale passe en position initiale lorsqu’on
passe de la forme affirmative à la forme négative (en plus de la disparition de la désinence initiale
« ye », de la forme affirmative) :
Par exemple, dans les quatre premiers paragraphes du premier chapitre du roman de Rachid
Alliche, « Faffa », si nous relevons tous les verbes conjugués à la troisième personne du singulier
masculin, nous obtenons la liste suivante (transcription phonologique originale) :
Initiale « i » : ad issired, ad ixdem, ad ikkes, ad iwzen, iêella, iîîaneé, immuger, issaadda, isseîîel,
ad istufu, issaadday, iwala, iaaddan (participe).
Initiale « y » : yeffeγ, yeréa, ad yagwem, yessebw, yessemsawi, yawi, ad yerr, yaagez, yucaôen
(participe).
Alliche met systématiquement un « y » devant les voyelles (yagwem, yaagez, yucaren...), mais
on trouve « yeffeγ », « yerza » , « yessemsawi ».
Au futur, après « ad », il adopte plutôt le « i » pour les verbes à l'aoriste (ad issired, ad ixdem,...)
mais on trouve « ad yerr », « ad yagwem ».
En réalité il n'y a aucune règle, tout se fait de façon presque intuitive. On retrouve le même
problème dans presque tous les écrits amazighs récents. La tendance est toutefois de mettre un
« i » en initiale pour la troisième personne du singulier masculin, sauf lorsque le radical verbal
commence par une voyelle.
Cette façon d'écrire pose problème, car elle engendre de fausses homonymies et parfois de
fausses prononciations du verbe conjugué. Voici quelques exemples :
On devrait adopter une désinence unique pour la troisième personne du singulier masculin (et le
participe), la plus proche de la réalisation phonétique. Pour cela nous proposons d'adopter le
« ye » comme désinence quels que soient le verbe et son aspect. Ainsi on lèvera toute ambiguïté
de sens pour les exemples cités plus haut. On écrira donc :
Ex. yella w’agu (il y a des nuages); ad yili ue semmidh (il y aura du froid; il fera froid); ttilin w’aman
(il y a habituellement de l’eau); ellant adtas en te sekwrin (il y a beaucoup de perdrix); etc.
Lorsqu’il est utilisé comme auxiliaire, il n’exprime jamais le présent. Pour cela, on utilise des
présentatifs (aqliy, hit, atan, etc.) :
En kabyle, on n'utilise le verbe de possession « li » (ou « el » selon les régions) que dans de
rares expressions (annect yela-t ; w'iy-t yelan, etc...). Ce verbe, équivalent au verbe « avoir » du
français, persiste cependant chez les touaregs, sous la variante « el », avec toutes les formes de
conjugaison. Sa conjugaison est alors est pareille à celle du verbe « eg » (faire, être fait), à
l’accompli, elle est la suivante :
ligh (j'ai), telidh (tu as), yela (il a), tela (elle a), nela (nous avons), telam/telamt (vous avez), lan/lant
(ils/elles ont)
V. Ecriture
Nous avons vu que les désinences sont les mêmes quels que soient le temps ou l'aspect (sauf
pour l'impératif et les verbes de qualité), elles ne varient qu'en fonction de la personne, du nombre
et du genre, elles sont en cela, parfaitement reconnaissables, aussi, il n'est pas nécessaire de les
mettre en évidence d'une quelconque façon. Nous écrirons donc les verbes conjugués avec leurs
désinences, sans séparation aucune.
yessen (il connait); tessenem (vous connaissez); yettwassen (il est connu); tettemyewwatem (vous
vous frappez mutuellement); berrikit (ils sont noirs); mezzsiyedh (tu es jeune); etc.
Remarques :
Accompli : ufeg
Accompli négatif : ufig
Inaccompli : ttafeg (forme progressive de afeg)
Aoriste : afeg
Impératif : afeg
2. A l'accompli, pour certains verbes, le thème (ou radical) peut prendre une forme particulière
aux première et deuxième personnes du singulier :
4. Il existe une catégorie de verbes, appelés verbes de qualité, qui présente une conjugaison
particulière à l'accompli et au participe accompli (Voir Chapitre XIV. Le verbe, XII).
On dira « win mellulen » (celui qui est blanc), mais « d wagi iy mellulen » (c'est celui-là qui est
blanc) est prononcé « d wagi igg mellulen »
***
Chapitre XVI
Conjugaison
I. Généralités
Nous avons vu qu'en amazigh (voir chapitre XIV. Le verbe), lorsqu'il s'agit de conjugaison, c'est
la notion d'aspect qui prédomine plutôt que celle de temps. Dans la conjugaison amazighe nous
pouvons exprimer les oppositions suivantes :
en plus, la forme dérivée progressive est utilisée pour représenter l'inaccompli et le duratif.
Nous allons prendre comme exemple le verbe « afeg » (voler, s'envoler). Nous conjuguerons ce
verbe aux différents temps et/ou aspects d'abord à la forme affirmative puis aux formes négatives
et interrogatives et nous donnerons à chaque fois les désinences verbales.
Quelques remarques :
1. Le verbe amazigh se conjugue sans pronom personnel sujet, le sujet est alors sous-entendu,
c'est la désinence verbale seule qui nous indique la personne de conjugaison, elle nous renseigne
aussi sur le genre et le nombre du sujet, pour cela on l’apelle aussi « indice du sujet ». (Voir
Chapitre XV. Caractéristiques de la conjugaison amazighe).
II. L'accompli
III. L'inaccompli
Remarques :
1. On a employé la forme dérivée progressive (ou intensive) pour conjuguer à l'inaccompli : afeg
> ttafeg (dans ce cas).
2. Les désinences verbales sont les mêmes qu'à l'accompli.
3. Le radical a, par contre, changé : radical de la forme intensive : tt + afeg = ttafeg
4. Le radical peut prendre une forme particulière, pour certains verbes, à l'accompli, aux première
et deuxième personnes du singulier. Par exemple, pour le verbe « rnu » (ajouter), on dira :
Avec l'emploi de la forme progressive, le radical est le même, à toutes les personnes de
conjugaison :
IV. L'aoriste
L'aoriste est surtout utilisé, précédé de la particule « ad », pour exprimer le futur perfectif (ou
futur simple). Employé seul il exprime un temps de narration, proche du passé simple français.
Remarque : Les désinences sont les mêmes qu'à l'accompli, il n'y a que le thème qui change
(ufeg > afeg).
V. Le futur
On a deux sortes de futurs : le futur simple (ou perfectif) et le futur intensif (ou duratif).
Le futur simple est formé à partir de l'aoriste précédé de la particule « ad », on appelle cette
particule indice du futur.
Ex. ad afegegh (je m'envolerai), ad yafeg (il s'envolera), ad ternum (vous ajouterez), ad ruh'ent
(elles partiront), etc.
Le futur intensif est formé à partir du verbe conjugué à l'inaccompli précédé de l'indice du futur
« ad ».
Ex. ad yettafeg (il volera habituellement, souvent...), ad terennum (vous ajouterez habituellement,
souvent...), ad ttruh'unt (elles iront habituellement, souvent...)
Le futur est aussi représenté par la particule « ara » suivie de l'aoriste, dans les phrases
interrogatives ou les propositions subordonnées. La particule « ara », dont le sens est proche de la
conjonction « que », joue alors le rôle d'indice du futur, elle est toujours précédée d'un interrogatif,
d'un relatif ou d'une conjonction de subordination. Voici quelques exemples :
V.4.1 Assimilation
Souvent, la lecture diffère de l'écriture pour certaines suites de phonèmes, ainsi, les suites « d »
et « t » spirants sont prononcées « tt ».
V.4.2. Elision
On parle d'élision lorsqu'on a disparition systématique d'un phonème en faveur d'un autre. Deux
cas se présentent dans la conjugaison au futur :
Remarque : On pourrait penser qu'il s'agit d'une assimilation due à la rencontre du « d » avec
« n », si c'était le cas, celle-ci devrait être systématique à chaque suite (d, n), ce qui n'est pas le
cas justement, puisqu'on dira :
2ème cas : Lorsque l'indice du futur « ad » est suivi d'un pronom personnel ou d'une particule
locative, on a systématiquement une double élision : celle du « d » de « ad » et celle de la voyelle
initiale du pronom ou de la particule locative, ainsi on dira (et on écrira), par exemple :
Dans ce cas, l’indice du futur garde sa forme entière, les pronoms personnels ainsi que les
particules locatives se présentent alors sous leur variante avec « a » en voyelle initiale (voir la
partie consacrée aux particules).
VI. Le subjonctif
L'aoriste est parfois employé pour exprimer l'idée du subjonctif (souhait, prière, défi, etc.).
Quelques exemples :
A l'impératif l'idée de défi est plus accentuée comme, par exemple, dans ces deux vers d'Ait
Menguellet :
VII. L'impératif
On a deux sortes d'impératifs : l'impératif perfectif (ou simple) et l'impératif duratif (ou intensif). A
l'impératif on a seulement les deuxièmes personnes de conjugaison et au singulier le verbe est
conjugué de la même manière au masculin ou au féminin alors qu'au pluriel on conjugue
différemment selon le genre.
Remarque : On a un changement de désinences par rapport à celles vues plus haut (accompli,
inaccompli et aoriste), ainsi :
Tableau comparatif
Remarque 1. Les particules « ara » en kabyle et « ca » ont le même sens, elles signifient toutes
les deux « chose » ou « quelque chose », à l’origine.
Remarque 2. On retrouve une variante de « ara » chez les touaregs, puisqu’ils désigne « la
chose » par « haret » (pl. « hareten »).
Remarque 3. La particule « ca » a pour origine « kra » (quelque chose), et nous savons que le
« k » spirant est réalisé « c » en chaoui, on a donc le schéma de transformation suivant : kra > cra
> ca > ec
1. A l'accompli, le radical change de forme, pour certains types de verbes. Par exemple, pour les
verbes au radical de la forme VCC ou CCC (« afg », « zmr »...), on a apparition d'un « i » avant la
dernière consonne (VCiC et CCiC) :
yufeg (il s'est envolé) > ur yufig ara (il ne s'est pas envolé)
tezemerem (vous pouvez) > ur tezemirem ara (vous ne pouvez pas)
yeghli (il est tombé) > ur yeghli ara (il n'est pas tombé)
yegrareb (il a roulé) > ur yegrareb ara (il n'a pas roulé)
T’utlayt ta mazight 95
3. La forme négative de l'accompli est aussi celle des futurs simple et intensif.
4. La forme interro-négative est aussi construite à l'aide des mêmes radicaux que la forme
négative.
anda ara yeddu ? (où ira-t-il?) > anda ur yetteddu ara ? (où n’ira-t-il pas ?)
dac'ara yisin? (que connaîtra-t-il?) > dac'ur yettisin ara ? (que ne connaîtra-t-il pas ?)
anwa iy tezseridh? (qui as-tu vu?) > anwa ur tezseridh ara ? (qui n’as-tu pas vu ?)
5. A l'impératif, il existe une seule forme négative, construite sur la forme dérivée progressive.
6. Subjonctif négatif : Il existe une autre forme négative utilisée pour exprimer généralement un
souhait, elle est construite sur le schéma "a" + "wer" + verbe à l'aoriste. Nous la désignerons sous
l'appellation de subjonctif négatif.
7. Double négation : Dans le cas d'une double négation on peut se passer du deuxième indice
de négation « ara ».
Les verbes de qualité ont une conjugaison particulière à l'accompli et au participe accompli (voir
chapitre XIV. Le Verbe).
Accompli :
Participe accompli :
mezzsiyen (qui suis, qui es, qui est, qui sommes, qui êtes, qui sont jeune(s))
Exemple : yewwi-dd wid mezzsiyen (il a ramené ceux qui sont jeunes)
T’utlayt ta mazight 96
Deux pseudo-verbes font exception à cette manière de conjuguer, ce sont les « verbes » diri
(être mauvais) et d läali (être bon).
Ce sont plutôt des expressions qui expriment une qualité, elles sont invariables et dans la plupart
des cas elles sont suivies de pronoms personnels.
Dans le cas des pronoms personnels régime direct, on a un hiatus (rencontre de deux voyelles)
qui sera levé par l'élision de la deuxième voyelle, celle-ci sera alors remplacée par un tiret.
A la première personne du pluriel et lorsqu'elles sont suivies par des pronoms personnels régime
indirect, on a introduction de la particule de liaison « y », nous mettrons tiret de part et d’autre de
cette particule. Nous écrirons:
diri-y-awen t'ikli (la marche est mauvaise - pas bonne - pour vous)
diri-y-ak-t (il est mauvais - pas bon - pour toi)
d läali-y-asent aman (l'eau est bénéfique pour elles)
diri-y-agh (nous sommes mauvais)
d läali-y-agh (nous sommes bons)
diri-y-agh el qahwa (le café est mauvais pour nous / n'est pas bon...)
Remarques :
2. Les verbes de qualité « diri » et « d läali » seront écrits comme vus plus haut : « diri » est
formé par agglutination de « d » et « iri » et « d läali » sera écrit en deux mots, « läali » étant un
emprunt à l'arabe, comme on écrit, par ailleurs : d ubrin, d a berkan, d a fessas, etc.
T’utlayt ta mazight 97
Les Particules
***
Préambule
Nous allons parler, dans les chapitres qui vont suivre, des mots amazighs qui ne sont ni des
noms, ni des verbes. Nous convenons de les appeler des particules, faute d'autre appellation plus
adéquate, aussi, il ne faut pas s'étonner de voir traiter, dans cette partie, d'adverbes ou de
pronoms, qui ne sont pas à proprement parler des particules, au sens classique du terme.
Cette classification n'est que d'ordre pratique afin de mettre en évidence cette catégorie de mots
amazighs qui ne sont ni des noms, ni des verbes.
Nous traiterons dans les chapitres consacrés aux particules des éléments suivants:
***
Chapitre XVII
I. Définition
Les particules locatives, appelées aussi particules de direction, sont employées avec le verbe
conjugué, pour en changer l'orientation, elles peuvent se présenter sous trois formes différentes :
awi (prends, porte) <> awi-dd (porte vers ici, apporte, donne ici)
<> awi-n (apporte là-bas, emporte là-bas)
ad yeddu (il ira) <> a-dd yeddu ; ad add yeddu (il viendra)
<> a-n yeddu ; ad an yeddu (il viendra là-bas)
siwel as (appelle-le) <> siwel as idd (appelle-le ici)
<> siwel as in (appelle-le là-bas)
ur-d-an yettas ara = ur-n yettas ara (il ne viendra pas là-bas)
ur-d-add yesawel ara = ur-dd yesawel ara (il n’a pas appelé ici)
T’utlayt ta mazight 98
Lorsque le verbe est au futur il est généralement sous la forme « ad » + verbe à l'aoriste ou à
l'inaccompli.
Dans ce cas, la particule locative viendra se placer entre l'indice du futur « ad » et le verbe. On a
alors deux réalisations possibles :
efk it idd (donne-le ici) ; yufa-ten idd (il les a trouvés) ; awi-y-as in (ramène-lui -là-bas-) ; a-wen in
siwelen (ils vous appelleront -là-bas-) ; yehegga-y-as-ten idd (il les lui a préparés)
T’utlayt ta mazight 99
Lorsque le verbe est à la forme négative, la particule locative se place après la particule de
négation « ur » (ou « wer ») et prend la forme réduite « dd » ou « n ».
Remarques :
2. Après la particule de liaison « d », les particules locatives prennent les formes « add » et
« an » (Voir III.).
Dans les phrases interrogatives et après les mots interrogatifs, les particules locatives se placent
toujours après les conjonctions « iy » ou « ara », elles se présentent alors sous forme réduite
« dd » ou « n ».
Dans les subordonnées, les particules locatives se placent aussi après la conjonction de
subordination et prennent la forme réduite.
Remarque : Avec les pronoms interrogatifs (ou relatifs) sujets, le verbe est toujours au participe.
VII. Ecriture
Les particules locatives se présentent sous trois formes « idd, in », « dd, n » et « add, an ». Nous
considérerons « idd » et « in » comme formes de base et les autres comme des variantes.
− Les formes entières seront écrites seules, sans tiret ni aucun autre signe grammatical et la
forme réduite par élision sera écrite avec un tiret remplaçant la voyelle manquante.
Exemples :
Remarques :
1. Après le pronom personnel « iyi », les particules locatives subissent l’élision de leur voyelle
initiale, elle sera remplacée par un tiret :
2. En général, dans une élision phonétique, c'est la première voyelle du hiatus qui disparaît au
profit de la deuxième. En amazigh, lorsqu'il y a rencontre d'un « i » avec une autre voyelle dans un
hiatus, c'est toujours le « i » qui disparaît quelle que soit sa position.
2. Parfois, on peut employer indifféremment la forme entière « idd » ou réduite « dd » après les
pronoms personnels régime indirect.
Par contre, la particule « in » garde toujours sa forme entière, après les pronoms :
***
T’utlayt ta mazight 101
Chapitre XVIII
Les prépositions
I. Définition
Les prépositions sont des particules qui introduisent un nom (ou un groupe nominal) pour le
mettre en rapport étroit avec le reste de la phrase. L'ensemble composé de la préposition et du
groupe nominal qu'elle introduit est complément de nom ou de verbe. Le nom qui suit la
préposition est à l'état d'annexion (sauf pour la préposition « s » = « à, vers »), cependant cet état
n'est marqué que pour les noms communs.
Exemples : a xxam en Muh'end (la maison de Mohand), a qcic ghef te kanna (un garçon sur une
soupente), yedda lawk ed ie meksawen (il est parti avec les bergers), eqqim yid-i (reste avec
moi), ghur-ek iy tella te ktabt (le livre est chez toi)
II. Particularités
Par contre, la préposition « es » signifiant « avec, à l’aide de, à » (impliquant l’idée de moyen) est
suivie d’un nom à l’état lié :
Yusa-dd Mennad ed (lakkw ed) Meqqweran (Menad est venu avec Mokrane)
Usan-dd Mennad ed (akkw ed) Meqqweran (Menad et Mokrane sont venus)
Ex. ad yeqqim deg ue xxam (il restera à la maison) <> ad yeqqim deg-es (il y restera; Litt. dans
elle)
4. Les indices de possession sont formés, à partir de la préposition « en » suivie d'un pronom
personnel (voir Chap. XIX. Les pronoms personnels) :
Ex. a xxam en-negh (notre maison) ; ayla en-wen (votre part) ; isem en-es (son nom) ; ti mizar en-
em (tes champs) ; etc.
III. Agglutination
On peut aussi avoir une préposition obtenue par agglutination de deux prépositions distinctes.
Dans le cas où on a agglutination à partir d'une préposition et d'un nom ou d'un adverbe, on
obtient un adverbe (Voir Chapitre XXII. Les adverbes).
Radical Exemple
VC... aman > t'ikli en w'aman (l’écoulement de l’eau)
CVC... dhar > t'ikli ue dhar (la marche à pied)
CCVC... rgaz > t'ikli en ue rgaz (une démarche d’homme)
CCC meger > a fus en ue meger (le manche de la faucille)
CCCV... meksa > t'ikli ue meksa (la démarche du berger)
CCCCVC... msebrid > t'ikli en ue msebrid (la démarche du routard)
T’utlayt ta mazight 103
V. Ecriture
1. La préposition suivie d'un nom sera écrite seule, sans aucun signe de liaison avec le nom
qu'elle introduit, sauf en cas d'agglutination (voir III.). On utilisera la voyelle « e » pour donner une
orthographe propre à certaines prépositions en les différenciant ainsi de leurs homonymes.
Ex. yexeddem es ue fus (il travaille à la main), yeruh’ s a xxam (il est parti à la maison), siwel as
ei Muh’end (appelle Mohand), d netta iy yessenen (c’est lui qui connaît), t’arwa en el meh’na (les
enfants de misère), siwel-n s a xxam (appelle à la maison), etc.
2. Lorsqu'elle est suivie d'un pronom lié (iyi, ak, as, ...), on mettra un tiret entre la préposition et la
variante réduite du pronom personnel (voir chap. suivant). On écrira :
3. Suivi d'un pronom libre (nekk, ketc, nekkweni, ...), la préposition sera écrite seule, sans
aucune liaison avec le pronom qu'elle introduit:
nekk lakkw ed ketc (moi et toi), efk as-t ei netta (donne-le à lui), etc.
***
Chapitre XIX
I. Généralités
Les pronoms personnels amazighs peuvent être divisés en deux grandes familles :
Les premiers sont compléments du verbe, régime direct (complément d’objet direct), régime
indirect (compléments d’objet indirect), sujets ou compléments explicatifs.
Les seconds sont affixes d’une préposition pour donner une locution pronominale pouvant avoir
plusieurs sens.
En kabyle, ce sont les suivants : nekk (nekkini), ketc (ketccini), kem (kemmini), netta, nettat,
nekkweni, nekkwenti, kunwi, kunemti, nuteni, nutenti.
Ils sont généralement employés seuls ou en redondance avec un verbe conjugué ou un autre
pronom pour en appuyer le sens.
Ex. d nekk (c'est moi), ketc tefukedh (toi, tu as terminé), zserigh-t netta (je l'ai vu, lui)
En kabyle, ce sont les suivants : iyi, ikk, ikkem, it, itt, agh (anegh), ikkwen, ikkwent, iten, itent.
Particularismes :
Dans les exemples (2) et (3) on a élision de la voyelle initiale du pronom, cela se produit
systématiquement lorsque le verbe a une désinence finale.
On a une exception cependant pour les pronoms « iyi » et « agh » (premières personnes
singulier et pluriel), puisqu'on dira (en kabyle) :
Cette exception est due au fait qu'en kabyle les pronoms personnels régime direct et indirect sont
les mêmes aux premières personnes du singulier et pluriel. On dira, par exemple :
ceci est une particularité régionale puisqu'en chaoui on dira, par exemple:
Remarque : Lorsque le pronom régime direct suit un verbe se terminant par une voyelle, il y a un
hiatus qui sera levé par élision du « i » initial du pronom, celui-ci sera alors remplacé par un tiret.
Le « y » de liaison sera alors séparé de part et d'autre par des tirets, comme pour le « t » français
dans « où va-t-il ? ».
En kabyle, ce sont les pronoms suivants : iyi, ak, am, as, agh (anegh), awen, akwent, asen, asent
Remarques :
2. Pour les premières personnes singulier et pluriel, on a les mêmes pronoms qu'en régime
direct, dans le cas du kabyle.
Dans le cas d'emploi simultané de pronoms personnels régimes direct et indirect le pronom
régime direct précède toujours le pronom régime indirect.
yezenz as-ten (il les lui a vendus); yefka-y-awen-t (il vous le donne)
terram agh-ten d a derar (vous nous les avez rendus difficiles; litt. : tels une montagne)
Dans ce cas, on a systématiquement élision de la voyelle initiale du pronom régime direct (le
deuxième pronom).
T’utlayt ta mazight 106
Dans le cas où on a, en plus du (ou des) pronom(s), une particule locative, celle-ci se placera
toujours après le dernier pronom.
Remarques :
1. Dans le cas où la particule locative « idd » suit un pronom régime indirect elle peut prendre la
forme réduite.
mais elle sera toujours sous forme entière lorsque le pronom se termine par l'indice du féminin
« t ». On dira : awi-y-asent idd, ewwigh akwent idd.
2. La particule locative « in » garde, par contre, toujours sa forme entière après les pronoms :
3. Après le pronom « iyi » on observe une élision phonétique pour lever le hiatus dû à la
rencontre des deux « i », on remplacera la voyelle manquante par un tiret et on écrira, par exemple
: yuzen iyi-dd ta bratt (il m'a envoyé une lettre).
Lorsque le verbe est au futur il se présente sous la forme « ad » (ou « ara ») suivi du verbe
conjugué (voir Chapitre XIV : Le verbe).
Lorsqu'un pronom personnel est associé au verbe au futur, il se place toujours entre l'indice du
futur et le verbe.
Remarques :
2. On peut aussi avoir l’indice du futur entier, le pronom personnel se présente alors sous sa
forme entière pour le régime indirect et se présente sous une variante particulière (avec voyelle
« a » en vyelle initiale) pour le régime direct :
ara + asen > ara-sen : d ketc ara-sen yinin (c'est toi qui leur dira)
ara + iten > ara-ten : d ketc ara-ten yawin (c'est toi qui les prendra)
Lorsqu'on a deux pronoms, c'est le pronom régime indirect qui vient en premier. Le pronom
régime direct (qui vient en second) subit alors une élision de sa voyelle initiale.
Lorsqu'en plus, on a une particule locative, celle-ci se place juste après les pronoms et se
présente sous forme entière.
A la forme négative, le pronom se place toujours avant le verbe et après la première particule de
négation « ur » (ou « wer »).
Exemples :
Dans les interrogatives (avec mot interrogatif) ou les subordonnées, le pronom suit toujours les
conjonctions « iy » (ou sa variante « id ») ou « ara » et se place donc avant le verbe.
1. Exemples d'interrogatives
2. Exemples de subordonnées
zserigh dacu iy-sen tefkam (je sais ce que vous leur avez donné) (6)
wali acugher iy-gh-t idd erran (regarde pourquoi il nous l'ont rendu) (7)
wali acugher iy agh-t idd erran (idem) (8)
tezseram akkw dacu iy-s-dd ennan (vous savez tous ce qu'ils lui ont dit) (9)
yefhem dacu id as-dd ennan (il a compris ce qu'ils lui ont dit) (10)
yezsera and'ara-t yawi (il sait où il l'emmènera) (11)
Remarques :
1. Après les conjonctions « iy » ou « ara », le pronom subit, le plus souvent, une élision de sa
voyelle initiale, celle-ci sera remplacée par un tiret (exemples 1, 2, 4, 6, 7, 9 et 11).
II.9. Ecriture
1. Nous proposons d'écrire les pronoms seuls (sans tiret ni apostrophe) lorsqu'ils se présentent
sous leur forme entière.
yessen it (il le connaît) ; tefkam as (vous lui avez donné) ; tessen ikkwen tura (elle vous connaît à
présent) ; bennun iyi a xxam (ils me construisent une maison)
2. Lorsqu'on a une élision phonétique (pour lever un hiatus), dans le cas des pronoms régime
direct, nous remplacerons la voyelle manquante par un tiret
Dans le cas des pronoms régime indirect, le hiatus est levé par introduction d'un « y » (particule
de liaison), on séparera alors celui-ci de part et d'autre par des tirets.
3. Lorsqu'on a une élision grammaticale (systématique), nous remplacerons la (ou les) voyelle(s)
manquante(s) par un tiret.
N.B. : Pour ces problèmes d'écriture en cas d'élision phonétique ou grammaticale (voir Chapitre
XXVI : Assimilation et élision).
T’utlayt ta mazight 109
Le pronom personnel peut être complément prépositionnel, il suit alors une préposition pour en
compléter le sens.
Ex. deg (dans) : deg ue xxam (dans la maison) et : deg-es (dedans, dans elle)
Dans ce cas le pronom se présente, le plus souvent, sous une variante réduite. Il perd alors sa
voyelle initiale. Trois cas peuvent se présenter :
1. Le pronom est réduit à une voyelle, on met un tiret entre la préposition et le pronom.
3. Lorsque le pronom suit les prépositions « gar » et « fell », il se présente sous forme entière, il
sera alors écrit sans tiret entre lui la préposition.
Ex. gar asen (entre eux); gar ak ed gma-k (entre toi et ton frère), azul fell awen (le salut sur
vous), etc.
mais : gar-i yid-ek (entre moi et toi), yeghli-dd fell-i (il m’est tombé dessus)
Ex. deg-negh (parmi nous); sghur-negh (de nous, de notre part), etc.
mais : gar anegh (entre nous), fell anegh (sur nous, à notre propos)
deg-negh (parmi nous), gar agh, gar anegh (entre nous), ghur-es (chez lui / chez elle), sghur-wen
(de vous -masc.-), sghur-kwent (de vous -fém.-), yid-sen (avec eux), yid-sent (avec elles), ennig-
negh (au dessus de nous), sennig-negh (par dessus nous), etc.
La notion de possession est exprimée en amazigh par des locutions pronominales placées après
le nom, on conviendra de les appeler : indices de possession.
Ces locutions sont formées, en général, par la préposition « en » (= de) suivie d’un pronom
personnel.
Ex. ta murt en-negh (notre pays), ayla en-wen (votre bien, votre propriété)
a xxam en-es (sa maison), arraw en-kwent (vos enfants), etc.
En kabyle, aux personnes du singulier, les possessifs peuvent se présenter en un seul mot, ils
sont alors formés par l’agglutination de la préposition « ei » (pour) et d’un pronom personnel. On
écrira les indices de possession en un seul mot.
Ex. a xxam is (sa maison), arraw im (tes enfants), el h’eq iw (mon droit), etc.
Remarque : On retrouve les pronoms personnels classiques sauf pour la première personne où
on a « u » (ou « w ») à la place de « iyi ». Nous avons probablement là, affaire à un archaisme
(ancienne forme du pronom personnel à la première personne du singulier, en régime indirect).
Les indices de possession peuvent se présenter sous deux variantes différentes, lorsqu'ils sont
au singulier.
2. La deuxième variante peut être employée seule ou avec un nom qu'elle déterminera alors :
Remarque : La variante avec un « i » en initiale est propre au kabyle, c’est probablement une
déformation phonétique de la variante sans « i ».
en-u > in-u; en-ek > in-ek; en-em > in-em; en-es > in-es
Au pluriel, on a une seule variante qui peut être déterminant d'un nom ou employée seule :
Les variantes iw, ik, im et is, du singulier, seront écrites séparées du nom qu’elles déterminent.
Lorsque ce dernier se termine par une voyelle, on a élision de la voyelle initiale du possessif, on
remplacera celle-ci par un tiret.
Pour les autres possessifs qui se présentent sous forme de locutions pronominales, on mettra un
tiret entre la préposition « en » et le pronom réduit.
Exemples :
Les noms de parenté amazighs s'emploient le plus souvent avec le sens de possession, à la
première personne (mon, ma, mes) :
baba (mon père), yemma (ma mère), nanna (ma grande soeur), gma (mon frère), weltma ou ulma
(ma soeur), mmi (mon fils), yelli (ma fille), etc.
Aux formes de base des noms de parenté, viendront s'ajouter les autres indices de possession
pour exprimer les autres personnes :
Remarques :
1. Pour les indices au singulier (ik, im, is) on a élision de la voyelle initiale au contact de la
voyelle finale du nom de parenté.
2. Pour les indices au pluriel (en-negh, en-wen, en-kwent, en-sen, en-sent) on a disparition de la
préposition « en » et apparition d'une variante libre du nom de parenté (batat, gmat, yemmat,
weltmat, yessetmat ...).
T’utlayt ta mazight 112
Cette variante perdue en kabyle, sauf pour « i babaten » (les pères), « ta yemmatt/ti yemmatin »
(la mère/les mères), « ta gmatt » (la fraternité) et « ti yessetmatin » (les soeurs), exprime le nom
de parenté sans indice de possession.
Dans les emprunts à l'arabe, la notion de possession est aussi contenu dans le sens du nom de
parenté. A la première personne, on dira :
äemmi (mon oncle paternel), äemti (ma tante paternelle), xali (mon oncle maternel), xalti (ma tante
maternelle), jeddi (mon grand-père), jida ou setti (ma grand-mère), etc.
IV. Illustration
Yiwet en te qcict akken kan tezewedj, mxalafen nettat ed ue rgaz is, yewwet itt. Teruh' ar baba-s
tettru. Tenna-y-as :
- A-yi-dd terredh el tarh negh matci d baba iy tellidh.
- Yenna-y-as : Yewwet ikkem?
- Tenna-y-as : Yewwet iyi.
- Yenna-y-as : Amek iy-kkem yewwet?
- Tenna-y-as : Yefka-yi a beqqa.
- Yenna-y-as : Seken-dd kan?
- Tenna-y-as : Hatah, wali tura!
A rgaz yerra a fus is gher deffir, yeseh'ma-y-as a mag is ula d netta.
- Yenna-y-as : Hatan ah! Ughal tura ghur-es, in'as :
Ketccini tewwetedh yelli, nekkini ewwetegh ta medttut ik.
***
T’utlayt ta mazight 113
Chapitre XX
Les démonstratifs
Les adjectifs démonstratifs servent à désigner les noms, ce sont des particules qui se placent
après le nom qu'elles désignent.
in / inna / ihin / ihenna = ce, cette, ces (loin mais dans le champ de vision)
Exemples :
a xxam agi (cette maison là); a xxam ihin (cette maison là-bas);
a xxam ennidhen (une autre maison);
a xxam enni (la maison en question / la maison à coté de vous);
a xxam a meqqweran enni (la grande maison en question);
t'ala-y-a / t'ala-y-agi (cette fontaine)
Les adjectifs démonstratifs se présentent souvent sous plusieurs versions (jusqu'à quatre) pour
un même sens.
Lorsqu'on a rencontre de deux voyelles on lève le hiatus par introduction de la particule de liaison
« y ».
Ex. t'ili-y-agi (cette ombre), t'ala-y-inna (cette fontaine là-bas), burbu-y-ihin (cette chenille là-bas)
Ils servent à désigner un nom (ou un groupe nominal) en le remplaçant dans l'énoncé considéré.
En kabyle, ce sont les suivants :
Exemples :
widak iy-k meligh (ceux que je t'ai montrés), anwa wa? (qui est celui-là?)
tinna in-u (la mienne -Litt.: celle-là qui est à moi-)
wiyidh, essenegh-ten (les autres, je les connais)
ma ennigh ak-dd aya ... (si je te dis cela ...)
win mi äereqent yegen asent (celui qui ne sait plus quoi faire s'en va se coucher - proverbe -)
Remarques :
1. Certains pronoms se présentent sous plusieurs variantes, comme par exemple, « wid »,
« widen » et « widenni ».
2. La plupart des pronoms sont formés par agglutination de deux particules distinctes.
3. Certains démonstratifs sont indéfinis, ils désignent, dans ce cas, un objet ou une personne non
définis. On peut alors les considérer comme des pronoms indéfinis.
Ex. a xxam ennidhen (une autre maison) ; efki-yi-dd wayedh (donne moi un autre) ; anda-tent
tiyidh ? (où sont les autres ?)
Le pronom démonstratif peut être suivi d’un indice de possession, l’ensemble exprime alors l’idée
de pronom possessif. Ainsi on dira :
IV. Ecriture
Les démonstratifs (adjectifs ou pronoms) seront toujours écrits seuls, sans aucun tiret ou autre
signe grammatical entre eux et les mots qui les accompagnent, on écrira donc :
Lors d'une levée d'un hiatus par introduction de la particule de liaison « y », il faut séparer celle-ci
de part et d'autre par des tirets, on écrira donc :
Les pronoms (ou locutions pronominales) pourront être écrits en un seul mot ou en deux mots,
puisqu’à l'origine, ils proviennent de deux particules distinctes, on écrira donc :
et on on écrira, par ailleurs : win akken, win akkenni, winna akkenni, tid akkenni, (différent de
« tidakenni »), tidak akkenni, etc.
Dans ces derniers exemples nous avons toujours un pronom démonstratif suivi d’un adverbe
(« akken », « akkenni »).
De même qu'on écrira : wiyidh enni (les autres en question) en deux mots.
Dans ce cas on a le pronom indéfini « wiyidh » suivi d'un adjectif démonstratif qui le définit.
***
T’utlayt ta mazight 116
Chapitre XXI
Coordonnants et subordonnants
I. Les coordonnants
Les coordonnants sont des particules qui servent à lier deux blocs de même nature
grammaticale.
Remarques :
1. Les coordonnants peuvent se présenter en un seul mot : ed, negh, maca, lakin, walakin,
acku, ...
2. Ils peuvent se présenter en deux mots : lakkw ed, la ... la, ...
3. Les coordonnants « ed » et « lakkw ed » ont aussi valeur de prépositions, c'est pour cela que
le nom qui les suit est toujours à l'état lié.
4. Les coordonnants doivents toujours être écrits seuls, sans aucun signe de liaison entre eux et
les mots qui les accompagnent.
Les subordonnants servent à lier une proposition principale à une proposition secondaire dont le
sens est lié à la principale, comme par exemple, dans la phrase suivante :
nous avons une proposition principale zseran (ils savent) suivie d'une proposition secondaire ten
yeggunin (les attend), liées par un subordonnant dacu iy.
a xxam deg iy yezedegh d a qdim (la maison dans laquelle il habite ...)
a xxam iy deg yezedegh d a qdim (la maison où il habite ...)
ma tewaladh-t, in'as a-dd yas (si tu le vois, dis lui de venir)
m’iy-dd tekkeredh, tasedh-dd (dès que tu le lèves, tu viens)
T’utlayt ta mazight 117
Remarques :
1. Les subordonnants peuvent se présenter en un seul mot : iy, mi, imi, acku, lukan, lemmer,
ara, ...
2. Ils peuvent se présenter en deux mots (iy deg, deg iy, gher iy, anda iy, dacu iy, m'ara,
melm'ara, wughur ara, ...), dans ce cas ils sont composés d'une préposition (ou d'un mot
interrogatif) accompagnée des conjonctions « ara » ou « iy », selon que le verbe exprime un
futur ou non.
3. A la forme négative, c'est la particule de négation « ur » qui joue parfois le rôle de
subordonnant :
Exemples :
Le verbe de la relative est toujours au participe, lorsqu’il a pour sujet le pronom relatif. Souvent,
la relative est représentée par une participiale sans pronom relatif, celui-ci est alors sous entendu.
lemmer tessenedh, ad teddudh (tu feras bien d'y aller; Litt. si tu savais tu serais parti); siwel agh
idd ma yewwedh-dd (appelle-nous s'il arrive)
III. Ecriture
Les subordonnants seront toujours écrits seuls, sans séparation aucune, sauf dans les cas
suivants :
1. Lorsqu'on a élision phonétique d'une voyelle finale (pour lever un hiatus), on la remplacera
alors par une apostrophe.
melm'iy tewwedhem siwelet-dd [melm'iy = melmi + iy] (quand vous arriverez, vous appellerez)
m'iy-tt idd neseww a-tt tetccem [m'iy-tt = mi + iy + itt] (dès que nous la préparons vous la mangez)
yerra-yi-dd i drimen iy-s efkigh [iy-s = iy + as] (il m'a rendu l'argent que je lui ai donné)
tezseram akkw meml'ara-dd yawedh [melm'ara-dd = melmi + ara + id] (vous savez tous quand il
arrivera)
T’utlayt ta mazight 118
3. Pour les pronoms personnels régime indirect, on peut les utiliser sous leur forme entière après
le subordonnant qui peut se présenter alors sous la forme « iy » ou sa variante « id » (variante
régionale).
Ex. zserigh dacu iy-s tennam ... (je sais ce que vous lui avez dit)
zserigh dacu iy as tennam ... (idem)
zserigh dacu id as tennam ... (idem)
***
Chapitre XXII
Les adverbes
I. Définition
Les adverbes sont des mots invariables qui indiquent les circonstances dans lesquelles se
déroule un fait exprimé par un verbe ou un groupe verbal.
Remarques :
1. Certains adverbes sont formés par agglutination de deux autres mots, nous les écrirons
cependant en un seul mot.
2. Les mots formant les adverbes peuvent aussi être employés en tant que noms, tout dépend de
la place et du rôle qu'ils occupent dans la phrase. Par exemple :
azekka est un adverbe dans « a-dd yawedh azekka » (il arrivera demain)
zekka est un nom dans « a-dd yawedh ue zekka » (demain arrivera)
T’utlayt ta mazight 119
Exemples :
matc'akka (ce n'est pas comme cela) ; ughal-dd azekka (reviens demain) ; susem cidtuh' (tais-toi
un peu) ; werdjin yughal s a xxam (il n'est jamais retourné à la maison) ; yettas-dd sya gher da (il
vient de temps en temps) ; syen ed te sawent yughal s a xxam (plus tard, il retourna à la
maison) ; sya ar imir a-dd yawedh (d'ici là, il arrivera) ; yettrah' t'ikli en w'ass (il sent de très loin;
Litt. à une journée de marche).
annect en mmi (de la taille de mon fils, du même âge que mon fils - selon le contexte -)
Remarques :
1. « Annect yela-t » peut s'employer avec presque tous les pronoms personnels régime direct, on
peut dire :
Exemple : Ulac ayen rzsagen annect im (Ait Menguellet) (Il n'y a pas de chose aussi amère que
toi / il n'y a pas une chose amère autant que toi)
− an (radical interrogatif)
− iket (quantité - sens que garde encore ce mot chez les Touareg-)
III. Ecriture
1. L'adverbe sera toujours écrit seul, quelles que soient les circonstances qu'il exprime et sa
place dans la phrase.
2. Les locutions adverbiales formées de mots distincts seront écrites sans signe de liaison aucun
entre les mots qu'ils les forment :
sya gher da (de temps en temps), yiwet yiwet (pas à pas), es te ghawalt (rapidement, avec
vélocité), etc.
T’utlayt ta mazight 120
3. Les adverbes formés par agglutination de deux mots distincts forment un mot nouveau, celui-ci
sera écrit en un seul tenant, sans séparation entre les mots d'origine :
***
Chapitre XXIII
Les interrogatifs
I. Définition
Les interrogatifs sont des mots exprimant une question. Ils peuvent être employés seuls ou en
début de phrase interrogative.
Certaines particules interrogatives sont formées par agglutination de deux mots distincts :
w'iy-t yelan ? (à qui appartient-il ? -Litt. qui l'a ? qui le possède ?-)
Ce verbe qui existe chez les touaregs sous la variante « el », avec le sens de « avoir » ou
« posséder », n'est employé, en kabyle, que dans deux types d'expressions :
Remarque : La réponse à la question w'iy-t yelan ue qcic a ? (à qui appartient ce garçon ?) est
du type : a qcic a en el flani (ce garçon est à un tel), il y a donc bien l'idée de possession dans le
verbe « li ».
En règle d'écriture, nous écrirons « yela » séparé par un tiret du pronom qui le suit, dans :
annect yela-t, annect yela-ten, annect yela-yi, etc.
et sous forme « yelan » (participe accompli), dans : w'iy-t yelan, w'iy-kkwen yelan, etc.
***
Chapitre XXIV
La particule d'existence
I. Définition
En amazigh, il existe une particule qui exprime l'état ou l'existence d'une chose ou d'une idée,
c'est la particule « d » (appelée aussi copule « d ») :
• d a rgaz (c'est un homme), d nekk (c'est moi), d t'idett (c'est vrai / c'est la vérité), d a
semmidh (c'est le froid / il fait froid), d a mcum (c'est un dur / il est terrible), d a mudhin (c'est
un malade / il est malade).
• i genni d a zegzaw (le ciel est bleu), ta qcict a d t'umäint (cette fille est adroite).
Employée avec un nom, elle est équivalente au présentatif « c'est » du français, elle est par
contre équivalente au verbe être à la troisième personne du singulier (« il est »), lorsqu'elle est
suivie d'un adjectif qualificatif, ce dernier est alors attribut d'un sujet sous-entendu.
II. Ecriture
II.1. Agglutination
La particule d'existence sera toujours écrite seule, sauf cas d'agglutination avec un autre mot :
II.2. Assimilation
comme on écrit, par ailleurs : d wagi (c'est celui-là), d gma (c'est mon frère), d i rgazen (ce sont
des hommes), d Belqasem (c’est Belkacem)
T’utlayt ta mazight 122
***
Chapitre XXV
Les présentatifs
I. Définition
Il existe en amazigh des mots servants à désigner une personne ou un objet, ces mots qu'on
appellera présentatifs (ou désignatifs) sont formés d'un radical suivi d'un pronom personnel.
Employés seuls, ils sont équivalents à un pronom personnel suivi des présentatifs français
« voilà » ou « voici » :
Suivis d'un nom, ils prennent le sens de « voilà », « voici » et parfois du verbe être conjugué au
présent.
Ex. hit ue qcic (voilà un garçon), atenad ie mdukal ik (voilà tes amis), Muh'end atan di el qahwa
(Mohand est au café)
Les présentatifs sont en cela équivalents au verbe « ili » (être) qui ne peut pas être utilisé, en
tant qu’auxiliaire, pour décrire une action en train de se dérouler (au présent).
Le radical « aql » employé aux premières et deuxièmes personnes sera toujours suivi d'un
pronom personnel :
Nous remarquons que le pronom personnel se présente dans ce cas sous la variante à voyelle
initiale « a », la même utilisée dans la conjugaison au futur après l’indice « ad » entier :
Ex. aqliy udhenegh (me voilà malade, je suis malade), aqlakkwen teäeddam t'ilas (voilà que vous
dépassez les bornes), aqlakk meqqweredh tura (te voilà grand à présent)
III. Radical « ha »
hatay (le voici), hatan ghur-ek (il est chez toi; Litt. le voilà chez toi), hatan di el qahwa (il est au
café; Litt. le voilà au café)
Décomposition : Dans ce cas précis, et seulement dans ce cas, nous avons un radical « ha »
suivi de deux pronom personnels :
ha + it + an > hatan
ha + itt + an > hattan
ha + iten + ad / in > hatenad/hatenin
ha + itent + ad / in > hatentad/hatentin
IV. Radical « hi »
On emploie le radical « hi » lorsque la personne ou l'objet est loin des interlocuteurs, mais dans
le champ de vision.
hit (le voilà, là-bas), hiten hateniyi (ils sont là-bas et ici; Litt. les voilà là-bas, les voilà ici)
Agglutination : Ces présentatifs sont formés par agglutination, à partir du radical auquel vient
s’ajouter un pronom personnel, comme suit :
hatan ue mur ik (voilà ta part) ; hatan di El-Pari (il est à Paris) ; hatan yughal-dd (il est revenu, le
voilà revenu) ; aqlakk d a rgaz tura (te voilà un homme à présent) ; hit ue xxam en-negh (voilà -là-
bas- notre maison) ; atan ue qcic en-wen (voilà votre garçon) ; etc.
Remarques :
1. Pour les présentatifs à radical « ha », on peut omettre le « h » initial tout en gardant le même
sens (voir le dernier exemple), on peut donc dire indifféremment :
2. Aux premières et deuxièmes personnes, le présentatif peut être suivi d'une particule locative,
l'expression change alors de sens (ou d'orientation), on peut dire, par exemple :
aqliy (me voilà) <> aqliy in (j'arrive, je vais arriver - chez vous -)
aqlakk (te voilà - sens général -) <> aqlakk idd (te voilà - ici, à présent -)
V. Conjugaison
Les différentes formes des présentatifs forment une conjugaison variant en plus, selon la position
de l'objet ou de la personne vis à vis du locuteur et de l'interlocuteur. On peut conjuguer les
présentatifs comme suit :
VII. Ecriture
Les présentatifs (ou désignatifs) seront toujours écrits en un seul mot, le radical ne s'employant
jamais seul. Il ne faut pas séparer le radical du pronom affixe. Lorsqu'ils sont suivis d'une particule
locative, celle ci sera écrite distinctement du présentatif. Ainsi, on écrira :
***
T’utlayt ta mazight 126
Chapitre XXVI
Assimilation et élision
Remarque préliminaire
I. Analyse
L'assimilation porte généralement sur des consonnes à localisations proches l'une de l'autre.
C'est le cas du « d » spirant et du « t » spirant.
Autre exemple :
mais on dira d trisiti (c'est de l'électricité) et d el dtbib (c'est un médecin) sera prononcé « d
dttbib », à cause de l'assimilation de l'article d'emprunt « el » par le phonème « dt » (voir Chapitre
I, V.).
T’utlayt ta mazight 127
On dira : tusa-dd te medttut (une femme est venue), tughal-dd t'ili (l'ombre est revenue)
(nekk) ad awigh
(ketc/kem) ad tawidh (d + t)
(netta) ad yawi
(nettat) ad tawi (d + t)
(nekkweni/nekkwenti) ad nawi (d + n)
(kunwi) ad tawim (d + t)
(kunemti) ad tawimt (d + t)
(nuteni) ad awin
(nutenti) ad awint
T’utlayt ta mazight 128
Les cas (d + t) sont réalisés « tt », reste le cas (d + n). En apparence, on a affaire à une
assimilation du « d » spirant par le « n » car « ad nawi » est réalisé /anawi/.
En réalité ce n'est pas le cas, sinon le phénomène devrait se répéter dans tous les cas de
rencontre (« d » spirant + « n »). En effet il n’y a que dans ce cas de conjugaison qu'on l'observe.
On dira, par exemple :
Dans tous les cas de conjugaison au futur, première personne du pluriel (« ad » suivi du « n » de
l'indice de conjugaison « ne »), nous avons élision systématique du « d » de « ad » devant le
verbe ainsi conjugué.
De même qu'on écrira : ad nadigh (je chercherai), a-nenadi (nous chercherons), ad waligh (je
verrai), a-newali (nous verrons), ad neghegh (je tuerai), a-nenegh (nous tuerons), ad ennaghegh
(je me battrai), a-nennagh (nous nous battrons).
De même qu'on dira : a-ten yawi (il les emmènera), a-kwent yini (il vous dira), a-kk walint (elles
te verront), etc.
On peut utiliser l’indice du futur sous sa forme entière, dans ce cas, le pronom personnel régime
direct se présentera sous une variante à voyelle « a » en initiale. On dira :
On pourrait penser que l'élision porte sur l'indice du futur en entier, et être tenté d'écrire akwent
yini, as yaru, at yawi et akk walint, en ne gardant que le pronom personnel, seulement, en
adoptant cette façon d'écrire, l'indice du futur disparaît en faveur du pronom personnel et rien ne
nous indique qu'il y a eu élision.
En optant pour la première façon d'écrire nous gardons l'indice du futur sous forme réduite (« a »)
et le pronom dans sa variante réduite également (yi, k, m, s, gh, wen, kk, t, tt ...).
T’utlayt ta mazight 129
Le tiret à son importance puisqu'il nous indique l'existence d'une élision, ainsi, chaque fois qu'on
a un tiret nous savons qu'il y a une simple ou une double élision.
1. Elision simple :
2. Elision double :
Remarque : L'élision à laquelle on a affaire ici est systématique, grammaticale, elle est différente
de l'élision phonétique qui sert à éviter un hiatus (rencontre de deux voyelles).
Dans le cas d'emploi de particules locatives avec le verbe au futur, on observe aussi une double
élision :
On n'a pas affaire à une assimilation phonétique comme on pourrait le penser. En effet, si c'était
le cas elle se retrouverait dans tous les cas de rencontre « d » spirant avec « d » occlusif et « d »
spirant avec « n ». Cette erreur d'appréciation a amené certains à écrire, par exemple :
Dans tous ces cas, on n'a pas d'assimilation, donc, il s'agit bien d'une élision, dans le cas ou on a
un indice du futur « ad » suivi d'une particule locative « dd » ou « n ».
T’utlayt ta mazight 130
III. Ecriture
1. l'assimilation phonétique
2. l'élision phonétique
3. l'élision grammaticale
- Si la voyelle élidée est une voyelle finale, elle sera remplacée par une apostrophe, si c’est une
voyelle initiale, elle sera replacée par un tiret :
Textes d’Illustration
***
1. Belaïd Nat Ali : Ta macahutt en ie waghezeniwen
Amaacahu... Rhebbi a-tt yeselhu, a-tt yegerrez am ue saru!... Ghef yiwen el seldtan - el seldtan
ala Rhebbi - ghur-es ta medttut is ed mmi-s. Netta yeh'ekem deg yiwet en te murt annect yela-tt. Ti
mesäiwt, yedeherh ak el h'al, wlac wi' yekeseben am netta: ama d ti ferkiwin, ama d i xxamen, ama
d i drimen, ama lh'aszun d ayen tebghidh.
Yiwen w'ass deg w'ussan en Rhebbi, yewala dayen yeqeäed yakkw ue xxam is, el h'ekma-s
tegerrez, ur yesäi ara-s yeh'ebberh; el wzir is yelha, yessen akkw el cghwal akken a-ten yexedem,
yettekel fell as. Assen, akken iy-dd yewwedh s a xxam ta meddit, yedttef mmi-s, yenna-y-as:
- Tura a mmi, ketc aqlakk tewwedhedh d a rgaz, zemeregh ad ttekelegh fell ak. Ur yelli w'ayen iy-
kk yexuszen la di te musni wala di el äqel. Nekkini tura aqli d a mghar, ur tezseridh iy yexeddem
Rhebbi: el mut ghef medden irkulli. Ihi mennagh ad slilegh i ghesan iw deg ue xxam en Rhebbi:
aqliy ad ruh'egh gher el h'idj, a-kk edjjegh d ketc iy d a msewweq, d ketc iy d el mudebberh deg ue
xxam. Yemma-k d ta medttut: d ketc ara yeh'areben fell as. Ketccini a mmi, zserigh-kk d i lemzsi,
tewwedhedh ei el zwadj, lamaäna arhju ar-dd ughalegh di el h'idj, ad ak neweqem ta meghra,
ncallâh. Yernu yefk as yakkw ti sura en ie xxamen, en el mxazen en ie drimen ed el trika en-sen
akken tella; yernu yewesszi-t akken yelaq ghef kra en w'ayen yellan. Akken d im'iy-t yesefehem
akken yewulem, yenna-y-as Saädi, mmi-s:
- A-kk yeäuzz Rhebbi a baba, akken d-iyi teäuzzedh imi tettekeledh fell-i, tefkidh iyi el rhay.
Dagh-netta ula d nekk aqli ekkesegh ak a ghbel: ur tesäidh ara teh'ebberedh, ruh' a-dd teh'udjjedh
ghef y'iman ik, ekkes a ghbel ei w'ul ik.
El seldtan yethenna. Di syenna yerna yumayen negh tlata ala ei ue heggi en ue äwin ed el
zwayel ei el rekba... ed w'ayen ennidhen. Di el weqt enni medden lehh'un ala ghef dhar negh win
yesäan ghef el hwayec: d a serdun, d a äudiw negh d a leghwem; h'ekkun ellan wid yerekkeben
ula ghef kra en ue frux akken ur yezseri h'edd isem is, netta atan annect yela-t, d a älayan akken, i
dharen is d i ghwezfanen, lamaäna ur yettafeg ara, d t'ikli iy yelehh'u. Di te murt en el seldtan ghef
l'a-dd nettawi, ahat yella ue seggwas en t'ikli ger el rwah' ed t'ughalin.
Asmi yesewejed ayen yakkw yeh'wadj, yekker-dd yiwet te szebh'it, yeäebba, yeruh', yettekel ghef
Rhebbi.
Saädi, akken d imi yeruh' baba-s, yeqqim ed y'iman is, yekecem it ue ghebel en ue xxam, en el
suq, en el tedbirh. Lh'aszun yughal d el äaqel akken yelezem : el ätab ara yefk ei ie fasen is ur-t
yesäi, ama d a ghellet en te ferkiwin, ama d el cghwel ennidhen yakkw, yesäa-y-asen i fellah'en
ach'al! Netta dacu kan? Yesefqad gher w'ayla-s, yettadded ei ie fellah'en ed ie mestujarh is, negh,
m'ara yeh'ederh ue nejmuä ghef kra negh kra, yettadtaf a mekan en baba-s.
Deg w'agur negh cehrhayen i mezwura segmi yeruh' baba-s yedhh'a-dd el rhay is yeweqem,
yeszeleh' almi d ulamek.
Netta el qraya yeghra, el xadter is yeweseä, yetccurh d el fhama. Ad ternudh, seg w'asmi iy-dd
yekker, yetturhebba-dd ala ger ie musnawen ed w'uh'diqen; yennulfa-dd yecba-ten. Mmi-s en el
seldtan ara yesäun ala tigi, berhka-t.
Saädi yerna-y-as Rhebbi tin ur-dd sasayen la i drimen la el trhebga : yefka-y-as Rhebbi el szifa
ed el zyen ed el ser. Nekk a-dd inigh arraw en el sladten yexeleq iten Rhebbi seg w'akal yeäezel
gher el dterf ala ei nuteni, yerna d el h'eq, akken iy yelaq. Nekk en wi iyi yecban, yettghidh iyi el
h'al m'ar'afegh el derya en el muluk yecemeten. M'ara tettwaxedem el h'adja, a w'ufan ad
tenekmal. Win ara yasemen di el xelq iwum'ara-tent idd yesdukel Rhebbi, ur yumin ara yis. Yerna,
ta neggarut, el rhuh' yelhan, yeszfan, zeddigen, ur yelaq ara ad tezedegh a mekan ur nemeäin.
Saädi, yelaq d ta medttut ara-dd yinin fell as:
Aälaxadter nekkweni es ie rgazen ur nettwal'ara el zyen ed el ser, ur-ten idd nettghenni alamma
ghef te medttut. Dagh-netta, ama d win mezzsiyen ama d win meqqweren ttaderen-dd Saädi ala
deg w'ayen yelhan. (...)
***
Anida-ten nettnadi-ten
a nesawal neh'wadj iten neger-dd ti ghri
and'akkw ellan ad as selen
m'iy-dd tewwedh t'izi en el dtiq
anda ellan a-dd siwedhen
Remarque : Le poète se permet certaines élisions pour les besoins du rythme interne du poème.
***
A rgaz ta medttut
wid yekeseben
el fäayel, el xir, ta zmart
urfan, el h'mala, el h'nana
wid yedderen dgha
es t'idett
necrhah'en
tetccur el dunit en-sen
fih'el ma newwi-y-asen idd, nekkweni
el h'sab
ie seggwasen
iy yellan ahat
d ayen ennidhen, d ti clemt
ue zsarif, d a frux
ue madhal, d a jedjjig,
d ayen ennidhen ahat
maca yexdha el h'sab
a kud, uzzal
negh a frux, a jedjjig
bu y'ifer a ghwezfan,
sers iman ik es te ghwzi
ghef ie mdanen
sdjudjeg iten
tesirededh-ten
es kra
en w'aman yefsin
negh es y'idtij yefferen.
Semmagh-kk
d a berid
matci d el kfen,
d a sanen
bu te seddarhin
en ue zwu
d a berhenus es t'idett
yughal-dd d a jdid
ei w'ussan i hrawanen
en te fsut.
Tura
ay a kud a-kk skuregh
a-kk sersegh di
te quffett iw ue madagh
u ad ruh'egh a-dd szeyyedegh
es el xidh ik a ghwezfan
i seleman en te frara.
***
T’utlayt ta mazight 135
T'udert teäedda
- d i gwerdan tettruh' tettughal-dd -
nugi a-nesider ei w'allen
nesenni i meslayen d irrij
eqqenen am ue jedjjig-azsru
ei te fekka t'urrizst ue sefru
***
Ayen yesefrah'en deg w'ussan en Héliopolis, d akken msetbaäen wa deffir wa. Yal yiwen deg-sen
yecba gma-s iy-t idd yezwaren; yal t'afrara nezsera dac'ara yedhrun weqbel ad yeghli w'ass.
Ussan en Héliopolis werdjin sewhemen es kra en ue maynut, serusun el bal dayen kan. Matci
dgha wlac madhi deg-sen wid iy-dd yegellun es w'uguren i mecdtah', maca d uguren iy nennum,
widak yettaken t'isent ei te swiäin ti berkanin iy yezemeren ad edjjent i lemezsyen en t'igduda ad
rewelen fell as, nettat iy-sen yeserkaben t'awla en te rewela lakkw ed t'irga en te mura yebeäeden.
Ti kalicin drusit, tin iy-dd yedhalen a-tt tafedh teäebba, el ghaci ttganayen zdat en te äricin en te
h'una en el meh'na, el zbel yebna d a qacuc ei y'idtij; maca t'ikli, a gani lakkw ed ie dhummyen
ttatccaren ti swiäin ei deg ara äeweqen dac'ara xedemen medden ma wlac ayenni.
Yernu akken tebghu tili te swiät, zseran ur yelli kra ara-ten yeh'azen, acku a gharam yesebded-
dd, ei w'akken ur-t yettagh w'ara, a seqqamu en w'ufrinen - yedeherh ak el h'al d ufrinen en l'awliya
- acku, es el szwab d a meqqweran, ugin ad sbibben ei ue gheref a medhäafu ta äkumt en ue fran
en wid ara-s-dd yawin ussan en el fereh' ed t'alwit.
A seqqamu yettnejemaä di el äli en ue gharam en ue fella, anda, ulamma el hawa drus maca d
a zeddegan, anda el h'ess en el h'wari en w'adda yettawedh-dd amacemma kan im'iy-t yeskuffur el
beäd ed el äli, acku, di te sawent am tin, ula d el äyadh yesäuzzsugen yettruzs weqbel ad yawedh
el älali.
I nesghuma-y-agi en-negh, am atmaten iy tth’araben fell anegh. Niteni yedttefen di l'awliya, lan
el burhhan d a meqqweran yernu d a wezghi ad eccedhen.
T’utlayt ta mazight 136
Nessen isemawen en-sen, nezsera a mekan iy yedttef yal yiwen deg-sen, maca werdjin iy-ten
newala, acku xeddemen idh ed w'ass ei el hna en ue gheref, ur-sen idd yegwri el weqt a-dd
effeghen ghur-es, ur zemiren ad sruh'en ti swiäin en-sen ghlayen deg el xedtbat, amahat daghen d
akken ta meslayt en-sen d ta mxaleft : win yettxaladhen l'awliya a-s-dd teban te meslayt en te murt
tebeäed, d ta madwant .
I w'akken ad gerrezen akken yelaq el cghwal en-sen, i nesghuma-y-agi en-negh wdhan-ten d i
h'ricen (semman asen el mes'uliyat) : yella bab en el xezna a meqqweran, a snaktay a mezsyan, el
qadhi a h'eqqi, bab en w'uzzal a weäran, a rhebbani ed ue jinirâl - sin agi i neggura ugin kra en
y'isem ennidhen, acku isem en-sen, ader it idd kan a-dd resent el hiba ed te rgagit.
I nesghuma, imi faqen si zik es w'akken a mur a meqqweran en el hna yettrus-dd qbel ghef wid
iy-tt yettmennin, sewjeden-dd yiwet en el xedtba annect yela-tt, ad tagh yakkw Héliopolis.
Sebdeden-dd el wqat, di t'afrara en te nzayt h'alamma d t'illas en te meddit, el wqat ei deg iy-dd
ttmeslayen el srabes en el xedtbat ghef el reh'ma ta meqqwerant iy-dd yeneghelen ghef te murt. Ur
zeggelen yiwet di te saätin yemsetbaäen (ugaden amer a-dd yesudh deg-es kra en w'adhu en te
selbi). Ttalesen rennun ei el xedtba en-sen es t'ugniwin , es ue meslay, es el musiqa negh t'ikwal,
ussan ennidhen, ula es ue mezgun, jemmeäen-dd el ghaci akken ad cnun es yiwet en te zwayt ay
acki-tt, el fereh' en-sen ur tettawi el dunit.
Di te msalt agi ta neggarut, i nesghuma xedemen yiwen ue ghebel d a meqqweran, acku
cegheben-ten matci d kra ie zekkawen en te meghriwin, ur-dd ufin ara el dwa ei el h'ala enni deg
iy-dd yettakwi ue gheref; maca a snaktay unszib yesefhem iten : wlac din ugur, ayenni iy yettaghen
i mezedagh en Héliopolis d adttan en ie gwerdan i mecdtah' ei deg ara h'lun asm'ara imghuren,
asm'ara isinen i ghebelan en el dunit.
A mawal (Lexique) :
Ode à l’age :
a zsarif : alun
a madhal : espace
a kud : temps
a sanen : escalier
a zwu : air
ta frara : aube
I gider en el zman :
Ayt Tafukt :
a maynut : nouveau
ugur , pl. uguren : difficulté
t’isent : le sel
t’igduda : la république
ti kalicin , sing. ta kalict : les calèches
a gharam : la cité
a seqqamu : conseil, assemblée
ufrinen, sing. ufrin : les élus
a gheref , pl. i gherefan : le peuple
i nesghuma , sing. a nesghamu : les conseillers
a wezghi : impossible
ta madwant : abstraite
a snaktay : idéologue
a rhebbani : prêtre
t’ugniwin, sing. t’ugna : les images
a mezgun : théatre
unszib : officiel
ti kerkas, sing. ta kerkest : les mensonges
a mastan : le maître, le protecteur
t’alesa : humanité
yemasten, v. masten : il a protégé
ulghu : trouble, polution
T’utlayt ta mazight 138
Bibliographie sommaire
AIT AMRANE Mohand Idir : Ils amazigh atrar (La langue berbère moderne). Alger 1992
DALLET J.M. et VINCENNES S.L. : Initiation à la langue berbère (kabyle). F.D.B. Fort National,
1960
Groupe d'Etudes Berbère : Langue berbère : Initiation à l'écriture. Azar, Bejaia 1989
MAMMERI Mouloud : Précis de grammaire berbère. Inna Yas / Enap, Tizi-Ouzou / Alger 1992