Rhsee 09, 1932 1
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Rhsee 09, 1932 1
REVUE HISTORIQUE
DU
SUD-EST EUROPEEN
_
,
N. IORGA
Projesseur a l'Universite de Bucarest, Agree a la
Sorbonne, Correspondant de l'Institut de France.
-- PARIS
LIBRAIRIE J. GAMBER
BUCAREST
LIBRAIRIE PAVEL SURD
7, Rue Danton.
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DIRECTEUR :
N. 1 0 R 0 A_
BUCAREST, 6, SOSEAUA BONAPARTE
SECRETAIRE DE REDACTION :
C. MARINESCU
Professeur a l'Universite de Cluj.
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REVUE HISTORIQUE
DU
SUD-EST EUROPEEN
JANVIER-MARS 1932,
Venise d'Empire.
On peut affirmer, apres avoir etudie encore un siecle de Phis.toire de Venise, que le point de vue fixe au commencement de
cette exposition reste, c'est --a --dire que Venise ne peut pas etre
presentee des le commencement sous le rapport occidental, sous
le rapport italien peninsulaire.
Venise s'est form& d'une communaute rurale, de ce que rap-,
pelle une Romania du moyen-age" 1, c'est-a-dire une organisation libre, non dominee par les barbares, n'etant pas encore
arrivee a la conscience d'un Etat, se gouvernant par des Con.seils, ayant a sa tete des chefs qui, au debut, etaient elus et qui
ont conserve toujours quelque chose de leur caractere primitif.
D'abord, cette communaute rurale, cette Romania", est sur le
rivage de l'Adriatique ; puis, avec une Italie barbare derriere
elle, a laquelle elle ne tient pas et, pendant longtemps, elle
n'y tiendra pas , i1 y a cette tendance naturelle de s'associer
les autres Romanies" qui se trouvent sur la rive occidentale de
la peninsule des Balcans. Elle est la, non pas en tant que conquerante et organisatrice d'une conquete, mais en tant qu'orga-,
nisme similaire a ces autres organismes de Romanies" qui se
trouvent sur l'autre rive de l'Adriatique. De sorte que le role
de Venise en Dalmatie, apres la conquete du doge Pierre Orseolo,
a la fin du X-e siecle, n'est pas celui d'un Etat qui domine
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come un atto per cui quelle popolazioni si mettevano sotto la protezione yeneziana, entrando tutt' at pift in una condizione di vassallaggio e pagando...
un tributog.
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Venise d'Empire
est necessaire, par dessus tous les souvenirs, tous les interets et
les bienfaits, mime contre Byzance.
On aura ainsi, au XII-e siecle, la Venise rebelle, la Venise qui,
essayant de conserver une situation capable de lui procurer de
grands avantages, veut, avant tout, avoir ses etabli.ssements a
elle. C'est Venise creatrice, apres l'autre Venise qui a subi tout
ce que l'Empire grec, jusqu'a ce moment, pouvait lui imposer
en echange pour les facilites de commerce accordees depuis long.temps a la Republique.
En attendant, telle est la vraie situation de Venise pour tout
le XI-e siecle, qui forme, non-seulement sous le rapport chro-'
nologique, mais sous le rapport du contenu, du developpement
organique, une unite depassant les limites ordinaires chronologiques ou celles du regne des doges, qu'on impose un peu trop
a l'histoire de Venise.
Car combien est lourde l'erreur qui range l'histoire de Venise
par ces refines de doges I 11 y a eu, sans doute, parmi ceux -ci,
des personnages hautement clouds, ayant des conceptions qui
leur etaient personnelles ; it y a eu des ambitieux, it y a eu des
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La royaute germanique est a tel point etrangere au developpement organique de la Republique que I'empereur Conrad, a
un certain moment, exprime cette opinion que les Venitiens
ont ete toujours les ennemis de ('Empire. II suffit de cette declaration imperiale pour comprendre quels ont ete les rapports entre
ces dominateurs de la Peninsule, descendus, pour quelque temps,
des Alpes, et la ville.
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5 Duos romanatos singulis annis duci dare et reliqua omnia quae caeteri
Istrienses facere promiserant et ipsi adimplere contenti sent; Ibid.; cf. ibid.,
p. 285.
4 Ibid.
5 Mentionnes dans un acte de1202; Tafel et Thomas, Urkunden, dans les
Fontes rerum austriacarum, I, p. 386 et suiv. Pour Muggia, Ibid., p. 336 et
suiv. Cf. aussi ibid., 11, p. 317 et suiv.
Enferme avec 700 nobles, it devra promettre au doge de donner une fois
par an douze gros pores" et douze pains; Dandolo, p. 288.
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tiront la convention.
1 Romanin, ouvr. cite, I, p. 22 et suiv. (annee 997); p. 273 (pour l'eveque
de Trevise).
2 Ibid.
Cum aliis instills quae depentent de episcopato Farrae ; ab incolis illarum
insularum syndicus constitutus ; Landolo, p. 395 et note 6.
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C'est le type du statut que la Republique impose a ses vassaux. En dehors de cela, ifs conservent toutes leurs anciennes
merne un jeune" et un vieux" - et un tribun ; a Trail un tribun ; a Biograde un prieur ; a Arbe trois juges dont depend le
comte, elu sur quatre designes au Venitien ; a Osero des juges
pour six mois ; a Veglia des juges, un Grand Conseil : quand les
comtes visitent file, chaque terre lui fournit un ane et un guide ;
ils ont le droit d'acheter une vache a Noel ; ils nomment le
dvornic (dornico) et les juges des chateaux, mais doivent confirmer seulement le septenico voulu par les habitants 11 Venise va si
pp. 63-64, no. XXVI (Spalato offre, en 1097, a Voise, pour be stolus de la
croisade, deux galeres ou une sagina ; on y corrote encore en romanats);
p. 170, no. 3; III, pp. 110-111, no. 487; pp. 138-. 39, no. 612; p.281 at suiv.
(,, capitulaire" de 1278); Dandolo, pp. 250, 273, wrre 4, glosse (pour Giorgio),
309 et suiv.
Pour Raguse cf. notre etude sur cette Ville, Itaris 1930, et Commemoriall,
1, p. 14, no. 46; p. 47, no. 218; Tafel et Thom4 ouvr. cite, III, pp. 165, 220,
229-230, 247, 307 et suiv. (privilege de mai 1212), 328 et suiv. (celui de 1236),
463 et suiv. (celui de 1251); Dandolo, p. 391 (attaque serbe en 1275-1276).
a Segna (Sinj), ibid. p. 143, no. 627. Venise y avait un consul; ibid., p. 86,
no. 368 Telle ville, Zara, a le droit de corwoquer, vocare tine autre, comme
Pago; ibid., III, p. 133, no. 589.
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En latin, cette invocation au Christ, qui dolt conserver Venise", correspond parfaitement au texte grec qu'on trouve sur les
monnaies de Byzance. C'est une traduction et, meme, je me demande si, plus tard, la presentation par le doge du drapeau a
St. Marc n'est pas une contrefacon des deux figures, interpretees de differentes facons a differentes poques, qui se trouvent sur les monnaies byzantines.
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Venise d'Empire
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torze galeres, pour amener des secours 1. On peut voir des doges
chasses pour avoir mat gouverne leur flotte Q. Lin autre avait ete
depose et envoye a Constantinople en habit de moine 3. Comme
plus tard chez les Ottomans pendant l'interregne, le pillage, la
derobatio est toleree 4.
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autre tour.
Venise se considere donc comme une partie de ce vaste Ern-,
pire auquel elle &aft mil& par tant de liens et, surtout, par un
lien essentiel : celui de la conception meme de l'Etat.
II y a une difference dans les rapports crees entre des formations politiques qui ont une autre essence et ce fait qu'une
formation politique reconnait que son principe est equivalent
au principe d'une autre formation, plus importante, a laquelle
elle doit, sinon sa creation, au moires sa permanence, le maintien et le developpement de tons ses interets.
n arrive parfois que des doges du XI-e siecle suivent l'exemple de leurs predecesseurs du siecle precedent, en se faisant at-,
tribuer par Constantinople des titres d'honneur dont ids etaient
tr es fiers.
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qu'on a trop accepte, dans un livre de moralisation, of la conduite de cette princesse etrangere est severement critiquee. Or, si
on veut moraliser par l'histoire, Phistoire en souffre parfois et,
en tous cas, ce n'est pas dans des moralistes qu'il faut chercher
la verite historique la plus sure. Dans cet ouvrage de Pierre Damien, it est question d'une princesse de Constantinople marl& a
Venise, et le sermonneur religieux insiste sur les differences d'habi-
tudes entre les dames de Venise et cette Grecque qui etait aux
cotes du doge. II dit qu'elle se lavait chaque matin d'eau recueillie sur la rosee des fleurs, ce qui signifie tout simplement qu'a
Byzance on se lavait un peu plus que dans le monde moyen de
Venise; elle se lavait d'eau fraiche, au lieu d'employer celle qui
se trouvait dans ses appartements.
Line autre des accusations de Pierre Damien est celle-ci: qu'elle
se coupait les mets en employant des fourchettes: furcinulis aureis
atque bidentibus.
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Mais, s'il est evident que Venise, oil se trouvaient tant de marchands
ayant habite, pendant de longues annees, en Orient, connaissait par-,
faitement, non-seulement les habitudes, mais les modes de l'Orient, le recit de Pierre Damien, bien que certifie comme provenant de la meilleure source, ne repose pas sur un temoignage
venitien.
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Venise d'Empire
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elle
Pendant tout le XI-e et le XII siecles, it y eu cette opposition entre Ancone et entre
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N'y aurait-il pas des possibilites de commei ce et de domination, de domination independante et pas sujette, done d'un
caractere beaucoup plus eleve et beaucoup plus solide, en soutenant ces croises, consideres comme des intrus desagreables et
dangereux par Byzance, qui ne les avait pas appeles ? Car c'est
une chose absolument sure que Byzance n'a pas fait le geste
humiliant d'appeler a son secours contre les Tures les Occidentaux:
ils se sont presentes d'eux-memes, sans avoir discute stir ,les
conditions et se comportant d'une facon que n'importe quel tat
organise n'aurait jamais admise.
Le concours militaire des croises pour reconquerir sur les Turcs
certaines places de Syrie etait rend a tin tel bouleversement de
tout l'ordre dans l'Empire et it coupait d'une facon si nette toute
possibilite de reconquete byzantine en Asie, que l'Empire a du,
des rarrivee des premiers transports, considerer ces hates mal
venus comme des ennemis.
Or les Venitiens avaient tout interet a gagner autre chose que des
asiles toleres, a la place des anciens duli", pour continuer a etre
eux-memes les duli" de l'Empire. Alors, comme on le verra, ils
ont fait leur choix abandonnant Byzance pour quelque chose qui
leur etait plus utile.
Mais, comme it est bien naturel dans des calculs de marchands,
la Republique aurait voulu conserver ce qu'elle avait de Byzance et
gagner, en meme temps, ce qui etait au-dela. Or, pour Byzance, ce
n'etait pas une chose acceptable. On verra que c'est l'origine des
conflits acharnes entre Venise et l'Empire au XII-e siecle, et, au
fond, c'est la raison pour laquelle, plus tard, Venise est arrive a
considerer Constantinople comme elle aurait considers n'importe
quelle place gagnee par les croises en Syrie.
Ce qu'elle avait obtenu sous les croises etait autre chose que
l'ancienne situation de Constantinople. Et, lorsqu'on. a deux
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Venise &Empire
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arranger, en meme temps, deux questions: la question de l'etablissement des Venitiens a Constantinople et la question du droit
de Venise en Da lmatie.
Les Normands, que l'Empire devait considerer comme des en-,
nemis, ces usurpateurs de la province grecque dans l'Italie Me-
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ces vilains Amalfitains qui, malgre leurs privileges, dont ils ont
joui pendant si longtemps, se mettent du cote des ennemis de
l'empereur.
Dans la grande bataille de Kassopos ou de Butrinto, les Venitiens out vaincu les Normands ; pour la troisieme fois, les Normands sont venus dans les eaux byzantines, et la victoire remport& contre eux scelle le triomphe de l'Empire par le concours
de Venise 1,
matiae et Croatiae, sibl ab Incolis traditas, obtineret, quas constantinopoNano Imperio pertinere noverat... Euntes autem legati ab Alexio, alacriter
vist, crusobolium Dalmatiae et Croatiae et imperialis protosevastos obtinuerunt. Quibus postea reversis, dux suo addidit titulo ; Dalmatiae atque Croatiae
et imperialis protosevastus ; Dandolo, p. 150.
In embolo peramatis (a Pere), Id est transitus', dit une des formes, celle
cage par Vanden historien allemand de Venise, Lebret.
11 In tempore rogae.
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Venise d'Emplre
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On voit encore la conception de Venise comme partie integrante de l'Empire byzantin. On ne peut pas parley du privilege
d'Alexis Comnene comme d'un traite conclu entre deux tats. Mais
on accorde a Venise tout ce qu'elle veut ; it y a toute la geo.graphie de l'Empire, avec toutes les localites oit ils ont le droit
de pratiquer le commerce.
Cet acte de mai 1082 (6590, indiction 5) 4 est tout a fait important pour l'histoire de Venise. On y volt que Pancienne theorie
rested et, pour se rendre compte combien elle dtait enracinee et
combien elle correspond aussi a la pensee permanente de I'Orient,
je feral remarquer un cas appartenant a l'histoire contemporaine.
Les Tures n'ont pas cree un Etat : its n'ont fait que prendre,
morceau par morceau, les provinces de l'Empire byzantin, et,
' Anne Comnene.
2 C'est l'Archidanue des traducteurs latins ; ibid., pp. 67-68.
3 Un privilege de juillet 1093, accorde au monastere de St. Georges par Vidal
Faller, qui s'intitule doge de Venise et de Dalmatie et protosebaste", avec
,ses juges et autres bons hommes, ses fidelee, a cette delimitation a cornprehenso Sacro (Pharo 7) de Vigla,.. ad portam Perame usque ad judecam* ; ibid.,
p. 57; cf. ibid., pp. 43, 67-68. If donne quelques noms de Venitiens etablis a
Constantinople.
4 Presentation du texte, conserve en partie dans les confirmations posterieureS
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Venise d'Ernplre
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ont ete ouvertes a l'armee russe aussi parce que, dans la nouvelle Constitution turque, il y avait cette mention de partie
integrante".
Venise de Croisade.
Apres avoir vu que sur le littoral de la Mer Adriatique il y
avait d'anciennes Romaniae", datant du commencement du moyen-
age, s'administrant par elles-memes et que Venise, guere conquerante, n'etait, sur ce littoral de l'Adriatique, que la presidente
d'un ordre de choses autonome, les anciennes institutions n'ayant
ete remplacees nulle part, et que, de I'autre cold, Venise avait
penetre en Orient et &all entre en relations avec l'Empire d'Orient, reussissant a se gagner, en 1092, un privilege d'Alexis
Comnene qui forme, dorenavant, non-seulement la base des
relations entre les Venitiens et l'Empire, mais celle pour toutes
relations entre Italiens et cet Empire, it faut passer au moment
de crise que signale la fin du XI-e siecle.
A la fin du XI--e siecle et au commencement du XII-e, il y a,
dans le developpement organique de Venise, un grand changement, un double changement auquel s'ajoute, ensuite, une
politique qui appartient exclusivement au developpement de l'Empire byzantin.
D'abord, un Etat descend du Nord vers la rive de l'Adriatique.
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It lorga
grie vers le littoral de la Mer de Occident, it y a eu des combats, une guerre, et que le resultat de ces combats, de cette
guerre, a ete l'occupation de cette bande de territoire par la
royaute hongroise. Or, pour pouvoir redresser cette opinion, qui
est fausse, it faut, d'abord, tenir compte de l'Etat qui fut remplace, sur ce ravage, par le roi de Hongrie 1.
II y avait, au moment oil le doge Pierre Orseolo faisait la
conquete de la Dalmatie, une certaine organisation croate. Or,
les Croates, les Slaves de l'Adriatique, etaient groupes par petites
formations, par loupes". II n'y avait pas encore de royaume
croate. Donc, a ce moment, Venise pouvait etendre son autorite
toutes celles de ce cote-la, n'est que la continuation de l'ancienne marche carolingiene, et les rois croates sont les continuateurs de Charlemagne: de Carolus on a pass au kcal -roi.
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Venise de Croisade
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Venise de Croisade
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mers orientates sans etre inquietee par ce qui se passe sur cette
partie interieure de la Peninsule oil elle a de si grands interets.
Voici donc qu'apres Alexis Comnene, les Genois gagnent du
terrain et arrivent a conclure eux-memes de traites avec Byzance.
Il y a, a un certain moment, aussit3t apres le commencement
du XII-e siecle, deux formes de privileges pour les Italiens, alors
qu'auparavant it n'y en avait eu qu'une, celle qui etait accord&
a Venise : liberte complete de commerce, sans rien payer ; droit
d'avoir tin quartier, d'y tenir des boutiques, un moulin, tin four
a grain, tout ce qu'i1 faut pour entretenir et servir la colonie, et,
bien entendu, une eglise, qui est le centre de cet etablissement.
Entre parentheses, it parait que cette coutume d'accorder a des
marchands un quartier, sans leur faire donation du territoire lui,meme, qui reste sujet a l'autorite du monarque l'ayant possede
jusque la, de le rendre absolument autonome, est, sans doute, tine
chose byzantine, comme elle sera aussi tine chose de croisade
(nous la retrouverons bientot dans les etablissements des croises
en Syrie), mais c'est, avant tout, tine chose d'Orient.
Sans compter les conditions auxquelles les marchands d'Italie
s'entendaient avec le roi de Tunis, avec le Sultan d'Alep
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Venice de Croisade
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cedait rien, ne faisant, au fond, qu'abriter des gens qui lui etaient
tres utiles, se conservant, ce qu'on n'apercoit pas assez, le
droit de les chasser a chaque moment pour transporter ce droit
de location d'une nation a tine autre.
Les Venitiens y ont pris la place des Amalfitains et des Provencaux ; puis, plus tard, a la fin du XII-e siecle, un autre empereur byzantin leur donnera des possessions prises a ce qu'on
dire de rendre plus large ou plus &roil le type qu'on avait accora au commencement.
Dans le type des Pisans, accorde en 1112, it y a la promesse
d'un present a faire au chef de l'Eglise pisane, tin droit de
douane de quatre pour cent. En dehors de cela, les marchands
de Pise ont un quartier. Et aussi tin droit que les Venitiens
n'ont jamais gagne et qu'on ne peut pas s'expliquer autrement
que par le desk de l'empereur de montrer que la situation des
Venitiens n'est pas definitive. Les Pisans ont droit a une place
a Sainte Sophie et a une autre a l'Hippodrome : on dirait
des billets pour l'eglise et des billets pour le theatre. Les Willwww.dacoromanica.ro
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N. lorga
Liens devaient rester devant la porte de la grande eglise et s'anreter, an loin, devant l'Hippodrome, ou leurs adversaires etaient
admisi.
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Venise de Croisade
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La chronique ajoute que l'empereur avait de mauvaises intentions A I'dgard des Venitiens, ad damna intendant Venetorum'. Or,
nes, un chrysobullite" est un marchand comme un autre 1 seulement 11 jouit d'une situation particuliere, plus favorable, qui
est comprise, definie et fixde par un privilege. Mais it n'en est
pas moins un sujet du prince roumain au XVIII-e siecle.
Le Vdnitien, ou le Genols, ou le Pisan n'en restent done pas
moins, au XII-e siecle et au XIII-e siecles, sujets de l'empereur.
Mais, comme nous l'avons dj suggerd, Venise oksirait avoir
quelque chose de plus: vivre quelque part, avec son quartier,
avec son juge, son clerge, avec tout ce qui tient a cette autonomie,
mais sans avoir un maitre ; elle revait d'une cession beaucoup
plus large que toutes celles que pouvait lui accorder l'Empire
byzantin. Mais l'Empire ne pouvait pas passer outre : c'dtait une
tres ancienne puissance, et elle se serait dcroulde si elle avait cede
quelque chose de la thdorie meme sur laquelle elle reposait et
dont l'esprit l'animait.
Mais, si Venise rdussirait a crder elle-meme quelque chose en
1 Dandolo, p. 271.
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N. Iorga
go
Lorsque les croises se sont presentes, Venise n'a pas eu l'occasion d'offrir a une partie de ces croises les moyens necessaires pour les transporter en Orient, mats, lorsqu'il y a eu une
domination franque, une quasi-souverainete de croisade en Orient, lorsqu'il y a eu un roi de Jerusalem, roi de Jerusalem latin
(c'est son titre : Rex Hierusalem latinus), lorsqu'il y a eu un comte
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Venise d'Empire
gl
Byzance les a consideres done comme elle devait les considerer. En histoire, la premiere necessite est de comprendre un
peu tout le monde, parse que, si on ne comprend qu'une partie,
on arrive a tine explication tout a fait defectueuse ; et ce qui est
encore pis, c'est d'accepter le point de vue de quelqu'un envers
lequel on ne peut avoir aucun interet.
C'est ce qu'on fait en prenant, parfois, le point de vue byzantin, sans etre Byzantins, comme, autrefois, on prend aussi le point
de vue venitien sans avoir rien a faire avec ce qu'a ete Venise.
Alors, l'empereur refusa de renouveler le privilege des Willtiens. II parait meme que renouveler le privilege de temps en
temps &all une necessite dans la conception byzantine, empruntee
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N. lorga
le
et sur le fait que leur commerce &all tout de meme assure dans
une certaine region de ]'Orient, ne dependant plus autant de Byzance qu'auparavant 5.
Auparavant, c'etait par Byzance qu'ils arrivaient ailleurs ; main. tenant, ils sont la en &pit de Byzance. L'empereur peut leur
' Dandolo, p. 274.
9 Tafel at Thomas, ouvr. cite, 1, p. 76, no. xxxvi ; p. 79 at suiv.
8 Dandolo : 300 besants de Tyr, pour le jour de la St. Pierre.
4 Tafel et Thomas, ouvr. cite, I, p. 80 et suiv.; Guillaume de Tyr.
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Venise de Crolsade
As
fermer ses ports, mais it trouveront dans les eaux orientales d'autres ports qu'ils peuvent employer pour leur but.
Cf. aussi ibid., pp. 140-144, 145-147. La charte de Tancrede, ibid., p 66, no.
XXXI. Bohemond d'Antioche leur permet meme, en 1183, des manages, cum
mulieie sive conjuge" ; ibid., pp. 175-177. Le privilege de 1125 est confirme
en 1192(7), Ibi f., p. 212 et suiv. Privilege de jean d'Ybelin, seigneur de Beyrouth, ibid., 11, p. 231 et suiv. Privileges armeniens, ibid., pp. 381-385; II, pp.
4264'29; III, p. 115 et suiv. Cf. Commemoriall, 1, p. 40, no. 1741 p. 64, no.
297; p. 77, no. 323; pp. 83-84, no. 356; p. 123, no. 550; p. 227, no. 257; p.
240, no. 319.
' Voy. Dandolo, pp. 270 (Corfou, qui pro Imperatore constantinopolitano
tenebatur"), 271, note 1 (Rhodes resiste jussu, ut creditur, imperatoris constantinopolitani"), 272-274 et les chroniques byzantines contemporaines.
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N. lorga
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force maritime tres importante, mats elle n'etait plus la. Et, en
attendant le moment oil de nouveau on aura une flotte, it faut
ceder aux Venitiens.
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Venise de Croisade
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N.Ilorga
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La guerre des Venitiens contre Manuel, poursuivie avec acharnement pour finir par une nouvelle cession de la part de l'empe-
I,
p. 51.
Nicdtas, parlant de ces Phdniciens ruses, les montre tout prets A se confondre, dans un but d'interet, aux sujels de l'Empire, obps.p..Xot xab cpiXot nivu
'Patuatot;. Pour le rhdteur Eustathe (reproduit dans Tafel et Thomas, ouvr. cite,
1, p. 160) ce sont des serpents, de terre et d'eau, des pirates (%aptavil nop.cp6Xtg,
xipatOpoG 6cm, To netpxuxbv gOvo; Tb 1E 'Abptibo,-;).
3 Dandolo, p. 293. Its etaient venus comme chez eux, ddsireux de repren-
dre leur commerce", lucri avidi et Imperil loca propria habitacula reputantes
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Venise de Croisade
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Or, enfermer les Francais aux Sept Tours, a Pepoque de Bonaparte, et enfermer les Venitiens clans les couvents et dans les
forteresses de l'Empire, a Pepoque de Manuel Comnene, c'est, avec
une autre religion, avec une autre nation, a une autre epoque,
absolument la meme politique; et cette politique n'a pas ce qu'on
suppose de tellement haineux, parce que, au moment out it y
avait les Francais aux Sept Tours, la Porte presentait cet acte
A cet acte, qui n'aurait pas ete, precisement, un acte d'inimitie, bien que, des Venitiens, qui violaient leur promesse de se porter
Cela n'empeche pas Byzance de penser a la possibilite de re,gagner l'appui des Venitiens, leur accordant de privileges, assurant a la Republique de Venise presque la situation qu'elle
avait eue auparavant et, en plus, des dedommagements, montant
1 Nicetas. Le passage est reproduit aussi dans Tafel et Thomas, ouvr. cite,
I, pp. 161-164, de meme que celui de Cinnamus.
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N. lorgd
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Venise de Crolsade
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aussi large que dans les trois actes differents 1 octroyes, en 1189,
par l'empereur Isaac 2.
Dans le premier, les rapports avec les Venitiens sont presentes
de la fawn la plus flatteuse. A I'epoque du vieux Guiscard, estil
dit, ils etaient des servi des Romains, mais aussi a d'autres epo-
et Francais, probablement amis d'Andronic. A cote des dedommagements, on leur assure l'ancien etablissement et ]'exemption
de taxes. Obliges a secourir l'Empire contre tout ennemi sauf
l'Allemagne et Mlles, s'il n'y a pas provocation, avec quarante
jusqu'a cent vaisseaux, les Venitiens fixes dans l'Empire auront aussi
quoddam corpus unanime cum Romania effecti, uno capite, hoc videlicet
imperio... Eos usque ad finem alienos a Romania non fore justum reputavit...
Corpus romani principatus ad pristinam redegit integritatem, membrum ejus
amputatum sursum ipsi adjungens... Latitudinem infra Magnam Urbem gentibus exhibere, verumtamen, quia non ut alienigenas, immo ut aborigines romanos
genus Veneticorum Nostra Serenitas reputat tantumque pro Romania dolent
quantum et erga terram quae eos emisit, non eis tantum quantum Romanis
donandum esse videtur quantumcunque eis largietur".
2 11 est vrai que le meme Isaac confirmera les privileges des Genois; Heyd,
ouvr. cite, I, p. 73.
Dans les instructions donnees en 1197 aux ambassadeurs de Venise a Con-
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1,
pp.
40
N. lorga
BientOt ce sera l'Empire entier ouvert aux Venitiens ; ils pour,ront aller jusqu'a Andrinople; ils seront libres d'avoir des rapports
S'il en est ainsi, si, maintenant, Venise a gagne, par cet etat
de decomposition dynastique de l'Empire byzantin, une situation
beaucoup plus grande, s'il y a eu dj des tentatives d'installer
les Latins a Constantinople, celle des Normands, celle de Henri
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Venise de Croisade
41
De sorte que, lorsque les Venitiens ont pris sur leurs vaisseaux
Baudouin de Flandre, Boniface de Montferrat et autres Ita liens
de Lombardie ou Francais, - it ne faut pas oublier que les Montferrat
dent que cet argent leur soit rendu, que la garantie qui leur
avait ete offerte et qu'une nouvelle usurpation a fait disparaitre,
leur soit restitude.
Mais, en meme temps, puisqu'ils sont la, tons leurs souvenirs
surgissent devant eux, tout le pass venitien a Constantinople
demande leur intervention, et, aprk-,.s la premiere conquete de
Constantinople, contre le vieil Alexis, en attendant la disparition
ou l'expulsion des membres des dynasties grecques, its ont du
avoir, d'une fawn encore plus nette, cette conviction de droit.
En meme temps, its sont a cote de ceux qu'on appelait gene,ralement les Francais", les Francigenae". Its sont les represen-,
tants de l'Occident, de cet Occident qui vient IA pour s'etablir,
non pas sous la forme des croises, avec Venise en sous-ordre,
mais avec Venise et les croises, en meme tern ps.
La conquete de Constantinople en 1204 n'est donc pas un acte
venitien, d'autant moins un acte personnel du doge Dandolo; ce
n'est ni un accident, ni une aventure : c'est le dernier terme naturel d'une longue evolution.
Ce qu'il y a peut-etre .de plus important dans Phistoire penApres une nouvelle attaque des bannis, elle donne des (Stages, accepte un
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N. lorga
Venise dominante
La conquete de Constantinople par les Venitiens n'a pas ete
donc un acte venitien au propre sens du mot: c'etait l'Occident
qui s'installait a Constantinople, c'etait toute l'action de l'Occident
tendant a dominer l'Orient qui etait couronnee par l'etablissement
d'un empereur latin, Baudoin, et d'un patriarche latin, qui etait
un des membres de l'aristocratie venitienne.
Venise avait, du reste, des la preparation de la croisade, en
1188, le sentiment qu'elle representait cet Occident dans ses sen-
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Venise dominants
43
Nous avons ajoute que les empereurs latins ne sont pas diffe-,
rents d'essence a l'egard de leurs predecesseurs grecs ; malgre la
Il n'y a jamais eu, de la part des conquerants de Constantinople, quelle que fat leur origine, quelle que fiat leur nationalite
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N. Iorga
44
On se demande si le doge n'a pas pu etre, a un certain moment, empereur. C'est une chose qu'on oublie. Dans une chronique contemporaine, it est dit ceci: qu'un des Francais a propose
le doge comme empereur. Dignum imperio nominavit ; il l'a
considers digne de l'empire". Et, si le doge n'aurait pas ete empereur, se serait parce que d'autres font refuse: ceteri id renuere
viderentur1.
moderator et semper Augustus; ibid., II, p 227. Cf. la donation aux Venitiens
des champs des Provencaux et Espagnols, ibid., p. 255.
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Venise dominante
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Le doge, qui a saisi l'Empire, qui en est devenu un co-proprietaire a cote de cet empereur, qui modele sa situation d'apres
la situation des Comnenes, ses predecesseurs, ne voulait-il installer
a Constantinople qu'une domination ? Ou bien y a-t-il eu autre
chose 7
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46
N. lorga
avec les Catalans, qui ont cree un Etat en terre byzantine, paraissait devoir arriver en 1196. Les rebelles nomment deux capital.nes, des juges", des sapientes, et cette espece de soviet des
vaisseaux venitiens s'intitulait meme populus universus stoli",
tout le peuple de la flotte", puisque la flotte venitienne a
garde toujours le titre byzantin de stolus". Its creent un budget,
et ce budget est entre les mains de deux camerarii, chacun devant fournir sa part'.
Plus tard, ils ont ete forces d'obeir au doge, dont ils avaient
invoque la grace, la bonitas, mais ceci montre combien Venise
entendait, a ce moment meme, non pas imposer une domination,
mais, ici encore, conserver la chose populaire qui etait auparavant, et, lorsque l'initiative ne venait pas de l'Etat, it y avait
dans ce qu'on peut appeler la conscience publique les elements
dont on forme les organisations autonomes.
Le premier podesta, le premier representant du doge a Constantinople: Marin Zeno, s'intitule, en 1205, Vann& apres la conquete:
Dei gratia. Le podesta n'est done pas seulement le representant
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Venise dornlnante
47
laudatio", donnent au podesta une situation qui &passe de beaucoup celle d'un officier superieur, celle d'un vicaire ducal'.
II est dit dans la source que sa situation etait due a ''election
par les marchands, et, a la fin, on la contraint a ceder sa place
a un autre, qui a ete envoye de Venise. C'est seulement alors,
apres le premier podesta, que Venise entend remplacer le megue du populus Venetie" de Constantinople par quelqu'un que
le doge a choisi et qu'il a envoye a Constantinople.
Mais, si, plus tard, le podesta, un Jacques Tiepolo, doit dire
qu'il a un mandat du tres-haut, du tres-fort et du tres-puissant
seigneur le doge de Venise 2, it est, cependant, non-seulement,
podesta en Romanie, potestas in Romania", mais it est, en meme
temps, despote de l'Empire de Romanie", c'est-a.-dire que rem.pereur lui a donne ce titre de despote qu'on rs'accordait, habituellement, qu'a des personnes relides, par leur manage ou par leur
descendance, a la dynastie regnante. Bien entendu, it est, en meme
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48
N. lorga
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Venise dorninante
40
S.
ume est allie avec l'empereur grec. Venise regagne de force l'ile; Dandolo,
pp. 363 -364; Tafel et Thomas, ouvr. cite, III, pp. 10 et suiv., 13 et suiv., 46 et
suiv., 51 et suiv. (1262).
2 Ibid.
8 Laudomoniam ; ibid., p. 97 et suiv.
' l:,'.1. Fp. 119 et suiv., 125-126.
5
onmarm:, dax, filiftz quonlam sevaslocratoris joarmis duds,
4
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50
N. lorga
les Albanais ou les Croates" (Arbanenses vel Corbiatici), g donnera par an quarante-,deux perperes et deux pieces de brocart,
pour St. Marc et pour le doge.
Seules Modon et Coron, les deux forteresses qui se trouvent
tout au fond de la Peninsule, celles qui seront appelees plus tard
les yeux de Venise", sont reservees comme proprietes administrees directement.
aussi, est reconnu par Venise a condition qu'il donne a la Republique une eglise, un quartier et une tour pour y habiter (curiam pro habitando). II aidera le duc de Crete contre l'empereur
de Nicee, contre Batatzes, et il enverra, chaque armee, le drap
habltuel a Marco (1234). De la meme facon, dans le monde a' Ibid., II, pp. 18-19 (armee 1206). La concession est faite par le podesta,
Marin Zeno.
2
Ibid., p. 55 et suiv.
Kisserus Leo Gavalla, dominus Rhodie et alfarum circumstantium...; do-
minus Rhode et Cicladum inssularum; ibid., p, 520 et suiv. Cf. Dandolo, p. 349.
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Venise dominante
5i
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Venlse dominante
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N. lorga
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traite de commerce en Hongrie (116)6. Aussi pourrat-on soumettre, a l'aide de mercenaires catalans, en 1312, Zara, de nou
veau rebelle, qui venait, deux ans auparavant, de se constituer en
commune fibre' .
C'est aussi le moment oil Venise conclut des pactes tres importants pour son commerce avec les Musulmans : en 1254, avec
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Venise dominante
55
Bougie'.
Aussi, une poque oil la rivalite avec Genes parait etre assoupie
pour le moment, la reprise de Tyr donne a la Republique, d'apres
l'invitation de la reine Alice, une situation dominante en Syries.
Mais la domination venitienne a Constantinople meme faiblit. Cet
equilibre instable, qui s'y etait etabli des le debut, ne peut plus
se soutenir ; il y a un flechissement, une disparition de securite
de la part de l'empereur. L'Empire ne resistera plus. L'empereur
latin n'est plus de la famille de Baudoin ; tutele a un certain
6 Declaration de Jacques Tripolo, ,cum jam Gallorum potentia evansceree; Ibid, p. 341.
6 Ibid.
Imperil Latinorum viribus debilitatis i ibid., p. 367.
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N. lorga
56
(secoactiaithc) du 8 juin 1265, it accorde aux Venitiens des privileges tout a fait extraordinaires. Venise s'engageait a ne pas soutenir les ennemis de l'Empire, parmi lesquels apparaissent les
1 Ibid., p. 374.
2 Cf. Dandolo, pp. 382, 388, note.
Tafel et Thomas, ouvr. cite, III, p. 376 et suiv.
4 Ibid., pp. 370-373.
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Venise dominante
57
'
Dandolo, p. 379.
Ibid., p. 133 et suiv. llne nouvelle treve, en ,1177', est mentionnee par
Dandolo, pp. 393-394. En 1285, dans l'acte d'une nouvelle trove, on accorde
le droit de passage a ceux qui en rapportent du ble ; ,qui venerint a Mari Majori cum navi vel aliquo ligno .. cum frumento vel blade ; [bid , p. 322 et
suiv. LIne attaque des Venitiens a Mdsembrie parait devoir etre relide a cette
guerre du bid; Dandolo, p. 366. Sur le bld de la Mer Noire, de Mesembrie et
d'Anchiale et les peaux de Gazarie, Coinmenioritai, I, rip. 214-215, no. 209.
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N. lorga
C'est, sans doute, une des plus magnifiques situations dont Venise ait jamais joui dans ces regions orientales soumises a Pau,torite de l'Empire.
Mais, des 1251, quand des mesures sont prises pour defendre
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Venise domtnante
59
et a Phocee aux mines d'alun, mais a Caffa, en Chypre, en Avmenie, a Sasno et, en suite d'une nouvelle victoire contre Venise,
a Tunis, pour en arriver_au defi genois de Chioggia et a la victoire
de Pisano sur leur superbe (1299)1.
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N. lorga
de la collection Hurmuzaki", sur la base de nouvelles decouvertes, et, plus recemMent, dans un autre memoire public
par l'Academie j'ai esquisse la carriere in.teressante de ce pretendant au trove de Moldavie, Jean Bogdan, dont, it y a tune quaran-
qui se rendait pres de Henri IV, tart etait grand, chez eux, le
sentiment de la solidarite chretienne" (Francis De Crue, RelaHops diplomatiques de Geneve avec la France, Henri IV et
les deputes de Geneve, Chevalier et Chapeaurouge, Meanoires de la Societe d'Histoire et d'Archeologie de Geneve", VII-e serie, tome V, livraison 2, Geneve, 1901, pp. 347-348).
Cherchant dans les Archives genevoises, M. Courtois a decouvert
ces documents concernant le subside mentionne plus haut:
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(s) Gautier."
(Comptes, mandats, quittances, Hasse XX, Mandats, piece 132.)
',$) Gallatin".
M. Courtois ajoute:
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N.lorga
62
je sache, inedits. Its sont ecrits. les No. II-IV dans les Registres ou
sont consignes les proces-verbaux et arretes du Gouvernement genevois, lequel tenait sance chaque jour au XVI-e siecle, sauf empechement ou inopportunite; quant aux Nos V-VI its se trouvent
dans des liasses ficelees et non reliees. Etant peu familier avec recriture du XVI-e sicle, je me suis adresse a M. Charles Roch, archiviste, dont l'aide a ete efficace. Les originaux presentent quel-
sol" pour soleil", Sr." pour S-ieur", dont je n'ai pas song a
compliquer ces copies; it faudrait une photographie pour rendre l'aspect de Foriginal."
J'ajoute que ces mentions confirment que seulement en 1594
Jean Bogdan se presenta a Paris. En septembre 1591 it quemandail des secours a la Haye et a Amsterdam, en octobrc it &tail
a Anspach (Hurmuzaki, XI, p. 239 et suiv.).
Jean Bogdan a ete presente aussi dans nos Aventuriers orien-
trent que la signature de la premiere petition au roi de France, t 'ffkriiarl BoO6ok; iv Afoi,cia.P.Ac:c, est celle du fils de cet as-
N. lorga.
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les fontaines et les kiosques (pp. 27-28). L'interieur est ornemente it la fa9on Louis XV, par des vauriens renegats". A tout
prix et malgre le risque, le jeune artiste visite les kiosques im-
N. lorga
64
comment l'imperiale dame s'y prend pour faire venir son epoux.
65
une invitation &rite a interrompre les fouilles pour ne pas attirer sur l'ile la colere du ciel. Un fonctionnaire turc s'en mele
qui avait ete a Oxford (p. 56). Les marbres seront confies
Gropius, un type connu.
Le recit s'arrete sur des querelles entre l'archonte d'Athenes
et le Pacha de Negropont pour des demandes d'argent. Le Pacha arrete et retient des marchands de fromage albanais. Le
voevode de la vine croit que Marseille represente des jardins
de Londres. Ve li a passe par Athens dans un palanquin
d'or". On lit chez les primates la proclamation de Napoleon sur
la naissance de son fils. Excursion a Pleusis.
Apres quelques jours passes a Zante, oft on trouve les soldats
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66
N. lorga
qui attend les gouverneurs francs" pour commencer une revolution. Tel chef a mille hommes sous ses ordres incontrolables.
Vers Sparte on se dirige par des chemins que frequentent les
patres souls. Par Tripolitza et Nauplie, retour a Athens.
De la Cockerell ira, vetu a la turque, on Crete, avec North, le
futur lord Guilford. Les Sphakiotes avaient perdu leur liberte
quarante-trois ans auparavant. Visite du labyrinthe. Quelques
pages sur file de Chio. Puis le sejour a S.myrne, a Pepoque du
carnaval, tres mouvemente. A la recherche des decouverles archeologi pies, la compagnie, bientot de beaucoup diminuee, se
dirigera sur Pergame.
Des remarques interessantes abondent aussi dans cette partie
du voyage. On -wit la population grecque, industrieuse, prosperer sous le regime de Karaman-oglou, un administrateur extraordinairement bon", excellent policier contre les brigands (il
dil preferer aux Turcs les Grecs, qui payent sans murmurer);
des Grecs de Moree viennent se fixer dans sa province. Personnellement Cockerell, qui n'aime pas la nation, les trouve insolents et vaniteux d'une facon insupportable". Au contraire, les
Turcs soot une race douce et hospitaliere, mais bete. Il payent
meme plus que les Grecs... De fait parfois iN osent exprimer
ouverleinent leur desir que les Francais ou les Anglais prennent possession de leur empire, car ils vivraient mieux entre
les mains de n'importe qui que dans celles de leurs propres
compatriotes. Et rien ne serait plus facile que d'en prendre
possessi m. Dans Lout mon voyage je n'ai vu qu'une seule
forteresse, et celle-la petite, totalement incapable de resister a
une force roguliere." Il n'y a pas meme, comme en Moree, la
defense par la montague (p. 142). Et quelle glorious country" du cote de Sardes! Kockerell y dessine le temple ionien.
Philadelphie, Ak-Chehr, est la ville la plus abandonnee que
j'eusse vue" (et vingt-quatre eglises...).
Le voyageur verra Magnesie et Ephese (Aiassolouk), of it
n'y a pas plus de quinze maisons habitees". Dans ces regions
un Russe, Monsieur Marschall", qui s'interesse a l'archeologie.
Plus loin le Pacha nlis-Oglou", encore un grand patron des
Grecs" p. 162). A Rhodes, le gouverneur, Hassan-bey, construit
des vaisseaux pour le Sultan et en conserve un pour ses propres exploits de pirate (p. 163). Arra. a Castelrosso, puis a
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67
Myra. Adalia ou Satalie, Alaia, Selinonte, Anemour, Porto Cavaliero fureut visitees tour a tour, puis Selefkeh, Gorigo (inscription armenienne, mines d'eglises, tombeaux), Mersina, Tarse
et Lajazzo. Le compagnon de voyage est maintenant Beaufort,
le geographe. Retour vers Malte.
teur partira pour la region interieure de la Grece continentale, Thebes, Delphes, etc. Bronstedt est depouille par les voleurs
it
Janina (p. 234 et suiv.). Dans la ville on fait des affaires comme
a Constantinople, plus de 2.000 boutiques (jadis en 1787, cinq
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N. lorga
68
epistolary supplements-,
Londres).
bitants, on commence des travaux de modernisation. Jugement politique de Kolokotronis, dont la biographic est donnee.
De Nauplie on va a Argos: la Moree interesse pour son pass
hellenique. La medievale Mistra du tout. Mais, au retour, la politique grecque, avec l'action de Maurocordatol de Kolotis est
aussi touchee.
69
des missionnaires de sa nation. II passe dans l'Archipel, visitant les Iles une a une. A Pathmos le monastere est abondmnment decrit. L'Anglais trouve que toutes les eglises grecques sont
it aime
ii
70
N. lorga
84).
nerables. Un horaire d'omnibus indigne. En chemin on rencontre le roi Othon, un jeune homme aimable"; l'opinion de
l'Americain est qu'il a gaspille l'argent de l'emprunt sans avoir
rien donne a la Grece. Des eloges pour la reine Arne lie.
Une visite chez le ministre d'Angleterre, Dawkins, un haultory, retenu sous une administration whig, parce qu'il est indispensable". II repond a l'observation que les tats Unis n'ont
pas mente un consul que Hill le remplace avantageusement, tant plus qu''un ministre plenipotentlaire". Une excursion au
Piree fait voir au voyageur les deux belles lilies du regent bavarois, comte d'Armansperg, qui epouserent deux Cantacuzenes
et 'survecurent tres peu a leur mariage.
A Nauplie, les souvenirs du president Capodistria; sur les
71
Constantinople l'occupe pendant longtemps, Il y est conduit aussi par le missionnaire americain Dwight, qui le mene
chez le commodore Porter et sa' soeur, encore des compatriotes. Je ne peux pas decrire la satisfaction de ces rencontres
d'Americains si loin de leur patrie. Je l'ai souvent ressenti plus
fortement dans les maisons des missionnaires d'Orient." Le
rocking-chair de Boston le rend heureux. Si Eckford, le conseiner naval du Sultan, est mort, Rhodes, de Long Island, son
continuateur, poursuit la meme thehe; it porte le tarbouch", tout
en restant tres visiblement Americain, Le lendemain le Sultan
N. Iorga
72
or the Journey of the Frangi, a crusade in the East, New:York 1865, part de Naples en septembre 1851. Le mois suivant
it est a Athens, oh it s'occupe de l'hotel et, en bon humoriste,
it refuse de decrire l'Acropole. Les Grecs degenores" ne l'interessent pas plus que les rues irregulieres et etroites, couvertes de poussiere ou de boue, les chaumieres d'argile; l'etre
humain lui paralt robuste et beau, sauf les females. Le roi
et la reine viennent voir un spctacle d'equilibristes allemands,
le roi un petit homme, avec une petite tete et une petite face...,
pAle, laid, aux yeux noirs, aux cheveux noirs, a la moustache
noire et un visage fres maigre..., extremement incomplet (unwholesome) comme esprit et physique", malgre son splendide
costume grec; au contraire, la rein; en ecuyere, paralt pleine
de vivacite et d'un aspect gai". A Washington City, que j'ai
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73
ge, A year with the Turks or sketches of travel in the European and Asiatic dominions of the Sultan.
Il veut donner une impression exacte des regions qu'il a
traversees. Les Turns doivent etre defendus contre certainies
accusations courantes, comme celles comprises dans un livre
recent, celui de Michelson, The Ottoman empire and its resources.
muniquer certains des arts utiles inconnus a leurs conquerants mains civilises". II lui semble cependant que ces paresseux ne peuvent etre menes qu'a force de coups, pour que, en-
74
N. lorga
Us, actifs, et souvent d'une intelligence naturelle". Its chantent bien, mais ils boivent. Leurs pretres ne valent rien. Les
peintures des
de cimetiere le font penser aux tabous de la Nouvelle Zelande. Les aspects de la nature et la richesse des champs lui
arrachent des lignes d'admiration. Et it finit pas reconnaltre
qu'il a appris tout cela par des excursions en Transylvanie
le loneg de la frontiere, par la conversation d'un ou deux des
pretres les plus intelligents" et par une promenade A travers
la chela Cladovei".
A pres ces chefs d'accusation contre les Roumains, a peine
apercus, recommence la description du voyage: Vidin, Nicopolis, ou on vend les marchandises de la Valachie (A cette occasions est cite pour la premiere fois le curieux livre, paru
Londres en 1630, qui presen.te les voyages, en, grande partie
imaginaires, de ce capitaine John. Smith, dont l'oeuvre en Amerique meme a ete remarquable), Svichtov, Roustchouk, oil descend le Turc. Giurgiu, en Valachie, n'est qu'une pauvre bourgade, comparee a sa voisine sur la rive turque. Une scene de violence entre un jeune Italien et le janissaire (l'Arnautel) de Ghica,
qui s'en mele, occupe deux pages pour montrer encore plus
l'insolenoe du boiar valaque. Il est question aussi d'un Juif de
Valachie, qui participe au discredit si largement repandu sur
le pays.
75
des marchands tures. Excursion a Kandili, avec Layard luimeme, le grand archeologue, et avec un autre Anglais.
Hans Wachenhusen fait son voyage, publie dans la Conversations- and Reisebibliothek" en 1853, Von Widdin nach
Stambul, Streifzuge durch Bulgarien and Rumelien, Leipzig,
a partir de juin 1853, au moment oil les troupes de Calafat
et de la Petite Valachie en general se dirigeaient deja. vers
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76
N. lorga
lonais Klitsinsky, comMandant de Choumla (un autre Polonais, Kuczkowski, commandait l'artillerie), un docteur Redenbacher et le peintre Sutter; auberge hongroise. Visite chez le
generalissime Omer-Pacha, p. 74 et suiv. Sa femme, ancienue
gouvernante allemande chez un bolar de Bucurest; p. 78. Un
frere chretien ayant servi en Pologne. Waahenhusen va aussi
chez les allies. Il sera bientot A Varna.
'17
Le societe est jolie; l'influence frangaise domine tout. Un niveau de gout et de civilisation absolument inattendu dans une
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N. lorga
7i3
rations generales sur la Turquie. La description de Constar.tinople est, au debut, tres coloree, mais assez breve. Le voyageur passe ensuite aux regions 'cle 1'Asie et a l'Egypte, qui formen!. sa principale preoccupatiOn. A la fin, des pages de simple
Il s'agit, aussitk, de la visite de Fran9ois-Joseph a Constantinople. Le voyageur voit la revue de Beuyouk-dere, d'une
splendeur inacooutumee" (p. 26). L'empereur-roi est accom-
pagne de sa garde A la figure martiale, voire dure et rebarbative". La mission suisse est revue par lui. Je crus pouvoir distinguer un ton d'affection sincere dans la voix de rempereur d'Autriche q-uand it parla de notre patrie, ce berceau
de ses anc'etres, lequel it n'a du reste encore jamais vu" (p.
29). De la a tin caf-chantant" turc it n'y a qu'un pas. Les
grands seigneurs tures prennent un plaisir extreme It ces
soirees musicales et poetiques auxquelles se joignent des tassel
d'un excellent caf." Revilliod est genereux avec les artistes,
auxquels, comme it y a parmi eux un poke, it fait present
d'un echantillon cle ses vers; i1 leur devint familier, biers qu'ils
eussent ignore jusqu'au nom de la Suisse. Le poete turc s'offre
a reciter des poemes de rinfortune Djem, ce frere si connu, du
celebre Bajazet". Banquet de la colonic suisse. Audience chez
le Sultan, a Dolma-baktche. Abdoul-Aziz parait, d'aspect modeste", dj grisonnant. C'est l'auteur qui lui fait le compliment; la reponse, lourdement acoentuee, est celle-ci: Je re
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79
Mercie le Conseil federal de m'avoir envoye des gens aussi distingues" (p. 38).
Depart sur l'Anna Smith, lone dans ce but: hardi petit navire", mais passableinent incommode. Rhodes est entrevue de
loin. On arrive a Alexandrie apres quatre jours et une nuit de
voyage. Les deux canons du vaisseau minuscule saluent la terre
de vingt-deux bordees. On ne sera pas loge chez le khedive luimeme, mais c'est lui qui paiera les frais a l'hOtel. On ira de la
dans les environs. On visite le Serail, la place de l'Hippodrome, le grand Aqueduc. Une gracieuse description des cimetieres, avec le laurier qui s'eleve de la poitrine d'un savant
moufti. La Kahrieh attire la compagnie par ses belles mosaiques.
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N. lorgit
80
Apres des pages sur les Dardanelles, un chapitre est consaere a Constantinople. L'Americain passe en revue les curiosites de la ville imperiale. Les quelques details sur le Serail.,
sur St. Sophie, etc., sont biers cojinus. Mais devant la mosquee
d'Ortakeui le visiteur voit le Sultan Abdoul-Aziz versant pour le
priere du vendredi (pp. 440-442). Il est grand, fort (stout), avec
une barbe grise pleine, en general d'un bel aspect". Une histoire d'aventures sentimentales s'intercale.
Suit un nouveau voyage, a Athens. Salonique est vue en che-
81
en Turquie, europeenne et asiatique. L'auteur est indigne d'abord, en 1876, des cruautes turves et aussi de rinsolvabilite
de 1'Empire ottoman. Il vent contrOler lui-meme, les accusations.
II part de Marseille, ayant sur le bord une jeune fine grecque, arnie de Mme Ignatiev" (p. 2). Arrive a Smyrne, it en nepart pour Constantinople. Description superficielle de ses incidents dans les hotels et les caf-chantants. Un chanteur populaire deplore le sort du Sultan Abdoul-Aziz. On discute s'il
a ete ou non assassine. L'auteur fait la connaissance d'Eugene
Schuyler, l'historien de Pierre-le-Grand, de Gallenga, correspondant du Times, de Sala, qui est celui du Daily Telegraph.
Des Armeniens ne &siren" pas etre conquis par les Busses, pour
11 y a vingt-cinq ans, un Italien, Adolfo Tossani, presentail le recit d'un voyage en Roumanie sous une forme rom.anesque destinee aux enfants de son pays (Dalt' Arno al Mer
Nero, impressioni e ricordi, Turin, etc., [1907]). De Fiume it se
dirige vers Budapest d'abord
et, d'apres son systeme, it
Mae, a tout moment, des dissertations politiques et nationales a l'usage de ses jeunes lecteurs (les cartes ne manqueant
pas, a cote d'honnetes esquisses). Breve description de la Transylvanie. Tossain traverse en train les Carpathes, qui envoient
jusqu'a la fenetre du wagon les rameaux fins de leurs sapius.
Des bouquets de fleurs offerts par les paysans a la frontiere.
Villages tout blancs" de la Valachie. Arret a Bucarest seule.
Le voyageur pretend avoir lu une Histoire de la Roumanie,
&rite en francais, livre de plus de 700 pages, avec une grande
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N. Iorga
N. Iorga.
remarquables qui eussent paru sur les rapports entre l'Europe et l'Asie paienne et musulmane pendant les dernieres
armees.
Le chapilre d'introduction contient un jugement sur les croisades, oft it y aurail. a redire, in.algre les reserves que s'impose
l'auteur lui-meme: le phenomene est encore plus complexe et
le role des preoccupations ideales doit etre reduit encore plus.
On connaissait par les marchands et par les peleriu.s tout ce qui
etait en Orient bien avant l'arrivee des gyrovagues" de Pierre
l'Hermite et des seigneurs en quete d'aventures. En grande partie
la premiere croisade fut un calcul normand. Le zele mission.-
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talent pas avant la fin du XIII-e sicle (voy. pp. 18, 26). La
description des Tatars, prise dans plusieurs sources contemporaines, manque un peu de nettete. L'emploi des etudes de
M. Cahun aurait pu preciser les contours. Je ne croirais pas
que leur religion, composee seulement de rites, fat aussi accueillante pour les cultes strangers. Il y aurait eu a chercher
dans l'historiographie russe sur la bataille de Kalka. Les idees
dominantes des Tatars ne leur appartiennent pas: ils sont de
vulgaires &eves de l'empire de la Chine.
L'auteur presente les interventions frequentes des chefs de
la chretiente orientale dissidente aupres des maitres supposes
du monde catholique, en premiere ligne le Pape (p. 32 et suiv.).
Il esl Bien possible que la terreur des nouveaux envahisseurs
sal amens les maitres musulmans de Jerusalem a faire des concessions aussi importantes a Frederic II (p. 32).
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N. lorga
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une Moldavie" du cote de la Boheme; lisez: MoravieN: une ancienne etude de Gherghel, en allemand, aurait pu servir encore.
Peinphir, la riviere infranchissable, ne pent pas etre le mediocre Dniester (voy. p. 46, note 1). Le but du terrible raid en
Occident ne doit pas etre compris dans` le sens des guerres de
l'Occident: les Tatars, en dehors du butin, ne cherchaient 'qu'a
obtenir la soumission des chefs chretiens et le tribut. Toutie
la conception actuelle de l'invasion doit etre reprise. Pour la
concfuete ils devaient, de par leur facon de vivre, s'arreter en
marge de la steppe, qui seule leur agreait comme sejour. Dans
cette attaque desordonnee, it faut tenir compte des interets
chretiens qu'elle servait. Nombre de fils de r8glise orientale et
occidentale furent aussi forces a suivre; des Roumains de Transylvanie, avec leurs knezes, sont mentionnes specialement dans
le Miserabile Carmen de Roger; des Tatars et des Valaques"
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barbares tures du Khovaresm I. Quanta l'empire latin de Constantinople, dont on traitera aussi, it n'y avait aucun danger
qu'une nation comme les Tatars s'y etablissent (voy. p. 83).
Il en re,sulte de nouvelles exhortations, vaines, a la croisade et
quelques missions de moines ches les Sarrasins". Les rapports
avec les schismatiques" d'Orient n'ont rien que de commun. La
papaute avait un seul but: la lutte contre le chef de l'Empire
installs en Italie; elle ne, pouvait pas sortir de ce programme de
touts premiere necessite.
La mission de frere Laurent le Portugais et d'un frere Jean
chez les Tatars n'ont pas un but defini: le Pape reproche a leur
roi", dont it ne sait pas meme le nom et la qualite, l'oeuvre de
destruction commise et, sachant qu'ils ne sont pas musulmans,
les invite a entrer dans le giron de l'glise catholique. Il serait
difficile d'admettre que le Saint Siege efit etc capable de faire
la distinction, propos& par l'auteur, entre le chef des Tatars
rester en Europe et le Grand Khan d'Asie, chef de la dynastic
(cf. pp. 93-94).
Le voyage de Jean, accompagne d'un Tcheque et d'un Polonais, est raconte d'abord (aussi d'apres l'article de M. H. Matrod,
dans les Etudes franciscaines de 1913). La presentation de l'am-
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N. lorga
qui concevait une seule monarchic du monde, la sienne, regardait le pontife comme maitre unique de la chretiente (ibid.).
D. est bien naturel que Raton, gouverneur de la Russie, efit
refuse d'ajouter quoi que ce soit a la lettre du Khan1. Pour la
it y a
quelque temps, par M. Pelliot, dans la Revue de l'Orient chre'lien, 1922-1924. Il est interessant de vpir que le Khan, habitu
aux chores de Hongrie, appelle l'empereur Keral" d'apres le
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IV ne manqua pas de les accepter comMe de vrais ambassadeurs, auxquels it confie sa reponse. Rien ne fut epargne pour
mettre en lumiere l'importance de cette mission, employee habilement pour rehausser le prestige du Saint Siege.
Quand Louis IX, chef d'une croisade personnelle, inspiree
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N. lorga
auquel on parlait de la terre donnee par Dieu A eette engeance a beaucoup de chances d'tre authentique: la conception
iNaxuan" (p. 160, note 2; p. 164) est Nakchivan; Aini" (p. 264) la celebre ville d'art Ani. Rocenaldino" est une mauvaise forme pour Rokneddln
(p. 170). Malaha" est Malatieh (p. 172). Mais je ne saurals dire ce qul est
eutendu (p. 173) par Ruispic". Les Hospitallers Teutons" a la page 184, note
1, est un lapsus.
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A l'epoque du voyage de Mathieu et Nicolas Polo it est question encore d'une ambassade tatare, en 1269 (p. 200 et suiv.):
apres etre rester deux ans a Venise, ilg etaient revenus a Acre,
mais un nouveau Pape les attira de nouveau en Europe. Le
voyage de Marc Polo sera analyse ensuite.
L'auteur appelle l'intervalle entre 1270 et 1281 l'epoque des
efforts pour la collaboration tataro-chretienne". Il est question de la croisade francaise de Tunis et de celle du prince
Edouard d'Angleterre, de la politique de croisade inauguroe par
Gregoire X (11 y aurait eu des envoy& tatars au congres de Lyon,
en 1274; p. 219 et suiv.). L'auteur admet, comme il est dit dans
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N. Torga
boudhiste, it fut un ami des musulmans et le premier perseKurudjia (p. 279, note 3) est kirichdchr, chevalier.
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europeeh. Il n'aurait pas pu non plus etre au courant des divergences religieuses dans la chretiente. Mais la royaute d'Aragon, qui se trouvait, le lendemain, de l'occupation de la
Sicile, au milieu de toute une action dirigee vers l'Orient, cette
royaute qui entretenait des rapports ininterrompus avec Tunis, paraissait prendre tres au serieux l'idee de la croisade
et, par consequent, du pacte d'armes avec les Tatars (voy.
pp. 333-34), mais ceci ne l'empechera pas de pratiquer une
politique d'amitie avec les Sarrasins" d'8gypte (p. 334 et
mote 1). Tres curieux le projet de croisade feminine, forme a
cette poque par des dames de Genes, qui avaient elu comme
principal capitaine Benoit Zaccaria (pp. 334-336). Il y eut une
vague expedition genoise en Orient, mais sans les dames.
Dans les offres tatares, qui continuent, it y a sans donte la
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N. lorga
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cesse moleste par les Sarrasins, eut aussi sa part dans ces relations tataro-chretiennes.
L'auteur n'est pas trop chaleureux pour le premier des Papes
911
La partie qui presente la situation de ce khanat par rapport a celle des regions orientates soumises aux Tatars est excel-
tales, Makrizi, Novairi. L'alliance avec, l'Egypte contre les autres Dchinguizides est fortement soulignee. Mais le role de Nogal et de Toktai en Bulgarie n'est pas mdme touch. Et, quant
au role des Tures ottomans au commencement du XIV-e sie-
Les Neugerir (pp. 417-418) sont les Noges. A la page 427 mauvaises orthographes Loktok pour Lokietek, Maladino pour Mladin.
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N. lo'rga
g4
Ull chapitre est consacre aux rapports des Tatars avec les
colonies italiennes des Mers Noire et d'Azov. Entre les produits asiatiques obtenus par la Syrie et ceux du Nord (pelleteries,
dents de poisson'',
bid)
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Venise entamerent les memes negotiations avec le Khan. Suivent des notes sur le commerce de Trebizonde, enrichie par
le voisinage de Tebriz, capitale des Tatars de Perse, p. 432 et
suiv.
Un chapitre est consacre. aux missionnaires. La Cummagena" de la lisle des monasteres franciscains du cote des Tatars,
ne peul pas etre la Commagene, qui est une province en Asie
et chef de tout un groupe de six eveques destines a catechiser ces regions (p. 511 et suiv). Un archeveque de Sultanieh
fut tree, pour les Dominicains, a ses cotes en 1318 (pp. 514515)1. Une partie de ces prelats etaient dja morts, lorsque,
I Y a-t-il une Jana in India' (p. 525, note 1 ; p. 531 et note 3, p. 558,
560, note 1 p. 561, note 2)? 11 paralt blen gull faille l'admettre.
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N. lorga
en 1338, une nouvelle mission des Tatars d'Occident se presenta au Pape (p. 535 et suiv.). Urbain V envoya de Saral
Cambalech, en 1369, le frere franciscain Come (pp. 537-538).
Separement sont presentes les rapports de la Papaute avec
l'Etal tatar de la Transoxianie, le medium imperium (p. 538
et suiv.). Revenant au Kiptchak europeen, la civitas de multo,
dont parle la lettre papale publiee par Theiner (p. 544, note 1),
n'est guere en Tartarie; depuis longtemps nous avons corrige
ce passage comme civitas de My lco", Milcov, entre la Mo ldavie et la Valachie, (Ana avant l'invasion des Tatars la residence
en terre rouinainc d'un eveque catholique et hongrois. Sur
le bapteme d'une femme de Nogai, Jay lac, pp. 544-545. Toktai se serait-il fait baptiser? Malgre les preuves accumulees
it esl permis d'en douter. L'auteur est, du reste, aussi de cet
avis (pp. 547-548).
L'ouvrage, muni d'une large table des noms, de tables genealogiques et d'une carte, rendra sans doute de grands services.
N. lorga.
COMPTES-RENDUS
Steven Runciman, The emperor Romanus Lecapenus, Cain bridge 19291.
g:naire; ce n'est pas un sobriquet, comme pour d'autres empereurs Heliopolis donl le font venir des chroniques italiennes,
comme les importanles Anna les de Cava ou la chronique de
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Comptes-rendus
97
par les voisins slaves a Venise, le second est en. relation avec
le terme slave pour lac": iezero. Je ne comprends pas trop ce
que peut signifier Slavesians" oppose a Slaves. Le rapport de
ties Slave: avec 1'Empire est le meme que celui des Vlaques de
Thessalie, au XI-e siecle, sous un Nikolitzas; ils font partie du
groupe des autonomies byzantines. Its payent le tribut et un
subside. Les brigands slaves de Liutprand (p. 75) sont sans doute
des Valaques de montagnes pres de Thessalonique. Le chapitre est &Hu avec beauooup de verve.
Le cinquieme traite de la guerre bulgare". Il est nature]. .que
;13.
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98
Comptes-rendus
Sur les nations de la steppe" un autre chapitre. L'ancienne place de sejour des Magyars n'etait pas sur le versant
oriental des Carpathes" (p. 104), mais bien dans le Boudchak,
au Nord des embouchures du Danube. Arpad ne passa pas
par les defiles des Carpathes: it les tourna au Nord (p. 104).
Je ne vois pas les co- Hines (sic) de Transylvanie partagees entre
les souverains moraves (?) et les Bulgares" (ibid.). Les Magyars passerent les defiles des montagne,s a l'Ouest transylvain
vers 1100 a peine. M. Runciman n'est pas informe sur le charac-
tere et la valeur du notaire anonym.e", principale source magyare sur cette poque. En parlant de la poussee magyare vers
''Occident, it pouvait se rendre compte que 'Invasion simultanee de la Transylvanie kali une impossibilite (voy. p. 104). Je
n'ai pas rencontre de source authentique montrant les bandes
magyares en Andalousie (voy. p. 105). Je ne peux pas croire
non plus aux Magyars restds du cote de Durazzo: aucune bonne
source n'en parle. D'autant moms de la presence de ces envahisseurs a Andrinople, qui serait l'Hydropolis" de Thu/5u (XIV-e
siecle... Ranzanus est du XV-e...) La Valand.er" de Magoudi doit
etre du cote de Belgrade, le gue des Magyars (voy. pp. 105-106).
Marquart pensait a Develtus Combien, cependant, la geographie, surtout la geographic .vue, est utile pour l'histoire...
Ici, M. Runciman s'en. apercoit. Et cependant it penche vers
'Identification, tout en proposant Avlona, au fin fond des Balcans, sur l'Adriatique. Les doutes sur l'origine du mot ogre"
nve paraissent (voy. p. 108, note 2), Moins faciles a &after.
Il esl stir que les Petchenegues etaient des Tures (cf. ibid.).
I
Pour les Busses Nestor est une base moms bonne que ne le
croit l'auteur. Les traites qu'il rapporte sont meme sujets a caution, malgre leur forme tres seduisante (voy. aussi son observation, p. 110, note 3). Les souls renseignements valables sont
ceux des Byzantins et de Liutprand. ComMe d'habitude, l'auteur ne vent pas recourir aux travaux modernes, qui pouvaient
dependant lui dormer une meilleure direction.
Les pages sur les Khazars sont de beaucoup superieures. Coumans et Ouzes sont une seule et meme nation. Cherson represente une de ces autonomies dont Byzance abonde; ses npurcet5ovug
t omptes-rendus
99
Elle est fix& avec soin (pp. 121,-123). Les differents raids
arabes sont presentes minutieusement. Une juste description
de l'Armenie au X-e siecle est sans doute la meilleure partie
'du livre, et la plus belle. Sur l'Armenie l'auteur revient
dans le chapitre VIII. Apaseius est Abaza, en relation avec les
anciens Abasges (voy. p. 159).
Le chapitre IX parle de l'Italie byzantine. Ici encore la partie plus utile est celle qui concern la frontiere (p. 179). M.
Runciman reconnalt ici la politique byzantine habituelle de
respecter les institutions locales" (p. 180). Chacun des petits
!tats est presente avec soin. Une autonomic comme celle de
Cherson ressemble a celle de la Sardaigne en Occident (ipx(ov,
)aXeuacg, titre de protospathaire, inscriptions grecques; le ti-
ricum". Cattaro n'a pas pu etre sous la juridiction de Raguse" (p. 203 note 1). Arba est Arbe. Pour l'organisation de
la Serbie, rouvrage fondamental de Jireeek dans les Memoires de l'Academie de Vienne n'est pas employe (il manque
.*.
' Ce qui &pare cet ouvrage c'est la rudesse de la critique envers des savants aussi respectables que MM. Diehl et Vogt. Le premier est generalement
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Comptes-renaus
C'est un bon travail de synthese qui comlnence par presenter le role d'Amalfi. Suit e,elui des Normands, aussi par rapport
a la Terre Sainte. Une partie de cette exposition, celle concernant
devaient en rester a sa dynastic. Vient l'exposition du grovigil di cessioni e retrocessioni"- que signifie l'histoire de l'Achaie, oil les Angevins avaient acquis des droits. Ne sont pas
oublies les rapports avec la Hongrie, les Balcans (les Serbes
ne furent pas gagnes an XIV-e sicle" A. la religion chretienne),
avec l'Orient mussulman (le travail de Richard Sternfeld sur
la croisade de Tunis aurait pu servir a l'auteur). L'activite de
commerce des Italiens du Sud avec l'Orient est notee ensuite.
Avec raison elk est expliquee par l'impossibilite d'une expan,sane", pour le dernier: four pages that are unbelievably full of unwarrantable
errors"; p. 5; it is difficult to see why M. Vogt should trouble to invent so
much" ; p. 5, note 1. Telle assertion de M. Laurent est un fantastic nonsense" (p. 165, note 2). Mgr. Duchesne (pas Du Chesne) est accuse de ne
pas donner ses sources (p. 195, note 3). 11 y a meme une protestation contre
es chefs de Pecole croate (p. 200, note 2); voy. aussi sur leur patriotisme",
pp. 2 )5-210 ; sur leur maniere fashionable", p. 2'0, note 4.
Meme pour Gibbon, dont Pnombre noire", les sweeping epigrams and entertaining sneers ", le gibbonesque cant" ne sont pas excuses par l'esprit de son
dpoque.
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Comptes-rendus
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Gennaro M-a Monti, La storia dell' Albania e le sue fonti napoletane (extrait des Studii Albanesi", I), Rome, 1931.
L'auteur rappelle l'assaut normand, venu des Deux Sidles.,
pour la conquete de l'Albanie et de la Thessalia, a la fin& XI-e
siecle, puis le second elan conquerant, conduit par Roger II a
la moitie du XII-e sicle, et la tentative de la fin de ce meme
siecle. Il passe a la domination albanaise de Manfred, qui l'avait
revue comme dot de sa femme, la princesse byzantine Helene,
venue du despotat plutot albanais" des Comnemes et des Anges
d'npire, dont le souverain, Michel Ange II, avait donne une autre de ses filler au prince d'Achaie.
Les Cumans qui oombattirent, a cote des Grecs, a la bataille
victorieuse de Montaperti, d'apres Del Giudice, La famiglia di
re Manfredi, Naples 1896, pp. 24, 26-7 (cite a la page 14), ne,
venaient pas des environs de la Serbie", mais de la rive gauche du Danube et sous ce nom peuvent etre caches les Raumains, jadis leurs sujets. En 1272 (21 fevrier), Charles d'Anjou,
vntnqueur de Manfred, cr.& pour lui-mime le royaume d'Alwww.dacoromanica.ro
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Comptes-rendus
banie. Belgrade attaquee par les soldats de Charles I-er est celle
sur l'Adriatique, Berat (voy. p. 17). Le recit va jusqu'aux projets d'Alphonse d'Aragon.
*
sent& et d'une precision inkgalable. Certains mauvais resultats d'une expropriation rurale mal preparee sont signales sans
reserves, mais d'autres motifs aussi sont invoques pour expliquer la crise actuelle. On lira avec plaisir aussi ce qui est dit
sur les lettres roumaines. Suit un chapitre sur les beaux-arts,
la musique et la culture" (relevons parmi les erreurs, explicables, celle qui fait du diocese grec de Stavropolis une personae;
p. 157). Pour les mocurs, l'auteur s'occupe d'abord de la bourgeoisie: la critique n'y est pas toujours de bon alloi. Pour les
superstitions populaires les guides ne sont pas toujours les plus
stirs. La discussion sur la latinite" des Roumains est au moms
incompetente, nOgligeant la frequence des termes; it suffit de
dire que M. Terruzzi, qui montre la valeur, infiniment superieure, du vocabulaire latin, croit que c'est par la latinisation
voulue des lettres du XIX-e siecle que la langue roumaine est
devenue latine (pp. 214-215). Il est question aussi des minorites. Quelques feuilles de route a la fin.
*
Comptes-rendus
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Marbod, Attila).
Comptes-rendus
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cans" (p. 63): ce seraient eux qui, transmettant une forme europeenne, creent le style ceramique hittite" (p. 64). M. Chrisr
tiara lui aussi ne pense pas aux survivances locales de rantique repertoire des Susiens" (ibid.). Ce qui suit dans l'etude
de M. Christian sur certaines ressemblances europeennes avec
le style de Suse, non plus que les observations, recentes, de M.
Vladimir Dumitrescu, n'infirment pas sa thoorie (cf. p. 65 et suiv.).
L'arrangement est tout a fait pratique, des articles cumulatifs etant donnas pour des revues comme l'Esprit International", pour des questions comme le drame de Seraievo, pour des
situations economiques et pour les budgets.
Quelques biographies utiles sont ajoutees.
La table alphabetique contient des erreurs. Certains renvois
manquent et parfois les noms sont fourvoyes (p. ex. Lencoulesco pour Iancoulesco).
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Comptes-rendus
1Q5
Vernon John Puryear, England, Russia and the Straits question, 1844-1856, dans les Publications de l'Universite de Californie
(Berkeley-California, 1931).
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Comptes-rendus
Comptes- rendus
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n'est pas un Grec de Transylvanie") (no. 620). Il n'etait pas necessaire de s'etendre sur le gros ouvrage, bien connu aussi, de Sulzer
sur la Dacie transalpine" (p. 624). Mais it aurait fallu dire que la partie
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108
Comptes-rendus
Bucarest et Orsova (no. 736). On trouve avec surprise une traduction hongroise, en 1791, du catechisme ortodoxe redige par
Pierre Mogi la (no. 762). Un voyage inconnu, de Christophe Seipp,
1798, no. 789. L'opuscule du medecin francais Chenot, etabli en
Transylvanie (nos. 849, 853), a etc dj etudie par M. Bologa.
Comptes-rendus
f0
T. W. Riker, The making of Roumania, a study of an international problem, 1856-1866, Oxford, 1931.
Excellente etude americaine, fondee sur des documents en tres
grande partie inedits. L'auteur ne connalt que par les livres le
des series Le Patriarcat Byzantin", Corpus notitiarum episcopatuum"), Chalcedon (Kadikeui), 1931.
*
*
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110
Comptes-renclus
n'est connu que par une miniature de deux siecles plus recente.
C'est aussi le cas de la princesse Theodosie et de l'imperatrice
Theodora, du IX-e sicle. Le meme manuscrit d'environ l'an mille
donne un Michel III d'imagination. Une petite et maigre Theophano
parait sur la reliure en ivoire d'un vangile latin de son poque ;
sur un autre, un portraitiste la donne a cote de son marl, dans une
oeuvre de meme technique, qui est etonnante de verite et d'expression. Ce sera aussi le cas pour Romain Digenes et sa femme,
auxquels l'artiste a donne tine vague physionomie de saints
adolescents. La grosse dame en ivoire des planches 94 et 95
pourrait bien etre Zoe (pluteit qu'Irene). On connait le Basile
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Comptes-rendus
lit
Marie. La beaute de la princesse Xenia de France est reconnaissable dans ce ms. du Vatican, oil elle figure avec son fils
Alexis. Et c'est Marie sans doute qui accompagne son mari
dans le ms. de la Barberina (pl. 97). Le Christ benissant, les
anges qui soutiennent les couronnes, le labarum sont de l'epoque.
Un mauvais Theodore Laskaris, de Nicee, dans un ms. de Munich,
appartenant a line poque de decheance et de misere. Encore plus
vulgaire est l'Andronic Paleologue d'un autre ms. monacois. Pour lui
aussi on cherclie a revenir au passe glorieux dans une miniature
qui le met a cote du Christ, sans parley d'une vague esquisse
sur un chrysobulle. Mais le Jean Cantacuzene de la Nationale de
Paris, presente comme empereur et comme moine, est digne du
pinceau d'un peintre italien de ce XV-e siecle. Au milieu des
eveques d'un synode qu'il preside, sa figure est moins claire.
Assez belles pour l'epoque aussi les figures du second Andronic
et de sa femme piemontaise, qu'on connait aussi par un tableau
de la bibliotheque Barberina a Rome.
La mouvement de renovation artistique est evidentie aussi par
les portraits de Manuel Paleologue, de sa femme et de leurs jolis
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Comptes-renciuS
Comptes-rendus3
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Comptes-rendus
domptes-rencius
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resume, le no. 431 ; au no. CLXVII, idem, les nos. 432 et suiv.
Le no. de traduction CCXXII (1544), dans lequel it est question
de l'architecte Pierre de Brasov, qui a fait Peg lise de Coresi",
et qui est invite a en faire deux pour le boTar Vintila, est donne
en slavon comme no. 437. Rsum no. CLXXIII = no. slavon 439 ;
no. CLXXIV = no. 440. La lettre de Mogos (no. 441), venant de
Sibiiu, n'est pas dans Bogdan, de meme que celle du Ban Serban
(no. 442). Les rsums nos. CLXXVI-VII correspondent aux nos.
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Comptes- rendus
OnWtrouvera dans une autre partie des billets de princes inoldaves a partir de 1435. Dans tine troisieme publication de J. Bogdan
ils avaient paru, dans l'original slavon, accompagne d'une version
roumaine. Des actes solennels tires des Archives de Vienne s'y
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Comptes-rendus
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4.
118
Comptes-rendus
sept fois plus grande que celle d'Athenes, ayant des rapports avec
Syracuse, a Feniki (Phoenice), porte monumentale, baptistere byzantin, a mosaIques d'un art vane et &kat, avec des paons
affrontes, au beau tresor du I V-e siecle ay. J. Chr., vent presenter
les premiers fruits des travaux faits par la Mission archeologique
italienne en Albanie. Il s'attache surtout aux premieres traces de
la vie des antecesseurs du peuple albanais actuel.
Parmi les choses tout a fait nouvelles le vetement non-grec de
la femme illyre aux pages 22 et 23. Les similitudes de costume
masculin avec la Sardaigne ont ete dj observees et suggerent des
hypotheses hardies.
Comme conclusions generales, les materiaux decouverts confirment la communaute illyrique, l'auteur dit : ante-illyrique, avec la
cote orientale de l'Italie. Du reste l'Albanie, fermee vers l'Est par les
montagnes, comme ]'observe M. Ugolini, est dirigee vers la meme
mer que l'Italie de l'Est, que les Apennins separent totalement des
regions tyrheneennes (de meme le Portugal, que les montagnes isolent
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Comptes-rendus
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Ce livre, fruit d'une long labeur, est tout aussi nouveau par
les idees qui le dominent que par la richesse de rinformation, jusqu'a la plus menue.
Bek-
tachis, puis des chutes en Asie Mineure (l'auteur donne l'histoire critique de la guerre contre Chah-Kouli en 1509, p. 169 et
suiv.). Sur les canes naturels" p. 175 et suiv. Sur les tombeaux-sanctuaires" p. 226 et suiv. Sur le caractere inviolable du
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Comptes-rendus
494,
Chronlque
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L'interpretation par les Turcs des voyages faith par les Occidentaux, p. 641 et suiv. Toate une serie de pages sur le dragon
qu'aurait tue Dieudonne de Gozon, Grand-Maitre des HospitaHers, p. 646 et suiv. Entre il Dragon" et Dragonet Clavelli it
Stu les Arabes dans le folklore, p. 730 et suiv. Sur la prophetie de la pomme rouge" pp. 73 et suiv. Rhodes, certainement
n'a rien a voir (pp. 739-40).
CHRONIQUE
Dans le Spomenik de Belgrade, LV1 (1931), M. Jean N. Tomitch publie des documents venitiens concernant le Montenegro
et les Bocche de 1735 a 1766. Its concernent aussi les clans albanais voisins, comme les Pastrovitch, les Koutchi, les Klementi. On
voit un pretre e tutu li convenuti" (rassembles en conventus",
alb.: kovent) vecchiardi e tutta la popolazione del Monte Superior del fiume Zenta" qui s'adressent aux giudici e vecchiardi e a
tutto l'onorato stato" (dans la signature : sboro") (p. 25) desdits
Pastrovitch.
Les capi e
64, no.
122
Chronlque
Dans le meme recueil, LV (1931), M. Voulitch presente les monuments de Pantiquite greco-romaine trouves en Serbie. C'est un
recueil tres riche et de la plus grande importance. Tel le pierre
funeraire (p. 8) est pleine d'une delicate poesie hellenique. Parfois le monument est eleve aux frais laisses par le defunt (p.
M. Iovan Erdelianovitch consacre tout un gros livre aux Bounievatz svalaques", smorlaques", catholiques, originaires de Dalwww.dacoromanica.ro
Chronlque
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la-
Maramuras etaient des milites au service du roi, it est bien loisible d'admettre leur presence dans l'armee du roi: ce serait le
premier contact entre Roumains et Italiens du Sud. Le document
II, concernant les audiences chez le roi, montre combien Louis
prenait de mesures pour sa stirete personnelle dans le pays oh son
frere Andre,
celui que pleurera Philippe de Mezieres (voy. mon
Philippe de Mezieres et la croisade au XXIV-e siecle), avait ete
assassins.
Dans le livre de Theodore Cahu, Des Batignoles au Bosphore, Paris 1890, on. trouvera, avec de belles illustrations,
l'histoire d'un voyage fait a travers l'Europe jusqu'a. Belgrade
d'abord, avec des notes personnelles et des anecdotes bizarres
Les usages traditionnels des noces serbes y sont docrits; le spec-
Chroique
124
visite I la forteresse, chez les prisonniers. Des informations copieuses, mais pas aussi sures, sont donnees sur la dynastie des 0brenovitch et le roi regnant Milan. Suit une inspection des Casernes.
et void que les dances bulgares ont aussi leur part. Audience chez le prince Ferdinand, sa mere, la princesse Clementine, etant presente. Les casernes ne pouvaient pas etre
oubliees.
a 'peine traversee, pour arriver a Constantinople, le but Bernier de cette ecruipee. Rien ne manque de ce que le touriste
peut y saisir.
Des Souvenirs de Vanden Montenegro" par M. Charles Loiseau, dans les Affaires trangeres, Recueil Sirey", juillet 1931.
Dans le 4:1)cipos d'Alexandrie, XXVIII (1929), l'archimandrite Aga-
L'Academie de Belgrade Mite une etude de M. Vase Tchoubrilovitch sur la revolte de Bosnie en 1875-1878 (Belgrade 1930).
Les rapports avec la Principaute de Serbie a l'epoque de Garachanine sont largement analyses. L'auteur a eu acces aux Archives
de Vienne. Des publications nouvelles, comme Koltschet, OsmanPascha, der letzte Vezir von Bosnien, Aus Bosniens letzter Turkenizeit du meme, y sont aussi employes, de meme que les docu-
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Chronique
125
ceux qui ont ete employes par Demelitsch pour son ouvrage
Metternich and seine auswartige Politik" (1898).
MM. D. Gusti et Sabin Manuila publient le resultat du recensement de la population du royaume de Roumanie en 1930: La
population actuelle de la Roumanie (Bucarest 1931). Est donne,
en facsimile, le decret et le prospectus du recensement moldave
de 1851. Bucarest a aujourd'hui 631.288 habitants (p. 18). Dans
tout le pays, pour 3.570.399 habitations, it y a 18.025.237 habitants, dont 3.217.149 pour la Transylvanie, 942.072 pour le Banat,
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Chronique
Dans la brochure Exposition d'art roumain moderne a l'occasion de la XXVII-eme conference de l'Union Interparlamentaire,
Bucarest, octobre 1931" (Bucarest 1931), on trouvera, a cote d'une
courte preface, de tres belles reproductions d'oeuvres de peinture
roumaine du XIX-e siecle ; quelques exemplaires de sculpture s'y
ajoutent.
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Chroalque
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C'est un travail tres soign, qui arrive a fixer jusqu'aux derniers details de cette biographic.
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'ChronIque
pourakhan, apres avoir fonctionne comme gardien du BasDanube. A cette occasion est presentee la biographie, toute
nouvelle et appuyee sur les sources les plus diverses, de at curieux personnage. II &all, de meme que le pretendant bulgare
Prousian, fils de Jean Vladislay. Il a commande tour a tour a
Aui, a Edesse et en Mesopotamie, Radomir, parent de l'imperatrice Irene, femme d'Alexis Comnene, cut une activite beaucoup plus modeste.
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