Revue Historique Du Sud-Est Européen, 2, 1925 1

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I

Mail

DU SUIPEST EUROPEEN
PUBLICATION TRIMESTRIELLE
dirlgoe par

N. IORGA
Mmbre de l'Academle Roumalne
Professeur d'histoire universe. l'Unlveraltit de Bucarest
Membre tussock de l'Institut de France
Agree a la Sorbonne, etc.

VOL. II. FASO. 1-4

BUCAREST

JANV1ER-DEOEM BRE 1926

www.dacoromanica.ro

ROUMANIE

II-eme anne, N-os 1-3.

Janvier-Mars 1925.

REVUE HISTORIQUE
DU

SUD-EST EUROPtEN
(Continuation du Bulletin de l'Institut pour l'tude
de l'Europe sud-orientale")
PUBLICATION MENSUELLE
dirige par

N. IORGA,
.

Professeur a l'Universite de Bucarest, Agree a la


Sorbonne, Correspondant de l'Institut de France.

BUCAREST
LIBRAIRIE PAVEL SURU
73, Ca lea Victoriei.

..

PARIS
LIBRAIRIE J. GAMBER
5, Rue Danton.

www.dacoromanica.ro

DIRECTEUR :

N. IONGA
BUCAREST, 8, SOSEAUA BONAPARTE

SECRETAIRE DE REDACTION :

MARINESCU
Maitre de conferences a l'Universit de Bucarest.
12, STRADA ROMANA

Ide
..0

r: SOMMAIRE:
I

....

Articles. N. lorga: Une nouvelle histoire

l'Empire byzantin. C. C. Giurescu: Les


manuscrits roumains de la Bibliotheque Nationale de Paris. N.
Ilorga: Une nouvelle theorie sur l'origine des Roumains.
Compte-rendus sur : Constantin C. Diculescu, Heinrich Ritter
von Sibik, Gustav Weigand.
Chronique.

Sc

i
1

allummoseassameseaseusi

Imprimerie Datina RomAneascA"


VAlenii-de-Munte

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REVUE HISTORIQUE
DU

SUD-EST EUROPEEN
PIIBLIEE PAR N. IORGA, PROFESSEUR 1 L'UNIVERSITE DE BEICIANLEST

II-E ANNEE) N-OS 1-3.

JANV1ER-MARS 1925.

Une nouvelle histoire de l'Empire byzantin 1.


C'est une des publications les plus importantes, les plus solides et les plus durables que celle qui nous a 6t6 donn6e sous
le patronage d'un savant comme M. Bury dans ce quatrieme
volume de la Cambrige Medieval History" par un groupe de
collaborateurs de diffrentes nations, de M. Diehl, de l'abb
Vogt, de feu Chalandon et de M. Macler, de M. Brehier aux
byzantinistes anglais, sir Pears et M. Miller en tete, aux orientalistes de la mme nation et jusqu' des Slaves comme M.
Kadlec de Prague et M. Vassiliev de Ptrograde (il n'y a pas
de RoumairF, comme il n'y a pas d'histoire des Roumains).
Sous le titre d'Empire Romain", vitant ce titre si commode

et si faux de Bytance,, on nous prsente, non seulement la


continuit au moyen-Age, jusqu' la conquete turque de Constantinoplequi n'est pas cependant l'accomplissement de l'Empire que nous nommerions byzantin-musulman sous des chefs
de la dynastie d'Osman, cet Empire ayant encore presqu'un
demi-siecle a cornbattre contre des formes politiques byzantines
ou franques sur une base byzantine , mais aussi celle de tous
ses voisins. II ne s'agit pas seulement de l'Armnie (il y aurait
eu de la place pour d'autres organisations caucasiennes, bien
distinctes, et des Etats de croisade latine en terre d'Orient europen, jusqu'aux plus mdiocres et passageres de leurs manifestations, puis, aussi, de ces contrefacons de Byzance qui
sont les Empires" slaves, bulgares et serbes, lesquels, n'ayant
presque pas d'originalite nationale, devaient y entre'', mais de
1 The Eastern Roman Empire (717-1453) (forme le volume VI de la The
Cambridge Medieval history, planed by J. Bury, edited by J. R. Tanner, C.
W. Previte-Orton, Z. NI. Brooks), Cambridge, 1923.

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N. torga

Venise meme, qui appartient A Byzance sans doute, qui en est la

forme conomique sur un aptre territoire, mais qui ne pouvait


etre rattache A l' ensemble que par tan seul cOte et jusqu'
une certaine date. Et enfin il y a une large exposition de Phistoire de ses voisins, rivaux et ennemis musulmans : califat,
Seldschoukides, Ottomans, a Tatars) de Dschinguiz et de TiMOM%

Une formidable masse de mderiaux 1 La table des noms, redigee avec beaucoup de soin, effraye. Mais preciE6ment A cause
du nombre et de la multiplicite enorme, de la varite infinie
du detail, et aussi A cause de la difference de concept.on, allant
de la F ynthese litteraire de M. Diehl au 'caprice, pittoresque
de certains collaborateurs anglais, A l'analyse 'locale menue de
M. Miller et A la secheresse instructive des annales de l'islam, il

aurait fallu accorder toutes ces contributions, qui ne peuvent


pas manquer de se cuntredire souvent, de s'encombrer toujours,
donnant au simple lecteur une idee qui n'est guere nette de cet
Empire Romain d'Orient".

Personne n'aurait pu mieux le faire que le grand Wstorien


dont le nom venerd figure en tete du \ volume et qui par ses
propres expositions de l'Histoire byzantine en a donne, jusqu'
une certaine date, la syntheie complete et personnelle. M. Bury
s'est borne a une introduction.
Dans ces quelques pages il croit pouvoir sparer nettement,
jusqu'aux -croisades memes, l'histoire de son monde cromain
d'Orientp de celle de la societe occidentale. En est-il ainsi ? Je

crois que non. L'empire du l3osphore, celuf de la Nouvelle


Rome, n'a jamais cru que rancienne appartient de plein droit A
d'autres, et ces (Francs', ces gLongobardes, eux-mmes consid6raient la capitate de Constantin comme la grande source
d'autorite A laquelle, malgre les offenses coLtinuelles qui leur en
venaient et auxquelles ils pouvaient s'attendre, ils recouraient
cependant avec persistance, avec obstination, ne desirant rien
plus que l'association cfraterne.lea , ralliance de famine qui comblait leurs voeux.
Entre les deux Eglises il y a eu une continuelle reciprocite
d'infmences, les deux schismes" tant quelque chose de tres
relatif, la difference etant non pas accidentelle, mais bien essentielle et primordiale, et jusque bien tard, jusqu'au seuil des
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tine nouvelle histoire de l'Empire byzantin

offres et des actes d'union A l'epoque des Peeologues, il n'y a


pas eu de discussion religieuse, d'opposition politique au diedcalisme A Constantinople, qui n'ent pense A s'assurer le concours,

l'approbation formelle au moins, du Pape, dispensateur d'authenticit. II n'y a eu au cours du moyen-Age qu'un seul commerce de l'Europe, sans distinction d'Orient et d' Occident, ni
mme de chretient, d'Islam et de cpaiennieb. De meme qu'en
Occident tout le mouvement, le progres, les conflits et les creations, en un mot: la vie active vicnt des ,Romanies" populaires,
qui se sont dfendues et organis6es d'elles-mmes, sous la
crate hi6tarchique de Byzance, il y a, non seulement A l'poque
des clatinits) danubiennes de Justinien, mais aussi jusqu'au
bout, sous la forme intressante des autonomies locales et nationales, l'action, la pousse de forces populaires correspondant
aux forces volutionnaires" et rvolutionnaires de ce monde

occidental. On ne peut pas meme fixer de distinction territoriale entre les deux socits chretiennes et romaines", entre les deux 8glises-Empires, car incessamment rune enjambe,
pour ainsi dire, sur l'autre: il y a tine Byzance d'Italie: de Venise A Bari, A Naples, A Salerne, A Palerme, il y a mme dans
les Iles Britanniques un filet d'influence byzantine dont vient
le roi-basileusa et jusqu'A la forme dont les Anglo-Saxons

ont affuble le diable et, en echange, il n'y a pas eu dans le


Sud continental et insulaire de l'Italie de forme politique
ayant un caractere militaire, des Normands de la !pude des
Hauteville aux derniers Angevins, aux Barcelonais transports en Sicile, A Alphonse le Magnanime, majestueux hritier
de toutes ces traditions, qui n'eflt considr comme rentrant
dans le cercle de son expansion, de son droit meme, les Iles
Ioniannes, la cOte de l'Albanie et de l'Epire, la Macedoine
avec Thessalonique et mme la couronne sacre des Rhomes,
A 1,aquelle faisait une allusidn visible un titre royal tout mel,
dans sa forme grecque, de chancellerie byzantine.
En tenant compte de ces donnes, incontestables, cette histoire ne nous paraitrait pas si lointaine, perdue dans des complications de barbarie slave, confondue parfois A des problemes
de l'Iglam et de sel fondations ; elle viendrait vers nous d'un
geste plus f aternel et se rappracnant de ce qui tient plus intunement A Paine muderne, toute plekne de moyen-Age occidenwww.dacoromanica.ro

14. lorga

tal, elle contribuerakt beaucoup mieux a la realisation de cette


unite historique sur laquelle seule peut reposer l'ide de l'humanit en marche.
Meme la reserve toute spciale concernant l'Angleterre ne pa-

rail pas tres fondee ; il y a eu plus d'Anglais que rie le disent


les sources dans la garde latine des basileis, et ce n'est que par
des etudes sur la monnaie mdievale, sur la circulation des toffes et des articles de luxe qu'on se rend compte suffisamment de la forte immixtion des Byzantins jusqu'aux regions
les plus perdues de l'Orient europen. En poursuivant cette histoire de Byzance donnee par les sources occidentales, on peut
se rendre compte combien on regardait du Ole de cette grande
splendeur orientate. 11 ne faut pas oublier non plus les plerinages (rouvrage de Rohricht et Meissner pour les Allemands
devrait avoir des paralleles pour les autres nations), et jusqu'au
XIV-e siecle toute chose de France tient a l'Angleterre. Je ne
peux pas croire qu'un Mathieu de Paris, Franco-Anglais, eat eu,
dans son Histoire universelle, une vision moins claire des choses
de l'Orient chretien des deux especes.
Admettre le point de vue de M. Bury qu'll est j_rjudiciable
cd'interpo'er dans l'histoire generale de l'Europe occidentale des
chapitres n'ayant aucune connexion avec ceux qui precedent on
suivent. c'est dtruire la conception meme de cette histoire de
l'humanit qu'il faut bien avoir, avec tous ses rapports, rrerne
les plus caches, qui peuvent etre les plus incertssants. Si on
rallie Bagdad et Samarcande a Byzance, on peut bien admettre
le lien, bien autrement troit, qui fait des deuX Romes et de
toutes leurs dependances un seul element predominant de l'histoire pendant un millnium.
D'autant plus fondes sont les ides de M. Bury sur la perptuite romaine de cet- Empire byzantin, d'Auguste
c'est lui
qui le dit a Constantin Dragases le Palologue, pendant deux
mille ans. La conscience romaine, en dpit d'un nationalismp grec

bien evident apres le retour de Nice, ne s'est jamais obscurcie ; on peut mme dire que ce qui soutint cet Etat, universel
d'essence, a travers des crises uniques, ce fut ce sens de la
perptuite romaine ncessaire, indispensable au monde.
M. Bury rassemble les mots latins rests dans le grec byzantin (p. VIII, note) :

il

admet aussi matoc, tumult; que

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Une nouvelle histoire de l'Empire byzantin

nous avions dj fix dans notre Histoire des Roumains". Dana


les formules militaires leur nombre devait etre encore plus grand.
douane). La
et meme dans celles du commerce (cop.tapxtov

gRomanie, d'Occident a un autre sens que celul de la transmission de l'autorit imperiaie ; elle est d'origine et d'ame populaire et en rapport avec les Roumains" des leges barbarorum". J'ai cite des Roman'es" ailleurs, qui ne l'taient pas a
cause de la presence de l'Empire, mais bien de son absence ;
la terra romanesca, la Tara-Roma/leased des Romani ou Roumains, en est la persistance leplus impressionnante. En y pensant, beaucoup de choses apparaissent autrement.
Faut-il commencer Byzance au VIII e siecle comme Finlay,
comme nous le proposions aussi pour les raisons indiquees dans
le 'Bulletin de l'Institut pour l'tude de l'Europe sud-orientale,,
VI, pp. 23 24 ? M. Bury l'admet, et le volume part de cette date.
Ou;, Byzance c'tst la synthese de la romanit impriale, de
l'Eglise de langue grecque et de l'hellnisme d'cole et de tradition littraire, mais aussi le dtachement de l'Occident. Or,
c'est bien a un certain point de la carriere de Justinien, dont
aucun des successeurs ne viendra d'ailleurs que de Constantinople,et la physionomie de la capitate ne date guere de Constantin, ni meine du V-e sicle, ou d'Asie, isaurienne ou autre, qu'il
faut dater, comme nous l'avons fait dans notre Byzantine Empire
qui n'est pas, nous avons le dire, une compilation de librairie,
qull faut faire partir le dveloppement vers ce Byzance. Au
siecle prezdent, un Odoacre, un Thodoric et leurs sujets ita-

liens ne se sentaient pas autres que les Orientaux ; Procope


nous dit, en racontant les exploits de Blisaire en Italie, que
c'tait dj le cas, et de quelle fagon I, les Goths tant considers comme plus fessemblants que cette colluvies" des grandes compagnies" byzantines.
Poar la fin mme de l'Empire, que M. Bury attribue, violemment, aux brigands de l'Occident qui s'ap-pelalent eux
memes croiss", ii faut bien rpondre que c'est par l'esprit de
ces croiss subordonns, assimils, par leur guerilla de Terre

Sainte, par leur infiltration sous les Comnenes, par leur rble
meme sous l'Empire latin, introduisant de nouveau la vie locale, sans laquelle l'Empire chrtien d'Orient n'aurait pas pu
exister, que c'est par tout cel que l'hritage de Constantin a
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N. lorga

vem, de plus en plus, pendant trois siecles. Manuel Comnene


est un chevalier comme Richard Coeur-de-lion et comme Saladin aussi. Et la facon dont Byzance elle-meme jugeait cette ques-

tion est bien rendue par ces lignes de Nictas de Chonae, cependant un bon Rhome, un bon orthodoxe dissident et meme
un bon Grec : Voila comment mourut cet incomparable prince
(il s'agit de Frederic Barberousse), qui mritait de ne point
mourir et qui, selon le jugement 'des personnes les plus intelligentes et les plus claires, a t heureux jusque dans sa
mort, puisque, bralant d'un zele plus ardent que nul autre prince
chretien pour la gloire du Sauveur, il a mpris le royaume de
ses ancetres et a renonce a son palais, a son repos, pour souf.
frir toute sorte d'incommodits avec les pauvres de la Palestine
et pour dlivrer ce Saint Tombeau, qui est une source de vie.
Il n'a point t tonn de la longueur, ni de la difficult des
chemins, ni des pieges que la malice de divers peuples lui a
tendus. II n'a point apprhende de manquer des secours les
plus ncessaires a la conservation de la vie, de n'avoir point
d'eau ou de n'en avoir que de bourbeuse, de n'avoir point de
pain ou de n'en avoir que de bis et quelquefois que de gate
ou de suspect. II n'a point t retenu par les larmes, ni par les
embrassements de ses enfants. II s'est. expos, 4 l'imitation du
grand Paul, non seulement a etre lie, mais a mourir, et il a egale en toutes choses la ferveur des grandes antes qui, s'tant
&levees au-dessus du monde, regardent comme de la boue tout
ce gull renferme et tendent uniquemenf a reminence de la perfection de l'Evangile '."
La premiere apparition des croiss mut dure ; leur infriorit a
regard d'une socit beaucoup plus civilise, leur mpris d'un

ordre dont ils taient incapables sont deS choses manifestes.


Mais, en dehors de leur propre facult de p'assimiler, considerer ces emembres de l'Empire, des 1100 comme des brigands" c'est mconnaitre ce oue Byzance elle-meme avait de
puissance d'assImilation, et elle fut, jusqu'A la fin, tonnante.
Contre les Ottomans ce ne furent pas les Byzantins leur
alliance avec le grand Khan asiatique Timour ne peut guere
etre admise, tant donne renorme disparit des forces qui
' Traduction de Cousin (1685).

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Une nouvelle histoire de l'Empire byzantin

lasserent les Turcs pendant le XIV-e et XV-e sie,:' es, et c'est


une questioAn s'ils furent vraiement lasses: regardez !Wan d'un
Mahorn.t II et d'un Soliman Les Turcs d'Oarkhan et de Mourad n'entrerent pas en ennemis jurs de I Empire, en reprsentants d'un Etat qui devait remplacer celui des Pa!eologues:
tour a tour soudoyers et routiers, ils pntrerent enslite dans la
feadallt des galcans, dans cette vie des princes rgionaux en
1

guerre pour des chateaux et des bourgs : entre un Mousa et


un Etienne le Serbe et un Mircea le Roumain II n'y a pas de
difference essentielle. Byzance a trop de mrites, pour -qu'il
faille lui ajouter ceux qu'elIe n'eut pas. Et ces mrites sont
aussitt signales, et d'une facon nouvelle, par rhistorien
anglais, entre autres celui d'avoir conserve les manuscrits de
rantiquit hellnique, celui d'avoir en, elle, seule, une vraie
armee, forme et dirigee d'apres une thorie classique, dament
au courant (p. XI): on pourrait ajouter que ce fut la seule qui
sut fondre les elements de toutes les ebarbariesv dans son
systeme traditionnel et que la technique des machines de guerre

lui appartint pendant longtemps comme un secret d'Etat. Le


caractere continuellement legal de l'Empire est aussi brillamment mls en lumiere, mais ces formes juridiques furent trouves

bientt moines prferables par les classes populaires que les


pratiques patriarcales de l'Islam, dont le succes rapide, foudroyant des Arabes. II y eut, malgre les efforts de ramener a
revolution des couturms et des moeurs, une certaine raideur
dogmatique dans la jurLiction byzantine, et un certain forl
malisme en resta inseparable.
M. Bury dit loquemment, en finissant, que l'histoire de Byzance n'est pas guile chronique monotone de revolutions de
palais, de querelles de cirque, de discussions theologiques)

n'ont-elles pas souvent un autre sens que celui des formules


sur lesquelles on e bat, ne recouvrent-elles pas des ralits,
bien autrement importantes, souvenirs du pass, aspirations vers
ravenir ? de ceremonies fastidieuses dans une Cour servileu.
Sans doute, mais les autres faits s)nt chichement rapporte3 par
les sources, et il faut resister a la seduction de dcrire. L'a-t-on
fait partout dans ce volume meme ? J'en doute, et beaucoup

de lecteurs scront de mon avis. II y a vingt ans, cal eu le courage d'abandonner ce qui donne la couleur, le brillant pour
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N. lorga

chercher renchainement seul des situations. Ai-je russi ? Le peu


d'interet qu'a suscit mon petit livre paralt dire: non. Mais,

tout de meme, j'ai conseive la conviction que la vraip methode est celle-l.
II.

L'ouvrage commence par un chapitre de M. Diehl sur les lsau-

riens et finit par les considerations du chef de l'cole de byzantinologie francaise sur la civilisation byzantine. On ne pouvait pas mieux rendre hommage a une longue et grande carriere.
L'auteur de deux rcents ouvrages irancais stir By zance a
su donner -du nouveau dans les excellentes pages, d'une parfaite

limpidit et d'un clat de style auquel on est habitue,

qu'il a consacrm a rempereur Lean et a ses successeurs, comme


lui hretiques et subissant encore le poids des excommunications contemporaines. II faut deviner la valeur, dcouvrir l'oeuvre de ces -iconoclastes, premiers ouvriers a la creation, n-

cessaire, de rEmpire laique. M. Diehl constate la justice, au


moins partielle, qui leur hit, tout de meme, rendue au concile
de 781, qui condamna la doctrine de ces bons administrateurs
et de ces nergicities soldats. La reforme fiscale est largement
traite (pp. 4-5). Touchant a la loi agraire, M. Diehl croit que

la nouvelle tenure libre en echange pour la p.oprii (dont les


p.optErce ; les termes paraissent venir de Opoc; en roumain on
appelle encore le systeme de confier aux paysans une terre pour

partager le produit de son travail: a lucra in pude), est due a


la penetration des Slaves. L'exemple des changements acomplis
en pays roumain a la fin du moyen-Age par l'admission d'immigrs
plaiderait contre cette explication,qui est, on le sait, d'origine
russe : le nouveau venu est le evoisinp (vecin) et il volue vers

le serfage; c'est plutt la rapontia qui vient de cet apport barbare au travail de la terre. Toute. cette partie est nouvelle.
La part de la propagancle cache des Juifs est peut-etre
muindre qu'on ne le croit, dans riconoclasme ; la rivalit avec
l'Islam abstrait joua peut etre un plus grand role. La conviction des empereurs persecuteurs nous parait etre venue au cours
d'une lutte que les adversaires rendaient passionne. Au debut,
il n'y a chez des empereurs presses de besoins d'argent et dsireux d'avoir tous leurs sujets en main que la preoccupation
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Une nouvelle histoire dd l'Empire byzantin

politique, fiscale et conomique. L'opinion de M. Diehl semble


etre diffrente. Tres iniressante est l'explication que l'piscopat
n'tait guere attrit de voir qu'on Hmtte l'influence de ses concurrents naturels, les moines. Des paralleles dans l'histoire de
rEglise d'Occident peuvent etre invoques dans ce sens. La part
de la plebe constantinopolitaine fut plus grande qu'on ne l'a
dit a cette poque, qu'on ne le croit aujourd'hui. On peut rappeller celle que la foule prit en 1204 a la devastaron de
Constantinople par les troiss. Elle fut toujours une plebe dissolue et haineuse. Les defenseurs des images appartinrent A
une certaine categoric de fideles, comme, lorsque des mesures

furent prises en France contre les ordres religieux, ii n'y eut


que les adherents d'Arn seul parti qui essay/trent de s'opposer
a l'entre des autorits dans les couvents. M. Diehl doute que le
mouvement d'Agallien dans les/Cyclades eat un rapport avec
l'iconoclasme. Dans la politique,de Leon a l'gard de l'Italie maintes

decisions ne sont pas en, rapport avec l'ceuvre de guerre religieuse commence a Constantinople. M. Diehl observe qu'on
ne toucha pas aux fresques, aux mosaIques (p. 11) ; II parait
en effet que seules les images miraculeuses ou bien mare les

images sur bMs, les icOnes, furent soumises a la destrucii y a vait aussi les richesses dont on les surchargeait
recuellir ; probablement des lors recouvrait- on d'argent les Imation

ges , jamais les figures des saints peintes sur les murs des
glises et -des palais.

La politique de Constantin III (e eCopronyme) pour ses adversaires, qui taient, sans doute, pour leur retourner le compliment, des coprolales3) a regard des Bulgares, qui n'avaient
pas encore un eroyaume,. mais une simple cseigneurie3, proc-

cupe, d'apres le plan vidernment dfectueux de l'ouvrage, M.


Diehl mo'ns que sa part dans la continuation de l'iconoclasme.
Elle est largement presentee. On releve l'activit comme crivain theologique de ce rude guerrier. II fuf cruel a regard de
sts adversaires, mais c'taient des rebelles qui, de leur ct,
n'pargnaient aucun moyen pour porter dommage & l'hresiarque. Le chaliment, qui attetnit le Patriarche meme, tait
dur, mais legal.
Si les lignes directrices de l'ouvrage l'avaient permis, les affaires d'Italie auraient pu etre considres apssi a un autre

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N. lorga

point de vue que celui de la resistance romaine a l'iconoclasme.


II y avail A Rome une conscience populaire et elle imposait au
Pape, maitre nominal de la ville, une politique. Et l'Occident,
pendtre de l'esprit d'un Boniface, pouvait agir de lui-meme pour
attirer Etienne II sans aucune indication byzantine et sans aucune rancoeur contre-Byzance. Constantin V ne parut pas, cmtainement, offusqu par cette nouvelle relation du Saint-Siege,

qui lui-meme n'avait pas cru agir contre les intrts de l'empereur, dont la place tait absolument A part. II n'y a pas en
754 dans les rapports de la Rome papale et de la nouvelle Rome
imperiale de tournant. La mission de Jean le Silentiaire a Pe-

pin, l'apparition a Pavie dans le camp franc de l'ambassade


byzantine s'expliquent par la presence, contraire aux bonnes relations de quasi-voisinage, du roi franc en Italie : c'est ce que

Constantin ne pouvait pas admettre. Les villes attribues au


Pape ne devaient pas :Are arrachees a l'exarque. X-eut-il une
vraie alliance entre Byzantins et 'Lombards pour la conquete d'
Otrante ? On peut en douter. Ce ne fut, observe M. Diehl, qu'en

781 que le Pape cessa de dater par l'anne au regne de l'empereur, ce qui tait la rupture manifeste avec celui-lh, mais pas
encore l'ide du regne d'un autre empereur. Ne revint-il cependant pas sur cette decision apres la rsipiscence d'Irene ? La
question merite d'etre pose. Une chronique dont on n'a pas tenu
compte, je crois, jusqu'ici est celle de Sicile, par Romuald de
Salerne, qui emploie une source ancienne: elle mentionne a repoque de l'usurpateur Philippicus deja des mesures pontificales tourrides contre un empereur heretique, contre ce premier iconoclaste : ne haeretici imperatoris rtomen aut chartas aut fig uram solidi susciperet, unde nec ejus effigies in Ecclesia introducta est, nec nomen ad missarum solennia prolatum". Leon y
apparait avec la denomination de Syrien, Sums. Le mme presente l'envoi des clefs de S. Pierre A Charles comme un acte
de rebellion contre l'Empire byzantin, auquel Rome appartenait
de droit 1. Constantin n'aurait pas & en Oat de dfendre sa
propre capitate contre les Sarrasins C'est donc le motif pour
Misit navali itinere claves S. Petri et ejus confessionis Carol principi, rogans ut Romanam Ecclesiam a Longobardis liberaret ; noluit enim ab imperatore
constantinopolitano,.(quemadmodum fuerat hactenus) auxilium petere.
1

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Une nouvelle histoirede l'Empire byzantin

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legtiel ales empereurs de Constantinople perdirent le patronage


de l'Eglise rcimaine".
La raison pour laquelle Irene rompit le projet de mariage entre son fils et la fille du Franc Charles ne sera pas facilement
lucide; les fiangailles de ce prince avec une pauvre princesse
paphlagonienne n'of lenient sans doute aucun avantage, dans aucun domaine. Les intrigues qui troublerent le regne de cette
princesse et de son fils Constantin sont largement exposes. M.
Diehl aussi rejette l'idde burlesque du projet de mariage avec
Charlemagne (cf. nos Relations entre l'Or1er4 et l'Occident, .

99 et suiv.), ou est donn un essal d'explication. Le caractre


d'une nouvelle peinture, profane, est signal en relation avec
cette premiere phase de l'inconoclasme.

Les regnes de Nicphore et de Michel her sont traits surtout au point de vue de la politique religieuse. On ne pourra
jamais firer quelque chose de bien complet sur celui de Leon
l'Armdnien d'apres le seui tmoignage .du fade et sec compilateur monacal Thophane et d'apres la rheorique, fatigante dans
sa passion A jet continu, de Theodore. de Stoudion : NI. Diehl
a employ tous les moyens de son style pour recouvrir ce vide
regrettable, surtout pour le .gouvernement d'un regent qu'on
devine avoir te tout particulierement habile et fort en mme
temps. Pour le regne .de Michel II on n'a que des vnements
militaires, reserves a un autre chapitre. Aooci a Theophile, ii

nous parle au mins directement par la lettre adresse a son


here et cam!, d'Occident. La figure de Michel III l'Ivrogne
reste couverte du discredit qu'elle mrite.
Y-a-t-il eu vraiement une reconnaissance, en 812, de la situation impriale de Charlemagn ? 11 me paraft bien difficile de
l'admettre ; j'ai present mes arguments dans Orient et Occident au moyen age' et je crois devoir les maintenir.
Les proportions de l'ouvrage ont rift amener l'exposition
abrge des faits dcisifs pendant la seconde moitid du IX-e
sicle (oeuvre de Bardas, baptme du Bulgare Boris, etc.).
1 ,,Quia, per multa tempora... a Sarracenis obsessus, ipsam etiam regiam ctvitatem, in qua manebat, defendere nequibat. Haec itaque causa fuit quare constantinopolitani imperatores patrocinium Romanae Ecclesiae amiserunt." Plus
loin : spreto jam constantinopolitano patrocinio".

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N. Iorga

L'histoire de la dynastie macedonienne a et confiee a M.


Vogt, auteur de l'ouvrage bien connu sur Basile I-er. Le desavantage des collaborations multiples apparaft des le debut de
la seconde partie, l'auteur revenant sur ce qui dja avait 66
expose brievement par M. Diehl. Le recit est tres detaille sans
poursuivre des explications nouvelles, ni prendre une tournure
litteraire. Dans deux chdpitres est donne un excellent abrege

pour tout le X-e sicle et la premiere moife du Xl e jusq'ul


la disparition de Michel VI. Les details biographiques, donna
par des sources beaucoup plus riches que pour la priode precedente et venant de tmoins, d'acteurs du drame, de participants aux intrigues et aux querelles de groupe, abondent, et
M. Vogt s'y arrete aye: un risib1e plaisir. D'apres le plan general, l'histoire 'exterieure, et jusqu' ce que l'historien appelle
4es missions, (l'oeuvre de Cyrille et de Methode) est laissee
pour d'autres chapitres et la comprehension de l'ensemble en
sauffre dvidemment, le ct anecdotique ressortissant d'une maniere trop encombrante.
La valeur du cSage. Leon n'est-elle pas exagre ? Une oeuvre

legislative n'appartient pas seulement a celui qui la signe, a


celui qui preside meme a sa redaction. Justinien n'a pas te un
grand innovateur dans le domaine du droit ; Leon d'autant moins.
Seulement, dans son cas, on ne peut pas nommer ceux auxquels
on doit certaines rformes economiques et sociales. Il se pourrait bien que !Impulsion fat venue de cette Universite de Bardas,

qui touchait a trop de questions pour ne pas influencer plus


d'un domaine. Leon ne fut donc pas plus tin penseur dans le
domaine de la jurisprudence que son fils porphyrogenete"
Constantin dans celui de l'histolre, de la geographie politique
et du ceremonial. Entre le temoignage de Cedrene et le jugement de l'historien moderne sur ce dernier, je crois qu'il vaut
mietlx se rallier au premier, qui du reste, n'avait aucun intret
dnigrer cet empereur casanier et bureaucrater, auquel ii ne
manquait que des mesaventures conjugates pour reproduire
le type d'un Claude. On peut se demander meme si nous n'exagerons pas en general l'importance de cette dynastie macedonienne par rapport a des preJcesseurs .energiques, le Cesar
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tine nouvelle histoire de l'Empire byzantin

13

remplacant l'empereur incapable, et surtout en comparaison


avec les soldats couronns, d'une si belle allure, qui suivirent,
Nicephore Phokas et Jean Tzimiskes. 14 me parait aussi que
l'exposition des debuts de cette nouvelle ere que Basile II continuera en dpit des traditions d'une dynastie dj dgenre,
ne plonge pas assez profondement pour qu'on puisse saisir toute

l'importance de l'avenement de ces grandes families de proprietaires asiatiques que Basile eut le tort de User parce
qu'ils voulaient aussi la couronne et qui purent au moths trans-

mettre leur ambition et leur capacite de gnraux aux Digenes


et aux Comnenes. Car ce n'etait pas par 1' aristocratie de capitate ,des Ducas par les figures de senateurs bureaucrates que
l'Empire, aux prises avec les Tures seldschoukides, aurait pu
se sauver. 12ambassadem de Luitprand contient de quoi donner
dans une exposition plus large un tableau d'une rare rlchesse
de couleurs de la vie byzantine dans la seconde moitie du X-e
slecle. Et poursuivre l'oeuvre legislative de chaque empereur,
parfois tres mediocre et guere rvolutionnaire, peut parattre
moins indique que de grouper par questions et par po-ques
les transformations, relles et hes importantes, qui eurent lieu
dans le domaine du travail agraire, de la situation des personnes
et des biens. Les miserables secrets de boudoir des deux vieilles
femmes a demi folles qui dshonorerent l'histoire d'un grand
Empire auraient peut-etre pu etre laisses presque totalement
de cOte pour Presenter ces problemes qui demandEnt pour etre
exposes, avec le talent de l'historien, un peu des connaissances
de l'homme pratique et de l'exprience du politicien.

Un chapitre important, celui du schisme, a t reserve pour M.


Brehier. A M. Brooks a t confie le rcit, d'apres des sources
orientales, des cam pagnes byzantines contre les Arabes et surtout
de la dfehse de Byzance contre ces ennemis pleins d'lan qui se

servaient en grande partie des anciens sujets passes a l'Islam,


de l'Empire. On devra recourir souvent a ces pages de chronologie critique, d'une rare acribie, qui ne veulent pas donner
autre chose. Signalons que la curieuse rencontre des Arabes
aye: les Bulgares en 717 est rappete, d'apres sa source inconnue, aussi par Romuald de Salerne dans des termes qui reproduisent ceux de l'original L'auteur indique en passnt la
' Qui, inde egressi, Wulgarorum gentem, quae est super Danubium, bello

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ta

N. lorgd

raison pour laquelle les califes ne risquerent plus le siege de


Constantinople, A savoir le transfert de Syrie en Msopotamie
de leur residence (p. 119) : le vrai caractere national des marins
de cette flotte carabe, apparait ainsi d'une facon absolument
claire. De. me ne le sens de la seconde priode d'incursions maritimes, dues A l'expansion vers les eaux byzantines des Sarrasins" d'Afrique et de Sicile (iW.). Pour le reste rien ne
manque au dpouillement du chroniqueur arabe, Tabari. Des
precisions gographiques sont donnes A chaque moment.
A partir de 867 jusqu'A 1057 la charge de raconter les conflits innombrables, et pour la plupart d'une importance mediocre,
avec les metnes Sarrasins a t donne a un byzantiniste russe,

M. A. A. Vasiliev. Cette fois, avec une connaissance un peu


infrieure des manuscrits historiques arabes, on a quelques
pages de rcit et, ci et l, des essais d'explications genrales. Les proportions de cette partie sont cependant de beaucoup trop rduites, Ctant donn que c'est juste le temps de
la gcroisade byzantine', par rapport A l'abondance de la section prcdente de me ne chapitre, qui est d'une conception et
d'une co.nposition tout A fait diffrentes. Une dizaine de pages
signes par M. Schlumberger auraient ajout essentiellement
aussi bien A la valeur qui'au prestige du volume. Pour donner
une vue d'ensemble il a fallu que la plume passe A M. Bury lui-

meme pour nous dire que le chapitre qui vient de finir contient cune chronique monotone et vide de raids d'un ct et de
l'autre par dessus les montagnes du Taurus, de trves, d'changes de prisonniers, enregistrs brie vement dans les annales grecques et arabes sauf la campagne de Moatassim en 838 et la
prise de Thessalonique. Ce sera aussi l'opinion du lecteur.

Mais M. Bury observe que cette guerre sans perspectives et


sans issue, avant l'puisement financier du califat, dvora pendant deux siecles les principaux moyens de empire, ernpcha ainsi de veiller A ses autres frontieres. ll remarque aussi
que ce fut le manque de cotesion des Arabes qui assura aux
Byzantins la ppssibilit de maintenir en grande partie leurs
aggrediuntur et, ab his quoque victi, refugiunt ac naves petunt suas, quibus cum
altum peterent,,ingruente subita ternpestate, plurimi submersi, sive, fractis per
litora navibus, sunt necati.

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bne nouvelle histoire de l'Empire byzantin

15

frontieres. Mais, dit4l en finissant, cette rivalit n'empecha ni


le commerce, ni les changes de civilisation.
Une revision impitoyable a rduit le chapitre que M. Mader,
dont la competence est gneralement reconnue, a consacre a
l'Armnie. L'exposition est vesfee cependant fres large, bien que
souvent l'histoire des Armniens se rduise a des conflits d'un

caractere local. Mais ii y a de l'air dans ces pages dont l'intret n'est pas toujours egal. Le rapport entre l'importance des
evnements et eampleur des sources est inverse qu' Byzance :
if n'y a pas eu de Porphyrognete arrnnien pour encourager
la compilation aux Opens des originaux, et ceux-ci livreht abondamment la chronique journaliere d'un organisme 'politique,
qui, resserre dans une region restreinte, vgete. On peut se
demander auss: si les faits transmis par des historiens posterieurs
meritent d'8tre enregistres sans leur conserver le caractere de

simples ?genies populaires. Un seul et grand chapitre sur la


civilisation armnienne qui, reposant sur cette vie politique monotone, est cependant hautement intressante dans son dvelloppement et ses transformations, aurait suffi, a notre avis. Ici
encore les matriaux, grace aussi a M. Macler lui-m8me, affluent
L'histoire de la Petite Armenie, un Etat franc sur cette lisiere de
ia Cilicie et dans les gorges du 'Taurus, est raconte avec entraLn. Mais c'est un appendice des croisades, qui donne types,
moeurs, institutions, langue, et aussi la dynastie. II y eut
mme, comme femme du roi Ochine (1307-1320), une princesse
des Angevins de Naples, Jeanne, fille de Philippe de Tarente,
cempereur latin de Constantinople* (p. 179), et Constance d'Aragon, veuve du roi de Chypre Henri II, epousa Leon V (-I`
1342) (ibid.). Plus tard Jean, Guy et Bohmond, fits d'Amaury
de Lusignan et d'Isabelle, soeur du roi Hthoum 11, devinrent

heritiers de la Petite Armenie. Apres Constantin IV, fits du


marechal Baudouin, et l'aventurier chypriote (((its de serfs ; p.
181) Constantin IV, Pierre de Chypre devint ctakafourb d'Armenie, pour que les derniers moments du royaume soled lies au
nom de Leon VI, dont la tragedie, qui finit, a travers l'Espagne,
au cloitre des Clestins de Paris, a t expose avec emotion
par le Frangais Dardel, que publiait le regrett Ulysse Robert
et qui a t employee pour la premiere fois dans noire cPhilippe de Mzieres et la croisade au X1Ve siecles.
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91

N. kirga

Iv.

M. Kadlec, de Prague, a t charge d'exposer les rapports de


Byzance avec les Touraniens. Il commence par les Scythes et
les Sarmates, alors que le plan de l'ouvrage fixait comme point
de debut le VIII-e siecle. Sa mthode est aussi profondment
diffrente de celles de ses prdcesseurs. C'est tin large chapitre de dissertations ethnographic:ries de la part d'un excellent philologue. Je ne sais pas si les deductions tires des
sources chinoises sur l'origine des Avars pourraient etre maintenues. Faudrait-il dire de Samo, l'nigmatique Franc, gull a
fonde

le premier grand empire slave ? Mais on a pour la

premiere fois une histoire lrsible des Khazares. Marquardt en


a fourni les matriaux. De meme pour les Bulgares du Volga,
sur lesquels on a des informateurs arabes.
Pour les Magyars, M. Kadlec nous donne les diffrentes hypotheses stir leurs origines. La cLdbedia* de leur tablissement
dantibien doit etre mise en relation avec le grec moderne et le
.roumain : XtrAarct, livad, plaine couverte d'arbres. D'apres les
historiens magyars rcents, le nom du Gylas est rapport&
au khazar jita (jele), chef, et le karchan a kna'a. L'arabe
Ibn-Rousta donne lea principaux renseignements sur cette
poque primitive. M. Kadlec, passant aux Ptschnegues, voit
avec Westfried dans le .Kouzoip, de l'Atelkouz l'ancien nomturc du Dnieper. Faut-il admettre une domination magyare dans
,la Bessarabie et la Moldavie": qu'aurait-elle pu y chercher ?

C'est le meme auteur qui nous parlera de l'ancienne Russie.


II penche tans raison du ct de ceux qui admettent un lment national au commencement de la vie politique des Russes :

il reconnalt cependant lui-mme que ce sont de simples suppositiOns, comme celle que les (Walinana, de Masoudi sont
slaves. Apres tout ce qu'on nous dit, il faut revenir a ropinfon
ancienne : avant les Varegues il n'y a 'dans la future Russie
que des dmocraties" slaves sans histoire. Faire cependant
des Varegues les serviteurs armes des villes slaves est sans doute

une erreur et une injustice. Le chef des Rhos touraniens avec


tin khagan a leur tete dans les Annales de S. Bertin (837) est
tine constatation du fait que les Khazars dominaient une partie
des Slaves; sur q ielle base peut-on admettre que ce soient aes

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Une nouvefie histoire de l'Empire byzantin

19

gems de Kiev ? Les phantaisies de MM. Kliouchevski et Hrouchevski peuvent servir des intrts politiques, mais pas tablir
l'histoire. Du reste, M. Kadlec rejette les theories du slavisme
pur des premiers Russes, et il indique aussi les noms evidemment scandinaves, sudois des cataractes du Dnieper. Mais je
ne sais pas quelle peut 'etre la base rellement historique de

l'assertion qu'il y a eu un Etat de Smolensk, forme par une


partle des Kriviches" et un Etat des Svrians, avec sa capitate
a Llyubech (p. 204). La chronique de Nestor, au moins dans
son tat actuel, avec les theories sur l'unit des Slaves et !Inelusion de traites avec Byzance, alors que dans aucune littrature
historique, et surtout dans celle de Byzance et de Scandinavie,
on ne trouve de pareils documents, ne peut pas servir comme
base, l'ensemble trahissant un remaniement nettement moderne.

Cependant l'auteur admet des traites" pareils mme avant


celui de 907 : peut-on croire que la fiere Byzance ent consenti a conclure des conventions sur base de parit, comme
avec les Arabes, sinon avec les Bulgares aussi, lorsqu'il s'agissalt du marchand avide" qu'aurait te, d'apres l'opinion de
Kliuehevski, leur chef ?
Liutprand, dans sa chronique, est avec le Porphyrognete,
(les Arabes ne sont pas contemporains) la seule vraie source
concernant les Russes, les Russli, dont on lui a parte a Cons.

tantinople: Russii a qualitate corporis, les Roux, (non vero

a posItione soli vocamus Nordmannoss, ce qui est absolument


concluant. Ils ont leur re', Inger, pour les Slaves Igor
qui avec plus de mille petits bateaux (comme ceux des Goths
au III-e siecle, des ,,Cosaques" au commencement du XVII-e
et a la meme place), apparaissent devant Constantinople, qui se
defeat avec succes par le feu grgeois". 11 n'est pas ncessaire
qu'une grande nation ait aussi des commencements remarquables.
En parlant des temoignages arabes, cependant tres precis, Sur

les incursions russes en Asie vers la moiti du X-e siecle, M.


Kadlec montre de la surprise de ce que les chroniques russes
n'en patient pas ; mais ce n'est guere tonnant si on pense a la
facon dont, a une epoque si tardive, ont t, certainement, misee
ensemble ces chroniques.

II me parait aussi que le role de l'expdition de Sviatoslav


en Bulgarie, sa lutte opiniatre pour dfendre Silistrie ne sont
2

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11

N., lora

pas apercus dans toute leur importance historiquei A Son tottr,


la Russie kievienne descendait" vers la (villa imprlale, et le
reve du cneze russe tait celui de remplacer l'Etat bulgare qu'il
avait contrIbu a dtruire par une Russie danubienne. je ne
sal& pas aussi s'il est possible de mettre une chronologie precise
dans les actions divergentes de ce prince.
Passant aux Magyars, M. Kadlec, essayant une interpretation

du cNotaire anonyme du roi Bela', verrait -volontiers avant


1000 dans la Transylvanie et les contres voisines de bibles
nprincipauts probablement tributaires des Bulgares" et de
wnombreux habitants slaves", dont jusqu'aujourd'hui on peut
trouver les traces dans les noms de localits". Or le cnotaire
anonymea crivit apres 1200, a une poque oa l'ide bulgare
recouvrait tout le slavisme balcanique, et les noms geographiques slaves en Transylvanie viennent sans doute d'anciennes

infiltrations a l'epoque dace. 11 y a id encore une lendance


politique que la ralit documentaire et logique ne peut ,pas
appuyer. Mais la transformation ethnique, complete, des Magyars par les Slaves conquis est une indniable vrit. M.
Kadlec rappelle aussi que les termes magyars concernant la,
religion chrtienne sont d'origine slave (p. 214) : ii note les propagateurs teheques de la nouvelle- foi : Radla, Anastase, Astrie,
des compagnons de S. Adalbert (Wojtech).
Au venerable professeur viennois Jagid a et confiee l'histoire
de la christianisation des Slaves. 11 donne une reconstitution
philologique d'apres les Vies pannoniennes et la Translation latine de S. Clement de la carriere des Saints Cyrille et Mthode.

C'est un beau travail d'une habilet infinie a mettre d'accord


d'une facon plausible des renseignements vagues et le plus souvent inconciliables. II nous parait que le choix fait par CyrIlle du

langage des Esclavons" dans la rgioa de Salonique comthe


langue liturgique n'a rien d'tonnant : c'est le clialecte qu'il connaissait et peut-etre avait-on commence a l'employer dans ce but

avant le voyage des deux hares en Moravie. Le nouveau registre pontifical trouve 5, Londres a ajout des precisions a
cette lumineuse exposition de main de maitre.
V.

M. William Miller, le profond connaisseur de l'histoire du


monde latin en Orient grecv a pris cette fols sur lui aussi celle
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line nouvelle histoire de l'Empire byzantin

14

de tous les Etats slaves et roumains de la pninsule. Le rcit


est tres intressant, mais montre ci et lh les incertitudes d'un
debut, meme lorsque c'est celui &tin si eminent historien.
Pour l'tablissement des Bulgares il y a ce passage du Chronicon cavense (XII-e siecle), qui n'est pas sans iti!ret : Hujus
(Constantin tempore sive imperil gens Bulgarorum cum rege
suo nomine Aspericht ingressi sunt in terrain Rornanorun., quae
nunc Bulgaria dicta est. Quibus auditis, Constantinus exiit cum
multo exercitu contra illos et terga versus est Imperator ; quem
sentientes Bulgari, plurimos occiderunt, et castrametati sunt
super Constantinopolim et ceperunt villas et castella dissipant.
Unde vi coactus Imperator pacem fecit cum eis, annales prae.
bere pollicitus mansionesa.
On peut se demander si dans les premiers temps de la vie bulgare au-delh du Danube l'lrnent roman n'a pas eu un certain
role : voyez Sabinus, leur chef, et ce Paganus qui est seulement
peut-etre un Bean touranien. J'ai toujours fait des reserves sur le

vrai sens de la Bulgarie au-dessus du Danube" (voy. le sens


ambigu correspondant en latin dans la chronique de Romuald

de Salerne, plus haut, p. 13, nota 1) et ce ne peut pas, en


tout cas, etre nla Valachie" (p. 232).
La cite batie par Omourtag stir le Danube peut etre plufot
Silistrie que la forteressa raine de Kadikeul pres de Turtucala sur le Danube" (p. 235). Toute l'information la plus recente, mise en oeuvre par M. Bury, est employee pour cette
partle, excellente, de l'exposition. Les rapports entre Serbes ef

Bulgares, c'est-h-dire entre Eselavons" soumis au khagan"


et ceux qui ne le sont pas, ne peuvent cependant etre prsents comme un antagon'sme entre races ou meme entre Etats,

les Serbes n'en ayant encore aucun. Mais rien ne prouve que
Simeon eat recu de Rome la couronne de Tzar, et le sens, tout
cromainp, de cette usurpation de titre, n'est guere relev (p. 238).

L'apparition des fils de Sichmane en Macedoine ne peut pas,


nous semble-t-il, etre presentee cornine une rvolte de Sichmarie

lui-meme du temps des fils de Simeon (Mid): le mouvement


macdnien a une autre base nationale, cesclavonneD, albanaise,

roumaine. Mais M. Miller a plus que M. Kadlec le sens de la


Bulgarie russe" de Sviatoslav (p. 239). Les Valaques errants" qui
tuent David, fils de Sichmane, sont, de fait, des iroutiersp (&ua)
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2d

N. fora

dans le sens de conducteurs de caravanes : aved M. Bogrea,


nous l'avons dOment prouve. Le Taronites qui combat pour
l'emplre contre les Bulgares doit etre, malgr l'existence d'une
province armnienne de ce nom et celle d'une lamille homonyme en Armnie, mis en rapport, de metne que le duc
Gregoire Taronite et Michel Taronite, parent des Comnenes,
avec le Taronas pirote de Pachymere, qui est un Roumain, un
Valaque.

L'Importance du duche du Paristrion (p. 243) aurait pu aussi


etre releve. Et sans doute l'Etat dioclen" de Constantin ou
Pierre Bodin (ce dernier nom est vlaque ; cf. Bod, village en
Transylvanie ; Bodea, nom d'homme) meritait, pour toute sa
signification d'avenir, etre souligne d'un fort trait. M. Miller
lui-meme remarque le nom roumain de la localit de Paun (Out:
en roumain), oil a cette poque fut livre une bataille (p. 245),

Le beau livre de M. Brehier sur le schisme du Xl-e siecle


est tenu au courant et mis en relation avec l'histoire entiere
de l'Eglise byzantine, que la mauvaise distribution des matierei
avait donne aussi a M. Diehl, dans un des meilleurs chapitres
de l'ensemble, dft a M. Brhier lui-meme. A chaque page les
sources sont indiquees. Le role des moines de Cluny comme

soutiens des droits de la Papaute au moment du conflit est


fix, je crois, pour la premiere fois. Toute l'atmosphere de la
rupture est largement rendue (pp. 262 263, 265). Des glises
latines sont notees a Constantinople, tres tolrante : klotre Dame
des Amalfitains, S. Etienne des Hongrois, l'eglise des Vaiegues.
(p. 264). Les rsultats multiples et varies du schisme, qui pour

le moment n'apparalssent que comme an gros scandale, sont


dOment indiques a la fin du chapitre.

Le chapitre X contient une large exposition de la civilisation musulmane. M. Thomas Arnold donne une etude pleine
d'idees generates sur le dveloppement de l'Islam sous les
Abbassides, dont il nole des le debut le caractkre nettement
persan (aussi dans la famine de Vizirs des Barmkides). Les
Abbassides apparaissent comme des amis des chiites, comme
des reprsentants d'une religion plus pure et en meme temps
aussi plus accueillante (p. 275). Beaucoup d'autres suggestions
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Une nouvelle histoire de l'Empire byzantin

21

interessantes sont semees a travers l'exposition du vaste sujet :


en 802 Haroun-al-Rachid pens a partager le califat, devenu
un Empire, entre ses deux fits (ibid.). Apres sa mort, ces princes s'armant les uns contre les autres, les Arabes soutinrent
Amine, esprant regagner leur influence perdue (p. 277). De
fait, l'auteur donne aussi cette histoire intrieure de l'Etat de
Bagdad qui, si elle s'tait trouv ensemble avec les annales des
conflits avec les Byzantins, y aurait fourni l'explication ncessaire. L'influence du passe romain et persan, jusque dans les
prceptes de religion, les codes de loi, le systeme fiscal, les
postes (veredus latin devient boric, est completement reconnue
(p. 280). A la page 289 est donne toute une liste des batisses
chrtiennes en terre musulmane. Une courte histoire de la litteralure et de la pensie arabe est donne ensuite.
M. Loewe cOntinue le mme sujet pour l'poque des Seldschoukides. Comme la matiere a t distribue d'une facon peu
pratique, toute l'histoire de cette dynastie turque est presentee,
d'une faon precise et originate, dans ce chapitre. L'auteur a parfaitement raison lorsqu'il affirme que, si les croiss avaient voulu
et su trouver un modus vivendi permanent avec les Comnenes,
la puissance turque en Asie Mineure aurait et brise (pp. 316317).

Fr. Chalandon, qui vient de finir trop brievement une belle


carriere de byzantiniste, a rduit a deux chapitres pleins de faits
son histoire des empereurs Alexis et Jean: il a crit donc pour
cette collection d'.tudes le chapitre sur les Comnenes. L'auteur
montre combien sont vaines les accusations lancees contre Alexis
par les croiss que certainement it n'avait pas invites et qui drangeaient fortement les calculs de sa politique (pp. 333-334).

Le c6te d'ambition normande est aussi observe. ,Il leur paraissait une tentative de conqute plutt comme celle de

Guiscard" (p. 334). Le refus de Godefroy d'aller a Jerusalem


pourrait etre mis en doute. Chalandon remarque aussi l'imporlance des sommes dpenses par Alexis pour tine entreprise
envers laquelle it n'avait aucun devoir. Les calomnies contre
l'empereur ont ete colportes sans doute, ainsi qu'il l'observe,
par Bohernond pendant son voyage en Occident. C'est au concite de Bnvent, en 1102, que pour la premiere fois des accusations furent portdes contre lui (p. 341). Les rapports d'Alexis
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22

N. lorga

avec l'Occident (pp, 344-345) sont prsents d'une faon particulierement intressante. De mme les observations sur la situation

fiscale et le systeme montaire (pp. 348 349). Cf. aussi cette


mention dans une version de la chronique de Lupus le Ptotospathaire : Tandem ipse Imperator Constantinopoli Alexius occupavit illum pro eis magnus timor vel tremor ne forte illum
a suo regno eicerent". Beaucoup de croiss furent tus per
montibus vel clausuris Vulgarise".
Je crois que Harem (Chram), Oil se rencontrerent Byzantins
et Hongrois, n'est que le Caran ou CAvAran des Roumains (dont
la ville de Caran-sebes). La comparaison entre Manuel et Richard
Cceur de Lion est parfaitement justifiee: en ajoutant Saladin, on
a les trois grands chevaliers de la seconde moitie du XII-e siecle;

j'ai montre dans mon Orient et Occident" que l'Alexiade",


prsente dans Alexis aussi le type du bon chevalier". Pour la
croisade de Conrad d'Allemagne et de Louis VII l'explication
doit etre cherche le plus souvent dans les affaires de la Sidle.
Chalandon l'indique, du reste, brievement, A la fin. Il nous paralt
impossible d'admettre l'identification de Dessa, le roi serbe,
avec Etienne Nemania (p. 373): outre Jireek, les dernieres ex-

positions de l'histoire des Serbes ne l'autorisent guere. Pentetre aussi acceptera-t-on difficilement les calculs de Manuel bases

sur une entente avec Nour-eddin contre un danger de la part


des croiss (p. 315).
M, Horatio Brown est le meilleur connaisseur anglais de l'histoire de Venise, dont depuis de longues annes il est le citoyen.
Son rcit est vif et contient tout l'essentiel, peut-tre plus que
l'essentiel byzantin, mais est pour l'histoire generale, sinon

pour le plan de l'ouvrage, quelque chose de gagn. II mentionne


l'inscription grecque de S. Eufemia A Orqdo, oi4 est enterr le

doge Pierre Candiano, pour faire voir qu'au VII-e siecle la


flotte byzantine dominait ces eaux (pp. 386-387). Ci et lA il
y a une reponse discrete aux nouvelles theories presentees par
M. Kretschmayr. Une niece de l'impratrice Adelaide, par la
Maison de Toscane, Waldrade, comme dogaresse de Venise, p.
402 (en 1001 Otto Il visle secretement Venise); Jean, fits de
Pierre Orseolo II, est l'poux de la princesse byzantine Marie,
son frere, qui s'appelle Ott), celui de la belle-sceur de l'empe.
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Tine nouvelle histoire de l'Empire byzantin

23

reur germanique Henri II. La dernire partie apparaft comme


courte.

M. Diehl revient avec la quatrieme croisade et l'tablissement de ?Empire latin : un brillant chapitre de l'ouvrage. La
question de la deviation" est jug6e, apres Luchaire, comme
oiseusb.

La mod de Baudouin ne dolt pas rester envelop* de 16gendes. Si Ogerio Pane ne parle que de la mort des trois cents
chevaliers pris avec lui (cilium ceperunt cum CCC militibus frauchis, qui omnes in facie gladil mortui fuerunt, et personam
imperatoris retinuerunt2), la lettre du Pape au regent Henri est
concluante: sub hostili custodia diem clausit extremum" (Migne,
loc. cit., p. 1031), donc sans violence.

L'histoire de la More franque et des iles vnitiennes et genoises est trait6a. par M. Miller, comme de raison. C'est le
meilleur des guides- dans les mandres de la plus compliquee
des histoires. Elle clevient sous sa plume meme agreable comme
un chapitre de Froissart : mention de fresques. de la prise de

Trole A Patras (p. 446). Le titre de prince d'AchaIe dans le


sens attribu par l'epoque quivaut a celui de toute la GreceUne belle fresque" aussi est celle qui nous prsente la Grece
franque a l'poque de Guy II de la Roche et du second marl
d'Isabelle de Villehardouin, Florent d'Avesnes (p. 446 et suiv.),
du troisime, Philippe de Savoie, vers 1303. L'assaut de Gautier de Brienne, hedger de Guy II, gdtruisit dans un seul jour
le noble edifice que la sage diplomatie de la Maison de la Roche

avait employe un slecle a construire, par l'appel des Catalans


(bataille du Cephise, 1311) (p. 449). Apes des pripetles d'hritage le titre de la Moree passa A Jean de Gravina, frere de
Philippe de Tarente ; Robert, fils de Philippe, le porte, Jean
ayant pris en &hinge Durazzo (pp. 452-453), A laquelle it ajoute

en 1324 Cephalonje, prise aux Orsini. Robert 6pousa une Lusignan, qui avait dj un fits, Hugues de .Galilee, et son frere,
Philippe II de Tarente (t 1373), conserva le titre sans valeur
pratique de la More (p 454), qu'il passa. a l'empereur" jaC-

ques de Baux (p. 457). (Le duch de Naxos et de Paros fut


rclame (avec Samos), au XV1-e siecle, par l'aventurier grec Jacques Basilikos, devenu prince de Moldavie, et fut cede, au XVII-e,

.Gaspar Gratiani, futur prince du meme pays.) Les Tocco et


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24

N. lorga

les Accialuoll s'tablirent en officiers de ces princes. Les vicalres navarrals suivirent t. L'histoire de Chypre n'a ni la place,
ni l'importance qu'elle mrite, mile de Crete encore moins. Excellentes tables de regents francs.
C'est sur un terrain nouveau que M. Miller se trouve lorsqu'il
presente l'histolre de Pempire de Nice" jusqu'a la reprise de
Constantinople par les Cirecs. Belle description de la nouvelle
capitate (pp. 478-479). M. Miller observe, en parlant des Comnenes de Trbizonde, qu'ils revennaient dans les contries qui
avaient Me le berceau mme de leur famine. Il ne manque pas
d'observer qu'iry avait de vieux latins sur cette terre d'Asie :
a Lampsaque les Querini, a Pegai d'autres Vnitiens, alors que
les Pisans, de la famine des Aldobrandini, tenaient Attalie (p.480),
Theodore Lascaris marie sa soeur avec le duc vnitien de Naxos.
Lui-meme pouse une Armnienne fondatrice de couvents, mais

a demi latine, dont il eut un fils, et ensulte Marie, la propre fine


de l'impratrice de Constantinople, Yolande. 11 comptait donner
a l'empereur Robert sa fille Eudocie. 11 favorise le commerce
des Vnitiens. Les combats avec les Cesars francs sont prsents,

non pas d'apres la large exposition de M. Gerland, mais sur


les sources, d'une facon tout aussi intressante que les imbroglios
de la Moree. La efresque, de chevaliers est ainsi continue. Heureusement, ci et la des renvois meme a l'inclit (p. 495) per-

mettent de contrler et de poursulvre les recherches.


Sous le second empereur de Nice, Jean Vatatzes, la congate de Lesbos, Chios, Samos, Icarie, l'attaque contre Rhodes,
l'occupation de places en Crete, l'envoi de la flotte jusqu'

Cerigo (pp. 487-488) montrent combien ce monde asiatique, ti-

rant sa force du fond rural de l'intrieur, tendait cependant


vers l'Occident, qui depuis les Comnenes n'tait pas une autre
Monde". Rhodes devint bientt un simple fief, dont le chef s'intitulait uniquement seigneur" de l'ile, et des Cyclades aussi
(p. 494, d'apres la Numismatique" de M. Schlumberger): tine
tentative, momentanment heureuse, des Gnois sur Rhodes
fut annihile. Jean III pousa la saeur de Manfred, Constance,
devenue l'orthodoxe Anne, et l'union avec le pere de cette print Toura-Khan est une mauvaise orthographe (p. 460), Zaganos (cf. Evrnos)
ne peut pas dire rendu par Zagan (p. 465).

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line nouvelle histoire de l'Empire byzantin

25

cesse, Frederic 11, fut durable. Une femme de la suite de l'impratrice, une cmarquise., iota un grand role aupres du vieux
monarque grec 1. Le temoignage d'un Nicolas de Jamsilla, attentif

aux choses de Nice, est invoque pour mettre en lumiere ces


intressants rapports. A cOte est employe l'Office de S. Jean
Vatatzes le Misricordieux, car le ruse politicien imperial devint, A Tendclos aussi, un saint thaumaturge.
Un beau portrait est donne (p. 501) de Theodore Lascaris,
qui se distingua aussi comme ecrivain, dplorant la mort de
Frederic IL L'origine des Paldologue est presentee dans un
autre allina, tres nourri, pour en arriver A un second portrait,
tout aussi bien russi, celui du futur empereur Michel. La scene
pompeuse par laquelle Theodore voulut intimider les envoys
mongols mritait d'etre reproduite dans les termes memes du
chroniqueur byzantin. Le troisieme empereur apparait comme le
seul dont l'opposition au latinisme cut t principielle. On conservait cependant, A ceote de Coumans4, les mercenaires francs,
dont le chef tait le Palologue.

La campagne pour la restauration" finit le chapitre, qui est


le plus original de tout le volume. Mais les indcis entre Latins
et Grecs autour de Constantinople doivent-ils etre appels tindependantsi ? Le caractere absolument barbare de la prise de
possession mritait d'tre relev, mais le sens religieux de
rentree impriale apparait clairement. M. Miller observe,
d'apres un document dans l'Archivio storico italiano, que le
malheureux empereur lgitime, Jean IV, aveugl, trouva un
abri en Occident. Il y a une aureole de touchante posie autour
de la dchance de Nice, abandonne. Une breve histoire 1de
grempirep de Tidbizonde est ajoute : ici encore les Latins n'etalent pas abhorrs, et Joinville, de meme que Rubruquis, parle
de la demande en mariage d'une princesse francaise faite par
Manuel A S. Louis meme.
VI.

La ache etait plus difficile pour l'histoire des Balcans de


1186 A 1355, objet du chapitre suivant. Le role de Nernania est
nergiquement esquiss au debut. Mais je ne comprends pas
1 11 a t question de Constance, qui wourut A Valence, en Espagne, dans
le Byzantion", 1. M. Miller donne en note tout ce qui peut renseigner sur les
vicissitudes de cette princesse.

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26

N. forgo

comment, si les Valaques et les Bulgares furent les auteurs de


la revolte de 1186 qui cra la nouvelle (Bulgariel de Trnovo,
on peut parler d'une troisime nation slave qui fit valoir son
indpendance a regard de t'empire byzantin" (p. 518). Ce ne

furent pas, aussi, les rebelles" qui se trouverent des chefs"


dans les trois freres Pierre et Jean Asen", mais bien Pierre, Asan
et Jean (trois personnalits distinctes) qui provoquerent la revoile et ces porteurs de ejaquettes de peaux2, de cojocs, ne
sont guere cdescendants des anciens Tzars bulgares,, mats bien
de ces chefs valaques dont j'ai retrace te developpement dans
cette (Histoire des Roumains de la Pninsule balcanique2 qui
est, du reste, cite par M. Miller lui-meme : toutes les sources
le disent, et je me tlemande depuis longtemps, naivement, pourquoi des rudits qui n'ont pas des intrets nationaux a dfendre

s'obstinent-ils a refuser a la race roumaine le rOle qui lui revient. Je reproduis dans la meme traduction ancienne de Cousin
le tmoignage forme! de Nictas Choniate : (Isaac Comnene)
irrita extremement les habitants du mont Hemus (plutt du
Pinde, mais l'crivain vent un terme ancien), que l'on appelait
autrefois Mysiens et que l'on appelle aujourd'hui Valaques
(Bkaxot), de sorte que, se flant aux pas de leurs montagnes et
a l'assiette avantageuse de leurs forts, ils secouerent le joug de
l'obeissance. Les chefs de l'entreprise taient deux freres de la
nation, Pierre et Asan." Quelle autre source peut etre opposee
a celle-ci ? Nicetas ne dit pas que l'eglise de S. Dmetre Mlle
par les deux freres et oit parurent les pretres d'un rite Orange
est a Trnovo, et, s'il s'agit du Saint de Thessalonique, la Thes-

sane, du reste, a son Tyrnavon-Trnovo de meme que les


Balcans, oil le nom de cette localit n'apparaft que beaucouy
plus tard. Si les rvolts attaquent cPristlave, petite vile d'Ogygie, qui est btie de briques et qui occupe une grande partie

de la montagne,, ce ne peut pas etre le Preslav des vieux


Tzars, qui n'est ni en Ogygie", ni sur une montagne et qui
n'tait pas sans doute un simple boffin de briques. Je crois que
la deviation du mouvement fut due a la ncessit de s'appuyer
sur les Coumans, eux-memes en partie Roumains, de la rive
gauche, qui dtenatent la plaine de l'autre Valachie, an-dessus
de l'ancienne Msie Inferieure. C'est en effet du cOte d'Agathopolis, de Larde, de Bero, que va les chercher la seconde cam7
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Une nouvelle histoire de l'Empire byzantin

27

pagne de l'empereur, mais ii vent entrer par Triaditza dans cette

Zagora des anciens Bulgares. Dans lout cela ii n'y a pas un


mot de cette liberation de la Bulgarie" dont parte l'minent
historien anglais et qui s'imposa seulement par la tradition et
par 1'8glise slave. II est aussi erronn de crolre qtie des le debut

Pierre s'intitula empereur des Bulgares et des Grecs": c'est le


titre royal seul qu'il demanda, d'apres le temoignage d'Ansbert, un contemporain et un pelerin, A Frederic Barberousse,
en marche par ces contres. Le partage entre les deux freres
baF.6 sur la simple denomination gographique de Ilkpou xthpa,
dont le sens est tout autre, n'a aucune base. La capture des

reliques de S. Jean de Rylo par les rvolts ne repose sur


aucune source srieuse (p. 519).
C'est encore une fois dans 1'.1-idmus, qu' Isaac va chercher
les Valaques, plus lgers et plus vites que des cerfs et qui sautalent comme des dievres sur Ia pointe des rochers", ce qui
correspond seulement a la facon de combattre des Roumains
du Pinde. Les guerriers valaques prcipitent des pierres stir les
Impriaux, de mrne qu'en 1330 A Pbsada ceux du prince (de
tout le pays rournain*, B3sarab, sur les Fbrigrois de, CharlesRobert. Da mme clue dans cette bataille les intrus furent as-

somata comme un troupeau renferme dans une boucherie",


l'empereur etait 'prig comme dans un filet'. Un Valaque tait
aussi ce Atsadne, Litovoiu, nom d'un prince oltnien vers 1270,

qui sauva par un chemin Mourne le sbastocrator Ducas.


L'avance valaque qui suit montre ou tait la base de cet stat:
les bandes penetrent aussi bien du cote d'Anchiale et de Varna,
que du cOt de Sardika (Triaditza), qui n'tait pas encore entre
leurs mains, de IStampion) et de Niche aussi, s'en prenant, A
la vlaque", anx troupeaux. Le joupan" serbe, allie, pine du
Me de Skop%
Constantin Comnene, l'amiral, restera seul A fortifier la region
de Philippolis A Brod. Apres sa disgrace, les raids reprennent
du cOt de Philippopolis, de Triaditza et d'Andrinople, d'Arcadiopolis.
Alexis, frere d'Isaac, offre la paix. Les Valaques posent de
lourdes conditions. C'est seulement alors qu'une expeiition valaque 'ma les terres des Bulgares, aux environs de Serresp se
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28

N. lorga

produit. Des ce moment la pousse valaque est du ct de


Strymon et d'Amphipolis. De nouveau le filet fonctionne. Les
Impriaux s'enfulent A Serres ; parmi les vainqueurs il y a de
vagues Scythes' de Scythie", done pas des Coumans. Quant
aux Valaques, pour discuter avec eux il faut connattre, comme
tej pretre captif, la langue des Valaques": cela suffit-il ?
Le meurtre meme d'Asan par son ami" jean pour une question de femmes rappelle les moeurs des montagnes. 11 est ques,

tion d'une (vendetta' qui se prepare. Ce n'est qu'en ce moment que Trnovo apparaft, occupee par Jean et of ferte A Cernpereur avec la eBulgarie'. Un dignitaire fut charg de la marche
de Philippopolis, contre eValaques et Scythes', de Stroumitza
A Prosakon.
C'est A Serres que domine un autre Valaque, Chryses
(HArsu, dont. HArova dans la Dobrogea). Il y a deux foyers,

celui du debut et celui de la conquete. be fautre ct6, les


eScythes, passent le Danube et attaquent en ctourbillons les
environs de la capitate. Avec une troupe de Valaques (de la rive
gauche) ils pillent en Thrace jusque dans les environs de Constantinople meme pour le butin.
Le siege de Prosakon (Prosek), fort abandonne jadis par les

Impriaux, par Alexis et par ses auxiliaires turcs d'Angora,


est une expedition temraire contre ces eValaques. dont on
espere briser ainsi dans son nid le plus inexpugnable la rvolte. Les assigs se dfendent en jetant des pierres et des
tonneaux vides*; ayant psis les brodequins verts du protovestiaire, ils s'en revetent au milieu des Mats de rire. L'entreprise finit par le privilege accord A Chryses de conserver
ses citadelles, et il eut en mariage la fine du protostrator". Au
festin des noces la Byzantine, 6leve A la Cour, refusant de
faire bombance a We de son rude marl, il Vinterpelle d'abord
en sa langue' , donc encore une fois celle des eValaques1,
pour lui parler ensuite en grec. Runi A un noble grec, il
poussera, par Pelagonie et Prilep, jusqu'en Thessalie, troublant

la Morde de ses incitations. Une nouvelle invasion scythe"


en Macedoine suivit. Mais dans un chapitre suivant ce sont les
Valaques et les Coumans" qui ravagent la Thrace. Les Coumans, pris dans les querelles russes, tauroscythes", entre les

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tine nouvelie histoire de l'Empire byzantin

24)

cnezes de Halitsch et de Kiev, furent bientOt empechs de pren-

dre part a ce qu'on pourrait appeler gl'pope valaque,.


Seul Jean ou Joannice reprsente un bat. On le voit bientt
partir de Bulgarie" pour prendre Constance, ville du territoire
du Rhodope" et descendre ensuite sur Varna, dfendue par
des Ita liens. 11 revient en Bulgarie". C'est dornavant le roi de
Bulgarie". Trnovo est sa capitale definitive. Le terme militaire
reste cependant celui de Valaques", jamais de Bulgares. Mais
fe mme Nictas presente des lors un petit seigneur qui tenait
les montagnes de Thessalie et le pays appel la grande Valachie". U y a don.; un dtachement de la partie valaque, roumaine de la rvolte, qui gagne, sous des princes grecs, comme
une individualit gographique, prepare dja par le sparatisme de Chryses.
Pour le Pape, Jean, qui s'intitule en 1203 empereur et veut
un patriarche, est un dominus Bulgarorum", bien gull sache
que ce Valaque descend ex nobili prosapia romana". On passe:
ensuite au e Calojannes, illustris Bulgarorum et Blacorum rex.
(p. 277), pour les 4 populi Bulgarorum et Blacorum* et la eBulgariae quam Blachiae provincia. (p. 280), pour le regnum Bulgarorum et Blacorum". Il est question de l'ecclesia Blaciae"
(version : cBulgriae quam Blaciae* ; Migne, Patrologla latina,
CCXV, pp. 135, 155-156). De son ct, Jean lui a envoy une
lettre absolument valaque", dans un style qui correspond a
l'pistolaire roumain archaIque, des lettres slaves du XIV-e et
du XV-e siecle a Brasov jusqu'a celles, en roumain, du XVII-e.
Le pontife est pour lui le sanctissimus dominus fidei christianorum, ab Oriente usque ad Occidentem Patriarcha". Le roi
est enchant si eson missaire le trouvera en bonne saut avec
tous ceux qui sont avec lui et avec tous ses parents (consanguinei) et amis). Quant a lui : ego sanus sum per virtutem
Del". On sent la dicte. II n'y a, sans doute, rien des traditions
d'une ancienne chancellerie comme celle du Tzarat, et on ne
sent pas la main d'un clerc de slavon. INA cependant l'Eglise
parle lorsqu'il se pisente comme dominus et imperator totius
Bulgariae et Blaciae", le Patriarche Basile crivant, de son 016:
dominus meus imperator" comme l'imperator omnium Bulgarorum et Blacorumg (pp. 288, 290). II est le Tzar, celui des Ro-

mains et des Bulgaree. C'est pourquoi sont invoqus ses pitwww.dacoromanica.ro

SO

N. lorga

decesseuri, pas ses parents, les empereurs, et que, d'une fag.on


tres precise, Pierre et Joannice (pas aussi Asan) sont presents
comme descendant de leur ligne: /quo fratres, Petrus videlicet
et Joannitius, de priorum regum prosapia descendentesp (p. 414):
c'est aussi un argument pour couvaincre le roi de Hongrie, qui
conteste tout droit a Jean' (enullius terrae de jure sit dominus.).
Mais on continne a dire a Rome: Bulgaria et BlachiaN (p. 410;
cf. la lettre de Jean lui-mme, pp. 551-554 : universa Bulgaria
atque Blachia"). Et le ton valaque se conserve dans la correspondance avec Rome. Lorsqu'il est question des rapports avec
le nouvel empire latin, l'argumentation du chef de ptres se
dveloppe de cette fagon: (De Latinis quoque, qui Constantinopolim introierunt, scribo Sanctitati Vestrae ut eis scribatis
quatenus distent ab Imperio meo, et, sicut Imperium meum nullum malum eis facit, neque ipsi nobis parvipendant. Si forte
ipsi conati fuerint contra Imp erium meum et parvipenderunt
eum, et occidentur ex els, non ha beat Sanctitas Vestra imperium
meum suspectum, sed sit universa libera". Envoyant deux jeunes
gens, un Basile et un cBithlehenn, pour apprendre tin scholis
litteras latinas", II ajoute, comme explication, lquoniam hic gram-

maticos non habemus qui possint litteras quas mittit nobis


[Sanctitas Vestral transferreP (Ibid.). Et Basile s'incline avec un
respect naf devant Ia splendeur du Pape : multas inclinationes

et multas sanitateS a me BisiIio, humili Bulgarorum et Blachorum primate... Cum sanitate et sospitate inveniet vos scriptum
meae humilitatis" (p. t 53). Puis, lorsque le Pape annonce au roi
de France .1a victoire de Joannice sur les croises, 11 l'appelle

rex Blachorum et Balgarorum" et ajoute que des Coumans,


des Turcs, des Grecs sont avec lui (p. 698). Plus tard cependant : echarissimus filius noster Calojoannes, rex Bulgarorumet Blachorum illustris, ; cette seule fois, Cant question de la
paix, il est dit : inter Bulgaros et Latinos amicitiaa (pp. 705-706).
Pour .les Latins, et non seulement pour Villehardouin et Henri
de Valenciennes, les chroniqueurs, mais pour la chancellerie

meme des empereurs latins, 11 n'y a que des Valaques. Must


dans la lettre de l'empereur latin Henri au Pape: Blachorum
affinis populusa, Joannitius Blachorum dominus", (Blachus
ille Joannitius., avec des cBlachi, Commani et alit., 4ipse Blachuss (pp. 705-706). C'est le Blachus aussi dans une Incitation
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tine nouvelle histoire de l'Empire byzantin

31

pour qu'on vienne au secours de Henri (p. 1037 ; annde 1206).


Le seul titre de rex Bulgarorum illustris" est de l'anne 1207
(pp. 1162-1163).

C'est seulement sous le ,,roi" Borila (de Boris ; le suffixe lid


est roumain), (Vorilat, que le titre bulgare vainc, alors que le
titre byzantin est reproduit par Henri en entier: fidelissimus in
Christo imperator, a Deo coronatus, Romaniae moderator et
semper Augustus (p. 1522).
Pour l'Italien, le Gnois Ogiero Pane les adversaires de rempereur Baudouin sont des aBlachi,. 11 expose leur stratageme
de simuler la fuite. Et pour Sicard de Cr6mone ce sont les
cBlatis qui ont vaincu et capture l'empereur latin (a (Blatis forinsecus congregatis et Cumanisp). C'est avec les 4Graeci et
Blati que combat Boniface de Thessalonique.
C'est peut-etre plus qu'il ne faut pour convaincre M. Miller

que Joannice ne peut pas etre qualifi de ruse Bulgare" (p.


520) '.
Je crois que les Coumans, allies de Joannice, taient trop pres

pour que Jean Asen S e fat dirige vers la Russie" pour y cher,
cher abri et vppui (p. 521).
VII.

Une exposition pittoresque de l'histoire serbe est donne pour

le regne d'gtienne Ouroche II (p. 532 et suiv.) qui est pour


les Serbes le roi Miloutine. L'aspect de la Serbie donn par
l'archeveque Adam (Historlens arminiens des croisades, 11) cor-

respond a celui qui se trouve dans le trait anonyme de croisade publi par M. Grka (voy. notre cBulletinp, VIII, p. 62) :
n'y-a-t-il pas de rapport entre ces deux sources ? Le sort du
Tzar" bulgare exile, Jean Etienne, suppliant A Constantinople,
prisonnier a Sienne, mort a Naples", mritait une note de renvol
(p. 539).
L'histoire, des Roumains, prise dans la premiere forme, vieillie,

du livre de Xnopol (une seconde edition, refondue, mais con-

servant, pour cette partie, ses Maras, a paru a Bucarest), est.


"!

1 Le rcit tlu pretre flamand" sur la mort de Baudouin est trop curieux pour
clue la source ne soil pas indiquee.

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32

N. lora

malheureusement absolument erronne. On trouve tout ce que


les nouvelles recherches ont ecart : retraite des Roumains dans

les montagnes, plus la cpopulation slave dans la plaine,, domination hongroise a Craiova (qui ne date que d'environ 1500),

descente de Radu Negru (ortographi a la francalse: Radou


Negrou'), colonie de Flgaras, capitate de Campulung (jamais
la Valachie n'a t appelee par les indigenes: pays des montagnes").
A cOte de la belle et large exposition de la carriere conquerante
de l'empereur serbe, toute cette histoire des origines politiques

roumaines tient dans quelques lignes. C'est certainement peu


equitable. L'importance d'un Etat ne depend pas de ses manifestations extrieures ; l'tendue de son territoire, le nombre de
ses habitants intressent aussi, mais surtout l'originalit des
conceptions sur lesquelles il repose et qu'il est capable de developper. Or, cette csouverainete (Domnie) de tout le pays roumain, est la forme la plus caractriptique de ces Romanfae
populaires dont part l'essor entier du moyen-age, apres l'Empire et a ct des royauts barbares ; et; en meme temps que
la manifestation la plus pleine d'avenir de ces democraties rurales, elle incorpore la conscience de l'Empire meme, telle
qu'elle &aft descendue dans les masses. C'est pour le peuple le
Domn, l'empereur, dominos, au pou voir limit seulement par
la coutume ancienne (datind, tbiceiu). Si cette coutume n'a
pas ete mise par crif, comme pour les Serbes, .sur une base
parfois pareille, sous Etienne Douchane, elle a t consignee
dans les milliers de documents, et elle vit encore dans les masses. Enfin, ces pays ngligs, Roumanie des montagnes de l'Arges

(Valachie), Roumanie de la valle de la Moldova (Moldavie),


sont. aussi des creations dues aux grandes voies de commerce
entre l'Occident et l'Orient, qui mritaient aussi un moment
d'attention.
Du reste, l'histoire des Etats russes, si souvent influences par

Byzance et exercant une influence sur la politique byzantine,


n'a pas trouve non plus de place dans le volume. Et toute une
nation, celle des Alhanais, est completement oubliee, alors que,
cOte de l'Etat fond par les Valaques au nom de la Bulgarie
disparue et plus tard pour la population bulgare des villes et
des valles du vral Hmus, II y a vers 1200 aussi tine renaiswww.dacoromanica.ro

tine nouvelie histoire de l'Empire byzantin

33

sance albanaise A part, dont tmoigne l'apparition dans les


documents pontificaux de Demetrius, arbanensis princeps", qe
Paul, veque garbanensisp, de la ville d'Arbana" (Migne, loc.
cit., pp. 1343-1344 1).

le me demande (cf. mes Grecs et Latins d'Orienta, dans la


gByzantinische Zeitschrift.) Si Sergiannes" pent etre rendu par
,,sir lane (p. 540). cLe sens de la collation de cite vnitienne
frappes pour le
A Douchane, ses monnaies a lgende latine
littoral, A cOt de ses rapports, notes par M. Miller aussi, avec
le legat Pierre Thomas, confirm& par le trait rcemment dconvert de Philippe de Mzieres (notre Bulletin, VIII, p. 33 et
suiv.), pouvaien-t fournir la matiere de tout un paragraphe. A
ct de Momtschilo, chef de grandes compagnies" balcaniques,
II y avait de la place pour ses rivaux, le Valaque Balica et ce
Dobrotitsch, fils de DobrotA, dont le nom est roumain ; d'autant
plus que la Dobrogea
porte encore ce nom. Dans la cration d'un roi a ct du Tzar faut-il voir une imitation de l'Occident, ou meme un souvenir des Csars byzantins ? Plut6t, a
noire avis, est-ce une dpartition naturelle, entre l'empire qui
tend vets Constantinople et la vieille royaut nationale, devant
rester telle. Les grands titres des dignitaires datent-ils en Serbie

de cette poque seulement r Chez les Roumains, qui ne brlguerent pas l'Empire, on les trouve des le debut: logothetes,
vornics, vestiaires, comtes (coatis), meme stratornics. Les comtes

et capitaines sont aussi plus anciens sans doute; comne on le


volt dans le cas du roi Lazare, le comes" c'est le kneze" (en
Valachie c'est le chef des curles, le 4marchal2).
La date de la. petite chronique byzantine pour l'tablissement
des Tures en Europe est sans doute preferable aux calculs
vagues des historiens grecs et A la notice donne par l'anonyme
bulgare (cf. p 544, note 1). L'analyse plus tendue des rapports
de la Bosnie avec la Hongrie auraient mieux expliqu la poll-

tique de Douchane a l'gard de cet autre Etat serbe (voy. pp.


545-546). II ne peut pas etre question d'une Budapest en 1355
(p. 546), et je ne preterais pas foi au tmoignage du chroniqueur qui prsente l'incertitude, douteuse, du Tzar entre Bude,
qui n'tait pas une capitate, et Constantinople. La date de
1 Les ,Ruthenes" aussi invites a l'union, ibid., pp. 1232-1244.
3

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N. loita

24

1355 pour la mon de Douchane n'est plus A etre discute


(cf. p. 546 note 3) : 1356 rsulte d'un calcul qui ne tient pas
compte de la date initiate de l'anne chez les Byzantino-Slaves,
qui est le 1.er septembre. L'observation que les statuts de Budua eurent un influence ,sur le code de Douchane est tres juste:
il faut l'tendre meme, car c'est l'poque oh l'influence de Vettise fait mettre par emit ailleurs aussi, dans les sites grecques, ces coutumes qui devraient etre soumises A une etude
compare. Une place dans cete legislation serbe revient aux
Valaques. La rpubhque de Raguse tait digne d'avoir une page
a elle, pour ses origines nationales, ses rapports avec Venise, ses

institutions et les lgments de sa civilisation. La penetration


.gnoise dans la Mer Noire, non seulement A Caffa, mais A
Moncastro, A Licostomo l'aurait t aussi.
M. Miller poursuit dans un autre chapitre l'histoire des Balcans
jusqu'en 1483.
Ce qui est le plus intressant dans la succesion de Douchane
c'est l' hellnisation de 'sa lignee en Thessalie. Les diplOmes
.

signes de pourpre qu'a publis M. Bs le montrent bien, de


meme que leurs rapports avec les couvents grecs, leur plaisir
A rappeler dans leur titre les familles qui avaient rgnd A Byzance. Ouglicha et Voucachine taient-ce vrairnent des Herz&

goviniens A l'poque oh il n'y avait pas encore le cherzeg, ?


Et dans le nom de VoIchnas le Cesar (en roumain Voinea, nom
tres rpandu dans la nomenclature onomastique et gographlque
roumaine) n'y-a-t-il rien de vlaque" ? L'origine. roumaine est
admise par Jireek pour les Balchides de la Primori, qui, sans
doute, n'ont rien de commun avec les de Baux, les del Balzo.
Lazare partit-il de la Maritime ? Parmi les hritiers de Douchane
ne peuvent pas etre negligs ses parents Dragoch et Constantin
DIanitsch et Nicolas A Itoman de Roudnik. Le despotat de

Voucachine et celui de d'Ouglicha doivent etre d'origine grec-

.que, et pas serbe (p. 554).


VIII.

Pour la premiere fois peut-etre le roi Tvrtko le Bosniaque


est prsenl comme le vrai successeur de Douchane. Dans la
descript on des guerres contre les Tures, rapparalt la principautC valaque dont aucun prince n'a t jusqu'ici mentionn
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Une nouvelle histoire de l'Empire byzantin

50

sauf cet Ivankcr Basarab" qui est de fait Basarab, fils d'Ivanco,
le vainqueur de Charles Robert en 1330. Mais Mircea, dont la
mere, Kallinikia, dut etre tine princesse d'Avlona, oil on trouve
A la meme epoque le prince Mrkcha, de Marc, comme Marc
Kralivitsch (influence de Venise), n'est pas le grand" pour ses
mrites ; (grands et cvieux) signifient ancien (cf. au XV-e siecle

Basarab tie grand, et Basarab le (petit', mlad en slavon). Je


doute que Mircea efit combattu, en 1387 et en 1389, a ct des
Balcaniques, contre les Tures. II n'y eut aucun combat bulgare
A Stari-Nikup, au eVieux Nicopolisp, qui n'existait m'eme plus A
cette poque p. (557). Mircea n'a jamais t emprisonne a Brousse

(p. 560). Apres Rovine Mircea se rendit A Brasov aupres du


roi Sigismhnd, mais ii n'.ait pas encore rtabli A la date de
.1a beanie de Nicopolis, ayant t remplac par Vlad, probablement ce fils de Basarab mentionn dans les actes de l'Albanie (voy. l'observation de M. C. Marinescu, dans cette Revue,
anne I, p, 433, nola 1). Le prince de Valachie ne se retira
pas A Nicopolis (p. 551). Ricobald de Ferrare a cette description
Intressante du combat de Nicopolis (c. 267) : Franci in Turchia
miserabilissime ceciderunt propter superbiam, quia noluerunt
audire consilium Sigismundi, et captus fuit dux Burgundiae, aliis
interfectis". Je ne crois pas _non plus a l'assertion de Schiltberger sur le role dcisif du petit contingent serbe du cOt des
Turcs (ibid.). Pour la premiere fors M. Miller releve d'apres
les Archives de 1' Orient latin, II, pp. 389-90, le rOle littraire
de rimpratriceu de Vidine, femme de Strachimir, Anne, qui
est une Roumaine, fille de Basarab. Son frere, VIndislav ou
Vlaicu, conqurant de Vidine, de Nicopolis, aurait mrit une
page, et l'art de l'glise princiere d'Argq, avec ses admirables
fresques, giottesques, et les trsors de ses tombeaux, une
autre.
La chronique de Constantin le Philosophe donne A M. Miller
des details sur le combat d'Angora et sur le sort de la femme
serbe de BaIzid. La Valachie de Mircea pouvait bien etre traite
au pair de la Serbie en dclin d'un despote Etienne : Ia richesse
des details donns par le biographe de ce dernier n'est pas une
explication. Les querelles entre les Bosniaques Ostola et Tvrtko
II ne sont pas plus importantes pour l'histoire gnrale de l'd.

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.136

Isl. Iola

poque, bien qu'on puisse les poursuivre guide par les documents hongrois.
La vie de Mircea est brievement presentee; ses rapports avec

la Hongrie ne sont pas merne mentionnes, et on ne savait pas


encore si une principaut6 moldave existe, alors que son fondateur, Bogdan, successeur du vicaire envoy par Louis-leGrand, Drago, rgnait des 1360 a Baia: pour cet autre Etat
roumain on ne donne rien avant le regne d'Alexandre-le-Bon,
qui a une demi-page, malheureusement mal informe (pour la
dependance d'Ochrida et d'autres details). Et cependant il est
question d'une principaut qui s'tendait des frontieres de la
Galicie a l'embouchure du Dniester, qui abritait ies moines fuyards

des Balcans, qui protgeait le commerce oriental le plus important de repoque et qui elevait des monuments d'un art particulier, de synthese entre les influences de l'Occident et celles
de l'Orient. Dans ces quelques renseignements pars se resume

ce que l'minent historien anglais appelle the dubious plight


of the Latins of the lower Danube (p. 568). L'histoire des
Balcans continue h 'etre l'histoire des Slaves seuls, et dans ses
moindres particularits. Le role meme de Jean Hunyady, royale
figure, est diminu ; celui de Scanderbeg (dont l'origine serbe

n'est pas prouvee) aussi. Faut-il ajouter que l'impression generale en est fausse ?
Le duch de l'Herzegoveme a peut-etre une origine hongroise
(cf. celui de Fagara cr par Louis-le-Grand pour son alli,
ja Valaque Vladislav) (voy. p. 574, note 1). Je ne crois pas qu'on
puisse entendre de Szegedin la detonation des canons a Belgrade (p. 576). La campagne de Mahomet II contre Vlad l'Empaleur, prince de Valachie, est oublie au milieu de la tragdie
serbe et bosniaque. A peine est mentionn le grand rOle jou
par Alphonse de Naples dans la defense de l'Albanie. La grande
poque roumaine d'Etienne-le-Grand, cinquante ans de gloire,

de civilisation et d'art, est resserre dans une page, souvent


inexacte encore; le Montenegro en a deux I.
Je m'excuse d'avoir insist sur ce systeme, qui m'est inexplicable, de traiter l'histoire de la plus nombreuse nation du Sud' La liste des princes emprunte A Xdnopol, 1-ore edition? n'est pas non plus
exacte.

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Une nouvelle histoire de l'Empire byzantin

37

Est de l'Europe, de celle qui y prend aujourd'hui une si large


place, mais c'est la haute consideration que je porte a la belle
oe u v re de M. Miller qui m'y a porte.
IX.

M. Brhier reprend la question de l'union des Eglises a par-

tir de 1054 pour donner une exposition tout aussi large et


harmonieuse que pour la premiere partie. Le petits details recherchs avec patience et amour dans des sources qui ne les
promettaient pas ajoutent a chaque page un intret de nou-

veaute. Les rapports du Pape avec l'empereur

Joannice

auraient da pent-etre y trouver une place. M. Brehier releve


l'envoi en 1323 de l'eveque latin de Caffa a Constantinople et
!Intervention du roi de France Charles-le-Bel en 1326 (p. 614).
Le prince de Moldovalachie" an concile de Florence est le
Moldave Alexandre-le-Bon (p. 621).

M. J. Loewe a russi a faire de l'histoire des Mongols un


des chapitres les plus lisibles de l'ensemble. Des les premieres
lignes on voit la conscience de la ncessit de faire de Phistoire. 11 y a beaucoup a apprendre dans un rcit qui s'appuie
sur la connaissance de langages gnralement peu connus. Le
nom des Coumans, des Mongols aussi, viendrait de la riviere
Kouma en Perse, oa il y a un Koumistan, une tComanieD (p.
6351). La carriere de Dschinguiz-Khan est largement presentee,
avec details d'expeditions et de batailles. L'attaque de la Horde
centre les Etats de l'Est europen theritait d'tre exposee avec
plus de precision, surtout tant donne le but de l'ouvrage. La

civilisation mongole a la Cour de Koubla apparalt riche et


varie. L'importance commerciale de cet Immense empire s'ten-

dant de l'Altai aux Carpathes a t soulignee. L'opinion de


Howorth, que l'expansion mongole finit par se confondre dans
la tradition chinoise est rapporte et adoptee par l'auteur ; elle
laisse de ct des parties importantes de la masse tatare, et,

comme les Khans de Crime ont eu des rapports frequents


avec Byzance et les Etats sous-byzantine, ils auraient pu etre
prsents au lecteur. La distribution des chapitres a empech
M. Lcewe d'esquisser autrement qu'en Rassant dans Timour-leBoiteux une copie ambitieuse de Dchinguiz.
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N. lorga

38

Cinquante pages sur les Turcs ottomans sont dues a M.


Edwir Pears, connu par des etudes de detail sur l'histoire des
Sultans. C'est un chapitre d'une large information et plein d'originalit dans les explications et les caractristiques. 11 a fallu
l'auteur un retour vers le pass pour donner un rcit intelligible: aussi commence-t-il, comme nous l'avons fait dans notre
cGeschichte des osmanischen Reichesp, par les Seldschoukides.
La notion personnelle des localits oil commence cette his-

toire donne un intret de plus a l'exposition. Je ne comprends


pas comment le Catalan Roger de Flor devient Roger Blum,

soldat de fortune allemand de la pire espece (p. 657): M.


Ich, le parfait connaisseur des exploits accomplis
par ses compatriotes, serait desol de perdre ce grand aventurier. Le nom de Rocafort ne s'crit pas A l'italienne (p. 658).
Je me demande si les informations donnes par les chroniquers grecs du XV-e siecle, sur,out de la seconde moiti, peuvent etre utilises pour les premieres relations entre Osmanlis
et Byzantins (cf. p. 659 et ailleurs). Les mthodes d'Osman
(isolement par ses camps des villes a conqurir) et ses buts
peuvent etre tin sujet de discussion (cf. pp. b59-660): ii y a
dans l'avance de ces nouveaux barbares moins de politique et
d',ides" qu'on n'est dispose a le croire.' L'institution des janissaires est certainement copie sur l'organisation militaire byzantine et les prtentions d'originalit des historiens turcs doiRubid y

vent etre rejetes. II n'y a pas eu de janissaires civ1ls (p.


664). Il me semble que les details sur les categories de soldats
chez les Osmanlis (pp. 664-665) sont prmatures, et de beaucoup. Peut-on employer meme sous caution des renseignements
fournis par Cantemir, qui emploie des compilations rcentes de
l'histoire ottomane (pp. 667)? Donner trne physionomie distincte
A chaque Sultan des premiers siecles, considr comme ayant
une direction politique, me piratt erronn. Je tie croirais pas
trop a la grande attaque serbe contre Andrinople en 1366 que

cherche a tablir Novakovic, dans son ouvrage Die Serben


und Tarken im XIV. und XV. Jahrhundert (il y a aussi un
ouvrage serbe sur le meme sujet). En change, la bataille de
Plotschnik n'est pas mentionne, et l'auteur passe assez rapidement sur celle de Kossovo. Halil Ganem, avec ses ,,Sultans
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Une nouvelle histoire de l'Empire byzantin

39

ottomans", mrite-t-il d'tre cite, frit-ce meme seulement pour


une legende orientale ? Jean-sans-Peur n'tait pas encore duc
de Bourgogne en 1396 (675). Jusqu'A l'poque de Mahomet 11

les rapports, si importants, avec les pays roumains, sont


peine vaguement apergus. Ce n'est pas Jean Corvin equi fut
surnomm Hunyadi+ (p. 691), mais c'est bien Hunyadi (de Hunie-

doark. en Transylvanie, fils du paysan roumain Voicu) anquel


on attribua plus tard ce nom latin de Corvin, A cause des armes
de la Valachie, avec le corbeau, qu'il portait, prtehdant descendre des princes du pays roumain voisin. Barletius (et non
Bartletus) n'est pas une source stir laquelle on puisse se reposer
pour l'histoire de l'Albanie au XV-e siecle. La bataille de Varna
peut etre connue dans sa ralite seulement par le recit d'Andre
del Palagio. La prise de Constantinople est raconte d'abondance, en employant toutes les sources: j'auteur l'avait traite,
du reste, dans un ouvrage antrieur, la Destruction of the
Greek Empire': vivant A .Constantinople, M. Pears peut proposer des identifications locales utiles. Pour le reste de l'histoire
ottomane, ii fant revenir A M. Miller, qui, de fait, a donne jusqu'ici une exposition parallele.
M. Collinet s'occupe, avec sa competence toute spciale, de
la legislation byzantine. Pour la premiere fois on a tine histoire
de ces coles de droit de Byzance auxquelles plus qu'A des
personnalits exceptionnelles, empereurs et hauts dignitaires, est
due l'elaboration sculaire, jamais interrompue, d'un droit qui,
tout en respectant la tradition, n'oubliait jamais de sulvre les
transformations d'une socit varie et tres vivante. L'Eclogue
est rendue A Leon III et A Constantin V (p. 705). Les codes de
l'arme, de la flotte et de la proprit terrienn3 completent cette
belle oeuvre que le Procheiron du premier Basile ne put pas
vincer. M. Collinet rejette l'ide que les Basiliques, les con-

stitutions impriales", dues de fait au sage" Leon, drivent


leur nom de celui de Basile, cependant aussi l'auteur de l'Epanagoge et de l'Anacatharse, Au XI-e siecle les principes
du ,,code" de Leon furent remis en vigueur. Constantin le Mono-

maque rtablit l'tude suprieure du droll, avec un gardien

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N. lorga

40

des lois". le nomophylax. Sous les Comnenes, la legislation de


Justinien est rserve aux etudes des jurisconsultes
Les Manuels de Blastares et de HarmenopouTos ont inspire
la legislation, purement thorique, et aussi la pratique des Roumains ; ils sont employes encore en Bessarabie.

M. Diehl clot l'ouvrage par ses chapitres sur les institutions


et la civilisation byzantines: ce sont des brillantes pages de,synthese. Pour le XV-e siecle un usurpateur avait besoin d'tre
pour ainsi dire adopt par un membre, ffit-ce meme une femme,
qui souvent l'pousait, de la famille rgnante (cf. p. 728). Sur
plusieurs pages sont prsentes les elements de l'administration
(p. 730 et suiv.). Suit un abrg de l'histoire des themes (p.
732 et suiv.). Le nom byzantin de la tente, 7tprti, s'est conserve

en roumain: cort (derive : corturarl, pour les Tziganes ; la desluence meme parait grecque). Le paradounavion", le clittoral
du Danube' aurait mrit une mention. M. Diehl cite les lumineuses paroles de Constantin le Porphyrogenete : ,,Toute race
qui possede ses coutumes et ses lois doit etre adrnise A conserver ces caracteres particuliere : elks contiennent la theorie
de l'Empire et, aussi, le secret de sa dure. Le paragraphe suivant concerne l'anne. Parmi les contingents trangers (p. 738)
manquent les Roumains, cVlaques. ou cAlainsp. Les fran-

copoules" et turcopoules" (dont le turcoplier" de Chypre)


pourraient Eussi y etre ajoutes. Avec le genre dcrit dans le
poem d'Akritas on a a faire avec les chevaliers d'aventure,
travaillant poUr leur propre compte (cf. pp. 740-741). Suit l'expose de la flotte. Elle suivit de modele A celle de la Sicile.
Dans un ouvrage recent nons attirons l'attention sur les ccarablotae,, les corsaires grecs qui pillent en Occident A Pepoque
des Carolingiens 1
Les splendeurs byzantines sont ranges sous les rubriques de
l'glise, du palais et de l'hippodrome. Dans la premiere partie, M.
Diehl aussi souligne que idans le monde oriental les heresies
ont cache souvent et dguis des ldees et des inimitis politiquest (p. 751). Peut-tre l'explication du sens qu'avait la vie
1 Points de vue sur thistoire du commerce de l'Orient au moyen-dge,
Paris, Gamber 1924, p. 32.

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Une nouvelle histoire de l'Empire byzantin

41

monacale dans le monde byzantin aurait-elle gagne par une


distinction nette entre les moines de capitate, combattus et
amoindris, sinon dtruits par l'iconoclasme, et les citadelles de
cloitres isols comme le rocher de l'Athos. La comparaison
entre le Pa lais imperial et le Kremlin, le Vieux Srailne manque

pas de justesse ; celle avec le Vatican aurait et, je crois, encore mieux indique, tant donne surtout que dans les autres
blocs de bAtisses ii n'y a pas la tame succession chronologique
que dans la Maison impriale de Byzance.
L'aspect de la ville qui travaille et fait le commerce se deploie ensuite avec les memes ressources, suprieures, du style.
Un paragraphe est consacre A la vie intellectuelle : mats un
grand chapitre sur la littrature byzantine n'tait-il pas de
mise ? II serait difficile de dire non. On a plus de renseignement sur la littrature des Arabes et des Seldschoukides... C'est
la distribution des chapitres qui impose A M. Diehl cette declaration : la place n'est pas id d'ecrire l'histoire de la Hiterature byzantine" (p. 764). H y avait aussi une place pour les
influences occideptales sur cette littrature. Pour l'art, ceTiii qui

p crit son histoire est confine A l'espace de quelques pages


pour qu'on sache tous les conflits insignifiants des signorotti
de l'Armnie. M. Diehl finit en essquissant la vie des provinces.

La bibliographie est admirable. Personne de ceux qui s'occupent de l'Orient europen au moyen-Age ne pourra s'en passer. Un essai de chronologie est bien venu. L'index est absolument complet et tres dtaille.
A la veille du premier con gres de byzantinologief l'Angleterre

de Bury a montre qu'elle n'a pas oublie l'hritage de Gibbon.

N. Iorga

Les manuscrits roumains de la Bibliotheque


Nationale
Le fonds roumain (ancien valaque) de la Bibliotheque Nationale se compose de:

a) 3 manuscrits (un ensemble de chroniques moldaves, une


Vie de Saint Basile-le-jeune et un chronographe).
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42

C. C. Giurescu

b) Un chrysobulle d'Alexandre-le-Bon, Voevode de Moldavie.

c) Une reproduction photographique du codex de Voronetz.


Ce fonds a te constitue, selon toute probabilit, en dcembre
1883 1 Les manuscrits portant actuellement les numros 1 et 2
ont et acquis par la Bibliotheque Nationale avant cette date. Le
manuscrit numro 1 porte, sur le premier feuillet, l'estampiller:
Bibliotheque Imperiale"; il se trouvait done a la 'Nationale avant
1870. II se peut qu'il ait appartenu a l'un des hommes politiquea
roumains qui se sont rfugies en France apres la revolution de
1848. Le manuscrit numro 2, provenant de la collection Minoide
Mynas, a t acquis le 5 avril 1864 et catalogue d'abord dans le
supplement grec, numro 479 2.
La constitution du fonds valaque a et dtermine, parait-il, par
l'envoi de la part de l'Academie Roumaine, le 23 noVembre 18833,

d'une copie photographique du codex de Voronetz, mentionne


plus haut. Quelques jours apres, le 7 decembre 1883, on constituait le fonds valaque avec les deux manuscrits indigoes et la
copie qu'on venait de recevoir 4. Un quatrieme manuscrit
le
chronographe
est venu s'ajouter a ce fonds le 27 dcembre
18885. Le chrysobulle d'Alexandre-le-Bon a et acquis le 16 janvier 1908 6.

La description des manuscrits du fonds roumain a etd faite


dans la publication: Bibliotheque Nationale. Nouvelles acquisiti-

ons du dpartement des manuscrits pendant les annees 19001910. Inventaire sommaire", par Henri Omont,, Paris. 1911, p.
CXVI. Ainsi que le titre l'indique, cette description est sommaire.

Elle donne seulement le titre de l'ouvrage contenu dans le ma1 Je dis : selon toute probabilit, parce que les catalogues de la Bibliotheque
ne donnent aucun renseignement a cet gard.
2 Inventaire sommaire des manuscrits grecs de la Bibliotheque Nationale
par Henri Omont, troisieme partie, Paris, 1888, p. 267.
8 Adresse du 23 novembre 1783, attache a l'exemplaire envoy.
4 Tous les trois ont t catalogues le 7 dcembre 18S3 : ce fait rsulte des
notes qui se trouvent sur le premier feuillet de chacun de ces manuscrits.
' Voir sur le feuillet non nufnrot du manuscrit l'tat du volume", c'est-dCe manuscrit a te
dire la note d'inventaire de la Bibliotheque Nationale.
considrd d'abord comme slave : cela rsulte de la note : Slave 51, qui se trouvait sur le premier feuillet et qui a t remplace par une autre : Valaque 4.
o Pour le prix de 804 fr. 50, du libraire Paul, 28, ruc des Bons Enfants, Paris (Information du Conservateur du dpartement des manuscrits).

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Les manuscrits roumains de la Bibliotheque Nationale

43

nuscrit ou un titre gnerique quand il s'agit de plusieurs ouvrages. Mais, meme sommaire, elle comporte une erreur. On
nous prsente le manuscrit numro 1 comme tant la Chronique d'Ureki par Miron et Nicolas Costin". Il s'agit, en ral06,
d'un ensemble de chroniques moldaves qui commence par un
petit ouvrage de Miron Costin sur l'origine des Moldaves, se poursuit par un ouvrage similaire de Nicolas Costin, par la chronique

de Simeon le maitre d'cole, par celles de Miron Costin et de


Jean Neculcea pour finir par la chronique du Spathaire Jean
Canta. Ce manuscrit renferme aussi quelques mbrceaux historiques et littraires de moindre importance, dus
selon toute
au savant dignitaire moldave Miron Costin 1
Il y a encore une description de ces manuscrits, plus detaille,
celle du professeur Ovide Densuianu, publie dans une revue
de Jassy 2. Mais, tant redigee en roumain, elle est, par ce fait,
peu accessible.
Nous croyons done qu'une nouvelle description, detaille, des
manuscrits du fonds roumain de la Bibliotheque Nationale ne serait pas superflue.
probabilit

1.

Ensemble de chroniques moldaves et divers morzeaux historiques


et littraires
In-folio, reliure ancienne gaufre. Papier, 305
XVIII siecle.
sur 205 millimetres, 313 feuillets, dont les feuillets 4-6 sont
blancs. Au commencement du manuscrit 7 feuillets blancs, a la

fin 13, tous non numrots. Sur le verso du plat anterieur, une
note portant la date: 1789, oct. 15. Sur le premier feuillet non
numerote, plusieurs comptes sans intrt et l'tat du volume au
7 dcembre 1883. Le manuscrit renferme:.
1. Tabla de materii. (La table des matietes)

f. 1-3 V.
2. De neamul Moldovenilor de Miron Costin3. (De la nation
.

I- p. V. A. Ureche, Miron Costin, Opere complecte, II, Bucarest 1888, pp.


143-149 et 499-509.

2 Revista criticd-literard, lll (1895), Jassy, p. 285-298.


8 Le manuscrit ne porte pas de titre. Celui que nous lui donnons a et& emprunt A Million critique de cet ouvrage, publide par C. Glurescu, Bucarest,
1914.

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C. C. Giurescu

44

f.
moldave par Miron Costin.)
Entre les chapitres de cet ouvrage, 1 on a intercal
les morceaux historiques et littraires suivants:
a) Predoslovie. Voroavd la cetitoriu" de Miron
Costin. (Preface. Discours au lecteur par Miron
Costin).

7-27 v.

18-18 v.

b) Intelesul stihurilor, cum trebui sd sd citeascd


de Miron Costin (Sens des vers; comment doiton les lire?, Miron Costin.) . .
19.
c) Viiata lumii" de Miron Costin. (La vie du
monde par Miron Costin.) .
f. 19 v-21 v..
d) Intelesul pildilor ce sint in stihuri" de Miron
Costin. (Sens des exemples qu'on trouve dans
les vers par Miron Costin )
f. 21 v-22 v.
3. Graiul solului (sic) ttArdsc cAtrd Alexandru Machidon...?' (Discours adress par l'ambassadeur tatare
a Alexandre de Macedoine, traduction en roumain
par Miron Costin, d'apres Quinte Curce 1.) . . f. 28-29.
4. Rdspunsul lui Alexandru Machidon solilor tdtdrkti".

..... f.

5.

(Reponse faite par Alexandre de Macedoine aux ambassadeurs tatares, traduction en roumain par Miron
Costin, d'apres Quinte Curce 2.)
f. 29 v.
Epigramnia preosfintitului pdrintelui Dosofei prioin
Mitropolit Suceavschii". (Epigramme du tres saint
pere Dosithe, ancien Mtropolite de Suceava, par
f 29 v-30.
Miron Costin.)
1

6. Stihuri inpotriva zavistiii". (Vers contre la discorde


par Miron Costin.)
f 30-30 V.
7. Cartea pentru descdlecatul dentai a Tdrii Moldovei
0 neamului moldovenesc de Neculai Costin 3. (Livre

sur les origines de l'Etat et du peuple moldave par


f. 31-84 V.
Nicolas Costin.) . t
8. Letopisetul TAM Moldovei pand la Aron-Vodd (1359' Q. Curtii Rufi historiarum Alexandri magni Macedonis libri superstites. Texte
latin publi... par S. Dosson, Paris 1882, pp. 257-260.
a Idem., p. 260.
8 Le manuscrit ne porte pas de titre. Celui que nous lui donnons a dt emprunt a Pedition de M. KogAlniceanu, Cronicile Romdtziei sau letopisetele Moldaviei ft Valahiei, t. I, iitucarest, 1872, .p. 31.

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Les manuserits roumains de Ia 13ibliothque Nationale

1595) intocmit dupA Grigore Ureche vornicul, Istratie logolAtul i alfii de Simion dascAlul 1 (Chro,nique de Moldavie jusqu'au regne du Voevode Aron
(1359-1595) redigee d'apres le vornik Gregoire Ureche,

le logothete Istratie et autres par Simeon

le maitre d'cole (le didascale) )

f. 85-194 V.

9. Letopiseful Tara Moldovii de la domnlia lui Aron


Vod scrisi de Miron Costin ce-au fost logofAt
maxi" (1595-1661). (Chronique de Moldavie depuis

le regne du vovode Aron par Miron Costin, anf. 195-245.


cien grand logothete (1595-1661).).
10. Letopiseful TArei Moldover de la Dabija voevod pada

la domniia lui loan Mavrocordat voevod

(1661.

1743) de loan Neculce 2 (Chronique de Moldavie de-

puis le regne du vovode Dabija jusqu' celui de


Jean Mavrocordato (1661-1743) par Jean Nef, 245 v-310 v,
culce.)
11. Letopiseful TaTil Moldovei... de spAtarul loan Canta 3. (Chronique de Moldavie... par le Spathaire
. f, 310 v.-313,
Jean Canta.) . ., . . . . .
Bibliographie. La description de ce manuscrit a te faite par
Ovide Densusianu, Revista critica-literara", t. III (1895), Jassy,
p. 285; cf. N. lorga, Istoria literaturii romiine in s7co1u1 al
XVIII-Iea", t. I, Bucarest 1901, p. 496.
2.

Vie de Saint-Basile-le-jeune par son disciple Gregoire.


Fin du XVII-e siecle --- commencement du XVIII-e.
Petit
iu-quarto, reliure veau. Papier, 200 sur 142 milimtres, 59 feuilets, dont le premier et le dernier sont mutils. Sur le feuillet
ajout A la reliure et par consequent non numrot, l'tat du

volume, portant la date du 7 dceMbre 1883. Le manuscrit


renferme:
Idem. C'est le titre de rdition de C. Giurescu, Bucarest, 1916.
2 Idem. C'est le titre de Peclition de M. Koaniceanu, Cronicile Romniei,
t. 11, Bucarest 18.2, p. 175.
!dem., III, Bucarest, 1872,,,p. 181.

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C. C. Guresda

46

1. Prea min[unatele]

i Infricoptele

i marile vede-

nii pre care vedenii au argtat domnul Dumnezeu fericitului Grigorie, prea iubitului ucenic al prea cuviosului marelui intre sfintii pgrinti i mult pdtimitoriului de chinuri 4i facatoriului de minuni Vasilie cel
nou". (Les tres merveilleuses et terrible et grandes
visions montres par le seigneur Dieu au bienheureux
Gregoire, le disciple Nen-aline du tres pieux et tres
grand parmi les saints peres, Basile-le-jeune, patient

et martyre et faiseur de miracles.)


f. 1-59.
Bibliographie. La description de ce manuscrit a et faite par
Ovide Densusianu, Revista critica-literard" t. III (1895), p. 286.
Quant au texte lui-mme, qui est sensiblement different du texte
pant en 1816, a Rmnic (cf. D. Russo, Studii bizantino-romane"f,
Bucarest 1907, p. 24), il a t publi, avec dps observations

grammaticales et un glossaire, par le meme: Studii de filologie romang", Bucarest 1898, pp. 58-106.
3.

Reproduction photographique du codex de Voronetz contenant


la traduction roumaine des Actes des Aptres, de l'Epitre de Jacques et de deux Epitres de Pierre.
Ceci n'tant qu'une simple reproduction photographique, nous
renvoyons, pour la description du manuscrit lui-meme, a l'ouvrage que Ion G. Sbiera lui a consacr: Codicele vorohetean,
cu un vocabulariu i studiu asupra lui", Cernaati 1885.
4.

Chronographe et divers fragments historiques et littraires.


XVIII-e siecle.
In-folio, reliure antienne gaufree. Papier,

330 sur 220 miimetres. 454 feuillets, dont les leaflets 8 et 9


sont blancs. Au commencement un feuillet blanc, a la fin plusieurs, non numrots. $ur le premier feuillet numrot, la signature: M. Stancescu. Sur le feuillet 454, la note suivante:
Adu-ti aminte ce ai fost. M. Stancescu. Bueure0i 8 August
1888". A la fin du manuscrit, sur le verso du feuillet 453, les
vers suivants, dus au copiste, le prtre Georges Bujorovski:

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Les martuscrits roumains de la Bibliotheque Nationale

41

Mu ltAmita. tie, Domnului mieu, sa fie,


Pentru aceasta carte de mi-ai ajutat a o scrie.
Cade-mi-se a dints alliluia cu adevArat,
at si la scrisoare mAna mi-au ajutat.
Poftesc dar, deobste cititoriu,

Ca sA fii greplelor mele lesne eratoriu


oriunde vei gdsi vreun cuvAnt gresit,
Sa-ti aduci aminte CA om neputincios sant.

Si

CA avAnd intelepciune de la Dumnezeu tie dAruitA,

Din dragoste 'va fi i gresala me acoperitd.


Cu lungimea cuvintelor nu-ti voiu face suparare multA,
Siiind prostie invataturii mele foarte scurtd.
Ca nu indAsart lAudAndu-mCa pre Domnul sa scArbAscu,

Ce mai pulin graind dela dAnsul sd mA proscAvdscu.


Plecat i smerit rugAtoriu, ierei Gheorghie
Bujorovschii scriitoriu.

Sur le feuillet non numrot du commencement, l'tat du volume, portant la date du 27 dcembre 1888. Le manuscrit renferme:

..... ,

1. Scara..." (La table des matieres) . . .


f, 1-7,
2. Cronograf, incepAnd cu facerea lumii
i isprAvind
cu ImpAratiia lui Sultan Murat, feciorul lui Sultan
Ahmat" (1636)1. (Chronographe, depuis la Creation
jusqu'au regne du Sultan Murat, fils du Sultan Ah3.

mat (1636).).
, f, 10-394 v,
Divers fragments historiques et legendes ,tires des
chronographes byzantins. En voici la liste:
. Boeriile impArAtiei grecesti". (Les dignites de
f . 395.
l'empire grec.)
2. Pentru moastele lui Constantin impArat si pentru proorociia Tarigradului... (Des refiques de
l'empereur Constantin et de la prophtie de Constantinople...)
3.

. .

f. 396 v.

DespotAtiia a preasfintitului Silivestru, papa


de RAm..." (La disputation du pape Sylvestrel f. 397 v.

' Le manuscrit ne porte pas de titre. Celui que nous lui donnons est di a
notre initiative.

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C. C. Giu re se 11

48

4. Pentru sfintele cele din lume sapte saboarli.


Pentru sfantul saborul eel dintaiu". (Des sept
saints conciles oecumniques. Du premier saint
concile.)

f. 404 v.

5. Raspunsul catra Ariia". (La reponse a Arius.) f. 405 v.


6. Pentru sfintele Pasti neindelungat si pre scurt".
(Quelques mots sur la fte de Paques.) . . . f. 408 v.
7. Intelesul pisaniei lui Moisi de invatatura ce-i
dete Dumnezeu pentru Pastele jidovesti". (Le sens

des lois remises par Dieu a Moise concernant la


Paque.)

410

8. Tara pentru sfintele Pasti". (A nouveau sur


la fete de Paques).
f
9. Pentru Ariia spurcatul si pentru napasti ce

412

yin pre oameni". (Arius l'impur et les calamits


qui frappent les hommes )

f. 412 v.

10. Pentru sobor din lume, al doile". (Du second


f 414 v,

concile oecumenique.)

11. Pentru sfantul si lumescul sabor al treile".


(Du troisime saint concile oecumnique.)

f. 415.

12. Intrebari si raspunsuri pentru intruparea lui


Hristos". (Questions et Aponses sur l'incarna-

',

tion du Christ.)
f, 415 v,
13. Catra Nestorie raspunsu cum Dumnezeu singur
iaste Hristos si prea curata fecioara Mariia iaste
nascatoare de Dumnezeu adevarat". (Reponse a

Nestorius prouvant que Dieu Iui-mme est Je-

sus Christ et que la tres pure vierge Marie


est mere du vrai Dieu.)
14. Pentru sfantul al patrulea sabor din lume.."
(Du quatrieme saint concile oecumenique.)

f. 422 v.

f 421

15. Pentru sfantul al cincilea sabor din lume".


(Du cfnquieme saint concile oecumenique.)

16 .Pentru sfantul sabor din lume,

f. 423 V.

al sasele".

(Du sixime saint concile oecumnique)

f. 424.

c' La srie de questions et rponses n'ayant pas de titre pouvant les rsumer, nous avons emprunte A la table des matires du manuscrit celui que
nous donnons.

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Les ntanuscrits roumains de la Bibliotheque Nationale

49

17. Pentru sfantul sobor din lume, al aptelea".


(Du septieme saint concile oecumenique.) . .

f. 425.

18. Aicea aratam pre rand pentru acestea sAboark


de loc, care unde s'au facut i ate canoane au
asazat". (De l'endroit o ont t runis les conciles et du nombre des canons qu'ils ont tablis.) f.

425 v.

19. Cali ani au trecut de la un sabor de cele


mari pand a se face altul". (Les intervalles qui
sparent les conciles oecumeniques )

f. 425 v.

20. Pentru sfintele icoane i ce s ice ca iaste


icoana". (Des saintes icnes; ce qu'on appelle
lune kerne.)

f . 426,

21. Cine intaiu au facut chip pre lume..." (Qui


est-ce qui a cr l'homme 9)

22. Precinn ni s cade a ne inchina

1.. 426 v.
sfintelor

icoane dupd porunca lui Dumnezeu ce invata


pre Moisi". (De la maniere dont il faut adoren
les icenes, d'apres la loi donne a Moise par
Dieu.)
23.

f 426 v.

InvAtatura incredintatd a marelui Atanasie,

patriiarhul de la Alexandriia, &Mr& Antioh pentru


sfinte:e icoane". (Instruction authentique du grand

Athanase, le patriarche d'Alexandrie, donnee a


f. 431.
Antiochus, sur les saintes icenes )
24. Hotar al sfantului i lumescuquil sobor al
aptele". (Limitation du septieme saint concile
f. 432.

oecumenique.)

25. Pentru toti craii cari au fost adunati la cetate

cea mare a Troadei pre care o au bAtat-o 9


ani...." (De tous les rois qui se runirent a Troie
.
.
f. 433.
pour l'assiger pendant neuf annees). . .
26. ...Pentru curate fecioara Manila i pentru is-

cusentia ce au avut sfintie sa trupe.V..e". (De


la tres pure vierge Marie et tle !a benwe de
sun corps.)

.f. 436 v.

27. Pentru cum au intrebat Avgust Chesar imprtrat pre duhurile cele necurate la vriljalnita,
la capiVe lui Apolon Dumnezeu i ee rspuns
au luat". (Question pose par Cesar Auguste
4

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50

C . C . Giurescti

l'empereur aux esprits impurs de l'oracle du


temple d'Apollon et reponse qu'il en a recue.) f. 437.
82. Precum si-au vrajit *i Faraon impArat la Capiste, la vrAjalnifd". (Question pose par le
Pharaon a l'oracle du temple (de Memphis).).1 f. 437 v.
29. Pentru tofi iubitorii de Dumnezeu episcopi

ctlfi au fost pre rand in scaunul Vizantiei "


(Liste des veques qui ont reside A Byzance.)
30. ...Dupre aicea sA fAcurd Patriiari. (Liste

f. 438.
.

des Patriarches de Byzance.)


f. 438 v.
4. 29 de invalAturi ale impAratului Vasile Machedoneanul cAtre

fiiul ski Leon 1 (29 prceptes de l'empereur Basile le Maf. 443-453.


cdonien A son fils Leon.) . , ,
.1

Bibliographie. Ce manuscrit a ete dcrit par Ovide Densusianu, Revista critica-literard", t. III (1895), pp. 286-298, qu, y
reproduit egalement quelques fragments du chronographe, la
table des chapitres et les vers du prtre Bujorovski.
5.

vovode de Moldavie.
11 fvrier 6908-1401.
Parchemin, 340 sur 300 millimetres.
Encadr. Grand scau de cire, de 80 millimetres de diametre
aux armes de Moldavie. Le sceau, attach par un cordon natt
Chrysobulle d'Alexandre-le-Bon,

de soie rouge, porte l'inscription suivante:


t Peciat Io Olexandri Voevod i g[os]p[odi]n zemli moldavscol.
(Sceau de Jean Alexandre, vovode et seigneur de Moldavie.)
Void, en substance, le contenu du document.
Alexandre, vovode de Moldavie, donne au douanier Dan corn-

me recompense pour les services rendus, un domaine renfermant six villages, A savoir les villages de -LirineVi, MenjeVi,
TodereVi, Serbotteti, Litfcani et Iacobepi.
Bibliographie. Le document a forme l'objet d'une notice communique A l'Acadmie Roumaine par J. Tanoviceanu. (Voir Analele Academiei Romne", srie II, t. XXV, Partie administrative et Dbats, pp. 62-64i) II a ete publi, d'apres une
1 L'a srie de preceptes u'ayant pas de titre pouvant les resumer, celui que
n3us donnons est cia A notre initiative

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Les manuscrits roumains de Ia Eibliotheque Nationale

51

copie photographique, par G. GhibAnescu, Surete 0 izvoade",


vol. III, Jassy, pp. 81-86. Une autre copie photographique se trou-

ve a l'Acadmie Roumaine (paquet No. 2, doc. 23).


Le professeur D. Onciul, apies avoir reconnu l'authenticit
de ce document 1, lui contesta, par la suite, cette qualite 2. L'argument qu'il invoque est d'ordre palographique: l'criture ne
serait pas du commencement du XV-e siecle.Mais il y a nombre
de documents moldaves a l'Acadmie Roumaine, provenant du
meme vovode et dont l'criture ressemble fort a eelle de notre chrysobulle. Nous citons:
2. Le document du 1-er septembre 6937-1429. (ms. No. 4606,
phiques, paquet No. 1, doc. 24.).
2. Le document du 1-er septembre 6937-1492. (ms. No. 4606,
f. 8.)

3. Le document du 23 dcembre 6938-1430. (idem, f.

13.)

Nous n'avons constat aucune rature ou correction sur le


chrysobulle du 11 fvrier 1401. D'autre part, le sceau est authentique: il n'y a donc aucun motif de douter de l'authenticit
de ce document.
Appendice.

La Bibdotheque Nationale possede deux traductions de chroni-

ques moldaves, l'une en gift vulgaire, l'autre en frangais, faite


d'apres la traduction grecque. Il s'agit du manuscrit No. 6 du
Supplement grec et du No. 1409 de l'ancien fonds frangais. Le
premier contient la traduction en grec vulgaire qu'a faite Alexandre Amiras a Jassy, en 1729, de plusieurs chroniques moldaves, a savoir celles de Nicolas Costin, Miron Costin et la propre chronique du traducteur. Le second nous offre la traduction
frangaise faite par Nicolas Genier, a Angora, en 1741, de la version grecque d'Amiras. Nous croyons utile d'ajouter ici la
description de ces deux manuscrits qui, quoique n'appartenant
pas au fonds roumain, sont en relation troite avec celui-ci.
1 Datele cronicilor moldoveneftt asupra anilor de Domnie ai lui Alexandra cel Bun, dans les Analele Academiei Romne, Memoriile Sectiunii Istorice".
srie H, t. XXVIII, Bucarest, 1905, pp. 201-225.

' Cours d'histoire roumaine professe a l'Unive rsite de Bucarest,en 1920,


1921, lithographie. pp. 807-308.

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C. C. Glurescti

52

Traduction en grec vulgaire des chroniques moldaves, faite par


Alexandre Amiras.

In-folio, reliure gaufre et dore. Papier,


1729, a Jassy.
314 sur 206 millimetres. 72 + 544 pages numrotees.
Au commencement 14 pages, a la fin 6, non numrotees. A
la page 6 non numrote du commencement se trouve la note
suivante, crite par l'abb Saltier, garde de la Bibliotheque du

Roil: Envoy par Mr. Peyssonel et remis par Mr. Marie.


Le 1-er de juillet 1752". A la page 7 non numerotee, dans tun
cadre rectangulaire portant en haut les armes de la Moldavie
et les initiates I. G. G. B. (de Jean Gregoire Ghica Vovode.),
le titre:
BtPkCov iosopcxby reptixov tag lasp.oviac sd accciumic sei)v iv
Mokaccfii4 ilisp.ovetysivuo c(60.imov xxi ripcov Tsc.rvcct(dvuov IcotTctorropialv &py..6i6vov firth To5 ApiTool fldal xci xx,k4-71c repat061Lsv0y Its.!xpt TO5 Wis.

EuvuOiv
v tpc.yrov nap& roil tisTecko.) XoTo0i-cou Mupiov
KuyIrliv etc p.okaafitxiiv ikeozzavo.stcqpctofliv, t atec rpooscec
Tot) inirilXotecroq xx.1 .asonapscrcct.rou GWaellt01 Z.Cti irrep.dvoc iceartic
Mok6ojikaxiac xDpiou xnpioo Itavvou rp-TropCou FItiscc pcs(36Sex.

Etc Ttv illieripccv Corkiiv SciXex-cov napi Tor.) apxonoc irp(;mv


1.1.4a akwyrCetpou 'A)46vapoo 'Ap.ripa Tou cy.upvcctou.
'Ev gra Eurb Xptarou ct4nt:Otp (1729), Pet.
vci cpsupouciptov.

Le manuscrit renferme:
1. "EXeixoc Tou Irp(oto.) pEpkiou ti)c ttoXactentlt: bro-

p. 1,-12 (non numrot6e).

()Exc.

2. [Ipkoioc riFic v.oXS/ffix-ilc impiccc ri c

rcp.skibc

ILE-

Ta?panasicrlic nap& 'Aks6vapou 'Ampd 2

3. Premier livre de l'hist tire mo dave traduite par


Alexandre A niras 3.

p. 1-7,

p. 7-67.

Notices et extraits des manuscrits de la Bibliotheque du Roi, t. Xl,


Paris, 1827, p. 274.

C'est la preface de l'ouvrage de Nicdlas Costin sur les origines de Pttat


et du peuple moldave.
8 Le manuscrit ne porte pas de titre. Ce premier livre de l'histoire moldave,
c'est l'ouvrage de Nicolas Costin sur les origines de l'Etat et du peuple moldave.

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Les manuscrits rournains de la Bibliotheque Nationale

53

4. Ifivaa iavothc 7CEpapv 7,4=c Tac ccuaEvt;ac, Tok TS


ariktr.our: xxl ,ret iv ixiaq xxvi xoupolic aottprivta
arrb Toy Apdrioarj Poax Ozp r. rriirropiol l'ix fiosOax. p.

68-72.
p. 1-544.
5. Iercopix rir; MoXaoc.
Cette histoire de Moldavie est constituee par les chroniques
suivantes:

a) Chronique de Nicolas Costin (depuis la fondation


p. 1-242.
de l'Etat moldave jusqu'en 1601 )
b) Chronique de Miron Costin (de 1601 a 1661 ) . p. 242-410.
c) Chronique d'Alexandre Amiras (de 1661 a 1729 ) p.412-544.

Entre les chroniques de Nicolas et Miron Costin


sont intercals quelques vers sur la mort.
Entre celles de Miron Costin et Alexandre Amiras,
II y a le chapitre sur les dignites moldaves etablies1/4 par Alexandre-le-Bon, qu'on avait omis de
mettre au regne de ce vovode.
p 410-412.

Bibliographie. Ce manuscrit a form l'objet d'une notice par


Hase:- Notice d'un manuscrit de la Bibliotheque du Roi contenant une Histoire inedite de la Moldavie, composee en Moldave par Nicolas Costin, grand logothete a la cour d'Iassy et traduite en grec moderne par Alexandre Amiras", publiee dans le

recueil Notices et extraits des manuscrits de la bibliotUque


du Roi", t. XI, Paris 1827, p. 274-394. Hase, qui croyait que la
chronique traduite par% Amiras avait pour unique auteur Nicolas Costin, reproduit dans cette notice neuf fragments du manuscrit et la table des chapitres. Voir encore au sujet de ce manuscrit: M. Kogalniceanu, Letopisijile Tarii", t. I, Jassy, 1,852,
p. 329; cf. t. III, Jassy 1852, p. XXIII; le mme, Cronicile Romanier, t. III, Bucarest, 1872, p. 179, note; N. Iorga, Istoria literaturii romane in secolul al XVIII-Iea", t. I, Bucarest,
1901, pp. 480-481.
2.

Traduction frangaise du manuscrit, faite par Nicolas Genier de


Smyrne
1741, a Angora.
In-folio, reliure portant au dos les fleurs de
lys et les initiales LL. Papier, 344 sur 223 millimetres. 10 1007
pages numrotes. Au commencement 4 pages, a la fin 6, non
numrotes. Sur la seconde page non numrote du commencement, la note: Voy. une notice de M. Hase dans les Notices
et Extraits des Mss. t. XI". Sur la troisiame page, non numrote,

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C. C. Giurescu

54

la note suivante: Ce manuscrit vient du Cabinet des livres de


Versailles; il a t envoy par Mr. Hardion a Mr. Le Fevre qui
me l'a remis le 19 novembre 1761. Bejai" Sur la mme page,
le titre:
Livre historique contenant les Gouvernernents et les vies des
Princes de Moldavie et des autres Souverains des pays circonvoisins a cette Principaut, leurs contemporains, depuis . l'an..,
(blanc) et le gouvernement de Drago-Vdda, jusqu'en 1729. Avec
un abrege de l'histoire du monde, de l'origine et de l'tablissement de toutes les nations qui l'habitent depuis sa creation jusqu'au regne de l'Empereur Trajan et au dela.
Compose en premier lieu dans l'idiome moldave par le Seigneur Miron Costy grand Logothete ou chancelier de Moldavie; ensuite d'ordre du tres Excellent et fres Illustre Jean Gregoire Ghika, Voevode ou Prince de la Moldovalachie, fut traduit en grec vulgaire a Ghiassy en 1729 par le Seigneur Alelexandre Amira de Srnirne, cy devant grand Soultzar ou Ecuyer de bouche de la Cour de Moldavie; let de ce dernier Idiome a et mis en frangois par Nicolas Genier, aussi de Smirne, cy devant honor d'un employ dans la Bibliotheque publique de Sa Majest tras Chretienne, a Paris.
A Angora, MDCCXLI."

Le manuscrit renferme:

1. Preface" (de l'ouvrage de Nicolas Costin sur les


origines de l'8tat et du peuple moldave.) . p.
2. Livre -historique contenant les Gouvernements et
les vies des Princes de Moldavie. "

1-10.

p. 1-989.

3. L'explication des charges et autres dignits at-

taches a la Cour de Moldavie,qu'Alexandre Voda

dit le bon et le vieux tablit dans cette

Principaut..."

. .......

p. 991-995.

4. Table des matires.. " . .


p. 997-1007.
Bibliographie. Ce manuscrit a t dcrit par V. A. Urechia,
Buletinul instructiunei publice din 1866", p. 608-613 qui y publia les trois premiers chapitres. Cf. le mme, Miron Costin,
Opere complete", t. I, Bucuresti 1886, p. 51. Il est mentionn
egalement par M. Kogalniceanu, Cronicile Romanier, t.I, Bucarest, 1872, p. XXV, note 2, qui reproduit le titre de ce manuscrit et par N. lorga, Istoria literaturii romane in secolul
al XVHI-Iea", t. I, Bucarest, 1901, p. 481. L'Acadrnie Roumaine

possede une copie de ce manuscrit qui a te faite par Ubicini


(cf. V. A. Urechia, Miron Costin" I, p, 51).

C. C. Giurescu.
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Une nouvelle thorie sur Porigine des Roumains

55

Une nouvelle thorie sur l'origine des Roumains '.


L'auteur de ce volume, qui en promet un second, dveloppe une
these de doctorat A Berlin intitule Recherches d'histoire et de
topographie sur les Gpides" po us pro iver une vrit , qui de-

puis plus de dix ans", lui apparait comme vidente, a savoir


que cette histoire des Gpides mrite une importance A regard
es Roumains qui doit etre mise a cet de celle des Francs pour
les Francais 'ou des Longobards pour les Italiens", Pendant
six generations entires les Gpides ont bti ici leurs huttes, ils y
ont fait paitre leurs troupeaux, ils ont cultive leurs champs, ils

y ont eu une vie d'Etat organise sous le rapport politique et


ecclesiastique, ils y ont entrepris des guerres, ils ont dfendu
ce pays et l'ont consider comme leur proprit." Plus loin il
place, en effet, dans la mme introduction, l'habitat des Gpides
en Dade de la moiti du III-e sicle a cella du W-e, ce qui donnerait trois sicles au lieu de six... Il est vrai qu'il admet les
restes de cette population jusqu'au IX-e siecle, quand ils finissent
par se romaniser". Et, comme oa finit le Gpide commence
le Roumain", l'origine germanique de ces prtendus Latins du
Danube serait prouvee.

Or, les Francs sont venus en Gaule a une epoque parfaitement clairee pas des sources assez nombreuses. Ils avaient
leurs rois appartenant a une dynastie d'origine fabuleuse. Ils
conclurent des pactes avec les cites et partagerent les terms
de labour avec les Gallo-Romains. Ils les gouvernerent, tout en
tant lentement gagnes par leur supriorit numerique et culturale, jusqu' ce que les deux races n'en firent, sous la benediction de l'Eglise, qu'une seule. Hs imposerent leur nom A la nouvelle nation, A son territoire et A sa langue.

Quant aux Lombards, dans une partie seule de l'Italie

ils

accomplirent une mission historique pareille.


Faire des Gpides des crateurs d'Etat, des dominateurs culfives, des fondateurs d'une race qui ne s'appelle cependant pas
est la tAche que veut
de leur nom
et sa langue non plus
remplir l'auteur.
' Diculescu, Die Gepiden, I, Berlin 1922.

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N. lorga

56

Comment se prend-il pour prouver ce qui apparait des le pre-,


mier moment comme une absurdit a quiconque est initie a l'ethnographie et a Phistoire de cette epoque? Ces errements manifes-

tes sont un des exemples les plus instructifs de ce que peut


donner, malgr une erudition qui est parfois de bon allot, une
ide prcongue servie par les moyens sducteurs de la mauvaise
logique.

Un chapitre d'ethnographie, fres nourri, cherche a fixer la


physionomie desdits Gpides. Pour les germanistes les explications nombreuses que donne Pauteur, un philologue de mtier,
peuvent etre intressantes et mriter l'loge qu'en fait M.
Meyer Liibke, qui est cependant un romaniste. Les conclusions
de M. Kossina sur les rites funraires des Goths et des Gpides
y abondent. Pour une histoire des Gpides ce serait un chapitre
ncessaire, bien que l'exposition se perde dans des meandres infinis.

L'auteur admet Porigine baltique de ses Gpides et cherche


meme a la prciser (pp. 12-13). ll la veut, plus tendue que dans
le tmoignage de Jordanes et il croit pouvoir s'appuyer sur
les constatations de l'archologie des tombeaux. A-t-on jamais
vu corriger une source historique, fat-ce meme Cassiodore dans
la transmission si vague de Jbrdanes, par ces conclusions sur les
rites funraires? A peine toute la Prusse occidentale suffit-elle

a cette avidit de terres pour ses amis et conationaux" les


Gpides (p. 16).

M. Diculescu doit constater cependant avec melancolie que la


grande nation est ignore au I-er et au IPe siecle de Pere chrtienne
par Strabon et Ptolmee, par Tacite et Hine (p. 17). C'est seulement

vers 150 qu'ils se spareraient de l'unit gothe, mais aucune


source ne le dit. En 184 Malalas les mentionne comme ennemis
des Romains sans prciser l'endroit du conflit, et le compilateur

byzantin Pauteur lui-mme le dit


n'est gure une source
de premiere main. Mais M. Diculescu croit pouvoir remplir la
lacune par les trsorS de monnaies romaines dans Ia Prust,e
occidentale, hypothtique patrie des Gpides, en attribuant par
la meme hypothese ces trsors aux Gpides (p. 18). Il n'y a pas
non plus de source sur le depart des Gpides, et cependant
Phypothese donne de nouvelles ,prcisions a l'auteur (pp. 21-22).
Son imagination voit la scene du depart, et elle est dcrite avec
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Une nouvelle thorie sur Porigine des Roumains

57

une emotion explicable (p. 22). Comme vraie base, en dehors

des dcouvertes dans les tombes a squelettes, deux lignes du


confus Jordanes sur l'avance du roi Fastida. M. Diculescu dcou-

vre toutes les nations vaincues ou traverses par ceux qu'un


dsir mystrieux entraine vers la Dacie, vers'Ia Dacie seule,
vers toute la Dacie (p. 13). Des. fibules d'origine prussienne
de l'Ouest" suffisent pour lui indiquer. le chemin ,(p. 24). La
Chronique Pascale, si tardive, lui donne la date du choc avec les
Romains (p. 25).
Pour Jordanes les Gpides ont au V-e sicle le pays entre la
Theiss (Tisa) au Nord, le Danube, au Sud, le Flutausis ou Flau-

tasis, a l'Est. L'opinion de Wietersheim et d'Onciul, qui leur


attribue tout au plus, comme a leurs predcesseurs les Huns,
la region de plaines jusqu'aux montagnes occidentales de la
Transylvanie, est inattaquable. La Flutausis" est le flu. Tausis"
d'une carte, la Theiss elle-meme. Employer les epithetes ;de

Jordanes, qui n'a jamais vu ces pays, pour l'identification est


absurde. Les Gpides auraient eu d'apres lui seul le Mureg et
le Crig, plus le Gilpil, qui est le Jiiu transylvain, et la Milia",
le Miiare, peut-tte la Mara. Mais tout cela est tres vague et
pris au hasard. Jordanes est parfois une indication, jamais une
source.

Pour avoir la dure de l'invasion, l'auteur change de place (p.


27) un passage de Jordanes sur les Vandales et l'applique a ses
Gpides. Que ne peut-on prouver de cette fawn ! Une interpretation extremement ingnieuse de la monnaie de l'empereur Philippe fournit un autre appui" (pp. 28-9). L'auteur descendra jusqu'aux chroniqueurs mrovingiens pour mieux fonder son argumentation. Une chronique parle-t-elle de Daces a ce
moment, les Daces doivent tre des Gepides. M. Diculescu voit
donc les Gpides s'installer en Dade et dlimite leur territoire.
Jusqu'ici ii n'y a cependant aucun tmoignage contemporain.
Mais les fibules" ne manquent pas, et cela suffit a l'auteur.,

Le rcit de Jordanes sur la combat entre Gpides et Ostrogoths est, visiblement pris dans une chanson, non-datable (p.
34). M. Diculescu crit cependant gravernent: 262. Si Jordanes ne plaide pas pour cette determination, eh bien, il se trompe:
Son commentateur a trouve mme les traces du combat (p. 36).
Galtis c'est le Galt transylvain, l'Auba, l'Olt....
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N. lorga

58

Sans aucun temoignage de source l'auteur admet une nouvelle

descente de Gpides en 275ils paraissent avoir t inpuisables


et s es squelettes lui donnent aussit6t la direction: du
cOt de Kiev (p. 39)! La mention en bloc des Gepides, Gruthunges et Vandales" dans Vopiscus (Probus) lui parait former
un nouveau point important dans l'histoire de la nation de laquelle II vent a tout prix descendre (p. 41). Ils auraient quitt
la Dnieper pour ne pas y avoir trouv une civilisation correspondant a leurs goats. L'historien sait parfaitement que eette fois
ii tait question des montagnes de la Transylvanie. II lui semble
qu'ensuite les sources se taisent presque completement sur les
Gpides pendant quarante ans" (p. 42). Mais aucune ne les avait jusqu'ici dfinis et ne leur avait assign tine territoire. Tout
est en l'air, squelettes et fibules ensemble...
Comme Jordanes parle du depart vers 330 des Vandales et de
la pousse des Gepides qui les remplacent, M. Diculescu s'empresse de corriger le texte pour qu'on ne croie yas que ses barbares favoris y paraissent pour la premiere fois (p. 43). Aussiles Gpides ressentent
(ibid.). Et, pour le prouver,

tOt

un bien-etre jusqu'ici inconnu"

II leur attribue arbitrairetnent le


trsor de Simlau, travail hellno-scythe que n'importe quelle
espece de barbares pouvaient se commander! C'est pour l'auteur
un travail gpide puisque dans sa fagon ii dcouvre les moeurs
pacifiques de la nation. Il y voit jusqu'aux trois fleuves nouvellement acquis par ses clients. Tous les Gpides sont dj
en Dacie, parce que... dans la Prusse occidentale, leur patrie hypothetique, on n'a rien trouv en fait de fibules, dans des tombes
qui sont videmment de pur hasard. Comme des monnaies se
rencontrent dans la dcouverte de Simlau, c'est une preuve que...
les Gpides recevaient un tribut de Pempereur (p. 40).
L'auteur admet ensuite que, lorsque les Huns chasserent devent eux, en 376, les Goths, les Gpides elargirent encore leur

assiette dace. Il est vrai que l'evnement a chappe a la tradition littraire contemporaine", mais c'est que toute l'attention
du monde romain se concentrait alors sur les Huns et surtout sur
les Goths et les evnements des Balcans" (p. 47). Tout peut
etre dmontr par un pareil systme...
Et cependant les Gpides, non nomms, dpassent en importance les Ostrogoths", dont parlent les sources (p. 48). Du mowww.dacoromanica.ro

Une nouvelle thorie sur l'origine des Roumains

5q

ment que cela sert a la these... Rien n'empche de leur accorder presque toute la Dade de Trajan" (ibid.). Ceux de
Kiev accourent aussi: l'auteur seul les a vus. Dans les fouilles

ou a trouv, en effet... des miroirs comme ceux de l'Ukraine.


On dirait que ce que je cite est invent, tenement est invraisemblable cette mthode"...

M. Diculescu ne permet pas aux Gpides de participer aux


incursions en Occident; il tient a les garder pour lui (pp. 4849). Si S. Jerme dit autrement,eh bien, c'est de la rhtorique"...
Mais l'auteur cede un petit groupe d'emigres, et ;:ustement il y
a... deux bijoux qui signalent leur depart. Un prince en voyage,
un Gpide, les a perdus sans aueun doute! L'auteur croft meme
qu'il en mourut (p. 51). Cependant il note leur tablis.;cment,

bien prouv, sur le Rhin, et un Kippid de 822

(lisez bic,.\ la

date) n'est qu'un Gpidet endurci (p. 52). Ce

fragment .fut
romanis", de sorte que par les Gpides Francais et Roumains
sont freres.
.
Tout un chapitre cherche a creer aux Gpides un gite special,

une autonomie", un 8tat" dans Vempire hun. On commence


par constater que pendant cinquante ans, jusqu'a Attila, Hen
ne vient constater la presence de ces Francs de l'Orient sur
le Danube. Sous le fameux roi hun le role des Gepides n'est
mentionn qu'au passage par Jordanes, qui crit un siecle plus
tard. M. Diculescu fixe aux Gpides un rOle defini dans la campagne des Gaules. Il veut conserver a Ardaric, le roi gepide,

seul ramitie prcieuse d'Attila: un concurrent goth est cart


avec mepris (p. 58). La seule source contemporaine, Priscus,
ne dit pas un mot sur la politique des Gepides. Le role de librateur apres le mort d'Attila est attribu par Jordanes seul a
Ardaric, qui parait recueilli dans la chanson populaire. (Paul le
Diacre suit celle des Goths.) La scale chose vraiement utile jusqu'ici
sad la bibliographic
est l'identifelation de la riviere
de Netao, oil fut vaincu le fits d'Attila (pp. 65-66).
Jordanes dit explicitement que, apres la victoire, les Gpides
s'attribuerent la patrie des Huns, totius Daciae fines", des
frontires daces, done la Pannonie 1

1 Encore une fois une observation juste, celle des Sacromontisii et Fossatisii
grecs dans Jordanes (p. 68, note 441).

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N. lorga

60

Mais, pour prouver que la Dacie devint un Gepidie (voy.. la


Romanie de Jordanes, alors que, sauf le geographe de Ravenne
pour un autre territoire, 11 n'y a pas de Gpidie, bien que
l'Avarie se rencontre ci et la, l'auteur se perd dans des considerations sur les noms de rivieres daces, dont le manque cornplet de bon sens a t prouv par M. Ovide Densusianu dans
sa Revue de philologie.
Toute la partie philologique qui suit est manifestament erronne. L'auteur ne trouvera pas un philologue avis qui admette avec

lui l'origine gepide du nom de la riviere de Gilort (cf. Gilpil"


chez Jordanes), de celle de Lotru (en roumain: brigand"),
de celle de l'Olt (le Lot gascon et Lutetia seraient aussi germalniques...). Dans la suite, le texte de Procope (Bell. Goth., III,
34, 10), cite, ne montre que le caractere tributaire de la Dade
aznonip) a regard des Goths et pas des Gpides et l'tablissement ultrieur de ces derniers sur la rive gauche, sans pre(a,: tp6pou

ciser qu'il eagit du cours infrieur du fleuve (cf. pp. 82-83).


Un passage de Mnandre, cite bient6t apres, les montre au
Nord de Sirmium (cf. p. 83).
Aussit6t recommencent les identifications phantaisistes de la
topographie dace avec des racines germaniques. Tigas est le
Bega; malgr le tmoignage formel du geographe de Ravenne,
le Drenkon doit etre le Mur4 (p. 87). --Le nom de Doftana
est en rapport avec dohot, slave: ptrole brut. Amaradea, Ciocadea, Crivadea, etc. n'ont rien de germanique (cf. Oradea). Le
premier nom peut etre rapport a Homorod, a Humor (de chim,
colline).

Un nouveau chapitre poursuit la vie des Gpides comme f


drs de l'Empire des le regne de Marcien. Malgr la definition de Procope, ix ozovaot v

iXot, l'auteur vent dlivrer ces barbares

de la tche" du tribut et du contingent militaire. A peine Jordanes les mentionne cependant en passant, a l'occasion d'une
levee de boucliers contre les Ostrogoths. Ennodius les montre du
cOt de Sirmium encore (cf. p. 106) et garantis par la riviere

d'Ulca, qui n'est pas en Dade (cf. pp. 107409). II y a un roi


gepide tue par Thodoric dans Paul le Diacre (pp. 109-110),
Mais rien ne prouve l'existence de deux groupes et de deux
rois (dans Ennodius il est quesfion d'un roi" et d'un doctor).
L'auteur lui-meme admet ensuite un nouveau silence d'une vingwww.dacoromanica.ro

Une nouvelle theorie sur l'origine des Roumains

61

taine d'annes. Du Hun Mundo on veut faire un Gpide. A


peine en 530 il est pule de nouveau des Gpides.
La facilit avec laquelle, d'apres la lettre de Cassiodore, Theodoric transporte sur la frontiere de sa Gaule la nultitudo Gepi-

darum" montre hien que, malgr les rois" de legende, ces


barbares, peu nombreux, n'tbient guere arrives a former quelque chose ressemblant a un Etat. En leur accordant les conditions de transport, le roi goth parle de l'herbaruin copia", ce qui
les montre bergers circulant avec leurs troupeaux, dans une
posture qui n'est gure comparable a celle des Francs, filt-ce
mme au moment le plus trouble de leur histoire (cf. p. 118).
Quelques Gepides servent dans l'arme gothe d'Italie (p. 119).
Le gros de la nation est ,sur la Save, comme auparaviant:
rtj7cati3e.: o &
wtoy. Tout essai de fixer une frontire entre
Goths et Gpides doit rester nulle: les quelques milliers die Gepides formaient une simple clientele de la royaut de Theodoric
ou de l'Empire d'Orient.
Dans la guerre byzantino-gothe rien ne pro uve une guerre
contre les Gpides sur le Danube infrieur; l'auteur le reconnait lui-mme (p. 123). Procope, cite par lui, dit clairement
(dans l'Historia arcana") que les Gpides tiennent Sirmium
et les localits de ce OW, int Lot* r.44. Ils se prsentent
cependant bien humblement en fdrs (p. 125). Les burgi ne
tmoignent guere d'une tablissement germanique (p. 128).

La Dade gulls veulent occuper, d'apres Procope (Goth., III,


33,8), est celle d'Auralien. II n'y a pas de preuve que les places
occupees sur la rive gauche du Danube eussent jamais t abandonnes par les Byzantins. Et cependant l'auteur parlede la Dacie comme noyau" de l'tablissement gepide (pp. 131-132).

Les rapports des Gpides avec les Lombards ont lieu sur
le Danube de Pannonie (p. 134), Cependant l'auteur tend la domination gepide sur la Hongrie Septentrionale, la Slovaquie et
la Moravie", donnant, des lors, aux Francs la Bohame (p. 135).
Prudemment ii ajoute: Sur la facon et l'epoque de l'occupation

de ces pays par les Gpides on ne poSsde pas, en tout cas,


de renseignements directs" (p. 135). Le gographe de Ravenne
prsentait la carte de son temps. L'auteur ne fait ensuite que
raconter d'apres Procope le conflit de ses Gpides avec les
Lombards. Sur la guerre contre les Slaves liegen keine Nachwww.dacoromanica.ro

62

N. lora

hrichten vor", et cependant on nous la prsente (p. 152). Les


Byzantins du VII-e siecle sont employes pour prolonger l'histoire
de l'agonie gpide, peu intressante. Mais tout cela reste tran-

ger A la Dade, oei M. Diculescu veut fixer le moment dcisit


de la catastrophe qu'il deplore.
Dans un nouveau chapitre M. Diculescu croit pouvoir distinguer aussi quelles ont t les populations qui vivaient sous la domination des Gpides (il croit que les Gepidarum populi" de
Jordans ont ce sens, lorsqu'il s'agit seulement des peuplades"

gepides elles-memes). Pour des noms comme Gotul pour une


montagne et un ruisseau il dcouvre des Goths en Transylvanie;
Venda les et Heru les leur sont places A elite. On calcule, sans aucune base, la valeur numerique des Germains de diffrentes

nuances. Parmi les sujets ii y avait en outre les Roumains, les


UrrumAtren". 11 n'y a pas a discuter sur ce point, mais l'auteur
veut mettre A contribution sa philologie a lui, qui ne ressemble
pas toujours a l'aspect commun de eette science. II affirme que,
si de fait les termes germaniques manquent dans le roumain, on
ne peut pas admettre la thorie de leur permanence au Nord
du Danube (mais ii y avait aussi de nombreux Germains au Sud,
et alors oil placer ces malheureux UrrumArien"?). Avec des
ressemblances- de hasard comme butuc, roum. et ranglo-saxon
butt-uc, on n'arrive A rien ou bien on peut arriver fres loin,
de meme qu'avec les derivations du [gepide", comme celle
de strnut; cheval pointille de blanc ; de- meme burduf, burt,
strugure, qui vient sans doute du -tree t p 6 7 I, au singulier, est une formation erronne d'apres le p]uriel au lieu de
strug; cf. le strug du strugar, de l'ouvrier en bois. Tureaci,
tureatc a pluttit un rapport avec le tur: turul pantalonilor. Har-

nic, de har, est approch du sudois arnig. Je y a aussi des


pages entieres sur les noms de personne, qui paraissent a l'auteur, avoir un timbre gpide"; s'il trouve Gotea, eh bien, c'est
un Goth; Manea ne vient pas de Manuel, mais .de Mapno, Onea
(Jean, de Ion) a des rapports avec l'unit gothe, Ulea (de
uliu, autour), lui rappelle Hunulphe. Le nom de localit Bfirlad
est pour lui un heritage gepide. La dynasties de Basarab (pour
la provenance thraco-ilyre, des exemples ont t rcemment
donns) provient d'une souche germanique (le nom est porte,
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Une nouvelle thdorie sur torigine des Pournains

63

du reste, non pas, comme le croit l'auteur, par une famille princiere

seule, mais par des Tziganes mme). Les noms de ri-

vieres termins en Mu (Covurluiu, etc.) se rencontrent uniquement dans les regions qui ont t atteintes par le flux tatar, et
ii

n'y a aucune influence gothe ou gepide (Caluiu et Ur luiu

ont eu un sens dans le 4fingage commun et appartiennent a une


autre categorie).
M. Diculescu croit pouvoir fixer jusqu' la situation iuridique
de ses Urrumanen sous les Gpides (p. 195 et suiv.). La partie qui traite de la large diffusion, bien connue, des termes roumains pour la vie pastorale peut rendre service 1. Lorsqu'il
est question de l'agriculture, ancienne, de la mme nation, on a

une synthese bien faite, la premiere complete, avec, ci et la,


des suggestions nouvelles (cf. par exemple la derivation de
Papaluga, Paparuda, du grec ropqoXtirti ; pp. 208-209).
Mais les Gpides rclament leur droit de premiers-ns pour l'au-

teur. II revient pour suivre leurs dernires manifestations. Rien


de ce qui est dit d'aprs les sources dans toute la largeur d'un
chapitre ne touche au probleme que l'auteur a voulu lucider. Si
Thophylacte Simokatta crit MOUCtiALOY 'thy 4761.i.evov Pact T.4
caw Gap;4ptawfwvt,i1 ne peut pas Ctre question de longue gpide" ; les barbares sont id tous les Occidentaux de langue la-

tine. Les dcouvertes de tombeaux gpides" fournissent des


matriaux a un autre chapitre. Trois villages gepides dans Theophylacte reprsentent la seule chose dilment prouvee dans ce-

Les barbares" de Thophane, indiques ,aprs les Esclavons et les Gpides, ne peuvent gure Ctre les Romains"
de la Dacie (cf. p. 224). Voir dans le capcin roumain (tete
de chien") un khagan, capchanus, serait risque, pour un autre
lui-ci.

philologue. Mais M. Diculescu soupire bientOt aprs sur la Laternisation" gepido-roumaine. La tentative d'accrditer le notaire
anonyme du roi Bela" (p. 236 et suiv.) n'est pas plus heureuse
que les autres. S'il qualifie de barer Unsinn" (p. 238) l'opinion
de ses adversaires, on peut lui retourner le mot. L'observation
que l'Anonyme appelle les Roumains Blacchi et les acles de la
chancellerie hongroise des 1234 Olaci" (mais aussi Wolati")
L'diteur de la Descriptio Europae orientalis" (voy. armee prcedente, p.
201, note 11) n'est pas dr. Olgierd", mais bien Olgierd GOrka.

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N. lorga

64

n'a pas de valeur puisque, en 1231,1a premiere forme est usit4


dans les actes officiels (cf. p. 239). Des sources comme la Conversio Bagoriorum et Carantanorum" ne peuvent pas etre emplqyes pour tablir qu'il y avait encore A la fin de IX-e sicle une nation gepide dans ces contrees. 11 est enchant de trouver des
noms germaniques, gepides", pour les princes roumains de legende donns par le chronique hongrois.
Cela suffit, je

crois, pour ce que je voulais dmontrer, Si

cette ecole, avec sa .facon de s'informer et sa logique special()


se rpandrait, il en rsulterait un discredit pour la science ellememe.
N. forga.

COMPTE-RENDUS
Constantin C. Diculescu, Die Wandalen and die Goten in Ungarn
und Rum5nien (Mannus-Bibliotheck" de Kossina, no. 34), Leipzig 1923.

Dans cettte etude complmentaire, l'auteur de la bizarre thorie des Roumains-Gpides ou des Gpides-Roumains s'occupe de
cette partie de la Dade oir II n'a pas pu placer ses barbares f avoris.

Ici encore la tendance d'attribuer la Dacie aux nations germsniques est poursuivie avec opiniAtret, A l'aide aussi bien des tex-

tes, mal interprets, que des objets trouvs dans les fouilles et
de la catgorie A laquelle appartiennent les tombeaux. Ainsi le
texte de Dio Cassius qui relate l'invasion des Astinges vandales
sur le territoire dace (LXXI, 12) est-il ponctu de cette facon:
vcx-Oawric Si ixeivou (sic) xxi tv Aaxixtv oAiy irrov, WACUP) est0214TaC (sit) oi AixpriToc, au lieu de: vtxlascwrec Ii btetvov, v.cci v
.Xxxx) oA:sv iltrov Doizopi . asiavner; ai oiAlv.rrot (voy.p: 2, note 4).

Pour les Goths, les recherches de l'rudit roumain n'avancent

pas trop la connaissance des rapports de la Dacie avec cette


partie des Germains. II discute si les Taifales sont ou non des
Wisigoths (p. 13); il les rattache aux Vandales, aussi a cause
de la dsinence de leurs noms
Ge seraient les Lacringes
(p. 14). L'analyse des sources est donne avec beaucoup d'attention. Mais le nouveau des conclusions philologiques vient soutenir des theses inacceptables : l'auteur croit avoir decouvert
dans les noms de Coca, valle, rnontagne, village dans le district valaque de Buzau, la place exacte du Caucaland d'Ammien
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Comp le-rend a

Marcel lin (pp. 41-43). II

voit dans la riviere de la

65

Hlibakia,

pour le Byzantin Thophylacte, sur la rive gauche du Danube, un


bach de Hlis (p. 50)1 De fait on pronongait Ilivakia, et c'est.
probablement I'llfov. L'apport archologique est trait de la
mme fagon que dans l'ouvrage principal de l'auteur. M. Dieulescu veut faire de Radagaise un Wisigoth (p. 48).
N. I.
*

Heinrich Ritter von Sibik, Metternichs Plan der Neuordnung


Europas, 1814-15 (dans les Mitteilungen des 8sterreichischen
Instituts fr Geschichtsforschung", XL, 1-2, Vienne 1924).

C'est la legon d'ouverture du successeur d'Auguste Fournier a


l'Universit de Vienne. Les Pays Bas devaient etre d'apres Metternich un boulevard contre la France" (p. 118).

La Hongrie et l'Italie du Nord devaient s'orienter vers le


coeur du continent, Vienne" (p. 119). Il pensait A une Lega Italica (p. 120). Venise serait runie A ce Nord italieri (p. 121). La
Lombardie aurait t cependant donne au Pimont. L'auteur

ne dit rien sur les vises du puissant ministre a l'egard de


l'Orient.

L
*

Gustav Weigand, Ethnographie von Makedonien, geschichtlichnationaler, sprachlich-statistischer Tell, Leipzig, 1924.
Le professeur de roumain, de bulgare et d'albanais a l'Univer-

site de Leipzig expose dans cette brochure en caracteres menus


le rsultat de la mission scientifique de laquelle il a t charge,
avec non moins de six collegues bulgares, en Macedoine pendant Poccupation du territoire serbe par les Allemands. Trente
Allemands travaillaient dans d'autres domaines. Lui-mme n'est
pas venu sur place, ayant fait dj six voyages dans le pays (a
Pepoque oa les Roumains des Balcans taient sa preoccupation
principale). Il se plaint de ce qu'on eat mange en Prusse l'argent
destine A cette publication, qui n'a trouv ensuite que difficilement un dileur.
Une trentaine de pages s'occupent d'histoire et d'ethnographie.
Op commence par affirmer que dans les regions de deux langues
celre-l l'emporte qui reprsente une civilisation superieure (pentetre a notre poque et dans certaines conditions), la condition
-de la supriorit numrique tant seeondaire. On considere la lanb

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66

Compte-rendus

gue comme un element d'emprunt facile et variable, l'histoire


politique comme quelque chose d'accidental et on entend dcouvrir

les mysteres des races par le folklore et l'anthropologie. Une


demie-page ne suffit pas sans doute pour appuyer ces theories,
d'un simplisme trop evident pour etre relev.
M. Weigand voit avec raison dans Tes anciens Macdoniens
un mlange d'Illyres et de Thraces et il nie formellement leur
appartenance a la race grecque (la langue lui paratt appartenir, comma l'illyre, au groupe des langues indo-g3rmaniques
de l'Ouest, sans aspires (pp. 3-4), groupe centum, le thrace
appartient a celui de satem", La caractristique des Thraces
repose-t-elle sur des sources? J'en doute. Sur les restes des Thraces, a signaler l'intrssante observation de l'auteur que le Plovdiv bulgare pour Philippopolis vient de la forme thrace, plutt
dace, Pulpidava, mais dans les Balcans il n'y avait ordinairement
que des parae, et pas des davae comme groupes d'habitations.
Les Thraces et Besses des Byzantins sont cependant des barbares germaniques affubls d'archeologie. M. Weigand signale aussi
dans les listes de Procope des villages germaniques: Thrasarichon, p. ex.
L'histoire des Serbes, des Bulgares et des Roumains dans la
pninsule des Balcans est rapidement passee en revue, et a cette
occasion le philologue allemand croft pouvoir fixer au XIIfre

siecle dja le retour" des Roumains sur la rive gauche du


Danube (p. 18). Parlant des Petschenegues, l'auteur leur attH-

bue la creation des localits qui portent leur nom et qui sont
rcentes (p. 22), et, passant aux Coumans, il croit pouvoir affirmer que leur nom arabe de Gouz aurait quelque rapport
avec les Houtzoules de la Bucovine et de la Galicie (ibid.). A% ec cette

fagon de faire l'ethnographie il n'est pas tonnant que les Cean-

gai (Csangos) de la Moldavie deviennent, en tant que blonds,


une espece de Coumans. II ne peut pas etre question seulement
d'une plus grande libert" d3s Roumains a l'poque turque, mais
bien d'une autonomie qui est presque l'indpendance.
Dans la seconde partie, M. Weigand prsente d'apres son
experience de plusieurs annes la fagon d'tre et de vivre Oes
nations balcaniques. La difference de folklore entre les RAumains et les Magyars et Russes (est-ce vrai pour ces derniers?)
n'est pas plus .concluante. On doit sourire en lisant (p. 15)
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Compte-rendus

67

que c'est par leur retour" silk la rive gauche du Danube que
les Roumains de la Dacie apporterent le slave comme langue
d'glise. Dans la legende des Juifs" pour les ruines balcaniques il n'y a rien venant des Macabes (!), mais bien le souvenir
de la Bible comme base historique de tout pass lointain (cf. p.

14). La legende bulgare d'Asparouk a Nicolitel, dans la Dobrogea, est admise sans aucune critique.

Je ne comprends pas a quelle source l'auteur emprunte le ren-

seignement que les Roumains (Aromunen) sont emigres (en


Macedoine), venant de la montagne du Grammos et du Pinde,
a peine au XVIII-e et XIX-e siecle" (p. 27).
Les parties suivantes ont la tendance, visible, de prsenier la
Macedoine comme une province bulgare, d'un caractere national presqu'unitaire. Quant aux Roumains, a peine meritent-ils
d'etre places en meme ligne que les Juifs espagnols (p. 29).
Ou peut douter que du mot turc evallah" se soit forme, parce
que cette population l'emploie plus frequemment, celui des Vaiachades" (cf. bolades" en grec byzantin pour les Bulgares, les
bolars) (cf. p. 30). La propagande rournaine est traitee avec
mepris: on lui conteste d'avoir gagn les conationaux des Roumains de la Dacie (p. 31).
Un essai de psychologie nationale est donne ensuite. Intressante l'observation que le Guege et le Tosque reprsentent deux
Ames nationales diffrentes. Un autre chapitre s'occupe des conditions de la vie matrielle.
M. Weigand n'admet pas le sens de kervanadschis", de chefs
de caravanes, que j'ai attribu au grec 68itat des Byzantins,
gull crit, du reste, Okrat (p. 48), et il a tort.
II serait aussi bien difficile de prouver la difference fonda-

mentale entre un berger du Pinde et un berger de l'Apennin.


Pourquoi aussi ces Roumains de Macedoine doivent-ils etre des-

cendus de la Msie (p. 49) ? Le passage relatif au travail de


la filigrane d'argent est remarquable (pp. 50-51). L'emprunt

lexique des Roumains au trsor albanais est difficilement admissible; c'est la langue commune des aieux barbares qui a fourni

ces termes aux deux nations.


Le philologue qu'est l'auteur donne un chapitre utile sur les
langages de la Macedoine. Id il parle enfin du thraco-albanais"
(p, 58). L'argument du manque de termes thraces dans l'ancien
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Compte-rendus

68

bulgare pour prouver que le -thrace ne peut pas etre une langue
d'influence directe pour les Bulgares n'est guere concluant: cet
ancien bulgare est une langue fabriquee, calquee sur le grec (cf.
p. 59) M. Weigand admet un terme moyen commun, du XII-e
sicle. Mais il ne veut pas croire, tant probablement mieux inform que les contemporains byzantins, au caractere roumain
des fondateurs de l'Empire assnide (ibid.). On lira avec utiit
l'exposition des elements communs dans toutes les langues balcaniques: article postpos (chez les Russes de Nijni-Novgorod il
y aurait un emprunt au sudois ; p. 60) ; confusion du datif
avec le genitif disparu (mais, si dans l'ancien bulgare il y ,a
un riche dveloppement des cas par des finales comme aujourd'-

hui dans le serbe", c'est que cet ancien bulgare" est l'esclavon" de caractere meld de la Sklavinia macedonienne; cf. p. 60);
futur avec l'auxiliaire vouloir" (cette fois il est questiOn heureusement du thrace cornme uralbanesisches"), formes du subjonctif, formes syntaxiques tellement pareilles dans le roumain et

l'albanais qu'on peut presque traduire mot a mot d'une langue


dans l'autre " (p. 62). Je ne vois pas l',1influence du bulgare
non seulement dans le lexique"qui est en partie slave chez les
Roumains , mais surtout dans toute la phraseologie" (!) (p.62).
La tentative d'expliquer par l'albanais ce qui est thrace en roumain donne naissance aux schmas les plus controuvs (pp. 62-63).

M. Weigand constate que Guegues et Tosques ont influence le


roumain, mais ceci signifie seulement que le fonds unique qui
a produit les deux dialectes a td celui auquel la langue roumaine doit ces emprunts. Mais l'auteur voit dans les Roumains,
qui d'apres lui
sans aucune preuve
auraient repris le chetout aussi introuvable
min du Nord, une lignee albanaise"
(p. 63).

Longuement, l'auteur veut prouver que le slavon de Macedoine


est nettement bulgare presque sans caractere local (en passant,
M. Weigand pretend qu'avant ses visites en Macedoine les Rolmains de cette province, signalds des siecles auparayant et souvent dcrits, taient un noch so unbekanntes Vlkchen"...). Le
' Lorsqu'on park de Bulgares ayant influence le roumain, il est question

toujour's des parents de,ces Slaves de Mesie qui sur la rive gauche du
Danube ont fraternise aussi dans le langage avec les Roumains.

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Chronique

69

nom de Bulgares que se donnent ces Slaves n'est qu'une appartPnance politique (cf. pp. 74-75).
Une tentative de geographie linguistique clot l'ouvrage. En-

core une fois l'auteur s'efforce d'carter les Roumains, de la


Macedoine,
mais qu'est-ce au juso que la Macedoine?
La conclusion comprend en meme temps le programme de la
Macedoine autonome et ceiui de la Macedoine bulgare du trait
de San-Stefano.
N. lorga.

CHRONIQUE
Dans les Iszvestiia" de l'Institut Archeologique bulgare,

II,

(1923-4), Sofia 1924, M. Grabar prsente la decoration murale de


la chapelle qui est conserve de l'eglise-chateau de Batschkovo,
pros de Stnimaka (XII-e siecle). II y a, entre autres, une mise
au tombeau ramarquable (p. 7). La description iconographique est

tres detaille, et les termes de comparaison sont cherchs peutetre un peu loin. Des dessins geomtriques comma ceux des tapis,

planche VII. M. Grabar a trouv aussi une breve inscription


grusine (p. 55). Un portrait du Tzar Alexandre a t ajout au
XIV-e siecle.

M. Katzarov donne des pages sur certains monuments antiques

dcouverts en terre bulgare actuelle. H y a aussi des reliefs du


chevalier thrace" (pp. 70, 76-78). Une inscription porte le nom,
thrace, de Dektienias Kothieou, comte" des Kokelonais". Une
touchante inscription fundraire a te contenu: Moi, Jean, j'ai
cause la premiere douleur a mes parents". Un Apollon xa T p (;) o
op.caC7iv6c a l'poque romaine, p. 80.
De M. J. Velcov des diplOmes militaires roumains sous Vespa-

sien (cohorte syrienne des Thraces", p. 86; des Cantabres, des


Sicambres
Sugambri , des Lucenses, des Gaulois, des Mattiaques, en Mesie, sous les ordres d'un chef bien connu, Cerealis).

M. R. Popov communique des decouvertes prhistoriques dans


le champ de krratza, pres de Mezdra (armes, fibule.s de Pepoque neolitique et du bronze). L'auteur cherche a fixer un type
de fibule thrace.
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Chronique

70

Un long article de M. Trifonov s'occupe du style de la version bulgare du texte de Manasses. L'auteur lixe a 1345 la date

la plus tardive du mariage de Tzar Alexandre avec la Juive.


M. Mouchmov donne des monnaies de Lysimaque, de Cassandre,

du roi thrace Seuthes III (imitation de modeles macedoniens),


Une etude de cranes prehistoriques par M. Drontschilov.
Une bibliographie des travaux de M. Katzarov, pp. 202-205.
Sur la ddicce d'un evangeliaire slavon a une princesse bulgare
en 1063, pp. 209-210. Des notes d'archologie, p. 211 et suiv.

Dans la Vita Italiana, M. Oscar Randi commence une etude


sur la Roumanie ancienne et moderne".
L'idee que le territoire roumain a l'unit de son tissu" montagneux est nouvelle et juste. De meme celle que la distance entre les Carpathes et la peninsule des Balcans, sans carter une
puissante influence, n'a pas permis une hegmonie. Enfin l'opinion que cette ossature a permis aux seuls Roumains d'avoir
une vie politique inattaquable. De fait, les Carpathes ont op-

pose un obstacle infranchissable aux efforts de reunion des


trongons de la race slave. On applaudira a la formule que le
roc transylvain forme la tte d'un pont qui s'tend de l'Occident de l'Europe, plus heureux sous le rapport de la gologiej
vers l'Orient, toujours travaille" (p. 206).

L'auteur ne s'en tient pas seulement A la colonisation de Trajan comme origine de la race. Intressante l'observation des cimes a noms romans (p.. 210). Ramnic (p. 216) est un terme slavon, signifiant: tang, de rib, poisson.

Dans les Mitteilungen des sterreichischen Instituts far Geschichtsforschung", XL, M. Ludwig Schmidt s'occupe des comites Gotthorum" et de l'administration des Goths en general,
le Norique, la Savia" y compris. Des cites" sont runies sous
des prieurs", ou tribuns", qui sont eependant Romains et de
creation populaire.

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thronique

71

Dans l'ouvrage de T. Popescu, Mill 0 uman la vechii istorici


biserice4ti (Bucarest 1924) un chapitre traite de la physionomie
des premiers empereurs d'Orient dans les ecrits des historiens
de l'Eglise.
*

Dans son etude Iliryzm

Slowianszczryna, M. Georges Pogorowski s'occupe de l'ide Plyre qui s'opposa au commencement


i

du XIX-e sicle a l'ide slave.


L'auteur annonce qu'il prepare une nouvelle edition commente

de l'Osmanide" du poete ragusan Gundulic.


*

Dans la Nuova Antologia (16 septembre), M. Em. Panaitescu


park, sous le titre La frontire orientale de la latinit", du dveloppement lyistorique de la Bessarabie. II commence par rappeler
les esprances de Mazzini a regard des Roumains, la prophtie
de Cavour que la Roumanie de 1859 finira par regarder du
ct de la Monarchie des Habsbourg. Des temoignages russes
concluants sont cites a l'appui. II rappelle que Crisp" a protest,
en 1878, contre le second rapt bessarabien de la Russie; Bonghl
tait du meme avis. La bibliographie roumaine en langues d'usage general devait etre indiquee.
*

Dans le Bulletin roumain de la Societe de Numismatique de


Bucarest, le docteur Severeanu traite des monnaies des rois

scythes de la campagne" d'Olbia et surtout de celle du roi


Pharzoios ou Pharzos. M. Gr. Avakian presente des monnaies
des rois d'Armnie Hthoum I-er et Hthoum II, trouyees a
Cetatea-Albti, sur le liman du Dniester, jadis le Moncastro gnois, ayant une importante colonie d'Armniens (des inscriptions funraires ont t donnes par le mme dans notre
Revista Istorick armee 1923).
M. Avakian signale aussi une grande patere persane du
XIII-e sicle", trouve au mme endroit. II croit que l'glise-basilique des Armniens de cette ville est antrieure de beaucoup au
XIV-e sicle.
*

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/2

Chronique

M. Joseph Haltrich donnne a Sibiiu (Hermannstadt) des contes


allemands de Transylvanie (Deutsche Volksmarchen aus dem
Sachsenlande in Siebenbilrgen). Parfois les motifs sont visiblement roumains.
.N.

MM. Friedrich Kraelitz-Graifenhorst et Paul Woittek publient


depuis 1921 a Vienne des Mittel lungen zur osmanischer Geschichte.

C'est, du reste, a Vienne qu'a paru des 1887 la Wiener Zeitschrift fill. die Kunde des Morgenlandes", organe de POrienta-

lisches Institut", fon& en 1856, et en 1916 les Forschungen


des Instituts far Osten und Orient". Le Handelsmuseum faisait paraitre une Osterreichische Monatschrift fill- den Orient".
M. Kraelitz a donne .dans le premier volume des Mitteilungen"
une article sur la legislation de Mahomet II et une note sur

la tougra" des Sultans, M. Giese une etude sur la Tewerik-iali-Osman", M. Woittek des considerations sur le probleme de
sources des plus anciennes chroniques ottomanes", avec des
extraits de Nechri. A signaler aussi une lettre de fondation turque" date de 1620, deux passeports du XVI-e siecle (publis
par J. H. Mordtmann) et un article sur les formes religieuses
de l'Anatolie.
*

Le Muse Saxon de Brasov-Kronstadt, riche en pieces prhistoriques, publie un bref guide (Calduza Museului regional din
tara Barsei, Brasov", Brasov 1923). Il pourra rendre de bons
services d'information. II doit y avoir aussi une edition allemande.
N.,

I.

Note au premier article


Les rapports entre le monde byzantin et celui de l'italie me.
ridionale est si troit qu'on lit dans les Annales de Lupus le
Frotospathaire, publi6es par Muratori : Dmill. XV, ind. XIII, oblit
Samuel rex Bulg. post filius ejusg et plus loin : mill. XLVIII.
ind. 1, rebellavit Tornikius cum Makedonis et Botazzi et... suos
perrexit Constantinopolim ut faceret se imperatorema. II est

question de Michel Utringa, avant Isaac Comnene. Dans la


Chronique du Mont Cassin Leon apparaft en 774 comme
Calaius. Ricobald de Ferrate raconte A sa maniere l'histoire de

Byzance, avec Leon gMacazenusp, avec Taurucius, Irenae


filius" (c'est Stauracius") (ed. Muratori, c. 232).
N. I.
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