Inflation Et Chomage PDF
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ECONOMIE - GESTION
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Cours de Mr DIEMER
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ECONOMIE GENERALE
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PARTIE II
CHAPITRE 6
DESEQUILIBRES ECONOMIQUE ET
MONETAIRE : CHOMAGE ET INFLATION
Mots cls :
- Chmage classique
- Chmage keynsien
- Chmage naturel
- Chmage frictionnel
- Chmage technologique
- Chmage de segmentation
- Courbe de Phillips
- Dualisme du march
- Drglementation du march du travail
- Indice de Laspeyres
- Indice des prix la consommation
- John Maynard Keynes
- Milton Friedman
- Montaristes
- NAIRU
- NAWRU
- Thorie du capital humain de Becker
- Thorie de lconomie de partage de Weitzman
- Thorie du Job Search
- Thorie des marchs transitionnels
- Thorie quantitative de la monnaie
- Thorie du signal de Spence
- Inflation par la demande
- Inflation par les cots
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PLAN
I. LE CHOMAGE
A. Le march du travail
1. Le modle de base
2. Lassouplissement des hypothses
3. Le dpassement des hypothses
4. Les voies alternatives
B. Dfinition et mesure du chmage
1. Les mesures du stock de chmeurs
2. La mesure du chmage travers les flux
C. Evolution du chmage
1. Le chmage des jeunes
2. Le chmage des seniors
D. Les explications du chmage
1. Le chmage classique
2. Le chmage keynsien
3. Le chmage li aux structures conomiques et sociales
a. Le chmage naturel
b. Le chmage frictionnel
c. Le chmage technologique
d. Le chmage de segmentation
e. Le chmage structurel et la drglementation du march du travail
II. LINFLATION
A. Les origines de linflation
1. Le rle de la monnaie et lexplication montariste
2. Linflation par la demande ou la thorie keynsienne de linflation
3. Linflation par les cots
4. Linflation : phnomne structurel
B. Les consquences de linflation
1. Les effets bnfiques de linflation
2. Les effets nfastes de linflation
C. Calcul de linflation
1. Le rle de lIPC
2. Nomenclature et chantillonnage
3. Mthode de calcul
D. Evolution de linflation en France
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La croissance conomique nest pas un processus continu et rgulier, elle est en effet
soumise des fluctuations et des cycles. Certains dsquilibres conomiques et montaires
peuvent tre persistants. Linflation et le chmage constituent les principaux maux des pays
industrialiss et des pays en dveloppement.
I. LE CHOMAGE
Phnomne massif depuis plus dune vingtaine dannes, le chmage constitue un enjeu
conomique et social de premire importance. Envisag du point de vue des ressources
productives, il constitue un gaspillage considrable en excluant de la production ceux qui
veulent y participer. Saisir le chmage nest cependant pas chose facile, tant le phnomne
apparat htrogne. Et, mme si son dveloppement est dsormais bien repr dans le temps,
ses explications en sont toutefois trs diverses. On ne saurait cependant prciser les
caractristiques du chmage sans revenir sur le concept du travail et effectuer une courte
prsentation du march du travail.
A. Le march du travail
Replacer le travail dans le cadre du march, cest faire de celui une marchandise (conception
largement critique par lapproche marxiste) et accepter lide dun ajustement des prix
(flexibilit vs rigidit) et des quantits selon la loi de loffre et la demande. La conception
marchande du travail renvoie au courant marginaliste et lcole noclassique. Si les
hypothses du modle ont t quelque peu desserres depuis quelques annes, on assiste des
tentatives de dpassement du modle de base et lmergence de voies alternatives.
1. Le modle de base
Les principes de base du modle noclassique sont les suivants : rmunration des facteurs de
production (travail, capital) leur productivit marginale; rationalit des agents;
dcentralisation des dcisions; flexibilit des salaires. Le cadre du modle respecte la norme
de la concurrence parfaite. Le fonctionnement du march du travail repose sur la loi de loffre
et de la demande. Les entreprises maximisent des profits sous la contrainte dune fonction
technique (les facteurs de production). Lentreprise embauche un salari jusqu temps que sa
productivit marginale du travail est gale au cot du travail. A court terme, le capital est fixe,
seul le travail sajuste. La courbe de demande de travail dcroissante avec le salaire rel, se
confond avec celle de la productivit marginale du travail. A plus ou moins long terme, la
variation du salaire rel induit une variation de la combinaison productive (substitution travail
capital). Les salaris cherchent maximiser un arbitrage temps de travail et temps de loisir
compte tenu dune contrainte de revenu. Loffre de travail croissante avec le salaire rel,
trouve ainsi une limite, un point de retournement. En effet, le salari peut se satisfaire dun
certain niveau de salaire et prfrer arbitrer en faveur de plus de loisir.
179
180
gard au pouvoir des syndicats, des conventions collectives et du raisonnement court terme
(Keynes pensait qu long terme, nous serions tous morts). Se situant au niveau
macroconomique, Keynes introduit une courbe doffre globale et une courbe de demande,
toutes deux fonctions de lemploi. Au final, cest lemploi qui dtermine le salaire, et non le
salaire qui fixe la quantit de travail.
A ct de ces deux modles traditionnels, dautres voix se sont fait entendre :
- Le courant institutionnaliste sappuie sur un ensemble de thories et de modles. La
thorie des syndicats de Hicks et Dunlop donne aux travailleurs un pouvoir de march qui leur
permet dintervenir directement dans la fixation des rmunrations (le salaire est suprieur
son niveau dacceptation). Le comportement collectif ne doit pas se heurter aux rationalits
individuelles (la dfense des catgories diffrentes de travailleurs est difficile; opposition
possible entre objectifs des dirigeants de syndicats et la base). La thorie des ngociations
salariales sappuie sur deux modles, le modle des contrats optimaux de Mc Donald et
Solow qui tudie les marchandages syndicats - firmes sur lemploi et le salaire partir de la
bote dEdgeworth, et le modle de droit grer de Nickell et Cahuc qui tudie les
marchandages syndicats firmes en ne faisant porter les ngociations que sur le salaire
(lemploi tant du ressort de la firme). Le couple emploi - salaire se situe sur la courbe de
demande de travail de la firme. Plus le syndicat a du pouvoir (salaires), plus lemploi se
dgrade. Dans le cadre du dualisme du march du travail, Piore et Doeringer distingue le
march interne et le march externe. Le march interne fonctionne selon un ensemble de
rgles et de procdures administratives propres chaque firme (le salaire est dfini
hirarchiquement, il est rigide). Le contexte de lincertitude encourage les relations
contractuelles. Le march externe obit aux lois du march (conditions moins intressantes).
Enfin, le dualisme du march du travail de Piore et Bluestone fait la distinction entre le
march primaire, constitu demplois stables, bien rmunrs et dfendus par les syndicats
(carrire intressante, avantages sociaux) et le march secondaire, constitu demplois
prcaires, mal rmunrs et peu dfendus (peu de syndicalisation). Le march primaire est peu
concurrentiel (il est contractuel et soumis au jeu des ngociations salariales) alors que le
march secondaire est trs concurrentiel. Cette thorie de la segmentation a t enrichie par
Bluestone (Centre, priphrique, irrgulire).
- LEcole de la Rgulation (Boyer, Aglietta) a pour ambition dtudier lvolution des modes
de production et des rgimes daccumulation partir de cinq formes institutionnelles (la
monnaie, le rapport salarial, la concurrence, les formes de lEtat, lordre international) qui
servent de cadre aux comportements conomiques. Le rapport salarial correspond un
ensemble de conditions conomiques et juridiques qui rgissent lusage et la reproduction de
la force de travail. Il dpend de cinq facteurs (type de moyens de production division sociale
et technique, type de mobilisation des salaris, dterminants directs et indirects du revenu
salarial, mode de vie salarial). Selon Boyer, trois grandes formes de rapport salarial se seraient
succds au cours de lhistoire du capitalisme industriel : rapport concurrentiel, rapport
taylorien (OST), rapport fordiste. La crise actuelle serait le rsultat dune crise des normes de
production (OST) et de consommation (fordisme), et de la remise en cause de la rgulation
tatique. Le capitalisme industriel aurait trouv un chappatoire grce la flexibilit
(numrique, fonctionnelle.).
- La dmarche des conomistes dits "conventionnalistes" (Favereau, Orlan, 1991) consiste
dvelopper une critique interne des principaux concepts du modle microconomique
standard sans pour autant remettre en cause l'conomie de march. L'tat d'esprit gnral de
ces recherches tourne autour de deux points : (1) Il s'agit de prendre en compte la varit des
principes de coordination possibles, marchands ou non marchands; (2) Il y a ensuite
reconnaissance par les conventionnalistes de l'importance de la mthodologie individualiste et
181
de la ncessit d'largir le concept de rationalit. "La convention est une rgularit qui a sa
source dans les interactions sociales mais qui se prsente aux acteurs sous une forme
objective"(J.P Dupuy). L'opposition march interne / march externe permet Favereau, de
montrer que le march n'est pas le seul moyen de coordination des activits conomiques.
Deux alternatives peuvent en effet se prsenter, le march ou l'organisation : "Les interactions
entre les individus l'intrieur des organisations sont coordonnes principalement par des
rgles (certaines voulues, d'autres non), accessoirement par les prix ; tandis que les
interactions de march entre les individus (et/ou les organisations dotes de la personne
juridique) sont coordonnes principalement par des prix, accessoirement par des rgles .
Ce qui se passe dans les organisations (une entreprise) pourrait alors permettre de comprendre
ce qui se passe l'extrieur (le march). Il convient donc d'apprhender ces procdures de
coordination et d'en tablir les conditions d'existence. Selon Olivier Favereau, la thorie
standard n'introduit que deux moyens de coordination, l'un de type contrat, l'autre de type
contrainte. Or il existerait une contractualisation des rgles qui invite les considrer comme
des processus cognitifs collectifs, c'est ce que l'auteur appelle la Convention.
- La thorie des marchs transitionnels du travail (Schmid, 2001; Gazier, 2005, 2008)
consiste en lamnagement systmatique et ngoci de lensemble des positions temporaires
de travail et dactivit dans un pays ou une rgion (Gazier, 2005, p. 131). Ces positions
temporaires, dnommes transitions, comprennent tous les carts possibles par rapport la
situation de rfrence constitue par lemploi rgulier temps plein. Il sagit aussi bien de
priodes de formation ou de cong parental, de mi-temps tout court ou combins une autre
mi-temps, de prretraite temps partiel que de priodes de recherche demploi ou danne
sabbatique. Gnther Schmid (2001) a identifi cinq champs principaux de transitions : au sein
mme de lemploi ; entre emploi et systme ducatif ; entre emploi et chmage ; entre emploi
et activits domestiques ; entre emploi et retraite. Ces champs correspondent tout dabord aux
trois squences de la vie professionnelle : la formation (initiale) ; lexercice dune activit
rmunre (salarie ou non, temps complet, temps partiel) et la retraite (progressive ou
totale). Deux sources additionnelles de mobilit sont introduites avec le chmage et les
activits sociales utiles non rmunres (tches domestiques et familiales au sens le plus
large). Les transitions peuvent tre russies ou rates, non pas simplement en elles-mmes,
mais dans leurs consquences moyen et long terme. Lide cl est lexistence possible de
transitions critiques au cours de la vie des travailleurs. Par exemple, le licenciement dune
personne faiblement qualifie, inaugure une priode de chmage, qui peut se prolonger et
gnrer une situation de chmage de longue dure, puis une relgation assiste (RMI), voire
une exclusion sociale. Les marchs transitionnels de travail consistent amnager les
transitions. Leur but est dviter les transitions critiques et de dvelopper les transitions
favorables la scurit, lautonomie et la carrire des travailleurs. Leur intervention obit
quatre principes : (1) accrotre la libert individuelle (autonomie) en donnant aux personnes
plus de pouvoir (pouvoir dachat et pouvoir de dcision) ; (2) promouvoir la solidarit dans la
gestion des risques sociaux et des risques associs au march du travail (programme de
redistribution) ; (3) rechercher lefficacit des mesures accompagnant les transitions, travers
un processus de spcialisation, de coordination et de coopration (mlange de contributions
publiques et prives) ; (4) mobiliser larsenal des techniques de gestion des risques (contrle,
valuation, autorgulation) par le biais dune dmarche dcentralise ou un management par
objectifs.
- Enfin, les thories ducation emploi travail permettent de dpasser le cadre du march
du travail pour apprhender la relation de lemploi. Dans le modle darbitrage de Mingat et
Eicher, les individus de mmes capacits ne choisissent pas les mmes tudes. Cette
diffrence est directement lie leur origine sociale. Avant d'entamer un cursus scolaire, la
182
thorie suppose ici que les individus procdent un calcul avantages-cots pondr par la
probabilit de russite. Elle pose alors comme hypothse que les tudiants issus de milieux
dfavoriss accorderont un poids plus important au risque que les autres. Les consquences
d'un chec, voire d'un simple redoublement, ne sont pas valorises de la mme faon par tous
les individus. L'intrt du modle d'arbitrage entre rendement et risque est donc d'expliciter
des choix diffrents de cursus sur des critres sociologiques. Le modle de concurrence pour
lemploi de Thurow rejette quant lui une hypothse forte de la thorie du capital humain : la
productivit n'est plus apporte par le travailleur mais elle est considre comme faisant partie
du poste de travail. Deux caractristiques comptent dans l'entreprise : la capacit d'adaptation
du travailleur la structure de la firme et son efficacit son poste de travail. II existe deux
marchs du travail, l'un interne l'entreprise, l'autre externe. Pour recruter son personnel, un
dirigeant peut recourir l'un ou l'autre. Le premier est le moins coteux mais il n'est pas
toujours possible. Sur le march externe, le niveau de formation considr comme un gage
d'ouverture d'esprit et d'adaptabilit constitue le premier critre de slection. Dans la thorie
des attitudes de Bowles et Gintis, l'ducation prpare la division du travail en mme temps
qu'elle installe l'acceptation du travail. La formation vise crer des attitudes conformistes et
soumises. Le systme ducatif est domin par le capital. La mission de l'cole est double.
D'une part, elle forme le proltariat l'appareil productif. D'autre part, elle rserve une lite
les enseignements ncessaires aux tches d'encadrement et de cration.
La question du march tant aborde, il est maintenant possible daborder une situation de
dsquilibre, plus connue sous le nom de chmage.
Dans leur rapport sur les mthodes statistiques destimation du chmage, lInspection des Finances et
lInspection Gnrale des Affaires Sociales (2007) sont revenues sur le problme du calcul du chmage. Durant
les annes 2004, 2005 et 2006, les divergences dvolution entre les deux sources ont t telles que lINSEE a d
revoir son mode de calcul. Cest en effet partir du quatrime trimestre 2004 que les tendances sont devenues
durablement incohrentes. Du quatrime trimestre 2004 au premier trimestre de 2007, cinq trimestres sur les
neuf que compte la priode, ont enregistr des volutions contradictoires et des carts dvolution variant de
40 000 100 000 personnes, ce qui marque une rupture de corrlation des donnes. Ceci a eu pour consquence
une diffrence significative de lvolution du taux moyen annuel du chmage entre 2005 (baisse du chmage
accentue de 0.2 0.3 point) et 2006 (baisse du chmage accentue de 0.2 0.4 point).
183
suivants : (1) ne pas avoir travailler ne serait-ce quune heure au cours de la semaine de
rfrence cible au moment o les enquts ont t interrogs (autrement dit, tre dpourvu
demploi) ; (2) tre disponible dans un dlai de deux semaines pour occuper un emploi ; (3)
avoir entrepris des dmarches spcifiques pour trouver un emploi au cours des quatre
semaines prcdant la semaine de rfrence.
Dfinition de lANPE (Agence Nationale pour lEmploi) : Tous les mois, lANPE dtermine
les demandes demplois en fin de mois (DEFM). Pour tre qualifi de chmeur, il faut : (1)
tre inscrit lANPE ; (2) tre la recherche dun emploi permanent temps complet ; (3)
tre prt accepter immdiatement un emploi sil est propos.
En France, lINSEE value le chmage au sens du BIT (Bureau International du travail)
partir de deux sources :
- Lenqute emplois2, qui a permis de publier des taux de chmage frquence annuelle de
1950 2006. Depuis 2002, la mthodologie a profondment volu afin de respecter la
rglementation europenne qui impose des chiffres frquence trimestrielle. Auparavant,
lenqute se droulait chaque anne en mars, ce qui donnait une photographie instantane du
chmage. Dsormais, elle seffectue en continu sur lanne. Depuis 2006, lINSEE publie les
donnes trimestrielles corriges des variations saisonnires.
- Le nombre de demandeurs demplois inscrits en fin de mois lANPE, qui permet de publier
des estimations provisoires du taux de chmage, frquence mensuelle. Seuls les demandeurs
demploi qui ne dclarent aucune activit professionnelle effectue dans le mois, sont retenus
dans le calcul. Depuis 2007, les statistiques de lANPE comprennent huit catgories de
demandeurs demplois, afin dapprocher au plus prs de leur situation : recherche dun emploi
temps plein ou partiel, disponible ou non immdiatement.
La catgorie 1 concerne les personnes sans emploi, immdiatement disponibles, la
recherche d'un emploi dure indtermine temps plein, ayant au plus exerc 78 heures
d'activits rduites ou occasionnelles dans le mois de leur inscription ou du renouvellement de
leur demande et tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi. Cette catgorie
intgre dornavant les demandeurs demplois des DOM-TOM (soit prs de 144 000
personnes). La catgorie 2 tient compte des personnes sans emploi, immdiatement
disponibles, la recherche d'un emploi dure indtermine temps partiel, ayant au plus
exerc 78 heures d'activits rduites ou occasionnelles dans le mois de leur inscription ou du
renouvellement de leur demande et tenues d'accomplir des actes positifs de recherche
d'emploi. La catgorie 3 recense les personnes sans emploi, immdiatement disponibles, la
recherche d'un emploi dure dtermine temporaire ou saisonnier, y compris de trs courte
dure, ayant au plus exerc 78 heures d'activits rduites ou occasionnelles dans le mois de
leur inscription ou du renouvellement de leur demande et tenues d'accomplir des actes positifs
de recherche d'emploi. La catgorie 4 prend en compte les personnes sans emploi, mais non
disponibles immdiatement pour cause de stage, de maladie, de formation La catgorie 5
est compose de personnes travaillant mais la recherche dun autre emploi, ce qui comprend
notamment les salaris en contrats aids et les temps partiels aids. La catgorie 6 intgre les
personnes appartenant la catgorie 1 mais ayant exerc une activit rduite ou occasionnelle
d'au moins 78 heures dans le mois. La catgorie 7 recense les personnes appartenant la
catgorie 2 mais ayant exerc une activit rduite ou occasionnelle d'au moins 78 heures dans
le mois. La catgorie 8 tient compte des personnes appartenant la catgorie 3 mais ayant
exerc une activit rduite ou occasionnelle d'au moins 78 heures dans le mois.
2
Lenqute franaise comporte un chantillon trimestriel de lordre de 75 000 personnes contre 100 000
personnes le Royaume-Uni, 120 000 160 000 pour lAllemagne, 150 000 personnes pour lItalie, 180 000
personnes pour lEspagne et 200 000 personnes pour les Etats-Unis.
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CHOMAGE
Flux de sorties
Retraite ou prretraite
Arbitrage activit/inactivit
Cration demplois nouveaux
Emplois vacants
C. Evolution du chmage
Aujourdhui, en France, prs de 1 actif sur 10 est au chmage, alors quau milieu des annes
60, 1 sur 40 ltait. Cette progression ne traduit pas un mouvement rgulier et homogne.
Depuis la 2nd Guerre mondiale, lvolution du chmage a connu en France cinq phases
principales.
1945 : Contexte de pnurie de main doeuvre (reconstruction, priode de croissance soutenue
tire par la demande, stabilit de la population active...)
Situation gnrale de plein emploi
1962 : le taux de chmage passe de 1,7% 3% de la population active suite :
- une politique conomique restrictive
- une restructuration du systme productif pour affronter la concurrence
- la croissance des ressources de main doeuvre (enfants du Baby Boom, Rapatriement
dAlgrie...)
1974 : le taux de chmage slve 10,2% suite :
- aux consquences des deux chocs ptroliers qui ont contract la demande intrieure
et rduit le taux dutilisation des capacits de production
- au maintien dune offre de travail soutenue de la part des mnages
- la priorit donne aux investissements de productivit sur ceux de capacit
- lapparition de nouveaux concurrents
1985 : le taux de chmage se stabilise aux alentours de 10% suite :
- lenvironnement international qui samliore
- la situation financire qui sassainit peu peu
1990 : le taux de chmage franchit la barre des 12% suite :
- la conjoncture qui se dgrade
- aux freins lembauche
1998 : Le taux de chmage diminue (10%) suite
- la baisse du temps de travail
- la reprise de lactivit conomique
- la politique des emplois aids
185
2008 : Aprs quelques annes daugmentation du chmage, ce dernier est reparti la baisse
depuis le milieu des annes 2000. Au 1er trimestre 2008, le taux de chmage au sens du BIT
avoisinait (7.5%). Les efforts ont port principalement sur la rforme du march du travail
(drglementation) ; la baisse du cot du travail (des ouvriers non qualifis notamment) ; la
dfiscalisation des heures supplmentaires et la rengociation du temps de travail au sein des
entreprises (amendement la loi sur les 35 heures).
2009 : en moyenne sur le deuxime trimestre 2009, le taux de chmage stablit 9,5 % de la
population active en France (incluant les Dom). Pour la France mtropolitaine, le taux de
chmage stablit 9,1 %, soit prs de 2,6 millions de personnes (taux de chmage atteint
dbut 2006). Prs de 3,3 millions de personnes ne travaillent pas mais souhaitent travailler,
quelles soient ou non disponibles dans les deux semaines pour travailler et quelles
recherchent ou non un emploi. Cette monte du chmage a pour origine la crise des subprime
(crise de limmobilier aux Etats Unis). Notons que comparativement aux crises de 1973 et
1993, le flchissement de lemploi a t moins marqu en 2008-2009, et ce malgr une baisse
du PIB plus importante. Le chmage partiel a constitu un puissant levier damortissement de
la crise.
Tableau 1 : Relation entre PIB et emploi
1er choc ptrolier
Crise de 1993
PIB
- 1.4%
Emploi
- 1.4%
- 1.2%
1.3%
Crise de 2008
- 3.2% (1er tri 08 et 1er tri 09)
- 0.8%
Chmage
S1 09 : + 400000
S2 09 : + 200000*
Chmage
partiel
189000 en T1
(1.4M en Allemagne)
319000 en T2
Intrim,
CDD
Baisse significative
186
Ensemble
15 24 ans
25 49 ans
50 ou plus
Hommes
15 24 ans
25 49 ans
50 ou plus
Femmes
15 24 ans
25 49 ans
50 ou plus
2007
T1
2007
T2
2007
T3
2007
T4
2008
T1
2009
T1
2009
T2p*
8.8
21.9
7.9
6.1
8.2
20.3
7.2
5.9
9.5
23.8
8.8
6.2
8.5
20.9
7.8
5.6
7.9
20.5
7.0
5.4
9.2
21.3
8.8
5.8
8.2
19.1
7.7
5.4
7.7
18.9
7.0
5.3
8.8
19.2
8.6
5.6
7.8
18.6
7.3
5.0
7.3
18
6.6
4.8
8.4
19.3
8.1
5.3
7.5
18
7
4.9
7.1
17.6
6.4
4.8
8.0
18.5
7.7
4.9
8.5
22.3
7.6
5.7
8.1
23.6
6.6
5.6
9.0
20.7
8.6
5.8
9.1
23.9
8.1
6.0
8.8
24.7
7.5
5.8
9.4
22.8
8.7
6.3
187
En 1996, le gouvernement dAlain Jupp cre le Contrat emploi ville (CEV) pour les jeunes
des zones urbaines sensibles.
En 1997, Martine Aubry, Ministre de lemploi, cre les nouveaux emplois jeunes (NEJ),
appels emplois jeunes, pour le secteur public et associatif. Aprs quelque 400 000 entres, ils
seront supprims en 2003. El 1998, est initi le programme TRACE (trajet daccs lemploi)
pour les moins de 25 ans sans qualification.
En 2002, Jacques Chirac annonce la cration du contrat dinsertion dans la vie sociale
(CIVIS), sign entre un jeune et une mission locale. Il ne prendra son essor quen 2005. Le
Contrat jeunes en entreprise (CJE) est galement cr pour favoriser lembauche en CDI dans
le secteur marchand de jeunes faible niveau de qualification ou en manque dexprience.
En 2004, sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, lancement dans le cadre du plan de
cohsion sociale, du contrat daccompagnement vers lemploi (CAE) qui remplace les CES et
les CEC. Dveloppement de lapprentissage et de lalternance.
En 2005, le gouvernement de Dominique de Villepin met en place le Service militaire adapt
(D2C ou Dfense deuxime chance) pour les jeunes peu qualifis. Le quota de CAE rserv
aux jeunes est augment. En 2006, ce mme gouvernement adopte un plan en faveur des
jeunes en difficult et des secteurs qui ont des difficults de recrutement (agriculture,
btiment, commerce, htellerie, restauration). Le Ministre du Travail, Jean Louis Borloo,
introduit les Groupes solidarit emploi . A linitiative du prfet, ces groupes rassemblent
les diffrents acteurs de chaque zone urbaine sensible (ZUS). Ils disposent de tous les
instruments de la politique de lemploi pour rpondre des situations spcifiques (emplois
peu qualifis, chmeurs victimes de discriminations lies leur quartier, jeunes sans
orientation professionnelle). Des outils sont dvelopps et renforcs par des moyens
spcifiques : renforcement de laide la formation pour le PACTE (1000 par contrat) ;
places supplmentaires en formation aux savoirs de base fondamentaux (ateliers
pdagogiques, insertion rinsertion illettrisme) ; accompagnement systmatique par un
cabinet doutplacement pour les jeunes diplms bac +3 en CIVIS ; redploiement des
moyens de lANPE vers les ZUS ; parrainage des jeunes par les salaris et les jeunes retraits.
Deux mesures sont galement inities : un crdit dimpt de 1500 pour inciter les jeunes
accepter un emploi dans un secteur qui peine recruter ; une prime de mobilit de 2000 pour
les demandeurs demplois qui acceptent un travail plus de 200 kilomtres de leur domicile.
En 2007 et 2008, le gouvernement de Franois Fillion a lanc le "contrat dinsertion dans la
vie sociale" (CIVIS) qui sadresse des jeunes de 16 25 ans rvolus (soit jusqu leur vingt
sixime anniversaire) rencontrant des difficults particulires dinsertion professionnelle. Ce
contrat a pour objectif dorganiser les actions ncessaires la ralisation de leur projet
dinsertion dans un emploi durable. Ce contrat est conclu avec les missions locales ou les
permanences daccueil, dinformation et dorientation (PAIO). Les titulaires dun CIVIS sont
accompagns par un rfrent. La dure du contrat est dun an renouvelable. Les titulaires dun
CIVIS gs dau moins 18 ans peuvent bnficier dun soutien de lEtat sous la forme dune
allocation verse pendant les priodes durant lesquelles ils ne peroivent ni une rmunration
au titre dun emploi ou dun stage, ni une autre allocation. Par ailleurs, Le dispositif de
soutien lemploi des jeunes en entreprise (SEJE) (communment appel contrat jeunes
en entreprise) vise, par le versement lemployeur dune aide forfaitaire de lEtat, favoriser
lembauche, en contrat dure indtermine, de jeunes de 16 25 ans rvolus (soit jusquau
26e anniversaire) loigns de lemploi. Lembauche peut tre ralise dans le cadre dun
contrat dure indtermine ou dun contrat de professionnalisation dure indtermine. Ce
contrat ne peut plus tre conclu depuis le 1er janvier 2008.
188
En 1984, une dispense de recherche demploi a t mise en place. Etaient susceptible dtre dispenss : (1)
partir de 55ans, les demandeurs demplois non indemniss, les bnficiaires de lallocation spcifique de
solidarit (ASS) et les bnficiaires de lallocation de retour lemploi (ARE), (2) partir de 57 ans (ARE).
4
Le niveau de salaire peut tre galement un frein lembauche.
189
doivent cesser de produire leurs effets compter du 31 dcembre 2009) ; par le soutien ds
accords de gestion prvisionnelle des emplois et des comptences (dispositif dappui conseil
largie aux entreprises de moins de 500 salaris).
- Rinsrer sur le march du travail par une offre de prestations spcifiques du service public
de lemploi (parcours diffrencis) ; par la mobilisation des contrats aids (contrat initiative
emploi en faveur de lemploi des seniors) ; par la cration dun CDD dune dure maximale
de 18 mois renouvelable une fois (contrat rserv aux demandeurs demploi de plus de 57 ans
en recherche demploi depuis plus de 3 mois ou aux bnficiaires dune convention de
reclassement personnalis.
- Amnager les fins de carrire par la promotion de la retraite progressive (elle permet au
salari de plus de 60 ans de poursuivre temps partiel une activit, tout en bnficiant dune
fraction de sa pension, inversement proportionnelle la dure travaille) ; par la consolidation
du caractre incitatif de la surcote (ce dispositif, introduit par la loi du 21 aot 2003, conduit
majorer la pension de 3% par anne supplmentaire valide, chiffre port 4% depuis) ; par
lamlioration du rgime de cumul emploi retraite pour les bas salaires (plafond tabli 1.6
SMIC) et par lencouragement de la pratique du tutorat dans lentreprise (cette activit est
rmunre sans tre prise en compte au titre des rgles de cumul emploi retraite).
- Lutter contre les prjugs par une campagne de communication nationale en direction du
grand public, des employeurs et des salaris eux-mmes.
Graphique 1 : Taux demploi des seniors et des 25-54 ans
Les pays dans lesquels les taux demploi des seniors sont levs sont aussi ceux dans lesquels
les taux demploi des 25-64 ans sont levs
190
1. Le chmage classique
Pour lanalyse classique, lquilibre conomique saccompagne du plein emploi des facteurs
de production, travail et capital. Loffre de travail est une fonction croissante du salaire rel.
Lindividu (le salari) arbitre entre temps de travail et temps de loisir en fonction de sa
contrainte de revenu (salaire). Lentreprise maximise ses profits en fonction de sa contrainte
de production. Lquilibre sur le march est fonction de loffre et de la demande, cest dire
des mouvements du salaire rel. Le chmage durable ne trouve donc pas sa place dans une
telle approche (on parle galement de chmage volontaire). Lorsquil existe, cependant, il est
le signe dun dsquilibre provisoire. Deux raisons peuvent expliquer la prsence du chmage
: (1) linsuffisante flexibilit des prix (donc du salaire, prix du travail) la baisse ; (2) les
insuffisantes capacits de production des entreprises. Ces deux facteurs sont par ailleurs
intimement lis : le niveau trop lev et rigide de la rmunration du facteur travail a pour
consquences une rmunration insuffisante du capital, cest dire une rentabilit trop faible
des investissements. Les entreprises sont alors conduites renoncer lexploitation de
certains quipements et lextension des capacits de production existantes; cest donc
linsuffisance de la rentabilit qui engendre le chmage classique.
Fig 1 : Chmage et march du travail
Salaire rel
Demande
Offre
Chmage
Quantits de travail
Production
Production
Travail
2. Le chmage keynsien
Dans lanalyse keynsienne, une conomie peut tre durablement en situation de sous-emploi
si la demande globale est infrieure loffre globale. Dans ce cas, les entreprises sont
dsireuses de produire plus, mais ne le font pas par suite dune insuffisance de la demande.
Lquilibre ainsi ralis est rgressif et contribue crer du chmage (on parle de chmage
involontaire).
191
Selon Keynes, lexistence du chmage tendrait confirmer que le march nest pas un
mcanisme dallocation optimale des ressources. Rappelons que si Keynes admet lexistence
dune fonction de demande de travail dcroissante avec le salaire, en revanche, il considre
que loffre de travail nest pas croissante avec le salaire (les salaires seraient mme fixes
court terme). Les conventions collectives et le pouvoir des syndicats tendent rigidifier les
forces du march (en dautres termes, lajustement de loffre et la demande au salaire).
Dans la mesure o le chmage keynsien est caractris par lexistence de capacits de
production inemployes, il peut tre diagnostiqu par lanalyse des taux dutilisation des
quipements. Plus les quipements sont utiliss, plus le chmage keynsien est faible (toutes
choses gales par ailleurs).
192
193
e. Le chmage de segmentation
Le chmage nest pas un phnomne homogne, le march du travail est donc segment selon
les statuts, lge, le sexe, la qualification...Le chmage frappe donc les individus
diffremment selon leur degr de vulnrabilit dans lemploi. En France, le chmage touche
plus prcisment les jeunes de moins de 25 ans, les femmes et les chmeurs de longue dure.
3.5
3
2.5
2
1.5
1
0.5
0
USA
R-U
Irl
Dk Reptch
Fin
Pol
PB
It
Alle
Fr
Esp
Port
Ainsi selon lOCDE, la rigidit des contrats de travail provoquerait un moindre dynamisme
conomique et une segmentation des marchs. Ceci explique pourquoi les grands pays
industriels que sont la France, lAllemagne et lItalie se sont lancs dans de puissantes vagues
de drglementation du march du travail (flexibilit des contrats de travail). Un rapport du
Conseil de coopration conomique (2006) qui regroupe les grandes entreprises de lArc
Latin (France, Italie, Espagne, Portugal) prconisait de progresser vers la gnralisation de
contrats de travail prvoyant la possibilit de rompre sans indemnit pendant les deux
premires annes, de porter la dure dessai six mois pour tous les contrats de travail ou
encore de supprimer les clauses permettant daccorder une indemnisation quivalente 45 j
par anne travaille (comme en Espagne).
194
Les trois grandes centrales syndicales (CGIL, UIL, CISL) stant opposes toute rforme des licenciements
(et donc labrogation de larticle 18 du Statut des travailleurs, imposant lobligation de rintgration du salari
en cas de licenciement reconnu sans motif lgitime), le gouvernement italien a cherch renouer le dialogue
social en procdant la modernisation du systme dindemnisation (40 60% du salaire de rfrence pendant les
cinq premiers mois, une rduction progressive 40% les trois mois suivants et 30% les trois derniers mois). Le
problme crucial concernait cependant le financement de la rforme des amortisseurs sociaux (le document de
programmation conomique 2003-2007 a chiffr 1.5 milliard d le cot de la rforme de lindemnisation
chmage).
195
priode dessai du CDI afin de permettre au salari dapprcier ses nouvelles fonctions et
lemployeur dvaluer ses comptences. A cette priode dessai sajouterait une tape de
validation conomique rpondant aux alas dactivit auxquels sont confrontes les
entreprises. Ce nest qu lissue de ces deux priodes que le salari disposerait enfin dun
CDI classique. La priode dessai dun CDI classique (1 6 mois) pourrait ainsi atteindre un
an, voire deux ans. Une autre proposition sappuie sur la mise en place dune nouvelle forme
de contrat. Le contrat de mission serait destin la ralisation de projets prcis. Dune
dure maximale de 5 ans, il pourrait rpondre aux besoins des entreprises. Notons ici, que
lintrt est de taille pour les entreprises. Souvent contest aux prudhommes, le motif rel et
srieux de la rupture serait ainsi dfini lavance dans le contrat de travail, par accord des
parties. Il ne pourrait donc plus tre voqu la suite de la rupture du contrat de travail. En
labsence de prolongation, le salari bnficierait des allocations chmage. La scurisation
des parcours professionnels doit sappuyer sur la transfrabilit des droits sociaux. Il sagit
ainsi de crer des droits attachs au salari et non au contrat de travail. Dans ce cadre, la
formation professionnelle, et notamment le droit individuel de formation pourrait prendre une
tournure diffrente (aujourdhui, le DIF ne peut tre transfr dune entreprise lautre). Le
troisime volet concerne le suivi du demandeur demploi. La mise en place de politiques
demplois actives renvoie une question importante, celle de la dfinition de loffre valable
demploi , celle l mme que peut ou ne peut pas refuser un chmeur. La fusion souhaite
entre lANPE et les ASSEDIC constituent un autre dispositif susceptible damliorer les
relations entre organisations institutionnelles et chmeurs.
II. LINFLATION
Linflation est un phnomne majeur du 20me sicle. Elle apparat comme une rupture brutale
aprs un sicle de sagesse montaire. Cest vritablement loccasion de la Premire Guerre
mondiale que linflation sinstalle. Ainsi aux pousses inflationnistes limites succde peu
peu une inflation chronique. On assiste cependant depuis la fin des annes 80 un
ralentissement de linflation dans le monde; de 7,4% en 1984, le taux dinflation a diminu
pour se situer 3.1% en 1991, prs de 2% en 1995 et 1.5% en 2007.
M.v = P.Y
O
ou M.v = P.T
196
Excs de demande
Les mnages
Hausse de la
consommation ou
acquisition de
logements
financs crdit
Les entreprises
Accroissement
non autofinanc
de leur
investissement
Insuffisance de loffre
Etat
Politique de
soutien lactivit
conomique
financ par le
dficit budgtaire
Environnement
Des facteurs
accidentels
(guerres...) peuvent
provoquer des
pnuries
temporaires
Etat
Manque
dinfrastructures
Formation
insuffisante de
la main doeuvre
Entreprises
Capacits de
production
insuffisante
Techniques de
production trop
rigides
Le cot du capital
En raison de la pression
syndicale, hausse des
salaires qui est rpercute
sur le prix des produits.
Les charges patronales
psent galement
Les annes rcentes ont t caractrises par une hausse du prix de lnergie, qui sest traduite
par une inflation importe. Lanne 2008 a notamment enregistre une envole du prix du
ptrole (de 67 plus de 92).
197
Les cycles de hausse des prix du baril de ptrole renvoient au 1er choc ptrolier de 1973-1974
(guerre du Kippour), au 2me choc ptrolier de 1979 (rvolution iranienne), lembargo sur le
ptrole irakien aprs linvasion du Koweit en aot 1990, la 1re guerre du golfe en 1991 ; aux
attaques terroristes du 11 septembre 2001 ; la 2me guerre du golf en 2003 ; aux
consquences des ouragans Katrina et Rita en 2005 ; la croissance des conomies en
dveloppement (Chine, Brsil) en 2007 - 2008.
Nombreuses et varies, les sources dinflation par les cots se combinent et sentretiennent
pour donner naissance ce que lon appelle des spirales inflationnistes . La plus connue
est la boucle salaires-prix.
198
Baisse du pouvoir
dachat des
salaris
Pression la hausse
des salaires
Malgr la forte acclration de linflation franaise passe de 1.1% en rythme annuel en juillet
2007 3.2% en mars 2008, les salaires sont rests stables avec une hausse annuelle de 2.7%
au premier trimestre 2008 (exactement le mme niveau quau premier trimestre 2007).
Lenclenchement dune boucle salaire-prix nest donc pas redouter et rien ne justifie pour
linstant un durcissement de la politique montaire europenne.
199
C. Calcul de linflation
L'indice des prix la consommation (IPC) est l'instrument de mesure de l'inflation. Il
permet d'estimer, entre deux priodes donnes, la variation du niveau gnral des prix des
biens et des services consomms par les mnages sur le territoire franais. C'est une mesure
synthtique des volutions de prix qualit constante. Le champ gographique est le territoire
national y compris les dpartements doutre-mer. L'IPC couvre tous les biens et services
consomms sur lensemble du territoire, par les mnages rsidents et non-rsidents (comme
les touristes). Une faible part des biens et services ne sont pas observs par lindice : il sagit
principalement des services hospitaliers privs, de lassurance vie et des jeux de hasard. Le
taux de couverture de lIPC a t port 95,2 % en 2005.
1. Le rle de lIPC
L'IPC joue un triple rle : (i) conomique, il permet de suivre, mois par mois, l'inflation.
L'IPC est galement utilis comme dflateur de nombreux agrgats conomiques
(consommation, revenus...) pour calculer des volutions en volume, ou en termes rels ("en
euros constants"). (ii) socio-conomique, l'IPC (publi au Journal Officiel chaque mois) sert
indexer de nombreux contrats privs, des pensions alimentaires, des rentes viagres et aussi
indexer le SMIC. L'indice retenu pour le SMIC est celui des mnages urbains dont le chef est
employ ou ouvrier, hors tabac. (iii) montaire et financier, des fins de comparaison
internationale, les indices de prix ont fait lobjet dun travail dharmonisation entre les
services statistiques nationaux sous la coordination dEurostat. Les indices de prix la
consommation harmoniss (IPCH) ainsi obtenus ne se substituent pas aux IPC nationaux.
Dans le cadre de lobjectif de stabilit des prix de la Banque Centrale Europenne, lIPCH est
lindicateur majeur pour la conduite de la politique montaire dans la zone euro. Dans le cas
de la France, lIPC et lIPCH ont des volutions assez proches, reflet de leur proximit
mthodologique. En septembre 1998, des obligations indexes sur l'inflation (l'IPC national
dans ce cas), ont t mises par le Trsor franais, impliquant pour la premire fois l'indice
des prix dans la dfinition d'un instrument financier.
2. Nomenclature et chantillonnage
La nomenclature utilise comprend 12 fonctions de consommation, 86 regroupements, 161
groupes et quelques regroupements particuliers conjoncturels. L'IPC est publi par lINSEE
mensuellement (le 13 de chaque mois), en donnes dfinitives. Par ailleurs, une centaine de
200
prix moyens de varits sont publis. La collecte des enquteurs est effectue tout au long du
mois et chaque mois. Les produits frais sont relevs par quinzaine.
Le plan de sondage est stratifi selon trois types de critre. (i) le critre gographique : les
relevs sont effectus dans 106 agglomrations de plus de 2 000 habitants disperses sur tout
le territoire et de toute taille. (ii) le type de produit : un chantillon d'un peu plus de 1 000
familles de produits, appeles "varits" est dfini pour tenir compte de l'htrognit des
produits au sein de 161 groupes de produits. La varit est le niveau de base lmentaire pour
le suivi des produits et le calcul de l'indice. La liste des varits reste confidentielle et seuls
quelques prix moyens dun chantillon de produits homognes sont publis ce niveau. (iii)
le type de point de vente : un chantillon de 27 000 points de vente, stratifi par forme de
vente, a t constitu pour reprsenter la diversit des produits par marques, enseignes et
modes d'achat des consommateurs et prendre en compte des variations de prix diffrencies
selon les formes de vente. Le croisement de ces diffrents critres permet de suivre un peu
plus de 130 000 sries (produits prcis dans un point de vente donn) donnant lieu plus de
160 000 relevs mensuels. A ces chiffres s'ajoutent environ 40 000 sries de type "tarif",
collectes de faon centralise. L'chantillon est mis jour annuellement pour tenir compte de
l'volution des comportements de consommation et, notamment, introduire des produits
nouveaux. Les rvisions portent sur la liste et le contenu des varits ainsi que sur la
rpartition par forme de vente et par agglomration.
3. Mthode de calcul
L'indice des prix la consommation (IPC) est un indice de Laspeyres chan
annuellement. Lindice des prix de Laspeyres permet de synthtiser en un indice unique un
certain nombre d'indices. Il mesure l'volution dans le temps du prix payer pour un panier de
rfrence, choisi sur base des consommations d'une anne de rfrence. Il ne tient pas compte
de la modification des habitudes de consommation (composition du panier).
La problmatique est la suivante : on souhaite calculer un indice synthtique permettant de
mesurer l'volution du niveau gnral des prix.
i
Outre la composition de l'chantillon, les pondrations utilises pour agrger les 21 000
indices lmentaires sont galement mises jour chaque anne. Ces pondrations reprsentent
la part des dpenses associes l'agrgat concern au sein de l'ensemble des dpenses de
consommation des mnages couvertes par l'IPC. Elles sont obtenues, pour la plupart, partir
des valuations annuelles des dpenses de consommation des mnages ralises par la
Comptabilit Nationale.
201
Pour comprendre lvolution des prix en France, il faut faire rfrence lhistoire conomique
des prix. En effet, aprs un blocage intervenu en 1976, le ministre de lEconomie et des
Finances, Ren Monory demande son Directeur des prix, Claude Villain, de librer les prix.
Le 1er juin 1978, les prix des conserves, de la tannerie, de la ptisserie industrielle, de
lhorlogerie sont librs (Hecht, 1998). Par cette mesure, Raymond Barre, alors Premier
ministre, entendait tirer un trait sur plus de 30 annes darrts (26509) dcids au nom de
lordonnance de 1945 (celle-ci tablit le blocage des prix au niveau atteint le 1er septembre
1939). Plusieurs lments ont favoris cette politique : le gouvernement de droite disposait
dune lgislature pour mener ses rformes ; la thse de la nocivit du contrle des prix
rencontrait un cho favorable (une tude de lOCDE sur lvolution des prix la
consommation classe la France au 16e rang, loin derrire les pays o la libert est la rgle,
comme lAllemagne depuis la fin de la guerre) et les sidrurgies franaises taient au bord de
lasphyxie (elles ont d sendetter pour contourner le blocage des prix, leur comptitivit prix
sest donc amenuise de jour en jour).
La principale difficult pour le gouvernement ft de convaincre lopinion que la libert des
prix ntait pas synonyme de hausse des prix. Le mois prcdent lopration, les tarifs de la
SNCF et ceux dEDF GDF avaient augment respectivement de 15 et 20%. En outre,
lindice des prix davril faisait apparatre une hausse de 1.1%, soit 9% en rythme annuel
(contre 0.5%, 0.7% et 0.9% les mois prcdents). Raymond Barre table sur une hausse des
prix limite par la concurrence. La libert des prix sinscrivait ainsi dans un projet plus vaste,
dinspiration librale, le retour lconomie concurrentielle6. En parallle, le gouvernement
mit en place une politique de relance du march des actions, avec le vote dune loi sur le
dveloppement de lpargne et de promotion de lentreprise (limitation des charges,
plafonnement de la taxe professionnelle, dductions fiscales pour investissement et
plafonnement des cotisations patronales de scurit sociale).
La libralisation des prix se droule sans heurts jusquen aot. Dans le cas du pain, les
organisations professionnelles du pain se sont opposes. Le Ministre de lEconomie et des
finances, Ren Monory, doit envoyer une section de CRS pour protger un boulanger de
6
Durant cette priode, tous les ingrdients dune politique de march taient mis en place, lexception des
privatisations. Pour certains (dont Michel Pbereau, directeur de cabinet et ancien PDG de la BNP), la France
a ouvert la voie au [march] avant Margaret Thatcher et Ronald Reagan (cit par Hecht, 1998, p. 129).
202
Toulon qui a fix le prix de sa baguette 1franc. Fin 1978, la hausse des prix est moindre que
prvue, 9.4%, voire 8% en tendance sur le dernier trimestre. Le deuxime choc ptrolier vient
cependant porter un coup fatal ces efforts. En 1983, linflation atteint 15% (le prix du
ptrole passe de 17$ 40$ en 1980). Pourtant la libralisation continue. Le 1er dcembre, le
dernier contrle sur le petit noir est lev.
Larrive de la Gauche au pouvoir (1981) marque cependant une rupture avec les annes
prcdentes. Pierre Mauroy, alors premier ministre, rtablit un blocage partiel, puis un
blocage global en septembre 1982. Il faudra attendre le gouvernement de Laurent Fabius, pour
que les prix soient progressivement librs partir de septembre 1984. Au dbut de lanne
1986, la Droite revenant au pouvoir, 84% des produits industriels sont librs. Le
gouvernement dEdouard Balladur rend dfinitive la libralisation des prix par une
ordonnance du 1er dcembre 1986 qui abroge le texte de 1945 et affirme le principe de la
concurrence. La libralisation de 1984-1986 est un succs car elle sinscrit dans une politique
densemble : dclration parallle des prix et des salaires, ouverture la concurrence,
dveloppement du droit des consommateurs Elle a t conforte par des rformes
institutionnelles : la transformation de lancienne Direction des prix en une Direction de la
Concurrence, de la consommation et de la rpression des fraudes ; la cration dun Conseil de
la concurrence. Cette volution a ncessit un profond changement des mentalits (rduction
des corporatismes) ; une transformation des secteurs (ouverture des monopoles privs et
publics la concurrence dans le respect du service public)
En lespace dune dizaine dannes, lconomie franaise est passe dune conomie
rgule par lEtat une conomie concurrentielle dans laquelle les autorits franaises et
europennes ont pris une importance croissante. Cette volution sest vrifie lors de la mise
en place de lEuro et des institutions europennes. La Banque Centrale Europenne (BCE) se
sert aujourdhui du taux dinflation pour dterminer ses interventions sur le march montaire
et financier (modifications des taux dintrt). Si linflation franaise est retombe au dessous
des 2% tout au long des annes 90 et au dbut des annes 2000, il semble que les annes 2007
et 2008 soient marques par quelques tensions inflationnistes. Depuis le dernier trimestre
2007, la France enregistre une hausse rgulire de linflation. Sur un an (juillet 2008),
lindice crot de 3,6 % (INSEE, 2008).
Figure 5 : Evolution rcente de lIPC
203
A lquilibre on obtient le
NAWRU (non accelerating wage rate
of unemployment) quivalent pour la
priode tudie par Phillips 5,5 %.
Taux de chmage
204
U*
2
Taux de chmage
1. Linterprtation keynsienne
Durant les annes 60-70, la courbe de Phillips ft au cur des dbats conomiques. Elle
transformait en effet deux des principaux objectifs de la politique conomique, en deux
objectifs antagonistes. Ainsi un fort taux dinflation saccompagnait dun faible taux de
chmage (et inversement). Cette troite relation semblait si vidente que lon a dduit de cette
courbe deux principes : (i) court terme, le choix en matire de politique conomique se
rduisait lalternative laisse par la courbe de Phillips ; (ii) moyen et long terme, la
composante structurelle du chmage qui nest pas lie linflation pouvait tre rduite par
une politique approprie de lemploi (amlioration de la formation). Ajoutons que le niveau
des prix tant suppos fixe dans le modle keynsien, la courbe de Phillips introduisait une
quation supplmentaire qui permettait dexpliquer le niveau des prix ou plus exactement son
taux daccroissement reprsent par le taux dinflation. Si cette relation se rvlait exacte, elle
signifiait quil ny avait quun seul taux de chmage compatible avec une inflation nulle.
Les annes 70 se caractrisent par un changement de dcors, on assiste une situation de choc
ptrolier de 1973-1974 (quadruplement du prix du ptrole) et une hausse de linflation. Ainsi
au choix difficile dun couple inflation chmage le long de la courbe de Phillips, a succd
alors un dilemme plus grand : la stagflation (une hausse de linflation associe une hausse
du chmage). Lanalyse de la courbe de Phillips va ainsi donner lieu deux types
dinterprtations : (1) la relation vrifie par la courbe de Phillips est toujours vraie, on assiste
simplement un dplacement de la courbe vers le haut ; (2) la courbe de Phillips est instable,
il nexiste aucune possibilit darbitrage inflation chmage le long de la courbe. Dans le 1er
cas, la relation de Phillips reste une rfrence pour la politique conomique. Dans le second, il
en va autrement, comme va le dmontrer Milton Friedman (1968)
2. Linterprtation montariste
Selon Milton Friedman (1968), la courbe de Phillips semblerait fournir un moyen daction sur
une variable relle (le taux de chmage) partir dune variable montaire (le niveau des
salaires nominaux ou le niveau des prix). Or la thorie montariste (dont Friedman est le chef
205
de file) rappelle quil existe une dichotomie entre la sphre relle et la sphre montaire.
Friedman prcise que la courbe de Phillips ne ferait que traduire le lien qui existe entre emploi
et productivit marginale du travail. Le taux de croissance du salaire rel serait ainsi une
fonction croissante du taux de chmage. Lorsque le chmage augmente, le taux de croissance
du salaire rel en fait autant. En effet, une hausse du chmage implique que lemploi baisse et
donc que la productivit marginale du travail augmente, et avec elle le salaire rel (rgle
dquilibre de la concurrence pure et parfaite). Compte tenu de cette dernire hypothse, le
chmage serait forcment volontaire.
Friedman va alors chercher montrer que la relation de Phillips est instable en prenant
pour exemple une politique montaire expansionniste destine rsorber le chmage. Une
hausse de loffre de monnaie tend diminuer le taux dintrt, et donc stimuler la demande
de biens de consommation et de la demande de biens dinvestissement. Pour augmenter
loffre de biens, les entrepreneurs vont devoir augmenter lemploi cependant pour attirer cette
nouvelle main duvre, ils vont devoir augmenter les salaires nominaux. Friedman fait deux
hypothses : (1) les cots de production sont croissants ; (2) les prix augmentent plus vite que
les salaires nominaux. Les salaris vont se rendre compte que leur rmunration augmente
moins vite que les prix et que leur pouvoir dachat a diminu. Ils vont donc exiger un
rattrapage des salaires sous la forme dune hausse des salaires nominaux. Ceux-ci se situeront
ainsi un niveau plus lev quau dpart. Une spirale (boucle) salaires prix est ainsi
amorce. Les implications de lanalyse de Friedman pour la politique conomique sont alors
videntes. Toute tentative daccroissement du niveau demploi au moyen dune politique
montaire expansionniste est terme voue lchec et comporte un risque grave, le passage
un taux dinflation beaucoup plus lev. Certes court terme, le chmage diminue, mais
aussi longtemps quil se situera au dessous de son niveau initial, linflation sera durablement
stimule.
Si la nouvelle relation tablie par Friedman entre taux de croissance du salaire rel et
chmage lui semble pertinente, il reste expliquer les fluctuations conjoncturelles telles que
les dcrit la courbe de Phillips. Friedman va chercher une explication du ct des chocs
montaires provoqus par les autorits montaires, chocs qui viendraient perturber le bon
fonctionnement de lconomie, notamment au niveau des anticipations faites par les agents.
Pour rendre compte des mouvements conjoncturels, Friedman et les montaristes vont
modifier la relation de Phillips en supposant quil existe un dcalage dans le temps entre le
moment o les salaires sont fixs et celui o les prix sont connus. Autrement dit, le taux de
variation des salaires serait tabli sur la base dune anticipation de lvolution des prix. Ceci
conduit Friedman concevoir une courbe de Phillips avec anticipation des prix. Ds lors deux
cas de figure sont possibles. Dans le premier cas, les agents conomiques peuvent tre
victimes dune illusion montaire (les travailleurs font leurs choix en ne prenant en compte
que lvolution du seul salaire nominal). Dans le second cas, la dcision est prise en fonction
du salaire rel anticip. Friedman et ses disciples considrant que lillusion montaire est un
comportement irrationnel, privilgieront le second cas. On est ainsi ramen la premire
relation (salaire rel chmage) une erreur prs. Celle-ci est lorigine des variations
conjoncturelles. Il convient maintenant de prciser lorigine de cette erreur. Les montaristes
supposent que les agents sont persuads de la validit de la thorie quantitative de la monnaie,
et que ce sont les actions intempestives des autorits montaires qui sont la principale cause
des perturbations qui affectent lconomie. Dans ces conditions, les agents pensent que tout
choc montaire se rpercutera irrmdiablement sur le niveau des prix. Le terme derreur
porte ainsi sur lvolution de la masse montaire que les agents considrent comme exogne
et contrle par les autorits montaires. Leffet dun choc montaire dpendra donc de la
forme des anticipations des agents. Friedman suppose quils adoptent la rgle dite des
206
anticipations adaptatives. Ainsi toute variation de la masse montaire va induire une erreur
qui se propage sur plusieurs priodes, en samortissant progressivement.
1. Le NAIRU
Fortifiant les politiques montaires neutres ou restrictives, le NAIRU fait son apparition la
suite des thses de Milton Friedman. Comme le chmage traduit un mauvais fonctionnement
du march du travail, il existerait pour chaque pays, un niveau de chmage naturel
refltant la qualit du march du travail. Certains pays caractriss par une grande flexibilit
du march du travail, aurait donc un taux de chmage naturel faible. La courbe de Phillips
pourrait ainsi tre interprte de la manire suivante : les pays efficaces seraient ceux chez qui
la baisse du chmage ne gnre que peu dinflation, parce que le march du travail est
efficace et arrive fournir rapidement les entreprises en travailleurs. La courbe est alors peu
pentue. Les pays inefficaces ont des goulots dtranglement, et leur courbe de Phillips est
assez pentue. Deux exemples peuvent illustrer cette configuration. Dans le cas franais, on a
pu estimer au tournant des annes 2000, que faire baisser le chmage au dessous de 8%
207
devrait gnrer des tensions inflationnistes. Le cas danois est loppos : la courbe est quasiplate. Ce qui veut dire que linflation ne tend pas augmenter lorsque le chmage baisse. Le
march danois serait donc trs efficace dans son brassage permanent des travailleurs.
Cette nouvelle explication de la relation entre chmage et inflation est toutefois loin de faire
lunanimit parmi les conomistes. Cest ainsi que lon a pu noter que les Etats Unis ont vu
leur taux de chmage osciller entre 3.9 et 6.8% entre 1992 et 2000, avec une hausse des prix
de 2.1% en moyenne, alors que le NAIRU tait traditionnellement estim 6%. Deux types
dexplications de cette anomalie ont t prsents. Certains conomistes ont considrs que
lon avait simplement assist une baisse du NAIRU au cours des annes 90. Plusieurs
facteurs expliqueraient cette volution. Tout dabord, louverture croissante de lconomie
amricaine la concurrence internationale et les mesures de drglementation du march
intrieur auraient accru la flexibilit sur le march des biens et services. La chute du taux de
syndicalisation, la rduction de la taille moyenne des entreprises et le recours accru la soustraitance, auraient accentu cet impact sur le march du travail. Ensuite, les salaris
amricains auraient modr leurs exigences salariales. Enfin, la diminution du poids relatif
des jeunes (dont le taux de chmage est relativement lev) dans la population active, aurait
entran (toutes choses gales par ailleurs) une baisse du NAIRU amricain moyen. Dautres
conomistes ont mis en doute son caractre opratoire. Ils ont observ que non seulement le
NAIRU fluctuait au cours du temps, mais que sa valeur exacte un moment donn demeurait
mal connue. Ainsi, mme si les estimations du NAIRU noscillaient quentre 5.5 et 5.9% pour
les Etats Unis en 1996, leur prcision restait faible (lintervalle de confiance 95% de telles
estimations serait compris entre 4.3% et 7.3%). Les prdictions de lacclration de linflation
fondes sur lcart entre le taux de chmage observ et le NAIRU semblent donc peu
sensibles au niveau de NAIRU qui est retenu. Devant cette mconnaissance du niveau et des
effets du NAIRU, ces conomistes ont cherch se tourner vers dautres indicateurs.
2. Le NAWRU
Le NAWRU reprsente le taux de chmage en dessous duquel la hausse des salaires devient
de plus en plus importante. Le NAWRU est un concept proche du NAIRU (logique
dquilibre), cependant laccent est ici mis sur le lien entre chmage et salaires plutt quentre
chmage et prix. Lhypothse dquilibre implique que le NAWRU est le taux de chmage
auquel la progression des salaires rels correspond lvolution de la productivit du travail.
Cest en partant de cette constatation que le NAWRU a t calcul dans divers pays. Comme
dans le cas du NAIRU, le NAWRU varie dun pays lautre, et au sein de chaque pays. Il a
partout augment (sauf aux Etats Unis, o la hausse de la productivit a aussi t plus faible).
3. Lhypothse dhystrsis
Les tudes conomtriques rcentes tendent montrer que depuis 20 ans, le niveau de
chmage ncessaire pour matriser linflation a augment (sauf aux Etats Unis). En dautres
termes, la courbe de Phillips se serait dplace vers le haut (NAIRU ET NAWRU seraient
des niveaux plus levs quinitialement). Dans le cas finlandais, le NAIRU estim sest situ
un faible niveau jusqu la fin des annes 80. Puis, tant le chmage observ que le NAIRU
ont rapidement augment. Au milieu des annes 90, le NAIRU tait estim 12 pour cent
environ tandis que le chmage effectif slevait quelque 18 pour cent. Lintervalle de
confiance tait denviron un point de pourcentage jusqu la profonde rcession qui a touch
la Finlande au dbut des annes 90. Depuis, cet intervalle sest accru pour atteindre 4 points
de pourcentage. Cette volution du NAIRU et du NAWRU a t attribue un ralentissement
de la croissance tendancielle de la productivit, aux chocs importants sur les prix et une
dtrioration de la flexibilit du travail. Deux problmes mritent toutefois toute notre
attention.
208
- On peut noter que cest dans les pays o le chmage a augment le plus que le taux naturel
du chmage a aussi le plus augment. Cette constatation conduit une remise en cause de la
notion de taux de chmage naturel. Elle laisse penser que la pression la baisse exerce sur
les salaires par un niveau lev de chmage a tendance sattnuer au fil du temps.
Autrement dit, le taux naturel de chmage tend vers le niveau effectif du chmage.
Lhypothse dhystrsis selon laquelle le chmage, une fois quil a augment, na que trs
peu tendance revenir son niveau infrieur (Blanchard, Summers, 1988 parlent
dquilibre fragile ), aurait trois explications. Tout dabord, la notion de capital humain
prcise que les personnes qui seraient au chmage depuis longtemps, perdent leur
qualification et ont donc tendance se retirer effectivement du march du travail. Ensuite, la
thorie des insiders / outsiders rappelle que les personnes qui ont un emploi rgulier ou
travaillent temps complet (les salaris de lentreprise) ont une influence prpondrante sur
lvolution des salaires tandis que les nombreux chmeurs (les exclus) nen ont aucune. Enfin,
les employeurs potentiels considrent les chmeurs comme inemployables. Si les employeurs
utilisent la dure du chmage comme critre de slection, le taux de chmage naturel
augmentera paralllement au taux de chmage effectif.
- Il est difficile de chiffrer les caractristiques structurelles du march du travail (celles-ci
risquent de changer lentement). Il est donc malais de dire quelles rformes structurelles
permettraient de rduire le taux de chmage naturel.
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