Synthèse de Cours Lutte Contre Le Chômage
Synthèse de Cours Lutte Contre Le Chômage
Synthèse de Cours Lutte Contre Le Chômage
Sensibilisation et problématisation :
Depuis le ralentissement de l’activité économique des années 1980, le chômage est devenu un problème
majeur pour les économies développées. En France, la question du chômage et de l’emploi est au cœur du
débat politique contemporain. Ainsi, François Hollande avait promis « d’inverser la courbe du chômage »,
Emmanuel Macron quant à lui s’était fixé lors de l’élection présidentiel des objectifs chiffrés : 7% de chômeurs
en 2022 (contre 9,5%) en 2019. L’importance accordée à cette question s’explique notamment par le
processus de salarisation (chapitre sur la structure sociale). On s’intéressera ici plus spécifiquement à la
question du chômage et des instruments dont disposent les pouvoirs publics afin de le réduire. Nous verrons
que les mesures pour lutter contre le chômage sont extrêmement sensibles, elles sont en débat.
Le plein emploi, mesuré par un taux de chômage faible (correspondant à un chômage frictionnelle, c’est-à-
dire correspondant à la mobilité rapide et sans conséquence sociale des travailleurs d’un emploi à un autre)
ne saurait suffire à caractériser le fonctionnement du marché du travail, puisqu’il peut conduire à une hausse
des inactifs (d’où l’intérêt du taux d’emploi) ou à une dégradation des conditions de travail des salariés (d’où
l’importance de la qualité de l’emploi). Il s’agit bien, en plus des mesures qui visent à lutter contre le chômage,
de toutes les dimensions du travail et de l’emploi qu’il convient d’examiner. Nous le ferons avec ce chapitre
(Comment lutter contre le chômage ?) et le suivant (Mutations du travail et de l’emploi), les 2 sont liés.
Font partie de la population inactive la population de moins de 15 ans et de plus de 64 ans et les individus
en âge de travailler qui n’exercent pas et ne cherchent pas un emploi.
Un chômeur est actif : il n’a pas d’emploi mais est à la recherche d’un emploi rémunéré. Il n’est toutefois pas
facile de comptabiliser les chômeurs puisque les effectifs retenus dépendront de la mesure choisie. Les
critères du BIT et de l’INSEE ne correspondent pas aux critères retenus par Pôle emploi :
Le taux d’emploi (voir déf. plus haut), est un indicateur intéressant pour comprendre la dynamique de
l’emploi. Le taux d’emploi peut se décomposer en classes d’âge ou encore par sexe. Ce taux d’emploi est de
65,6% en France en 2019, selon l’OCDE, contre 76,3% en Allemagne et 58,6% en Italie.
Par ailleurs, le sous-emploi (temps partiel subi et personnes à temps plein réalisant moins d’un temps plein),
illustre bien les difficultés à mesurer le chômage. Par ailleurs, près de 70% des actifs en sous-emploi sont
des femmes, aujourd’hui en France, illustrant les inégalités sexuelles sur le marché du travail.
Ce sous-emploi n’est pas comptabilisé dans les chiffres du chômage, qui pourrait le surévaluer.
[Taux de sous-emploi = (nombre d’actifs en sous-emploi/nombre d’actifs ayant un emploi) x 100]
➔ Les indicateurs des taux de chômage et de taux d’emploi sont donc des indicateurs de la
dynamique de l’emploi dans un pays.
Rappel :
o Offre de travail = demande d’emploi qui provient des travailleurs.
o Demande de travail = offre d’emploi qui provient des organisations productive (entreprise, APU..)
Les frictions sur ce marché, sont le temps nécessaire aux chômeurs, pour trouver un emploi et aux
recruteurs, pour pourvoir un poste (asymétries d’informations entre l’offre et la demande notamment).
On peut constater que le chômage n’est pas un phénomène uniforme sur le territoire français, ce qui permet
d’introduire l’hypothèse de la faible mobilité de la main-d’œuvre. De nombreux emplois non pourvus, le sont
dû fait de la localisation de l’employeur et le futur salarié (diagonale des faibles densités, pôle de compétitivité
…).
Ces problèmes d’appariements sont renforcés par les inadéquations spatiales. Par exemple le taux de
chômage à la Réunion est de 24,5% alors qu’il est de 7% à Paris. La répartition des demandeurs et des
offreurs d’emplois n’est pas égale dans toutes les régions. Les régions sont plus ou moins dynamiques du
point de vue de la production et de la création d’emplois.
Les chômeurs des Pyrénées-Orientales ne sont pas forcément en mesure de chercher un emploi dans une
autre région : si leur conjoint a déjà un emploi dans la région, ou s’ils sont dans l’impossibilité de se déplacer,
ils seront contraints de rester à chercher un emploi sur place. En outre, la recherche d’emploi à distance est
souvent moins fructueuse car la personne ne bénéficie pas de son réseau social de proximité pour amplifier
ou appuyer sa recherche.
Les qualifications peuvent être aussi en cause : les inadéquations des qualifications requises et celles dont
disposent les candidats et des chômeurs sont sources de chômage structurel (les mineurs, … les couturières
avec des qualifications qui ne sont pas très demandées actuellement en France …).
Un problème d’appariement apparaît lorsque l’employeur ne trouve pas précisément le candidat aux
compétences adéquates pour un poste, et réciproquement, quand un salarié ne trouve exactement l’emploi
qui correspond à ses attentes et ses compétences.
Des organisations comme Pôle emploi (organisation publique) ou par exemple Indeed (privée) peuvent
permettre de mieux faire circuler l’information et de mettre en relation les offreurs et les demandeurs. Pôle
emploi aide les chômeurs en leur transmettant des offres d’emploi en adéquation avec leurs compétences et
présente aux entreprises à trouver des candidats correspondant à leurs attentes.
• De même, les règles de protection de l’emploi (rigidités aux licenciements notamment) rendent-
elles difficiles pour les entreprises l’ajustement aux changements de l’environnement : en cas de
ralentissement de l’activité économique, elles doivent respecter des règles (préavis, versement
d’indemnités de licenciement, solutions de reclassement ou créations d’activités nouvelles) avant de
pouvoir licencier une partie des salariés. Les règles de protection de l’emploi contribuent au
chômage structurel, notamment des personnes les moins qualifiées de deux manières :
o Les entreprises sont réticentes à embaucher, ce qui fait baisser le niveau global d’emploi.
o Elles sont plus sélectives : l’employeur doit embaucher les candidats au profil adéquat afin
de ne pas avoir à les licencier ultérieurement.
En freinant les embauches et les licenciements, les règles de protection de l’emploi nuisent au
processus de destruction créatrice : des activités obsolètes perdurent alors que les secteurs
innovants ne se développent pas assez rapidement. Le redéploiement des salariés entre secteurs,
professions ou régions ne s’effectue pas correctement.
Si les employeurs prévoient une hausse de la demande, ils vont augmenter leur production, ce qui
les conduira à créer des emplois. En revanche, s’ils anticipent une baisse de la demande, ils
chercheront à réduire leur production, ce qui entraînera des suppressions d’emploi.
Leurs anticipations de l’avenir, ce que Keynes appelle le « climat des affaires », jouent donc un
rôle important dans leurs décisions d’embauche.
On constate effectivement une relation entre production (ou croissance du PIB) et niveau du chômage
: quand la croissance diminue, les besoins en main-d’œuvre des employeurs diminuent, ce qui
conduit les employeurs à licencier, ce qui augmente le chômage. Ainsi, la récession de 2009 (chute
de 3 % du PIB) se traduit par une hausse du taux de chômage de 2 points en France (il passe de 7
% en 2008 à 9 % des actifs en 2009).
Cependant la corrélation négative entre croissance et chômage n’est pas systématiquement vérifiée
comme entre 2003 et 2004, la croissance s’accélère, passant de 1 à 3 %, alors que le taux de
chômage continue d’augmenter (+0,5 point sur la même période). Même constat entre 2007 et 2008.
• Cependant, les liens entre croissance et chômage sont complexes : les effets de la croissance sur
l’emploi dépendent
o d’une troisième variable, la productivité du travail. Par exemple, en France, une
croissance de 2 % créerait 270 000 emplois, c’est la moitié de l’évolution de la
croissance du PIB, le reste étant absorbé par la hausse de la productivité.
o aussi de l’évolution de la population active. Par exemple, si la population active augmente
moins vite que les créations d’emplois générées par la croissance de la production, cela
entraîne une baisse du chômage mais plus limitée du fait de l’entrée d’une population parmi
les actifs.
Pour lutter contre le chômage conjoncturel, il faut, comme le réclamait déjà Keynes, intervenir pour soutenir
la demande anticipée et relancer ainsi la croissance et l'emploi. Selon lui, on doit cesser d'interpréter le salaire
uniquement comme un coût qu'il faudrait abaisser le plus possible : il s'agit d'un revenu qui détermine les
perspectives d'achat de biens et de services. Pour cela, il faut concevoir une politique de soutien aux revenus
de manière à accroître la demande de consommation. Mais Keynes indique que ce sont surtout les
investissements qui doivent permettre de relancer l'activité économique. Pour ce faire, les pouvoirs publics
disposent de deux principaux volets des politiques macroéconomiques : la politique budgétaire et la politique
monétaire. La politique monétaire de relance cherche à mettre à la disposition des consommateurs, et surtout
des investisseurs des liquidités abondantes sur la création monétaire et en réduisant le niveau des taux
d’intérêt pour favoriser l'investissement. La politique budgétaire de relance, pour sa part, consiste à creuser
les déficits publics en augmentant les dépenses publiques, notamment par une politique de grands
investissements, voire en réduisant les impôts des ménages les plus modestes. Ces dépenses de
consommation et d'investissement (chez les ménages, entreprises, administrations) vont constituer les
revenus d'autres acteurs, qui à leur tour vont consommer et investir créant ainsi un effet multiplicateur pour
l'impulsion initiale. A terme, l'augmentation de la demande globale aura stimulé la production de biens et de
services, la demande de travail, et donc l'emploi.
Les risques de cette politique (budgétaire et monétaire) sont le creusement du déficit budgétaire (du fait de
l’accroissement des dépenses publiques > aux recettes fiscales) et l’augmentation conjointe de la dette
publique (le financement du déficit) et l’accélération de l’inflation (hausse généralisée des prix) du fait de
l’accroissement de la masse monétaire en circulation dans le pays.
• Cette politique qui encourage l’emploi des moins qualifiés se réaliserait dans certains cas au
détriment :
o des travailleurs plus qualifiés (qui ont une productivité plus forte)
o des investissements plus productifs dans le cas d’une substitution possible entre les 2 facteurs
de production travail et capital.
• Mais cette baisse du coût du travail a aussi pour effet de permettre une baisse du coût de
production et donc, à marge constante, une baisse de prix qui soutient la demande, la
production, et donc augmente l’utilisation de tous les facteurs de production.
Le niveau supérieur du coût du travail français peut être nuisible à l’emploi en France si les travailleurs ne
sont pas assez productifs. En effet, un coût du travail élevé, s’il n’est pas accompagné d’une productivité
équivalente, va inciter les employeurs à chercher une main-d’œuvre proposant un meilleur rapport qualité-
prix en faisant produire ailleurs, et les consommateurs et entreprises à privilégier les produits importés
car moins chers.
On constate en France que l’évolution de la productivité du travail a été moins rapide que celle du salaire
moyen par tête. Cela a pour conséquence que le travail en France est devenu plus coûteux. Les
conséquences de ces évolutions sur le marché du travail sont une baisse de la demande de travail, les
employeurs étant incités à substituer du capital au travail ou à substituer du travail à l’étranger au travail
utilisé dans le pays. Cela a pour effet l’augmentation du chômage en France.
Un marché du travail flexible présente l’avantage d’un appariement rapide et d’un taux de chômage
généralement faible en période de croissance.
Les entreprises et les travailleurs, notamment les moins qualifiés, peuvent ainsi aisément embaucher/trouver
un emploi. En revanche, soumis aux fluctuations économiques, ce type de marché du travail peut connaître
des variations du taux de chômage très importantes, au détriment du bien-être des travailleurs.
Le taux de chômage a par exemple été multiplié par deux aux États-Unis entre janvier 2007 et octobre 2009,
notamment parce que la baisse des besoins de main-d’œuvre s’est traduite par des suppressions d’emplois
plutôt que par la réduction du nombre d’heures travaillées pour chaque employé. Cette augmentation rapide
du chômage lors des récessions peut aussi être procyclique, c’est-à-dire inflationniste lors des phases
d’expansion, et récessive lors des récessions (cercle vicieux).
Les dernières approches du chômage structurel cherchent à assouplir les rigidités du marché du travail. D'une
manière générale, la flexibilité désigne tous les moyens qu'utilisent les entreprises pour s'adapter aux
variations de la demande et de leur environnement (conjoncture, concurrence, innovations...), et améliorer
ainsi leur compétitivité. Outre la flexibilité des rémunérations, deux grandes formes de flexibilité sont destinées
à rendre les contrats de travail plus souples et les qualifications plus adaptables. D'abord la flexibilité
quantitative, qui joue sur la possibilité de faire varier sans délai et sans contrainte le nombre d'heures de
travail dont l'entreprise a besoin. Cette motivation des horaires peut se faire en interne, par le recours aux
heures supplémentaires, ou en annualisant le temps de travail des salariés de l'entreprise de manière à
augmenter leur temps en présence des les périodes de forte activité (fêtes, week-ends...), quitte à le réduire
lorsque l'activité est ralentie. Elle peut aussi prendre la forme d'une flexibilité quantitative externe, qui passe
par le développement des différentes formes de contrats précaires (CDD, intérim) auxquels on peut facilement
mettre fin, ainsi que par la possibilité de licencier du personnel sans contrainte. Par exemple, depuis 2017 en
France, dans le cadre de la « loi travail », on a autorisé les ruptures conventionnelles collectives, c'est-à-dire
la possibilité d'un « commun accord » d'un grand nombre de salariés sans passer par un plan social
administrativement contraignant. La flexibilité fonctionnelle repose quant à elle sur la formation des salariés.
Elle cherche à améliorer leur qualification grâce à la formation permanente pour développer leur polyvalence
et leur capacité d'adaptation et/ou de reconversion en fonction des évolutions des emplois et des mutations
technologiques. Ces mesures semblent particulièrement adaptées pour lutter contre les défauts
d'appariement entre l'offre et la demande de travail.
• Toutefois, on constate que les principaux bénéficiaires des politiques de formation continue ne sont
pas les individus les plus fragiles sur le marché du travail ou ceux qui en auraient le plus besoin pour
retrouver un emploi. Les personnes sans emploi et non diplômées sont exclues des formations dispensées
par les entreprises pour leurs salariés et bénéficient d’un moindre accès à l’information et d’un rapport plus
difficile aux procédures ouvrant droit à formation continue. Au contraire, les individus toujours en emploi et
diplômés peuvent s’estimer plus légitimes à bénéficier de ces dispositifs dont ils ont connaissance et pour
lesquels ils ont un accès facile et une plus grande appétence, du fait qu’ils ont déjà été en réussite face à un
examen puisqu’ils sont diplômés.