Athénée de Naucratis Livre III
Athénée de Naucratis Livre III
Athénée de Naucratis Livre III
LIVRE III
Sommaire.
Ciboires. Colocasia. Fleuves et plante qui ont disparu spontanment
en punition de lavarice des propritaires. Concombres. Figue.
Pommes. Hutres. Perles. Charcuterie. Tte du cheval; sa belle forme.
Chordee, intestins grles, particulirement. Groins. Pieds. Oreilles.
Abbatis. Cochon immol Vnus. Pieds bouillis. Thymte tue son
frre Aphidas. Vulve de porc. Cyniques ou chiens; os destins pour
eux. Leur gourmandise. Casaque, phnolee, penula. Kaumata,
brlures. Diffrents mots forms singulirement. Platon, comment il
divise les animaux. Ancre. Femme non rgle. tre rassasi, ou
korestheenai, chortazesthai. Callimdon, orateur, surnomm la
Langouste. Meetra, matrice, etc. Repas dcrit par Archestrate ;
couronnes, parfums. Lamie; repas qu'elle donne Dmtrius
Poliorcte. Poissons et viandes au commencement des repas.
Archestrate matre d'Epicure pour la volupt. Mollusques. Foies. Pains.
Salines. Apptit, prfrable tous les assaisonnements. Dcocte, ou
eau bouillie. Gruau. Aristote blm pour son recueil de proverbes.
Rflexions condamnables dans plusieurs auteurs. Eau du Taurus.
Dsir, espce de soif. Rflexions de Platon ce sujet. Eau de puits.
Neige, son usage pour les boissons. Fosses pour rafrachir le vin.
Procd pour le rafrachir sans neige. Impromptu de Simonide sur la
neige qu'il demande table. Knisokolax knisolque, mots qui
dsignent un gourmand. Gteau; le libum des Romains. Chebrodlaps,
mot syrien. Sanchoniaton, Mochus. Gruau. Cuiller. Repas Macdonien
indiqu, mais dcrit dans le livre suivant.
BANQUET
DES SAVANS,
PAR
ATHNE,
Traduit, tant sur les Textes imprims, que sur plusieurs
Manuscrits,
Par M. LEFEBVRE DE VILLEBRUNE.
TOME PREMIER.
Pour nous, qui ne pouvons plus consulter qu'une trs petite partie des
Auteurs allgus par Athne, et qui ne trouvons que dans son livre
cent particularits curieuses dont, il parle, nous regardons sa
compilation comme un trsor trs prcieux.
Bayle, Dict.
A PARIS,
Chez Lamy, Libraire, quai des Augustins, n. 26.
DE L'IMPRIMERIE DE MONSIEUR.
M. DCC. LXXXIX.
AVEC APPROBATION, ET PRIVILGE DU ROI.
ATHENEE
DEIPNOSOPHISTES
LIVRE TROISIME.
[76a] Je suis venu de loin, par mer, sans amener une cargaison de
figues de Caune.
Que les figues de Caune,[34] ville de Carie, soient fort estimes, c'est
ce que tout le monde sait.
Hraclon d'phse et Nicandre de Thyatire, font mention de figues
toxalies,[35] et rapportent ce sujet le passage suivant, pris d'un
drame d'Apollodore de Caryste, intitul, la Fripire doter:
D'ailleurs, le mchant vin qu'il y avait tait fort aigre, au point
mme que j'en ai rougi de honte : quant aux autres cantons, il y vient
des figues [76b] toxalies ; mais mon terrain est plant en vignes.
Archiloque parle des figues de Paros : or, il y a dans cette le
d'excellentes figues, que les habitants appellent hmonies,[36] et qui
sont les mmes que celles de Lydie : elles ont eu ce nom cause de
leur couleur rouge. Voici le passage d'Archiloque :
Laisse-l Paros et ses figues, de mme que cette vie de marin.
Or, ces figues sont, l'gard de celles qui viennent en tout autre
endroit, [76c] ce qu'est la chair de sanglier l'gard de toutes celles
des cochons domestiques. Le leucerine est[37] une espce de figuier,
et peut-tre celui qui porte des figues blanches. Hermippus en parle
ainsi dans ses ambes :
On prsenta sparment des figues leucrines.
Mais Euripide nomme les figuiers sauvages dans son Sciron :
Ou de l'attacher des branches de figuier sauvage.
Epicharme dit dans le Sphinx:
Ils ne sont nullement semblables aux figuiers sauvages.
Sophocle a pris figurment [76d] le nom de l'arbre pour le fruit, dans
ses noces d'Hlne ; il dit :
Tu n'es qu'un figuier sauvage, non mr, qui ne vaut rien manger,
et tu traites les autres de figuiers sauvages.
Il a dit figuier sauvage non mr, pour figue sauvage non mre.
Mais que dirons-nous ensuite de ces gens qui vendent toujours leurs
figues dans des corbeilles, ayant bien soin de mettre au fond celles
qui sont dures ou gtes, et les belles et bien mres par dessus?
[76e] Enfin, celui qui paie en donne le prix pour les avoir telles, tandis
que le vendeur empoche son argent, jure qu'il a vendu des figues, et
n'a livr que de mauvaises figues sauvages.
Observez que l'arbre, au figuier sauvage, qui produit ces figues,
s'appelle, au masculin, erinos, comme on le voit dans le Trole de
Strattis :
Tu as donc aperu un figuier sauvage (erinon) prs d'elle?
On lit aussi dans Homre :
Il y a l un grand figuier sauvage, erineos, garni d'un feuillage pais.
mais l'une
nouvelle. Il
pas celui
les figues,
pousse.
Si, les uns ou les autres, nous apercevons enfin une figue nouvelle
bien mre, nous en frottons tout le contour des yeux de nos enfants.
nous digrons les uns et les autres, les figues digrent mieux, et
n'empchent pas la coction des autres aliments.
Les figues ont les qualits que je leur ai attribues ci-devant : en
effet, leur principe muqueux et salin n'est-il pas gluant sur les mains,
ne les dterge-t-il pas? Quant la saveur douce, il suffit de les porter
[79d] la bouche pour en juger. Il ne faut pas sans doute que je
m'arrte prouver la vrit de ce que j'ai dit, au sujet des selles plus
copieuses, plus promptes, plus fluides qu'elles sollicitent sans
tranches, et mme sans douleur.
Si les figues ne paraissent pas beaucoup changes dans les selles, ce
n'est pas qu'elles digrent difficilement, mais parce que nous les
avalons avidement et sans mcher. [79e] Or, c'est ce qui les fait sortir
promptement.
Chap. VI. J'ai dit que les figues avaient un principe salin:[63] en effet,
on a vu qu'il tait nitreux ; mais on le rend encore plus salin et
pntrant par les accessoires. En effet, le sel fournit la qualit
muriatique, le vinaigre et le thym y ajoutent de l'cret.[64]
17. Hraclide de Tarente demande, dans son festin, s'il faut boire de
l'eau chaude ou de l'eau froide aprs avoir mang des figues. Ceux,
dit-il, qui veulent que l'on boive de l'eau chaude par-dessus les figues
le font en[65] considrant qu'elle nettoie promptement les mains;
qu'ainsi il est probable que les figues ne sont pas longtemps se
dissoudre dans l'estomac, moyennant l'eau chaude. [79f] D'ailleurs,
l'eau chaude divise le parenchyme des figues qu'on a sous les yeux,
et le rduit en des parties trs tenues; l'eau froide, au contraire,
resserre. Ceux qui conseillent l'eau froide, disent que cette boisson
froide que l'on prend alors, entrane, par son propre[66] poids, les
choses qui restent sur l'estomac. Or, disent-ils, les figues ne sont pas
favorables l'estomac, car elles y causent mme une chaleur
brlante, et en relchent le ton. C'est aussi pour cette raison que
quelques-uns prennent aussitt du vin pur par-dessus : ce qui bientt
les prcipite, avec tout ce qu'il y a d'ailleurs dans l'estomac. [80a]
Cest[67] pourquoi il faut boire beaucoup, et trs souvent aprs avoir
pris des figues, afin qu'elles ne s'arrtent pas dans l'estomac, ou
mieux pour leur faire gagner la voie des intestins.
18. D'autres disent qu'il ne faut pas manger des figues midi, parce
qu'alors elles peuvent rendre malade, comme l'a dit Phrcrate, dans
ses Krapatalles. Aristophane dit aussi dans son Proagon :
L'ayant un jour vu malade pendant l't, il mangea des figues
midi, afin d'tre aussi malade.
Eubule fait dire une femme, dans son Sphingocarion :
[80b] Oui, par Jupiter! car, mon cher, jtais malade pour avoir
mang des figues midi.
Nicophon parle ainsi dans ses Sirnes :
Si quelqu'un de nous s'endort aprs avoir mang des figues fraches
midi, aussitt la fivre, une forte fivre, dis-je, vient au galop, et ds
qu'elle s'est fait sentir, elle suscite un vomissement bilieux,[68] etc.
19. Diphile de Siphne dit : Les figues bien mres, fraches, nourrissent
peu, font un mauvais chyle, passent [80c] promptement, produisent
des flatuosits dans l'estomac, quoique la substance s'en distribue
mieux que celle des sches. Celles qui viennent l'approche de
l'hiver, ne mrissant qu'avec peine, sont plus mauvaises : celles, au
contraire, qui sentent toute la force des chaleurs de l't, sont d'une
bien meilleure qualit, parce qu'elles mrissent dans l'ordre de la
nature ; celles qui ont beaucoup de suc laiteux, et peu de principe
aqueux, vont mieux l'estomac, quoiqu'un peu plus pesantes ; celles
de Tralles sont analogues celles de Rhodes; et celles de Chio, ainsi
que toutes les autres, ont un beaucoup plus mauvais suc.
Mnsithe d'Athnes dit, dans son trait des comestibles, qu' l'gard
de tous les fruits dont on mange, tels que les poires, les figues, les
pommes de Delphes, et autres semblables, [80d] il faut faire attention
au temps o leur suc n'est ni cru, ni trop mr, ni trop puis par la
temprature de la saison.
Dmtrius de Scepse dit, dans le liv. 15 de l'ordre des troupes
Troyennes, que ceux qui ne mangent pas de figues ont une belle voix.
Il ajoute : Hgsianax d'Alexandrie, qui a trait l'histoire, homme qui
d'abord fut trs pauvre, acquit une belle voix, en s'abstenant de
manger des figues pendant dix-huit ans, et fut ensuite acteur tragique
et comique. [80e] Je connais aussi quelques proverbes relatifs aux
figues ; tels sont ceux-ci :
Aprs la figue, le poisson ; aprs la viande, les lgumes.
Non, ils ne veulent pas planter de figuiers, les oiseaux en aiment
trop le fruit.
20. Pommes.
Mnsithe d'Athnes les appelle pommes de Delphes, dans son trait
des comestibles. Diphile dit : Les pommes vertes et non encore
mres, sont d'un mauvais suc, font mal l'estomac, y causent des
flatuosits, engendrent de la bile,[69] rendent malade, et donnent lieu
des frissonnements. Quant aux pommes mres, celles d'une saveur
doucetre, ont un meilleur suc, passent plus aisment, [80f] parce
qu'elles n'ont aucune astringence. Les pommes acides ont le plus
mauvais suc, et resserrent trop : celles dont la douceur est un peu
O vous, qui nous charmez certains gards, et qui, d'un autre ct,
tes plus mprisables que les pommes phaulies!
[82c] Thopompe en fait aussi mention dans son Thse. Androtion
dit dans ses Gorgiques : Des pommiers phaulies et des struthies car
la pomme[81] ne quitte pas le pdicule des struthies, mais les
pommes de printemps, ou celles de Laconie, ou celles de Sidonte, ou
celles qui ont un duvet.
Mais, messieurs, j'ai surtout admir les pommes que l'on vend
Rome, et que lon appelle mattianes:[82] on les apporte, dit-on, d'une
bourgade situe dans les Alpes voisines d'Aquile. Cependant celles
qui croissent prs de Gangres, ville de Paphlagonie, ne leur cdent en
rien. [82d] Que les pommes soient un prsent de Bacchus, c'est ce
qui est confirm par ce passage de Thocrite :
Il gardait dans son sein les pommes de Bacchus, ayant sur la tte
une couronne de peuplier, arbre consacr Hercule.
Noptolme de Parium rapporte, dans sa Dionysiade, que les
pommes, et en gnral tous les fruits des arbres ont t trouvs par
Bacchus.
Pamphile dit que certaines espces de poires se nommaient[83]
pimelis. Timachidas dit dans son liv. 4e, qu'on donnait aussi ce nom
certaines pommes des Hesprides;[84] que ces pommes-ci se
prsentaient aux Dieux Lacdmone; [82e] mais Pamphile ajoute
qu'elles avaient une trs bonne odeur ; qu'on n'en mangeait pas,[85]
et qu'on les appelait les pommes des Hesprides. Aristocrate dit, au
quatrime de ses Laconiques : Outre cela des pommes, et celles
qu'on appelle Hesprides.
24. Pommes de Perse.
Thophraste, parlant (livre II de son histoire des plantes) des arbres
dont le fruit[86] n'est pas manifeste, s'exprime ainsi : Comme le
principe des plus grands vgtaux, tels que celui de l'amande, de la
noix, de la grenade, de la poire, de la pomme, [82f] est connu,
except celui de la pomme de Perse,[87] qui ne l'est absolument pas,
etc. Diphile de Siphne parle ainsi, dans son trait des aliments
propres aux malades et aux gens en sant : Les pommes que l'on
appelle pommes de Perse,[88] ou, selon d'autres, les prunes
(coccymeles) de Perse, sont d'un suc de moyenne qualit, mais plus
nourrissantes que les pommes ordinaires. (Philotime avance, dans
son treizime livre de la nourriture, que la noix de Perse a quelque
chose de plus gras, et certaine pret ; qu'en outre elle est plus
mollasse, [83a] et que si on l'crase elle rend beaucoup d'huile). Les
Gloses Laconiques d'Aristophane le grammairien, nous apprennent
que les Lacdmoniens appelaient prunes (ou coccymeles) les
pommes acides de Perse, auxquelles d'autres[89] donnaient le nom
d'adria.
25. Citron.
Les convives agitrent beaucoup cette question ; savoir, si l'on trouve
dans les crits des anciens, qu'ils aient fait mention du citron. Myrtile
dit (comme nous, en voyant chercher des chamois),[90]
qu'Hgsandre de Delphes en faisait mention dans ses commentaires,
mais qu'il ne se souvenait pas actuellement du passage. Plutarque lui
soutint le contraire, disant: Pour moi, [83b] j'assure qu'Hgsandre
n'en a nullement parl; car j'ai lu exprs tous ses commentaires. Un
de ses amis, assurant que cela tait ainsi, autoris par les scholies
d'un commentateur renomm, on dit Myrtile : vois si tu trouveras un
autre tmoin.
Emilien prit la parole, et dit : Juba, roi de Mauritanie, homme trs
savant, fait mention du citron dans ses mmoires sur la Lybie, et
assure que dans cette contre on l'appelle pomme [83c] des
Hesprides,[91] que c'est de l qu'Hercule apporta en Grce les
pommes, que leur couleur fit appeler pommes d'or. Selon le
soixantime livre de l'histoire d'Egypte, que nous a laisse
Asclpiade, la terre produisit ce fruit pour les noces de Jupiter et de
Junon.
Dmocrite les regardant, leur dit : Soit! que Juba en ait fait mention :
eh! laissez-le l avec ses commentaires sur la Lybie, aussi bien que
les courses vagabondes de Hannon.[92] Pour moi, je soutiens que le
mot citron ne se trouve dans aucun crit ancien. Mais je trouve la
chose si bien marque dans l'histoire des plantes de Thophraste
d'Erse, que je ne puis entendre [83d] que du citron ce qu'il nous
indique. Or, voici ce qu'il dit dans le quatrime livre[93] de cette
histoire :
La Mdie et la Perse produisent beaucoup de choses ; entre autres
la pomme qu'on appelle de Perse ou de Mdie. L'arbre a la feuille
presque semblable celle du laurier, de l'arbousier[94] et du noyer.
On y remarque des pines comme au poirier sauvage et lpinevinette : elles sont lisses, trs aigus et fortes. Cette pomme ne se
mange pas ; le fruit et la feuille ont une trs bonne odeur. Mis dans
les habits, le citron[95] les garantit de la piqre des vers; pris en
breuvage, il est utile contre un poison mortel : en effet, administr
dans le vin, il remue tout le ventre, fait sortir le poison. Il donne une
bonne odeur la bouche, si, aprs l'avoir fait bouillir dans du bouillon
ou autre fluide semblable, on en exprime[96] le jus dans la bouche,
pour l'avaler ensuite. La semence qu'on en retire se sme au
printemps sur des couches ; mais il faut la bien prparer auparavant:
on l'arrose ensuite tous les quatre ou cinq jours. [83f] Lorsqu'elle a
bien lev, et que la plante a dj quelque force, on la transplante
dans une terre molle, un peu humide y mais non trop lgre. L'arbre
porte son fruit en toute saison.[97] L'un peut se cueillir, lautre fleurit,
tandis qu'un troisime mrit. Toutes les fleurs, du centre desquelles
[87c] 34. Selon Icsius, les lpas passent plus facilement que les
prcdentes ; les hutres causent une plnitude, sans cependant
nourrir autant ; mais elles passent plus promptement : les peignes
sont plus nourrissants, mais d'un plus mauvais suc, et passent avec
peine. Quant aux moules, celles d'Ephse, et celles qui leur sont
analogues, l'emportent sur les peignes, par la bont de leur suc; mais
elles le cdent aux cames : elles sont cependant plus diurtiques, que
disposes passer par les selles. Il y en a, surtout la squille, qui ont
un suc de mauvaise qualit, et qui rebute la simple dgustation.
[87d] Celles qui sont plus petites, et qui prsentent une surface
comme veloute au dehors, sont plus diurtiques, et d'un meilleur suc
que celles qui sentent la squille ou l'oignon marin ; cependant leur
peu de grosseur les rend moins nourrissantes : d'ailleurs elles le sont
moins de leur nature.
Les cous[122] des buccins vont bien l'estomac, nourrissent mieux
que les moules, les cames et les peignes : c'est un aliment qui, vu la
difficult qu'il a s'altrer, soutient bien ceux qui ont l'estomac
incapable de digrer beaucoup d'aliments, et chez qui ces aliments
gagnent avec peine les gros intestins : au contraire, les substances
qui sont constamment reconnues pour digrer facilement, [87e]
altrent promptement ces sortes de constitutions, par leur mollesse
et la facilit avec laquelle elles se dissolvent. Voil donc pourquoi les
mcons[123] de ces coquillages ne vont pas bien des estomacs
robustes, et se trouvent utiles pour ceux qui sont faibles; mais parmi
ces mcons, ce sont ceux des pourpres qui sont les plus nourrissants,
et qui se mangent avec plus de profit: cependant ce mcon sent un
peu trop l'oignon marin, comme tout le corps de ranimai. Les
pourpres, comme les solens, ont cela de particulier, qu'elles font
paissir le bouillon o elles cuisent. Ces cous des pourpres cuits seuls,
sont bons [87f] pour maintenir le ton de l'estomac.
Posidipe en fait mention dans ses Locriens, en ces termes :
Il est temps de manger des anguilles, des langoustes, des conques,
des oursins bien frais, des mcons, des pinnes, des cous de pourpres,
des moules.[124]
35. Les plus gros des glands de mer sont ceux qui passent le mieux,
et ils reviennent bien au palais. Les oreilles[125] de mer sont plus
nourrissantes que tout ce que nous venons de rapporter, mais
passent difficilement. Ces oreilles se trouvent aussi dans l'le appele
Phare, prs d'Alexandrie. [88a] Antigone de Caryste dit, dans son
trait des mots, que ce coquillage se nomme oreille de Vnus chez les
oliens.
Les pholades nourrissent beaucoup, mais elles ont une odeur forte. Il
en est -peu-prs des tthyes comme des espces dont nous avons
parl ci-devant ; elles sont mme plus nourrissantes. Il y a quelques
Chap. XI. Aristote, dans son ouvrage[126] sur les animaux, [88b]
range parmi les testaces, la pinne, l'hutre, la moule, le peigne, le
solen, la conque, le lpas, la tthye, le gland de mer. Parmi les
coquillages qui se meuvent d'un lieu un autre, sont le buccin, la
pourpre, lhdy-pourpre,[127] l'oursin, le strable. Le peigne est un
coquillage raboteux et stri; la tthye est sans stries, et lisse : la
bouche[128] des pinnes est mince, et celle des hutres paisse : le
lpas[129] est univalve et disse ; mais la moule est bivalve, lisse; ses
coquilles peuvent se fermer totalement : quant au solen[130] et au
gland, ils ont la coquille lisse, et elle ne se ferme que d'un ct : la
conque[131] tient de lune et de l'autre espce.
[88c] Epainte dit, dans sa Cuisine, que ce qu'il y a de plus intrieur
dans l'animal de la pinne, se nomme mcon ou pavot. Aristote dit, au
5e livre de lhistoire des animaux : Les pourpres[132] naissent vers
le printemps, et les buccins la fin de l'hiver; et en gnral, tous les
testaces paraissent, au printemps et en automne, avoir ce que lon
appelle ufs, except cependant l'espce d'oursins que l'on mange:
en effet, c'est dans, ces deux saisons; qu'ils sont le plus forts, surtout
dans les pleines lunes et pendant les jours de grandes chaleurs. Il faut
nanmoins excepter les oursins qu'on prend Pyrrha sur l'Euripe.
[88d] Ceux-ci sont fort petits, meilleurs, en hiver, et pleins d'ufs; il
parat que tous les limaons de mer se trouvent pareillement
fconds dans la mme saison.
36. Aristote, suivant sa narration, dit : Les pourpres s'tant
rassembles au printemps dans un mme lieu, s'occupent du travail
de leur mlicre, qui est comme une sorte de gteau de cire mais cet
ouvrage l n'est pas si poli : on dirait qu'il est form de la runion de
nombre de coques de pois chiches. Aucune de ces coques ne
prsente d'ouverture, et ce n'est pas non plus de l que naissent les
pourpres. [88e] Comme tous les testaces,[133] elles se produisent
elles-mmes de la vase et de la pourriture. Ces corps sont donc
comme un excrment des pourpres et des buccins, car ceux-ci font
pareillement leur mlicre. Lorsque les pourpres commencent faire
leur mlicre, elles lchent une humeur visqueuse, d'o se forment
ces coques, qui ensuite s'ouvrent,[134] et rpandent une matire
ichoreuse sur la terre. C'est-l que naissent en terre les petites
pourpres qui se sont formes, et dont on trouve quelquefois les
grosses charges lorsqu'on les prend : [88f] si elles sont prises avant
d'avoir jet ce principe prolifique, elles excutent cette opration
dans les paniers mmes,[135] en se runissant pour cet effet, et l'on
y voit natre comme des grappes de raisin.
Chap. XIII. picharme dit, dans ses noces dHb, au sujet des oursins
:
Le cancre et l'oursin viennent, sans savoir nager, par la mer; mais
ils s'avancent seuls pied.
Dmtrius de Scepse nous fait le dtail suivant dans le 28e livre de
l'ordre de l'arme Troyenne : Un Lacdmonien est invit un repas
; on prsente sur la table des oursins, et il en prend un, sans
connatre l'usage de cet aliment, [91d] et mme sans faire attention
la manire dont les convives le prenaient : l'ayant donc mis dans sa
bouche avec sa coquille, il le broya sous la dent : trouvant de la
difficult le mcher, et ne pouvant comprendre la rsistance de ce
coquillage plein d'asprits, il s'cria : ! manger dtestable! non, je
ne te lche plus aprs t'avoir broy, mais de la vie je ne te touche
plus.
Les hrissons, tant de terre que de mer (oursins), savent se munir
contre ceux qui les cherchent, en opposant leurs pines comme une
palissade. Ion l'atteste dans son Phnix, ou Cne ; voici ce qu'il dit :
Chap. XV. Eupolis a dit, dans ses Chvres, de mme qu'Alexis, dans sa
Leucadie ou ses Fugitifs:
[95a] Il parut alors un bout grle d'intestin, et un lambeau de [184],
etc.
Antiphane dit, dans ses Noces :
Ayant coup le milieu de l'intestin.
[96d] 50. Chap. XVII. Aprs le rcit de tant de passages sur ces
diffrents mets, les mdecins qui se trouvaient table, payrent aussi
leur cot avant de toucher de rien. Dionysiocls dit donc : Mnsithe
d'Athnes avance, dans son trait des Comestibles, que la tte et les
pieds de cochon n'ont rien de bien nourrissant ni de succulent en soi.
.......[197] Lonides prit alors la parole :
Dmon dit, dans le quatrime livre de son histoire de lAttique,
qu'Aphidas, roi d'Athnes, ayant t tu par Tymtes, son jeune
frre naturel, celui-ci monta sur le trne. Mlanthe, Messnien, tant
banni de sa patrie sous son rgne, alla consulter la Pythie, pour savoir
o il fixerait sa demeure : [96e] elle lui rpondit que c'tait o, aprs
avoir reu les prsents d'hospitalit, on lui servirait pour souper des
pieds et une tte. Or, c'est ce qui lui arriva Eleusis. Les prtresses
ayant clbr une des ftes de la patrie, et toutes les chairs de la
victime tant consumes, l'exception de la tte et des pieds qui
restaient, elles les envoyrent Mlanthus.
51. On servit ensuite une vulve, vraiment mtropole, et mre des
enfants d'Hippocrate, qui ont t le sujet des sarcasmes des
Comiques, cause de leur cochonnerie.[198] [96f] Ulpien jetant les
yeux sur ce plat : , mes amis, o trouve-t-on le mot mtra? car nous
Chap. XVIII. N'est-ce pas toi qui as appel pinomis, ce que les
Romains appellent trennes, selon l'usage de leur patrie, et qu'ils
donnent leurs amis? Nous voudrions bien savoir si tu te proposais
en cela d'imiter Platon : ou, si tu as observ que quelqu'un ait produit
cette dnomination, fais-nous connatre qui; pour moi, je sais qu'on
appelle pinomis certaine partie d'une galre trois bancs de
rameurs, comme Apollonius le fait voir dans son trait des galres.
[97e] N'est-ce pas aussi toi qui, demandant ta cape[201]
(phelooneen) neuve, et qui n'avait pas encore servi (car le mot
pheloonees est de notre langue, mon cher), dis ton valet : Leuce,
donne-moi ma cape, phnoleen, qui ne vaut rien,[202] achreston?
Allant un jour au bain, n'as-tu pas rpondu quelqu'un qui te
demandent, o vas-tu? je vais apoloumenos, mot quivoque, qui
signifie ou prir, ou me baigner. Or, ce fut ce jour-l mme que cette
belle cape (pheloonou) de Canose te fut vole par des filous; de sorte
qu'il s'leva de grands clats de rire dans le bain, lorsqu'on chercha
cette cape, qui, selon ton expression, ne valait rien : achrestos.
Une autre fois, messieurs, [97f] et le fait que je vais vous raconter est
vrai, il heurta contre une pierre, et se blessa[203] la jambe ; lorsqu'il
fut pans, il sortit quelques personnes lui demandant, qu'as-tu donc
Ulpien? Oh! ce n'est qu'une sugillation. Ne pouvant plus me tenir de
rire, car jtais avec lui, j'entrai, en le quittant, chez un mdecin de
mes amis, et je m'appliquai au-dessous des yeux un onguent pais.
On ne manqua pas de me dire : qu'as-tu donc? Oh! dis-je, ce n'est
qu'une contusion[204] la jambe.
52. Je connais un autre personnage fort jaloux de cette rudition
neuve. C'est Pompien de Philadelphie : [98a] cet homme n'est pas
sot, mais il est toujours l'afft des mots nouveaux. Parlant un jour
avec son valet, il lui dit haute voix, en l'appelant par son nom :
Strombichide, apportes-moi mes sandales aphortes[205] (non
mettables ou neuves), et mon, surtout achreste (neuf ou vieux) ; car
lorsque j'aurai (chauss) li ma barbe (hypodeesamenos), je veux
aller (appeler) saluer quelques amis. Mais ma saumure est cuite (j'ai
la crasse sche sur la peau), ainsi apporte la fiole d'huile : d'abord
nous nous froisserons (frotterons), ensuite nous irons (prir) baigner.
Vous ne m'avez pas vu depuis plusieurs jours, disait le mme un de
ses amis, c'est cause des brlures:[206] or, [98b] notez que c'tait
au mois que les Romains appellent fvrier, dans le milieu mme de
l'hiver. Fvrier a eu ce nom, chez eux, selon le roi Juba, du mot februa,
qui dnote les libations qu'on y fait pendant plusieurs jours de ce
mois, aux mnes des morts, afin de les empcher[207] d'effrayer le
peuple en sortant de dessous terre.
54. Tels sont, mes amis, ces Sophistes si semblables Ulpien, qui
forgent sans cesse une foule de mots. Par exemple, ils appelleront
marmite four le vaisseau destin faire chauffer de l'eau, et que les
Romains appellent miliarium:[209] ces gens surpassent mme de
beaucoup en ceci [98d] Denys de Sicile. Celui-ci appelait une fille
mnandre, parce qu'elle est en attendant un homme : une colonne
tait pour lui une mncrate, parce qu'elle est stable et forte : il
appelait un trait ballation, parce qu'on le jette en avant; les trous des
souris taient des mystres,[210] parce qu'ils mettent les souris en
sret.
Athanis nous rapporte, dans son premier livre de l'histoire de Sicile,
que ce mme Denys appelait un buf, garotas,[211] un porc,
iacchos.
Tel fut aussi Alexarque (frre de Cassandre, roi de Macdoine),
fondateur d'Uranopolis:[212] [98e] Hraclide Lembus en parle dans le
trente-septime livre de son histoire : Alexarque, dit-il, fondateur
d'Uranopolis, introduisit des expressions particulires; il appelait un
coq, orthroboas,[213] un barbier, brotocertes, une dragme, argyris;
un chnix tait pour lui un hmrotrophis;[214] un crieur, un apyte.
[215] Il crivit un jour en ces termes aux magistrats de Cassandrie:
Alexarque Marraon[216] aux primipiles, salut :
Je vous regarde comme les enfants du soleil; je sais qui a
abandonn ceux qui avaient fait des actions dignes des dieux, et qui
ont pri par un sort fatal, tir des urnes de la divinit, tant pour eux
que pour [98f] les gardes ns dans les montagnes.
Je crois que la Pythie mme ne pourrait nous expliquer le sens de
cette lettre. On peut citer ce sujet, Clophane dans Antiphane:
C'est vouloir[217] tre la torture. Quel avantage y a-t-il pour un
homme sens de suivre dans un Lyce les dbats des Sophistes, de
ces gens dcharns, sans pain, et si vils; pour dire, comme eux, [99a]
telle chose n'est pas encore, puisqu'elle se fait ; car ce qui se fait n'a
pas encore t, et si la chose a t auparavant, elle ne se fait pas
actuellement, car ce qui n'est pas n'est rien ; mais ce qui n'a pas
encore t, n'est pas ce qui a t fait, car cela n'a jamais exist ; c'est
de ce qui est qu'une chose se fait : or, s'il n'y a rien d'o elle a t
faite, comment, dis-je, a-t-elle pu se faire de rien? Cela est impossible.
Mais si cette chose a t faite d'elle-mme, je dis encore qu'elle ne
peut pas exister, ou que quelqu'un me dise de quoi se ferait ce qui
n'est pas? On ne pourra pas sans doute recourir au nant. [99b] Mais
qu'est-ce que tout ce verbiage? Apollon, certes, n'y comprendrait
rien!
moins que les autres poissons. Il vaut mieux, selon lui, les manger
cuits sur la braise ou rtis, que cuits dans l'eau.
Sophron, dans ses Mimes fminins, a dit kouridas[260] pour karidas :
Vois, ma chre, vois ces belles (kourides) squilles! [106e] vois ces
belles crevisses! considre donc comme elles sont rouges, et ont un
velout lisse!
picharme dit aussi dans sa pice intitule la Terre et la Mer:
Des (kourides) squilles pourpres.
On lit dans une autre de ses pices, intitule Logine ou Logos :
Des aphyes et des koorides courbes.
Simonide crit:
Le petit calmar avec des thons, des squilles (koorides) avec des
goujons.
69. Chap. XXIV. On servit ensuite des foies[261] rtis dans la pole, et
envelopps de la coiffe grasse que nous appelons epiploon.
Philtaire crit epiploion, dans son Tre. Cynulque, jetant les yeux
sur ces mets, dit : Eh bien, savant Ulpien! trouve-t-on quelque part un
foie ainsi envelopp? [106f] Je rpondrai lorsque tu m'auras dit quel
auteur a ainsi nomm de la graisse runie une membrane. Comme
ils s'agaaient ainsi, Myrtile leur dit : le mot epiploon se trouve dans
les Bacchantes d'Epicharme. Il y dit:
[107a] Puis enveloppant (epikampsas) son pain dans de lepiploon.
Comme ce jeune valet avait certaine ducation, non qu'il l'et reue
de Myrtille, mais d'un autre matre, je lui demandai par quel hasard il
tait tomb depuis peu dans la maison de Myrtille ; il me rpondit par
ce passage de la Nottis (jeune fille) d'Antiphane.
A. Comment es-tu venu Athnes avec ta sur? B. J'y ai t amen
par un marchand. Je suis n en Syrie : on nous vendait l'encan,
lorsque cet avare se prsenta nous, et nous acheta. C'est un
homme excessivement mchant, [108f] et qui, si l'on excepte du
thym,[272] ne fit jamais apporter chez lui un seul des mets de la table
du bienheureux Pythagore!
75. Chap. XXVI. XXVII. picharme dtaille, dans ses Noces d'Hb (ou
dans ses Muses, qui sont la pice des Noces, retouche), diffrentes
espces de pain : Le cribanite, lhomore,[291] le staitite, l'encride,
l'aleiphatite, l'hmiartie. Sophron rappelle aussi les mmes espces
dans ses Mimes fminins : [110c] Il donna, dit-il, ses tantes,
souper, des cribanites, des homores, un hemiartie[292]......
Je sais, mes amis, que les Attiques disent cribanos, four, et cribanite
avec la lettre R, au lieu que Hrodote crit clibanite[293] avec L.
Sophron a dit : Qui est-ce qui ptrira des staitites, des clibanites,
des hmiarties? Le mme parle encore, dans ses Mimes, d'un pain
plakite:[294] Il me traita, dit-il, sur le soir, avec du pain plakite. Le
mme nomme du pain tyronle,[295] dans sa Belle-Mre : [110d] Je
conseille aux enfants de manger du pain tyronte, tout frais.
Nicandre de Colophon, dans ses Gloses; appelle daraton, le pain sans
levain. Platon le comique, dans sa longue Nuit, parle de pains de
Cilicie, qui sont des pains de grand volume et pleins de salets.
Ensuite il vint pour acheter, non de ces pains purs et nets mais de
ces grands pains de Cilicie.
parle
des
pains
collabes,[299]
dans
ses
[111b] 76. Pain oblie:[305] ce pain est ainsi appel, ou parce qu'il se
vend une obole, comme Alexandrie, ou parce qu'on le fait cuire
dans les moules, en forme de petites broches. Aristophane en parle
dans ses Laboureurs :
Ensuite l'un d'eux eut pour sa part des oblies rties.[306]
Phrcrate dit, ce sujet, dans sa pice intitule celui qui manque de
mmoire :
Olne, fais rtir cette oblie, mais ne la prfre[307] pas au pain.
On appeldit obliaphores ceux qui portaient ces sortes de pains sur
leurs paules, les jours de ftes publiques. Socrate nous dit,[308] au
sixime livre de ses Surnoms, que c'est Bacchus qui a imagin le pain
oblie dans ses expditions.[309]
Pain etnite:[310] c'est le pain qu'on appelle aussi lekithite (ou fait de
farine, o l'on mle des jaunes d'ufs), comme le dit Eucrates.
[111c] Le pain est aussi appel panos.[311] Les Messapiens disent
pania pour plnitude, et panion pour tout ce qui remplit. Blsus, dans
son Msotribe, Archiloque, dans son Tlphe, Rinthon, dans son
Amphitryon, disent pan, et les latins, panis pour du pain.
Pain nastos.[312] On appelle pain nastos, un grand pain ferment,
comme le disent Polmarque et Artmidore : Hraclon dit qu'il tait,
par la matire, analogue aux placent. Nicostrate en parle dans le
passage suivant:
Matre, c'tait un nastos blanc, de cette grandeur, et si pais, qu'il
s'levait plus haut que la corbeille : [111d] lorsque le couvercle fut
lev, il en monta une odeur et une vapeur telles que cellesdu miel, et
qui frappaient les narines, car il tait encore chaud.
Chap. XXVIII. Pain knestos, ou rp, chapel. Les Ioniens avaient une
espce de pain qu'ils appelaient knestos, comme le dit Artmidore
d'phse, dans ses commentaires sur les Ioniens.
Thronos,[313] nom d'une espce de pain, selon Nanthe de Cyzique,
qui dit, dans le second livre de son histoire grecque : Codrus prenant
un morceau de pain appel thronos, et de la viande, les donne
lan.
Bacchylos. Les lens appellent ainsi une espce de pain cuit sous la
cendre, comme le rapporte Nicandre, dans le second livre de ses
Gloses. [111e] Diphile en fait aussi mention dans sa pice intitule
Diamartanuse, ou la Femme fautive :
[115c] 83. Nous allions tous prendre du pain, lorsque Galien nous dit :
Non, nous ne mangerons pas que vous ne m'aviez entendu dire ce
que les enfants d'Esculape ont crit sur les diverses espces de pains,
de ptisseries et de farines ou gruaux.
Diphile de Siphne nous dit, dans son trait de la Dite des malades et
des gens en sant : Les pains de froment sont beaucoup plus
nourrissants que ceux d'orge, et la substance s'en distribue mieux :
en gnral, ils sont toujours plus avantageux. Parmi ces pains,[340]
les meilleurs sont les smidalites,[341] ensuite les aleurites; [115d]
enfin, ceux qu'on fait de farine non blute, ou les syncomistes : ceuxci passent pour tre beaucoup plus nourrissans.
Philistion de Locres dit que les smidalites fortifient beaucoup plus
que les pains chondrites, qu'il place au second rang, mettant les
aleurites au troisime. Quant aux pains qui se font de trs fine farine
gyris,[342] ils font un plus mauvais chyle, nourrissent moins ; mais
tous les pains mangs chauds[343] fournissent une substance qui se
distribue mieux, ils nourrissent plus, font un meilleur chyle que si on
les mange refroidis ; et malgr les flatuosits qu'ils causent, ils
passent facilement. Quant aux pains refroidis, ils occasionnent des
surcharges, digrent difficilement; s'ils sont rassis depuis quelque
temps, ils sont encore moins nourrissans, resserrent le ventre, et font
un mauvais chyle. [115e] Quant au pain encryphias, il est pesant,
digre mal, parce qu'il est ingalement cuit : celui qu'on appelle ipnite
et le caminite digrent difficilement, et se distribuent avec autant de
peine. Le pain escharit, et celui qui a t frit dans la pole, passent
facilement, cause de l'huile qui s'y est jointe; mais, vu leur qualit
nidoreuse, ils offentsent l'estomac. Le cribanite l'emporte par toutes
ses qualits ; il digre bien, et passe facilement : comme l'estomac
s'en accommode bien, il fournit un bpn chyle: il ne resserre, ni ne
tend le ventre.
Le mdecin Andras dit qu'en Syrie on fait des pains de sycamines, et
qui font tomber les cheveux ceux qui en mangent.
[115f] Mnsithe dit que le pain digre mieux que la maze; mais que
celui qu'on fait de tiphe[344] a l'avantage de mieux nourrir, parce
que la digestion s'en fait avec assez de facilit. On dit que le pain
dpautre, au contraire, pris jusqu' satit, est lourd sur l'estomac et
que c'est par cette raison que ceux qui en mangent habituellement ne
jouissent pas d'une bonne sant. [116a] Il est bon que vous sachiez
que les grains qui n'ont pas t passs au feu,[345] ni bien moulus,
causent des vents, des coliques, des maux de tte.
84. Chap. XXX. Aprs toutes ces dissertations, on jugea enfin propos
de souper. Comme on servait une saline nomme hooraion,[346]
Archestrate, qui a fait, pour ainsi dire, le tour du monde, tant pour son
ventre, que pour les plaisirs qui peuvent rsulter de ses parties
infrieures, crit :
Un tronon de thon de Sicile qu'on va saler dans une jarre, [117a]
me fait mpriser le coracin qu'on va chercher loin dans le Pont, et
ceux qui le vantent. Peu de gens savent que c'est un manger chtif et
mprisable ; mais prenez un maquereau nouvellement sal demi, et
depuis trois jours, et avant qu'il se fonde tout en saumure. Si jamais
vous allez la belle et respectable ville de Byzance, [117b] mangez-y,
volont, un tronon dhooraion ; car c'est un manger excellent et
fort dlicat.
Le friand Archestrate a omis de nous parler de la saline du poisson
qu'on nomme lphant,[355] et au sujet de laquelle Crats,le pote
comique; crit ceci dans ses Samiens :
Une tortue marine faisait bouillir, gros bouillons! de llphant sal
dans une marmite de peau de bouc (ou dans une outre); on vit alors,
messieurs, les cancres aux pieds rapides, les loups marins aux larges
ailerons, les porcs marins[356] belliqueux, lun frapper les pices
cousues de cette outre, les autres la serrer pour l'emporter. C'tait
une fte que de voir cela ; de sorte qu'on aurait pu appliquer l ce
proverbe :[117c] Quel jour est-il donc Ce?[357]
Or, Aristophane prouve, dans les Thesmophores, que la saline
lphantine de Crats tait fameuse. Voici ce qu'il en dit :
Oui, certes,[358] la musique est un excellent mets pour un pote
tragique. Selon Crats, c'tait une saline d'lphant exquise, et qui
pouvait se servir sans beaucoup de peine. Crats s'amusait de mille
plaisanteries semblables.
86. Alexis a nomm une saline omotarique,[359] dans sa pice
intitule lApeglaucomenos. [117d] Il introduit dans sa Ponera, ou
Mchante, un cuisinier qui parle ainsi sur la manire de faire cuire les
salines:
Cependant il est bon que je rflchisse, en m'asseyant ici, sur le
repas qu'il s'agit de prparer, et que je rgle bien ce qui doit tre
servi le premier : d'ailleurs, il faut que je sache comment chaque plat
doit tre assaisonn. Or, voici d'abord une saline (hooraion) cela
cote une obole. Je vais donc la bien laver;[360] ensuite, lorsque
j'aurai saupoudr le plat de ce qui peut affriander le got, je vais y
mettre mon morceau : j'y verserai du vin, j'arroserai le tout d'huile; et
lorsque je l'aurai rendu, [117e] en cuisant, comme une moelle,[361]
je vous le relverai avec du jus de silphium.
un
des
l'accusatif
tarichos
dans
ce
vers
de
ses
que
les
anciens
Alexis nous fait voir, dans sa Dropide, que les anciens buvaient aussi
du vin doux pendant les repas.
Alors entra la courtisane, apportant du vin doux dans un vase
d'argent, large,[418] trs joli voir, et qui n'tait ni tasse, ni jatte,
mais qui tenait de l'une et l'autre forme.
100. On apporta ensuite un gteau fait de lait, de grosse farine et de
miel, ce que les Romains appellent libum:[419] [126a] alors Cynulque
dit Ulpien : Remplis-toi donc de chebrodlapse et de
chtoorodlapse[420] de ton pays; mots que jamais aucun des anciens
n'a crits, j'en jure par Crs, moins que ce ne sait peut-tre
Sanchoniathon ou Mochus, tes compatriotes. Ulpien lui rpond : Cest
assez de gteaux pour moi, effront[421] que tu es. Je prendrais
volontiers actuellement une bonne dose de gruau, o il y aurait
beaucoup de pignons;[422] et quand on me l'aura apport, donnezmoi une mystile[423] (cuiller), car je ne voudrois pas me servir du
mot mystron, qu'aucun de nos prdcesseurs n'a employ.
[126b] Tu manques ici de mmoire, mon cher, lui dit Emilien. A titre
d'amateur de l'antiquit, n'as-tu pas toujours admir le pote pique
Nicandre, comme trs savant, et ne las-tu pas cit comme s'tant
servi du mot peperi (poivre)? Or, le mme, montrant l'usage du gruau
dans son premier livre des Gorgiques, emploie le mot mystron pour
cuiller, daus ce passage :
Mais lorsqu'il s'agira de prparer un repas avec un chevreau
nouvellement tu,[424] ou avec un agneau, ou mme avec une poule,
crasez de l'orge nouvelle,[425] [126c] et la rpandant en poudre
dans le fond des vaisseaux, mlez-la bien en la dlayant avec de
l'huile qui ait une bonne odeur : versez-y ensuite du bouillon de ces
viandes. Puisez[426] et reversez plusieurs fois, afin que rien ne monte
en bouillant : fermez bien alors avec un couvercle, car l'orge rtie est
dispose se gonfler;[427] aprs quoi distribuez cela chaud manger
aux convives, dans des cuillers profondes mystrois.
Voil donc, mon cher, Nicandre qui nous dtaille ainsi l'usage d'un
potage fait de gruau, ou d'orge broye, prescrivant d'y verser du
bouillon d'agneau, ou de chevreau, ou de poule. D'abord, il dit de
broyer l'orge dans un mortier, ensuite d'y mler l'huile en dlayant le
gruau [126d] pendant que cela cuit, de bien remuer, et souvent, avec
la cuiller,[428] le mlange bouillant ainsi compos, mais sans y verser
de nouveau bouillon de viande, et en puisant et reversant le mlange
sur lui-mme, afin que la partie la plus grasse ne monte pas en
bouillant au-dessus des bords. C'est aussi pour cela qu'il dit : touffez
le trop grand bouillon du mlange, en le couvrant bien ; car l'orge
rtie est dispose se gonfler ; enfin, prsentez cela dans des cuillers
creuses (mystrois), tant modrment chaud.
Mais il est fait mention de cuillers (mystron) d'or servies tous les
convives, dans la lettre qu'Hippolocus de Macdoine crit Lynce :
[126e] il dtaille dans cette lettre certain souper macdonien, qui
surpassa en magnificence tout ce qui se fait ailleurs en ce genre.
Cependant comme tu aimes tant l'antiquit, et que tu ne veux rien
dire que dans le pur langage d'Athnes, que dit donc Nicophon, pote
de l'ancienne comdie, dans ses Manuvriers? car je me rappelle
qu'il fait mention de (mystres) cuillers, dans ce passage :
Des vendeurs de (membrades) celerins[429] de vin pur, de figues
sches, de peaux,[430] de farines, de (mystres) cuillers, [126f] de
livres,[431] de tamis, de gteaux (encrides), de graines.
Or, qui sont les mystropoles, sinon ceux qui vendent des cuillers?
Aprs avoir ainsi appris, mon cher Syratticiste, l'usage des mystres ou
cuillers, remplis-toi de gruau, afin que tu ne dises pas, je suis (akykys)
sans forces, et prs de tomber en dfaillance;
101. mais je suis tonn que tu n'aies pas demand sur le champ, de
quel pays est ce gruau, [127a] de Mgare? de Thessalie, patrie de
Myrtile?
Je ne cesse pas de manger, rpond Ulpien, si tu ne m'apprends dans
quels crivains on trouve ces espces de gruaux. Ah! dit Emilianus? je
ne te refuserai pas cette instruction ; car, la vue de l'appareil
brillant de ce souper, on ne peut te refuser de te laisser emplir de
gruau comme un coq et de lever la crte[432] pour nous donner ton
tour, quelques instructions sur les mets dont nous allons manger.
Mais, dit Ulpien avec humeur, apprends-moi donc d'o viennent ces
aliments? car comment cesser de faire questions sur questions,
[127b] cause de ces sophistes qui s'y prennent si tard pour
apprendre?
Eh bien! rpartit Emilien, je vais te rendre raison ce sujet, et te dire
d'abord ce qui concerne le gruau, en te prsentant un passage de
lAnte d'Antiphane :
A. Mon cher, qu'y a-t-il dans ces paniers? B. Il y a, dans trois, du
gruau de Mgare, et fort bon. A. Quoi, pas de celui de Thessalie, qu'on
dit[433] tre excellent! B. Voici de la fine farine de Phnicie, qui a t
soigneusement blute d'une grande quantit.
[127c] On a aussi une pice d'Alexis sur le mme sujet, et qui en
diffre extrmement peu.
Alexis dit encore, dans sa Mchante Femme :
Il y a dedans beaucoup de gruau de Thessalie.
[1] Il n'est pas inutile de lire ici Bod sur Thophraste, Hist. liv.4, ch.
10; cependant le lecteur trouvera mieux dans les mmoires de
lAcadmie des inscript., t. 3, p. 181 et suiv. ; il y verra de trs belles
figures, et comment viter quelques inadvertances de Bod : quant
aux couronnes, voyez Athne, liv. 15, ch. 6; Paschal, liv. 3, ch. 16, o
il se trompe.
[2] Ce mot a donn lieu une erreur qu'on vitera, en se rappelant
que l'on donnait le nom de colocasion larum ou pied-de-veau de
[64] Voyez les ides exactes de M. Adanson, sur les saveurs. Famill.
des Pl. t. 1, p. cclx, et depuis ccxxxvi.
[65] Je lis prosoroontas.
[66] Mauvais raisonnement.
[67] Je lis dei dee, non dei de.
[68] L'auteur entend ici acido-pituiteux, et on ne peut l'entendre
autrement ici.
[69] Entendez ici ce que les mdecins appellent pituite vitre, humeur
trs redoutable par son extrme acrimonie, et qu'il est fort difficile
d'expulser.
[70] Dans Pline, orbiculata, pommes-roses, l. 15, c. 14. Athne fait
encore ailleurs les mordianes analogues celles-ci. Je ne connais pas
les setanies, ni les platanies, si ce ne sont des pommes greffes sur
nflier et platane. Virgile a dit, Gorgiq. liv. 2, v. 69:
Et steriles platani malos gessere valentes.
Du reste confrez Pline, liv. 15, ch. 15, et ch. 14 ; Hardouin, notes ; et
Bod, p. 399 ; mais doit-on lire auparavant setina, ou cestiana, ou
sceptiana, au lieu de setania? C'est Pline mme qui me fournit ces
conjectures : et je ne les crois pas mal fondes.
[71] C'est le coing-poire.
[72] Mot qui se lit dans Pollux, et qu'Hsychius explique <lacune>
est-ce le rambour ou le calville blanc? car il s'agit de <lacune>
espce.
[73] C'est--dire, qu'il confond, sous le mme nom, le coing pomme et
poire.
[74] Le texte est quivoque : on peut traduire, appelle struthies les
pommes de coing : ce sens se prsente mme la lettre.
[75] D'autres disent pharique. Heureusement nous ignorons la nature
de ce poison, qui, selon Scribonius Largus, p. 107, tue promptement,
ou le mme jour, selon Euteknius, p. 364. Confrez Nicandre et
Dioscoride, liv. 6, ch. 19. Le curare de lOrnoque est plus terrible.
[76] Hsychius le dit aussi. Les Crtois actuels appelant codomalo,
larnalanchier, Belon prsume que Polmon pourrait avoir entendu ce
vgtal par le mot fleur. Voyez Bod, p. 340 : pour moi, j'ignore ce que
c'est.
[77] Thophr. Hist. liv. 2, ch. 3, le dit simplement par ces trois mots :
ek strouthiou hydoonios. Pline, appelant le struthie petit coing, n'a pu
l'entendre que de ceux d'Italie, ou plutt de Naples, selon Bod et
Hardouin ; car Dioscoride, liv. 1, 161, et d'autres assurent le contraire.
Il ne faut pas confondre la figue d'hiver, kodonaia, dont parle l'auteur,
liv. 2, avec le kydoonion ou pomme de coing. Le texte porte mal
kydoonaia.
[78] Je crois que c'est notre calville rouge d'automne.
[79] Sur la pomme, non sur l'arbre, comme le prsume Casaubon.
[80] Corinthe. Casaubon fait ici une pauvre correction, laquelle les
manuscrits s'opposent. Il faut lire sparment, ari meeloon
porphyreoon, et rapporter ari porph. ; ces divisions ne sont pas
insolites.
[81] Athne ne cite ici que pour la nomenclature, et sans suite dans
les passages : voil pourquoi j'ai spar par un trait. Par pommes,
entendez ici simplement le fruit.
[82] Voyez Pline; Hard. not. liv. 15,ch. 14.
[83] Dioscoride donne ce nom une nfle de greffe sur pommier.
Serait-ce une poire de pareille greffe?
[84] Il ne manquait ce passage que la ponctuation, comme l'a bien
vu Saumaise. Casaubon lacre tout mal--propos. Voyez Bod, p. 338.
[85] Je conserve cette ngation, quoique Bod soit d'un avis contraire.
Voyez Hsychius Alberti. Pamphile parat indiquer ici le citron, ou
malum medicum vel persicum, dont Thophraste dit aussi : L'odeur
en est agrable, mais on ne le mange pas. Hist. liv. 4, ch. 4.
[86] Je ne vois ce passage dans aucun chapitre de Thophraste : il est
cependant vrai qu'il a d y tre, car j'en trouve des dbris, Hist. liv. 1,
ch. 17, vers le tiers du chapitre ; mais ce chapitre est pareillement si
altr, qu'on n'y comprend presque rien, comme on peut le voir dans
les remarques de Scaliger et de Bod : ainsi je ne puis dire ce que
l'auteur entend par karpos ou phaneros, dans le Thophraste qu'il
copie bien ou mal. Le mot archee, ou principe, qui suit, devient aussi
quivoque. Aprs karyou, je trouve balanou dans mon manuscrit,
comme gius l'avait vu dans celui de Farnse.
J'observe ensuite l'inadvertance singulire de Casaubon, qui n'a pas
senti qu'Athne se trompait ici l'gard de mala persica. Dans le
passage de Diphile, il s'agit de la pche; mais des noix, juglandes,
dans celui de Philotime. Casaubon montre la plus grande ignorance
en attaquant Dalchamp sur le mot kegchroodes, qui indique l'pret
[94] Arbutus folio non serrato, comme l'observe bien M. Brotier, Pline,
t. 3 de son dition, p. 468, ou liv. 13, ch. 22. Casaubon n'observe
seulement pas la fausse leon andrachne pour adrachne3 que Pline
lui indiquait ici, et qu'il explique par unedo, liv. 12, ch. 3.
[95] Voyez Bod, p. 343.
[96] Ou ce qu'il y a dedans, to eisoo, dit Athne. Dalchamp a
traduit corticem pomi, lisant to exothen, comme le faux texte de
Thophraste. Gaza lisait bien esothen dans son exemplaire : interna
pomi. Casaubon se tait ici : il a bien fait, puisqu'gius ne lui apprenait
rien.
[97] Pline traduit omnibus horis : qu'il le prenne pour heure ou pour
saison, c'est tort qu'on l'a blm. L'arbre, selon Thophraste, ayant
toujours des fruits, en avait donc aussi toute heure, comme en toute
saison. Ensuite on a dit mal propos que le mot hora ne se prenait
chez les anciens Grecs que pour saison, mais Anaximandre est-il
ancien? oui, sans doute. Or, ce fut lui qui inventa chez les Grecs
lhorarium ou le cadran solaire, qui marquait la division du jour en
douze parties, marques par douze divisions que l'on appelait pieds.
Selon Hrodote, les Grecs durent cette invention aux Babyloniens.
Quand on lit si souvent dans Aristophane : Il est hora, lheure d'aller
au barreau, de dner, de souper, de faire telle chose, je demande si
hora dsigne une des saisons? Je voudrais qu'un homme aussi docte
que M. Larcher, et considr plus attentivement les passages qu'il
cite ce sujet dans son Hrodote, et la dissertation de Sallier, t. 4,
Acadmie. Inscript., p. 148. Je laisse Casaubon de ct : c'est ici un
homme trop peu important. Bod la suivi trop lgrement dans le
reproche qu'il fait Pline, mais Casaubon se rfute lui-mme dans ses
notes l. 9, c. 17, en observant sur un passage des Silles de Timon,
quil y avait des esclaves horologtes ou chargs dobserver et de
dire les heures de la journe, surtout celle du souper. M. Larcher,
homme infiniment rudit, aurait encore d faire attention cette note
de Casaubon.
[98] Les fleurs du citronnier sont hermaphrodites. L'auteur veut parler
ici du cylindre creux que forment les tamines en se runissant, V. M.
Adanson, t. 2, p. 335, pour de plus amples dtails.
[99] Pline, Plutarque le disent aussi : voyez Bod, p. 342.
[100] Massieu a traduit ce passage dans un mmoire assez faible, t.
3, Acad. Inscript. part. 2, p. 48 ; mais il en a mal saisi le sens : il est en
outre certain que l'antiquit ne donnait que trois pommes Hercule :
la statue cite ci-devant, la mdaille de Spanheim, la cornaline du
cabinet du baron de Stosch, mentionne par Winckelmann, p. 291, le
prouvent dmonstrativement: les raisons de Massieu ne sont donc
pas admissibles. Quoique Hercule sait reprsent devant un arbre o
il y en avait davantage, il ne sensuit pas qu'il en ait pris plus de trois.
entre ce que dit Aristote; mais ce philosophe, liv. cit disant que le
solen, ou coutelier, se ferme, epamphootera, ne l'entend que des
bords latraux, non des bouts des valves : Athne, au contraire,
parle de l'extrmit laquelle les deux valves se ferment, et
deviennent monophyes la faveur d'une membrane ; car l'autre
extrmit reste toujours ouverte. Il en est de mme du gland de mer,
qui ne bouche son ouverture qu'en fronant le col; mais il aies battans de sa coquille raboteux ou stris. Cependant il y en a sur
lesquels ces stries sont peine sensibles. L'auteur aurait-il t tromp
par cette espce? car les anciens ont connu peu d'espces de
testaces comprises sous une mme dnomination. On voit
qu'Athne n'est pas dans une si grande erreur, et que Casaubon
aurait d se taire.
[131] Terme gnral. J'ai dj renvoy Cyprian. M. Camus prsume,
avec vraisemblance, que l'auteur, ou Aristote, lentendait d'une
espce de cames. Voyez M. Camus, t. 2, p. 343. La division de Klein
est trop gnrale: voyez le 276.
[132] Les copistes ont chang ici le nom de l'ouvrage d'Aristote.
J'cris Hist. liv. 5, ch. 15. Cf. pour les dtails suivants, Cyprian, p. 3184
et suiv., et 3163.
[133] Cyprian a bien relev cette erreur.
[134] Je prends ici un sens un peu diffrent de celui de M. Camus :
c'est celui de Gaza. Les dtails de Raumur m'y ont dtermin ;
ensuite le texte porte ici ichooraj, mais celui d'Aristote, tel qu'il est
actuellement, prsente ho eichen : ho peut se rapporter trs
directement chacune de ces coques, ou cosses, terme de M.
Camus : le passage est un peu quivoque. Cependant je pense que si
on l'examine bien, on sera de mon avis.
[135] Aristote ajoute, non partout o elles sont, et au hasard, mais,
etc.
[136] Voyez ici les dtails de Cyprian, p. 3173, relativement aux
espces connues des anciens, et ensuite d'Argenville, Klein, et autres.
[137] Le texte d'Anatole porte, rouge, et en petite quantit, s'il est
exact, prsentant mikron pour oligon.
[138] Je suis ceux qui prennent ici mine pour un poids, qui est environ
de 14 onces, ou un peu plus.
[139] C'est--dire, pour en manger; mais la canicule, pour en tirer la
plus belle couleur : voyez Cyprian, p. 3185.
[170] Voyez Bochart sur ce mot berberi. Hieroz. part. ii, ch. 6, col.
690: il croit que ce mot a t port dans l'Inde par les Phniciens,
avant Salomon. Le terme dsigne la puret, la beaut des perles de
ces contres-l. Je ne ferai aucune remarque sur l'origine des perles,
tant de l'Asie que de l'Europe, o l'on en trouve de trs belles. On
consultera Cyprian, dont les dtails sont beaucoup plus instructifs que
ceux des auteurs que cite le Diction. des animaux, t. 3 au mot nacre.
[171] Dfaut de connaissance. Il y a des peignes une, deux, et
sans oreilles. La comparaison de l'auteur devient donc vague pour
nous.
[172] Doit-on lire eueeidee pour euoodee? Je le prsume.
[173] L'le de Bahren.
[174] Cette citation est trangre au sujet : d'ailleurs les anciens
n'ont pas connu la vritable meraude. Voyez M. Dutens, sur les
pierres prcieuses, chap. 7. Il et t plus propos de dire ici que
plusieurs voluptueux ont fait servir des perles trs grosses, dissoutes
dans du vinaigre. Pline et Valre Maxime le rapportent de Clodhis, fils
du comdien sope. Athne parle plus loin du fait de Cloptre.
Sutone n'a pas non plus omis la prodigalit de Caligula. Je laisse de
ct les prjugs qui attribuent aux perles des vertus prodigieuses :
elles peuvent tout au plus servir, comme tous les coquillages, faire
d'excellente chaux.
[175] Deplithoo, faire cuire en bouillant; et pooleoo, je vends.
[176] Voyez sur cette redevance payable aux Prytanes, Schol.
Aristoph. p. 304, col. 2, E.
[177] Lisez auparavant (il avait dit auparavant). Je rends par grasdouble ce que l'auteur appelle koilias ou ventricules. Aristophane
appelle koiliopoles ceux qui en vendaient, p. 398. Je rends allantas par
boudin, on le faisait avec du sang, de la graisse, et de la farine. Voyez
Schol. sur les Cheval., p. 299 et 308.
[178] Texte, enyrstron, que j'ai dj expliqu: voyez
d'Aristophane, p. 308, col. 2, A. o le mot est bien prsent.
Schol.
[203] Je lis enysse pour elyse, qui ne fait pas de sens ici : il n'aurait
pas pu dire que son mal tait un hypoopion, ou sugillation, contusion
l'il : elyse dsignerait une dislocation ou foulure.
[204] Nos vieux Franais rendaient bien ce mot par heurt.
[205] Ces quivoques des termes grecs ne peuvent tre rendues par
un mot seul dans notre langue.
[206] C'est--dire, de l'effet analogue la brlure, rsultant de
l'impression du froid. Cet effet a t bien expos par Titius, sur le vers
107 de l'Eclogue V. de Nemesianus. En lisant ce que Casaubon crit
ici, j'ai rellement cru qu'il tait aux petites maisons. Il dit d'abord que
Thophraste et plusieurs autres qu'il nomme, ont crit que le froid
brle, et ensuite il traite de vesania, stutitia, l'opinion de ceux qui ne
soutiennent pas avec Thophraste que le froid ne brle point. Sans
doute il ne brle pas; mais pourquoi lcher ces injures? Dalchamp
croyait que le mot kaumata ou brlures pouvait s'entendre des
cierges qu'on allumait alors Rome. Nous avons conserv l'usage de
cette fte dans celle de la Chandeleur, mot form de candelabrum. Je
ne puis encore blmer ce sentiment, quelque injure que me diront les
Casaubon. Cette fte tait originaire d'Egypte.
[207] Voyez ici le docte Napolis sur les fastes d'Ovide, dit. 1735,
Panorm.
[208] Le mot a aussi ce sens de chraoo, chreesai, rendre des oracles.
[209] Les interprtes de nos anciennes lois, salique et autres, ont bien
vu que ce mot dsignait un grand bassin, soit de mtal, soit de pierre.
[210] De mys,rat ou souris, et teereoo, je garde, conserve.
[211] De ga pour gee, terre, et aroo, je laboure. Iacchos signifie
criard.
[212] Ville de Macdoine. Il y en avait une autre de mme nom en
Pamphylie.
[213] Celui qui crie de grand matin. Brotokertees, tondeur
d'hommes.
[214] Mesure de 20 22 onces. Il lappelait heemerotrophis, parce
que c'tait la mesure de farine que chacun pouvait consommer par
jour,
[215] Dapyoo, je crie, j'appelle.
[216] Je me contente de rendre exactement le ridicule de cette lettre,
Primipile est le nom de soldats arms d'un pil ou gros bton garni d'un
fer aigu. Le pil tait mme quelquefois tout de fer : c'est un mot
scythe et teuton. Les Scythes, comme les anciens Romains, ne
connaissaient de dieu que leur lance ou haste ; pil-stor, et non plistor,
comme on lit chez les anciens. Ce mot signifie haste grande, ou grand
pil : en allemand actuel, pfeil, jaculum.
[217] On retrouve ces vers ailleurs. Gataker en a cit quelques-uns
sur Antonin.
[218] Aristarque, ou excellent chef.
[219] Celui qui rassemble les peuples.
[220] Epithte de Diane, mais dans un sens diffrent.
[221] Qui marchent sur le sec. Hydrobatique, qui va dans l'eau.
[222] Il faut lire ronomiques, pour xeeronom.
[223] De trochos, roue, et pedaoo, je lie, j'arrte : c'est enrayure.
[224] Qu non
menstruelles.
purgatur,
celle
qui
n'a
pas
ses
purgations
[248] Je lis koraka avec Dalchamp, quoique tous les textes portent
korakon : c'est une erreur de terminaison frquente chez les copistes.
Il s'agit d'un cancre coquille d'un brun noirtre, et assez rare.
L'auteur entend par nymphe, une squille analogue au ver de terre;
c'est sa forme qui lui a fait donner ce nom. Rondelet l'appelle mantis
ou devineresse. On en verra les raisons chez lui. Sachs l'appelle
cancrever, dans sa Gammarologie. Voyez Cyprian, p. 3105.
[249] Une des espces de crabes. Ce crustace a t le symbole de la
prudence, comme le dit Athne, liv. 7, ch. 20. On le voit souvent sur
les mdailles de la Sicile. Voyez la collection de Burmann, t. v. Il y a,
dans plusieurs parties de notre continent, des crabes assez forts pour
prendre un homme par le corps, l'emporter sous l'eau, et le dvorer.
On voit mme, dans les hautes mers du Nord, des crabes qu'on
prendrait pour des les flottantes. Voyez les dtails curieux de
Cyprian, p. 3115.
[250] Ceci est plus probable que ce que dit Nicandre.
[251] Hist. liv. 5, ch. 7. Confrez, ch. 17 ; et les observations
judicieuses de M. Camus, t. 2; Cyprian, p. 3066-3069.
[252] Ceci doit tre remarqu. Tous les humains ne prirent donc pas
dans le dluge de Deucalion : c'est la leon de mon manuscrit A :
meta makaros. B porte makras et makaras. Cependant j'ai ici du
doute sur la leon makaros, qu'gius lisait aussi, quoique la fable
fasse mention d'un Makare, fils de Lycaon; mais je sortirais de mon
plan.
[253] Une des espces de squille.
[254] Il ne s'agit pas ici d'oiseau, mais d'un coquillage que
d'Argenville range parmi les tonnes, ou conques sphriques :
perdicea, dans Petivert. Il a eu ce nom de sa couleur. Quant au mot
boulerot, il dsigne le goujon marin dont on fait trois espces.
Koobidarion tant un second diminutif, il indique la plus petite espce,
ou le boulerot blanc. Koobidion indique la moyenne qui est noire : le
simple est koobios, la grande espce. Le mot hermite est le skillaron,
d'o skillarion, qu'il faut lire pour skindarion d aux copistes.
Casaubon fait ici piti, faute d'avoir lu son Aristote, qu'il ne cite que
sur des extraits. Il s'agit du coquillage qu'on appelle Bernardlhermite.
[255] Ou rouge. Je rends par ce terme le mot mastle, qui signifie,
la lettre, un cuir rouge, ou plutt le maroquin. Cette prparation est
originaire de Syrie, o lon tannait le cuir de bouc avec l'corce de
grenade.
[256] Voyez les auteurs cits par Cyprian, p. 3094.
n'ignore pas les sens qu'on peut encore trouver dans ces mots ; car il
n'y a que de l'or qu'on ne trouve pas dans les tymologies : ainsi,
passons outre.
Je lis ensuite, avec tous les gens instruits, Sanchoniathon, pour
souniathon. M. Belin de Ballu nous a promis, dans son Oppian, de
prouver, firmissimis argumentis, que l'histoire de Sanchoniathon tait
un conte, mera fabula: j'attends les preuves de cette assertion, et je
les lirai avec plaisir : j'aime voir confondre les imposteurs. Ce docte
diteur ne s'est sans doute pas trop avanc.
[421] Texte, mouche de chien, ou impudente.
[422] Ostracides et coccaloi sont synonymes pour dsigner le fruit du
pin pignier.
[423] Ce mot dsigne un morceau de pain creus pour prendre de la
sauce ; ensuite il se prend pour cuiller. Voyez Pollux; mais Goupyl a
fait sur ce mot quelques remarques qu'il est bon de connatre. V. son
index d'Arthe.
[424] Lisez neosphagou.
[425] Texte, chidra. Ce mot ne dsigne qu'un grain qui vient d'tre
rcolt. L'auteur montre qu'il s'agit ici d'orge.
[426] Le vers que Casaubon trouve ici dans la collation d'gius, me
manque.
[427] Tous les corps gras, devenus fluides, se gonflent beaucoup au
feu. L'auteur fait propos la remarque. L'air dilat s'en dgage avec
peine.
[428] Zoomeerysis, de zoomos, jus, sauce, aryoo, je puise, etc.
[429] Poisson analogue la sardine. Lauteur le rappelle, liv. 7.
[430] Ou dpouilles d'animaux, dont on fait des habits de diffrentes
formes, des enveloppes, etc.
[431] Je suis certain que l'auteur avait crit ici bulbopoles, non
bibliopoles. En effet, que font des libraires parmi des aliments, et des
instruments de cuisine? Lisez donc marchands de truffes, au lieu de
libraires. C'est la faute que j'ai dj note dans le passage de
Thopompe, cit par Longin. J'ai vu depuis, dans les remarques de
Toup sur Longin, que cet excellent critique m'avait devanc, lisant
dans Longin, chytrai bolboon. On verra plus loin chytrai gongylidoon,
des marmites de raves.