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Volume 3, Numro 5, Mai 2006

Mise au point du mois



Plantes mdicinales
Et si on en parle au moins !

Contact

Pour signaler des effets indsirables
ou pour toute demande dinformation
sur les produits de sant, communiquer
avec le Centre Marocain de
Pharmacovigilance (CMPV)
Tl : 081 000 180
Fax : 037 77 71 79

Bloc-notes

Socit Marocaine de
Pharmacovigilance. Pour toute
demande dadhsion ou dinformation,
contactez le
037 68 64 64





Bulletin prpar par le Centre
Marocain de Pharmacovigilance
(CMPV)



Plantes mdicinales Et si on en parle au moins !

L'usage des produits de sant naturels ou des plantes
mdicinales (PM) est en augmentation partout dans le
monde. Au Maroc, il nen est pas moindre. Leurs effets
indsirables (EI) et leurs interactions possibles avec les
mdicaments, constituent un problme extrmement
complexe et la solution ne sera pas simple en absence dune
lgislation qui rgit lusage de ces produits.

S'informer sur les PM, cest tout un dfi. Ce dfi de
communication, les organismes de rglementation, les
professionnels de sant, les dcideurs et les chercheurs
doivent le relever ensemble. Pourquoi :

il sagit essentiellement de plantes dites mdicinales
achetes en herboristerie avec tout ce quon peut
poser comme questions quant au contrle qualit de
ces produits (contamination, adultration, conditions
de schage, de transport, de conservation, de
stockage,.etc.);
une mme plante a plusieurs appellations : ses noms
commun et botanique, sans compter ceux issus du
dialectal local. Cela n'a rien d'anecdotique : la collecte
des donnes sur les EI et des interactions s'en trouve
compromise ;
quand une dclaration d'EI est faite, il faut prciser
sous quelle forme la plante a t consomme :
s'agissait-il de la racine, des feuilles, des fleurs, des
graines? S'agissait-il d'une dcoction, d'une teinture,
d'une capsule de poudre, d'un extrait, dune infusion,
dune macration ? Quelle en tait la concentration?
Sagissait-il dune seule plante ou dune association de
deux ou de plusieurs plantes ? Sans ces
renseignements de base, impossible d'arriver une
conclusion fiable. De plus, cette dclaration est souvent
non accompagne du matriel vgtal pour

dtermination botanique exacte ; il est par consquent pas possible de
faire une imputabilit concluante ;
les PM contiennent plusieurs ingrdients actifs diffrents et leurs
mcanismes d'action ne sont que peu ou pas connus. Aussi, la qualit des
produits prpars partir de PM est variable. Ceux-ci peuvent prsenter
des EI graves voire mortels comme ils peuvent avoir un impact sur
l'absorption des mdicaments, leur limination, leur mtabolisme et ils
peuvent en augmenter ou en inhiber les effets ;
une sous notification accrue par les professionnels de sant des cas des EI
lis lusage incontrl des PM.

Le Centre Marocain de Pharmacovigilance (CMPV) via son activit de
phytovigilance, peut tmoigner du danger et du risque encourus lors de
lutilisation irrationnelle des PM. Bien que les EI des PM soient encore moins
dclars que ceux des mdicaments, cause en partie de la perception gnrale
de l'innocuit des produits de sant naturels mais essentiellement de la
sensibilisation insuffisante des professionnels de sant et du public notifier au
CMPV les EI observs, ils restent dangereux avec un pourcentage de dcs lev.

PRODUITS DE SANT
(CMPV, 2005)
Nombre total des cas

Nombre dEI reus

Nombre de
dcs

PM 107 69 5 (7,24 %)
Autres produits de sant 2526 2181 15 (0,69 %)

Plusieurs plantes sont lorigine de ces EI. Leur usage peut tre risque comme
celui du Papaver somniferum L. (Khachkhach), quon donne lenfant criard pour
le calmer et le faire dormir. Celui-ci peut manifester : pleur, cyanose,
convulsions, hypotonie, dtresse respiratoire voire coma et dcs ; de
lAristolochia longa L. (Bereztem), conseill aux cancreux qui se retrouvent en
plus de la lourdeur de leur maladie, avec des problmes respiratoires et surtout
une nphrotoxicit redoutable ; du Peganum harmala L. (Harmel) dont les
graines sont utilises comme abortives. Les femmes prsentent aprs son
ingestion : vomissements, asthnie, bradycardie, vertiges, obnubilation et
dose leve : agitation, aphasie, paresthsie, anmie et parfois dcs ; du Rubia
peregrina L. (Fouwa), trs utilise pour le traitement de lictre et des maladies
du foie et qui engendre une toxicit hpatique avec dcs dans la majorit des
cas ;et malheureusement bien dautres exemples.

Pour bien renseigner le consommateur, il est essentiel que les professionnels de
la sant soient beaucoup mieux forms au chapitre des PM, notamment en ce qui
concerne les risques potentiels qu'ils prsenteraient seules ou en interaction avec
les mdicaments. Beaucoup de patients prennent la fois des mdicaments et
des PM notamment les enfants, les personnes ges et celles qui souffrent de
maladies chroniques. Les patients ignorent qu'il y a un risque et n'informent pas
leur professionnel de la sant de leur consommation de ces produits naturels.
Et malheureusement, leurs mdecins ne font pas mieux : ils ne posent pas de
questions leurs patients et ne savent pas que les PM peuvent interagir avec les
mdicaments qu'ils leur prescrivent. Ils devraient galement prendre le
temps de notifier les EI et les interactions qu'ils observent au CMPV pour
justifier la mise en place urgente dune lgislation qui contrlera ce
secteur, jusqu lors menaant pour la sant de notre population.

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