Eugène Fromentin, Un Été Dans Le Sahara
Eugène Fromentin, Un Été Dans Le Sahara
Eugène Fromentin, Un Été Dans Le Sahara
CNJ
o
,CO
2009
witli
funding from
littp://www.arcliive.org/details/untdanslasaliOOfromuoft
UN ETE
DANS LE SAHARA
de traduction
et
de reproduction l'tranger.
C",
ri.
*aA\oiSnR. 8
(/
UlM
ETE
DANS LE SAHARA
EUGEiVE FROMEJVTIN
QUATRIEME EDITION
PARIS
E.
PLO\
ET
C",
IMPRIMEURS-DITEURS
GARAN'CIBRB
1
10. RL'E
877
':r
"z 1^
"-^
^--^
-7^ 1677
95 2?
ARMAA'D DU MESMIL
Cher ami, en
ddiant mes souvenirs de
te restituer
te
des lettres
de ces
rcits,
que de
ti
les
publier sous
le
E. F.
Pans. 15
octobre 1856.
PREFACE
UK
I,
TROISIKMK KDITIOV
Ces
poque;
et,
disons-le nettement,
pense de
les faire
Les
lecteur;-
les
bizarre
sans
opportunit
la
aussi
motiver en
quelques pages.
Un
aprs
dans
le
le
anne dans
.
Le mtier de
on
lui sut
pas
d'crire;
blement.
foi,
On
lui tint
compte aussi de
la
bonne
de
il
la
dfrence et
la
mme
des ingnuits
dont
donnait
viir
PU FACE.
livres eut
Chacun de ces
d'autres; c'tait
rcits
beaucoup chang.
je cite,
Il
de l'incers'at-
tachait ces
serait
notes, en leur
le
nouveaut, ne
qu'on y reconsoit
donc plus
mme,
soit
nt mal
les traits
du prsent,
qu'on n'y
un peu au cou-
avec
la
moindre
vaste
monde
pour surprendre,
instruire
r KK FAC E
me
faire
ma
me
in-
charm,
choses,
de me hommes
rappeler
et
le
pittoresque des
ces
livres
lieux,
seraient devenus
diffrents.
moi-mme presque
la
dislance o
il
me
voici plac de
m'importe peine
encom-
du
soleil
mes yeux
rattache
ils
ma vie
prsente
c'est
une certaine
manire de
m'est
personnelle
Ils
n'a
pas
cess
d'tre
mienne.
et je
m'y retrouve.
galement ce
que j'avais rv
d'tre,
dont
eu
d'effet.
De
n'ai
sorte que
si j'ai
jeunesse
et c'est
uniquement cause de
-V
PRFACE.
A
je
n'tais
qu'un inconnu,
trs-ignorant
et
en peine.
choisir,
me la faisait accepter, sinon comme objet d'tudes et, trs-inopinment, dcidait de ma carrire, beaucoup
dfinitive
et,
l'avoue-
Je rapportais de ce voyage de
nirs, dfaut
souve-
me
persuadais
qu'il n'y
a pas de sujel
froids, des
yeux
distraits,
des
crivains ennuys.
La nouveaut du
Il
sujet
ne
m'embarrassait gure.
ne
me
semblait nul-
ou charmants
con-
j'avais
PRFACE.
Xt
et qu'
mu, net
et sincre,
on
risquait encore
d'tre cout.
le
thme
restait
dans
la
main
de
il
me
l'intimit
daient des
mon
de
mtier
me
conseilla,
,
comme
et
expdient, d'en
la
fit
chercher un autre
peindre avec
le
que
difficult
pinceau
me
essayer de la
plume.
Voil,
qu'on
me pardonne
comment
ce retour sur
leurs origines,
livres
:
que
le
soleil
oriental
constamment en vue,
no
comme une
entreprise,
il
me
parut intressant
La chose de compa-
de se ressem-
XII
I'
Ri:
FACE.
mmes
cartons
ta-
bleaux, traduire, la
plume
la main, les
croquis
accumuls
J'allais
dans
mes
si
de
voyage.
donc voir
les
deux mca-
nismes sont
les
mmes ou
les
s'ils
diffrent, et ce
que
deviendraient
ides
que
j'avais
dans
me
ft
donne.
tait
bien troit
pour
les
du se permettre depuis
un demi-sicle
afin
PRFACE.
ries
;
Xiii
telle tait
aux crivains
voyages,
par
le goiit
des
l'esprit
de curiosit et d'universelle
empar de nous.
d'ailleurs,
Un mme
l'art
courant,
emportait
de peindre
et celui d'crire
hors de leurs
On
s'occupait
moins
l'envi-
de l'homme
ronne.
Il
et
passions et
de ses formes,
et qu'il
le
excellemment,
le
dcidment,
ne restait qu'
faire
mouvoir dans
Une
cole
du moins plus
subtil,
aigu, avait dj
comme
On
voyait, disait-on,
XIV
rUKFACE.
la
considrer pour
premire
fois
dans une
mtamorphoses.
dires.
Il
y avait du vrai
vrai excusait le
Le
que
le
vrai
n'et
un prix
rel.
Le besoin d'imiter
lorsque
tout,
uvres singulires;
et
uvres
considrables
Comment
ait
s'tonner
eux-mmes
ouverts,
de
tels
besoins,
sensibles,
comme nous
bien
la curiosit
des couleurs du peintre? Je n'oserai pas dire que je leur donnai tort,
tant
ils
ils
mettaient d'ha-
bilet,
de
zle,
de souplesse
et
de talent se
les
dont
RK
FAC E
XV
raiit,
livres,
bien
faits
pour convaincre,
et
de
me demandais
propre fonds
dfinitive,
Il est
il
s'il
tait ncessaire
d'ajouter
vivait
si
de son
trouv
bien.
En
me
conditions d'existence, ce
J'aper-
qu'on appelle
Une
ide
com-
comme
il
yeux;
la
Et
le livre est
l,,
peine
au
travail, la
dmonstration de
XVI
PU FAC
E
tirais
.
cette vrit
me
rassura. Je la
et
d'une
J'en
exprimentation trs-sre
conclus
j'avais
Il
dcisive
avec la plus
vive
satisfaction
que
Le
que
du peintre
tait
forcment
si
rduit,
celui de l'crivain
me
parut immense. Je
pas
me
promis seulement de
rie
me tromper
d'outil
en changeant de mtier.
Ce
fut
un
travail
charmant, qui ne
me
me
causa de
vifs plaisirs.
est clair
que
la
forme de
lettres,
que j'adoparti-
tai
pour
les
deux
rcits, tait
un simple
fice qui
sait et
me
moi-mme,
Si
me
ces
au jour le jour
et sur
sans tre plus fidles, ni plus vivantes, y perdraient-elles ce je ne sais quoi et qu'on pourrait
si
l'on veut,
l'esprit
des choses.
La
l'RKFACE.
wn mmoire
et clans
la
ce
que
celle-ci
nous
prte.
dehors de l'exactitude,
la
ressemblance
en dehors de
la
de renseigner, d'instruire ou
d'imiter,
temps
ait
souvenirs;
en un mot, qu'un
grain d'art
ce sont l
le
choix des
me
ser-
ne ca-
1'
UE FAC E
cherai
pas
combien
j'tais
ravi
lorsqu'
trs-sommaire
et
en expressions, je
me
flattais
d'avoir
tir
en lui-mme
souvent
le
plus
prendre isolment.
y avait l, pour un
homme qui
qu'il
n'tait
ne
l'tait
la fois
gnement
expressive,
mme
et
ordinaires, m'apparaissait
comme
en ressources. Je
lent, tout
la
comparais un
born
qu'il est,
ment
qu'on veut de
lui,
la
condition qu'on y
ce qu'on
creuse. Souvent je
me demandais
quand
je
cherchais l'explication de ce
mot
PRKFACE.
XI\
nologisme
est tout
inutiles
s'il
se ft agi
le
raisonne-
ment
une
de l'esprit, deve-
Ce que
sa
spciales, ce
que
de
et
de
langue crite.
fait
Il
comme
un musicien, en pareil
vif,
que
le coloris
fut
lieu
de l'image.
En un mot,
sa pense
constante, je le
plume
XX
PRFACE.
Ces deux
livres termins,
deux ans de
dis-
comme
ils
aux yeux, je
les apercevais,
mme avant
fis
qu'on
me
puissance de
me
;
corriger, je n'en
paratre un seul
voir qu'un
et le public voulut
manque excusable de
maturit.
On
dirais
fit
que Taccueil
ne crai-
de petit bruit
et
me
y en eut que je
il
dment heureux,
et plutt tranquillis
dans
ma
manire
d'tre et de voir.
Je
me
gardai
tmoignages pour un
brevet de confraternit, donn par des crivains de premier ordre, un dbutant qui ne
devait jamais tre
un des
leurs.
J'y vis
une
PREFACE.
sorte de complaisance empresse,
lante,
XXI
bienveil-
mo-
mentanment dans
venu par hasard,
compagnie quelqu'un,
pas rester.
De ceux dont
le
patronage inattendu
me
fut
mort depuis, en
ture pittoresque
un rang tout
fait
suprieur;
voyageur;
pas-
sionnment pris de
la
comme
il
le
pour tenter
l'alliance
dont, grce
lui, les
contacts devenaient
y avait russi
au fond
trs-cirqu'il fai-
faisant
merveille
impeccable
comme
il
crivait de lui
s'il
un de
ses disciples, en
ce sens que
n'est pas
un matre exemplaire,
dans son
aura du
moins
laiss
uvre
quelques morceaux de
matrise excellents.
lgrement que
si
cela ne
\xii
PREFACE.
vaux
et
mon
pre-
mier
livre parut,
me
tendit la
mon
insu. J'ignore ce
le
;
nom
mais je
premire
je sentis
m'appuyant pour
la
combien
de bont pour
les les
jeunes
faibles.
et
ou pas assez.
Un volume
de
et j'en restai l.
j'ai
j'ai faits
Il
depuis lors,
m'et
fallu parler
de
comme
,
j'avais
porte que
le
spectacle cbange
si
la
manire
de voir
Il
et
la
mme?
me
reste, la vrit,
un champ d'obser-
pH
!;
FAc E
xxm
habitudes,
dsormais
plutt que
et
me retiennent mes
Je
l'ignore.
mes
sion d'crire?
J'estime qu'il
me
sont fami-
beaucoup
que
le
dire,
en exposant ce que
que je crois. Le
dlicat
j'aperois, ce
sujet serait,
je sais, ce
on
comprend,
pour un
homme
et
la fois si
tentant et
sera-t-il
j'ai
me
jug
sant de
me l'interdire.
Il
n'est pas
grce des
se
affinits
purement humaines.
Il
semble. C'est ce
petit
E. F.
Paris, 1" juiu 18"i.
U\ T
DANS LE SAHARA
DE MEDEAH A EL-AGHOUAT.
Medeah, 22 mai 1853.
l'crire
que de
ma
pre-
me
ouvrir,
mon
,
journal de
route. Je le
ne ft-ce que
consoler avec
pour abrger
heures
et
pour
me
et
cette petite
et (jui
lumire intrieure
Paul,
temps
Depuis
milieu
nous vivons au
traverse
toi-
Tu
l'as
mme
elle
sans doute, en
soufflant la
manire du
mistral et tout
'i
.\
blancs sommets de la
Mouzaa
c'est
lui
moins on l'espre,
de Aledeah.
campagnes dj
fleuries
nous,
et
tu pourras
deurs de
velie.
si
,
brume
sa
est
ense-
c'est
peine
de loin en loin
et
tendue d'eau.
a surpris au
moment de monter
faits,
cheval.
il
a fallu
et
,
donner contre-ordre
de cavaliers;
me
voici
confin
dans
vue des
ci-
gognes
vastes
.
nids
et
attendant
impatiemment qu'une
Rduit
comme
je
le suis
stimuler
mon
enthou-
comdu
un souvenir dont
I!
tu
voudras
bien
te
pourrait,
o je compte
rx KTK T)A\S LE
plus tard prendre
ftes
AH AU
en
te
\.
ma
revanche
racontant les
du
Soleil.
Tu
une
fantaisies
Rembrandt
toutes les
imptueuse,
moiti nocturne
la
moiti
rayonnant
l'tat
qui
lumire qu'
douteux de crpuscule,
ou
sim-
La composition
est fort
ple
et de
gauche
,
vue
un grand
ciel
d'orage; et,
voyageurs
au vent.
le
dos
de
pathtique, qui
il
comme une
:
signification
qui
me
le
serait personnelle
que
j'ai
de connatre,
une premire
;
y a cinq ans,
pays du perptuel Et
c'est
en
la fuyant
per-
le soleil
il
sans
brume.
pas eu
en 1848, en fvrier;
cette anne-l
les
n'y avait
d'intervalle
vembre
et
fui
Constantine, sans
trouver
un point du
l.\
littoral
il
s'agissait
:
de
c'est alors
que
je pensai au
Dsert.
La route qui
y conduit
se dessinait sur le
de temps en temps
j'en voyais
descendre de longs
coup de
soleil
suivis
encore
en
les
approchant
les plis
fangeux
de leurs bur-
les rivires
dbordes
jours aprs
le
28
fvrier, j'arrivais
El-Kantara
ne
jusqu'au
cur, mais
bien
rsolu
du
El-Kantara
le
le
pont
garde
faite
le dfil et
pour
pntrer dans
rure troite,
qu'on dirait
de main d'homme,
trois
ou
Le pont,
de con-
Le pont franchi
dfil, vous
pas dans
le
tombez
charmant
forl
de vingt-cinq mille
pal-
Au
del s'lve
immense
essai
du
petit dsert
d'Angad, premier
du
grand Dser!.
Grce cette situation particulire, El Kantara,
qui est, sur
cette
ligne,
le
sahariens,
se
ceux du nord
il
est adoss.
les
est-ce
Arabes
les
et
que
la
montagne arrte
que
la
son sommet
tous
nuages du Tell;
pluie vient y
mourir,
que
deux pays,
Tell et le Sahara; et
la
ils
que, d'un ct
montagne
couleur de
marche
la
dernire
traite Bisk'ra.
La ma-
glace
le
thermomtre
sous nos
au-dessous de 0.
ans de distance
ne.
,
Je
me
Peu
<i
\'
mon ami
voulant
A...
casser
la tte
en
me
passer
mon
,
fusil;
je
portais en ban-
et l'avais
dcharg, m'Il
servir.
y avait,
et,
pour
le sr,
depuis
fort
l'accident surtout,
triste.
Le
lieu tait
De temps en temps, un
,
se levait lencir-
et
gris se reposait
de pleuvoir
il
mais
le et
vent se main-
tenait au
loir
nord
enfilait la
gorge
nous poursuivre.
C'tait
un
petit
persistant, qu'on
trs-incommode. Je
des bruits singuliers
vides de
me
le rappelle surtout
cause
qu'il faisait
dit la
dans
les
canons
mon
fusil
on et
sonnerie de deux
plaintif et pas
si
mode
tait
si
l'unisson.
Le bruit
lger qu'il
me
trangement
journe,
il
triste,
que, pendant
le
reste
de
la
m'importuna.
Ce ne
fut
que
le
finis
lendemain qu'en
par en dcouvrir
il
l'entendant se reproduire, je
la cause.
le dfil;
tait six
r\ KTE DA\S
V.V:
SAUARA.
Le docteur
cheval boiteux
au galop de son
la
tout en chantant
et
languissamment
chanson pseudo-arabe
doudja;
vrit et
:<
il
nous cria
Messieurs,
vrai
ici
on salue!
la
Est-il
que
premire colonne
militaire
qui ait,
en 1844,
arrte par
et
un mouvement de
Je
que
les
thousiasme
ne
sais
l-dessus que
soir-l,
fait
ce
qu'on
m'en a
dit;
mais,
ce
le
spectacle que
yeux m'et
Les palmiers,
petit village
les
premiers que
je
voyais;
ce
du printemps;
une jeune
fille
la
,
peau blonde
encore enfant
dj
femme;
ce vieillard
abattu
le
et
pour
la
lV
le soleil allait se
dorait,
empourprait,
petits
maillait de
feu
une multitude de
nuages
rangs
comme une
Au
del
mer
il
trouble.
commenait Tazur
et alors,
,
limites
le
on apercevait
odeurs confuses
et
quelle
;
musique arienne
les dattiers, agits
et l'on
entendait
sous
la
fort
paisible,
des
bruits
d'eau
d'oiseaux,
des
sons de flte.
En mme
se
mit
du
soir,
la
rptant
et
quatre fois
sur un
mode
si
accents,
que
tout semblait
pour l'couter.
l'air et
mme
le
Alors, seulement, je
me
donnai
plaisir
du
village, et le hasard
me
phnociel
mne en
tait
effet
trs-singulier.
et
Tout ce ct du
d'un
sombre
prsentait
le
l'aspect
norme
dernier
flot
venait pour
L'\'
T DA\S
la
l.E
SAHARA.
(le
la
montagne. Mais
et,
il
pareil celui
descendaient lugu-
brement
tout
fait
pleuvait tor-
rents
dans
il
la
valle
du
illetlili
et
quinze lieues
plus loin
neigeait.
L'ternel
printemps souriait
fit
magnifique,
et
je
mon
le
Tel fut
cber ami
prambule radieux de
mon
l'tranget du lieu, la
nouveaut
en
faire
comme
appa-
et cette subite
de l'Orient par
la
porte
d'or d'El-Kantara
tient
m'a
laiss
du
merveilleux.
Aujourd'bui
je
cune surprise
mon
mmes
lieux
des
n'y a
10
IM T DA\S LE SAHARA
Mme
tout
et
fait, j'ai
du sud,
non px)int_en
peu prs ce
;
Voici
des
dnomination de Sahara,
:
plaines unies,
terrains secs et
plaines
onduleuses
et
'Afa;
douze
un palmier;
enfin, El
d'une
multitude de lignes
brises
dans
loin
le sud-est,
plate, aussi
que
la
sur ce grand
nom
bizarre et qui
:
donne
Pays
c'est
de la soif.
dit d'un
D'autres
un but bien
dfini.
Si je l'atteisi
s'expliquerait de lui-mme;
,
je
ne dois pas
ici?
l'atteindre
quoi bon
te
l'exposer
le
ment
et qu'il y a
je brle
le ciel sans
nuages
au-dessus du dsert
sans ombre.
El
Goui-a
2i mai au
sfir.
On compte,
torze lieues de
lieues de
par
la
Medeah
la
moins que
aussi directe
que peut
un
un pays
de
se
difficile;
c'est--dire
comme on
d'un rempart
il
et
laisser glisser
aux descentes,
me
parat
presque
J'ai
cru
remarquer que
que
souvent nous
coupions droit
pas vu
et je n'ai
o nous entranait
le
notre chef de
que
de mamelons
et
coniques profondment d-
coups
Au fond de
jolies
y a des
eaux courantes ou de
fon-
12
et
sommets
se
de
rsineux.
De
voit
paisiblement
de
prsence
de
quelques
agriculteurs
du champ,
ni les
mme
pas
un aboiement de chien.
L'Arabe n'aime
qu'il
n'aime dire
nom,
peut tre
importune. Aussi
les
tablit-il sa
maison
aux
endroits
moins apparents,
d'une embuscade
,
peu prs
fond de
sur
les
comme on
ferait
,
de manire
n'tre point vu
Du
^(tte
le
retraite
il
invisible,
l'il
ouvert
routes,
en remarque
nombre
qu'ils
on
fait
mine d'examiner
accompagne
ne vous
l \"
ETE
DA.VS
I.E
S A
II
.\
i;5
Mme
l'tat
sdentaire,
il
ne se
que
de ce qu'il dtient;
La
terre,
au contraire, l'embarrasse
cire lui
tante,
il
et toute
et
proprit fon-
semble incertaine
surtout comprometle
petit
coin
(|u'il
ensemenc,
el, s'il
nglige de s'tendre
au del
et
de s'approprier par
s'il
tour de
lui, et
pour
de sa
maison,
[)lus
c'est
un aveu
empiter sur
le dsert.
Nous avancions en
Xous
tourterelles de
perdrix
grises
par
moments
le
cri
sonore d'un
voyait le
11
merle
petit
de nous,
au-dessus
et l'on
oiseau
noir fuir
des fourrs.
14
faisait
chaud
orageux
le ciel,
sem de
C'tait
me
parut grand.
gnions, je
attei-
me
Mouzaa.
Il
y eut
j'entrevis
un coin de
la plaine, et au-dessus,
dans
le brouillard,
encore
la
mer
cette Mditerrane,
mon
ami, que
d'ici j'appelle la
mer du \ord
et
regret, j'appellerai,
frique.
comme
autrefois, la
mer
d'A-
se montrait au
l'on
dessiner des
routes.
Vers trois
fois et je lui
adieu.
Il
comme une
boiss
je
mamelons
trois
deux ou
minarets
que
donnai un
le tour
mon
il
ft
de
fils
imperceptibles qui
me
fort
tenaient au
cur
se tendirent
un moment plus
que
je n'aurais cru, et je
L'X
ETE
D.AXS LE
SAHARA.
15
ment que
je partais et
qu'une promenade.
Il
avait
quatre heures
fait
et
mon
une sorte de
clairire
et notre
le
avant-garde
bivouac.
si
\ous
voici
_,
tu veux,
la
la Clairire
camps pour
cette
nuit prs de
Meloud,
cad des
que
l'intrieur du pays,
officielle
un chef de
et
de lieu
en
mme
voyageurs.
assez
quelques
hommes
d'infanterie dtachs de la
de plus
grandes dimensions,
:
ils
de-
viennent
lieux fortifis).
La maison d'El-Gouca
16
UIV
ETE DA\S LE
saillants
SAHf\R.A.
quatre
pavillons
une
Un grand noyer
qui s'lve
la
maison,
jeu du
et
entre
les
vastes
rameaux
en
de l'arbre
cela formait un
ensemble de tableau
peu
de sa ressemblance avec
il
France.
Du
et
ct
du sud,
du ct du nord
du couchant,
nous dominous une assez grande tendue de collines et de petites valles clair-semes de
bouquets
quelques
de bois,
de prairies
naturelles
et
de
se couvraient d'ombres,
les
bois
taient
la
couleur
de bronze,
champs
;
avaient
le
un
filet
d'ombres
Ou
penser au
UX T DA\S LE SAHARA.
nous-mmes.
17
sa
suite
de cavaliers
meaux,
demain
gal, de
tentes supplmentaires
gens d'escorte,
nous attend
soir.
Jusqu'ici,
nombre
que je
burnouss
pas la
et d'habits franais, et
nos mule-
tiers n'ont
rude
et
patiente allure
est huit
heures
nous a donn
la dijja
il
pour
nous recevoir de
lieues d'ici.
Il
la tribu
quelques
est
de montagnard
tu t'en
il
souviens;
a dj sa
comme personnage
C'est
de frontispice,
tte
,
valeur.
une belle
fortement
basane
de grands
yeux doux
et
une bouche
frc-
18
l \
T DAXS LE SAHARA.
la
f|uemment entr'ouverte
cette
habitude
Il
fait
remarquer
superbes.
porte deux
ment dans
rgions
les tribus
du
littoral
et
qui
disparat,
que je
du
;
vais
traverser
de
Aledeah D'jelfa.
est
de chameau; on
dirait
tant
il
est lourd,
le
il
d'ampleur que
tombe
quand
peine
il
est
pendant
forme
Il fait
un ou deux
hommes
donne
grands
tant
il
alors
une pesanteur de
chape par
dans
la
le
capuchon
de cava-
rabattu
lier,
le
des
bottes rouges
maroquin boucle
frotte-
ment des
lettes
pistolets,
enfin
tout cuir,
sans
broderie, sans
telle
tait la
son
pre, Si-Hadj-Mcloud
est
1!
a,
comme
lu le vois,
du
sang de fanatique
et
un homme de
un jeune
la
homme que
ont mri
la
de son pays,
de bonne heure.
le
regarder de plus
flammes
sourit,
et
des
manire d'tre
poli.
tait petite,
sans
du feu dans
la
chemine; un
tapis
de tente,
chambre
et roul contre
un des
faire
absolue
salle
que
soit la
manger,
mal
clair
que
sert
d'importance.
Je n'ai pas t'apprendre que
d'hospitalit.
la diffci est le
repas
La composition en
une chose
est
consacre par
l'usage et devient
d'tiquette.
,
Pour n'avoir
voici le
menu
fonda-
le
crmonial
le plus ri-
rtis entiers;
20
UN T DA\S LE SAHARA.
les
on
et
il
y a sur le
la
longueur d'un
au mi-
mouton; on dresse
lieu
broche
comme un mt
du plat;
le
prs
comme
du mouton
et le fait
La bte
faites
de longues entailles
la
mette au feu;
le
alors par
et l'offre
l'affaire
Le mouton
rli est
accompagn de
galettes au
beurre, feuilletes
et servies
de
lait
doux
(halib)
de
lait
aigre [leben);
le
lait
aigre
doux, avec
On prend
la
viande
la
tour
du
plat.
L\ T DA\S
est
I.E
A II AU A.
Jl
mieux de
le
et
,
une houlette
pouce rapide
L'usage
et
de l'avaler au
peu prs
comme on
Il
est
d'y faire
mme un
pr-
recommande de
laisser le milieu,
le
ou puiser
:
ci
l'eau.
un prcepte
dans
la tasse
ouest
doit recomdoit,
mencer
Si tu
hoire.
le
Je souligne le
mot
pour
lui
conserver
te
sens impratif.
l'article
rappelles
Hospitalit dans
le
livre excellent
de M.
le gnral
Dsert
tu dois voir
que
c'est
de donner
manger,
et
qu'une diffa
est
savoir-vivre, de gnrosit,
tuelles. Et
mu-
remarque que ce
pour parler
(}uc le
comme
eux,
titre
de Dieu,
voyageur
Ils
22
pratiquent
comme
un
acte de dvotion.
femmes de
;
voir ces
maniement du cheval
vous indiquer sur
cuit,
le
le
mieux
tenir l'ai-
viennent
entre
ici
l'homme
menus emplois
qu'il fait
de sa
force et de sa dignit.
mme homme,
qui
tout
la
peine accablante de
pouvoir domestique
pler en tout
doit convenir
ne ddaigne pas de
il
les
sup-
quand
que
s'agit
d'honorer un hte, on
rpte, une grande et
,
c'est, je Je
donne
hommes
vant le
l'gard des
hommes,
la
harhe de l'tranger
UM TK DA\S
dans
la
l.E
SAHARA.
-J.'J
l-dessus,
dtails plus
Ye mettre dans
le plus
permis,
mme
tmoigner qu'on a l'estomac plein. C'est une habitude que notre civilit purile et honnte n'a pas
mme
petits
enfants qui
graves,
il
et
ne
et
que
bon-
homie.
Le
dans
caf
le th et le
,
trangers chrtiens
les k'sours et
et
dans
Un Arahe
ment d'en
tout fait
est
les
arm de
sa pipe,
comme
re-
on
voit les
Maures
et
mmes
gardent cela
comme un
;
de boire du vin
ne portent
que des vtements de laine ou de soie, sans broderie de jnlal, d'or ni d'argent.
2.i
LA)
T DAXS LE SAHARA.
Onze heures.
humide, mais
J'achve
en regardant
la nuit,
molle,
la toile
des
ver,
bois
commence
fonde.
lentes, et prs
duquel
racontant
ne
sais
,
quoi,
les histoires
d'Antar
le feu
ahandonn
s'est teint
parfume encore
vers une femelle
camp
poussent,
hennissements aigus
tandis
comme un
de trompette;
sais
qu'une
chouette,
perche je ne
o,
si:
fait
Bojjliari
26 mai au matin.
Ou
je
frique africaine
mon voyage
rapports,
J'ai fait
grand'chose m'apprendre
au dsert.
ici
;
UM T DA\S LE SAHARA.
25
nom,
il
et qui,
s'appelle d'un
nom
Bogliar, Boghari.
Boghar
est
une
de pins sombres
est
toujours verts;
Boghari, au contraire,
un
le
dos d'un
mamelon
ils
ne
suis point
mont
vois d'ici
me
Boghari, heu-
peine habitable
pour
les
Ara-
Cham.
j'y reviendrai.
Xous traveret je
et
nues
aujourd'hui
il
me
surprendront.
d'Klle-
La premire
partie de
l'tape en venant
26
Tant, se
celle de la veille
travers des
et
On
Tout coup
la
La
valle prend
son
nom
de V Oued-el-Akoum
le
dont
voisinage
,
anime
fait
par-ci par-l
mais ne
,
pas pousser
un seul arbre
dans
et qui
court
et
ingale-
de lauriers-
se
jeter
le
blonde
et les
et
transparente,
revu
les
premires tentes
et
compris
les patriarches.
LX T DAXS LE SAHARA.
Le rieux Hadj-Meloud ,
ctre Ibrahim,
les
-27
disent
fils
o son
Si-Djilali tait
que toute
la famille y
prsente.
Il
nous reut
(Guatin-el-Dyaf
tentes
et
des htes),
On
mangea beaucoup,
nous y bmes
il
le caf
sur lesquelles
Bois en
paix.
Je
n'ai
jamais,
invitt
en
effet,
rien vu
dplus pai-
sible, ni qui
la
vu de plus
simple que
soit
dit
comme
dans
,
le
sud
occupaient
la
au bord
et les
fauve
et
d'ombres
les
et
dominant
tout le paysage
et leur
Si-I)jilali,
son frre
-2H
sans
qu'on et
dit
blanc
comme eux
s'lever
comme eux
silencieux, allaient
sans bruit
la
fume
en
au revers
crifice.
du plateau,
de sa-
Au
o
del,
afin
de complter
scne et
comme
la
couch
rivire
fait
et, tout
au cou maigre
terre
nue comme
moissons.
Au milieu de
petite
et
tout cela,
il
n'y avait
les
donc qu'une
voyageurs,
ombre,
celle
o reposaient
qu'un peu
faisait
dans
la
tente.
auquel
il
manquera
la
grandeur,
l'clat
et le si-
de flammes
derai qu'une
et
je ne gar:
Bois
en paix.
,,
UN T DA\S LE SAHARA.
La valle de l'Oued-el-Akoum
se dpouille
,
20
qui se rtrcit et
rencontre
clie
,
le Cliliff trois
heures de
l, et
dcbou-
comme
Boghar
et Bogliari,
Boghar apparat de
tagne pointue,
fort
loin
pos sur sa
mon-
cemme une
ClilifiT
qu'eu entrant
valle du
qu'on dcouvre,
main
de Boghari
d'aussi
compltement fauve,
,
me
(le
cote dire
disons
;
mot qui
(|uV)n s'enipart
la
d mot
dnature
ardente en
enlaidir
et
jauue
hbsT
don^ne pas
;
que
c'est trs-beau
le
Le village
iilas. Il
est
vein
,
de
domine un
30
UM T DAXS LE SAHARA.
deux ou
,
trois
et
figuiers
trs-
de lentisques
est
depuis la
lie
de vin
n'y a rien
,
pas
mme
de
,
l'Iierbe.
Le
sol,
en quelques endroits
sablonneux
nu que de
la
cendre.
terrain
village, sur
un
l'apparence d'un
les
champ de
foire, et
o bivouaquent
des corbeaux.
Ici,
point de rception.
Le pays
est
pauvre;
et
forcs de pourvoir
nous-mmes
nos divertisse-
fait
Tu
la
Ouled-Nayl , A'razlia,
faciles,
et
les
mceurs sont
d'aller
dont les
filles
ont
l'Iiabitudc
les
tribus
environnantes.
Les
Orientaux
ont
des
noms
charmants
pour
mes
faute de
mieux
seuses.
r\ T DA\S
I,E
SAHAR.4.
31
feux en avant de la
;
nous
sert
de salle manger
et
le
Tout
et
le
monde
y dormait, car
il
tait dix
heures,
r-
pourtant
au bout d'une
,
comme
mouvoir
le
plus
rouge que
autres
se
son
la
que
la
fte
approchait.
et
de
autant de
femmes
voiles,
escortes d'un
de
le bal
commena.
jCecLjitait pas.du Delacroix. Toute couleur avait
disparu pour
ne laisser voir
une furie
quelque chose
,
comme la Ronde de nuit de Rembr?ndt, ou plutt comme une de ses eaux-fortes inacheves. Des ttes coiffes de blanc et comme enleves vif d'un
revers de
32
U\"
T DA\S LE SAHARA.
presque invisibles,
tout
la moili
et
coup en lumire
d'une
ombre opaque
et
noire
comme
de
fltes sortait
on ne
,
qui
,
du cercle
comme
giter
et
s'a-
d'eux-mmes.
Nos feux,
qu'on
entretenait
et s'en-
de
braise.
En
dehors
,
de
cette
scne
ni ciel, ni terre;
au-dessus, autour,
partout,
il
n'y
que
le
noir,
ce noir absolu
l'il teint
qui
lement dans
des aveugles.
cette
trpignements convulsifs
tantt
la
tte
mains
et
(les
ouvertes
conjuration,
la
malgr
le
UX T DIX
LE SAHARA.
fond,
l'ternel
33
thme
except
amoureux
nous, a su
peuple a
brod ses
,
propres fantaisies
faire
et
Tu
connais
la
que du
ou tout
fait
grossire. Elle
fait
pendant
et
ne peut
mauvais
lieu.
La danse arabe, au
beaucoup plus chaste
contraire
la
danse du sud
plus
beaucoup
relle,
et
drame
pas-
agaceries
trop
libres
qui
sont
un gros
contre-sens de la part de la
femme
arabe.
d'paisses
le
nattes
de cheveux
de laines;
elle
regards des
hommes,
doux
elle
s'meut,
Alors
lui
son
geste s'enhardit.
commence,
la
parle par'
34
LM T DAXS LE SAHARA.
:
pathtiques
la
femme
fuit
elle
lude,
mais un
la
la blesse
au cur;
elle y porte
et
de l'autre,
avec un geste
d'enchanteresse
elle carte
on sent
deux bras
pour
vont dfaillir.
J'abrge;
et
toute cette
pantomime
la
est fort
longue
musique, qui
ait
se fatigue
danseuse, en
assez,
,
et
par un
merveille
son hak
quand
elle
tendait ses
de bracelets jusqu'aux
ses longues
coudes
et
mouvoir
air
de
voluptueux
11
elle lait
dcidment superbe.
un
plaisir aussi vif
est
douteux que
j'y prisse
j'eus l du
dont je
fte.
Au
IJN
35
train
dont elle
peut-tre
J'ai
aurait-elle
dur
su ce matin qu'un
nance
l'gard de la
danseuse,
celle-ci
s'tait
re-
tire, et qu'aprs
beaucoup d'injures
spar on
et
de menaces
changes on
content de part
s'tait
et
ne peut plus m-
d'autre.
Aous montons
aller
d'ici,
cheval
dans
.
une
heure pour
lieues
et
coucher aux
plein
Ouled-Moktar
A quatre
les
sud,
le
nous trouverons
plaines
nous mettrons
Comme
je l'ai
on
mulets,
et
Je
bivouac,
distinguer
le
leurs
cavaliers
chaussent
armes d'perons. Ce
YAghouatij
etc.
comme
sais
leurs chevaux,
nourris
tance;
de je ne
quelle rare
sais
pi-
couchant je ne
o,
et
qui
fout, avec
des courses au
36
l\ ETE DAXS
I,E
SAHARA.
On maux
que
moins
vastes,
les
chameaux du
bons pour
Tell, meilleurs
Ils
pour
la
course
et aussi
le bt.
finesse.
la
beuglent
horrile
charge sur
dos;
quWs
Mets-moi des
d
me
blesse pas.
D'jelfa,
31 mai.
presque
toujours
en plaine,
assez
chaud pour
me
sommes depuis
Gographiquement,
ghar;
c'est--dire
le
que
la
rgion
monta
dire
Tu
des
sais
qu'on n'est
et
pas
d'accord
AI.
le
sur rtymologie
mots Tell
Sahara.
cieux,
mme
ans
de dcouvertes,
le
et
dont je
me
UIV
ETE
DA.\S
I.E
SAHARA.
Sehaur,
moment
difficile
et
de Tali
dernier.
Le Sahara
est
donc
le Sel)aur
le
paranalogie,
Tell
le
en
soit,
il
est certain
que Sahara ne
gnral d'un
nom
et
qui
temporairement habitable,
comme
et inhabitable.
Or,
la
il
y a fort loin de
Boghar au Falat,
c'est--dire
mer de
sable, qui
del du
ds
ne
s'agit
en aucune faon
du
Falat
ou
Grand
Dsert.
et j'en
aurai
villages
de
s'tablir;
l'autre,
c'est
la
race
des
3
Arabes
:{S
l\ ETK DA\S
i,E
SAHARA.
sous la tente. Les
conqurants,
nomade
et
vivant
Une
commun
Ils
dont
ils
made; de son
ct, le
nomade
et,
un besoin
trois
En
les
deux ou
dans
rendues
vrent
en
cette
tort,
tendue
du Sahara,
comme
tu le vois, d'appe-
dsert, mais
oii
l'on avait
cependant suppos
l'homme
plus rel
et le
plus
nombreux de
tous.
Cela
dit,
je
reprends ces
notes
de
route au
quitt
bivouac de Boghari, au
moment o
je t'ai
un
moins
j'ai
IX ETE DA\S
l.E
SAHARA.
39
donn par
le
le trou-
se leva
s'branla;
et,
nous prmes au
petit village
redevenu
comme
notre ar-
rive, srieux
malgr
le vif clat
et plus taciturne
dans
la valle
du Chliff.
ou plutt cette plaine ingale
et
Cette
valle,
plus fortement
,
mme
aprs Boghari
c'est
un spec-
ne jamais oublier.
et
de pierres vives,
comme
de la
nue,
et qui
semble,
l'action
du feu; sans
moindre
trace
de culture,
des collines
un chardon;
main ou
comme
U)
aussi propres,
aussi
grain; quelquefois,
si
un morne bizarre,
avec un bloc
c'est possible,
comme
silex
un arolilhe tomb
fusion;
loin
fait
sur un
la
amas de
rouge,
en
et tout cela,
que
peau de
Quant au
c'est
dont l'hiver
ardeurs de
Il
fait
un
que
les
premires
l't
s'est
boueux
au mo-
qui ressemble
une tranche,
il
et,
mme
soif.
;
ment des
dvore de
Ses bords
peine y
le
du
lit
et
marquant
rares
,
niveau
des grandes
,
eaux,
quelques
,
pieds
,
de lauriers-roses
poudreux
fangeux
salis
et
incendie par
le soleil
plongeant du milieu
du jour.
D'ailleurs
,
ni l't ni l'hiver, ni le
soleil ni les
L\ T DA\S
neux
et sal
1,E
SAHARA.
il
une
tiles
et
de chacune d'elles,
clitinienls.
Xous mmes
traordinaire
,
trois
sous une
mouvement
convoi se roulait
sans
comme
paysage, splendide
y
morne; de
vastes
flottaient
fixes
et
aussi
que
le
paysage lui-
mme.
Rien de vivant,
ni nulle part;
ni
autour de nous
ni
devant nous,
ments
des
bruits
d'ailes
et
des
d'oiseaux
des essaims de
moucherons,
d'innom-
brables bat-ijllons
plaintif
des courlis.
ray
De
,
loin
en loin,
un
aigle
au ventre
et
de brun
de noir
de
l'in-
comme
des chas-
, ,
4-2
rx T DA\S LE SAHARA.
,
seurs fatigus
de Bogliar.
C'est
au del de Boghari
collines et
du Tell
sur
la
par un col
troit
La perspective
se
La plaine, d'un
vert
douteux, dj brle
comme
le ciel et
d'ombres grises
form vers
le milieu
la partageait
en deux
et
nous
un brouillard ingal, o
,
la terre et
le ciel
semblaient se confondre
de
l'est
l'ouest,
et,
vers leur
leur ont
fait
donner
le
nom
do Seba'Rous.
dploya dans
,
Le
la plaine unie et
ordre
dpart,
poussant
du nord au sud
surlendemain.
En
l'ex-
nombre d'une
,
trentaine en-
derrire
nos chameaux
les sifflets des
cris perants et
chameliers
l\ TK OAXS LE SAHARA.
trmc
laissant
4;{
avant-garde,
notre
kkrcbirj,
M.
\...,
se
doucement
aller
blanc
vance sur
prs,
ses
cts,
et le serrant
deux ou
cavaliers de
ses
serviteurs,
chalants
comme
promenade
fusil
peine
,
arms,
fusil
et
double
le
du
pendue
Quant moi, tu
faisant route
me
moi;
tantt regardant,
filer
,
croupes
lui-
rouge
tantt
me
dtour-
arriver
de loin
le
peloton
,
roux de
en bataille
avec leurs
et
leurs jambes
d'autruche,
notre
et
emmenons
trois
quelques
le
diffi-
pays du
Mzab. L'un
est
un grand
'.
IJ\
T DAXS LE SAHARA.
et
d'ar-
Le second
amin de Deni-Isguen
est
un
petit
mine
affable
boucle
dents de moins.
Le troisime
nomme
Si-Bakir, honnte
fort petit
,
deux ges,
extr-
mement
petit
sell
douillettement
et
maures Alger
et
un
fils
Berryan ,
et qui
me
parle avec un
amour
renomil
mes de son
serait
pays.
Il
est
:
comme
le
dans sa chambre
de bonnes chaussettes
de laine
et les
pieds dans
aucune arme.
soleil
Son
unique dfense
est
contre
le
et consiste
son
le
plus grand
chapeau que
rasol
fois
,
jamais vu
vaste
comme un
pa-
et qu'il
que
le
claircit.
Comme
il
me
L'i\
ETE n.WS
1-E
11
,
SAHARA.
sait juste
'(5
autant de
que
je sais d'arabe
fort
com-
munications
instructives.
au bivouac,
terre au
et
IVi
la
longueur de
,
lieues de trop)
ni le
manque
n'avaient distrait
;
il
ache-
un peu confus de
promettait,
fils
;
sa fortune
commerciale,
vante
lard
,
et
me
l'histoire
de son
scellait
notre
rcente amiti
en
me
tenant
l'trit'r,
en vain
me
dfendre.
,
Le lendemain
ou
six
au
si-
de
bas de
plaine,
de neuf
dans
l'est et
due sans
limite.
Une
compagnie nombreuse
de
le
dos vot,
3.
46
l\ ETE DA\S
I.E
SAHARA.
les pris
comme nous
presss de boire;
fallut
un coup de
fusil
et noirs plerins.
Une source
accueillie
est
toujours
cette
comme un
On
mme quand
triste
source brlante
et ftide
ressemble au
marais
d'An-Ousera.
l'on s'estime
n'y
rien
en vue dans
du
de
un
petit convoi
nous
source. Les
les trois
chameaux dchargs
mirent patre;
tell/s
,
(sacs en poils de
se
chameaux pour
Ils
les transports)
et
couchrent
,
auprs.
n'allumrent point de
,
feu
et je
ne
remuer jusqu'
les
la nuit.
Le lendemain
apermes dj une
un
effet
du lieu? je ne
,
fut
longue
srieuse
et
nous
tente.
la
TE
l)
\ S
I.
SAHARA.
4";
damn par
j)lus
le soleil
demeurer
strile
ce n'tait
effrayant,
le
squelette
osseux de Bogbari
construit;
c'tait
bizarre, mais
bien
,
une grande
le
rien
vide et
comme un
la
du bon Dieu
indcises;
des lignes
derrire, au
mme
;
tendue sur
la terre
Se-
soleil
cou-
brumes incolores;
retirait
et
un
ciel
de pleurs
fades,
pompe
et
comme
et
du nord-ouest
formait de lgers
couter ce vent
tomi)ait
(loiix et
si
Iriste.
La
nuit qui
ni
n'augmenta
ni la solitude, ni
l'abandon,
On
source
tua,
:
ce jour-l,
soit
en marche,
soit
la
un fjangn ,
aux pieds
de jaune,
de
gris
et
48
manger; un grand
perle, avec
ailes
la
palmipde
bec
et les
et
entirement
gris
tte, le
de
la
mouette longues
et
les ncMres
aussi
belle
Nous
tions
il
An-Ousera, plus de
restait
le
la
moiti de
la plaine;
ne nous
faire
pour atteindre
mon-
la
toum, An-Ousera
que
lugubre au
grande halle
col des
la valle
de Guelt-Eslhel.
Ici, le
rebrousser
UN T DAA
chemin vers
la le
LE SAHARA.
et
de
(juc
d'e
pins.
La
valle,
pareillement couverte
chnes, a surtout
le
et
d'assez
beaux
grand
de n'tre point sa
,
et sur le
chemin du
mais un
btir
dsert.
ici
Xous trouvons
petit poste
un caravansrail.
trois
Pendant
soit
nous avions, en
le
fait
de
premier jour
un douar nomade;
gardant dans
l'alfa
le
un troupeau de
chameaux
source;
le
maigres,
troisime,
et
nos
trois
voyageurs de
la
rien.
En entrant dans
gorge, j'avais
et
me
disait
bonjour. Je
il
demandai de
m'indiquer
verais
la
source;
me
gorge,
l'endroit o je verrais
et voil tout
Je dois
50
r\'
TK nA\S LE SAHARA.
chaufl'age,
un pays
on
que
l't
jeune
officier
du gnie, emprisonn
,
poste de travailleurs
et
Guelt-Esthel,
la solitude
On
et
de
mme
soi,
perdues dans
le bleu.
rait
ce bourrelet monta-
gneux de Guelt-Esthel,
et tu n'animas plus,
de Boghar
et
mme
tendue
de trente-quatre ou trente-cinq lieues. Cette tendue, parfaitement plate, conserve toujours, malgr
les
changements du
sol,
mais
trait,
mince
qu'il
la
dtermine
quefois
quel-
terrain,
i:\
ETK
DA.VS LE
SAHARA.
51
de marcages
sablonneux
Sel, ou bien
comme aux
[chi/i),
approches
du Rocher de
toufl'ues [alja)y
couvert de gramines
d'absinthes
de pourpiers de
mer
neux
etc.;
tantt
grande espce,
est
Il
rameaux
de diamtre.
Il
grappes rouges
ger,
et qui,
fois
faute de
mieux, trompent
la
soif.
Chaque
sombre
et lustr,
il
se
leurs
les
pied
pendant ce temps,
cou tendu,
de midi
52
L'^;
DA.VS LE
SAHARA.
SOUS
le
On
souffle
nu
plus aigu
du hack'-
amar (conducteur du
le
il
sert
de nourriture aux
chevaux; on en
terie, et,
fait
dans
le
de
il
Sur pied,
de retraite au gibier
l'alfa est
Mais
pour un voyageur
ennuyeuse
quand
il
s'empare de
pour des
mme
,
avec l'aspect
gitant,
ondoyant
si
comme une
on
dirait
chevelure au moindre
souffle,
dans
l'alfa.
De
loin,
sans se dorer.
De
fin
et
l'on butte
cette fatigue de
marcher en
laligue aussi
comme un
qu'on
marais,
sans
point
d'orientation,
tas
et
est oblig
de jalonner de gros
Il
de pierres
pour indiquer
les routes.
IJ\
T D.WS LE SAHARA.
est
53
l'alfa;
le
sol
gristre,
sablonneux,
rebelle
durs
et
les ro-
marins
et les
couleur en
et
franchement
strile;
c'est
surtout
un
petit
peu-
d'animaux amis du
soleil et
soleil.
fort
On
gros.
Ceux-ci ont
la
peau lustre,
le
comme
sem-
approche,
et,
gros
comme
de
que
les lzards,
ne font que
se
montrer
et disparatre l'entre
du premier trou
le
qui se prsente;
comme
s'ils
ne se donnaient pas
n'ai
encore aperu
me
54
UIV
T DAXS LE
AH A H A.
et
parmi l'absinthe
Mme
taille,
chant sonore
c'est l'espce
vit
se runit pas
tristes
promeneuses qu'on
,
champs en
sur
une poque o
se taisent
presque tous
les oi-
un peu avant
le
coucher du
soleil.
Les
leur
;
feuilles
et
dique
et
larmes; l'autre
fondes
et
passionnes.
Doux oiseaux
le
qui
me
font
revoir tout ce
je te le
font-ils,
demande, dans
eux,
il
nhhar! Dieu
grand
et le
plus grand!
VK T DA.\S LE SAHARA.
55
A
et
l'heure matinale o
me
bien d'autres,
souvenirs
Dieu,
nous
,
teindre
la
moiti de la plaine
ei
et
un
petit
douar
Dans
nomades commencent
,
se
et la plaine est
On piqua
il
faisait
chaud
et
lisire
de
mon-
tagne
et
soleil sans
Le cad nous
chevaux
,
On
ne
fit
que dbrider
le
les
et
temps de
des
,
nous reposer
et
l'ombre
de manger
,
dattes
de boire du
ici
lait
de chamelle
sans eau
l'eau
tant
leurs.
plus
avait bien le
et,
rude aspect
vrais
campements sahariens;
c'tait,
dans un trsconnue.
petit
exemple,
pour qui ne
l'et pas
56
un tableau complet de
de repos.
nomade
ses heures
pit-
re-
Dedans,
le
et entasss
ple-mle, la batterie
de cuisine,
guerre du matre de
meules de pierre
moudre
le
mortiers piler le
le
poivre,
les plats
;
couscoussou
le
on
fait
le
percs [keshasse] o on le
en
de voyage ou
les tapis
de chameaux,
mtiers
trilles
les djerbi,
de tente;
les
les
tisser
les
toffes
de
laine;
la
larges
laine brle
du chameau,
jets salis et
garnis de
clous
cassettes
qui
Au
mme
de
toute racine,
et
plein
de souillures, couvert de
dbris
le feu; les
la terre et
comlongs
sches,
et les
outres
noires
UN T D.WS
poils,
l.E
SAHARA.
en
57
pendues
la
trois
btons mis
les
faisceau.
Autour,
plaine
immense avec
de
chameaux sans
le soir, se
rassemblent au son
la
trompe
et
viennent se
coucher dans
le
douar.
le
nomade saha
l'homme
ne rien
femme
le
pendant que
chien
vigilant
fait
sentinelle,
patient,
Un
autre jour, je
te
parlerai de
renouvelle
Que
dire.
ce dernier mot,
d'enthousiasme, ne
je
veux
comme
selon
il
effleure
une question
pas le
moi, n'a
question
sens
commun, mais
toujours
n'importe,
pose,
discule et
pendante;
comme
il
(ffloure, dis-je,
de
la
que
j'ai
faite.
et
que
58
UM ETE DAXS
chaque pas
1>E
SAHARA.
Laban ou
le
je rencontre
le riche
g-
nreux Booz.
On
que
les anciens
la peinture,
et
rendu l'me
que,
s'il
restait
un moyen de ressusciter
c'tait d'aller la
cette chose
aujourd'hui morte,
contempler toute
Cette opinion
s'appuie
les
sur un
fait
vrai
en lui-
mme,
aussi,
c'est
que
la
ressem-
blance
favorable
beau que
grec
est certain,
ajoute-t-on,
que Rachel
filles
du pasteur
du
roi
OEdipe; qu'elles
se prsentent noire
esprit dans
un
une forme
:
un
il
est
comme
moutons, ayant
Mon
C'est
que
les
hommes
de
U\
59
Costumer
comme
habiller
un demi-dieu,
c'est
en faire un
homme. La
la faire
placer
mentir
Comme,
toute force,
il
que possible de
la
Et ego
non
non, pour
le
drame;
humaine.
Donc, hors du gnral, pas de vrit possible,
dans
les tableaux tirs
il
de nos origines
et
bien d-
cidment
faut
comme
que
je
l'ont fait
Raphal
et
Poussin.
se
confirme mesure
prcisment
dans
le
pays
qui
N'y
n-t-il
de ce peuple qui, je
et
reconnais,
la
fait
invo-
lontairement
il
souvent penser
vement
en
complat
comme
en des visions
d'un
autre
ge? Oui, ce
Il
la
possde
il
est
60
UiV
ETE
AXS LE SAHARA.
sa vie, dans ses
la
murs, dans
beaut
Il
est
beau de
conlinuelle
des lieux
et
l'environnent.
il
est
arrive
que
les matres
simplicit
de
pelle
comme un parfum
et les plus effacs
des
anciens
humbles
de sa
il
vie. Et si,
d'autres,
approche de
de tout
par l'absence
mme
la
demi-
burnouss saharien ou
le
mach'la de Syrie, on ne
s'il
m'arrive
dornavant
de m'crier
tendre,
et
lu
me
laisseras
dire.
Maintenant, je
reprends
ma
route.
de Sel
soit
qu'on y bonne, qu'il y ait du bois en abondance campe agrablement au bord de la rivire {l'Oued
D'jel/a) et sous de trs-beaux tamarins.
rx ETE I)\\S
lin
!,E
SAHARA.
C'est
(il
un amas de
depuis
tasses,
le
gris
blanchtre, en-
superposes
Il
deux
ttes.
sel
exac-
la
chaux
teinte.
Tout autour,
tant
Ce
n'est pas
aigles
volaient
hauteur du rocher
et
ne
paraissaient pas
La nuit
tait
vaste
dessus
bas,
montrait
gristre
un peu plus
claire
que
terrain
le ciel
tout fait
que
du jour.
A gauche,
brillaient
dans un
pli
de
et
la valle
deux
petits feux
rouges,
d'o venaient
de
fo'iblcs
douar.
Plus prs,
comme
murmures de
[)lat,
cet horizon
domin par
grand bordj
solitaire
()2
U\'
du
ciel;
Fair
tait
humide
et
la
un
les
la
maison
mon
J'arrivai
donc seul
la porte
du bordj
diriger.
et
et j'entrai
dans
la
me
De chaque
que je trou,
ct de l'entre, porte
vai
monumentale,
grande ouverte
,
ple-mle
bivouaquant
elle
long du
cour
tait
dserte;
flaira
me
parut grande;
fit
mur la mon
;
cheval qui
des curies
satisfaction.
entendre un petit
fond de
la
hennissement de
apparaissait
Au
cour,
de
la
galerie
un peu de lumire;
et,
que
je vis s'apla
je
me
dirigeai
du ct de
la
Je remarquai
que
personne
^ ,
l\ T DA\S LE SAHARA
qui j'avais tendu la bride
n'avait pas
et j'aperus
63
mis d'em-
pressement
la
la
prendre,
vaguement
surmont
petit
corps
Un
incident de la
que
j'avais failli
commettre
en traitant
valet.
le
plus saint
homme du
bordj
comme un
On
propre
mine de marbre
de riches
tapis
du sud
que rideaux;
et,
toure de convives.
table,
La
Mais la
tait servie
selle
lait
doux
saillants,
portant en
voile,
la
manire des
et se
ver-
dans
le
mme
verre
de
la
limonade
et
du
lait.
Son
frre,
Bel-Kassem
assistait
doux jeune
homme
et
au visage fatigu,
au
souper debout
tait
pleine de
serviteurs arabes
(54
la
bouche
fine,
au nez
comme
et
prcieux valet,
qui,
le
seul dans la
don de manier
d'El-Aghouat,
une
et
salle
manger
en
encombre de gens
servie
des
plats,
cette
table
^omme
parlait franais, ce
ment
que
se
voil
donc ce
NayL
merante, riche
corrompue, dont
le
nom
pos
du dsert.
D'ici
le
et sans. sortir
de leur
territoire, je confinais
dans
nord-est Bouaada^
le
Djebel-Amour^ dans
et
l'Oued-D'jedi.
assiettes avec
marchs
Sahara
du sud
et
pouvaient
,
me
parler de tout le
septentrional
depuis
Cliaref jusqu'
Tiiggurt,
I.
T DA.\S
l,E
SAHARA.
<)5
depuis D'jelfa jusqu'au M'zqbj jusqu' Metlilij jusqu' Ouargla. Enfin j'avais sous les yeux
,
dans
,
la
personne de
un de leurs princes
;
opulents
et les
plus braves
le plus consi-
haute
position
politique,
et
illustres
peu prs
il
comme
d'enfants;
mettait beaucoup
d'tre
mais
n'y
cOTnpromettait
rien
de
sa
Vers
le
forme
e'et
si
bien en
un
mme
et
qu'on et
,
gonfl; malpropre,
dif-
forme, affreux
marchant
comme
s'il
n'et pas de
jambes,
la
figure trique
dans son
hak
comme
,
comme
j'en pus
(|ui lui
Il
avait,
autant que
pendaient sur
une demi-doudescendaient
zaine de grosses
balanaient
en
6ti
l\ T DAXS LE SAHARA.
du bruit
;
faisant
il
portait
la
burnouss
attention lui.
s'approcba de
la table et la
de Si-Cbriff allonger
Je
assiette.
me
mit sourire;
cessa
dtourna pas
vit
et
seulement de manger.
Bel-Kassem
et
ma
:
surprise et
me
dit
trs-grave
Derviche j
saint.
marabout ^
un
fou,
c'est--dire
,
un
Je
n'en demandai
pas
davantage
car je
dans les
pays arabes,
et je
me gardai
ment
scandalis
se
permit jusqu'
la fin
du repas.
Il
ne cessa point de
tabac.
Quoiqu'on
,
il
en demandait encore
le
venait
et
rpter
le
mot tabac
tabac
d'une
comme un
on
le
aboiement.
On
mine svre
et prenait
garde videmment
comme
le
il
devenait importun,
l'entrana
le
Tunisien
la
le prit
par
bras
et
doucement vers
porte.
Le
IJ\
ETE DAXS
s'en
alla
I.E
SAHARA.
criant
:
fiT
pauvre insens
en
Pourquoi,
n'en
doute
point
fort
contrari
que
nous
vions
comme
lui
en remarquant une
fois
le ridicule
mme
me
sentis jaloux
de
les
suprieurs
nous, jusqu'au
milieu de
leurs superstitions. Je
me
suivi
cavaliers et
tait
beau,
et
mis
nu sous
et balanait
au mouvement du cheval sa
touffe
hideuse,
de
a
cheveux grisonnants.
tenait le
jeune
homme
ses
lui-mme, de
deux
double charge.
Je saluai
jeune
homme
en
(is
KTK OAXS
I,E
S A
II
AU A.
souliailales bnie rpondit
passant
il
me
(In
dit le bonsoir, et
ciel.
me
ndictions
point
,
Le
vieillard
trot.
ne
et mit le
cheval au
Le derviche de
mme
son nom.
On m'a
une partie
la
;
zmala, tantt
il
n'(>st
point embarrassant
,
se nourrit
main.
,
Il
ne couche nulle
sait
et ni le
jour ni
Il
la
nuit
on ne
passe
dans
,
la
cour ou
il
jardin
soit
la
dans
la
campajjne
11
(juand
se
prsente aprs
porte ferme.
nouss
et
chiffons ou
en pleine nuit,
l'autre toutes
ou
l'entend
ses lltes.
Le
froid .ni
soleil
ne
don de
souffrir.
Son visaye
cribl
de rides, ne
siblement
|)eul
comme un
mort
le
de
feuilles; la
il
prend par
jambes, pourtant
tombera de ct
et
ne
l'IV
ETE DA\S
I.E
SAHARA.
69
D'jelfa,
mme
date,
ciiif]
iieures.
pareille.
,
Je
passe
,
soit
dessiner dans le
!>ivonac
soit
crire
tente
ainsi.
tendu
sous
mon
pavillon
;
de
toile.
Ma
est
tourne au midi
Rarement
je perds de vue,
mme
la halte,
plus vives.
;i
Tous
mes
compagnons sont
demeur
souffle
absents ou
i)lement du sud-est.
De
la
n'entends sortir
Devant moi,
soleil,
j'ai
tout notre
et
campement tendu au
reposent;
ils
chevaux, bagages
ne parlent pas.
S'il
,
ma
tte
je
ombre
tant ce terrain
le
est uni; et
silence qui se
est
autour de moi
les
est
grand. Le silence
un des charmes
II
taire et vide.
communique
un quilibre
10
IJA
ETE DAXS
toi
I,E
SAHARA.
que
le
tu
ne connais pas,
;
tumulte
loin de
l'accabler,
qu'il
la
dispose aux
reprsente l'absence
du bruit
comme
:
l'obscurit rsulte
de l'absence
del lumire
les sensations
c'est
une erreur.
Si je puis
comparer
vue
,
de l'oreille
les
celles de
la
le
silence
rpandu sur
grands espaces
,
est plutt
une
sorte
de transparence arienne
plus claires
,
qui
le
rend les
perceptions
nous
ouvre
monde
une
me
du
pntre
sens
satisfaits,
rien ne
me manMon
ma
coffres
attachs
je
le voulais,
monde; ma maison
le jour,
suffit
:
me conduire au me procurer de
bout du
l'ombre
un
abri la nuit
je la transporte avec
moi
et dj je la
regrets.
La temprature me
assez douce et,
parat
encore relativement
,
mme
je la
supporterais
sec, lger,
volontiers,
l'air
continuait
,
d'tre
il
minemment
respirable
comme
,
l'est
le
ther-
momtre
30
et 3!"
l'ombre. Auil
a atteint
Il
maximum
de 32,
et la
vivacit,
mais diffuse, ne
me
cause ni tonnement
ni fatigue. Elle
comme une
Elle
seconde atmosphre
de
flots
impalpables.
enveloppe
et
n'aveugle pas.
D'ailleurs l'clat
du
ciel s'adoucit
si
tendres
la
couleur
foin
de
ces
vastes
,
petit
dj
fltri
fait
est
molle
se
ce qui
ombre
presque
rflexion pour
comprendre
lumire
est intense.
dans
et
le
Sahara,
mer. Le plateau
et
dans l'ouest,
tandis
que,
partout
et
du sud au nord
du
qu'
moins,
est plus
doux sous
au del
se
El-Aghouat
et
mme
T2
1J\'
le
et,
du niveau de
la
mer,
du Djebel-Amour, arrose
le
les
Zibans
et
va se
Je
tu
de
climat
dont,
premire vue,
comment,
degr d'El-Kan-
feux de branches de
coupes
dans
la
D'jelfa.
voil dbarrasss
sommet des
c'est
fait; car
pas
le
me
plat
dans
le lieu
n'y
et
devient
LA"
ETE
DA.\S
1-E
SAHAKA.
lli
chaleur
la
On y voit jouer la lumire et vibrer la comme au-dessus d'un pole. Aussi loin que
,
je
La
tre friable.
Xos chameaux
la tte
s'y
promnent d'un
air
dcourag
haute
le
se
montre assez
d'alfa. Je dis-
comme un
petites
une de ces
je
le
t'ai
steppe, quand
marche.
s'aperoit
sais
tache
lointaine d'all'a
peine
com-
il
faudrait faire
un tableau
et acca-
somnolent,
fltri.
Chose admirable
rsume tout
la fois,
faire!
gence avec
leur tour
la
ils
nature;
la
l'ont
font
comprendre.
ont appris
d'elle ce s
rct
de simplicit, qui
est la clef
de tant
-i
pour
y arriver, les
moyens
dit
les plus
que
l'ide
demande
tre
genoux devant
ma
que
ma
tente,
au milieu
et
pendant que
je regardais passer
et
de blanc. Decette
donc venir
si
loin
du Louvre chercher
les
choses par le ct
et
pour en obtenir
la
forme vraie
grande?
Sept heures.
Tout
le
ont
lini
par se dissoudre
,
et
par former
un
petit
nuage dor
sans rides et qui s'en va lentement la drive, entran vers le soleil couchant.
qu'il s'en
Il
diminue mesure
la voile
anondie
et s'abattre
UX ETE DA\S
l'entre du port,
il
1,E
SAHARA.
"75
dans
la
le
rayonnement de
La chaleur
s'apaise,
lumire s'adoucit;
la nuit qui
elle se retire
insensiblement
devant
nuit vient
Il
ici
comme un
vanouissement.
sorti
de son immobilit.
pendant que
secouent joyeusement le
poids
du
soleil
La maison de
muette.
bite,
si
De
l'endroit
je suis,
on
la dirait inha-
l'on
s'lever l'angle
du
toit.
la pierre,
au-dessus
de
la
gouvernement de M.
le
76
T nA\S LE SAHARA.
officiers
:
avec
les
quelques-
du 4 d-
le pavillon qui
forme l'angle
du mur de dfense.
au
de caravansrail
est vaste;
un
petit
convoi
s'abriter.
Par de
n'est encore
et
que
trac.
Au
spar du jardin
et
il
l'on
ne pntre
que je
n'ai fait
qu'entrevoir.
est
Le rez-de-chausse
L'appartement priv du
et (le
de son cousin
les
deux
tages; c'est
timent,
je
ne
sais
servantes.
il
n'eu
ses
ces
nombreux
l\ T DAXS LE SAHARA.
(le
'-
Pour
la
plupart,
,
ils
et
ils
Si-Cheriff parle
le
vent et
s'en
manire
,
au fond
en
homme
de
la tente,
il
s'en in-
(juite assez
peu
si
bordj
s'crouler,
la petite
est-elle
en
effet
Il
parat,
du moins,
quand
se rsigner ce sjour
comme
est
mand, ou
qu'il
doit y
Indpendamment de
ce domicile officiel,
il
un
et
comme
ici
six mille
chaet sa
meaux.
II
se partage entre sa
et
maison de laine
q
le ses
maison de pierre,
n'amne
chevaux, sa
suite militaire et sa
femme.
Je dis sa
femme, parce
dont l'his-
madame
Si-Cheritf,
comme
ressemble
d'ailleurs, aprs
un
, ,
7S
VK ETE DA\S
I.E
SAHARA.
Cette
femme
est
Espagnole.
In liomme,
elle et sa
qui a
bien explique,
l'avait
conduite,
sur,
d'annes avant
la
soumission de l'mir.
fort jolies.
j
Elles
fit
deux
Abd-el-Kader
de Si-Cheriff.
Toutes deux,
la
l'alliance franaise,
nouvelle fortune
de leurs
maris
et n'ont
costume
mais aussi
la leur.
la
langue arabe
Si-
La femme de
moment
Il
le bordj.
,
joli petit
garon de
dans une
talel)
la classe,
communal que
ses petits
Si-Cheriff paye de
et n'avait
nus
pour
tout vtement,
comme
camarades
les plus
un sabre de
Quant
la
une chemise de
fine laine.
la voit
de
la tente et
L'\
ETE
1)A\S
I,E
SAHARA.
n'abandonne
personne
le soin
du mnage nomade
ni l'administration des
sais des
affaires
domestiques de Bel-Kassem,
et qui passent
qu'il a
pour
belles.
conde. Et
dner
et
plus ple
le
pauvre
sans verdure, et
Quoique maussade
jaunes
serne,
lir,
et sa le
filcheuse
,
ressemblance avec
une
ca-
bordj
je lui
murs
fodales.
Les
Un
assez grand
les curies.
On
les
voit s'agiter
chaque
l'entre
prsente
de
cour.
Chaque arrivant
met pied
SO
L\ ETE L)A\S
l,
i.E
SAHARA.
le la
terre. C'est
dans l'ombre
galerie, qu'acses
mains,
embrasser par
ses
nom-
breux clients
et leur
donne audience. On
sa grosse tte
se prci-
pite l'toufTer,
pour baiser
lui
enmail-
lotte
de blanc. Quoiqu'on
sont assis
familiers
prs
le
de
souvent un
homme
en haillons,
que
s'il
tait
sou favori.
les
Arabes,
n'exclut
une
familiari!
singulire
vu
des
momies
qui l'on
reprendre
sa bte qui, la
bouche baveuse,
saignants,
attend,
comme un
ds que
cheval de bois.
Douce
et vaillante bte,
l'homme
a pos la
ses crins, son il s'allume, et l'on voit courir frisson dans ses jarrets.
Une
fois
en
selle et la bride
lui faire
sentir
fait
un moment,
renfle en
r-
sonner
le
cuivre
se
un
pli
L\ ETE DA\S
I.E
SAHARA.
81
donne aux
constamment
silen-
comme
et
aujourd'hui de
A
le
a ses
moments d'alarme
Quelquefois c'est
jeune Bel-Kassem,
qui son
.son
gan-
telet
de cuir.
S'il
soit signal
ou qu'il
par
quelque tribu
c'est
tur-
bulente chtier,
ce jour-l,
soilir
Si-Cheriff en
goum
est
rassembl devant
porte.
y a l
deux ou
groups concouleurs,
le
la
trois
combat,
hak en cliarpe,
selle,
attendant
est bott,
kalifat
Luilui
mme
voit
On
seulement
et
de cartouches
traverse
Il
pommeaux
brillants.
de nacre,
Il
l'autre
flots
de soie.
enfourche
<lon(
la
pesamment
sa
8-2
r\ T DA\S LE SAHARA.
et
croupe
de rose
il
rejette
geste et
doit
pour au
,
celui
qui
agir
il
donne
le
goum, prend
la tte
et ses
droit
menac.
vois
Tu
la vie
du bordj,
murs de
ment au
geur.
la tente ce
soit.
spectacle de chevalerie,
si
sduisant qu'il
Ici, je
m'intresse mdiocre-
soldat, beaucoup,
au contraire, au voya,
dans un cadre de
cette grandeur, je
d'un petit
effet la
et
tout cela, en
la
me
touche
moins que
vue
d'une
ma
Le peuple arabe
le croit. Je le
qu'on ne
avanc de sa
il
assurment
le
plus brillant;
l".\
ETi:
I)A\S
\.K
A H.A
11
A.
83
Hara'ra,
On
Malgr l'heure
taient
matinale
Si-Cheriff et
son
frre
et
debout
comme
un peu
D'jelfa,
me
Mme
en
je
est
ainsi
pour tous
vite et
que
je
m'y attache
car
il
me
moi
mis
ma
tente
un
lendemain
cup par
mon
lit,
je le vois;
il
y avait l de l'herbe
vu
sortir
un
tait
venu
et
moi-mme, aujourd'hui,
la direction
je
ne sau-
\ous prmes
de
la balise.
En moins
et
l'avions
atteinte
nous
S-i
ETK DA\S
Taira.
\.K
AH AH A.
l'avais
entrions dans
Comme
je
prvu,
la
du
nord au sud
larit.
et se
succdant avec
la
De
loin en loin,
mais de manire
la
en
mme pyramide
Penn'ai
pas aperu
le
comme un champ
quand on
se sait
Sous
le ciel
bleu, et
dans
Le
t'ai
parl ailleurs de
tenir
l'alfa
si
de
impressions
d'aujourd'hui.
lit
pro-
demande o sont
lits. Il
reste en
rien,
ce
moment une
tarit
source, rduite
n'a pas
mais qui ne
pas.
Le rservoir
des cressons,
deux enjambes de
bouillonnement
lger
du
l se
milieu
puis
quelques pas de
le
un
cours
un avertissement
nent;
j'ai
voyageurs compren-
remarqu,
en
effet,
que
les
bords n'-
85
aucunement
pitines, quoiqu'elle
serve de
On
donc exemplairement
J'y puisai
la
provision ncessaire
notre convoi.
moi-mme
avec le plus
grand soin,
et j'y
on empcha
lit
les
de
la
rivire
encombr de rochers
blancs,
calcins, dsorganiss
comme
;
de
la
pierre chaux
qui
commence
cuire
supportable.
la
Le
au
ciel,
commensortes de
d'imet
se
tondre
de raies blanchtres,
transparent,
balayures
tissu
pareilles
se
menses
fixait
toiles
d'araigne.
Le vent
levait
se
au sud.
Trs-faible encore
tant
que
nous
se
ft
Il
frais.
mouvement
avec
dure. Peu
peu,
il
y eut
moins d'intervalle
de
rgulai'il,
saccades
comme
la
malade acc-
86
FM ETE DA\S
par
la fivre.
I.E
SAHARA.
cette
lre
A mesure que
et
haleine
plus chaude, la
et
elle-mme s'chauffait;
et quoiqu'il n'y
mon ombre
marqut
pleine
sur le
sol
clair
encore sur la
tte l'impression
Le
ciel
tait
du plomb. Enfin,
l'exhalaison directe
fois
comme
la
de partout, du vent, du
encore
pieds
de
mon
lui
cheval.
Le
pauvre animal
se lassait
flamme qui
montait au
ventre.
Quant
me
main-
un
rel bien-lre
me
n'excdait pas
mes
forces, et,
n'tais
toute
curiosit
de
voyageur part, je
pas fch,
duss-je
mme
et
en
souff'rir,
de
la sorte
que
j'en approchais.
Ham'ra
un amas misrable
donnes.
On
les
les
rochers
i:X
87
ment
que
le
village
du ct du couchant. Au levant
et
Le sirocco
jour
et la
flots
le
plomh
qui
enveloppait
tout
de
sa
couleur
si
de
triste,
une
physionomie violente
goisse.
et
pour
Deux grands
singulirement
gaillards
en guenilles, hves
dirait les
et
farouches, qu'on
seuls
sur
et
depuis
yeux
l'resque tous les arbres des jardins sont des abricotiers; j'ai aperu, en passant cheval le long des
murs bas,
venue
et
lin
figuier,
un grenadier
,
d'une belle
mais pas un
celui
que
j'ai
vu
bonne
au
got
et
pas
encore
trop
chauffe.
t en arrivant
un grand soulagement.
S8
En
tente.
ce
et
souffle
failli
renverser
t
ma
Bakir
et
ses
compagnons ont
la
pendant
et
leur,
sem-
mme
murs de
ma
la
lente, et pendant
que
j'cris
j'ai
mains
Il
fait
dj presque
nuit
quoiqu'il
soit
tout au
plus six
,
la tte
pendante,
pas
la
mang;
peine
,
se sont
le
couchs
en troupeau serr
sur
le sable.
le ventre aplati
cou allong
Par moment,
le
L'horizon se dgage,
fait
la ligne insaisissable
d'un liorizon
Serait-ce le
plate
me
fait
rver.
dsert?
Hara'ra,
mme
date
la nuit.
Le vent continue
ravant plus clair,
la
,
un moment aupa-
s'est
89
c'tait la nuit.
Il
n'y a pas
une
toile,
[/obscu-
peine un ou deux de
six pas
ma
tente.
lumires
et
presque tous
chacals
est
Une troupe de
si
venue tout
l'heure hurler
prs du
Personne ne dort,
que
celui
du vent dans
dans
2 juin 1853,
La matine
dans un
a t
plus calme
iVous
le soleil a
reparu
ciel riant.
,
avons
petite brise
l'alfa,
Xous rencontrons un
mais cette
fois, pas
de rivire, o l'on
s'arrte;
on avait rempli
,
les
,
ce
moment
dix heures
le
recommence
mmes symet
Ds son dbut,
il
est dj
trs-incommode
nous
de
fleurs.
Le pain
avec
,
la
libert
fait
(c'est
en
de vivres
tout ce
ftO
UIV
T DAXS LE SAHARA.
,
procurer Ham'ra)
esl
devenu
si
dans l'eau.
Il
n'y a pas
moyen d'allumer
du feu
et
chacun de nous
srail
de Sidi-Malihelouf. Aussi
brids,
et
rests
que d-
poser deux
outres pleines
ont
fil
en avant.
;
sin-
gulire
terre;
race
par got
la plus
paresseuse de la
quand
il
le faut, la
la fatigue, et
gourmande au dehi de
se
passant volontiers
de manger
comme d'une
pas, par
mme
longues enjambes
qui est
l'art
des grands
,
marcheurs,
trottant
si
les
chameaux
lement
trottent
,
derrire la charge
,
mais deux ou
trois
minutes seula
et
marche
mme,
languissante
demi-voix
rarement on
;
d'un
voit
air
de lassitude
y en a
qui prennent un
peu de rouina
(
(farine de bl grill)
sac en
ou dans
ils
le
la
la
ptrissent en
cette
unique bouche
91
un
un
petit
enfant du
M'zal),
Boghar
,
et
pays
avec
son pre
;
on
le fait
y reste tout le
mains cramponnes
les
bagages aussi
il
me
fait
un signe amical
le
et
me
,
crie
l'a-
bonjour du matin ou
train et
bonsoir. Cependant
nimal va son
semble ignorer
soir,
Le
aux cuisines
Il
est
et
de
petits
yeux
s'-
la
couleur du sang
et
de
il
ressemblera son
continue, le
compatriote Bakir;
aura,
s'il
mme
embonpoint
et la
mme
jovialit.
Je m'aperois
et tout
fait
,
lui-mme qui
m'interrompt
que je ne
t'ai
pas
Mohamqui a
Mohammed
est
le
chanibi
9-2
LX ETE 1)A\S
I.E
SAHARA.
le
_,
Sahara central
et
depuis
Haoussa
dans
la
bouche de
Grand Dsert
remarqu sans
livre
,
voyage.
je
a
ne
l'aurais pas
que
lui
donne ce beau
le
la seule
ayons sur
assez bizarre,
bott
,
coiff
dhanche en marchant
mauvais
sujet.
dans je ne
truches, je
sais
crois.
On me
dit aussi
qu'il a
du got
il
pour
a t
du Chteau-Rouge. M.
me
moment mme o
point
lait
je les cris,
Mohammed
de ses longs
ne
s'est
prier;
il
a jet de
bas de
cuir rouge,
air
il
s'est
mis, nous
l'accompagnant
d'un
de
quadrille,
nous
nement grotesque
et
d'une fantaisie
difficile
je
ne
saisi
qui posi-
r\ T DA\S
tivemenl
rappelait
la
I.E
SAHARA.
et
93
faisait
;
danse dfendue
sur-
contraste du lieu, le
le sable
choix singulier du
moment,
le regarder,
mais
peine surpris
ne souriant
,
voil des
j'ai
je n'inventerais point, et
rare-
d'ides.
je le
va-t-il ? Si
il
comme
retourne Metlili,
la
demoiselle Palanquin
belle
Meaouda.
un mot. La
il
manque un personnage,
peut-tre aussi
C'est
le
plus
muet de
la
bande,
s'appelle lah'-
inhj
nom
qu'il faut
final
Il
est
tcnit
jeune, assez
grand
mince
et
11
mouvements.
ombre
a le sourire triste,
une p-
d'Indien
et
de grands yeux
sans
tincelles
visa;je. Il est
lui
vont mal, et
burnouss
Ole
un peu de
sa grce.
Aussitt descendu de
94
L\ T DA\S LE SAHARA.
il
cheval,
s'tend.
se
On ne
mou,
car
il
se fatigue
beaucoup sans
ne fume point,
nos cigarettes;
prpare le
est
mari, mais ne
femmes;
il
fait
rgulirement ses
se
hacher pour
AI.
N...
Il
ment de
temps de
la halte.
En marche
fusil.
il
est d'avant-garde
de peau de lynx
petite
faut
manie modestement sa
au pas
jument maigre,
pour tre aux
la tenant toujours
qu'il
ordres de M.
JV...
On
s'est
sonne n'a
tir
mieux que
On me
M.
dit
que
c'est
Il
un
fils
a quitt sa
et
femme pour
il
suivre
maintenant
mourrait,
dit-il,
de chagrin,
s'il
On
va toutefois le re-
marier El-Aghouat,
taire plus
afin
doux.
lah'-iah
comme
lui
et
valoir.
Le plus jeune,
quoique Saharien
05
le
se
marabout
ou communment
M. Maclou.
Il
le convoi.
Il
qu'il
et
est
mulet,
rclame
les cavaliers;
on
lui
pour
faire
Aux yeux des Arabes, un bon cheval fait la supriorit d'un homme. A dfaut d'autre signe, il
n'est rien qui
car
la
fortune ou du
autres, c'est
Ils
les
prsumer qu'on
suit
et
un matre.
font peu
cependant
ils
consentent
se vengent
qu'ils
plaisir,
Au
reste,
ils
de
ont
leur
propre
la
servitude
par
le
mpris
de
Leur
f[uand
ils
mmes
la
peuple d'esclaves,
connatre
()6
UV
T DAXS LE SAHARA.
est le trait le plus
les
ap-
et
de va-
Leur
docilit n'est
et
que
feinte
il
faut se dfier
de leur bonhomie,
Quant
que
je
me
dconsidre en
AU
son
kre Brahim
lets,
et le
Sidi-EmharecTi,
trois
de nos va-
prfrable de porter
tte.
immuablement
le
Dj d'une
(aille
peu ordinaire,
aime
se
lui
et fait
qu'entre
jambes
le
voyage velu
la lgre,
comme
si
quelqu'un
portait
pour
lui
quoique fane, un
halc
trs-fin, les
LM T
(le
I)A.\S
LE SAHARA.
J'ai
'.-'
toutes, trane
petit doigt.
terre.
cru
lui
voir
un dia-
mant au
qu'ils
Ce
qu'il
a de plaisant, c'est
se ressemblent,
si
rendre
diffrents.
Ils
trouss, le
dents blanches,
De
l'autre,
dlicats, avec
mme
penchant pour
le
vin.
illusion
Ali
cours
Le cheval
s'est agi
le
d'Ali se trouvant
malade de-
puis hier,
bonne conscience,
on ne pouvait
sur
le
plus
moment pour
exciter sa
jument
tout
l
pour
que
Ali (ju'il
y avait
corps amaigri
teleux
Ali lui
,
vicieux et sournois.
Brahim
tait cheval,
et
persuada de
faire
un change;
depuis
animal,
ce
qui
et
malin Ali
semblait
mains
de
Brahim,
bien
mulet
Tuccasion
6
lis
douteuse de
m'tonne moi-mme
qu'on rve,
la
de les trouver
divers
;
si
loin
de
l'idal
et si
varit des
puis,
costumes;
l'homme;
de
on
s'arrte
aux
traits caractristiques
la race, et,
,
pour empcher de
la
on
donne tous
nure
,
les individus la
mme parent
de tour-
l'homme
montre
de l'Arabe
et
qu'il a,
comme
Me
tromp-je
donc en introduisant
la vie
commune
demeurs vagues
il
et
gens-l
de
face
et
moi qui
russirai dans ce
la
que
j'essaye;
ralit qui
Sidi-Maklielouf,
2 juin 1853.
Mme
sible
,
temps qu'hier;
mme
Il
vent,
si
c'est
pos-
tait
temps d'arriver;
hommes
UN TK DAXS
I, !:
A H AU.A. a
W
pu
,
On
comme on
jetant
chameaux taient
exasprs
et
Le
un plateau de roches
Il
longueur du ravin
mme
souche;
ils
sont chevels
moiti morts
tout jaunes.
Le
vent,
qui
fait
,
un bruit
les
palmes
rebrousse entirement
Ils
comme un
para-
pluie retourn.
gauche du caravansrail, au
couvert en kouba,
il
se
Au
c'est qui
dormira
le
On
lieu
lui-mme
tant
un
mes
il
os pourraient
l'oppos du marabout,
mur
terrompu vers
le
milieu.
droite,
la
montagne
100
Li\
T DA\S LE SAHARA.
et
sali.
Je n'ai
et le
sable m'einpchant
On
a tout entass,
bagages
et
harnais, devant la
porte du caravansrail.
On
y a laiss
quelques Arabes
descendus
pour
V sommes-nous
serait essayer,
si
Le caravansrail
est
les
chevaux;
les
voyageurs.
mienne
et
moins expose au
vent.
chambres n'ont
pas de fermeture
Le vent qui
flots
samment des
ment
la
d'y clouer
une couverture
dans tous
les cas
me
rsigne voir
le sable
ma
personne,
comme
menac
Sidi-Makhelouf
me
dit-on,
rempli de scor-
On m'a recommand
de ne
U\ ETE
in'asseoir qu'avec
DWS
1,E
SAHARA.
de visiter
iOl
prudence
et
ma chambre
une
selle
un harnais de cheval.
Il
a tu la
jument de Drad'ici;
on
l'accuse de l'avoir
assomme de coups.
allait
Il
au plus
petit pas,
la
mnageant
cause
et
du
vent,
laiss
quand
bte a
ct.
Il
manqu sous
-lui,
s'est
tomber de
ycnx
lui
ouverts,
mais
la
langue pendante,
Il
et le
sang
coulait de la bouche.
ne
l'a
aprs,
quand
elle
tait
froide.
Son opinion,
c'est
Son cheval
est
Comment
fera-t-il
demain?
et
A moins
Rrahim
qu'il
que
n'aille pied.
A \'ous approchons.
la liallp,
.Ijiiiu
Kl-Aghouat.
d'ici se
Il
me
pourtant,
aussi
simplement
([u'ailleurs, sans se
douter de
l'effet
qu'on produit
distance,
ni
de
la curiosit
10-2
l\ T DA\S LE SAHAltA.
de France se tiennent toutes; elles se donla
villes
nent presque
main par
leurs faubourgs
elles
campagnes
peuples;
Ici,
il
on
se croirait
lieues
sans
Nous sommes
arrts sur
un terrain
plat,
parmi
Malgr
la force
du
soleil dj haut,
on souffre
comme
mis
le feu
aux broussailles;
le
vent
l'a
propag sur
une tendue de plus de cent mtres. L'incendie s'teindra de lui-mme faute d'aliments, ou quand le
collines
lev,
droite,
rgulirement dentel.
tation
ni
peu
peu quitte
sa
couleur verdtre^
lOJ
couleur rose
et
El-Aghouat
3 juin au soir.
Regarde bien
cette
fois
Commence,
si
me
sala
comme moi,
reprends
matin,
l'entre
et
laisse-toi
conduire
du
dsert. C'est
Il
mon
mais
je suppri-
lieues.
J'ignore le
nom
de
la
montagne que
le
j'avais
ma
Djebel-Milah.
morne qu'
l'heure o je
vue sous
le soleil
scie.
Chaque
saillie
au sommet
un bloc indpendant du
reste
ture
est
remarquable, d'ailleurs,
et
que toutes
j'ai
les
montagnes
renconlrs depuis ce
lO't
V\ ETE DA\S
I.E
SAHARA.
soulvement en et
inclines dans
cette faon,
comme
si
le
mme
et les et toutes
mme
sens.
si
longue;
il
elle sans
me
teint
quart
(oml), laissait
le terrain se
commenait
devenir brlant.
Devant moi,
la valle
et se
terminait sur le
ville; je savais
pour une
en outre qu'EI-Agliouat
des rochers,
ma
gauche
et
je devais l'aper-
cevoir.
Tous
perdus de vue
et j'avais cess
dans
la
brume ardente de
l'horizon
fiisi!
leur, et qui
mme
un
plus de savoir de
convoi de chaprit
meaux chargs de
et
grains.
Le convoi
gauche
se mit
pour
le suivre.
105
qu'EI-Aghouat
tait l, et qu'il
ne nie res-
faire
pour
le dcouvrir.
il
Je
y avait
pas
nombreux
et
Le
ciel tait
l'clat
de ce paysage st-
enflamm
Enfin,
le
le
naire.
moi,
au-dessus
un mon-
de rochers blancs
fi,^urant
de points obscurs,
en noir violet
con-
arme de tours
au bas
l-
barbue d'un
qui
champ
de
la
d'pis.
Une barre
violette
et
me
parut
sombre,
se montrait
ville,
reparaissait droite,
toujours
aussi
roide, et
fermait l'horizon.
ciel
Cette
barre tranchait
ressemblait, moins
le
ton,
li-
mites.
la
Dans
il
l'intervalle qui
y avait
me
sparait encore de
et
lit
ville,
comme
le
abandonn d'une
Seine.
que deux
fois la
On
Tout
devant, un
homme
106
LX ETE DA\S
l,E
Sx^HARA.
le
convoi laiss
en arrire
ne remuait pas.
Voil
trait
pour
irait et
nettement ce que je
et
vis.
me
fera rver,
peut-tre
mon
ger, ce qui
s'est
imprim de soi-mme
et
comme
un
portrait dans
;
mon
esprit.
Je n'prouvai aucun
blouissement
j'eus le
demeurt
fidle, et
nuages; puis
mon
tomba sur
la petite
les
me
souvins d'avoir,
un
clat
comme je
tait
sans
ombre
il
hasard
dans
le
crass sous
un
de plomb.
approchions
L\ T DA\S
l'oasis
],E
SAHARA.
10"
se
comme
le
on n'y
monuplus
droite,
un troisime amas de
d'un marabout
dans
les inter-
du du
du nord;
,
la
premire
et
tait plutt
une vision;
ne rien
celle-ci
plus tendue
je te la
dont je
crois
omettre
je
l'ai
ces).
VOued-
El-Agbouat.
me
jugeant
em
arrivait
au galo[
pour
me
la ville.
Ce
turc,
fut
donc avec
AI.
C..., olncier au
bataillon
mon
les jardins.
les
on pouvait parfaitement
108
l'\
il
y avait
et
vouac de
le
la
cavalerie;
M.
C... m'apprit
et
que
c'tait
me montra,
sur
la
rive
le
camp de
l qu'avait
la belle affaire
de cavalerie du 21 novembre.
me
11
il
parla du
et
de l'assaut du 4
prise.
me
nemi;
me
que je
lui
trouverais un
d'abandon.
11
le calcul
la
mieux en-
taient
peu couverts,
surface du sol
la nuit.
et
que
les
chiens
exhums pendant
Il fallait
s'attendre
avait
le
corps entier
le voir.
et tout
me mena
Le pauvre soldat
,
tendus,
la tte
renverse de ct
souleve par un
liiV
100
peu
(le
sable,
l'tat
haut du
il
corps
vait
de
s(]uelette lait
et le
momifi;
conser-
engag dans
gutres
terre,
;
sable,
on et
achever de sortir de
comme on
loin,
il
se reprsente
y avait
;
une rsurrection. Un
peu plus
une
et
la
porte de
la ville.
II
EL-AGHOUAT.
3 juiu 1853, au soir.
Presque toutes
du
en
dehors des
et
o tout
le
monde passe
aussi indiffremment
ici, c'est
que
qu'au
champ de repos,
je trouvais
un champ de
bataille; et ce
menaant dans
muette
dans
l'air
de cette
ville noire et
m'avertissait
et
que
j'entrais
dans une
moiti morte,
de mort violente.
Le ct de
l'est n'a
du ct oppos. Quant
du
for,
son
A"
TK
I)
A\
LE SAHARA.
111
immense serrure de
bois et
ses arcs-boutants en
De
la
loin,
on
dirait
un trou carr
et noir, inscrit
dans
mme un
Le porche
de lumire
se
c'est le
commenla porte.
montre travers
m-
la tour,
dire de
lits.
Ce vestibule, au besoin,
transforme
en corps de garde.
Une
et
et
en veste bleue
turban blanc,
son
fusil
un
Au
pesamment
Les autres
Au
ridor,
murs
gris,
comme
filet
11-2
me
me
dit
M.
.
N..., en
montrant
l'tre,
,
comme
par ha-
chambres prives de jour ou sur des cours ressemblant des curies. J'aperus des
hommes dormant
souvenirs redoutables.
profondeur de
la ville, et sur
un pav raboteux, du
des
de
terre,
avait la
et
l'clat
marbre.
droite
gauche s'ouvraient
vers le
sommet de
continu
la
ville
et
s'arrtant
contre
un
mur
de
calcaires
blancs,
celles
de
les
cimes vertes de
cette troite
l'oasis.
En
de nous, au fond de
avenue
frap-
pe
d'aplomb
par
le
soleil
perpendiculaire, je
la partie occi-
voyais
dentale de la
stres.
comme un amas
de btisses gri-
En avant, se dtachaient deux constructions blanches. Une ou deux aigrettes de palmiers poin-
L'X
ETE DA\S
l.E
SAIIAKA.
et,
11.1
quoique privs
de mouvement, car
l'air
,
il
un souffle dans
et
sommet
ne pr-
quets
de
l'air
bleu,
rap-
pelaient du
l'Orient.
La rue
tait si
troite
me
prcdait,
me montrant
du bout de sa cravache
les
murs lzards,
maisons
vides.
Un peu
tiques
et
La compagnie,
s'tre
et
do quelques
le
blanc, dont
on semblait fter
Je reconnus quelques-uns de
mes compagnons
et
le petit
Embareck
que je ne
ils
lui
connaissais
taient
en habits
Ui
frais
UJM
ETE
D AXS LE
SAHARA.
devant un jeu de
dames.
M, N...
me
com-
mandant. Elle
lire, l'angle
une place
fort irrgu-
tesque, droit
comme un
mt.
Au
Autour,
se
et
dans
les endroits
o l'ombre commenait
le
montrer,
pied
Une
une
vieille
femme en
fille
petite
et coiffe
devant moi
au grand
soleil, frappant
la terre
de
une
humide.
soleil tait
Le
dvorant
le cuir
de mes fontes
me
faisait la sieste,
enferme
diane de
la
deux heures.
M.
Voici
la
maison du commandant,
me
la
dit
jM...
en
me montrant une
,
vtre,
ajouta-t-il
toile.
L'X
KTl':
DAXS LE SAHARA.
maison
et
,
115
A
tait
droite de
cette
adosse au
mur
braque sur
centre de
la place.
4 juin 1853.
je
dirais
je n'avais
bivouac.
J'ai,
le
souvenir
de
Bouchagrouij, jusqu'au
Dief de
T'olga,
jeune autruche
suis
j'en
du d-
nment grandiose de
de distinction,
pour recevoir
les trangers
et qu'il est
bureau arabe.
Je
M.
vous
Aghouat.
suis
trs-content,
me
dit
obligeamment
N... en
aurez
un des
meilleurs
logements
d'El-
J'y trouvai
cour
dans
la
de paille sche
de poussire.
116
Li-\
ETli
se
DA\S
I.E
SAHARA.
La maison
de deux
se sont logs
mes
deux domestiques;
arabe qui
valet de
pris
un
domestique
me
chambre,
les
chevaux
et
aux lzards.
Quant
il
l'tat
murs
levs,
comme
si
rue jusqu'
ma chambre;
pu-
Dans
la cour,
plus
enfum que
tout le reste
marque
la place des
amas de cendres,
et
4 dcembre,
quatre pierres
entamer
le vieil
arbre;
il
pousse droit
long du
mur
large
et
ventail
Un
escalier de
trs-lev,
si
rampe,
il
est
tellement troit,
endommag,
si
j'ai
de pou-
KTK
n.AXS
i,K
SAHAi;
A.
voir, la nuit,
Je pourrais
l'indiquer de
mmoire
que
lu
les
quent
te dire
cinquime
en deux
du ct del cour
et n'offre plus
vingt-
sa longueur, y poser
et le talon
quand on
tiques,
descend. Dans
la
de
mme une
dent. Est-ce
trous,
le tout la fois?
Que
o
s'est-il
y a six
mois
cette
mme
place
j'cris?
tant
de cica-
trices,
moins qu'ail-
leurs,
c'est
le
temps,
la
ngligence ou la main
faites.
rpandre un
toile
d'em-
mes deux
me
sert la fois
sette
de couverture
de matelas
une mu-
que sous
tonte
telle
est,
lis
UX T D AXS LE SAHARA.
et
de voyageur,
je suis
mme,
Avec
d'attendre d'un
cur ferme
les fortes
cha-
leurs de l't.'
tant soit
me
pro-
m'enfermer davantage;
ma
personne
est ce
mon
me
soit
dmontre, mes
Somme
me
cause
le
toujours
le
mme
soulagement d'esprit
tre
me
sentir
ce point
en
ralit priv
de rien.
Ds
temps
le soir, je
me
pour
assister
au coucher du
reconnatre en
mme
le voisinage.
De
la
ce point lev, et
le
me
tournant de manire
la place, avec
,
regarder
nord
j'avais
mes pieds
la fon-
Derrire l'oasis,
trois
de bronze
second,
lilas; le
troisime, cou-
le
nord-ouest, o
LA T DA\S LE
le soleil plongeait,
AHAH
.\
lli)
le
prolongement des
voyais,
dunes de Rass-el-Aoun,
de sable lincelant,
le
lit
et je
dans un
pli
gristre de rOued-HFzi
le
matin;
;
la
seconde s'apla
et je
reconnus
longe
pour
la
j'avais
dernire enfin,
j'aime en-
nom que
A
de
la ville, sur le
de
sommet
la
est
reprsent par
de
l'est.
A gauche,
la place.
vue
sud
est
,
masque par
,
les
maisons de
Par
le
enfin
je con-
fine
et
en
me
tournant je
voyais
commencer au bord de ma
un
taillis
terrasse,
pour ne
plus
finir,
constructions
arabes
ses
par
la et
symtrie
le
presque europenne de
fentres
badile
geonnage de
sa faade, tait
construire,
ita-
ct
je
1-20
1;TL
UA.\S
l.li
SAHAUA.
crase, autrefois peinte en blanc, perce d'ouvertures allonges et surmonte d'une mince croix de
Ter
:
c'est
glise.
Un peu
gauche,
et
sur la terrasse
de noir sur
la
tte; celte
demeure
est le
presbyla
tre, et ce petit
vue
d'abord
me
Le
me
rapet
pelait,
avec un certain
mlange de costumes
les bruits, le
mouvement
cavalerie
gulirement
africain.
Des chevaux
de
chameaux
et
au del
toutes
noires, tonneaux.
se fai-
ir-
moment le couchant
au-dessus des
monlong
tagnes plus sombres. Puis tout se dcolora. \]n insensible brouillard s'leva du sol, remonta
lies dattiers le
et
se
nuit
tomba presque
subitemenl.
r\ i;tk
\ s
i,k
s.\im
n a.
i-ii
et
chez moi;
quand
venue, je regagnai
ma chambre.
gnifique;
y faisait chaud;
mon thermomtre
ciel tait
se soutenait trente et
un degrs. Le
tant
mani
jamais je n'avais vu
d'toiles,
presque gaux
et de
mme
clat.
J'entendis
mon
un pas lourd
semble
sieur,
et
un pas plus
pierre.
leste
montrent ennuit,
l'escalier de
?'
Bonne
mon-
me
dit
ma chambre.
dit
Que
la
ta nuit soit
bonne, Sidi
dans
me
Ahmet. Et
ma
maison.
le bruit
Le vent
se leva; les
palmiers faisaient
de
mer
ments de chiens
loigns et
d'innombrables
murmures de
soulevait,
grillons et de grenouilles;
chaque
ma
porte se
comme
si
mes
et
un
air lent
doux,
faire
entendre de loin.
Allons,
me
!
dis-je, je
fait
hors de France
Le musicien rpta
l'air
une seconde
fois,
en
J22
UiV
T DANS LE SAHARA.
il
s'y
com-
comme
s'il
J'tais
tendu sur
ma
mon
attirail
de route, les
murs blancs
crevasses du
le
plafond
;
iipir et
veaut de ce sjour
je
me
levai
j'aperus
par les
la
at-
mur, une
:
tincelle
rouge au fond de
fumait en
chambre d'Ahmet
tendant
le
sommeil.
tut.
Puis le clairon se
plus faibles ou
une une
et je
me
comme une
faiblesse au
cur
et
de m'attendrir, je soufflai
ma
sangle, et
Eh
et
me
dis
bien!
lit?
chez
moi?
Malheureusement,
bris de fatigue, et
il
j'tais
y avait
liles
sur lesquels je ne
comp-
.luin
1853.
Aujourd'hui, dans
conduire au marahout
la
(\e
matine, je
me
suis laiss
Sidi-el-Hndj-Aca, thtre
et,
du conibat du 3 dcembre;
pour en
finir tout
U\ T DA\S LE
SAH.lllA.
123
voyage, je
ce que
j'ai
te dirai
vu, c'est--dire,
de la bataille
El-Aghouat se dveloppe, de
trois collines, sorte d'arte
sur
au sud.
La pente nord de
la ville est
entirement couverte
et
prsente,
l'une
de ses extrmits,
un revers
jaune.
et
de remparts.
aujourd'hui l'h-
demeure du
kalifat
Ben-Salem,
et
rocher, cause de
Le Dar-Sfah partage
peu prs gales,
la
fois
la ville
en deux parties
et
spare, ou plutt
commande
:
l'est, les
{\e\i\
HnUaf;
tiers,
Ouled-Scrrin ; ces
quar-
qui ont eu chacun ses chefs, son gouverneses intrts part, n'ont cess de se batlie
ment,
1-24
IMV
DAiVS LE S.MAUA.
que
le
jour o
le
Le mur de sparation
qu'une
ou de guerre o
vi-
mur
mi-
La
dur
demi fabu-
d'El-Aghouat.
peu prs,
c'est
que
l'on
828,
poque o
kalifat,
et
dernier
resta matre
Dix
en 1838,
la lutte
recommena. A
se passaient
celle
poque, de
sud; Abd-
grands vnements
el
dans
le
An-Madhy,
le
marabout,
hros des
la que-
les
Ouledinter-
Serrin
dpossds.
Enfin
et
les
Nomades
les
lia
partis, par-
deux
l'mir, et
chacun
se terminant par
un massacre
et
Ben-Salem qui
se
laissant
Arbi
mme
El-Arbi, un chef
qu'on
voit,
le petit
que
lui avait
nombre,
tailles
la
der-
et
assure dfinitivement le
pouvoir dans
la
Enfin, en 1844,
ment
la
confirmation du
de nous
et
nous
vit
est
et
ce
,
fut
cette
petit
poque qu'on
passage
arriver
du nord
par ce
que
tu
connais
l-2r.
l\ T DAXS LE SAHARA.
commencement du
sicle
dernier, peut-
tre avant,
cette histoire,
faite
Or, coutez
je vous
condamne
vous entre-
di'orer
comme
mme mme
vous
dompteurs de lions,
ensemble
et
viendront
vous prendre
tous
museler.
la place
porte son
nom,
1852,
En
de
et
marabout pour
batterie, et
que
Ben-Salcm mourut, un de
fils
prit sa
le fait
place
par
Salem
l'agent
franais
et
toute
la
chancellerie
et
s'taient sauvs
d'Ouaregla, occupait
V\ ETE DAXS LE
S A
HA
li
IS":
Medeah
son de
prit
tait
la
mai-
commandement dont
le
parl.
On ne
marcha
que
temps d'achever ce
travail, et l'on
une autre
celle-ci
par un dfil du
presque aussitt
le
sige
commena.
le
Dans
l'intervalle
,
21 no,
vemhre
j'ai
arait
eu lieu
combat de cavalerie
dont
vu
les traces et le
magnifique emplacement.
Outre ses deux tours, plus habitues se menacer que prtes la dfendre contre l'extrieur, la
ville avait,
laire,
De
plus,
elle est
domine de
haut
la
commande
par rien.
La tour de
est
l'ouest,
commande par
le
mamelon
fai-
une
fortifications suprieures, et
rsumer,
arte,
le
quatrime angle
la
me mme
dont
tour des
autres.
Voil
la
spulture de ce saint
12S
homme
le
thtre
comment, en annonant
une catastrophe,
la
il
le
il
marabout
fut
sans
gros
cailloux,
homme. On
sommet,
les pierres et
coup sr.
Il
fallut viser
;
chaque pierre,
se
mme
par moments
battre
Arabes;
et
ils
ne l'avaient
qu'
la
le
revers du nord et
faire
Une
on y poussa une pice d'artillerie, on fit une embrasure en perant le mur qui regarde la ville, et
la pice,
une
fois
le
ventre
de ce petit
carrs,
petit
monument
la
Un
mur
relev
1\ HTK
DWS
].V.
S\;:\RA.
l'usils,
1-29
La
ville
alors se garnit de
couvrit son
sortait
rgulirement,
gr d'normes pertes.
meurtrier pour nous.
Ce
fut
le
moment
le
plus
monde;
;
il
n'y
la
et
quant
prolongea dans
elle
fut
la ville et
se rpta de
maison en maison,
dsespre de la part
qu'on releva
les
est
l'homme
tait
aprs avoir
long
le
Dar-Sfah
,
tourn par
le
rayonnant au
Il
du matin
et tout
couleur de rose.
n'y avait
personne, personne
aux environs,
pentes,
le
et
lieutenant N...
me
parlant du sige, et
moi l'coutant.
Il
plusieurs
plaque de
130
UiV
DAi\S LE SAHARA.
la pierre
par
Je
qu'on
ti-
rait,
tte
ou corps, qui d-
de
fait
la ville
l'un a corn
un autre a
en plein,
six pieds
prs du sol, et
bliais
l'a
J'ou-
de
te dire
que ce marabout
un
petit
kouba conique
angle.
et
une
saillie
dentele
chaque
murs
coups de couteau,
liste
rpte la
blesss ce
jour-l.
Une de
du
mains diffrentes
croire
et
conue de manire
l'on inscrivait le
faire
que
c'tait
un registre o
nom
y a
il
faite
la nuit, et
quand
la liste
de
la
journe
s'est
trouve complte.
ct, et
pour
ainsi dire
lit
:
au verso de ce livre de
compte mortuaire, on
bas
,
et
comme pour
:
Gnral Bouskareiv.
Tenez,
mdit
le
lieutenant en se plaant en
J31
et
ici
du trou qui
la position
le
servit
d'embrasure au canon,
dans
que
rait dit
une
les
balle au
front
Pour tous
autres
Qu'en dites-vous?
fois le
Et
il
me
montrait la
rempart
et la place
et
formant
rand
;
Ici
continua-t-il
c'est le
commandant Moici,
ici,
ce brave Franlz,
un brave ami;
:
Bes-
Capitaine
L, sur
,
la
pente, l'endroit o
il
c'est le gnral
Bouskaren.
et
se relouinait
pour crier
En avant
si
>>
!
Le champ de
bataille est
n'ait recueilli
quelques
assis
au pied du mara-
gauche,
Il
l'est.
Sur
.
le bastion
dmantel, puis
s'lever
dep Oulcd-Serrin
commence
une
13-i
l]\
I)A.\S
LE SAHARA.
piocher, tailler,
citadelle franaise.
On
ou
et
entent);. il
sonore la
nes,
pique des
mineurs,
des
files
de
petits
de
la
brche.
la
mine
a jou.
place
demeura
vide.
second avertissement se
aussitt,
fut suivi
reilles des
dcharges de grosse
en
mme
qu'on
temps
un nombre
gal de dcharges
la tour
moins retenl'est,
tissantes clata
du ct de
de
Aucun cho ne
et s'indiqua
les r-
dtonation
rare et pur
du matin
,
seulement,
imprime au
sol.
bleu
fume
se roula sur
elle-mme
et la
masse conpluie de
comme une
clats
tandis
que quelques
plus lourds
sifflant
aux
deux pentes de
la ville.
Le
le
fume
la
poussa vers
sud-ouest
bientt
il
n'y
LX KTK
I)
\\
I.E
S A
II
A K A.
18H
lui-mme
moment
La brche
\yv
tant
ferme,
il
nous
fallut rentrer
et
Dab-el-Gharbi{\)OT[e de l'ouest)
remonter en
le petit cimetire
En
attensont
dant
le
monument qu'on
banquette.
les
ils
enferms dans un
simple
petit carr
Aucune
n'indique
encore
noms de
un droit gal
d'unanimes
la
pouest
ils
mort
pour
les atteindre, et
si
prs de celui o
sont tombs,
l'ai dit,
deux, je
te
la porte
d'une balle.
la ville,
me
dit le lieufait
rue qui
suite
Nous suivions
balles et
les
peu prs le
chemin
baonnettes de
nos soldats.
acharne.
Chaque
C'tait
maison
tmoignait
la
d'une
lutte
porte de
l'est.
On
sentait
que
se
courant
tait entr
par
ici
et n'avait fait
que
13i
Oi\
T DA\S LE SAHARA.
Dieu
me
dit le lieutenant;
vous
ne
connatrez
jamais
chose
pareille!
Ce que
le
lieutenant ne
me
il
On marchait
par centaines
dans
;
le
sang;
les
Vers
le
cinquante
pas
l'une de
assez
Sous
seconde vote,
tait plus
me
disait le lieutenant,
Tencomfut
brement
couche des
nu,
dcoiff,
et
qui
tenait encore la
main un
cass dont
il
s'tait
servi
comme
d'une massue.
tait
tellement cribl
dit fusill
par jugement.
;
On
l'avait
vu sur
la
il
avait
le
et
ne lchant pas,
pauvre diable!
comme
avait eu sa
femme
et ses
n'en
et
il
pouvant plus,
il
avait saut
sur un
cheval,
Chergui, quand
entire qui
tout
dbouchait au pas
les
(|ue
de course, faisant
bte,
lui
jonction
aussi
avec
mutile
tombe sous
UX TK DA\S LE SAIIAUA.
(Ct
135
barrait la vote.
Ce
fat
un commencement de
aprs, la barricade tait
^
barricade.
Une demi-heure
homme
debout.
Ce ne
fut
l'inhumation;
comment. On
la
il
se servit des
cordes
fourrages, de
s'y attelrent,
;
hommes
fallait
on
les
empila
les
put,
prs
On
dit
la ville sentit la
ait
mort
et je
entire-
ment
Au surplus,
rassure-toi; la Provi;
dence a
y
aurait,
ce pays-ci trs-sain
en cas d'orage,
il
eaux
de pluie; mais,
supposer rel,
c'est
un danger
fait
imaginaire.
Tenez,
me
dit
le
la
lieutenant
en
s'arrtant
voil
une mchante
masure que
je voudrais
Et chemin faisant,
il
me
guerre.
la
Dans
ville,
cette
maison
Nay-
136
Li\
T DA.\S LE SAHARA.
Pendant
ft
le sjour
qu'une colonne
expditionnaire
sous les
murs d'El-Aghouat
un serser-
pu pntrer dans
de guide, les
la ville;
;
gent de sa compagnie
vait
mena
tout
l'autre
M'riem. Le lieu-
d'El-Aghouat en se disant
Si
jamais
faite.
Le
4, au
moment de
JVaylieltes.
et
rappel les
d'attaque,
tait
d'une compagnie
un des pre-
miers dans
gea ses
la ville. et
D'abord,
il
hommes
ne s'occupa que de
il
de mieux faire,
c'tait
Chacun
il
d'ailleurs
mme
temps, de courir
la
eurent de
peine
la
pleuvaient dans
ville.
les
Ils
Un
soldat,
debout devant
fusil
;
la
porte,
rechargeait
prcipitamment son
la
L.\
IS"
le
jiisqii' la
garde;
canon.
four-
Deux
et
un mouchoir
est fait,
des bijoux
de femmes.
dit le
Le mal
sergent,
entrons-nous tout
entrrent.
filles
taient
la
le
pav de
et l'autre
anneaux
aux pieds,
ni
pingles
de
hak;
elles
vtements ne
dit le lieutenant.
dit le
un
plat tout
prpar
et
de kouskoussou, un
petit coffre vide
charg de laine
un
dont on avait
on voyait
atteint
le
corps d'un
d'tre
au
moment
de fuir,
dont la rsistance
avait, sans
138
r\ T DAXS LE SAHARA.
voici,
Le
me
dit le lieutenant; et
il
me
le
fit
Quand on
douze cents
ne resta
hommes
Le
dans
le sud.
schriff,
chapp on ne
sait
com-
ne
fit
qu'une
enfants,
traite
d'El-Aghouat Ouaiegla.
Femmes,
tout le
,
monde
s'tait
expatri.
venus. Ce
solitude
l'et
fut
terrible,
bien plus
menaante que ne
el
t le voisinage
difficile
de corbeaux
d'o, car
bataille.
il
de vautours arrivrent on ne
sait
Pendant un mois,
au-dessus
qu'il
comme
nombre,
carter
enfin
d'un
charnier,
en
si
grand
fallut
organiser des
Ils
chasses pour
s'en
allrent
ces
htes
incommodes.
ilais toute
d'eux-mmes,
cette niousqueterie
avait
si
bien
rX T
des palmiers,
DWS
y
LE SAHARA.
,
13!)
il
fini-
que
la
mme
soli-
l'oasis.
Aujourd'hui, la
panique gnrale,
l'est,
et
hauteurs de
comme pour
attendre une
cure nouvelle.
La
ville
se
mesure
fins
et
dans
bas quartiers.
y font
peu de bruit
possible.
tiennent aussi
les proprits
le
peu
de place que
Toutes
Quant
le
cet imil
mense butin
n'en
tapis,
armes, bijoux,
tout,
faut
reste
les
plus
mme
la
entre
pauvre jusqu'
riche
on
dirait
une
ville
entirement
dmnage.
Eh bien! en conscience,
le
lieutenant en
se
me montrant
levaient sur
ment bonjour. On
les a
140
TK DA\S LE
S AI!
AU A.
coupe-
hier soir?
En France, on
gorge.
suite,
ou l'on oublie
jamais
le
la
diffrence
ici,
c'est
qu'on
forte
ne
sait
rancune.
souvenir;
rgler
les voir,
on
les
dirait incapables
le
de se
et je
jour venu de
pas
le
leurs comptes,
plaisir
n'auraient
plus
grand
me
remplir
le ventre de cailloux, ou
faire
un tambour avec
l'avait crit,
ma
peau.
En attendant
l'avait
Dieu
Si-el-
Hadj-Aca
annonc.
Juin 1853.
Comme
bti
sur
diminuer
fondoucks en-
tours d'arcades.
Au milieu de
ce rseau de pas-
moins de chances au
n'y a
l'une au nord,
La premire,
la
Bah-el-Chergui et aboutit
Bnb-el-Gharhi;
tra-
l'est
ma-
VN li DA\S LE SAHARA.
sant les
141
deux quartiers.
un cheval au galop;
comme on
peut
portes que
le
convoi
ait
pour peu
et
qu'il
y ait
venant des
On
meaux
regardent
et
avec lonnement
de
gauche,
et
quand
ils
se produit alors
comme un
pou-
vantes se pressent,
s'empilent; non-seulement la
rue est barre, mais elle est bouche, et l'on a devant soi
jambes, surmont de
rencontrent.
Cette rue n'en est pas
et
moins
la
rue maixhande
presque
la seule
l'on ait
mer-
1-V2
On
les autres,
o de maigres
bons, avec un petit soufflet tenu en main, ou faonnent, coups de marteau, sur une enclume basse
petits objets
de
un
voile
Ce
soufflet,
en ma-
un peu de
ces peignes,
sier,
ces
ces boutons en
pour
colliers,
ces
voil, comme fabrication et comme produit, toute la bijouterie d'El-Agliouat. Comme les juifs les M'zabites font le commerce
,
dans un pays o
le
commerce
est aussi
mpris que
traits
comme
le
,
eux, des
qui les
font
reconnatre
,
teint
yeux
vle
l'ovale arrondi
dans
les
villes et
boutiquire.
On
IX KTK D.WS
que
la
I.E
S\li\UA.
Ils
1-43
guerre,
,
et
de pratiquer l'usure.
sont en
gnral polis
et
dans
les
grands centres o
commerce
les
est
ho-
nor, on les
gouvergards
la
mmes
fait
Tu
sais d'ailleurs
que, tort ou
mon
ami Bakir,
sert.
Arabes
du d-
Toutes
les
la
brique, et mastique
n'y a
qUe
le
Dar-Sjah qui
soit
blanc
et l'ancien
soit j)eint.
Le
le
ment blanchi au
sentant une
main ouverte;
d'autres, d'un
damier de
y a quatre
se tenaient El-Aghouat;
chaque
{|uar(ier avait le
14'.
sol
tre
d'hommes
et
d'animaux,
Comme
vous d'change
c'tait
et
sa prosprit;
gographiquement,
c'tait sa
je
ne
vis
qu'une
dant
et
mur de
y avait l
tu
la
conqute de
l'y
natu-
raliser.
ct,
deux ou
trois l'Aghouati,
le ciel
trangers
la vente,
un vautour
qui
le
flairait l'abattoir, et
parl de la place,
la
celle
qu'on
nomme
la
Grande-Place, pour
aussi dserts
que
les
depuis
le
Rhaniadan, je
L'\
T OAXS LE SAHAUA.
,
li.)
ruisseau. Ce ruisseau
jamais, d-
bouche
mur de jardin.
C'est
un
petit foss
la
limoneux,
la
noirtre,
vue de
sche-
resse universelle,
n'est rien
On
du
Le
est
va-et-vient
commence ds que
et
la
grande chaleur
un peu tombe;
presque toutes
des jeunes
les
femmes de
la ville
accompagnes
filles, et
habilles de poussire
a t du
dsappointement.
bariols
Je
me
grisou
une
de coffrets, de miroirs; je
me
rappelais
ma
rue aux
femmes de Tolgn,
et celte
charmantes colles au
mur comme
140
U\'
DAIVS LE SAHARA.
lilas
sombre des
abricotiers
et
mme,
je ne pensi
fille
bien
vtue,
pendant que
miers de Sidi-Okha
d'arriver
et
de Tuggurt.
Depuis,
la part faite
aux regrets,
j'ai
cette
milieu, et
si
fois
pour
toutes, ce
se
Le
et lgre,
le
blanc, le jaune et le
le
se porte
peu prs
comme
vtement des
ou sur
une ceinture.
Le
voile, de
mme
turban,
toffe et
guimpe autour du
pingle
visage,
s'attache
sein,
au moyen
d'une
au-dessus du
le
descend
le
long
des bras,
tte
est plus
147
manteau de cour. La
nuque
mouve-
ment de
la
marche
Quant au turban
on
il
est
franges;
le
roule la
l'oreille,
il
mode du
turban turc
avec un
bout
sur
touchant au sourcil;
qu'il
est
La
Il
niante ou
est
voile de
rigueur.
adopt
quand
ne vont pa pieds
(.\o
soie
de couleur,
de
ma-
fait
semblable au brodequin,
de
la
Renaissance
donnent
leurs
figures
de
Femmes.
Ileprsenle-toi maintenant sous cctie couverture
abondante en
aux formes
le
plis,
viriles,
se perdent
dans
le voile
en
flots
obscurs, en encaet
fltri,
de couleur neutre
semble ne pouvoir
;
ni
tage
14S
lets
L'X
qui s'entrouvre,
:
nu
tout
un cot du corps
la
poitrine,
la
marche
droite,
le
pas souple
faisant
gauche
et la fois
Au demeuiant,
soient belles
,
si
l'on voit
Ce serait
ici le
une thorie
beau-
faut le dire,
loin,
vues de
que
de comparable
habit
trou.
Ils
conservent,
quand
ils
mme,
ceci
ou mal,
sont draps; et
peu plus
Entre
seraient nus
comme
il
elles.
la
femme
et l'enfant,
fille
intermdiaire; et la jeune
fille.
ici,
seize
ans, la
femme
pu
140
En
que l'autre
filles
l'enfance et la
vieillesse.
Les
petites
sont vtues
et
coiume
moins bien
un peu
lieu de
moins,
turbans,
ce
Au
sont
charmantes;
avec les
elles ont,
en petit,
la dignit
de la
femme
de
toute proposition de
demeurer tranquille
quatre
me
regarder.
Tu
connais
le
la profession
de l'inquitude,
Fatma
peu soigns,
lui font
une
tte
norme avec un
et
d'un corps
se
dlicat. Elle a
ferment
presque tout
quand
elle sourit;
expressions furieuses,
chat sauvage.
et tout
coup des
dans
de
Quand
je la rencontre
le trajet
150
U\'
DA\'S LE SAHARA.
de sa maison
ces trois partis
d'abord entre
toutes jambes
ma
comme
une bou-
l'avidit
l'emporte
mais
aprs
quels
cette enfant
me
vancer
petits pas,
mais droite,
son
tincelant d'ar-
tive et
tends un
saisi l'argent,
de s'tre risque de
la
si
prs, le succs de
la
m'avoir chapp,
peur que je ne
les
poursuive,
que
lui
sais-je
encore? toutes
pouvantes runies
course
folle.
N'importe par
fuie,
elle
quelle
au hasard,
pourvu qu'elle
s'lance,
clat
et jetant
un
un signe de
plaisir et le
traire
paroxysme de
Quand au conelle
la fontaine,
me
dnonce
tends
et j'en-
qu'on se rpte
nom
arabe de
peintre,
j'ai
confondu long-
une
fois
UIV
TK DA\S
1,E
SAHARA.
151
car
il
est
vident que
ces pauvres
femmes
leurs
sont
dsespres de
D'autres petites
me
voir examiner
enfants.
filles
du
mme
J'en
ge ressemblent,
au contraire, tant
au portrait
cheveux pen-
bomb, un
sont
il taciturne, qui
me
Femmes,
sombre,
enfants,
le dos
dans le
Tout ce
si
monde
muets.
grouille,
agit,
s'empresse;
mais avec
la plupart,
on
les dirait
l'air
eau remue
;
rpand dans
une
apparence de fracheur
exhale, jusqu'au soir,
pluie d'orage.
et la poussire
dtrempe
A chaque
une famille
nouvelle qui arrive, pendant qu'une autre, sa provision faite, regagne petits pas la liautc ville
:
la
femme
plie en
deux
et
portant l'outre
pareille
dment l'usage,
palmier,
cette
coiffe
de l'entonnoir en paille de
d'corce.
ou de
l'cuellc
la
Au
nue
milieu
,
de
foule
humide,
tte rase et
,
car tous
et
rpandant l'oau
Leur che-
I5i
lN
et
jambes
un
teint poussireux
et,
me permet-
ras-M ce dtail,
mouches
fixs
des narines et
prcoces que
leurs
surs, des
enfants beaucoup
qu'il puisse
en
sortir
hommes beaux
Quelquefois
la
et vaillants
corve est
faite
en
lui
dant,
soleil
qui descend
Le premier
couleur,
plan
l'on
rentre
alors dans
ne
voit
plus distinctement
carlates
hormis
les coiffures
de
quelques petits
garons,
qui
continuent
de
briller
exactement
comme
des coquelicots.
l'oppos
Pendant ce temps,
de
la
fontaine, se
ici,
malgr
le faux
air qu'elle
uniquement
ruisseau.
parce
qu'elle
appartient
encore
au
Avant de quitter
la
ville
les
jardins, le ruisseau se
partage en
deux conduits
153
dtermin.
Chaque propritaire
a,
plus
loin,
sa
barrage
est
personnages
les
moins intressants de
heure; car,
le
la ville,
et je
le vois toute
ma
maison,
il
ma
mon mur. A
uiidi seu-
lement
il
me
C'est
un
une
sorte
tenant au
le
le
nuds,
lui sert
marquer
nombre de
retrouve
fois qu'il a
tous
les jours,
mme
place,
ayant
devant
sec
lui
ces
deux
tristes
quand
l'autre
et le
est
plein,
regardant
la
fois
couler l'eau
qui
le sable
mesure
compos
de quarts d'heure. Je
n'ai
jamais
vu
de visage
condamn
les
nud
a vcu.
par
nud,
il
tous
quarts
sa
d'heure
(ju'il
Quand
est
au bout de
9,
154
ficelle, c'est
UN T DANS LE SAHARA.
que
les jardins
est
et
que
le
moment
il
venu de changer
cours de
l'eau. Alors
le
coup de pioche
barrage
et reconstruit
de
la terre et
de
la paille et
de
litire; puis
il
revient
s'asseoir
au
mur
reprend
son
calcul
mlan-
colique.
Juin 1853.
La
qu'on
ment ensemble
est oblig
mari, la
les
femme
et les enfants, et
de
o on
les trouve.
Ce que
la
pourrais te dire de la
pas nou-
dure condition de
veau;
mariage
elle est
mre,
la
nourrice, l'ouvrire,
,
et
peu prs
la
bte de
somme
de
la
maison.
exorl)itant
d'poux
et
de matre, sa
vie se passe
humeur
La
que
je l'applique
t'ai
dit, je crois,
murs
fu-
mer
le
155
;
mieux
et
dire
pour l'exactitude
faire.
chercher l'ombre
ne rien
Une
et
ville
du dsert
est, tu le vois,
un
lieu aride
l'eau, o l'industrie de
la fontaine
l'homme
a cr de l'ombre
o sont
les
les
o dorment
hommes,
ici
Tu
trouveras donc
les
hommes
tablis
dans
tous les endroits sombres, sous les votes, sur les places, dans les rues, partout except chez eux.
Le
mnage
nuit.
se runit
seulement pour
le
repas et pour la
La rue Bab-el-Gharbi est un de mes boulevards. En attendant que la chaleur me force abandonner
la ville
pour
les jardins,
il
est rare
qu'on ne m'y
journe.
dessiner
troit.
La rverbration du
;
murs
est
pouil
vantable
les
l'ex-
l'air
de
fai-
156
terre haletante.
Peu
peu cependant,
tu vois sortir
l'air plutt
extnu
la
yeux clignotants,
abri
pour tout
le
laire.
elles se elles
rangent au mur,
la place.
assises
ou couches quand
en trouvent
les
Ils
Ce sont
commence
du ct gauche du pav,
ils la
continuent du ct
habitudes
entre
le
matin
et le
soir.
deux
Une remarque de
c'est qu' l'inverse
peintre
que
je note en passant,
voit
de ce qu'on
en Europe,
ici
les tableaux se
tu la connais.
c'est
de transparent, de limpide
de color; on dirait
,
parait noire
et,
quand
l'il
y plonge, on est tout surpris d'y voir clair. Supprimez le soleil, et cette ombre elle-mme deviendra
y flottent dans je
ne
sais quelle
rX T DAAS LE SAHARA.
15'
Monde atmosphre
qui
fait
brun au
de boue et,
comme
les
maisons,
pli
filet
moments seulement, un
qu'au seuil
qu'un tranet,
quoi qu'on dise de la dure des jours dans le Sahara, lesNestors n'y sont respects que parce qu'on
y
Ici
enfin,
mme
on remarque peine
le
et
jeune
homme;
viril et
encore imberbe
type in-
la
faire la guerre. Et
cependant
consi-
moments
d'apathie la raret
de
158
mouvements,
de
la
main,
et
bouche, par
la syllabe
tte,
ou
les couter
quand
ils
une
ou deux exceptions
illustres, le ct grandiose de ce
la
peinture anec-
comme beaucoup
tomb dans
est
la silhouette, est
mascarade.
On en
est las
parce qu'il
devenu
commun,
Te
souviens-tu
d'avoir vu passer,
bruts, visages
camards
,
des
mdaillons de la
colonne Trajane
hrisse de tiges sches de mais; des chevaux maigres, des dromadaires aux jambes noues se prome-
nant au
soleil
parmi
les
chalas;
botes
et
gens
climat indigent
rnde
et
du sud, qui
t'ont
frapp
comme
des nouveauts,
mme
Tu
l'as
aperu
159
un grand paysage;
tel
montrer aujourd'hui
que
je le
comme
un
Le cadre
est
si
petit,
que leur
taille
y parat co-
lossale. Quelquefois
un passant un
on
s'arrte, barrant la
Il
un moment
bruit
mou
de ses
sandales;
s'il
s'arrte,
le voit s'asseoir,
un bras
gner
la
es-tu ?
toi?
veills
ou non,
ils
se taisent.
mme
menton sur
genoux
le
d'autres, la
nuque ap-
puye contre
les
le
mur,
cou fauss,
mains ouvertes,
le corps tout
d'une pice
d'autres
,
la tte
entirement voile
comme
Csar mourant
160
les
d'autres
penles
gens sommeillent
l'autre avec
et sans cesser
de se
traits
mme
ture;
hbts,
ils
mme
incorrects,
forte bauche.
il
est
la ntre,
quand
l'air d'tre
postiche; la leur
la
adhre au visage
et s'insinue
dans
Le nez,
quand
il
le
sang
est
n'y a
est
la
bouche
le
charnue
pommettes,
cadre
ment,
ture.
et
semble
sortir d'un
Quant aux
:
yeux,
c'est l
trouve
ils
peine
un point plus
masque
discret, et par
L'M
161
flammes.
Le costume, on
le connat,
et
il
serait
presque
inutile de le dcrire.
Peu importe
les
;
etc.
il
un
deux ou
trois fois
un manteau qui
re-
couvre
tout,
dont
le
abriter la tte.
Tout cela
Le
ne
voile est
fait
qu'-
pendant du
et,
comme
celui-ci, c'est le
un
comme
voit pas
un peu
le thtre. la
de pipe dans
au bout, un
petit
162
lette.
UM T D AXS LE SAHARA,
Ce chapelet pend sur leur poitrine,
est sans cesse
et
leur
les
main droite
grains.
Ils
occupe en compter
ils
portent seulement
la ceinture
prennent
la
double botte
le
grand chapeau de
cuir, le
une mentonnire de
grand
un sabre
Malgr ce peu de
dififrence
dans l'habit,
rien
ne se ressemble moins que ces deux hommes, suivant qu'ils sont pied ou cheval.
frent n'est pas ais dfinir,
En
quoi
ils
dif-
mais peut-tre
me
comprendras-tu quand je
historique
te dirai
que l'un
est plus
que
l'autre.
L'Arabe pied,
drap,
de tous
les
pays;
de la Bible,
trait
si
tu veux,
de
de la race orientale
Il
la
grande
ou
petite
et c'est
vouerait pas.
Le
rendant
la bride,
poussant un
le
cri
du gosier
et
par-
tant au galop,
pench sur
main
l'homme du Sahara;
confondre avec
pourrait-on
Il
le
le cavalier de Syrie.
a moins de
UN T DAAS LE SAHARA.
style
163
que
il
le
premier
et plus
de physionomie.
Au
:
surplus,
ne
s'agit point
,
l'autre le genre
et la
Noce juive
mme
Que
suis-je
venu chercher
d'ailleurs? qu'esp-
rais-je y
L'autre jour,
la place et
vu passer
ici
mme,
,
venant de
filant
vers Bab-el-Gharbi
taine de cavaliers
avait
du goum.
la hte,
C'tait le
convoqus
Chacun
montant cheval
sa porte,
ils
arrivaient au rendezla
courber une seconde, pour passer dessous, puis reparatre tout droits
,
non plus en
selle
mais debout
sur moi
comme une
elle est
si
troite,
et,
qu' chaque
fois je sentais le
vent du cheval;
comme
peu prs en
Le pav
le
pas.
Chaque
son
cavalier passait,
leurs portes,
les
yeux en flammes
s'il allait
long
fusil,
comme
164
UN T DAXS LE SAHARA.
si
chose
simple,
et
qu'on voit
si
communment, un
elle
m'a
Mais je
l'ai
note
j'ai
comme une
vues, et
j'ai
des belles
compris ce
l'air
endormi,
quand on
les
met
cheval.
Juin 1853.
mon compagnon de promenade, et, je crois pouvoir le dire, mon ami, je commence me faire des connaissances. On me salue quand je passe; on m'appelle,
ainsi
il
que
lui,
lieutenant, de prfrence
sidi;
ma
vraie qualit, ne
me
rendent
les
honneurs mi-
litaires.
Le lieutenant
ville;
il
N...
a beaucoup d'amis
il
dans
sait
la
leur
leurs affaires de
le
m-
il
est
un peu
mdecin des
quand
le faut,
il
un grand
nombre de maisons
obligeamment
m'en
fait
L\ T DAiVS LE SAIIAUA.
165
Parmi
avec
la
ses
i;
faux amis ,
comme
il
les appelle,
de gazelles.
sa
femme
un caractre enjou,
me
parait plein de
comme un
homme
On
a le visage en
museau de
dont les
cils,
un regard perant
et qui
semble aiguis
comme une
est
Il
borgne
suite
d'une bles-
comme un
vieux sanglier
dur mourir,
toire serait
il
longue,
ment on
de chasse. Ce que je
de lui,
c'est qu'il
n'est
creusant,
il
dit-il,
siens, et chassant;
et
parle en outre de
VOued-Gkir
comme
,
s'il
avait successivela
ment
depuis
frontire de
166
UN T DAKS LE SAHARA.
il
parle de
poudre avec
la
passion d'un
homme
qui n'aurait
demeure dans
,
d'une
rue silencieuse
dans
le voisinage et
un intrieur misrable,
que
de malpropret,
sible.
le
,
degr de misre
est
peu sen-
Le spectacle
que
je le nglige;
il
achve nergiquement
la
phy-
deux ou
trois
sombre ne
tirant le
jour que
est basse
ne
laisse
fait
tout
oblique,
matin ou
le soir.
Jamais
la
les
murs sont
perptuelle,
sert
Hi7
comme
d'abord on
ne voit personne; tout au plus une femme qui disparat dans le trou noir d'une porte, le bout
du v-
soleil.
Seulement on
chambres
et qui
et
mesur par
la
porte,
tendus, o l'on
bruns,
fer
semblable un peigne
enfin,
peu
l'il
lieu,
fils
on
finit
blancs, la forme
assises et tissant, et
sur vous.
La fabrication des
la prise,
surtout depuis
rduit-elle des
quelques djerbi
ou couver-
Qiiebjuefois,
plusieurs
femmes ranges
cle
mme
tendue dans
la
longueur de
chambre,
le
168
lil
;
Ui\
ETE
DAi\S LE
SAHARA.
les
femmes
mur,
pant
les
le tissu
serrer,
les
cheveaux de laine, leurs nourrissons sur leurs genoux, La plus ge, assise l'cart, carde
la laine
De maigres
que leurs
filent
avec une petite quenouille enjolive de plumes d'autruches et laissent, du bout de leurs doigts jaunes,
le
long
;
fil
d'autres le dvident.
,
nus,
les
la figure, afin
de
monde
travaille;
la
Chaque mnage
lier,
a
le
dans
la
o l'on
fait
repas contre le
mur
noir de
fume; puis,
ct, la place
o l'on mange. On y
l'outre moiti
et
pleine contenant du
lait
que
sires, des
kimheaux de
tellis,
UX T DAiVS LE SAHARA.
Ui!>
mais en
si
grand
nombre que
mouvant
le
;
sol
en
est noir, et
pour
ainsi dire
l'il
fais-y
met en rumeur
cet
innom-
museau
pointu
moment
de
40 ou
o
42",
et
odeurs dont je
le
grce
amis.
La journe s'coule
lence
;
ainsi
les
,
dans
le
le
mari absent,
femmes au
les
le
chien veillant.
de
pas de
bruit; on entend
(h>s
distinctement le
bourdonnenicnl
le
carr
murs
flotte
gris de la cour.
un moment sur
cl lui
pav,
fait
lever
la
tie
au chien de garde,
L'oiseau
se
arrache un rau(|ue
aboiement.
tait
laisse
tomber,
comme
s'il
no
UM T DAA;S le SAHARA.
d'aile et
donne un coup
remonte;
il
s'lve en foril
mant de grands
se fixe.
On
le
distingue
encore,
comme
un point jaune
tach de points obscurs, immobile, les ailes tendues, clou pour ainsi dire
comme un
oiseau d'or
sur du bleu.
Le
fourneaux s'allument;
le
les outres
sont pleines,
on prpare
pour manger,
et la famille
un moment
mineux que
Hier,
truches.
chasseur d'au-
Le
soleil venait
de se coucher; de petites
ftide,
commenaient
s'exluilt
nombre
d'individus
mme
en temps de Rhamadan.
tait
I
chasse.
,
Le vieux borgne
avec
lui
en gaiet,
et
nous restmes
plus de
deux
heures
causer
Le lieutenant
N...,
la passiou
homme
n'a jamais
dit rufft.
\'
ITl
ici,
Il
appartient
classe,
fait
nombreuse
il
des
pitons du dsert.
qu'il
En
de monture,
le
est
douteux
;
dromadaire
il
ne
marque des
cavaliers;
quand
il
dans
la
pantomime
il
accom-
pagne
et
ses rcits,
que de ceci
de
cela,
comme
bon
dit,
en montrant sa jambe
valide et son
il.
il
En bomme
affecte
pour
un
mpris lgitime.
Les au-
l'eau venant
manquer dans
en
non pas
Vers
se fixer,
la
mais y
faire
des
pointes
la
nuit.
mme
les
l'est,
par hasard,
irrgulirement
il
En
re-
vanche,
la
la
ligne des
y a
Tu
connais
172
frquentent.
et par-
des plantes
fort
apprcies des
brle en guise
Arabes; on
les
:
mle au tabac, on
les
de pastilles
musc.
Il
suffit
gibier, assez
mesquin en comparaison de
est oblig
l'autre,
de se rabattre depuis
l'air
sjour qu'il a
de considrer
comme un exil ou comme un emprisonnement. Mais, comme un vieux soldat qui, dans un temps
d'escarmouches,
grandes guerres
se
consolerait
en racontant
les
notre ami se
quand
mle), on comprenait,
alors seulement,
citer
lui.
s'en mle,
il
est ais,
pagnie d'un
trevoyais,
conteur.
tout
monde mercelles-ci;
veilleux
lointain
que jamais
ne connatrai.
de
arcg,
173
ii el
du
cade pendant
avec ses
lence;
le
jour avec le
et
pendant
la nuit
si-
longues veilles;
toujours le
mme
quelquefois,
plusieurs
journes de
suite
bomme
guettant; par-dessus
entre une passion
tout
de sauvage
conspire la
dcourager.
Le vieux borgne
mettait
quoique ce
ft
lui sert
de canne
partait,
et se
mauvaise,
d'un ressort
on admet
gulire
qu'il puisse
iiiliirnit
avait son
il
unique
le
force
se
quemment d'un
sem-
10.
174
blajt
UN T DA\S LE SAHARA.
interroger les bruits, les odeurs, les traces.
il
Tout coup
se laissa
tomber
et
arme
colle au corps,
pendant un moment
ne bougea plus.
N'oublie pas le lieu de
la
scne
et
c'tait
le
deux
femmes
dans
coin de Ja
cour o
fientes
de chameaux, faute de
femmes
ranges autour,
par je ne
sais
le
quelle habitude,
regardaient tris-
fixes
qu'on devinait
au del,
les enfants
couchs prs du
mur
et
dor-
la cour,
l'in-
terrompre.
Aprs
un
moment
d'immobilit
complte,
el se
le
mit
ramper,
le
menton
comme
pru-
un
main gauche; on
ajuster longtemps,
demment, avec
la
certitude d'un
si
homme
qui entend
feu,
rare; enfin,
:
il fit
en
par un
voix de tonnerre.
En un
clair
fut
debout
il
cl
se
mit bondir.
d'action dans
mettait
son rle.
Il
imitait
la fois la bte
UN T DANS LE SAHARA.
175
il
rele
et
mouvement des
enfin, jetant
ailes battant
pesamment
la terre;
un
prit
petit cri
d'angoisse, de joie, de
et
possession,
tte
il
un dernier lan
sembla donner
se retournant
baisse
il
contre la bte;
partit
puis,
vers nous,
On
de braise
et,
des
Que dites-vous de
le lieutenant.
cet animal-l?
me demanda
boiteux qu'il
Je
est,
dis
et tout
Ah bah! on ne
le plus clair
pas,
me
dit le lieutenant;
dans
Il
le corps.
y avait l,
l'cart,
un
homme
scne qu'au
et se tenait assis
moment de
sortir
que nous
le
reconnmes.
Ah!
Le
nous
c'est toi,
Tahar ;
eaux?
tel,
se leva,
Quant au chasseur,
1-6
dans
dictions du ciel.
Est-ce
que
le
est
de
la
famille?
brave
C'est le frre
du borgne,
me
rpondit le lieu-
tenant.
On ne
un
homme.
le
fois
nuit,
l-bas,
qu'on avait
fait
un accroc
ma
capote.
plus
La
on ne
tirait
que dans
rire
palmiers.
lui
Ils
taient l
embusqus deret
un mur,
Ils
Tabar,
son
et
fils,
un autre
vieux.
dis
firent feu
:
ensemble
se
sauvrent. Je
au jeune. Le jeune
homme
il
La
tait inutile
de
le
poursuivre. Le
troisime tant
Il n'e
vou-
pas se rendre; la
il
je
lui
fis
entendre
raison, et
il
se laissa
emmener.
."\Iais
le
lendemain,
avait fil, et je
me
Deux mois
environs;
il
tait
en loques
et n'avait plus
fils.
de chaus-
On
lui
fit
l'I
il
et
alla
de-
meurer chez
Depuis, je
dit
lui
ai fait
On
lui a
tait
enferr
le
moyen de
soit
rendre;
moins
;
qu'il
ne
se
tran,
ajouta le lieutenant
qu'il y a quatorze
ramasss.
sparions, quelqu'un
joueur de
flte,
qui
tait tout
comme
sa voix
on et
dit
une femme.
Il
allait
nant.
l'a
Aoumer^
Oui
sidi
nous ne tenons
pas plus l'un que l'autre rentrer chez nous, restons chez Djeridi le plus tard possible.
Aoumer
est
les
jeunes beaux de
le plus avenant.
c'est le j)lus la
mode
;
et
a de la grce et
du feu
de
chose
plus rare,
il
a de la
nonchalance
et
la gaiet;
178
UIV
ETE
DAIVS LE
SAHARA.
teint,
peu de barbe
l'air d'tre
On
et
trs -brillant
cavalier.
le
nglig de tenue
pli
par son
gner de
voix
il
la
cheval,
de
danseur,
sais
et
monde. Je ne
il
est positif
que
le
lui
des effets
puissants. Sa propre
il
musique
aime s'en
griser.
;
On
et,
y avait foule la
porte de Djeridi
c'est--dire qu'on
et moiti
y voyait sur
caf,
fait
du ct du
Djeridi
figures
quelques-unes fumant
exhalant
et leurs
le caf
de Dje-
ou,
si
tu
des
VTi
T DANS LE SAHARA.
179
fringants.
On
L'choppe tabac
n'tait
ferme
le caf
lui-mme
le reflet
rouge du fourfai-
neau
sait
tait
prs de minuit.
Un
vent trs-doux
mouvoir sur
de diamants.
La voie
longueur de
rue;
il
en descendait
comme une
Aoumcr joua de
bientt avec
une
et
de ses bras
et les
mouvependant
tte;
que son
souffle expirait,
prenant
les tasses
ou
les
rapportant
pleines
il
comme
marchent
i)ruit;
les
Arabes quand
ils
craignent de faire du
doux
airs,
roseau.
L'heure
tait
en
effet si
belle, la
nuit
si
tran-
180
l'\
AXS LE SAHARA.
il
quille,
un
si
dans un ne
et
tel
me
ma vie,
musique d'Aoumer
admirable.
sa cigarette, la
et poli
s'il
sa rude figure et
ses
yeux ferms
comme
rflchissait.
Je
me
penchai vers
lui
et
je luis
dis
rpondit-il,
dites-vous
s'y
cette nuit?
dis
pril-il
si
il
a fait
chaud, o
j'ai
veill dehors,
j'avais pens
o je me
suis trouv
quelque chose,
je serais
devenu un
Puis
il
Mon
Aoumer,
si
tu dansais
un peu
Aoumer passa
sa flte son
le
voisin, se voila la
la
fit
des-
comme une
La danse d'Aoumer
est
L.\
ETE DA\S LE
AH AU A.
les
181
indul-
Peu
peu cependant
la
pantomime
se ralentit et
rue
touchant la
fois
de
la tte et
quelque chose de
l'heure
il
des frissons.
tait trois
Je regardai
et
ma
montre,
heures
demie.
dit le lieutenant.
place,
si
vous voulez.
Juin lS5;i.
Le temps
est
pidement, mais
lieu
ne
fait
Le
ciel est
de ce bleu ar-
dent
et
resses.
Le
que
l'air, souffle
par intermittences
et
le
matin
et le soir,
comme
poui entretenir
1
lS-2
UN T DAXS LE SAHARA.
les
seulement dans
pareil celui
du
imnlici indien.
tout le
monde
on ne
vit
Je ne puis cependant
me
rsoudre faire
moments de
car
les lieux
la
journe,
et est
pour un
mdiocre
plaisir,
ma
chambre
frquente
dcidment, de tous
que je
et cela,
ici, le
moins agrable
que
occuper,
pour
soir
je t'expliquerai faire
un
rien de
mieux
que de
me
pour me conseiller
je
les
m'y refuse,
et
ou de courir
la ville
en plein midi.
et,
pour
ma
si
un sentiment
en font au
contraire
un pays redoutable
l'on
meurt de
soif.
nostalgie,
quand ce
n'est pas
de chaleur ou de
et,
presque
arrter plus
de quelques jours
sous
peine
d'y
perdre
mon
temps, ma peine,
ma
mon bon
sens.
Au demeurant
peu propre
et trs-beau, est
charmer,
je l'avoue.
183
je ne
me
trompe,
il
monde.
C'est
une
dont
la
premire influence
est
de rendre srieux,
effet
que
beaucoup
de
Un
pour donner
l'ide de cette
et,
Au
centre,
une sorte de
puis
ville
sablonneux, enfin
mer
dans
peu d'accidents,
De
lumire
et
momentanment au paysage une physionomie menaante et qui peuvent produire alors des sensations
accablantes;
iK-i
L!.\
KTE
DA.\S LE
AHAUA
bilit
radieuse, la Gxit
La premire impression
de solitude, poignante
d'tendue
ot
peu cependant,
l'il
s'accoutume
l'espace
,
la
au dnment de
et si l'on
s'tonne
c'est
peu changeants,
les
rponde
l'ide extraordinaire
qu'on se^
communment de
la
et plus
ce pays.
Il
de plus dans
limpide
le
lumire;
et le ciel,
pour
tre plus
moindre tonnenicnt.
C'est
un
ricl
de
])ays sec et
j'insiste
remarque,
et
de
inond
lleuve,
chauff tout
de vastes lagunes, o
la terre est
humides, o
en continuelle transpiration.
;
montagnes
roses, le
main;
ot
L\'
TK DA\S LE
h l'oppos
II
1S5
quand
il
se dore
du
soleil coucliant, la
le si-
montre toujours
distinct et se
dtache du
ciel
il
le ciel, et qui
l'air.
la
de
Vers
le
plein sud
dans
la
direc-
tion
du M'zab
et
In
dans
cette partie
et
du dsert,
fait
pante, et
tre averti
norme horizon
,
libre
de toutes parts
nant tout, de
domi,
l'est l'ouest,
du sud au nord
mon-
mes meilj'y
matin,
suis
midi,
j'y
retourne
mon
ombrelle,
et
sans
186
ville,
encombre de ro-
l'heure
le
couche contre
le
on vient
nuit.
gard que
la
d'un rose
de points d'ombre
et
des
morne
soleil levant.
Il
y a dans
de vagues bruits
fait
et je
ne
sais
quoi de presque
les
chantant qui
pays du
monde
Alors, et presque la
jours, on entend
arriver
mme
minute, tous
les
du sud d'innombrables
les
gangas qui
Ils
pour
vol rapide;
on distingue
le
battement prcipit de
vol.
J'prouve une
succdent;
il
L'X
187
ils
en a presque toujours
toujours dans le
mme nombre;
ville.
filent
mme
m'arrivent par
la
diagonale de la
Leur plume,
le ciel bleu
moment
du ct
ils
je les
ont
de
les
entendre
jusqu'au
moment o
Il
la
dernire
bande
heures
et
les
;
se rveillent tout
coup dans
le
nord
ma
et,
tte,
mme
l'autre
,
ordre,
en nombre gal,
l'une
;
cette fois
diminue,
et
le silence.
On peut
et la seule s'est
journe
Le paysage, de rose
fauve
;
est
dj devenu
la ville a
beaucoup moins de
petites
ombres;
;
mesure que
le soleil s'lve le
mesure
qu'il
s'claire davantage,
dsert parat
du
vent,
il
commencent
elles
se
rpandre dans
comme
si
entend sonner
tout
mouvement
cesse
188
la fois, et
UIV
T DA\S LE
AH A K A.
c'est le
midi
qui
commence.
cette heure-l, je n'ai plus craindre
aucune
visite,
de s'aventurer l-haut. Le
monte, abrgeant
l'ombre de
la
tour, et
finit
ma
sol
,
tte.
mon
para-
et je
m'y rassemble
mes
sable ou sur
tord ct de
leurs craque,
moi sous
le soleil
comme du
bois qui
plus rien.
II
y a l quatre heures
ville
d'un calme
et
dort au-dessous
alors
muette
et
toute
une multitude de
et l, quelques
int-
rieures, et de minces lignes d'un violet fonc indirjuent qu'il n'y a plus
dans toutes
plus vive
,
les rues
de
Un
filet
de lumire
De chaque
muette
et
comme endormie
de
mme
sous la pesan-
l\ T n.WS LK SAHARA.
contre les deux flancs de la ville
loir la
,
189
avec
l'air
de vou-
reml)rasse en entier
clic
comme un
Bien
la plaine strile.
on remarque seuleforts
:
le
premier,
second, de bouquets
dont
il
le
des parties
dreuse
et
mur
d'enceinte; c'est le d-
Les arbres ne
la fort,
dans l'paisseur de
certaines troues
dorment en
at-
soir.
je
l'avais
remarqu ds
le
jour de
mon
rayons
lOO
L'M
T DA\S LE SAHARA.
,
gaux
le
frappent en plein
fois.
dans tous
ni
les sens et
partout la
Ce n'est plus
de
la clart, ni
de
l'ombre
sans mlange
comme un
plancher.
Il
semble
que
mme, on ne
,
sau-
plus dire o
il
y a du sable
de
la terre
ou des
sose
mer
On
demande, en
le
voyant
commencer
douteux qui
semble
la
couleur du vide
et qui
une
droite et
qu'il
si
l'ignort-on,
on sent
ne
ainsi dire,
que l'entre de
haute mer.
Alors
noms qu'on
tre l-bas,
dans
telle
ou
telle
direction, cinq
dix
uns connus,
d'abord
droit
II\
KTi:
DA\S LE SAHARA.
l'U
tion
de sept
villes,
monde; puis
les
Chamba, colporteurs
et
puis le
Touat,
fertile, arros,
popu-
qui remplissent
mits,
Temhektou
le
et
Ghadmes, Timimoun
et
le
Haoussa; puis,
que
le
noms de
villes,
avec une
capitale
forts,
peut-tre de
des produits
bizarres,
des
animaux
commencement de
le
cette
nigme,
de midi.
C'est
ici
sphinx gyptien.
On
loin,
ou
"par hasard
un
petit convoi
file
de chameaux chargs
apparat,
comme une
de points noirtres,
mon-
on l'aper-
seulement quand
il
102
lines.
VrX
T DA\S LE SAHARA.
viennent-ils?
tout l'horizon
c'est
ait
vus,
que
Ou bien,
le
coup se dtache
du
sol
s'lve en spirale,
vent,
La journe
elle a
elle finit,
comme
ciel
flammes
mon-
rochers de
la
l'est;
l'ombre
chaleur a fatigu
pendant
l'autre moiti
du jour;
tout
semble un peu
mettent
et les tourterelles se
il
se fait
comme un
;
mouvement de
nent secouer
on voit
et
vien-
maux
et
mne
boire
chameaux
qui beuglent; le
Quand
j'prouve
je rentre
comme une
de lumire que
j'ai
absorbe
T:
DAXS LE SAHARA.
103
heures
et je suis
C'est
une
demeure,
aprs
le soir
venu,
et se rfracte
encore travers
mon sommeil.
lerme
les
yeux
des flammes,
des orbes
pour
jour,
mme
comme
semble beaucoup
la fivre.
Pourtant je ne ressens
et je
aucune fatigue;
je devais
m'y attendre,
ne
m'en plains
pas.
La nuit,
fin
de juin 1853.
j'ai
je
me
vent du
tout
un peu,
je crois.
J'tais
malgr
le
sable,
malgr
les
dalles
qui
me
\9A
1;N
l)rlaieiit les
pieds, les
dos,
ma
mes
genoux, peignant,
couleurs
l'tat
comme
de mortier,
tant
elles
taient
mles de sable.
J'ai
commenc par
;
trouble
du
tout.
Le
instant
de palmiers
s'aplatissait alors
comme un champ
assis, les
de bl.
J'attendis
sinistre
du
de palmes. Ce
les
yeux;
j'tais
dcidment
de vue
me
rcsta-t-il assez
pour fermer
ma
bote, descendre, en
me crampon-
En
reconnaissant
me
il
cria
Est-ce vous.
,
Monsieur?
gez pas.
Quant
lui
dis-je
ne bou-
Ahmet,
est
jusqu' demain.
105
En
cet tat
d'abandon,
moi.
faisait
je pris
mon
cou-
mes
vitres
de
toile; puis,
que
la force
de
me
jeter sur
ma
sangle, en
pensant que
c'tait tant
pis
vaguement
peine
si
les
sonneries de six
je
et je finis
par m'endormir.
Je viens de m'veiller, et aprs de longs efforts,
j^ai
allum
ma
Il
me
reste encore
si
ma
tte
doubl de volume
et te
mais
la
peur
est passe,
je puis en rire
Il
l'avouer.
J'ai
est
onze heures.
mal,
mon
chssis crev,
pour arrter
vent qui
mes genoux,
la lueur de
ma
ombres
je
ne
l'ai
trouve
si
le
mur
est tapiss
de mouches du haut en
claire,
bas;
toile,
mes
vestes de
mon
chapeau de
paille,
les
en sont couverts; on
deries noires. Le
dirait
mouvement de
ma
bougie
allume
mouvoir sur
196
TJX
T:
DA\ S LE SAHARA.
place,
de
ma
caisse papier
mes
cantines, de
mes can-
tines
mon
J'entends dans
tants
ma
les
Ce sont de
faibles
cris
que je
ici
des taet
rentes ; d'autres
soupirs
me
font
Depuis
les
grandes chaleurs,
les serpents
ma
porte,
un
reptile
guern-ghzel
Ahmet
m'a prvenu
et plus
qu'il
en avait vu un de la
mme espce
la terrasse.
je les redoute
un peu moins,
aprs un
me
petits
causent encore,
mme
yeux
clairs,
beaucoup plus
laids
l\
que
elles
Tli
DA\S LU S\II\U\.
tu connais.
ntl
les
salamandres que
la tte
Toute
la nuit,
courent
de
ter l'envie
de leur donner
en avait
la
tte
demander
ce que
tomber
minute aprs,
n'taient
j'aperus
la
peine
tirer.
mo-
ment o
tenture
demeure ouverte;
celles-l,
coups de palmes.
Je
me
me
Quand
par
hasard
je
fais
la
revue de
mon
me
198
seignement
si
me
dsespre.
Ta me demandes
je trouve
et si je
Hlas!
faits
mon ami,
que
j'ai
les
le
chasseur
borgne
Ya-Hia
soign,
parfum,
taciturne et soumis;
un
petit juif,
emmen
presque de force,
l'y
et
qui m'a
fait
entendre qu'on ne
reprendrait plus,
le fils bouffi
du Bach-
Amar,
d'amis,
qui abuse de
pour
ainsi
o ces gens-l
Quant aux
femmes,
dmarches, pourparlers,
russit;
et
raisonnements, rien ne
quand on
voit
elles,
on peut tre
En dsespoir de
lains drles
les
plus
complaisantes.
qu'au
ce
dont
si
il
s'agit, leur
un peu
c'est
tard,
tu
veux,
et
mal
propos;
mais
ainsi
qu'elles
l'entendent,
UN T DA\S LE SAHARA.
L'autre jour
j'ai t
19*)
conduit, de manire ne
la
pas
insister,
d'une maison de
basse ville
o,
d'essai, je m'tais
la
aventur en per-
femme
tait jolie,
ou belle
sp
beau
et peut,
laid, ce
qui
prcisment
le cas
de
la
femme dont
je parle.
la
Elle appartient
comme
s'il
avait couru.
Ce
sourire
;
n'tait pas la
Il
dit le
lieutenant.
l'air
de
mais
nous
fit
un
en face de nous,
des yeux
en ventail.
instant le lieutenant
Au bout d'un
nous
Ce gueux-l m'agace,
laisse tranquilles.
me
dit
allons-nous-en, et qu'il
Depuis
avec Ahmet.
je
se turent en m'apercevant.
:
Le
soir,
demandai Ahmet
marchand?
son pre
;
Ahmet
m'expliqua
qu'il avait
envoyait de l'argent;
peu
celui
que
je lui
donnais,
et
que
tait
entr
mon
'200
somme,
il
tait
en
affaire
avec Karra,
qu'ils
que
je
Puis,
quand
je lui parlai de la
les
femme,
il
rap-
mit au
niveau de sa
comme
:
s'il
soufflait dessus; et
par ce geste
:
indescriptible
qui
veut dire
peu prs
il
C'est
fit
beaucoup; ou
que
je
me
dites-vous l!
me
comprendre que
Au
et
fond, je souponne
Ahmet
d'tre coatre
moi
qu'il
m'a
dit
le
Si tu
nn burnouss
mien.
les nuits
dans
Ce
qu'il y a
de plus
clair
c'est
que
l"
juillet
1853.
Nous
donne
voil en
pleine canicule.
Le thermomtre
au nord, un maxi-
l'ombre sur
ma
terrasse,
mum
quatre heures du
L.\
T
les
1)A.\S
LE SAHAllA.
201
fraches.
Aprs
nuages
rideau
se
sont
dissipes
d'eux-mmes comme un
se
serait
de
peu peu
On ne
ren-
sans vie
on
se trane entre
deux coups de
est
soleil,
malade.
Djeridi ne
peine
comme pour
le se-
ne bouge pas,
et
et
quand on
lui dit:
Eh bien!
teint
Djeridi,
le caf?
il
Mahan,
il
n'y en a plus.
En temps
jourd'hui, tout
homme
me
rveille
Ln pou
aprs, je sens
et
comme une
secousse dans
mon
le
lit,
du jour;
cette
minute-l
tu
commence
car
jene,
ni
jene absolu,
comme
sais,
on ne jcut
-202
U.M
DAIV'S
LE SAHARA.
voyageurs seuls ont
manger, ni fumer,
ni boire; les
une dispense,
la
ma-
ce
moment-l mme,
l'air satisfait,
la nuit.
Le
suspendue dans
et
l'attente
du
On ne
nuit
11
sait
comme le jour, on les dirait en dvotion. me prend des envies d'chapper cette
avant huit jours,
l'est
uni-
me
pays
mettrai-je en course,
pour
d'abord,
ensuite
le
pour
l'ouest. Je
t'ai
ma
parole.
La
me
moi
la ville sainte
de Tedjini, sans
moi
aussi,
mon
plerinage.
Juillet lS5:i.
Il
me
dit
UX T I)A\S LE SAHARA.
'20S
soir?
Tous
mme demande
les
et la
mme
que
rponse,
toutes
deux dans
il
les
mmes
se trouve
du nouveau
la
pente de l'hasoit
souvent
la soif,
nous mnent
chez Dje-
ridi, soit
c'est--
une eau
claire, sans
sie, et
renouvele deux
fois
Ce
soir-l, je
ne
sais
comment
il
la
Tiens,
faible bouffe
l'air
me
dit le lieutenant,
en aspirant une
l'est
,
il
y a de
de ce ct.
dans
les
une pioche
D'oii
main.
lui
viens-tu? De mon
sans plus attendre.
demanda
le lieutenant.
-20 i
VK ETE DAAS
I.E
SAHARA.
de jardin que
Remarquez
moi,
me
dit le lieutenant.
la ville,
il
Quoiqu'en dehors de
faisait
cruelle-
ment chaud,
terre.
et
et
et nu-tte,
Nous avions de
la
tude apporte des trottoirs de Paris, et que tenant a adopte par complaisance.
Il
un mouvement de
che
la
comme
dans
la
Cependant,
le
garde, le
lit
de l'Oued-M'zi,
et ce
ne
fut
qu'en re-
montant
rive,
la
les
que
je
du ro-
dit
que
les
le
jour
mme
du sige. Depuis
on n'a pu
fait
ni
les faire
du pays. Tant
bataille
ou dans
on
lait
tranquille;
aujourd'hui, pour un
rien,
ces
bles,
redevenues
L\
i;t1';
ua.\s
i,k
saiiaha.
passants,
205
conmic
les
l'est,
et
noirs
houille.
de loin allant
et
venant sur
la
le
couron-
pente de sahle
ou remontant
comme
ils
sec de l'Oued.
Du
on
il
en sort de par-
mler au combat.
La
nuit,
ils
battent la
campagne,
faisant la
ronde
les
enclos, dter-
qu'on
est fout
Ils
tonn d'entendre de la
le
ville.
:
lieutenant; coutez
par Bab-cl-Ckedcl.
12
206
UM T DAXS LE SAHARA.
effet,
En
de son chenil.
en retard
filer
Dans
me
pour
se mettre en tenue.
mi-cte
et
rocher, nous
chaud
et
avec re-
cette hauteur,
de
mme
si
couleur que
le ciel,
mais au-dessus
les toiles.
La
dans
le
marais de Rass-el-
de minute en minute.
-^-A
la
bonne heure,
VX T DAXS LE SAHARA.
C'est
JV...
20":
une brave
et
le lieutenant
Un
exact,
rigide,
peu
il
est aussi
agrable de parler
il
quand
il
veut
bien parler.
Ce
soir-l,
il
avait repris
fois,
une longue
histoire in-
terrompue dix
mois, et qui,
confidence.
dix fois
recommence depuis un
par une
tt
ou tard,
finira, je l'espre,
Tout coup,
il
me
toucha le bras
et
me
dit
Ne bougez
Il
fit
se leva,
me
son bton,
et
Le lieutenant
s'tait arrt, et
presque aussitt je
:
est l ?
lieutenant,
rpondit de
mme
en
le lieu-
C'est Tahar,
me
dit-il; le
fils;
humains mconnaissables,
:>0S
LX
T;
qu'il
D.WS LE SAHARA.
prtend avoir reconnu.
le sable, et
II
un ceinluron
lerr le tout
a en-
ensemble dans
ici,
de temps en
temps
les
il
revient
ce qu'il parat,
pour voir
si
nous
le
gnerions.
le
Tiens,
reprit-il
tout
:
coup,
borgne aura
il
est
que je ne croyais.
Le lendemain matin,
je retrouvai le
gardien des
les ge-
eaux
sa place
Juillet 1853.
On
me
voir ni dans
chang
glisse
mes habitudes.
la direction
me
du vent, quand
il
en
fait,
ce qui est de
mouches
et
de midi
trois
heures,
j'y
puis dormir
Malheureusement,
elle est resserre,
l'oasis
ressemble
la ville;
et
sub-
divise l'infini.
Chaque enclos
est
entour de
la
murs,
et
vue
s'fois
en rsulte qu'une
200
est enfoui
dans
Tous
on
voit se dployer,
comme une
multitude de bou-
deux
dont
il
faut pos-
ne pouvoir en sortir
le ruisseau coule
lit
au
fond
de
la ri-
promener
le
dos d'homme,
comme
je
l'ai
fait
sur
dos
inondes servent
ailleurs,
certains
endroits
de
lavoir;
on rencontre des
toufi'es
de lauriers roses
et qui
les
murs
ont pouss
joint
des pierres,
pareilles
d'normes
aurait
barre au
moyen de deux
on passe genoux.
On
ni
d'Kurope
pchers,
poiriers,
1^.
210
L'X
T DA\S LE SAHARA.
figuiers,
pommiers, abricotiers,
grenadiers, puis
de
l'est,
dont je
,
t'ai
parl
si
tu revois encore
comme moi
du
les vastes
bois allant
et
murs d'enceinte,
du tronc; puis
les clairires
pour enfermer
cette
Norles
mandie Saharienne,
le dsert se
,
montrant entre
comme
moi, qu'il
ce pays
pour rsumer
comme
comme
Juillet
1853.
Ce
soir,
(car c'est
mon
argent;
bien
till
deux
tablettes
le lieutenant et
moi
il
me
dit
Au mme
montant
instant,
l'escalier quatre
put voir
la
cantine vide et
mon
Nous
sor-
tmes tous
trois.
Dans
la
rue, le lieutenant
Maintenez-le
nutes, et
s'il
me
dit
me
Il
regardait du coin de
n'y avait
de
mme.
que peu de
monde sur
m'emparer de
me
Qu'en avez-vous
Je
fait?
de
me
retournai
Ahmet
que
n'tait plus l.
J'tais bien sr
c'tait lui,
me
dit le lieu-
tenant.
Nous reprmes
la ruelle
en courant.
A deux
pas
ma
porte,
il
y a
;
puis
un
troisime
au
bout
qui
nous avions,
du zig-zag
conduit au
droite, la rue
21-2
IX T DA\S LE SAHARA.
et,
Dar-Sfah;
plein d'eau,
les
jardins;
As-tu
nu y
lavait
canal,
il
Oui
il
dit
l'Arabe
en montrant
il
le
fond
du
et
s'en va par l,
est entr
dans l'eau
court.
Laissez-le faire,
la
me
dit le lieutenant;
il
va se
cacher pour
nuit dans
les jardins;
demain, au
jour, on le trouvera.
Mais
loin?
s'il
qu'il
O
il
aille?
A moins
risquera
six
ne
s'y
pas;
ou quatre, ou
comme on
quand on voyage,
faut
emporter de
quoi vivre.
Cependant, on
prit
le
on com-
manda une
patrouille de nuit.
Pendant ce temps
une perquisition
faire
J'ai
interrog le cafetier,
me
dit le liculcnanf;
il
avait sa
UX T
nA\
LE SAHARA.
a rgal
-213
il
Xos
Trs-bien, dis-je
je
connais
l'histoire,
et
j'aurais
d en prvoir
la fin.
la
dmarches dans
d'effroi,
basse ville
causrent
beaucoup
hommes taient
s'enfuyaient,
femmes
les
efTrayes
vieilles
sans vouloir
rpondre;
si
demandaient grce,
comme
nulle,
nous
les
eussions
menaces du supplice.
L'enqute
est
dis-je
au lieutenant;
attendons demain.
Deux heures
sions devant
pas-
ma
se
lorsque
forme blanche
dtacher du
mur
et,
prcipi-
tamment,
Qui
l? crimes-nous ensemble,
et
nous
ne rpondit.
Il
faisait si
ne voyait pas
mme
liens.
Il
l'issue
donnant sur
dit
:
la
cour.
Tout coup
le lieutenant
me
sorte
alla
Je le
venait,
en ttonnant dans
Il
y eut
une seconde
poussa une
la
mon ami
rsonner
place.
trs-aigu qui
fit
vote et
retentir jusque
sur
la
L'inconnu ne
soufflait
mot
et s'tait coll
contre la muraille.
21-4
parler? Qui
es-tu? reprit le
le
lieutenant, dont la
avait pris
main remontant
la
long du corps
Je
A
l'homme
gorge.
suis
Lche-moi, mon
peine
eut-il
lieutenant, ou je te tue.
vis
achev, que je
;
quelque chose
dans la
et
Ahmet
alla rouler
lieutenant ne
fit
appuyant son
:
bton sur
tranquillement
,
Tu
as
eu
tort
de menacer
tu
gtes
ton
affaire.
Presque au
mme
instant,
;
quelqu'un arrivait,
robuste Moloud
c'tait le
funeste folie de
et
il
l'entrana.
Sur
la place,
cependant,
il
y eut
une
petite scne
grand regret,
de se montrer svre.
:
Il
n'en
!
Pauvre Ahmet
de sa voix de multre, une singulire voix qui s'adoucit jusqu' devenir des plus
tendres quand ce
la
fait
li-
En un moment,
la
nouvelle avait
le
215
L'interrogatoire
la rue.
eut lieu
sance
tenante
et
dans
il
Ahmet
somme.
lui
demandai-je.
remettre.
te le
Et
il
me
surprit
mdiocrement d'aprs
lui.
soupons que
j'avais sur
quand
et
il
nous
vit
paratre
devant sa petite
lui dit
:
choppe,
Donne
Il
quMhmet lui-mme
l'argent.
regarda
d'abord
la
force
assez
imposante
qui
ques minutes
pendant
lesquelles je
reconnus son
et j'entrevis
des ranil
cupidit
du receleur,
al-
longea
main vers
comme
avec
effort
une
chaussette en laine,
et
peu
magnifiquement deux ou
trois
joyeuses nuits de
Khamadan.
Quant Ahmet,
assez
il
tait
fort ple, et
son regard
doux d'habitude
,
se fixa sur
haineuse. Aloloud
amicalement
216
LA T UAXS LE SAHARA.
je
l'ai pris,
rpon-
Ahmcl;
il
c'tait crit.
Et
se laissa
emmener,
dcmandai-je au lieutenant.
il
bons;
coups de blon
Oh!
Ce
faut qu'ils
soient
je dirai
me
(|ue j'aimais,
fatalistes,
m'a
fait
rflchir.
les
me
sonne.
J]]
TADJEMOUT-AIN-MAIIDY.
An-Mahdy.
Vendredi,
juillet
1853
Mercredi, dans
la
matine,
le
commandant nous
mout
risait
l'autre
au Kax
i An-Malichj
Il
nous auto-
notre choix.
Prenons Aoumer, me
amusera,
toujours,
allons
et
il
dit le lieutenant,
il
nous
ne nous ennuiera
,
jias.
Kt maintenant
boire
en
attendant que
la
chaleur
soit
tombe.
tout
le jour.
l'ombre
Xous achevions une orangeade, tendus dans une cour sombre couverte d'un vela-
6G au
soleil.
rium en
poil
218
L'.\
ETE
DAiVS LE
SAHARA.
ni
core
ni
mulet pour
De quatre heures
tait
un
petit
il
gant, dont
le bter.
bander
les
Il
portait, outre
bidons,
s'offrit
deux
pour
outres,
le
monter;
Il
du monde sur
la
l'aurait cras.
paratifs;
Dis donc,
manda
le
es-tu
all
An-Mahdy? dese
lieutenant un
trouvait
l.
l'enfant.
Alors,
du corps,
il
le
souleva de terre,
le
posa sur
le
sommet de
lui
la
remit en
main
la
il
ment
fis
sa
selle
autant do
mon
pris la tte.
i\Iaintenaiit
va devant,
dit-il
au petit, qui ne
tu
s'attendait gure
tre du
voyage;
auras
ci^
Li\'
ETE
DA.\S LE
SAHARA.
-21!
pommes,
Ali.
plus
qui?
Bab-el-Chettet.
!
emmne
son
fils
An-Mahdy.
Lui
Moloud.
dirai-je
mme. A
inaccoutumes de viandes
le
que
le
jene
allait finir et
qui suit le
les
Rhamadan.
Et
nous qui
emmenons
l'air
])lus
un
pareil
mo-
contrari
de nos
dsespre du petit
cur semblait
partons
laiblir.
Nous
une
heure
trop
taril
dit
220
le
UM T 1)A\S LE SAHARA.
lieutenant;
il
arrachons-les
ce
spectacle.
Et
prit le
,
La vote franchie
nous
dbouchmes sur
la
valle
Aouimer
avec Ali
et
Ben-Ameur formant
le
et
bagages
puis
lieutenant et moi
mon
domestique
terrible cheval
heures,
la
journe
allait finir;
et faible le
commenait
se lever sur
comme
vol appesanti
du houhahrah,
de s'envoler;
longtemps avant
et direc-
tement contre
le
soleil.
Une
petite
ouverture en
C/ioufel
montrant
allait
Ireli, vois le
chemin!
en nous
l'aslre
l'troite
coupure o prcisment
effet le dfil
plonger. C'tait en
du nord-
Le
potiquement Aoumer,
il
continua de nous
enflammer
le
Peu peu je
me
sentis
r\ ETE I)A\S
SOUS les paupires,
vis plus
et
I,E
SAHARA.
je les ouvris, je
le
22\
quand
ne
bas,
et,
pour parler
comme
Aon-
canon de
la ville, et
mulet
d'Ali et les
fois
urent la
comme une
j'ai
Mon
mer
rr..
et
lieutenant,
oubli
ma
flte,
dit
Aou-
poussa son
cri
do
piqua ventre
Nous
suivre de l'il
un
flocon
Ce
Tu
que
le
Rhamadan, qui
moins d'un mois
et finit
:
est le
carme des
Le jene
trs-
quotidien
fictive
commence
l'on est
cette
minute
prsum
/il
hlnnc.
Quant au mois
conlune
expire au
trois
couche avec
le
soleil
222
L\"
KT
DA.VS
I.K
A II A K A.
suffirait
Rha-
madan de
vingt-quatre heures.
Il
y a
donc de quoi
fin
du vingt-
le
monde,
avis.
ne
soit
Il
pas du
mme
faisait
le
col,
marchant
,
rocailleux
comme un pav
de granit,
creus par-dessous.
dalles
une
Donne-moi du
Aoumer
se
pencha sur sa
donn,
reprit la tte ct de
Ben-Amcur.
Le
me
dit
aller
sent le
mouton!
j'tais
manger.
!
voix
cria-t-il
et le
Rhamadan?
Aoumer d'une
lieutenant, rpondit
Et la
l'a
vue.
l\ KTK I)A\S
l,K
S.AH.^HA.
iJS
le
monde.
tant
mieux,
dis-je
au lieutenant, les
sommes
encapuchonciel
silhouette
elle-
mme
la
fit
enfin
le
nous n'emes
du mulet,
de route,
et
le
mamelon,
lais-
mme
la
marchaient
jour,
sans glissade et
sans tincelles,
car
aucun
taninfi-
au contraire, un
mouvement
,
plus souple,
et
comme un bercement
:>.>i
I\
IITK
n.WS
et
I.E
SAHARA.
le
changeait de nature
vaguement s'tendre
droite
La nuit
tait
admirable
ment
toile
comme une
et
mme
scintille-
ment partout,
comme une
et
sorte de phosphores-
couraient d'innombrables
tant d'clat,
que mon
mouvement,
indfinis-
bruit,
mais je ne
sais
quel muiniure
du
ciel et
qu'on et
dit
produit par
des toiles.
le
plus profond
paisible
si-
Le lieutenant, dont
la
jument
,
se
maintenait au pas de
lriers sur le
mon
cheval
cou de sa bte
et s'tait
accroupi dans
pommeau. On
probablement,
peu de
la
route M.
;
toujours l'arrire,
toujours
agit;
Aoumer
donn,
avait
essay de sa flte,
quant Ben-Auieur,
tait
impossible, depuis
le
commencement de
encore, ou
si,
la
nuit,
d'imaginer
s'il
veillait
fidle
son
l\ T DAXS LE SAIAKA.
habitude,
il
225
dormait.
On
et
pu
le croire
absent,
la
le
tabac,
et
quand
plus sourde
travers
,
de l'indolent cavalier
rpondait,
comme
un rve
djebira
Prends
garde aux
abricots
"
la
de
Ben-Ameur
,
Pour moi
je
pen-
de mes sou-
me
paraissaient le
plus propres
me
pus
tenir veill.
tait si claire
;
que
je
ma montre
Regarde
moiti route.
le
B'touni
dit
Ali;
nous
voici
Si
dit le lieutenant
qui
rvait.
O ? demandai-je. Mon
Ici.
Dcidment
Et
il
le cheval
m'engourdit, reprit
le
me
fit
les
inconvnients du
-lia
(lait
UX T DAi\S LE SAHARA.
il
prouver que
la
marche ibrcc
est le
plus
quand on s'endort.
qui montait sens'aplanir.
le terrain,
De
bouffes
,
d'air,
venant
d'un
horizon
plus
loign
nous apportaient
comme une
saveur hu-
grande distance
faibles et rares
encore,
mais
devant
nous,
de
coassements.
reste de l'eau dans l'Oued, dit le
cet
Allons,
lieutenant,
il
que
avertissement
si
des grenouilles
loin.
terre
d'eau.
De chaque
ct s'alignait
d'arbres bas
la nuit, dis-
tamarins de Recheg ;
et,
pour
la
premire
fois, je
VOued-M'zi.
le lieutenant.
n'est
la
le tapis
plus, n'est-ce
et
celui
de
r\"
.J-27
furent
dans
et
le
bois, en
compagnie de
la
jument
jaune
pique
dans
le
Ben-Ameur
rien dire,
manger des
Aoumer
tait
s'abstint,
si
comme
que
la
s'il
avait dj dn.
La nuit
calme
Le dernier couch
s'tendit.
vacillt.
Et Le
bon Dieu,
dit
un sourire dlicieux.
Je ne puis dire lequel de nous s'veilla le pre-
les
yeux, je vis
que mes
yeux
aussi, les
et,
dj,
La
comme
deux
taillis
un chemin de
un double
peine y
restait-il assez
d'eau pour
entendues
nord,
la
A un
rivire faisait
un coude,
par-dessus les
22S
UN ETK DA\S
l,E
SAHARA.
et
lilas
ligne
des couples
la rivire
avec inqui-
qu'effrays
de
nous
voir.
On
entendait dans le
taillis la
voix du
quoiqu'on se sentt
11
fort
abandonn.
la
ment
C'est
n'y a rien de
qui
tel
que
campagne,
me
dit
le lieutenant
l'Oued-M'zi
rappelait videm-
dommage que
l'eau soit
sale.
On
comme une
forte solu-
de
la rivire et
trois
la
plaine intermdiaire
unie,
plate et
vide;
deux lieues
on remarquait quel-
ques palmiers mls des vgtations chtives, derniers restes d'une oasis morte de soif ou ruine par la
guerre;
le
petit
Ali
ne put rien
l
m'en apprendre,
en arrire
les derniers
mamelons du Djebel-Milah:
devant nous enfin,
strile,
immense campagne
rx KT: DAXS
l'arle
I.E
SAHARA.
220
un
ciel
dj appesantis
les paules,
par
le
soleil
qui
nous embrasait
vent, venant
son lointain
pour indiquer
qu'ils
commenait
Tadjemout
se
former au-dessus de
entre
et
nous.
tribu qui voyage, dit Ali
:
En
l'on
C'est
une
rahil,
un
dplacement.
effet, le bruit
et
put
bientt
des
mesure
tait
couj)s
rguliers
Puis, la pous-
siner une
de cavaliers
et
de chameaux
se disposaient
o nous
nous
fut
230
VN T DA\S LE SAHARA.
marche
et
la
de
composition
et se
de
la
caravane.
Elle tait
nombreuse
tte,
trois
en peloton
couleurs
:
un tendard aux
de la hampe. Au del
blancs ou
et
sur
le
dos de dromadaires
d'un fauve
trs-clair,
atntichcs de couleur
bataillon tout
un
par
la
caravane pied
accourait,
daires,
pour suivre
de
cune
tait
conduite
par
des
homme
de chiens.
Ce a
moment
que ce
La grande
tribu des
,
rons d'El-Aghouat
est
fameuse tribu
la ])lus
opulente, enfin
la
:
tribus
sahariennes
M.
le
gnral
livre
U\'
(c
ETK D.WS LE SA H A
II
A.
231
itinraire (iu
trs-braves et
'.
<i
te
des en-
les cite
avec
les Sciid
de guerre
les
du Sche-
|);irtisans
liers.
Au moment o nous
engage,
touclie
et le
commenait
majestueusement
la
rive oppose.
et
:
costums,
tous, avec
comme pour un
carrousel
selle,
ou
tenus
de
la
main
uns portaient
le
chapeau de
jiaille
conique emj)aiKi-
232
UX ETE DAIVS
J3I
I,E
SAHARA.
ch de
la bari)e
ressemblaient
;
ainsi
femmes maigres
et
basanes
d'autres,
la
cemture,
pistolets et de
couteaux
et
le
vaste pantalon de
vert
ou bleu,
comme on
les
moyen ge,
et
dont
les
longs chelils, ou
mouvement de
Il
queue
flottante.
y avait l de fort
beaux chevaux;
mais ce qui
me
la franchise inattendue
bien observes
les
par
les
Arabes,
si
com.
vaux noirs
comparent au pi-
comme
fin.
le
d'autres encore,
et
dont
la
peau se
hu-
TK DA\S
I.E
AU AU
A.
233
mide
raient
roses.
et ras,
pu
magnifiquement
tahleaux
questres
compris
la diffrence
et le
voca-
Au
chevauchaient, l'un
un
tout
jeune
homme
que
la
modestie
mme
sa
l'irrprochable
propret
de ses vtements,
grande
taille, l'paisseur
de sa tournure, l'ampleur
de sa tte coiffe de trois ou quatre capuchons superposs. Enfoui plutt qu'assis dans sa vaste selle
damasquins d'or
et les
le
pommeau
tincelant de la selle,
menait
petits
seaux ardents
noirs,
et
comme un
Un
le
koheul.
sait
condui-
234
il
UX T DAXS LE SAHARA.
robe de satin blanc, vtu de brocard
la et tout
la
har-
musique
et fai-
les amulettes
splendide
de sa bride. son
fusil
Un
de luxe.
tait habill
Le jeune homme
un cheval tout
de blanc
et
montait
noir,
norme d'encolure,
blanc,
trs -ple,
queue
tait
fluet,
assez
si
et
c'tait
d'un adolescent
si
dlicat.
clignotait en
nous
regardant de loin;
et ses
avec son teint sans couleur, lui donnaient encore plus de ressemblance avec une jolie
tait
fille. Il
ne por-
la
vtements;
on ne
et
main qui
une
petite
main maigre
aux jarrets
son
fils,
le petit Ali
fit
se jeter
r\ KTK D.AXS
!
I.i:
SAHAUA.
mais
-J3.j
le
lieutenant
tonn comprit
ne bougea pas.
le
;
me
l'effet
d'un
liistrion
un il
difficile
en
fait
d'lgance, et je ne pus
:
Le
main
;
vieillard passa et
la
que nous
homme,
arriv
fit
de sa crinire
le petit et
et alla
mme
jeter les
23fi
T\ KT DAXS LE SAHARA.
tambour,
settes en
dans de longues
mu-
deux de front,
cbameaux porteurs
que de
maJiara
marcbant,
comme
)>
du pas
noble de l'autruche.
satin noir passs au
cou
et
l'efTet
litires
un assemblage de toutes
les couleurs
du
damas
citron,
fond noir,
et
un atouche en
bleus tendres avec des verts froids; puis des coussins mi-partie cerise et
meraudc, des
tapis de haute
relle
aux Orientaux,
du monde.
l\ ETK DIX
I.E
SAHAllA.
JS"
caravane.
Vu de
face et d'un
peu loin
ce haut
appareil s'levait
comme une
que
tu leur connais.
On
geuses de distinction
tueux berceaux
au-dessous de chaque
vait
la
de temps en temps
avec une voix qui
lelui
tte et s'entretenait
s'arrtaient le luxe
couleurs; car,
mobi-
batterie de cuisine de
les
compagns par
femmes,
les
Des
jaune
des
bassins de cuivre, des armes en faisceaux, des ustensiles de toute nature cliquetant
au mouvement
de
la
ensemble par
en jetant des
les cris
pattes,
et
ailes
comme
sa
amarres
-23S
lait
uniforme
Il
offert
chameaux.
ou deux cents
it
pour transporter
poil
n
bagages
et
les
maisons de
de cette petite
cit
nomade en dmnagement.
de la
les
On
voyait, en outre, de jeunes garons, assis tout l'arrire des btes, juste au-dessus
cris,
l'ait
quand
l'un
dans
ou bien de
nus, suspen-
dus h l'extrmit de
balancer
comme
(jui
dans un berceau.
l'exception du harem,
femmes
De
petites
filles
De
vieilles
femmes, extnues
que de grands
tout petits
vieillards se
faisaient
porter par de
terre.
Il
,
d'bne
chchia rouge
iiuncnts
couvertes
depuis
le
poitrail
jusqu'
la
et suivies
de
Ui\
1)A.\S
LE SAHARA.
i'M)
les
comme
s'ils
les
tranaient aux
c'tait aussi
beau qu'un
bas-relief antique.
de
la foule, et
qui, tout
fait
mentant encore
la
ajoutant
le
trot,
et
de
la
caravane.
mon-
l'est.
Avouez,
nire de
s'effectue
le
dis-jc au lieutenant,
l'avait oubli,
comment
le
peuple
monde.
couvre un
qu'un renflement de
240
UX T 1)A\S LE SAHARA.
d'un
monument
Un
mur
se relier,
et se
la vive
lumire
et
couleurs
gris
et
bleu.
droite, sur la
et l'autre
croupe
mme
A une demi-lieue de
Aoumer avec
la ville,
nous dpchmes
,
la lettre adresse
au Kad
el
nous
lui
recommandmes de
vres.
la
veiller ce
que
la
dijfa ft
et lui
fit
leon suivante
r\ T DAXS LE SAHARA.
toi
-241
que
c'est
monsieur
et
moi qui
sommes
les
tu
me comprends?
petit Ali porta la
:
Le
main droite
sa poitrine et r-
pondit
Oui, Sidiia.
Formule presque
inusite de
A mesure que
les
Tadjemout
dcomposant de
lui-mme,
et
que
Il
la so-
tait
neuf heures
le
soleil
dj
haut
la
frappait
te
carre
pareille toutes
la
por-
un long
fusil
pendu dans
le
dos,
suivait en
mme
tumulaircs,
devant
lui
un
ne boiteux
et vers le
droite,
sommet du mamelon
de
rochers
rougetres
on
voyait
deux chevaux
pieds
comme
242
UN T DAXS LE SAHAUA.
gauche
et
et
mmes
sol.
Le
se
dmenaient
beaucoup sans
moindre
le
cri.
Il
y avait dj quel-
monde
s'empressait.
Au molui
assez propre-
pr-
tandis
que
de l'autre
il
pommes
Il
Kad de Tadjeniout.
et
:
se mit sourire en
la
nous
plus
voyant
claire
nous
dit
en franais, de sa voix
Bonjour,
mon
lieutenant,
comme
s'il
ne
nous
un mois.
attir
,
ne tarda pas
-Ji^
ne pouvant
suffire la curiosit
nombre des
visiteurs
demeura dehors,
la rue.
et
fit
bien
Au bout
d'un instant,
moyen de
respirer, et j'avais
perdu
que
celui
du divan chez
les
ksours du sud.
On
il
n'y
danger qu'avec
de
rel,
la
faut l'avouer,
la canicule,
les in-
celui-ci, j'avais
dont le moindre
tait, sans
con-
tredit, la chaleur
et je
que
les
mouches avaient
ici,
dans
une arme
d'odieux auxiliaires.
Une hirondelle
avait
le
plafond
La porte
tait
la tte
sur le seuil,
il
ne
restait
pour
elle
,
Aussitt
'24i
rx ;tk daxs le
ah ara.
ltes
du nid
de
petits
becs
asile
occup par
la
monde,
la
bsitait,
et
pour s'en
la
aller, entre
porte de
cour
celle de
elle
pour prfrer
seconde, car
c'tait
que
la
l'autre ft
peu
mme
incertitude,
chaque
fois
Balek
deux pour
lui faire
place, d'autres encore plus complaisants qui s'cartaient tout fait; l'oiseau prenait son lan et
cri.
fihiit
en jetant un nouveau
Grce ce
trait
j'aurais volontiers
pardonn
ces
braves gens do
nous
faire touffer
manire de se reposer
si
manquer de
une
demande
Tous
certains
TK DAXS LE SAIIAUA.
;
'245
taient ruisselants
les
burnonss transpiraient
comme
qui
me
Sentez-
vous?
me
dit le lieutenant,
mais
c'est
je les vois. Si
d'aller vous
promener.
Au moment o
,
je sortais,
je
me
qui portait
mouton noir
qui
blait.
tout frmissant
de se trouver pris
gaillard, vctu
taisie
Un autre grand
comme
le
vait
main. Le Kad,
le
me
prsenta
pauvre ani-
mal
carta
sa laine
me
montra
De mon
et
cAt, je fus
vante qu'on
allait
mettre
la
brocbe
que
j'allais
l'effet
Hlais je
me
fis
un peu
deTadjcniout ne m'inspira
et je n'y
renconle
comme
dans certaines
cours d'El-Agboiiat. Je
fis
le
i.
i>46
Ui\
ETE DA.XS
,
I,E
SAHARA.
et in'aclieminai
malgr
la
patrons de Tadjemout
et y
dpose ses
,
Le marabout commande
la ville l'est
celui de Si-Hadj-Aca
Il
commande
un quartier d'El-Agliouat.
est
mur
en pierres sches
et
barricad de manire ce
Il
y avait
une multitude de
mur
par dvotion.
Puis,
mamelon,
par
le
nord.
s'est
Tadjemout ne
subi en
mme
som-
met de
la ville, c'est,
et
quelques pans de
murs encore
si
ruines.
On
Ces jardins
entourent
la
ville
de
trois
cts.
comme eux
LIV
I:TK
DA\S
].K
lit
SAHARA.
est large
;
-247
trois
il
est
con-
sans cailloux
de l'autre
il
parat
la
moment de
plus rien.
On
De mme qu'
pour ne Le
se
El-Agliouat,
soleil tait dj
je m'arrtai
devant
le
panorama de
Aghouat
la
mme
heure
On
n'en-
Au
dj de
l'il dcouvrait
un horizon
fuyant dans
un cercle de montagnes
fauves
ou.
cendres,
petit
nuage unique
Amour,
ville,
sans aucune ombre, enflamme de soleil, ne donnait plus signe de vie. Les
j'avais
seulement,
ils
du ct du
248
IX T DAXS LK SAHARA.
Il
nord.
y avait
une tente en
parmi
battait
du
lait
plus pro-
On
l'efTet
de celte
puisse clairer le
le soleil
de midi
fait sortir
de vie
et
de bruits,
et
le soleil
de
inconcevables, rsiste la consomption de ces terribles ts, qui desschent les rivires,
les
corrompent
tarir, et
ne donnent qu'
c'est la
peu de gens
verte
temps de
;
vieillir,
couleur
des feuillages
harmonies
les
de
la
palette.
Je
me
suis rappel
les
potagers nor-
mands
mieux arross,
au.-^sitt
nouie de l'anne,
aprs
la
frondaison, sans
rend
le
et aussi la
comparai-
l'\i
T DA\S LE SAHARA.
le
^2A9
en
efifet
nu, coupetits
leur de chaume, o
Ton ne
voit
que quelques
fltries.
si
Ces jardins,
si
ver-
doyants par
la gaiet
le
la fortune et toute
de Tadjemout.
ai
moi, je n'y
liCs
vu que des
pommes
le got.
reilles des
pommes
Quant
cidre
grosseur
c'est
et
pour
l'ahricotier
taille,
du sud,
un
bel. arbre,
de haute
prime par un
symtriquement,
comme
de broderie.
l'au-
est
devenu brun,
la
ressemles
comme
pommiers normands
fruits
et les
orangers, se couvre de
en
si
est
accompagne d'un
ce
(ju'il y
250
U.\
de plus prcieux dans les vergers du sud. Les abricots secs forment, tu le sais, le fond de la cuisine
arabe; on les
fait
on en compose, avec
fort
peu de viande
et
,
beaucoup de sauce
Siujel-Jhl^ toute
sorte de ragots
Des grenadiers
faire place
au
fruit
plus fonces
que
les figuiers
le reste;
de tous
les ksours
du sud.
ici
Somme
que
les
toute,
;
heureux
hommes
car
vivent plus
commodment.
cheur que
et le
la vgtation parvient
exprimer du
sol,
cette
atmosphre inerte
en paix dans
et brlante
le recueillent
On ne
les
si
on
les
entend se d-
ranger dans
les feuilles
s'envole
et se
l\ KTK
agite,
cil
DWS
LE SAHARA.
;251
s'y
la voit
un moment
retire
puis elle se
au cur de l'arbre,
fait
pousse un ou deux
les
roucoulements,
mouvoir encore
tait,
dards aigus
en
mme
redevient immobile.
Quand
j'entrai
tendait plus
fit
un signal du ct
au bout d'un
petit
des cuisines, et je
apparatre,
et
tout
fumant du
agneau
noir,
fut
Aoumcr
les habitants
d'une gaiet
folle
pendant
tout le
la
cour,
et c'tait
et
.'\ii-Mali(ly, juillet
1853.
o je
tait
J'accomplissais en ce
;
moment un de mes
plus
25-2
L\ T DA\S LE
n'tait ni
AH A
11
A.
Ce
m'mouvoir;
le
ne
sais
nom,
quelques lambeaux
remparts contre
r.Afrique
le
premier
homme
de guerre de
vrai
qui m'avait
tiale,
fait
ville
abba-
comme
encore
pensais
le
faisant, je
me
rappelais le temps o
fort
El-Aghouat
mystrieux,
tait
et je
ma prome-
nade
et
c'tait
matin
;i
Tadjemout
et
que
A droite
et
gauche,
fuyaient parallleet
seu-
des
gouttes
UX T DA\S LE SAHARA.
zon;
c'tait derrire ce
253
mouvement du
sol
que nous
An-Mahdy. La montagne au
plaine
et
An-Mahdy.
quer
n^en
fallait
le voisinage
d'une
frquente.
il
Ces
deux ou
moins
presque gaux, o
de
cailloux
terre
est
y a
qu'ailleurs,
la
une
grande
troupe marche la
le
plus poudreux,
le seul
llement dans
aussi, car
il
les
passage
front.
ordinaire
de
plus
de deux
de
La route
touffe
la
tourne
l'herbe
fait
chemin qui
un
large
em-
des
hommes. De
loin en loin,
254
L'M
T DAKS LE SAHARA.
les
murs d'El-Aghouat?
De
dans
le silence.
gauche,
et
malpoil.
du
jaunissants.
tait
cou-
exhalait
le
jnusc.
A
nes.
Deux de
trottait
ces
troi-
sime, velu
comme un
de
la taille
d'un gros
et s'ar-
mouton,
rtait
rameau ple de
que
le
dit
stres
on et
et
une corce.
Ils
taient en turban,
en jaquette
costume,
l'effet
U\'
255
me
surprirent tout de
avait
au cou un chapelet de
de D'jelfa;
il
en roseau,
comme
le fou
tenait
tortue,
brut.
longtemps deviner ce
Outre plusieurs tambou-
muun
manche,
et
je voyais, distance,
quelque
comme une
ondoyer au-dessus de
charge
et flotter
confus-
mentjusque sur leurs oreilles. En approchant, je m'aperus que ces paquets taient de toutes les couleurs
et
de
la plus singulire
apparence
c'taient
;
peu
par
la
forme,
m'tonna
avait positivement
avait
un bec
et
deux
pattes.
Il
y en
un grand nombre, de
uns
tailles diverses,
et tous
les
petits,
et
les
autres,
comme une
et
ne manquait que
256
cri
de ce qui
fait
peur.
Imagine,
la
mon
fantaisie
eussent
fait
leurs frais,
les
par Tadjeles
mout, chez
douars du Tell
industrie.
essayer
l'effet
de leur innocente
les
et,
ils
Je dis Aoumer
de
questionner
faute de
mais
ils
nous
venaient.
rcit fait
Le
en
nom que
je
reconnus dans
le
fut
Ouaregla,
rire,
:
dit
C'est
une
ville
l'on
aime beaucoup
hasard
,
Aoumer.
tout
je
leur criai
Kouka; Kano, et tout ce que je connaissais de noms appartenant au Bernoii. ils se mirent rire
avec cette aimable gaiet des ngres,
rieurs
les
plus francs
:
de tous
les
hommes,
air
et
ils
rptrent
:
de connaissance
qu'ils
j'en con-
peut-tre tort,
Tchad ou
l'eau.
Haoussa.
Ils
nous demandrent
l'outre tait pleine.
de
Heureusement que
me
retournai
pour
dans
la direction
de Tadje-
UN T DA\'S LE SAHARA.
mout, qui n'apparaissait plus au fond de
prsent dore
,
251
la plaine,
La premire
dbarqu de
fois
que je
traversai la Metidja,
tonn
(j'tais
de faire ce
trajet
en diligence,
;
mais
je le fus bien
la plaine,
coiff
lui
un orgue de Barbarie
chant. C'tait
Quatre-Chemins
palmiers nains
;
de
isole de palmier
en
encadrement de
l'Atlas en-
ronn de neiges,
et
c'tait
Je venais d'apercevoir un
comme
aurait
fait
chez
comme
l'ibis
an-
pouvait
prendre
pour un
serpent.
L'Auvergnat
je fus
jouait l'air de la
indign.
Hier, en
me
Il
ngres, ce
pris
cette
258
qu'un jour
ils
se rencontreraient peut-tre,
l'un
musique
ngres
et
qu'ils joueraient
ensemble des
airs
et
vue
et la
nous
massive,
crase,
lgrement
leur brnne,
le
marque de deux
c'tait
centre:
qui
An-Mahdy.
ce
moment,
le
soleil,
dclinait
contours dentels,
et noyait
dans un rayonnement
les
ml de
chelons
violet et
de bleu verdtre
premiers
du Djebel-Amour.
le
A mesure que
nous
approchions,
tre
mieux
choisie
cette ville
longtemps mystrieuse
demeure
sainte.
Cette
l'X
i59
culier
rait
II
ml de
que m'inspi-
Ain-AIahdy.
tait
sept heures
le
maon-
solide,
coiffs
de
chapiteaux
en
pyramides,
prvenir le
Aoumer nous
avait
prcds
et
pour
lier.
lev, qui
de
sorte
que
les
jardins ont,
comme
et le
la
ville,
rempart
un chemin de ronde
le
par l que
guide nous
:
gagner
a
l'air
la
grande porte
elle
est
pra-
que ne
arabes
rures
; ;
le
sont
d'hahitude
les
portes
des
villes
elle
a de solides battants
arms de
ferle
contour,
comme du
garnit
est
Le porche
forme
enfoncements
et
mnags dans
l'intrieur
une
vritable
place d'armes.
260
monumenbtis
prise entre
pierres,
dirait
sans
propre
qu'on la
balaye.
Au bout de
angle droit au pied d'une maison blanche, d'architecture mauresque, et dont la forme singulire
en
ogives
prcieusement
sculptes,
est
de sa spulture
et la
mosque d'An-Mahdy.
chez
toi,
Ce
tu
quand
seul
vague,
ce
nom, quand
sortir avec
fit
componction
me
prouver,
Il
mon
cher
imprimait ce
un caractre
prcis de grandeur,
homme
hautain
et si recueilli.
Mes imaginations
d'autre-
fois
que
j'avais rv.
Une troupe de chameaux sans gardien encombrait la rue dans toute sa largeur.
En de
et
il
au
n'y
silencieux,
UM T DANS LE SAHARA.
avait personne.
261
La rue dserte
palpable,
se remplissait paisiet
blement de
rousse,
cette
omhre poudreuse
charge
de couleur
chaleur,
ombre
de
du sud,
la
tombe de
tait
la nuit.
La
terrasse de la
maison de Tedjini
occupe par
un
petit
nombre de gens
mme
ct,
du ct des montagnes.
nous virent
distraire
entrer,
sans
du couchant.
attendait quelques pas
grande,
nos chevaux
un
escalier
bien construit
mne
l'tage,
chambre en
une belle
ter-
pour
la nuit.
dans
les traits ni
il
re-
prsente convenablement
cette municipalit,
dans
vote.
C'est
un homme simple
fine,
digne, dont la
le
physionomie
quoique trs-placide,
vte-
ment de grosse
clief militaire.
15.
2G-2
UM T DANS LE SAHARA.
fut grave et froid
suite
Son accueil
et j'y
comme
une
sa
personne
remarquai tout de
sorte de distrac-
lion
empressement.
lui
peine avions-nous eu
il
le
temps de
l'avait appris
m'en tonnai.
la diifa.
Les deux
leur
coutume,
et je vis,
chose de grave.
et
C'taient
des mets de la
Emporte,
il
au Kad qu'on
tromp.
avait-
serviteurs et d'amis.
Ils
la ter-
rasse
eux en considrant
couchant.
Savez-vous ce qui
le lieutenant
:
se passe?
me
dit tout
coup
et le
ils
Rhamadan
Aoumer
II\
ETi;
UAXS LE SAHARA.
tout le
2G3
tinua
l'avait
d'affirmer que
monde
l'Agliouat
vue
la veille
au
soir, sept
heures trente-
cinq minutes.
Ce
qu'il y a de
sr, c'est
que nous
les
envoit,
nuyons beaucoup,
et je crois
dis-je
au lieutenant; cela se
gner
que
annonc
n'arriver
la fin
du jene, pour
An-AIahdy que
premier jour du
moment chez
leurs voisins
que toutes
les cui-
sines fumaient;
que
de l'odeur
et
des viandes
le petit Ali.
si
et je pris
tmoin
les
deux spahis
les
Beni-l'Aghouat avaient vu
lune nouvelle,
;
A
zon;
la
ce
et
moment,
le
Kaid tendit
long
de la lune naissante.
sion d'un
fil
une
comme un
il qui se dilate
264
UN T DANS LE SAHARA.
en souriant.
ce signal
tait si
il
charmant de
moment
plus tard
,
effils
de son disque
puis dis-
ce qu'il venait
devoir
Rhamadan
fils,
grave dans
le
Quant
;
moi
le
me
prendre
j'en-
tendis
des
joyeux
sortir
de
la
regardai, pendant un
moment,
dessus de
ma
tte
et,
mardjel de
m'endormis au milieu de
la table
manger
qui tait en
mme
temps notre
lit.
An-Mahdy,
juillet
1853.
V^ T DANS LE SAHARA.
(l'aspect
265
qu'il y ait
une couleur
ment
rale,
l'une et l'autre
mais
c'est
sais
mme
la fois
de
la
produit,
et
La
et
5)
ville est
la plaine
dcrit
une
On
Toute
la partie et
des fortifications
est tat
admirablement construite
d'entretien.
dans un superbe
,
Le tableau gnral
au lieu de
et se
sommet
des
relet vert.
Lu
s'lve assez
Le pauvre k'sour
et sans abri
'266
Bisk'ra,
la
tmoigne de
guerre. J'y
ai
cette
de-
une
oasis.
rivire,
mais on voit de
de
la
source An-
Bab-el-Sakia, le ruisseau
d'o
il
un
les
bassin
va
par deux
cluses,
arroser
il
jardins.
Ici,
comme
El-
Aghouat,
un kilomtre
core
l'mir.
assise
de pierres
ranges circulairement
comme
dans les
<^/o?/f/rs
l'intention de
ie
Comme
tu le sais,
;
elle
hommes
les meilIl
eut
un moment o,
fatigu de la
canonnade
et
voyant
UJV
T DAXS LE SAHARA.
iCT
Tedjini
ft
offrir
il
tait
couvert
du
camp
d'Abd-el-Kader,
le
Ce
fut toute
une
Iliade; et
un
perfide
que
le
cheval de Troie.
L'mir
mosque d'An-Mabdy.
du ma-
rabout.
et
sa suite.
Abd-el-Kader entra
et
dans la
sons
;
ville,
fit
abattre les
murs
il
historique-
ment
pour
trs-petits,
la
ne
te
fils
lgende? Et vois-tu ce
enla
?
muse! chante
de Mahieddin
colre de Si-Hadj-Abd-el-Kader,
il
y a quatre
il
mois, laissant un
jeune
fils et
douze
filles;
avait
eu quinze ans de
Aprs ce court
rire,
il
et
glorieux
moment
d'exaltation guer-
ne
268
de son diocse.
Je ne
avant de
le quitter.
,
crivait-il bien des annes monde Un jour qu'il tait seul en prire
on entendit un grand
cri.
Son do-
trouva tendu
et sans
parole,
et
expirant.
la ralit
un
officier
bien
fit
pu-
les
vnements y
donnaient lieu.
Tedjini laisse dans tout le dsert une immense
renomme;
mmoire de
et l'autorit
religieuse de son
nom
lui
un
saint
homme,
chapelle.
c'est
un
saint, et sa
la
Selon
n'a pas eu
Le mausole qui
est
269
il
a t
fait
Tunis pice.
puis apport
An-Mahdy
et
mont pice
C'tait hier le
la
et,
toute
matine, de longues
de femmes
et
d'hommes
mosque.
Nous
allons
comme
les coliers
un par un pour
la
porte
et
mme
pas plus
mme
mme
gravit, trop
trop
A
,
mme
main-
au cou,
le
mme
air d'austrit
calme,
la
mme
un sminaire
Rien ne rappelle
et
ici
ni la vie
de la tente
pastorale
guerrire,
J'ai
ni la vie
seigneuriale et
arme du
toujours
Bordj.
pu tudier dans
le
cheval
les
armes de combat ou
les plus
il
nulle faitasia
_,
surtout quand
de pit. Depuis
mon
arrive, je n'ai
270
UN T DANS LE SAHARA.
du
de
dehors
le
trait
c'est
parlent avec
pour considrer
de gens
:
la
vo-
hommes.
mme
herm-
dtail
de plus que
melhafa (mante),
et sont
tiquement voiles.
Je m'tais assis au fond de la rue de manire les
voir descendre de l'intrieur de la ville; elles pas-
saient devant
la ruelle qui
jete par la maison de Tedjini, descendait sur la voie, trs-large en cet endroit, remontait sur les
piliers
et
ne
laissait,
la partie
sup-
l'X
211
la
mouvement
Du
ct de l'ombre
et
contre
le
pied du
mur,
s'alignait
assis,
couchs
l'Acadmie,
les matres
simplement
vraies, chez
comme
dans
la nature.
soleil,
longeant
murs, btant
le pas, surtout
le
en passant devant
une toute
flottants
petite fille
en
de leur hak;
vtements
une abondance de
,
plis
qui remplis-
trs-mystrieux
trois
entendre. Quelquefois
un groupe de
venait
isolment
celle
du milieu, peut-tre
par
les
la plus
,
jeune,
semblait soutenue
d'elles ayant
deux autres
chacune
sa taille et
,
l'abritant sous
Ce groupe
ma-
mouvoir.
21-2
et
l'on
corps sous ce
mme
mosque; mais
je
ne
l'essayai point.
Pntrer plus
me
semble
Il
faut regarder ce
peuple
trer
:
la distance
il
lui convient
de se monloin; la
les
hommes de
prs, les
femmes de
chambre
du
:
coucher
et la
crmoqu'une
l'art,
mon
fraude
commettre, sous
rapport de
abords de
la
arabe,
et
le
qu'El-Aghouat.
L,
,
comme
partout,
ce sont des
portes claire-voie
en embuscade
et qui fuient
devant nous;
des
femmes un peu
des
hommes
in-
UN T DAAJS LE SAHARA.
diffrents, qui se soulvent
2T3
pesamment de
leurs
lits
pour de simples
petits bourgeois.
De ma
un mur
crnel qui
fait
partie
grande moiti de
sud, o
le
ciel
rverbrala
tion lointaine
plaine aride, brle, couleur de cendre chaude, se relve insensiblement vers les montagnes. Ces vues
de haut
me
Priam, au sommet de
la tour,
nommant
les chefs
.son
de
gouver-
neur sur
la terrasse
du
camp des
et
sept
me
passionnent
qui
me
de
y)
du drame humain.
Quel
est
ce
))
est
Mais
de Xiob.
Il
est
debout ct
j)
filles
Le vois-tu?
ment.
Je
le vois,
Je pense en ce
moment
pa-
274
reilles,
UN T DA\S LE SAHARA.
avec les
mmes
cette terrasse
o
,
tait le
camp
blanc de
que dans
ma promenade
sige de
de
ce matin,
j'ai
1838;
et
un gant
un fumier, o barbotaient
ici
que
les autruches.
Tadjemout,
juillet,
au
soir.
Revenus ce
soir
Tadjemout.
Pour
viter
l'hospitalit
pris le parti
,
de
camper en dehors de
pied d'un
prs du ruisseau
au
mur
de jardin.
Au moment o nous
Il
arri-
vions
un Arabe
tait -assis
dans son
et la leur distribuait
couches
le
cou en
ments
fertile.
cette
Le chamelier nous a cd
c'est
une
pour recevoir un
tapis.
mon lourde
dire au lieute-
UN T DAKS LE SAHARA.
liant
:
275
Prenons-nous
:
la
pressa de rpondre
Ce n'est pas
:
Et je dis
le
en riant au
petit Ali
C'est bien,
ne dfais rien,
ficel
pour
le
prochain voyage.
En
ralit,
et
bagages,
mulet.
supprimer du
mme
coup
le
guide
et le
Mais
le
semble,
pauvres.
et
l'air
de
La
Au
d'ombre,
il
et le brouillard
gris
un
ciel
dans
le
chemin dj sombre
les
mne
Bah-Sfan. Par
moments,
palmiers
se balancent
comme pour
secouer la poussire du
la ruelle voisine
un
bruit
remuant de
nous sera
difficile
de la
ville
de donner des
276
couleur jaune
il
presque rose,
le plaisir qu'il a et
notre gauche
sur le
mamelon
domine, on
raient repas.
bien
tre
attirs
d'un
En
litesse
deux citrons
et
une
devenu nombreux. Je
monde
belets.
citrons
un seul
l'autre est
fait
un
petit trou
De bouche en bouche,
et revient,
le ci-
tron
le tour
du cercle
les
n'ayant plus
dpose dans
comme pour
Quant aux
trois gobelets,
chacun y boit de mme, son tour et avec conomie. Aprs qu'on les et dposs, bien vids, tu
peux
le croire,
qui
l'\
277
et
du
tloigt,
que l'odeur
du
caf bu.
La
fte se
complique
voici
Aoumer
et
Ben-Ameur
et
payent cette
du divertissement. Un grand
feu s'allume
ma
fait
place la forme
tourner au mi-
avides, que
me demande
Il
s'ils
moudiffa
les
fois
j'aban-
et je dois
dire
que per-
de ce dfaut d'usage.
la sobrit
des Arabes
tantt
un enfant,
sou
et l'effrayante
fait
gourmandise des
des prodiges;
il
visages, \otre
amateur de caf
ne se sert plus
comme un
jongleur
de
ses billes,
il
jette
278
UIV
T DANS LE SAHARA.
;
ce n'est plus
man-
sonne.
Il
y a trois tables
la
meilleur
rti
;
du
la
peau rissole du
de coups de dents
je m'inquite de ce qui
va rester
jeunes gens
tira
l'air
et
Tout
le
monde
profondment repu;
et
on
te
rpond de
mme
donne
la sant;
les chants
;
interrompus recomet
l'on
nous
laisse
El-Aghouat,
juillet
1853.
voir.
J'ai
comme
j'avais
vu disparatre An-Mahdy
avec le
rOued-M'zi, sous un
UN T DAXS LE SAHARx^.
279
me
suis
Aucun
comme un
triers, le sabre
cris, poussait
la
nuit, sont
mousur
comme
personne ne
Au moment o nous
du
repassions le col, et o se
chaude,
moins respirable. Le
soleil venait
de
disparatre.
Un orage
les bois
Djebel-Amour
fini
jusque sur
de Recheg, avait
par s'va-
clairs, et le ciel
ployait
l'oasis et
sur le dos de ses rochers blanchtres. Cette grande ville triste, et qui bien vritablement
sent la mort, s'enveloppait d'ombres violettes pa-
280
reilles
UN T DANS LE SAHARA.
des voiles de
deuil.
En approchant
des
remus,
trois
objets
informes tendus
terre.
C'taient trois
cadavres de
femmes que
les chiens
tomber
l, et la
peu de
terre. Je descendis de
momi-
consums jusqu'aux
os,
une
fois
exhumes,
mme
de
Une main
dur
se dtachait
que par
de
la
un lambeau dchir,
sec,
et noir
comme
comme
la
mort. Je la
ma
selle; c'tait
une
Aghouat. Je
me
couvert du ct de lest
jour de
mon
ici
entre, et je
qu'on crira
se
bucoliques de la vie
arabe. La main
;
balanal-
ait ct
de
la
mienne
c'tait
une
petite
main
281
je finis par
en avoir peur,
et je la
La chaleur
notre
s'est
absence. Voici
thermomtre 49
temprature du Sngal.
l'air,
Toujours
mme
beaut dans
le
incendie du dsert.
Quand on
traverse
crne,
comme
feu.
ville
douche de
partir
Un
M'zabite de
je l'ai
mes amis
faire
vient de
vu
avec pouvante
rem-
placer
le
bois
le
soleil,
est
mme
11
me
y a trois ans,
du dsert
moiti
chemin d'El-Aghouat
l'effet
de
Tvaporation
huit des
282
UN T DAXS LE SAHARA.
montait un grand
comme
la roule
Une
prendre
de quelque apprhen-
pour
lui.
quand
dans
l'air touffant
mme le soir,
comme il peut,
la nuit, c'est
il
une inquitude de
y en a qui s'tablissent
dans
une natte
d'alfa
dans un coin de
la place, et
le lieutenant et
moi nous
poussire
prend
et c'est l
de
la nuit.
on entend des
quand j'ouvre
les
yeux,
sous l'impression
plus
douce du malin, je vois des frmissements de bientre courir l'extrmit des palmiers.
VX T DANS LE SAHARA.
283
peu toute
ma cervelle
se rsout
en vapeur. La
soif
tout ce
qu'on boit
l'irrite
au lieu de l'apaiser;
et froide
et l'ide
comment
je
me
satisferai
en descendant
de cheval Mdah. Je
me
spasmes inous une immense coupe remplie jusqu'aux bords de cette eau limpide
et
glace de la
fixe
que
je ne puis chas;
Tout en moi
A'importe,
il
d'incomparable qui
me
le fait chrir.
nord
et le
jour o je sortirai de
la
porte de l'est
me
retournerai am-
rement du ct de
dsol
la
qu'on a
si
justement
nomm
Pays de
soif.
Ddicace.
A Armand
du Mesnil.
Pri^f.ace
I.
1
Ib.
mai au
soir
Il
2
36
31 mai
mme mme
1"
69
74
83 88
Ham'ra, Ham'ra,
juin
1853
mme
date, la nuit
2 juin 1853,
la halte, dix
heures
89 98
.
la halte,
101
103 110
Ib.
II.
4 juin 1853
..juin 1853
115
122
286
1853
140
luin
1853
154 164
181
193
iuinl853
juin
1853
fin
La nuit
de juin 1853
200
1853
1853
202
20H
, .
1853
210
Tadjeuout-A\-Mahdy
An-Mahdy.
An-Mahdy,
An-Mahdy,
Tadjemout,
217
juillet
Vendredi,
juillet juillet
juillel,
juillet
1853.
Ib.
1853
1853
au soir
251
264 274
278
El-Aghouat,
1853
PARIS.
TYPOGRAPHIE DE
E.
PLON ET
C'",
RUE GARANCIRE,
8.
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OF TORONTO
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