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Tlvision

Celui qui m'interroge sait aussi me lire. - J. L.

I
- J e dis toujours la vrit : pas toute, parce que toute la dire, on n'y arrive pas. La dire toute, c'est S (A) impossible, matriellement : les mots y manquent. C'est mme par cet impossible que la vrit tient au rel. J'avouerai donc avoir tent de rpondre la prsente comdie et que c'tait bon pour le panier. Rat donc, mais par l mme russi au regard d'une erreur, ou pour mieux dire : d'un errement. Celui-ci sans trop d'importance, d'tre d'occa sion. Mais d'abord, lequel ? L'errement consiste en cette ide de parler pour que des idiots me comprennent. Ide qui me touche si peu naturellement qu'elle n'a pu que m'tre suggre. Par l'amiti. Danger. Car il n'y a pas de diffrence entre la tlvision et le public devant lequel je parle depuis long temps, ce qu'on appelle mon sminaire. Un regard
i. Le texte tait paru prcd d'un avertissement : l."Une mission sur Jacques Lacan", souhaitait le Service de la recherche de l'ORTF. Seul fut mis le texte ici publi. Diffusion en deux parties sous le titre Psychanalyse, annonce pour lafinjan vier. Ralisateur : Benot Jacquot. 2. J'ai demand celui qui vous rpondait de cri bler ce que j'entendais de ce qu'il me disait. Le fin est recueilli dans la marge, en guise de manuductio. - J.-A. Miller, Nol 1973 (2000).

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dans les deux cas : qui je ne m'adresse dans (a 0 S) aucun, mais au nom de quoi je parle. Qu'on ne croie pas pour autant que j'y parle la cantonade. Je parle ceux qui s'y connaissent, aux non-idiots, des analystes supposs. L'exprience prouve, mme s'en tenir l'at troupement, prouve que ce que je dis intresse bien plus de gens que ceux qu'avec quelque raison je suppose analystes. Pourquoi ds lors parlerais-je d'un autre ton ici qu' mon sminaire ? Outre qu'il n'est pas invraisemblable que j'y suppose aussi des analystes m'entendre. J'irais plus loin : je n'attends rien de plus des JL analystes supposs, que d'tre cet objet grce S 2 quoi ce que j'enseigne n'est pas une auto-analyse. Sans doute sur ce point n'y a-t-il que d'eux, de ceux qui m'coutent, que je serai entendu. Mais mme ne rien entendre, un analyste tient ce rle que je viens de formuler, et la tlvision le tient ds lors aussi bien que lui. J'ajoute que ces analystes qui ne le sont que d'tre objet - objet de l'analysant -, il arrive que je m'adresse eux, non que je leur parle, mais que je S, - S2 parle d'eux : ne serait-ce que pour les troubler. Qui sait ? a peut avoir des effets de suggestion. Le croira-t-on ? Il y a un cas o la suggestion ne peut rien : celui o l'analyste tient son dfaut de l'autre, de celui qui l'a men jusqu' la passe comme je dis, celle de se poser en analyste. Heureux les cas o passefictivepour formation inacheve : ils laissent de l'espoir.

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II
-Urne semble, cher docteur, que je n'ai pas ici rivaliser d'esprit avec vous... mais seulement vous donner lieu de rpondre. Aussi vous n'aurez de moi que les questions les plus minces - lmentaires, voir vulgaires. Je vous lance : L'inconscient - drle de mot !

- Freud n'en a pas trouv de meilleur, et il n'y a pas y revenir. Ce mot a l'inconvnient d'tre ngatif, ce qui permet d'y supposer n'importe quoi au monde, sans compter le reste. Pourquoi pas? A chose inaperue, le nom de partout convient aussi bien que de nulle part . C'est pourtant chose fort prcise. Il n'y a d'inconscient que chez l'tre parlant. Chez les autres, qui n'ont d'tre qu' ce qu'ils soient La condition nomms bien qu'ils s'imposent du rel, il y a de de Vinconsdent, l'instinct, soit le savoir qu'implique leur survie. c$est ^ lanZ*i* * Encore n'est-ce que pour notre pense, peut-tre l inadquate. Restent les animaux en mal d'homme, dits pour cela d'hommestiques, et que pour cette raison parcourent des sismes, d'ailleurs fort courts, de l'inconscient. L'inconscient, a parle, ce qui le fait dpendre du langage, dont on ne sait que peu : malgr ce que je dsigne comme linguisterie pour y grouper ce qui prtend, c'est nouveau, intervenir chez les hommes au nom de la linguistique. La linguistique tant la science qui s'occupe de lalangue, que j'cfts ... lequel en un seul mot d'y spcifier son objet, comme il se ex-siste fait de toute autre science. ^langue : 511

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hypothse analytique.

i(a)

La pense n'a Vme-corps qu'un rapport d'ex-sistence.

Le peu que la ralit tient du rel

Cet objet pourtant est minent, de ce que ce soit lui que se rduise plus lgitimement qu' tout autre la notion mme aristotlicienne de sujet. Ce qui permet d'instituer l'inconscient de l'ex-sistence d'un autre sujet l'me. A l'me comme supposition de la somme de ses fonctions au corps. Ladite plus problmatique, malgr que ce soit de la mme voix d'Aristote Uexkll, et qu'elle reste ce que les biologistes supposent encore, qu'ils le veuillent ou pas. En fait le sujet de l'inconscient ne touche l'me que par le corps, d'y introduire la pense : cette fois de contredire Aristote. L'homme ne pense pas avec son me, comme l'imagine le Philosophe. Il pense de ce qu'une structure, celle du langage - le mot le comporte - de ce qu'une structure dcoupe son corps, et qui n'a rien faire avec l'anatomie. Tmoin l'hystrique. Cette cisaille vient l'me avec le symptme obsessionnel : pen se dont l'me s'embarrasse, ne sait que faire. La pense est dysharmonique quant l'me. Et le vo$ grec est le mythe d'une complaisance de la pense l'me, d'une complaisance qui serait conforme au monde, au monde (Utnwelt) dont l'me est tenue pour responsable, alors qu'il n'est que le fantasme dont se soutient une pense, ra lit sans doute, mais entendre comme grimace du rel. // reste qu'on vient vous,psychanalyste,pour, dans ce monde que vous rduisez au fantasme, aller mieux. La gurison, c'est aussi un fantasme ? - La gurison, c'est une demande qui part de la voix du souffrant, d'un qui souffre de son corps ou de sa pense. L'tonnant est qu'il y ait rponse, et
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que de tout temps la mdecine ait fait mouche par Pouvoir des mots des mots. Comme tait-ce avant que fut repr l'incons cient? Une pratique n'a pas besoin d'tre claire pour oprer : c'est ce qu'on peut en dduire. - L'analyse ne se distinguerait donc de la thrapie que d' tre claire ? Ce n'est pas ce que vous voulez dire. Permettez que jeformule ainsi la question : Psychanalyse et psychothrapie, toutes deux n'agissent que par des mots. Elles s'opposent cependant. En quoi ? - Par le temps qui court, il n'est pas de psycho thrapie dont on n'exige qu'elle soit d' inspiration psychanalytique . Je module la chose pour les guillemets qu'elle mrite. La distinction maintenue l, serait-elle seulement de ce qu'on n'y aille pas au tapis... au divan veux-je dire ? a met le pied rtrier aux analystes en mal de passe dans les socits , mmes guillemets, qui, pour n'en rien vouloir savoir, je dis : de la passe, y supplent par des formalits de grade, fort l gantes pour y tablir stablement ceux qui y dficient plus d'astuce dans leurs rapports que dans leur pratique. C'est pourquoi je vais produire ce dont cette pratique prvaut dans la psychothrapie. Dans la mesure o l'inconscient y est intress, il y a deux versants que livre la structure, soit le Il n'est structure que langage. Le versant du sens, celui dont on croirait que de langage. c'est celui de l'analyse qui nous dverse du sens flot pour le bateau sexuel. Il est frappant que ce sens se rduise au nonsens : au non-sens du rapport sexuel, lequel est
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II n'y a pas de rapport sexuel.

patent depuis toujours dans les dits de l'amour. Patent au point d'tre hurlant : ce qui donne une haute ide de l'humaine pense. Encore y a-t-il du sens qui se fait prendre pour le bon sens, qui par-dessus le march se tient pour le sens commun. C'est le sommet du comique, ceci prs que le comique ne va pas sans le savoir du non-rapport qui est dans le coup, le coup du sexe. D'o notre dignit prend son relais, voire sa relve. Le bon sens reprsente la suggestion, la comdie le rire. Est-ce dire qu'ils suffisent, outre qu'ils soient peu compatibles ? C'est l que la psychoth rapie, quelle qu'elle soit, tourne court, non qu'elle n'exerce pas quelque bien, mais qui ramne au pire.

D'o l'inconscient, soit l'insistance dont se manifeste le dsir, ou encore la rptition de ce qui d - (S 0 D) s'y demande, - n'est-ce pas l ce qu'en dit Freud du moment mme qu'il le dcouvre ? d'o l'inconscient, si la structure qui se recon nat de faire le langage dans lalangue, comme je le dis, le commande bien, nous rappelle qu'au versant du sens qui dans la parole nous fascine - moyennant quoi cette parole l'tre fait cran, cet tre dont Parmnide imagine la pense -, nous rappelle qu'au versant du sens, je conclus, l'tude du langage oppose le versant du signe. Comment mme le symptme, ce qu'on appelle tel dans l'analyse, n'a-t-il pas l trac la voie ? Cela jusqu' Freud qu'il a fallu pour que, docile l'hys trique, il en vienne lire les rves, les lapsus, voire les mots d'esprit, comme on dchiffre un message chiffr.

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- Prouvez que c'est bien l ce que dit Freud, et tout ce qu'il dit - Qu'on aille aux textes de Freud rpartis sur ces trois chefs - les titres en sont maintenant tri viaux -, pour s'apercevoir qu'il ne s'agit de rien d'autre que d'un dchiffrage de dit-mension signi fiante pure. A savoir que l'un de ces phnomnes est na vement articul : articul veut dire verbalis, nave ment selon la logique vulgaire, l'emploi de lalangue simplement reu. Puis que c'est progresser dans un tissu d'qui voques, de mtaphores, de mtonymies, que Freud voque une substance, un mythe fluidique qu'il intitule de la libido. Mais ce qu'il opre rellement, l sous nos yeux La pratique fixs au texte, c'est une traduction dont se dmontre de Freud que la jouissance que Freud suppose au terme de processus primaire, c'est dans les dfils logiques o il nous mne avec tant d'art qu'elle consiste proprement. Il n'est que de distinguer, ce quoi tait parvenue ds longtemps la sagesse stocienne, le signifiant du signifi (pour en traduire les noms latins comme . Saussure), et l'on saisit l'apparence l de phno mnes d'quivalence dont on comprend qu'ils aient Freud pufigurerl'appareil de l'nergtique. Il y a un effort de pense faire pour que s'en fonde la linguistique. De son objet, le signifiant. Pas un linguiste qui ne s'attache le dtacher comme tel, et du sens notaniment. J'ai parl de versant du signe pour en marquer l'association au signifiant. Mais le signifiant en diffre en ceci que la batterie s'en donne dj dans lalangue.
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Parler de code ne convient pas, justement de supposer un sens. Lalangueest La batterie signifiante de lalangue ne fournit la condition que le chiflSre du sens. Chaque mot y prend selon du sens, le contexte une gamme norme, disparate, de sens, sens dont l'htroclite s'atteste souvent au diction naire. Ce n'est pas moins vrai pour des membres entiers de phrases organises. Telle cette phrase : les non-dupes errent, dont je m'arme cette anne. Sans doute la grammaire y fait-elle bute de l'criture, et pour autant tmoigne-t-elle d'un rel, mais d'un rel, on le sait, qui reste nigme, tant qu' l'analyse n'en saille pas le ressort pseudoLobjet (a) sexuel : soit le rel qui, de ne pouvoir que mentir au partenaire, s'inscrit de nvrose, de perversion ou de psychose. Je ne l'aime pas , nous apprend Freud, va loin dans la srie s'y rpercuter. En fait, c'est de ce que tout signifiant, du pho nme la phrase, puisse servir de message chiffr (personnel, disait la radio pendant la guerre) qu'il Suffit-il se dgage comme objet et qu'on dcouvre que d*un signifiant c'est lui qui fait que dans le monde, monde de pourfonder l'tre parlant, il y a de l'Un, c'est--dire de l'l le signifiant ment, le GTOixTov du grec.
Un?

&

Ce que Freud dcouvre dans l'inconscient, je n'ai tout l'heure pu qu'inviter ce qu'on aille voir dans ses crits si je dis juste, c'est bien autre chose que de s'apercevoir qu'en gros on peut donner un sens sexuel tout ce qu'on sait, pour la raison que connatre prte la mtaphore bien connue de toujours (versant de sens que Jung exploita). C'est le rel qui permet de dnouer effectivement ce dont le symptme consiste, savoir un nud de signifiants. Nouer et dnouer n'tant pas ici des mtaphores, mais bien prendre
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comme ces nuds qui se construisent rellement faire chane de la matire signifiante. Car ces chanes ne sont pas de sens mais de jouis-sens, crire comme vous voulez conform ment l'quivoque qui fait la loi du signifiant. Je pense avoir donn une autre porte que ce qui trane de confusion courante, au recours quali fi de la psychanalyse.

III
- Les psychologues, les psychothrapeutes, les psychiatres, tous les travailleurs de la sant mentale - c'est la base, et la dure, qu'ils se coltinent toute la misre du monde. Et l'analyste, pendant ce temps ? - Il est certain que se coltiner la misre, comme 5i vous dites, c'est entrer dans le discours qui la t conditionne, ne serait-ce qu'au titre d'y protes ter. RJen que dire ceci, me donne position - que certains situeront de rprouver la politique. Ce que, quant moi, je tiens pour quiconque exclu. Au reste les psycho- quels qu'ils soient, qui s'emploient votre suppos coltinage, n'ont pas protester, mais collaborer. Qu'ils le sachent ou pas, c'est ce qu'ils font. C'est bien commode, me fais-je rtorsion trop facile, bien commode cette ide de discours, pour rduire le jugement ce qui le dtermine. Ce qui mefrappe,c'est qu'en fait on ne trouve pas mieux m'opposer, on dit : intellectualisme. Ce qui ne fait pas le poids, s'il s'agit de savoir qui a raison.
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Ce d'autant moins qu' rapporter cette misre au discours du capitaliste, je dnonce celui-ci. J'indique seulement que je ne peux le faire srieusement, parce qu' le dnoncer je le ren force, - de le normer, soit de le perfectionner. J'interpole ici une remarque. Je ne fonde pas cette ide de discours sur l'ex-sistence de l'incons Ce n'est cient. C'est l'inconscient que j'en situe,- de n'exqu'au discours sister qu' un discours. analytique Vous l'entendez si bien qu' ce projet dont j'ai qu'ex-siste avou le vain essai, vous annexiez une question sur Vinconscient l'avenir de la psychanalyse. comme freudien.., L'inconscient en ex-siste d'autant plus qu' ne s'attester en clair que dans le discours de l'hyst rique, partout ailleurs il n'y en a que greffe : oui, si tonnant que cela paraisse, mme dans le discours de l'analyste o ce qu'on en fait, c'est culture. , qu'auparavant Ici parenthse, l'inconscient implique-t-il qu'on on coutait, l'coute ? A mon sens, oui. Mais il n'implique sre mais comme ment pas sans le discours dont il ex-siste qu'on autre chose, l'value comme savoir qui ne pense pas, ni ne cal cule, ni ne juge, ce qui ne l'empche pas de tra C'est vailler (dans le rve par exemple). Disons que c'est un savoir le travailleur idal, celui dont Marx a fait la fleur qui travaille,,. de l'conomie capitaliste dans l'espoir de lui voir prendre le relais du discours du matre : ce qui est ,. sans matre : arriv en eflfet, bien que sous une forme inatten S 2 //S,. due. Il y a des surprises en ces affaires de discours, c'est mme l le fait de l'inconscient. Le discours que je dis analytique, c'est le lien social dtermin par la pratique d'une analyse. Il vaut d'tre port la hauteur des plus fondamentaux parmi les liens qui restent pour nous en activit. - Mais de ce qui fait lien social entre les analystes, vous tes vous-mme, n'est-ce pas, exclu...
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- La Socit, - dite internationale, bien que ce soit un peufictif,l'affaire s'tant longtemps rduite tre familiale - J e l'ai connue encore aux mains de la descendance directe et adoptive de Freud : si j'osais - mais je prviens qu'ici je suis juge et par tie, donc partisan , je dirais que c'est actuellement une socit d'assistance mutuelle contre le discours analytique. La SAMCDA. Sacre SAMCDA! Ils ne veulent donc rien savoir du discours qui les conditionne. Mais a ne les en exclut pas : bien loin de l, puisqu'ils fonctionnent comme analystes, ce qui veut dire qu'il y a des gens qui s'analysent avec eux. A ce discours donc, ils satisfont, mme si cer tains de ses effets sont par eux mconnus. Dans l'ensemble la prudence ne leur manque pas; et mme si ce n'est pas la vraie, a peut tre la bonne. Au reste, c'est pour eux qu'il y a des risques. Venons-en donc au psychanalyste et n'y allons pas par quatre chemins. Ils nous mneraient tous aussi bien l o je vais dire. C'est qu'on ne saurait mieux le situer objective ment que de ce qui dans le pass s'est appel : tre un sajnt. Un saint durant sa vie n'impose pas le respect que lui vaut parfois une aurole. Personne ne le remarque quand il suit la voie de Baltasar Gracian, celle de ne pas faire d'clats, - <o Amelot de La Houssaye a cru qu'il crivait de l'homme de cour. Un saint, pour me faire comprendre, ne fait pas la charit. Plutt se met-il faire le dchet : Lobjet (a) il decharite. Ce pour raliser ce que la structure incam impose, savoir permettre au sujet, au sujet de l'inconscient, de le prendre pour cause de son dsir.
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C'est de l'abjection de cette cause en effet que le sujet en question a chance de se reprer au moins dans la structure. Pour le saint a n'est pas drle, mais j'imagine que, pour quelques oreilles cette tl, a recoupe bien des trangets des faits de saint. Que a ait effet de jouissance, qui n'en a le sens avec le joui ? Il n'y a que le saint qui reste sec, macache pour lui. C'est mme ce qui pate le plus dans l'affaire. pate ceux qui s'en approchent et ne s'y trompent pas : le saint est le rebut de la jouis* sance. Parfois pourtant a-t-il un relais, dont il ne se contente pas plus que tout le monde. Il jouit. Il n'opre plus pendant ce temps-l. Ce n'est pas que les petits malins be le guettent alors pour en tirer des consquences se regonfler eux-mmes. Mais le saint s'en fout, autant que de ceux qui voient l sa rcompense. Ce qui est se tordre. Puisque se foutre aussi de la justice distributive, c'est de l que souvent il est parti. A la vrit le saint ne se croit pas de mrites, ce qui ne veut pas dire qu'il n'ait pas de morale. Le seul ennui pour les autres, c'est qu'on ne voit pas o a le conduit. Moi, je cogite perdument pour qu'il y en ait de nouveaux comme a. C'est sans doute de ne pas moi-mme y atteindre. Plus on est de saints, plus on rit, c'est mon prin cipe, voire la sortie du discours capitaliste, - ce qui ne constituera pas un progrs, si c'est seulement pour certains.

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IV
- Depuis vingt ans que vous avez avanc votre formule, que l'inconscient est structur comme un langage, on vous oppose, sous des formes diverses : Ce ne sont l que - des mots, des mots, des mots. Et de ce qui ne s'embarrasse pas de mots, qu'en faites-vous ? Quid de l'nergie psychique, ou de l'affect, ou de la pulsion ?

-Vous imitez l les gestes avec lesquels on feint un air de patrimoine dans la SAMCDA. Parce que, vous le savez, au moins Paris dans la SAMCDA, les seuls lments dont on se sustente proviennent de mon enseignement. Il filtre de par tout, c'est un vent, qui fait bise quand a souffle trop fort. Alors on revient aux vieux gestes, on se rchauffe se pelotonner en Congrs. Parce que ce n'est pas un pied de nez que je sors comme a aujourd'hui, histoire de faire rire la tl, la SAMCDA. C'est expressment ce titre que Freud a conu l'organisation quoi ce discours analytique, il le lguait. Il savait que l'preuve en serait dure, l'exprience de ses premiers suivants l'avait l-dessus difi.

^ Prenons d'abord la question de l'nergie naturelle.

- L'nergie naturelle, a fait ballon pour exer cices dmontrer que l aussi on a des ides. L'nergie, - c'est vous qui lui mettez la banderole de naturelle, parce que dans ce qu'ils disent, a va de soi que c'est naturel : quelque chose de fait

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Le mythe libidinal

Pas moyen d'tablir une nergtique de la jouissance.

pour la dpense, en tant qu'un barrage peut le retenir et le rendre utile. Seulement voil, ce n'est pas parce que le barrage, a fait dcor dans un pay sage, que c'est naturel, l'nergie. Qu'une force de vie puisse constituer ce qui s'y dpense, c'est une grossire mtaphore. Parce que l'nergie n'est pas une substance, qui par exemple se bonifie ou qui devient aigre en vieillissant -, c'est une constante numrique qu'il faut au physicien trouver dans ses calculs, pour pouvoir travailler. Travailler de faon conforme ce qui, de Galile Newton, s'est foment d'une dynamique pure ment mcanique : ce qui fait le noyau de ce qu'on appelle plus ou moins proprement une physique, strictement vrifiable. Sans cette constante qui n'est rien de plus qu'une combinaison de calcul, - plus de physique. On pense que les physiciens en prennent soin et qu'ils arrangent les quivalences entre masses, champs et impulsions pour qu'un chiffre puisse en sortir qui satisfasse au principe de la conservation de l'nergie. Encore faut-il que ce principe on puisse le poser, pour qu'une physique satisfasse l'exigence d'tre vrifiable : c'est un fait d'exp rience mentale, comme s'exprimait Galile. Ou, pour mieux dire : la condition que le systme soit mathmatiquement ferm prvaut mme sur la supposition qu'il soit physiquement isol. Ce n'est pas de mon cru, cela. N'importe quel physicien sait de faon claire, c'est--dire prte se dire, que l'nergie n'est rien que le chiffre d'une constance. Or ce qu'articule comme processus primaire Freud dans l'inconscient - a, c'est de moi, mais qu'on y aille et on le verra -, ce n'est pas quelque chose qui se chiffre, mais qui se dchiffre. Je dis : la jouissance elle-mme. Auquel cas elle ne fait pas nergie, et ne saurait s'inscrire comme telle.
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Les schmas de la seconde topique par o Freud s'y essaie, le clbre uf de poule par exemple, sont un vritable pudendum et prteraient l'ana lyse, si l'on analysait le Pre. Or je tiens pour exclu qu'on analyse le Pre rel, et pour meilleur le manteau de No quand le Pre est imaginaire. De sorte que plutt m'interrog-je sur ce qui distingue le discours scientifique du discours hys trique o, il faut le dire, Freud, recueillir son miel, n'y est pas pour rien. Car ce qu'il invente, c'est le travail des abeilles comme ne pensant, ne calculant, ne jugeant pas, soit ce qu'ici mme j'ai relev dj, - quand aprs tout ce n'est peut-tre pas l ce qu'en pense von Frisch. Je conclus que le discours scientifique et le S _, discours hystrique ont presque la mme structure, * ,\* 2 ce qui explique l'erreur que Freud nous suggre a de l'espoir d'une thermodynamique dont l'incons cient trouverait dans l'avenir de la science sa post hume explication. On peut dire qu'aprs trois quarts de sicle il ne se dessine pas la plus petite indication d'une telle promesse, et mme que l'ide recule de faire endosser le processus primaire par le principe qui, se dire du plaisir, ne dmontrerait rien, sinon que nous tenons l'me comme la tique la peau d'un Le Bien-dire chien. Car cette fameuse moindre tension dont ne dit pas Freud articule le plaisir, qu'est-ce d'autre que o est le Bien. l'thique d'Aristote ? Ce ne peut tre le mme hdonisme que celui dont les picuriens se faisaient enseigne. Il fallait qu'ils eussent quelque chose de bien prcieux en abriter, de plus secret mme que les stociens, pour de cette enseigne qui ne voudrait dire maintenant que psychisme, se faire injurier du nom de pour ceaux. Quoi qu'il en soit, je m'en suis tenu Nicomaque et Eudme, soit Aristote, pour en difie523

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rencier vigoureusement l'thique de la psychana lyse, - dont jefrayaila voie toute une anne. L'histoire de l'affect que je ngligerais, c'est le mme tabac. Qu'on me rponde seulement sur ce point : un affect, a regarde-t-il le corps ? Une dcharge d'adrNulle harmonie naline, est-ce du corps ou pas ? Que a en drange de l'tre les fonctions, c'est vrai. Mais en quoi a vient-il dans le monde... de l'me ? C'est de la pense que a dcharge. Alors ce qui est peser, c'est si mon ide que ... s'il parle, l'inconscient est structur comme un langage, permet de vrifier plus srieusement l'affect, - que celle qui s'exprime de ce que ce soit un remuemnage dont se produit un meilleur arrangement. Car c'est a qu'on m'oppose. Ce que je dis de l'inconscient va-t-il ou non plus loin que d'attendre que l'affect, telles les alouettes dj rties, vous tombe dans le bec, adquat? Adaequatio, plus bouffonne d'en remettre sur une autre bien tasse, conjoindre cette fois rei, de la chose, affectus, l'affect dont elle se recasera. Il a fallu arriver notre sicle pour que des mdecins produisent a. Je n'ai, pour moi, fait que restituer ce que Freud nonce dans un article de 1915 sur le refoulement, La mtonymie et dans d'autres qui y reviennent, c'est que l'affect pour le corps est dplac. Comment se jugerait ce dplacement, est de rgle... si ce n'est par le sujet que suppose qu'il ne vienne l pas mieux que de la reprsentation? Cela, je l'explique de sa bande pour comme lui l'pingler, puisqu'aussi bien je dois reconnatre que j'ai affaire la mme. Seulement ai-je dmon tr par un recours sa correspondance avec Fliess (de l'dition, la seule qu'on ait, de cette correspon dance, expurge) que ladite reprsentation, sp cialement refoule, ce n'est rien de moins que la
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structure et prcisment en tant que lie au postu- ... car le sujet lat du signifiant. Cf. lettre 52 : ce postulat y est crit, de k pense Dire que je nglige l'affect, pour se rengorger de #' mtaphoris, le faire valoir, comment s'y tenir sans se rappeler qu'un an, le dernier de mon sjour Sainte-Anne, je traitai de l'angoisse ? Certains savent la constellation o je lui fis place. L'moi, l'empchement, l'embarras, diffren cis comme tels, prouvent assez que l'affect, je n'en fais pas peu de cas. Il est vrai que de m'entendre Sainte-Anne, c'tait interdit aux analystes en formation dans la SAMCDA. Je ne le regrette pas. J'ai affect si bien mon monde , cette anne-l, fonder l'angoisse de l'ob jet qu'elle concerne - loin d'en tre dpourvue ( quoi en restent les psychologues qui n'y ont pu apporter plus que sa distinction de la peur...) , la fonder, dis-je de cet abjet comme je dsigne main tenant plutt mon objet (a), qu'un de chez moi eut le vertige (vertige rprim), de me laisser, tel cet objet, tomber. Reconsidrer l'affect partir de mes dires, reconduit en tout cas ce qui s'en est dit de sr. La simple rsection des passions de l'me, comme sdnlfc Thomas nomme plus justement ces affects, la rsection depuis Platon de ces passions selon le corps : tte, cur, voire comme dit m&o\iia ou surcur, ne tmoigne-t-elle pas dj de ce qu'il faille pour leur abord en passer par ce corps, que je dis n'tre affect que par la structure ? J'indiquerai par quel bout se pourrait donner suite srieuse, entendre pour srielle, ce qui dans cet effet prvaut de l'inconscient. La tristesse, par exemple, on la qualifie de dpression, lui donner l'me pour support, ou la tension psychologique du philosophe Pierre Janet.
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Il n'est thique que du Bien-dire,...

... savoir que de non-sens.

Au rendez-vous avecl'(z),...

Mais ce n'est pas un tat d'me, c'est simplement une faute morale, comme s'exprimait Dante, voire Spinoza : un pch, ce qui veut dire une lchet morale, qui ne se situe en dernier ressort que de la pense, soit du devoir de bien dire ou de s'y retrouver dans l'inconscient, dans la structure. Et ce qui s'ensuit pour peu que cette lchet, d'tre rejet de l'inconscient, aille la psychose, c'est le retour dans le rel de ce qui est rejet, du langage ; c'est l'excitation maniaque par quoi ce retour se fait mortel. A l'oppos de la tristesse, il y a le gay savoir, lequel est, lui, une vertu. Une vertu n'absout per sonne du pch, - originel comme chacun sait. La vertu que je dsigne du gay savoir en est l'exemple, de manifester en quoi elle consiste : non pas com prendre, piquer dans le sens, mais le raser d'aussi prs qu'il se peut sans qu'il fasse glu pour cette vertu, pour cela jouir du dchiffrage, ce qui implique que le gay savoir n'en fasse au terme que la chute, le retour au pch. O en tout a, ce qui fait bon heur? Exacte ment partout. Le sujet est heureux. C'est mme sa dfinition puisqu'il ne peut rien devoir qu' l'heur, la fortune autrement dit, et que tout heur lui est bon pour ce qui le maintient, soit pour qu'il se rpte. L'tonnant n'est pas qu'il soit heureux sans souponner ce qui l'y rduit, sa dpendance de la structure, c'est qu'il prenne ide de la batitude, une ide qui va assez loin pour qu'il s'en sente exil. Heureusement que l nous avons le pote pour vendre la mche : Dante que je viens de citer, et d'autres, hors les roulures de ceux qui font cagnotte au classicisme. Un regard, celui de Batrice, soit trois fois rien, un battement de paupires et le dchet exquis qui
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en rsulte : et voil surgi l'Autre que nous ne ... 5i c'est devons identifier qu' sa jouissance elle, celle que jouissance lui, Dante, ne peut satisfaire, puisque d'elle il ne de femme,.. peut avoir que ce regard, que cet objet, mais dont il nous nonce que Dieu la comble ; c'est mme ... VAutre de sa bouche eue qu'il nous provoque en rece prend ex-sistence,. voir l'assurance. A quoi rpond en nous: ennui. Mot dont, faire danser les lettres comme au cinmatographe jusqu' ce qu'elles se replacent sur une ligne, ... mats j'ai recompos le terme : unien. Dont je dsigne non pas l'identification de l'Autre l'Un. Je dis : l'Un mys substance tique dont l'autre comique, faire minence dans d'Un. le Banquet de Platon, Aristophane pour le nommer, nous donne le cru quivalent dans la bte--deuxos dont il impute Jupiter qui n'en peut mais, la bisection : c'est trs vilain, j'ai dj dit que a ne se fait pas. On ne commet pas le Pre rel dans de telles inconvenances. Reste que Freud y choit aussi: car ce qu'il impute l'ros, en tant qu'il l'oppose Thanatos, Car comme principe de la vie , c'est d'unir, comme rien n'est tout si, part une brve cotration, on n'avait jamais aux dfils du signifiant,... vu deux corps s'unir en un. Ainsi l'affect vient-il un corps dont le propre serait d'habiter le langage, - je me geaite ici de pltjfries qui se vendent mieux que les miennes - , l'affect, dis-je, de ne pas trouver de logement, pas de ... l'affect son got tout au moins. On appelle a la morosit, est discord,... la mauvaise humeur aussi bien. Est-ce un pch, a, un grain de folie, ou une vraie touche du rel ? Vous voyez que l'affect, ils auraient mieux fait, les SAMCDA, pour le moduler, de prendre mon crin-crin. a les aurait mens plus loin que de bayer aux corneilles. Que vous compreniez la pulsion dans ces gestes vagues^ dont de mon discours on se garantit, c'est
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me faire la part trop belle pour que je vous en sois reconnaissant, car vous le savez bien, vous qui d'une brosse impeccable avez transcrit mon XIe Smi naire : qui d'autre que moi a su se risquer en dire quoi que ce soit? Pour la premire fois, et chez vous notamment, je sentais m'couter d'autres oreilles que moroses : soit qui n'y entendaient pas que j'Autrifiais l'Un, comme s'est rue le penser la personne mme qui m'avait appel au lieu qui me valait votre audience. A lire les chapitres 6,7,8,9 et 13,14 de ce Sminaire XJ, qui n'prouve ce que l'on gagne ne pas traduire Trieb par instinct, et serrant au plus prs et la pulsion cette pulsion de l'appeler drive, en dmonter, drive, puis remonter, collant Freud, la bizarrerie ? A m'y suivre, qui ne sentira la diffrence qu'il y a, de l'nergie, constante chaque fois reprable de l'Un dont se constitue l'exprimental de la science, au Drang ou pousse de la pulsion qui, jouissance certes, ne prend que de bords corporels, -j'allais en donner la forme mathmatique, - sa permanence? Permanence qui ne consiste qu'en la quadruple instance dont chaque pulsion se sou tient de coexister trois autres. Quatre ne donne accs que d'tre puissance, la dsunion quoi il s'agit de parer, pour ceux que le sexe ne suffit pas Aussi rendre partenaires. nepuis-je Certes je n'en fais pas l l'application dont se dire distinguent nvrose, perversion et psychose. ce que tu es Je l'ai faite ailleurs : ne procdant jamais que pour moi. selon les dtours que l'inconscient y fait chemins revenir sur ses pas. La phobie du petit Hans, j'ai montr que c'tait a, o il promenait Freud et son pre, mais o depuis les analystes ont peur.

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V
- Il y a une rumeur qui chante : si on jouit si mal, c'est qu'il y a rpression sur le sexe, et, c'est la faute, premirement la famille, deuximement la socit, et particulirement au capitalisme. La question se pose. - a, c'est une question - me suis-je laiss dire, car de vos questions j'en parle - , une question qui pourrait s'entendre de votre dsir de savoir com ment y rpondre, vous-mme, l'occasion. Soit : si elle vous tait pose, par une voix plutt que par une personne, une voix ne se concevoir que comme provenant de la tl, une voix qui n'ex-siste pas, ce de ne rien dire, la voix pourtant, au nom de quoi, moi, je fais ex-sister cette rponse, qui est interprtation. A le dire crment, vous savez que j'ai rponse a-+ S tout, moyennant quoi vous me prtez la question : S2 vous vous fiez au proverbe qu'on ne prte qu'au riche. Avec raison. Qui ne sait que c'est du discours analytique que j'ai fait fortune? En quoi je suis un selfmode mon. Il y en a eu d'autres, mais pas de nos jours. Freud n'a pas dit que le refoulement provienne de la rpression : que (pour faire image), la castra tion, ce soit d ce que Papa, son moutard qui se tripote la ququette, brandisse : On te la coupera, sr, si tu remets a. Bien naturel pourtant que a lui soit venu la pense, Freud, de partir de l pour l'exprience, - entendre de ce qui la dfinit dans le discours analytique. Disons qu' mesure qu'il y avanait,
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Le refoulement il penchait plus vers l'ide que le refoulement originaire tait premier. C'est dans l'ensemble la bascule de la seconde topique. La gourmandise dont il dnote le surmoi est structurale, non pas effet de la civili sation, mais malaise (symptme) dans la civilisa tion . De sorte qu'il y a lieu de revenir sur l'preuve, partir de ce que ce soit le refoulement qui pro duise la rpression. Pourquoi la famille, la socit elle-mme ne seraient-elles pas crations s'difier du refoulement? Rien de moins, mais a se pour rait de ce que l'inconscient ex-siste, se motive de la structure, soit du langage. Freud limine si peu cette solution que c'est pour en trancher qu'il s'acharne sur le cas de l'Homme aux loups, lequel homme s'en trouve plutt mal. Encore semble-t-il que ce ratage, ratage du cas, soit de peu auprs de sa russite : celle d'tablir le rel des faits. S'il reste nigmatique, ce rel, est-ce au discours analytique, d'tre lui-mme institution, qu'il faut l'attribuer? Point d'autre recours alors que le projet de la science pour venir bout de la sexualit : la sexo logie n'y tant encore que projet. Projet quoi, il y insiste, Freud faisait confiance. Confiance qu'il avoue gratuite, ce qui en dit long sur son thique.
Du nouveau dans Vamour

Or le discours analytique, lui, fait promesse : d'introduire du nouveau. Ce, chose norme, dans le champ dont se produit l'inconscient, puisque ses impasses, entre autres certes, mais d'abord, se rv lent dans l'amour. Ce n'est pas que tout le monde ne soit averti de ce nouveau qui court les rues -, mais il ne rveille personne, pour la raison que ce nouveau est trans cendant : le mot est prendre du mme signe qu'il constitue dans la thorie des nombres, soit math matiquement.
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D'o ce n'est pas pour rien qu'il se supporte du nom de trans-fert. Pour rveiller mon monde, ce transfert je l'articule du sujet suppos savoir . Il y a l expli cation, dpliement de ce que le nom n'pingle qu'obscurment. Soit : que le sujet, par le transfert, est suppos au savoir dont il consiste comme sujet de l'inconscient et que c'est l ce qui est transfr _ sur l'analyste, soit ce savoir en tant qu'il ne pense, ^2 ni ne calcule, ni ne juge pour n'en pas moins por ter effet de travail. a vaut ce que a vaut, ce frayage, mais c'est comme si je fltais... ou pire comme si c'tait la frousse que je leur foutais. SAMCDA simplicitas : ils n'osent. Us n'osent s'avancer o a mne. Ce n'est pas que je ne me dcarcasse ! Je profre l'analyste ne s'autorise que de lui-mme . J'insti tue la passe dans mon Ecole, soit l'examen de ce qui dcide un analysant se poser en analyste, - ceci sans y forcer personne. a ne porte pas encore, je dois l'avouer, mais l on s'en occupe, et mon cole, je ne l'ai pas de si longtemps. Ce n'est pas que j'aie l'espoir qu'ailleurs on cesse de faire du transfert retour l'envoyeur. C'est J'attribut du patient, une singularit qui ne nous touche qu' nous commander la prudence, dans son apprciation d'abord, et plus que dans son maniement. Ici l'on s'en accommode, mais l o irions-nous? Ce que je sais, c'est que le discours analytique ne peut se soutenir d'un seul. J'ai le bonheur qu'il y Transfini en ait qui me suivent. Le discours a donc sa chance, du discours Aucune effervescence,- qui aussi bien se suscite de lui - , ne saurait lever ce qu'il atteste d'une Impossible maldiction sur le sexe, que Freud voque dans son du Bien-dire Malaise. sur le sexe,.
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Si j'ai parl d'ennui, voire de morosit, propos de l'abord divin de l'amour, comment mcon natre que ces deux affects se dnoncent - de pro pos, voire d'actes - chez les jeunes qui se vouent des rapports sans rpression -, le plus fort tant que les analystes dont ainsi ils se motivent leur oppo sent bouche pince. Mme si les souvenirs de la rpression familiale n'taient pas vrais, il faudrait les inventer, et on n'y manque pas. Le mythe, c'est a, la tentative de don ner forme pique ce qui s'opre de la structure. ... c'est L'impasse sexueUe scrte les fictions qui ratiode structure,... nalisent l'impossible dont elle provient. Je ne les dis pas imagines, j'y lis comme Freud l'invitation au rel qui en rpond. ... lire L'ordre familial ne fait que traduire que le Pre le mythe n'est pas le gniteur, et que la Mre reste contaminer d'dipe. la femme pour le petit d'homme ; le reste s'ensuit. Ce n'est pas que j'apprcie le got de l'ordre qu'il y a chez ce petit, ce qu'il nonce dire : Personnellement (sic) j'ai horreur de l'anarchie. Le propre de l'ordre, o il y en a le moindre, c'est qu'on n'a pas le goter puisqu'il est tabli. C'est arriv dj quelque part par bon heur, et c'est heur bon tout juste dmontrer que a y va mal pour mme l'bauche d'une libert. C'est le capitalisme remis en ordre. Au temps donc pour le sexe, puisqu'en effet le capitalisme, c'est de l qu'il est parti, de le mettre au rancart. Vous avez donn dans le gauchisme, mais autant que je le sache, pas dans le sexo-gauchisme. C'est que celui-ci ne tient qu'au discours analytique, tel qu'il ex-siste pour l'heure. Il ex-siste mal, de ne faire que redoubler la maldiction sur le sexe. En quoi il se montre redouter cette thique que je situais du Bien-dire.
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- N'est-ce pas reconnatre seulement qu'il n'y a rien attendre de la psychanalyse pour ce qui est d'apprendre faire l'amour? D'o on comprend que les espoirs se reportent sur la sexologie. - Comme je l'ai tout l'heure laiss entendre, c'est plutt la sexologie dont il n'y a rien attendre. On ne peut par l'observation de ce qui tombe sous nos sens, c'est--dire la perversion, rien construire de nouveau dans l'amour. Dieu par contre a si bien ex-sist que le paga nisme en peuplait le monde sans que personne y entende rien. C'est o nous revenons. < Dieu merci ! comme on dit, d'autres traditions nous assurent qu'il y a eu des gens plus senss, dans le Tao par exemple. Dommage que ce qui pour eux faisait sens soit pour nous sans porte, de Sagesse? laisserfroidenotre jouissance. Pas de quoi nousfrapper,si la Voie comme je l'ai dit passe par le Signe. S'il s'y dmontre quelque impasse, - je dis bien : s'assure se dmontrer, - c'est l notre chance que nous en touchions le rel pur et simple, - comme ce qui empche d'en dire toute la vrit. Il n'y aura de di-eu-re de l'amour que ce compte Dieu fait, dont le complexe ne peut se dire qu' se faire est dire. tordu. - Vous n'opposez pas aux jeunes, comme vous dites, bouche pince. Certes pas, puisque vous leur avez lanc un jour, Vincennes : Comme rvolutionnaires, vous aspirez un matre. Vous l'aurez. En somme, vous dcouragez la jeunesse.

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- Ils me cassaient les pieds selon la mode de l'poque. Il me fallait marquer le coup. Un coup si vrai que depuis ils se pressent mon sminaire. De prfrer, somme toute, la trique ma bonace. - D'o vous vient par ailleurs l'assurance de prophtiser la monte du racisme ? Et pourquoi diable le dire ? - Parce que ce ne me parat pas drle et que pourtant, c'est vrai. Dans l'garement de notre jouissance, il n'y a que l'Autre qui la situe, mais c'est en tant que nous en sommes spars. D'o des fantasmes, indits quand on ne se mlait pas. Laisser cet Autre son mode de jouissance, c'est ce qui ne se pourrait qu' ne pas lui imposer le ntre, ne pas le tenir pour un sous-dvelopp. S'y ajoutant la prcarit de notre mode, qui dsormais ne se situe que du plus-de-jouir, qui mme ne s'nonce plus autrement, comment esp rer que se poursuive l'humanitairerie de com mande dont s'habillaient nos exactions ? Dieu, en reprendre de la force,finirait-ilpar ex-sister, a ne prsage rien de meilleur qu'un retour de son pass funeste.

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VI
- Trois questions rsument pour Kant, voir le Canon de la premire Critique, ce qu'il appelle Vintrt de notre raison: Que puis-je savoir? Que dois-je faire? Que m'est-il permis d'esprer? Formule qui, vous ne Vignorezpas, est drive de Vexgse mdivale, et prcisment d'Agostino de Dock. Luther la cite, pour la critiquer. Voici Veocercke que je vous propose : y rpondre, votre tour, ou y trouver redire. - Le terme ceux qui m'entendent devrait, aux propres oreilles qu'il intresse, se rvler d'un autre accent ce qu'y rsonnent vos questions, au point que leur apparaisse quel point mon discours n'y rpond pas. Aussi bien n'y et-il que moi qui elles fissent cet effet, qu'il serait encore objectif, puisque c'est moi qu'elles font objet ce qu'il choie de ce dis cours, au point d'entendre qu'il les exclut, - la chose allant au bnfice (pour moi il est vrai secondaire) de me rendre raison de ce dont je me casse la tte quand, ce discours, j'y suis : - de l'assis tance qu'il recueille, pour moi lui sans mesure. A cette assistance, a apporte de ne plus entendre a. Il y a l de quoi m'inciter , votre flottille kan tienne, m'en faire embarcation pour que mon discours s'offre l'preuve d'une autre structure. - Eh bien, que puis-je savoir?

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Je le sapais - Mon discours n'admet pas la question de ce dj,... qu'on peut savoir, puisqu'il part de le supposer comme sujet de l'inconscient. Bien sr n'ignor-je pas le choc que fat New ton pour les discours de son poque et que c'est l ce dont procde Kant et sa cogitature. Il en ferait bord, de celle-ci, bord prcurseur l'analyse, quand il l'affronte Swedenborg, mais pour tater de Newton, il retourne l'ornire philosophique de s'imaginer que Newton rsume de ladite le piti nement. Kant serait-il parti du commentaire de Newton sur le livre de Daniel qu'il n'est pas sr qu'il y et trouv le ressort de l'inconscient. Ques tion d'toffe. L-dessus je lche le morceau de ce que rpond le discours analytique l'incongru de la question : que puis-je savoir? Rponse : ...car rien qui n'ait la structure du langage en tout cas, a-priori d'o il rsulte que jusqu'o j'irai dans cette limite, ' est une question de logique. le langage,... Ceci s'affirme de ce que le discours scientifique russisse l'alunissage o s'atteste pour la pense l'irruption d'un rel. Ceci sans que la mathma tique ait d'appareil que langagier. C'est ce dont les contemporains de Newton marquaient le coup. Ils demandaient comment chaque masse savait la distance des autres. A quoi Newton : Dieu, lui, le sait - et fait ce qui faut. Mais le discours politique, - ceci noter - , entrant dans l'avatar, l'avnement du rel, l'alunis sage s'est produit, au reste sans que le philosophe qu'il y a en chacun par la voie du journal s'en meuve sinon vaguement. L'enjeu maintenant est de quoi aidera sortir le rel-de-la-structure : de ce qui de la langue ne fait pas chiffre, mais signe dchiffrer.
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Ma rponse donc ne rpte Kant qu' ceci prs que se sont dcouverts depuis les faits de Tinconscient, et qu'une logique s'est dveloppe de la mathmatique comme si dj le retour de ces faits la suscitait. Nulle critique en effet, malgr le titre bien connu de ses ouvrages, ne vient juger en eux de la logique classique, en quoi il tmoigne seulement tre jouet de son inconscient, qui de ne penser ne saurait juger ni calculer dans le travail qu'il produit l'aveugle. Le sujet de l'inconscient, lui, embraye sur le corps. Faut-il que je revienne sur ce qu'il ne se situe vritablement que d'un discours, soit de ce dont l'artifice fait le concret, oh combien ! * Quoi de l peut se dire, du savoir qui ex-siste pour nous dans l'inconscient, mais qu'un discours seul articule, quoi peut se dire dont le rel nous vienne par ce discours ? Ainsi se traduit votre ques tion dans mon contexte, c'est--dire qu'elle parat folle.

... mats pas la logique des classes.

Pas de discours qui ne soit du semblant.

Il faut pourtant oser la poser telle pour avancer comment, suivre l'exprience institue, pour raient venir propositions dmontrer pour la soutenir. Allons. Peut-on dire par exemple que, si L'homme veut La femme, il ne l'atteint qu' chouer dans le champ de la perversion? C'est ce qui se formule de l'exprience institue du discours psychanaly tique. Si ceb se vrifie, est-ce enseignable tout le Le mathme monde, c'est--dire scientifique, puisque la science s'estfrayla voie de partir de ce postulat ? Je dis que a l'est, et d'autant plus que, comme le souhaitait Renan pour l'avenir de b science , c'est sans consquence puisque Lafemmen'ex-siste La femme pas. Mais qu'elle n'ex-siste pas, n'exclut pas qu'on en fasse l'objet de son dsir. Bien au contraire, d'o le rsultat.
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Moyennant quoi L'homme, se tromper, ren contre une femme, avec laquelle tout arrive : soit d'ordinaire ce ratage en quoi consiste la russite de l'acte sexuel. Les acteurs en sont capables des plus hauts faits, comme on le sait par le thtre. Le noble, le tragique, le comique, le bouffon ( se pointer d'une courbe de Gauss), bref l'ventail de ce que produit la scne d'o a s'exhibe - celle qui clive de tout lien social les affaires d'amour l'ventail, donc, se ralise, - produire les fan tasmes dont les tres de parole subsistent dans ce qu'ils dnomment, on ne sait trop pourquoi, de la vie . Car de la vie , ils n'ont notion que par l'animal, o n'a que faire leur savoir. Rien ne tu-moigne, en effet, comme s'en sont bien aperus les potes du thtre, que leur vie eux tres de parole ne soit pas un rve, hors le fait Tues... qu'ils tu-ent ces animaux tu---toi mme, c'est le cas de le dire dans lalangue qui m'est amie d'tre mie(nne). Car en fin de compte l'amiti, la <Pikia plutt d'Aristote (que je ne msestime pas de le quitter), c'est bien par o bascule ce thtre de l'amour dans la conjugaison du verbe aimer avec tout ce qui s'ensuit de dvouement l'conomie, la loi de la maison. Comme on le sait, l'homme habite et, s'il ne sait pas o, n'en a pas moins l'habitude. L'Oo, comme dit Aristote, n'a pas plus faire avec l'thique, dont il remarque l'homonymie sans parvenir l'en cli ver, que n'en a le lien conjugal. Comment, sans souponner l'objet qui tout cela fait pivot, non |9o, mais 8o, l'objet (a) pour le nommer, pouvoir en tablir la science ? Il est vrai qu'il restera accorder cet objet du mathme que La science, la seule encore exsister : La physique, a trouv dans le nombre et la
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dmonstration. Mais comment ne trouverait-il pas chaussure meilleure encore dans cet objet que j'ai dit, s'il est le produit mme de ce mathme situer de la structure, pour peu que celle-ci soit bien l'en-gage, l'en-gage qu'apporte l'inconscient la muette ? Faut-il pour en convaincre, revenir sur la trace qu'en donne dj le Mnon, savoir qu'il y a accs du particulier la vrit ? C'est coordonner ces voies qui s'tablissent d'un discours, que mme ce qu'il ne procde que de l'un l'un, du particulier, se conoit un nou veau que ce discours transmette, aussi incontesta blement que du mathme numrique. 1 II y suffit que quelque part le rapport sexuel cesse de ne pas s'crire, que de la contingence s'tablisse (autant dire), pour qu'une amorce soit L'amour conquise de ce qui doit s'achever le dmontrer, ce rapport, comme impossible, soit l'instituer dans le rel. Cette chance mme, on peut l'anticiper, d'un recours l'axiomatique, logique de la contingence quoi nous rompt ce dont le mathme, ou ce qu'il dtermine comme mathmaticien, a senti la ncessit : se laisser choir du recours aucune vi dence. Ainsi poursuivrons-nous partir de l'Autre, de l'Autre radical, qu'voque le non-rapport que le sexe incarne, - ds qu'on y aperoit qu'il n'y a de l'Un peut-tre que par l'exprience de l'(a)sexu. Pour nous il a autant de droit que l'Un d'un axiome faire sujet. Et voici ce que l'exprience ici suggre. D'abord que s'impose pour les femmes cette ngation qu'Aristote carte de porter sur l'universel, soit de n'tre pas-toutes, \vi\ rcvte. V* 4># Comme si carter de l'universel sa ngation, Aristote ne le rendait pas simplement futile : le dictus de omni et nullo n'assure d'aucune ex-sistence, 539

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comme lui-mme en tmoigne , cette ex-sistence, ne l'affirmer que du particulier, sans, au sens fort, s'en rendre compte, c'est--dire savoir pourquoi : - l'inconscient. C'est d'o une femme,- puisque de plus qu'une Tx* <5x on ne peut parler - une femme ne rencontre L'homme que dans la psychose. Posons cet axiome, non que L'homme n'exsiste pas, cas de La femme, mais qu'une femme se l'interdit, pas de ce que soit l'Autre, mais de ce S (A) qu' il n'y a pas d'Autre de l'Autre , comme je le dis. Ainsi l'universel de ce qu'elles dsirent est de la folie : toutes les femmes sont folles, qu'on dit. C'est mme pourquoi elles ne sont pas toutes, c'est--dire pas folles-du-tout, arrangeantes plutt : au point qu'il n'y a pas de limites aux concessions que chacune fait pour un homme : de son corps, de son me, de ses biens. N'en pouvant mais pour ses fantasmes dont il est moins facile de rpondre. Elle se prte plutt la perversion que je tiens (S 0 a) pour celle de L'homme. Ce qui la conduit la mascarade qu'on sait, et qui n'est pas le mensonge que des ingrats, de coller L'homme, lui imputent. Plutt l'-tout-hasard de se prparer pour que le fantasme de L'homme en elle trouve son heure de vrit. Ce n'est pas excessif puisque la vrit est femme dj de n'tre pas toute, pas toute se dire en tout cas. Mais c'est en quoi la vrit se refuse plus souvent qu' son tour, exigeant de l'acte des airs de sexe, qu'il ne peut tenir, c'est le ratage : rgl comme papier musique. Laissons a de traviole. Mais c'est bien pour la femme que n'est pas fiable l'axiome clbre de M. Fenouillard, et que, passes les bornes, il y a la limite : ne pas oublier.
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Par quoi, de l'amour, ce n'est pas le sens qui compte, mais bien le signe comme ailleurs. C'est mme l tout le drame. Et l'on ne dira pas qu' se traduire du discours analytique, l'amour se drobe comme il le fait ailleurs. D'ici pourtant que se dmontre que ce soit de cet insens de nature que le rel fasse son entre Il n'y a pas dans le monde de l'homme - soit les passages, tout de rapport compris : science et politique, qui en coincent sexuel L'homme alun, - d'ici l il y a de la marge. Car il y faut supposer qu'il y a un tout du rel, ce qu'il faudrait prouver d'abord puisqu'on ne suppose jamais du sujet qu'au raisonnable. Hypoteses non fxngo veut dire que n'ex-sistent que des discours. - Que dois-jefaire ? - J e ne peux que reprendre la question comme tout le monde me la poser pour moi. Et la rponse est simple. C'est ce que je fais, de ma pratique tirer l'thique du Bien-dire, que j'ai dj accentue. Prenez-en de la graine, si vous croyez qu'en d'autres discours celle-ci puisse prosprer. Mais j'en doute. Car l'thique est relative au discours. Ne rabchons pas. L'ide kantienne de la maxime mettre l'preuve de l'universalit de son application, n'est que la grimace dont s'esbigne le rel, d'tre pris d'un seul ct. Le pied de nez rpondre du non-rapport l'Autre quand on se contente de le prendre au pied de la lettre. Une thique de clibataire pour tout dire,
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Ne demande quefaire? que celui ontk disir *'"*&*

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celle qu'un Montherlant plus prs de nous a incar ne. Puisse mon ami Claude Lvi-Strauss structurer son exemple dans son discours de rception l'Acadmie, puisque l'acadmicien a le bon heur de n'avoir qu' chatouiller la vrit pour faire honneur sa position. Il est sensible que grce vos soins, c'est l que j'en suis moi-mme. - J'aime la pointe. Mais si vous ne vous tes pas refus cet exercice, d'acadmicien en effet, c'est que vous en tes, vous, chatouill. Et je vous le dmontre, puisque vous rpondez la troisime question. - Pour que m'est-il permis d'esprer?, je vous la rtorque, la question, c'est--dire que je l'entends cette fois comme venant de vous. Ce que j'en fais pour moi, j'y ai rpondu plus haut. Comment me concernerait-elle sans me dire quoi esprer? Pensez-vous l'esprance comme sans objet? Vous donc comme tout autre qui je donnerais du vous, c'est ce vous que je rponds, esprez ce qu'il vous plaira. Sachez seulement que j'ai vu plusieurs fois l'esprance, ce qu'on appelle : les lendemains qui chantent, mener les gens que j'estimais autant que je vous estime, au suicide tout simplement. Pourquoi pas ? Le suicide est le seul acte qui puisse russir sans ratage. Si personne n'en sait rien, c'est qu'il procde du parti pris de ne rien savoir. Encore Montherlant, qui sans Claude je ne penserais mme pas.
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Pour que la question de Kant ait un sens, je la transformerai en: d'o vous esprez? En quoi vous voudriez savoir ce que le discours analytique peut vous promettre, puisque pour moi c'est tout cuit. La psychanalyse vous permettrait d'esprer assurment de tirer au clair l'inconscient dont vous tes sujet. Mais chacun sait que je n'y encourage personne, personne dont le dsir ne soit pas dcid. Bien plus, excusez-moi de parler des vous de mauvaise compagnie, je pense qu'il faut refuser le discours psychanalytique aux canailles: c'est srement l ce que Freud dguisait d'un prtendu -critrium de culture. Les critres d'thique ne sont malheureusement pas plus certains. Quoi qu'il en soit, c'est d'autres discours qu'ils peuvent se juger, et si j'ose articuler que l'analyse doit se refuser aux canailles, c'est que les canailles en deviennent btes, ce qui certes est une amlioration, mais sans espoir, pour reprendre votre terme. Au reste le discours analytique exclut le vous qui n'est pas dj dans le transfert, de dmontrer ce rapport au sujet suppos savoir qu'est une mani festation symptomatique de l'inconscient. '^ J'y exigerais de plus un don de la sorte dont se crible l'accs la mathmatique, si ce don exis tait, mais c'est un fait que, faute sans doute de ce qu'aucun mathme hors les miens, ne soit sorti de ce discours, il n'y a pas encore de don discernable leur preuve. La seule chance qui en ex-siste ne relve que du bon heur, en quoi je veux dire que l'espoir n'y fera rien, ce qui suffit le rendre futile, soit ne pas le permettre.

Ne veux-tu rien savoir *u destin V* ufait l'inconscient?

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VII

- Titillez donc voir la vrit que Boileau versifie comme suit : Ce que Von conoit bien, s*nonce claire ment. Votre style, etc. - Du tac au tac je vous rponds. Il suffit de dix ans pour que ce que j'cris devienne clair pour tous, j'ai vu a pour ma thse o pourtant mon style n'tait pas encore cristallin. C'est donc un fait d'exprience. Nanmoins je ne vous renvoie pas aux calendes. Je rtablis que ce qui s'nonce bien, l'on le conoit clairement - clairement veut dire que a fait son chemin. C'en est mme dsesprant, cette promesse de succs pour la rigueur d'une thique, de succs de vente tout au moins. a nous ferait sentir le prix de la nvrose par quoi se maintient ce que Freud nous rappelle : que ce n'est pas le mal, mais le bien, qui engendre la culpabilit. Impossible de se retrouver l-dedans sans un soupon au moins de ce que veut dire la castra tion. Et ceci nous claire sur l'histoire que Boileau l-dessus laissait courir, clairement pour qu'on s'y trompe, savoir qu'on y croie. Le mdit install dans son ocre rput : Il n'est pas de degr du mdi-ocre au pire , voil ce que j'ai peine attribuer l'auteur du vers qui humorise si bien ce mot. Tout cela est facile, mais a va mieux ce qui se rvle, d'entendre ce que je rectifie pieds de plomb, pour ce que a est : un mot d'esprit qui personne ne voit que du feu.
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A qui joue sur le cristal de la langue,...

. un jars toujours mange le sexe.

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Ne savons-nous que le mot d'esprit est lapsus calcul, celui qui gagne la main l'inconscient ? a se lit dans Freud sur le mot d'esprit. Et si l'inconscient ne pense, ne calcule, etc., c'est d'autant plus pensable. On le surprendra rentendre, si on le peut, ce que je me suis amus moduler dans mon exemple de ce qui peut se savoir, et mieux : moins de jouer du bon heur de lalangue que d'en suivre la monte dans le langage... Il a fallu mme un coup de pouce pour que je m'en aperoive, et c'est l o se dmontre le fin du site de l'interprtation. Devant le gant retourn supposer que la main savait ce qu'elle faisait, n'est-ce pas le rendre, le gant, justement quelqu'un que supporteraient La Fontaine et Racine ? L'interprtation doit tre preste pour satisfaire l'entreprt. De ce qui perdure de perte pure ce qui ne a_ parie que du pre au pire. (~ 9)

JACQUES LACAN

Autres crits

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ISBN 978-2-02-048647-7 > ditions du Seuil, avril 2001 Les rfrences concernant la premire publication des textesfigurenten fin d'ouvrage
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