Téléchargez comme PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 35
Module intgr C
Nphrologie Insuffisance rnale chronique
1
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Nphrologie INSUFFISANCE RENALE CHRONIQUE
Objectifs
Diagnostiquer et stadifier une insuffisance rnale chronique. Comprendre l'intrt d'un diagnostic et d'une prise en charge prcoces. Argumenter l'attitude thrapeutique et planifier le suivi. Indiquer les principes de la prise en charge au long cours et des techniques de supplance. Connatre les moyens de la prvention de l'insuffisance rnale.
ECN: 253. Insuffisance rnale chronique
Plan de cours
I- Physiopathologie .................................................................................................. 2 I.1- Caractristiques de l'IRC............................................................................................3 I.2- La rponse adaptative rnale.....................................................................................4 I.3- Rpercussions de l'IRC sur l'homostasie...............................................................6 I.4- Hypertension artrielle et IRC....................................................................................9 I.5- Facteurs d'aggravation.............................................................................................11 II- Etude clinique..................................................................................................... 13 II.1- Progression de l'IRC ................................................................................................13 II.2- Facteurs de dcompensation aigu au cours de l'IRC.........................................15 II.3- La phase terminale...................................................................................................17 III- Prise en charge de l'insuffisant rnal chronique............................................ 18 III.1- Diagnostic prcoce .................................................................................................18 III.2- Enqute tiologique ................................................................................................19 III.3- Information et surveillance.....................................................................................22 III.4- Orientations thrapeutiques...................................................................................25 III.5- Epuration extrarnale..............................................................................................27 III.6- Transplantation rnale............................................................................................32 IV. Prvention.......................................................................................................... 34
Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 2
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade I- Physiopathologie
Quelle est la dfinition de linsuffisance rnale chronique (IRC) ?
LIRC est un syndrome correspondant une rduction des fonctions rnales:
permanente (installe depuis au moins 3 mois); irrversible.
LIRC se caractrise par lincapacit dfinitive des reins daccomplir: leur rle dmonctoire des dchets de lorganisme (fonction excrtrice), ainsi que leur fonction endocrine.
Une maladie historique: l'urmie Les consquences cliniques de latteinte chronique de la fonction rnale ont t correctement analyses ds le sicle dernier (mal de Bright). L'accumulation de lure dans l'organisme, notamment dans le plasma, est la premire caractristique biologique avoir fait lobjet dune identification chimique. Pour cette raison, on dsigne couramment sous le terme d'urmie l'ensemble des symptmes et signes de cette affection.
Quelle est lvolution naturelle dune IRC ?
L'IRC saggrave de faon progressive et inluctablement.
Ce processus stend habituellement sur des annes, voire des dcades. Au cours de son volution, des dsordres croissants se constituent.
Archtype de la maladie nphrologique, lIRC reprsente, son stade prcoce, une pathologie associe, observable chez de nombreux sujets ayant des affections varies. Elle constitue alors un risque supplmentaire quil importe de reconnatre et de prendre en compte afin dviter des complications parfois svres.
A un stade plus volu, lIRC impose une prise en charge spcialise, qui en fait la cause la plus frquente dhospitalisation dans les services de Nphrologie.
Si la destruction rnale devient totale (IRC dite terminale = IRCT), elle impose pour la survie la mise en uvre dun traitement substitutif dfinitif des fonctions disparues: lpuration extrarnale (EER), laquelle seule la transplantation rnale offre une alternative.
En quoi lIRC constitue-elle un problme majeur de sant publique ?
LIRC constitue une proccupation grave et croissante:
individuelle: en raison du facteur de risque quelle reprsente et des contraintes quelle entrane;
collective: en raison de sa prvalence en hausse, et du cot financier et social engendr son stade ultime par son traitement rptitif par le rein artificiel.
Les sujets concerns par la phase terminale (environ 600 par million dhabitants, soit 30.000 pour la France) sont en nombre relativement restreint.
Mais le poids conomique de lEER (2% des dpenses de sant au bnfice de <1 de la population), tout autant que le handicap prolong vcu par les sujets en dialyse, sont considrables.
Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 3
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade Pourquoi lincidence et la prvalence de lIRC et de lIRCT sont-elles en hausse ?
Laugmentation est de 5% par an. Elle caractrise les pays industrialiss. Elle est due la sommation de plusieurs phnomnes:
Rduction des causes de mortalit plus prcoce; Allongement corollaire de la dure de vie; Frquence accrue du diabte sucr.
I.1- Caractristiques de l'IRC
Quel est le critre de la destruction nphronique?
La diminution de la filtration glomrulaire (FG) est lindicateur de la rduction de la fonction rnale.
Il ny a pas dIRC sans altration de la FG.
Une atteinte rnale sans baisse de la FG nest pas une insuffisance rnale.
La diminution de la FG est apprcie conjointement par deux mesures: - diminution de la clairance de la cratinine; - augmentation corollaire de la cratininmie.
Pour en savoir plus. LES REINS, PIVOT DE LHOMEOSTASIE Du fait des fonctions multiples des reins, les perturbations engendres par lIRC sont nombreuses.
Fonction monctoire. Les reins ont pour fonction essentielle, grce leur capacit dexcrtion, dpurer les dchets de lorganisme (acides organiques, ure).
Stabilit du milieu intrieur. Les reins assurent lquilibre entre les entres et les sorties de leau et des lectrolytes. Ils sont le point dimpact de lADH et de laldostrone.
Fonction endocrine des reins. Les reins sont en jeu dans trois rgulations importantes:
- Equilibre tensionnel. La scrtion de rnine par lappareil juxtaglomrulaire conditionne la synthse de langiotensine.
- Erythropose (scrtion de lrythropotine).
- Mtabolisme phosphocalcique (1-hydroxylation de la vitamine D).
Pour en savoir plus. LA FILTRATION GLOMERULAIRE, PROPRIETE ESSENTIELLE DES REINS La FG conditionne la capacit des reins assurer leur fonction.
Le lieu. La FG a son sige dans les anses capillaires qui constituent le floculus de chaque glomrule. Elle seffectue travers trois structures accoles: - lendothlium du capillaire; - la membrane basale; - le tamis constitu par les mailles des pseudopodes cytoplasmiques (pdicelles) des cellules pithliales (podocytes).
Le mcanisme. La FG est la rsultante de facteurs tenant: - dune part aux proprits dune substance donne: - poids molculaire; - degr de fixation par les protines du srum; - dautre part aux caractristiques du filtre glomrulaire: - pression de filtration, reprsente par la pression hydrostatique intracapillaire; - coefficient de filtration, fonction de la permabilit de la membrane basale.
Dans lIRC. La dfaillance rnale va de pair avec la diminution du coefficient de filtration de la membrane basale. Elle saccompagne dune rduction progressive de la FG. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 4
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Quel est le substratum anatomique de lIRC ?
Lapparition de dpts dans la matrice extracellulaire est laboutissant de toutes les atteintes responsables dune IRC. Elle entrane: la destruction progressive des glomrules (glomrulosclrose), puis leur disparition (lsion en pain cacheter) une fibrose interstitielle conduisant latrophie par perte de larchitecture rnale.
Deux mcanismes concourent cet aboutissant. Ils sont plus ou moins impliqus selon la nphropathie initiale:
Une IRC peut-elle se dvelopper en cas datteinte rnale unilatrale ?
Seule une lsion rnale bilatrale et diffuse (ou un rein oppos dj absent) peuvent conduire une IRC.
Une atteinte unilatrale est compense par le rein oppos et ne conduit pas (sauf nphropathie surajoute) lIRC.
Pour en savoir plus. LE PHENOMENE DU REIN COMPENSATEUR Lorsquune nphrectomie unilatrale est pratique chez l'enfant ou l'adulte jeune, on observe une rduction de moiti de la fonction rnale, suivie en quelques semaines du retour progressif de la clairance de la cratinine un niveau proche de sa valeur initiale. La taille du rein restant augmente. Il est le sige d'une hypertrophie compensatrice dont le processus inducteur est encore mal connu (synthse dADN), qui lui permet de suppler la fonction du rein manquant. A long terme, il n'y a donc pas dIRC. Il en est de mme lors de l'absence congnitale d'un rein.
Par contre, si la nphrectomie est effectue tard dans la vie, l'hypertrophie du rein oppos est souvent rduite ou absente: ce phnomne compensateur ne parvient pas suppler le rein manquant. Il existe alors un certain degr d'insuffisance rnale, dabord stable, mais susceptible de se renforcer progressivement.
I.2- La rponse adaptative rnale
Quels sont les mcanismes de compensation dont disposent les reins ?
Ils sont de deux types:
Processus dadaptation passifs. Ils aident les reins maintenir longuement un quilibre suffisant malgr la rduction progressive du capital nphronique. - Maintien de la charge des substances ultrafiltrables. - Augmentation de la diurse.
Phnomne dadaptation actifs. Ils correspondent ladaptation nphronique. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 5
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Comment la charge des substances ultrafiltrables peut-elle se maintenir malgr la baisse de la filtration glomrulaire ?
Le volume de plasma filtr diminue, mais la concentration de ces substances dans lurine primitive augmente au prorata de llvation de leur taux plasmatique.
Dans lIRC, la rduction du coefficient de filtration de la membrane basale a pour effet la diminution du transport travers le filtre glomrulaire, et pour corollaire laugmentation de la concentration plasmatique des substances dites ultrafiltrables (non lies aux protines et de petit poids molculaire: ure, ions, cratinine).
Ces substances continuent cependant se retrouver dans lurine primitive (tube contourn proximal) la mme concentration que dans le plasma. Ceci permet le maintien prolong dune charge filtre relativement leve malgr la rduction de la permabilit glomrulaire et de la FG (mais au prix dune intoxication croissante due la rtention plasmatique).
Quel est leffet de laugmentation de la diurse ?
La polyurie est un des signes les plus prcoces de lIRC.
La polyurie est lie l'augmentation de la charge des nphrons rsiduels. Elle participe ladaptation nphronique et contribue au maintien de lexcrtion des substances dissoutes (une mme quantit est limine, malgr la diminution de la concentration des urines).
Ce phnomne concourt maintenir la diurse jusqu' la phase terminale. L'atteinte de la dilution (oligurie) est extrmement tardive. 1
Quel est le mcanisme de ladaptation nphronique ?
Ce phnomne consiste en laugmentation du pouvoir fonctionnel des nphrons encore intacts. Il constitue un phnomne retardateur qui contribue au maintien prolong de lhomostasie.
Lorganisme dispose au dpart de 2 millions de nphrons. Au fur et mesure que certains nphrons disparaissent, une adaptation des nphrons survivants (ou rsiduels), dcrite sous le terme de thorie des nphrons restants se produit. Leur filtration glomrulaire individuelle augmente, ce qui leur assure un pouvoir maximal et ralentit la dgradation de la fonction rnale.
Pour en savoir plus. LA THEORIE DES NEPHRONS RESTANTS L'atteinte rnale, dans sa progression, ne lse pas simultanment tous les nphrons. Au fur et mesure que le nombre de nphrons encore intacts diminue, ils s'hypertrophient et deviennent hyperfonctionnels; leur pouvoir de filtration individuel (SNGFR = single nephron glomerular filtration rate) saccrot fortement et leur fonction tubulaire se modifie, afin de compenser ceux qui ont disparu.
Cette compensation est trs longuement efficace, car les potentialits de chaque nphron sont normes. De la sorte, la fonction rnale reste meilleure que le nombre de nphrons survivants ne le supposerait, et lhomostasie est maintenue plus longtemps. Il a cependant des limites. Au fur et mesure de la progression de la rduction nphronique, ladaptation devient de moins en moins performante, et des troubles croissants sinstallent.
Des tudes sur lanimal ont montr lexistence dun seuil (perte denviron 75% du parenchyme) au-del duquel les nphrons restants deviennent
1 Cette polyurie adaptative est distinguer de la perte majeure du pouvoir de concentration qui sobserve dans les IRC dues des lsions mdullaires (tissu interstitiel) qui prcdent l'atteinte glomrulaire. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 6
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade trop peu nombreux pour assurer le maintien de lhomostasie.
Les derniers nphrons intacts sont soumis une surcharge de travail intense, ce qui favorise linstallation dune fibrose (glomrulosclrose) qui raccourcit leur existence.
Lhypertrophie des nphrons restants favorise lapparition dune protinurie et dune inflammation locale (apparition de macrophages, libration de cytokines et de facteurs de croissance) qui contribue la destruction fibreuse.
Pourquoi lIRC continue-t-elle saggraver mme lorsque sa cause peut tre supprime et les facteurs daggravation contrls ?
Plusieurs facteurs contribuent cette aggravation.
Vieillissement naturel du rein. Ses effets sont plus marqus sur des reins pathologiques.
Adaptation nphronique. Elle contribue par elle-mme une auto-aggravation de lIRC. Ce phnomne est inluctable, mme si ltiologie de lIRC a pu tre corrige.
La surcharge des nphrons restants est responsable de leur fibrose progressive. Lajout de cette destruction la maladie causale explique le caractre acclr de la priode finale de lIRC. Aprs une priode plus ou moins prolonge de diminution lente de la fonction rnale, un basculement survient, et induit une dcompensation terminale souvent prcipite.
I.3- Rpercussions de l'IRC sur l'homostasie
Pourquoi les phnomnes de compensation nassurent-ils pas un quilibre satisfaisant ?
Ils nempchent pas la rtention des substances dont les reins sont lmonctoire.
La rserve fonctionnelle des reins leur assure une souplesse extraordinaire de fonctionnement. Leurs capacits dpassent de trs loin les contraintes habituelles de lhomostasie. On peut encore vivre sans supplance artificielle avec moins de 1/20 du nombre initial de nphrons.
Mais laugmentation progressive du taux plasmatique de nombreuses substances est invitable.
Quelles sont les substances concernes par cette augmentation ?
Principalement les substances suivantes: Ure (urmie); Potassium; Phosphore; Acides organiques (acidose mtabolique); Acide urique; Toxiques et mdicaments.
Pourquoi la natrmie naugmente-elle pas alors quil existe aussi une rtention sode ?
Les signes dune rtention sode sont lhypertension artrielle (HTA) et les dmes, mais non l'hypernatrmie.
A la diffrence de toutes les autres substances, la rduction de llimination du sodium ne saccompagne pas dune lvation de sa concentration sanguine. L'eau et le sel tant retenus indissociablement, la natrmie reste normale.
Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 7
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
La rtention sode est-elle obligatoire au cours de lIRC ?
La rtention sode est habituelle, mais non obligatoire.
Dans de rares cas (moins d1/10 des IRC), on constate non pas une rtention sode, mais une fuite sode. Ce phnomne est dfini comme lincapacit des reins rduire lexcrtion sode de faon conserver une balance normale, face des situations de risque: - entres rduites (rgime restrictif en sodium); - pertes extrarnales excessives (vomissements, diarrhe).
Une exception: la fuite sode au cours de l'IRC Si des lsions tubulo-interstitielles importantes sont associes aux lsions glomrulaires, une disparition totale de la rgulation tubulaire du transport du sodium peut se constituer, ce qui entrane un trouble de la rabsorption avec perte sode excessive dans les urines
La consquence est la survenue, non pas d'une HTA, mais d'un risque paradoxal d'hypopovolmie et de collapsus.
Cette situation sobserve dans les IRC dues une nphrite interstitielle chronique. Il est li la prdominance tubulaire du sel.
Quelle est la cintique du dsordre de lhomostasie cr par lIRC ?
La rduction de la fonction rnale entrane un trouble: - dabord intermittent et rvl dans des circonstances inhabituelles; - puis permanent et de plus en plus rapide.
Phase de compensation. La rserve fonctionnelle rnale autorise le maintien habituel de lquilibre et nest dborde que dans des situations exceptionnelles. De brusques augmentations des apports dmasquent la rduction du pouvoir dadaptation des reins.
Phase dcompense. Amenuisement, puis disparition de la marge de dfense. Au fur et mesure que lIRC progresse, la perte de souplesse de la fonction excrtrice saccentue et ladaptabilit des reins aux modifications de la charge mtabolique diminue.
Comment ce principe s'applique-t-il lure?
Son taux dpend tout moment de l'quilibre entre les entres et les sorties.
Chez un sujet normal, une augmentation des apports est rapidement compense par laugmentation de la sortie rnale.
En cas dIRC, l'ure s'accumule dans l'organisme au prorata de la baisse de la filtration glomrulaire:
Augmentation temporaire du taux plasmatique (appel par habitude "azotmie") elle se traduit en cas dIRC dbutante. Une rduction des entres (rgime alimentaire) permet de prolonger lquilibre.
Augmentation de plus en plus marque et de plus en plus prolonge, pour une mme modification des entres, au fur et mesure que lIRC saggrave. La rtention azote devient ensuite permanente. Ure (et cratinine) s'lvent lentement au dbut, puis de plus en plus vite.
Une excrtion urinaire de l'ure dite normale (cest--dire une sortie gale aux apports) reste cependant longuement possible (effet de la charge) malgr la diminution du coefficient de permabilit glomrulaire, au prix de llvation progressive de l'ure plasmatique.
Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 8
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Comment sapplique-t-il au potassium ?
LIRC favorise lapparition dune hyperkalimie.
L'augmentation de la scrtion tubulaire du potassium permet de conserver longuement une excrtion normale, si bien que la kalimie reste dans les normes jusqu'au stade terminal. Mais, ds que la clairance de la cratinine devient infrieure 20 ml/min, il existe un risque croissant d'hyperkalimie, qui peut se renforcer subitement.
Deux phnomnes accroissent ce risque: Augmentation brutale de l'apport digestif; Prise inconsidre de certains mdicaments.
Comment sapplique-t-il aux acides ?
LIRC entrane une acidose mtabolique.
La scrtion des ions H+ diminue au prorata de la rduction nphronique. Comme le catabolisme gnre en permanence des dchets acides, il existe une tendance croissante l'acidose mtabolique, compense par une baisse progressive de la bicarbonatmie.
La rtention des ions H+ s'accrot rapidement lors d'une pousse d'hypercatabolisme (infection aigu par exemple).
Quelle est la consquence de la rtention des dchets azots ?
Elle a un effet toxique qui participe au syndrome urmique.
Toxicit propre de l'ure. Laccumulation de lure survient au prorata de la baisse de la filtration glomrulaire. Elle permet le maintien de la charge filtre, mais est malheureusement mal tolre. Bien que la toxicit de l'ure reste dbattue, on lui reconnat un rle important dans les phnomnes suivants: - Diminution de l'agrgation plaquettaire (hmorragies); - Troubles digestifs de l'urmie; - Acclration de la glomrulosclrose par laugmentation de la charge filtre.
Autres dchets azots. Dautres substances saccumulent au cours de lIRC. Plus que lure, ces "toxines urmiques" contribuent deux complications: - Neuropathie (ou polynvrite) urmique; - Anmie de l'IRC.
Quelles autres complications lIRC provoque-elle ?
Lurmie nest que lune des consquences. Des troubles hormonaux et mtaboliques engendrent une maltolrance croissante.
Ces dsordres font appel deux mcanismes: - Rtention de certaines substances du fait de labaissement de la FG; - Dfaut de scrtion dautres substances du fait de latteinte du parenchyme rnal.
Les principales anomalies sont les suivantes : Anmie. Perturbation de lquilibre phosphocalcique.
Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 9
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
A quels mcanismes est due lanmie ?
Une anmie apparat ds que lIRC est assez volue. Elle est due une conjonction de facteurs:
Diminution de la production rythrocytaire: - Rtention de toxines urmiques (sidration mdullaire) - Diminution de la synthse rnale de l'rythropotine; - Carence protidique, rsultant de lapparition (tardive) dun dgot alimentaire.
Augmentation de la destruction globulaire: - Hyperhmolyse avec dure de vie des hmaties raccourcie;
Augmentation des pertes: - Soustractions sanguines du fait des bilans biologiques de surveillance; - Pertes accidentelles (hmorragies digestives); - Facilitation par un trouble de lhmostase (troubles fonctionnels plaquettaires). 2
A quoi sont dues les anomalies phosphocalciques ?
L'insuffisance rnale entrane des dsordres complexes:
Diminution du taux de la forme terminale active (1-25 di OH) de la vitamine D, par dfaut de conversion rnale de la 25 OH, d'o une diminution de l'absorption intestinale du calcium.
Dfaut d'limination des phosphates, do l'lvation de la phosphormie.
Quelles en sont les consquences ?
Consquences osseuses.
- Hyperparathyrodie secondaire. Elle rsulte de lhypocalcmie engendre par les deux troubles ci-dessus.
- Ostodystrophie rnale. Ce terme dsigne une atteinte osseuse mixte due aux effets combins : - de lostomalacie lie la non-synthse de la vitamine D; - de l'hyperdestruction osseuse due lhyperparathyrodie.
Consquences vasculaires. LIRC favorise lapparition de calcifications vasculaires diffuses dans la gense desquelles lhyperphosphatmie parat jouer un rle dterminant.
I.4- Hypertension artrielle et IRC
Quelle est la signification dune HTA au cours de lIRC ?
LHTA peut tre la fois la cause et la consquence dune IRC.
IRC secondaire une HTA prolonge. Les reins participent (nphroangiosclrose) aux lsions artriolaires (artriosclrose) des organes-cible de lHTA. LHTA, quelle que soit son tiologie (essentielle ou secondaire), constitue un facteur de risque vasculaire et reprsente une cause importante dIRC.
HTA secondaire lIRC. Llvation tensionnelle est la consquence de deux phnomnes:
2 L'accumulation d'acide guanidino-succinique a t incrimine. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 10
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
- Hypervolmie engendre par la rtention sode. La plthore sanguine sexerce la fois: - dans le secteur capacitif (circulation veineuse), do les dmes, - dans le secteur rsistif (lit artriel), do lHTA. 3
- Persistance dun taux dangiotensine normal, en fait inadapt. 4
LHTA secondaire joue-elle un rle dans ladaptation rnale lIRC ?
LHTA contribue au maintien de lexcrtion du sodium. Elle reprsente donc certains gards un phnomne passif dadaptation.
Les nphrons survivants sont le sige dun double phnomne qui permet le maintien prolong dune excrtion sode normale (cest--dire adapte aux apports) malgr la progression de lIRC: Maintien de la filtration du sodium au prix dune lvation de la PA (qui est lquivalent pour leau et le sel de ce quest la charge pour les substances ultrafiltrables); Diminution de la rabsorption tubulaire qui contribue la polyurie.
La rduction de lapport sod alimentaire, proportionne au degr de lIRC, permet de prolonger cet quilibre. De la sorte, alors que lHTA est prcoce, ce nest bien souvent (sauf erreur de rgime flagrante) qu la phase terminale de la maladie (prcdant de peu la prise en charge en dialyse) quune inadquation survient et quapparaissent les dmes.
Pour en savoir plus. PHYSIOPATHOLOGIE DE LHTA DANS LIRC La membrane basale (MB) glomrulaire a une paisseur suprieure toute autre MB. Cette proprit, qui assure son impermabilit aux protines, rend ncessaire une pression de filtration plus leve (60 mmHg) que toute autre pression hydrostatique capillaire de lorganisme (30 mmHg), ce qui fait des reins la cible prcoce du vieillissement vasculaire.
La stabilit de la pression capillaire intraglomrulaire permet la FG de rester constante (de mme que le flux sanguin rnal) quelle que soit la PA (phnomne dautorgulation). Y contribuent les modifications hmodyna- miques suivantes:
- En cas dlvation tensionnelle, une vasoconstriction accrue de lartriole affrente empche laugmentation de la pression intraglomrulaire. Cela limite le risque pour les nphrons dtre soumis une pression encore plus leve entranant leur usure prmature.
- En cas de baisse tensionnelle, une vasoconstriction accrue de lartriole effrente maintient la filtration glomrulaire (sauf en cas de collapsus).
Par ailleurs, le sodium filtr (retrouv dans lurine primitive) est une fonction du produit de la pression de filtration intraglomrulaire et du coefficient de filtration de la MB. La FG demeurant constante, le sodium filtr devrait thoriquement demeurer stable, quelle que soit la PA.
Ci-contre. Pourtant, un rein normal soumis dans des conditions exprimentales une pression de perfusion leve rpond par une natriurse accrue, dite natriurse de pression. Ceci montre que la rgulation hmodynamique nest pas parfaite. Dans lIRC notamment, la perfusion des nphrons restants est altre. Parmi les glomrules survivants, certains restent
3 Lhypervolmie entrane initialement une lvation du dbit cardiaque. Dans un second temps une adaptation physiologique (autorgulation) entrane la diminution du dbit cardiaque et llvation de la rsistance artriolaire, qui devient responsable de lHTA. Llvation du dbit cardiaque observe dans lIRC est due lanmie plus qu lhypervolmie.
4 Compte tenu de la rtention sode et de llvation tensionnelle, la scrtion dangiotensine devrait tre nulle. Mais le feed- back est drgl. LIRC entrane du fait de la glomrulosclrose une ischmie rnale, ce qui provoque une scrtion persistante de rnine. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 11
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade protgs. Dautres sont forcs , exposant ainsi le floculus une hyperpression intraglomrulaire qui tend accrotre la natriurse.
En cas dIRC, la FG continue sautorguler, mais un niveau plus bas du fait de la diminution du coefficient de permabilit. La relation concernant le sodium persiste selon une nouvelle courbe ( pression gale, moins bonne excrtion). Une rtention sode se constitue, do llvation de la PA jusqu la valeur qui permet au dbit initial du sodium de se rtablir. Un quilibre prcaire se recre (le bilan redevient nul), mais la balance reste positive, ce qui perptue llvation tensionnelle. A chaque nouvelle dgradation de la fonction rnale correspond une courbe plus basse, ce qui engendre une nouvelle hausse tensionnelle.
Ci-contre: substitution des axes, et remplacement de la natriurse par lapport sod (quivalent). Une rduction de lapport de sel (justification du rgime restrictif) permet de rduire la pression ncessaire son excrtion (Guyton et Fourcade).
I.5- Facteurs d'aggravation
Quelles sont les consquences de lHTA secondaire lIRC ?
Bien que lHTA constitue un mcanisme compensateur, elle reprsente un facteur majeur de progression de lIRC
LHTA induit une hyperfiltration des nphrons rsiduels (augmentation du SNGFR), ce qui entrane leur destruction acclre et lvolution vers la glomrulosclrose.
Elle entrane par ailleurs une usure vasculaire acclre et des lsions viscrales (cerveau, rtine).
Elle induit une insuffisance cardiaque par augmentation de la post-charge du ventricule gauche, dont les effets sajoutent ceux de linsuffisance rnale.
En dfinitive, lHTA secondaire lIRC doit-elle tre respecte ou traite ?
Les inconvnients de lHTA dpassent de loin son effet compensateur. Elle constitue par consquent un cercle vicieux dans lIRC. A ce titre, elle est dltre et doit tre combattue.
Outre lHTA, quels sont les autres facteurs daggravation de lIRC ?
Des anomalies surajoutes peuvent acclrer lvolution de lIRC vers la phase terminale, quelle que soit son tiologie.
Certains de ces facteurs sont accessibles un traitement ou une dmarche prventive. Il est donc capital de les reconnatre et si possible de les corriger, car cette intervention peut ralentir la progression de lIRC.
a) Facteurs lis lIRC ou sa cause
Charge protidique. Les nphrons survivants, encore fonctionnels, doivent excrter une charge protidique anormale qui, pour chacun d'entre eux, va croissant quand leur nombre se rarfie. Des tudes exprimentales indiquent que cette charge excessive est nfaste. Elle altre, par un effet toxique, les derniers nphrons et acclre le processus de glomrulosclrose.
Protinurie. Elle est favorise par lhyperfiltration des nphrons restants. Lorsquelle est abondante (glomrulopathies avec syndrome nphrotique), elle accentue lvolution de lIRC par un effet toxique sur le nphron. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 12
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Lsions vasculaires. Les calcifications vasculaires sont plus frquentes, plus prcoces et plus diffuses dans lIRC que dans la population gnrale. Leur dveloppement constitue un risque spcial qui augmente la mortalit cardiovasculaire, avant le stade de la dialyse comme aprs: - Risque dinfarctus du myocarde; - Frquence leve des amputations des membres infrieurs, notamment en cas de diabte associ.
HTA. Consquences analyses plus haut.
b) Facteurs gnraux non contrlables
Vieillissement artriel li lge. Ses deux facettes (athrome, artriosclrose) reprsentent une des principales tiologies actuelles de lIRC. Sur une IRC dautre origine, le vieillissement entrane par lui-mme, mme sans HTA surajoute, une dtrioration supplmentaire invitable de la fonction rnale.
c) Facteurs indpendants mais contrlables
Facteurs de risque vasculaire. Ils ont un rle aggravant essentiel dans toute IRC. Leur effet est multifactoriel.
Uropathies obstructives. Une uropathie surajoute peut aggraver une IRC de toute autre origine.
Causes accidentelles. Ce ne sont pas proprement parler des facteurs dacclration de lIRC, mais des piphnomnes qui prcipitent lapparition dun dsquilibre et entranent une d- compensation brutale. Leur prvention est donc capitale. Ils sont dcrits plus loin sous le nom de facteurs de dcompensation aigu de lIRC.
Les facteurs de risque vasculaire dans l'IRC Facteurs classiques Hypertension artrielle (voir ci-dessus); Diabte sucr. Il constitue par lui-mme une cause majeure dIRC. Hypercholestrolmie. Tabagisme. Il acclre les lsions vasculaires et joue trs probablement un rle nfaste sur la vitesse dvolution de lIRC.
Autres facteurs. On considre que les facteurs classiques mentionns ci-dessus ne contribuent au risque vasculaire qu hauteur de 50%. A leur ct, on attache une importance croissante au rle jou par de nouveaux facteurs spcifiques de lIRC:
Elvation de langiotensinmie. Son effet justifie lutilisation des IEC. - Effet hmodynamique (lvation de la pression intraglomrulaire); - Effet proinflammatoire; - Effet trophique (lA2 est aussi un facteur de croissance qui favorise la croissance du tissu fibreux).
Hyperphosphormie. Elle stimule la transdiffrenciation des cellules musculaires lisses de la paroi artrielle en ostoblastes, do lapparition de calcifications diffuses.
Homocystine et LDL oxydes. Ces substances sont retenues au cours de lurmie.
Hyperuricmie (elle-mme secondaire lIRC). Elle parat accentuer le risque vasculaire.
La protinurie est-elle un signe dIRC ?
La protinurie est un signe de glomrulopathie, et non d'insuffisance rnale.
Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 13
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade Une protinurie modre est constate dans de nombreux cas dIRC, en particulier dorigine glomrulaire. Mais la protinurie peut tre totalement absente tout au long de l'volution de lIRC. Inversement, une trs forte protinurie (syndrome nphrotique) peut ne saccompagner daucun signe dinsuffisance rnale.
Cependant, une forte protinurie reprsente un facteur daggravation de lIRC.
Ce risque justifie les tentatives de rduction de la protinurie par un traitement: physiopathologique (immunosuppresseurs en cas de syndrome nphrotique); symptomatique. Lutilisation dun IEC dans la nphropathie diabtique (mme en labsence dHTA) a notamment pour but de protger les glomrules en rduisant la fois la PA (on vise la PA optimale la plus basse possible) et la protinurie.
II- Etude clinique
II.1- Progression de l'IRC
Quelle est lvolution gnrale de lIRC ?
Bien quune installation progressive soit la rgle, le critre qui dfinit une IRC est, non pas cet lment, mais son caractre permanent et dfinitif.
Aboutissant d'affections diverses, lIRC possde les caractristiques communes suivantes:
Installation - habituellement progressive et insidieuse, avec une priode infraclinique prolonge; - exceptionnellement soudaine (au dcours dune insuffisance rnale aigu).
Evolution - aggravation progressive et rgulire des troubles, de faon habituellement lente (plusieurs annes ou dcades), parfois plus rapide (formes subaigus sur quelques mois); - progression inexorable vers le stade ultime, dit "terminal" de l'insuffisance rnale; - ncessit, pour assurer la survie lorsque ce stade est atteint, dun traitement substitutif de la fonction rnale (EER ou transplantation).
Une exception: le dbut brutal de certaines IRC Occasionnellement, on peut entrer dans lIRC de faon soudaine. Cest le cas lorsque, au dcours dune phase dinsuffisance rnale aigu, la diurse ne reprend pas. Le sujet se retrouve en insuffisance rnale squellaire demble maximale puisquelle ncessite, lorsquelle est totale, une prise en charge dfinitive en dialyse de supplance.
Ce mode dentre dans lIRC nest pas habituel. Il correspond aux rares tiologies dIRA qui engendrent des squelles massives: Glomrulopathies suraigus; Ncrose corticale bilatrale par: - choc; - thrombose artrielle bilatrale; - embolie de cristaux cholestrol; - coagulation intravasculaire.
Quelles sont les phases de lvolution de lIRC ?
LIRC est redoutable car elle reste longtemps silencieuse. Lorsque les signes cliniques apparaissent, les lsions rnales et leurs consquences fonctionnelles (notamment les troubles phosphocalciques) sont malheureusement dj trs volues.
Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 14
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade Phase de latence clinique Clairance >60 ml/min Phase d'insuffisance rnale modre Clairance 30 ml/min Phase dinsuffisance rnale svre Clairance 15 ml/min Phase d'insuffisance rnale chronique terminale (IRCT) Clairance <15 ml/min
En raison de lcart-type, la FG physiologique tant de 130 20 (m SE) ml/minute, on ne peut affirmer lIRC que si la clairance est < 90 ml/min (au-del, il faut connatre les chiffres antrieurs).
Voir le chapitre: Elvation de la cratininmie.
Quelles sont les anomalies dcelables au cours de la phase de latence clinique ?
Seuls les examens biologiques sont anormaux.
Alors que la rserve fonctionnelle commence dcrotre, aucun signe clinique de perturbation rnale nest encore apparent (sauf ceux pouvant tmoigner dune tiologie particulire de l'insuffisance rnale).
Les anomalies reprables sont mconnues sauf si on les recherche de principe: Baisse du pouvoir de concentration des urines; Baisse de la clairance de la cratinine (jusqu' 2/3 de la normale, soit 60 ml/min); Alors que la cratininmie na encore que faiblement augment. 5
Quelles sont les caractristiques de la phase modre de lIRC ?
Ce terme correspond au dbut des signes cliniques, et non de l'atteinte anatomique rnale qui a commenc se constituer des mois, voire des annes plus tt.
Polyurie et nycturie habituelles; urines ples (peu concentres); Dbut de la rtention azote (hyperazotmie accrue en cas dalimentation riche en protines); HTA, majore par une prise excessive de sodium.
Quelles sont les caractristiques de la phase de dfaillance rnale svre ?
La filtration glomrulaire est infrieure 25% de la normale (30 ml/min). - Les anomalies biologiques se renforcent progressivement, - en mme temps que le syndrome urmique se complte.
Lquilibre prcaire est rompu ds que les conditions (rgime alimentaire, pathologie de rencontre) dpassent les possibilits de compensation des reins.
Quelles sont les manifestations du syndrome urmique?
Il associe une constellation croissante de signes cliniques, chaque malade ayant un tableau qui lui est propre. Chez certains, on est surpris par la tolrance extrme de l'urmie, les symptmes restant rduits jusqu' une phase trs avance.
5 A ce stade, la dcouverte de l'atteinte rnale est donc rarement le fait du hasard (car les examens en question ne sont pas des examens de dpistage habituels dans les bilans de sant ou en mdecine du travail). Elle est plus souvent due des examens de parti pris dans le cadre d'un contexte pathologique. Certaines situations peuvent contribuer dmasquer lIRC: taux plasmatique de lure normal dans les conditions basales, mais augmentation en cas dapport protidique inhabituel (alimentaire ou par catabolisme). Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 15
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade Signes gnraux et syndrome anmique Fatigabilit, asthnie permanente, diminution de la qualit de vie favorises par l'anmie. La maladie devient peu peu invalidante. Signes digestifs Inapptence, dgot lectif pour les viandes, odeur urmique de l'haleine. Plus tardivement nauses. La surcharge azote favorise galement les hmorragies digestives. Signes cardiovasculaires HTA permanente, ncessitant dtre traite. dmes et dyspne ne s'observent qu'en cas de surcharge sode manifeste. L'anmie contribue avec lHTA lapparition dune hypertrophie ventriculaire gauche et peut favoriser un angor. Signes neuromusculaires Crampes nocturnes des membres infrieurs assez prcoces, de mme que le syndrome des "jambes sans repos". Les crampes sont favorises par l'hypocalcmie. On note parfois des sensations de brlure, une diminution de la sensibilit profonde, une hyporflexie. Signes ostoarticulaires Crises de goutte (par hyperuricmie secondaire la rtention de lacide urique). Douleurs osseuses (hyperparathyrodie). Signes cutans Peau sche, squameuse. Purpura. Prurit parfois intense (rle de lhyperphosphormie). Apparition tardive dune mlanodermie accentue par lensoleillement. Signes oculaires Conjonctivite urmique, par dpt calcique. Signes endocriniens Amnorrhe. Diminution de la libido, impuissance. Anomalies glucidiques Diminution de la tolrance aux hydrates de carbone, due une diminution de l'activit priphrique de l'insuline. Elle est de peu d'importance en pratique. 6
Anomalies lipidiques L'hypertriglycridmie avec srum lactescent est frquente. Rle favorisant de l'hyperinsulinisme et du rgime alimentaire restrictif en protides, donc prdominance glucidolipidique.
II.2- Facteurs de dcompensation aigu au cours de l'IRC
Pourquoi une aggravation soudaine de l'IRC peut-elle survenir ?
Des accidents intercurrents peuvent dcompenser brutalement lIRC. Ils sont toujours possibles, mme chez un sujet dont la tolrance de l'urmie est reste relativement bonne.
Les consquences de ces accidents sont d'autant plus svres qu'ils surviennent dans une phase plus tardive, car: la reprise de l'quilibre antrieur est alatoire; ils sont susceptibles de prcipiter l'volution vers la phase terminale.
Quels sont les facteurs de dcompensation identifis ?
La plupart dentre eux sont prvisibles, et donc vitables. Ils sont de trois ordres:
Renforcement de la surcharge azote: - par hypercatabolisme (pisode infectieux, traumatisme, corticothrapie); - par apport alimentaire excessif; - par saignement digestif. Hyperkalimie. Dsordres hydrosods.
Sy ajoutent des causes accidentelles : Prescription dun mdicament nphrotoxique. Hmorragies digestives: surtout gastriques. Frquence de lulcre associ (10 20% au cours de la priode terminale).
6 Une faible glycosurie est souvent constate. Elle traduit une diminution du seuil d'excrtion du glucose, et ne doit pas tre prise pour un signe de diabte sucr. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 16
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
A quoi est d le dmasquage ou le renforcement de la tendance lhyperkalimie ?
Lhyperkalimie est en fait tardive, et annonce la phase terminale. Divers vnements peuvent cependant favoriser son apparition anticipe ou son accentuation:
Hypercatabolisme (libration du potassium cellulaire): traumatisme, fivre;
Imprudence alimentaire: consommation excessive de: 7
- chocolat, - lgumes non bouillis, - frites, - certains fruits tels les raisins, les oranges, les cerises, les abricots, - les fruits secs;
Erreur thrapeutique: - diurtique pargneur du potassium: prise toujours injustifie en cas d'IRC; - bta-bloquant, inhibiteur de l'enzyme de conversion, antagoniste de langiotensine: prise surveiller troitement. 8
Quels sont les accidents impliquant lquilibre hydrosod ?
Accidents de dpltion sode. Ils surviennent prfrentiellement mais non exclusivement chez les sujets qui ont, non une rtention mais une fuite sode. Ils sont: - parfois spontans (vomissements, diarrhe, fivre); - souvent prcipits par un traitement erron: rgime restrictif en sel excessif, diurtique. - dangereux, car ils ajoutent l'IRC une insuffisance rnale aigu qui fait basculer les sujets en phase terminale justiciable de l'EER.
Accidents de surcharge sode (pousse hypertensive, dme aigu du poumon). Leur survenue est facilite en cas dinsuffisance cardiaque. Celle-ci peut aggraver rapidement lIRC en ajoutant les effets redoutables dune insuffisance rnale fonctionnelle par bas dbit. 9
Accidents d'intoxication par l'eau. Lexcrtion de leau, et mme la polyurie sont maintenues jusqu la fin de lvolution. Les accidents surviennent uniquement en phase avance, lorsque les reins perdent leur pouvoir de dilution. Une surcharge brutale en eau (boissons excessives, rares du fait des nauses, ou perfusion de srum glucos) fait alors courir le risque de la survenue d'une hyponatrmie. 10
Chez un sujet vu pour la premire fois loccasion dune insuffisance rnale aigu, quels sont les arguments qui font suspecter lexistence dune IRC pralable ?
Outre lanamnse, certains signes font voquer une IRC sous-jacente dcompense.
Anmie (quoiquune IRA dorigine septique puisse saccompagner dune anmie).
7 Imprudence ou danger sous-estim plus querreur, car lducation dittique des malades sur ce risque est une priorit.
8 Les diurtiques dpargne du potassium sont formellement contre-indiqus dans lIRC. Les autres mdicaments sont utilisables, mais sous surveillance biologique rgulire. La prise conjointe habituelle de furosmide rduit le risque dhyperkalimie.
9 Plus qu'un ventuel excs alimentaire (envers lequel le sujet est mis en garde par lentretien dittique), il faut incriminer une thrapeutique favorisant la rtention sode et mal surveille: - AINS, - corticothrapie, - prise de bicarbonate de soude ou d'eau de Vichy.
10 Cest souvent le passage en dialyse qui casse une diurse qui stait maintenue jusqualors. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 17
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade Hypocalcmie. Hyperphosphormie. dmes. Hypertension artrielle. Reins atrophiques (chographie).
Pourquoi les infections surajoutes sont-elles graves au cours de lIRC ?
Elles majorent les troubles mtaboliques. Par leurs effets, les infections de rencontre favorisent la dcompensation de lIRC (catabolisme, dshydratation, acidose).
Elles sont parfois sournoises du fait de labsence de fivre.
En phase dIRC avance, leffet crbral de la rtention azote provoque un abaissement de la temprature, ce qui peut camoufler une fivre d'origine infectieuse.
II.3- La phase terminale
Quelles sont les caractristiques de la phase d'insuffisance rnale terminale ?
Le seuil est franchi lorsque la clairance de la cratinine chute moins de 15 ml/min. La survie ncessite alors le passage rapide en dialyse.
Cette dernire priode est marque par deux phnomnes:
Tolrance de plus en plus rduite du syndrome urmique;
Risque daggravation brutale. Alors que lIRC a longtemps progress de faon insidieuse, la rapidit de la dcompensation terminale (corrle avec lascension de la cratininmie le long de la branche verticale de l'hyperbole) est souvent surprenante. La cratininmie atteint alors 600 1000 mol/l voire plus, soit prs de dix fois sa valeur normale (ce qui montre du reste la tolrance extraordinaire de l'organisme vis--vis de l'urmie). Une surveillance troite est alors requise.
Voir le chapitre: Elvation de la cratininmie.
Quels sont les signes d'alerte de la phase terminale ?
Sont redouter : Accentuation de lhyperkalimie et de lacidose. Elles constituent un danger majeur. HTA ou dyspne rsistant au traitement. Aggravation de l'anmie (malgr le traitement par Erythropotine). Aggravation de l'asthnie, avec gne intellectuelle, physique et sociale. Accentuation de l'anorexie, entranant un amaigrissement par dnutrition. Troubles digestifs plus marqus, avec vomissements. Apparition de signes neurologiques (polynvrite) ou osseux. Accentuation de l'hyperkalimie ou de l'acidose.
Paradoxalement la diurse se maintient jusqu la fin, et persiste parfois aprs le passage en dialyse.
Ce qu'on ne doit plus voir dans l'IRC Les signes suivants ne doivent plus sobserver du fait de la surveillance et de la mise en uvre de lEER avant cette phase ultime.
Installation d'une HTA acclre Elle conduit trs vite la phase terminale et des accidents redoutables, notamment lors de la prise en charge en dialyse. Insuffisance ventriculaire gauche Par surcharge et cardioangiosclrose; Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 18
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade Pricardite urmique Trouble ultime apparaissant faute d'avoir fait dbuter le traitement de supplance en temps utile. Installation ddmes rfractaires Etat grabataire Cachexie urmique lie une dnutrition globale; Polynvrite urmique (arflexique et amyotrophique, prdominant aux membres infrieurs); Ostodystrophie rnale dans sa forme volue, avec douleurs osseuses, fractures, dformations, ostomalacie et mutations calciques avec calcifications mtastatiques. Coma urmique terminal Calme, hypothermique, avec respiration typique dite de Kussmaul et givre urmique sur les lvres.
III- Prise en charge de l'insuffisant rnal chronique
III.1- Diagnostic prcoce
Pourquoi lidentification prcoce de lIRC est-elle importante?
Pour donner au malade toutes ses chances.
Les rpercussions de lIRC, le handicap quelle entrane, sa morbimortalit et son cot justifient: un dpistage aussi tt que possible; lintroduction dun traitement nphroprotecteur pour tenter den: - ralentir laggravation progressive par des mesures de prvention secondaire; - attnuer les consquences (complications associes); - viter les erreurs qui peuvent prcipiter lvolution.
A quoi peut servir une consultation en Nphrologie au tout dbut de l'IRC ?
Elle reprsente un investissement terme. Le spcialiste est l pour quon sen serve.
Le caractre tardif des troubles cliniques et lchance lointaine de lEER ne dispensent pas le mdecin de famille de solliciter ds la dcouverte dune IRC, mme totalement inapparente, un avis nphrologique avec pour objectifs de:
Dcider quelle enqute est approprie (PBR?) et indiquer le cas chant un traitement tiologique en cas de lsion rversible;
Effectuer un bilan multidisciplinaire avec le cas chant laide du cardiologue, de linterniste ou du griatre;
Prciser demble au malade des prcautions indispensables en termes de dittique et demploi de certains mdicaments;
Mettre en place un traitement nphroprotecteur dautant plus complexe que lIRC est avance;
Informer le malade sur les signes dalerte, les modalits du rgime et du traitement, et lvolution gnrale de sa maladie;
Fixer avec lui la frquence de la surveillance conjointe gnraliste-nphrologue, et le rle de chacun dans le suivi. 11
11 Un tiers des sujets en IRC sont encore adresss au nphrologue moins de six mois avant le passage en dialyse. Ils ont souvent une HTA et une hypertrophie ventriculaire gauche, une hyperparathyrodie, un mauvais tat nutritionnel. Cette prise en Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 19
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
III.2- Enqute tiologique
Quel est le bilan de dpart dans le cadre de lenqute tiologique ?
Les examens pratiquer chaque fois que la cause d'une IRC est recherche sont aiss: - valuation clinique; - bilan minimal.
Linterrogatoire et lexamen clinique constituent ltape obligatoire pralable tout bilan. Antcdents personnels et familiaux. Recherche dune maladie hrditaire. Notion dun traitement pris au long cours. Recherche de signes urologiques: leur non-reconnaissance serait impardonnable. Mesure de la PA. Toucher rectal.
Que comporte le bilan minimal ?
Des examens de scurit non traumatiques et peu coteux sont indiqus.
Recherche dun diabte sucr de type 1 ou 2 (glycmie jeun).
Bandelette urinaire complte le cas chant par des recherches orientes: - dosage de la protinurie, - DHLM, - recherche spcifique dimmunoglobulines monoclonales (suspicion de mylome), - dosage de la microalbuminurie (chez le diabtique, en labsence de protinurie).
Radiographie de labdomen sans prparation; chographie rnale; ventuellement selon le contexte chodoppler des artres rnales. Ces examens permettent de reconnatre: - la taille et la forme des reins; - lexistence de calcifications parenchymateuses; - uropathie obstructive, reprsentant un facteur corrigible causal ou tout au moins daggravation; - ventuellement atteinte vasculaire.
Une IRC est-elle possible malgr lexistence de gros reins ?
La perte fonctionnelle peut coexister avec des reins augments de volume, bien que dtruits.
La rduction de la masse nphronique va habituellement de pair avec une atrophie rnale globale: la taille des deux reins diminue. Mais il y a des exceptions cette rgle.
Mme lorsque les reins sont de taille accrue, le tissu rnal actif (nphrons) est rarfi et l'index cortical (paisseur du cortex) diminu.
charge tardive aggrave les consquences de lIRC et augmente le risque de complications, avec un risque de mort durant la premire anne de dialyse cinq fois plus important que pour les sujets suivis prcocement. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 20
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Quelles sont les indications des examens plus complexes ?
Le rapport bnfice-risque doit tre favorable. Or il dpend du stade de lIRC. En cas dIRC dj volue, le traitement tiologique ou physiopathologique perd de son importance, et ne laisse place quau seul traitement symptomatique.
Ainsi, les risques de la PBR ne sont pas nuls. Bien qu'elle reste possible sur des reins atrophiques grce lchographie, elle savre dans ce cas peu rentable, et est donc a priori contre-indique.
Lorsquune glomrulopathie est souponne, la ponction-biopsie rnale nest justifie qu un stade prcoce.
Quelles sont les tiologies de lIRC ?
De nombreuses affections sont susceptibles daboutir une IRC. La prvention de certaines et lmergence dautres modifient leur frquence relative.
Les affections susceptibles dvoluer vers lIRC sont de quatre types: Nphropathies vasculaires; Glomrulopathies (trouble immunitaire); Nphropathies interstitielles chroniques; Nphropathies hrditaires.
Quelle est la place des nphropathies vasculaires ?
Elles sont devenues la premire cause (40%) des IRC.
Arguments en faveur: Voir le chapitre: Nphropathies vasculaires - leur frquence; - une HTA pralable; - labsence dtiologie ou de symptomatologie glomrulaire; - labsence danomalies urinaires (hmaturie, protinurie faible ou absente); - des signes diffus dartriopathie athromateuse (carotides, membres infrieurs); - des reins de petite taille, de contour parfois irrgulier, mais non bossels.
Pourquoi le vieillissement vasculaire (nphroangiosclrose ou glomrulosclrose) prend-il une importance majeure ?
Parce quil est prsent la cause la plus frquente dIRC dans les socits occidentales.
La FG diminue rgulirement chez tout sujet g, du fait de la destruction progressive des nphrons. Des modifications pidmiologiques amplifient cette volution naturelle.
Vieillissement gnral de la popu- lation. Il permet cette atteinte rnale physiologique mais inluctable de sextrioriser. 12
12 La rduction de la mortalit lie dautres affections (malnutrition; maladies infectieuses) contribue ce vieillissement. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 21
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Rduction des autres causes dIRC qui frappaient surtout les sujets jeunes: glomrulopathies, pylonphrite chronique, uropathies.
On observe de ce fait un vieillissement progressif des populations sujettes lIRC et, par voie de consquence, l'puration extrarnale, ce qui entrane des consquences mdicales et sociales considrables.
Quels sont les autres facteurs datteinte vasculaire lorigine dune IRC?
Le traitement efficace de certaines affections rduit leur mortalit prcoce, mais augmente de ce fait leur incidence et permet leurs consquences rnales dapparatre.
Diabte sucr. Responsable d'une lsion rnale spcifique, il favorise galement lathrome, et engendre ce titre une atteinte artrielle surajoute non spcifique qui volue vers lIRC.
Hypertension artrielle.
- HTA essentielle. Le traitement supprime la mortalit immdiate due aux accidents prcoces (hmorragie crbrale, OAP), mais est moins efficace pour empcher la survenue dun vieillissement vasculaire anormal avec usure prmature de la fonction rnale (nphroangio- sclrose).
- HTA secondaire une stnose artrielle rnale. LIRC est due lischmie daval. Elle sobserve surtout en cas de stnose bilatrale, ou de stnose unilatrale chez un sujet g la fonction rnale diminue.
Rle du tabagisme. Sa responsabilit dans lathrome est certaine. - il acclre le vieillissement artriel rnal; - il favorise la constitution de lsions athromateuses des artres rnales.
Voir le cours: Nphropathies vasculaires.
Quelle est la place des glomrulopathies ?
Leur incidence a nettement diminu en 50 ans, de faon globale, et en tant que cause dIRC.
Arguments en faveur: - ge moins avanc (avant 50 ans); - reins petits et rguliers; - protinurie ancienne, syndrome nphrotique (les dmes de lIRC sont plus tardifs); - hmaturie macro ou microscopique; - signes de maladie gnrale ou de vascularite (fivre, arthralgies, purpura, ruption); - volution parfois rapide vers lIRCT (insuffisance rnale rapidement progressive); 13
Formes dites primitives (sans tiologie reconnue) - avec ou sans syndrome nphrotique; - avec ou sans syndrome nphritique chronique.
Glomrulopathies secondaires - Maladie amylode. - Diabte sucr. Outre latteinte vasculaire, une nphropathie spcifique avec protinurie (glomrulosclrose de Kimmelstiel-Wilson) dvolution grave peut se constituer. Lquilibre thrapeutique parfait du diabte sucr est le seul moyen susceptible de prvenir son apparition. Voir le cours: Maladies glomrulaires
13 Mais ce nest pas constant. Une nphropathie glomrulaire peut aussi voluer sur des annes. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 22
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Pourquoi les nphropathies interstitielles chroniques ne sont-elles plus une cause frquente dIRC ?
Leur dveloppement est dornavant prvenu par le traitement prcoce et efficace des maladies causales.
Arguments en faveur: Voir le cours: Infections urinaires - les antcdents - labsence dautre tiologie; - une protinurie faible (< 1 g/24 h); - une leucocyturie excessive (> 5000/min); - des reins petits, asymtriques, bossels; une hydronphrose en cas duropathie.
Causes infectieuses (pylonphrite chronique bilatrale). Devenues exceptionnelles, sauf en cas duropathie, depuis que les pylonphrites aigus gurissent sans squelles grce lantibiothrapie.
Causes non infectieuses. Certaines persistent. - Intoxication par la phnactine. Aujourdhui en voie de disparition en raison de la suppression des mdicaments concerns. - Traitement chronique par lithium, ciclosporine. 14
- Herbes chinoises. - Nphropathie subaigu du mylome multiple. A voquer en cas de douleurs osseuses, ou dune hypercalcmie, au lieu de lhypocalcmie habituelle de lIRC. 15
Uropathies Voir le cours dUrologie - Obstruction bilatrale; - Reflux bilatral. 16
Quelles sont les principales nphropathies hrditaires responsables dune IRC ?
Maladie polykystique. Une des plus frquentes maladies hrditaires, transmise de faon autosomique et dominante. Responsable dune IRC par dveloppement de multiples kystes rnaux bilatraux. Voir le chapitre: Polykystose hpatornale
Syndrome d'Alport. Maladie hrditaire rare. Les lsions, complexes, sont : - dabord glomrulaires (membrane basale), - puis tubulaires et interstitielles (fibrose).
La progression des lsions conduit une insuffisance rnale terminale chez l'adulte jeune. A noter dans 50% des cas une surdit associe, vidente ou rechercher par un audiogramme.
III.3- Information et surveillance
A quelles rgles obit linformation du malade au cours de lIRC ?
Ni trop ni trop peu. Ni trop tt ni trop tard.
14 Ces mdicaments entranent aussi des insuffisances rnales aigus.
15 Avec la possibilit dune insuffisance rnale aigu par prcipitation intratubulaire des protines mylomateuses.
16 Les uropathies peuvent constituer un facteur surajout d'aggravation, sur une insuffisance rnale d'autre origine. Plus rarement prsent, elles constituent une cause autonome d'IRC: - soit par dcouverte tardive dune uropathie silencieuse, avec dj rpercussion volue sur le parenchyme rnal; - soit dans le cas des rares uropathies inoprables. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 23
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Linformation a pour but de fournir au sujet les informations qui lui sont dues, sur son pronostic personnel et parfois familial, de faon lui donner des lments dorientation pour son projet de vie, en fonction dune maladie qui va laccompagner plusieurs dizaines dannes. Mais elle doit respecter son individualit.
Ainsi, il est prfrable damener le sujet poser lui-mme la question de lopportunit dune enqute familiale en cas de nphropathie hrditaire, plutt que la lui prsenter comme une obligation.
Parler de la dialyse ou de la transplantation des annes lavance, alors quelles sont une chance lointaine et alatoire, est peu indiqu. Mais ne pas en parler quand lIRC saggrave ou en rfuter lventualit si le sujet (bien mieux inform par ailleurs quon ne le pense, par les amis ou Internet) lvoque spontanment est une erreur, car on ne peut jamais exclure sa ncessit dans le futur.
Comment indiquer au malade, sil le souhaite, quelle vitesse va progresser lIRC ?
Dans l'IRC modre, plusieurs mois de suivi sont en rgle ncessaires pour valuer la rapidit de la destruction rnale.
Les facteurs qui conditionnent lvolution sont: - le type plus ou moins agressif de la nphropathie causale; - les facteurs daggravation (HTA, protinurie) dcrits plus haut; - des caractristiques gntiques encore mal connues; - lintroduction prcoce et lobservance correcte dun traitement nphroprotecteur.
La consultation nphrologique permet: - dvaluer la dgradation des fonctions rnales et la gravit de lIRC; - de prdire lchance du passage en dialyse; - de connatre les caractristiques sociales, familiales et psychologiques du sujet, - de laider orienter ses projets (profession, habitat) - de le diriger le moment venu vers la technique la plus adquate.
La mesure rpte de la cratininmie et de la clairance est un acte essentiel dans lapprciation de lvolutivit de lIRC. - La cratininmie, peu leve, ne permet pas de dceler la progression de lIRC durant la phase initiale. Seule est valable la clairance de la cratinine. - La formule de Cockcroft, qui fournit une estimation de la clairance, est le plus souvent suffisante pour suivre la progression de lIRC. - La pente 1/cratininmie, ds quelle peut tre tablie, permet de prdire lchance de la phase terminale. Voir le chapitre: Elvation de la cratininmie.
Tous les insuffisants rnaux vont-ils inluctablement finir leur vie en dialyse ?
Outre les facteurs ci-dessus, les chances de progression ou non jusqu lIRCT dpendent de lge de survenue de la nphropathie, donc de lge de dbut de lIRC.
Avoir une IRC signifie que les reins se dtruisent plus vite que le reste de lorganisme ne vieillit. La survenue de la phase terminale ncessite: en rgle 15 20 ans d'volution, parfois seulement quelques annes, plus rarement quelques mois en cas d'volution subaigu. 17
17 Un grand nombre de sujets disparatront sans avoir atteint le stade du recours oblig lEER du fait, soit de leur vieillissement naturel, soit de pathologies associes. Mais lIRC ajoute ses troubles (anmie, troubles osseux, nutritionnels, vasculaires) ceux de lge et des autres pathologies. Mme lorsquelle ne tue pas directement, elle fragilise et raccourcit lesprance de vie. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 24
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Quels sont les objectifs de la surveillance dune IRC ?
Surveiller la bonne conduite et lobservance du traitement spcifique de la nphropathie et du traitement symptomatique protecteur; Prvenir les risques de dcompensation aigu (en veillant notamment aux agents nphro- toxiques); Dceler et prendre en charge les complications volutives de lIRC; Prparer le sujet cliniquement et psychologiquement une ventuelle supplance.
Quels en sont la priodicit et le contenu ?
Le suivi doit tre proportionn au degr de l'insuffisance rnale. A chaque niveau correspond lintroduction de nouvelles mesures.
Phase de latence clinique. Ds lors que lIRC est reconnue: surveillance semestrielle. 18
Phase d'insuffisance rnale modre. Surveillance tous les 3 4 mois.
Surveillance clinique. Tout particulirement: - la PA; - la survenue des premiers symptmes de lurmie; - lalimentation, lapptit; - le respect des consignes dittiques.
La pese, lment fondamental de la surveillance. Lvolution du poids est la rsultante de deux phnomnes dont il peut tre difficile de dissocier leurs effets sur la courbe pondrale:
- Dnutrition. La mesure du pli de peau et lenqute alimentaire permettent dapprcier son importance. - Rtention hydrosode. Elle peut la camoufler, tout en sachant que les dmes peuvent tre profonds, et que llvation de la PA ou la rsistance de lHTA au traitement sont un signe de surcharge sode plus prcoce.
Surveillance biologique. Le bilan comportera: - Ure et cratinine + formule de Cockcroft; - Bilan ionique; - Calcmie et phosphormie; - Uricmie; - Hmogramme. Anmie normocytaire et normochrome.
Une anmie hypochrome doit faire penser une hmorragie digestive associe.
Phase de dfaillance rnale svre. Surveillance de plus en plus rapproche lorsque le terme se rapproche. Mesure de la cratininmie: elle devient plus importante que celle de la clairance. ECG: ne pas oublier ds quune tendance lhyperkalimie apparat. Conduction nerveuse: mesure priodique pour dpister prcocement une neuropathie urmique.
La surveillance se limite-elle au suivi de lIRC ?
Un insuffisant rnal, outre la prise en charge de sa maladie, doit faire lobjet de la mme surveillance que tout sujet dge identique.
18 Une frquence semestrielle est une moyenne. Certaines affections (maladies glomrulaires, amylose) peuvent voluer assez vite, dautres (effet du vieillissement) plus lentement, sauf complication surajoute. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 25
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade Savoir voquer une affection surajoute dont la recherche seffectue de parti pris (et a fortiori si le contexte l'voque) devant une aggravation de lIRC ou de ltat clinique non explique par lvolution de la maladie causale.
Se souvenir aussi que, durant lvolution dun insuffisant rnal, avant comme aprs la prise en charge en dialyse, une affection de rencontre (insuffisance cardiaque, cancer, dmence) peut survenir du simple fait de son vieillissement.
III.4- Orientations thrapeutiques
Quelles sont les mesures de prvention secondaire dont lintroduction prcoce est indique ?
Certaines mesures simposent ds le stade initial de lIRC. Elles ont pour but: - de prvenir les dsordres de l'urmie, et avant tout lHTA; - de reconnatre et corriger les facteurs de risque associs; - de ralentir si possible la course de lIRC; - dfaut damener le malade la dialyse en prvenant ou en corrigeant au fur et mesure de leur apparition les complications cardiovasculaires, nutritionnelles, osseuses, hmatologiques de lIRC.
Correction des facteurs de risque vasculaire associs. Arrt souhaitable du tabagisme; Lutte contre lobsit; Prise en charge extrmement soigneuse: - dun diabte sucr, - dune hypercholestrolmie.
Prvention de lhpatite B. Elle est assure par la vaccination.
Vigilance vis--vis des agents nphrotoxiques.
A quelles rgles obit la prescription des mdicaments chez linsuffisant rnal ?
LIRC renforce la toxicit de nombreux mdicaments. Une posologie "normale" peut devenir toxique quand existe pralablement une IRC. Une mconnaissance de ce risque et une prescription laveugle constituent une faute thrapeutique.
Tout sujet g est en particulier un insuffisant rnal qui signore. La prescription des mdicaments doit en tenir compte.
Pour les mdicaments dont l'limination est en majeure partie rnale, il existe un risque de surdosage en cas d'insuffisance rnale.
Nphrotoxicit directe (exemple: aminosides, produits de contraste, AINS). Elle ajoute une insuffisance rnale aigu lIRC.
Renforcement de la toxicit gnrale du fait de l'insuffisance rnale: - toxicit auditive (exemple: aminosides); - toxicit musculaire (exemple: clofibrate, quinolones).
L'emploi des abaques. Des abaques facilitent la prescription des mdicaments risque (aminosides). Lorsque leur emploi ne peut tre vit, leur posologie doit tre adapte en fonction du degr dIRC. Des abaques permettent d'tablir une relation approche entre la clairance de la cratinine et leur demi-vie ou leur concentration plasmatiques, et en consquence de calculer les doses et leur espacement. Ils ne dispensent pas du dosage du taux plasmatique du mdicament, lorsquil est possible. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 26
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Quelles sont les autres mesures gnrales indispensables ?
Education dittique. Elle a une place capitale. Indique ds la phase prcoce de lIRC, afin dviter les erreurs. Les mesures doivent rester acceptables sur le plan social. Leur renforcement ultrieur est toujours dlicat en raison de la sommation des contraintes. - Rduction de la ration sode; - Prcautions vis--vis des aliments riches en potassium, en phosphore; - Restriction protidique (0,8 1 g/kg/jour) indispensable mais sans exagration de faon ne pas entraner de carence. 19
Protection du capital veineux des membres suprieurs. Elle doit tre un souci longtemps lavance, si lon veut pouvoir disposer le moment venu d'un axe veineux correct en vue de la cration dune fistule artrioveineuse ncessaire aux purations extrarnales. Ceci conduit des prises de sang rares, minutieuses, sans hmatome, si possible du ct du bras actif ( droite chez un droitier) et sur le dos de la main plutt quau pli du coude.
Comment traiter lHTA ?
Les recommandations internationales, reprises par lANAES, sont plus strictes en prsence dune HTA avec IRC que dans une HTA simple. La recherche dune nphroprotection impose dobtenir une PA: < 135/85 mmHg en cas dIRC, < 125/75 mmHg en cas de protinurie associe > 1 g/24 heures.
Le traitement comporte un diurtique de lanse, seul rester actif en cas dIRC. 20
Ordonnance Furosemide 40 mg (Lasilix) : de 40 500 mg/jour selon le degr dinsuffisance rnale, de prfrence le matin. Comprims 500 mg disponibles en cas dIRC avance.
Commentaires. La prescription d'un diurtique est logique, sauf en cas de perte sode. La lutte contre la rtention sode facilite laction des autres antihypertenseurs. Une bi ou une trithrapie sont le plus souvent ncessaires.
En cas de nphropathie diabtique. Un IEC ou un ARA II est prescrit de principe (traitement physiopathologique) en raison dun effet protecteur supplmentaire prouv.
Ordonnance Enalapril 5 mg (Rnitec) : 1 c par jour.
Prcautions. Labaissement de la PA peut entraner une accentuation rapide de lIRC. Un contrle frquent de la cratininmie est ncessaire les premires semaines. Une lvation <20% est acceptable et nimpose pas larrt du traitement. Une aggravation plus importante impose un avis nphrologique. Lapparition dune insuffisance rnale aigu sous IEC doit faire voquer une stnose artrielle rnale associe.
Comment prvenir l'ostodystrophie ?
19 Lorientation hypoprotidique de lalimentation doit tre prcoce. - En phase dbutante, on veillera simplement viter les excs protidiques. - En phase plus volue, la restriction protidique se fera paralllement la rduction de la filtration glomrulaire.
20 Les thiazidiques (exemple: Esidrex 1 2 c/jour) ne sont efficaces que si lIRC est peu volue. Lorsque la clairance de la cratinine devient <50 ml/min, on doit leur substituer le furosemide. Les diurtiques dpargne potassique (Aldactone, Modurtic) sont formellement contre-indiqus car ils majorent le risque dhyperkalimie. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 27
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Un traitement est indiqu ds que la FG devient < 60 ml/min, sans attendre lapparition plus tardive de lhypocalcmie. Il repose sur deux moyens convergents:
Lutte contre lhypocalcmie: sels de calcium et vitamine D.
Ordonnance Carbonate de calcium (Calcidia) 1 sachet par jour en traitement prventif. 2 3 s/jour en traitement curatif selon lintensit de lhypocalcmie.
Ordonnance Un alfa 0,25 g 1 capsule par jour en traitement prventif.
Commentaires. Driv 1-25 dihydroxyl de la vitamine D (forme la plus active en cas dIRC). Utilisation prudente. Risque d'hypercalcmie en cas de surdosage, avec aggravation des calcifications vasculaires. Surveillance rgulire de la calcmie requise. Prescription relevant du domaine spcialis
Lutte contre lhyperphosphormie. Base sur la chlation intestinale du phosphore. Des protecteurs de la paroi gastrique base daluminium, tels que le Gelox (hydroxyde d'alumine) mais pas le Phosphalugel (phosphate dalumine), ou sans aluminium (Rnagel) sont employs.
Quelle est la conduite en ce qui concerne lanmie ?
Il faut savoir la respecter. La plupart des insuffisants rnaux supportent longuement (ce qui ne veut pas dire que leur confort soit bon) un taux d'hmoglobine trs abaiss.
Economie du sang. Etre parcimonieux en prises de sang, en raison de lanmie potentielle.
Transfusions sanguines. Elles sont: - peu efficaces chez linsuffisant rnal, car la survie des globules rouges est rduite; - potentiellement dangereuses (malgr le progrs dans llimination du risque viral); - utiliser avec parcimonie (difficults dapprovisionnement).
Elles sont par consquent rserves: - aux aggravations accidentelles de l'anmie (hmorragie digestive), - des circonstances spciales (intervention chirurgicale, angor).
Erythropotine de synthse. Trs efficace, mais onreuse et pouvant avoir des effets secondaires. Emploi rserv en priorit aux sujets dj dialyss. La prescription avant ce stade est du domaine spcialis.
Comment limiter le risque dhyperkalimie ?
Outre les prcautions de rgime, on emploie un chlateur intestinal du potassium.
Ordonnance Polystyrne sulfonate de sodium (Kayexalate). Une mesurette de 15 g de poudre 4 fois par jour (60 g), per os. Diluer la poudre dans de leau sucre, au besoin aromatise mais non acide (exclure les jus de fruits, riches en potassium).
Voir le chapitre: Dsordres du potassium.
III.5- Epuration extrarnale
Quand faut-il recourir au traitement substitutif de lIRC ?
Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 28
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade En phase dIRCT, les mesures thrapeutiques permettent de retarder lchance, mais ne doivent pas conduire au jusquau boutisme. La ncessit dun rgime alimentaire insupportable signifie en particulier quil est temps denvisager la supplance.
LEER reste quoi quon fasse une lourde contrainte physique, sociale et psychologique. Le but de la surveillance et du traitement est de retarder le plus possible le moment de la prise en charge, mais sans sacrifier pour cela la scurit, et sans laisser sinstaller des rpercussions mtaboliques (dnutrition, troubles osseux) irrversibles. 21
Le traitement substitutif doit tre dbut ds que les premiers signes cliniques de lIRCT apparaissent, soit pour une clairance denviron 10 ml/min et jamais <5 ml/min.
Lge est-il un critre de non-prise en charge en dialyse ?
A priori non. Chez un sujet g, la dialyse de supplance ne doit jamais tre rfute sans un avis nphrologique pralable.
Du fait du vieillissement des populations sujettes lIRC, les indications de lEER sont portes en nombre croissant chez des sujets gs, voire trs gs.
- 1/3 des dialyss ont moins de 60 ans. - 1/3 des dialyss ont entre 60 et 75 ans. - 1/3 des dialyss ont plus de 75 ans.
Ce phnomne a pour consquence laugmentation de lincidence des maladies vasculaires et du diabte sucr chez le dialys, ce qui entrane une comorbidit leve qui doit tre prise en compte.
Ncessit dune approche globale, la fois nphrologique et griatrique. De nombreux phnomnes sont spcifiques de la personne ge. Plus que lge lgal doivent tre values: - les autres infirmits physiques, psychiques et intellectuelles lies lge; - le degr de dpendance; - lentourage familial et les possibilits de dialyse domicile, garants dune qualit de vie suffisante; - le dsir de continuer vivre.
Quelles sont les techniques dEER?
Il existe deux mthodes de supplance: la dialyse pritonale et l'hmodialyse.
Dialyse pritonale (DP). Ce procd est bas sur l'emploi du pritoine comme membrane osmotique d'change avec le milieu extracellulaire. Par un cathter laiss demeure, on injecte priodiquement un liquide de composition connue dans la cavit pritonale. Lorsqu'il est retir aprs un temps de latence de quelques heures, sa composition a chang: il s'est enrichi des substances diffusibles qui s'accumulent dans l'organisme en cas d'urmie. 22
DPI (DP intermittente). Elle est pratique chaque jour sur 12 heures, habituellement la nuit. Une machine gre la succession des changes.
DPCA (DP continue ambulatoire). Elle constitue la mthode la plus courante. Elle est pratique quotidiennement 24 h sur 24, avec quatre priodes d'change (donc quatre changements de poche) par jour.
21 Autant sinon plus qu'aux valeurs biologiques, on doit se fier la tolrance clinique, et envisager un traitement de supplance sans attendre les complications terminales. Chercher attendre le moment ultime, et ne dbuter les dialyses que lorsque l'quilibre gnral est dj dtrior, est un mauvais calcul. Outre le risque accru de complications graves, la priode de rhabilitation, une fois les dialyses dbutes, est prolonge d'autant.
22 On utilise des solutions enrichies en glucose, substance osmotiquement active qui permet le transfert d'eau des capillaires pritonaux vers la cavit pritonale. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 29
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Hmodialyse (HD). Cette technique consiste faire passer le sang dans un circuit extracorporel (rein artificiel), et le restituer aprs avoir modifi sa composition. Deux procds, en gnral associs, permettent la filtration travers une membrane semi-permable des substances diffusibles: - la diffrence de concentration de part et d'autre de la membrane (effet osmotique); - la diffrence de pression (ultrafiltration). 23
Quels sont les problmes spcifiques et les indications de ces deux techniques ?
Lune et lautre ont leurs avantages, leurs inconvnients et leurs complications.
Dialyse pritonale.
Avantages. Elle seffectue sans machine et le plus souvent domicile en cas de DPCA, ce qui permet une plus grande autonomie (dplacements, voyages).
Inconvnients. La DP ncessite limplantation demeure dun cathter dans la cavit pritonale, avec deux risques qui en limitent lutilisation: - pritonite, - perte progressive defficacit du pritoine en tant que membrane dchange.
Hmodialyse.
Avantages. Les sances ont lavantage dtre courtes par rapport la DP; leur rptition et la ncessit habituelle de se rendre un centre de dialyse les rendent nanmoins extrmement assujettissantes.
Inconvnients. LHD ncessite de relier chaque sance le malade une machine.
- La cration pralable dun accs vasculaire ais et dun dbit suffisant est indispensable: - fistule artrioveineuse sous-cutane; - ou shunt externe artrioveineux.
- Les ponctions veineuses itratives sont dsagrables. La fragilisation des sites de ponction rptitive, et la thrombose de la fistule ou du shunt sont des problmes majeurs.
- LHD est une mthode brutale (elle soustrait en quelques heures plusieurs litres d'eau et de sel accumuls en deux jours, de faon revenir au "poids sec") dont les rpercussions hmodynamiques (hypotension orthostatique) entranent assez souvent une fatigue marque.
Comment est choisie la mthode de traitement ?
Le sujet dispose en thorie du libre choix. Mais les obstacles sont nombreux.
Entrent notamment en jeu: l'ge; la pathologie; le contexte familial les conditions gographiques; les consditions sociales les conditions professionnelles.
LEER, quelle que soit la mthode, est un traitement coteux. On doit sefforcer de rduire son prix de revient (environ 300 par sance) de faon optimiser les ressources de la socit, tout en
23 La diffrence de pression hydrostatique existant entre le secteur sanguin du rein artificiel et le dialysat qui circule de l'autre ct de la membrane est mise profit pour renforcer la filtration. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 30
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade garantissant, par lapproche individuelle (sociale, familiale et personnelle) de chaque sujet trait, sa prise en charge dans le respect de son libre choix.
Pour en savoir plus. LES RESSOURCES POUR LA PRISE EN CHARGE DE LIRCT LEER seffectue, soit dans des centres (publics, privs ou associatifs), soit domicile. Lventail du choix est plus large pour lHD que pour la DP.
LHD en centre justifie la prsence permanente dun nphrologue. Elle est rserve en principe aux sujets les moins autonomes, notamment ceux ayant une comorbidit importante. Un centre dit allg est destin aux sujets ne ncessitant quune surveillance simple durant la sance. Dans une unit dautodialyse, le sujet autonome se branche seul sa machine et gre sa sance, avec laide simplement dune infirmire.
Rpartition en Languedoc-Roussillon Centre
Centre allg
Unit dautodialyse
Domicile
Dialyse pritonale 1% 7% Hmodialyse 40% 25% 20% 7%
LHD domicile est la mthode la moins onreuse. Gre par le sujet lui-mme aprs une priode dducation en centre qui peut aller de quelques semaines quelques mois, elle offre les mmes chances de survie et une qualit de vie suprieure celle de lHD en centre (elle vite les dplacements plurihebdomadaires), laquelle elle est de loin prfrable. Mais elle suppose une autonomie suffisante du sujet qui gre sa sance avec son entourage familial, avec parfois la prsence occasionnelle dune infirmire pour le branchement. Elle ncessite des conditions sociales suffisantes et surtout un investissement familial considrable. Elle n'est donc pas toujours raliste ni ralisable.
Bien souvent, lvolution familiale, sociale ou tout simplement mdicale dun sujet au cours de son vieillissement fait quil aura recours successivement plusieurs de ces modes de supplance: un sujet en DP passera en HD si le pritoine nest plus utilisable; un sujet greff reviendra en dialyse en cas de rejet; un sujet domicile viendra en centre si son conjoint dcde.
Il existe aussi des prfrences dictes par des raisons mdicales: Le diabte sucr entrane des lsions artrielles diffuses qui posent des problmes daccs vasculaire et font souvent prfrer la DP. La DPCA domicile ncessite un temps dducation plus court que lHD. Elle est souvent prfrable pour les sujets trs gs, dont lesprance de vie escompte est limite et pour lesquels la venue dans un centre de dialyse constitue une perte des repres de vie extrmement pnible et dltre.
Des disparits rgionales conditionnent enfin le choix, la part de lHD domicile allant par exemple de 0 15% selon les dpartements du Languedoc-Roussillon. Dans dautres rgions de France, elle est inexistante.
La dialyse priodique supprime-t-elle lIRC?
LEER constitue un moyen thrapeutique extraordinaire assurant aux insuffisants rnaux, grce ses perfectionnements incessants, une vie -et non une survie- de bonne qualit. Mais elle ne signifie pas gurison. Telle quelle est pratique et praticable, la dialyse reprsente plutt la recherche dun compromis acceptable entre lefficacit et la qualit de vie.
Un quilibre artificiel et imparfait.
La cratininmie se situe communment entre 300 et 500 mol/l, ce qui est loin dtre un retour ltat physiologique.
Lpuration assure par lune ou lautre mthode ne dpasse pas celle dune FG de 5 10 ml/min. 24
24 En outre lpuration est plus efficace sur les petites molcules (ure, sodium) que sur les molcules de taille moyenne qui reprsentent des toxines urmiques. LHD (4 h 3 fois par semaine) est plus efficace que la DPCA, qui malgr une puration quotidienne 24 h sur 24 ne parvient pas un pouvoir dpuration quivalent. Le rsultat de la DP est dj maximal. Avec lHD, une puration renforce ncessiterait des sances plus longues et quotidiennes, donc une contrainte conomique (cot multipli) et un assujettissement difficilement supportables. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 31
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade
Une maladie rnale camoufle par le traitement, mais non supprime. Le sujet en dialyse reste comparable un malade en IRCT, dont il continue partager les risques. - La dialyse diminue, mais ne supprime pas compltement les contraintes de rgime. - L'hyperkalimie continue constituer un danger. - Lhypertension artrielle peut persister et doit alors tre traite. - Lhyperparathyrodie, consquence des dsordres du mtabolisme phosphocalcique engendrs par lIRC, ne se dmasque assez souvent quaprs la prise en charge en dialyse. - Lanmie justifie un traitement rgulier par fer et Erythropotine.
Quels sont les autres problmes mdicaux observs en dialyse priodique ?
Poursuite de la maladie causale. Elle saccompagne dautres dsordres. Exemple: complications vasculaires dun diabte sucr. Complications multiviscrales dun lupus.
Un sujet qui continue vieillir. Tout comme une autre personne, le dialys se modifie dans le temps. Outre sa pathologie rnale, il peut avoir d'autres affections de rencontre, par exemple un cancer. La surveillance rgulire ne doit donc pas se borner celle de l'tat rnal.
Survenue possible de troubles nouveaux engendrs par la dialyse
Vieillissement vasculaire anormalement rapide. Aux facteurs de risque vasculaire dj analyss sajoute un athrome acclr, favoris par les consquences immunologiques de la circulation extracorporelle, notamment un tat inflammatoire chronique. Il facilite les accidents vasculaires, notamment coronariens, et le risque damputation.
Amylose secondaire du dialys. Formation de dpts de substance amylode de type , favorise par lactivation immunologique quentranent les changes extracorporels rptition que constitue lHD. - Localisations osseuses (godes); - Infiltration des gaines (syndrome du canal carpien).
Hpatites virales. La survenue de lhpatite B parmi les dialyss a t favorise par les contacts du sang et la promiscuit quinduit la dialyse en centre. La vaccination des sujets traits et du personnel a enray sa diffusion. De grandes prcautions sont requises pour que lhpatite C, pour laquelle il nexiste pas encore de vaccin, ne vienne pas la relayer.
Comment est vcue la dialyse priodique ?
Au mieux comme un traitement assujettissant dont on aimerait pouvoir se passer. Au pire comme un calvaire ou comme un bagne.
Si lasthnie est le premier symptme du dialys, la lassitude est le second. Mme si elle permet le maintien en vie dans des conditions relativement bonnes, l'EER constitue, de par l'agression du schma corporel qu'elle implique, de par sa rptition, de par les dplacements quelle ncessite en cas de dialyse en centre, de par les limitations qu'elle impose aux dplacements ou la vie professionnelle, de par la dpendance qu'elle peut instaurer entre conjoints ou entre parents et enfants (en cas de dialyse domicile), de par la soumission quelle suppose enfin vis--vis de la machine, un assujettissement et une contrainte affective ne pas sous-estimer. Une aide psychologique doit tre fournie la fois par le mdecin de famille et lquipe de dialyse, avant comme aprs la prise en charge. Le support dune association dinsuffisants rnaux est souvent prcieux. 25
Pour en savoir plus. POURQUOI LEPURATION EXTRARENALE DEMEURE UN DEFI. La poursuite de cette mthode thrapeutique sur plusieurs dcades engendre des problmes structurels nombreux qui sont autant de dfis (B. Canaud).
25 Des facteurs comme labsence chronique de diurse ou les troubles sexuels contribuent ce trouble de lidentit. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 32
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade Dfi humain. Aprs avoir augment pendant 40 ans du fait dune survie de plus en plus longue, le nombre de patients en dialyse est en voie de stabilisation. Mais laugmentation de leur ge moyen engendre un nombre croissant de sujets ayant une autonomie rduite, et de nombreuses pathologies associes. Comment les orienter en fonction de leur tat ? Quelles structures leur proposer ? Quelles fins de vie sattendre grer aprs des annes de dialyse ?
Dfi mdical. Sujets dnutris, porteurs de pathologies associes multiples (notamment en cas de diabte).
Dfi technique. Quelle option proposer en priorit, pour un malade donn, en fonction des pathologies associes, de lge et du degr de handicap, des possibilits dducation, des contraintes sociales ?
Dfi gographique. Bien que tout soit fait pour que lEER seffectue proximit du domicile, le droit fondamental ce que la vie prive soit de qualit ne peut tre garanti. Ltat du sujet et/ou la mthode choisie peuvent ncessiter le recours un centre de dialyse parfois loign du domicile et dont limplantation htrogne sur le territoire national (les rgions peu urbanises sont relativement sous quipes) ne respecte pas toujours lquit.
Dfi sociologique. Le nombre croissant de patients gs et dpendants, ou solitaires du fait du divorce ou du veuvage, pose des problmes cruciaux auxquels la rponse nest pas que mdicale.
Dfi administratif. La rglementation qui encadre la pratique de lEER a des objectifs louables (scurit, quit, efficacit, conomie), mais peut savrer tatillonne (enqutes administratives, autorisations, contrles, recommandations, accrditation), ce qui ralentit ladquation aux besoins de la population.
Dfi juridique. Les risques existent, en dialyse comme dans tout acte mdical. La manipulation du sang (danger viral), lutilisation de mdicaments, la rptition des sances de circulation extra-corporelle engendrent des responsabilits auxquelles rpond une vigilance permanente.
Dfi conomique. Le cot de lIRC correspond 2,5% du budget de la sant, mais pour un total seulement de 30.000 malades en dialyse. Le cot par malade est donc trs lev. Il tend en outre augmenter du fait dune survie de plus en plus longue, et de nouvelles contraintes lies une obligation croissante de scurit.
Dfi industriel. La disparition des petites socits au profit de quelques fabricants internationaux de matriel de dialyse et, fait nouveau, la gestion directe par ces firmes de centres privs de dialyse, entranent un risque de monopole qui doit tre contrl.
Dfi logistique et cologique. Lapprovisionnement en matriel des centres de dialyse se fait -ncessit conomique oblige- selon un systme de distribution flux tendu. Les fabricants ayant eux-mmes des rserves limites, il y a un risque permanent de rupture de la chane dapprovisionnement. Par ailleurs llimination des effluents et des dchets (notamment le chlore li la destruction des plastiques) devient une proccupation.
Dfi scientifique. Des progrs incessants sont nots dans la prise en charge de lIRC: rythropotine de synthse, matriel de dialyse de plus en plus sophistiqu. O se situent lindispensable et le superflu ? Comment concilier vidences mdicales et limitations conomiques ? Certaines exigences ne sont-elles pas la limite de lindcence, quand on voit les efforts dploys par les pays du tiers monde pour dialyser bas prix sans pour autant faire de la dialyse au rabais quand ils peuvent tout simplement dialyser !
Dfi dmographique. Lorientation vers la spcialit de Nphrologie dun plus grand nombre de mdecins est ncessaire, en raison dune part du nombre croissant de sujets en IRC puis ventuellement en dialyse, dautre part de la ncessit de compenser les dparts la retraite.
III.6- Transplantation rnale
Quels sont les avantages de la greffe rnale ?
Elle constitue une vraie gurison, et non lquilibre imparfait assur par une machine.
La transplantation constitue l'autre rponse possible au remplacement de la fonction rnale dfaillante. Elle offre d'normes avantages: - Elle autorise la reprise de dplacements sans entraves et favorise la rinsertion professionnelle. Les sujets dialyss qui accdent la greffe ont le sentiment de revivre. - Elle entrane un mieux tre par rapport la dialyse, car elle corrige en grande partie le trouble urmique (clairance de la cratinine en moyenne 60 ml/min) au lieu de lattnuer. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 33
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade - Elle supprime l'assujettissement du sujet, de son conjoint et de ses proches la dialyse. - A long terme, elle est plus conomique que la dialyse.
La greffe rnale constitue-telle la panace ?
Pour la plupart des sujets, oui. Mais elle entrane de nouveaux problmes et comporte des risques qui doivent faire lobjet dune information sincre.
Problmes lis l'immunosuppression Effets secondaires de la corticothrapie. Utilisation de mdicaments toxiques. Risque infectieux; Risque accru de cancer ou de lymphome.
Problmes psychologiques du receveur. Recherche dlicate de son identit (le "moi") et parfois fantasmes lis lappropriation dun "corps tranger".
Survenue dun rejet. Il peut se manifester de faon aigu ou chronique. Moins de 2/3 des greffons restent fonctionnels 10 ans. Le rejet expose des complications vitales, de mme que son traitement. Celui-ci ne permet pas toujours de lenrayer: le retour en dialyse est alors ncessaire. Il est dautant plus mal ressenti que le sujet a fait lexprience de la libert.
Risque pour le donneur. En cas de donneur vivant.
Comment situer la transplantation par rapport la dialyse ?
La transplantation est complmentaire de la dialyse et non oppose elle.
La greffe est exceptionnellement possible d'emble, et succde en rgle une priode de traitement par dialyse. 26
Les sujets chez lesquels la greffe se solde par un rejet sont traits nouveau par dialyse.
Linadquation entre des besoins grandissants et des ressources en organes limites fait que la transplantation reste lapanage dune minorit. Il y a en France 30.000 sujets en dialyse dont 5.000 sont inscrits en permanence sur les listes de demande de greffe rnale. Mais il ny a que 2.000 transplantations par an. Plus de la moiti des demandeurs ne seront jamais greffs. LEER est donc une ncessit.
Le "don" d'organes: une problmatique la fois technique et thique. L'obtention des greffons est et sera toujours problme. Plusieurs raisons font que leur nombre restera quoi quon fasse infrieur celui des candidats potentiels.
Donneur vivant apparent. Ce recours reste rare car il n'est pas dnu de rpercussions psychologiques. Il reprsente en outre pour le donneur un danger certes faible, mais non virtuel.
Donneur vivant tranger. Cette pratique existe dans certains pays trangers. Des exemples ont montr quelle favorisait, au-del de la vente des tissus humains, le trafic dorganes et une nouvelle forme d'exploitation des pauvres par les riches. Sauf bouleversement des valeurs de la socit occidentale et adoption des thses utilitaristes les plus extrmes, ce recours restera a priori interdit dans notre pays.
26 Ce dlai va durer de quelques semaines... plusieurs annes, puisque tout repose sur la "disponibilit" d'un rein immunologiquement compatible. Le dlai dattente est de 1,3 ans en moyenne pour la France, avec de fortes disparits rgionales (3 ans en Languedoc-Roussillon). Un organisme public est charg de grer la liste dattente. Par ailleurs, la crainte des complications fait que certains sujets, mme sils souffrent de la contrainte des sances de dialyse, prfrent cette scurit aux inconnues de la transplantation, et ne sollicitent pas leur inscription sur la liste dattente. Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 34
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade Donneur dcd. Il constitue la principale source dorganes transplantables. Des textes lgislatifs encadrent strictement les possibilits de prlvement. Seuls sont utilisables les organes provenant de sujets en tat de mort crbrale, dont le nombre est (faut-il dire hlas? ou heureusement?) insuffisant.
Il est justifi de chercher utiliser le maximum d'organes disponibles, en dveloppant les conditions techniques qui permettent de prlever ces organes, par des mesures lgales (consentement prsum) et par une ducation du sens philosophique (prlever les organes d'un mort n'est pas lui manquer de respect, ni lui enlever son intgralit).
Mais il est dangereux daccrditer lide, par une publicit abusive ou des mots maladroits repris par les mdias, que la chasse aux organes est ouverte et que tout automobiliste est un "donneur" en puissance. Des intentions bonnes au dpart peuvent se retourner contre le but poursuivi et freiner le dveloppement de la transplantation. Un quilibre doit tre trouv, pour le bnfice des malades dans le respect de la communaut des vivants.
IV. Prvention
Une dmarche de sant publique: la prvention. Le nphrologue a une responsabilit importante sur le plan conomique. Les malades dialyss sont peu nombreux, mais cotent cher. Une action capitale est de promouvoir, par une valuation prcoce, (Voir plus haut: Diagnostic prcoce) la prise en charge et le suivi des sujets risque de dvelopper une nphropathie, notamment ceux atteints de certaines maladies chroniques, pour tenter de: - prvenir lapparition (prvention primaire) - ou ralentir laggravation (prvention secondaire) de linsuffisance rnale chronique.
Pour cela, limplication, non seulement des nphrologues, mais de tous les mdecins, en premier lieu les gnralistes, est essentielle.
En Nphro comme au loto, la prvention ne cote pas cher et a peut rapporter gros.
Quelles sont les affections pour lesquelles un traitement tiologique prcoce a fait la preuve qu'il prvenait la survenue dune IRC ?
Certaines causes dIRC ont dj pratiquement disparu:
Pylonphrite chronique. Devenue exceptionnelle, sauf en cas duropathie, depuis que les pylonphrites aigus gurissent sans squelles grce une antibiothrapie correcte.
Nphrite interstitielle chronique de la phnactine. La suppression des mdicaments concerns en a fait une maladie historique.
Glomrulonphrites aigus post-streptococciques. La gurison rapide de langine initiale du fait du traitement antibiotique a rendu leur survenue (et du coup leur volution ventuelle vers lIRC) beaucoup plus rares.
IRC secondaire la plupart des uropathies obstructives (lithiase en particulier). Devenue rare du fait de la destruction prcoce des calculs par ondes de choc (lithotripsie) et des progrs de la chirurgie urologique.
Quels sont les sujets considrs prsent comme risque, vis--vis du dveloppement d'une IRC, et chez lesquels un diagnostic et une prise en charge prcoces sont susceptibles de prvenir ou de ralentir le dveloppement d'une IRC ?
Module intgr C Nphrologie Insuffisance rnale chronique 35
Facult de Mdecine Montpellier-Nmes Mai 2006 J. Fourcade Les principales tiologies de lIRC sont constitues prsent par les situations qui constituent des facteurs de risque en acclrant le vieillissement vasculaire. Ces tats concernent trois millions de Franais. Or ces facteurs sont matrisables. De la qualit de leur prise en charge dpend la constitution ou non d'une IRC: HTA, Diabte sucr de type 1 et 2. 27
Tabagisme (risque accru de nphropathie vasculaire). Dyslipidmie, Hyperuricmie (considre comme un facteur de risque vasculaire, et de nphropathie interstitielle).
Quel est le bilan systmatique ncessaire chez tout sujet risque de dvelopper une IRC?
Trois examens sont ncessaires au dpistage prcoce d'une atteinte rnale: Recherche d'une protinurie (d'une microalbuminurie chez le diabtique en l'absence de protinurie); Recherche d'une hmaturie microscopique (culot, confirmation par le DHLM); Dosage de la cratininmie avec estimation de la clairance par la formule de Cockcroft.
Voir le chapitre: Elvation de la cratininmie.
Outre les affections ci-dessus, quelles sont les affections au cours desquelles un dpistage est indiqu et peut mener une intervention prventive ?
De nombreuses catgories de sujets sont intresses par un dpistage selon le cas occasionnel ou priodique.
Les dangers occasionnels: Infection urinaire. Lithiase rnale. Antcdents duropathie malformative ou acquise, Maladie concomitante potentiellement capable de lser les reins (mylome, lupus). Sujets recevant un traitement au long cours (antalgiques, AINS, lithium). Patients devant recevoir un produit nphrotoxique (produit de contraste iod, aminoside, chimiothrapie, antiviraux). Glomrulopathies. - Maladie de Berger. Prise pour exemple car constituant la glomrulopathie la plus frquente en France. Des protocoles fixent lintervention thrapeutique (20% de risque dvolution spontane vers lIRC). 28
Les dangers "constitutionnels": Existence dun rein unique (congnital ou post-chirurgical). Antcdents familiaux de nphropathie ou dIRC. 29
Sujets de plus de 60 ans. 30
27 Dans les deux derniers cas, un traitement prcoce peut: - au mieux, prvenir les complications; - au pire, ralentir lvolution vers lIRC terminale. Si les glomrules dtruits le sont dfinitivement, la fibrose surajoute peut se stabiliser et mme (traitement antihypertenseur dans lHTA, greffe pancratique dans le diabte sucr) rgresser en partie.
28 D'autres maladies glomrulaires (amylose) ne reconnaissent malheureusement pas de traitement tiologique.
29 Le conseil gntique peut rduire le risque de nphropathie familiale (polykystose, syndrome dAlport). Mais lquilibre est dlicat entre le libre arbitre et la tentation deugnisme social, parfois qualifi de positif.
30 L"ge est bien entendu un facteur de risque non modifiable. Mais la reconnaissance prcoce d'une IRC dbutante permet une prise en charge susceptible de ralentir l'volution vers la phase terminale.