7 Smelten Irc
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RÉSUMÉ : L’insuffisance rénale chronique (IRC) se développe How to manage CKD before dialysis
le plus souvent sournoisement, surtout chez le sujet âgé. La SUMMARY : Chronic renal failure is usually a silent disease
détection de l’insuffisance rénale est particulièrement utile until its late stage, especially in elderly people. Screening for
chez le patient hypertendu diabétique âgé de plus de 50 ans. such disease is particularly useful in hypertensive diabetic
L’origine est, en effet, actuellement le plus souvent vasculaire patients above 50 years. The causes are indeed often vascular
ou métabolique (directement ou indirectement liée au diabète). or metabolic (directly or not directly linked to diabetes melli-
Des causes plus rares sont cependant toujours possibles. La tus). Other less frequent causes are yet possible. The search for
recherche d’une étiologie à l’IRC s’impose de façon à appli- the right diagnosis of renal insufficiency is always requested
quer un traitement plus ciblé, tout en stimulant les mesures de to apply the appropriate treatment, combined with medical
prévention secondaire et tertiaire. Cet article se concentrera measures for secondary and tertiary prevention. This review
sur les mesures préventives générales de l’IRC (stades 3 et 4) et will give general advices to avoid the development of renal
sur quelques effets iatrogènes néphrotoxiques. disease (stages 3 and 4) or its progression, and also insist on the
Mots-clés : Insuffisance rénale chronique - Prévention - potential nephrotoxic effects of some drugs.
Traitement Keywords : Chronic kidney disease - Prevention - Treatment
Prenons l’exemple de la ciclosporine. Ce Tableau IV. Attention aux médicaments à élimination rénale
médicament est utilisé comme antirejet en trans-
plantation rénale mais, en cas de surdosage, le • Biguanides, lithium, digoxine, méthotrexate
produit est néphrotoxique. Pour cette raison, un Si GFR < 50 ml/min et développement de T° et/ou diarrhée et/ou
dosage régulier du taux plasmatique de ciclos- vomissements :
porine est recommandé d’autant qu’il existe de STOP IEC, Sartan, diurétique et contrôle clinique et biologique
nombreuses interactions médicamenteuses. En
cas de psoriasis, la ciclosporine est utilisée, mais
son monitorage est obligatoire et le produit est
protectrice par un effet antioxydant. En présence
même contre-indiqué en situation d’insuffisance
rénale sévère (risque de détérioration de la fil- d’une GFR < 30 ml/min, on conseillait aupara-
tration glomérulaire et, d’un point vue général, vant plutôt de recourir à l’injection de gadoli-
risque de toxicité systémique, par exemple mus- nium et de choisir une résonance magnétique
culaire si ce traitement est associé à une statine). nucléaire (RMN) plutôt qu’une exploration avec
Citons, comme autres médicaments néphrotoxi- produit de contraste iodé. Cette RMN a été long-
ques, les aminosides, le cis- platine, les AINS. temps considérée comme le maître-achat lors
Les AINS peuvent aggraver l’IRC chez le patient d’une exploration vasculaire par imagerie chez
âgé présentant une crise rhumatologique (ar- le patient en IRC. Elle est maintenant, aussi,
throse, goutte) ou une décompensation cardia- contre-indiquée en présence d’une IRC sévère
que qui peut être déstabilisée (14). au risque de voir le patient développer une der-
Il faut faire particulièrement attention aux matite fibrosante néphrogénique (si GFR infé-
médicaments éliminés par les reins (15). Il s’agit, rieure à 30 ml/min). Cette pathologie ressemble
par exemple, des biguanides, du lithium, de la à la sclérodermie, car elle affecte d’abord la peau
digoxine et du méthotrexate, sans être exhaus- des extrémités, puis peut compromettre la survie
tif (Tableau IV). Prenons maintenant l’exemple du patient (par atteinte cardiaque). L’affection
de la metformine qui, en soi, n’est pas né- est rare, mais il n’y a pas de traitement actuel-
phrotoxique mais qui, utilisée en présence d’une lement efficace (sauf peut-être la transplantation
IRC, peut entraîner une acidose lactique, parfois rénale). Donc, avant tout examen avec produit
létale. Ce produit ne doit donc plus être utilisé de contraste, il convient de bien réfléchir au
quand la GFR est inférieure à 50 ml/min. Elle caractère opportun de l’investigation et de bien
doit aussi être stoppée 48 heures avant l’injec- connaître les risques des produits utilisés.
tion d’un produit de contraste iodé.
Le lecteur intéressé par ce sujet trouvera des
La spironolactone, utilisée en présence d’une références utiles concernant les médicaments
IRC, peut entraîner une hyperkaliémie (12). Elle dans : Drug prescribing in renal failure, fith
doit donc être prescrite avec extrême prudence, à edition, Georges R. Aronoff. The Sanford guide
posologie faible (≤ 25 mg/j) et sous surveillance to antimicrobial therapy, Belgian edition. Site
régulière de la kaliémie si la fonction rénale est
internet: www.globalrph.com/renaldosing2.htm
réduite sous les 45 ml/min. Elle est contre-indi-
quée au stade 4.
Lors de l’utilisation d’un produit de contraste Conseils diététiques (Tableau V)
iodé, il faut d’abord se demander si l’examen est - La restriction en sel est nécessaire si le patient
indispensable ou s’il ne peut pas être remplacé présente des œdèmes ou de l’HTA. On recom-
par une autre technique moins dangereuse pour mande au maximum une consommation de l’or-
le patient avec IRC. Si l’injection de produit de dre de 5 g de Na Cl par jour.
contraste est indispensable, il faut prévenir le
- La restriction en protéines doit tenir compte
radiologue que le patient présente une IRC pour
de l’état nutritionnel du patient en se méfiant,
qu’il utilise avec parcimonie le produit le moins
comme déjà signalé, du risque de dénutrition.
néphrotoxique dont il dispose. Il faut également
On recommande 0,8 g de protéines à haute
préparer le patient à l’injection. Pour ce faire,
on évite tout AINS, diurétique ainsi que la met- valeur biologique par kg de poids idéal et par
formine, du moins la veille de l’examen. Il ne jour. Pour éviter le catabolisme protidique, l’ap-
faut pas hésiter à perfuser 12 heures avant l’exa- port calorique doit être suffisant, soit 35 Kcal
men une solution saline si le patient est fragile. par kg de poids idéal et par jour.
L’administration d’acétylcystéine est controver- - La restriction hydrique est d’application si la
sée quant à sa réelle efficacité, mais est souvent GFR est inférieure à 30 ml/min (soit boire à sa
réalisée car sans réel effet secondaire; certaines soif sans plus) pour éviter le syndrome d’intoxi-
publications la décrivent même comme néphro- cation par l’eau.
Objectifs : Causes :
1. Limiter les anomalies hydro-ioniques. - Erreur sur la signification de la créatinémie.
2. Réduire l’accumulation de produits du métabolisme protéique. - Maladie peu symptomatique.
3. Maintenir un bilan nutritionnel satisfaisant.
4. Au mieux ralentir l’évolution de l’insuffisance rénale. Conséquences :
références tardives délétères pour le patient 10. Delanaye P, Van Overmeire L, Dubois BE, Krzesinski
JM.— Nouveautés dans la prise en charge des anomalies
et la société. Ainsi pourra-t-on peut-être endi- du bilan phosphocalcique chez le patient dialysé. Rev
guer l’épidémie de nouveaux patients dialysés, Med Liège, 2007, 62, 360-365.
annoncée en parallèle avec l’explosion du dia-
11. Neven I, Krzesinski JM.— Comment j’explore… un
bète, et de décès cardio-vasculaires dans les pre- trouble de la kaliémie. Rev Med Liège, 1999, 54, 943-
miers mois de la dialyse. 947.
12. Krzesinski JM.— L’hyperkaliémie, ce nouveau tueur ?
Rev Med Liège, 2005, 60, 222-226.
B i b l i o g r a p hi e
13. Moonen M, Warling X.— Quelles méthodes de sup-
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et estimation de la maladie rénale chronique. Rev Med minale ? Rev Med Liège, 2009, 64, sous presse.
Liège, 2009, 64, sous presse.
14. Krzesinski JM, Piront P.— Décompensation cardiaque,
2. Krzesinski JM, Dubois B, Rorive G.— Prévention de fonction rénale et anti-inflammatoires non stéroïdiens.
l’IRC chez l’adulte. Rev Med Liège, 2003, 58, 369-377. Rev Med Liège, 2002, 57, 582-586.
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16. Delanaye P, Chapelle JP, Ferir AM, et al.— La mesure
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Rev Med Liège, 2009, 64, sous presse.
5. Krzesinski JM, Weekers L.— Hypertension et diabète.
Rev Med Liège, 2005, 60, 572-577.
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tensine II (ARA) dans le diabète de type 2: résultats des
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8. Krzesinski JM, Montrieux Ch, Scheen A.— Inhibiteurs
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nistes de l’angiotensine 2 en pathologie cardio-vascu-
laire et néphrologique: que nous dit l’Evidence Based
Medicine? Rev Med Liège, 2006 ,62, 414-422.
Les demandes de tirés à part sont à adresser au
9. Krzesinski JM, Dubois B.— Anémie et risque cardio- Pr. J.M. Krzesinski, Service de Néphrologie-Dialyse,
vasculaire chez l’insuffisant rénal chronique. Nouvelles CHU de Liège, 4000 Liège, Belgique.
données sur la cible en hémoglobine à atteindre. Rev Email: [email protected]
Med Liège, 2007, 62, 366-370.