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Mon école sorcière: Tombée dans le chaudron
Mon école sorcière: Tombée dans le chaudron
Mon école sorcière: Tombée dans le chaudron
Livre électronique192 pages2 heures

Mon école sorcière: Tombée dans le chaudron

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À propos de ce livre électronique

Sorcière tu étais, sorcière tu es... souviens-toi ! Médiumnité, magnétisme, créatures et passages d'âmes, voyages de corps et de pensées, télépathie ou petites magies. Ca y est ! Tu te rappelles... bienvenue à ton école sorcière. Voyage dans le chaudron, plonge, touille, mélange, et surtout remonte-en. Raconte-leur le Temps et l'Espace, et oublie à nouveau. Oublie, et écris la suite. Attrape tes ailes de fée, la sorcière n'a plus besoin de balai.

Des mots se forment et grondent dans ma gorge, en remontent comme des tréfonds d'une grotte. Telle lumière en jaillit, j'entends alors une voix qui semble être la mienne les projeter avec clarté :

- Je veux être sorcière.

C'est ce que tu crois.
Ce que tu veux, en vérité, c'est vivre ta lumière.
LangueFrançais
Date de sortie22 juin 2021
ISBN9782322415212
Mon école sorcière: Tombée dans le chaudron
Auteur

Cécile Jeanne Fraeye

Se coupe les cheveux elle-même pour qu'on ne lui touche pas la tête, mais aime le contact au point d'en faire son métier. Des livres de la documentaliste aux mains de la masseuse, la sorcière s'est frayé son chemin. Ecrit, dessine, aime, pense comme le font les zèbres, ressent en aspie, et se demande quelle sera l'étape suivante. Née en 1977, accueillie en Périgord, voyage la suite dans les idées.

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    Aperçu du livre

    Mon école sorcière - Cécile Jeanne Fraeye

    Merci à ceux qui ont cru en moi,

    à nos cuisines collectives,

    nos grains de folie à moudre,

    et vos épaules tendres à souhait.

    Que ceux qui ont préféré me cuire

    sachent que mon bouillon

    n'est pas à court d'idées.

    Table des matières

    1. Un coup dans l'aile

    1,5. Entre-deux-moi

    2. La télé du ciel

    3. La double-causalité, le carnet

    4. École ouverte

    5. Collection de Banilles

    6. Electromagnétique

    7. La terre a tremblé

    8. Vision pranique

    9. Point d'ancrage

    10. La visite du serpent

    11. Celui de Jeanne

    12. Tambour et mélopée

    13. La carte de l'ange

    14. Hors du corps

    15. Le fantôme du lit

    16. Quand je me brûlais

    17. Karmiquement vôtre

    18. Ceci n'est qu'une pierre

    19. Tu ne l'aimes pas

    20. Mains de feu

    21. Lis-moi un mouton

    22. Mais comment tu fais ...

    23. Scanner à distance

    24. Savoir autrement

    25. La fée et le lutin

    26. Un poulpe dans le dos

    27. Paralysie nocturne

    28. Sculpter l'argile

    29. Dans son corps une balle

    30. La marque de la sorcière

    31. Jeu de l'esprit

    32. Neuro-Noeuds

    32. Si tu pouvais...

    Féérie

    1

    Un coup dans l'aile

    Elle est couchée sur le ventre, mes mains serpentent sur son dos huilé. La petite pièce dans laquelle je masse est à peine éclairée. La nuit a fait taire les agitations du jour.

    L'entrée en massage m'est comparable à une entrée en scène : le trac avant, un temps de préparation, et... s'élancer devant l'autre. Je découvre en la personne que je reçois mon public du moment, doublement teinté de connu et d'incertitude. Les techniques apprises et répétées en coulisse, les doigts-radars, et l'intuition en pochette-surprise comme en théâtre d'improvisation. Le temps du soin à l'autre s'accompagne d'un mouvement intérieur à peine perceptible que j'appelle ma bascule intérieure. Un son qui ne fait pas de bruit près de l'occiput : ¡clic ! en arrière et ¡clac ! en avant. L'interrupteur d'une modification de conscience et de perception de ce qui m'entoure. Il se déclenche au niveau de la boîte crânienne, et m'enveloppe instantanément d'une sensation particulière. Peut-être coupe-t-il mon mental pour que mon corps se mette au service du braille à décoder.

    La jeune femme est allongée sur la table. Dans la danse des mains, « Je modifiée » est à l'écoute de sa musique. Parfois j'entends – une seule phrase ou quelques mots, clairs, mais pas avec les oreilles - ou vois, mais bien souvent ce qui est amené passe par le ressenti. Dans le silence intérieur, fort, immense et neutre, « Je » laisse la place à une autre bien plus vaste sans pronom personnel. Il me faut sortir du champ de la lecture celle de ma propre histoire. Réduire le signal de mes croyances, jugements et pensées. Gommer les interférences de mes références. Elles sont autant de biais d'interprétation de ce qui est perçu. Si je connais l'autre personne, ce que je pense en savoir peut altérer ce que j'en lis, ou y placer un filtre en forme de « cela ne correspond pas à l'image que j'en ai ». L'attente d'un résultat, d'un effet sensationnel ou d'un bénéfice personnel, semblent également réduire l'expérience ou la dénaturer. Le silence seul donne les notes les plus justes. De lui, Aleph, naissent le monde, les mots et les musiques. Dompter les tornades émotionnelles de mes ciels d'orage et mes soleils brûlants, les ramener à la vacuité. Les doutes parfois - serait-ce souvent? - me paralysent et me retiennent de parler. Je les invite pourtant à observer, en garde-fous rimant avec vigilance, en remise en question visant au discernement.

    Haute voltige humaine.

    Jeux olympiques internes.

    Épreuve du saut dans les hauteurs intérieures.

    Mes doigts, oints d'huile de coco, muent en dix yeux sensibles sur son dos. Ils sondent de leur pulpe les nœuds musculaires, tendons désaccordés, douleurs et blocages. A quelques centimètres de la colonne vertébrale, à proximité de l'omoplate, ils s'arrêtent. On pourrait dire qu'ils m'arrêtent. Un signal silencieux. Je masse la zone qui appelle mon attention. Mes pouces tantôt s'enfoncent dans la peau, tantôt alternent en petits cercles profonds.

    Un ballet de phalanges tournoie pour la soulager, quand la séance prend une tournure inattendue : u-dessus de ce point une vision translucide et vibrante s'esquisse progressivement non pas sur la peau, mais au-dessus. Elle se déploie dans l'espace comme sous la main titanesque d'un colosse dessinateur. D'abord petit et frémissant à la surface de la peau, le croquis étire son trait à la verticale ! Je savais cette jeune femme ouverte à l'invisible. Sans cela je n'aurais pas osé lui décrire ce qui prenait forme. Sans cela, peut-être ne me l'aurait-on pas donnée à voir.

    Dans quel sens est-ce que ça fonctionne ?

    Je me lance et retranscris avec des mots ce qui m'est amené au contact du petit nœud de chair : la base de ses ailes. Je trouve assez souvent à cet endroit des corps la symbolique qui renvoie à une entrave dans la vie, qu'illustre simplement l'expression avoir les ailes coupées.

    La forme continue d'évoluer :

    - L'aile grandit !

    Je détache en même temps que cette exclamation mes mains de sa peau. Avec fascination, j'approche mon index, pensant traverser la forme avec fluidité, comme on jouerait avec un hologramme. Mais à son contact, une résistance se fait sentir. La massée, dont la tête repose dans le trou de la table, ne voit rien de la scène. Je m'empresse donc d'ajouter, inquiète qu'elle n'imagine que j'avais juste interrompu la séance pour me la couler douce :

    - Je la suis, ok ? Je ne te touche pas mais là... je suis sur l'aile !

    Au fur et à mesure que mes mains ressentent et que mes yeux s'arrondissent, je lui décris le trajet, la forme, la couleur de la vision qui évolue. Le dessin éthéré se forme en temps réel au-delà de son enveloppe charnelle. Imprimante 3D+. A l'extrémité de l'aile gauche, à l'exacte verticale du nœud du corps physique, apparaît alors un déchirement. Le message est là : on me montre le trou formé par un impact dans la dentelle délicate de l'aile. Ce qui l'a blessée l'a aussi traversée et est venu marquer le corps près de l'omoplate.

    Je suis ébahie - un minimum dans le contexte - de ce qui se dessine d'un crayon spatial nitescent, d'être en capacité de le voir, encore plus de le sentir.

    Car je le sens, sous mes doigts, je le longe et le parcours de gestes aériens, là où en principe rien n'existe. Ce rien que l'on nomme air, ce vide qu'on appelle rien. L'absence de matière dense devenue visible et palpable ! Mes retenues s'envolent le temps de l'intervention. « Sans rire, des ailes de fée ? », taquine au loin la voix de la raison... Elle reviendra me tarauder, mais son susurrement est étouffé par la magie de l'instant, intensément vécu. Le mental bouillonnant, court-circuité par l'inattendu, laisse place à un état de félicité qui ne doit rien à une substance.

    Le jeu s'invite alors dans toute sa simplicité et sa puissance : Une aile de fée cassée ? Ok, jouons à la réparer !

    A six ans on ne se demande pas,

    on joue pour de vrai.

    A quarante... ben...

    si on débranche à la boîte à cogiter,

    pareil.

    J'imagine alors une sorte de rustine que je façonne visuellement dans une matière proche de la texture diaphane de l'aile. La penser suffit à la créer, elle apparaît. Je la colle un peu comme on répare une planche à voile. J'ai déjà vu faire et la technique me semble adaptée à cet étrange cas pratique. Je ponce un peu, maniant un abrasif que je suis seule à voir, puis m'assure que la résistance à « l'air » est suffisante pour permettre l'envol. Enfin, je passe dans un geste de lissage un baume cicatrisant et apaisant, et j'harmonise le tout. What else ? La légèreté enfantine, celle du « tout est possible » qu'on nous retire dans l'adulte-attitude. Je me sens totalement à ma place dans ce jeu improvisé, d'une étrangeté totale à décrire en dehors d'un scénario de fiction. C'est mon autre réalité.

    C'est quoi, la réalité ?

    La validation systématique de la jeune femme ajoute à l'improbable : elle confirme en direct ce que ses yeux fixés sur le sol ne voient pas. Voilà qui me surprend encore. Elle sait décrire ce toucher sans-contact. Elle en expose l'évolution. Dans la réciprocité des sensations, l'irréalité perd son préfixe. Encore faudra-t-il être en capacité d'en ingérer la nouveauté, et de l'assimiler. Le retour de l'autre permet d'affiner et de valider l'instrument du ressenti. Évidemment, plus il est ouvert, sensible, sincère et prêt à se dévoiler, plus l'accordage se précise et peut progresser.

    irréalité

    J'imagine la scène vue d'un œil extérieur, et pense à tous ceux à qui je ne pourrai jamais la confier. Certaines vérités s'accommodent mieux du conte ou de l'imaginaire, comme si penser que cela n'existe pas rendait la chose aussi fascinante que tolérable. Proclamer qu'un film comme Docteur Strange relève du documentaire viendrait soulever protestations ou moqueries qui se transforment en applaudissements sous le costume de la fiction.

    Elle me révèle qu'on lui a déjà évoqué sa nature féerique. Bien sûr qu'elle a des ailes, c'est ce que portent les fées dans leur dos de chair. C'est pourtant simple ! Je prends l'information, je la mets de côté, je ne suis pas prête à adhérer à mes propres propos. Il y a en moi ce scrutateur, dubitatif et suspicieux : rien de ce que je vis là ne peut exister vraiment. Je dois être folle. Pourtant, dans cette étonnante dissociation, l'aventure se poursuit avec légèreté :

    - Oooh ! Elles continuent de pousser ! dis-je en écartant à nouveau mes mains. Comme nous parlons, les ailes réparées et pansées recommencent à s'étirer. Elles grandissent à vue d’œil dans un mouvement vibrant qui ressemble aux accélérés des reportages naturalistes. Elles se parent de couleurs douces. Je les regarde frémir de contentement comme au vent léger. Leur croissance terminée, elles s'estompent ensuite jusqu'à disparaître.

    Fin

    (de l'acte presque chirurgical)

    L'atmosphère de la pièce change et reprend sa densité habituelle. La séance s'achève en me laissant aussi enthousiaste que pantoise.

    Est-ce qu'on s'habitue à ça un jour ?

    C'est ce récit qui composera l'entrée en matière, ou presque. Par le massage, que je pratique depuis plusieurs années. Dans l'accompagnement de l'autre et à travers le corps, découvrir les voiles du monde, se découvrir en écho.

    Bref, ce soir-là, j'ai réparé les ailes d'une fée.

    Tout va bien.

    Comment en suis-je arrivée là ?

    Bien avant sur la ligne du temps.

    Cette ligne imaginaire, en point de repère...

    Conseillère d'orientation

    1,5

    Entre-deux-moi

    « Quand l'élève est prêt, le maître apparaît ». Enseignement bouddhiste dans ce chapitre entre-deux-voies.

    L'énergie d'un mollusque en fin de parcours, jambes fatiguées, épaules tombantes, c'est également dans un entre-deux-larmes que j'entre chez celle que j'appelle alors ma sorcière. Souriez, la vie est belle ! Ne vous laissez pas embarquer dans la morosité de ce que je vais décrire et qui n'est qu'un décor.

    Décor en carton pâte, celui du drame du moment : rupture en forme de choc émotionnel, brutale et violemment empreinte de trahison, maison tout juste achetée dans laquelle foison de travaux à réaliser seule et en urgence, retour d'examens médicaux douteux et inquiétants qui présagent une opération dans les semaines à venir, déménagement à organiser, travail à assurer, dans lequel le m'ennuie et m'enlise depuis longtemps, enfants à s'occuper et préserver. Tout cela dans l'extravagant délai accordé par un minuteur que je trouve alors particulièrement pervers : j'ai un mois pour réussir.

    Dans cet état et ce contexte je fais mon entrée, et me liquéfie sur la table. Prête à tout, à rien, à n'importe quoi. J'allais découvrir ce principe fondamental dans les processus de guérison et d'évolution :

    « Le changement a lieu quand la douleur de se maintenir est supérieure à la peur de

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