Baptiste Morizot Nature humaine
Ce jour-là, il a la crève. Une crève carabinée. Il a hésité à venir, mais il est bien là, à l’heure du rendez-vous, chez Actes Sud, présence massive enveloppée d’une chemise « bûcheron », deux yeux d’un noir intense où dansent les petites flammes de la vie, de la passion, des combats. Tâchons donc de raviver les braises du souffrant. Baptiste Morizot guette, concentré, les questions, en fixant l’interlocuteur comme s’il cherchait, précaution légitime, à en savoir plus avant que ne démarre l’entretien destiné à nourrir un portrait. Et c’est justement un exercice vers lequel cet intellectuel de terrain n’aime pas aller. On lui a proposé cent fois de poser dans sa campagne avec, pourquoi pas, des loups en arrière-plan à la manière de ces success stories arrangées pour, paraît-il, satisfaire la curiosité du public. Mais cet être pudique chez lequel on perçoit la hantise d’être catalogué en philosophe baroudeur ou d’être réduit à des raccourcis aussi simplistes que sommaires, a toujours refusé l’exercice du portrait. Question d’éthique, sans doute, mais aussi d’humilité par tradition familiale: chez Morizot père (vétérinaire) et mère (infirmière), moins on se dévoile mieux on se porte.
Et puis, a entraîné dès sa sortie nombre de malentendus, faisant de son auteur une hybridation de comme s’amuse à le résumer Morizot qui poursuit : [afin d’essayer de comprendre le comportement d’animaux à partir de signes qu’ils ont laissés et d’en déduire le rôle essentiel du pistage dans le développement de l’intelligence humaine], Sur la piste animale
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