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Défaillances
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Livre électronique178 pages2 heures

Défaillances

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À propos de ce livre électronique

Une petite fête entre amis, un soir d’été caniculaire.
May et son mari ont invité leurs proches. Ce qui devrait être un moment agréable, quelques heures de détente et de partage, se transforme rapidement en chaos et en catastrophe...
Disparitions, accidents, trahisons, règlements de comptes ponctuent une soirée qui se révèle très pénible, avec, en filigrane, cette question : qui va mourir ?
Ou plutôt : qui est mort ?
L’amant de sa petite sœur Alice, que May n’a aucune envie de voir chez elle ? Le mari adultère, qui a eu le culot d’inviter sa maîtresse ? Le copain insupportable, qui fait la morale à tous entre deux crackers ? La célibataire qui oublie sa solitude dans des excès de drogue ? Le dragueur impénitent ?

Construite en flash-backs, pleine de chausse-trappes et d’impasses, cette histoire est avant tout celle de nos défaillances – d’amis, d’amants, de parents... Nos failles, nos lâchetés, toutes ces petites choses, ces choix que l’on ne fait pas ou que l’on fait mal, ces blessures qu’on inflige sans même le vouloir, parfois...
Nos défaillances qui peuvent nous mener, si l’on n’y prend garde, à notre fin.

LangueFrançais
Date de sortie25 sept. 2017
ISBN9782370115652
Défaillances
Auteur

Marie-Pierre Bardou

Née en Afrique équatoriale dans une famille d’oiseaux migrateurs, Marie-Pierre Bardou a gardé de ses voyages précoces le goût des départs, même en imagination. Elle teste un peu tous les genres – poésie, nouvelle… - mais c’est avec le roman qu’elle peut, réellement, se laisser « embarquer ». Grande admiratrice du génie fiévreux d’un Dostoïevski ou de l’implacable plume d’un Ross Mc Donald ou d’un Liam O’ Flaherty, elle adore les romans historiques et les thrillers. C’est le plus souvent dans les drames familiaux qu’elle puise sa propre inspiration. Elle a une prédilection pour les grasses matinées et les séries TV, et de temps en temps se laisse séduire par quelques chutes libres – mais toujours avec un parachute. Sinon, son bureau ou son canapé seront les endroits où vous la trouverez la plupart du temps. L’avantage étant qu’ils sont dans la même pièce, pour une très agréable économie de mouvement.

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    Aperçu du livre

    Défaillances - Marie-Pierre Bardou

    cover.jpg

    DÉFAILLANCES

    Marie-Pierre BARDOU

    Published by Éditions Hélène Jacob at Smashwords

    Copyright 2017 Éditions Hélène Jacob

    Smashwords Edition, License Notes

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    © Éditions Hélène Jacob, 2017. Collection Littérature. Tous droits réservés.

    ISBN : 978-2-37011-565-2

    Le lapin d’Alice

    Je veux être le Grenelle de ton environnement,

    Le sommet de ton art, ta muse et ton tourment.

    Je voudrais être celle qui hante tes fantasmes,

    L’Angelina jolie de tous tes psychodrames.

    Je prends les ascenseurs qui ne mènent nulle part,

    Ne choisis cette route que lorsqu'elle est jolie.

    Mes mots sont indécis, rêveurs, ils se barrent

    Dans tous les sens, ailleurs, en déroute, en folie !

    Je voudrais du désert être ton oasis,

    Du guerrier le repos, de l’essence ta flamme

    J’aimerais être celle qui joue ta catharsis,

    Et si je le pouvais, de l’hypo l’hypocagne !

    Les ombres sont au soleil ce que je suis pour toi :

    Le revers, l'inconnu, ce que l'on perçoit mal,

    Mais reste en filigrane et que l'on n'oublie pas,

    Comme une chanson d'enfant, un refrain dans la tête,

    Qui trotte insaisissable

    Tant qu’à jouer un rôle, je vole la vedette

    À toutes tes assistantes, bimbos et castagnettes.

    Je me voudrais la cime de ton Himalaya,

    Quand je ne suis jamais qu’un piéton à la noix !

    De tes repas le sel, de tes tartes le citron,

    Et de tes nuits câlines être ton édredon.

    De ta voiture de sport je serai le volant

    De ton crédit foncier le meilleur rendement…

    J’aurais voulu porter ton étoile du Nord,

    Te montrer le chemin, capitaine de bord,

    Être ton audacieuse, ta liane, ta luxure,

    Et non petit trophée, oublié dans un coin,

    D’Alice le lapin,

    De ton ruisseau l’eau pure…

    – 1 –

    8 août, 4 heures du matin.

    Les choses qui flottent dans la baignoire l’intriguent. Les flammes tremblotantes des bougies s’y reflètent, en éclats bleutés proprement fascinants. Ça ressemble à des bouts de métal liés ensemble.

    En équilibre sur le rebord, il tend une patte prudente. Un coup de coussinet – à peine un effleurement – et l’un des objets vacille, tangue, puis reprend son balancement tranquille dans l’eau maintenant froide. Le chat se désintéresse de la chose morte. Il ramène ses pattes sous son ventre, se met en boule et patiente.

    Elle va bien finir par se réveiller.

    Il n’aime pas ce grand bac blanc plein d’eau. Sa maîtresse l’y enfourne régulièrement – avec l’autre – et ce sont toujours des instants pénibles, aussi bien pour les chats que pour l’humaine.

    Pour le moment, il surveille le corps alangui qui semble plongé dans le sommeil. Posé au fond de la baignoire, comme une poupée. La pâleur de la peau se marbre peu à peu.

    Les échos de la fête qui se déroule derrière la porte close, dans la maison, dans le jardin, enveloppent la scène comme une cacophonie lointaine et détachée du monde. Hors de la salle de bains, des hommes et des femmes rient, parlent, chantent. On perçoit le tintement des verres, un cri d’allégresse ou d’indignation. La musique est forte, du rock – U2, Bloody Sunday, un grand classique – et les basses font vibrer l’air. Presque une menace.

    Chamallow a fait son tour de guet en début de soirée, puis à nouveau après sa balade. Il a passé toute la nuit à faire des allers et retours entre la terrasse, la maison et le jardin. Il y avait beaucoup de monde, au début, au moins une cinquantaine de personnes. Mais, heureusement, pas de gosses pour leur courir après, à lui et à l’autre, vouloir à toute force jouer avec eux et les caresser, leur tirer la queue, les câliner… Non, seulement des adultes, qui buvaient, mangeaient et fumaient, dansaient vaguement et discutaient. Il avait profité du fait que personne ne faisait attention à lui pour chaparder des choses plus ou moins comestibles. Il avait goûté quelques acras de morue et de petits toasts au thon sur les tables où May avait mis les plats du buffet, avant qu’on le chasse. Les acras avaient un goût bizarre, piquant, il avait recraché sa prise. Mais les toasts étaient bons. Il ne reste plus rien à escamoter, maintenant. À cette heure, les invités ne mangent plus rien, ils boivent. Au pire, il pourrait aller fouiller les poubelles… Au moins, l’autre n’est plus là pour lui voler sa part.

    Beaucoup de choses se sont passées depuis l’arrivée des invités, vers 20 heures. Il y a eu pas mal de cris, de disputes, de tensions. L’autre a définitivement disparu de leur existence, et c’est plutôt une bonne nouvelle. Il ne reste plus qu’une dizaine d’intrus et, sans doute, vont-ils bientôt s’en aller.

    De toute façon, il n’aime pas la foule ni le bruit. Il court toujours le risque qu’on lui marche dessus, et il est obligé de slalomer entre les jambes des gens qui ne font pas attention à lui avant de lui écraser les pattes. Surtout maintenant qu’ils ne font plus que boire.

    Chamallow s’est donc réfugié dans la salle de bains, se faufilant entre les jambes de la fille avant qu’elle referme la porte.

    Il ne s’attendait pas à ce qu’elle prenne un bain. Ce n’est pas du tout l’heure de se laver, l’aube ne va pas tarder à poindre. Mais comme elle ne bougeait pas et demeurait silencieuse, il a estimé sa compagnie apaisante et il est resté. Mais il commence à trouver le temps long.

    Il est là depuis presque une heure à présent.

    Dans la salle de bains, toutes les lumières sont éteintes. Seules les bougies parfumées, alignées le long de la baignoire, projettent leur faible lueur. Ça ne gêne pas le chat, il voit très bien la nuit. Il distingue sans peine le carrelage noir du sol et des murs, tranchant sur le blanc immaculé du plafond. Un magnifique lampadaire rococo, trop imposant pour la taille de la pièce, ajoute une note luxueuse à l’austérité du décor. May l’a voulu ainsi. Elle aime le luxe, même si elle n’a pas toujours les moyens de se l’offrir. Mais c’est sa salle de bains, sa maison, son jardin. Les autres – son mari, ses chats, et, à présent, ses invités – n’y sont que de passage, hôtes familiers et tolérés, mais constamment surveillés.

    Chamallow bâille. Longuement. Ses grandes moustaches frémissent et il s’étire, avant de reprendre sa pose.

    Elle va bien finir par se réveiller.

    Il doit faire froid, dans cette onde glacée. Elle a sans doute eu envie de se rafraîchir un peu. La canicule s’est installée sur la région depuis des semaines, et les nuits n’apportent pas vraiment d’amélioration. Tout le monde suffoque.

    Mais pas ici, pas dans cette maison.

    Cette maison est climatisée. Lorsque, à l’extérieur, l’air semble grésiller et brûler la peau, que l’on respire avec la sensation d’avaler de l’eau chaude, à l’intérieur, on a presque froid. Le contraste est saisissant quand on passe du salon à la terrasse, du frigo à la fournaise. Thomas a bien essayé de convaincre sa femme, lui rappelant les dangers d’un choc thermique, il peut aussi bien prêcher dans le désert. May est aux commandes, et elle aime la fraîcheur.

    C’est pourquoi la salle d’eau, comme le reste de la maison, est glacée. Elle n’aurait pas dû avoir besoin de se faire couler un bain : il suffisait qu’elle s’assoie sur le bord de la baignoire et qu’elle attende quelques minutes.

    Chamallow est immobile, les lumières hésitantes des bougies effleurant à peine son beau pelage d’un gris argenté. C’est un magnifique Sacré de Birmanie, comme l’autre. De ses yeux jaunes à demi fermés, il observe le corps nu qui gît au fond du bac, la peau d’une blancheur nacrée, les longs cheveux ondoyants autour des épaules. Elle ne bouge pas plus que le chat. Pour un humain, c’est étonnant.

    Il finit par se décider et se rapproche un peu de la fille, avec beaucoup de prudence. Il tend une patte et, comme il l’a fait pour l’une des choses bleues qui flottent près de la dormeuse, hasarde un léger coup sur le bras.

    Elle bouge à peine, déplaçant un tout petit peu l’eau qui l’entoure. Puis les ondulations cessent presque aussitôt et le corps reprend son immobilité totale.

    Elle ne va peut-être pas se réveiller, en fin de compte.

    – 2 –

    7 août, 20 heures.

    Il n’aimait pas ses chaussures. Des mocassins tout bêtes, sans même ces ridicules pompons avec lesquels il adorait jouer. Quand l’humain passa à sa portée, Chaman n’hésita pas une seule seconde : il agrippa le mollet offert et y plongea généreusement ses petites dents pointues.

    — Hey !

    Ses pattes toujours accrochées solidement au pantalon de toile de sa victime, il leva la tête vers le type qui gueulait en secouant sa jambe. Bon sang, il n’avait pas vu à quel point sa proie était immense ! Des yeux bleus furieux le considéraient avec dégoût, tandis que l’homme agitait son pied comme un métronome pris de folie. C’était chouette. Chaman se mit à grogner, pour ajouter un peu de suspense.

    — Chat-rogne, lâche-le !

    Pas question qu’il réponde à l’un des ridicules surnoms dont la fille brune, qui était toujours fourrée chez eux, l’affublait. Elle se pencha vers lui et l’empoigna pour venir en aide à son compagnon.

    Il resserra sa prise et grogna un peu plus fort.

    Il en avait déjà marre de cette fête. Ça grouillait de gens, partout, qui ne cessaient d’arriver, envahissant le jardin et la terrasse. Il se faisait marcher dessus et bousculer, et puis il faisait trop chaud. Sa gamelle dans la cuisine était vide, son coussin préféré sur le rocking-chair était squatté par une femme bizarre et toute maigre qui fumait des choses aux relents douceâtres. Il ne pouvait se rendre nulle part sans être à moitié écrasé et dérangé.

    Il voulait retrouver son jardin, son fauteuil, et qu’ils s’en aillent tous, vite fait !

    La fille brune le forçait à écarter les pattes, glissait un doigt entre ses mâchoires, insensible à son grognement menaçant.

    — Chat-laid ! Laisse-le tranquille !

    Pas question, pas question, pas ques…

    Un coup de pied vicieux – merde, il avait oublié que le type immense avait un autre pied ! – lui fit brutalement lâcher prise. Éjecté à presque un mètre de sa victime, il feula quand la fille esquissa le geste de le soulever dans ses bras. Elle resta prudemment à distance.

    Il se redressa et, la queue fièrement levée, comme une flèche tendue vers le ciel, il s’éloigna dignement. Il allait faire un tour dans le quartier, histoire de voir si c’était plus tranquille ailleurs.

    ***

    Encore estomaqué, Volker se massait le mollet en regardant s’éloigner l’animal au pelage d’un beau gris cendré.

    — Qu’est-ce qui lui a pris ?

    — Laisse tomber, il est méchant comme une teigne… Tiens, j’ai trouvé un nouveau surnom : Chat-teigne, ça lui va comme un gant !

    Volker se tourna vers sa compagne, qui riait à présent. Il aimait son rire, enfantin, joyeux.

    — Pourquoi vous l’avez frappé ? Chaman, reviens !

    Il vit une petite femme brune se précipiter vers le chat, qui avait disparu dans la foule. C’était sans doute May, la sœur d’Alice et leur hôtesse… Il soupira. Ça commençait bien, ils n’avaient même pas encore été présentés que, déjà, il fichait un coup de pied à son fauve.

    Alice lui prit le bras, s’appuyant légèrement contre lui en déclarant :

    — Ne t’inquiète pas, ce n’est pas grave. Ma frangine est toquée de ses chats… Vous ferez connaissance tout à l’heure, elle aura déjà oublié. Tu viens ? On va se chercher un verre.

    Il la suivit, en souriant de manière assez crispée à tous ces inconnus qui se pressaient, comme eux, vers le buffet. Il savait que son sourire n’était pas très joli. Il n’avait jamais été un grand communicant et n’était pas à l’aise au milieu de la foule. Et il avait l’habitude des regards qu’on lui lançait : sa stature, son attitude, ses yeux d’un bleu pâle, ses cheveux blonds – enfin, plutôt blancs, à présent – ne faisaient pas de lui une personne très chaleureuse. Personne n’avait l’instinct de lui taper sur l’épaule en lui disant « Salut, mon poto ! » Dans la majorité des cas, ça l’arrangeait.

    Volker avait très

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