Le feu du ciel, Guerres sous-marines, tome 4
Par Claude-Jean Siré
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À propos de ce livre électronique
Des missiles, lancés par un groupe révolutionnaire inconnu, frappent des villes européennes. Techno-thriller, "le feu du ciel" est le quatrième tome de la série "guerres sous-marines"
Il fait suite à :
- Le piège de Noirmoutier
- Alerte à l'Elysée
- La revanche de l'ombre
La saga continue ensuite avec :
5. Ravitailleurs
6. Pour l'amour d'Eva
7. Le destin de Léa (décalé, cette suite possible du tome 5 n'est pas un techno-thriller)
8. La menace ultime
La saga continue ensuite sous les titres de "La guerre pour l'espace" (4 yomes) et "La guerre des drones" (3 tomes).
L'auteur qui publie sous le pseudonyme de Claude-Jean Siré est un spécialiste de la défense et du nucléaire.
Claude-Jean Siré
A specialist of modern warfare - Un spécialiste de la défense
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Avis sur Le feu du ciel, Guerres sous-marines, tome 4
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Aperçu du livre
Le feu du ciel, Guerres sous-marines, tome 4 - Claude-Jean Siré
10 H 30 GMT, ALASKA
Tae You regardait par le hublot le paysage irréel qui s’étendait sous ses yeux. Du fait des conditions météorologiques, l’avion de Korean Air allait faire une escale forcée à Anchorage, une demi-heure plus tard, au sud de ce qui était devenu en 1959 le 49ème état américain. Au-dessus de lui, dans sa mallette, le jeune Coréen avait les neuf nouveaux exemplaires du gyroscope. Il devait les déposer à des lieux qui lui seraient communiqués au fur et à mesure de ses déplacements en Europe. Il avait une chambre réservée pour la nuit dans un petit hôtel parisien et devait repartir dès 7 h 30, le lendemain même, par l’Eurostar pour Londres, avant de s’envoler de Heathrow vers Hambourg.
Non seulement il avait construit les engins, mais il devait maintenant jouer au porteur de luxe. Cette histoire infernale avait touché aussi son sommeil. Il décida de prendre l’air, pendant l’escale, espérant que le froid polaire qui régnait là-bas allait provoquer chez lui un choc thermique suffisant pour libérer la tension qui le maintenait éveillé…
11 H 00, PLACE DE LA BASTILLE
Éva s’était installée dans un de ces nombreux cybercafés anonymes qui pullulaient dans le quartier. Grâce au site de visualisation aérienne de Google, elle préparait les derniers plans de son opération. La difficulté était de calculer les angles précis à transmettre au calculateur de vol, pour que le missile s’oriente dans le paysage urbain et atteigne sa cible sans risque d’erreur ou sans rencontrer d’obstacle.
Les images fournies par le moteur de recherche facilitaient sa tâche, mais il allait lui falloir inspecter à l’œil nu la trajectoire. Il suffisait d’une grue, d’une installation sur le trajet du missile pour que l’opération soit un échec.
Elle fut surprise d’entendre derrière elle un couple parler dans sa langue natale. L’avantage du quartier, c’est qu’il fourmillait d’Asiatiques. Elle préférait pourtant cette zone au treizième arrondissement, où elle avait peur d’être reconnue par un étudiant croisé à Séoul. Elle avait fait ses études de physiques dans la capitale coréenne et ne voulait pas croiser une vieille connaissance, même si ses cheveux coupés courts et ses grosses lunettes la rendaient méconnaissable.
Elle soupira. Cela faisait déjà un mois qu’ils étaient arrivés en région parisienne, changeant fréquemment de mouillage pour ne pas attirer les regards. De toute l’équipe, elle était la plus exposée. Elle était la seule à parler couramment le français, appris pendant une année dans un restaurant du 15ème à servir des barbecues coréens pour des Parisiens en mal de voyage et quelques Sud-coréens en transit dans la capitale. Le matelot ne parlait pas un mot de français et était cantonné au port. Choo se débrouillait, mais son accent restait indéchiffrable. Le plus gros risque, c’était la police fluviale. Jusqu’à présent, leurs déplacements, en fin de soirée, leur avaient permis d’éviter les contrôles de routine.
Elle en savait assez. Elle prit ses notes, récupéra sa clé USB et sortit sur le boulevard Richard Lenoir. La place de la Bastille grouillait d’une foule bigarrée. Elle descendit sur le quai, et rejoignit la péniche, en longeant la Seine en direction de Bercy. Le niveau du fleuve avait beaucoup monté. Les pieds du zouave n’allaient pas tarder à être mouillés, rendant difficile leur déplacement. La péniche était basse, elle pouvait se faufiler là où les bateaux-mouches restaient à quai. Cependant, avec la force du courant, leur capacité de déplacement pouvait être mise à mal. Elle n’avait pas intégré ce risque dans son plan.
12 H 00, DGSE
La cellule de crise remise en place pendant les événements de l’automne avait été dissoute. Cependant, le colonel avait décidé qu’une réunion, toutes les quinzaines, permettrait de faire le point entre les différents services impliqués, pour vérifier le retour à la normale. Parmi les points à l’ordre du jour demeurait le mystère de Gonfreville.
– Francis, qu’est-ce qu’a donné l’interview du pêcheur ?
– Il affirme avoir vu une boule de feu sur la rivière. Il était à quelques centaines de mètres et ses explications semblent loufoques. Le personnage est haut en couleur et effectivement un peu chargé en alcool.
– Est-il est possible qu’un sous-marin ait pu pénétrer aussi loin dans le fleuve ?
– C’est ce qui rend son histoire peu crédible. Il y a encore des fonds importants, à cet endroit, largement suffisants pour le passage de grosses barges. Pas un sous-marin, même de poche, ne pourrait s’y trouver en plongée sans risquer de toucher le fond. Nous avons interrogé les archives satellites de la zone, aucun bâtiment suspect n’a été enregistré en amont du pont lors des quatre passages de nos satellites radars à l’heure de l’explosion.
– Et les enquêtes sur place ?
– C’est la police judiciaire qui est chargée de l’enquête. Une trentaine d’enquêteurs a été diligentée sur les lieux : police judiciaire, technique et scientifique du Havre ainsi qu'une cellule spécialisée de la sous-direction de la police technique et scientifique de Lyon. Les origines de l’explosion restent inconnues. Le réservoir avait été inspecté six mois plus tôt. Il avait été noté quelques microfissures au niveau supérieur, mais rien d’inquiétant. De plus, les sismographes n’ont pas enregistré de mouvement dans les mois qui ont suivi.
– Quand aurons-nous les résultats ?
– Ce qui peut être intéressant, mon Colonel, ce sont les analyses chimiques des suies, une trace éventuelle d’explosifs. Nous aurons les premiers bilans dans les jours à venir.
– Avez-vous pris contact avec Kim ?
– Oui. Simon McTrimer, celui qui l’a accompagnée dans sa fuite en France est retourné au siège de la CIA. Il lui a confirmé que rien dans les plans du DCO ne prévoyait une attaque sur la raffinerie.
– Pensez-vous que l’on pourra l’utiliser à nouveau pour vérifier nos sources ?
– Il me semble qu’elle est en train de décrocher, mais je ne désespère pas qu’elle me mette en lien direct avec ce fameux Simon.
12 H 30, VELIZY
Kim avait rendez-vous avec Grégoire pour déjeuner au centre commercial. Depuis qu’elle s’était installée à proximité du jeune homme, elle avait changé. Elle voyait la vie avec un autre regard, plus joyeux, plus optimiste. Comme si, auparavant, sa vie avait été un long tunnel dont elle gardait des traces, mais qu’elle pouvait classer comme de l’histoire ancienne. Ce qui comptait maintenant, c’était sa vie nouvelle, cet amour naissant avec ce jeune Français dont le sourire et la bonne humeur effaçaient ses plus vieux cauchemars. Elle avait négocié avec l’ambassade américaine un poste de conseiller technique en intelligence économique, ce qui lui donnait pas mal de temps libre et une certaine indépendance. Son compte en banque avait été remis à flot et elle avait gardé le même échelon que lorsqu’elle travaillait à la CIA.
Elle l’aperçut dans la foule. Il gardait toujours sa vieille vareuse, un peu usée aux coudes. Elle sentait qu’elle aurait à l’épouser avec. Il avait déjà pris de mauvaises habitudes de célibataire. Il avait cependant un cœur en or et une pureté intérieure qu’elle n’avait jamais rencontrés dans son métier de barbouze. Pourquoi avait-elle craqué si vite, elle qui se méfiait toujours de son extraordinaire pouvoir de séduction ? Peut-être parce que le jeune homme était un peu innocent. C’était un grand rêveur.
Elle vit qu’il n’était pas seul. Marc arrivait avec sa belle épouse. Les deux jeunes femmes n’étaient pas encore parvenues à établir des liens d’amitié. Elles avaient encore à s’apprivoiser mutuellement. Éléonore avait du mal à voir Grégoire avec quelqu’un dont le passé sulfureux tranchait avec sa rigueur morale. Kim sentait cependant qu’à chaque rencontre, son regard était plus ouvert, plus attentif à ce qu’elle pouvait être en vérité.
Elle préférait Charlotte, la sœur de Grégoire, avec qui elle s’entendait à merveille, parfois au détriment du frère et ami. La jeune juriste était plus espiègle, moins rangée et le caractère fonceur de Kim excitait son goût pour l’aventure.
Ils s’installèrent dans une pizzeria et les deux compères dévalisèrent le salad-bar, élargissant la taille de leur assiette standard par un lit de tranches de concombre ce qui leur permettait de doubler le volume autorisé. Arrivés à la caisse, ils riaient avec tellement de bonne humeur que la vendeuse ne releva pas…
Kim commanda une bouteille de champagne. Elle avait envie de partager son bonheur. Les deux ingénieurs froncèrent les sourcils. Ce n’était pas compatible avec leurs calculs de l’après-midi. Marc haussa les épaules. Il fit même un clin d’œil à Kim quand Éléonore lui lança un regard noir. Grégoire acquiesça quant à lui, résigné… En tout cas, ils ne finiraient pas leur projet ce soir.
– Alors Éléonore, demanda Grégoire, en quoi consiste ton nouveau job ?
– Je suis affectée à l’unité de recherche en détection radar. Nous avons à notre disposition une chambre anéchoïque de près de 2000 m3 qui nous permet de simuler une émission radar à longue distance grâce à un miroir transformant les ondes circulaires en ondes parallèles de plusieurs GigaHz avec une grande sensibilité et une précision de l’ordre d’un dB. Cette chambre permet de tester la signature radar d'un engin, en grandeur nature, suspendu par des fils kevlar, et orienté dans toutes les directions.
– Ouah… ça n’a rien à voir avec le labo de l’ICAM…, s’exclama Grégoire
– C’est l’intérêt de ce type d’installation.
Kim haussa les épaules. Quand les trois ingénieurs commençaient à parler « chiffons », elle se sentait un peu cruche. Elle pressa sa jambe contre celle de Grégoire, sentant la chaleur de son corps l’envahir. Cette sensation volée lui permit de se détendre. Il aurait pu la prévenir qu’ils ne seraient pas seuls…
13 H 50, PLACE DE LA CONCORDE
Éva avait pris un Vélib et l’avait garé devant La Madeleine. Elle avait deux bonnes heures pour inspecter la zone de tir. Une grue démontait la grande roue qui avait illuminé la place pendant les fêtes de Noël. À quelques jours près, ses projets auraient été anéantis par cet engin qui ne figurait pas sur l’image satellite. Elle sortit son appareil photo et mitrailla l’axe qui s’étendait depuis l’Arche de la Défense jusqu’à la pyramide du Louvre. Elle avait la soirée pour recalculer les hauteurs, vérifier tous ses plans…
Elle s’engagea sur les Champs Élysées, inspecta l’Arc de Triomphe, nota que les décorations de Noël avaient disparu. Le champ de tir était libre… Vers 16 h 00, elle reprit un vélo et regagna sa péniche. Il faudrait qu’elle se rende dans le 15ème pour récupérer les gyroscopes. Cette nuit, Choo installerait le premier sur le deuxième missile. Il lui restait une bonne journée avant l’attaque.
14 H 00, LONDRES
Jinju était chargée de réaliser les mêmes observations à Londres. La capitale était encore sous la neige, ce qui rendait ses déplacements plus délicats. Elle avait opté pour le bus, sautant de l’un à l’autre pour examiner toutes les étapes prévues par le missile de croisière avant sa cible… Ici, les péniches étaient plus rares. L’amiral avait opté pour un vieux hors-bord dont la soute contenait les trois missiles livrés par le Pyongyang II. Elle avait rejoint l’équipe sur place depuis dix jours et supervisé la phase finale. À la différence de la péniche, le largage des missiles serait plus délicat. Heureusement, le smog était plus dense que de coutume et leurs opérations resteraient discrètes.
Elle fit demi-tour et se dirigea vers la rivière. Elle aperçut de l’autre côté du fleuve le London Eye, la grande roue pleine de touristes qui scintillait de tous ses feux.
Ils vont être aux premières loges, pensa-t-elle.
14 H 30, SAINT-JEAN-DE-LUZ
Le vieux Gilbert n’avait pas sorti son bateau ce matin. La mer était déchaînée et il n’avait pas eu le courage d’affronter la passe, par ce froid. Son nouveau thonier, racheté d’occasion avec l’argent perçu de l’assurance à un ami parti à la retraite avait fière allure. Pourtant Gilbert se faisait vieux. Son fils Marc était passé en coup de vent, le lendemain de Noël avec sa jeune épouse. Une visite de courtoisie au vieillard. Décidément, Éléonore, malgré toutes ses qualités humaines, n’était pas une fille de la mer. Comment un bon marin comme son père avait-il pu engendrer une fille aussi sophistiquée, une précieuse… ? Est-ce que son grand garçon allait être contaminé par cette influence parisienne et perdre son franc-parler ? Ou est-ce qu’elle allait se bonifier avec l’âge ?
Gilbert espéra qu’en devenant mère, elle prendrait enfin pied sur terre. Quand est-ce qu’ils allaient lui donner un petit-fils qui l’accompagnerait en mer, dénouerait pour lui les nœuds de ses filets et s’émerveillerait devant un poisson frétillant sur le pont ? Que disait-il ? Un garçon ? Non, plusieurs… Depuis que ses fils avaient grandi et étaient partis à la capitale, le monde s’était un peu arrêté de tourner. Il avait hâte d’être grand-père.
Il descendit jusqu’au port. Bernard n’avait pas grand-chose à vendre sur son étalage. Il l’invita à prendre un verre. Sa bourgeoise fronça les sourcils… Son vieil ami le suivit pourtant jusqu’au vieux troquet d’en face. Ils commandèrent un petit verre de Tursan. Le vin âpre des Landes allait leur réchauffer le cœur. Gilbert interrogea Bernard :
– Comment va ta fille ?
– Elle est toujours à Toulouse.
– Pas de petit copain à l’horizon ?
– Pas que je sache… Tu sais ce que c’est, on est toujours les derniers informés. Et toi, ton second ?
– Il a l’air de travailler, répondit Gilbert. Heureusement qu’il a passé les fêtes avec moi. Cela aurait été sinistre…
– Je veux bien le croire… Tu vas te décider à monter à la Capitale ?
– Peut-être. Leur appartement n’est pas grand. J’ai peur de déranger la baronne…
– Quand je pense qu’il aurait pu épouser ma fille…
– Oui… Tu te souviens, quand ils rentraient de l’école, la main dans la main, s’échangeant des petits secrets qui les faisaient pouffer de rire… ?
– Ils avaient six ans… Vingt ans, déjà…
15 H 30 GMT, BOSTON
Hank McTerry arrivait à son bureau quand le téléphone se mit à sonner. Il posa son manteau sur le bureau et décrocha. Le numéro qui s’affichait lui était inconnu.
– Hank McTerry ?
– Lui-même…
– Agent Prince, du FBI. Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, nous nous sommes vus lors de l’incendie de votre appartement ?
– Oui, je n’avais pas noté votre nom…
– Puis-je vous parler un instant ?
– Je vous en prie.
– Je suis en bas de l’immeuble.
Hank eut un instant d’inquiétude. Depuis juillet, il avait fait le mort, espérant que son histoire avec Éva était oubliée, enterrée dans la montagne des archives des deux maisons. Voici que le souvenir douloureux de sa trahison involontaire revenait au grand jour.
– Je descends…
Il fit un signe à son collègue.
– Je reviens, j’en ai pour un quart d’heure…
L’agent était dans sa voiture de fonction. La radio crépitait des annonces éparses et le sol de l’engin était jonché de saletés diverses, accumulées probablement pendant des heures de surveillance. Le jeune homme semblait harassé.
– Je passais dans le quartier. Je me suis dit que puisque vous êtes un semi-collègue, je pouvais vous donner les résultats de l’enquête en main propre.
– Merci. Qu’est-ce que cela a donné ?
– Vous verrez. Rien de très précis. J’ai fiché Éva Kimchi comme agent étranger possible. Nous avons reçu un rapport la localisant en Europe…
– Ah…, s’exclama Hank
– Rien de précis. Juste une concordance dans sa signature sonore, sur un téléphone satellite. La NSA a dû envoyer le même rapport à la CIA.
– Il ne m’est pas parvenu. Vous savez ce que c’est ? dit Hank.
– Oui… Paperasse, paperasse, même électronique, cela reste de la paperasse… Une piste sur les raisons de sa présence à Boston ?
– Je pense que c’était lié au MIT. J’ai croisé un étudiant qui m’a dit que son visage ne lui était pas inconnu…
– Je vois. Vous auriez été sa couverture…, proposa l’agent Prince.
– En quelque sorte… Involontairement… Merci en tout cas…
– De rien. Avec ce rapport vous pourrez peut-être accélérer le remboursement de l’assurance.
– Effectivement. J’attends toujours le chèque…
– Allez, bonne suite.
– Merci…
Hank retourna à son poste. Il soupira. L’agent ne se doutait pas qu’il était la cible d’Éva… Il s’attendait à pire. Il brancha son ordinateur et commença à éplucher ses mails. Dix minutes plus tard, il se surprit en train de rêvasser. Éva…
Elle avait disparu de ses pensées depuis quelques semaines. Entendre son nom, la savoir en Europe, réveillait la douleur de son absence. Même s’il était maintenant persuadé de sa culpabilité, il ne pouvait s’empêcher de penser à son sourire, sa gaîté. Sa vie était si morne, depuis qu’il dormait chez sa sœur, attendant le remboursement du sinistre qui lui permettrait de refaire son indépendance, retrouver un chez-soi… Il passait plus de deux heures dans les transports. Le soir, il essayait de se faire petit pour ne pas gêner Julia.
16 H 30, LANGLEY
Simon McTrimer avait retrouvé son bureau, sa secrétaire… Il n’avait pas été promu, malgré sa collaboration dans la dénonciation du DCO. Certains collègues le croisaient avec un grand sourire. C’étaient ceux qui admiraient son sang-froid, l’avait interrogé sur sa fuite, sur ses exploits en France…
D’autres détournaient les yeux. Pas facile d’être classé comme un délateur, même pour la bonne cause, soupira-t-il.
Le téléphone sonna. C’était le nouveau DCO.
– McTrimer, pouvez-vous venir ?
– J’arrive
Il grimpa à l’étage, franchit le barrage des gardes et frappa à la porte.
– Simon, asseyez-vous… Un café ?
– Non merci…
– Je voulais vous dire que je ne vous en veux pas pour ce qui s’est passé. Au contraire, je vous considère comme un atout dans notre service. Je voulais vous confier une tâche particulière. Le Président me demande de coopérer à 100 % avec les Français. Voudriez-vous être la tête de pont entre la DGSE et nos services ?
– Ah ? Un poste basé en France ?
– Oui, mais dans le clan des officiels, à l’ambassade, avec accès complet à tous nos services, y compris l’antenne locale de la CIA.
Il réfléchit. Il devait quitter sa petite vie tranquille. La retraite n’était plus très loin. À l’inverse, sa petite escapade lui avait redonné des ailes. Et puis, la France, c’était un peu sa vie. Il reverrait aussi Kim…
– C’est d’accord.
– Bien, c’est chose faite. Quand voulez-vous partir ?
– Ce soir ? osa Simon.
– Si ça vous chante…
Le DCO sourit. Il ne pensait pas trouver si vite… Le vieil homme finalement était un bon choix. Politiquement, les Français n’auraient rien à dire. Et ici, il éviterait les ennuis…
Simon sortit d’un pas