Arts de l'Inde et du monde indianisé

En 1917, le peintre George Groslier fut mandaté par le Gouverneur général de l’Indochine pour fonder au Cambodge une nouvelle école d’art. Dépassant ce simple cadre, George Groslier entreprit ce qu’il appela la « rénovation des arts cambodgiens ». Ce programme, qui s’appuyait sur une doctrine argumentée, se donnait pour but de sauvegarder des pratiques artistiques considérées comme menacées, et ainsi de redonner au Cambodge une identité culturelle propre face à ses puissants voisins, le Siam et le Vietnam. Outre une école d’art, George Groslier créa un musée et un organisme chargé de la diffusion de la connaissance de l’art khmer.
Afin de mieux envisager les développements des arts au Cambodge à l’époque coloniale, nous étudierons dans un premier temps le programme de 1917 mis en place par George Groslier et la définition de « l’art khmer » qui y est proposée. Puis nous envisagerons la mise en pratique de cette doctrine au sein des structures d’enseignement artistique mises en place, à Phnom Penh, mais aussi Pursat ou Kompong Chhnang entre 1917 et 1945. Enfin, l’étude du système de ventes mis en place au sein du musée et des Corporations d’Artisans nous permettra d’envisager les réseaux de diffusion de cette production artistique.

Cette thèse propose une réflexion sur la patrimonialisation du Cambodge artistique et archéologique à l’époque coloniale, à travers l’étude du Service des arts cambodgiens. Sous l’apparence d’un sujet d’histoire coloniale classique, elle offre un nouvel éclairage aux relations de pouvoir qu’entretiennent la haute société cambodgienne du premier
XXe siècle et les administrateurs coloniaux, et souligne une étonnante convergence idéologique entre le Palais royal et l’administration coloniale, autour du thème du déclin cambodgien et de l’âge d’or angkorien.