Magistère

Le cardinal Müller publie un «Manifeste de la Foi», qui sonne comme une mise en garde adressée à l'Eglise 8 février 2019 Le Cardinal Gerhard Müller, ex-préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (2012-2017), est très critique de la tendance pastorale et oecuménique générale qu'a insufflée le pape François. Il la juge confuse, peu sûre, et souvent en contradiction avec des textes antérieurs du Magistère , voire avec la Tradition des Pères de l'Eglise. On peut lire sur le site Reinformation.TV, en date du 29 juin 2018, un copieux compendium de ses critiques, intitulé « Le cardinal Gerhard Müller dénonce un "processus de protestantisation" : "La foi est nécessaire à la Rédemption " ». Le prélat y dénonce, en termes sévères et parfois alarmistes, la confusion doctrinale et le laxisme théologique qui, selon lui, règnent chez les fidèles catholiques, sans que les instances doctrinales ne prennent les mesures adéquates et condamnent ouvertement ce que le cardinal considère comme des glissements vers l'hérésie et une compromission inadmissible avec l'esprit du temps, y compris chez les évêques. Je ne suis pas en mesure de garantir la fiabilité de ces propos, d'autant que la rédaction du site qui les met en ligne ne cherche même pas à cacher son soutien aux propos donnés comme étant du cardinal lui-même, et leur assure une large diffusion. Le cardinal Müller adosse son propos à l'enseignement du Magistère, dont, sauf exception, il n'indique que les références. J'ai estimé utile de citer, en notes leur contenu textuel, presque totalement emprunté au Catéchisme de l'Eglise Catholique, que je cite d'après la version en ligne sur le site Web du Vatican. M. R. Macina.

C'est à l'occasion d'une catéchèse du pape Benoît XVI 1 que j'ai pris conscience que ce que j'appelle -faute de mieux -la « spiritualisation » de la notion biblique de « Royaume de Dieu », semble faire partie désormais de l'enseignement ordinaire de l'Église. On sait qu'en catholicisme, le fidèle, s'il l'est vraiment, doit donner son adhésion intérieure à ce que le pontife suprême prêche publiquement, même si celui-ci s'exprime en théologien privé, et donc qu'à ce titre, son enseignement n'est pas de fide 2 ; néanmoins, je crois de mon devoir d'exprimer mon désaccord responsable avec cette conception restrictive du Royaume de Dieu.

Début mai 2019, un éditeur catholique courageux a publié mon récent ouvrage de vulgarisation consacré à l'épineuse question du Millenium, ou Règne millénaire du Christ sur la terre avec ses élus , annoncé dans l'Apocalypse de Jean (Ap 20, 6), doctrine crue et enseignée, durant les quatre premiers siècles de notre ère, par des Pères de l'Eglise à la réputation doctrinale sans tache, avant d'être finalement réputée, à tort, avoir été 'condamnée' comme hérétique par le Magistère catholique, lequel a néanmoins édicté, à l'époque moderne, une sévère réserve à l'égard de son enseignement. Il ressort des premières critiques dont j'ai eu connaissance que mon ouvrage apparaît à certains comme opposant « mon magistère personnel » (sic) à celui de l'Eglise, et comme contribuant à semer le trouble dans l'esprit des fidèles plutôt qu'à oeuvrer à la paix et à l'unité du Corps du Christ. Ce dont Dieu veuille me préserver. J'ai exposé en détail dans mon livre les raisons pour lesquelles j'ai cru devoir prendre cette initiative redoutable. Je les résume ici drastiquement...

On ne compte plus les groupes, sectes, et individus qui ont justifié leurs conceptions religieuses novatrices (mais souvent hétérodoxes) en se référant à la citation de l’Évangile de Jean, mise en exergue ci-dessus.
Même si, pris à la lettre, ce propos de Jésus peut être compris comme englobant par avance les développements doctrinaux postérieurs à la Révélation, les théologiens qui tiennent pour cette opinion en ont étroitement ‘encadré’ l’application concrète, en lui assignant des règles précises qui garantissent que ces changements sont licites et qu’ils ne portent pas atteinte au « dépôt de la foi »  transmis de génération en génération par la Tradition. L’histoire de l’Église témoigne des difficultés de l’exercice et des controverses qu’il engendra. C’est dire que le recours fait par un individu à ce texte scripturaire pour justifier l’orthodoxie d’une conception et/ou d’une doctrine de son cru n’a guère de chance d’être entériné par le Magistère.
Pourtant, c’est ce que je fais depuis quelques années pour obéir à ce que me dicte ma conscience, sans oublier l’avertissement de l’apôtre Paul :
Ma conscience, il est vrai, ne me reproche rien, mais je n’en suis pas justifié pour autant. Mon juge c’est le Seigneur (cf. 1 Co 4, 4).
Le problème qui a longtemps été le mien, est le suivant. Que faire lorsque, en pleine possession de ses facultés psychiques, on a été a soudain l’objet de ce qui semblait être une révélation privée, relative aux desseins de Dieu, et dont le contenu ne paraît pas faire explicitement partie de l’enseignement du Magistère de l’Église ? La situation d’incommunicabilité qui fut et est encore la mienne à ce propos tient moins au caractère insolite du phénomène qu’au scepticisme, le plus souvent radical, des ecclésiastiques auxquels je me suis adressé pour en discerner l’authenticité éventuelle.
On trouvera, dans les pages qui suivent, une brève synthèse de l’élaboration que j’ai faite, au fil du temps, de cette intense expérience spirituelle, en m’aidant de ma raison humaine. Ce type d’exposé étant, par nature, succinct et sélectif, je l’ai équipé de nombreuses notes et de cinq Annexes (ci-après, p. 27-41), incluant une bibliographie de mes travaux, auxquels est invité à se reporter quiconque veut discerner l’esprit qui m’anime.
Je remercie par avance les uns et les autres, de la charité et de l’empathie dont, je l’espère, ils feront preuve à l’égard de mes écrits, afin que, s’il s’y trouve ne serait-ce qu’une once de bien, ils n’en « éteignent pas l'Esprit », « n’en déprécient pas la prophétie » – que, par pure grâce de Dieu, elle pourrait contenir –, bref, qu’ils « vérifient tout et retiennent ce qui est bon » (Cf. 1 Th 5, 19-21)...