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Des pompes et des hommes

2010, Autrepart

En 1980, les Nations Unies ont proclamé pour la période 1980-1990 la Décennie Internationale pour l'Eau Potable et l'Assainissement (DIEPA) qui visait à augmenter la couverture en eau potable en particulier dans les pays mal pourvus, essentiellement au sud. Dès lors, le Mali a bénéficié d'opérations de déploiement de ressources en eau notamment en zone rurale, de forages équipés de pompes à motricité humaine et d'adductions d'eau sommaires. Le taux national de couverture des besoins est passé de 39,2 % en 1989 à 62 % en 2003 [Direction Nationale de l'Hydraulique ; DNH, 2006]. Dans les villages de la commune de Hombori 1 , trop petits pour recevoir des adductions, ce sont les pompes à motricité humaine (PMH), une vingtaine en tout qui ont été installées. Bien qu'elles soient ici et là utilisées pour abreuver quelques petits ruminants ou arroser des jardins, elles sont conçues par les décideurs (pouvoirs publics, ONG, bailleurs de fonds) comme des ressources en eaux de qualité, à usage prioritairement domestique. Elles ne sont pas simplement une ressource de plus (les villages d'implantation disposent toujours d'au moins un puits, souvent de puisards, d'eaux de surface...) mais elles introduisent une dimension socio-technique inédite. En effet, pour la maintenance des PMH, le changement des pièces détachées contraint les utilisateurs à recourir au marché parce qu'elles sont de fabrication industrielle et qu'elles ne peuvent être produites localement. Aucune autre ressource en eau ne suppose cette dépendance, un puits ne risque pas de panne et l'exhaure ne nécessite qu'une corde et une puisette dont chaque famille dispose.

DES POMPES ET DES HOMMES Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) | « Autrepart » 2010/3 n° 55 | pages 39 à 56 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) ISSN 1278-3986 ISBN 9782724631746 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-autrepart-2010-3-page-39.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------!Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Fabrice Gangneron et al., « Des pompes et des hommes. État des lieux des pompes à motricité humaine d'une commune du Gourma malien », Autrepart 2010/3 (n° 55), p. 39-56. DOI 10.3917/autr.055.0039 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.). © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.). Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) État des lieux des pompes à motricité humaine d'une commune du Gourma malien Fabrice Gangneron, Sylvia Becerra, Amadou Hamath Dia Fabrice Gangneron*, Sylvia Becerra**, Amadou Hamath Dia*** Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) En 1980, les Nations Unies ont proclamé pour la période 1980-1990 la Décennie Internationale pour l’Eau Potable et l’Assainissement (DIEPA) qui visait à augmenter la couverture en eau potable en particulier dans les pays mal pourvus, essentiellement au sud. Dès lors, le Mali a bénéficié d’opérations de déploiement de ressources en eau notamment en zone rurale, de forages équipés de pompes à motricité humaine et d’adductions d’eau sommaires. Le taux national de couverture des besoins est passé de 39,2 % en 1989 à 62 % en 2003 [Direction Nationale de l’Hydraulique ; DNH, 2006]. Dans les villages de la commune de Hombori 1, trop petits pour recevoir des adductions, ce sont les pompes à motricité humaine (PMH), une vingtaine en tout qui ont été installées. Bien qu’elles soient ici et là utilisées pour abreuver quelques petits ruminants ou arroser des jardins, elles sont conçues par les décideurs (pouvoirs publics, ONG, bailleurs de fonds) comme des ressources en eaux de qualité, à usage prioritairement domestique. Elles ne sont pas simplement une ressource de plus (les villages d’implantation disposent toujours d’au moins un puits, souvent de puisards, d’eaux de surface...) mais elles introduisent une dimension socio-technique inédite. En effet, pour la maintenance des PMH, le changement des pièces détachées contraint les utilisateurs à recourir au marché parce qu’elles sont de fabrication industrielle et qu’elles ne peuvent être produites localement. Aucune autre ressource en eau ne suppose cette dépendance, un puits ne risque pas de panne et l’exhaure ne nécessite qu’une corde et une puisette dont chaque famille dispose. * Université de Toulouse ; UPS (OMP) ; IRD ; CNRS ; LMTG ; av. Édouard Belin, F-31400 Toulouse, France. ** Université de Toulouse ; UPS (OMP) ; IRD ; CNRS ; LMTG ; 14 av. Édouard Belin, F-31400 Toulouse, France. *** Université de Ziguinchor, Sénégal. 1. Nous ne traitons pas ici du village chef-lieu de Hombori qui lui est équipé d’une adduction en eau potable. Autrepart (55), 2010, p. 39-56 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Des pompes et des hommes État des lieux des pompes à motricité humaine d’une commune du Gourma malien Fabrice Gangneron, Sylvia Becerra, Amadou Hamath Dia Ainsi faut-il mettre en place une gestion préventive spécifique des pompes (maintenance et gestion des pannes) afin d’assurer la continuité de leur service. Les projets d’implantations des PMH sont d’ailleurs assortis de recommandations pour mettre en place des comités de gestion [DNH, 2002 et 2003a]. Ceux-ci sont composés de bénévoles élus se chargeant en particulier de lever les cotisations des usagers destinées à alimenter une « caisse de pompe » pour l’achat des pièces détachées et à rémunérer un mécanicien réparateur. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Cet article issu d’un travail de terrain rend compte de l’appropriation sociale à géométrie variable de ce dispositif moderne d’accès à l’eau. Nous montrons à l’échelle de la commune qu’entre la gestion standardisée, encadrée par les comités, telle qu’elle est pensée par les décideurs (pouvoirs publics, structures interétatiques, ONG, bailleurs) et la réalité des pratiques, bien des différences s’observent, depuis l’inaction totale de certains comités jusqu’à des formes originales de réappropriations de gestion, toujours plus « curatives » que « préventives ». Nous faisons ensuite l’examen d’un cas inédit sur la commune de changement de responsabilité en douceur entre un collectif masculin et un collectif féminin. Un groupe de femmes du village de Seydou-Daka a saisi l’occasion de reprendre la gestion de la PMH au moment où les hommes s’en sont dessaisis, à l’issue de très nombreuses pannes qui ont fini par absorber la totalité des fonds de caisse du comité. Enfin, nous montrons qu’au-delà des politiques de décentralisation [DNH, 2002 et 2003b] et des discours de participation démocratique, la réalité des procédures qui aboutissent à l’installation des pompes relève d’avantage du paternalisme autoritaire que d’une véritable prise en compte des besoins déclarés des usagers. Un schéma de gestion induit par la technologie... Sans moteur d’exhaure, les PMH sont d’un entretien facile et peu coûteux ce qui facilite leur implantation et leur usage loin des centres urbains, dans des villages de taille modeste, au service de populations sans grandes ressources économiques. Toutefois, elles introduisent des changements techniques qui impactent les modes de gestion et dans une certaine mesure les rapports sociaux. Pour toutes les autres ressources en eau du sous-sol (puisards, puits modernes ou traditionnels) l’exhaure ne requiert que des outres en cuir ou en caoutchouc, des cordes fabriquées avec des lanières de cuir ou des sacs de mil détissés et tressés, des fourches et des poulies en bois tourné. Toutes ces matières premières sont soit puisées dans l’environnement soit des remplois, abondants et peu coûteux dans le cas des sacs de mil ; leurs transformations sont locales. Ainsi, la maîtrise reste aux mains des usagers pour des coûts nuls ou modiques. A contrario, pour changer les pièces détachées hors d’usage il faut accéder au marché. De fabrication industrielle, elles ne peuvent ni être issues de l’environnement local ni être fabriquées localement. Notons ainsi deux conséquences : Autrepart (55), 2010 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) 40 Des pompes et des hommes 41 – la nécessité de thésauriser pour couvrir les frais de remplacement des pièces détachées, impliquant le paiement pour l’accès à la ressource Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Le canevas de fonctionnement implique « l’appropriation des ouvrages par les bénéficiaires » [DNH, 2006), c’est-à-dire une gestion locale et autonome faisant appel à un « triangle d’or » composé d’un exploitant qui doit collecter l’argent, d’un artisan réparateur et d’un fournisseur de pièces détachées [DNH, 2002 ; DNH, 2003a]. Ni l’État, ni aucune structure administrative n’en contrôle sa gestion 2. L’exploitant peut être un privé, mais la rentabilité d’une telle installation est des plus incertaines, aussi la DNH prévoit-elle que le gestionnaire puisse directement émaner du collectif des usagers, soit sous forme d’une association villageoise, soit d’un comité de gestion. Sur notre terrain, seuls des comités assurent la gestion des pompes et leur organisation répond à un schéma « clé en main ». Ils sont invariablement composés de membres élus : un président, un trésorier et un secrétaire. Ils peuvent s’adjoindre les services d’un gardien qui verrouille la pompe le soir et la déverrouille le matin, parfois celui de collecteurs de fonds. Par contre il n’y a pas d’« hygiénistes 3 » comme évoqué dans le département de Tillabéri au Niger [Olivier de Sardan et Dagobi, 2001]. Tous sont bénévoles sauf le gardien. La principale tâche du comité est de lever des cotisations, non pas au seau comme cela se fait ailleurs [Olivier de Sardan et Dagobi, 2001 ; Hounménou, 2006] mais sur une base forfaitaire, généralement à hauteur de 150 CFA/ mois et par famille. Selon la formule standard, le suivi des cotisations implique un cahier des comptes où sont consignés le nom des usagers et l’état de leur paiement. ... mais des modes de gestion revisités par les utilisateurs Les séjours que nous avons effectués de 2007 à 2009 ont montré un taux de panne d’environ 50 % assez proche du bilan que dressent Châtelet et Louvel (1995) qui relèvent un taux de fonctionnement de 60 % sur l’ensemble du pays. Certaines étaient en panne depuis quelques semaines ou quelques mois, d’autres depuis plus d’un an, voire depuis plusieurs années. En général, les usagers et le comité de gestion (lorsqu’il existe) le déplorent mais ils se disent économiquement démunis pour assurer les dépenses nécessaires à la réparation. Dans tous les cas, la gestion des PMH emprunte des voies non prévues, souvent au coup par coup, ex post plutôt qu’ex ante. Remarquons brièvement deux grands types de pratiques de gestion, toutes deux éloignées du schéma préconstruit par 2. Toutefois la commune a un rôle d’animation, de veille et d’information. Elle doit sensibiliser les usagers à la nécessité de la gestion préventive des PMH, à organiser des cotisations pour faire face aux charges d’exploitation (DNH, 2002 ; DNH, 2004). Notons que le service public de l’eau ne peut être exercé en régie directe par les communes maîtres d’ouvrage (Loi no 02-006 portant code de l’eau, 2002) qui doivent le confier soit au secteur privé soit aux usagers (DNH, 2003a). 3. En général des femmes, chargées de nettoyer les abords de la PMH. Autrepart (55), 2010 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) – le recours à un mécanicien et à ses savoirs constitués hors du champ social villageois, savoirs professionnalisés et appointés 42 Fabrice Gangneron, Sylvia Becerra, Amadou Hamath Dia Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Les « comités fantômes » À l’installation d’une PMH, les services de l’État (DNH), la structure interétatique Liptako-Gourma 4 ou l’ONG qui a mené l’opération met en place un comité de gestion. Dans chaque village concerné, les responsables en titre du comité se plaisent à montrer au visiteur le contrat écrit où sont consignés leur nom et leur fonction. Mais au-delà des titres de président, de trésorier et de secrétaire, dans bien des cas aucune fonction n’est véritablement activée. Quelquefois, les membres du comité témoignent de tentatives de mise en place de cotisations lors de l’installation de la pompe, mais passé l’enthousiasme des premiers temps, en quelques mois les recettes se réduisent à néant. Deux types de discours émergent à l’égard du paiement. Le premier, clair mais minoritaire consiste à dire « on n’a pas l’habitude d’enlever l’argent » (chef de village de Horé Séno) qui est une fin de non-recevoir : il n’est pas question de payer pour avoir de l’eau. Ce discours est toutefois complexe puisqu’il admet aussi la nécessité de payer pour le changement des pièces détachées. Il sépare l’usage de l’eau au quotidien, c’est « l’eau pour tous », un « don de Dieu », donc une ressource non marchande et le coût de la maintenance dont chacun conçoit finalement la nécessité de payer pour les réparations. Le second discourt, le plus répandu fait appel à la faiblesse contributive des usagers. La mise en paiement est un principe formellement acquis mais « le manque de moyens » ou la « cohabitation avec des pauvres » (chef de village de Sory-Kouéré) rend le paiement aléatoire. Mais si l’on ne peut nier la faiblesse contributive de ces populations dont les trois-quarts vivent en dessous du seuil de pauvreté 5 [CSA, 2006], elle n’explique peut-être pas tout. Les usagers font des choix économiques qui relèguent le paiement de l’eau au second plan par rapport à d’autres dépenses. Par simple comparaison une mesure de thé pour une consommation unique coûte 100 FCFA (soit en cas de consommation quotidienne 20 fois le prix annuel de l’eau de pompe), l’achat annuel d’un mouton pour la Tabaski est de l’ordre de 25 000 FCFA 6 (soit 13 fois le coût annuel) dont les consommations sont généralisées 7. 4. L’autorité du Liptako-Gourma est une structure interétatique entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger destinée à mettre en valeur les ressources naturelles, notamment les ressources en eau de la région frontalière des trois États. 5. Sur l’ensemble du pays, le rapport national sur le développement humain au Mali fait un état des lieux à peine meilleurs que sur la commune, « sur les 12,32 millions de Maliens en 2006, 5,84 millions avaient une dépense annuelle moyenne inférieure à 157,920 FCFA correspondant au seuil de pauvreté » (PNUD, 2008). 6. Notons toutefois que des témoignages font état d’impossibilités de payer le mouton ou de son remplacement par le sacrifice d’une chèvre. 7. Les choix économiques sont enchâssés dans des rapports sociaux ce qui limite la fongibilité de certaines dépenses : l’achat du mouton pour la Tabaski est un acte hautement social quasi-incompressible tandis que le paiement pour l’eau n’est pas une priorité socialement unanimement admise. Autrepart (55), 2010 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) les pouvoirs publics et les bailleurs de fonds, celles, virtuelles de « comités fantômes » et celles de comités véritablement impliqués chez lesquels la « débrouille » est toujours de mise. Notons de plus que les choix des membres du comité de gestion ne satisfont pas à des critères de compétences. Tous sont des hommes, souvent âgés, n’ayant pas la charge au quotidien de l’approvisionnement qui revient aux femmes (épaulées par les enfants des deux sexes). Leur bénévolat et l’absence d’avantages matériels (pas de gratuité sauf exception) ne les motivent pas à faire pression sur les mauvais payeurs, la paix sociale prime sur une gestion rigoureuse : « on ne se fâche pas avec la famille ! 8 » ! Les tensions et inimitiés qu’engendrerait une pression assidue sur les mauvais payeurs ne seraient compensées par aucun avantage. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Dans le cas de ces « comités fantômes », la pompe reste en usage libre tant qu’elle peut fournir le précieux liquide. Faute de ressources financières, lorsque survient une panne, le dépannage n’est alors ni immédiat ni systématique. Les usagers de la commune qui disposent d’une relative diversité de ressources en eau les mettent simplement plus à profit. D’ailleurs, même lorsque la pompe fonctionne ils utilisent les autres qui ne sont pas à proprement parler des ressources alternatives ou de « repli » comme le suggèrent Olivier de Sardan et Elhadji Dagobi à Tillabéry [2001], mais de ressources parallèles. Les comités actifs L’organisation effective de la gestion, qu’elle respecte ou non les formes instituées est finalement minoritaire : elle concerne neuf des dix-neuf PMH recensées. Certains villages n’ont pas à proprement parler de comité mais exercent un suivi plus ou moins persévérant sous la responsabilité du chef de village et disposent d’une caisse (Oualam, Garmi, Béria, Kigna) alimentée par des cotisations aux rentrées irrégulières. De véritables comités, c’est-à-dire où les responsables en titre sont peu ou prou actifs, la commune n’en compte pas plus de quatre peut-être cinq dont trois sont dans le Wami (cf. carte de la commune). C’est la zone la plus peuplée de la commune après son chef-lieu, composée d’un chapelet de villages qui pratiquent à la fois l’élevage, des cultures pluviales de mil et maraîchères irriguées ou de décrue. Les ressources en eau tant traditionnelles que modernes garantissent leur autonomie d’un bout à l’autre de l’année. Desservi par une route goudronnée en 1985, le Wami est le siège d’un marché hebdomadaire relativement actif. L’économie y est peut-être ainsi plus monétarisée qu’ailleurs et leurs habitants plus disposés à assumer les paiements. Le fonctionnement et la pérennité du comité dépendent de l’implication d’un notable charismatique, tirant sa légitimité d’une position reconnue, imam ou chef de village (comme à Dakakouko, Agoufou ou à Beria, comme ce fut le cas un temps à Seydou-Daka). Pourtant le processus de désignation des responsables piloté par les bailleurs et les animateurs locaux soucieux d’une gestion 8. Au sens large. La parenté relie généralement, à différents degrés les membres du cœur de village souvent issus des mêmes lignages. Autrepart (55), 2010 43 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Des pompes et des hommes 44 Fabrice Gangneron, Sylvia Becerra, Amadou Hamath Dia Dans la commune, une forte tradition de migration économique saisonnière à destination des grandes villes du pays conduit à de longues absences des hommes, après les récoltes, d’octobre/novembre jusqu’en début juillet. Ce sont pour partie ceux-là mêmes qui composaient les comités. Aussi, après des expériences malheureuses de responsables absentéistes, certains villages ont élu des membres sédentaires à même d’exercer leur charge d’un bout à l’autre de l’année. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) La collecte ordinaire des contributions financières Le président et/ou le trésorier ont la charge des rentrées d’argent, ils sont éventuellement secondés par des collecteurs de quartier ou par le gardien. En principe, aucune gratuité n’a cours, ni pour les membres du comité, ni pour les usagers réguliers extérieurs au village. Seuls les « étrangers » de passage n’ont pas à s’acquitter de cotisations. Pour surmonter les difficultés à lever les cotisations, les trésoriers (lorsqu’ils prennent très au sérieux leur fonction, lorsqu’ils ne craignent pas de perdre quelque allié) ont des moyens de faire pression sur les mauvais payeurs, ils font notamment appel à l’« honneur » : un chef de famille qui refuse le paiement ne sera plus écouté lors des assemblées de village. Cet ostracisme de circonstance semble conduire les réticents à accepter de cotiser. D’autre part, les contributeurs sont aussi soumis à la pression de leurs épouses, bien plus impliquées qu’eux dans l’usage de cette ressource à vocation prioritairement domestique. Par ailleurs, des arrangements consistent à surseoir au paiement jusqu’aux récoltes, rare moment de l’année où, grâce aux ventes de mil, les usagers ont quelques rentrées d’argent. Dans tous les cas et même lorsque les responsables du comité affirment que les cotisations rentrent régulièrement, ils évoquent toujours un fonds de caisse extrêmement faible (sans toutefois le quantifier) au regard de ce qu’un simple calcul pourrait supposer. Par exemple, dans un même entretien, le chef de village de Garmi affirme que les cotisations entrent, qu’il n’y a de gratuité pour personne, qu’il n’y a pas eu de pannes depuis l’installation de la PMH (en 2000), mais que la caisse « n’a pas beaucoup d’argent ». Une caisse multi-usages Loin des schémas préconstruits qui imposent la rigueur d’une gestion préventive des pannes, la caisse de pompe est une véritable ressource financière aux usages multiples. Par exemple, les villageois se doivent de recevoir dignement les personnalités de passage (élu, marabout...) par des dépenses de réception. Pour ce 9. Olivier de Sardan et Elhadji Dagobi (2001) vont plus loin : « là où elles ont réellement eu lieu, les élections ont très souvent été une formalité pour satisfaire aux exigences des animateurs de projets... En fait, parfois les noms avaient fait l’objet d’accords préalables (souvent sur proposition du chef) ». Autrepart (55), 2010 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) « démocratique », « efficace » et « transparente » de la ressource semble éloigner les chefs de villages (toujours soupçonnés d’autocratie) des comités de gestion 9. faire, ils puisent dans la caisse du comité de pompe 10 et ce, sans qu’il soit question de remboursement ultérieur. Dans le village de Seydou-Daka, chaque année elle est mise à contribution pour sacrifier un animal et organiser une cérémonie en début d’hivernage afin de faire venir la pluie. Ces réaffectations d’une partie des fonds de caisse ne sont pas considérées comme des malversations dans la mesure où elles participent à des usages ordinaires, d’intérêt commun : les recettes sont un bien à redistribuer. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) La caisse de pompe est parfois considérée comme une « banque de prêt » aux particuliers. C’est en général durant la saison sèche, après les récoltes que certains villageois empruntent sur quelques mois pour faire du petit commerce. Cette pratique est, là encore, moralement acceptée même si les règles d’attribution sont opaques et les sommes allouées méconnues. Les autres villageois sont d’ailleurs informés lors des assemblées mais ils ne prennent pas part aux décisions qui restent entre les mains des gestionnaires. Du fait d’une gestion toujours entourée d’un certain flou (personne ne sait la somme exacte en dépôt, personne ne connaît le montant des sorties), les responsables de la caisse (président et/ou trésorier) se trouvent rarement indemnes de rumeurs de détournement à des fins personnelles. Cette situation rappelle ce qu’observent d’autres auteurs au Niger et au Sénégal [Olivier de Sardan, 2001 ; Dia, 2006]. Calomnies et/ou réalités, les rumeurs circulent d’autant mieux qu’elles sont alimentées par ceux qui sont exclus des prêts 11. L’enjeu pour les membres du comité n’est donc pas tant l’accès continu à la ressource en eau pour tous que le contrôle de la circulation de l’argent qui peut prendre la forme de détournements. Ainsi, l’unité villageoise, telle que l’on pourrait l’entendre en terme de communauté de destin ou de communauté d’intérêt ne permet pas d’épuiser la complexité des liens, y compris des rapports de pouvoirs et des jeux d’acteurs décrits par Olivier de Sardan en terme d’« arène locale » [1999, 2000] toujours quelque peu obscure. Les agences de développement et les bailleurs sous estiment en effet les phénomènes de différentiations internes, de conflits d’intérêts qui conduisent certains villageois en position de responsabilité à capturer une partie des fonds qu’ils ont en gestion. Le cahier des comptes, « c’est dans la tête ! » La forme standard de gestion par un comité implique un suivi consigné sur un cahier des comptes avec les noms des familles cotisantes, l’état de leurs cotisations, les dépenses pour les honoraires du gardien et celles pour la maintenance de la pompe. Pourtant, aucun village équipé de pompe n’en dispose. Difficile d’ailleurs d’imaginer qu’il en soit autrement, sur la commune tant l’alphabétisation des adultes reste marginale 12 sachant de plus que les membres du comité sont 10. Au même titre que dans la « caisse des vieux » et dans la « caisse des femmes » lorsqu’elles existent. 11. Pour des raisons de solvabilité ou parce qu’étant exclus de réseaux clientélistes. 12. Aucune statistique sérieuse ne permet d’en prendre la mesure. La Cellule de Planification du Ministère de l’Agriculture (CPS/MA, 2006) annonce un taux d’alphabétisation de 0,11 % sur la commune. Autrepart (55), 2010 45 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Des pompes et des hommes 46 Fabrice Gangneron, Sylvia Becerra, Amadou Hamath Dia généralement désignés parmi les anciens, sans partage avec des plus jeunes ayant été scolarisés. Toutefois, chacun se satisfait de la gestion sans écrit et les membres du comité affirment connaître de mémoire l’état des paiements de tous les usagers, cette mémoire étant en principe régulièrement activée lors des assemblées de village. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Quand survient la panne : incertitudes et improvisations Lorsque survient la panne, le processus indiqué consiste à avertir puis recevoir le mécanicien qui diagnostique la panne. Il dispose d’un tableau récapitulant les pièces de la pompe avec leur prix. Il se fait payer pour leur achat et pour sa prestation (10 000 FCFA), se rend au chef-lieu de cercle (Douentza à 150 km) ou de région (Mopti à 210 km) puis revient faire la réparation. Même dans ce cas idéal, lorsque tous les acteurs sont réactifs, que l’argent est disponible ainsi que les pièces détachées, l’arrêt de la pompe ne peut pas être inférieur à 4 jours, mais dans les faits, elle reste en panne bien plus longtemps. L’improvisation est toujours de mise, parce qu’en général les fonds nécessaires à la réparation sont insuffisants ou nuls, parce que le mécanicien/réparateur en titre basé à Hombori-village est peu mobile (pour l’approvisionnement en pièces détachées et pour se rendre dans les villages) et enfin parce que les PMH ne sont qu’une ressource en eau parmi d’autres : elles sont considérées comme vraiment indispensables uniquement en fin de saison sèche. La collecte exceptionnelle Rares sont les pannes nécessitant le remplacement de pièces détachées dont le coût peut être assumé par la caisse de pompe. Le plus souvent le chef de village ou les responsables du comité lancent un appel à cotisation mais les fonds récoltés ne constituent en général qu’un appoint, pour les raisons déjà invoquées (faiblesse contributive et résistances). Les ONG 13 entrent alors en scène et, selon leur périmètre d’action assurent le complément en numéraire ou procèdent elles-mêmes à la réparation. Accessoirement, quelques donateurs locaux (maire de Hombori), de passage (touristes à Dari en particulier où une PMH est installée à proximité d’un campement) ou quelques jeunes de retour de migration saisonnière apportent leur obole. Il y a aussi les réseaux familiaux de ceux qui agissent à distance depuis les grandes villes du pays où ils sont installés, voir même depuis l’étranger. Ils peuvent être localement une véritable planche de salut comme à Kiri où le frère du chef de village habite en France et a su lever les fonds pour réparer une pompe en panne depuis plus d’un an. 13. Nous avons repéré notamment la NEF, CCONG, Forage Mali, Mali Aqua Viva, LACIM qui contribuent en particulier au suivi des PMH. Autrepart (55), 2010 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Cette gestion qui fait appel à la mémoire et l’oral, aussi sérieuse et socialement acceptée qu’elle puisse être, rend son contrôle illusoire et risque ainsi de faciliter le clientélisme et les éventuels appétits de détournements. Des pompes et des hommes 47 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Le mécanicien Acteur clé au centre du système, les compétences du mécanicien-réparateur, sa réactivité, ses émoluments et ses conditions d’exercice déterminent le bon déroulement des dépannages. Les formations professionnalisantes qu’il suit le légitiment en principe dans sa fonction. Il est pourtant contesté dans ses diagnostics et des témoignages rapportent qu’il n’excelle pas dans sa charge de réparateur (Beria, Oualam, Dakakouko, Seydou-Daka) et le coût de ses interventions est estimé trop élevé par les usagers (Dakia, Doungouri, Dakakouko). Au-delà des contestations dont il est la cible, force est de constater les contraintes liées à sa tâche. Soumis aux extrêmes difficultés à se faire payer les pièces de rechange, il est contraint à faire preuve d’inventivité pour repousser le plus possible les échéances des dépenses lourdes. Il soude, colle, remploie toute sorte de matériaux mais ce sont à chaque fois des pis-aller. De plus il rencontre les pires obstacles à assurer ses déplacements. La commune est traversée d’une unique route carrossable (cf. carte), la plupart des accès se font par la brousse sur des pistes médiocres. Sans véhicule, il doit emprunter ou louer une moto, voir un âne. N’étant pas salarié, il doit donc faire supporter ses coûts de transport aux villageois. Enfin, lorsque les villageois acceptent une dépense lourde qui nécessite l’achat d’une pièce détachée, ceux-ci doivent assurer en plus du prix de la pièce, les frais de transport jusqu’à Douentza ou Mopti ainsi que les repas qu’il lui faut bien prendre durant son voyage. Qu’il soit ou non astucieux et sérieux, il est donc soumis à des contraintes qui l’exposent aux critiques. Certains villages insatisfaits choisissent d’ailleurs de le contourner, comme à Dakia et Dakakouko dans le Wami qui préfèrent la « débrouille » à ses services. Ces villages recourent aux services de deux jeunes qui se sont appropriés « sur le tas » les compétences nécessaires aux dépannages. Ils ont endogénéïsé des savoirs techniques par la pratique à tel point qu’ils proposent désormais leurs services appointés à d’autres villages. Contournant le mécanicien, ils lèvent quelques-uns des obstacles majeurs à l’efficacité du service : à proximité et personnellement impliqués ils sont plus réactifs et n’exigent pas les mêmes rémunérations. D’autres villages s’en remettent directement aux ONG qui ont la maîtrise technique, telle la Near East Foundation en particulier. Entre dysfonctionnements et réappropriations Le fonctionnement réel de la chaîne des acteurs impliqués dans la gestion des PMH est toujours hors cadre par rapport au schéma d’organisation formel (triangle Autrepart (55), 2010 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Finalement, sans organisation administrative à l’échelle de la commune, le salut des villageois passe par l’intégration informelle des notables dans des réseaux sociaux d’acteurs exogènes en capacité d’apporter leur soutien, or certains villages en sont totalement dépourvus. Fabrice Gangneron, Sylvia Becerra, Amadou Hamath Dia d’or de la DNH). La gestion, essentiellement ex post et au coup par coup permet néanmoins, là où l’eau de la pompe est incontournable de réparer aux moments des plus forts besoins. Doit-on alors conclure à des dysfonctionnements ? Nul doute au regard des procédures standard, voire de la continuité incertaine du service de la ressource. La réponse est plus complexe au regard des règles sociales qui président à la vie collective au sein du village où notamment les questions d’argent sont inséparables des questions sociales. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) En effet, à quoi sert l’argent de la caisse de pompe s’il reste inutilisé dans l’attente d’une hypothétique panne alors que les besoins en numéraire des populations sont permanents ? L’argent qui dort n’est-il pas inutile, n’est-il pas mieux employé lorsqu’il est prêté pour faire du commerce, pour financer l’achat d’un animal ou recevoir un notable ? D’ailleurs, un trésorier qui voudrait se conformer au schéma prévu aurait du mal à supporter la pression sociale de ceux qui sont en besoin d’argent. Les liens de solidarité et sans doute de clientélisme priment sur une gestion standard. Ainsi la logique des pratiques est-elle hybride, l’argent circule pour les besoins de villageois et il est en partie récupérable pour financer les pannes, malgré d’évidentes « évaporations ». En tout cas, les réaffectations multiples de l’argent de la caisse de pompe témoignent de ce que Polanyi (1975) appelait l’encastrement 14 de l’économie dans les liens sociaux, ce que Gentil a désigné par l’expression « d’imbrication entre l’économie et le social » [Gentil, 1988]. Il est normal de prêter l’argent de la caisse, il est normal de l’utiliser pour recevoir des dignitaires de passage ou pour l’achat d’un animal à sacrifier car il en va de l’honneur ou de la prospérité du village. Loin des règles strictes de gestion qui entendent mettre à distance toutes les questions sociales de l’économie, ce constat renvoie à l’inséparabilité des dynamiques économiques et sociales et au fonctionnement holistique des sociétés rurales sahéliennes. On comprend alors la nécessité de remettre en cause une vision sous-socialisée [Baron et Soubias, 2004] de l’économie des ressources en eau. Faisant le bilan de l’état des PMH, nous disions en début de texte que 50 % d’entre elles étaient régulièrement hors d’usage. Deux points doivent être ici mentionnés. Le premier est issu d’une certaine complexité paysagère de la commune (bas-fonds, mares naturelles sur sols colmatés, reliefs, sous-sol imperméable...) que les populations ont su mettre à profit, façonnant ainsi une remarquable diversité de ressources en eau à même d’éviter leur dépendance à une ressource unique 15. Le second est celui de l’importance de la saisonnalité. Durant l’hivernage et les mois qui suivent, les eaux de surface (mares naturelles, mares 14. En Anglais « embeddedment », concept élaboré par Karl Polanyi (1975) et remanié notamment pas Marc Granovetter trouve sur notre terrain une application éclairante. 15. Nous avons construit une typologie multicritère des ressources en eau de la commune, elle intègre des indicateurs environnementaux et des indicateurs socio-techniques. Elle a fait émerger une remarquable diversité locale des ressources en eau qui participe largement à un moment ou à un autre de l’année à satisfaire les besoins des usagers. Ces travaux sont en cours de publication. Autrepart (55), 2010 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) 48 aménagées) et de sub-surface (citernes, retenues, fontaines) sont abondantes. Ces ressources sont multi-usage, aussi les populations les utilisent-elles préférentiellement, même pour les usages domestiques parce qu’elles sont faciles d’accès (pas d’effort d’exhaure à la corde ou de pompage manuel) et qu’elles sont gratuites. Aussi, si l’on regrette la défaillance des PMH, certaines ne restent hors service que durant les mois d’abondance. À la limite, une panne de pompe en saison des pluies peut être considérée comme une forme de gestion car les dépenses pour sa réparation ne se feront que lorsqu’elle sera vraiment utile. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Seydou-Daka : prise de pouvoir des femmes ou renoncement des hommes ? Seydou-Daka est un des villages Songhaï du Wami (cf. carte) d’environ 300 personnes 16. Il dispose d’une mare à quelques centaines de mètres des habitations qui s’assèche vers le mois de décembre, d’un puits moderne en limite de tarissement en fin de saison sèche, et d’une PMH. Brève histoire de la pompe villageoise La PMH est installée depuis 1996 dans le cadre d’un programme des Nations Unies 17. Un comité de gestion est immédiatement mis en place, composé d’un président, d’un trésorier et d’un surveillant. Les premières années le paiement des cotisations est semble-il respecté. La collecte d’argent se fait lors des assemblées de village. Durant 9 ans, aucune panne n’est à déplorer, aussi, l’argent est comme ailleurs employé à d’autres fins : prêts, réceptions, sacrifices pour faire venir la pluie en particulier. De discrètes critiques circulent sur des détournements supposés et sur le favoritisme pratiqué par le comité, les uns bénéficiant de prêts et les autres non. Entre 2000 et 2003, Les deux personnages clés, le trésorier et le président décèdent, alors le comité commence à se désorganiser et les rentrées de cotisations se font plus aléatoires. Passées les 9 années, la pompe commence à connaître ses premières pannes. 10 à 13 pannes sont tant bien que mal réparées, d’abord grâce à l’argent de la caisse de la pompe, puis, ne suffisant plus la « caisse des femmes », destinée à lancer un projet de jardins potagers est alors mise à contribution. Vidée elle aussi, le village se trouve sans pompe et sans argent depuis juin 2008. Le comité de 16. Seydou-Daka n’a pas d’existence administrative, seul l’ancien village parent perché de Gallou est reconnu. Il s’est éclaté depuis une cinquantaine d’années en plusieurs villages de plaine dont celui de Seydou-Daka. Aussi n’avons-nous pas de recensement précis, nous avons dû évaluer la population du village en relevant le nombre de familles et leur composition sur la base des déclarations des villageois eux-mêmes. 17. Informations partielles fournies par SIGMA (Système d’Information Géographique du Mali, 2008) de la DNH. Autrepart (55), 2010 49 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Des pompes et des hommes 50 Fabrice Gangneron, Sylvia Becerra, Amadou Hamath Dia Passage de flambeau en douceur sur fond d’enjeux asymétriques Les 4 femmes au centre d’un microprojet de jardinage ont alors décidé de reprendre en charge la réparation et de constituer ensemble un nouveau comité. Cette initiative est totalement originale sur la commune où tous les membres des comités sont des hommes. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Le point de vue des femmes est simple, elles tiennent particulièrement à l’eau de la pompe parce qu’elles ont la charge de l’approvisionnement en eau domestique et qu’elles souhaitent utiliser cette eau pour les jardins. Elles préfèrent la pompe au puits car il est plus pénible de puiser l’eau au puits 18 avec corde et puisette que de pomper, et puis, « c’est l’eau de la pompe qui est meilleure 19 » d’après l’une d’elles. De plus, elles regrettent la gestion dilettante des hommes qui, plus mobiles que les femmes sont fréquemment absents du village, notamment en saison sèche durant laquelle ils partent régulièrement en migration saisonnière. Pour elles, l’obligation du paiement pour le service de l’eau de la pompe est largement compensée par la facilité d’exhaure à la pompe. L’attachement des hommes à l’égard de la pompe est d’un autre ordre, il a moins à voir avec la disponibilité d’une ressource en eau de qualité qu’avec les possibilités qu’une caisse régulièrement alimentée conçue comme banque de prêt pour eux-mêmes ou des proches peut leur permettre. Tant que la caisse avait de l’argent et qu’il circulait, les hommes en faisaient leur affaire, les femmes ni consultées ni associées à la gestion étaient toujours tenues à l’écart. La pompe était gérée par le cercle étroit du comité, il diffusait les informations sur l’état des comptes au seul collectif des chefs de familles, « il y avait un mur, parce que les hommes n’acceptent pas que les femmes sachent ce qu’il y a en eux » dit l’une des nouvelles membres du comité. Dès lors que la caisse a été vide, l’intérêt que portaient les hommes du comité à la gestion de la PMH s’est largement érodé. C’est cette asymétrie d’enjeux qui a permis aux femmes de prendre la main. C’est sans doute parce qu’elles n’entendent pas contester les prérogatives masculines que le passage de flambeau a pu s’effectuer sans heurt. L’argent ne constituant pour elles qu’un moyen d’avoir de l’eau alors qu’il est pour eux un enjeu à part entière. Aussi, la décision des femmes de reprendre la charge de la gestion est autant un abandon masculin qu’une conquête féminine ce qui finalement ne bouscule pas fondamentalement les conventions des rapports de sexes. Ainsi aujourd’hui, hommes et femmes confondus s’accordent à considérer que les femmes gèrent mieux que les hommes, qu’elles sont plus que les hommes capables de relancer les mauvais payeurs et qu’elles sont plus rigoureuses. 18. Sa profondeur est estimée à 23 m selon la base de donnée SIGMA (2008). 19. Ce n’est pas partout le cas dans la commune. Certaines eaux de mares sont préférées aux eaux des pompes fréquemment jugées « salées » ou « amères ». Autrepart (55), 2010 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) gestion en place, uniquement constitué d’hommes a finalement décidé de verrouiller la pompe et de repousser sa réparation sine die. Notons toutefois que le nouveau comité de gestion n’est pas totalement féminisé, en effet les femmes ont installé un homme à la présidence. Peut-être est-ce une condition implicite de l’acceptation et de légitimation du nouveau comité ? En tout état de cause, les femmes le justifient simplement : les hommes ont une plus grande facilité à se déplacer qu’elles-mêmes. Ce privilège est un avantage pour les besoins de la pompe, il permet au nouveau président d’aller chercher lui-même le mécanicien à Hombori, d’aller acheter les pièces détachées... Des pompes versus des puits Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Depuis la transition démocratique de 1991-1992 20 et les lois de décentralisation qui ont suivi, le caractère co-construit des décisions publiques, partage de responsabilités, concertation et participation [Dia et al., 2008] sont devenus des principes fondateurs de l’action publique. La décentralisation « ...est censée être une école d’apprentissage de la démocratie, permettant aux citoyens d’exercer depuis la base leurs responsabilités politiques » [Djiré, 2004]. Les programmes d’aide à l’accès à l’eau « basés sur la demande et intégrant les aspects techniques et participatifs... » [DNH, 2003b] ou l’on « ne prend en compte que les besoins exprimés par les bénéficiaires sous forme de demande » [DNH, 2002] laissent donc entendre une implication massive des populations dans les processus de réflexion et de réalisation des projets d’aménagement. Pourtant, au-delà des textes légaux qui mettent en scène les populations, en s’appuyant conjointement sur les nouveaux jeux politiques (notamment avec les élections locales et les lois de décentralisation) et sur la légitimité des chefferies de village, force est de constater que les installations de PMH sur la commune, qui se généralisent au détriment des puits, relèvent d’un processus essentiellement exogène où la concertation et la décision partagée n’ont absolument pas cours. Expression démocratique ou Deus ex machina ? Bien sûr, les chefs de village font des demandes d’équipement auprès du maire ou de tous ceux qui veulent bien les entendre, mais là s’arrête la participation villageoise. Le processus qui aboutit à l’installation d’une pompe est sans lien avec leur demande. D’abord, ils ne demandent jamais de PMH mais des puits, et parfois ils ne demandent rien. « Le village n’a rien demandé » entend-on à Horé Séno, « Franchement, cette fois on n’a rien demandé... “Ils” sont venus par surprise ! ... “Ils” sont simplement venus et “ils” se sont mis à travailler » dit le chef de village de Oualam. « Ils » ou les « projets » sont anonymes pour les villageois 20. Entre 1989 et 1991 des contestations secouent le régime autoritaire de Moussa Traoré. En 1991, une partie de l’armée se désolidarise du gouvernement qui au sein d’un comité de coordination associant des civils réclame et obtient le multipartisme en 1992 et l’élection au suffrage universel présidentielle dont Alpha Oumar Traoré sort vainqueur le 26 avril de la même année. Cet évènement constitue en cela un cas original de coup d’État militaire (janvier 1991) car le pouvoir a été rapidement remis aux civils, on le retient sous le nom de « transition démocratique ». Autrepart (55), 2010 51 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Des pompes et des hommes 52 Fabrice Gangneron, Sylvia Becerra, Amadou Hamath Dia Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Au-delà des discours de « participation » et de « responsabilisation », les usagers restent des destinataires, agis plus qu’agissants, agents dominés selon une terminologie bourdieusienne plus qu’acteurs, ils sont maintenus souvent en toute bonne foi dans un attentisme quasi-divinatoire. Tout se passe comme si les « projets » tombaient du ciel, au hasard et sans prévenir. Ils n’ont aucun levier à actionner pour contrôler, même à la marge leur approvisionnement en eau issu des institutions extérieures. Alors qu’ils décident de la réalisation des ressources dites traditionnelles (mares aménagées, puisards, citernes, retenues, fontaines, puits traditionnels), qu’ils en maîtrisent tout le processus de fabrication (techniques et matériaux) ainsi que leur gestion, pour les PMH, ils ne sont que des cibles dont on juge des besoins depuis l’extérieur. Le renouvellement de l’action publique censé favoriser l’autonomie et la responsabilité locale ne semble pas encore avoir détrôné le paternalisme souvent autoritaire qui préside encore à l’aide au développement [Lecomte et Naudet, 2000]. Attentes non satisfaites et satisfactions non attendues Quelquefois les villageois ont exprimé leur satisfaction à l’installation d’une PMH tant ils espéraient une ressource pérenne et facile d’usage, mais « en ce temps ils n’avaient pas d’expérience, ils ne connaissaient pas les conséquences de la pompe » dit le chef de village de Seydou-Daka, premier village équipé du Wami. Après 13 ans de pratique il estime qu’un puits aurait bien mieux convenu à leurs besoins : un puits est simple de gestion et n’a pas de panne. Mais lorsqu’on est destinataire d’une action publique et que l’on n’a aucun capital économique, social ou culturel mobilisable pour négocier, la négociation se résume à accepter ce que l’on propose. Si « Je vous ai demandé une montre, un bracelet quoi, vous me donnez une montre de poche, j’ai une montre, qu’est-ce que je peux dire ? » déclare le frère du chef de village de Gonta. Le dialogue entre usagers et décideurs ne prend pas véritablement corps, il laisse dans l’ombre un réel désajustement entre l’offre de ressource et les besoins tels qu’ils sont pensés par les usagers. Pour eux une ressource en eau est multifonctionnelle, qu’il s’agisse de mares ou de puits : l’eau sert à la fois aux animaux, à tous les usages domestiques ainsi qu’à l’irrigation de potagers. Les décideurs ambitionnent quant à eux de livrer une ressource qui garantisse au mieux un approvisionnement en eau domestique de la meilleure qualité possible et à des coûts raisonnables. Selon ces critères, la PMH est toute indiquée, mais cette approche à la fois sanitaire et technicienne fait l’économie d’une réflexion sur les transformations des règles sociales d’usages des ressources en eau. L’avantage de Autrepart (55), 2010 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) qui ignorent la plupart du temps tout des acteurs et des processus qui ont conduit à choisir leur village pour y implanter une PMH. Exceptionnellement, le processus est mieux connu et mieux maîtrisé par les usagers. Dans les cas où l’opérateur est une ONG qui a des habitudes locales, alors on sait la nommer, nommer les intervenants et l’on relate comment, de concert avec les villageois ont été décidés la nature de l’infrastructure et le lieu d’implantation. Des pompes et des hommes 53 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) Dans l’ordre des justifications invoquées par les pouvoirs publics et les bailleurs, la santé occupe la première place et les PMH sont les mieux à même d’y répondre. En effet, elles sont installées sur des forages plus profonds que les puits ce qui limite les risques d’infiltration jusqu’à la nappe des polluants chimiques et biologiques. Elles sont fermées hermétiquement par une dalle de béton, aucun objet ne risque ainsi d’y tomber 21. Mais au-delà de cet argument en faveur des PMH, la question du coût d’installation semble déterminante. Selon les conditions de terrain, un mètre linéaire de forage équipé coûte entre 6 0000 et 100 000 FCFA et entre 600000 et 800 000 FCFA pour les puits busés. Aussi pour atteindre des objectifs quantitatifs en lien avec les ambitions de la DIEPA la préférence va presque exclusivement aux forages 22. Conclusion Nos observations du taux de panne extrêmement élevé des PMH, des contournements des règles de gestion et des formes de réappropriation peu orthodoxes doivent être reconsidérées, non pas sous l’angle trop simplificateur d’une impréparation des populations aux règles strictes de gestion des PMH, mais comme une relation complexe et asymétrique entre des normes de gestion endogènes et exogènes. Les effets sont de l’ordre de l’hybridation des pratiques parce que l’eau de pompe n’est pas totalement un bien marchand, pas totalement un bien communautaire, pas totalement un bien public, mais à la croisée de ces statuts comme l’ont souligné C. Baron et A. Isla [2006]. Mais les changements qu’impliquent leurs implantations constituent une rupture, puisqu’imposées de l’extérieur selon des règles de gestion étrangères aux pratiques locales [Bonnassieux et al., 2003], rupture technique et normative dont les conséquences conduisent parfois à leur abandon. Les bailleurs, politiques, administratifs et aménageurs, traversés par la vision prométhéenne et sous-socialisée d’un progrès technique continu n’en ont pourtant pas pris la mesure. Le changement technique n’est pas un processus neutre qui se plaque simplement du dehors sur les sociétés, il est, comme l’affirme J. J. Salomon « autre chose et plus que les seules technologies à partir desquelles il s’accomplit » [Salomon, 1992]. Poussant encore un peu notre réflexion, rappelons que si la politique d’implantation de ces pompes et les lois de décentralisation ne sont pas directement liées, 21. Des animaux tombent dans les puits, surtout dans les puits traditionnels qui n’ont pas de margelle : animaux domestiques (jeunes de petits ruminants) ou des animaux sauvages (batraciens, rongeurs) qui rendent l’eau impropre à la consommation. 22. Les objectifs touchent aussi les normes quantitatives de desserte, de 40 l/jour/personne révisées à la baisse lors du 3e atelier national d’évaluation de la DIEPA qui passent à 20 l/jour/personne pour l’hydraulique villageoise (DNH, 2003b). Autrepart (55), 2010 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) disposer de cette ressource pérenne ne compense pas les désordres que génèrent des règles d’accès spécifiques (cotisations continues, thésaurisation sans réaffectations, gestion préventive, transformation des rapports de pouvoir...) par trop éloignées des pratiques locales où en particulier l’eau est généralement gratuite. Fabrice Gangneron, Sylvia Becerra, Amadou Hamath Dia Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.229.243 - 02/12/2015 12h48. © Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) elles sont concomitantes et leurs principes d’autonomie et de responsabilisation leur sont communs. Les usagers des PMH doivent comme il est dit plus haut, assumer l’ensemble des tâches affairant à leur gestion, mais dans les faits, les PMH augmentent l’hétéronomie des usagers à l’égard de l’extérieur : les matériaux fabriqués ailleurs sont achetés, les savoirs constitués ailleurs sont monnayés, les règles du jeu viennent de l’extérieur. Or, faiblement dotés en capital économique, sans capital social mobilisable sur la scène politique et administrative, les usagers n’ont pour l’heure que peu de maîtrise de ces règles du jeu. Ainsi peut-on conclure à une contradiction entre ce qui est visé dans les textes (lois, directives, plans, projets) et ce qui, de fait se produit sur le terrain : nous sommes face à la fabrique d’une dépendance croissante et non pas d’une autonomie accrue des populations locales à l’égard en particulier des financeurs de projets et des opérateurs locaux. Bibliographie BARON C., ISLA A. [2006], « Marchandisation de l’eau et conventions d’accessibilité à la ressource. Le cas des métropoles sub-sahariennes », in Eymard-Duvernay F. (dir), L’économie des conventions, méthodes et résultats, La découverte. BARON C., SOUBIAS P. [2004], « L’analyse socio-économique de la question foncière dans les villes africaines », in Dulucq S., Soubias P., L’espace des représentations en Afrique subsaharienne, Karthala. BONNASSIEUX A., COLLETS G., CAPELLIER W., BARON C., COLLETIS-SALLES M., OLIVIER V., SALLES D. 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