ALBERT
BLAISE
Agrégé de l'Université
DU MtME AUTEUR
DICTIONNAIRE LATIN-FRAN ÇAIS DES AUTEURS CHRÉ
TIENS, revu par H. Chirat, professeur à la Faculté
de théologie catholique de Strasbourg.
MANUEL
DU
Ouvrage couronné par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
LATIN CHRÉTIEN
LES CLASSIQUESl DU LATIN CHRÉTIEN
1 . Passio
S. S. Perpetuae et Felicitatis (me s.). Commentaire,
texte, traduction et notes (en préparation).
1. Les. classiques", c'est-à-dire les œuvres ou les extraits .qu'il
est indispensable de connaître pour ceux qui veulent s'initier à la
littérature latine chrétienne ; il s'agira de brochures d'un caraco
tère modeste et tournées vers la vulgarisation, mais tenues au
courant des travaux les plus récents concernant chaque auteur.
LE LATIN CBRÉTIEN
5, rue Twinger, STRASBOURG
1955
AV ERTISSEMENT
Tous droits de traduction; reproduction,
réservés pour tous les pays y compris la Russie.
Copyright by Albert Blaise, 1955.
La matière de cet ouvrage devait primitivement
servir d'introduction au Dictionnaire latin-français des
Auteurs chrétiens. Mais nous avons pensé qu'un manuel
de ce genre, publié séparément, rendrait plus de services
et serait en tout cas d'un accès plus abordable.
Contrairement au Dictionnaire, qui étend ses inves
tigations jusqu'à la fin de l'époque mérovingienne, il
ne sera mentionné ici, sauf de très rares exceptions, que
des exemples empruntés à l'époque patristique propre
ment dite.
Après un exposé succinct de la stylistique des a.u teurs
chrétiens, nous présentons une série d' « observations»
grammaticales. Il ne s'agit donc pas d'une étude théo
rique du latin chrétien, comme une sorte de suite à
l'histoire de la langue latine : j e ne vois pas un pareil
travail sur le point d'être réalisé. Mais on dispose aujour
d'hui d e nomb reuses monographies où les principaux
faits grammaticaux, particuliers au latin tardif, ont été
suffisammen t mis en valeur ; il s'agissait pour nous de
les confronter avec nos lectures et de les classer dans
le cadre traditionnel de nos grammaires latines. Nous
AVERTISSEMENT
AVERTISSEMENT
étudions tous en effet le latin à partir des auteurs clas
siques ; c'est donc en se référant à leur usage que l'on
passera en revue ici ce qui le contredit. Cela ressemblera
de cette façon à un simple répertoire d'anomalies, réper
toire commode toutefois pour qui doit lire les auteurs
cbrétiens, sans les avoir encore beaucoup pratiqués.
Mais qu'on ne s'y trompe pas. Les considérations
stylistiques qui forment la première partie de ce manuel
auront montré, je l'espère, que la vie du latin chrétien
ne réside pas dans ce schéma grammatical.
D'autre part, à moins de multiplier désagréablement
les notes et les renvois au bas des pages, on ne peut
éviter de sembler mettre sur le même rang des habitudes
de langage très répandues et des raretés particulières
à quelques auteurs de deuxième ordre. La différence
des caractères atténuera , dans la mesure du possible,
ces inconvénients. De plus, le lecteur sera renseigné par
les références et si un fait grammatical n'es t attesté
que dans la Peregrinatio Aetheriae par exemple, il ne
lui viendra pas à l'idée de lui accorder la même impor
tance que s'il est signalé dans saint Augustin.
Puisqu'il s'agit d'un avertissement, faisons encore
observer ceci : les auteurs chrétiens, comme leurs
latein ». Au début de la syntaxe, j e m'explique sur ce
qu'il faut entendre par le terme « décadent II dans le
domaine' grammatical. Quant à celui de « bas-latin ll,
qui implique une nuancé péjorative, il conviendrait sans
doute à certains textes d'origine populaire ou de l'époque
mérovingienne ; mais c'est créer une dangereuse confu
sion de l'appliquer indistinctement aux grands écrivains
des derniers siècles de l'Empire.
8
contemporains, ont reçu, à quelques exceptions
près, une formation scolaire où la tradition clas
sique était toujours bien vivante; nous n'avions
à signaler que les dérogations et non cette confor
mité. Groupées ensemble, ces dérogations parais
sent plus importantes que dans la réalité des textes
où elles sont noyées souvent dans un ensemble
plus traditionnel.
Une dernière remarque enfin : nous disons' « latin
tardü ", comme à l'étranger « later latin )l, « Spat-
9
A. B.
N. B. - Pour les références, on pourra se reporter à la Liste
des Auteurs et des Ouvrages cités, publiée en tête de notre Diction
naire latin-français des Auteurs chrétiens.
·
PREMIÈRE PARTIE
LE STYLE CHRtTIEN
LE LATIN DES AUTEURS CHRÉTIENS
§ 1.
Nos dictionnaires parlent de latin ecclésias
tique, de latin d'Église. Les thèses publiées par l' Institut
catholique de Washington emploient aussi l'expression
«ecclesiastical latin ». Par contre, Goelzer, dans la pré
face à son dictionnaire latin-français (1re édition, 1892)
disait 'déjà «langue latine chrétienne ». Quant à
Mgr Schrijnen1, il distinguait «Kirchlatein » et «Christ
latein », latin d'Église et latin chrétien.
C'est qu'en effet il serait plus exact et plus précis
d'appeler «latin ecclésiastique )) les termes spéciaux à
la théologie, au droit canonique, à l'histoire de la litur
gie, tandis que l'expression «latin chrétien » désignerait
d'une manière plus générale le latin des auteurs chré
tiens, en tant que renouvelé, transformé par la mentalité
chrétienne. Il n'est pas difficile de relever des termes
nouveaux, tels que baptismus, episcopus, saluator ; des
acceptions nouvelles, comme dans peccatum, communio.
C'est du latin ecclésiastique : celui-ci est constitué par
des termes techniques, pourrait-on dire, appartenant
soit à la théologie, tels que contritio, trinitas, impeccan-
1. Charakleristik des altchristlichen Lalein, Nimègue, 1932.
Cet ouvrage inaugurait la série de publications dont il est ques
tion plus loin.
13
LE LATIN CHRÉTIEN
LE LATIN CHRÉTIEN
lia,. soit à la liturgie, tels que palla, matutina, missa ,.
soit au droit canonique, tels que incardinatio, incar
dinare, canonicus. Mais quand on parle de latin chrétien,
on envisage une originalité plus profonde.
Le premier est celui-ci : le latiniste le moins averti,
s'il quitte un auteur profane pour aborder la lecture
d'un auteur chrétien, se sent plongé incontestablement
'dans un monde nouveau. Un monde nouveau d'idées
et de sentiments bien sûr ; mais il a en outre l'impression
que la langue elle-même est renouvelée, sinon nouvelle.
12
§ 2. - En quoi consiste cette originalité ? La question
est assez délicate. Depuis les premiers travaux de
Roensch et de Goelzer, on avait commencé à se préoc
cuper davantage du vocabulaire des auteurs chrétiens.
Une publication comme Archiv für lateinische Lexico
graphie, inaugurée en 1884, lui faisait une très large
place. Or, dès le début, l'originalité du latin chrétien
était contestée : « ein eigentIiches Kirchenlatein gibt
es überhaupt nicht », déclarait catégoriquement Karl
SittI, justement dans la publication mentionnée (année
1884, p. 282). De même aujourd'hui Mlle Mohrmann1
n'a pas rallié les suffrages de tous les latinistes autour
de son point de vue et certains se refusent à regarder
le latin des auteurs chrétiens comme une langue spéciale.
Constatons tout d'abord que l'expression « latin chré
tien » est une formule courte et commode, quelle que
soit la réalité qu'elle recouvre. A première vue, une réa
lité assez complexe : il s'agit d'auteurs si divers, d'épo
ques si diverses! Aussi bien notre intention et notre
rôle, dans ce manuel et à plus forte raison dans le dic
tionnaire lui-même, n'est pas de formuler une théorie,
mais de présenter des faits.
1. On trouvera dans la Bibliographie la liste des ouvrages publiés
par l'école de Nimègue, Latinitas christianorum primaeua sous les
noms de Schrijnen, Mohrmann, Janssen, Merkx, etc. Q �ant aux
discussions soulevées par la question du latin chrétien, on peut
consulter la Revue des Études latines des années 1932 1936 1938
1940, ainsi que les articles du P. DE GHELLINCK dan� Les Etude;
classiques, années 1939, 1944.
§ 3. - Nous essayerons plus loin de préciser cette
impression, en montrant que le latin chrétien se carac
térise par sa prédilection pour le style figuré et surtout
par l'affectivité plus chaleureuse de son vocabulaire.
Auparavant reconnaissons que l'originalité du latin
chrétien pourrait difficilement se déceler dans le domaine
grammatical. Nous nous éloignons évidemment du latin
classique ; mais les faits que nous signalerons dans nQS
« observations », à part un certain nombre d'hellénismes1
introduits par les traductions de la Bible ou des Pères
grecs ainsi que quelques hébraïsmes, apparaissent aussi
bien chez les auteurs non chrétiens de la fin de l'Empire.
Les remarques d'un spécialiste du latin tardif comme
Loefstedt se fondent sur des citations empruntées aux
auteurs païens, aussi bien qu'aux auteurs chrétiens.
§ 4. - Cela ne supprime d'ailleurs aucunement l'intérêt
d'études comme celles qui sont publiées à Washington,
dans la collection « Patristic Studies », où les faits gram
maticaux sont étudiés autant que la sémantique. A
1. Avant la littérature chrétienne latine proprement dite, on a
commencé, au cours du Ile siècle, à transposer en latin des textes
chétiens écrits en grec : la Bible, l'Épître de Clément aux Corin
thiens, le Pasteur d'Hermas ; et dans les s:ècles suivants, la litté
rature de traduction conserve une place importante dans l'Occi
dent latin. Voir sur ce sujet les articles ou les ouvrages de Bardy,
Mohrmann, mentionnés dans notre Bibliographie.
LE LATIN CHRÉTIEN
14
plus forte raison doit-on reconnaître que les publica
tions de l'école de Nimègue apportent souvent de véri
tables découvertes; Celle-ci fait porter davantage ses
1. - LE VOCABULAIRE
vocabulaire. On y a pris l'habitude de distinguer notam
A. - FORMATION DES MOTS
termes particuliers aux chrétiens pour exprimer des
§ 5. - Les ouvrages consacrés à la latinité de tel auteur
chrétien ont déjà montré, à défaut d'en avoir approfondi
effo{'ts sur les recherches concernant la stylistique et le
ment, dans le latin chrétien, des « christianismes médiats »,
notions communes, des
«
christianismes immédiats »,
termes exprimant des notions spécifiquement chré
tiennes.
Malheureusement,
jusqu'ici,
les
dictionnaires
le sens, l'abondance des termes empruntés au grec par
les auteurs chrétiens, le grand nombre des mots qu'ils
ont
ont créés ou des néologismes qu'ils ont adoptés et large
peu profité de ces progrès. Si l'on excepte évidemment
le
Thesaurusl,
bien loin d'ailleurs d'être achevé et que
t6ut le monde n'a pas à la portée de la main, nos dic
tionnaires,
même
les
plus
volumineux,
sont
assez
pauvres en ce qui concerne la littérature chrétienne.
ment répandus.
.
Rappelons pour mémoire ces classifications que l'on
trouve reproduites, dans une cyntaine d'ouvrages, d'une
manière à peu près identique :
droit de cité, dans un dictionnaire latin, à plus juste
TERMES EMPRUNTÉS AU GREC : ex. calholicus, dia
conus, eleemosynal;
'
noms formés A L'AIDE DES SUFFIXES en -las, -lio,
-ip, -sio, -ium, -lor, -alus, -arius, -lura, -tus, -sus, -liq.,
-ela, -men, -menlum, -icum;
dans Festus ou les vieux glossaires, et qu'on ne rencontre
adjectifs en -bUis, -alis, -aris, -arius, -orius, -torius,
-eus, -ius, -iuus, -anus, -Qsus ;
Pour la langue des
IVe, Ve, VIe
siècles, les traductions
sont souvent approximatives ou franchement erronées.
Les sens nouveaux sont rarement mentionnés. Beau
coup de termes sont absents; et pourtant ils auraient
titre que tous ces vocables religieusement recueillis
jamais chez un auteur, encombrant de leur fatras même
des ouvrages à destination scolaire.
adverbes en
-1er, -e ;
verbes en -scere, -ficare (ces derniers très fréquents
en latin chrétien, comme leurs dérivés en -ficalio, -ficalor,
-triz) ;
1. Et aussi l'ouvrage de SOUTER, A Glossary of later latin,
Oxford, 1949 ; il contient une bonne partie du vocabulaire chrétien,
mais donne seulement des références, sans citations.
.1. MUo MORHMANN ( Traits caractéristiques.. . , v. Bibliographie)
fait remarquer que ces termes grecs ont été conservés en général
pour ce qui concerne le concret, les institutions, III hiérarchie,
tandis. que la langue chrétienne a utilisé les mots latins en leur
donnant une valeur nouvelle, lorsqu'il s'agissait d'exprimer des
idées abstraites ou spirituelles, comme la rédemption, le salut.
LE LATIN CHRÉTIEN
16
ou dérivés d'adjectifs : ex.
de noms
verbes
: ex.
eaptiuare ;
prophetare ;
COMPOSÉS DE DEUX MOTS
: ex.
B. -
benedieere,
benesentire ;
ex.
. nombreux adverbes ou prépositions composés
abante, desuper ;
nombreux mots
COMPOSÉS AVEC UNE PRÉPOSITIONl,
eum, in, prae, super ; et même avec deux prépo
sitions : ex. subintrare, superextollere;
composés avec arehi-, pseudo-, beaucoup plus nom
surtout
§ 6. - 1. LES ADVERBES,
ADJECTIF + NOM, destinés à traduire des
uniformis (floVOetôTjç) ; ils s'écrivent quel
quefois en deux m?ts : ex. Deo amabilis (O eo q>LÀTjç);
,
nombreux diminutifs, surtout en -ulus ;
emploi des DIMINUTIFS de la langue classique au
sens du mot simple : ex. aurieula, apieula.
Ainsi la plupart de ces dérivés et composés ont été
formés selon la tradition latine. Mais la langue classique
était bien plus difficile, quand il s'agissait d'admettre
un mot non consacré par l'usage; les chrétiens, comme
les autres auteurs de leur temps, ont usé du procédé
sans restrictions ni scrupules : seuls, les plus avertis,
comme saint Augustin ou saint Jérôme, nous font part
quelquefois de leurs hésitations.
1. Certains mots composés ont le même sens que le verbe
simple : ex. conslupesco
stupesco.
Inversement, on rencontre un grand nombre de verbes simples
qui s'emploient au sens du composé : ex. ponere, p. deponere ;
firmare, p. affirmare ; tenere, p. retinere.
Le dictionnaire renseignera sur les confusions de suffixes
dimitto, demilto; abripio, adripio ; praeuideo, prouideo ; etc.
placés immédiatement après
LE SENS D'UN ADJEC
à l'imitation du grec qui, dans ce cas, place l'adverbe
.
entre l'article et le nom :
TIF,
ex.
principes semper Alrieae, TERT. Pall.
africains de tous les temps ;
1, les princes
retro dignitas, Cult. lem. 2, 9, la dignité antérieure;
semper regnum, CYPR. Zel. 18 ;
uere martyres, Ep. 37, 4 ;
illi quondam gigantes, SALV. Gub. 6, 23 ;
loeum quondam Benedicti, CASSo Var. 1, 36, la
composés,
mots grecs : ex.
STYLISTIQUE!
ou avant un nom, peuvent avoir
breux qu'en latin classique;
=
17
STYLISTIQUE
place de Benedictus décédé (de jadis, ancien);
cieonia redeuntis anni iugiter nuntiatrix, Var. 2,
continuelle messagère du printemps.
14.
Le fait est rare �n latin classique: ex. omnes undique parricidae,
SALL. Cat. 14.
A noter l'emploi analogue de compléments circons
tanciels avec un nom, rare en latin classique :
ex.
pro ueritate eontumelia, GREG.- M. Moral
au trages subis pour la vérité;
10, 16,
Spiritus Saneti super eum mansio, PS.-CYPR.
Rebapt. 8 ;
episeoporum in Alriea numerus, CYPR. Ep. 55, 6.
Dans l' exem pIe suivant, bene uenisfi, PASS. PERP . 4,
la bienvenue, l'adverbe a la valeur d'un adjectif
.
tu' es
attribut. Et dans cet autre,
'
opio meis bene, CAsso Var.
1. Au sens traditionnel, comme dans la Stylistique latine de
BERGER (Klincksieck) ; nous utilisons plus loin le même mot dans
un autre sens.
2
LE LATIN CHRÉTIEN
STYLISTIQUE
12, 5, il remplace un substantif. Cet emploi de bene
appartenait au langage p opulaire : Plaute offrait déjà
des exemples analogues.
c) DES PARTICIPES PRÉSENTS! généralement au
§ '9.
pluriel :
, ex. -credenies, les croyants ; diffidenies, les incroyants ;
discenies, les catéchumènes ; etc.
nolumus autem uos ignorare de dormientibus,
VVLG. 1 Thess. 4, 12, nous ne voulons pas que vous
ignoriez ce qui concerne les morts ;
18
§ 7.
2. Dès le début de la langue latine, certa ins mots,
tels que amicus, inimicus, affinis, etc., pouvaient être
rangés dans la catégorie des noms ou dans celle des
adjectifs. A l'époque impériale un grand nombre
d'ADJECTIFS ET DE PARTICIPES SONT EMPLOYÉS COMME
NOMS, et dans le latin tard if, cet emploi se développe
encore :
a) ADJECTIFS AU SINGULIER : ex. leprosus, paralyticus,
uiolentus, laicus, gentilis, haereticus, eic.;
et, en parlant du démon, aduersarius, malignus ;
au neutre : medium, le milieu ; salufare, le salu t ;
hibernum, l'hiver;
-
même avec un complément de nom :
ex. ad su blime gratiae caelesfis, AM ER. Psal. 45, 18 ;
in rr.edio aluei, lORD . Get. 30, 158 (= in media
alueo) ;
b) AU PLl:RIEL : ex. increduli, luxuriosi, gentiles,
§ 8.
catholici, etc. ;
au neu tre : caelestia, terrena, carnalia, spiritalia, eic. ;
debilia, GREG.-M. Moral. 2, 1 .. lortia, COMM. Apol. 40,
les forces ;
-
même avec un complément de nom (ce qu'on ne ren
contre que chez les poètes dans la langue classique) :
ex. propter incerta exilus, AM ER. Psal. 1, 16 ..
praerupta terrarum, VICT.-VIT. 1, 3 ;
dulda diuini eloquii, CASSo Psal. C. 12 D ..
per diuersa regionum, LACT. Insl. 4, 27, 1 7 ;
19
-
même lorsque ce participe a un complément :
ex. consueuerai euntes ad Antonium ducere, HIER.
Vit. Hil. 30, il avait l'habitude de conduire les visiteurs
d'Antoine (dans la langue classique, un tel participe ne
s'emploierait guère en dehors des cas où il se rappor
terait à un mot exprimé ou sous-entendu) ;
d) DES PARTICIPES PASS ÉS au singulier ou au
§ 10.
pluriel :
-
ex. collecta, prière finale ; relicta, veuve ; dilecla,
offensa, etc ... incensum, statutum, etc ... praepositi, les
chefs ; lapsi, ceux qu i sont tombés, les apostats ; etc.
§ 11.
3. Beaucoup d'ADJECTIFS VERBAUX en -dus sont
employés comme ADJECTIFS QUALIFICATIFS :
-
ex. abominandus, adorandus, lugiendus, laudandus,
dolendus, miraizdus, miserandus, reuerendus, uenerandus2,
etc. ;
ou' comme substantifs : ex. agenda, legenda, etc.
1. Rarement des participes futurs : ex. ingressuros bapllsmum...
orare oportet, TERT. Eap/. 20 (au sens général : ceux qui vont être
baptisés, ceux qu'on appellera plus tard les competentes).
2. Au superlatif, on en arrive à employer indifféremment
desideratissimus et desiderantissimus, sans doute par confusion
du participe présent avec l'adjectif verbal.
20
STYLISTIQUE
LE LATIN CHRÉTIEN
§ 1 2. - 4. Inversement des SUBSTANTIFS SONT EMPLOYÉS
ADJECTIVEMENT :
ex. peccator populus, CYPR. Dom. orat. 10;
gentes apostatrices, VVLG. Ez. 2, 3 ;
accusatrix cogitatio, AVG. Serm. 351, 7.
§ 13. - 5. L'emploi de l'ADJECTIF AU LIEU DU GÉNITIF
DE POSSESSION est déjà bien développé dans le latin
archaïque, ainsi que chez les poètes (Aeneia nutrix,
VIRG. Aen. 7, 1) ; dans le latin tardif, c'est l'adjectif
que l'on rencontre presque exclusivement avec des mots
comme femineus, tyrannicus, angelicus, dominicus. Ce
dernier est très fréquent :
ex. Dominica indignatio, VVLG. 1er. 23, 19, l'indigna
tion' du Seigneur ;
Dominica praecepta, TERT. Paen. 3;
Dominica caro, Carn. Chr. 6;
cf. Ariana rabies, HIER. Ep. 16, 2, la rage des Ariens.
Inversement, on verra au chapitre du génitif ce cas
employé au lieu de l'adjectif.
6. L'ADJECTIF NEUTRE, au singulier ou au plu
§ 14.
riel, employé AU SENS ADVERBIAL par les poètes, devient
courant chez les prosateurs de notre époque :
ex. incerta reptant, TERT. Paen. 6.
-
Quelquefois l'adjectif s'emploie avec la valeur d'un adverbe
intensif :
ex. uallem... ingens planissimam, PEREG. 1, 1, immensément
large (langue populaire) (v. syntaxe, chp. III, 5 b).
A l'imitation du grec, on rencontre DES ADJEC
§ 15.
TIFS ATTRIBUTS DU SUJET, AU LIEU D'UN ADVERBE :
-
ex.
21
superueniat...repentina dies illa, VVLG. Luc. 21,
34 (é:1ncnii atIJl'YCÔLoC;).
domum matutinus ascendit, RVF. Hist. l0, p. 963,26.
Cet .emploi, que l'on trouve déjà chez Virgile, Tite
Live, Tacite, devient fréquent dans la littérature chré
tienne de traduction et chez des auteurs comme Ful
gence, Cassien, Victor de Vite, saint Benoît, Boèce.
§ 16. - 7. Il faut noter spécialement un développement
'extraordinaire de l'emploi des MOTS ABSTRAITS : .
LA PLACE D'UN PRONOM PERSONNEL:
ex. cum tua grauitate ac sapientia conferre, CYPR.
Ep. 72, 1;
obsecro te ignoscas tarditati meae, HIER. Ep. 99, 2;
disparatus a uestro consortio, LIBER. ap. LVCIF.
a)
p.
A
320, 23;
uestram sanctitatem, CONC. S. I, 2, p. 39, 18 (OOLO-
1:'l'tU).
Cela fait partie de la politesse épistolaire et nous fai
sons allusion plus loin aux nombreuses adresses de lettres ,
aux formules polies les plus variées, chez Augustin,
.
Paulm de Nole, Grégoire le Grand, etc. De même dans
les sermons, l'orateur sacré ne dit pas simplement
fraires, mais
uestra fratemitas, LEo-M. Serm. 19, 1;
f,atema sanctitas uestra, AVG. Enarr. psal. 2, 5 ;
sanctitas uestra, ibid. 25, 2, 1;
§ 17.
b) A LA PLACE D'UN NOM CONCRET' soit au singulier, dans un sens collectif :
ex. captiuitatem reducere, VVLG. Deut. 30, 3, ramener
les ça ptifs ; cf. A VG. Catech. 21, 37 ;
-
22
LE LATIN CHRÉTIEN
nos enim sumus circumcisio, VVLG. Philipp. 3, 3,
nous sommes les vrais circoncis ;
Iralemitas, CVPR. Ep. 5, 7; HIER. Ep. 85, 3;
TERT. Marc. 5,4,les frères, l'Église ;
lransmigratio, VVLG. Dan. 2, 25, les exilés ;
et souvent aussi dans un sens non collectif :
ex. islam loedare iuuenlam, Ps.-C YPR. Sodom. 43, souil
ler cette jeunesse, cette jeune fille ;
omni uiUtale uel exlremitale conlenlus, BEN. Reg. 7 ;
immolatio, HIER. Ez. homo 7,10; AVG. Ep. 36,30,
victime ;
mare el plenitudo dus, VVLG. Ps. 95,11, la mer et
tout ce qu'elle renferme ;
misericordia, CYPR. Op. el el. 4; SALV. Eccl. 2, 1,
aumône ;
soit au pluriel, très fréquemment :
ex. affectiones, des affections ; amaritudines, des
offenses ; uolunlales, des actes de volonté, etc.
§ 18. -c) Avec un complément de nom, LE MOT ABSTRAIT
ÉQUIVAUT A UN PARTICIPE:
ex. amissio ciuium, TERT. Apol. 37 == amissi ciues ;
cf. caesionum caleruae, Apol. 31, troupe de batailleurs ;
ou A UN ADJECTIF:
ex. ueritas pielalis, FILASTR. 109, 7 = uera pielas ;
uoti liberlale se obslringere. , AVG. Vid. 5, 6,se lier
par un vœu libre ;
superbia Iudaeorum, Serm. 185 , 2 == Iudaei
superbi ;
cilicii asperitale uelati, CASSIAN. Insl. 1, 2, 4.
STYLISTIQUE
23
§ 19. - cl) Il peut aussi REMPLACER UN VERBE (cf. cogni
tionem habenl laciliorem, CIe. Fin. 5, 12, 34, sont plus
faciles à connaître) :
ex; slationem imperauit soli el lunae, HIER. Iou. 2,15,
il ordonna au soleil et à la lune de s'arrêter ;
ad innocenliae suae commendationem, TERT. Apol. 2,
pour prouver leur innocence ;
exspectanl resurrectionem et ad dexleram colloca
tionem,
AVG. Vrb. 1,... et d'être placés à la droite ;
.
caritas ... esl lenacilas et firmitas unitatis, CYPR.
Bon. pat. 15, la charité maintient et affermit l'unité.
§ 20. - 8. Même des noms EN -lor PEUVENT REMPLACER
UN VERBE:
ex. nec iam reuelalor ipse erit, TERT. Marc. 4, 25,
ne pourra révéler ;
quaeril inlelleclorem, AVG. Serm. 252 in., demande
à être expliqué ;
luminis imperalor, PS.-AVG. Serm. 157, 1, celui
qui a commandé à la lumière ;
exlitit supplicalor lanlum ut..., lORD. Gel. 52,271,
il supplia tellement que... (cf. simulalor el dissimulalor,
SALL. Cat. 5).
§ 21. - 9. Des NOMS CONCRETS ONT PRIS UN SENS ABS
TRAlTl:
ex. compages, unité, lien mystique : ipsi aulem non
sunl in illa ecclesiae compage, AVG. C. litt. Petil. 2, 108,
247.
1. C'est par une métonymie analogue que certains termes en
arrivent à désigner l'action : ex. agnus ductus ad uictimam, HIER.
1er. 2, 11, 20, conduit au sacrifice (aq>ayi).
24
LE LATIN CHRÉTIEN
La plupart des sens nouveaux introduits par bi langue
chrétienne ont consisté précisément à donner une notion
abstraite à des termes qui ne désignaient jusqu'alors
que des réalités concrètes ; nous en parlerons plus loin.
§ 22.
10. Des NOMS ABSTRAITS SONT COMPLÉMENTS
de verbes construits normalement avec un complément
de sens concret (style hébraïque) :
ex. uestire luce, TERT. An. 17;
-
uestitus tota lege, Adu. Marc. 3, 15 ;
amictus lumine, VVLG. Ps. 103, 2;
induere (impér.) fortitudine tua, Is. 52, 1;
induere incorruptionen ... immortalitaten, 1 Cor. 15,
53.
§ 23.
11. SINGULIER COLLECTIF ou remplaçant un
pluriel, plus fréquemment ou d'une manière plus éton
nante qu'en prose classique, cf. nO 7 :
ex. uniuersam uirginem compello, AVG. Serm. 191, 3,
je m'adresse à toutes les jeunes filles chastes ;
-
qui tollit peccatum mundi, VVLG. 10. 1, 29;
Christi lauai uestigium, AMBR. Ep. 41, 11, lave les
pieds du Christ.
§ 24.
-
12. PLURIEL POUR LE SINGULIER:
a) mots abstraits :
ex. iudiciariis seueritatibus, AMBR. Ep. 64, 84;
ariditales nostri pectoris, In Psal. 35, 22;
sibi licentias usurpant, AVG. Parm. 2, 3, 6 ;
b) mots concrets :
ex. liberasti plurimos de �siliis, de carceribus, AMBR.
Ep. 40, 25;
uiri sanguinum, VVLG. Ps. 5, 9.
RÉACTION ÉTYMOLOGIQUE
C.
-
25
RÉACTION ÉTYMOLOGIQUEl
Le sens de certains mots a été modifié par
§ 25.
une fausse réaction étymologique :
ex. mendum, mensonge (cl., erreur) ;
dolus, douleur (cl., ruse) ;
uiritim, par force (cl., par homme) ;
iterare, voyager (cl., répéter) ; etc., confusions sur
lesquelles le dictionnaire renseignera suffisamment.
Mais je voudrais signaler un autre genre de réaction
.étymologique qui constitue plutôt un procédé de rhéto
:rique : certains mots suggèrent plusieurs sens à la fois,
. quand l'écrivain, donnant à un terme telle acception
nouvelle, a encore en vue en même temps le sens étymo
logique. Par exemple, le mot slatio désigne la réunion
des chrétiens, la synaxe, et aussi le jeûne qui l'accom
pagne une veille de fête ; mais en même temps, c'est
une réunion où l'on se tient debout, où l'on monte la
,garde en attendant le jugement dernier ou en repoussant
les attaques du démon, car l'Église est aussi un camp :
-
die stationis... tubam angeli exspectemus orantes,
TERT. Orat. 29;
castra nobis sunt nostra ieiunia, quae nos a diabo
lica infestatione defendunt : denique stationes u ocantur
quod stantes et commorantes in eis inimicos insidiantes
repellamus, PS.-AMBR. Serm. 35.
Sacramentum, serment, profession de foi, lieu sacré,
rite, foi, mystère, secret, signe sacré, sacrement, etc., est
1. n ne sagit pas ici de la réaction étymologique du type assedens
pour assidens; reclaudo p. recludo.
26
LE LATIN CHRÉTIEN
un de ces termes de la langue chrétienne et théologique,
où il est le plus difficile de classer les différents sens
constamment impliqués les uns dans les autres.
Le Christ, pour Tertullien, est une « personne » persona
de la Trinité, selon le langage devenu traditionnel ; mais
il est aussi la manifestation visible du Père, celui par qui
il parle : si Christus persona Paterni spiritus est, Praéscr.
1 4, Ici l'écrivain envisage le sens étymologique de per
sona, masque de l'acteur, au travers duquel il parle, et
aussi visage (au fig.). On pourrait faire des remarques
analogues sur le mot facies.
L'habitude du vocabulaire symbolique, dont nous
parlerons plus loin, conduit pareillement à ces dualités de
sens. Pour saint Augustin (Trin. 12, 8, 13), quand
Adam consent à manger du fruit défendu, c'est une
abdication de la raison supérieure : consentiente sibi
capite suo, id est non eam (rationem, la raison inférieure)
cohibente atque re/renante illa (l'autre raison plus haute,
cette sorte de partie virile dans l'homme) quae in
specula consilii praesidet quasi uirili portione. C'est
qu'alors il pense à l'expression de saint Paul (1 Cor. 11,
3) : cap ut uiri mulier. Dans chaque couple, la tête, c'est
l'homme ; dans chaque homme, la tête, c'est la raison
supérieure, « virile » ; le mot caput éveille simultanément
deux idées : siège de la pensée, siège du commandement,
tête et chef. A peine un mot a-t-il surgi sous sa plume,
qu'il évoque deux, trois idées différentes ; et comme il
ne veut rien sacrifier de cette richesse, la phrase devient
touffue.
II. - LA RHÉTORIQUE TRADITIONNELLE
Les traditionnelles figures de rhétorique ou
§ 26.
de grammaire étant de plus en plus en faveur à la fin
de l'empire, aussi bien chez les auteurs profanes que chez
les auteurs chrétiens, leur abondance ne nous révélera pas
l'originalité d'une langue nouvelle ou d'un style nou
veau.
En ce qui concerne les figures de pensée, nous aurons
l'occasion plus loin de parler de la MÉTAPHORE, de L'ALLÉ
GORIE, du SYMBOLE, et du style figuré en général.
Nous avons précédemment (§§ 16 à "26) constaté un
certain nombre de MÉTONYMIES ou de SYNECDOCHES
(abstrait pour le concret, singulier pour le pluriel, etc.) ;
l'étude de la syntaxe des subordonnées nous donnera
l'occasion de signaler certaines PARATAXES.
Il nous reste à donner quelques exemples des figures
de mots et de grammaire que l'on rencontre le plus
fréquemment chez les auteurs chrétiens.
-
1. HYPALLAGE ou substitution de mots:
ex. corniculatum lumen lunae, AVG. Ep. 55,6 (= cor
niculaiae) ;
(l'expression inuisibiles oculi, Tr. eu. 10. 74,4, les yeux
qui ne veulent voir que l'invisible, les yeux tournés
vers les réalités spirituelles, est une sorte d'hypallage
hardi) ;
post noctem orationibus hymnisque peruigilem.
OROS. Hisl. 7,36,8 ;
sorte d'hypallage populaire :
diuitias absque omnium (au lieu de omnibus) ini·
28
LE LATIN CHRÉTIEN
quilatum generibus, TRACT. DE DIVIT. 17, 1 (Caspari,
Briefe... , p. 53) ;
quem ALlO (au lieu de alius) generis argumento
postea... occidit, VICT.-VIT. 1, 6, 21.
§ 27.
-
2. BRACHYLOGIE,
abrégée :
expression raccourcie ou
ex. de uirgine exire, TERT. Virg. uel. 8, cesser d'être
vierge ;
desinit uirginem, ibid. 11 ;
perorare uirum forlem, Val. 8, pérorer comme un
homme d'importance ;
�estias lNcrari, PASS. PERP. 14, échapper aux
bêtes (mourir auparavant en prison) ;
LA RHÉTORIQUE TRADITIONNELLE
et quicumque
ex
29
eius genere homo... deficiunt
oculi eius . , AVG. Ciu. 17, 5.
..
'
§ 29.
-
4. PROLEPSE,à
l'imitation du grec:
ex. fecisti eas, ut ambularent, HIER. Tr. (Morin Ill,
2, p.33) ;
animaduertite scripturam, quid significat, ibid.
p. 68 ;
satanas expetiuit uos ut cribraret, VVLG. Luc. 22, 31,·
Deus te scil quis sis, VIT. PATR. 5, 15, 66.
.
§ 30.
-
5. REDONDANCE.
ex. gratulari et gaudere, TERT. Pat. 11 ;
alios non esse recipiendos praedicatores, quam
Christus instituit, TERT. Praescr. 21, ... que ceux que
uani et superuacui, ibid. 8 ;
absolutio est et separatio, AMBR. Bon. mort. 8, 33,·
ad... medelam sanationemque, HILAR. Psal. 134, 1 ;
Herodes... praefert supplicem, concogitat hostem,
AVG. Serm. 152, 2 (Mai), fait semblant de supplier, mais
ou PLÉONASME:
ex. addendo etiam insuper, AVG. Parm. 1, 11, 18 ;
(absence d'article) ;
ante praestruxerant, Bapt. 7, 2, 3 ;
dum sibi ipse origo nascendi est, HILAR. Trin. 9,7.
'médite la guerre ;
accelerare patrem, VICT. Aleth. 3, 556, être impa
tient d'être père.
§ 28. - 3. ANACOLUTHE:
ex. istud quod... uoluptatum nugis animus occupatur
uel plagis ac doloribus per corpus adfligitur, adgrauari
eandem et onerari perspicuum est, MAMERT. St. mi. 1, 22,
quand l'âme est la proie des vains plaisirs ou qu'elle
est tourmentée par des souffrance physiques, il est
évident qu'elle en est alourdie et écrasée (au lieu de ad
grallare eandem et onerare, dont le sujet serait la proposi
tion en quod) ;
Différentes FIGURES DE RÉPÉTITION,
ANADIPLOSIS, reprise:
ex. ut eum in Aegyptum transferat J Aegyptum idolis
§ 31.
-
6.
plenam, HILAR. Mat. 1, 6 ;
ÉPANALEPSE, reprise au début de chaque membre :
ex. nobis pater rogatur, nobis pater loquitur, Trin. 10,
71 ;
ANASTROPHE,quand un mot ou un groupe de mots est
répété au commencement du membre suivant:
ex. esse omnia in Deo, Deum in semetipso, Trin. 2, 31;
30
LE LATIN CHRÉTIEN
TRADUCTIO ou POLYPTOTON, lorsque le mot est répété
à un cas différent :
ex. inopia pecuniae praeslet... inopiam peccati, In Psal.
119, 8.
7. Plus spécialement, toute les figures qui
§ 32.
constituent une ANTITHÈSE présenteront cette fois une
certaine originalité ; car elles ont leur point de départ
dans une MENTALITÉ NOUVELLE. Opposer le corps à
l'esprit, c'est déjà dans la philosophie de Sénèque. Mais
il s'établit, dans le latin des chrétiens, l'habitude cons
tante d'opposer le corps à l'âme, la chair à l'esprit, l'es
prit à la matière, la vie du monde, du siècle à la vie
chrétienne, la terre au ciel, ce qui passe à ce qui demeure
éternellement. Cette mentalité est trop connue pour qu'il
soit nécessaire de multiplier les exemples : .
-
quapropler noli, precor, irasci mihi, si le lanlum
diligo ul regnum, quod temporaliter asseculus es, uelim le
habere perpetuum, el qui imperas saeculo, possis regnare
cum Christo, GELAS. Ep. 12, 4 (à l'empereur Anastase).
D'une manière générale, la rhétorique chrétienne aime
à prodiguer les EXPRESSIONS PARALLÈLES et les HOMŒO
TELEUTA:
ex. in pudicitia, flos morum, honor corporum, decor
sexuum, TERT. Pud. in. ;
conseruanles firmiter Dominica mandata : in simpli
cilale innocentiam, in caritale concordiam, C YPR. Ep. 76, 2;
eo nascenle superi nouo honore claruerunt, quo
morienle inferi nouo limore tremuerunt, AVG. Serm.
199, 2.
Les oraisons de la liturgie, en particulier, manient
le jeu des antithèses, des balancements périodiques avec
31
LA RHÉTORIQUE TRADITIONNELLE
une certaine majesté, ce qui, si l'on tient compte aussi
des clausules métriques ou rythmiques!, leur confère
,cette allure incontestable de latin d'apparat, tout en
restant dans une simplicité relative :
ex. ul cuius in terra gloriam praedicamus, precibus
adiuuemur in caelis, SACRAM. GELAS. 2, 59 (fête de saint
Michel Arch.) ;
1. Cicéron, qui avait introduit à Rome le rythme oratoIre,
accordait une extrême importance aux cadences harmonieuses et,
notamment dans les fins de périodes, aux clausules métriques,
ce qu'on a nommé plus tard le cursus. Cet usage s'est poursuivi
après lui, ainsi que chez les auteurs chrétiens, en premier lieu
saint Cyprien. D'autres, comme saint Augustin ou saint Jérôme en
suivent les lois avec plus ou moins de régularité, suivant la nature
de leurs ouvrages. Vers l'époque de saint Léon, ce cursus com
mence à obéir à des règles plus strictes et comme stéréotypées, par
exemple dans les Sacramentaires, certains documents des chan
celleries impériale ou pontificale.
On pourra à ce sujet consulter l'article de L. LAURAND, dans
son Supplément au manuel des études grecques et latines Pour mieux
p. 60 et suivantes ; voir aussi
comprendre l'antiquité classique
les ouvrages cités dans notre Bibliographie sous les noms suivants:
Bornecque, di Capua, Delaney, Jouge, Mann, Nicolau.
Ici nous rappellerons seulement une différence essentielle : à
l'époque classique, le cursus obéit aux règles de la métrique, il est
déterminé seulement par la quantité des syllabes, par exemple
la clausule que Cicéron préfère, un dichorée précéjé d'un cr�tique :
lilli 1 comprQ 1 bâuit.
A la fin de l'empire par contre, c'est l'accent qui a pris la plus
grande Importance et les cadences tolérées se réduisent à quatre
types:
1. cursus plan us : accent sur la 2e et la 5e syllabes (à partir
de la fin) :
ex. clementer exaudi , SACRAM. LEON. p. 120,26.
2. cursus tardus : accent sur la 3e et 6e syllabes:
ex. quo rum suflragiis, ibid. p. 93, 1.
3. cursus uelox : accent sur la 2" et 7e syllabes :
ex. Domine Deus noster, ibid. p. 57, 17.
4. cursus dispondaique : accent sur la 2e et la 6e syllabes :
ex. dona sentiamus, ibid. p. 93, 2.
«
n,
32
LA RHÉTORIQUE TRADITIONNELLE
LE LATIN CHRÉTIEN
Deus, qui hanc sacraiissimam noctem ueri luminis
fecisti illustratione clarescere, SACRAM. GR EG 5, c. 29 C
(oraison pour la vigile de Noël; la même expression
se rencontrait dans Ennodius et le Sacramentaire
Gélasien, appliquée à la veillée de Pâques) ;
qui mortem nostmm moriendo destruxit et uitam
resurgendo reparauit, SACRAM. GREG. c. 92 B.
.
33
ita dicam, mariambulum, AVG . Psal. 39, 9 (en parI. de
saint Pierre qui marche sur les eaux à l'appel de Jésus);
cf. DISSECRARE, profaner, opp. à consecrare, PELAG. l
Jaffé p. 983 (en parI. d'un excommunié qui veut consa
crer comme un évêque véritable).
§ 33.
Malheureusement, les Pères ont eu une
tendance à multiplier trop gén�reusement les antithèses
et les rapprochements de mots, même un peu forcés,
ces figures que les Grecs appelaient OXYMORON, PARONO
-
MASE :
ex. pie irascentibus, HILAR. Psa/. 51, 3 ;
tacita . . . exspectatio Deo clamor est, In Psal. 141, 2 ;
(Ambrosii) eloquia... ministrabant sobriam uini
ebrietatem populo tuo, AVG. Conf. 5, 13, 23 ; ce lieu
commun semble traditionnel, car saint Ambroise écri
vait lui-même dans une hymne (7, 24) :
laeti bibamus so briam ebrietatem spiritus ;
ructauere sacras ieiuno gutture laudes ebria corda
Deo, P.-NoL. Carm. 27, 105.
Saint Augustin aime, par des JEUX DE MOTS, à réveiller
l'attention de son auditoire :
ex. 0 munde immunde, Serm. 105, 8 ;
. non putemus, sed potemus, Serm. 119, 1;
onerant, non honorant, Serm. 8, 5;
cf. non onerant nos, sed ornant, SALV. Gub. 7, 2, 11.
§ 34.
ON FORGE AUSSI DES MOTS pour créer ce paral
lélisme :
ex. attende Pelrum nostrum, non lunambulum, sed ut
-
3
LE SYMBOLISME
III. LE SYMBOLISME
§ 35. - Un autre procédé d'exposition particulière
ment en faveur chez les Pères de l'Église, c'est le sym
bole, qui est d'ailleurs pour eux autre chose qu'un simple
artifice de rhétorique. Sans doute, le goût de l'allégorie
et l'habitude de chercher partout des symboles se
constate déjà dans la littérature profane. Mais chez les
auteurs chrétiens, le symbole prend une importance
nouvelle : c'est qu'il avait un fondement exégétique,
lorsqu'il s'agissait de montrer, selon l'enseignement de
saint Paul, dans tel fait, dans tel personnage de l'Ancien
Testament, une préfiguration de ce qui s'est réalisé dans
le Nouveau, lorsqu'il s'agissait encore d'expliquer les
paraboles évangéliques. L'abus surgit, et le procédé ar:ti
ficiel, lorsqu'on veut voir du symbolisme partout et faIre
un sort au moindre détail, lorsque le plus petit incident,
le personnage le plus ordinaire, voire l'animal le plus
humble, est censé requérir une interprétation mystique.
§ 36. - Voici quelques exemples de ce symbolisme
abusif. Dans la parabole des vierges sages et des vierges
folles, il y a le nombre cinq. Pourquoi cinq vierges folles
et cinq vierges sages, demande saint Césaire à ses audi
teurs? Eh bien 1 c'est parce que nous avons cinq sens, et
il construit tout un développement sur ce nombre1• Le
même orateur, dans le sermon 34 (éd. Morin, p. 627),
1. Dans lef Moralia in lob, Grégoire le Grand se donnera pour
tâche de donner une ou plusieurs interprétations allégoriques aux
différents nombres et d'expliquer en détail ce que signifie la
possession de sept fils, trois filles, cinq cents paires de b œufs,
trois mille chameaux, etc.
35
explique la parabole du bon Samaritain. Et voici son
interprétation allégorique : le voyageur blessé, c'est
,Adam, c'est l'homme malheureux et déchu ; le bon
Samaritian, c'est le Christ qui le sauve et le rachète.
Jusqu'ici nous sommes dans les limites raisonnables.
Mais malheureuseusement, une fois lancé dans cette
voje, le bon évêque ne s'arrêtera plus, l'allégorie serait
trop simple. Et nous apprenons que les brigands qui ont
dévalisé le voyageur, ce sont les démons, que l'auberge,
siabulum, où est conduit le blessé, c'est l'Église ; que
l'aubergiste, siabularius, c'est saint Paul. Et le cheval,
iumenium, qui doit lui aussi jouer un rôle dans cette
affaire, qu'en fera notre orateur? Tout simplement, il
figurera ... l'incarnation! Chez Origène, dont le prédica
teur gaulois s'est peut-être inspiré, directement ou
non, le jeu est presque aussi compliqué : Samaritem,
Chris/um ; uulnera uero, inoboedieniiam ; animal, corpus
Dcmini, etc., HIER. Orig. Luc. homo 34, C. 316 D.
Ainsi, ce qui est plus grave, cette intempérance allé
gorique, héritée des Pères grecs, et notamment d'Origène
n'est pas l'apanage des écrivains secondaires ou médié
vaux. On trouverait des étrangetés de ce genre, à peine
un peu n:oins fortes, dans certains passages de saint
Augustin ou de saint Ambroise. L'un et l'autre certes
ont parlé noblement du symbolisme de l'arche préfigu
rant l'Église. Mais le dernier est moins heureux, lorsqu'il
compare, à l'imitation de Philon, cette arche au corps
humain : il tient absolument à ne rien oublier et à
passer en revue toutes les parties, jusqu'à la porte de
derrière affectée à l'évacuation des immondices (Noe 8,
24 .. ct. 6, 14) .
Disons, pour être justes, que certaines trouvailles
enchanteraient les modernes; ainsi l'ânon qui porte
37
1.E LATIN CHR�TIEN
LE SYMBOLISME
Jésus symbolise l'humanité sauvage devenue « la mon
ture de Dieu » : tot animarum lerocitates uectio Dei lactae
sunt, HILAR. Jlrlaf. 21, 1.
Cette recherche du symbole, ou simplement le fait
que l'auteur est tout plein de la Bible, peut conduire
aussi à une sorte de verbalisme. Les citations se suivent,
non plus appelées par une nécessité logique, mais par
une pure association de mots. La littérature religieuse
du Moyen Age fourmille d'exemples de ce genre, c'est
une de ses caractéristiques ; or cette tendance existe
déjà à l'époque patristique. Voici saint Ambroise s'adres
sant à de nouveaux baptisés : leur renaissance à la
grâce est comparée à une jeunesse nouvelle (Sacram. 4,
2, 7), et tout naturellement arrive à ses lèvres le verset
Renouarbitur sicut aquilae iuuentus tua (Ps. 102, 5) ;
mais le mot aquila suscite à son tour une autre rémi
niscence, peu en rapport avec le contexte cette fois,
u bi enim corpus ibi et aquilae (Mat. 24, 28). L'auteur
s'en est rendu compte peut-être, car dans le passage
parallèle du De mysteriis (8, 43), la première citation
n'appellera plus la seconde : selon Dom Botte1 il s'agirait
d'un ouvrage « composé », tandis que le De sacramentis
n'était pas destiné à la publication.
tingue le style des auteurs chrétiens du style classique,
c'est que ce dernier a le monopole du bon sens? Ce
,serait un jugement singulièrement injuste. Que d'arti
fice, par exemple, dans toute la poésie latine, malgré
les grands tempéraments qui l'ont de temps en temps
réchauffée et illustrée 1 Que d'abus dans l'utilisation des
lieux communs de la mythologie 1 Et inversement quelle
sobriété dans les lettres de saint Léon, pour ne citer que
celui-là 1 Les pontifes romains ont su garder longtemps,
bien après la sombre époque des invasions, la majesté, la
dignité de la prose latine, unie à la simplicité évangé
lique. Les textes liturgiques les plus anciens, dans les
Sacramentaires Léonien, Gélasien, en sont tout impré
gnés, le respect interdisant ici la préciosité. On peut
affirmer que la Rome chrétienne est restée la capitale
du bon sens, si l'on songe aux outrances de certains
auteurs africains de toutes les époques ou au « cothurne
gaulois »1 des derniers représentants de la poésie latine
à l'époque mérovingienne.
36
,
§ 37. -.:.. Un grammairien n'a pas à discuter la valeur
du symbolisme patristique en soi ; pourtant, dans bien
des cas, il se permettra d'avancer que nous sommes en
face, moins d'une exégèse illusoire, que d'une rhétorique
décadente. C'est alors que l'on regrette la disparition
du goût classique, de la mesure, de la convenance ou
simplement du bon sens. Dirons-nous que ce qui dis1. Édition du De sacramentis, dans la
chrétiennes ", nO 25, p. 12 et suiv.
Collection «Sources
§ 38.
Après cette digression, j e ne voudrais pas
abandonner le symbole avant d'avoir montré en quoi il
a influencé le vocabulaire des auteurs chrétiens. Saint
Augustin fait remarquer, par exemple, que, dans la
Genèse, nos premiers parents, après leur faute, eurent
-
1. Expression employée pour la première fois par saint Jérôme
(Ep. 58, 10),voulant caractériser l'emphase de saint Hilaire de
Poitiers. Mais elle s'appliquerait plus justement aux auteurs des
siècles suivants, et pas seulement gaulois. Si Ennode, Sidoine
Apollinaire sont des poètes précieux,que dire d'écrivains aussi
baroques qu'Aldhelmus ou Gildas Sapiens? Leurs ouvrages
marquent vraiment une fin, et non le commencement de la litté
rature latine médiévale : car celle-ci devait produire,sinon à la
renaissance carolingienne, du moins dès le XU· s.,une floraison
d'œuvre d'une latinité remarquable.
38
LE LATIN CHRÉTIEN
honte de leur nudité et se tressèrent des ceintures en
feuilles de figuier. Ce mot de figuier évoquera pour lui
l'idée de péché. Ainsi Jésus avait dit à Nathanaël :
« Quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu» (Jo. 1, 48).
« Cum esses sub arbore fici uidi te », tanquam dieeret :
eum esses in umbra peeeati, Serm. 89, 5. Et dans un autre
sermon (69, 4) : ipse quippe Dominus Jesus sub fieu uidit
omne genus humanum. Voilà donc un mot qui devient
dans sa langue un symbole. Mais les associations d'idées
les multiplient : ailleurs (Trin. 12, 8, 13), ce feuillage
symbolise non seulement ce qui couvre la honte, mais
aussi l'inutilité ; car, par rapport au fruit que sont les
bonnes œuvres, la feuille n'est qu'une vanité : tanquam
tolia duleium tructuum, sed sine ipsis tructibus, ita sine
tructu boni operis bona uerba eontexunt, ut male uiuentes
quasi bene loquendo eontegant turpitudinem suam.
Dans le latin chrétien, ces symboles d'origine biblique
se sont multipliés : Babylone désignera le monde, opposé
à la cité de Dieu ; on connaît par ailleurs ces appellations
du Christ : l'Agneau, l'Époux. D'autres symboles nous
rapprochent du style figuré dont nous parlerons ensuite.
Ainsi il est dit au livre des Proverbes (21, 20) : « De
précieux trésors, de l'huile sont dans la maison du
sage. » Pour les Hébreux, l'huile, c'est un signe de
richesse ; c'est encore une nourriture (Deut. 32, 13) ; ils
l'employaient également pour la toilette, l'éclairage,
l'onction des rois, des prêtres, etc. Dans la parabole des
vierges sages, il est question de l'huile dont ces dernières
ont eu soin de garnir leur lampe. Pour les Pères, l'huile
sera donc un symbole, un mot qu'il conviendra d'enten
dre au sens spirituel : il désignera la richesse, la fertilité ;
mais surtout des idées morales : la charité des bonnes
œuvres, la douceur, la joie, la justice, etc.
LE SYMBOLISME
39
ex. absque oleo bonorum operum, HIER. Ep. 125, 19 ;
oleum miserieordiae, CAES.-AREL. Serm. p. 621 ;
cf. unxit te Deus oleo exultationis, Ps. 44, 8, ap.
AVG. Psal. 82, 2 (oleo laetitiae, VVLG.) .
Le mot hysope devient un symbole de purification :
aspergamus et nos hyssopo ... et mundabimur a peeeatis,
PS.-RVF. (J.-Aecl.) Psal. 50, 9.
tE LANGAGE FIGURÉ
IV. LE LANGAGE FIGURÉ
§ 39.
Ce qui en définitive constitue vraiment l�ori
ginalité du latin des chrétiens, ce n'est pas sa gIilm
maire, mais sa stylistique, entendue au sens adopté par
des linguistes ou des philologues, comme Bally, Ven
dryes, Marouzeau : étude de J'expressivité et du langage
affectif. Ce qui fait du latin qui nous occupe une langue
toute différente du latin classique, c'est que l'on y sent
circuler comme une chaleur nouvelle. La nécessité de
traduire, dans le langage, des réalités spirituelles, le désir
de les faire comprendre même aux plus humbles, en s'ap
puyant sur des réalités concrètes, ont provoqué une
extraordinaire floraison d'expressions figurées ; l'amour
de Dieu, l'amour des hommes ont suscité un égal dévelop
pement des expressions affectives. Voilà les deux prin
cipales caractéristiques du latin des chrétiens.
Par langage figuré, j'entends les mots pris au sens
figuré, aussi bien que les comparaisons, les métaphores,
les allégories. En effet le sens figuré d'un mot a com
mencé par être une métaphore qui s'est imposée ensuite à
l'usage. Dans l'évangile et le Nouveau Testament, le
royaume de Dieu est comparé à un édifice, les fidèles
aux pierres de cet édifice dont le Christ est lui-même
la pierre angulaire ; le mot aedificalio désignera donc
par métaphore l'édification de l'Église, du royaume
de Dieu, puis l'édification de la foi dans sa propre
conduite et dans celle des autres ; et enfin, la méta
phore étant oubliée, aedificatio prendra le sens abstrait
de raffermissement, bon exemple, édification.
Certes des mots abstraits ont été créés pour traduire
-
41
des idées et des notions nouvelles, que le latin classique,
d'un caractère trop concret, ne pouvait rendre. Comme
je l'ai dit plus haut, un grand nombre de monographies
ont relevé avec soin tous les mots nouveaux en -tas, -lio,
etc. jntroduits par tel ou tel auteur chrétien ; mais on
n'a pas beaucoup insisté sur cet autre procédé qui
consiste à prendre un mot concret ou se rapportant à
des réalités concrètes pour l'employer au sens figuré ou
spirituel.
Notre dictionnaire montrera que ces sens nouveaux
. sont infiniment plus nombreux que les néologismes
proprement dits. On les trouve aussi bien dans les écrits
spécialement théologiques que dans les écrits destinés
à la foule. Pourtant une statistique nous apprendrait
sans doute que les figures, comparaisons, métaphores,
symboles allégoriques, sont plus fréquentes dans les
sermons et les ouvrages exégétiques. Leur multiplica
tion, dans le cas qui nous occupe, est moins un artifice de
la rhétorique que la manifestation d'un désir ardent de
communiquer les vérités et les sentiments dont l'écrivain
déborde.
C'est par un besoin d'expressivité, un besoin de
frapper les imaginations et de touch�r les cœurs, que
ces transpositions s'opèrent, que toutes ces images
jaillissent. L'écrivain chrétien ne s'adresse pas seulement
à des lettrés, des gens qui vivent par l'intelligence ; il
veut s'adresser aussi au cœur et être compris de tous
les hommes, de tous ses frères. Pour se faire comprendre
de tous, il lui est nécessaire de s'appuyer sur des réalités
concrètes que tout le monde a sous les yeux, dans la
nature, la mer, les montagnes, les fleurs des champs,
les produits de la terre, sur des réalités que tout le
monde a pu observer dans les diverses activités humaines,
42
LE LATIN CHRÉTIEN
LE LANGAGE FIGURÉ
les métiers, la marine, l'armée, le droit, le commerce,
et même les jeux du cirque et les compétitions athlé
tiques.
Il faudrait dresser un catalogue de toutes les images
qui ont servi à faire sentir l'action de Dieu sur lesi créa
tures, l'amour du Christ, la laideur du péché, la beauté
des vertus chrétiennes, l'abjection de la chair, la grandeur
de la destinée humaine, la gloire du martyre, le bonheur
du ciel, etc.
7, 23, avilissent l'homme, le souillent ; cf. communicat,
id est, commune, prolanum, u)Gu6o.Q1:oV ladt, AVG. Faust.
16, 31 ; omni culparum abstergine li ber, PRVD. Apoth.
937 ; uitia et peccata carnalia et terreni corporis inlesta
labes, CYPR. Zel. 14 ; a peccati labe mundati, AVG. Peccat.
merit. 3, 9, 17 ;
§ 40.
Nous nous bornerons à réunir ici, à titre
d'exemple, un choix d'expressions figurées ou imagées,
concernant une notion spécifiquement chrétienne, celle
de PÉCHÉ, de mal moral (delictum, peccatum, culpa,
-
uitium, noxa) .
C'est une VERMINE : tinea animae, CYPR. Zel. 7, en
parlant de la jalousie ;
surtout une SOUILLURE, une ORDURE : ut mundemus nos
ab inquinamento carnis et sanguinis, TERT. Jl,tfarc. 5, 12,
nous purifier des souillures de la chair et du sang ; ab
inquinamento carnis et spiritus, VVLG. 2 Cor. 7, 11 ;
libidinis inquinamentum, HIER. Orig. Ez. 9, col. 962 ; im
munditia, impureté de l'homme, corruption, même en
dehors des cas où il est question de l'impudicité propre
ment dite : nostra immunditia ad penetrandam secre
torum Dei munditiam non sit indigna, GREG.-M. Hom. eu.
col. 1143 D ; coinquinatio spiritus, AVG. Serm. 45, 8,
souillure morale ; colluuio, Peccat. orig. 41, 47 ; sanctifi
catum corpus detestabili colluuione uiolare, C YPR. Ep. 55,
26 ; omnia haec mala communicant hominem, VVLG. Marc.
1. Nous ne séparons pas des autres les citations de la Vulgate,
latin entré dans le circuit de la langue des chrétiens.
43
une FANGE : in luto prauitatis, GREG.-M. Hom. Ez.
col. 872 A ;
une MALPROPRETÉ : sordes, TERT. Scorp. 12 ; qui in
sordibus est, VVLG. Apoc. 22, 11 ; cf. sordesco, CASSIAN.
Coll. 14, 16, 5 ; HILAR. Mat. 24, 7 ; uitiis sordidamur,
HIER. Ep. 75, 2 ; uitiorum sordibus squalescere, Ps.-AvG.
Serm. app. 120, 1 ;
une TACHE : naeuus peccati, TERT. Carn. Chr. 16;
qu'il faut essuyer, effacer, dont il faut se laver, se
purifier, se blanchir : abstergere, HIER. Ep. 61, 4 ; se
abstergere de immunditia peccatorum, Ps.-HIER. M. 30,
col. 586 C ; abluere, VVLG. Act. 22, 16 ; TERT. Paen. 6 ;
AVG. Ciu. 1, 27, ordinairement en parlant du baptême
qui est un lauacrum ; mundare, TERT. Pud. 2 ; AVG.
Ep. 82, 18 ; emundare, VVLG. Hebr. 9, 14 ; 10. 1 Ep. 1, 7 ;
HILAR. Mat. 7, 2 ; dealbare : si luerint peccata uestra coc
cinum, quasi nix dealbabuntur, VVLG. Is. 1, 18 ; Ps. 50, 9 ;
qu'il faut purifier comme par le feu : sordibus tuis
tanquam igne decoctis, C YPR. Op. et el. 14.
Le péché est aussi comparé à un PRÉPUCE, par allu
sion à la circoncision spirituelle dont il est souvent
question chez saint Paul (ex. Rom. 3, 29) : drcumcidite
praeputium cordis uestri, LACT. Inst. 4, 17, 18 ;
à un POISON : toxicum zeli, FVLG. ed. Helm p. 136, 12,
le poison de la jalousie ;
44
LE LATIN CHRÉTIEN
i.E LANGAGE FIGURE
à une BOISSON forte qu'on absorbe sans sourciller :
bibere iniquitatem, VVLG. lob 1, 16 ;
qui nous fait trébucher : clausis oculis impingere in
odium, TERT. Apol. 3 ; cf. lapis, impingat in quem uani
tas, PRVD. Apoth. 45, l'obstacle contre lequel va buter
Îa vanité ; in alteram jeminam impegit, TERT. Praescr. 30,
à un MAUVAIS FERMENT : expurgate uetus jermenlum,
VVLG. 1 Cor. 5, 7 ;
à une MALADIE : omni sanato languore concupiscenliae
carnis, AVG. C. du. ep. Pelago 1, 11, 23 ; lepra peccali,
CAES.-AREL. Serm. Mor. p. 273, 25 ; ut nisi renascendo
liberari ab illa peste non possit, AVG. Nupt. et conc. 2, 38,
58, de ne pouvoir se libérer de cette peste que par la
régénération baptismale, en parlant du péché originel
(le mot pestis par ailleurs désigne plus' souvent l'hérésie) ;
quos peccatorum similium pestilentia non corrumpit,
AVG. Parm. 3, 2, 14 ; tabes carnalis concupiscentiae,
Peccat. merit. 1, 9, 10 ; ab omni scelerum contagione
semoti, ARN. 7, 48 ; pectus purum ab omni contagione
praestare, LACT. lnst. 6, 23, 16 ; mêmes expressions à
propos du péché originel : CYPR. Hab. uirg. 2 ; AVG.
Peccat. merit. 3, 10, 18.
Cette maladie peut se contracter : sordes quascumque
contrahimus eleemosynis abluamus, CYPR. Op. et el. 1 ;
contrahere peccata, AVG. Parm. 2, 10, 20 ; adtrahere,
Nupt. et conc. 2, 4 ; Peccat. merit. 3, 9, 19.
Par unè sorte d'opération chirurgicale, il faut s'en
débarrasser, les amputer : radicitus amputare uitia, BEN.
Reg. 33 ; amputare passiones, AMBR. Noe 15, 55 ; amputa
opprobrium meum, VVLG. PS. 118, 39; amputatio macu
larum, TERT. Pud. ' 15 ; amputatrix uitiorum, AMBR.
lob et Dau. 4, 3, 2.
. Le péché est une FOLIE : mentis alienalione dementes
praecepta Domini conteinnunt, CYPR. Laps. 33 ;
un AVEUGLEMENT : discussa est omnis carnalium
caecitas passionum, AMBR. Cain et A b. 24, 16 ;
45
tomba sur une autre femme, tomba dans cette nouvelle
passion ; juerunt domini Israel in offendiculum iniqui
talis, HIER. Ez. 13, 44, 9, furent une cause de scandale ;
qui offendiculum tentationis intulerit, HILAR. Trin. 5, 9,
qui apporta le scandale. Les mots scandalum, scan
dalizare sont beaucoup plus fréquents dans ce sens.
Le péché est une « ERREUR » qui nous égare hors du
droit chemin : per itinera erroris, CYPR. Eccl. unit. 23 ;
cf. TERT. Nat. 1, 16 ; PRVD. Cath. 6, 118 ; quelquefois
par ignorance : TERT. Paen. 2 ; cf. a praestantiore condi
tore auersio, ad condita injeriora conuersio, AVG. Qu. ad
Simpl. 1, 2, 18, action de se détourner du Créateur
d'en haut pour se tourner vers les créatures d'en bas.
Le péché nous FAIT BOITER : claudicauerunt a semitis
suis, VVLG. Ps. 17, 46.
C'est une CHUTE : casus, AVG. Psal. 129, 1 ; qui post
casum resurgunt, P ACIAN. Ep. 3, 8 ; multi enim cadere
uolunt cum Dauid et nolunt surgere cum Dauid, AVG.
Psal. 50, 3 ; sine gratia cadit homo, Grat. 6, 13 ; excidisse
a mandato Dei, AMBR. Ep. 64, 14 ; et, absolument,
excidere, TERT. Paen. 6, tomber dans le péché ; lapsus,
AMBR. Obit. Th. 30; lapsus linguae, VVLG. EcciL 20, 20 et
AVG. Perj. iust. 20, 43, péché en paroles. Ce mot désigne
spécialement le péché des lapsi, des apostats : CYPR.
Laps. lit. ; Ep. 56, 1 : AVG. Ep. 78, 8 ; labi a regula,
TERT. Praescr. 3 ; et, absolument, labi hominis est,
PRVD. Ham. 665 ; lapsus in jeminam, TERT. Praescr. 30 ;
in mulierem carne lapsus, Carn. Chr. 6, tombé dans le
LE LATIN CHRÉTIEN
LE LANGAGE FIGURÉ
péché de la chair avec une femme ; cadere in ruinam
flagitiorum, AVG. Nupt. et conc. 1, 16, 18 ; ruinas animae
Autre sens métaphorique emprunté au droit : le péché
.est une PRÉVARICATION, une TRAHISON, une VIOLATION,
praeuaricatio, HIER. Is. 1, 1, 2; etc. Ce mot s'emploie aussi
pour désigner le péché originel : praeuaricatio mandati ;
46
sicut carnis reficere, An. et or. 4, 19, 29 ; ne in damnabilia
flagitia, id est in lornicationes uel adulteria conruantur,
Nupt. et conc. 1, 14, 16 ;
un LIEN, un LACET, une CHAÎNE : laqzlei peccati, Nupt.
et conc. 2, 13, 27 ; a nexu peccati originalis absolui, An. et
or. 1, 11, 14 ; a contagione mortis antiquae et obligatione
peccati, Ep. 190, 5 ; 157, 22 ; in obligafione iniquitatis,
VVLG. Act. 8, 23 ; cf. adligare, ibid. ; delictis grauibus
inuolutus, CVPR. Ep. 67, 5 ; tantis iniquitati bus inzlOlufi,
AVG. Parm. 3, 2, 10, prisonniers de si lourdes iniquités ;
lascis peccatorum, HIER. Ep. 60, 14 ; nunquam praellarica
tionis suae nos criniculis implicasset, AMBR. Parad.
2, 11, jamais Ève ne nous aurait entortillés dans l'éche
veau de son péché ;
un PIÈGE : incidllnt in tentationem et mllscipulam,
CVPR. Orat. 14 ; COMM. Instr. 2, 7, 13 ;
un JOUG, un ESCLAVAGE : quam misera seruitus
semire peccatis, AMBR. Nabulh. 6, 28 ; surtout en parlant
de péché originel : uenundalus sub peccato, VVLG. Rom.
7, 14 ; per originem primi hominis uenundati sub peccato,
AVG. Peccat. merit. 1, 23, 33 ;
une DETTE : absolutio debiti, GREG.-M. Diai. 4, 62 ;
que l'Église peut remettre, pardonner : dimissio delic
lorum, AVG. C. lui. op. imp. 2, 15 ; dimissio peccatorum,
HIER. Ephes. 3, 5, 1 ; dimitlere peccala, VVLG. Luc. 11,
4 ; dimitlere delicla, TERT. Pud. 2. Les expressions les
plus courantes sont : absoluere, soluere, absolutio. Ou
bien les péchés peuvent être retenus, liés : alligare, VVLG.
Mal. 18, 18 ; polestas soluendi et alligandi, TERT. Pud. 21.
47
FILASTR. 116 ; HIER. Ep. 121, 8.
Il faut BRIDER les péchés, les agrafer : supremam carni
fibulam imponere, TERT. Monog. 3, imposer la suprême
contrainte à la chair ; uoluntariis delictis laxare fibulam,
Cor. 11, lâcher la bride aux fautes volontaires ;
ENGAGER LA LUTTE avec eux : congressio cum uitiis,
AVG. C. lul. 2, 8, 23 ; mens congressionis ignara, ENNOD.
Ep. 3, 21 ; spiritalibus nequitiis congredi, CASSIAN. Inst.
5, 16, 1, lutter contre les esprits du mal. Mais les mots
congressio, congredi s'appliquent plus souvent à la lutte
soutenue par les martyrs.
Le péché est un FEU, une FIÈVRE, leruura peccati, TERT.
Scorp. 5 ;
un BOUILLONNEMENT : ebullire in omnem libidinem,
TERT. Marc. 1, 37, s'échauffer de toutes les passions ;
il faut calmer cette FIÈVRE : nisi prius ignis concu
piscentiae a mente delerueat, GREG.-M. Ep., Ew. 1 If
p. 340, 24.
Le péché est comparé inversement à un FROID : Irigus,
HIER. Mat. 25, 7 ; qui peccati Irigore mortuus est, B A
CHIAR. Repar. laps. 7 ; cf. infidelitatis Irigus, MAMERT.
St. an. 2, 7 ;
à un ENDURCISSEMENT : quibus teneritas conscientiae
obduratur in callositatem uolunlarii erroris, TERT. Nal.
2, 1, dont la délicatesse de conscience se durcit dans le
cal de l'erreur volontaire ; obdurato corde, CASSIAN.
Coll. 9. 30, 1 ;
49
LE LATIN CHRÉTIEN
LE LANGAGE FIGURÉ
à un ENGOURDISSEMENT : duritia cordis obdormitio
est, AVG. Psal. 75, 10 ;
HIER. Is. 1, 1, 8, mais si nous nous laissions dévorer par
48
à une PAUVRETÉ : mendicitas, Ordo 1, 2, 3 ;
à Un DÉSERT ARIDE : de ariditate peccafi ad loca
pascuae perductus, CASSo Psal. col. 167 B, du désert du
péché conduit vers des séjours d'abondance ;
à une FRONDAISON ANARCHIQUE : unde talia uitia
siluescerent, AVG. Ciu. 2, 18, 3 ; siluescere ausus sum
uariis et umbrosis amoribus, Conf. 2, 1, 1 ; qu'il faut faire
sécher sur place : uoluptatem camis arefacere, GREG.-M.
Hom. Ez. col. 955 C ;
à une BOUTURE, lradux, en parlant de la transmis
sion du péché originel, AVG. Peccat. merit. 2, 2, 2 ;
à une IVRAIE semée dans
le cœur : auena, HIER.
.
Ep. 130, 7 ;
à une AMERTUME : camalis concupiscentiae ipsas
eius amaritudines amamus, GREG.-M. Hom. eu. 28, 3,
aimer jusqu'aux amertumes de la concupiscence char
nelle ;
à une ROUILLE : aegra pectoris robigo, PRVD. Cath. 7,
205 ; cf. aeruginat nequitia illius, VVLG. Eccli. 12, 10,
sa malice est comme la rouille (qui revient sans cesse).
Le péché FAIT RESSEMBLER A UNE BtTE : statim ut
nos vices comme par des bêtes sauvages ;
ainsi que le pécheur : peccata uidelicet leuia uitantium
et grauia deuorantium, HILAR. Mat. 24, 7, les péchés de
ceux qui évitent les fautes légères, mais avalent sans
remords les grosses.
C'est un POIDS qui nous accable : ne praeponderenl uos
peccata uestra, VVLG. 4 Esdr. 16, 77 ; camis onere prae
grauatus, AVG. Serm. 6, 1 (Mai), accablé sous le poids
de la chair ;
une GROSSIÈRETÉ, une LOURDEUR morale : humanae
mentis crassitudine hebetatum, ENNOD. Hart. p. 380.
Ceux qui le conçoivent en sont ENGROSSÉS, imprégnés :
praegnans est qui res alienas concupiscit, CAES.-AREL.
Serm., Mor. p. 594, 8 ; cf. impraegnari, ibid. p. 594, 17,
concevoir une mauvaise pensée.
Le péché est un EXIL loin de Dieu : exsulare Deo, AMBR.
Ep. 64, 100 ;
un ABÎME : abyssus, AVG. Conf. 1, 1,
une INVENTION MAUVAISE, une ruse
uentiones, HIER. Ephes. 3, 6, 11 ; ideo
tionum uestrarum comedetis, In Is. 2,
lud. 2, 10 ; AVG. Ciu. 17, 4 ;
1;
perverse : adin
fructum adinuen
3, 1 ; cf. VVLG.
mulieres uiderint, hinniunt, HIER. lou. 50 ; post trans
euntes feminas... adhinnire, AVG. Mor. Manich. col. 1374.
C'est une métaphore biblique : 1er. 5, 8 ; cf. ascendit
corporis uoluptates, AMBR. Hel. 5, 10, il enfourcha les
voluptés charnelles ; caninae nuptiae, HIER. Ep. 69, 2,
un AIGUILLON, en parlant de l'envie : stimulus inuidiae,
AVG. Spir. et litt. 2, 3.
Il est d'ailleurs l'aiguillon de la mort : stimulus mortis
peccatum, VVLG. 1 Cor. 15, 55 (cf. Rom. 5, 12).
Il est lui-même LA MORT : quid te in lapsum morlis cum
autem uUia nos quasi quaedam bestiae fuerint depraedatae,
pourquoi te laisser choir dans une chute mortelle avec le
serpent que tu adores ? mori, AVG. Parm. 2, 10, 22 ;
unions impudiques.
Le péché est lui-même une BtTE DÉVORANTE : sin
serpente quem colis stemis ? CYPR. Ad Demetr. 16,
,
4
50
LE LATIN CHRÉTIEN
LE LANGAGE FIGURÉ
opera mor.tis, TERT. Pud. 2 ,. exspirare in haeresim,
Pud. 19, se jeter dans la mort de l'hérésie ; animam tuam
perdidisti... et ipsa ambulans lunus tuum portare coepis!i,
CVPR. Laps 30, ... et tout en marchant, tu as commencé
à porter ton cadavre ; cum mullo prolundius etiam
mendacio simulationis absumptus sil, AVG. C. Cresc. 2,
26, 31, alors que sa mort spirituelle est encore plus
voulait passer en revue toutes les figures qui essaient
de traduire la pensée et le sentiment chrétien sur Dieu,
le Christ, des personnages comme saint Jean-Baptiste,
saint Jean l'Évangéliste, saint Paul, sur le corps humain,
l'intimité de la conscience, la mort, le ciel, sur le monde,
le diable, etc. Cette profusion étonnante, peu conforme
au goilt classique qui exige en prose plus de sobriété,
n'est pas due le plus souvent au désir de briller, mais
bien plutôt au désir de convaincre et d'édifier, donc à
un besoin accru d'expressivité.
profonde, s'il la cache par un mensonge.
. Enfin il faut MOURIR AU PÉCHÉ : mori peccato, VVLG.
Rem. 6, 2 ,. moriunlur homines culpae ueteri et iniquorum
operibus, AMBR. Ep. 50, 10 ,. mors criminum, C VPR. A d
Don. 4 ; caro concupiscentiis moritur, LEo-M. Serm. 13 ;
le CRUCIFIER : carnalia crucifigere, PS.-CVPR. Sing.
40 ; crucifixerunt corpus cum uitiis et concupiscentiis,
HILAR. Mat. 10, 25.
L'accumulation de ces exemples variés et séparés de
leur contexte produit nécessairement une impression de
disparate. D'autant plus que certains auteurs aiment à
entasser les images avec quelque intempérance ; voici
comment un prédicateur flétrit la jalousie : inuidia
malum uetustum, prima labes, antiquum uirus, saecu
lorum uenenum, causa luneris, PETR.-CHRVS. Serm. 4,
c. 1fJ4 BI.
D'autre part, on aurait pu relever de plus poétiques
images, en choisissant « les vertus chrétiennes » ou « le
martyre ». Un volume entier serait nécessaire, si l'on
1 . Le même écrivain déclare, en parlant du jedne (Serm. 8,
c. 209) : est ieiunium castitatis murus, pudicitiae propugnaculum,
ciuitas sanctitatis.. . et il étale ainsi sa virtuosité ('1) sur une bonne
dizaine de lignes. Plus tard, le livre des « Synonymes » d'Isidore
de Séville sera tout entier composé de · ce genre d'accumulations,
mais c'est sans doute un ouvrage scolaire.
51
L'AMOUR MYSTIQUE
V. LE LANGAGE AFFECTIF
§ 41.
Passons à l'autre aspect essentiel du latin des
chrétiens, le développement dans l'ancien vocabulaire
de nombreux SENS AFFECTIFS NOUVEAUX, parallèlement
à la création de quelques NÉOLOGISMES destinés à tra
duire le sentiment de la « charité )J.
Évidemment, l'affection, la tendresse, l'amour sont
des sentiments trop naturels, trop humains, pour ne pas
s'être épanouis dans certaines œuvres profanes avant le
christianisme. Il y a une douceur virgilienne. La jeune
morte de Properce (IV, 12 fin) , qui s'adresse du fond de
la tombe aux petits enfants qu'elle a laissés sur la terre,
pour leur recommander d'être affectueux envers leur
père même s'il se remarie, de consoler sa vieillesse s'il
reste veuf, cette jeune morte s'exprime avec l'oubli de
soi, avec la tendresse. d'une âme exquise, j'allais dire
chrétienne.
Mais on peut affirmer pourtant que cette sensibilité
a acquis, dans la langue des chrétiens, une chaleur nou
velle, et se manifeste, à toutes les époques, avec une
constance qui en fait sa marque particulière, sa tonalité
spéciale. Nous allons essayer de le montrer en restant
dans le domainé des faits linguistiques et sans tomber
dans celui de la littérature.
Le langage affectif se manifeste par des tours syn
taxiques, place des mots, exclamations, interjections,
particules ; mais comme ces procédés, bien que fréquents
chez les auteurs chrétiens, ne leur sont pas spéciaux,
je préfère attirer l'attention sur un choix de mots
auxquels le christianisme a donné une affectivité nou-
53
velle ou qu'il a créés pour exprimer des sentiments
nouveaux.
Ici l'influence du TEXTE BIBLIQUE, qu'il s'agisse des
premières traductions ou plus tard de la Vulgate, a été
déterminante, car il contient déjà tout L'ESSENTIEL DE
LA TONALITÉ CHRÉTIENNE. Ce caractère affectif du style
des Écritures a été vivement senti par Augustin qui
l'oppose au style intellectuel des philosophes profanes :
non habent illae paginae (Platonis) uultum pietatis
huius, lacrymas confessionis... (Conf. 7, 21, 22) . Si l'on
compare l'Ancien Testament à la littérature profane
gréco-latine, la première différence qui nous frappe,
surtout dans les Psaumes et les textes prophétiques,
c'est un sentiment passionné.d'attachement à Dieu, un
appel ardent vers lui, une confiance enthousiaste en sa
protection. Dans le Nouveau Testament s'expriment en
outre la charité; l'amour des hommes et l'attachement
au Christ.
A.
-
L'AMOUR MYSTIQUE
§ 42.
Il faut remarquer tout d'abord que dans le
latin des chrétiens, les prières de la liturgie, les oraisons,
les hymnes, et en particulier les supplications émou
vantes inspirées au Moyen Age par la dévotion à la
Vierge Marie, tout cela constitue une langue totale
ment différente, par ses qualités affectives, du latin
profane. Mais comme le latin liturgique s'est développé
davantage à une époque tardive, je dois me borner à
des exemples empruntés à l'époque patristique.
Toutes les langues, dans la période avancée de leur
développement, ont une tendance à MULTIPLIER LES
MOTS COMPOSÉS AVEC DES PRÉPOSITIONS. Ce besoin
-
54
55
LE LANGAGE AFFECTIF
L'AMOUR MYSTIQUE
d'expressivité s'accorde ici avec le désir d'extérioriser la
ferveur mystique. La préposition AD indique déjà par
elle-même une direction, elle semble traduire un ' ÉLAN
VERS DIEU dans des expressions comme : totus ad Deum!
Orlltrouvera d'autres exemples dans le dictionnaire à
des J:ilots comme compatior, complaceo. Un certain
nombre de termes nouveaux ont été composés avec cette
préposition : complacatio, condeleciatio, condescensio,
ingemiscere ad Deum, SALV. Gub. 7, 11 ;
fiduciam habemus ad Deum2, VVLG. 10. 1 Ep. 3, 21
(nQoç ';OV 8EOV).
Des adjectifs composés, tels que indeficiens, inde
flexibilis, indesinens, ineffabilis, incommutabilis, immar
cesclbilis, - et tous les composés en in- privatif, souvent
eram, HIER. Tr. 1 in psal. p. 157, 6 ;
Et en composition : accorporari in Christo, P.-NOL.
Ep. 4, 1 ;
quis mihi dabU adquiescere in te ? AVG.' Conf. 1,
5, 5.
Le contexte donne à ce verbe composé une valeur
affective plus prononcée que dans cet exemple : non
adquiescU sanis sermonibus Domini, 1 Tim. 6, 3, il n'a
pas confiance dans...
adhaerere Deo est une expression biblique que saint
Augustin reprend et commente souvent (voir le diction
naire aux mots adhaereo, adhaesio, inhaereo).
La préposition CUM, en composition, exprime dans
certains cas un RAPPROCHEMENT DE LA DIVINITÉ vers
nous ou un désir de nous unir à elle, de partager par
exemple les souffranceS du Christ : "
commortuus est Domino suo, HIER. Ep. 22, 39 ;
qui Christo commoritur, AMBR. Apol. Dau. II, 3, 7.
1. Cf. avec la préposition in et en notant la valeur affective de
la répétition de totus : in Deum uiribus totis ac loto corde suspensus,
CYPR. Ad Don. 5.
2. Dans des expressions comme aralio ad Patrem, credere ad, on
verra moins une tendance affective qu'un usage grammatical
.
analogue à dicere ad, loqui ad, etc.
conglorifico, conglorior, consepelio, consurgo, conuiuifico.
calqués sur le grec, désignant les attributs de Dieu
traduisent l'enthousiasme pour ce qui ne finit pas et
comme un BESOIN D'ABSOLU.
�
On pourrait faire des remarques analogues avec les
composés en PRAE-, en SUPER-. Sans doute, en ce qui
concerne la divinité, certains ont été créés eux aussi
pour exprimer des NOTIONS THÉOLOGIQUES, tels que
praeexsistentia, praedestinatio, praeprincipium, super
coelestis, supernaturalis (dès le VIe s.), etc. ; mais d'autres
ont une VALEUR PUREMENT AFFECTIVE, tels que prae
clareo, praeconspicabilis, superabundantia (de la grâce),
superlaudabilis et supergloriosus in saecula (Dan. 3, 53) .
Quelques nouveaux composé en bene- expriment
l'acceptation de la volonté de Dieu, de ce qu'il a décidé,
en mettant l'accent sur le fait que tout ce qu'il veut est
bon : beneplacens, beneplacUum, benesenÎio.
En. dehors des composés, peu de mots nouveaux
ont été créés dans le domaine de la sensibilité mystique.
Et la plupart viennent du grec, comme exstasis (au moins
dans un de ses sens), clerus, eucharistia, euangelium. Ces
trois derniers semblent être du pur latin ecclésiastique ;
mais en réalité, de par leur origine, ils possédaient une
valeur affective qui était sentie dans les premiers siècles :
57
LE LANGAGE AFFECTIF
L'AMOUR MYSTIQUE
clerus, le clergé, mais étymologiquement (xÂijQoç)
l'héritage du Seigneur ;
eucharistia, eucharistie, mais étymologiquement
(ev'J(aQto"da) action de grâce, sens qui apparart dans
Tertulien, saint Jérôme ;
euangelium, évangile, mais étymologiquement
(euaYYÉÂtov) bonne nouvelle, sens qu'on retrouve jusqu'au
encC)re relevée pour son association avec d'autres mots,
synOpymes ou de sens analogue. Nous avons parlé de
la redondance, mais ce n'est pas ici une redondance
gratuite : misericordias tuas et clementiam tuam, RVF.
56
IXe S. : Gabrihel mundi gaudii optulit euangelium,
ANAST.-BIBL. Chrono (ed. Boor p. 61 ); d'ailleurs lors
qu'on disait praedicare euangelium, on ne l'entendait
pas au sens refroidi de « prêcher l'évangile », mais bien
plutôt : proclamer partout et bien haut la bonne nou
velle du royaume de Dieu ; c'est un écho du lyrisme de
saint Paul s'écriant : beati pedes euangelizantium pacem 1
Plus nombreux sont les VIEUX MOTS latins qui, par
eux-mêmes ou d'après le contexte, DÉGAGENT UNE
CHALEUR NOUVELLE. On en trouvera des exemples aux
mots affectus, benignitas, carilas, confiteor, credo, deside
rator, desideratus, dileciio, dilecius, dilecia, Dominus,
inuidia, miseratio, misericordia, prouidentia (quoique
le Dieu providentiel,' au sens chrétien, soit plutôt évoqué
par des mots comme largilor, dispensator), limor, ui
silo, etc. Ainsi le mot Dominus, en parlant du Christ,
n'exprimera plus la sévérité d'un martre, s'il est couram
ment uni à des épithètes comme misericors, miserator,
ou simplement pius, dulcis, bonus. Misericordia signifie
« pitié, miséricorde» aussi bien chez Cicéron que dans
nos auteurs, mais la valeur stylistique est toute diffé
rente, si Dieu est appelé par exemple : fons omnium
misericordiarum (AVG. Psal. 6; 10) ; ce pluriel intensif
est de caralctère biblique : mirifica misericordias tuas,
VVLG. Ps. 16, 7. La valeur affective de ce terme est
Greg. orat. p. 250, 7 ;
piefas misericordiae, LEO-M. Serm. 55, 5 ; ou miseratio
clementiae, Serm. 12, 2. C'est aussi la répétition fréquente
de ces expressions affectives qui contribue à donner
au style chrétien sa tonalité propre.
Enfin le LANGAGE FIGURÉ TRADUIT A SON TOUR LES
ASPIRATIONS MYSTIQUES D'UNE MANIÈRE PASSIONNÉE :
amplecior, s'attacher à : a. Christum, CYPR. Mort. 3 ;
dilectione amplectere (impér.) Deum, AVG. Trin. 8, 8, 12 ;
ut unum bonnm meum amplector te, Conf. 1, 5, 5 ;
anhelo, soupirer vers : anhelant (literae tuae) sitim
tuam et desiderium... animae tuae in atria Domini,
P.-NOL. Ep. 44, 2 ; cf. tibi (Deo) suspiro die ac nocie,
AVG. Conf. 7, 10, 16 ;
clamo, crier, invoquer à grands cris, supplier ;
deficio, défaillir ;
esurio, avoir faim de ;
flammesco, s'embraser ;
immolo, immoler (en parI. d'une offrande spirituelle,
comme la pénitence, la prière) ;
inebrio, enivrer ;
glutinor, s'attacher à ;
inuiscero, enraciner profondément dans le cœur.
Le désir du ciel s'exprime en des images qui traduisent
la nostalgie de ceux qui sont sur la terre des exilés
exsules, des colons coloni (v. aussi incolatus), des voya
geurs uiatores (v. aussi peregrinatio, peregrinor), loin
58
59
LE LANGAGE AFFECTIF
L'AMOUR DES HOMMES
de leur patrie patria, politeuma ; c'est un repos repausatlO,
requies, une fraîcheur refrigerium, une paix pax, une
gloire gloria, palma, dans la maison du Seigneur domus,
. mansio, aula, tabernacula aeterna, où nous verrons Dieu
face à face facie ad · faciem, sans miroir, sans énigme,
sine speculo, sine aenigmate. La mort n'apparatt plus
cf. animam semper Deus alloquitur, animam compellit
atque aduocal ut animllm sibi aduertat, TERT. An. 13.
Et en parlant de l'Écriture : sic loquitur ut... ueritale
magnos pascal, affabilitate paruulos nulrial, AVG. Gen .
litt. 5, 3. Teneritas pietatis Dei, SALV. Gub. 8, 3, 17, fait
comme une chose affreuse, c'est simplement un départ
migratio (migrare, recedere) , un passage transitio (tran
sire) , un sommeil dormitio (dormire) , un rappel à Dieu
accitus, uocatio (uocare) .
La langue chrétienne s'est ingéniée à faire sentir un
Dieu, non pas lointain et objet de discussion pour l'in
telligence des philosophes, mais tout proche de l'âme.
On connaît suffisamment les expressions figurées ou
allégoriques se rapportant à l'humanité du Christ, tels
que agnus, pastor. Le geste de saint Jean s'appuyant sur
la poitrine du Maître a beaucoup frappé les imaginations
et les cœurs : dans une inscription, il est appelé accu
bilor Dei, ROSSI II, p. 258 ;
cf. cllbator Dominici corporis, P.-NOL. Carm. 21, 4 ;
in Domino Iesu, exemplo Ioannis, ul haec possimus
sentire et colioqui, accubemus, HILAR. Trin. 2, 21.
Pour exprimer la bonté de Dieu, des gestes presque
familiers s'ébauchent dans l'imagination de l'écrivain,
influencé par le style biblique : Deus abslergit uulnera
humana, PETR.-CHRYS. Serm. 36, c. 301 (abstergei
Deus omnem lacrymam, Apoc. 7, 17 ,. cf. Is. 25, 8) . Il se
baisse pour accueillir le martyr, son hôte : cum sil
Dominlls susceptor animae meae, AVG. Serm. 334, 1. Il
frappe à la porte de notre cœur : pulsalor aurium mearum,
Conf. 10, 31, 46 ,.
allusion à la tendresse de Dieu qui garde ses créatures
« com�e la prunelle de ses yeux » (custodi me ut pupillam
oculi, Ps. 16, 8 ; cf. Zach. 2, 8) .
Dans le rêve de Saturus, le Bon Pasteur, un vieillard
vénérable assis sur son trône, accueille les martyrs :
ceux-ci s'approchent,. l'embrassent ; et lui, à son tour, se
'penche vers eux pour leur caresser de sa main le visage :
el osculati sumus illum et de manu sua traiecil nobis in
faciem, PASS. PERP. 11.
B.
-
L'AMOUR DES HOMMES, LA CHARITÉ HUMAINE
Ici encore, les composés avec le préfixe CUM
§ 43.
sont en grande faveur, soit pour renforcer le sens du mot
simple, soit pour marquer d'une manière plus expres. sive l'UNION AVEC NOS FRÈRES, avec leurs joies et leurs
souffrances :
ex. coadiuuo, concateno, conexio ,.
-
ainsi que des mots nouveaux :
coaegroto, coanhelo, coexsulto, coinfirmor, coUaelor,
commarlyr, commem brum, commeus, compauper, compla
centia, condescensio, congaudeo.
Le dictionnaire indiquera les TERMES NOUVEAUX, tels
que eleemosyna, refocillo, refrigerium ; et aussi les TERMES
AN�IENS AYANT PRIS UNE VALEUR AFFECTIVE NOUVELLE,
60
LE LANGAGE AFFECTIF
L'AMOUR DES HOMMES
tels que affectio, affectus, filiolus, frater, fraternilas,
fraternus, germanus, glutinum, infans, mansuetudo,
merces, misericordia, osculum, pacificus, parturio, solli
ciludo, unanimilas, unio, uiscera, etc.
réchauffe l'expression : sil pax dilecta uestra e t amica,
AVG. Serm. 357, 1. Benignus est bien classique, mais le
groupe benigno corde (C AES.-AREL. Serm. Mor. p. 163,
27) ne l'est plus.
Quelques exemples feront comprendre ici le sens de
cette évolution : carilas1 signifie déjà dans la langue
classique « affection, amour » ; mais la façon dont ce
terme est combiné avec d'autres ou enchâssé dans une
figure lui donne un aspect stylistique tout à fait diffé
rent :
plenam et paternam dulcedinem carilatis, CYPR. Op.
et el. 18 (dulcedo a pris lui-même le sens de « amour, affec
tion» : suorum paruulorum dulcedo, Ad Fort. 7) ;
amor fraternus et carilas, RVF. Clem. 8 ;
partu'riens paruulos mater carilas, AVG. Tr. ep. 10. 2, 4;
fraternae inuicem carilatis, HILAR. Mat. 8, 80.
Les épithètes carus, dilectus exigent qu'on les emploie
au superlatif pour satisfaire pleinement l'intention
affectueuse ; puis cet emploi s'est stéréotypé dans les
homélies. lnuicem exprimait déjà chez Pline le Jeune la
réciprocité de l'affection ; c'est devenu d'un emploi
extrêmement fréquent dans le latin chrétien avec toutes
sortes de verbes :
suscipile inuicem, VVLG. Rom. 15, 7 ;
inuicem uos ametis, HIER. Ep. 7, 1 ;
Le mot dilectio qui traduit pareillement &'yaltl] pourrait
donner lieu à des remarques analogues :
frigus odiorum dilectionis calore mutare, HIER.
pardonner mutuellement ses griefs. Les affections
humaines sont ennoblies par le sentiment religieux, si
l'on y associe le Seigneur, dans une formule comme
dilectissimum meum in Domino, VVLG. Rom. 16, 8,
souvent reproduite. Enfin le mot pax, dans des locutions
d'origine biblique, donne à la formule de salut une sorte
de sérénité religieuse :
Ep. 98, 28 ;
ad nostram inter nos dilectionem, P.-NOL. Ep. 11, 5 ;
pacem et dilectionem sectantes, NICET. Spir. 22.
Fraternus est associé fréquemment à ces deux termes,
ainsi qu'à pax, concordia, amor :
carilas fraterna, CYPR. Eccl. un. 14 ;
dilectio fraierna, Ep. 59, 1 ;
fraternus amor et carilas, RVF. Clem. 8.
Dans la formule suivante, c'est la métaphore qui
1. Voir en particulier la thèse de M lle
née dans notre Bibliographie.
PÉTRÉ,
Caritas, mention
61
inuicem fratres mutua tolerantia foueant, CYPR.
Bon. pat. 15 ;
crimina inuicem donare, AVG. C. Gaud. l, 37, 47, se
et osculatus est me et dixil mihi : filia, pax tecum,
PASS: PERP. 10 (cf. et dicil eis : pax uobis, Luc. 24, 36) .
D'autres mots ont glissé vers un SENS AFFECTIF NETTE
MENT NOUVEAU. C'est ainsi que pietas désignera la
bonté )j de Dieu envers les hommes, mais aussi « la bonté,
la charité, la bienfaisance » dans les relations humaines :
pietas abesse christiano qui potest ? P .-NOL. Carm.
10, 85 (en parlant du devoir de l'affection) ;
«
63
LE LANGAGE AFFECTIF
L'AMOUR DES HOMMES
piefas proprie Dei cultus.... more autem uulgi hoc
nomen eliam in operibus misericordiae Irequentatur, AVG.
Ciu. 10, 1 ;
uiscera pietalis ignorauit (le mauvais riche), GREG.
M. Hom. eu. 40, 3 ; pourtant il ne prendra nettement le
Quant aux formules épistolaires, elles étaient devenues
à la fin de l'empire beaucoup plus longues et cérémo
nieuses qu'à l'époque classique. Elles revêtaient de ce
fait un aspect conventionnel ; néanmoins on peut dire
qu'elles ont souvent été influencées par le style de la
charité chrétienne, où le respect doit s'allier à l'affection :
ex. di/eele fili ; carissime Irater ; desiderantissimus
ou desiderandissimus ; carissimi in Christo Iratres ;
62
sens de « pitié Il que dans le latin médiéval.
Sedulitas exprime non seul�ment l'empressement. le
zèle, mais aussi la fidélité amicale : ex. AMBR. A br. 1, 5 ;
l'amabilité, la courtoisie. la gentillesse : ex. AMBR. Off. l,
20 ; l, 37 ; surtout dans cet exemple :
angelus uenit ad Mariam ef cum sedulitate et gratia
uenit, A brah. 2, 9.
Anima signifie
«
âme, affection, intimité du cœur )) :
cur ergo me excruciat desiderium tui apud ipsam
intus an imam ? AVG. Ep. 27, 1. Sous l'influence des
tournures bibliques (ex. anima Ionathae conglutinata est
animae Dauid, 1 Reg. 18, 1), ce mot peut devenir l'équi
valent, mais plus affectif, du pronom personnel :
si quis beneficiat animae meae, FILASTR. 134, 2.
beatissime et uenerande papa ; deocolentissimo episcopo
(flEooe6�c;) ; deoamicissimo uiro (6eo«jlLÀ:IjÇ), etc. Le jeu en
est extrêmement varié ; on y a consacré plusieurs
thèses. Une abbesse, dans la relation de son voyage aux
lieux saints, s'adresse ainsi à ses sœurs. au cours de la
narration : dominae uenerabiles sorores, PEREG. 2. 8 ;
dominae, lumen meum, i bid. 23, 10 (mea lux est aussi
d'époque antérieure).
Remarquer enfin, dans la conversation, ces formules
:
lac, abba, eharitatem. et die mihi sermonem, VIT.
PATR. 7. 2. 3. veuillez avoir la bonté de me dire .. . ;
domina soror, PASS. PERP. 4, dame ma sœur ou ma
Sens nouveau encore dans les épithètes beatus, - bene
dictus, lorsqu'on parle des morts, surtout des martyrs
en bénissant leur mémoire :
chère sœur. ainsi s'exprime le frère de Perpétue ;
curre, domne meus, VICT.-VIT. 2, 30, dit une grand.
mère à son petit-fils pour l'encourager.
lortissimi et beatissimi, CYPR. Ep. 11 ;
beatae recordationis, CAELEST. 1 Ep. 21, 8 ;
sub episcopatu Eleutherii benedicti, TERT. Praescr. 30.
Il semble donc que cette dernière appellation ait pris
une valeur affectueuse. Saint Augustin, dans un sermon
(14, 3, 4) , interpelle ainsi le pauvre : domne pauper, cher
pauvre ; mais il pense aussi à « l'éminente dignité du
pauvre )) qui représente le Christ.
D'ailleurs benedictus
s'adresse aux vivants :
s'emploie
aussi,
lorsqu ' on
consideremus itaque, benedicli, TERT. Orat. ) (formule
biblique : cf. Gen. 24, 31 ; Luc. 1, 42).
§ 44.
Évidemment cette douceur, et même dans
certains cas cette gentillesse, ne sont pas également
-
LE LATIN CHRÉTIEN
LE LATIN CHRÉTIEN
répandues certains écrits de controverse, en particu
lier chez Tertullien ou Jérôme, sont assez mordants.
D'ailleurs, ON NE PEUT PARLER D'UNE LANGUE CHRÉ
TIENNE UNIFORME. Il Y a celle des inscriptions, qui peut
être du latin populaire ou de la poésie savante ; il Y a
celle des premiers actes des martyrs ; celle de Tertul
lien, trop particulière pour qu'on puisse dire qu'il ait
été le créateur du latin chrétien ; celle des premières
traductions de la Bible, et que de variété là aussi, si l'on
se reporte aux citations qu'en ont faites les Pères et à
ce que nous ont conservé les différents manuscrits :
c'est le premier latin chrétien, langue de traduction
essentiellement, avant l'apparition des lettrés comme
Tertullien, Lactance, Cyprien. On pourra distinguer
dans la suite le latin des homélies familières, le latin
des controverses théologiques, peinant parfois à traduire
les subtilités des Grecs, le latin liturgique, qui conservera
l'essence du latin chrétien, le latin officiel de la chancelle
rie pontificale. Chaque auteur enfin a sa langue propre,
dans la mesure où il est original ; on peut même consta
ter que saint Augustin en a pll}-sieurs : aussitôt après sa
conversion, il reste relativement cicéronien ; la langue
de ses écrits théologiques n'est pas non plus celle de ses
sermons, cette dernière toute simple et ne reculant
pas devant les vulgarismes tels que nunquam fecit tale
frigus (Serm. 25, 3) . De même, les homélies que saint
JérÔme prononce devant les moines de Bethléem sont
d'un latin plus relâché que ses autres écrits.
tienne commune qui reste bien vivante jusqu'à la fin du
Moyen Agel.
Or l'impression qui se dégage de ce tour d'horizon
nécessairement superficiel, si l'on songe à l'immensité de
cette littérature, formée d'auteurs aussi variés et appar
tenant à des époques si différentes, l'impression qui se
dégage, c'est que CES DEUX CARACTÉRISTIQUES, DÉVE
64
Malgré tout, certains textes comme ceux de
§ 45.
la Bible, certains auteurs comme saint Cyprien, saint
Augustin, saint JérÔme, incessamment recopiés, ont
contribué à la formation d'une sorte de langue chré-
65
LOPPEMENT DU LANGAGE FIGURÉ ET RÉCHAUFFEMENT DES
EXPRESSIONS AFFECTIVES, semblent les plus constantes :
ce sont elles qui constituent comme un air de parenté
entre des écrits très anciens, comme la Passio Perpetuae,
et ceux des mystiques du Moyen Age tels que saint
Bernard, saint Bonaventure, ou des hagiographes
comme Thomas de Celano, sans parler d'auteurs plus
modestes.
On pourra m'objecter que je suis à la limite, et que
la question ne se pose pas de prouver l'originalité d'une
1 . Cette époque a connu, il est vrai, de monstrueuses excrois
sances dans le domaine du vocabulaire. Dès l'époque carolin
gienne, de nouveaux mots grecs ont été introduits, soit artificielle
ment par certains poètes, à coups de lexiques, soit plus naturelle
ment en Italie, par suite des relations avec Constantinople :
ex. adelphus, exas, exafoti. Au XIIIe S., saint J'homas d'Aquin
reprend encore quelques termes grecs : ex. andragalhia. Des mots
arabes, tels que amireus, amiras, apparaissent dans Anastase le
Bibliohtécaire, et plus tard à l'époque des Croisades. Mais ce sont
surtout les chroniqueurs, et davantage encore les j uristes qui
contribuent à la corruption du vocabulaire en introduisant en
masse, selon leur nationalité, des mots germains, anglais, français,
espagnols, italiens, plus ou moins bien affublés d'une terminaison
latine. Plus aucune gêne avec le latin 1 Si un rédacteur ignore le
mot messor, il écrira fa/calor ; au lieu de tumor, on aura même
enflura. La philosophie scolastique, de son côté, s'était créé un
vocabulaire très spécial : s'il parait offrir une certaine perfection
technique aux yeux du spécialiste, il rebutera toujours les lettrés.
Qu'on ne s'y trompe pas pourtant 1 Les écrivains purement mys
tiques écrivaient une langue qui n'aurait pas trop dérouté un
contemporain de saint Augustin.
5
66
LE LATIN CHRÉTIEN
littérature chrétienne. Mais j'ai l'impression d'être resté
en deçà de cette limite, car le domaine de la stylistique,
c'est encore celui de la langue. On peut donc parler d'une
langue des auteurs chrétiens, ou plus simplement d'un
cc latin chrétien », à condition de préciser, comme nous
venons de le faire, la notion que recouvre ce terme.
C'est toujours le latin, et lorsque Meillet (Esquisse d'une
histoire de la langue latine, p. 280) déclare : c( Entre la
langue la plus classique et celle de la Vulgate ou des
Pères de l'Église, il n'y a que des différences de détail »,
il a raison dans le domaine purement grammatical ; par
contre, dans 'le domaine du vocabulaire et de la stylis
tique, ce sont plus que des différences de détail. Dans
ce latin baptisé, nous reconnaissons la vieille langue
classique, mais, tout en portant les stigmates d'une
certaine décadence, réchauffée malgré tout, ayant acquis
une vie nouvelle ; c'est comme celle d'un peuple nouveau,
ce populus christian us qui a gardé, grâce à elle, pendant
dix siècles, la conscience de son unité.
DEUXIÈME PAR TIE
OBSERVATIONS GRAMMATICALES
MORPHOLOGIEl
J.
-
DÉCLINAISON
§ 46.
1. Emploi plus étendu de la DÉCLINAISON
GRECQUE :
-
ex., dans la première déclinaison, les ace. phantasian,
la/rian, etc. ;
les nom. tetrarches, cataractes ;
dans la deuxième, les neutres charadrion, epi
n icion, topazion, etc. ;
dans la troisième, les nombreux noms en -is,
gén., -eos, dat. -ei, ace. -in, gén. pl. -eon, tels que
haeresis, exomologesis, decapolis, etc. ;
et les nombreux ace. sing. en -a, ace. plur. �s,
comme dans la poésie classique.
§ 47. - Les DOUBLETS ne manquent pas : ex. leuites
et [euita ; pascha, -ae et pascha, -alis; botrus, -i et botrys,
-yos ; craiera, -ae et crater, -eris ; lampada et lampas,
etc. ; à plus forte raison dans les noms propres : ex. Eleu
sis et Eleusina.
1. Nous ne faisons que les remarques les plus générales, le
détai l étant l'afiaire du dictionnaire.
MORPHOLOGIE
CONJUGAISON
§ 48. - 2. Quelques PLURIELS HÉBRAÏQUES dans la
Vulgate : ex. Cherubim, Gen., 3, 24, plur. de Cherub.,
Ex. 25, 19 ; Philisthiim, Gen. 10, 14, à côté de Philis
thaei, 1 Par. 10, 2.
b. 2e au lieu de 3e : ex. altarium, à côté de allare ;
ossum, p. OS, ITAL., TERT.
68
§ 49. - 3. Extension des FORME S EN -abus dans la
1re déclinaison : ex. animabus, asinabus.
§ 50. - 4. Dans la 2e déclinaison, on trouve fréquem
VOCATIF meus, au lieu de mi.
ment le
§ 51. - 5. Dans la 3e, des GÉNITIFS EN -um, au lieu
-ium : ex. apum, prolum, pauentum, peccantum j
de
inversement
plebium pour plebum, etc.
§ 52. - 6. Des ABLATIFS NEUTRES EN -e, au lieu de i :
dulce, conclaue ;
-
ex.
ex.
et inversement des ablatifs en
in ueteri teslamenlo ;
surtout dans les comparatifs
-i, au lieu de -e
:
: inferiori; priori, etc.
§ 53. - 7. Dans la 4e déclinaison, des ABLATIFS EN -ui,
'
-u (plus rare) : ex. sexui suo despoliari, TERT,
Val. 32 ;
au lieu de
et inversement des
CYPR. Sodom. 44.
DATIFS EN u-
ex,·
luxu, PS.
§ 54. - 8. Certains noms ont CHANGÉ DE GENRE : ex.
camelus, f. (déjà dans Pline) ; compes, m., VVLG., LACT. ;
cuculla, f., HIER. ; testum, n., ITAL., SVLP.-SEV.
§ 55.
-
9. Cb:ANGEMENTS DE DÉCLINAISON :
a. 1er au lieu de 3e
:
ex.
relia f., p. rete, ITAL., FVLG.
69
c. 2e au lieu de 4e : ex. grados.
d. 3e au lieu de 2e : diacon et diaconus.
Au moyen âge, de nombreux pluriels neutres sont devenus
des féminins singuliers en -a ; on trouve déjà les féminins :
spolia, Avn. Serm. 146, 1 (Mai) ; lolia, ISID. Or. 17, 9, 105 ;
examina, VICT.-VIT. 1, 23.
Noter aussi ces variantes :
exanimus et exanimis.
unanimus et unanimis,
§ 56. - 10. Certains SINGULIERS SONT RARES OU INU
SITÉS dans la langue classique : ex. allare, uirgullum,
cunabulum, fomenlum, lenebra, etc.
11. On a recréé des COMPARATIFS EN PARTANT DE FORMES
§ 57.
SUPERLATIVES :
ex. nouissimiora, PASS. PERP'. 1, les plus récents (opp. à
nouitiora, plus récents, récents) ;
proximior, IREN. 1, 8, 5 ; CASSo Var. 11, 36 ;
maximior, HIER. Tr. 1 ln psal. p. 310, 1.
La plupart de ces formes n'ont pas été admises dans la langue
cultivée.
-
§ 58. - 12. On trouve parfois le nominatif uestri, au
uos : CASS., CAES.-AREL.
lieu de
1 59,
illum
13. Quelques formes aberrantes comme : 1110 pour llll ;
p. illud ; lpsud ; alium p. aliud ; gén. f. aliae ; dat. alio, etc.
-
II. - CONJUGAISON
§ 60. - 1. FUI, fueram, fuero, fuerim, fuissem, fuisse
SUM, eram, ero, sim, essem,
sont souvent employés pour
MORPHOLOGIE
CONJUGAISON
esse, dans les temps composés du passif ou des verbes
PASSIF, par une sorte de confusion avec l'adjectif verbal
-dus :
ex. desiderantissimus, AVG. Ep. 67 ; 25, 2 ; C YPR.
Ep. 4. 5, etc., très digne d'affection,
70
déponents, sans changement de signification :
ex.
narrauit se datum fuisse Manichaeis, AVG. Conf. 3,
12 ;
neque fuerini accusati, Parm. 1, 3, 4 ;
qui ausi fuerunt dissoluere, DION.-Ex. (Ma. 2, c.
1321) :
§ 61.
se retrouvent chez Arnobe, Prudence et
encore après eux : ex.
. ibid: 5, 7.
conuestirier, ARN. 5, 41 ; uelarier,
§ 62. - 3. On trouve souvent le verbe odi
odio, odire : VVLG., TERT., HIER .• etc.
comme
conjugué
Anomalies analogues dans les composés de
exiet, exiebam, iransiet, eic.
eo : ex.
§ 63. - 4. CHANGEMENTS DE CONJUGAISON : ex. exier
gere, qbstergere, pour extergere, abstergëre ; indulgeam,
Sm. Ep. 4, 24, p. indulgebo ; respondeam, AVG. Serm.
·
(Morin p. 133, 15) , p. respondebo ; cupiret, PASS. PERP.
3. p. cuperet. Consulter aussi le chapitre du subjonctif.
§ 64.
NENTS
- 5. On trouve fréquemment des verbes DÉP(}
employés avec un sens passif, des verbes dépo
. nents ayant pris la forme active ; ou, moins souvent. des
verbes actifs
NELS
à
forme déponente, des verbes
employés comme verbes personnels.
§ 65. - 6.
en
ou avec le participe passé passif :
ex.
conclamantissimus, ALCIM. (Peip. p. 60), le plus
illustre.
- 2. Les formes archaïques , et poétiques en
-ARIER, -IRIER
71
Quelques
ployés adjectivement
IMPERSON
"
PARTICIPES PRÉSENTS sont emAU SUPERLATIF ET AVEC UN SENS
§ 66.
7. Certains cas de TMÈSE sont inconnus dans la litté
rature classique :
ex. qui in hisdem diebus tantae sollennitati inter non tuerit,
PERBG. 49, 2 ;
pseudo quo christiana, VERBC. Canto Eccl. 2, 5 ;
nihil esse debet inter, LVCIF. p. 3 , 8.
-
SYNTAXE
La syntaxe du latin tardif pourrait se résumer d'une
ligne :
violée ».
«
Il n'est pas une règle classique qui n'ait été
Voilà comment s'exprimerait un puriste. Mais nous
n'avons plus aujourd'hui le préjugé « classique », et
nous savons que les langues évoluent. Que les écrivains
chrétiens parlent la langue de leur temps, ce n'est pas
un défaut. Ce qui est un défaut et que l'on peut qualifier
cette fois de
«
décadent », c'est l'anarchie et l'incertitude
grammaticale, défaut, il est vrai, que l'on constate
surtout chez les auteurs de deuxième ou de troisième
ordre. Pour employer l'indicatif au lieu du subjonctif
dans une interrogation indirecte, un écrivain ne peut
être qualifié de décadent, si cet usage est devenu habi
tuel, donc normal et « régulier » en quelque sorte. Mais
il mérite ce qualificatif dans la mesure où, par exemple,
il utilise tantôt un mode tantôt l'autre dans des condi
tions absolument semblables, ou bien s'il brouille l'usage
des démonstratifs et les emploie indifféremment l'un
pour l'autre. L'instrument de précision que doit être
une langue s'est alors détérioré. Malgré l'abandon de la
plupart des usages classiques, les écrivains cultivés, et
dans la mesure où ils étaient cultivés, ont su maintenir,
même au Moyen Age, une tradition : c'est alors une
syntaxe augustinienne, sinon cicéronienne.
CHAPITRE PREMIER
EMPLOI DES CAS
J.
-
NOMINATIF
§ 67. - 1. Certains nominatifs sont ou bien f en l'air t, employés
d'UNE MANIÈRE ABSOLUE, par une sorte d'anacoluthe, ou bien
le mot au nominatif devrait se rapporter à un terme de la propo
sition :
ex. nouiter ueniens quis ad conuersationem non ei facilis tribuatur
ingressus; BEN. Reg. 32, si quelqu'un se présente soudain à la
vie monastique, qu'on ne l'accepte pas facilement ;
pendebant quin immo circa eos
anxia uota
ciuita tis,
crescens supra priuatos publicus amor, CASSo Var. 3, 5, 4, ...
l'intérêt public faisant oublier les sentiments priVés ;
malens spiritus Dei dicere (et ensuite un autre sujet),
GELAS. Tr. 3, 2 ;
benedicens nos episcopus, pro/ecti sumus, PEREG. 16, '1
'(cf. chp. XII, 7).
..•
§ 68. - 2.
Exemple de NOMINATIF EXCLAMATIF :
CASSo Var. l, 45,
o artis inaestimabilis uirtus !
II.
-
9.
VOCATIF
f 69. - Dans le latin tardif, et pas seulement chez les auteurs
çhrétiens, on rencontre des PARTICIPES, employés au vocatif :
ex. 0 ipse inuisus... et comprehense, ARN. l, 31 ; moriture,
FORT. 4, 15 ;
et même des adjectifs verbaux :
ex. meritos inter commemorande uiros, Avs. 199, 6.
• Nous présentons en petits caractères, plus souvent que dans
une remarque, les faits grammaticaux qui semblent assez excep
tionnels.
76
EMPLOI DES CAS
ACCUSATIF
III. - ACCUSATIF
§ 70. - 1. Comme dans Plaute, certains
MENTS D'OBJET DÉPENDENT D'UN NOM :
COMPLÉ
ex. pristinum doctor, TERT. Prax. 1, celui qui enseigne
l'ancienne doctrine ;
aduentum praecursorem, OROS. Apol. 16, 2, qui a
devancé l 'arrivée ;
ou D'UN ADJECTIF à racine verbale, celui-ci
étant considéré comme un participe (ignarus, en latin
classique, peut se construire avec une proposition
infinitive ou une interrogation indirecte) :
ex. dispersionis exitum querulus, TERT. Res. 31 ;
tam necessariam absentiam eius impatiens, Scorp.
3.
§ 71. - 2. L'ACCUSATIF DE RELATION à l'imitation
du grec, est plus étendu que dans la langue classique,
soit avec un verbe intransitif :
ex. caput meum doleo, VVLG. 4 Reg. 4, 19;
cum oculum grauiter dolere coepisset, SVLP.-SEV.
Mari. 19, 3 ;
soit surtout avec un verbe passif (cf. cl. indutus) :
ex. aeratus crepidam, TERT. Pall. 4, chaussé d'aJrain ;
exutus stolam nuptialem, VICT.-VIT. 3, 36 ;
in me oculos tuos fixus es, CYPR. Ad Don. 1 ;
a daemone potala est obliuionis medicamentum,
IREN. 2, 33, 2, le démon lui a fait boire la médecine
d'oubli ;
quae mandatus est a Patre, TERT. Prax. 8, ce dont
le Père l'a chargé ;
77
soit après un nom et ayant la valeur d'un com
plément de qualité :
, ex. celeris hoc genus pestibus, AVG. Ordo 2, 4, 12
( = eiusdem generis) .
§ 72. - 3. DOUBLE ACCUSATIF, avec d'autres verbes
que doceo, rogo, celo, etc. ;
ex. expoliantes uos ueterem hominem, VVLG. Col. 3,
9, vous dépouillant du vieil homme ;
calcia te caligas tuas, Act. 12. 8 ;
induit enim me indumentum salutaris, TERT.
Marc. 4, 11 (cf. nO 4) ;
hoc commemorat Iudaeos, AVG. Serm. (Morin
p. 148, 20) , il le rappelle aux Juifs ;
procul positos ueneni uirus in/undat, VICT.-VIT.
2, 37 ;
exigere aliquem aliquid, CASSo Var. 11, prae/. et
avec un passü :
cibari eos panem lacrymarum, PASS. VII MON. 5 ;
exorati iustum, CASSo Var. 2, 27, comme o n leur
avait demandé ce qui est juste.
§ 73. - 4. ACCUSATIF DE MtME SENS OU DE MtME
RACINE que le verbe, avec ou sans adjectü ou déter
minatif :
ex. iudicare iniquitatem, VVLG. Ps. 81, 2, prononcer
un jugement inique ;
qui non loquimur magna, sed uiuimus, CYPR.
Bon. pat. 3, nous dont la grandeur n'est pas dans nos
phrases, mais dans nos actes ;
Tyrus sabbatizauit sab'bala sua, HIER. Ez� 9,
29, 8 ;
cf. nec a me tolae (noctes) dormiuntur, AVG. Ep. 13, 1.
EMPLOI DES CAS
GÉNITIF
§ 74. - 5. ACCUSATIF COMPLÉMENT D'OBJET avec des
verbes qui, dans la langue classique, sont intransitifs
ou construits avec le datif, l'ablatif :
ex. machinis construcUs omniaque genera tormentorum adhibita,
lORD. (Momm. p. 119) ;
quinque psalmi ... repetaniur... lectionum uel uersuum
<;ispositionem unitormem cunctis die bus seruatam, BEN. Reg. 18.
78
ex. fructificet terra herbam, TERT. Herm. 29 ( Gen. 1,
11) ;
praeuaricare caerimonias, V VLG. Leu. 5, 15, violer
les cérémonies ;
exire ianuam, Mat. 26, 71 ;
exire domum, HIER. Ep. 22, 25 ;
praeuaricare mandatum, C. Pelago 3, 6 ;
ne molle otium consuescani, CASSo Var. 1, 24.
Voir, dans le dictionnaire, d'autres exemples, aux
mots careo, indigeo, utor, etc.
§ 75. - 6. A l'accusatif complément de lieu, on
trouve, contrairemerit à l'usage classique, des NOMS DE
PAYS SANS PRÉPOSITION :
Autres ex. chez LVCIF., GREG.-T., ENNOD.
§ 77h18•
-
APRès DES PRÉPOSITIONS QUI GOUVERNENT NORMALEMENT L'ABLA
TIF, comme sine, pro, de, cum : voir des exemples dans le diction
naire.
§ 78. - 10. Certains noms propres s'emploient d'une manière
INVARIABLE A L'ACCUSATIF :
ex. in uil/a Cellas nominala (Bonnet, p. 571, note) ;
in castello quod Nouas dicitur, GREG.-M. Ep. 9, 155,
p. 155, 22 ;
cf. Vltas palrum Emeritensium, qui semble un hispanisme.
§ 79.
-
11.
dum missas dicunlur, p. 181, 14.
IV. - GÉNITIF
ex. uenit iterum in Cana Galilaeae, VVLG. 10. 4, 46.
christianos esse in causam, TERT. Apol. 40 ;
in insulis relegamur, Apol. 12 ;
iaceni in sepulcra, HIER. Tr. l in psal. p. 66, 15.
§ 77.
-
8. L'accusatif absolu n'apparaît qu'à une époque rela
tivement tardive :
Accusatif CONFONDU AVEC LE NOMINATIF :
ex. lestiuitales sunt el missas, CONC. MEROV. p. 127, 7 ;
et inversement des noms de ville avec préposition :
-
9. Dans les inscriptions, les écrits d'un caractère popu
laire les auteurs d'une très basse époque, on trouve L'ACCUSATIF
ex. perrexit Aethiopiam, HIER. Ep. 53, 1 ;
§ 76.
7. La langue populaire NE DISTINGUAIT PAS
ENTRE LA NOTION DE LIEU Où L'ON EST ET LA NOTION DE
LIEU Où L'ON VA (in mentem esse, PL.). Le latin tardif
les confond assez souvent. On en verra des exemples
dans le dictionnaire, notamment à la préposition in :
79
Les emplois que nous allons passer en revue, sauf les
hébraïsmes, les hellénismes (génitif complément du com
paratif, génitif absolu), appartiennent aussi au latin
classique ; mais le latin tardif et les auteurs chrétiens
én particulier se distinguent par plus de hardiesse dans
l'application.
§ 80.
-
1. GÉNITIF OBJECTIF :
ex. persecutio nostri, CYPR . Ep. 52, 2, la persécution
CONTRE nous ; ueritatis error, Mort. 1, l'égarement LOIN
DE la vérité ;
80
GÉNITIF
EMPLOI DES CAS
promissiones patrum, Rom. 15, 8, les promesses
FAITES A nos pères ;
commutationem Christi, Ps. 88, 52, le changement
A L'ÉGARD DE votre Oint ;
potestates spirituum immundorum, Mat. 10, 1, le
pouvoir SUR les esprits impurs ;
sine ulla sui contumelia, AVG. Bapf. 2, 1, 2
(= erga se) ;
Dei reprehensio, Praedest. 8, 16, reproche FAIT A
Dieu ;
ad Dei deuolionem, Ps.-AVG. Qu. test. 47, 3 ;
fundi controuersia, CASSo Var. 1, 5, différend A
PROPOS d'un domaine.
ex. carilas Dei ad hominem, SERM. ARR. FRG. 2, 10 ;
absentia nostri, HIER. Ep. 127, 8 (voir d'autres
exemples aux pronoms personnels, III, 3).
•
-
paralysis peccatorum, CAES.-AREL. Serm. (Morin
p. 273, 27), la paralysie DUE AU péché.
Le style espagnol aime les redondances de ce genre :
'
iniquitatum facinora, MOZAR. Sacram. p. 364 ;
dilectio carilatis, p. 231 ;
mandatorum praecepta, p. 842 ;
cf. ira indignationis, VVLG. Ps. 77, 45.
Exemples de génitifs explicatifs DE TEMPS :
posi mille annos mortis suae, LACT. lnsi. 7, 22, 8 ;
annus sextus depositionis suae, EVGIPP. Vit. Seu.
44, 6 ;
anie annos Vrbis conditae MCCC, OROS. Risi. 1, 4, 1.
§ 83. - 4. GÉNITIF D'ORIGINE :
§ 81. - 2. GÉNITIF SUBJECTIF :
§ 82.
81
3. GÉNITIF EXPLICATIF ou d'identité :
ex. sacramenium infanticidii, TERT. Apol. 7, le rite
de l'infanticide ;
baptismum paenitentiae, VVLG. Luc. 3, 3 ;
fici arbor, Mat. 24, 32 ;
arbores rosae, PASS. PERP. 11 ;
sycomori arbor, AVG. Serm. 113, 3 ;
arbores citriorum, C. Faust. 21, 12, citronniers ;
osculum pacis, Serm. 204, 1 ;
proelium tentationis, Serm. 210, 2 ;
Deus misericordiarum, Conf. 5, 9 ;
omni humilitatis subieclione, BEN. Reg. 3 ;
pietatis remedium, CASSo Var. 4, 41 ; .
ex. laetitiae salutaris iui, VVLG. PS. 50, 13, la joie de
votre salut ;
uerba pectoris, HIER. Ep. 22, 7 ;
uirgo Dauidicae stirpis, LEO-M. Serm. 21 ;
dolor filiorum, Ps.-AVG. Qu. test. 127, 30, la douleur
QUI VIENT DES fils ;
lndici maris conchae, CASSo Var. 1, 35.
§ 84.
5. GÉNITIF D'APPARTENANCE, signifiant « fils
de » (cl.), « époux de, esclave de, veuve de, etc. »
(hellén.) :
-
ex. luda Simonis, VVLG. 10. 6, 71 ;
Maria Cleophae, 10. 19, 25, femme de Cléophas
(of) 'toi) KÀoomi) ;
Paula Toxitii, HIER. Ep. 107, 13, veuve de
Toxitius ;
cf. Christi esse, être du Christ, lui appartenir.
EMPLOI DES CAS
GÉNITIF
§ 85. - 6. LE GÉNITIF DE QUALITÉ devient plus fré
quent que l'ablatif :
in aclione praecipitationis, ibid. 1, 25, 35 ;
puritatis deuotione, BEN. Reg. 20 (= pura deuo
lione) ;
, cf. avec prépos., homo de ciuitate, VIT. PATR. 6, 3, 15,
un citadin.
82
ex. homines bonae uoluntatis, VVLG. Luc. 2, 14 ;
Deus. . . patiens et multa� misericordiae, Ps. 85, 14 ;
uir bonae memoriae, CYPR. Ep. 71, 4 ; cette
dernière expression complète souvent un nom propre :
CASS., GREG.-M., etc. ;
homo totius iustitiae, LVCIF. Moriend. 12 ;
homines uel mediocris intelligentiae, CASSo Var.
12, 5.
§ 86.
-
83
7. GÉNITIF, AU LIEU DE NOM ATTRIBUT :
ex. cui artis erat uestimenta componere, GREG.-T. Mart. 2,
58, dont le métier était de faire des habits ;
nobis consuetudinis est ut, PEREG. 10, 7, c'est notre
habitude de.
Le génitif de qualité, non accompagné d'une épithète,
ÉQUIVAUT A UN ADJECTIF. On le trouvait déjà chez
Plaute, Catulle et les écrivains postclassiques (cf. homo
iustus et morum, ApVL.) Il s'est largement développé
sous l'influence des traductions latines de la Bible.
§ 87. - 8. GÉNITIF AUGMENTATIF ; bien qu'il ne soit
pas inconnu à la littérature profane (xClxà XClXOOV, SOPH.
Oed. Col. 1238 ; uictor uictorum, PL. Trin. 309) , c'est
avant tout un hébraïsme :
ex. mons sanctificationis, VVLG. Ps. 77, 54, mont
sacré ;
uiri sanguinum, Ps\ 25, 9, hommes sanguinaires ;
uiri diuitiarum, P.-NoL. Ep. 34, 4 ;
uas electionis, CYPR. Hab. uirg. 23 et VVLG.,
vase d'élection, choisi (en parlant d'une personne) ;
cibum salutis, Dom. orat. 18 ;
spiritus uirtutis, VVLG. Sap. 5, 24, vent impétueux ;
ciuitas sanguinum, HIER. Ep. 53, 8 ;
homo potestatis, PETIL. ap. AVG. C. litt. Petil. 4,
31, 70, un puissant ;
oculus carnis, Conf. 6, 16, l'œil charnel ;
Dominus gloriae, Serm. 213, 3 ;
iniquitatis uiri, AMBR. Ep. 5, 19 ;
Deus maiestatis, FORT. Carm. 11, 1, 19 ;
uita duplicitatis, GREG.-M. Moral. 9, 49, 85 ;
§ �8. - 9 .. GÉNITIF DE MATIÈRE, au lieu d'un adjectif
ou de ex avec l'ablatif :
ex. super caelum caeli, VVLG. Ps. 67, 34, au plus haut
des cieux ;
caeli caelorum, 3 Reg. 8, 27 ;
uanitas uaniiatum, Eccl. 1, 2 ;
millia millium, Apoc. 5, 12 ;
Dom in us dominorum, rex regum, ibid. 17, 14 ;
sublimitaies sublimiiaium, TERT. Val. 7.
ex. ferri circulum, HIER. Ep. 7, 3 ;
statua salis, In Is. 16, 57, 7 ;
cf. oculus carnis, AVG. Conf. 6, 16.
Certains génitifs explicatifs précisent la nature d'un lieu :
ex. lapidum loca, VICT.-VIT. 2, 36 ;
loca siluarum, ibid. l, 37 (l, 11) (
=
loca siluosa.)
84
EMPLOI DES CAS
§ 89. - 10. GÉNITIF DE CAUSE, avec d'autres verbes
que condemno, accuso, etc. :
ex. criminis cuius impetuntur, CASSo Var. 4, 23 ;
cuius meriti sepultus, SVLP.-SEV. Mart. 11, 4.
§ 90. - 11� GÉNITIF COMPLÉMENT D'ADJECTIFS qui,
dans la langue classique, ne sont pas construits avec ce
cas :
ex. (avec dignus, poét. cl.) dignum tantae feminae
habilaculum, HIER. Ep. 77, 8 ; digni Dei caelorum,
COMM. Apol. 664 ;
exsul paradisi, HIER. Iou. 2, 15 ; exsul pectoris tui,
AVG. Serm. 311, 13 ;
mendaciorum loquacissimus, TERT. Apol. 1(j ;
aurium caeci, An. 10 ;
infirmo. . . domillandi, Adu. Marc. 4, 21 ;
ingratus beneficiorum Dei, HIER. Is. 18 pr. ;
promptus disserendi, SVLP.-SEV. Chrono 2, 46, 3 ;
conscius sui, CASSo Var. 11, prael.
§ 91. - 12. GÉNITIF TOPOGRAPHIQUE, au lieu de nom
en apposition (urbem Pataui, CATVL. ; lacus Aruerni,
VIRG.) :
ex. in Iordanis {lumine, VVLG. Marc. l, 5 ;
ad {lumen Iordanis, AVG. Serm. 288, 2 ;
oppidum Stridonis, HIER. Vir. ill. 135 ;
cf. in Thebaidis locis, VIT. PATR. 7, 19, 3, C. 1044 A .
§ 92. - 13. NOMS DE PAYS EMPLOYÉS A U LOCATIF :
ex. Palestinae, HIER. Vit. HiZ. 44, en Palestine.
GÉNITIF
85
§ 93. - 14. GÉNITIF DE LIEU s'expliquant par une ellipse ou
par l'absence d'article :
ex. Bellonae (s.-ent. templum), TERT. PaU. 4.
in Regnorum (s.-ent. libris), lud. 13 ;
Cata Pauli (s.-ent. domum), AGAP. II (M. 133, C. 916 A) .
§ 94. - 15. GÉNITIF COMPLÉMENT DU
(hellénisme) :
COMPARATIF
ex. maiorem Asiae et Africae terram, TERT. Apol. 40,
terre plus grande que l'Asie et l'Afrique ;
angeli inleriores Dei, Carn. Chr. 3 ;
maiora horum audiuit auris mea, VVLG. Eccli. 16, 6;
maiora horum uidebitis, IREN. 4, 9, 2 ;
omnium maior, HIER. Ep. 108, 3 ;
maior messorum, AVG. Parm. l, 14, 21 ;
lortior omnium, Ps.-AVG. Qu. test. 92, 1.
Dans des exemples comme le précédent, ou comme
celui-ci :
cum sis omnium minor, VIT. PATR. 5, 10, 28,
il semble que l'on confonde le comparatif avec le super
latif ;
cf. omnium artium innocentior, ARN A.
C.
603 B.
§ 95. - 16. C'est encore un hellénisme, ce GÉNITIF COMPLÉMENT
D'OBJET de verbes, tels que audio, ITAL. Dan. 9, 6, ap. CYPR.
Laps. 31 ; dominor, TERT. Apol. 26 ; AVG. Ciu. 20, 9.
§ 96. - 17. Les exemples de GÉNITIF ABSOLU sont exceptionnels ;
Certains sont douteux ou semblent l'effet d'une inadvertance
de traducteur :
cogitantium omnium, ITAL. Luc. 3, 15 (ÔLUÂ.OYLtO!'évcov ",aV1:cov) ;
inter se inuicem cogitationum accusantium, Rom. 2, 15 (VVLG.
cogitationibus), la diversité des opinions les accusant ;
extremae conlusionis non habentis propriam substantiam,
lREN. 2, 7, 1, confusion extrême et sans existence propre ;
DATIF
EMPLOI DES CAS
86
cf. uidentibus quingentis uiris ... et omnium apostolorum,
(Morin, Études J, p. 250) .
HIER.
§ 97. - 18. Génitif complément du nom, QUAND ON
S'ATTENDRAIT A UN DATIF COMPLÉMENT DU VERBE :
ex. ad /idem illius abrogandam, ARN. 3, 1 ;
si tantam curam instructionis nostrae insumpsit
Spiritus Sanctus, TERT. Herm. 22 ;
comites homicidii adiungere, PASS. PERP. 21 ;
ille tune imber... mortem intulit corporum, INTERP.
Io.-CHRYs. Hom. 7, 7 ;
ibi accessus Romanorum non est, PEREG. 20, 12.
§ 98.
19. Génitif, AU LIEU DE in ou ad AVEC L'AC
CUSATIF :
-
ex. ante litoris exitum, AVG. C. part. Don. 10, 14,
avant la sortie sur le rivage.
V. - DATIF
En dehors des constructions spéciales à tel verbe ou
à tel adjectif, ce que l'on pourra trouver dans le diction
naire, voici les principales particularités à signaler :
§ 99.
1. LE DATIF D'INTÉRtT prend de l'extension
et marque le but, la direction, ce vers quoi l'âme tend
(emploi analogue déj à observé chez Virgile, Tacite) :
-
ex. psallam nomini tuo, VVLG. Ps. 7, 18 ; cf. exultare
Domino, iubilare Deo, fréquents dans les Psaumes ;
mundo periit et Christo reuixit, HIER. Ep. 38, 12 ;
modo nali sunt Christo, qui prius nati luerant
saeculo, AVG. Serm. 228, 1.
87
A remarquer d'autre part : peccaui tibi, Ps. 40, 4, j 'ai
péché contre vous ; qui bene nobis meriti luerint, CASSo
Var. 5, 27, au lieu de de no bis.
Mihi peut s'employer au lieu de meus ;
ex. nunc ad te mihi omnis dirigitur oralio, HIER.
Ep. 22, 15 ;
filius mihi mortuus est, Tr. lj in psal. p. 92, 1 ;
ad te ergo nunc mihi sermo dirigitur , BEN.
Reg. prolo ;
cf. mulieri quae uolebat illi tangere pedes, AVG.
Serm. 5, 7 (= eius) .
A rapprocher du datif d'intérêt, ces DATIFS
semblent appartenir à la langue vulgaire :
EXPLÉTIFS,
qui
ex. sedete uobis, PEREG. 36, 5 ;
gustauimus nobis, ibid. 4, 8, nous nous sommes restaurés ;
ambulauimus nobis per heremum, ANTON. Jtin. 36 ;
tu te tibi arbitraris contumeliam te pati, LVCIF. p. 251, 6
(voir le chapitre des pronoms personnels, § 170).
Par contre, on trouve déjà chez Plaute, Catulle, Quin
tilien, des datifs d'intérêt qui désignent la personne qui
juge, et chez nos auteurs :
nemo Deo pauper est, LACT. Inst. 5, 18, aux
yeux de Dieu ;
qui ceteris deus, sibi certe homo est, MINVC. 29, 4. .
§ 100.
2. Le datif se rencontre comme COMPLÉ
MENT D'AGENT après un passif, au lieu de l'ablatif
(exemples déjà dans Plaute, Varron, et même Cicéron) :
-
ex. commissa sibi flagitia, AMBR. Psa/. 37, 2 ( = a se) ;
singulis aequaliter colligebatur (manna) , CYPR.
Ep. 69, 14, chacun en recueillait une part égale ;
tanto episcoporum numero damnati sunt, AVG.
EMPLOI DES CAS
88
Parm. 1, 11, 18 (dans quelques exemples, on peut y
voir un ablatif sans préposition) ;
consulibus pulli pascuntur, SALV. Gub. 6, 12 ;
quaesitus aduersario testis, MAMERT. St. an. 2, 9,
p. 134 ;
huic igni mundatur, HIER. Tr. II in psal. p. 274,
12 ;
nihil dignum morte actum est ei, VVLG. Luc.
23, 15, il n'a rien fait qui mérite la mort (hellénisme) ;
despectus patri, AMBR. Ep. 2, 24.
Dans l'exemple suivant, le datif s'explique par un désir de
parallélisme :
Palaestinae interrogaris et respondes Aegyplo, HIER.
C. Joan. 4, la Palestine t'interroge et c'est à l'Égypte que tu
réponds.
On trouve ce datif avec un adjectif :
omnl regno desiderabilis esse de bel lranquil/itas, CASSo
Var. 1, 1,
1.
3. DATIF DE L'ADJECTIF VERBAL EXPRIMANT
§ 101.
LE BUT, au lieu de ad et l'accusatif :
-
ex. mulcendis sensibus... hortorum facies amoena;
CYPR. Ad Don. 1, le délicieux aspect des jardins, bien
fait pour flatter les sens.
§ 102.
4:. DATIF DE DIRECTION, au lieu de ad et
l'accusatif :
-
ex� optatae tranquillitati nauem perducere, AVG.
Beat. uit. 1, 4 ;
libros mihi directos, HIER. Pachom. pr. (le latin
cl. emploie aussi le datif avec mitto) ;
uniuersae Africae destinauit, VICT.-VIT. 2, 38, il
envoya à toute l'Afrique ;
DATIF
89
exilio trudebatur, ibid. 1, 22 (= in exilium) ;
(uasa) sacris liminibus deportari, CASSo Var. 12, 20.
5. DATIF DE LIEU, même avec des verbes
§ 103.
simples :
-
ex. posui ori meo custodiam, VVLG. Ps. 38, 2 (= im
posui) ;
quibus dominorum clementia noluit descendere,
CASSo Var. 11, 16 (= condescendere) .
§ 104.
6. DATIF COMPLÉMENT D'ADJECTIFS qui n'ad
mettent pas cette construction en latin classique :
-
ex. exosam Deo superbiam, PS.-RVF. In Am. 6, 1 ;
dulcis erat iusto principi rationabilis contrarietas
obsequentis, CASSo Var. 8, 9, le juste prince accueillait
avec plaisir la contradiction raisonnable d'un sujet
respectueux.
§
105.
-
7. DATIF COMPLÉMENT DU COMPARATIF :
ex. nullumque sibi asserebal esse prudentiorem,
Hist. 6, 46 ;
1, 8 ;
esto subditus et humilior
omni creaturae,
GREG.-T.
VIT. PATR.
5,
maiores tibi aut coaetanei, ibid. 5, 15, 76 ; dans ces derniers
exemples, le datif s'explique aussi pour le voisinage d'un autre
adjectif gouvernant ce cas.
§ 106.
8. Est avec le datif signifie parfois cc IL
APPARTIENT A, c'est le propre de » (gén. en lat. cl.) :
ex. animae corporatae est per corpus sentire corporea,
eidemque sine corpore uidere incorporea, MAMERT.
St. an. 1, 23, l'âme associée à un corps sent grâce à ce
dernier les choses matérielles, de même que sans lui
elle aperçoit l'immatériel.
-
EMPLOI DES CAS
90
ABLATIF
VI. - ABLATIF
§ 107.
1. Par suite de l'emploi de plus en plus
fréquent des prépositions, l'ABLATIF SEUL SE RENCONTRE
. MOINS SOUVENT que dans le latin classique. Voici pour
tant quelques exemples d'ablatifs employés sans la
préposition a, pour exprimer la SÉPARATION :
-
donis spiritalibus enudari, VEREC. Canto 8, 1 ;
uacuabat alios la bore, CASSo Var. 9, 24, il déchar
geait les autres de leur travail.
§ 108.
-
2. ABLATIF DE LIEU sans la préposition in 1
ex. non orbis terrae uno angulo aedificabatur, A VG.
Ep. 142, 2 ;
suis separatis conuenticulis congregantur, Parm.
1, 12, 19 ;
paruo oppido morabatur, EVGIPP. Vit. Seu. 1 ;
pulpito sistens, VICT.-VIT. 1, 41 (cf. V, 5).
On le trouve même au lieu d'un locatif
:
Epheso,
VVLG.
Apoc. l, l1.
§ 109. - 3. L'ABLATIF ADVERBIAL cOITespond à un
emploi plus étendu de l'ablatif de manière :
91
ex. sana mente putare, AVG. Ciu. 1 , 18, raisonnablement ;
simplici mente pensare, AMBR. Hex. 2, 1, 3 ;
firma mente tenere, HIER. Ephes. 3, 5, 4 ;
intrepida mente respondebo, Orig. Luc homo 35,
hardiment ;
fera mente, COMM. Instr. 1, 28, 24, sauvagement.
§ 1 10. - 4-. ABLATIF DE DURÉE, au lieu de l'accusatif :
ex. manebit paucis diebus, HIER. Pachom. 49 ;
mansi apud eum die bus quindecim, VVLG. Gal. 1, 18;
mullo fempore iacuit, VICT.-VIT. 1, 40 ;
lecfurus tota hebdomada, BEN. Reg. 48, celui qui
doit lire toute la semaine.
§ 1 1 1 . - 5. ABLATIF COMPLÉMENT D'AGENT AVEC UN
NOM :
ex. uastationem totius
HIER. Ep. 118, 2.
barbaro
hoste
prouinciae,
§ 1 12. - 6. ABLATIF DE MESURE, au lieu de l'accusatif :
ex. latus est duo bus pedibus, MAMERT. St. an. 1, 20.
§ 1 13. - 7. ABLATIF DE L'ADJECTIF VERBAL dépen
dant d'un adjectif :
ex. iniustitia, TERT. Herm. 11, injustement ;
uoluntate, CYPR. Ep. 56. 1, volontairement,
et fréquemment aussi chez A VG. ;
uirgines carne, non spiritu, HIER. Ep. 22, 5,
vierges physiquement, non moralement.
ex. conspiciendo Deo digni, CYPR. Ep. 6, 1, dignes de
voir Dieu.
Un grand nombre de compléments circonstanciels
avec le mot mente annoncent la formation des adverbes
français en -ment :
ex. qui se possunf monitore compelli, CASSo Var. 7, 26 ;
quos a discipulis suis, sese hic constituto (en sa
présence), maluit baptizari, A VG. Ep. ad cath. 21, 58 ;
§ 1 1 4. - 8. ABLATIF ABSOLU SE RAPPORTANT AU SUJET
de la proposition :
92
EMPLOI DES CAS
quibus pergentibus audiunt, GREG.-T. Hist. 3,
15, en y allant ils apprennent (voir syntaxe du participe,
ch. XII, 6).
§ 1 15. - 9 . .ABLATIF ABSOLU du type Cicerone consule,
avec d'autres noms qu'en latin classique :
ex. adhuc diacono Caeciliano, AVG. Breu. coll. 3, 12, 24.
Ablatif absolu AVEC SUJET SOUS-ENTENDU :
ex. non solum non faciebamus, sed nec facientibus
(sous-entendu eis) lacebamus, Parm. 3, 4, 23, . . . mais de
plus, quand ils le faisaient, nous ne nous taisions pas.
§ 1 1 6. - 10. ABLATIF COMPLÉMENT DU SUPERLATIF,
par suite de la confusion du comparatif avec le super
latif et de l'affaiblissement de leurs sens respectifs :
ex. se omnibus sanctis (var. ex omnibus) infimum
dicere, HIER. Ephes. 3, 8.
§ 1 17. - On verra dans le dictionnaire des complé
ments du comparatif avec les prépositions de, prae, super,
extra, ultra, inter.
§ 118. - 11. Ablatif d'un nom de ville, AU LIEU DE L'ACCUSATIF
OU DU NOMINATIF :
ex. Sieea Veneria el Larlbus duas esse eiui/ales, VICT.-VIT. 2, 22;
urbs Laribus, CORIPP. loh. 6, 143 ;
iuxla fluuium Ira, lORD. Gel. 45 ;
cf. Metis, Metz, ancien ablatif de mela, devenu nominatif à
l'époque mérovingienne.
CHAPITRE II
PRÉPOSITIONS
On verra dans le dictionnaire les sens nouveaux des
différentes prépositions, de même que les locutions
formées de prépositions et adverbes.
Nous voudrions simplement attirer l'attention sur
les particularité suivantes :
§ 1 19. - 1. Les exemples sont nombreux de PRÉPO
SITIONS QUI NE SONT PAS RÉPÉTÉES (Varron, Vitruve
en offrent déjà quelques-uns) :
non in gymnasiis sed igne iaculati, TERT. Specl. 30 ;
propter humilitatis formam, quam ( = propter
quam) docendam uenerat, AVG. Ep. 55, 18, 33 ;
secundum hanc pulchriludinem magis quam corpus
(= secundum corpus) sumus ad imaginem Dei, Ep. 120,
4, 2Q ;
in hac amentia, qua uiuis nunc, LVCIF. p. 317, 28 ;
de sermone, quo uertitur conlrouersia, AVELL.
p. 200, 2 ;
ad causam, quam direcfus fuerit, CASSo Var. 4, 47, 4;
per... mansiones quas ueneramus, PEREG. 21, 5.
§ 120. - 2. Certaines ELLIPSES avec les prépositions
s'expliquent par l'ABSENCE D'ARTICLE :
ex. praeter in Spirilum Sanctum, PS.-A VG. Qu. lest.
102, 12, excepté ceux (les péchés) contre le Saint-Esprit ;
ex gentilibus iudaizare debere docebat, ibid. 60, 2, il
PRÉPOSITIONS
PRÉPOSITIONS
enseignait à ceux qui venaient du paganisme qu'ils
devaient adopter les rites juifs ;
de uirginis exire, TERT. Virg. uel. 8, cesser d'être
vierge ('Coti 'rijc; 1CaQBÉvo'IJ Ë;tÉVaL) ;
intuitu, VLP., FORT., CASS., ADAM., dans l'inten
tion de, par, pour ;
merito, LACT., VICT.-VIT, grâce li ; (et même) à
cause de :
pour de cuius « des choses de qui, de l'affaire de qui Il,
voir le dictionnaire au mot qui!.
ex. sanctorum merito, VICT.-VIT. 1, 35, à cause de la
présence des saints (les démons se livraient à toutes
sortes de maléfices, donc sens purement causal) ;
ministerio, HILAR., ENNOD., par le moyen de,
grâce à ;
sub obtentu, LACT., FORT., CYPR., sous le couvert
de ;
obtentu, 10 en prétextant, sous le prétexte de
(Sm.) ;
20 pour le motif de, par (Sm.) ;
30 en considération de (EvGIPP.) ;
40 pour obtenir, pour (RER. MEROV.) ;
94
§ 121. - 3. Les poètes de notre époque usent plus
largement que les poètes classiques de la métathèse
qui consiste à placer la préposition après son régime :
ex. famulo sine, P.-NoL. Carm. 16, 286.
§ 1 22. - 4. Les classiques emploient certains ablatifs,
suivis d'un complément au génitif, avec la valeur d'une
préposition : causa, gratia, beneficio, auxilio, arte,
fraude, dolo, insidiis, consilio, uoce, etc.
Nos auteurs ont encore étendu cet usage :
ex. aestimatione, en considération de : dum... , meri
torum aestimatione, penderemus incerto, ENNOD. Ep. 5, 3
( Vog. p. 183, 9) , alors que nos méfaits nous laissaient
tout à craindre ( = pro meritis, dit Vogel) ;
beneficio offre de nombreux exemples où le sens
primitif a complètement disparu : aestus ualidus tur
barum beneficio, ·PASS. PERP. 3, on y étouffait à cause
de la foule ;
contemplatione, en considération de (EvGIPP.),
selon (LACT., AMBR.) ;
indultu, Sm., grâce à ;
1. Exemple analogues dans la langue vulgaire des sermons de
saint Augustin : ergo de Dei das Deo, Serm. 168, 5 : cf. 232, 4 ;
Frangip. 1 , 5.
95
officio, ALCIM., par l'entremise de, grâce à ;
opportunitate, ALCIM., grâce à ;
cf. ad ostensionem, VICT.-V�T. 2, 9, devant, à la vue de.
sous les yeux de : mulieres... ad ostensionem totius ciui
tatis ducebantur, VICT.-VIT. 2, 9 (ad n'exprime pas ici le
but) ; in ostensione cunctorum, ibid. 3, 35.
Certaines locutions correspondent à des hébraïsmes :
in ore gladii, ludith 2, 16, au fil de l'épée, par l'épée ;
en particulier celles qui sont formées avec le mot facies :
a facie, in faciem, etc., devant, en face de :
ex. a facie aquilonis, ler. 1, 4, ap. HIER. ibid. (voir le
détail dans le dictionnaire).
§ 123. - 5. Un complément avec préposition peut
REMPLACER quam DÉPENDANT D'UN COMPARATIF :
96
PRÉPOSITIONS
ex. sapientior prae omnibus, HIER. Tr. 1 in psal.
p. 165, 27 ;
melius... super diuitias, VVLG. Ps. 36, 16 ;
meliores super nos, VIT. PATR. 6, 1, 14 ;
potiores a scribis, LVCIF. Athan. 2, 5 ;
lortiora ab eis, CASSo Psal. 21, 20 (après un positif,
voir au chapitre suivant).
CHAPITRE III
COMPARATIFS ET SUPERLATIFS
§ 1 24.
1. POSITIF AU LIEU DU COMPARATIF, ou
verbe employé en sous-entendant magis :
ex. bonum est tibi in uitam infrare quam mitti in
gehennam, VVLG. Mat. 18, 9, il vaut mieux pour toi... ;
nihil est quod indurat mentes hominum quam,
TERT. Bapt. 2 ;
candidi dentes eius quam lac, IREN. 4, 10, 2.
-
Pour les positifs construits avec prae, super, au lieu
de quam, voir ces prépositions dans le dictionnaire, où
l'on trouve des locutions telles que :
terribilis super omnes, VVLG. Ps. 88, 8 ;
inclyfus prae Iratribus suis, 1 Par. 4, 9.
On a vu (chap. l, IV, 15) des compléments du compa
ratif au génitif.
§ 125.
2. COMPARATIF, AU LIEU DU POSITIF :
ex. manilestius est, C VPR. Ep. 67, 6, (= manilestum
est) assez manifeste, manifeste ;
cf. quos ipse lecerat tristes, laborauit redderre laetiores,
CASSo Var. 3, 51.
-
Exemples de PLÉONASMES postclassiques :
magis utilius, CVPR. Bon. pat. 1 ;
mullo plus lucidiores, VVLG. Eccli. 23, 28 ;
magis mitior, CASSo Var. 5, 42 (cf. minus locu
pletior, Var. 11, 8) ;
omnibus amplius asperior, VIT. PATR. 3, 61 (v. au
mot maxime dans le dictionnaire).
7
COMPARATIFS ET SUPERLATIFS
COMPARATIFS ET SUPERLATIFS
§ 126. - 3. COMPARATIF, AU LIEU DU SUPERLATIF :
Avec nimis « plus » :
ex. nimis imbecillum et fragilem quam, LACT. Op if. 3,
1 ; (redondance) acerbius nimis, A VG. Conf. 8, 11 ;
,
nimis propius, LACT. Op if. 9, 2.
98
ex. sublimiora Spiritus Sancli charismata, CASSIAN.
Coll. 1, 11, 1, les dons les plus sublimes ... ;
sapienlior prae omnibus, HIER. Tr. 1 in psal.
p. 165, 27 ;
unicuique patria sua carior est, CASSo Var. 1, 21 ;
quam piura, VICT.-VIT. 2, 64 (= quam plurima) ,
le plus possible, les plus nombreux possible.
§ 127. - 4. SUPERLATIF, AU LIEU DU COMPARATIF :
ex. plurimam hostiam A bel quam Cain o btulit Deo,
VVLG. Hebr. 11, 4, offrit à Dieu une victime supérieure
à celle de Caïn ;
tanto diuinïtali plurima debemus, quanto a ceteris
mortalibus maiora suscipimus, CASSo Var. 8, 24 (cl.
tanto piura) plus nous recevons... plus nous devons. . .
§ 128. - 5 . COMPARATIFS ET SUPERLATIFS PÉRIPHRAS
TIQUES :
a. Comparatif : ex. magis bonus, VVLG. Sap. 8, 20 ;
quanto magis grata est, CASSo Var. 6, 15 ;
même devant un superlatif : ex. magis proxima, TERT.
Apol. 23.
Surtout avec l'adverbe plus (postel.) :
ex. plus humilis, HIER. Ep. 22, 27 ;
cf. RVF. Interp. los. 4, 2 ; P.-PETRIC. Mart. 6, 112 ;
IGNAT. Ep. ad Polyc. 3, 2 ;
Ce dernier peut être en correlation avec magis :
ex. quanta plus se deiciebat, tanto magis a Christo subleuabatur,
HIER. Ep. 108, 3.
Avec salis
18, 19.
«
99
trop » : OROS. Apol. 8, 1 ; VIT. PATR. 5,
LOCUTION remplaçant un comparatif :
supra solitum hiems sicca, CASSo Var. 12, 25, 5.
§ 129. - b. Superlatif (déjà dans le latin · familier,
avec les mots multum, salis, bene, fortiter, etc. ; dans le
latin populaire, avec bene, probe, reele, infinilum, ingens,
insanum) ;
avec MULTUM (PL., PLlNA.) :
ex. multum mirabilis, A VG. Ep. 187, 21 ;
multum tardus, Doel. chr. 4, 8, 22 ;
beatus mullumque felix, HIER. Gal. 1, 2, 20; 3, 5, 13;
multum religiosus, BED. Hist. 4, 22 ;
même devant un superlatif :
ex. multum carissime, A VG. Ep. 185, 44 ;
avec NIMIS « très, fort » (rare cl.) :
ex. nimis sapientibus uiris, A VG. Ep. 161, 2 ;
cf. LACT. Mort. 40, 2 ; CYPR. Ep. 21, 4 ;
devant un verbe :
ex. in mandalis eius uolet nimis, VVLG. Ps. 111, 1 ;
pour renforcer un superlatif :
ex. pulcherrima nimis, CASSo Compl. 20 in 1 Cor;
avec SATIS « très, bien )) : C YPR . Ep. 54, 2 ; 64, 1 ;
SALv. Gub. 1, 2 ; 4, 14; MAMERT. St. an. 1, 2; 2, 7 ; 3, 1 ;
COMPARATIFS ET SUPERLATIFS
100
avec vALDE « tout à fait, très » :
ex. gaudio magno ualde, VVLG. Mal. 2, 10 ;
ualde uelociter, Ps. 6, 11 (et souvent dans la
Vulgate) ;
ualde mirabile, AVG. Conf. 12, 18 ;
bona ualde, ibid. 13, 28 ; In Psal. 118, 4, 1 ;
même avec un superlatif :
ex. ualde obscurissimus, HIER. Ep. 71, 7 ;
ualde pessime, AVG. C. litt. Petil. 3, 46, 56 ;
redondance imitée de l'hébreu :
ex. bonas bonas ualde, VVLG. 1er. 24, 3 ;
ualde ualde bona esl, Num. 14, 7, ap. AVG. Locut.
Num. 38 ;
ualde ualde inualescebal, Ex. 1, 7, ap. A VG. Locut.
Exod. 1 ; cf. Ciu. 16, 26;
avec MAXIME : maxime desideranter, CASSo Var. 1, 4.
§ 130.
6. Contrairement à l'usage classique, ON
COORDONNE DES ADJECTIFS OU DES ADVERBES D'UN
DEGRÉ DIFFÉRENT :
ex. boni et fidelissimi contubernales, MINVC. 1 ;
fortibus et ualidissimis, ARN. 2, 57 ;
quid est quod in hac parte aul uos plurimum
habeatis aut nos minus ? ibid. 2, 11 ;
meliores el humiles, BEN. Reg. 2.
CHAPITRE IV
PRONOMS-ADJECTIFS
1.
-
ABSENCE D'ARTICLE
§ 131.
On a déjà signalé, aux paragraphes 6, 27,
84, 120, des façons de s'exprimer qui s'expliquent par
l'absence d'article1•
Voici en outre des compléments circonstanciels,
dépendant d'un nom, qui s'explique de la même manière :
ex. inler se dissensiones, TERT. Ad mart. 1 (ilL JtQo;
w,Â:r]Â.o'U; ÔLIl<l'OQIlt ) ;
secundum subslantiam dissimilitudinem praedi
cabal, CASSo Hisl. 6, 25 (tO XI11;' OÙc:rLIlV ÙVOIA.OLOV, SOCR. 3,
10), il professait la non-consubstantialité (l'anoméisme) ;
cf. tanquam impii et qui illorum sapiunt (tel ÈX8LVroV),
LVCIF. p. 338, 8, et ceux qui pensent comme eux.
-
-
II.
1.
-
-
DÉMONSTRATIFS
\
Remarques générales
§ 132.
1. EMPLOIS PLÉONASTIQUES de ille, ipse,
surtout is, principalement dans les Psaumes :
ex. bealus ' cuius Deus lacob adiulor eius, VVLG.
Ps. 145, 5 (voir aussi les pronoms relatifs) ..
-
1. Les expressions suivantes sont plutôt des hébralsmes
benedicite Deo Domino, de fontibus Israel, VVLG. Ps. 67, 27, ô vous
qui êtes issus des sources d' Israël; cf. ex illis occidetis, Mat. 23, 34,
vous en tuerez ; quem appretiauerunt a filiis Israel, Mat. 27, 9,
qu'avaient évalué ainsi certains flls d' Israël.
On verra plus loin des démonstratifs et des' relatifs qui corres
pondent à un article grec.
102
103
PRONOMS-ADJECTIFS
DÉMONSTRATIFS
et sepulcra eorum domus illorum in aeternum,
Ps. 48, 11 ;
et exiui ad eum et aperui ei, PASS. PERP. 10 ;
carnalis concupiscentiae ipsas eius amaritudines
amamus, GREG.-M. Hom. eu. 28,3 ;
fluuius autem quartus ipse est Euphrates, VVLG.
Gen. 2, 14 ;
idem ipse prophefa, BEN. Reg. 5 (en latin clas
sique, quand on emploie ipse avec un autre démonstratif,
c'est pour insister : is ipse, celui-là précisément) ;
persequuntur ecclesiam et populantur ilIam, HIER.
Gal. 1, 1,13.
praetatus, et les expression analogues, sont employés
à peu près dans le même sens que idem (( le dit ».
§ 133. - 2. Démonstratif CORRESPONDANT A L'ARTICLE
GREC :
ex. principes huius populi, ITAL. Act. 4, 8 (liQ'Xovteç
'tOÙ ÂIlOÙ) ;
hi decem, ITAL. Luc. 17, 17 (oL IlÉxa) ;
excitauit Dominus satan am ipsi (Tép ) Salomoni,
CYPR. Orat. 19 (Ital. 1 Reg. 11,14) ;
respondit ilIe homo, VVLG. 10. 9,30 ;
huic Dauid, Ps. 96. 1,à David ;
hi tales, BEN. Reg. 5 (ot 'tOLOÙ'tOL) ;
hanc eandem apocalypsim, VICT.-POETOV. p. 94,1
('ti)v aù't'!Îv) ;
hos eosdem, ibid. p. 110, 9 ('toùç aÙT01Jç) ; pour id
ipsum ('to aù'to),voir plus loin ;
de hoc ipso, BARNAB. Ep. 4 (:n:eQt 'tOÙ aù'toû) ;
cf. in hoc ut... uiuat, AVG. Ep. 164, 4, 10 ( ITAL. )
(e!ç 'to ... �L<Ïl<1m).
§ 134. - 3. Dès la fin de l'empire, comme au Moyen
Age, dictus, iam dictus, supra memoratus. praedictus,
S 135. - 4. Dans le latin classique, is est l'ANTÉCÉ
DENT usuel DE QUI ; dans le latin tardif, il . peut être
remplacé par N'IMPORTE QUEL DÉMONSTRATIF :
ex. per ipsam quam uicerat, LEO-M. Serm. 21,1 ;
ab his quos lacessunt, MAMERT. St. an. 1,1 ;
ex his quae uidit, ibid. 1,24 ;
hi quibus commissum est, CASSo Var. 10, 28 (les
auteurs classiques offrent des exemples de hic antécédent
de qui, mais chez eux ordinairement hic qui précise :
(( celui-ci qui ») ;
illud quod istii. pagina propalatur, MAMERT. St. an.
1,2.
§ 136. - 5. ls tend à disparaître, remplacé par hic,
ille, iste, ipse.
§ 137. - 6. L'ancienne distinction qui fait exprimer
aux démonstratifs une nuance personnelle (hic, 1 re pers. ;
iste, 2e pers. ; ille, 3e pers.) a peu à peu disparu. Les
démonstratifs, y compris ipse, tendent à s'employer
indifféremment l'un pour l'autre.
II. - Hic
§ 138. - 1. Dans l' Itala et la Vulgate, ce démons
tratif est souvent joint au mot mundus :
ex. in hunc mundum uenisti, VVLG. 10. 11, 27 ;
ab elementis huius mundi, ITAL. Col. 2, 20, ap.
AVG. Ep. 149,28.
PRONOMS-ADJECTIFS
D ÉMONSTRATIFS
§ 139.
2. Hic s'emploie au lieu de iste (2e pers. et
nuance péjorative) :
CASSo Var. 8, 29, (pour que, les immondices) qu'elle
aurait dû laver, elle ne soit pas contrainte à LES faire
refluer vers vous.
104
-
ex. quae haec est insatiabilis carnificinae rabies ?
CYPR. Ad Demetr. 13.
§ 140.
3. Hic... hic, au lieu de hic... ille
l'autre » :
-
«
l'un ...
ex. hunc humiliat, hunc exaltat, VVLG. Ps. 14, 8.
4. Comme en français, le neutre peut rappe
§ 141.
ler un adjectif :
-
ex. iniusti sunt barbari, et nos hoc sumus, SALV.
Gub. 4, 14, 65.
§ 142.
-
5. Ille... hic, au lieu de hic ... ille :
ex. nonnihil in anima humana esse Deo simile,
quia sil ille lumen illuminans, et haec lumen illumina bile,
MAMERT. St. an. 2, 2, p. 103, 9 (ille désignant ici le terme
le plus rapproché).
III.
-
Idem
§ 143. - 1. Employé au lieu de ipse :
ex. in eisdem arboribus templi, TERT. Apol. 9 ;
eadem hora, PASS. AVR. p . 760, à l'heure même
(on verra plus souvent ipse pour idem).
§ 144.
-
2. Au lieu de is :
ex. idem qui, LACT. Inst. 1, 1, 3 ;
eidem in notitiam perferatur, AVG. Ep. 25, 2 ;
quas debuit abluere, easdem uobis cogatur inferre,
IV.
-
105
Ille
1. On l'emploie avec la SIMPLE VALEUR D'UN
§ 145.
PRONOM PERSONNEL de la troisième personne :
-
ex. melius enim erat illis (= eis) non cognoscere uiam
iustitiae, VVLG. 2 Petr. 2, 21 (aû'toiç)
•
§ 146. - 2. Ille... ille, au lieu de hic... ille, a un sens
indéfini :
ex. in illo uel illo templo, AVG. Ciu. 1, 2, dans tel ou
tel temple ; cf. Parm. 2, 8, 18.
Dans les formules liturgiques ou juridiques, ille
signifie « un tel » et se met à la place où se trouvera le
nom propre.
§ 147. - 3. Emploi pléonastique :
ex. utinam ille mentitus sit, HIER. Ep. 117, 8 ;
qui per legem illi mundabantur, Tract. (Morin,
Anee. III, 2, p. 422, 14) (cf. § 132 et 185).
§ 148.
-
4. Il peut remplacer un R ÉFLÉCHI :
ex. uerentur ne omnis illorum religio inanis sil,
LACT. Inst. 2, 2, 9 (leur propre religion) ;
ne conferrent cum illo (= secum), AVG. C. Cresc. 1,
14, 17 ;
Martinianus nesciens quid de illo (= de se) decreue
rat Deus, VICT.-VIT. 1, 31 (on verra plus loin des exem.,.
pIes analogues au chapitre des réfléchis).
P!'lONOMS-ADJECTIFS
DÉMONSTRATIFS
§ 149. - 5. On le trouve au lieu de ipse : ,
ex. disciplina medici exaltabil caput illius, VVLG.
Eccli. 38, 3.
même en parlant de personnes :
ex. inde aliquos, CYPR. Eccl. un. 20, quelques-uns
d'entre eux ;
potestas inde tribuilur, Dom. orat. 25, la puissance
vient de lui (de Dieu) ;
inde est imperator, unde .. , TERT. Apol. 30, il est
empereur par celui, par qui (il a été créé).
106
6. Au lieu de hic, pour annoncer ce qui suit :
§ 150.
ex. illud etiam quod crebras inter eos seditiones exa
gilat, CASSo Var. 1, 32.
-
§ 151.
7. D'ailleurs il sert d'antécédent à qui plus
souvent que chez les classiques :
ex. quasi illis minor sil qui ... ad Dominum glorioso
ilinere uenerunt, CYPR. Ep. 10.
-
§ 152.
8. Quelquefois il équivaut à l'article grec :
ex. sed populus ille memoratae urbis, PASS. VII MON. 9 ;
exiit ergo Petrus et ille alius discipulus, VVLG.
10. 20, 3 ;
ludas non ille Iscariotes, 10. 14, 22 ;
illis mendacium prophetantibus sacerdotes manibus
applauserunt, HIER. 1er. 2, 5, 30 ;
cf. ITAL. Dan. 9, 5, ap. Ps . C YPR. Pasch. comp. 13.
-
-
V.
-
Inde
§ 153.
Cet adverbe signifie déjà en latin classique
de cela, de là, en D. Mais cet emploi s'est bien étendu, et
le mot tend à avoir la même valeur que le PRONOM
PERSONNEL FRANÇAIS ({ EN » :
ex. de hac re iudicauerunf inde iudicauerunt, AVG.
C. Cresc. 4, 7, 9 ; mori inde, Bapt. 1, 8, 11, en mourir ;
inde se iactant, Post gest. Don. 17, 21, se vantent de
cela ;
te paenitet inde, COMM. lnstr. 1, 25, 7 ;
-
«
.•.
107
.
VI.
-
lpse
§ 154. - 1 . On l'emploie couramment AU LIEU DE
idem (déjà dans Suétone) :
ex. ex ipso ore procedit benedictio et malediclio, VVLG.
lac. 3, 10 (Il" l'O'Ü aul'o'Ü) ;
id ipsum corpus, TERT. Apol. 48, le même corps
(pour idipsum, voir is) ;
nec uigore et robore ipso ualere quo ante prae
ualebat, CYPR. Ad Demetr. 3 ;
nunc ipsi describuntur qui et ante descripti sunt,
HIER. Did spir. 47.
§ 155. - 2. Au lieu DU PRONOM RÉFLÉCHI (déjà chez
Sénèque, Quinte-Curee) :
ex. ait Saluator ostendens... aliud ipsius bonitate...
concedendum, FILASTR. 82, 4 ;
ut optent se legibus teneri, quae ab ipsis sciuntur
potuisse constitui, CASSo Var. 6, 4, 2, ... des lois qu'on
sait bien qu'ils auraient pu eux-mêmes établir.
§ 156. - A l'imitation du grec, il DONNE LE SENS
RÉFLÉCHI à des pronoms de la 1 re ou de la 2e personne :
ex. tu de te ipso testimonium perhibes, VVLG. 10. 8, 13
(�8Qt aea11to'Ü) ;
DÉMONSTRATIFS
PRONOMS-ADJECTIFS
1 08
ou renforce le sens du possessif :
ex. tuam ipsius animam, ITAL. ap. AMBR. Luc. 2, 60.
§ 1 57.
3. Il équivaut parfois à l'article grec :
ex. ipsi Dauid (titre de plusieurs psaumes) ; cf. VVLG.
3 Esdr. 8, 15 ; ITAL. Is. 53, 9, ap. C YPR. Test. 2, 15 ; RVF.
Interp. los. 9, 6.
-
4. Il s'emploie enfin avec un sens démons
§ 158.
tratif, soit POUR INSISTER :
ex. ab ipsis in ueritate... celebrantur qui ipsorum
martyrum exempla sequuntur, PS -AVG. Serm. 225, 1,
ceux-là célèbrent dans la vérité les fêtes des martyrs,
qui suivent leurs exemples à eux ;
neque enim qui generantur per Adam, idem ipsi
omnes per Christum regenerantur, Peccat. merit. 1, 15, 19 ;
-
.
soit DANS UN SENS EMPHATIQUI? :
, ex. Deus, ipse Dominus, ipse jecit nos, VVLG. PS. 99, 3 ;
ipse est enim de quo prophetice scriptum est,
LEO-M. Serm. 3, 1 ;
soit simplement POUR REMPLACER is :
ex. loannes testimonium perhibet de ipso,VvLG. l0. 1, 15;
quod ante ipsum nihil sit genitum, LACT. Inst.
1, 5, 4 ;
ad ipsius gloriam, C YPR. Ep. 10 ;
tu ipsius dominaberis, FILASTR. 131.
VII. - Is
§ 159. - 1. On le trouve quelquefois AU LIEU DU
RÉFLÉCHI :
ex. coepit Iesus ostendere discipulis suis quia oporteret
109
eum ire Hierosolymarri, VVLG. Mat. 16, 21; cf. HIER.
Mat. 13, 36 ;
admonuit ut ei (= sibi) rescriberet, AVG. Coll.
' Don. 1, 3.
Ce pronom désigne deux personnes différentes dans la proposi
tion suivante : solum eum (Deum) adorare eos (homines) debere,
FILASTR. 15, 1.
§ 160. - 2. Contrairement à l'usage classique, les
génitifs eius, eorum, earum, peuvent REMPLACER LE POS
SESSIF RÉFLÉCHI suus :
ex. orabat Dominum ... ut dirigeret uiam eius, VVLG.
ludith 12, 8 ;
quot ne eorum differretur interitus et rogauerunt,
C YPR. Laps. 8, combien dema:qdèrent même qu'on ne
différât pas leur mort (à eux-mêmes).
§ 161. - 3. Emploi EMPHATIQUE, au lieu de ille :
ex. Deum etiam uerum, omnipotenlem et eum audet
angelum dicere, FILASTR. 32, 4 ;
et erit requies eius honor, HIER. Ep. 46, 5 (ls. 11) .
§ 162. - 4. Au lieu de ille :
ex. in psalmo eo, FILASTR. 50, 7, dans le psaume en
question.
§ 163.
5. Idipsum ou id ipsum (tà a'Ù"t6) signifie
« la même chose » (TERT., CYPR., HIER., etc.) (on trou
vera les différents sens de in idipsum dans le diction
naire).
-
L'emploi comme adjectif est plus rare et appartient à la littéra
ture de traduction : id ipsum deuerticulum, RVF. Greg. interp.
151, 3 ; cf. id ipsut, HIPP. Trad. p. 59.
1 10
PRONOMS PERSONNELS
PRONOMS-ADJECTIFS
111
§ 1 66. - 3 . Valeur de ILLE :
VIII.
-
Iste
Dans la période classique, il exprime une nuance
péjorative ou se réfère à la deuxième personne. Dans
la période postclassique, il remplace N'IMPORTE QUEL
DÉMONSTRATIF.
ex. ab isto certamine, sed in hoc. . , AMBR. Ep. 20, 15 ;
est enim conuentus iste nimia celebritate festiuus,
' CASS. Var. 8, 33 ;
post ista, PASS. RVF. p. 444, après cela.
III. - PRONOMS PERSONNELS
§ 164. - 1. Valeur de HIC :
ex. istas lifteras nostras, AVG. Doel. chr. 4, 3 ;
isto tempore, Vnic. bapt. 7, 12, à notre époque ;
in saeculo isto, CVPR. Ep. 73, 19 ;
mundum istum, FILASTR. 31, 2 ;
de saeculi istius somno, AMBR. Ep. 2, 22 (dans ces
trois derniers exemples, on peut aussi admettre une
nuance péjorative) ;
istae (= meae) quoque litterae testes sunt, HIER.
Ep. 14, 1 ;
sed credimus iam ista sufficere, CAsso Var. 6, 19, 7
(on vient d'en parler).
Il est opposé à ille :
ex. ille annus. . . iste annus (où nous sommes), AMBR.
Ep. 18, 23 ;
ille namque amor ex miseria est, iste ex misericordia,
AVG. Catech. 4, 7 (l'opposition iste.. . ille « celui-ci...
celui-là » est très fréquente chez cet auteur, qui utilise
aussi d'ailleurs le traditionnel hic... ille) ; cf. HIER. Ep.
108, 31.
§ 165. - 2. Valeur de IS :
ex. iste qui... orbem circuit, AMBR. Ep. 46, 2 ; 51, 7 ; cf.
HIER. Ep. 54, 6.
1 . Dans la Vulgate, le PRONOM PERSONNEL
§ 167.
est quelquefois REMPLACÉ PAR UN NOM comme anima,
facies, nomen, manus, oculus, etc. :
-
ex. sollemnitates uestras odiuit anima mea, VVLG.
Is. 1, 14 ;
facies mea praecedet te, Ex. 33, 14, je marcherai
en personne devant toi ;
quod si pauper est, et non potest manus eius inue
nire... , Leu. 14, 21 ;
pauca nomina (= paucos) , Apoc. 3, 4.
cf. nolite quicquam horum meis operibus (= mihi)
applicare, EVGIPP. Vit. Seu. 14, 3, ne m'imputez aucun
de ces miracles.
On verra plus loin les formules employées dans le
pluriel de majesté et le pluriel de politesse ; et nous
avons signalé dans la stylistique les formules épis
tolaires ou homilétiques où le mot abstrait remplace un
pronom personnel.
§ 168. - 2. Les pronoms ego, tu, sont RENFORCÉS PAR
ipse, dans des cas où le latin classique emploierait des
formes telles que egomet, mihimel, lumet :
ex. meipsum, VVLG. Tob. 9, 2 ;
.
1 12
PRONOMS-ADJECTIFS
meipso, 10. 8, 28 ;
memetipso, 1er. 22, 5 ;
nosipsi, 2 Esdr. 4, 21 ;
nosmetipsos, 2 Cor. 4, 5 ; etc.
§ 169. - 3. On a déjà signalé (§ 80 et 81 ) l'emploi du
GÉNITIF DU PRONOM PERSONNEL au lieu du possessif ;
voici d'autres exemples :
mei membra, CYPR. Laps. 4 ;
mei causa, ITAL. Mat. 10, 18, ap. TERT. Scorp. 9,
à cause de moi (cl. mea causa, pour moi) ;
consiliaior tui, LEPTOG. 23, 16 ;
ad exordium sui, SALV. Gub. 6, 34 ( = suum exor
dium) ; pro inpuritaie et obscaenitate sui, RVF. Hisf.
eccl. 2, p. 137, 20, à cause de leur propre impureté et
obscénité ;
praesentiam sui abnegans, ibid. 10, p. 991, 7
(�(l'lrt'oii) .
§ 170. - 4.. Le réfléchi peut s'employer d'une manière PLÉONAS
TIQUE (datif éthique ; cf. sedete uobis, § 99, fin) :
ex. gaudebat sibi, HIER. Tr. in psal. 15, p. 22, 7 (ces conférences
de Jérôme sont écrites dans un style plus familier ; cf. mihi gaudeo,
CIe. Fam. 6, 15 ; gaudebat sibi, SEN., Clem.) ;
sibi.. . periit, FVLG. p. 169, 14 ;
qui... sedit sibi toris, BEN. Reg. 43 ;
ut epistulas ipsas... acciperem mihi ab ipso sancto, PEREG.
19, 19.
IV. - PLURIEL DE POLITESSE
§ 1 7 1 . - Un empereur, un pape, un évêque, em
ployaient, en s'adressant à leurs subordonnés, le pluriel
de majesté :
ex. iubemus dilectioni tuae, GREG.-M. Ep. 1, 15.
PLURIEL DE POLITESSE
1 13
Par analogie, on a été amené, en s'adressant à eux, à
employer le pluriel de politesse uos, et plus souvent le
possessif uester. Certains donnent aussi l'explication sui
vânte : à partir de Dioclétien, la puissance impériale
fut divisée et èomme incarnée en plusieurs personnes ; et
l'habitude de s'adresser au pluriel à cette puissance sub
sista, même lorsqu'on ne s'adressait qu'à un empereur :
ex. senaius amplissimus semperque uester, SYMM.
Ep. 10, 1 (à Valentinien II).
Quoi qu'il en soit, cet usage n'est jamais devenu
général, même au Moyen Age.
ex. sub uestrae imperio clementiae, uobis imperan
tibus, BONIF. 1 Ep. 7 (à Honorius) ;
et te dominum meum ... scriptis uestris aUi imper
tiuntur, MAMERT. Ep. 1, p. 198, 11, . . . reçoivent de vos
écrits (à Sidoine) ;
pia serenitalis uestrae proteclio, GREG.-M. Ep. 6,
16 (à l'empereur) ;
quanquam... filio paierna uos pieiate nouerimus
impendere, Ep. 10, 47, bien que je sache que vous mani
festez votre sollicitude paternelle pour ce fils (à Jean,
évêque de Syracuse) ;
quem (li brum) non uestrae specialiier instituo
potesiati... sed generaliter his conscripsi, quos minis
teriis tuis astanies haec conuenit legere, MART.-BRAC.
Form. praet. (à Miron, roi de Galice).
On voit ainsi, dans plusieurs exemples, le pluriel
alterner avec le singulier.
8
114
PRONOMS-ADJECTIFS
RÉFLÉCHIS ET POSSESSIFS
V. - RÉFLÉCHIS ET POSSESSIFS
( = eum, sc. Dominum) ire Hierosolymam, HIER. Mat. 3,
1 15
(Petrus) repente audit a Domino oportere se
A. - Les règles classiques tombent en désuétude ;
on trouve donc :
§ 172. - 1. Suus, au lieu de eius, eorum,
a. dans des propositions principales, o ù LE POSSESSEUR
N'EST PAS LE SUJET :
ex. illuc quoque.sua lama peruenerat, HIER. Vit. Hil. 34;
solus pater flelensionem suam (fratris accusati)
opponere... , Ep. 125, 13 ;
cf. AVG. Emer. 9 ; CYPR. Ep. 58, 4 ; VICT.-VIT. 3, 26 ;
etc.
Dans certains cas, on pourrait croire qu'il s'agit de
l'exception classique, lorsque suus signifie « son propre » ;
mais la place des mots n'est pas la même :
ex. ecclesiae catholicae corpus suum scindere nituntur,
CWR. Ep. 44, 3.
§ 1 73. - b. plus souvent dans les propositions com
plétives, alors que le possesseur
n'est pas le sujet de là
.
principale :
ex. numquid uoluit (1oannes) apud se remanere disci
pulos suos ? AVG. Tr. eu. 10. 7, 8, Jean voulut-il garder
auprès de lui ses disciples ? (de Jésus).
§ 1 74. - 2. Le pronom réfléchi sui, sibi, se, au lieu des
cas correspondants de is, ea, id, ALORS QU'IL NE RENVOIE
NULLEMENT AU SUJET :
ex. se ( = eos) prolecturos... Renatus clamauerit, AMBR.
Ep. 5, 20 ;
16, 22 ;
cum eis qui secum ( = eum eo) erant, A VG. Parm.
2, 15, 34 ;
lactus est... Cornelius episcopus... cum nemo ante
se lactus esset, C YPR. Ep. 55, 8 (en latin classique, cela
impliquerait cette nuance : bien qu'il SÛT que personne
avant lui...).
Ce pronom remplace même un n�m de chose :
ex. opuscula mea quae non sui merito sed tua bonitate
desiderare te dicis, HIER. Ep. 72, 5 ;
iuxta se ( = eam) , THEOD. Sit. 7.
§ 1 75. - 3. Eum, au lieu de se :
ex. exinde coepit Jesus ostendere discipulis suis, quia
oporteret eum ire Hierosolymam, VVLG. Mat. 16, 21 (voir
d'autres exemples à l'emploi de is).
§ 1 76. - 4. Eius, eorum, au lieu de suus (voir à l'em
ploi de is).
B. - Le possessif suus est quelquefois
§ 1 77. - 1. RENFORCÉ PAR ipse (déjà dans Tite-Live) :
ex. suis ipsi tormentis occupati, LACT. 1nst. 6, 4, 20 ;
ou par sibi (PL., ApVL.) :
ex. de suo sibi lecit, TERT. Marc. 2, 3 ;
sua sibi opera praetulerlwt, LACT. 1nst. 2, 5, 6 (à
rapprocher de l'emploi pléonastique du réfléchi signalé
plus haut, § 170).
1 16
PRONOMS-ADJECTIFS
§ 1 78. - 2. REMPLACÉ PAR proprius (TREB., SPART.,
AMM.) :
ex. nee propria eius adsumptio, sed eaelestis uoeatio,
AMBR. Ep. 64, 48 ; cf. propriae uirtutis, Ep. 19, 29 ;
ad propria reuerti, remeare, AVG. C. Crese. 3, 43,
47 .. Coll. Don. 1, 14, retourner chez soi.
Remarquer que proprius peut aussi remplacer tu us,
noster, etc. :
ex. propriis texuisti litteris, AMBR. Ep. 56, 6 ;
propriae salutis ( = tuae) , C Asso Var. 1, 2 ;
propria ... sponte, Var. 4, 20, de notre propre gré.
C. - Autres remarques concernant les pronoms per
sonnels et les réfléchis :
§ 1 79. - 1. Comme aux tre et 2e personnes, le posses
sif est souvent remplacé par le G ÉNITIF DU PRONOM
R ÉFLÉCHI :
ex. propter nobilitatem sui (= suam) , CAsso Var.
praef. 18 ;
ad tutelam sui, LACT. Op if. 2, 4, pour sa défense
(génitif objectif) ;
sui proponit exemplum, H IER. Ep. 48, 13, son
exemple (génitif subjectif).
§ 180. - 2. Inversement, on trouve des possessifs
dans des cas où la langue classique emploierait LE PRO
NOM PERSONNEL :
ex. uota tua (= erga te) , VVLG. Ps. 55, 12, les prières que je
vous ai adressées ;
improperi()rum tuorum, Ps. 73, 23, les outrages qu'on
vous a adressés ;
hoc facite in meam commemorationem, Luc. 22, 19.
LA RÉCIPROCITÉ
1 17
VI. - LA RÉCIPROCITÉ
Elle s'exprime non seulement par inter se, alius alium,
alter alterum, comme en latin classique, mais plus souvent
§ 181. 1. par ALTERVTER, mutuel, réciproque :
ex. (adjectif) alterutro ardore, AVG. Ep. 211, 10 ;
alterutra oppositio, TERT. Pud. 2 ;
simus orationibus nostris alterutri adiutores,
C YPR. Ep. 77, 3 ;
(pronom) osculari se alterutrum, VVLG. 1 Reg. 20, 41;
dicentes ad alterutrum, 1udith 5, 26 ;
idipsum sapere in alterutrum, Rom. 15, 5, avoir
les mêmes sentiments les uns pour les autres ;
pro alterutro mori parati, TERT. Apol. 39 ;
dixerunt ad alterutrum, H IER. Ep. 18, 6 ;
eoniuges qui ab alterutro separati sunt, AVG.
Nupt. et eone. 1, 10, 11.
A lterutrum ou alterutro s'emploient aussi adverbiale
ment, au sens de cc mutuellement, réciproquement »
TERT. Vx. 2, 8 ; H IER. Gal. 3, 6, 5 ; etc.
§ 182. - 2. par l'adverbe INVICEM (déjà dans PLlN.-I .,
TAC., QVINT.)
a. soit seul : ex. suseipite inuicem, VVLG. Rom. 15, 7 ;
erimina inuieem donare, AVG. C. Gaud. 1, 37, 47 ;
b. soit avec un autre pronom :
ex. inuieem uos ametis, H IER. Ep. 7, 1 ;
nisi se inuieem fratres mutua tolerantia foueant,
C YPR. Bon. pat. 15 ;
sibimel inuieem, AVG. Conf. 6, 10 .. 8, 2 ;
118
LE RELATIF
PRONOMS-ADJECTIFS
c. même avec une préposition :
ex. separari ab inuicem, CYPR. Ad Demetr. 19
ab se inuicem separare, Ep. 4, 4 ;
aduersus inuicem, ITAL. 1 Cor. 6, 7, ap. CYPR.
Test. 3, 44 ; PS.-CYPR. Sing. 19, l'un contre l'autre ;
ad inuicem, l'un vers l'autre : PS.-CYPR. Sing..
19 ; HIER. ls. 3, 6, 2 ; VVLG. Ex. 16, 16 ; 10. 13, 35 ;
in inuicem, Rom. 1, 27 ; 1 Thess. 3, 12 ;
pro inuicem, 1 Cor. 12, 25 ; AVG. Conf. 4, 6 ;
post inuicem, Conf. 7, 6, l'un après l'autre.
§ 183.
-
3. par le SIMPLE RÉFLÉCHI :
ex. adfectione concordes, fideliter sibi unianimitatis
nexibus cohaerentes, CYPR. Eccl. un. 2, 4 ;
ut se pares animi soient semper eligere, CASS:
Var. 1, 4.
§ 184.
-
4. Exemple isolé :
VII.
-
inter se,
MINVC.
18, 1 (= inter nos).
LE PRONOM RELATIF
1. Emploi du DÉMONSTRATIF PAR REDON
§ 185.
DANCE dans une proposiÙon relative (rare arch., ApVL.,
AMM., Vop;) :
ex. qui pér legem illi mundabantur, fasciculo hysopi
aspergebantur, HIER. Comm. psal. 50 (Morin, Anec. III,
2, p. 422, 14) ;
pereat dies in quo natus sum in eo, VVLG. lob 3, 3
(Èv li Èye'VV'ft6TJv Èv amn) ;
cuius non sum dignzlS soluere corrigiam calcea
mentorum eius, Luc. 3, 16 (ou airtoù) ;
bealus uir �uius est nomen Domini spes eius,
Ps. 39, 5.
-
•..
1 19
Dans l'exemple suivant, l'emploi pléonastique des
deux démonstratifs obéit à un besoin d'expressivité :
quos cum ipsos iusserit Deus ... opibus renuntiare,
,
illi eas cupiunt possidere, SALV. Eccl. 2, 22, ces gens, à
qui Dieu a commandé spécialement de renoncer aux
richesses, ce sont ceux-là qui désirent les posséder.
2. On trouve quelques exemples d'ATTRAC
§ 186.
TION DU RELATIF à la manière des Grecs (très rare en
latin classique) :
-
ex. uitii in hac, qua ( = quam) n unc ego dego, senili,
P.-PELL. Euch. 598 ;
comprehenduntur consiliis quibus cogitant, VVLG.
PS. 9, 23 ;
quibus inde conceperat uiribus, TERT. Val. 16,
avec les force qu'il en avait recueillies (en latin cl.,
quand l'antécédent figure dans la relative, il est régi
par le verbe dé cette relative : quas uires inde conceperat,
iis...).
L'antécédent lui-même peut prendre le cas du relatif
(attraction rare en latin cl., fréquente en latin tardif) :
ex. sermonem, quem audistis, non est meus, VVLG. 10.
14, 24 (sermo dans beaucoup de mmss., l'attraction
ne figure pas dans le texte grec) ;
me miserum, quem uides, de Roma sum, VIT. PATR.
5, 10, 76 ;
panem, quem angelorum appellat, manna est,
Ps. AVG. Qu. test. 20, 1 ;
fabricam, quam uides, ecclesia est, PEREG. 13, 4 ;
titulus, qui ad caput Domini positus erat, uidi,
ANTON. !tin. 20.
-
120
PRONOMS-ADJECTIFS
LES INTERROGATIFS
§ 187. - 3. Le relatif équivaut parfois à UN ARTICLE
GREC :
ex. docebat uerissime quae iuxta Iesum, ITAL. Act. 18,
25, ap. AVG. C. Cresc. 1, 11, 14 (tà. 1tEQI �oii 'I1]O'oii) ;
correptio haec quae multis, ITAL. 2 Cor. 2, 6, ap.
AVG. Parm. 3, 2, 14 (Yi {mG �cÏlv 1tÀ.EtOVOOV) (quae fit a plu
ribus, VVLG.)
§ 191. - 7. Certains ADVERBES RELATIFS j ouent le
rôle d'un pronom :
a. Vtn est déjà employé ainsi dans la langue classique,
"
mais avec plus de liberté ensuite :
ex. omnicreanfis Dei ubi (= in quo) amoris fruc
tuosissimus finis est, AVG. Catech. 12, 17.
b. Même remarque pour VNDE :
ex. de baptismo sanguinis un de te iactas, AVG. C. litt.
Petil. 2, 23, 58, dont tu te vantes ;
gaude unde ille coactus est flere, PS.-CYPR. (Hart.
app. p. 277), réjouis-toi de ce qui doit le faire pleurer, lui.
•.
Les scolastiques traduiront le ...0 ...t fiv etvaL d'Aristote par quod
quid erat esse, le fait pour une chose d'être ce qu'elle était, l'essence.
§ 188. - 4:. Comme en grec, le DÉMONSTRATIF, dans
une deuxième relative, peut REMPLACER LE PRONOM
RELATIF (rare C I C.) :
ex. beatus uir cui non impufabit Dominus peccatum,
nec est in spiritu eius dolus, VVLG. Ps. 31, 2.
§ 189. - 5. Le relatif neutre quod se rencontre APRÈS
UNE EXPRESSION DE TEMPS :
ex. tertia dies est quod, VVLG. Luc. 24, 21, c'est le
troisième jour que. . .
L'étude des propositions subordonnées nous donnera
l'occasion de constater l'extension des tournures en quod.
§ 190. - 6. Suppression du corrélatif après une prépo
sition (c'est encore un hellénisme) :
ex. secundum quod dictum est, VVLG. Luc. 2, 24 ;
de omnibus quibus accusor. Act. 26, 2 (3t8QL 1t<lV- .
�oov rov Èyxa,À.OÜf!a,t) ;
retribuat tibi bona pro quibus (xa6roç) fecisti, ITAL.
'
1 Reg. 24, 20, ap. LVCIF. Athan. 1, 15, pour ce que tu as
fait (remarquer en outre l'attraction) ;
crudele est ut, de quo habes, non des, Ps.-A VG.
Serm. 310, 2.
121
Relatif de liaison et suivi du subjonctif, il équivaut à
ut inde :
ex. statim diuinae censurae maiestate percussus est,
unde regrediens impetu ac morsu leonis necaretur, CYPR.
Ep. 59, 6, de sorte qu'en en revenant il devait mourir...
Voir la syntaxe
relatives.
VIII.
-
des
propositions
subordonnées
LES INTERROGATIFS
§ 192. - 1. Comme en grec, l'interrogation peut
porter sur DEUX MOTS dans la même proposition :
ex. ut ostenderet quid cui debeat esse subiectum, TERT.
Mart. 4, ce qui doit être soumis et à qui ;
bellando quis quem ualebat expellere, lORD. Get. 152,
en luttant à qui pourrait chasser l'aùtre ;
quis quid diceret, VICT.-VIT. 3, 19.
On trouve même deux relatifs, ce qui paraît être un exemple
isolé : petierunt... unusquisque monasteria sua, qui ubi habebat,
PEREG. 20, 7, ils regagnèrent leur ermitage, chacun où se trouvait
le sien.
122
PRONOMS-ADJECTIFS
§ 193. - 2. On rencontre quis, AU LIEU DE uter,
alors qu'il s'agit de deux personnes ou de deux choses :
ex. quis ex duobus fecit uoluntatem patris ? VVLG.
Mat. 21, 31 ;
cui de duobus adsistimus, CYPR. Ep. 55, 19 ;
cf. TERT. An. 13 ; SALV. Gub. 3, 26.
§ 194. - 3. qui POUR uter adjectif : TERT. Virg. uel. 2 ;
Herm. 25 ;
§ 195. - 4:. qui POUR qualis ,'
ex. memorare quae mea substantia, VVLG. Ps. 88, 48
(sens péjoratif = qualis, quam infirma).
§ 196. - 5. qui POUR quis ,' TERT. Scorp. ll ; Spect. 15 ;
SEDVL. Carm. pasch. 1, 221.
§ 197. - 6. quanti POUR quot ou quam multi "
ex. quantae uirgines, HIER, Ep. 64, 22 ;
quanti monachorum suas animas perdiderunt,
Ep. 64, 4 ;
quanta iacula, CYPR. Bon. pat. 18.
IX.
-
LES CORRÉLATIFS
§ 198. - Nous relèverons seulement l'emploi fréquent
de tanti ... quanti, au sens de tot... quot ,'
ex. tantae urbes (nunc exstant) quantae non casae
quondam, TERT. An. 30, plus de villes aujourd'hui que
jadis de maisons ;
quantis potuit militibus, LACT. Mort. 45, 7, avec
autant de soldats qu'il put.
LES INDÉFINIS
X.
-
123
LEs INDÉFINIS
"
§ 199. - L'emploi des indéfinis appelle de nom
breuses remarques, mais qui sont plutôt affaire de
dictionnaire.
Rappelons principalement :
toti, au sens de omnes ;
diuersus, au sens d'un indéfini (quidam) ;
quisque, au sens de quisquis ;
quisquis et quicumque, employés comme simples
indéfinis, alors que quiuis et quilibet accèdent au rang
de relatifs indéfinis.
Des substantifs, comme facies, homo, peuvent prendre
la valeur de simples indéfinis.
SYNTAXE D'ACCORD
pars Donati qui... occidunt, AVG. C. Gaud. 1,
27. 31.
CHAPITRE V
SYNTAXE D'ACCORD
§ 200. - 1. Verbe ou attribut au SINGULIER, QUAND LE SUJET
EST UN PLURIEL NEUTRE (hellénisme), surtout avec omnia, haec,
reliqua, etc. :
ex. in parabolis omnia dicitur, ITAL. Marc. 4, 11 (cod. Cant.) ;
quae interpretati sumus de ecc/esia potest intelligi, HIER.
(Morin, Études I, p. 250) (conférences familières) ;
reliqua... impleatur, BEN. Reg. 18 ;
cf. COMM. Instr. 1, 34, 18 ; GREG.-T. Mart. 4, 45 ; PEREG.
36, 4.
§ 201. - 2. Dans les Psaumes de la Vulgate, un neutre de pro
nom se trouve remplacé par un FÉMININ (hébraïsme) :
ex. unam petii a Domino, Ps. 26, 4, une seule chose ;
haec jacta est mihi, Ps. 118, 56, cela m'est arrivé ;
cf. Mich. 4, 6 (à moins que l'on ne sous-entende gens).
§ 202. - 3. On trouve le relatif au
dent res :
ex. de rebus quae (
(Morin p. 256, 27) .
§ 203.
-
=
1 25
NEUTRE,
après l'antécé
quas) in oculis habemus,
CAES.-AREL.
4. Accord D'APRÈS LE SENS
ex. si quis non intelligit.. . intueantur, AVG. Bapt. 1,
4, 5 ;
personae cognoscerent se esse subactos, VICT.-VIT.
3, 9.
Le verbe se met au PLURIEL, avec un SUJET COLLECTIF
au singulier, plus librement que dans le latin classique :
ex. consolamini, papule meus, VVLG. Is. 40, 1 ;
haeresis, quae... non desinebant, FILASTR. 27, 1 ;
A, remarquer cette 1 re personne du pluriel : serenitas
,
nostra...corroboramus, CASSo Var. 8, 25 ;
et ce participe au pluriel se rapportant à un sujet au
singulier : ut aestimantes... prudentia uestra reponat,
Var. 5, 43.
§ 204. - 5. Dans l'exemple suivant, le même mot est
employé comme objet et comme sujet :
quae Graeci otEQLÔEutVa. uocant et a nostris uulgo
appellantur parentalia, HIER. 1er. (CSEL. 59, p. 197, 8) .
§ 205. - 6. Le complément d'objet peut être une
LOCUTION PARTITIVE formée principalement avec la
préposition de :
ex. tollent de cineribus, VVLG. Num. 19, 17, ils pren
dront des cendres (voir d'autres ex. à la préposition de
dans le dictionnaire) ;
ex omni ligno paradisi comede, Gen. 2, 16..
Ces locutions peuvent être le sujet d'un verbe passif :
et dabitur ei de auro Arabiae, Ps. 71, 15.
Les suivantes semblent être des hébraïsmes :
erant ex Pharisaeis, 10. 1, 24, étaient des Phari
siens ;
quem appretiauerunt a filiis Israhel, Mat. 27, 9,
tel que l'ont apprécié certains fils d' Israël.
§ 206. - 7. Apposition remplacée par un complé
ment du nom, sur le type oppidum Stridanis, V. au chap.
du génitif.
126
SYNTAXE D'ACCORD
8. L'attribut du complément d'objet peut -être au
§ 207.
nominatif avec le mot nomen :
-
ex. iam corona nomen ha be bal, Ps. - AvG. Serm. 211, 1,
s'appelait couronne ( aint Étienne).
(pléonasme) uocabis nomen eius Jesus, VVLG. Mal. 1, 21
("aMoEL; 'ta /Svol'a aè'toil 'l1]ooilv) ; cf. Iso 9, 6.
(sans nomen) « dendros alethiae quod nos dicimus « arbor
ueritatis J, PEREG . 9, 4 ;
in septimana paschale, quam hic appellant septimana
maior, ibid. 30, 1.
CHAPITRE VI
SYNTAXE DU VERBE
Remarques générales
>,
§ 208.
9. Certaines absences
négligences de copistes :
-
d'accord
peuvent
être
des
ex. similes pueris sedentibus et ad inuicem dicentes (= dicentibus) , ITAL. Luc. 7, 32 ;
sermonem quod, /0. 15, 3, ap. Ps.-AvG. C. Puig. Don. 5 ;
eumdem oleum, ibid. 15 ;
illi renuncians (= renuntianti) rescissa sil omnis res,
PS.-CYPR. Spect. 4 ;
negotium perambulantem, ARN.-I. Ad. Greg. 17 ;
uultum Dei quod .. , HIER. Tr. / in psal. p. 267, 25 ;
maiorem opprobrium, VICT.-VlT. 1, 44.
.
On verra dans le dictionnaire :
§ 209. 1. les verbes TRANSITIFS EMPLOYÉS ABSOLU
MENT, comme adorare, apponere faire des cadeaux,
annuntiare, praestare rendre service, trahere continuer,
uehere voyager, etc. ;
§ 21O. - 2. les verbes transitifs employés AU SENS
INTRANSITIF, comme inclinare ;
ou au SENS RÉFLÉCHI, comme reficere pour
se reficere ;
ou AU LIEU D'UN PASSIF, comme intimat pour
intimalur ;
§ 21 1 . 3. les verbes INTRANSITIFS EMPLOYÉS COMME
TRANSITIFS, tels que exultare, pluere ;
§ 212. - 4. les verbes DÉPONENTS EMPLOYÉS A LA
FORME ACTIVE, comme lamenlare, radicare ;
§ 213. - 5. les verbes ACTIFS EMPLOYÉS A LA FORME
DÉPONENTE, comme cerlari, lacrymari, malignari ;
6. les verbes DÉPONENTS EMPLOYÉS DANS UN
§ 214.
SENS PASSIF, comme consolari, uesci, admirari, horlari ;
-
§ 215. - 7. les verbes IMPERSONNELS EMPLOYÉS PER
SONNELLEMENT, comme decere, oporlere, paenitere, etc.
128
1.
-
EMPLOI DES TEMPS
FORMES PÉRIPHRASTIQUES
A. - EMPLOI DES TEMPS
§ 218. - c. de même qu'un FUTUR PEUT AVOIR LE
SENS D'UN PRÉSENT :
Les temps dans la traduction de la Vulgate
Dans les Psaumes et dans les livres de l'Ancien Testa
ment d'un caractère prophétique, l'interprétation des
temps de la langue hébraïque a été souvent faussée
par la traduction grecque des Septante, erreur qui est
passée dans les traductions latines. L'hébreu n'a que
deux temps, qui expriment deux aspects, le parfait et
l'imparfait ; mais l'un et l'autre peuvent aussi bien
marquer le présent, le passé, l'avenir. La traduction des
Septante a considéré le parfait comme un passé, et
l'imparfait comme un futur. D'où il arrive que, dans la
Vulgate, DES TEMPS DU PASSÉ ont pris la place
§ 216. - a. d'un PRÉSENT :
ex. sepulchrum patens est guttur eorum, Unguis suis
suis dolose agebant (èôoJ.wvaav, SEPT.), Ps. 5, 11, avec leur
langue, ils TRAMENT des fourberies ;
cf. ego baptizo in aqua : medius autem stetit, quem uos nescitis,
10. 1, 26, mais il est déjà au milieu de vous (ce parfait peut être
amené par le grec "'tT) K.', présent formé sur g"'t'1Ka. ; d'autre part le
parfait latin a lui-même souvent le sens d'un présent accompli) ;
§ 217.
-
b. d'un futur :
ex. notas mihi fecisti (iyvooQLaaç , SEPT.) uias uitae,
adimplebis me laetitia cum uultu tuo, Ps. 15, 11, vous
m'ENSEIGNEREZ les voies de la vie ;
uiuificabis me et super iram inimicorum meorum
extendisti (é;Él'ELV<lÇ, SEPT.) manum tuam, Ps. 13, 7 ;
129
ex. tu benedices (EÙJ.OyTJCJELÇ, SEPT.) iusto, Domine, ut
�
s uto bonae uoluntatis tuae coronasti nos, Ps. 5, 13, vous
BÉNISSEZ le juste ... ;
quoniam uidebo (O'll'Of.W.L, SEPT.), Ps. 8, 3, quand
je considère.
Remarque : Dans la traduction hiéronymienne, il arrive qu'un
parfait corresponde à un futur des Septante : ex. uocaui, Is. 45, 4
(Ka.M"w).
I I. - Formes périphrastiques
1. Avec habere :
§ 219. - a. Habere AVEC LE PARTICIPE PASSÉ équi
vaut souvent à un PARFAIT ; c'est la tournure qui est à
l'origine du passé composé français :
ex. cuius etiam capillos tu, Domine, numeratos habes,
AVG. Conf. 4, 14, dont vous avez compté les cheveux ;
ea uerba quae ex Hebraeo in Latinum non hilbemus
expressa, HIER. Ep. 26, 1, que nous n'avons pas traduits.
Le dictionnaire en offrira d'autres exemples aux mots
subiectus, subditus, repositus, etc.
Dans ces phrases, comme dans les tournures ana
logues que l'on trouve déjà chez Cicéron, on peut toujours
dire qu'il s'agit d' exprimer un présent accompli : « Dieu
les a présents dans sa mémoire », « notre traduction
présente maintenant cette particularité ». Mais dans
l'exemple suivant, l'idée du passé est dominante :
metuo enim ne ibi uos habeam fatigatos, AVG.
Serm. 37, 17, je crains de vous y (dans cet exposé) avoir
9
1 30
EMPLOI DES TEMPS
FORMES PÉRIPHRASTIQUES
fatigués (sans doute « j 'ai devant moi des auditeurs
fatigués n, mais surtout « je vous ai fatigués tout à
l'heure n) .
§ 220. - b. Haberem avec le participe passé annonce
notre PLUS-QUE-PARFAIT :
ex. si Dominum iratum haberes, AVG. Serm. 211, 2,
si tu eusses irrité, si tu avais irrité le Seigneur (suppo
sition dans' le passé, plutôt qu'irréel du passé).
§ 221 . - c. Habere, suivi de L'INFINITIF d'un verbe
d'affirmation, est classique au sens de « JE PEUX, j 'ai à
(dire) » . Cet emploi s'est développé dès le n e siècle avec
la littérature de traduction et saint Jérôme à son tour a
multiplié ces tournures :
ex. mulla habui tibi scribere, VVLG. 10. 3 Ep. 3, 10
(Ell(OV YQ(hp(u). On l'a continué avec d'autres verbes1•
non habebant saluari, IREN. 3, 20, 3, ils ne pou
vaient être sauvés.
Puis c'est l'idée D'OBLIGATION qui devient la plus
importante :
ex. habebat inquiri ut occideretur, IREN. 4, 20, 12, on
devait le rechercher pour le tuer ;
excludi ac respui magis habebat, TERT. An. 32 ;
si natus credi habebat, Adu. Marc. 3, 11, si on
devait le croire né ;
nasci habebat, Virg. ueZ. 6, devait naître
;
.
habet nubere, Monog. 7 ..
unum habet esse baptisma, CVPR. Sent. 73 ;
trinitas quae manifestari habebat, Dom. oral. 34.
De l'idée de nécessité, on passe à L'IDÉE DE FUTUR,
d'avenir prochain, surtout avec l'infinitif passif :
ex. quod a fratribus suis laudari et adorari haberet,
CVPR. Ep. 63, 6, parce qu'il devait être plus tard, parce
qu'il serait loué et honoré par ses frères ;
ad gZoriam quae in nos habeat reuelari, ITAL. Rom.
ap. TERT. Scorp. 13, qui nous serait (ILÉÂÂo'Ucra) révélée ;
audiri habebant, PASS. BON. ET MAX. (Ruin.) ,
allaient être entendus ;
qui flagellari et occidi haberenl, IREN. 3, 18, 5,
ceux qui seraient flagellés ou tués.
Le présent habeo et l'imparfait habebam, suivis de
l'infinitif sont à l'ORIGINE DE NOTRE FUTUR ET DE NOTRE
CONDITIONNEL français. Dans les exemples suivants,
l'idée de futur (ou de futur dans le passé, avec habebam),
apparaît au moins autant que l'idée d'obligation :
incipere habebal, AMBR. Hex. 1, 9 ;
el sic nihil habes inuenire in manibus luis, AVG.
Serm. 39, 5 ;
'
qui nasci habenl, HIER. In Eccl. l, c. 1072, ceux qui
naîtront, qui doivent naître.
§ 222. - 2. Debeo, suivi de l'infinitif, exprime parfois l'idée
de futur :
ex. postulauit ut horologium... ei transmittere debeamus,
Var. 1, 45 (on peut d'ailleurs considérer cette tournure
comme pléonastique
transmilteremus, comme les tournures du
paragraphe suivant) ;
se relaxari debuisse precibus speranti, GREG.-M. Ep. (Ew. J,
p. 442, 25) , espérant que ses prières l'auraient fait relâcher ;
ut... inconsignati non debeant remanere, ibid. J J, p. 262,
14, pour qu'ils ne restent pas sans être confirmés.
CASSo
=
1. Par contre, dans les exemples suivants : non habenl relribuere
tibi, VVLG. Luc. 14, 14 ; ego cibum habeo manducare, 10. 4, 32
(Ëx'o <pay.'''), habeo, suivi de l'in finit if garde son sens primitif : ils ne
peuvent, c.-à.-d. il n'ont pas de quoi te payer » : voir l'infinitif de
but, au chap. de l'In finitif.
«
131
'
1 32
EMPLOI DES TEMPS
§ 223. - 3. On trouve des formes périphrastiques
avec d'AUTRES VERBES que debeo, et ces verbes ne sem
blent pas avoir un sens plein :
ex. nisi recta uidere coeperint, HIER. 1er. 1, 3, 2
( = uiderint) ;
qua ratione de tam longo itinere huc pergere
d èmonstraris, VICT.-VIT. 2, 30 ( = pergis) , pourquoi
te voit-on venir... (cf. avec coepisse, dignari, uelle, ibid. 1,
18 ; 1, 15 ; 1, 27) ;
qui bus custodes uidemur esse praepositi, GREG.-M.
Ep. 4, 35, p. 271, 3 ;
qui nostrae aulae uidentur1 excubare, CASS., Var. 1,
1 0 ( = excubant) , que l'on voit de service, qui sont de
service à notre cour ;
quibusdam etiam nititur uelle superare, Var. 1, 45
(nititur uelle forme pléonasme) ;
nec quidquam liceat habere, BEN. Reg. 33 ( = ha
beat) ;
ut.. . referre gratias.. . ualeamus, GREG.-M. Ep. 9,
133 ( = referamus) ;
poteritis liberari, EVGIPP. Vit. Seu. p. 15, 18 ( = li
berab imini) .
D'ailleurs POSSVM peut former lui aussi des sortes de
futurs périphrastiques (SPART., TREB.) :
ex. ratus hunc succedere posse mox sibimet, SEDVL.
Carm. 2, 79 ;
posse se mandatis oboedire, EVGIPP. Vit. 16, 7,
qu'il obéirait ;
1. Dans les phrases suivantes uideri seul est l'équivalent de esse :
ubi munitiones aliquae uidebantur, VICT.-VIT. 1, 9, se voyaient,
se trouvaient ; qui infanlulus uidebalur, PASS. VII MON. 12.
FORMES PÉRIPHRASTIQUES
133
de même que INCIPIO (flé1..1.r.o), VOLO :
ex. incipiam te euomere, VVLG. Apoc. 3, 16 ; cf. CYPR.
orat. 9 ;
Dom.
,
uerba haec quae tibi incipio dicere, HERM. Pasto 1,
1, 1 ; IREN. 1, 13, 3 ;
uolentes (flé1..1.o. V'tEÇ) suscipere, Act. 20, 13 (cod.
Laud.) ; cf. HIER. Ep. 27, 2.
§ 224. - 4. Exemples de locutions pléonastiques avec
les verbes signifiant « dire » (style biblique) :
clamauerunt dicentes, Mat. 8, 29 ;
rogabant eum dicentes, Mat. 8, 31 ;
deprecabatur... dicens, Marc. 5, 23 ;
locutus est eis lesus dicens, 10. 8, 12 ; etc., etc. ;
docet dicens, LACT. lnst. 4, 4, 4 ;
adiecit et ait, ibid. 4, 12, 16 ;
clamans quid nos admonet uox dicens, BEN. Reg.
prol. (voir le chapitre des participes).
§ 225. - 5. Sum construit avec un PARTICIPE PRÉSENT
est un hellénisme :
ex. et erat plebs exspectans, VVLG. Luc. 1, 21 (.;jv...
:tQoo(\oxwv) ;
et erunt decidentes, Sap. 4, 19, ils tomberont ;
non enim sumus... adulterantes uerbum Dei,
2 Cor. 2, 17 ;
sic uitiis adhaerentibus obsecundans eram, CYPR.
Ad Don. 4 ;
non sint contradicentes, HIER. Tit. 2, 9 ;
paruulos indigentes esse Christi liberaloris auxilio,
AVG. C. lui. 1, 6, 23 ; cf. Conf. 1, 10 ; 4, 4 ;
s i scientes essent, AMBR. Psal. 43, 58 ;
134
135
EMPLOI DES TEMPS
EMPLOI DES TEMPS
qui erant in heremo commorantes, CASSIAN. Coll.
10, 2, 3 ;
sil praeualens, BEN. Reg. 2 ( = praeualeat) ;
quem sequentes fuerunt forsilan per passus cen
tum, PEREG. 16, 6 ;
tempus meum prope est : apud le facio (3tOLiil)
Pascha cum discipulis meis, V VLG. Mat. 26, 18 ;
scribat amicis suis.. . el ego scribo coepiscopis
fneis, VICT.-VIT. 2, 44 ;
horre uitium et principis mereris affectum, CASSo
Var. 7, 2.
même en sous-entendant le verbe esse :
ingressi sumus in sanctam ciuitatem, in qua adorantes
(fuimus) plOnumentum Domini, ANTON. Itin. 18 ;
même avec l'ADJECTIF VERBAL, qui exprime déjà le futur :
ex. in futuro erunt deputandi, FILASTR. 150, 9 ;
supra multa nimis constituendus eris, FORT. 5, 2, 56.
On trouve aussi cette périphrase avec le participe
futur, au lieu d'un simple futur :
ex. an hoc dicturi sunt ? AVG. Parm. 4, 3, 24 ;
perditurus es animam tuam, VICT.-VIT. 3, 50 ;
si cenaturi sunf, BEN. Reg. 39.
III.
-
Remarques sur l'emploi des temps proprement ditl
Voir les chapitres de l'infinitif et du participe, pour
l'emploi des temps dans ces modes.
1. Comme dans la langue familière de
§ 226.
l'époque classique, LE PRÉSENT PEUT REMPl.ACER LE
FUTUR :
-
ex. quando salutamus amicos maiores ? A VG. Conf.
6, 11, quand allons-nous saluer nos amis plus âgés ?
1. En ce qui concerne l'emploi des temps et des modes, à la
basse époque, il est nécessaire de se rappeler qu'il s'agit peut-être
de variantes orthographiques : ex. cum aliquis suscipit nomen
abbatis, BEN. Reg. 2 (ou suscepit 1) ; cf. les terminaisons ,auit,
-abit, prises l'une pour l'autre dans Grégoire de Tours.
Inversement, on trouve le futur, au lieu du présent :
ex. sicuf in trigonis ei telragonis pzzncta szznt, sic ei in
. circulo eius medium puncto possidebitur, MAMERT.
St. an. 1, 25, de même q u'il y a des points dans les
figures à trois ou à quatre cotés, de ,même un point
marquera le centre d'une circonférence.
§ 227.
2. Dans l'exemple suivant, l'imparfait de
tentative est plus hardi qu'en latin classique :
et uocabant eum nomine patris eius Zachariam,
VVLG. Luc. 1, 59, ils voulaient l'appeler (è%aÀOüv).
-
§ 228.
3. FUTUR, au lieu d'un IMPÉRATIF :
ex. et cum oratis, non erilis sicut hypocritae, VVLG.
Mat. 6, 5 ;
uade et dires, VICT.-VIT. 2, 47 (voir, plus loin, à
l'emploi des modes).
-
§ 229. - 4. FUTUR ANTÉRIEUR, au lieu du futur
simple (cf. uidero, je verrai, dans les lettres de Cicéron) :
ex. quis hoc negaueril ? AVG. Ciu. Z, 4, qui le niera ?
§ 230. - 5. Comme l'aoriste grec, le parfaitl peut
exprimer une action habituelle, ou une vérité générale
1. Dans le codex Bob. des évangiles, le parfait est souvent
employé dans des cas où la Vulgate a le présent : ex. beati qui
persecutione (m) passi sunt, Mat. 5, 10 (ol ÔEÔLcoy!léVOL). D'autre
136
EMPLOI DES TEMPS
EMPLOI DES TEMPS
(aoriste gnomique) ; c'est un usage postclassique ou
poétique :
ex. sollemniiates ueslras odiuit anima mea, VVLG.
Is. 1, 14, je hais (cl. odi) ;
plerique (= multi) ... el usque ad seneclulis aela
lem uitam produxere maculosam, AMBR. Psal. 1, 27.
§ 233. - 8. L'emploi du PARFAIT DU SUBJONCTIF, au
lieu d'un présent, pour ATTÉNUER UNE AFFIRMATION,
n'apparaît qu'à l'époque impériale (QVINT., PLIN.-I.,
etc.)
§ 231 . - 6. Comme l'aoriste grec encore, le parfait
peut avoir la valeur d'un plus-que-parfait :
ex. el non apparuit, quia tulit eum Deus, VVLG. Gen. 5,
24 ;
cum ipsi receperint quod ore proprio damnauerunt
(= damnaueranl) , AVG. Parm. 2, 3, 7.
§ 232. - 7. Dans les subordonnées, le PLUS-QUE
PARFAIT DU SUBJONCTIF commence à s'employer avec
la VALEUR D'UN IMPARFAIT :
ex. ne cenassel, TERT. Pall. 5, pour qu'il ne dînât
point ;
si poluissent, ARN. 1, 33 (= si possenl, irréel du
présent) ;
peliit ut reuerli licuisset, OPTAT. 1, 26 (= licerel) ;
sufficere debueral.. . ut inslauralio peccalorum non
instaurasset excidium, SALV. Gub. 6, 75 (mais ici, avec
une nuance d'action accomplie : « c'est chose faite
malheureusement ») ;
cum ignorasset... ilico iussit, VICT.-VIT. 1, 20.
part, les parfaits au sens d'un présent ne sont pas rares dans la
latinité tardive : ex. credidi, p. credo, par analogie avec cognoui
(cf. Salonius, Vitae patrum p. 292). Ce credidi a d'ordinaire une
valeur inchoative : ex. credidisse contenti, TERT. Bapl. l, s'étant
contentés de croire ; credidi (è,.tanuaa), Act. 4, 4, je suis devenu un
croyant, je crois ; si haec, inquit, ita esse credidisti, surge, RVF.
Hist. 10, il (Momm. p. 962, 29 ; credis, Migne) .
137
ex. quadam dixerim resul'rectione, C YPR. Ep. 39, 5 ;
ul ita dixerim, SALV. Gub. 5, 58 (la langue cicé
ronienne aurait normalement ut ita dicam).
Par contre l'emploi de ce même temps, AU SENS POTEN
TIEL, n'est pas inconnu à la langue classique : ex. si ergo
hoc dixerint, . . , in felligant, A VG. Bapt. 1, 12, 12. Il
s'agit d'exprimer une ÉVENTUALITÉ ACCOMPLIE DANS
L'A VENIR : « s'ils le disaient, une fois que cela serait dit
par eux » ; c'est analogue à l'emploi du futur antérieur
après si, quand la principale est au futur (si dixerint.. .
inlelligent) , donc dans la tradition latine.
§ 234. - 9. En latin classique, le potentiel du passé
s'exprime par l'imparfait du subj onctif : uideres, cre
deres, elc., on pouvait voir, croire, on aurait vu, cru.
Saint Augustin emploie aussi cet imparfait pour
exprimer un potentiel du présent, non seulement
avec des verbes comme possem (rare cl.), mais avec
d'autres :
ex. scire cuperem, Ep. 40, 9, je voudrais savoir ;
uenire dubitarem, Ep. 59, 2 (voir syntaxe des
conditionnelles).
On trouvera d'autres remarques concernant l'emploi
des temps à la syntaxe des propositions subordonnées
et à celle de l'infinitif.
1 38
EMPLOI DES MODES
B.
-
1.
EMPLOI DES MODES
-
L' indicatif
§ 235.
1. Le présent et le futur de l'INDICATIF ont
quelquefois la VALEUR D'UN SUBJONCTIF DÉLIBÉRATIF
(langue familière) :
ex. tll es qui uentuTlls es ? an alillm exspectamus ?
VVLG. Mat. 11, 3, ou devons-nous en attendre un
autre ?
qllid faciemus et nos ? Luc. 3, 14.
-
L'INDICATIF
139
cf. uiderint, à l'emploi du subjonctif ;
si habens imperatorem alterum appelles, nonne
maxime et inexorabilem ollensam contrahes ? Apol. 54,
Île commettrais-tu pas ... ? (pour la confusion futur
subjonctif présent, voir § 235 et 244) ;
cf,. quantis eum adflixerit poenis, humanus sermo non
poterit explicare, VICT.-VIT. 3, 27.
§ 238.
40. L'impératif est remplacé dans certains manuscrits
par l'indicatif :
-
ex. dieis ( die) , ITAL. Mat. 18, 17 (cod. Palat.) ;
offers ( offer) , Mat. 5, 24 (cod. Amiat.) ; Luc. 5, 14
(cod. Cant.) ; etc.
credis ( crede) , HERM. Pasto 6, 1 (cod. Vatic.) .
=
=
=
§ 236.
2. LE FUTUR PEUT REMPLACER LE SUBJONC
TIF dans les sentences :
ex. in procinctu semper erit, qui barbaros prohibere
contendit, CASSo Var. 2, 5 ;
-
et l'impératif dans les commandements :
ex. non occides, VVLG. Ex. 20, 13 ; et passim.
Ces usages ne sont pas étrangers au latin classique et
nous les avons signalés à l'emploi du futur.
§ 237.
3.
Chez Tertullien principalement, l'INDI
CATIF FUTUR peut exprimer certaines nuances traduites
normalement par le SUBJONCTIF :
ex. ostendemus, Apol. 10, on 'démontrera, on démontrerait ;
erit, Prax. 27 et passim, sera ou serait ;
haec erunt exempla, 1ei. 16 (tain:' ÛV EL'IJ 1taeaÔE LY!lat"a) ;
medici considerabunt, An. 14, les médecins verront, que les médecins discutent la question, c'est l'affaire
des médecins ;
-
-
5. On verra plus loin l'emploi des modes
§ 239.
dans les subordonnées ; mais on peut déjà noter, à titre
d'exemple, ces ALTERNANCES DE SUBJONCTIF ET INDI
CATIF dont la rencontre est subtile, car il ne faut pas se
hâter de la dire fortuite :
creator... ubique laudatur, uel qllod.. . inchoauerit
.. ueZ qllod adiuuet, uel quod impleat... lleZ quod peccan
lem... iustissima damnalione pro meritis ordinat, AVG.
Lib. arb. 3, 22, 65. On peut supposer que l'auteur
exprime d'abord au subjonctif les raisons que l'on a
dans l'esprit, lorsqu'on loue le Créateur ; ensuite, par
une sorte d'anacoluthe mentale, il en arrive à présenter
à l'indicatif une autre raison, c'est-à-dire LE FAIT, pour
lui vivement éclairé, de la prédestination (on loue Dieu
pour telle ou telle raison... ET MftME PA�CE QU'IL PUNIT) .
-
.
Voici deux propositions indépendantes coordonnées,
et pourtant à un mode différent :
eur non breuiter dixerit : « nos haeretico non commllni
camus )), sed addidit « quantum in nobis ))... ? AVG.
EMPLOI DES MODES
LE SUBJONCTIF
Bapt. 6, 22, 39. Ici encore la nuance s'explique : « pour
quoi n'aurait-il pas pu dire purement et simplement,
POURQUOI NE PAS DIRE ... (éventualité possible dans le
passé) MAIS VOILA QU'IL A AJOUTÉ. . . », le deuxième
verbe exprime un fait. Nous avons ici un exemple du
style vif et nerveux de la controverse ; savoir j ouer
finement de ces deux modes, indicatif et subjonctif,
c'est dans la pure tradition latine.
ex. si cognouisses, VVLG. Luc. 19, 42, si seulement
tu connaissais.
140
II.
-
Le subjonctif
§ 240. - 1. Le SUBJONCTIF OPTATIF est souvent em
ployé sans utinam, ce qui d'ailleurs n'est pas contraire à
l'usage classique :
ex. cum sanctis pignoribus fruaris tranquillitate per
petua, imperator auguste, AMBR. Ep. 51, 17, avec vos
nobles enfants, jouissez, auguste empereur, d'une tran
quillité perpétuelle ;
quod felicibus sanciatur 'auspiciis, CASSo Var. 3,
12, 2.
n apparaît souvent dans les oraisons de la liturgie,
pour exprimeI: une prière, une demande, une suppli
cation :
ex. tua carilas abundet in no bis, SACRAM. LEON.
p. 160, 18 ;
d'ailleurs en concurrence avec l'impératif :
ex. nobis indulgentiam tribue, ibid. p. 68, 7.
§ 241 . - 2. L'optatif s'exprime aussi par si ET LE
SUBJONCTIF ; c'est un hellénisme (avec eL) :
Pour forsitan, fortasse
=
141
liv, voir le dictionnaire.
§ 242. - 3. Le subjonctif seul, sans siue, peut exprimer
des SUPPOSITIONS CONTRAIRES ; c'est une extension
de l'emploi des locutions classiques telles que uelit,
nolit :
ex. scierit, nescieril, AVG. C. Cresc. 2, 26, 32 ;
ascendas, descendas, C. litt. Petil. 2, 100, 230.
§ 243. - 4. Les formes subjonctives uiderit, uiderint,
sont une FORMULE D'OMISSION (déjà employée par
Cicéron, Ovide, mais absolument) :
ex. quos (daemonas) uiderit eur censeat honorandos,
AVG. Ciu. 8, 19, qu'il trouve comment il faut, d'après
lui, les honorer (je lui laisse à débrouiller cette contradic
tion) ;
uiderint qui per capillum odorantur, TERT. Apol.
42, c'est l'afl'aire de ceux qui se parfument les cheveux·;
uiderint quantum uobis celeri gratulenlur, C YPR.
Ep. 54, 2.
§ 244. - 5. Exemple d'un SUBJONCTIF PRÉSENT, AU
LIEU DU FUTUR :
cum alltem ueneril quod perfectum est.. . inlegra
alque expressa ueritate resplendeat, AMBR. Psal. 118, 3, 19
(cf. § 233).
Dans d'autres cas, il s'agit d'une confusion de conju
gaison (§ 63).
LA PROPOSITION INFINITIVE
143
II. - LA PROPOSITION INFINITIVE
CHAPITRE VII
LES PROPOSITIONS SUBORDONNÉES
COMPLÉTIVES
I. - LA CONSTRUCTION PERSONNELLE
§' 245. - Cette tournure qui, dans la langue classique,
est limitée aux verbes dico, [rado, fera et analogues,
ainsi qu'à iubeor, ue/or, uideor, est ÉTENDUE A UN PLUS
GRAND NOMBRE DE VERBES :
ex. animalia qllae Iudaeis prohibita sunt manducare,
AVG. Serm. 149, 3,
dont la chair a été interdite aux
Juifs ;
praecipimur rationem reddere, VICT.-VIT. 2, 56
(et souvent avec ce verbe) ;
neque... negare arbitrandi sllmus, HIER. Pelago
1, l, on ne doit pas croire que nous nions... ;
si quis.. . inuentus fuerit n on habere uestem
nuptialem, In Mat. 3, 22, 11 ;
ut ostendatur nec populus esse sine culpa, . In
1er. 2, 5, 30 ;
cum mendax esse clarueris, LVCIF. A than. 2,
C. 920, comme tes mensonges sont devenus patents ;
quae uiuere negari non possunt, MAMERT. (Eng.
p. 43, 2) ;
cf. avec sustineor, C YPR. Ep. 30, 8 ; scior, ARN 1, 34;
etc. ;
...
.
même avec un accusatif dans la proposition infinitive :
uidebar mihi ueluti iuniorem esse factum, HERM. Pasto 9, Il.
' § 246. - 1. L'emploi de la proposition infinitive
avec les verbes exprimant l'affirmation, l'opinion,
continue dans la période du latin tardif ; mais chez les
auteurs chrétiens, ELLE PERD DU TERRAIN, au profit
de la construction en quod, quia, quoniam, comme nous le
verrons plus loin .
§ 247.
2. Par contre, on trouve la PROPOSITION
INFINITIVE :
-
a. avec des verbes exprimant le DÉSIR, la VOLONTÉ,
plus souvent qu'en latin classique, qui les construit
d'ordinaire avec ut et le subjonctif :
ex. opto omnes in ecclesia regredi, C YPR. Ep. 69, 1 6 ;
qui claudos praecipiebat incedere, ARN. 1 , 63 ;
ceteros abire pra�cepit, H IER. Vit. Hilar. 22 (et
souvent avec ce verbe) ;
petiit sese deponi VICT.-VIT. 3, 28.
Dans ces tournures, l'emploi de l'adjectif verbal constitue
un pléonasme assez fréquent à une basse époque :
abbatem sua decreuimus priuandum officia,
Ep. 5, 4, c. 725.
GREG.-M.
b) avec les verbes exprimant la CRAINTE :
ex. metuebant eos seduci, AVG. Ep. 149, 24.
Voir au chap. X l'emploi de l'infinitif seul avec les
verbes exprimant la crainte, la volonté, l'espérance.
Avec ces derniers, on se contente parfois de l'infinitif
PRÉSENT, au lieu du futur :
ex. sperans liberari, BARNAB. Ep. 1, 3 ;
aestimanles ossa inueniri, EVGIPP. Vil. Seu. 44, 6 .
LES COMPLÉTIVES
144
AVEC
§ 248. - 3. Proposition infinitive avec des VERBES ou DES
LOCUTIONS IMPERSONNELLES :
ex. nisi omnino clareat nostra potius esse certamina, CASSo
•..
Var. 3, 2 ;
factum est episcopum ordinari,
VICT.-VIT. 1, 24.
§ 249. 4. Facio, suivi de la proposition
infinitive, peut
.
avoir le sens de iubeo :
ex. fecii oppidum claudi, ARN. 5, 7 ;
quem a diuersis indicibus fecimus... perquiri,
CASSo Var. 5, 34 ;
ou celui de facere ut :
ex. ecce Pater fecit Filium nasci de uirgine, AVG. Serm.
52, 9 ;
barbaros cum barbaris fecit decernere, AMBR.
Ep. 24, 8.
§ 250. - 5. Scilicet, suivi de la proposition infinitive, dans
TERT. Màrc. 4, 34, signifie . apparemment que (. il va sans dire
que chez Plaute, Térence, Lucrèce).
D
D,
III. - LA PROPOSITION COMPLÉTIVE
AVEC VT, OVOMINVS, NE
§ 251 . - 1. On la trouve, contrairement à l'usage
classique, avec des verbes exprimant l'affirmation,
l'opinion :
ex. censere ut, C YPR. Sent. 74 ;
credere ut, TERT. Marc. 3, 18 ; HIER. Ep. 106, 1 ;
audire ut, FILASTR. 132, 3 ;
spero ut, ALCIM. p. 86, 31 ;
asserere ut, CASSo Var. 2, 9 ; etc.
VT, Q VOMINVS, NE
145
§ 252. - 2. Ces exemples de ut devant une proposition infinitive
n'ont j amais appartenu au langage soigné :
debemus {Idem nos tram exprimere ut haereticos . .. debere eos
b!}ptlzari, CYPR. Sent. eplsc. 4 (ces textes ne sont pas de Cyprien) ;
adnuntiantes uobis ut ab his uanis conuerti ad Deum
uiuum, ITAL. Act. 14, 16 (cod. Laud.) efJa"YYBÀL1;6!,sVOL Ô!'liç . . .
bW<QécpSLV) ;
euenit ut. . . hoc dici, HIER. Tr. psal. p. 170, 19 (traités
familiers) ;
persuade bat ei... ut... communia esse omnibus {ldelibus
reputare, THEOD.-Mops. In ep. ad Phil. 17 ;
cf. monilione docemur ne cum delinquentibus... uesci, PS.
CYPR. Aleat. 5 (var. ne quidem uesci).
Vulgarisme aussi cet emploi de l'indicatif : {le bat ut omnis. . . iba/,
ITAL. Ex. 33, 7 (ap. LVCIF.) .
§ 253. - 3. Vi avec iubeo est rare en latin classique :
CYPR. Ep. 16, 4 ; 69, 13 ; VVLG. Gen. 42, 25 ; etc.
§ 254. - 4. On trouve de même avec cette conjonc
tion des verbes comme promiitere, iurare (proposition
infinitive en latin classique) :
ex. quod promisisset Dominus . . . ut lraderel, VVLG.
los. 9, 24 ; CASSo Var. 8, 5 ;
iurauit palribus ut darel, Ex. 13, 5 ; iurare ul non,
Deul. 4, 21 ; iurare ne, Gen. 21, 23.
§ 255. - 5. Ainsi que de nombreuses L OCUTIONS
IMPERSONNELLES qui seraient accompagnées du simple
infinitif dans le latin classique :
ex. facilius est ut, AVG. Ciu. 21, 9 (déjà dans Pline
le Jeune) ;
difficile esl ut, CAES.-AREL Serm. (Morin p. 219, 13) ;
tanlum est ut, CASSo Var. l, 31, il suffit que ;
ou qui se construiraient avec quod :
addiiur ut, CAES.-AREL. p. 563, 13, on ajoute que. . .
.10
146
LES COMPLÉTIVES
AVEC
§ 256.
6. Vt se rencontre même dans une PROPO
SITION NÉGATIVE :
ex. ut nihil, HILAR. Psal. 13, 1 (cf. supra : iurare ut
non) ;
caue ut non delinquas, COMM. Instr. 2, 5, 7.
-
Pour la construction de chaque verbe, il faut consul
ter le dictionnaire.
§ 257.
7. On trouve le SUBJONCTIF SEUL avec la
locution opus est :
ex. refrenes opus est, AVG. Ep. 12 ; Serm. 38, 25 (déjà
chez Pline le Jeune) ;
-
avec sinere :
ex. sinite illos refrigerent, PASS. PERP. 131•
QVOD, Q VIA, ETC.
147
ex. quid in me tirone timeat quominus uelit sermonem
conferre non satis intelligo, AVG. Ep. 36, 6, je ne vois pas
pien pourquoi il n'ose pas se mesurer dans une discus
sion avec un novice tel que moi (voir plus loin timere
quod ; et dans le dictionnaire au mot quominus, que
l'on verra construit avec toutes sortes de verbes).
§ 260. - 10. Avec absit, « loin de nous la pensée que,
nous n'admettons pas que », on trouve plus souvent ut
et le subjonctü : TERT. A pol. 37; AVG. Serm. 214, 4 ; etc. ;
mais quelquefois le subjonctif sans ut : C YPR. Ep. 33, 1;
ou même l'infinitif : Ep . .'30, 2.
IV.
LA PROPOSITION COMPLÉTIVE
AVEC Q VOD1, Q VIA, QVONIAM, ETC.
-
§ 258. - 8. Vt, au lieu de quominus, avec des verbes
exprimant l'EMPÊCHEMENT :
ex. ut de ecclesia ueniant retardari, C YPR. Ep. 73, 24.
Par contre, chez cet auteur, deesse négatif se cons
truit avec quominus ou quod :
ex. nec spiritu, nec actu . . . defui quominus fratribus
nostris consulerem, Ep. 20, 1 ;
deesse non potest quod peccetur, Op. et el. 18,
on ne peut s'empêcher de pécher.
§ 259. - 9. Quominus, au lieu de ne avec des verbes
signifiant « craindre »2 :
1. A remarquer encore, dans la Vulgate, cette absence de subor
dination : factum est autem in diebus illis, exiit edictum, Luc. 2, 1
(tyév."o ôê.. t;ij .. eev My",,,) ;
factum est autem... et ipse stabat, Luc. 5, 1.
2. dubitare ne, CASSo Var. 8, 3, signifie . craindre que
>.
Une des particularités les plus remarquables du
latin chrétien, c'est, à l'imitation du grec 01:L ou 001,;,
l'emploi de quod, quia, quoniam, et même qualiter,
qu aten us, quomodo, avec l'indicatü ou le subjonctü,
au lieu de la proposition infinitive, avec des verbes
d'affirmation, d'opinion, de sentiment, etc. Nos auteurs
emploient la proposition infinitive avec les mêmes
verbes sans différence de sens.
1. On trouve même quod devant une proposition infinitive :
ex. congaudere quod nos... pacem fecisse, ap. CYPR. Ep. 53 ;
VICT.-VIT. 3, 14 ; MAMERT St. an. 1, 25 ; HIER. Tr. (Morin, Ame.
III, 2, p. 406, 8) ; cf. intelligendum quia ... hoc dici, Tr. in Is.
p. 98, 7. II s'agit d'une anacoluthe appartenant au langage
familier.
Une proposition en quod coordonée à une proposition infinitive :
ex. accepimus eum esse consullum et quod responderit. . , AVG.
Bapt. 3, 3, 4.
148
AVEC
LES COMPLÉTIVES
1. Avec quod :
§ 261 .
a. ex. à l'INDICATIF : dixisti... quod in le uiuimus,
AVG. Cont. 7, 9 ;
credimus quod illi... non potuerunt, Rapt. 1, 4, 6 ;
dico enim uobis quod multi prophetae uoluerunt
uidere quae... , V"LG. Lllco 10, 24 ;
scimlls qllod de terra Deus plasmauit hominem,
HIER. C. Ioan. 21 ; cf. In Is. 17, 60, 15 ;
Dominum praedicasse quod in fine mundio ..
refrigescet caritas . . Ep. 52, 4.
-
o,
b. ex. au SUBJONCTIF : · 1. SCzoo quod
operuen°t,
Ep. 130, 2 ;
2. unde scire poterat Cain quod Irafris eius munera
suscepisset Deus, Qu. Hebr. Gen. p. 8, 16 ;
3. praedicasse continuo quod Iesus esset Filius Dei,
In Gal. 1, 1, 1 7 ;
4. nuntiat Saluatori quod mater sua et tratres stent
toris, In Mat. 2, 12, 4 ; Ep. lOS, 18 ; VVLG.
Gen. 22, 20 ;
5. . .. de paganis diximus... quod persecutionem ab
imperatoribus patiantur, AVG. Rap!. 1, 10, 16 ;
6. non puto quod. . . debeamus, SALV. Gub. 1, 2, 6 ;
'1. puto quod... cognoscas, Gub. 1, 9, 40. je pense que
tu DOIS apprendre...
8. declamas quod ... nullam poenam senserit, MAMERT.
.
St. an. p. 31, 21 (selon toi) ;
9. considerantes ac scientes quod (et subj.), C YPR. Hab.
uirg. 2.
o ••
Dans la plupart de ces exemples, l'empJoi du sub
jonctif se j usti fie, soit parce qu'il exprime une NUANCE
SUBJECTIVE (3, 7, 8), soit parce que LE VERBE PRINCIPAL
QVOD, QVIA, ETCo
149
EST A LA FORME NÉGATIVE OU INTERROGATIVE (2, 6). Il
est naturel que praedicare, au sens de « proclamer », soit
suivi du subjonctif ; mais de l'indicatif, lorsqu'il équivaut
à praedicere (comme dans le dernier ex. de a). Par contre,
dans les ex. 1, 4, 5, 9, il est plus difficile de rendre
compte de ce mode, qui a une -tendance à empiéter sur
l'indicatif dans ces sortes de propositions : on s'en rendra
facilement compte en consultant les éditions pourvues
d'un index. De même que les auteurs classiques disent
gaudeo quod ualeas, en concurrence avec gaudeo quod
uales, sans penser formellement à une nuance subjective,
de même que nous disons en français « je ne crois pas
qu'il soit venu », aussi bien que « je ne crois pas qu'il
est venu », sans penser formellement à exprimer un doute
plus fort, de même, en latin tardif, le SUBJONCTIF
AVEC quod est devenu d'un emploi EN QUELQUE 'SORTE
MACHINAL.
Quelquefois quod est omis :
ex. denuntiantes eis, si manserint, capientur, EVGIPP.
Vit. Seu. p. 42, 7 (cf. des parataxes analogues, note de
la page 146).
Autres exemples de la tournure en quod, avec des
verbes signifiant « permettre » :
polliceri quod (et subj.), CYPR. Ep. 73, 22 ;
avec non dubito : CAES.-AREL. Serm. (Morin, p. 66,
28) ; VVLG. Tob. 7, 13 ; etc. ;
avec un verbe de SENTIMENT :
confido quod (et subj.), CASSo Var. 8, 11 ;
avec un verbe signifiant « CRAINDRE » :
timere quod (et subj .), HIER. Ez. 7 fin. ;
LES COMPLÉTIVES
AVEC QVOD, QVIA, ETC.
avec une LOCUTION IMPERSONNELLE :
salis est quod omnifl et facta a Deo constat et. . . ,
TERT. Herm. 33, il nous suffit de dire que... ;
plus est quod (et indic.), An. 19, il Y a en plus le
fait que... ;
melius est quod (et indic.), CASSo Var. 11, praef.
ex. iurauit illi quia dabo, Marc. 6, 23 ;
confessus est quia non sum Christus, Jo. 1, 20 ;
cf. coepit docere eos quoniam oportet ( oporteret) ,
Marc. 8, 31 (i]Q;a:r:o ôLôci.aXELV OH ôEL ; en grec, on peut
avoir le même. temps que dans le discours direct) ;
§ 262.
2. Avee quia, qui est suivi PLUS SOUVENT DE
L'INDICATIF :
ex. an ignoratis quia in morte ipsius baptizati sumus ?
VVLG. Rom. 6, 3 :
audierat de te quia doceas, Act. 21, 21 ;
non est dubium quia diligit, AVG. Serm. 15, 1 ;
uides ... quia non potes, SALV. Gub. 2, 5 ;
scriptum est de ecclesia quia erit et uidetllr quia est,
CAES.-AREL. Serm. p. 596, 28 ;
dictum est a Deo quia aspiciat iugiter omnem
terram, SALV. Guh . 3, 4 ;
cf. credo quia, TERT. An. .57 ; apparet quia, Adu.
Marc. 4, 10.
IREN. 4, 20, 5 ;
150
-
.
§ 263.
3. Avec quoniam, le plus souvent suivi de
l'indicatif :
ex. ignoras quoniam benignitas Dei ad paenitentiam
te addllcit ? VVL G . Rom. 2, 4 ;
in A ctis apostolorum inuenimus quoniam... ; TERT.
Bapt. 10 ;
scire quoniam, CYPR. Eccl. un. 17 ;
ignorare quoniam, HIER. Ep. 147, 1.
-
4. Il est à remarquer que ces conjonctions,
§ 264.
dans la Vulgate, comme on en grec, peuvent INTRODUIRE
T.E DISCOURS DIRECT, équivalant ainsi à nos deux points :
-
151
=
•••
et dans la littérature de traduction :
praesignificabant
.
. . prophetae quoniam uidebitur Christus,
cf. repromissionem acceperat quia in semine tuo benedicentur,
1 in psal. p. 9, 9.
HIER. Tr.
§ 265.
5. Les conjonctions suivantes sont employées
moins fréquemment
-
a. qualiter :
ex. dixit... qualiter populus ... uoluisset, VVLG. Judith
6, 12, il raconta comment. .. , il dit que ... ;
scitis ... qualiter uobiscum per omne tempus fuerim,
Act. 20, 18.
§ 266.
AVR.) :
-
b. quomodo, toujours avec l'indicatif (C.
ex. intelligitis quomodo in parabolis posita sunt
mulla, BARNAB. Ep. 17 ;
uiderunt oculi tui quomodo (ô>ç ; VVL G. , quod)
tradidit te Dominus, ITAL. 1 Reg. 24, 11, ap. LVCIF.
Athan. 1, 14 ;
recordamini quomodo distracta sunt, OPTAT. 3, 10 ;
cf. dicam uobis quemadmodum. . . , VIT. PATR. 3, 212
( 5, 12, 9 quia : ÔELXvUOO U/iLV O'tL) .
=
Il ne s'agit pas, dans ces exemples, d'interrogations
indirectes.
152
153
LES COMPLÉTIVES
L'INTERROGATION INDIRECTE
c. quatenus « que J, suivi du subjonctif : HADR. 1 Ep. 6,
§ 267.
3, c. 1211. De même que quod, nous retrouverons cette conjonction
dans les circonstancielles de but, de cause, de conséquence ; elle
est particulièrement fréquente dans le latin médiéval.
putas ubi mittendus est. qui inuasit alien am
(rem) , CAES.-AREL. Serm. p. 595, 16 ; imagine : où sera
t-il envoyé celui qui... ?
A remarquer cette alternance de mode :
scis quis sum ego ? et ille dixit : Deus te scit quis sis,
VIT. PATR. 5, 15, 66 (sans doute plus de vivacité dans
la première proposition à l'indicatif).
-
§ 268.
d. plus est si, suivi de l'indicatif :
encore faire un pas de plus, si... ;
-
TERT. Pud 9, c'est
.
sufficit si, Adu. Marc. 2, 26, il suffit que.
e. A remarquer les expressions bibliques iurare si, au
§ 269.
sens négatif :
-
ex. iuraui in ira mea, si introibunt,
juré qu'ils n'entreraient pas ;
§ 271 . - 2. A l'époque impériale, an introduit une
interrogation indirecte simple après d'autres verbes
que nescio, dubito, par ex. spectare, quaerere ; cet usage
se développe encore par la suite : ·
VVLG. Ps. 94, 11, j'ai bien
iurare nisi, au sens affirmatif :
ex. iurauit per semétipsum dicens : nisi benedicens benedicam
te et multiplicans mulliplicabo te, Hebr. 6, 13 et 14 ( Gen. 22, 16) , il
jura ... qu'il bénirait...
V.
-
ex. examinare an, CYPR. Mort. 16 ;
cum cognoscitur an mereatur, TERT. Apol. 1, quand
on sait si (cette chose) le mérite.
Cet adverbe peut aussi remplacer utrum :
ex. ut probetur an uerum dicit, an mentitzlr, A VG. C.
Fel. 1, 55 ;
nec interest talibus an sumere cibum, an sustinere
ieiunium, CASSo Var. 11, 10, 1 (pour cet emploi de l 'infi
nitif, voir plus loin, 5).
L'INTERROGATION INDIRECTE
1. En latin tardif, le MODE INDICATIF rem
§ 270.
place souvent le subj onctif dans ces sortes de proposi
tions ; cet usage d'ailleurs n'était pas inconnu du latin
archaïque :
-
ex. quomodo inlructuo�i uidemur. . non scio, TERT.
Apol. 42, je ne vois pas pourquoi on nous regarde
comme des inutiles ;
si scire uultis quid facitis, AVG. Serm. . 1 96, 4 ;
intellige quid loquitur, HIER. Pelago 3, 8 ;
nesciens quod de illo decreuerat Deus, VICT.-VIT. 1,
31 ;
considerandum est quid aetate eminenli iam dignum
est, PS.-CYPR. De duod. ab'us. 2, il faut voir ce qui con
vient à un âge déjà avancé ;
§ 272.
3. Dans la poésie classique, l'interrogatio n
indirecte introduite par l'adverbe si ne se rencontre
qu'après des verbes comme mirari ; à notre époque, on
le trouve APRÈS D'AUTRES VERBES, notamment uidere :
-
.
.
ex. uidete si est dolor sicut dolor meus, VVL G. 1er.
lam. 1, 12 ;
uideamus si non resistunt, AMBR. Ep. 40, 9 ;
uideamus si haeretici describuntur in psalmo illo,
.
A VG. Bapt. 6, 31, 60 ;
si quid passi estis nescio, C. litt. Petil. 2, 8, 20
154
LES COMPLÉTIVES
L'INTERROGATION INDIRECTE
(mais chez cet auteur, si et le subjonctif a le sens classi
que de « si, pour le cas où ») ;
qui episcopus ordinandus esl, antea examinetur
si nalura sil prudens, CONC. CARTH. IV, cap. 1 (Ma. 3,
c. 949) ,.
perpendite, paires conscripli, si hanc subolem
inremuneraiam relinquere debuimus, CASSo Var. 2, 16 ,.
et dans une interrogation indirecte double :
si... an (non) , LvclF. Non parc. 19 ,.
si... siue non (Et... il où), ITAL. Deul. 8, 2 (Rœnsch,
p. 404) .
Exemples d'interrogation triple :
ulrumne... an ... seu, CASSIAN. Coll.
ulrum ... ue... seu, Insl. 8, 6.
1,
20, 2 ,.
§ 272 bis.
4. L'adverbe INTERROGATIF ne peut être
NON ENCLITIQUE dans une interrogation directe ou
indirecte :
-
ex. ne lu maior sis ? ITAL. 10. 4, 12, ap. TERT. Marc.
4, 35 (""1]) ;
(avec l'indicatif) AVG. Ciu. 1, 28 ,. AMER. Psal.
37, 26 ;
audire ne, ARN. 1, 10, et AVG. Ep. 193, 4, 10,
apprendre si par hasard ;
nescio ne, TERT. Nat. 1, 10 ,.
uidere ne, Carn. Chr. 23, voir si (dans la langue
classique, uidere ne signifie « veiller à ce que... ne pas »,
ne étant la conjonction) ;
recogitare ne, Apol. 2 ;
cogitauit ne possel, VICT.-VIT. 3, 50, essaya si elle
ne pouvait pas ;
155
même au sens de nonne :
uideamus ne hic honor ad lolam respiciat lrinila
lem, FAVST.-R. Spir. Sc. 1, 7, p. 112, 22 ,. cf. TERT.
Apol. 26.
§ 273.
5. On trouve même l'infinitif dans une
interrogation indirecte :
-
ex. istos nescire quid loqui, AVG. Ep. 157, 4, 27 ,.
nescire quod dicere, C. litt. Pelil. 2, 51, 118 ,.
non inueni aliud qua transire, ap. EVGIPP. Exc.
p. 381, 8 ,.
non habebamus ubi requiescere, HIER. Tr. I in
psal. p. 61, 1 ,.
nescit quo flectere puppem, CORIP. Ioh. 1, 273;
quidnam deliberare ambigebanl, lORD. Gel. 25, 131.
CAUSALES
CHAPITRE VIII
LES PROPOSITIONS SUBORDONNÉES
jonctif qui intervient, par exemple dans les concessives
introduites par quanquam ; on verra le détail de ceci
dl:!-ns les paragraphes qui vont suivre.
C IRCONSTANC IELLES
Remarque préliminaire
§ 274.
En étudiant l'emploi des modes (chap. de
l'indicatif, fin, et subordonnées complétives en quod),
nous avons constaté que les nuances de sens séparant
le subjonctif de l'indicatif continuaient à être senties
dans le latin tardif, mais que, dans certains cas, le sub
jonctif intervenait sans raison apparente. Il en va
pareillement dans la syntaxe des propositions circon
stancielles, où l'on voit même LE SUBJONCTIF ENTRER EN
CONCURRENCE AVEC L'INDICATIF DANS LA MtME PHRASE,
dans deux propositions cordonnées ou j uxtaposées.,
-
ex. cum subuenerit nemo et plena sunt omnia. . . , ARN.
1, 49 ;
cum Esau primatus suos... perdidit nec recipere
potuerit, C VPR . Ep. 73, 25 ;
quod a Deo recessistis et pro illo uOs idola delec
tarunt et fornicatae sitis, HIER. Jer. 1, 3, 12 ;
quando peccant... et recesserint, ibid. 2, 9, 10 ;
quid erit suauius quam ... protulisse iudicium, ubi
tot patriciorum corda prouocantur ad gratiam, ubi
bonum factum celebretur ore sapientium ? CASSo Var. 3, 11.
De plus, dans certains cas, l'indicatif prend la place
du subjonctif, contrairement à l'usag� classique, par
exemple avec cum causal ; dans d'autres, c'est le sub-
157
I. PROPOSITIONS CAUSALES
, § 275.
1. La langue classique emploie le subjonctif
après quod, plus rarement après quia, lorsque la cause est
présentée, non comme un fait, mais comme la pensée
ou la parole du sujet de la principale. Il existe une
distinction analogue avec les verbes de sentiment.
Par analogie avec ces derniers, saint Jérôme emploie
le subjonctif avec flere :
ex. fluât et Dominus super ciuitatem Jerusalem, quia
non egisset paenitentiam, Ep. 122, 1. Il s'agit d'un fait
(elle n'avait pas fait pénitence), mais présenté comme
la pensée du Maître.
-
La phrase suivante est encore un exemple de cette
tendance à introduire partout le subjonctif, avec un
verbe de sentiment :
in hoc habui consolationem quod fuerit..., Jn Jer.
3, 15, 17.
Dans les exemples suivants, la nuance subjective
est moins apparente :
Pythagorae igitur, quia nihil ipse scriptitauerit,
a posteris quaerenda sententia est, MAMERT. St. an. 2, 3,
puisque Pythagore n'a rien écrit, il faut chercher sa
pensée chez les disciples qu'il a laissés (ce n'est pas seule
ment un fait que constate Claudien Mamert, c'est aussi
ce que les chercheurs se disent) ;
ipse autem Jesus non credebal semetipsum eis,
LES PROPOSITIONS CIRCONSTANCIELLES
CAUSALES
eo quod1 nosset omnes, VVLG. 10. 2, 24 ; le subjonctif
exprime ici une NUANCE DE DISCOURS INDIRECT : je les
connais, pensait-il (Comme l'évangile de saint Jean
figure parmi les textes du Nouveau Testament remaniés
par Jérôme et pas seulement retouchés, il faut y voir une
intention du traducteur latin ; d'ailleurs, il n'y a pas
d'optatif dans le texte grec ÔtÙ Ûl a:{rrov ytvoomtetv).
Apol. 9, Saturne n'ayant pas épargné ses propres
enfants ;
cum eum argumenta deficiunt, .. . in luxurias
épularum ... inuehitur, AVG. Ep. 36, 2, 3, à court d'argu
ments, il s'emporte contre le luxe de la table (il ne s'agit
pas d'un fait habituel) ;
quem tibi terribilis concussit corde pauorem uisus,
cum laeti sermonis gratia placat ? Ivvc. 1, 15 (cum
« alors que » passe facilement de la nuance temporelle
à la nuance causale) ;
cum dierum noctiumque uices uariant, MAMERT.
St. an. 2, 12 ;
cf. CASSo Var. 2, 28.
1 58
§ 276.
2. En latin classique, la locution non quod...
sed quod se construit avec le subjonctif dans le premier
membre et l'indicatif dans le second ; cette distinction
n'est pas toujours observée chez nos auteurs :
ex. non enim ... ista accidunt quod dii uestri a nobis
non colantur, sed quod a uobis non colatur Deus, C YPR.
Ad Demetr. 5 ;
non quod ipse esset Pater et Filius, sed quod tam
similes sint . . . , A VG. Tr. eu. 10. 70, 2 ; cf. HIER. 1er. 3,
14, 2.
-
Inversement, non quia se rencontre suivi de l'indicatif :
ex. non... quia in martyri bus reperitur (uirginitas) ,
sed quia ipsa martyras faciat, AMBR. Virg. 1, 3, 10 ;
cf. LVCIF. Athan. 2, c. 889 A .
§ 277.
3. Exemple de quoniam devant une proposition
indépendante, au sens de « car » :
quoniam quis audiuit ? VVLG. PS. 58, 8 ; Ps. 8, 2.
-
§ 278.
4. Cum causal se rencontre avec l'indicatif,
au lieu du subjonctif :
ex. cum propriis filiis Saturnus non pepercit, TERT.
-
1. Il existe aussi pro eo quod, suivi de l'indicatif (cl. propterea
quod) : VVLG. Ps. 108, 15 ; ipsum quod (avec l'indicatif), TERT.
Prax. 9, pour la raison même que.
159
§ 279. - 5. Déjà dans Salluste, Tite-Live et d'autres,
quardo SUIVI DU SUBJONCTIF a pris un sens causal
« puisque, du moment que ». C'est devenu très fréquent
chez les auteu�s chrétiens :
ex. quando aliud baptisma praeter unum esse non
possit, CYPR. Eccl. un. 11 ;
cf. T ERT. Prax. 29 ; Apol. 1 ,' Nat. 1, 16 ,' AMBR.
Luc. 5, 5 ; AVG. Ep. ad cath. 3, 6 ,' FAVST. Trin. prael. ; etc.
§ 280.
6. Nos auteurs utilisent, pour exprimer la
cause, un certain nombre de conjonctions qui n'ont pas
ce sens en latin classique :
-
a. Quare « puisque » :
ex. lerte praesidium ut expugnemus Gabaon, quare
transfugerit ad losue, VVLG. los. 10, 4 ;
quare
«
parce Il
:
ex. tumeant contra me mariti quare dixerim, HIER.
Ep. 48, 15 ;
LES PROPOSITIONS CIRCONSTANCIELLES
CAUSALES
arguatur euqngelista mendacii, quare addiderit,
Ep. 57, 7.
Dans ces différents cas, le latin classique emploierait
quod et le subjonctif.
b. Quomodo « puisque » : TERT. Prax. 15.
LE PARTICIPE PRÉSENT. Certaines phrases présentent un
sens intermédiaire :
Iudaei nonne inde perierunt, dum Christo malunt
inuidere quam credere ? C YPR. Zel. .J, . . . en préférant,
alors qu'ils préféraient, parce qu'ils préféraient.
160
c. Vt « étant donné que »
:
ex. ut meminisset nostrum se esse doclorem, AVG. Tr.
eu. 10. 104, 2 (lat. cl. ut qui meminisset, ou bien ut
memineral) ;
pro eo ut « pour la raison que » : VVLG. Ps. 108, 16.
d. Quaienus « puisque, du moment que », suivi du
subjonctif (déjà chez HOR., PLIN.- I., TAC.) : TERT.
Prax. 17 ,. Herm. 32 ; SVLP.-SEV. Dial. 1, 12, 5 ,. MINvc.
5, 6.
§ 281 . - e. Dum
de l'indicatif :
«
du moment que, puisque », suivi
ex. dum non redditur (baptismus) , amitti non potuisse
iudicatur, AVG. Bapl. 1, 1, 2 ;
magno et mirabili aequitatis iure certatum est, dum
omnipotens Deus... in nostra congreditur humilitale,
LEO-M. Serm. 21, 1, ... puisque le Seigneur tout-puissant
combattait (tandis qu'il combattait) après avoir revêtu
notre propre faiblesse ;
. medendi peritus inuitum Irequentur saluat aegro
tum, dum uoluntas recta in grauibus passionibus non est,
CASSo Var. 1, 5, ... car (plutôt que « quand ») dans les
maladies graves la volonté n'est plus normale ;
cf. TERT. Apol. 29 ,. Adu. Marc. 4, 8.
n semble qu'on soit parti du sens classique de dum
explicatif, qui peut se traduire en français par « EN » ET
.
161
Dans d'autres cas, dum exprime plutôt la manière ou
le moyen :
ex. nos reparat, dum quod cecidit in Adam primo
erigitur in secundo, LEO-M. Serm. 12, 1, nous rachète,
en relevant dans le second Adam . . . ;
dum humanam conditionem sideribus importauit,
Ps.-AVG. Serm. 176, 1, en emportant aux cieux l'huma
nité ;
non quia peccat homo dum moritur, AVG. ap.
EVGIPP. Exc. p. 279, 8, non que la mort pour l'homme
soit un péché (voir les propositions temporelles, 3,
§ 31 1).
Moins souvent, ce dum causal est suivi du subj onctif,
sans que la nuance exprimée soit différente :
ex. dum eos detestaretur, AVG. Vnic bapt. 13, 22,
parce qu'il les détestait ;
nec tardari ... uolumus ... dum uelimus omnia
inter nos esse dedsa, CASSo Var. 1, 23, 2, ce n'est pas
vouloir traîner les choses en longueur que de désirer...
(voir, dans les temporelles, dum, au lieu de cum).
§ 282. - 1 . Siquidem ou si quidem « puisque ,
attendu que », suivi le plus souvent du SUBJONCTIF, au
lieu de l'indicatif classique :
LACT. Inst. 4, 14, 1 7 ; HIER. C. Ludl. 20 ,. SVLP.-SEV.
Chrono 2, 3, 6 ; Dial. 2, 6, 6.
11
162
CONSÉCUTIVES
LES PROPOSITIONS CIRCONSTANCIELLES
g. Quo « parce que )J, avec l'indicatif :
ex. hoc ipso operari amplius debes, quo multorum
pignerum pater es, CYPR. Op. et el. 18, les bonnes œUVTes
sont d'autant plus un devoir pour toi que tu es père de
nombreux enfants (cl. eo magis quod, quand la deuxième
proposition ne contient pas de comparatif ; les gram
maires rangent aussi ces tournures dans les compara
tives).
h. Cur. Les poètes classiques offrent des exemples de
irasci cur. Chez les auteurs chrétiens, c'est devenu une
conjonction qui s'emploie avec des verbes exprimant
L'ACCUSATION, LA PROTESTATION :
ex. delrahere alicui cur, H IER. Ep. 27, 1, reprocher
à qqn. de ;
argui cur, PS.-AMBR. Serm. 58, être accusé de ;
de hoc queruntur cur ita sil positllm, FILASTR. 130 ;
frendes cur fuisset admissus, SVLP .-SEV. Dial. 2, 5, 8.
On la trouve même suivie de l'indicatif :
ex. dolore cor nostrum repleium est quur bonitas uestra
nos audire renuit, STEPH. I I p. 492 ; BON. Il c. 37 B,
de même on trouve
ut nullus, au lieu de ne quisquam : C ASSo Var. 2, 8 ;
ne... et non, au lieu de ne... neue, ibid. 7, 15.
§ 284. - 2. Quo s'emploie quelquefois, au lieu de ut,
même lorsque la proposition ne renferme PAS DE COMPA
RATIF, ce qui est rare en latin classique :
ex. rogabc m te... quo sanares dolorem meum, A VG.
Conf. 2, 12 ; 6, 13 ; 8, 13 ; TERT. Apol. 27 ; 47.
§ 285. - 3. Certaines conjonctions expriment le b ut
contrairement à l'usage classique :
a. Quatenus « a fin que jusque-là, afin que » :
ex. quatenus ueniente Domino mereantur al/dire, Ps.
C VPR. E U Jd. ablls. 10; RVF. Orig. princ. 4, 1, 19; INNOC.
Ep. 3, 1 ; AVG. Catech. 14, 21 ; CAS S Compl. in Rom. 35 ;
PS.-AMBR. Serm. 1, 38 ; GREG.-M . Pasl. 3, 29.
o
b. Quemadmodum
-
PROPOSITIONS FINALES
§ :283. - 1. Dans les propositions négatives, ut non
remplace très souvent ne :
ex. sed fugerunt ut non uiderent te uidentem se, AVG.
Conf. 5, 2, ... pour ne pas voir que vous les voyiez ;
Ilt non cadam, VVLG. Eccli. 22, 33 ; Ps. 9, 42 ;
CAES.-AREL. Serm. p. 76, 4 ; etc. ;
cf. cur pergis ad eremum . . . ? ut te non audiam, ... ne
me capiat oculus meretricis, H IER. C. Vigil. 16 ;
«
CASSo Var. 7, 2 ; 12, 3.
III.
II.
163
-
de manière que, pour que )) :
PROPOSITIONS CONSÉCUTIVES
§ 286. - 1. Ne peut remplacer ut... non : TERT. Carn.
Chr. 3 ; SAL V. Eccl. 3, 64 ; MAMERT. p. 33, 19 ;
ideo ne, TERT. Apol. n.
§ 287. - 2. In tantum ut
chrz Sénèque :
(C
à tel point que )) est déjà
ex. in tantllm nihil possunt cultoribus suis ut..., H IER.
GuI. 2, 4, 8, ils sont si loin de pouvoir quelque chose pour
leurs adorateurs que ...
164
«
LES PROPOSITIONS CIRCONSTANCIELLES
Mais cette locution se retrouve plus tard, signifiant
de sorte que » :
CAES.-AREL. Serm. p. 502, 1 ; p. 547, 13.
§ 288. - 3. Vt « au point de se rencontre suivi d'une proposi
tion infinitive : ITAL. 2 Cor. 2, 1, ap. TERT. Pud. 13 ; Act. 16, 39
(cod. Cant.) (= O\",e et l'infinitif).
»
§ 289.
- 4.
/ta
•••
quo « de telle manière que " avec le subjonctif :
EVGIPP. Vit. Seu. p. 66, 19.
§ 290. - 5. Quatenus : sed uide ut tantum doctrinae deferas
quatenus probabiliter omnia perquisitus exponas, CASSo Var. 6, 6,
assez de science pour pouvoir lui exposer... ;
et sic... quemadmodum « de manière que », avec le subjonc
tif : Var. 7, 2.
§ 291. - 6. Ce qui est plus remarquable, c'est de
trouver des consécutives à l'INDICATIF :
ex. Ua ut nihil effieiebal fame et siti, LVCIAN. ap. C YPR.
Ep. 22, 2 ;
eeclesia... ualde pulehra... ut uere digna est dom us
Dei, PEREG. 19, 3 ;
surtout avec d'autres conjonctions que ut :
ex. quo hie iturus est quia non inueniemus eum ?
VVLG. 10. 7, 3.5, où ira-t-il que nous ne pourrions plus le
trouver (on ii/A-eiç OÙ)( e'ÔQTtao/A-ev) ;
sic. . . quod : Sm. Ep. 3, 3 ; SALV. Gub. 7, 22, 96 ,.
MAMERT. St. an. 2, 9 ;
Ua... quod : SALV. Gub. 1, 3, 15 ; 7, 21, 89 ,. Sm.
Ep. 3, 13 ;
tantum... quod : SALV. Gub. 7, 23, 107.
§ 292. - 7. Bien entendu, quod consécutif peut être
aussi suivi du subjonctif :
CONCESSIVES
1 65
ex. in populos quoque praefati imperatores similiter
saeuientes quod eis nee donandi nee lestandi (faeulias)
... penitus subiaceret, VICT.-VIT. 3, 9, lesdits empereurs
si cruels envers leurs peuples que ceux-ci n'avaient plus
aucune possibilité de faire une donation ou un testament.
§ 293. - 8. Au lieu de dignus qui, on rencontre
DIGNUS VT (déjà chez LIV. , QVINT.) :
ex. non sum dignus ut soluam, VVLG. 10. 1, 27 ; AMBR.
Ep. 10, 8.
Mais cet adjectif se construit le plus souvent avec
L'INFINITIF comme dans la poésie classique ou Sénèque :
ex. quae legi digna sunt, HIER. Ep. 74, 6 ;
dignos Deum nosse, TERT. Apol. 18 ;
dignus audire, CYPR. Ep. 21, 1.
IV. - PROPOSITIONS CONCESSIVES
§ 294. - 1. On trouve eum concessif suivi de l'indi
catif, au lieu du subjonctif :
ex. cum in forma Dei aequalis est, tamen per formam
serui..., A VG. Ep. 140, 28, 68 ;
eur non uultis uera esse... eum... eentum episeopi
iudieauerunt, C. Crese. 4, 7, 9.
•
§ 295. - 2. Quanquam se construit quelquefois avec
le SUBJONCTIF chez Virgile, Tite-Live, Tacite ; c'est
devenu d'usage courant en latin tardif :
ex. quanquam ego habeam eon fidenli am, VVLG. Phi
lipp. 3, 4 ; MINVC. 14, 3 ; TERT. Val. 39 ; CYPR. Ep. 12,
2 ; 30, 5 ; HIER. Ep. 14, 5 ; 22, 8 ; Vit. Hil. 1 ; SVLP.-SEV.
Chrono 1, 2, 1 ; AVG. Ciu. 17, 5 ; etc.
LES PROPOSITIONS CIRCONSTANCIELLES
CONCESSIVES
Cette conjonction peut se trouver DEVANT UN NOM,
formant une sorte d'ellipse (dans Cicéron, seulement
devant un participe ou un adjectif verbal) :
ex. quanquam debellator Iudaeorum, TERT. Apol. 5,
tout destructeur des Juifs qu'il fût.
licet legimus, AMBR. Ep. 60, 9 ; C VPR. Ep. 8, 2 ;
FAVST. Trin. 2, 13 ;
licet nostra iussa ... in nullo uiolanda sunt, CASSo
Var. 1, 25 ; mais ce dernier auteur préfère le subjonctif.
166
3. Etsi construit avec l'indicatif et marquant
§ 296.
l'opposition est plus rare que quanquam dans le latin
classique. On le trouve chez nos auteurs : .
-
ex. etsi a Numa Pompilio concepta est curiosilas
superstitiosa, ... lamen ... , TERT. Apol . 25, s'il est vrai
que c'est Numa qui a inventé le zèle superstitieux. . . ;
etsi homines ipsos minus nouimus, AVG. Parm.
2, 2, 4.
.
Le subjonctif (déjà dans Justin) s'emploie aussi, sans
que la nuance soit sensiblement différente :
ex. etsi idem sentiant, MAMERT. St. an. 1, 1 ;
etsi a corruptis et adulteris habeatur, A VG. Rapt.
4, 2, 2.
Même indifférence avec etiamsi :
ex. etiamsi mali fuerunt, PJrm. 1, 4, 6 ;
etiamsi ostendant, ibid. l, 11, 18.
Par analogie avec quod si :
quod etsi... sequimini, PETIL. ap. AVG. C. litt.
Petil. 2, 56, 127.
4. Licet se construit avec le subjonctif dans
§ 297.
la langue classique ; les auteurs chrétiens emploient
L'UN OU L'AUTRE MODE :
ex. licet noster homo corrumpatur, VVLG. 2 Cor. 4, 16 ;
Gal. 1, 8 ;
-
�
167
Cette conj onction se rencontre, d'une manière ellip
tique, devant un adj ectif ou un adverbe, dans Ovide,
Sénèque. Chez les auteurs chrétiens, on la trouve DEVANT
UN PARTICIPE :
ex. reluctanti licet, CVPR. Laps. 25, malgré sa résis
tance ;
devant UN NOM :
ex. licet hostem, AVG. Parm. 1, 11, 1, quoiqu'ennemi ;
licet haereticum, C. Cresc. 3, 50, 55 ;
DEVANT UN ABLATIF ABSOLU :
ex. licet meritis nequaquam suffragantibus, P.-AQVIL.
Ep. p. 513 ; PASS. FRVCTVOSI 4.
§ 298.
5. Quamuis s'emploie parfois dans la langue
classique au sens de « QUOIQUE », avec l'indicatif et plus
rarement le subjonctif ; cet usage devient plus fréquent :
-
ex. quamuis tria milia ascenderant, AMBR. Ep. 19, 21 ;
avec le subjonctif : FILASTR. 127, 2 ; LEO-M.
Serm. 19, 1.
Devant un ADJECTIF, quamuis signifie « quelque. ..
que, si. . . que » ; chez les auteurs chrétiens, on le trouve
devant un PARTICIPE OU UN ABLATIF ABsorla :
ex. et ipsa, quamuis creata, sapientia, A VG. Conf. 12,
15, toute créée qu'elle soit ;
quamuis absentibus nobis, Conf. 9, 3, malgré
notre absence.
LES PROPOSITIONS CIRCONSTANCIELLES
CONDITIONNELLES
§ 299. - 6. Autres conjonctions exprimant l'opposi
tion :
intact ou disloqué, si malheureusement c'est l'âme qui
fait naufrage ;
a. QvANDO « alors que », avec un sens intermédiaire
entre la nuance causale et la nuance concessive :
, avec l'INDICATIF :
ex. dum debueratis, GREG.-M. Ep. 7, 39, alors que vous
auriez dû.
168
ex. nec iugum necessilatis imponil, quando maneat
uoZuntalis arbitrium liberum, CYPR. Hab. uirg. 23 ;
plus rarement avec l'indicatif .:
ex. ueZ ex uobis discant, quando docere debuerant,
Ep. 15, 2, alors qu'ils auraient dû l'enseigner ;
cf. quando cc puisque pourtant, quoique » : TERT.
Prax. 11.
ex. quamlibel sis multo comitalu stipatus, MINvc. 37,
9, quel que soit le nombre de ton escorte.
II
ex. eam (ecclesiam) se habere, dum non haberet,
putabal, AVG. Bapt. 5, 20, 28 ;
dum... interim cc quoique pourtant, alors que » :
TERT. Apol. 42 ,. AVG. Peccat. merit. 1, 33, 62 ,.
. dum... tum
cc
DONEC « pourvu que . : EVGIPP. Vit. Seu. 3, 4.
« pourvu que ne ... pas " suivi du subjonc
16.
t. PRO EO UT « au lieu de
suivi du subjonctif : VVLG. Ps.
108, 3.
§ 301.
-
d.
e. TANTUlII... NON
tif : AVG. Calech. Il,
.••
»,
§ 302. - 7. Les RELATIFS INDÉFINIS sont suivis du
SUBJONCTIF, contrairement à l'usage classique qui
exigeait l'indicatif (usage parallèle à celui de quanquam) :
ex. ubicumque sil paradisus, AVG. Ep. 187, 3, 7. Voir
le dictionnaire aux mots qualiscumque, quisquis, qui
cumque.
.
b. QVAMLIBET, au lieu de quamuis :
§ 300. - c. DVM « alors que pourtant
1 69
bien que... pourtant » :
ex. dum cuncta negotia sollicitudine indigeant, tum
(haec) sunt distinctius lrutinanda, GREG.-M. Ep. 3, 8,
bien que toutes les affaires réclament notre sollicitude,
celles-ci doivent être examinées plus spécialement ;
dum cc tandis que, si » :
ex. nihil refert inlegram abire corporis nauem, an
dissipatam, dum animae nauigatio euertatur, TERT.
An. 52, peu importe que le navire du corps s'en aille
V. - PROPOSITIONS CONDITIONNELLES
§ 303.
1. Le SUBJONCTIF est employé, au lieu de
l'indicatif, pour exprimer UN FAIT HABITUEL DANS LE
PASSÉ :
ex. non enim discerem, nisi cogerer, AVG. Conf. 1, 12,
j e n'apprenais que contraint et forcé.
-
L'exemple suivant rappelle les temporelles causales en
cum employées pour exprimer un fait habituel (dès
l'époque de Tite-Live) :
si quos... culpabiles repperisset, oculos eis iubebat
erui, GREG.-T. Hist. 4, 46.
1 70
LES PROPOSITIONS CIRCONSTANCIELLES
. § 304.
2. On trouve assez souvent l'INDICATIF DANS
LA PRINCIPALE et le MÇ>DE POTENTIEL OU IRRÉEL DANS
LA SUBORDONNÉE :
-
a. indicatif FUTUR :
ex. si... sapienter... intelligamus... inueniemus, LEQ
M. Serm. 12, 1, à supposer que nous sachions com
prendre . . . nous verrons ... ;
quae enim dabitur diseordanti bus pax, si nec legi
timis adquiescant ? CASSo Var. 1, 5.
Bien que la langue classique emploie dans · ce cas le
futur dans la proposition conditionnelle, elle offre aussi
des exemples de subjonctif potentiel (si Iraelus illabatur
orbis, impauidum lerient ruinae, HOR. Od. 3, 3, 7) . Cet
usage n'est pas illogique et il est à rapprocher d'ailleurs
de ce que nous avons dit, à l'emploi des modes, sur la
parenté qui existe en latin entre le subjonctif présent et
le futur de l'indicatif. Mais les emplois suivants sont
plus hardis.
§ 305.
-
b. indicatif PRÉSENT .:
ex. nOIl tamen regnum eaeleste consequitllr, . . . nisi
recte ... gradiatur, C YPR. Eeel. un. 15, il n'obtient pas
nécessairement le royaume des cieux, . . . à moins de
marcher dans la voie droite ;
si qllaeras, subicizznt ; ... si reposcas, adiciunt,
MAMERT. St. an. 1, 1, . . . si vous posez une nouvelle question, ils disent encore ... ;
si robora primis scintillis adhibeas, igniculum
opprimis, CASSo Var. 1, 40, à supposer qu'on s'en
prenne aux premières étincelles, on n'a qu'un petit feu
à vaincre.
CONDITIONNELLES
§ 306.
--.
e.
1 71
indicatif TMPARFAIT :
ex. nam concupiseentiam nesciebam, nisi lex diceret :
non eoneupisces, Rom. 7, 7, j 'ignorerais la concupiscence
si la loi ne disait...
Dans une phrase de ce genre, l'indicatif, en langage
classique, signi t Lrait que l'éventualité était sur le point
de se réaliser ; c'est presque le cas ici, car le texte grec
n'a pas av (OU" Ëyrov). Par contre, dans l'exemple suivant,
l'imparfait d� l'indicatif correspond bien à un imparfait
gr�c avec av exprimant l'irréel :
si esset nunc iuir.x, peeeatores non erigebantur,
HIER. Tr. (Morin, Anec. HI. 2, p. 44) , ne se dresse
raient pas, n'auraient pu se dresser (langage populaire,
voir plus loin l'exemple de Grégoire de Tours).
Comme en latin classique, on emploie l'indicatif avec
les verbes ou les locutions exprimant la POSSIBILITÉ, la
CONVENANCE, l'OBLIGATION, et de cette façon les deux
modes alternent encore :
ex. bonum erat ei, si natus non fuisset, VVLG. AJat.
26, 24, il aurait mieux valu pour lui.. . ;
dimitti poterat homo hic, si non1 appellasset
Caesarem, Act. 26, 32, il aurait pu être relâché... ;
et même avec d'autres verbes dans la basse latinité ;
ex. si domus mea digna esset, praestare non abnuebam,
GREG. T. Hist. 1, 31, je ne refusais, je n'aurais pas pu
refuser.
-
1. On trouve si non dans des cas où la langue classique emploie
rait nisi : CAES.-AREL. Serm. p. 612, 18 j et même deux négations :
nisi non cessauerit, ibid. p. 179, 13.
1 73
LES PROPOSITIONS CIRCONSTANCIELLES
':tEMPORELLES
d. indicatif PARFAIT :
ex. arcem . . . , nisi obsisterem, proposuistis obruere,
ENNOD. Op use. 2, 99, si je ne m'y étais opposé ... ;
si ulllls esset consule�di modus... digne meruimus,
AVG. Ep. 90.
4:. Nisi quia1, nisi quod, (et ILTJ (i'n) « n'était le fait que »,
s'emploIent avec l'indicatif (PL.) : nisi quia Dominus
,adiuuit me, VVLG. Ps. 93, 17 ;
nisi quod lex tua meditatio mea est, tune jorte
periissem, Ps. 118, 92 ; Gen. 3, 11.
§ 307. - e. indicatif PLUS-QUE-PARFAIT :
ex. euaserat Caecilius pondus uerecundiae, si.. . ge
nuissent, CASSo Var. 8, 12, il aurait évité la honte, si
les siècles précédents avaient produit... ;
nihil fecerat, nisi curam jaciendi habuisset, ante
quam laceret, SALV. Gub. 4, 42 ;
lantum uirum persona non grauauerat, nisi
causa muItasset, ibid. 2, 15.
VI. - PROPOSITIONS TEMPORELLES
1 72
En latin classique, ce� plus-que-parfait exprimeraient
la nuance de l'action presque accomplie dans le passé
(perierai, nisi . . .) ; mais ici ils correspondent simple
ment à un aoriste avec av exprimant l'irréel du passé.
§ 308. - 3. Dans la subordonnée, on trouve parfois
a. l'IMPARFAIT DU SUBJONCTIF, quand le sens est
POTENTIEL et qu'il s'agit d'une éventualité possible
(pour le même emploi dans la principale, voir emploi
des temps, 9) :
ex. si domum nostram quisquam diues... intraret,
omni lestinatione domus nostra mundaretllr, GREG.-M.
Hom. eu. 30, 2 ;
b. l'imparfait de l'indicatif (hellénisme), quand il
s'agit d'un irréel :
ex. el utique, si id (idolum) colebatur, TERT. Apol. 16
(or les Juifs ne le font pas) (pour le même emploi dans
la principale, voir plus haut, 3 c).
§ 309. - 1 . Dans la langue classique, si l'on parle
d'un fait passé, le subjonctif s'emploie avec antequam,
priusquam, lorsqu'il s'agit d'exprimer l'INTENTION,
l'ATTENTE de la part du sujet de la proposition prin
cipale. A notre époque le subjonctif tend à s'employer
presque exclusivement, tandis qu'à l'époque classique
le subjonctif, au sens purement temporel, est rare.
ex. priusquam de animae substanlia decernat, . .. dis
putat, MAMERT. St. an. 2, 3, avant d'avoir traité l'essence
de l'âme, il discute de...
Le subjonctif ici n'est pas absolument contraire à
l'usage classique, si l'on veut faire comprendre que
l'interlocuteur a pris soin auparavant « de trait�r l'es
sence de l'âme » ; mais dans les exemples suivants il
s'agit d'une pure circonstance de temps :
antequam idola essent, . . . idololatria transigebatur,
TERT. Idol. 11 ;
antequam Christus ueniret in carnem, FILASTR.
107, 3 ;
ab aeterno ordinala sum el ex antiquis, antequam
ferra fieret, VVI.G. Prou. 8, 23 ;
1. Lucifer de Cagliari emploie dans cette tournure le subjonctif :
neque... Danihel leones et tres pueri uincerent ignes, nisi quia cre
dentes fuissent, Athan. 1, 41.
LES PROPOSITIONS CIRCONSTANCIELLES
1 74
priusquam montes fierent, .. . tu es, Deus, Ps. 89, 2 ;
ubi Dominus auditus est, antequam pâteretur,
ITiN. BYRD. p . .22, 23, avant sa passion ;
ecce prius culpas ignoscimus, quam delzotiones
aZiquas sentiamus, CASSo Var. 10, 13.
§ 310. - 2; Vn fait important à noter, c'est le RECUL
DE cum, au profit d'autres conjonctions, surtout dum.
On rencontre cette dernière conjonction avec l'im
parfait du subjonctif, au sens de cum :
a . .Soit pour exprimer un fait qui se passait EN MbiE
TEMPS QU'UN AUTRE, à un moment déterminé :
ex. dum rogrzretur, EVGIPP. Vit. Seu. p. 5, 7, comme
on l'int�rrogeait, ou : pendant qu'on l'interrogeait ;
dum illi turbarentur, ef/ugit, VVLG. IuL 3, 26,
pendant leur désarroi, ou : profitant de leur désarroi ;
dum irent emere, uenit sponsus, Mal. 2/j, :0 ;
dUlll irem Damascum... , uidi, Act. 26, 12 ;
euangelica [eclio... dum legeretur, audiuimus,
CAES.-AREL. Serm. p. 1)62, 2.
Dans plusieurs de ces exemples, il s'agit moins, il èst
vrai, d'une temporelle causale que d'une proposition
exprimant la simple simultanéité ; mais, de toutes
façons, si le latin classique rrnonç:lit à employer cum et
le subjonctif dans ce cas, ce serait dum et l'indicatif
présent qu'il choisirait.
b Soit pour exprimer un fait qui se RÉPÉTAIT ou qui
DURAIT :
ex. inueterauerunt ossa, dum clamarem tota die,
VVLG. PS. 31, 3 ;
dum essem adulescens, HIER. Ep. 62, 1 ;
dum morarer in Syria, Vit. Mal. 2.
•
.
TEMPORELLES
175
§ 31 1 . - 3. DVM s'emploie encore au sens de cum
lorsque »,
«
, a. soit avec le subjonctif (dans un discours indirect) :
ex. Achior dixit... ut, dum uicerit {iZios Israel (Holo
lunes) , tune et ipsum Achior ... iubeat interire, VVLG.
Iudith 6, 13, raconta ... comment (Holopherne), quand il
aurait vaincu (cl. cum uicisset) les fils d'Israël, le ferait
périr lui-même
b. soit avec l'indicatif :
ex. quis est qui non euangeZium recognoscat, dum
cantatur ille psalmus, AVG. Ep. ad cath. 8, 21, lorsqu'on
le chante, chaque fois qu'on le chante (plutôt que (1 tandis
qu'on le chante ») ;
ul, dum si bi... Iratres uicissim succedunt, sciat,
BEN. Reg. 32, pour qu'il sache, chaque fois que les frères
ont à s'en servir à tour de rôle.
Dans ces exemples, il s'agit d'un fait habituel.
Dans les suivants, dum exprime aussi une nuance de
MANlÈRE ou de MOYEN :
ex. noZi me uerberare sermonibus, dum dicis, EVGlPP.
Ep. p. 2, 18, en disant ;
sicut imperasti, dum discipulorum {idem roborasti,
PASS. XII AFR. p. 140, lorsque tu as affermi, en affer
missant ;
quos incognitos cogitur acrusare, dum separalionem
suam conatur delendere, A VG. Parm. 3, 4, 20, alors qu'il
essaye, en essayant de défendre ;
dum se uidit (diabolus) celeris potiorem, inflatus
est ad exercendam dominationem, PS.-AVG. Qu. test.
98, 1, en se voyant (cl. cum se uidisset) (à rapprocher
cet exemple de dum causal).
LES PROPOSITIONS CIRCONSTANCIELLES
TEMPORELLES
On emploie aussi en ce sens cum et l'imparfait du
subjonctif :
ex. ubi ait Dominus « ignem ueni mittere in terram »,
cum de Spiritu Sancto diceret, MAMERT. St. an. 1, 14,
en parlant, alors qu'il parlait du Saint-Esprit (cl. cum
dicebat).
d e l'indicatif ; à notre époque il signifie « JUSQU'A CE
QUE » et il est suivi du SUBJONCTIF le plus souvent :
ex. non cogitare nec scire... noctem tamdiu esse, quam
diu inlucescat dies, C VPR. Ep. 59, 11 ; CASSIAN. Coll. 14,
13 ; VICT.-VIT. 1, 10.
1 76
§ 312. - 4. Avec DONEC1 aussi, la distinction clas
sique entre le subjonctif et l'indicatif tend à disparaître,
le premier étant le plus employé, même au sens de
« jusqu'au moment où » :
ex. inueterascens ira fit odium ... donec totum acescat
atque corrumpat AVG. Ep. 38, 2 ;
non tamen segregabantur ab illis qui aliter cele
brabant, donec Romanae ecclesiae Victor episcopus excom
municationem ... misisset, CASSo Hist. 9, 38, jusqu'au
moment où il eut envoyé, tant qu'il n'eut pas envoyé.
Donec signifie aussi « en attendant le moment où » :
ex. hoc ergo donec fiat, da nobis ueniam, AVG. Ep. 91, 2.
§ 313. - 5. Conformément à l'extension de l'emploi
du subjonctif dans les propositions temporelles, on
trouve postquam suivi de ce mode, même après un pre
mier indicatif :
ex. postquam uenerabiles episcopos remisimus nec
petitionibus uestris... noster animus obuiasset, CASSo
Var. 10, 13.
§ 314. - 6. Quamdiu, en latin classique, signifie c( aussi
longtemps que, pendant tout le temps que » et il est suivi
1.
Pour donique, denique, V. le Dictionnaire.
17 7
n signifie aussi « autant de fois que », avec l'indicatif :
ex. quamdiu fecistis uni
VVLG. Mat. 25, 40.
ex
his fratribus meis minimis,
§ 315. - 7. Diverses conjonctions ou locutions con
j onctives expriment le temps, contrairement à l'usage
classique :
QVOMODO « quand » : ITAL. 2 Reg. 8, 29, ap. LVCIF. Alhan. 1, 34.
QVONIAM « quand » : TERT. Virg. uel. 3.
QVOTIENS (= cum exprimant un fait habituel) : BEN. Reg. 3 ;
CASSo Var. 1, 15.
DIV EST VT « il y a longtemps que », avec l'indicatif :
AVG. Spir. et litt. 13, 21, ou diu est quod (PL.) ; CASSo
Var, 9, 18.
Mox VT « aussitôt que » : V VLG. Ps. 36, 20 ; AVG.
Conf. 9, 4.
Qvo VSQVE « jusqu'à ce que » : AVG. C. part. Don. 8, I l ;
ou en un seul mot : quousque ad nos redeas, GREG.-M.
Ep. 8, 6 ; AVG. Conf. 11, .2 ; Symb. 4, 1 ; CASSIAN. Inst.
10, 7, 1 ; Coll. 23, 12, 6 ;
plus rarement avec l'indicatif (c j usqu'au moment
où » : AVG. Conf. 2, 4.
Cette conjonction signifie encore cc aussi longtemps
que » : A.-VICT. ; M. -EMP.
QVOD apparaît aussi dans les temporelles au lieu
de cum, ex quo « que, depuis que » :
12
1 78
ex. tempus est quod nobis praestet auxilium, HIER.
Ez. homo 11, C. 805 A ;
phlres anni sunt qu()d, Ep. 77, 1 ;
biduum hodie est quod, Vit. Hil. 29 ;
triginta annos habeo quod non deprecor, VIT. PATR.
5, 4, 39.
VII.
-
PROPOSITIONS COMPARATIVES
§ 316. - 1. Tertullien emploie quod dans une propo
sition comparative, au sens de (1 tel que, comme » (= ut) ;
le verbe est sous-entendu ou exprimé :
ex. man ante impetu, quod angues .., quod uermes, An.
10, en se coulant, comme les serpents, les vers (ce que
font les serpents) ;
ludos... Libero deuotos, quod sunt Dionysia penes
Graecos, Sped. 10 ;
.
devant un participe (= tanquam) :
cum alicuius delundi recordaris, misellum eum
uocas, non utique quod de bono uitae ereptum, sed ut
poenae et iudicio iam adscriptum, An. 4, . . . non certes
en tant qu'arraché au bonheur de vivre, mais comme déjà
sous le coup du châtiment et du jugement (on peut
aussi, dans cet exemple, voir surtout une nuance cau
sale).
Voir plus loin, dans les relatives, quod explicatif ; et,
dans le dictionnaire, les adverbes quantum, quam, qua,
tanquam.
remarquer ante ... quam, au sens de potius quam :
GREG.-M. Ep. 1, 16 a. Cicéron emploie quelquefois en ce sens
§ 317.
LES PROPOSITIONS RELATIVES
LES PROPOSITIONS CIRCONSTANCIELLES
-
2. A
.
priusquam.
VIII.
-
179
PROPOSITIONS RELATIVÈS,
S 3 1 8.
Ici encore on voit peu à peu disparaître les
anciennes distinctions entre l'indicatif et le subjonctif.
Ce dernier mode s'employait, dans la langue classique,
lorsque la relative exprimait une nuance circonstancielle ;
dans l'exemple suivant les deux relatives sont à un mode
différent sans raison apparente ;
pater... summa luit mOTum nobilitate conspicuus,
quem nec leruentia bella respuerunt . et tranquilla otia
praedicarent, CASSo Var. 8, 17, ... dans le feu de la guerre,
il ne tomba pas dans le mépris et la tranquillité de la
paix le vit en renom.
-
§ 319.
1. L'INDICATIF peut s'employer avec sunt
qui (déjà dans la langue classique, lorsque sunt qui
équivaut à quidam) :
ex. sunt qui pauperibus pallIum tribuunt, HIER.
Ep. 52, 9 ; C VPR. Eccl. un. 10 ; AMB R. Ep. 64, 90.
-
Voir aux consécutives la construction de dignus.
§ 320.
2. Exemples de relatives à l'INDICATIF, bien.
qu'exprimant une nuance CAUSALE :
sciebani et Iudaei uenturum esse Christum, sciIicet
quibus prophetae loqut.'bantur, TERT. Apol. 21, car les
prophètts leur en parlaient ;
beata... quae credidisti, VYLG. Luc. 1, 4.'j ;
avec utpote q,i : VICT.-VIT. 2, :19.
-
Avec qllippe qui, saint Jérôme t'mploie toujours
l'indicatif, dont on trouve déjà des exemples chez
Salluste.
180
LES PROPOSITIONS RELA1'IVES
Une nuance conditionnelle :
ex. iam nec reuelator ipse erit, qui absconditor non
fuit, TERT. Marc. 4, 25, ... s'il n'a pas d'abord caché.
§ 321 . - 3. Par contre, on trouve le subjonctif dans
des cas où la langue classique n'aurait aucune raison
de l'employer : ainsi constat, dans une relative, est
toujours au subjonctif chez Cyprien :
ex. quomodo possunt duo aui tres in nomine Christi
eolligi, quos constet a Christo et ab eius euangelio sepa
rari, C YPR. Eecl. un. 12, quand il est avéré qu'ils sont
séparés.
On peut y voir une nuance causale ; mais pas dans
cette phrase :
quod utique ei dieitur quem eonstet cecidisse, Ep. 55,
22.
cf. steti in sententia mea illa qua caderem, ENNOD.
Op. 5 (Hart. p. 399, 23) .
§ 322. - �. On trouve des relatives à l'infinitif, pour exprimer
une nuance consécutive (tournure populaire) ;
ex. ut habeat quem semper uisitare, AVG. Serm. (Morin, p. 416,
10) .
§ 323. - 5. Le relatif QVOD s'emploie, d'une manière
elliptique, au sens de « C'EST-A-DlRE, TEL QUE » :
ex. ponti/ex scilieet maximus, quod episcopus episeo
porum, TERT. Pud. 1 ;
in diuersitaie sublimitatis eminentiae, quod leonis,
uituli, hominis et aquilae, FILASTR. 132, 2.
Pour de euius, in quo, voir le dictionnaire.
CHAPITRE IX
LA CONCORDANCE DES TEMPS
§ 324. - 1. Certaines dérogations à la règle de concor
dance des temps peuvent s'expliquer d'après la tradi
tion classique :
ex. ipse te instituit ut sapias, AVG. Serm. 344, 7 ;
seripsisti ut tibi... recitetur, C. Crese. 2, 27, 33 ;
eonsideraui omnes epistulas tuas, ut uiderem qua
rum responsionum debitor sim, Ep. 11, 1.
Instituit, seripsisti, consideraui sont des parfaits
exprimant l'action accomplie, le résultat présentement
,
acquis ; de plus le présent sim est naturel pour signifier
qu'il doit présentement ces réponses.
Dans la phrase suivante : qui naseitur ut ostenderet,
GREG.-M. Hom. eu. 8, 1, naseitur peut être considéré
comme un présent historique (v. d'ailleurs le para
graphe suivant).
§ 325. - 2. Il arrive aussi que l'IMPARFAIT DU SUB
JONCTIF semble exprimer une ÉVENTUALITÉ FUTURE, ce
qui est inconnu à la langue classique (celle-ci n 'em
ployant un subjonctif imparfait après un verbe principal
au présent que lorsque le sens l'exige, soit pour exprimer
l'irréel, soit pour évoquer telle situation qui durait
dans le passé) :
ex. haee scribo ut agnosceres, HIER. Ep. 22, 3 ;
daemones p ostulant ut mitterentur, Tr. in psal.
p. M, 1 7 ;
optinet ut... deferretur, SVLP.-SEV. Chrono 2, 49, 3 ;
eius dextera eligitur ad sacrificium ut moreretur,
AVG. Serm. 2, 1 ;
182
LA CONCORDANCE DES TEMPS
credentes quod nihil eueniret aduersi, EVGlPP.
Vit. p. 27, 13 ;
limeo ne diceremus, SALV. Gub. 4, 30 ;
id ipsum persequitur nullam faciens menlionem,
ne quisque sentiret, MAMERT. St. an. 1, 12, ne vienne à
remarquer ;
me ad te pelis ut scriberem, AVG. Ep. 20, 3.
Évidemment aussi, lorsque le verbe principal est à
un temps passé :
ex. cum utique et ipse dixerit Deus quod cum ipso
esset (il serait avec lui) ut fuit cum Moyse et eum simi
liter illuminaret (l'illuminerait), AMBR. Psal. 17, 27.
Magis inquirentibus ubi Christus nasceretur
respondebant, AVG. Serm. 201, 2.
.••
Dans cet exemple : dedit folles uiginti ut factus esset
presbyter, AVG. C. Cresc. 3, 29, 33, il s'agit encore de
l'avenir (factus essei = fieret) ; à cette époque, il est
possible que facius esset paraisse moins un plus-que
parfait quÇ. factus fuisset.
§ 326. - 3. Dans certains cas, l'absence de concor
dance ne s'explique pas :
ex. haec idcirco replicauimus
ut studeamus, HIER.
Ep. 100, 8 ;
quid mansuetius sit quam ut .. multaretur,
AVG. C. litt. Petil. 2, 83, 184 ;
mirari possim quod hoc non omnes facerent, SALV.
Gub. - 5, 38 ;
in sua domo maluit sepeliri ut... alienam se a
filio nunquam esse confidat, VICT.-VIT. 3, 24.
.•.
.
..•
Quant à la confusion imparfait-plus-que-parfait du
subjonctif, voir à l'emploi des temps.
CHAPITRE X
L ' I NF I N I T I F
Par une évolution commencée déjà chez les poètes
de l'époque classique, on trouve couramment ce mode
employé au lieu d'un gérondif, d'un adjectif verbal
en -dus, d'un supin, d'une proposition avec ut, d'une
proposition relative (après dignus), etc.
§ 327. - 1 . COMPLÉMENT DE NOM, au lieu d'un géron
dif en -di :
ex. occasio non habere, TERT. Cast. 10, l'occasion
de ne pas avoir ;
potestatem infirmos curare, HIER. Mat. 1, 10, 7 ;
consuetudinem corrigere, AVG. Bapt. 2, 7, 12,
l'habitude de corriger.
§ 328. - 2. Au lieu de ad suivi du gérondif en dum :
ex. (animalia) nihil nata sunt prospicere nisi pabu
lum, MINVC. 17, 2 (cf. HOR. Ep. 1, 2, 27).
§ 329. - 3. Au lieu d'un adj ectif verbal en -dus :
ex. mandasli mandata custodiri nimis, VVLG. Ps. 118, 4.
§ 330. - 4. Fréquemment AU LIEU D'UN SUPINl,
dépendant d'un verbe de mouvement :
ex. erumpunt dicere, TERT. Marc. 1, 17, ils éclatent en
disant ;
Le supin est rarc chez les auteurs chrétiens : ex. de supin en
exprimant le but : potum dare, VVLG. Mat. JO, 42 ; de supin en
après un adjectif : necessarius cognitum, MAMERT. p. 24, 6 ; de
supin en - u après une locution (rare cl.) : tas est dictu, HIER. Vit.
Pauli J ; PRVD. Apolh. 822.
1.
-um
-um
L'INFINITIF
L'INFINITIF
abiit quaerere, BEN. Reg. 27 ;
sanare uenit aegrotum, AVG. Tr. eu. 10. 12, 12 ;
exiit in montem orare, VVLG. Luc. 6, 1 2 ;
non uenit iustos uocare, sed peccatores, HIER.
Ep. 11 ;
et satiatus accessit de aqua ludere, PASS. PERP. 8,
pour jouer avec l'eau.
On trouve naturellement cet infinitif avec des verbes
de volonté qui exprimaient précédemment l'opinion :
ex. Adam et Eua ... pudenda tegere senserunt, TERT.
An. 38, sentirent le besoin de cacher ;
credidit sociare, VICT.-VIT. 1, 30.
184
§ 331 . - 5. INFINITIF DE BUT même après d'autres
verbes (hellénisme) :
ex. exsurget regere gentes, VVLG. Rom. 15, 12 (àVLc:tta.!lSVOC;
il.QXEW) ;
dare ad manducare, ITAL. 10. 6, 52 (cod.. Vere.) ;
sedif manducare, VVLG. Ex. 32, 6 ;
nobis tribuens uitam habere cum Christo, HIER.
Ephes. 1, 2, 1 ;
Deus qui sine concubitu apes fetare creauit,
Ps.-AVG. Hypomn. 4, 7, 13 ;
dicere quaerebaris, CASSo Var. 8, 12, 3, on te
demandait de dire.
§ 332. - 6. L'infinitif, au lieu de ut avec le subjonctif,
s'emploie plus souvent qu'auparavant avec des verbes
exprimant L'EFFORT, LA VOLONTÉ :
ex. impetrauit implere, TERT. lei. 7 ; avec monere :
Pud. 20 ;
avec niti : CYPR. Laps. 22 ; avec hortari : Ep. 8, 2 ;
avec suadere, HIER. Ep. 100, 8 ; avec monere,
C. Joan. 39' (déjà quelquefois dans Cicéron) ;
avec persuadere : CASSo Var. li, 14 ;
custodire laboremus, CAES.-AREL. Serm. p. 126, 20.
Voir, pour chaque verbe, le di5!tionnaire.
185
§ 333. - 7. Au lieu de ne et le subjonctif, avec des
verbes signifiant « craindre » : metuo, HIER. Ep. 14, 10
(déjà chez PL., HOR.) ;
timeo « hésiter à » : noZi timere accipere Mariam
coniugem, VVLG Mat. 1, 20.
§ 334. - 8. Avec ualeo, praeualeo, du sens de possum :
ex. requiem inuenire non ualeat, HIER. Is. 7, 23, 13.
§ 335.
9. Au lieu de ut consécutif :
ex. 0 insensati Galatae, quis uos fascinauit non
oboedire ueritati, VVLG. Gal. 3, 1.
-
§ 336. - 10. L'infinitif complément d'un adjectif est
fréquent chez les poètes et les écrivains de l'époque
impériale, de même chez nos auteurs :
ex. potens formare, AVG. Conf. 9, 6, capable de
former ;
dignus soluere, VVLG. Luc. 3, 16;
stultus damnare, HIER. Tr. p. 422, 11, fou au point
de condamner.
11. Infinitif, au lieu de l'IMPÉRATIF (hellénisme) :
ex. gentes autem super miserieordia honorare Deum, VVLG.
Rom. l/'i, 9, quant aux Gentils, ils ont à glorifier Dieu de sa misé
ricorde ;
orationi insistere, uigilantes in ea eum gratiarum aetione,
§ 337.
-
THEOD.-Mops. Col. 4, 2.
12. Infinitif .dans une interrogation indirecte (v. § 273).
L'INFINITIF
L'INFINITIF
§ 338. - 13. L'INFINITIF PASSÉ, au lieu du présent!,
se rencontre dans la poésie classique après des verbes de
SENTIMENT, et en prose après des verbes comme possum,
uolo, decet, oportet. Cet emploi s'est encore développé
postérieurement et il arrive que cet infinitif passé
n'a plus que la valeur de l'INFINITIF AORISTE GREC.
ex. possum antitheses retudisse, TERT. Marc. 1, 19, je
peux réfuter (avoir fini de réfuter) ;
sanguinem .. . fudisse parati sumus, CYPR. Ep. 31, 5,
nous sommes prêts à verser tout notre sang ;
ausi sunt superbisse, Ep. 3, 1 ;
après licuit : AMBR. Tob. 5, 22 ;
potuU dixisse, AVG. C. litt. , Peiil. 2, 102, 235 ;
adhaesisse iurasti, VICT.-VIT. 1, 11 ,.
nequaquam metuunt ueritatis fecisse iacturam,
MAMERT. St. an. 1, 1 ;
praeconiorum ergo prolessio est collegium desi
dera.sse summorum, CASSo Var. 4, 25, il est honorable
de vouloir faire partie des grands ;
TERT. Marc. 3, 18 ; LACT. Ep. 65, 5,. COMM. Instr.
1, 28, 2 ,.
nisi promittis mihi dare, VVLG. Tob. 7, 10 ,.
certus neminem refutare doclorum, MAMERT.
p. 122, 1 ;
et ea die speratur reuerti ad monasterium, BEN.
Reg. 51 ,.
si promiserit se omnia custodire, ibid. 58.
1 86
après uideri (qui forme d'ailleurs pléonasme, V. § 222,
223) :
ne... utililati publicae uoluptas priuata obstitisse
uideatur, CASSo Var. 5, 17.
'
§ 339. - 14. L'INFINITIF PRÉSENT s'emploie, au lieu
du, futur, après des verbes signifiant « PROMETTRE,
PRÉDIRE, ESPÉRER » :
ex. praediclum est..., adpropinquante Antichristo, bona
quaeque deficere, mala uero et aduersa proficere, C YPR.
Ep. 67, 7 ,.
1. Le contraire est plus rare ; ex. de présent, au lieu
martyria quam plurima esse prQbantur, VICT.-VIT. l, 30.
de passé :
187
§ 340. - 15. L'INFINITIF SUBSTANTIVÉ est très fré
quent ; c'est une extension de l'emploi classique de
l'infinitif comme sujet, attribut, ou objet :
ex. Christum uidere gaudere est, C YPR. Mort. 5,
c'est une joie de... ;
ipsum uelle substantia est, MAMERT. St. an. p. 86,
12 ;
sie sum ipsum esse, sie sum cum ipso esse, AVG.
Serm. 7, 7, ... je suis avec l'être lui-même ;
quid impossibile ei qui dedit posse infirmis, AMBR.
Rex. 2, 3, 11 ;
quae, dum sunt, habent posse ; et dum possunt,
hjlbenl esse, TERT. Praeser. 2, tant qu'elles existent
(les hérésies), elles disposent de ce pouvoir (de faire
périr la foi) ; et tant qu'elles ont ce pouvoir, elles ont
l'existence ;
ad suum uclle lestinat, CASSo Var. 6, 15, 4.
On le trouve même précédé d'une préposition :
ex. inter dici et esse, TERT. Nat. 1, 5 (ftE't'a�ù 't'OÜ ÀÉyeatlllL
xai 't'oii dvat) ;
ad mandueare, ITAL. 10. 6, 52 ( Vere.) ,. ad offerre,
Eecli. 45, 20 (Tolet.) ;
188
L'INFINITIF
distantia inter facere et generare, FAVSTIN. Trin. 2,
14 ;
ut perueniatur ad semper uiuere, AVG. Dise. 1, 1 ;
nullum interest inter confirmare et facere, C. litt.
Petil. 3, 53, 65 ;
cum ueneris ad bibere, Serm. 225, 4 ;
in moechando et idolothytum edere, IREN. 1 , 27.
CHAPITRE XI
GÉ RONDIF ET ADJECTIF VERBAL
I. - LE GÉRONDIF
§ 341.
1. Sans que ce soit devenu d'un usage courant, le
gérondif en -do se rencontre, AU LIEU D'UN INFINITIF, semblant
correspondre à un participe grec :
ex. desii( loquendo, VVLG. 3 Esdr. 4, 41 ;
non desinis petendo, HERM. Pasto 1, 1, 4 ;
cessare loquendo, ITAL. Iudith 5, 26 (cod. Corb.) ;
iterauit faciendo, PASS. ISAAC (M. 8, C. 771 B ; 780 B) .
-
§ 342.
2. N'importe quel gérondif peut d'ailleurs REMPLACER
UN INFINITIF SUJET OU OBJET :
ex. qui fruendum Deo ... unum atque summum bonum nostrum
esse dicunt, AVG. Ep. 118, 3, 16, disent que la jouissance de Dieu
est ... ;
secedendi... nulla ratio sinebat loci, VICT.-VIT 2, 32, rien
dans la disposition des lieux ne permettait de se retirer.
-
§ 343.
3. Dans la langue classique, l'ablatif du
gérondif exprime le moyen, l'instrument ; mais, dès
l'époque impériale, il exprime N'IMPORTE QUELLE
CIRCONSTANCE et correspond à un participe présent :
ex. orando ingemuerunl, VrcT.-VIT. 2, 11 ;
nuncupauit dicendo, TERT. Pal. 11 ;
qui pertransiuit benefaciendo, VVLG. Act. 10, 38 ;
nec iam ingemescebam orando ut..., AVG. Conf. 6, 3 ;
philo�ophicam non intelligendo sententiam, MAMERT, p. 52, 21, ne comprenant pas, parce que tu ne
comprenais pas ;
nunc age inhaerendo iuslitiae, CASSo Var. 5, 3
-
LE GÉRONDIF
1 90
L'ADJECTIF VERBAL
(voir l'usage inverse au chapitre du participe où ce
dernier remplace un gérondif en -do).
Dans les Psaumes, on le trouve même en ce sens précédé de in
(cl. in conuertendis inimicis, cf. 4) :
ex. in conuertendo inimicum meum retrorsum, VVLG. Ps. 9, 4 ;
in conueniendo populos in unum, Ps. 101, 22.
§ 344.
4. Ad et l'accusatif du gérondif suivi d'un com
plément d'objet est rare en latin classique, qui le rem
place normalement alors par l'adjectif verbal. Par
contre, il est devenu fréquent chez nos auteurs, et cette
extension est peut-être due à une influence grecque :
ex. ad sanandum eos, VVLG. Luc. 5, 17 (etç .o tàcrOm
-
aÙ'toiiç ) ;
ad declinandum disciplinam, TERT. Apol. 21, pour
s'écarter de la règle ;
ad inluseandum originem, Res. 6 ;
seribere ad instituendum alios, AMBR. Ep. 64, 7 ;
ad persequendum Hebraeos, GREG.-T. Rist. 1, 10 ;
ad utendum seruitiis, VICT.-VIT. 3, 62.
§ 345 .
5. Le gérondü précédé de ad peut avoir
un SENS PASSIF, avec nuance de futur ou de destination :
ex. sicut ouis ad immolandum ductus est, LACT. Inst.
1, 4, pour être immolée ;
et tradent eum gentibus ad illudendum et flagellan
dum et crucifigendum, VVLG. Mat. 20, 19 ..
seit apostolus nos derelinqui ad tentandum, HILAR.
Psal. 118, 1, 15, abandonnés à la tentation.
-
Il a ce sens dans l'exemple suivant, où le latin Clas
sique emploierait le supin :
loea ... grata ad uidendum, PEREG. 19, 5, agréables
à voir (à être vus).
II.
-
191
L'ADJECTIF VERBAL
§ 346.
1. L'adjectü verbal au neutre suivi d'un
complément d'objet se rencontre dans le latin archaïque
et postclalisique :
ex. multa dieendum luit, TERT. Pall. 3 ;
Sardanapalum taeendum est, Pall. 4 ;
seniorem unum aut duos eum Iratribus dimitten
dum, BEN. Reg. 56.
-
§ 347.
2. On trouve souvent l'adjectü verbal cons
truit avec un complément d'agent à l'ablatü, au lieu du
datif :
ex. et a uobis diuersitas (diuinitatis) defendenda est,
TERT. Marc. 1, 16;
nihil... a iusto uiro laciendum est, LACT. lnst. 6,
12, 7 .. etc.
-
§ 348.
3. Dans la langue classique, le gérondif ou
l'adjectif verbal précédés de ad expriment le BUT ; cette
tournure peut être remplacée à notre époque,
-
soit par PROPTER :
ex. propter molestias declinandas, AMBR. Ep. 17, 4 ;
soit par PRO :
ex. pro iuuanda republiea, CASSo Var. l, 4, 11 ;
soit par le DATIF :
ex. latronibus uestigandis, TERT. Apol. 2, pour
rechercher les brigands ;
noeentibus erogandis, Nat. 1, 10, pour tuer les
criminels ;
liberandis omnibus uenit, LEO-M. Serm. 21, 1.
L' ADJECTIF VERBAL
192
Le dattl peut exprimer aussi la DESTINATION :
ex. mappam, qua tergendis manibus utebatur, CASSo
Var. 3, 51, 9.
4. L'adjecttl verbal, en latin classique,
§ 349.
exprimait la destination après certains verbes comme
dare, curare, etc. (dare pueros educandos) . En latin
tardif, il s'emploie, comme attribut ou en apposition,
avec le SENS D ' UN PARTICIPE FUTUR PASSIFl :
ex. Filius hominis tradendus est, VVLG. Mat. 17, 22,
doit être livré, sera livré ;
et torte ducenda (= quam duclurus es) amatur,
ducla odio habebilur, AVG. Serm. 21, 1, et si cela se trouve,
avant le mariage, tu l'aimes ; après, tu la détesteras.
quaerilur qui sil iste, qui ducendus sil in captiui
latem el ultra non reuersurus, HIER. 1er. 4, 22, 12 ; ... qui
sera conduit en captivité et ne reviendra plus ;
iuraui res illius a me esse tollendas, SALV. Gub. 5, 10;
retinemus sanctorum corpora angelicis exaequanda
corporibus, MAMERT. p. 57, 15, seront assimilés aux corps
des anges (et aussi : sont destinés à l'être) ;
confido enim quod per le reddenda sil (= tore ut
reddalur) sanilati, SVLP.-SEV. Mari. 16, 4, j 'ai confiance
que par toi elle sera rendue à la santé ;
sacra grauidanda tetu, LEO-M . Serm. 21, 1, celle
qui devait porter... ;
facienda erit discussio (= fiel) , BEN. Reg. 2.
-
L'ADJECTIF VERBAL
193
§ 350. - 5. L'adjectif verbal peut aussi exprimer la
POSSIBILITÉ (ceci ne se rencontre guère que dans des
phrases négatives en latin classique) :
ex. non magno molimine refellendi sunt, AVG. Peccai.
meril. 1, 17, 22,' on peut les réfuter sans grand effort ;
coniciendum est, Calech. 2, 3, on peut inférer,
conclure.
§ 351.
6. Il peut même remplacer un présent passif :
ex. cum secanda est (= cum secatur) , puncto caeditur, MAMERT.
p. 90, 12 (à rapprocher de l'emploi du futur, au lieu du présent, par
le même auteur, § 226).
-
Dans plusieurs de ces exemples, l'idée de destination
est en même temps dans l'esprit ; dans d'autres, il
s'agit d'un simple futur.
1. Par une sorte de redondance, saint Césaire emploie même cet
adjectif verbal avec le futur : ubi mittendus erit, Serm. p. 71, 21 ;
erimus offerendi, p. 595, 16.
13
LE PARTICIPE
CHAPITRE XII
LE PAR T I C I P E I
§ 352. - 1. Des participes, comme consistens, consti
tutus, positus, ont pris un sens très affaibli et ne signi
fient plus que « ÉTANT, se trouvant » :
ex. Iratribus in plebe consistentibus, CVPR. Ep. 17 ;
episcopis trans mare constitutis, Ep. 43, 3 ;
Paulo adhuc. in carcere posito, Ep. 27, 1 ..
ego Tolosae positus, SVLP.-SEV. Ep. 3, 3 ..
in stadio constituti, AMBR. Hel. 22, 81, quand
nous sommes au stade ;
in rebus temporalibus constituti, FEL. II Ep. p. 13;
cf. TERT. Spect. 25 .. ARN: 5, 7 .. AVG. Peccat. merit. 2,
16, 21 ; etc.
§ 353. -- 2. Plus souvent que dans la langue classique,
'
le participe présent s'emploie avec une VALEIJR CIRCONS
TANCIELLE,
a. de TEMPS :
ex. orantes autem, nolite multum loqlli, VVLG. Mat.
6, 7, lorsque vous priez (:l'tQOGEU')(ofLevoL).
Comme en français, ce participe présent peut avoir un
sens passé :
ex. ucniens... uir uenerabilis declarallit, CAsso Var.
12, 26 ( = cum uenissel, voir plus loin, nO 4) ;
1. On a déjà signalé la construction du participe présent avec
le verbe sum (§ 225) ; le participe absolu à l'accusatif (§ 76).
1 95
§ 354. - b) de MANIÈRE, de MOYEN :
ex. delectabat eos loquens, AVG. Conl. 5, 6 (= loquendo) ;
signa multa faciens se Deum esse declarat, GREG.-T.
(Bonnet, p. 650) , par ses nombreux miracles... ..
et en parallèle avec un gérondif :
et duodecim (psalmos)
parliendo
constituens noctem, BEN. Reg. 18 ;
•..
per unamquamque
§ 355. --,- c. de CONTINUITÉ :
ex. ibat proficiens, VVLG. Gen. 21, 13, il allait s'enri
chissant (cf. nO 3) ;
§ 356. --,- d. de CAUSE :
ex. peccaui tradens sanguinem iustum, Mat. 27, 4 ..
- Comme en grec a-te ou ooç, ut devant un participe
signifie « comme, dans la pensée que, étant donné que » :
TERT. Apol. 35 .. 41 .. 45 (devant un adjectif ou un nom,
en latin classique) ;
§ 357. - e. de CONCESSION :
ex. nullam causam mortis inuenientes in eum, petie
runt a Pilato ut interficerent eum, VVLG. Act. 13, 28
(e"QOv"tEç) ;
§ 358. - 1. de BUT :
ex. sine uideamus an ueniat Helias liberans eum
Mat. 27, 49 ;
ite tollentes, Ex. 12, 21, allez prendre ;
§ 359. - g. de CONDITION :
ex. a quibus custodientes uos, bene agetis, Act. 15, 29 ;
nondum credentibus, CVPR. Dom. o rat. 17 (var.) ,
s'ils ne croient pas encore.
Ce sont des hellénismes souv ent.
196
LE PARTICIPE
LE PARTICIPE
§ 360. - 3. Comme en grec encore, après des verbes
exprimant la CESSATION ou la CONTINUITÉ, on trouve le
participe présent, au lieu de l'infinitif :
ex. cum consummasset Jesus praecipiens, VVLG.
Mat. 11, 1 (0-':8 É-.:ÉÂea8V ... ôLcuaaaoov) ;
si perseuerauerit pulsans, Luc. 11, 8 ;
cum desinerent manducantes, ACT. ARCHEL. 11, 4;
non prius destitit... orando et ieiunando continuans,
SVLP.-SEV. Dial. 3, 13, 4.
Autres exemples d'hellénismes :
manijeslus est labejaclans fiduciam, TERT. Res. 31
(q:av8Qoç Éan aepeW..oov) ;
praeuenio admonens, Praescr. 9 (cp66.voo à.vaI-LvfJaaç) .
§ 361 . - 4. On veille moins à la precIsIOn des temps
et le participe présent! s'emploie où l'on attendrait un
temps passé :
ex. inuenientes pacatam prouinciam, ... depopula
banlur, VICT.-VIT. 1, 3 ( = cum inuenissenl) ;
quod si tu audiens respondeas, BEN. Reg. prol. ;
benedicente abbale legantur aliae quatuor lectiones
Reg. 11, après la bénédiction de l'abbé... ;
cum quadam die in proximo ... uico ueniens. .. prae
cepisset, EVGIPP. Seu. 8 ;
Dauiticam deserens ciuitatem, uenerat... , SEDVL�
Op. 4, 5.
1 . Dans certains cas, le participe présent exprime une action
postérieure : ex. conuocauit omnem populum ilium dicens (= et
dixit) , GREG.-T. Bist. 2, 40 ; cf. Juret, Filastr. 12 ; Goelzer,
Avit. 294.
§ 362.
-
197
5. On rencontre, rarement, le participe futur avec un
. SENS PASSIF :
ex. uocati ad recepturum donum gratiae, Ps.-AvG. Qu. test. 44,
2' (= ad recipiendum, ut reciperetur) .
§ 363. - 6. On emploie quelquefois l'ablatif absolu,
même quand le participe se rapporte au sujet ou à UII
mot de la proposition :
ex. et ascendente eo in nauiculam, secuti sunt eum,
VVLG. Mat. 8, 23 ;
me tecum laborante, non parum temporis dedi,
AVG. Ordo 2, 3, 9 ;
statim illis clamantibus includuntur, · VICT.-VIT.
2, 28 ;
dicalur hic uersus... ipso tamen incipienle, BEN.
Reg. 38, qu'on récite ce verset, ... celui qui commence...
§ 364. - 7. Des PARTICIPES ABSOLUS SONT AU
se rapportent pas au sujet de la proposition :
NOMINATIF et ne
ex. cognoscente<; (nos) simulque legentes, contritum est extemplo
cor nostrum, VICT.-VIT. 2, 40 ;
uexillo crucis consignans oculos eius, statim caecus uisum
recepit, ibid. 2, 50, comme il (le thaumaturge) faisait le signe de la
croix sur ses yeux, aussitôt l'aveugle recouvra la vue ;
talis est mos Dei cultoribus totum reseruare Deo, scientes
esse magnum uindicari ab eo, LVCIF. Athan. 1, 14 ;
aestimel se homo de caelis a Deo semper respici... demons
trans nobis hoc propheta, BEN. Reg. 7 (cf. chap. I, l, 1).
§ 365. - 8. Certains ablatüs absolus sont formés d'un
participe passé, comme comperto, audito, et d'une pro
position ; ce que l 'on rencontre déjà chez les historiens
LE PARTICIPE
1 98
Salluste, Tite-Live, Tacite. Chez les auteurs chrétien
c'est ordinairement avec une proposition en quod :
ex. comperto quod homines essent sine litleris, Vvv
Act. 4, 13, ayant appris que ... ;
perlato sibi quod.. , EVGIPP. Vit. Seu. 5.
§ 366.
9. Dans des auteurs très tardifs, il arrive que le nI
ou le pronom qui devrait être le sujet du participe absolu en esl
complément ; et le participe équivaut ainsi à une préposit'
régissant l'accusatif :
ex. compléto matutinas, ANTON. Jtin. 11 ;
joedus inito, lORD. Get. 21, 112 ;
quod comperto, ibid. 25, 132.
-
INDEX ALPHABÉTIQUE
Les chiffres renvoient aux paragraphes
ABLATIF absolu se rapportant
au sujet, 1 14.
- absolu se rapportant à un
terme de la proposition, 363.
Ablatif sans préposition, 107.
adverbial, 109.
- de durée, 1 10.
- complément d'agent après
un nom, 11l.
- stéréotypé d'un nom de
ville, 1 18.
- de mesure, 112.
- complément d'agent d'un
adjectif verbal, 347.
- d'un nom ayant la valeur
d'une préposition (type :
turbarum beneficio, à cause
. de la foule), 122.
A bsit, 260.
Abstraits (emploi des noms),
16 à 19.
Accord (syntaxe d'), 200 et.
seqq.
ACCUSATIF de relation, 71.
Accusatif (double), 72.
- de même sens ou de même
racine que le verbe, 73.
, confonfu avec le nominatif,
-
79.
- avec des verbes intransi
tifs, 74.
- complément de lieu, 75.
- stéréotypé de certains noms
de ville, 78.
- absolu, 76.
ADJECTIF au lieu du génitif
déterminatif ou de posses
sion, 13.
Adjectif substantivé, 7 et 8.
- au lieu d'adverbe, 15.
- verbal employé comme épithète, ll.
- verbal au sens d'un parti
cipe futur passif, 349.
- verbal avec sum au sens
d'un présent passif, ' 351.
- verbal exprimant la possi
bilité, 350.
Adverbes (place des), ayant le
sens d'un adjectif ou d'un
complément du nom, 6.
An introduisant une interrogation indirecte simple, 27l.
Anacoluthe, 28.
Anadiplosis, 3l.
Anima au sens d'un pronom
personnel, 167.
Ante... quam
=
potius quam,
317.
Antithèse, 32.
ARTICLE (absence d'), 6, 27, 84,
120, 13l.
Article (démonstratif corres
pondant à un), 133, 157, 163.
Attraction du relatif, 186.
Brachylogie, 27.
CAUSALES (propositions), 275 à
282.
Collectif (nom) singulier, 23.
COMPARATIFS ET SUPERLATIFS,
formes, 57.
Comparatif au lieu du positif,
125 ; au lieu du superlatif,
126. Comparatif périphras
tique, 128.
INDEX ALPHABÉTIQUE
200
Comparatif (complément du)
avec une préposition, 117.
COMPARATIVES (propositions),
316 et 317.
Comperto quod, 365.
Composés ayant le sens du
mot simple ou l'inverse, 5 et
note.
Composés formés de nom et
adjectif, à l'imitation du
grec, 5.
CONCESSIVES (propositions), 294
à 302.
CONCORDANCE DES TEMPS (ab
sence de), 324.
Concrets (emploi des noms) au
sens abstrait, 21 .
CONDITIONNELLES
(propositions), 303 à 308.
Conjugaison (morphologie), 60
à 66.
CONSÉCUTIVES (propositions) à
l'indicatif, 291.
Consécutives (syntaxe des pro
positions), 286 à 293.
Consistens, eonstitutus « étant »,
252.
Corrélatif (suppression du)
après une préposition, 1 90.
Cum causal avec l'indicatif, 278.
Cum et imparfait du subjonc
tif
eum et imparfait de
l'indicatif, 311.
Cur causal, 282.
=
DATIF d'adjectif verbal expri
mant le but, 348.
Datif d'intérêt (sens étendus),
99.
- éthique (type : sedete uobis),
99 et 170.
- complément d'agent, 100.
- de but, 99 et lOt.
- de direction, 99.
- de lieu, 103.
INDEX ALPHABÉTIQUE
- complément du compara
tif, 1 05.
- complément d'adjectifs, 104.
Debeo (formes périphrastiques
avec), 222.
Déclinaisons, 46 à 59.
Déclinaison gr€Cque, 46.
De cuius, 120.
DÉMONSTRATIF, 132 et seqq.
- pléonastique, 132.
- au sens de l'article grec, 133.
DÉPONENTS à la forme active,
212.
Déponents ayant le sens passif,
206.
Desiderantissimus
desideratissimus, 12 note.
Dignus avec l'infinitif, 293.
Dignus ut, 293.
=
Diminutifs, 5.
Diu est ut, 315.
Diu est quod, 315.
Donec temporel avec indicatif et
subjonctif, 312.
« pourvu que 301.
Doublets (lampas, lampada),
47.
Dubitare ne, 259 note.
Non dubito quod, 26t.
DUM au sens de en » suivi d'un
participe présent français :
a. temporel, 311 ; b. expri
mant la cause, la manière,
281.
Dum
eum « lorsque », avec
subjonctif ou indicatif, 311.
Dum « tandis que », avec sub
jonctif, 30t.
Dum « pendant que », 310.
Dum « alors que » avec indica
tif, sens concessif. 300.
Dum interim, 300.
Dum ... tum « bien que ... pour
tant », 300.
Dum causal avec indicatif ou
Donec
D,
«
=
subjonctif « du moment que,
puisque D, 281 , cf. 311.
Dum temporel avec imparfait
du subjonctif ( cum), 310.
=
�panalepse, 3t.
avec indicatif 291 ; avec
subjonctif, 296.
Étymologique (réaction), 25.
Etsi
équivalant à un pronom
personnel, 167.
Facies équivalant à un pronom
indéfini, 199.
Facies formant locution prépositive, 122.
Facile est ut, 255.
Facie ou sens de iubeo, 249.
Factum est suivi d'une proposi
tion infinitive, 248.
Féminin d'un pronom au lieu
du neutre (hébr.), 20t.
FINALES (propositions), 283 à
285.
FUTUR au lieu du présent, 218.
- au lieu de l'impératif, 228,
236.
- au lieu du subjonctif, 235,
236, 237.
Facies
GÉNITIF objectif, 80.
- subectif, 81.
- explicatif, 82.
- d'origine, 83.
- d'appartenance, 84.
- de qualité, 85.
- au lieu d'adjectif, 85.
- augmentatif, 87.
- de cause 89.
- complément d'adjectif, 90.
- topographique au lieu de
nom propre en
apposition,
.
91.
201
- complément du comparatif,
94.
- absolu, 96.
- du pronom personnel au
lieu d'un possessif, ou du
réfléchi au lieu de suus, 169,
179.
GÉRONDIF. avec ad ayant le sens
d'un futur passif, 345.
Gérondif au lieu de l'infinitif,
342.
- en -do ayant le sens d'un
participe, 341 et 343.
- au lieu de l'adjectif verbal,
344.
(formes périphrastiques
avec), 219 et seqq.
Hic démonstratif, 138 à 142.
Homéotéleute, 32.
Hortor avec l'infinitif, 332.
Hypallage, 26.
Habeo
Idipsum, 153.
Ille, 145 et seqq.
IMPARFAIT exprimant la ten
tative, 227.
- de l'indicatif au sens d'un
irréel du présent, 306, 308.
Imparfait au lieu d'un présent
(hébr.), 216.
- du subjonctif, dans une
complétive ou une finale,
exprimant une éventualité
future, après un verbe prin
cipal au présent, 325.
- du subjectif, v. subjonctif.
- du subjonctif au sens potentiel, 303.
Impératif exprimant la prière,
240.
Impersonnels (verbes) employés
personnellement, 215.
Inde pronom personnel, 153.
•
202
INDEX ALPHABÉTIQUE
INDICATIF futur au lieu de
l'impératif, 236.
- dans l'interrogation indi
recte, 270.
- dans une subordonnée con
sécutive, 291.
- dans la proposition princi
pale et potentiel ou irréel
dans la subordonnée, 304,
305, 306, 307.
INFINITIF (syntaxe de l'), 327 à
340.
- substantivé, 340.
- dans une interrogation indirecte, 273.
- présent au lieu du futur
avec des verbes signifiant
« espérer, promettre, pré
dire », 339.
- présent au lieu du passé,
338 note.
- passé ayant le sens d'un
présent, 338.
- . ayant le sens d'un impé
ratif, 337.
- de but au lieu du gérondif
précédé de ad, 331.
- au lieu d'adjectif verbal,
329.
- au lieu de ut complétif, 332.
- au lieu du supin après des
verbes de mouvement, 330.
précéçlé d'une préposition,
340 fin.
- au lieu' de ut consécutif,
335.
- au lieu de ut final, 331.
- complément du nom, 327.
- complément d'adjectif, 336.
Infinitive (proposition), 241 à
245, et v. proposition.
Interrogation indirecte à l'in
dicatif, 270.
- double dans la même pro
position, 187.
�
Intransitifs (verbes) employés
comme transitifs, 211.
Inuicem exprimant la récipro
cité, 182.
IpSE, 154 et seqq.
Ipse renforçant un pronom
personnel, 168.
Ipse antécédent de qui, 135.
Ipse au sens emphatique, 158.
Ipse au sens de idem, 154.
Ipse au lieu du réfléchi, 155.
Ipse équivalant à l'article grec,
157.
Is, 159 et seqq.
Is au lieu du réfléchi, 159 ; et
gén. eius au lieu de suus, 160.
Is pléonastique dans une rela
tive, 185.
Iste, 164 et seqq.
Ita... quo « de telle manière que »
suivi du subjonctif, 289.
Iubere ut, 253.
Iurare si, 269 ; iurare nisi, 249 ;
iurare ut, 254.
Langage affectif, 41 et seqq.
Langage figuré, 39 et seqq.
Latin chrétien, 1, 44, 45.
Licet concessif suivi de l'indi
catif, 297.
Lieu (complément circonstan
ciel de), v. quo.
Locatif de noms de pays, 92.
Manus au sens d'un pronom
personnel, 167.
Metius est quod, 261.
Merito au sens d'une préposi
tion, 122.
Métonymie, 1 7, 21.
Metuo construit avec l'infinitif,
333.
MODES (emploi des), 235 à 244.
INDEX ALPHABÉTIQUE
Moneo construit avec l'infinitif,
332.
Mots forgés, 34 ; cf. 5.
Mox ut, 315.
Ne adverbe interrogatif " non
enclitique, 272 bis.
Ne consécutif au lieu de ut non,
286.
Nisi quia, 308.
Nomen au sens d'ùn pronom
personnel, 167.
Nominatif, 67.
Noms en -tor au lieu d'un
verbe, 20.
Oculus équival�nt à un pro
nom personnel, 167.
opto construit avec l'infinitif,
247.
Opus est construit avec le sub
j onctif sans ut, 257.
Oxymoron, 33.
Parataxe, 257 note et 261 fin.
PARFAIT du subjonctif, v. sub
jonctif.
- de l'indicatif au lieu de
futur (hébr.), 217.
- au sens d'un plus-que-par
fait (aoriste), 231.
- exprimant un fait habituel
(aoriste), 230.
- ayant un sens inchoatif,
230.
PARTICIPES substantivés, 9 et
10.
- présent ayant une valeur
.circonstancielle, 353 et seqq.
!.- (temps dans les), 361.
- absolu au nominatif, 67 et
364.
Périphrastiques (formes) avec
203
habeo, debeo, incipio, etc.,
219 à 225.
Personnelle (construction) avec
d'autres verbes que dico,
fero, etc., 245.
PERSONNELS (pronoms), 167'
et seqq.
Peto construit avec l'infinitif,
247.
Pléonasme, 30, 129 (superlatifs),
132 (démonstratifs).
Pluriel pour le singulier, 24.
Pluriel de politesse « vous, votre
1 71 .
Pluriel hébraIque, 48.
Plus est quod, 261.
Plus est si, 268.
Plus-que-parfait du subjonctif,
v. subj onctif.
�. de l'indicatif exprimant un
irréel du passé, 307.
Polliceor quod, 261.
Polyptoton, 3L
Positus « étant 352.
Possessif au lieu d'un pronom
personnel, 180.
- réfléchi au lieu de eius,
eorum, 172.
Postquam construit avec le
subjonctif, 313.
Potentiel exprimé par l'impar
fait du sujonctif, 234.
Praecipio construit avec l'infi
nitif, 247.
Praedictus, praefatus et simi
laires, au sens d'un adjectif
démonstratif, 134.
Prépositionnel (emploi) des
ablatifs de noms, 122.
Préposition non répétée, 115.
PRÉSENT DE L'INDICATIF ayant
un sens délibératif, 235.
Présent de l'indicatif au lieu de
futur et inversement, 226.
Priusquam, 309.
D,
»,
INDEX ALPHABÉTIQUE
204
avec l'adjectif verbal pour
exprimer le but, 348.
Prolepse,29.
Promitlo ut, 254.
Proposition infinitive dépen
dant de verbes exprimant le
désir, la volonté, 247.
Propositions infinitives précé
dées de quod, quia, ut,
261 note.
Proprius adjectif possessif, 178.
Propter avec l'adjectif verbal,
348.
Pro
INDEX ALPHABÉTIQUE
194.
196.
Quia au lieu de la proposition
infinitive, 262.
- devant une proposition infi
nitive, 261 note.
- causal avec le subjonctif,
275.
Non quia avec l'indicatif, 276.
Quippe qui, 320.
uter, 193.
Quis
Quo (questions) et ubi confon
dues, 75.
- « parce que avec l'indica
tif, 282.
Quo final sans la présence d'un
comparatif, 284.
Quo usque « jusqu'à ce que "
315.
QUOD iÎltroduisant une propoc
sition complétive au lieu
d'une proposition infinitive,
261.
QlIod devant une proposition
infinitive, 261 note.
- après deesse négatif, 253.
- causal construit avec le
subjonctif, 275.
Non quod... sed quod avec le
subjonctif dans les deux
propositions, 276.
Pro eo quod, 277.
Quod temporel au lieu de cum,
ex quo, 315.
- relatif après des expressions
de temps, 189.
- consécutif, 292.
- « tel que, comme » devant un
nom, 316.
- « en tant que . devant un
participe, 316.
- « c'est-à-dire 323.
Quomodo complétif, 266.
- causal, 280.
- temporel, 315.
-
=
-
=
uter,
quis,
=
»
« que . au lieu d'une
proposition infinitive, 265.
jusqu'à ce que »,
Quamdiu
314.
Quamlibet pour quamuis, 299.
Quamuis « quoique » avec le
subjonctif, 298.
- devant un participe ou un
adjectif, 298.
puisque » avec le
QUANDO
subjonctif, 279.
- « alors que pourtant » avec
le subjonctif et rarement
l'indicatif, 299.
,
puisque pourtant »,
Quando
299.
QlIanquam avec le subjonctif,
295.
Quanquam devant un nom,
295.
quot, 197.
Quanti
Quare « parce que, puisque »
avec le subjonctif, 280.
QUATENUS « que » au lieu de la
proposition infinitive, 267.
Quatenus « afin que », 285.
- « puisque », 280.
- au sens consécutif, 290.
Quemadmodum « de manière
que, pour que 285.
qualis, 195.
Qui
Qualiter
•
•
•
=
B,
=
»,
après des verbes
exprimant la crainte, 259.
QUONIAIIl « car » introduisant
une proposition indépen
dante, 277.
Quoniam introduisant une pro
position complétive, 263.
- « quand » temporel, 315.
cum, 315.
Quolies
205
« puisque, attendu
que . avec le subjonctif, 282.
Sic ... quemadmodum « de ma
nière que », 290.
Simple (verbe) au lieu du com
posé, 5 note.
Singulier (verbe au) après un
pluriel neutre, 200.
Sino avec le subjonctif sans ut,
257.
Suadeo avec l'infinitif, 332.
Réciprocité, 181 et seqq.
SUBJONCTIF en concurrence
Redondance, 30.
avec l'indicatif, 239 et 274.
RÉFLÉCHI (emploi pléonastique - (emplois du), 239 à 244.
du), type sibi gaudere, 99 et - parfait au lieu du présent,
.
170, 1 77.
233.
Réfléchi au lieu du pronom - présent au lieu du futur de
personnel, 1 72.
l'indicatif, 63, 244, 304.
- simple au lieu du pronom - plus-que-parfait au lieu de
réciproque, 183.
l'imparfait, 232.
RELATIF (pronom), 185 et seqq. - optatif sans ulinam, 240.
- ayant la valeur d'un article - dans une proposition condigrec, 187.
tionnelle pour exprimer . un
- neutre avec antécédent res,
fait habituel dans le passé,
202.
303.
- (emploi pléonastique du), Subjonctif après quanquam, 295
132, 147, 185.
(voir chacune des circon
RELATIVES (propositions) cau
stancielles).
sales à l'indicatif, 320.
(absence de)
Subordination
Relatives au subjonctif sans
après factum est, 257 note.
raison, 321.
- (conjonctions de) introdui
- à l'infinitif, 322.
sant le discours direct ( = &tL),
- (syntaxe des), 318 à 322.
264.
Répétition, 31.
Suffixes (formation des mots à
l' aide de), 5.
Sum formant des périphrases
avec les participes, 225.
Salis est quod, 261.
Sunt qui et l'indicatif, 319.
Si introduisant interrogation
Superlatif au lieu du comparaindirecte, 272.
tif, 127.
Si suivi du subjqnctif optatif,
- périphrastique, 128.
241.
Supin, 330 note.
Si et le subjonctif présent,
quand le verbe principal est Suus au lieu de eius, eorum, 172,
Symbolisme, 34 et seqq.
au futur, 304.
Synecdoche, 23, 24.
nisi, 306 note.
Si non
Quominus
=
=
Si quidem
INDEX ALPHABÉTIQUE
206
Tantum ... non • pourvu que...
ne pas » suivi du subjonctif,
30t.
TElIIPORELLES
(propositions),
309 à 315.
Temps (emploi des), 226 à 233.
Timeo quod, 261.
Tmèse, 66.
Traductio, c. polyptoton.
Transitifs (verbes) employés
absolument, 205.
- employés en un sens intran
sitif, 210.
Vbi et Vnde pronoms, 19t.
Valeo, praeualeo
possum, 334
Verbes employés d'une manière
pléonastique (possum, debeo,
uideor, etc.), 223.
=
,
Videre si, 272.
Videre ne (sens non cl.), 272 bis.
Videri ayant un sens vague ou
explétif, 223.
Viderit, formule d'omission,
243.
Vt et le subjonctif au lieu de la
proposition infinitive, 251.
Vt suivi d'une proposition
infinitive, 252.
Vt après verbes d'empêche
ment, 258.
Vt « au point que » et proposi"
tion infinitive, 288.
Vt non
ne filial, 283.
Vt « étant donné que » et sub
jonctif, 280.
Pro eo ut, 280.
=
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TABLE DES MATIÈRES
AVERTISSEMENT .
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
7
PREMIÈRE PARTIE
LE STYLE CHRÉTIEN
LE LATIN DES AUTEURS CHRÉTIENS .
J. - LE VOCABULAIRE
.
.
A. - FORMATION DES MOTS
B. - STYLISTIQUE
C. - RÉACTION ÉTYMOLOGIQUE
II. - LA RHÉTORIQUE TRADITIONNELLE .
III. - LE SYMBOLISME . .
IV. - LE LANGAGE FIGURÉ .
V. - LE LANGAGE AFFECTIF
•
A. - L'AMOUR MYSTIQUE
B. - L'AMOUR DES HOMMES, LA CHARITÉ HUMAINE
11
15
15
17
25
27
34
40
52
53
59
DE UXIÈME PAR TIE
OBSERVATIONS GRAMMATICALES
MORPHOLOGIE
1. - DÉCLINAISON .
II. - CONJUGAISON .
67
69
220
TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES
SYNTAXE
CHAPITRE PREMIER. - EMPLOI DES CAS .
1. - NOMINATIF .
II.
III.
IV.
V.
VI.
-
CHAPITRE II. - PRÉPOSITIONS
CHAPITRE lU.
-
93
COMPARATIFS ET SUPERLATIFS
CHAPITRE IV. - PRONOMS ADJECTIFS .
1. - ABSENCE D'ARTICLE.
il. - DÉMONSTRATIFS .
.
1. - Remarques générales
II.
III.
IV.
V.
VI.
VII.
VIII.
III.
IV.
V.
VI.
VII.
VIII.
IX.
X.
-
-
-
Hic
Idem
Ille .
Inde .
Ipse .
Is .
Isle .
•
PRONOMS PERSONNELS
PLURIEL DE POLITESSE .
RÉFLÉCHIS ET POSSESSIFS .
LA RÉCIPROCITÉ . .
LE PRONOMR ELATIF.
LES INTERROGATIFS .
LES COHRÉLATIFS .
LES INDÉFINIS .
II. - Formes périphrastiques .
III. -..:.. Remarques sur l'emploi des temps
proprement dit
75
75
75
76
79
86
90
VOCATIF .
ACCUSATIF .
GÉNITIF .
DATIF
ABLATIF . .
97
101
101
101
101
103
104
105
106
107
108
110
221
B. - EMPLOI DES MODES .
138
140
CHAPITRE VII. - LES PROPOSITIONS SUBORDONNÉES COMPLÉTIVES .
1. - LA CONSTRUCTION PERSONNELLE. .
II. - LA PROPOSITION INFINITIVE .
III. - LA PROPOSITION COMPLÉTIVE AVEC ut, quominus, ne .
IV. - LA PROPOSITION COMPLÉTIVE AVEC quod,
quia, quoniam, etc. .
V. - L'INTERROGATION INDIRECTE
.
.
.
•
CHAPITRE VIII. - LES PROPOSITIONS SUBORDONNÉES C IRCONSTANCIELLES
Remarque générale
1. - PROPOSITIONS CAUSALES
Il.
III.
IV.
V.
VI.
VII.
VIII.
134
138
1. - L'indicatif
II. - Le subjonctif
.
1 29
- PROPOSITIONS FINALES
- PROPOSITIONS CONSÉCUTIVES
:- PROPOSITIONS CONCESSIVES .
- PROPOSITIONS CONDITIONNELLES
- PROPOSITIONS TEMPORELLES
- PROPOSITIONS COMPARATIVES
- PROPOSITIONS RELATIVES
142
142
143
144
147
152
156
156
157
162
163
165
169
1 73
178
179
111
112
114
117
118
121
122
123
CHAPITRE IX. - LA CONCORDANCE DES TEMPS .
181
CHAPITRE X. - L'INFINITIF .
183
CHAPITRE V. - SYNTAXE D'ACCORD
124
CHAPITRE XI. - GÉRONDIF ET ADJECTIF VERBAL .
189
CHAPITRE VI. - SYNTAXE DU VERBE .
127
Remarques générales .
.
A. - EMPLOI DES TEMPS .
I. - Les temps dans la traduction de la
Vulgate
.
. . .
127
128
128
1. - LE GÉRONDIF
189
191
.CHAPITRE XII. - LE PARTICIPE .
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II. - L'ADJECTIF VERBAL
INDEX ALPHAB�IQUE
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BffiLIOGRAPHIE
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