LE FRANÇAIS PARLÉ AU CANADA : LA COLONISATION, L’IMPLATATION DU FRANÇAIS ET LES ARCHAÏSMES
Jader Nirta
Index :
Introduction……………………....................……………………………….…page 3
Départ des français de la France vers les côtes canadiennes : les colonisateurs, les colons et la langue……………….....……………………….………….……….page 4
L’isolement linguistique du Québec : les isoglosses et la diffusion de la langue française………………………….………………………….………….………page 6
Les attitudes à l’égard du français au Canada et les archaïsmes…………………….………………………………………………...page 8
Conclusion………………………..………………………………..…………..page 10
Bibliographie et sitographie…………………...………....……...……………page 12
Introduction
Le Canada est un pays qui se situe en Amérique septentrionale, il s’agit, plus précisément, d’une confédération composée de dix provinces. Le Canada a été l’un des membres fondateurs de l’Agence de coopération culturelle et technique en 1970, qui est devenue l’OIF en 2005. Le Canada travaille activement au sein de la Francophonie internationale depuis sa création ; en effet il s’agit de l’un des premiers pays à promouvoir la Francophonie. Le Canada est un pays bilingue étant donné qu’il connaît la cohabitation de deux langues coofficielles ; c’est-à-dire le français et l’anglais. Bien que le Canada soit formé de dix provinces, la seule province francophone est la région du Québec. Toutefois, on donne la possibilité à tous d’étudier le français. L’importance consacrée à la langue française est bien évidente par le fait que le président canadien, Justin Trudeau, s’exprime en anglais et en français et aussi par le fait que la rédaction des actes officiels et juridiques soit publiée dans les deux langues. La thématique principale qui ressortira tout au long de ce dossier tourne autour des archaïsmes qu’on trouve dans la langue française parlée au Québec. Pour être en mesure de donner des cordonnées spécifiques et détaillées de la variété diatopique du français canadien, il est nécessaire de tenir compte de la notion d’archaïsme, véritable indice de différence entre le français du Québec et le français hexagonal, ainsi que de toutes les différentes étapes historiques obligatoires qui contribuent à donner une image globale de la réalité linguistique québécoise. Au tout début, on se penchera sur la partie historique du départ des français des côtes atlantiques de la France vers le Canada et on assistera aux projets de colonisation de la part de Jacques Cartier et de Samuel de Champlain. C’est la période des implantations des colons français dans la « Nouvelle-France », terme originairement forgé par les frères Verrazzano en hommage au roi François 1er.Successivement, on se focalisera sur l’isolement du français au Québec par rapport au français de France. On verra que les parlers francophones au Québec ne sont que, banalement, un mélange des différents patois parlés dans les régions françaises qui ont fourni des colons et qui sont distants du soi-disant « français du roy ». Généralement, les Québécois se rendent compte et reconnaissent que leur français est incorrect par rapport au français standard et cela est évident dans l’insécurité linguistique propre aux Québécois. Si au début on ressentait cette « impureté », successivement avec le mouvement du « joual », on assiste à la revendication de cette façon particulière de parler français. En conclusion, on analysera la notion d’archaïsme et on cherchera à en donner des exemples en justifiant la raison pour laquelle ces formes obsolètes persistent au Québec mais pas en France.
Départ des français de la France vers les côtes canadiennes : les colonisateurs, les colons et la langue
La période de colonisation du Canada, où de la « Nouvelle-France » eut origine avec les explorations de Jacques Cartier (1491-1557). Le roi François Ier était fort jaloux des territoires conquis par l’Espagne et le Portugal et ordonna en 1534 à l’explorateur français Jacques Cartier d’effectuer une première expédition afin qu’il puisse découvrir des terres pour fonder éventuellement un premier empire colonial. Lorsqu’il débarqua sur la côte canadienne, Cartier fit planter une croix avec l’inscription suivante « Vive le roy de France » et successivement, pendant son deuxième voyage il érigea une autre croix portant une indication latine « Franciscus primus Dei gratia Francorum rex regnat ». Le fait d’avoir employé le symbole de la croix n’a rien à voir avec la religion : il s’agissait éminemment d’un acte politique. Malgré l’importance inestimable de ses découvertes, il convient de dire qu’elles se sont révélées un échec total puisque aucun Français ne s’était installé sur le territoire de la « Nouvelle-France ». En outre, la France n’était point intéressée à ces nouvelles terres parce qu’elle était déchirée par les guerres de religion et car les Français estimaient le Canada un endroit avec des hivers rigoureux et un climat défavorable. Bien que l’intention d’établir une colonie se soit révélée désastreuse, il faut attribuer à Jacques Cartier certains mérites. Sur le plan linguistique il a fixé la toponymie. On peut ainsi lors de cette période trouver des noms à la fois français et amérindiens. Par contre, Cartier a apporté sa contribution pour la réalisation d’une cartographie canadienne. Pourtant, il est judicieux de rappeler que Jacques Cartier n’a pas été le découvreur du Canada actuel puisqu’il n’a jamais parcouru le Nouveau-Brunswick ni la Nouvelle Écosse ; il découvrit seulement la vallée du Saint-Laurent. Il fut aussi le premier à avoir employé le mot « Canada » issu d’un mot iroquoien kana:ta signifiant « ville » ou « petit village ».
Les ex péditions continuèrent avec Samuel de Champlain (vers 1570-1635) qui, grâce à l’appui du roi français Henri IV, fonda la ville de Québec, qui signifie « l’endroit où le fleuve se rétrécit ». En 1609 Henri IV dénomma la colonie « Nouvelle-France ». C’est Samuel de Champlain qui donna naissance à la véritable colonisation au Canada mais au début il s’agissait seulement d’un succès relatif étant donné qu’on ne comptait qu’une centaine de colons éparpillés entre Québec et Port-Royal. La pénurie de peuplement rendait les terres et les habitants vulnérables aux incursions iroquoises. En outre, en 1629 les frères Kirk s’emparèrent de Québec qui resta entre les mains des Anglais jusqu’au traité de Saint-Germain-en-Laye en 1632 qui restitua Québec aux Français. De façon analogue à Jacques Cartier, Samuel de Champlain fut un grand toponymiste et on lui doit la création de nombreux noms de lieux français.
Pendant la période comprise entre 1600 et 1750 la France effectua beaucoup d’expéditions, même si les colons français qui allèrent s’installer au Canada durent faire face à des problématiques liées au climat et à la traversée qui se faisait dans des conditions pénibles. Les récits de voyage qui nous sont parvenus citent trois typologies de personnes migrantes : les marins, les missionnaires et les « filles du roy » . À la différence des missionnaires qui avaient des buts évangélisateurs à l’égard des soi-disant « Sauvages », les « filles du roy » étaient des jeunes femmes âgées de 12 à 30 ans envoyées par le roi dans l’objectif de se marier afin de peupler les colonies qui étaient majoritairement de sexe masculin. Le terme « filles du roy », qui remplaça le mot péjoratif « filles à marier », fut forgé par Marguerite Bourgeoys pour se référer à des pupilles du roi français Louis XIV qui leur fournissait une dot afin qu’elles puissent trouver un mari dans la « Nouvelle-France ». On garantissait aux « filles du roy » une éducation et on leur apprenait comment gagner leur vie honorablement et à devenir des femmes au foyer.
Quant à la provenance des colons, on sait que six provinces françaises comptaient 70.2% des émigrants : la Normandie prime avec 19.6% suivie par l’Île-de-France (17.8%), l’Aunis (11.9%), le Poitou (10.5%), la Perche (5.3%) et la Saintonge (5.1%). Les pourcentages de ces données peuvent varier selon les auteurs mais fondamentalement ils sont presque les mêmes. En général, les régions pépinières d’émigrants sont la Normandie, la région de Paris et les provinces de l’Ouest. Pourtant, il faut inclure dans ce pourcentage aussi les émigrants provenant de la Belgique, de l’Allemagne, de la Suisse, de l’Italie et de l’Irlande.
Pour ce qui concerne la langue française importée au Canada, on va donner juste des cordonnées sans but d’exhaustivité, pour le moment. On peut affirmer que les habitants des villes françaises parlaient un français de type régional, mais pas un patois ! Les villes portuaires françaises constituaient des zones très francisées. Il faut aussi préciser que la connaissance totale ou partielle du français servait de critère de sélection des candidats à l’émigration au Canada. On peut donc supposer que les émigrants arrivés au Canada auraient pu garder leur patois d’origine ; pourtant, cela ne signifie pas qu’ils ne connaissaient pas le français, pour ainsi dire, de la cour. Contrairement à la croyance populaire, même les ruraux qui allaient s’installer au Canada étaient exposés au français car ils ne vivaient pas loin de grands centres urbains qui furent les majeurs réservoirs d’émigrants. À l’exception des émigrants du sud de la France qui étaient presque totalement patoisants, les pionniers ruraux devaient être des francisants ou des semi-francisants parce qu’ils étaient d’une manière ou d’une autre en contact avec le français.
L’isolement linguistique du Québec : les isoglosses et la diffusion de la langue français
La variation diatopique de la langue française en Europe peut être expliquée par l’influence des substrats (car cette langue s’est imposé sur des territoires où on parlait des dialectes) et des adstrats (les langues avec lesquelles le français est entré en contact) ; alors que les variétés de français existantes en Amérique du Nord n’ont rien à voir avec le substrat ; il faudrait plutôt invoquer la transmission naturelle de la langue d’une génération à la suivante.
C’est à partir des années 1940 qu’on a eu une espèce d’ouverture à l’égard des régions francophones en Amérique du Nord ; toutefois, on peut trouver des informations et des études plus anciennes qui remontent au XIXème siècle.
Le français « du roy » était la langue employée par une certaine classe sociale qui était composée par l’administration royale, les fonctionnaires, les officiers et les milices de l’armée. Chaque année, en janvier le gouverneur général déménageait de Québec à Montréal et il amenait avec soi tout son personnel. Ce déplacement a déclenché un flux linguistique qui s’est répandu de façon homogène dans toute la vallée du Saint-Laurent. Tout type de document administratif et d’ordre donné aux soldats se faisait en « français du roy » ; c’était également la langue du clergé. Il est important de remarquer que dans les écoles au Canada on enseignait le français, une matière scolaire qui n’était pas accessible à tous en France et qui a joué un rôle non négligeable dans le processus de francisation. Un autre facteur qui a contribué à la diffusion du français a été l’arrivée d’un nombre considérable de militaires ; cela a fait que les communications dans l’armée royale se déroulent en langue française.
Dans le XVIIème siècle la population canadienne se concentrait dans trois zones principales : Québec, Trois-Rivières et Montréal. L’étroitesse de ces centres ont garanti une cohésion linguistique et c’est pour cette raison que les patois n’ont pas pu laisser de traces : les rares patoisants sont rapidement devenus bilingues. Successivement l’Acadie fut intégrée en tant que colonie autonome accueillant les émigrants provenant de l’ouest de la France. On est bien conscients qu’il y a des isoglosses qui divisent le domaine acadien du domaine québécois et qui existent des mots qui marquent l’opposition entre ces deux « frontières » linguistiques. C’est le cas, par exemple, des mots aune et verne servant à désigner un type d’arbre canadien, le premier d’origine québécoise et le second d’origine acadienne. Il est judicieux de remarquer que même le français du Québec se divise en deux variétés : celle de l’Est et celle de l’Ouest.
D’autres facteurs ont contribué à former deux régions linguistiques qui constituaient l’Acadie et le Québec : 1) la séparation plus ancienne de l’Acadie avec la France ; 2) la relation étroite de l’Acadie avec les populations de langue anglaise ; 3) l’influence des familles fondatrices venues de la seigneurie du Loudunais. En outre, la région de Québec a accueilli plus de colons provenant du centre de la France et du nord-ouest par rapport à Montréal, par exemple. Cela signifie que Québec a reçu plusieurs locuteurs accoutumés aux usages linguistiques de Paris. Même aujourd’hui les linguistes ont tendance à diviser trois grandes zones dans le parler des Canadiens de langue française : le « parler acadien » (Acadie, Nouveau-Brunswick) ; le « parler de l’Est » (Québec) et le « parler de l’Ouest (Montréal) ». La différence entre ces trois types de parlers n’est pas si différente ; tout au plus, on peut remarquer des traits distinctifs.
Durant la décennie entre 1663 et 1673 la Nouvelle-France fut caractérisée par l’arrivée intensive de 800 filles du roi. Sur le plan linguistique cela a marqué un tournant décisif parce que ces filles ont contribué à la diffusion du français de la cour. On estime que 80% des « filles du roy » avaient comme langue maternelle le français.
On sait que la variété de français parlé au Canada n’était pas si différente que celle employée en France à la même époque. Quand l’unité linguistique se concrétisa, le français utilisé ne correspondait pas vraiment ni au français parisien ni à celui d’aucune région de l’Hexagone : il s’agissait plus précisément d’un mélange du français populaire de Paris et d’autres variétés régionales populaires du nord et de l’ouest de la France. Cela étant dit, on parle d’un français similaire à celui de la France comme le témoignent beaucoup des contemporaines qui ont voyagé au Canada : voici un témoignage du contrôleur général de la Marine au Canada e sieur Le Roy Bacqueville de La Potherie « […] On y parle ici [au Canada] parfaitement bien sans mauvais accent. Quoiqu'il y ait un mélange de presque toutes les Provinces de France, on ne sauroit distinguer le parler d'aucune dans les Canadiennes ».
Les attitudes à l’égard du français au Canada et les archaïsmes
À la suite des enquêtes sociolinguistiques des années soixante, il a été constaté que les Canadiens français jugent mal la langue qu’ils parlent, dès lors ils souffrent d’insécurité linguistique. Au sein de plusieurs recherches et études, se dégagent trois périodes différentes qui montrent l’attitude des Français canadiens à l’égard du français.
La première période ou phase, qui va de 1880 à 1910, souligne une attitude plutôt négative envers la langue française parlée au Canada. Les Canadiens dénoncent la mauvaise qualité du français. Parmi les propositions visant à résoudre cette problématique, il faut mentionner l’idée d’engager des professeurs Français de France pour enseigner le français. Tout au long de cette période on avait la croyance que les paysans parlaient la langue de Louis XIV et on forgea le terme péjoratif « canayen » désignant le français employé par les paysans. À la fin du XIXème siècle il y avait une opinion qui circulait chez les anglophones qui jugeaient la variété de français parlé au Canada en tant d’un patois incompréhensible : le soi-disant French Canadian qui s’opposait au Parisian French. Toujours en relation à cette première période, il est judicieux de rappeler qu’en 1910 la loi Lavergne fut imposée : elle obligeait toutes les entreprises de services publics à utiliser le français et l’anglais.
La deuxième période se situe entre 1910 et 1940 et voit la légitimité linguistique du français des paysans par rapport à la langue contaminée des ouvriers. En effet cette catégorie était représentative d’une forte anglomanie désignée comme la source des tous les malheurs.
La dernière phase, de 1940-1970, se caractérise par le mouvement du « joual », prononce fautive du mot français « cheval ». La Révolution Tranquille a été accompagnée en 1960 par la participation des hommes et femmes des lettres au « joual ». Au tout début, ce mouvement était stigmatisé (joual mépris) alors que successivement il a été, plus ou moins à l’unanimité, célébré et accepté. En termes généraux, ce mouvement symbolise la revendication d’un français qui jadis était mal vu et qui maintenant se détache des impositions dictées par l’Hexagone.
Comme on l’a déjà anticipé précédemment, il existe deux variétés de français canadien : le français québécois et le français acadien. Le français québécois est caractérisé par la présence influente des archaïsmes et par des mots issus de l’anglais. En ce qui concerne la prononciation, il a gardé [wɛ] pour indiquer le son oi comme dans le pronom moi prononcé [mwɛ] ; il s’agit d’un trait distinctif du franco-québecois qui semble remonter au moyen âge ; on sait, en effet, qu’il est attesté en français jusqu’au XVIII siècle et persiste en France dans les parles de langue d’oïl. La prononciation de –yó pour –eau est un autre indice de la variété du français québécois, même si elle ne survie que dans le mot actuel « seau » mais on sait que cette façon de prononcer le son –eau était très commune dans d’autres mots de l’ancien québécois. C’est une forme qui était courante dans les patois d’oïl des régions centrales et du Nord-Ouest.
Une autre caractéristique qui se distingue est la prononciation de « tomber » qui devient tumber . Il s’agit d’une forme parallèle de « tomber » que l’ancien français a développée. Cette prononciation est attestée jusqu’à 1777 et persiste en France dans les parlers du Nord-Ouest et du Centre.
Le vocabulaire est aussi un domaine très riche qui permet de voir des formes anciennes de la langue française qui se sont incrustées dans le franco-québécois. On va donner et commenter quelques exemples pour avoir une idée plus claire et concrète de la réalité linguistique. Le mot gouliat signifie « glouton » et semble être dérivé de « gueule » ; c’est un terme qui a été attesté comme hapax au XIIIème siècle et survit dans les patois normands actuels. Piroche est le mot pour « oie » ; il s’agit d’un terme provenant des parlers du Poitou et il est attesté dans le moyen français. De manière analogue à gouliat, on a le mot safre qui qualifie quelqu’un d’avide qui se jette jalousement sur la nourriture. C’est un terme dont on connaît des exemples dans le Roman de la Rose de Jean de Meung et continue son existence en France dans la plupart des parlers d’oil. Un autre exemple de vocabulaire très célèbre est le terme « barrer la porte » pour « fermer la porte » ; ce choix s’explique par le fait que les paysans français du moyen âge utilisaient une espèce de barre pour fermer la porte. D’autres exemples de lexique archaïsant sont bailler pour « donner » ; besson pour « jumeau » et animau pour « animal ».
Pour ce qui concerne la morphologie, il y a des conservations des formes de l’ancien français comme le témoigne la forme féminine « grand» et le maintien de l’ancienne forme atone li pour « lui ».
Les formes verbales sont aussi soumises à des différences remarquables. C’est le cas du verbe assir pour « asseoir », l’emploi de la deuxième personne singulière du verbe « aller »au présent de l’indicatif pour la première personne : je vas au lieu de « je vais » ; la désinence –ons est utilisée à la première personne du singulier (j’ons, j’avons).
Dans le domaine de la syntaxe, le québécois se distingue par l’absence du pronom impersonnel : « faut je mange encore ». Jusqu’au XVIème siècle, le français n’explicitait pas le pronom sujet de manière analogue à la tradition latine. Cet usage est préservé dans français populaire et dans les patois. L’exemple qu’on vient de donner (faut je mange encore) est aussi représentatif d’un autre phénomène, c’est-à-dire l’omission de la conjonction « que » devant le subjonctif : il s’agit d’un usage fréquent dans l’ancien français jusqu’au XVIème siècle.
Conclusions
En somme, on peut constater que le Canada plonge ses racines dans un passé qui est forcément francophone, pour ainsi dire. Comme on a pu le voir, les premières explorations furent conduites par Jacques Cartier et Samuel de Champlain, des voyageurs qui venaient de France et qui ont fondé des premières colonies de langue française. Au tout début, les rapports avec la France étaient étroits et mutuels ; c’est la « mère patrie » qui s’engage à envoyer des catégories de personnes dans l’objectif d’augmenter le nombre de colons pour fonder finalement un empire colonial en mesure d’être à la hauteur des autres puissances coloniales européennes. Les missionnaires, les marins et les « filles du roy » ont contribué, dans une large mesure, à la diffusion du français. La question de la langue au Canada est de première importance pour arriver à comprendre la variété diatopique du français implantée en « Nouvelle-France ». On a vu que certaines catégories étaient porteuses du français qu’on parlait à la cour ; c’est le cas des « filles du roy » et de l’armé parce que les ordres étaient véhiculés par la langue française « correcte ». Les paysans et les gens communs ne parlaient ni un français circonscrit à la ville de Paris ni un français d’aucune région de l’Hexagone, il s’agissait plutôt d’un mélange du français de Paris et d’autres variétés régionales populaires et caractéristiques du nord et de l’ouest de la France. Il est aussi judicieux de rappeler qu’au Canada on avait établi des écoles où l’on enseignait le français, une matière qui n’était pas à la portée de tous en France. Le Canada est aussi soumis à une scission en trois zones linguistiques distinctes : Québec, Trois-Rivières et Montréal. Les variétés de langue parlées ne sont pas très différentes mais ont des traites distinctives. Plus généralement, on a des isoglosses qui divisent l’Acadie du domaine québécois et on a l’opposition de quelques mots différents.
Successivement, on s’est penchés sur le fait que les Canadiens souffrent d’insécurité linguistique parce qu’ils jugent mal la langue qu’ils parlent. C’est à partir de nombreuses enquêtes sociolinguistiques qu’on a dégagé dans l’histoire linguistique du Canada trois périodes distinctes qui marquent une différente attitude à l’égard du français. Généralement, on passe d’une attitude plutôt négative pour arriver à la revendication, avec le mouvement du « joual », de cette variété de français parlée par les Canadiens, maintenant complètement détachée par les préceptes linguistiques dictés par la France. Enfin, on a vu la présence puissante des archaïsmes qu’on rencontre dans le français canadien : il s’agit de formes qu’on trouvait dans les stades précédents de la langue française et qui ont maintenant disparu en France mais qui survivent au Canada. Les archaïsmes comprennent le domaine de la prononciation, du lexique et des formes verbales. En dernière analyse, il est judicieux de rappeler que le Canada est un pays qui connaît la cohabitation de deux langues coofficielles et montre un aspect archaïsant de la langue. Il serait intéressant de conduire une étude parallèle et comparative du français imbibé d’archaïsmes et le français d’autrefois qu’on parlait en France ; dès lors, des perspectives nouvelles et des études peuvent s’ajouter et marquer un tournant différent.
Bibliographie :
M. Plourdre, P. Georgeault, Le Français au Québec : 400 ans d’histoire et de vie. FIDES, 2010
Sitographie :
http://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/histfrnqc.htm
https://www.erudit.org/en/journals/rs/1988-v29-n1-rs1573/056335ar/
https://www.erudit.org/fr/livres/culture-francaise-damerique/langue-espace-societe-les-varietes-francais-en-amerique-nord/
https://www.erudit.org/fr/revues/liberte/1978-v20-n1-liberte1447895/60036ac.pdf
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