DIALOGUE 1
Une forme de vie à l’épreuve ?
Rahel Jaeggi
La crise du Coronavirus est la crise d’une forme de vie (la nôtre,
notre forme de vie nettement capitaliste), ou du moins il pourrait en être
ainsi. Comme il arrive d’habitude avec les crises, elles peuvent venir directement de l’extérieur et être déclenchées par quelque chose qui échappe
à notre pouvoir d’agir en tant que société. Elles peuvent nous être inaccessibles, inattendues et nous venir de l’extérieur, comme l’apparition d’une
nouvelle souche de virus. Mais il faut se demander si l’émergence accentuée
de ce genre de virus a un rapport quelconque avec la modification des équilibres écologiques. De tels événements naturels (naturels à première vue)
peuvent aussi se transformer en crises de toute une forme de vie social, dans
la mesure où ils rendent visibles les problèmes latents de ce dernier. Ce sont
donc des crises de second ordre, des crises associées à des crises. Et cellesci sont endogènes, en ce sens qu’elles n’affectent pas seulement notre ordre
social, mais elles sont produites par ce même ordre social. La question de
savoir comment nous vivons, comment nos structures sociales sont conçues,
est ici décisive.
De quelles ressources disposons-nous pour réagir à un tel événement ? Comment les pratiques et les institutions sont-elles conçues, par quel
genre d’interprétations et de principes notre forme de vie est-il conduit ?
Ceux-ci - et avec eux, la manière dont une société résout le problème - sont
mis à l’épreuve dans une telle crise. Ainsi, la crise du Coronavirus n’est
peut-être pas directement un test décisif pour d’autres crises, mais dans cette
crise les lacunes structurelles (et, bien sûr, également potentielles) de notre
société peuvent devenir évidentes. De nombreux experts soulignent ceci à
maintes reprises : un système de santé néolibéral, axé sur le profit et épargné
jusqu’à la rupture par conversion à un taux fixe et efficacité économique, ne
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Crise Pandémique : qui suis-je dans ce nouveau monde ?
peut pas faire face à une telle crise. Cela vaut même dans un pays privilégié
comme l’Allemagne, dans la mesure où l’on pourrait s’y attendre, compte
tenu de la richesse et le niveau de développement du pays.
Cependant, il existe ici une opportunité de repenser et de thématiser
radicalement le problème. La santé ne doit pas être abandonnée au marché
– c’est ce que Macron a indiqué. Comme dans le cas de la formation, de la
culture, de la vie, ce sont des biens que le marché, guidé par l’efficacité et
la croissance économique, ne peut pas satisfaire. Cela pourrait être l’une
des instructions à extraire de Corona - quelque chose qui pourrait et devrait
nous donner l’occasion d’entamer une discussion sociale de grande envergure sur la relation entre le marché, l’État et les formes de socialisation de
la propriété.
Est-ce la déclaration de faillite du néolibéralisme, qui, en cas de
doute, doit changer son orientation vers des interventions étatiques jusqu’à
une économie de guerre, et vers des mesures autoritaires ? En tout cas, cela
montre clairement que l’idéologie d’un marché autoréglé et l’individualisme du genre « il n’y a pas de société, seulement des individus » sont
précisément cela : une idéologie qui doit maintenant être remise en question
au vu de son caractère dramatique et des conséquences actuelles. Par ailleurs, le discours de solidarité menace aussi de devenir idéologique, aussi
beau soit-il de revoir ce mot et cette pratique à nouveau en usage. Certes, les
nombreux témoignages de sollicitude, les manières en partie imaginatives
dont la cohésion sociale émerge face à une catastrophe considérée comme
conjointe, font partie des effets optimistes de la situation. Mais il faut aussi
faire attention ici : nous ne sommes pas tous assis dans le même bateau. Ce
qui est pour certains du temps pour la nature, pour la vie intérieure et pour
la famille, est pour d’autres une pure horreur : le bateau, même lorsqu’il
navigue dans des eaux difficiles pour tous, a (au moins) un pont supérieur et
un pont inférieur. Les différences de situations de vie sociale se multiplient
face à la crise - et nous n’en sommes, nous ne pouvons en être sûrs, qu’au
début. Au bout du compte, des situations d’urgence et des conflits sociaux
dramatiques peuvent survenir en raison de la raréfaction croissante des res-
Une forme de vie à l’épreuve
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sources de toutes sortes. L’évocation de la « communauté » entraîne, ici et
là, un dangereux déséquilibre.
Ce serait une erreur d’interpréter la solidarité comme « aider les
faibles » dans un sens unilatéral. Ou de le comprendre comme une obligation
de compensation là où les structures sociales ne fournissent plus de services
sociaux communs. Dans une société moderne qui fonctionne, la solidarité
concerne surtout les systèmes de sécurité sociale. La solidarité est une
manière d’organiser la coopération sociale. Par conséquent, dans un marché
du travail précaire et dans les services privés d’urgence, il y a aussi une
carence très généralisée et structurelle de solidarité, une carence qui ne peut
être compensée par une sollicitude individuelle ou par des initiatives de
quartier – aussi importantes soient-elles.
Si, au final, des mesures rapides et plus larges ne devaient pas être
mises en place, comme l’introduction d’un salaire de base inconditionnel
(comme l’exigent actuellement de nombreux groupes d’action), ou une réévaluation complète des travaux de soin : ce serait une proposition, une mesure pragmatique spontanée, pour laquelle le moment est peut-être venu.
D’autre part, avec Corona, la question de la solidarité dans un monde
globalisé, en relation avec la tendance de la société du comptage à s’enfermer dans des frontières illusoires, a atteint un point où certaines décisions
pouvaient être prises. Ici aussi, on comprend que la défense d’une cause
commune, de la solidarité, se fonde toujours sur la compréhension d’une
situation commune. Un virus ne connaît pas de frontières. La leçon que
beaucoup n’ont jamais comprise au vu de la situation dramatique des mouvements de réfugiés et de la réalité sociale de la migration, à savoir que nous
vivons inexorablement dans un seul et même monde, prend une dimension
complètement différente à cet égard.
Les crises sont le moment où une situation critique est décidée - un
point de transition. Les opportunités pour une vie post-Corona consistent à
thématiser ces carences de manière plus large et plus radicale, à les contextualiser et à exiger la liberté d’action politico-émancipatrice. Pour les consé-
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Crise Pandémique : qui suis-je dans ce nouveau monde ?
quences politiques à long terme, les conséquences pour la démocratie, la
question décisive sera que, face à un état d’urgence médicalement induit
– celui de la nécessité d’une action rapide – , nous ne nous habituerons pas à
un état d’urgence politiquement autoritaire. Ainsi, si la « rupture avec la normalité est aussi une occasion de changer la vie pour le mieux », alors il sera
décidé si, dans un état d’urgence indéniable, il existe encore une possibilité
politique de thématiser ces problèmes de longue date, et donc si cette
expérience étonnante, qui dans une telle situation écrase les convictions, les
pratiques, les règles et les institutions de fer aux côtés des habitudes de notre
quotidien, se laisse conquérir comme espace d’action, ou conduit à niveler
une dynamique de conflit social productif, émancipateur. Aussi paradoxal
que cela puisse paraître, face à la crise induite par le Corona-virus, c’est
avec le principe TINA (there is no alternative) qu’il faut rompre, et peut-être
pouvons-nous ce faire.
Crise de notre forme de vie, crise
de notre forme de vie. La pandémie, l’individu et l’espèce
Estelle Ferrarese
On peut définir une forme de vie comme l’articulation du « social »
et du « vital » sur laquelle reposent les institutions du monde humain, ce qui
implique que la vie n’apparaît jamais que par le prisme infini de formes de
vie qui sont historiquement produites. Parler de « forme de vie », c’est donc
aussi admettre que les constitutions physiologiques, les processus vitaux, la
reproduction de la vie, sont indémêlables de notre forme de vie en commun.
Et il se trouve que la crise sanitaire actuelle malaxe, maltraite cette
forme de vie.
En particulier, elle place en contact immédiat l’espèce et l’individu,
défini de la manière la plus libérale possible – comme un substrat auquel
s’attache des propriétés telles que la puissance d’agir, la volonté, la possession de sa personne et de ses attributs, qui composent un être humain qui ne
doit rien aux autres ni à ses relations à eux. Rien ne s’interpose plus entre
l’espèce et cet individu.
Ce qui s’efface alors, c’est la société, en tant qu’elle est le lieu, et la
justification de la solidarité, mais aussi la communauté politique, sommée
de se convertir en corps passif et obéissant – en France, le parlement est
neutralisé par un état d’urgence sanitaire qui n’en finit plus, tout comme l’est
le gouvernement (c’est un « conseil de défense » qui prend l’essentiel des
décisions), de nombreux droits sont suspendus, et rendus conditionnels par
la menace continue d’un nouveau confinement, d’un couvre-feu plus étroit,
de mesures plus restrictives. Evidemment, aucune émanation de la société
civile, aucune association, aucun syndicat, n’est associée à la décision poli-
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Crise Pandémique : qui suis-je dans ce nouveau monde ?
tique.
D’une part, la politique actuelle est centrée sur « le corps-espèce,
sur le corps traversé par la mécanique du vivant et servant de support aux
processus biologiques »1. Elle se saisit du continuum de la vie, ou plutôt le
reproduit en le transformant. Ce qu’elle vise, c’est ce qui se situe entre les
corps. Elle opère un assemblage, ou réassemblage du vivant, à l’image de
ces cartes de gouttelettes chargées de virus que sont devenues nos villes. Ou
encore le sondage permanent des eaux usées afin de déterminer la densité de
la contamination, transforme la population en un organisme unique à ausculter.
Mais en même temps, ce qui tient lieu de politique passe par le corps
singulier, par l’individu. La politique sanitaire répartit les corps, les quadrille, les dresse – de l’assignation à résidence que sont les confinements
successifs à la structuration de l’espace entre les corps, et à l’organisation
en profondeur des surveillances et des contrôles, par des drones ou des attestations. Une nouvelle scansion du temps – avec la durée de la promenade
autorisée, la polarisation de la journée induite par les couvre-feux, la durée
(mouvante) des quarantaines, etc. – contribue également à arrimer les corps.
Dans le continuum entre le vivant et le vécu que constitue une « forme
de vie » collective, ce n’est pas que le premier pôle qui est violemment reconfiguré par cette étreinte de l’individu et de l’espèce. Le second l’est tout
autant, en particulier en raison de l’usage qui est fait de l’idée de responsabilité, dans les discours politiques, médicaux, et quotidiens.
On fait entrer à coups de marteau la responsabilité dans la sphère
du chiffre et des probabilités, dans la politique d’aplatissement des courbes
statistiques, dans la logique des permutabilités.
Etre responsable signifie dans le contexte actuel prendre sa part dans
un plan global de gestion des risques, à rebours de toute idée relationnelle
de la responsabilité, qui fait de celle-ci une réponse attentive à des attentes
1
Michel Foucault, Histoire de la sexualité I, La volonté de savoir, Paris, Gallimard,
1976, p. 183.
Crise de notre forme de vie, crise de notre forme de vie
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particulières. En tant qu’elle se distingue de l’obligation morale, la responsabilité naît de ce que nous sommes des êtres qui sont nécessairement exposés aux autres, dépendant les uns des autres, et notre condition d’agent moral
consiste à apprendre comment régir et honorer cette constante exposition.
Mais ce n’est pas tout ; de par sa nature relationnelle, elle se dessine autour
de la question « que lui arrivera-t-il, si moi je ne m’occupe pas de lui ? »
(Hans Jonas), et se comprend d’abord dans des liens plus ou moins forts, des
relations et des affects.
La responsabilité à laquelle nous sommes actuellement enjoints est,
elle, une responsabilité vis-à-vis de la vie biologique, du simple fait de vivre.
Nous rendant interchangeables, elle met en acte non pas le souci d’autrui,
mais un souci de la vie en tant qu’elle est présente de manière strictement
identique en chacun d’entre nous. La seule variation observable entre un
individu et un autre est celle de sa vigueur. Je suis également responsable
de tous, et ma responsabilité-même, modelée par une logique statistique,
produit des êtres humains interchangeables.
Pour le dire autrement, le covid découpe une responsabilité vis-à-vis
de l’espèce. Ne pas sortir, appliquer un masque sur sa bouche c’est agir de
manière responsable vis-à-vis de l’ensemble de ceux qui sont susceptibles
d’être contaminés, donc y compris et d’abord vis-à-vis d’inconnus.
En miroir, les contraintes sanitaires ont mis au jour la subsidiarité de
nos responsabilités vis-à-vis de ceux qui comptent pour nous. Ils nous ont
de manière persistante rendu impossible de les assumer. Pendant le premier
confinement il n’était pas possible de les enterrer, pas possible d’en prendre
soin. Aujourd’hui il n’est pas important de les protéger, puisque la contamination ne semble pas faire problème au sein d’un même foyer, ne compte pas
comme telle – c’est en son sein que nous nous mettons en quarantaine - ou
en tant cas ne compte pas parmi ce qui importe. De manière congruente être
responsable c’est d’abord éviter la répansion de nos gouttelettes publiques.
Comme on le voit avec l’usage de la catégorie de responsabilité lorsqu’il s’agit du port du masque, elle parvient à démanteler le principe même
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Crise Pandémique : qui suis-je dans ce nouveau monde ?
du consentement. Toute responsabilité nous échoit toujours en se passant de
notre consentement – elle nous saisit autant qu’elle nous accable, à l’image
de l’appel du visage levinassien – , mais ici le démantèlement procède de
l’extérieur : le choix raisonné et instrumental de deux personnes qui acceptent le tort réciproque qu’ils pourraient se faire en retirant leur bâillon,
ne peut échapper au blâme pour irresponsabilité. Car alors ils contribuent,
au-delà de leur interaction, à la circulation du virus. Le tort à soi-même pas
davantage que le tort à autrui ne sont le cœur du geste éthique qui consiste à
lacer son masque ; seul importe le tort à l’espèce.
La forme du monde, et jusqu’à sa persistance, en tout cas pour ce qui
est du monde humain, échoit de cette manière à ma responsabilité individuelle, segmentée. C’est une résistance individuelle, ordinaire, qui tient lieu
de réponse à la pandémie.
Cette responsabilité, qui est d’abord exercice d’une abstention, sinon d’une abstinence – je bride ma respiration, mes mouvements, mes rencontres avec autrui – , opère de telle manière que les conduites individuelles
se trouvent instituées en éléments causaux de l’épidémie. Et que le consentement ait été neutralisé comme exemption légitime n’induit pas une dissolution du primat de l’individualisme et du privatisme qui se trouve au cœur
de la forme de vie capitaliste.
Car ici responsabilité veut aussi et surtout dire imputabilité. Si,
comme nous l’a rappelé Paul Ricoeur, le sens du mot responsabilité a évolué
d’une obligation de réparer ou de subir la peine, à une obligation d’assumer
certaines charges, le premier contenu sémantique survit dans le second : le
refus du port du masque ou l’insuffisance de l’évitement d’autrui permet
un jeu d’imputation, celui de l’état du monde ou de l’environnement, à des
actions singulières et privées. Imputer une action à quelqu’un, c’est lui attribuer comme à son véritable auteur2, et lui demander des comptes quant à
celle-ci. La négligence se fait faute, et celui qui est mis en cause est sommé
de fournir des raisons à son manquement. Mérite et démérite sont distribués
2
Paul Ricoeur, Le concept de responsabilité. Essai d’analyse sémantique, Esprit, 206,
1994, pp. 28-48.
Crise de notre forme de vie, crise de notre forme de vie
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à l’aune de ces intermittences de la responsabilité qui se traduisent par la
migration du masque vers le dessous du menton, ou la recherche du rassemblement, surtout alcoolisé. Tout comme les masques rageusement jetés au
sol ou abandonnés là avec lassitude couplent le blâme de l’inconstance à la
condamnation pour crime environnemental.
Avec la mise au compte d’un sujet de ses défaillances, la faute est
déplacée de l’action au sujet, en passant par le motif de la libre volonté, qui
transforme en coupable. La volonté agit comme un dispositif dont l’objectif
est de transformer un être qui peut en un être qui veut, comme l’écrit Giorgio
Agamben : rendre maîtrisable ce que l’homme fait semble nécessairement
le rendre imputable.
La détermination du ou des véritables auteurs de la propagation de
l’épidémie permet la mise en accusation, par l’Etat, de certains de ses sujets,
et son propre dédouanement - en matière de gestion des lits, des masques, et
des vaccins.
Mais surtout la responsabilité est le dispositif par lequel la figure du
sujet redouble de vigueur, dans un double et paradoxal mouvement d’individualisation par l’imputabilité, et de conditionnement à l’espèce.
Contre la centralité conférée, dans la crise actuelle, à la responsabilité, le retour à la vieille idée de solidarité, comme suggéré, même de manière
prudente, par Rahel Jaeggi, constitue alors une voie particulièrement prometteuse, car avec elle le « commun » de notre forme de vive en commun
n’est plus l’espèce, mais la société, en tant qu’elle est susceptible d’une certaine organisation politique.
Le principe de solidarité s’enracine dans l’expérience de l’interdépendance, mais il ne débouche sur la seule injonction à m’abstenir de certains gestes et conduites, et en conçoit pas une stricte équivalence entre des
devoirs et des attentes interchangeables.
Dans le courant développé par des socialistes français comme Charles
Renouvier et Pierre Leroux, la solidarité renvoie à une sorte de contrat rétroactivement consenti qui engage tout être humain, du fait qu’il vit en so-
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Crise Pandémique : qui suis-je dans ce nouveau monde ?
ciété et jouit du patrimoine commun, à concourir au maintien de cette communauté et à son progrès. En d’autres termes, l’idée engage à concevoir, sur
la base de la prémisse d’une interdépendance mutuelle, une dette liée aux
bénéfices que nous tenons de la vie sociale. Elle permet donc de réintroduire
quelque chose entre l’individu et l’espèce. Elle prend acte non pas simplement du fait que nous sommes des corps liés les aux autres, mais que nous
sommes proprement les produits d’une intersubjectivité toujours-déjà mise
en forme, moralement, politiquement – d’une forme de vie.